,

B ü L L E T I N
EXTRAORDINAIRE.
Paris, 4 Mai 1790.

Huoi a fait ,
au nom du Comité des Rap-

ports, lexpofé d’une affaire déférée à l’Affemblée

Nationale par la Municipalité de Touloufe ^
il

s’écoit formé dans. cette Ville, un parti qui, fous

prétexte de craintes affeélées fur la confervaticn

de la Religion Chrétienne dans le Royaume , a

cherché à former, des pour y arrêter

AiTeriiblées j

fuivant une invitation aurorifée par M. Barbazan

Gran^ -Vicaire, 5c publiée au Prône des Paroiffes ,

de réclamer contre les Décrets de .l’Affemblée Nai-

tionale ,
notamment ceux qui concernent les vœux
des Religieux ôc i’adminiftration des biens ci-de-
Vant poffédés par les Eccléfiafciquas;

M. de Pannetier a lu un difeours ^ dans lequel

il a annoncé d’abord un attachement particulier

à la ville de Touloufe ,
où il a eu quelques habi-

tudes. Après ce préliminaire, l’honorable Mem-

bre a déclaré que cette affaire avoit fa fource cTans
un aéfe arbitraire exercé par les Minifîres, dc par

le moyen duquel un particulier qtti avoir été nom-

mé Commiilaire pour lo Département de ff'ou-

loufe ,
n’a été reçu qu’à la foIHcitarion de la Muni-
 ,

( ^ )

çipalité de cette Ville. L’honorable Membre a in-

culpé la Municipalité, difant qu’il a voit des preuves

que c’eft par le moyen de quelques-uns de fes

Membres ,
qu’ont été occafionnés les troubles

dont il s’agit ^
il a voté pour l’improbation de la
conduite des OfHciers Municipaux-
M. Roudîllon ,
après avoit mis le Préopinant au
défi de produire les preuves qu’il avoit dit avoir ?

ians les développer même fans les

,
indiquer ,
a dit
que Ton intérêt ,
comme habitant de Touloufe ,

eft que l’AfTemblée Nationale approuve la conduite

de la Municipalité ,
comme meilleur ÔC feul moyen
de maintenir la tranquillité publique dans cette

Ville. L’Opinant a folidemment établi par des dé-

tails de fait ,
que la Municipalité de Touloufe s’eft

conduite dans cette affaire avec une prudence

une fageffe qui méritent l’approbation de l’AfFem-

blée Nationale.
Il s’eft élevé du tumulte par l’effet de l’empref-

fement de plufieurs Membres quivouloient porter

la parole contre l’avis du Comité.
M. d’Epercy a fait la motion que l’Affemblée
ne défempare pas fans avoir prononcé fur cette
affaire.

M. de Sillery a propofé d’ajourner la difcufîion

jufqu’après le rapport du Comité des Recherches

auquel l’affaire fera renvoyée, ,

M. de Biauzat a foutenu que cette affaire ne

devpic pas être ajournée , ôc il l’a établi fur Tin-
 ( 3 )

térêt du grand nombre des Citoyens de Touloufe

qui aiment la paix \
il a fait remarquer que le petit

nombre qui délire le trouble , ell encore plus inté-

relTé à ce qu’il foit prononcé fur les dilTiçultcs qu‘

divifent les efprits.

M. Viguier a rappelé les faits dccilîfs dans cette

affaire ,
en faifant remarquer fur chacun qu’ils font

conftans \
il a foutenu ,
par preuves fenlibles ,
que
Jes habitans de la ville de Touloufe n’avoient qu’à
fe louer 6c fe féliciter de la prudente conduite des
Officiers Municipaux,
L’AlTemblée a*décidé que la difçuffion ne feroit
pas ajournée.
M. la Poule a parlé à l’appui de l’avis du Comité;
M. de Cazalès a porté la parole contre , & a
propofé^, par amendement , d’ordonner à la Mu-
nicipalité de favorifer les affiemblées des Citoyens
né^ifs.

La difçuffion a été déclarée fermée ;

après quQÎ
il a été fait leélure du Projet de Décret du Comité
des Rapports ,
& des amendemens, •

Enfin 5
les amendemens ont été rejetés par la

voie de h queftion préalable , & le projet du Co-

mité ayant été mis aux voix ,
a été adopté dans
les termes qui fuivent :

et L’Affemblée Nationale 9 douloureufement

» affeétée des événemens qui ont compromis la

» tranquillité de la ville de Touloufe ,

invite tous

P fes Citoyens à la paix 6c à l’union que la Re-

 73 r

( 4 )

» jigîon & ï’amour de la Patrie prefcnvent à tmt!

» bon Français.
» Elle déclare j àprès avoir entendu Ton Comité
5) des Rapports 5
quelle approuve la conduite
» fage 5
prudente ÔC patriotique de la Munîcipa-
» lité des Légions patriotiques , ïèlâtivement
» aux aflemblées provoquées par des écHts anô-
w nymes ,
ÔC qui ont eu lieu en ladite ville dé
» Touloufe , dans les Egîifés , en là Salle des
» Grands Auguflins en celle de l’Académie des
y> Sciences , les i8^ 19 ÔC 20 du mois d’Avril

» dernier j
ordonne que les défenfés pfôVifoires

.» faites au nom de la même Municipalité ,

par
» la proclamation du 2 1 dudit mois d’Àvril ,
fe-

ront fuivies ôc exécutées félon leur fbrrne 5c

» teneur ,
jufqu’aux prochaines Aflemblées des
ï) Diflriéfs^ 5c Départemens ^ à l’effet de quoi le

» préfent Décret fera affiché & publié pàr-tout

» où befoin fera , même lu au Prône des Pa-

» roiiïes ,
5c en ce qui concerne les manœuvres ,

» troubles 5c voies de fait qui ont précédé ,

)) accompagné ,
fuivi ,
5c pourroient fuivre lefdits

» événemens , l’AfTemblée Nationale a renvoyé le

w tout à fon Comité des Recherches ,
pour lui en
» être rendu compte. »
Il a été décidé à l’unanimité ,
que les Juges fe-
ront élus par le peuple ,
pour le terme de fix

années.