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Attention, ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains. Si, près de vous,
un adolescent apprend la langue des Amerlauds et des Godons, ou si vous-
même êtes un linguiste puriste, danger ! J’irai cracher sur vos tombes fut
naguère jugé préjudiciable aux bonnes mœurs ; or Jazz in Paris pourrait être
parfois dommageable pour la qualité de votre anglais. Mais si vous ne
craignez pas ce risque (modeste), alors tentez votre chance et cette lecture,
outre l’information à la fois sérieuse et plaisante qu’elle vous apportera sur
le jazz en France dans les années trente et quarante, transformez-la en quête
amusante du barbarisme ou du gallicisme décalqué en engliche. Mais je vous
aurai prévenu...
Abréviations
Code pour les ouvrages les plus souvent cités en référence :
AEJ : Boris Vian, Autres écrits sur le jazz (C. Bourgois, 1994).
Vies : Noël Arnaud, Les Vies parallèles de Boris Vian (C. Bourgois, 5e
édit., 1981).
Remerciements
Je tiens à remercier très vivement Ursula Vian Kübler de m’avoir choisi
comme présentateur et traducteur de ce texte, ainsi que les responsables de la
Fondation Vian, d’Déé et Nicole Bertolt pour leur aide à ma recherche. Je
remercie également Christian Bourgois pour ses conseils éditoriaux.
Ma gratitude va aussi aux experts dont les conseils et connaissances furent
très précieux : mes amis américains les professeurs Lew Erenberg,
spécialiste de l’histoire du jazz en Amérique, et Tom Cox, parfait linguiste ;
en France, Michelle Vian pour la valeur de ses informations ; Claude Luter et
ses complices, Christian Azzi et Benny Vasseur ; Claude Rameil et Lucien
Maison, connaisseurs savants du jazz et de Vian ; Georges Unglik, éminent
« vianiste » et radio-fan ; et des deux côtés de l’Atlantique, Ann Wakefield,
ma consultante préférée en anglophonie.
Je témoigne enfin ma profonde reconnaissance à Loyola University
Chicago (États-Unis) pour le soutien matériel et moral apporté à la
réalisation de ce projet*1.
*1 I am very grateful to Loyola University Chicago (USA) for their help and support of this
project.
Introduction
LE TEXTE ET L’ÉMISSION
Est-il nécessaire de rappeler le rôle essentiel joué par le jazz dans la vie
et l’œuvre de Vian, et son propre rôle dans la vie du jazz en France ? Joueur
de « trompinette » et membre du Hot Club de France depuis 1937, il ne cessa
de militer pour cette musique jusqu’à sa mort en 1959 et multiplia les
chroniques de jazz à partir de 1946 dans maints journaux et magazines7.
Dans la période 1948-1949 en particulier, il écrit des revues de presse
américaine, du magazine Down Beat par exemple, des traductions-
adaptations de l’américain pour Jazz Hot et des chroniques de disques8. Il
fut donc logiquement choisi pour proposer aux amateurs américains des
« rondelles à bruit » enregistrées en France entre 1930 et 1949 et les éclairer
sur le développement de cette musique de ce côté-ci de l’Atlantique. Les
années 1948-1949 marquent d’ailleurs la gloire du Club Saint-Germain
fréquenté par nombre de touristes américains « en tournée Marshall » et où
passe même un soir Duke Ellington9.
Quelles circonstances précises amenèrent Vian à ces chroniques en
anglais ? Son épouse d’alors, Michelle, ne se souvient pas qu’il lui en ait
parlé, chose surprenante puisqu’il apprit d’abord la langue de Shakespeare
grâce à elle et qu’ils collaborèrent à des traductions à ce moment-là. Des
événements familiaux peuvent expliquer ce défaut de communication : le
16 avril 1948 naît Carole, et Michelle n’a sans doute pas le temps de suivre
toutes les activités médiatiques de son mari. C’est également une période de
crise conjugale qui provoquera bientôt la séparation. On peut enfin penser
que Boris, qui a aussi traduit seul dès 1947 et peut être fier de sa capacité de
communiquer en anglais, veut se débrouiller par lui-même, sachant d’ailleurs
que son texte sera corrigé par N. Brandt. Cependant, le thème est souvent
plus difficile que la version.
En 1948, Vian a déjà des relations et ambitions radiophoniques. Il a
organisé une émission radio fort originale, Carte blanche à Boris Vian, le
21 octobre 1947 et fera en janvier 1949 une Défense de Jean Cocteau. Il
nota le 15 mai 1948 : « préparer projet émissions avec Queneau » ; en
novembre 48, au milieu de son expérience avec WNEW, il publie dans
Combat un reportage sur sa visite à l’American Forces Network, réseau
radio des forces américaines en Allemagne, où il a admiré la technique et la
virtuosité des spécialistes, mais constaté la médiocrité des disques choisis,
musique populaire plutôt que vrai jazz. Déjà, en 1946, Vian s’était fait l’écho
d’une excellente expérience de son ami Charles Delaunay qui, aux États-
Unis, enregistra « quatre émissions pour des postes privés ou d’État10 ».
Depuis les années trente, des radios américaines passaient des programmes
réguliers de jazz, enregistrés dans des clubs ou des concerts, et WNEW
passa même, un temps, une émission quotidienne, Jive at Five (« Jazz à cinq
heures »), juste avant-guerre11. On comprend donc que Vian ait accueilli
avec joie cette intéressante expérience de collaboration entre la
Radiodiffusion française et une radio américaine par le biais d’une émission
sur le jazz en France, lui qui ne souhaitait pas se rendre outre-Atlantique
mais écrivait :
« Car s’il y a une vraie patrie mondiale, c’est bien celle des jazzophiles
de tout poil, de l’Inde au Kamtchatka, du Japon à l’Australie (et je
pourrais continuer longtemps comme ça). Dans tous les pays du monde, le
jazz porte le même nom, et la langue est pratiquement la même [...] :
l’anglais12. »
Gilbert PESTUREAU
3 Derrière la zizique, 1ère éd., C. Bourgois, 1976, 54. Vian joue lui-même sur le double sens
dans L’Ecume des jours (RNOD, 66).
4 CJ, 30, 91, 93, 157, 212, 229, 360 et passim ; AEJ, 286 et passim.
5 CJ, 157.
N° 1. [DÉBUTS DU JAZZ EN FRANCE1]
N° 2. PHILIPPE BRUN3
N° 4. ALIX COMBELLE
N° 5. ANDRÉ EKYAN
Ici Boris Vian avec encore du jazz de France – et qui cogne fort ! Dans la
suite de nos recherches concernant les musiciens français de la première
génération, le gars de la semaine sera André Ekyan. Vous trouverez peut-être
que je suis un type très triste, car jusqu’à maintenant chaque émission a fini
sur une note tragique, mais je dois respecter l’ordre historique et les
musiciens de la période 1930-1940 sont maintenant des vieux birbes
sérieux... ou quelque chose comme ça.
André Ekyan commença d’être connu en France vers 1936, comme
Combelle et Philippe Brun, grâce à la marque Swing pour laquelle il grava
d’abord ce morceau éternel, Tiger Rag, accompagné par son vieil ami
Django Reinhardt.
Tiger Rag jusqu’à la fin.
Vous avez remarqué le léger tempo de polka. C’est tout-à-fait dans le
genre français, comme chacun sait5. Mais écoutez cet air sentimental et
mélancolique, Pennies From Heaven. Vous noterez l’habile changement de
tempo.
Pennies From Heaven.
André Ekyan avait commencé sa carrière par la boxe et les études. Mais la
direction d’orchestre l’attirait et il devint bientôt un nom commercial. Voici
un échantillon actuel de son talent. Le disque a deux ou trois ans.
Palm Beach, un chorus.
Il y a une autre face, évidemment, intitulée Irène. L’air fut composé pour
une très chouette fille, écrivain et journaliste6. Elle était en très bons termes
avec tous les musiciens de jazz. Elle aimait le jazz... Elle est morte,
maintenant, elle était très malade, mais l’air demeure... et c’est un air
chouette, écoutez-le.
Irène, deux chorus.
Le meilleur enregistrement d’Ekyan fut une galette qu’il fit malgré lui avec
Charles Delaunay pour la marque Swing, Rosetta et Sugar. Voici d’abord
Rosetta. Il n’y a plus de tempo de polka.
Rosetta.
Et puis Sugar. Vous remarquerez la phrase caractéristique avec laquelle
Ekyan introduit la seconde partie du chorus. C’est à la manière de Benny
Carter, soit dit en passant, juste après le chorus de Django.
Sugar.
Et ainsi nous allons dire au revoir à André Ekyan. La semaine prochaine,
nous commencerons à parler de la génération de 1940, avec Léo Chauliac au
piano. En attendant, c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
N° 6. LÉO CHAULIAC
N° 7. HUBERT ROSTAING
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du jazz de
France. Aujourd’hui nous allons écouter un autre tas de disques merdiques ;
mais cette fois ils seront joués par un type super (comme on dit à Londres)
qui s’appelle Hubert Rostaing. Et nous commencerons par une composition
d’Hubert lui-même, qui y joue de la clarinette. Le titre est Fa majeur.
Fa majeur.
Hubert ne s’est pas contenté de la clarinette, mais au début il a joué aussi
du saxo ténor, comme beaucoup de musiciens par ici. Ecoutez ce saxo dans
Irène.
Irène.
Pendant l’occupation allemande, quand Stéphane Grappelli vivait à
Londres (encore Londres, hein ?) le fameux Quintette du Hot Club de France
qui ne pouvait plus jouer se dispersa. Mais Django demanda à Hubert
Rostaing de remplacer le violon de Grappelli avec sa clarinette et, avec
Pierre Fouad à la batterie, on avait un nouveau Quintette. Je vais mettre
maintenant I Won’t Dance sur le tourne-disque. Ils ne l’ont pas enregistré
pendant la guerre, mais juste après. Hubert joue de l’alto, qu’il a adopté
maintenant.
I Won’t Dance.
Et nous allons finir cette présentation d’Hubert Rostaing avec une très
chouette galette intitulée Fable OfA Fool ; vous pouvez noter qu’il a été
singulièrement influencé par le jeu de Johnny Hodges, ce merveilleux
musicien.
Fable Of A Fool.
La semaine prochaine, nous ferons un gros plan d’Aimé Barelli, le
meilleur trompettiste que nous avons ici. En attendant, c’est Boris Vian qui
dit au revoir de Paris.
N° 8. AIMÉ BARELLI
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris, avec une autre brassée de disques
de jazz français. Aujourd’hui, nous allons vous donner un gros plan de
M. Aimé Barelli, le grand soliste qui remplaça Philippe Brun pour prendre
la première place sur la liste des trompettistes français. Aimé Barelli,
comme un bon nombre de musiciens français, est né dans le sud de la France,
à Nice, où s’est déroulé le premier Festival international du jazz en 1948,
cette année ; mais Barelli n’a pas joué à Nice, car quelques amateurs de jazz
disent que sa musique est trop commerciale. Bon d’accord, peut-être, mais il
faut gagner sa vie, et c’est très dur de ne pas être commercial quand vous
voulez diriger un grand orchestre. Mais prenons Barelli au début, avec un
véritable orchestre commercial. Je ne vais passer que le chorus de Barelli,
car le reste du disque est vraiment de la guimauve.
Pourvu qu’on soit ensemble, un chorus.
Barelli a commencé à devenir célèbre pendant l’occupation allemande ; à
cette époque, le jazz faisait fureur en Europe, contre la volonté des
Allemands et, pour enregistrer un air américain, il fallait changer le titre ; de
la sorte, Some Of These Days devint Bébé d’amour, « Love Baby ».
Bébé d’amour.
Barelli est marié à une chanteuse française célèbre, Lucienne Delyle. Pour
elle, il a composé un air très joli, Lucienne, que je vais jouer maintenant.
Lucienne.
Bon, vous voyez, on dit qu’il est commercial, mais cette fois, il était
vraiment « dans le grouve ». Et quand il fait une jam-session avec son copain
Hubert Rostaing (un gars dont je vous ai parlé la semaine dernière) et une
section rythmique, même maintenant on le trouve bon. Ecoutez Swing
Mammy, une composition de Barelli enregistrée en 1947.
Swing Mammy.
Or cette année Dizzy Gillespie vint ici... et Aimé s’emballa pour le bebop.
Avec son arrangeur, Migiani, il travailla dur et essaya de modifier les
tendances naturelles de ses musiciens, qui ne sont guère swings.
Malheureusement il a laissé quelques violons dans un coin où personne ne
les a vus ; mais la prochaine fois, il sera vraiment bop. Voici
When I Grow Too Old To Dream [Quand je serai trop vieux pour rêver].
C’est la fin, me voilà trop vieux... Mais la semaine prochaine, nous
reviendrons encore avec une seconde liste de disques du Quintette du Hot
Club de France et Django Reinhardt. En attendant, c’est Boris Vian qui dit au
revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et revient avec une deuxième pile
d’enregistrements de Django Reinhardt. Aujourd’hui, nous essaierons de
passer autant de disques que possible, sans blablabla, puisque vous
connaissez déjà Django et Stéphane et le Quintette du Hot Club de France.
Ecoutez d’abord, Stockholm, une composition de Django.
Stockholm.
Ecoutons maintenant un air que le Quintette a enregistré avec Michel
Warlop, un violoniste français, mort en 1945 pour avoir trop bu, Swingin’
With Django.
Swingin’With Django.
Nous allons entendre ensuite un autre air de Django et Stéphane, enregistré
à Londres en 1946, Django’s Tiger.
Django’s Tiger.
Comme vous le savez peut-être, il y a deux Quintettes du Hot Club de
France ; le premier avec Grappelli, et le Quintette de la guerre avec Hubert
Rostaing. Par ce dernier, voici Blues primitif, enregistré avec Django à la
guitare électrique.
Blues primitif.
Et pour finir cette deuxième émission sur le Quintette du Hot Club de
France, écoutez maintenant Coquette, le fameux air de Lombardo-la-
guimauve...
Coquette.
La semaine prochaine, nous aurons des disques de jeunes musiciens
français et d’orchestres amateurs. En attendant, c’est Boris Vian qui dit au
revoir de Paris.
N° 10. CLAUDE LUTER
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris. Aujourd’hui, nous voici encore de
retour avec des disques du plus âgé des jeunes jazzmen français, j’ai nommé
Claude Luter. Claude Luter est un chouette garçon de vingt-cinq ans, qui aime
le style d’autrefois et rien que ça ; il y a trois ans, il s’est imaginé que le jazz
n’avait pas progressé depuis l’époque de King Oliver ; il a réuni six gars et
leur a ordonné de jouer ce qu’il lui fallait : deux cornets, un trombone, un
banjo (celui qui joue du banjo était à un moment donné un très bon trompette,
mais décidément trop moderne pour Luter10), un batteur, un piano et lui-
même à la clarinette. Ecoutez ce que ça donne. Voici Black Bottom Stomp,
une composition de Jelly Roll Morton.
Black Bottom Stomp.
Après cet enregistrement inédit de Black Bottom Stomp par Claude Luter,
voici West End Blues, un autre air de la même série.
West End Blues.
Maintenant, écoutez une composition de Claude Luter, Pimlico.
Pimlico.
Claude Luter, comme beaucoup d’orchestres à Paris, joue dans une vieille
cave près du Panthéon. Personne ne sait pourquoi ça s’appelle le Club des
Lorientais11... Lorient, à propos, est un port de pêche français. Luter fut
choisi pour représenter la France au premier Festival international du jazz à
Nice. Ecoutez maintenant un enregistrement commercial de Graveyard
Dream Blues.
Graveyard Dream Blues.
Et pour finir la séance de cette semaine avec Claude Luter et ses
Lorientais, voici leur indicatif, High Society.
High Society.
C’était High Society et la fin de notre programme. La semaine prochaine,
du piano avec Jack Diéval, l’un de nos meilleurs modernistes. En attendant,
c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
N° 11. JACK DIÉVAL
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris. Aujourd’hui, nous allons écouter
des enregistrements de Jack Diéval, l’un des trois grands pianistes français.
Jack Diéval eut une éducation musicale très sévère et il commença par jouer
de la musique « sérieuse », comme on dit en Europe (enfin les ringards).
C’est peut-être la raison pour laquelle il aime ce drôle d’instrument, le
clavecin. Ecoutez donc
Singing World Blues.
La petite formation de Diéval est un quartette. Ils vont vous jouer
maintenant un air rendu fameux par Choo Berry et Lionel Hampton :
Shufflin’At The Hollywood.
Shufflin At The Hollywood.
Jack Diéval est aussi compositeur. Vous allez entendre maintenant un
chouette morceau qu’il a appelé
Jack’s Idea.
L’un des musiciens favoris de Jack Diéval fut longtemps Teddy Wilson.
Vous allez le remarquer dans Sweet Lorraine, enregistré en 1944.
Sweet Lorraine.
Et pour finir ce programme, qui illustrait aujourd’hui le talent de Jack
Diéval au piano, voici
C Jam Blues.
Aujourd’hui vous avez entendu quelques-uns des premiers enregistrements
que fit Jack Diéval en 1944. La semaine prochaine, je reviendrai encore
avec un autre jeune musicien, Michel de Villers. En attendant, c’est Boris
Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du joyeux
jazz du Pays des Grenouilles. Aujourd’hui, nous allons vous faire connaître
Michel de Villers, l’un des deux meilleurs des jeunes saxos altos qui font du
jazz. Michel de Villers commença de jouer en amateur dans les concours
annuels du Hot Club et il jouait alors du saxo ténor ; mais peu après avoir
gagné quelque renommée, il laissa le saxo ténor pour l’alto, instrument où il
pouvait mieux développer sa technique remarquable et une légère tendance
au phrasé sentimental. Vous allez d’abord écouter un disque récent qu’il fit
avec d’autres jeunes musiciens ; le pianiste, entre parenthèses, est Persiany ;
nous en entendrons reparler bientôt. L’air est
I Surrender Dear.
C’était I Surrender Dear, par Michel de Villers et son quintette. Ecoutons
maintenant un air que Don Redman rendit fameux à Paris quand il y vint avec
son orchestre ; cet air, composé par son trombone, Tyree Glenn, c’est
Working Eyes.
Working Eyes.
Bien ; Michel de Villers, comme beaucoup de musiciens, compose un peu
lui-même. Voici quelque chose qu’il fit récemment, intitulé The Small Rag.
Sur cette galette comme pour I Surrender, le saxo ténor est joué par Jean-
Claude Fohrenbach. Voici The Small Rag de Michel de Villers.
The Small Rag.
Il y a quelque temps, le compositeur de Lover Man, Jimmy Davis, est venu
en France ; naturellement, tous les musiciens de jazz le connaissent
maintenant, et Lover Man est un tube ici. Ecoutez-en la version de Michel de
Villers, pour finir ce programme sur une note sentimentale12.
Lover Man.
C’était Lover Man par Michel de Villers et ses cocos, pour conclure la
séance de cette semaine. La semaine prochaine, nous reviendrons encore
avec le second saxo alto « qui monte », Hubert Fol. En attendant, c’est Boris
Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du jazz
mocho-merdique du Pays des Barbus. Aujourd’hui, nous allons écouter le
saxo alto de ce jeune homme estimable et charmant, Hubert Fol. Hubert Fol
vient d’une famille de musiciens, mais ce sont des joueurs de violon et de
piano très sérieux, et c’est chouette qu’il ne se soit pas contenté du violon,
parce qu’il joue merveilleusement [du saxo] maintenant, comme vous allez
l’entendre dans quelques instants. Hubert commença de jouer avec
l’orchestre amateur de Claude Abadie, un autre vainqueur de concours
annuels ; cet orchestre jouait une sorte de style Chicago et Hubert n’y était
pas alors très à l’aise. Ecoutez ses chorus dans Jazz Me Blues. A propos, le
trompettiste de cet orchestre est en train de vous parler. Voici Jazz Me Blues.
Jazz Me Blues.
Hubert fut un moment très influencé par Johnny Hodges, mais très vite il
entendit Charlie Parker et l’école moderne de musiciens, et maintenant il est
vraiment bebop. Ses premiers enregistrements de ce style n’étaient pas trop
bons, à cause d’une pauvre section rythmique ; mais il a fait des progrès
depuis et voici une nouvelle galette, I’ve Got Bebop, où vous entendez son
saxo avec un accompagnement sensass.
I’ve Got Bebop.
Vous avez entendu Hubert Fol et ses cocos jouer I’ve Got Bebop, un air
d’Hubert. Ecoutez maintenant le succès de Kern, All The Things You Are.
Ail The Things You Are.
Et maintenant, vous allez avoir un tube bebop, Raph Goes. Le trompette
est Dick Collins et le saxo ténor Dave Kriedt. Tous deux sont des élèves de
Darius Milhaud.
Raph Goes.
Avec Raph Goes nous terminons la séance sur Hubert Fol et son saxo alto.
Nous reviendrons encore la semaine prochaine avec Persiany, le jeune
pianiste que vous venez d’entendre dans le dernier enregistrement. En
attendant, c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
N° 14 ANDRÉ PERSIANY
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du jazz
subtil de France. Aujourd’hui nous mettons l’accent sur du jazz à l’ancienne
joué par Claude Bolling et son orchestre. Claude Bolling est un jeune
pianiste qui commença de gagner quelque renommée durant l’occupation
allemande à Paris, quand le jazz était rare et qu’on était obligé d’appeler
Dinah « Dînette » parce que M. Goebbels n’aimait pas les titres
américains16. A cette époque, Claude jouait des solos de piano en culottes
courtes. Maintenant il a grandi et dirige un orchestre complet ; écoutez-les
dans The Mooche, un vieux succès d’Ellington.
The Mooche.
Vous savez déjà, ou peut-être pas, qu’il y a quelque temps les jeunes
Français sont devenus complètement dingues du style Nouvelle-Orléans ou
Dixieland. Bon, vous ne savez pas la différence et en fait ça n’a aucune
importance pourvu que la musique soit bonne. Voici une vieille composition
de Kid Ory, que vous pouvez appeler un air Nouvelle-Orléans plus ou moins
joué à la façon Dixieland.
Ory’s Creole Trombone.
Les airs d’Ellington sont toujours une très bonne réserve où piocher quand
on n’arrive pas à penser à un autre tube. Ecoutez maintenant Black And Blue
joué par Claude Bolling.
Black And Blue.
Chaque fois que vous pensez à un Français, vous pensez à une barbe noire,
une moustache, une canne et beaucoup de courtoisie, du style Alphonse ou
Gaston17... Mais les jeunes Français sont parfois plus ou moins saisis de
frénésie : prenez donc plein les oreilles de Sweetie Dear.
Sweetie Dear.
Et ainsi, avec Sweetie Dear, nous terminons notre séance d’aujourd’hui
avec l’orchestre de Claude Bolling. Mais nous reviendrons encore avec vous
la semaine prochaine pour braquer le projecteur sur Jack Diéval, un pianiste
que vous connaissez déjà et qui vient de réunir une nouvelle petite formation.
En attendant, c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore et encore
du jazz kroupitipi de France ! Aujourd’hui, le copain sur les ondes sera notre
ami Jack Diéval. Vous le connaissez déjà, bien sûr, si vous écoutez
régulièrement mes programmes merdiques ; vous savez donc déjà que Jack
joue du piano d’une façon moderne et vous en serez convaincus si vous
écoutez Blue’n’Boogie, un air bebop, dirait un zazou. On écoute cette galette
super, mec, et on se la coule douce.
Blue’n’Boogie.
A propos, je ne suis pas le seul et unique Français à parler américain avec
ce chouette accent. Il y a aussi par ici des filles qui font tout ce qu’elles
peuvent pour me battre, et Nell Evans est l’une d’elles. Ecoutez-la chanter
I’ve Got It Bad [Je l’ai mauvaise]... et ce n’est pas trop mauvais, vous allez
voir.
I’ve Got It Bad.
Les sons étranges que vous venez d’entendre étaient d’abord la voix de
Nell Evans, puis les violons. Vous savez, bien sûr, ce que c’est qu’un
violon : une variété de planche à laver avec des cordes et un archet. Il y a
une autre face à cette galette, mais sans la voix. C’est Day Dream [Rêve en
plein jour]... un très chouette rêve, ajourément...
Day Dream.
Et si vous n’aimez pas ça, vous n’avez qu’à éteindre votre radio tout de
suite, mais il y a une autre cire du quartette de Diéval, qui a reçu le titre
pertinent d’Hallelujah.
Hallelujah.
C’était Hallelujah, la dernière de nos galettes d’aujourd’hui, jouée par le
quartette de Jack Diéval. Mais ne regrettez rien, nous reviendrons encore
avec vous la semaine prochaine avec un autre type qui joue du saxophone
dans un grand orchestre, Tony Proteau. En attendant, c’est Boris Vian qui dit
au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du jazz
pourri de France. Aujourd’hui nous braquons le projecteur sur Tony Proteau,
un jeune chef qui a été récemment évincé de son orchestre parce qu’il ne
voulait pas être commercial et que ses copains, eux, voulaient manger. A
propos, pour jouer du jazz par ici il faut être millionnaire, car ça n’attire pas
vraiment les gens. Mais revenons à l’orchestre de Tony, avec Nell Evans à la
charmante voix de tortue – excusez-moi, de tourterelle, voulais-je dire. C’est
Shoo Fly Pie.
Et maintenant, ce sera Blue Feeling Blues, une composition d’Eddie
Barclay, arrangée par Jean Gruyer.
Blue Feeling Blues.
Le chanteur dans l’air suivant est Louie Williams, et l’air lui-même est un
chouette biscuit de Ted Cameron, intitulé Kitchenette Across The Hall.
Kitchenette Across The Hall.
Je vous ai dit, ou peut-être pas, qu’il y a très peu de grands orchestres de
jazz en France. Les garçons et les filles français préfèrent danser dans des
caves dégueulasses avec des orchestres crasseux, et la cave doit être toute
petite pour avoir du succès. C’est une des raisons pour lesquelles vous n’y
entendrez presque jamais un air comme Skyliner [Vaisseau du ciel], qui vient
à la suite.
Skyliner.
Et ainsi, avec l’interprétation de Skyliner par Tony Proteau, nous arrivons
au bout de notre programme d’aujourd’hui. Mais nous reviendrons encore
avec vous la semaine prochaine, avec le concours d’Eddie Bernard, le Fats
Waller français. En attendant, c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du jazz
toureiffélique de France. Aujourd’hui, nous allons swinguer en compagnie
d’Eddie Bernard, l’un des gars les plus drôles sur les quatre-vingt-huit
touches. Eddie joue du piano de manière puissante, fortement influencé par
feu Fats Waller, qu’il adore tout simplement. Quand Fats est mort en 1944,
Eddie a pleuré pendant un mois, et depuis il a développé ce style de plus en
plus. Eddie a joué dans l’orchestre de Django et avec les premiers chefs
d’orchestre d’ici ; certains pensent qu’il est un petit peu zinzin ; et il l’est
vraiment ; les autres ont tort. Ecoutons donc Good Time Blues, un air qu’il a
enregistré récemment.
Good Time Blues.
Eddie n’a pas enregistré beaucoup de galettes jusqu’ici. C’est parce qu’il
n’était guère connu avant 1947, et que l’industrie du disque est plutôt faible
chez nous. Pas d’« Interdiction Petrillo18 » ici, c’est absolument inutile.
Ecoutez Valentine Stomp, un vieil air de Waller.
Valentine Stomp.
Dans le morceau suivant, Eddie joue en duo avec Persiany, un autre petit
jazzou du clavier. Ecoutez ça maintenant, un cuttin’contest. Eddie joue le
second et le quatrième chorus.
Cuttin’Contest.
Quand un type aime Fats, il aime souvent James P. Johnson, le grand
virtuose qui a influencé Duke et plein d’autres. Voici Carolina Shout, une de
ses compositions les mieux connues.
Carolina Shout.
C’était Carolina Shout, et la fin de notre programme d’aujourd’hui. Mais
ne pleurez pas, nous reviendrons encore avec vous la semaine prochaine, et
je ne sais pas encore qui sera la vedette de cette partie, mais ce sera
sûrement splendide, comme toujours. En attendant, c’est Boris Vian qui dit
au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose de la musique de
jazz plus dingue que jamais. Aujourd’hui nous présentons un type que vous
êtes censés aimer, bien qu’il joue d’un instrument que je considère
personnellement comme un excellent matériau de base pour la première
décharge venue. Le type s’appelle Gustave Viseur, et l’instrument s’appelle
l’accordéon19. Gustave Viseur commença sa carrière vers 1937, et
malheureusement je n’ai pas pu trouver de ses enregistrements de cette
époque, mais les galettes que vous allez entendre ne sont pas d’une qualité
très différente. Ecoutez d’abord la version de Viseur de The Sheik.
The Sheik.
On m’a dit que c’est très à la mode aux Etats-Unis en ce moment, le piano
du pauvre, et je me demande si vous aimez vraiment l’accordéon, qui est un
instrument vraiment puant, mais je dois dire que Viseur en extrait le
maximum. Ecoutez maintenant Music For Mitsy.
Music For Mitsy.
Honeysuckle Rose, l’air le plus fameux de Waller, a toujours été un succès
en France ; nous avons traduit le titre, évidemment, et ça donne : Mieux
qu’un mot d’amour.
Honeysuckle Rose.
Et pour conclure ce programme, nous allons avoir maintenant Whispering,
un classique de jazz, et vous allez m’excuser, mais le début de ce disque pas
facile à trouver est plus ou moins rayé ; nous allons donc le prendre au
milieu des seize premières mesures.
Whispering.
C’était Whispering [Murmure], interprété par Gustave Viseur, l’un des
maîtres français du « piano à bretelles », comme nous disons, et ce murmure
annonce la fin du programme ; mais ne vous tracassez pas, nous reviendrons
encore la semaine prochaine. Il y a bon nombre de massacreurs, par ici... En
attendant, Boris Vian vous dit au revoir.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore un peu
d’extraordinaire musique de jazz française. Aujourd’hui c’est Chico
Cristobal, saxophoniste des Antilles françaises, qui vient sur les ondes.
Chico Cristobal est un gars qui aime bien un bon coup de bourbon, sinon
deux, et un de mes vieux copains. C’est pourquoi j’ai attendu si longtemps
pour apporter ses disques dans ce studio douillet : faut être dur avec ses
amis, pas ? Chico a joué dans beaucoup d’orchestres, mais ce n’est que tout
récemment qu’il a eu le sien, et qu’il a enregistré pour vous
Bobby Soxer’s Boogie.
Le pianiste que vous avez entendu dans cet air et qui joue dans les galettes
suivantes est Bernard Peiffer, l’un des plus doués pour tous les styles parmi
les jazzmen français. A ce propos Chico Cristobal aime les airs de boogie et
voici son interprétation de
Drum Boogie.
Bernard Peiffer est à nouveau en vedette – je veux dire qu’il se distingue
parmi cette bande de types qui produisent les bruits qu’on appelle jazz –
dans le morceau suivant, un truc célèbre qui porte le titre de Tea For Two.
Tea For Two.
Et il y a un boogie de plus dans mon panier, un air qu’Ella Fitzgerald
rendit fameux il y a quelques années, qui parle de Santa Fe, et de lait, et de
cow-boys, et de vaches, bien sûr... Voici Cow Cow Boogie.
C’était le boogie de la vache vache et la fin de notre programme
d’aujourd’hui, avec Chico Cristobal et son saxophone. Et puis, hélas pour
vous, nous reviendrons encore la semaine prochaine, dieu merci, pour
écouter un peu plus de... disons musique de jazz de France. En attendant,
c’est Boris Vian qui dit au revoir, mes chéris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour à nouveau de Paris et vous propose un peu
plus d’audacieuse musique de jazz du Pays de l’O.N.U.20. Aujourd’hui, le
College Rhythm va partager les honneurs du micro avec votre speaker
préféré Ben Smith, et votre humble serviteur, le type à l’accent français. Vous
vous rappelez peut-être Tony Proteau, un jeune saxophoniste qui réunit le
premier vrai grand orchestre en France, et qui en fut débarqué pour de sales
raisons commerciales. Voici l’orchestre sans Tony, et vous verrez qu’il n’est
plus très bon. Tout d’abord, c’est Toolie Oolie Doolie.
Toolie Oolie Doolie.
Pour ceux qui n’ont jamais entendu Tony avec l’orchestre, je vous assure
que cet orchestre n’était pas aussi laborieux que maintenant. La galette qui
passe ensuite est A-Tisket, A-Tasket.
A-Tisket, A-Tasket.
La civilisation, c’est un vieux truc, mais ça fait fureur par ici en ce
moment, aussi aurons-nous l’interprétation par le College Rhythm de ce
thème hybride et mythique.
Civilization.
Et pour finir ce programme, vous aurez un bout de Ballerina, qui est si
mauvais que je ne peux m’empêcher de vous donner un vrai enregistrement
de Tony Proteau, Kitchenette Across The Hall, avec Louie Williams. Que ce
soit une leçon pour les petits gars du « Collège Rythmé »21...
Ballerina enchaîné sur Kitchenette.
Et ainsi, mesdames et messieurs, comme le gâteau au dessert, se termine la
séance de jazz français d’aujourd’hui. Ne riez pas trop tôt, nous reviendrons
encore la semaine prochaine. En attendant, Boris Vian vous dit qu’il vous
aime tous. Au revoir...
Ici votre vieux pote Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose
encore du jazz rigolo de France. Aujourd’hui notre invité est à nouveau Aimé
Barelli, car ce gars a enregistré plein de trucs récemment, et vous devez
apprendre ce que nous faisons des dollars de Marshall22. Vous savez déjà
qu’Aimé a un chouette jeu de trompette et qu’il chante aussi avec la voix
captivante d’un chanteur de charme, mais vous ne savez pas que c’est un
Méridional très séduisant, aux beaux cheveux noirs et aux yeux tendres ; je
vous le dis, petites Américaines, à coup sûr vous l’aimeriez beaucoup.
D’abord, nous allons avoir Civilization, la rengaine éternelle.
Civilization.
Ouvrez grand vos oreilles, maintenant, et vos cœurs aussi, car Aimé
Barelli va chanter une des compositions d’Henri Contet, Bonjour amour,
« Hello Love »...
Bonjour amour.
Alors, c’était tendre et sentimental, n’est-ce pas ? La galette suivante est
chantée par Joe Bartel, tout jeune chanteur des Antilles françaises, et
j’espère que vous comprendrez le texte : ça s’appelle No Compree23.
No Compree.
Le morceau suivant et dernier, c’est un petit concerto pour trompette.
Petit Concerto. 1ère partie.
Il y a une seconde partie... mais il faut que Truchet retourne le disque...
Petit Concerto. 2ème partie.
C’était le dernier numéro de notre programme d’aujourd’hui avec Aimé
Barelli et son orchestre. En attendant la semaine prochaine, Boris Vian vous
dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris, tout prêt à vous offrir un autre
choix splendide d’enregistrements stupéfiants de jazz français. Aujourd’hui,
la vedette du programme sera les Be-Bop Minstrels, comme ils disent. Ils
sont six, et trois d’entre eux ne sont pas des Franchouillards, mais ça n’a
aucune importance, vous allez voir, la musique est tout aussi super. Nous
allons commencer cette partie embêtante avec un chouette truc de Jerome
Kern. Vous l’avez peut-être entendu, au fait : Ail The Things You Are [Toutes
les choses que vous êtes]. Certaines de ces choses, il ne pouvait pas les dire,
car c’est un type très poli.
Ail The Things You Are.
Le titre suivant est probablement faux, car par ici ça nous est égal si
l’étiquette est bonne, pourvu qu’il y en ait une. Ce qui est écrit, c’est I’ve
Got Bebop, mais je me demande si ce n’était pas Raph Goes...
I’ve Got Bebop.
Charlie Parker, celui qu’on appelle le « Zoizeau27 », a fait de sérieuses
victimes parmi ceux qui aiment la musique et qui en jouent. Qu’y puis-je ? Je
suppose que ça sera une bonne revanche de vous donner l’interprétation par
les Be-Bop Minstrels de l’air de Parker
Confirmation.
Il y a encore un biscuit à manger au titre très suggestif : c’est le nom d’une
chouette fille qui aime les musiciens américains... Vous ai-je dit que trois
d’entre eux jouent dans...
A la Colette.
Ainsi, avec A la Colette, qui veut dire « à la façon de Colette », nous
finissons le programme d’aujourd’hui consacré aux Be-Bop Minstrels. Et
nous reviendrons encore la semaine prochaine avec une âme ferme et un
esprit libre pour vous donner un autre exemple de notre vacherie. En
attendant, c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du triple
jazz de ce doux pays de France. Aujourd’hui, le programme sera du bâton de
réglisse pour commencer et du bâton de réglisse jusqu’à la fin, et avec
Hubert Rostaing, qui est d’ailleurs déjà un de vos amis. Comme Hubert est
aussi un ami intime de Jack Diéval, le célèbre pianiste, il n’est pas étonnant
qu’ils jouent ensemble, ainsi qu’avec André Jourdan, le batteur, dans les
titres suivants ; tout d’abord, voici Just Squeeze Me [Rien qu’un câlin]...
mais écoute bien, n’sois pas taquin.
Just Squeeze Me.
Continuant d’interpréter des airs chouettes d’Ellington, Hubert, Jack et
André vont jouer maintenant Just A-Settin’And A-Rockin’.
Just A-Settin’And A-Rockin’.
Et maintenant, faites un peu la moue, tâchez de prendre un air très
mystérieux et essayez donc de répondre à ma question – et à celle d’Hubert
Rostaing aussi : dites-moi seulement Whose Dream Are You [Qui rêve de
vous.]
Whose Dream Are You.
C’était Whose Dream Are You, et nous allons finir le programme
d’aujourd’hui avec un truc simple que nous aurions dû passer d’abord, mais
nous sommes des raffinés, et c’est seulement maintenant que vient l’air :
Glad To Meet You [Ravis de vous rencontrer].
Voilà ce que nous étions, joué par Hubert Rostaing, Jack Diéval et André
Jourdan : ravis de vous rencontrer... Et ne vous en faites pas, nous nous
retrouverons de nouveau la semaine prochaine autour du tourne-disque avec
un autre plein panier de subtile cacophonie française. En attendant, c’est
Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose un peu du jazz le
plus guimauve jamais enregistré. Et mon vieux, c’est vraiment de la
guimauve. Heureusement le chef d’orchestre est un Amerloque qui s’appelle
Jerry Mengo, et il est responsable de la bande de racleurs de cuivres28
français que vous entendrez dans un instant. Vous savez comme c’est : il faut
que la musique de danse soit mauvaise pour être commerciale29. Rappelez-
vous Harry James, qui jadis jouait du jazz... Mais notre Jerry Mengo n’est
pas un souffleur de trompette. Il est fana de batterie et chef d’orchestre.
Ecoutez d’abord La Mer, un air de Charles Trenet... et si vous ne l’aimez
pas, hurlez donc.
La Mer.
C’était moche, hein ? Mais le suivant est encore pire. Prenez-en plein les
oreilles. Ça, mon vieux, ça vous tue... Mais citer ce titre-ci à Paris, quel
rapport ?
Down The Old Spanish Trail [En suivant la vieille piste espagnole].
Ça répond à votre question : qu’est-ce que je peux faire d’une « vieille
piste espagnole ». Et pour vous montrer à quelles extrémités un type peut en
venir quand il a faim, essayez de résister à l’interprétation par Jerry Mengo
de I’ll Close My Eyes.
I’ll Close My Eyes [Je vais fermer les yeux].
Je suppose que vous, vous avez fermé les oreilles. Mais si vous êtes
vraiment sourd, on peut trouver un autre moyen de vous tuer : passons Five
Minutes More, et vous allez voir...
Five Minutes More.
C’était cinq minutes de plus, et un vrai mensonge, car notre programme
d’aujourd’hui se termine avec la guimauve sonore de Jerry Mengo. Mais
soyez chouettes et ne dites rien, la victime de la semaine prochaine vous
amusera davantage. En attendant, c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du jazz de
France à crever le cœur. Aujourd’hui, nous braquerons le projecteur sur
quatre musiciens : le trio d’Emile Stern et Linda Stevens, une voix douce et
suave. Emile Stern est un pianiste qui a joué pas mal de temps en France. Il a
quitté notre ville pendant l’occupation allemande car c’était une mauvaise
période pour la musique de jazz, et il est de retour maintenant avec un très
chouette trio, comme vous allez voir. Tout d’abord, voici un petit garçon que
vous connaissez bien, Nature Boy.
Nature Boy.
La chanteuse était Linda Stevens, bien sûr, mais en dépit de ce qui est écrit
sur l’étiquette – c’est une faute de Blue Star – elle ne chante pas dans l’air
suivant, Ballerina.
Ballerina.
Il y a quelques années, un type nommé Gershwin a écrit une sacrée
mélodie intitulée Summertime. En dépit du fait que Gershwin ne fut jamais
un musicien de jazz, Summertime est un air chouette. On se le passe.
Summertime.
C’était Summertime, interprété par le trio d’Emile Stern et la voix de
Linda Stevens. Elle va encore chanter, bien sûr, cette fois Fool That I Am.
Fool That I Am [Quel fou je suis].
Voilà quel fou j’étais, chanté par Linda Stevens, et la fin de notre
programme d’aujourd’hui, inspiré par le trio d’Emile Stern et la voix de
Linda Stevens. Ne pleurez pas, messieurs dames, nous reviendrons encore la
semaine prochaine avec quelques biscuits de plus pour vous. En attendant,
c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du jazz
frappadingue de France. Aujourd’hui, nous allons partager les feux du spot et
en projeter une part sur Django Reinhardt, notre vieil ami, et le reste de ce
drôle d’engin sur Claude Luter, notre jeune papa dixieland. Vous savez, ils ne
pressent pas les matrices assez vite pour que je vous les apporte, aussi je
suis obligé de ratisser ce que je peux aussitôt que c’est sorti. D’abord,
quelque chose pour vous tous,
New York City [La Ville de New-York] par Django.
Est-ce que la musique de New York est vraiment comme ça ? Envoyez-
moi un mot pour me le dire. Le second élément du cocktail d’aujourd’hui
sera South African Blues de Claude Luter.
South African Blues.
Retour encore à Django avec un air intitulé September Song. Pourquoi
pas30...
September Song.
Et Claude Luter va dire le dernier mot avec sa belle gueule d’alligator31.
Gate Mouth [Gueule d’alligator].
C’était Gate Mouth, joué par Claude Luter et ses Lorientais, fameux
joueurs de dixieland, et cela met fin à notre programme d’aujourd’hui,
partagé entre Claude et la guitare de Django. Mais ne vous fâchez pas, nous
reviendrons encore la semaine prochaine avec quelques notes de plus, et en
attendant Boris Vian vous dit au revoir de Paris.
N° 30 DON BYAS
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du jazz
étranger de France. Aujourd’hui notre invité vedette sera Don Byas.
Evidemment Don n’est pas un Français authentique. Il n’y a que trois ans
qu’il a quitté les Etats-Unis et il est allé partout depuis. En fait, il est ce
qu’on peut appeler un parfait Européen. Mais en 1947 il a fait quelques
enregistrements pour diverses marques françaises, en particulier Swing et
Blue Star, avec des musiciens français, et nous allons vous donner un
échantillon du mélange. Tout d’abord, voici une version de ce fameux air
sentimental, Body And Soul. Je suis sûr que vous l’aimerez.
Body And Soul.
Avec une partie du groupe de Redman, Byas a enregistré un air chouette
intitulé The Mohawk Special. Le trompette est Peanuts Holland, le pianiste
Billy Taylor. Tyree Glenn, maintenant chez Ellington, est au trombone et le
seul Français de la séance est Hubert Rostaing, qui prend le premier chorus
au saxo alto.
The Mohawk Special.
Revenons au sentiment et écoutons Gloria, un morceau plein de séduction.
Essayez donc de résister à cette fille...
Gloria.
Et pour finir cette séance, prenons maintenant un autre tempo rapide
intitulé Riffin’And Jivin’. Cette fois, Don Byas est le seul de l’orchestre qui
n’est pas français. Au piano, Diéval. A la batterie, Molinetti. A la basse,
Simoens, et Tilché, guitare. Voici Riffin’ And Jivin’.
Riffin’And Jivin’.
C’était Riffin’And Jivin’, le quatrième morceau du programme
d’aujourd’hui avec Don Byas et ses enregistrements récents en France. Ne
pleurez pas, mes doux chéris, la semaine prochaine je serai là avec encore
un peu de camelote. En attendant, c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
N° 31 TYREE GLENN
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du jazz
existentialiste de France. Aujourd’hui, nous allons braquer le projecteur sur
un type chouette et costaud qui joue du trombone ; il est maintenant retourné
aux Etats-Unis dans l’orchestre de Duke Ellington, mais il enregistra ici il y
a quelques années pas mal de bonne musique avec des musiciens français et
américains. Il s’appelle Tyree Glenn, et c’est un type tout-à-fait charmant. Le
groupe que vous allez entendre est composé de trois joueurs français et de
quatre américains. C’est de la coopération pré-Marshall. Tout d’abord, voici
Please Don’t Talk About Me When I’m Gone.
Please Don’t [...].
Dans le morceau suivant, le trompettiste, Peanuts Holland, était sorti
prendre un verre, je suppose... Mais il reviendra pour le prochain. Ecoutez.
I Can’t Get Started.
C’était I Can’t Get Started, avec le trombone moelleux de Tyree Glenn.
Maintenant, passons à un petit truc intitulé Mad Monk [Moine maboul32].
Peut-être a-t-il bu trop de Bénédictine ?
Mad Monk.
Et pour finir ce programme avec Tyree Glenn dont le grand trombone
domine un groupe franco-américain, voici Billie’s Bounce.
Billie’s Bounce.
C’était Billie’s Bounce, et le dernier morceau de la séance d’aujourd’hui,
consacrée à Tyree Glenn. Et maintenant je dois vous quitter, mes auditeurs
adorés, mais ne soyez pas trop tristes, car je reviendrai encore la semaine
prochaine avec d’autres cires. Portez-vous bien jusque là et Boris Vian dit au
revoir de Paris.
N° 32. BILL COLEMAN33
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore de ce
bizarre mélange franco-américain34. Aujourd’hui, pour la seconde fois, nous
allons écouter quelques-uns des petits que Don Byas a pondus en France
avec l’aide des compagnies de disques françaises. Don joue ici avec Peanuts
Holland, trompette, Billy Taylor au piano, Bufard Oliver, batterie, et les
musiciens français Tilché, guitare, et Bouchéty, contrebasse. Le premier air
est Walking Around.
Walking Around.
Naturellement Don Byas aime ces chouettes petits airs bebop que vous
connaissez si bien, et pour vous montrer comme il les joue, écoutez
maintenant Dynamo A, une composition de Gillespie.
Dynamo A.
Mais notre ami Don est un sacré sentimental et il aime les filles super
comme cette séduisante beauté, Laura : vous vous la rappelez ? Brune et
grande, avec une ligne du tonnerre... Vous voyez ?
Laura.
Certains pensent que le jazz est toujours dingue, mais pour vous montrer
combien un titre peut être normal, écoutez cette évidence, How High The
Moon [Comme la lune est haute]. C’est vrai, oui... elle est haute, mais
qu’est-ce que ça fait ?
How High The Moon.
Voilà comme la lune était haute, mais ne vous en faites pas, on a fait des
progrès, et maintenant on peut acheter des allers-retours... J’en ai pris un et
la semaine prochaine je vous retrouverai avec quelques-unes de mes
horribles galettes ; et en attendant, c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
N° 34. FREDDIE JOHNSON
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose un peu de ce
mélange qui fut élaboré vers 1937 par des groupes mixtes de musiciens
français et américains. La séance d’aujourd’hui sera dirigée par Freddie
Johnson, un pianiste qui était très populaire en France en ce temps-là. Le
Français de ce groupe est Alix Combelle, saxo ténor naguère fameux qui fut
ensuite obligé de se borner à la musique de variétés, ce qui est triste. Ici ils
improvisent d’abord sur un air original de Combelle, Frenchie’s Blues. La
trompette est celle de Louis Bacon.
Frenchie’s Blues.
Dans le morceau qui suit, on peut entendre Combelle à la clarinette,
instrument dont il se sert comme un chat de sa queue, pour qu’on marche
dessus et qu’il hurle35. C’est Big Wig In The Wigwam, une composition de
Waller.
Big Wig In The Wigwam.
Un wigwam, c’est sûrement chouette, mais pensez donc à une pièce sympa
et douillette avec plein de fumée de cigare et des verres remplis de liquide –
je parle de jus de fruit, bien sûr, personne ne boit rien d’autres en France...
Venez vous asseoir dans la salle bleue.
The Blue Room.
Et pour finir cette séance sur une note de cuisine, pour vous montrer que
les Américains vivant en France furent très influencés par l’atmosphère
gastronomique d’ici, voici le dernier morceau, joué par notre groupe mixte
de musiciens américains. Goûtez un peu de ce Jam With Bacon [Confiture et
bacon]36.
Jam With Bacon.
C’était Jam With Bacon, et aussi la fin de notre pain d’aujourd’hui. Mais
ne vous en faites pas, mes auditeurs adorés, nous reviendrons encore avec
vous la semaine prochaine avec quelques trucs originaux qui vous feront
hurler de plaisir, j’en suis sûr. En attendant, c’est Boris Vian qui dit au revoir
de Paris.
N° 35. DICKY WELLS
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore du jazz que
des musiciens américains ont fait en France, il y a douze ans, avec le
concours de quelques-uns de leurs collègues français. Aujourd’hui, nous
aurons M. Dicky Wells, le tromboniste de Basie, pour diriger l’orchestre et il
sera aidé dans cette tâche par des musiciens que vous connaissez sûrement,
comme Bill Coleman, Shad Collins et Django Reinhardt, le fameux guitariste
français. Le premier air sera un vieux succès, Japanese Sandman.
Japanese Sandman.
Comme vous l’avez remarqué, Django Reinhardt est le seul musicien
français de cette séance et, en dépit de cela, sa guitare est très efficace et
suffit largement à donner un certain style à la section rythmique. Et
maintenant, voici I Got Rhythm, joué par un trio de trompettes sous la
direction de Dicky.
I Got Rhythm.
Nous avons deux jeunes filles qui attendent maintenant que vous les
écoutiez et la première est la fameuse chérie de la Caroline, Dinah. Ecoutez
l’orchestre de Dicky Wells dans Dinah. La guitare est maintenant Roger
Chaput, ancien de l’orchestre de Django.
Dinah.
Et avec Django Reinhardt de nouveau, voici Sweet Sue [Délicieuse Sue]
pour conclure le programme d’aujourd’hui sur une note tendre.
Sweet Sue.
C’était Sweet Sue, joué par une petite formation franco-américaine avec
Dicky Wells et Django. Et ne soyez pas trop tristes, car si ce morceau est le
dernier de la séance d’aujourd’hui, nous reviendrons encore la semaine
prochaine avec d’autres biscuits de notre réserve spéciale. En attendant,
c’est Boris Vian qui dit salut les potes, à la prochaine.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose encore et encore
des enregistrements hot faits en France par des amalgames variés de
musiciens noirs et blancs. Aujourd’hui, ce sera une séance Sidney Bechet,
avec « Pops » lui-même au saxo soprano ; ces enregistrements ont été faits à
la fin du dernier Festival de jazz de Paris et l’« effectif » est le suivant :
Gérard Bayol, cornet, Benny Vasseur, trombone, Eddie Bernard, piano, Jean-
Pierre Sasson, ancien capitaine de la RAF, guitare, Guy de Fatto, contrebasse
et André Jourdan, batterie. Voici « Pops » et ses musiciens qui jouent
Honeysuckle Rose pour vous.
Honeysuckle Rose.
Dans le morceau suivant, je suis sûr que vous apprécierez le travail de
Benny Vasseur, comme il introduit avec aisance et netteté le thème de la
chanson. Voici ce vieux tube de Fields et McHugh, On The Sunny Side Of
The Street [Du côté ensoleillé de la rue].
On The Sunny Side [...].
Laissons ce côté ensoleillé et passons à une conversation plus
psychologique : allons, dites-moi donc pourquoi je ne peux pas croire que
vous êtes amoureuse de moi...
I Can’t Believe That You Are In Love With Me [Je ne peux pas croire que
vous êtes amoureuse de moi].
Et après cette bizarre affirmation (je dis bizarre car je suis en fait
quelqu’un de tout-à-fait charmant), écoutons le plus populaire de tous les airs
de la Nouvelle-Orléans, High Society, interprété par Sidney Bechet et ses
jeunes musiciens français.
High Society [Haute Société].
C’était de la haute société, n’est-ce pas ? Et cela met fin à notre
programme d’aujourd’hui, avec « Pops » Bechet. Mais ne vous lamentez pas,
nous reviendrons bientôt. En attendant, Boris Vian dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose des nouvelles
récentes de votre vieux copain jazzique Don Byas, l’un des plus fameux
saxophonistes ténors du monde. Il y a longtemps maintenant que Don Byas est
venu en Europe et a enregistré un bon nombre de trucs ici et là, avec des
groupes variés. Aujourd’hui, nous allons passer deux de ses premières
matrices françaises et deux numéros plus récents, dont un qu’il a joué avec
son pote Bill Coleman, un autre des musiciens de jazz franco-américains.
Ecoutez d’abord Ain’t Misbehavin’ [On fait pas d’bêtises], ce vieux tube de
Waller.
Ain’t Misbehavin’.
C’était l’interprétation d’Ain’t Misbehavin’par Don Byas. Et pourquoi est-
ce qu’il ne fait pas de bêtises ? Tout le monde le sait par ici : parce que Don
est un gars vraiment sentimental. Ecoutez bien Blue And Sentimental
[Cafardeux et sentimental], et vous comprendrez ce que je veux dire.
Blue And Sentimental.
Alors, c’était cafardeux, n’est-ce pas ; et pour le sentiment, il n’y a
personne comme Don, mais quand il pense à une fille précise, il est plus
heureux que vous ne sauriez croire. C’est, en l’occurence, une fille de
Gershwin, Liza.
Liza.
C’était Liza. Mais tout cela s’est passé hier... jours dorés, comme l’a dit
naguère Jerome Kern... Voici Don encore tout seul avec ces Yesterdays
[Hiers].
Yesterdays.
Alors, c’est triste, pas ? Mais c’est encore plus triste quand vous venez à
penser que Yesterdays joué par Don Byas était la galette finale du programme
d’aujourd’hui. Ne pleurez pas, mes doux chéris, il y en aura encore. En
attendant, Boris Vian dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour, mes choux, comment ça va ? Vous savez, en
français, « chou » est une façon très chouette de dire « chéri » ; vous aimez
ça, non ? Les galettes hot d’aujourd’hui sont des trucs cent pour cent
français ; des enregistrements récents d’Hubert Rostaing et son sextette, à ma
gauche, et, à ma droite, Persiany-Peiffer qui jouent du double piano (j’essaie
de trouver un moyen d’expliquer que ces deux gars jouent sur le même
clavier de quatre-vingt-huit, mais je n’y arrive pas). D’abord, Hubert
Rostaing va jouer une composition de Roby Poitevin intitulée Paris Bop.
Une bonne astuce, hein41 ?
Paris Bop.
Le vibraphoniste est évidemment Roby Poitevin, un type très jeune et qui
promet ; Hubert Rostaing lui-même joue le saxo. Bon, changeons pour
Bagdad Boogie par Peiffer-Persiany.
Bagdad Boogie.
C’était un tas de doigts et quatre-vingt-huit touches et Bagdad Boogie.
Mais revenons aux filles, car ça peut être super, quand la fille s’appelle
Laurence.
Laurence.
Hubert Rostaing et sa bande jouaient Laurence avec du sentiment, ce qui
veut dire que c’est une chouette fille, alors pourquoi pas ? Envolons-nous
avec Laurence vers Monte-Carlo. Voici l’interprétation de Paris Monte-
Carlo par Peiffer-Persiany.
Paris Monte-Carlo.
Eh bien ce voyage Paris-Monte-Carlo était fort épuisant, n’est-ce pas ? Ce
sera donc la fin du programme d’aujourd’hui avec le sextette d’Hubert
Rostaing et les morceaux à quatre mains de Peiffer-Persiany. Et je serai ravi
de vous voir bientôt. En attendant, c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris, tout prêt à vous embêter avec de la
musique de jazz. Les disques que vous allez entendre aujourd’hui sont des
trucs de Bill Coleman. Vous savez que le trompette Bill Coleman joua en
France avant la Deuxième Guerre mondiale et qu’on l’aimait beaucoup ici ;
la guerre finie, tout le monde voulait le revoir ; il est donc revenu pour
l’organisation de la Parade du jazz en France, et il y est encore, et il
enregistre, mais oui. Donc vous allez entendre d’abord l’un des fameux
disques Swing qu’il a gravés en 1938 avec Reinhardt et Grappelli ; le titre
est Bill Street Blues.
Bill Street Blues.
Après Bill Street Blues, mettons-nous à l’écoute d’une récente cire de
Bill, intitulée At Noon Blues [Blues de midi], et rappelez-vous que le saxo
ténor s’appelle Don Byas.
At Noon Blues.
Bon, après ce blues du milieu du jour, retournons à une version de 1938
d'After You Have Gone, où le violon de Stéphane Grappelli répond à la
trompette incisive de Bill, avec le soutien rythmique de Django Reinhardt,
Wilson Myers et Ted Fields.
After You Have Gone.
Et voici maintenant le fameux What Is This Thing Called Love [Qu’est-ce
qu’on appelle l’amour] de Cole Porter. Le pianiste est notre ami Bernard
Peiffer.
What Is This Thing Called Love.
C’était What Is This Thing Called Love, ce qui est une étrange question
par ici – vous savez, chaque petit Français connaît ça dès l’âge de six ans –,
et la fin du programme d’aujourd’hui avec Bill Coleman. Bon, vous pouvez
souffler maintenant mais nous reviendrons bientôt. En attendant, c’est Boris
Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de France et vous propose de nouveau un
peu de ce sacré jazz français. Aujourd’hui, nous aurons une petite partie avec
les enregistrements récents de Claude Bolling qui tente de faire revivre
l’esprit du vieil orchestre d’Ellington, celui des années trente. Pour cette
séance, l’orchestre jouait avec un saxo baryton, parce que chacun sait
qu’Harry Carney, le baryton d’Ellington, est la clef de voûte de l’orchestre et
que personne ne peut recréer l’ambiance caractéristique sans un saxo
profond et velouté. Bon, arrêtons le laïus et écoutons Bolling dans Sloppy
Joe.
C’était Sloppy Joe joué par Bolling et ses musiciens. Nous allons
continuer avec un air très beau... et qui donne plein d’idées,
Prelude To A Kiss [Prélude à un baiser].
Après ce prélude à un baiser, c’est drôle de découvrir qu’au lieu de
donner un baiser, nous faisons autre chose. Et quoi ? Eh bien,
Doin’The Voom Voom [On fait « voum-voum »]. Nous, nous avons bien
fait « voum-voum », et vous ? Mais on a déjà fait trop de sport et on va
récupérer en écoutant l’interprétation par Bolling du fameux air d’Ellington
Washington Wobble.
C’était Washington Wobble, et ça veut dire aussi la fin de notre
programme. Mais nous reviendrons encore avec vous très bientôt pour un
autre programme de jazzeurs français. En attendant, c’est Boris Vian qui dit
au revoir, et portez-vous bien.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris, encore de retour avec des galettes
toutes fraîches pour vous. D’abord, si vous avez jamais entendu parler du
jazz en France, vous serez très très surpris d’apprendre qu’il y a en France
un jeune orchestre dont le chef ne s’appelle pas Claude42, mais Pierre... Oui,
c’est la petite formation de Pierre Braslavsky dont nous allons entendre
parler aujourd’hui. Braslavsky est l’un de ces admirateurs de Bechet et,
naturellement, il joue du saxo soprano. Les galettes que vous allez entendre
tout de suite ont été enregistrées pour Selmer, la vieille fabrique
d’instruments de musique43 qui comporte maintenant une marque de disques,
du même nom d’ailleurs. Voici Pierre Braslavsky qui joue
Texas Moaner.
Pierre Braslavsky aime le style Nouvelle-Orléans, mais il n’est pas de ces
fanas de jazz à l’esprit étroit et il aime aussi un bon Ellington. Le voici de
nouveau qui balance en rythme avec son gang.
Rockin’In Rhythm [On balance en rythme].
Pierre Braslavsky n’est pas ce que vous appelleriez un cat44 aux Etats-
Unis, il n’est pas vraiment zazou, mais il les aime bien. Bon, écoutez son
interprétation de Wild Cat Blues [Blues du chat sauvage], qui prouve ce que
j’ai dit.
Wild Cat Blues.
C’était Wild Cat Blues ; et quand les chats deviennent sauvages, le résultat
est plutôt normal si ça finit avec un Empty Ballroom Blues [Blues d’une
salle de bal vide].
Empty Ballroom Blues.
Blues d’une salle de bal vide, eh oui, ça voulait dire la fin de notre
programme d’aujourd’hui avec Pierre Braslavsky, son saxo soprano et son
orchestre. Eh bien, j’espère revenir encore avec vous bientôt, et en attendant,
c’est Boris Vian qui dit au revoir de Paris.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris, tout prêt à vous donner de
nouveaux exemples de musique française de jazz. Nous avons rendez-vous
aujourd’hui avec Hubert Rostaing, le populaire joueur français de clarinette
et de saxo alto ; on entendra Hubert en compagnie d’autres jeunes musiciens
et en particulier de Jack Diéval, le pianiste. D’autres membres de l’orchestre
sont Roby Poitevin au vibraphone, Soudieux avec son violoncelle, Arthur
Motta et sa batterie, Gallopain à la guitare. Nous commencerons avec une
chouette composition de Jack Diéval, Auber Blues.
Auber Blues.
C’était Auber Blues, et ceux d’entre vous qui connaissent l’Opéra de Paris
se rappelleront la rue Auber, j’en suis sûr. Passons maintenant à un vieux
succès d’Irving Berlin. Le titre est
Blue Skies.
Vous venez d’entendre Blue Skies, joué par Rostaing et ses musiciens. Eh
bien Jack Diéval revient maintenant avec un de ses airs récents, intitulé
Bebop Tune. Mais je me demande si bop convient bien pour ça. Quoi qu’il
en soit, voici Bebop Tune.
Bebop Tune.
Et maintenant, juste pour vous montrer qu’un autre membre de l’orchestre
est compositeur, écoutons Bouquet, un chouette morceau écrit par Roby
Poitevin, le vibraphoniste de l’orchestre.
Bouquet.
C’était Bouquet, et la fin du programme d’aujourd’hui, avec le sextette
d’Hubert Rostaing. Mais nous reviendrons encore avec vous très bientôt,
pour une autre séance avec des joueurs de jazz français. En attendant, c’est
Boris Vian qui dit au revoir.
Ici Boris Vian qui dit bonjour de Paris et vous propose une autre série de
séances de jazz français. Aujourd’hui, nous remonterons très loin dans le
temps jadis avec Claude Luter et son gang Nouvelle-Orléans. Vous
connaissez déjà Claude Luter, bien sûr, si vous êtes fanas de jazz ; et sinon,
vous avez certainement entendu parler du style Nouvelle-Orléans, né au sud
de la frontière Mason-Dixon45 et illustré par des interprètes comme King
Oliver, Fred Keppard, etc. Luter et ses cocos ont essayé de faire revivre
l’esprit et l’enthousiasme de cette génération précédente de pionniers du
jazz. En fait, ils y ont réussi en partie, en dépit d’imperfections mineures ;
mais écoutons Old School [Vieille Ecole] par Claude Luter.
Old School.
C’était Old School ; et maintenant, nous aurons une autre composition de
Claude Luter. Le titre est Babouche.
Babouche.
Vous venez d’écouter Babouche, joué par Claude Luter et ses cocos. Eh
bien, quelquefois Luter et certains de ses musiciens aiment jouer seulement
en quartette, et le résultat est quelque chose comme « Creole Rice ».
Riz à la créole.
C’était Riz à la créole, interprété par Claude Luter et son quartette. Et
voici qu’arrive maintenant un air de Luter dédié à son batteur, Moustache. Le
titre : Moustache Stomp.
Moustache Stomp.
Moustache Stomp, par Claude Luter, finit le programme d’aujourd’hui sur
le jazz du temps jadis. Et nous reviendrons encore bientôt avec vous pour un
autre quart d’heure avec les fanas de jazz français. En attendant, c’est Boris
Vian qui dit au revoir et à bientôt.
1 Pas de titre ; seul manuscrit en français.
2 C’est-à-dire « comme c’est écrit », « sans swing » (AEJ, 590).
3 Dactylogramme de Vian lui-même pour le n° 2 seulement.
4 Créée par Charles Delaunay et Hugues Panassié en 1937 pour l’enregistrement de jazz
français.
5 Voir les « bonnes polkas de chez nous » (CJ 155).
6 Irène Carole Reweliotty, sœur du jazzman André (voir AEJ, 90-91), était journaliste à
Carrefour ; elle mourut de tuberculose en 1946.
7 Projecteurs de scène inventés par les frères Kliegl en 1912 et ensuite utilisés par les studios de
cinéma.
8 Voir « [Friedrich] Guida va passer au Birdland. Ce qui prouve que le piano classique mène à
tout. » (CJ, 126).
9 En recopiant son premier brouillon – « a very strong left hand » (« une main gauche très
forte ») –, Vian oublia l’adjectif. Sur une pochette de disque consacrée au piano, Vian présente
James P. Johnson comme le « Roi du style stride, où une main gauche puissante et mobile
soutient d’un rythme de fer l’improvisation de la main droite » (Derrière la zizique, Livre de
poche, 1997, 158).
10 Vian a redit que maints musiciens de Luter adoraient le bebop en dépit de leur chef (CJ,
240).
11 Voir le Manuel de St-Germain-des-Prés : « [Luter] lança une cave [...] rue des Carmes.
Cela s’appelait le Lorientais. L’hôtel (hôtel des Carmes) était dirigé par Mme Pérodo, aimable et
rousse [...] » (Manuel [...], Ed. du Chêne, 1974, 218-219). Claude Luter lui-même explique ainsi
l’origine du nom : la patronne de l’hôtel était Lorientaise comme son mari et, ouvrant une cave à
jazz selon la mode, décida de donner la moitié des bénéfices au profit des sinistrés de sa ville en
grande partie détruite par les bombardements ; d’où le nom choisi, Club Lorientais. Il eut une
existence brillante de 1946 à fin 1948, mais fut fermé sur plainte de parents alarmés ( !) et sous
un prétexte futile de porte insuffisamment large.
12 Vian écrivit d’abord tender (« tendre »), malencontreusement biffé et surchargé par sensible
(« sensé ») qu’il confondit évidemment avec le français « sensible ».
13 Les magasins de tabac américains sont souvent signalés par la statue en bois d’un Indien qui
tient des cigares.
14 Sorte de « joute musicale » ou « duel alterné » : voir Dictionnaire du jazz, op. cit., 250-251.
15 Voir à ce propos le nom LUTER dans l’Index.
16 Vian rappelle volontiers la censure de Goebbels et les variations françaises sur les titres
américains ; voir ici l’émission n° 8, les transpositions comiques dans Vercoquin et le plancton
(Gallimard/Folio, 1973 ; 174-175) et « Ça me rappelle le bon vieux temps – vous savez,
l’occupation, quand on était les Algériens des Allemands – où l’on rebaptisait Lady Be Good
« Les Bigoudis » pour ennuyer M. Goebbels » (CJ, 126), anecdote répétée dans En avant la
zizique, avec évocation du rôle d’Abadie, Luter et autres dans ces années noires (op. cit., 172).
17 Prénoms traditionnels de personnages français dans les films américains. Encore en 1958 par
exemple, Louis Jourdan joue Gaston Lachaille dans Gigi de V. Minelli et en 1960, dans Le
Milliardaire de G. Cukor, Y. Montand est appelé « Alphonse » par quelqu’un qui ne le connaît
pas, simplement parce qu’il est français. Dans son Petit Abécédaire musical, Vian choisit
Anatole pour A et Gaston pour G (Chansons, Livre de poche, 1997, 496 ss).
18 James C. Petrillo (1892-1984), trompettiste et chef d’orchestre, président du syndicat de
Chicago des musiciens indépendants puis du syndicat national, l’American Federation of
Musicians, lança en 1942 une grève générale contre les compagnies d’enregistrement qui ne
payaient pas aux musiciens de droits sur leurs ventes. Elle dura plus de deux ans et les musiciens
obtinrent justice, ce qui entraîna la création du Music Performance Trust Fund. Mais en
novembre 1947, le Petrillo Ban interdit à nouveau aux musiciens syndiqués d’enregistrer pour la
radio ou les marques de disques ; cela dura jusqu’à la fin de 1948. Vian tenait ses lecteurs
informés de ce grave problème pour amateurs de « galettes » (CJ, 20-21, 160, 407 ; AEJ, 230).
19 Vian ne manque pas de moquer l’accordéon qu’il associe toujours à Viseur quand il en
signale la vogue aux Etats-Unis (CJ, 402, 407).
20 La France comme « Pays de l’O.N.U. » s’explique peut-être par cet événement : « Le
19 novembre 1948, Garry Davis s’était proclamé "premier citoyen du monde". Il avait interpellé
les délégués des Nations-Unies au Palais de Chaillot en réclamant un gouvernement mondial. »
(R. Queneau, Journaux 1914-1964, Gallimard, 1996, 667).
21 Même remarque dans Combat en avril 1949 (AEJ, 340).
22 Le 5 juin 1947, le général George C. Marshall, secrétaire d’Etat du gouvernement de Harry
S. Truman, proposa son « Plan » de sauvetage, un programme d’aide financière pour reconstruire
l’Europe ; la loi fut votée le 2 avril 1948 pour quatre ans puis prolongée jusqu’en 1955. La
référence est évidemment ironique, Vian notant ailleurs « on n’a pas des dollars à dépenser pour
du jaze-bande, le plan Marshall a autre chose à faire » (CJ, 160).
23 Franglais pseudo-phonétique équivalent à « pas compris », qu’on peut imaginer être une
réponse classique des GIs en France.
24 Titre déjà utilisé par Vian en avril 1948 pour suggérer un nouveau répertoire à l’orchestre de
Mezz Mezzrow (CJ, 149).
25 Le « furrin » de Vian imite la prononciation populaire et méprisante de foreign
(« étranger »), avec l’accent du Sud.
26 Vian généralise comiquement une anecdote ; il arriva en effet une fois que Luter rappelle
ainsi à l’ordre un de ses musiciens qui en embêtait un autre !
27 Voir par exemple CJ, 48 et passim.
28 Pour l’invention pittoresque de Vian, « hornscratchers », je m’autorise d’un néologisme de
son ami Queneau : « l’orchestre raclocuivra » (Un rude hiver, Gallimard, 1939/1966, 48).
29 Vian oppose souvent jazz et musique de danse (CJ, 96, 99, 185, 189).
30 Cette émission a dû être enregistrée dans l’hiver 1948-1949.
31 Gatemouth déforme gatormouth où gator est une abréviation d’« alligator » commune dans
le Sud. Armstrong, lui-même surnommé « Satchmo », d’après satchel mouth (« bouche de
cartable »), revendiqua la paternité de gatemouth qui devint courant pour désigner un jazzman, un
« vrai mec », ou apostropher un ami, particulièrement dans le contexte du jazz (cf. Clarence
Major, Juba to Jive. A Dictionary of African-American Slang, New York, Viking, 1994, et Cab
Calloway, op. cit., 252).
32 Outre l’allitération, il y a sans doute jeu sur monk (« moine ») et Monk (Thelonious) qui fut
dans l’orchestre de Dizzy Gillespie dès 1946 et fit des enregistrements remarqués dès 1947.
33 A Ned : attention, à partir de maintenant, je n’leur donne pas seulement des musiciens
français, mais des groupes mixtes de joueurs franco-américains. Donc change le thème-annonce,
s’il te plaît (traduction de la note).
34 En avril 1948, à propos des formations de musiciens noirs et blancs, Vian écrivait : « en
principe, j’étais pour les mélanges », car il pense que les résultats des groupes mixtes peuvent être
satisfaisants ; mais il ajoute que c’est toujours au bénéfice des Blancs qui en tirent gloire quand on
pourrait généralement les remplacer avantageusement par des Noirs, car « jamais les Blancs
n’égaleront les Noirs en matière de jazz » (CJ, 87, 149).
35 Voir Préface (p. 21) et n° 15.
36 Le double calembour – « jam » et « bacon »/Bacon – donne aussi « Improvisation avec
[Louis] Bacon », évidemment.
37 Alors que Saint-Louis se trouve en Missouri, la partie à l’est du Mississippi, « ville noire », est
en Illinois.
38 Erreur pour « la semaine prochaine » ?
39 Le titre joue sur le double sens de l’adjectif good au niveau moral et sexuel, « sage » ou «
gentille », « accueillante ».
40 Jeu vraisemblable sur pills (« pilules ») et le nom du chanteur Jacques Pills, de son vrai nom
René Ducos (1910-1970), « carabin » – ce qui justifie doublement l’allusion présente –, boy de
music-hall, duettiste avec Tabet (Couchés dans le foin, etc.) de Bobino aux États-Unis,
accompagnateur puis mari d’Edith Piaf.
41 Mot-valise grâce au son final de « Paris » fondu avec le début de re-bop (cf.
Cinéma/Science-fiction, Bourgois, 1978, 45) devenu ensuite be-bop ou bebop.
42 Allusion à Claude Luter et Claude Bolling, plusieurs fois cités, à qui s’ajoute Claude Abadie
(N° 13).
43 Particulièrement saxos, trompettes et clarinettes.
44 Vian a défini cat comme « musicien de jazz » (AEJ, 589 ; voir aussi Cab Calloway, op. cit.,
253), mais le mot signifie plus généralement « connaisseur », « fana de jazz », qui conviennent à
Braslavsky. Vian le traduit aussi par « zazou ». Dans Wild Cat Blues, il y a évidemment un jeu
sur « chat sauvage » et « fana de jazz ».
45 La Ligne Mason et Dixon, du nom de deux géographes anglais, Charles Mason et Jeremiah
Dixon, frontière entre le Maryland et la Pennsylvanie (1820) puis entre les états esclavagistes et
les autres, symbolise la limite entre le nord et le sud des États-Unis.
N° 2. PHILIPPE BRUN1
This is Boris Vian speaking. Today, we will try to follow the evolution of
the first hot boy to play trumpet in Paris, (a) Philippe Brun. Maybe you
remember the way he played with Gregor’s orchestra.
Background : Doin’The Raccoon.
After he leaved Gregor, Philippe Brun worked in Ray Ventura’s band,
and he made several waxes in which he plays only a few chorus. Here they
are. You will hear in After You’ve Gone some fine trombone by Josse
Breyere, followed by Philippe (b).
Melody In Brown.
While he worked with Ventura’s band, Philippe recorded many sides for
Swing, the new label which was in full development at this time. He
assembled a big band, including (d) Django Reinhardt, and Stéphane
Grappelli at the piano. There you’ve got an example of how it sounded.
Ridin Along The Moskowa.
Alix Combelle was here, too, and you hear him at his best in
Gotta Date In Louisiana.
But one of the most appreciated records Philippe ever made was When
You’re Smiling coupled with If I Had You. The personal is the following :
Alix Combelle, Philippe Brun, Joseph Reinhardt and Louis Vola.
If I Had You.
Then came the war and Philippe leaved France where he could no more
work. He toured with Ray Ventura and then established himself in
Switzerland, where he recorded many sides, such as his (e)
Study In G.
But his best period was done... and because he was obliged to earn his
living, he commercialized more or less and when you listen to him now, you
hardly recognize the guy who played in (f) :
When You’re Smiling (full lenght).
So Good by[e] till next week with the Quintet of the Hot Club of France.
(d) [...] recorded quite a number of platters for Swing, the new disc label
which was in full development at the time. For these sessions he gathered
together a rather large and expert musical group ; it included
(e) [...] You/Vian : Shortly after these well-known recordings, the war
came along, and Philippe Brun left France, where he could no longer
work. He went on tour with the Ray Ventura outfit, and then settled down
in Switzerland, where he grooved no small number of platters. Typical of
his style during this period is his Study In G, which we bring to you now.
(f) [...] In G./Vian : Philippe s stay in Switzerland seems to prove,
however, that the best period of his hot trumpet playing was past. He was
forced to earn his living, and this led inevitably to commercialism... and
there you are. When you listen to Philippe Brun today, you hardly
recognize the scintillating style that less than ten years ago produced that
masterpiece of French jazz
Vian : You may notice that Django Reinhardt, at this period of his
career, liked the long type of introduction, played without the rhythm
section.
Music : A Little Love, A Little Kiss up to end.
Vian : Another piece that the Quintet of the Hot club of France waxed
about the same time is still a celebrated hunk of music. And I don’t want to
let this occasion slip by without playing the everfamous Tiger Rag.
Music : Tiger Rag in quick, hold and behind3.
Vian : Now, as I have told you, a lot of masterpieces were recorded by
the Quintet of the Hot Club de France. But some of them were never even
issued. With me today I have a proof of I Saw Stars, for example, that never
saw the light of day. It was given to me, incidentally, by my good friend
Charles Delaunay. To show you the difference, I’m going to play for you
now the two versions of this record : the commercial edition as it was
issued, and the unpublished all-but-forgotten version. First, here is the
commercial recording of I Saw Stars.
N° 4. ALIX COMBELLE
Music : Theme up and under.
Announcer : The French Broadcasting System presents « Hot Club de
Paris », a 15 minutes weekly program retracing the history and great
moments of Jazz in France with the assistance of the foremost names in
modern French music, brought to you by the famous French jazz expert,
Boris Vian.
N° 5. ANDRÉ EKYAN4
This is Boris Vian with more stinky jazz from France. The guy of the
week will be, continuing our researches concerning French musicians of
the first generation, André Ekyan. Maybe you’ll find I’m a very sad guy,
because till now, every broadcasting has ended on a tragic note, but I’ve
got to respect the historical order, and the musicians of the 1930-40 period
are, now, longhaired and serious... or something like that.
N° 6. LEO CHAULIAC
Vian : This is B[oris] V[ian] say[ing] b[onjour] from Paris and bringing
you another armful of French jazz recordings... and some soporific chatter.
Today, we’re throwing the Klieg lights on the younger generation of
French musicians and our Man of the Week is one of the best of French
jazz pianists, Léo Chauliac. His musical education was classical, and he
studied piano with the famous longhair maestro Jose Iturbi ; not bad, eh ?
However, he couldn’t stick to serious music because he preferred to eat (a),
and like many European musicians, he switched to dance music and to
jazz. Paris didn’t know much about him before 1940 when he began a
three-year stretch as accompanist for Charles Trenet. And it was in 1941
that he made his Ist waxing. Let’s listen to it. It’s called
Croisette.
Vian : That was Chauliac first recording, Croisette. But on the other side
of this platter, we find that Léo didn’t only play the piano. In this one his
left hand is stroking the piano while his right hand is playing the celesta.
It’s called Ciel d’été, « Summer Sky ».
Vian : Now there’s something you may have noticed about Chauliac’s
music : he has a very strong [left] hand, which is rather rare for a
European jazz pianist. And now, with our time getting short, we’ll close
this piano (b) panorama of Léo Chauliac with a brand new recording of
Lady Be Good which our hero has just waxed for Pacific with his own
band. Here it is.
VARIANTES :
(a) This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more
shitty jazz from France. From now on, we’ll play some records by younger
musicians and today, we’ll begin with one of the best jazz pianists, the
Southerner Léo Chauliac. Born in Marseilles, Léo Chauliac played first at
five ; his first written work was issued when he was nine ; he received a
classical teaching, and studied piano with the well known Jose Iturbi. Not
bad, huh ? But he could not stick to serious music because he had to eat
pork chops
(b) [...] European jazz pianist. But Chauliac does not confine himself to
playing : he’s still a composer ; here’s a nice tune he made in 1941,
Micheline.
Micheline (shunter avant la fin).
Micheline is just one of his compositions. Léo Chauliac plays Debussy,
too. Listen to Rêverie. It’s not a very ferocious treatment.
Rêverie (en entier).
And we’ll end this first
(c) saying « Au Revoir » from Paris.
N° 7. HUBERT ROSTAING
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more jazz
from France. Today we’re going to listen to another bunch of shitty
records ; but this time, they will be played by a nice chap (as we say in
London) named Hubert Rostaing. And we’ll begin with a composition by
Hubert himself, who’s playing clarinet in it. It’s called : Fa majeur.
Fa majeur.
Hubert did’nt stick to the clarinet, but in the beginning, he played tenor
sax too, like many musicians over here. Listen to this sax in Irène.
Irène.
During the German occupation, when Stéphane Grappelli was staying in
London (London again, huh ?) the famous Quintet of the Hot Club of
France could no more play and was disbanded. But Django asked Hubert
Rostaing to replace the Grappellis violin with his clarinet, and with Pierre
Fouad on the drums, there was another Quintet. I’ll put now I Won’t Dance
on the turning table. It was not recorded during the war, but soon after.
Hubert plays the alto, which he has adopted now.
I Won’t Dance.
And we will end this presentation of Hubert Rostaing with a very nice
platter entitled Fable Of A Fool ; you can notice that he was strangely
influenced by the playing of the wonderful Johnny Hodges.
Fable Of A Fool.
Next week, we’ll have a close up on Aimé Barelli, the best trumpet
player we have here. 'Till then, this is Boris Vian saying au revoir from
Paris.
N° 8. AIMÉ BARELLI
This is Boris Vian saying bonjour from Paris, with another armful of
French jazz records. Today, we’re going to give you a close up of Mr Aimé
Barelli, the great soloist who replaced Philippe Brun and took the first
place on the French trumpet players list. Aimé Barelli, like a good many of
French musicians, was born in the south of France, at Nice, where stood
the First International Jazz Festival in 1948 this year ; but Barelli didn’t
play at Nice, because some jazz amateurs are saying he sounds too
commercial. Now, maybe there’s something in it, but one has to get money
to live, and it is very hard not to be commercial when you want to lead a
big band. But let’s take Barelli at the beginning, in a true commercial
band. I’ll play only the Barelli’s chorus, cause the rest of the record sounds
really corny.
Swing Mammy.
So this year, Dizzy Gillespie came here... and Aimé fell for Bebop. With
his arranger, Migiani, he worked hard and tried to modify the natural
tendencies of his musicians, who are rather square. Unfortunately, he
leaved some violins in a corner where nobody saw them ; but next time,
he’ll be really bop. Here’s
That’s the end, I’ve grown too old... But next week, we’ll be back again
with a second list of records by the Quintette of the Hot Club of France
and Django Reinhardt. Till then, this is Boris Vian saying au revoir from
Paris.
Swingin’With Django.
Then, we will have another tune by Django, and Stéphane, recorded in
London, 1946, Django’s Tiger.
Django’s Tiger.
As you may know, there are two Quintets of the Hot Club of France ; the
first one, with Grappelli, and the war Quintet with Hubert Rostaing. By
this one, here is Blues primitif, recorded with Django on the electric guitar.
Blues primitif.
And to end this second broadcasting of the Quintet of the H.C.F., listen
now to Coquette, the famous longhair-Lombardo’s tune.
Coquette.
Next week, we’ll have some records by young French musicians and
amateur bands. Till then, this is Boris Vian saying au revoir from Paris.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris. Today, we’re back again
with some records by the oldest of the youngmen in French jazz, I mean
Claude Luter. Claude Luter is a nice boy, 25 years old, who likes ancient
style and only that ; three years ago, he got the idea that jazz had not
progressed since the days of King Oliver ; he assembled six guys and
ordered them to play what he needed : two cornets, one trombone, one
banjo (the one who plays the banjo was a very good trumpet at a time but
decidedly too modern for Luter), a drummer, a piano and himself on the
clarinet. Listen to what it sounded like. Here’s Black Bottom Stomp, a Jelly
Roll Morton composition.
This is Boris Vian saying Bonjour from Paris. Today, we’ll listen to some
recordings by Jack Diéval, one of the three big French pianists. Jack
Diéval has had a very hard musical training and in the beginning, he
played serious music, as they say in Europe (I mean the squares). Maybe
that’s the reason why he likes this funny instrument, the harpsichord.
Listen to
Singing World Blues.
Diéval’s combo is a quartet. Now they will play for you a tune Choo
Berry and Lionel Hampton made famous : Shufflin’At The Hollywood.
Jack’s Idea.
One of the favourite musicians of Jack Diéval was fora long time Teddy
Wilson. You’ll notice it in Sweet Lorraine, recorded in 1944.
Sweet Lorraine.
And to end this programm, which illustrated today Jack Diéval’s piano
playing, here is
C Jam Blues.
Today, you heard some of the first recordings Jack Diéval made in 1944.
Next week, I’ll be back again with another young musician, Michel de
Villers. Till then, this is Boris Vian saying au revoir from Paris.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more
happy jazz from the Land of the Frogs. Today, we’re going to give you an
idea of Michel de Villers, one of the two best young alto saxes in the jazz
field. Michel de Villers began to play as an amateur in the Hot Club
annual contests and at this time, he played the tenor sax ; but soon after he
had won some fame, he let the tenor sax for the alto sax, instrument on
which his remarkable technique and a slight tendency for sentimental
phrasing could better be developed. First, you’ll listen to a recent record
he made with other young musicians ; the pianist, incidentally, is
Persiany ; we’ll hear soon from him again. The tune is
I Surrender Dear.
That was I Surrender Dear, by Michel de Villers and his Quintet. Let’s
hear now a tune Don Redman made famous in Paris when he came with his
band ; this tune was made by his trombone, Tyree Glenn ; it’s Working
Eyes.
Working Eyes.
Now, Michel de Villers, like many musicians, is a bit of a composer
himself. Here’s something he made recently, called The Small Rag. In this
platter like in I Surrender, the tenor sax is played by Jean-Claude
Fohrenbach. Here’s The Small Rag by Michel de Villers.
The Small Rag.
Some time ago, the composer of Lover Man, Jimmy Davis, came in
France ; of course, every jazz musician knows him now, and Lover Man is
a favorite here. Listen to the De Villers version of it, to end this program
on a sensible note.
Lover Man.
That was Lover Man by Michel de Villers and his boys, closing this
week’s session. Next week, we’ll be back again with the second « coming »
alto sax man, Hubert Fol. Till then, this is Boris Vian saying au revoir from
Paris.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more
nasto-shitty jazz from le Pays des Barbus. Today, we’ll listen to the alto sax
of this esteemable and charming young man, Hubert Fol. Hubert Fol
cornes from a musician’s family ; but they are very serious violin and
piano players, and it’s a nice thing he didn’t stick to the violin, because he
plays now wonderfully, as you will hear in some minutes. Hubert began to
play with the amateur band of Claude Abadie, another winner of the
annual contests ; the band played in a Chicago-like style and Hubert was
not quite at ease at this time. Listen to his choruses in Jazz Me Blues. By
the way, the trumpet player in this band speaks to you presently. Here is
Jazz Me Blues.
Jazz Me Blues.
Hubert was strongly influenced by Johnny Hodges at one period, but
very soon, he heard Charlie Parker and the modern school of players, and
now, he’s really a bebop man. His first recordings in this style were not too
good, because there was a poor rhythm section ; but it has improved and
here’s a new platter by him, I’ve Got Bebop, where you hear his sax on a
swell background.
N° 14 ANDRÉ PERSIANY7
Announcer : The French Broadcasting System presents « Hot Music from
France » !
Music : Theme up and under.
Announcer : A weekly quarter-hour program especially transcribed in
Paris for this station, retracing the history and great moments ofjazz in
France, with the assistance of the foremost names in modern French music,
brought to you by the famous French jazz expert, Boris Vian !
Music : Cuttin’Contest.
Vian : And so, we ring down the curtain on another session with the
artists of French Jazz and André Persiany. Next week, Hubert Rostaing,
France’s greatest clarinet man. Until then, this is Boris Vian saying au
revoir from Paris.
Music : Theme in and under.
Announcer : You have been listening to « Hot Music from France »,
another in a series of programs presenting the history, great names and
great moments of jazz in France, brought to you by the famous French jazz
expert, author and vice president of the « Hot Club de Paris » Boris Vian.
Music : Theme up and under.
Announcer : This program was written by Boris Vian and Ned Brandt,
and directed by Bernard de Ronceray. Your announcer is Ben Smith.
Music : Theme up and out.
Announcer : « Hot Music from France », especially transcribed in Paris
for this station, is a weekly feature of the French Broadcasting System.
Music : Bijou.
Vian : Incidentally, the alto sax you heard in the last piece was played
by Hubert, too. Now surely you will remember a motion picture which had
quite a success in the States – and over here in France, too – in which a
certain Mr Ray Milland tried to show the danger of drinking low quality
products in a lonely room... Let’s listen now to Hubert Rostaing’s
impressions of Lost Weekend8.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more
subtle jazz from France. Today we’re putting the accent on old time jazz as
played by Claude Bolling and his band. Claude Bolling is a young pianist
who first won some fame during the German occupation in Paris, when
jazz was scarce and you were obliged to call Dinah "Dînette" because Mr
Goebbels did’nt like American titles. At this time, Claude played in short
pants, piano solos. Now, he’s grown up and he’s got a full band ; listen to
them in The Mooche, an old Ellington favorite.
The Mooche.
You already know, or maybe you don’t, that some time ago, the French
youngsters went absolutely crazy for New Orleans and Dixieland style.
Now, you don’t know the difference, and in fact, it doesn’t matter at ail,
provided the music is good. Here’s an old Kid Ory composition, which you
may call a New Orleans tune played more or less in the Dixieland manner.
Sweetie Dear.
And so with Sweetie Dear we close today’s session with Claude Bolling’s
orchestra. But we’ll be back again with you next week to throw the spotlite
on Jack Diéval, a pianist you already know, who has recently formed a new
combo. Till then, this is Boris Vian saying au revoir from Paris.
N° 17. JACK DIÉVAL
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more and
more kroopitipi jazz from France. Today, the boy on the air will be our
friend Jack Diéval. You already know him of course, if you listen regularly
to my shitty programs, so you already know that Jack plays the piano in a
modern manner, and you’ll be convinced of that if you listen to Blue’
n’Boogie, a bebop tune, as a cat would say. Listen to that cool platter, man,
and take it easy.
Blue’n’Boogie.
By the way, I’m not the one and only Frenchman to speak American with
this nice accent. There are girls over here, too, who are busy trying to beat
me, and Nell Evans is one of them. Listen to her singing in I’ve Got It
Bad... and that ain’t too bad, you see.
Day Dream.
And if you don’t like it, you may turn off your radio just now, but here’s
another wax by the Diéval’s quartet, which has received the appropriate
name of Hallelujah.
Hallelujah.
That was Hallelujah, the last of our today’s platters, played by Jack
Diéval’s quartet. But don’t be sorry, we’ll be back again with you next
week with another guy who plays the saxophone in a big band, Tony
Proteau. Till then, this is Boris Vian saying au revoir from Paris.
N° 18. TONY PROTEAU
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more
lousy jazz from France. Today, we’re throwing the spotlite on Tony
Proteau, a young bandleader that has recently been evicted of his band
because he didn’t want to be commercial, and the boys did want to eat. By
the way, when you play jazz over here, you’ve got to be a millionnaire,
because people don’t really go for it. But let’s go back to Tony’s band, with
the charming and tortoiselike voice of Nell Evans. Excuse me... turtlelike, I
meant. This is
Shoo Fly Pie.
And now, it will be Blue Feeling Blues, an Eddie Barclay’s composition,
arranged by Jean Gruyer.
Skyliner.
And so with Tony Proteau’s interpretation of Skyliner, we are through
with today’s program. But we’ll be back again with you next week, with the
assistance of Eddie Bernard, the French Fats Waller. Till then, this is Boris
Vian saying au revoir from Paris.
The Sheik.
They told me about a big craze for the poorman’s piano in the States,
just now, and I wonder if you really like accordion, which is a really stinky
instrument, but I have to say that Viseur squeezes the maximum out of it.
Listen now to Music For Mitsy.
Whispering.
That was Whispering, as rendered by Gustave Viseur, one of the French
masters of the piano à bretelles, as we say, and this whisper means the end
of the program, but don’t worry, we’re coming back again next week ; there
are quite a lot of butchers, here... Till then, Boris Vian vous dit au revoir.
Drum Boogie.
Bernard Peiffer is featured again – I mean, he emerges in the bunch of
guys that are producing the noises we call jazz – in the next number, a
well-known item that wears the name of Tea For Two.
A-Tisket, A-Tasket.
Civilization is an old thing, but it’s the present craze over here, so we’ll
have the College Rhythm rendition of this hybrid and mythical theme.
Civilization.
And to end this program, you’ll have a part of Ballerina, which is such a
bad one that I can’t help giving you a true Tony Proteau recording,
Kitchenette Across The Hall, with Louie Williams. Let that be a lesson for
the College Rhythm boys...
This is your old pal Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing
you more comic jazz from France. Today, our guest is Aimé Barelli again,
'cause this guy has recorded many things recently, and you’ve got to learn
what we are doing with the Marshall’s dollars. You already know that Aimé
plays trumpet, in a nice way, that he sings, too, with a charming crooning
voice, but you don’t know he’s a very handsome French Southerner, with
nice dark hair and loving eyes ; I tell you, American girls, you sure would
like him. First, we’ll have Civilization, the eternal rengaine.
Civilization.
Open your ears, now, and your hearts, too, because Aimé Barelli’s going
to sing one of Henri Contet’s compositions, Bonjour amour, “Hello love”...
Bonjour amour.
Now, was it soft and sentimental, or was [not] it ? The next platter is
sung by Joe Bartel, a very young French West Indian singer, and I hope
you’ll understand the words : it’s called No Compree.
No Compree.
The following and last number, its a little concerto for trumpet.
Petit Concerto. 1ere partie.
There’s a second part... but Truchet has to change the side...
Petit Concerto. 2eme partie.
That was the last item of our today’s program with Aimé Barelli and his
band. Till next week, Boris Vian tells you au revoir from Paris.
Music : Panama
Vian : So Panama marks the end of today’s session with Claude Luter’s
hepcats, but that don’t14 mean this little old program won’t be rollin
around again next week. Pas du tout ! So until then, this is your old bard
saying au revoir from Paris.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and ready to give you
another splendid choice of amazing French jazz recordings. Today, the star
of the program will be the Be-Bop Minstrels, as they say. They are six, and
three of them are not Froggies, but it doesn’t matter at ail, you’ll see, the
music is just as swell. We will start this annoying party with a nice thing
by Jerome Kern. Maybe you’ve heard it, by the way : All The Things You
Are. Some of them he couldn’t tell, because he was a very polite guy.
Confirmation.
There’s one more biscuit to eat, and the title is a very suggestive one :
the name is this of a nice young girl who loves American musicians... Did I
tell you three of them were playing in...
A la Colette.
So, with A la Colette, which means "in the Colette’s manner”, we end
today’s program, dedicated to the Be-Bop Minstrels. And we’ll be back
again next week with a firm soul and a free mind to give you another
sample of our nastiness. Till then this is Boris Vian saying au revoir from
Paris.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more
triple jazz from this sweet pays de France. Today, the program will be
licorice stick to begin and licorice stick till the end, and with Hubert
Rostaing, who’s a friend of yours already, by the way. Hubert is a close
friend of Jack Diéval, the well-known pianist, so it’s not a wonder if they
play together, along with André Jourdan, the drummer, in the following
titles ; first of all, here is Just Squeeze Me... but please dont tease me.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you some of
the corniest jazz ever recorded. And, boy, I mean corn. Fortunately, the
leader of the band is a Yankee, called Jerry Mengo, and responsible for the
bunch of French hornscratchers 16 you’ll hear in a minute. You know the
way it is : dance music has to be bad to be commercial. Remember of
Harry James, who once played jazz... But our Jerry Mengo is no trumpet
blower. He’s a drum fan, and a bandleader. Listen first to La Mer, a
Charles Trenet’s tune... and if you don’t like it, just howl.
La Mer.
That was poor, eh ? But the next one is even worse. Take an earful of
that. Man, that’s murder17... But when we say that in Paris, what does it
mean ?
Down The Old Spanish Trail.
That answers to your question : what can I do with an old Spanish trail.
And to show you to which extremities a guy may corne when he’s hungry,
try to resist to Jerry Mengo’s rendition of I’ll Close My Eyes.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more
torchy jazz from France. Today, we’ll throw the spotlite on four musicians :
Emile Stern’s Trio and Linda Stevens, a soft and smooth voice. Emile Stern
is a pianist who has played quite a lot of time in France. He left this town
during the German occupation because it was a bad time for jazz music,
and he’s back now with a very nice trio, as you will see. First of ail, here is
this little boy you know well, Nature Boy.
Nature Boy.
The singer was Linda Stevens, of course, but in spite of what’s written
on the label – that’s a Blue Star mistake – she doesn’t sing in the following,
Ballerina.
Ballerina.
Some years ago, somebody named Gershwin wrote some melody called
Summertime. In spite of the fact that Gershwin was never a jazz musician,
Summer-time is a nice tune. Let’s have it.
Summertime.
That was Summertime, as rendered by Emile Stern’s trio and Linda
Stevens’s voice. She will sing again, of course, this time Fool That I Am.
Fool That I Am.
That was the fool I was, sung by Linda Stevens, and the end of our
todays program, inspired by Emile Stern’s trio and Linda Stevens voice.
Don’t cry, messieurs dames, we’ll be back again next week with some more
biscuits for you. Until then, this is Boris Vian saying au revoir from Paris.
This is Boris Vian sayingbonjour from Paris and bringing you more
pixilated jazz from France. Today, we’ll split the spotlight and throw part
of it on Django Reinhardt, our old friend, and the rest of this funny device
on Claude Luter, our young Dixieland daddy. You know, they don’t press
the masters quickly enough for me to bring them to you, so I’m obliged to
scrap[e] 18 what I can as soon as it’s released. First, something for you ail,
New York City by Django.
Does New York City really sound like that ? Drop me a line and tell me
what. [The] second element of today’s cocktail will be Claude Luter’s
South African Blues.
South African Blues.
Back to Django again with a tune called September Song. Why not...
September Song.
And Claude Luter’s will tell the last word with his gatemouth.
Gate Mouth.
That was Gate Mouth, as played by Claude Luter et ses Lorientais, of
Dixieland fame, and it brings today’s program, split between Claude and
Django’s guitar, to a close. But don’t be tough, we’ll be back again next
week with some more notes, and till then, Boris Vian tells you au revoir
from Paris.
N° 30 DON BYAS
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more
foreigner jazz from France. Today, our guest star will be Don Byas. Of
course, Don is not a genuine Frenchman. He left the States only three
years ago and he went everywhere since. In fact, he’s what you may call a
perfect European. But in 1947 he made some recordings for various French
labels, especially Swing and Blue Star, with some French musicians and
we’ll give you a sample of the mixture. First of ail, here is a version of his
famous and sentimental number, Body And Soul. I’m sure you’ll like it.
Gloria.
And to end this session, let’s have now another quick tempo called
Riffin’And Jivin’. This time, Don Byas is the only no-French guy in the
band. On the piano Diéval. Drums : Molinetti. Bass : Simoens, and Tilché,
guitar. This is Riffin’And Jivin’.
Riffin’And Jivin’.
That was Riffin’And Jivin’, the fourth in today’s series featuring Don
Byas and the recordings he made recently in France. Don’t cry, my sweet
darlings, next week I’ll be there with some more junk. Till then, this is
Boris Vian saying au revoir from Paris.
N° 31 TYREE GLENN
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more
existentialist jazz from France. Today, we’ll throw the spotlight on a nice
big man with a trombone, who’s back in the States now, in Duke Ellington’s
band, but who recorded here some years ago quite a lot of good music with
French and American musicians. The name of the guy is Tyree Glenn, and
he’s a very charming guy. The group you will hear is composed with
thre[e] Frenchmen and four American players. That’s pre-Marshall
cooperation. First of ail, here’s Please Don’t Talk About Me When I’m
Gone.
Please Don’t [...].
In the following number, the trumpet man, Peanuts Holland, was out for
a drink I suppose... But he’ll corne back for the next. Listen to.
I Can’t Get Started.
That was I Can’t Get Started, with the smooth trombone of Tyree Glenn.
Now, let’s have a little thing called Mad Monk. Maybe he drank too much
Bénédictine ?
Mad Monk.
And to end this program, featuring Tyree Glenn and his big trombone
emerging from a French-American group, this is Billie’s Bounce.
Billie’s Bounce.
This was Billie’s Bounce, and the last number of today’s session,
dedicated to Tyree Glenn. And now, I have to leave you, my beloved
friends, but don’t be too sad, because I’ll be back again next week with
some more wax. Until then, take care of you and Boris Vian says au revoir
from Paris.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more of
that Franco-American strange mixture. Today, for the second time, we’ll
listen to some of the children Don Byas laid in France with the assistance
of the French recording companies. Don plays here with Peanuts Holland,
trumpet, Billy Taylor at the piano, Bufard Oliver, drums, and the French
musicians Tilché, guitar, and Bouchéty, bass. The first tune is Walking
Around.
Walking Around.
Of course, Don Byas likes these nice little bebop tunes you know so well,
and to show you the way he plays them, listen now to Dynamo A, a
Gillespie’s composition.
Dynamo A.
But our friend Don is quite a sentimental guy, and he loves swell girls
like that glamorous one, Laura : do you remind her ? Dark and tall, with an
interesting figure... See ?
Laura.
Some people think that jazz is always crazy but to show you how normal
a title can be, listen to that evidence, How High The Moon. That’s true,
yes... it’s high, but who cares ?
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you some of
that mixture which was elaborated around 37 by mixed groups of French
and American musicians. Today’s session will be directed by Freddie
Johnson, a pianist who was very popular in France in these days. The
French in this outfit is Alix Combelle, once a famous tenor sax who was
obliged later to confine himself in commercial singing, which is bad. Here
they are first jammin on a Combelle’s original, Frenchie’s Blues. The
trumpet is Louis Bacon’s.
Frenchie’s Blues.
In the number that follows, you can hear Combelle on the clarinet,
instrument he uses like a cat his tail to be walked on and howl. This is Big
Wig In The Wigwam, a Waller composition.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more of
the jazz American musicians made in France 12 years ago with the
assistance of some of their French colleagues. Today, we’ll have Mr Dicky
Wells, Basie trombonist, leading the band, and he will be helped in this
task by some sidemen you sure know, like Bill Coleman, Shad Collins and
Django Reinhardt, the famous French guitarist. The first tune will be an
old favorite, Japanese Sandman.
Japanese Sandman.
As you have noticed, Django Reinhardt is the only French musician in
the session, and in spite of that, his guitar is very effective and quite
enough to give a certain touch to the rhythm section. And now, here’s I Got
Rhythm, as render[e]d by a trumpet trio under the direction of Dicky.
I Got Rhythm.
We have two girls waiting now for you to listen and the first one is the
famous Carolina baby, Dinah. Listen to Dicky Wells band in Dinah. The
guitar is now Roger Chaput, ex Django sideman.
Dinah.
And with Django Reinhardt again, here’s Sweet Sue to close today’s
program on a tender note.
Sweet Sue.
That was Sweet Sue, as played by a Franco-American combo including
Dicky Wells and Django. And dont be too sad, 'cause this number is the
last for today’s session, but we’ll be back again next week with more
biscuits from our special box. Till then, this is Boris Vian saying salut les
potes, à la prochaine.
Music : “Hot Music" theme in and establish, back and out under
following.
Vian : This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you
more of the sort of jazz you hear over on this side of the ocean. Today’s
session is dedicated to Claude Bolling, a promising young man you may
have heard about. Right now, he and his band are playing in the famous
Latin Quarter of Paris, the homeland of existentialism. Claude isn’t even
twenty years old yet, but he’s done quite a bit of recording, and we’re
going to bring you some of his latest work. I don’t think they’ve been heard
in the States as yet. First of ail, here’s Claude Bolling’s version of an old
Duke Ellington favorite, The Mooche.
Music : Wanderlust.
Vian : Claude Bolling and his band with Wanderlust brings us sort of
naturally to a third Duke Ellington tune, situated in East St Louis. You’ve
probably noticed that Bolling likes those Ellington themes, it just shows
you what an amount of influence the Duke has among the young French
musicians. Anyway, here is Claude Bolling and his band with Ellington’s
East St Louis Toodle-Oo.
Announcer : This program was written by Boris Vian and Ned Brandt,
and directed by Bernard de Ronceray. Your announcer is Bob Carrier.
Music : Gai Paris theme in to end and out.
Announcer : Gai Paris, especially transcribed in Paris for this station, is
a weekly feature of the French Broadcasting System.
Music : Dinah.
Vian : The next patient on our operating turntable is a lovely little girl
brought into the world through the joint efforts of Dr Reinhardt and Dr
Grappelli. In it Dr [s] Grappelli and Eddie South do some very excellent
consultation work, throwing fine musical phrases back and forth... What
they corne up with is a first-rate musical prescription for our patient,
whose name is Daphne.
Music : Daphne.
Vian : Now we move along to the next ward, and we find that
complications have set in. It seems we have here a trio for violins. The
third specialist who was called in on the case was one Michel Warlop, a
talented French musician who died some years ago while he was still in his
musical interneship. The title of this tragic case history is only befitting :
it’s Fiddle Blues.
Music : Fiddle Blues.
Vian : Now, as we nurse this program along to a close, our consulting
physicians have some solid musical advice for you[n]g ladies who don’t
want to wind up in the hospital, even for a short time. It’s by Grappelli,
Warlop and Eddie South, doctors of violinics, and their advice is : Lady Be
Good.
Announcer : This program was written by Boris Vian and Ned Brandt,
and directed by Bernard de Ronceray. Your announcer is somebody or
other.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you more and
more French hot recordings made by various conglomerations of black and
white musicians. Today, it will be a Sidney Bechet session, with « Pops »
himself on the soprano sax ; these recordings have been made at the end of
the last Paris Jazz Festival and the “personnel" is the following : Gérard
Bayol, cornet, Benny Vasseur, trombone, Eddie Bernard, piano, J. P.
Sasson, an ex-RAF captain, guitar, Guy de Fatto, bass and André Jourdan,
drums. Here is « Pops » with his sidemen playing Honeysuckle Rose for
you.
Honeysuckle Rose.
In the next number, I’m sure you’ll appreciate the nice and clean work
Benny Vasseur is doing introducing the theme of the song. Here is that old
Fields and McHugh favorite, On The Sunny Side Of The Street
And after that strange statement (I say strange because, in fact, I’m a
very charming character), let’s listen to the most popular of all the New
Orleans tunes, High Society, as rendered by Sidney Bechet and his young
French sidemen.
High Society.
That was high society, wasn’t it ? And it brings todays program,
featuring “Pops" Bechet, to a close. But dont moan, we’ll corne back soon.
Till then, Boris Vian says au revoir from Paris.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you recent
news from your old jazz-friend Don Byas, one of the most famous tenor
saxophonists in the world. There’s a long time now since Don came to
Europe and he has recorded quite a lot of stuff here and there, with various
groups. Today, we are going to twirl two of his earliest French masters and
two more recent items, one of them he plays with his pal Bill Coleman,
another of the Franco-American jazz musicians. Listen first to Ain’t
Misbehavin’, that old Waller hit.
Ain’t Misbehavin’.
That was Don Byas rendition of Ain’t Misbehavin’. And why doesn’t he
misbehave ? Everybody knows it over here : because Don is a fairly
sentimental guy... Take an earful of Blue And Sentimental and you’ll
understand what I mean.
Liza.
That was Liza. But ail that happened yesterday... golden days, as Jerome
Kern once said... Here is Don alone again with these Yesterdays.
Yesterdays.
Well, it’s sad, ain’t it ? But it’s even more sad when you come to think
that Yesterdays played by Don Byas was the terminal platter of today’s
program. Don’t cry, my sweeties, there will be more of that. Till then, Boris
Vian says goodbye from Paris.
This is Boris Vian saying bonjour, my cabbages, how are you ? You know,
cabbage is a very nice French way of saying darling ; don’t you like it ?
Todays hot platters are unadulterated French stuff ; recent recordings by
Hubert Rostaing and his sextet, on my left, and the Persiany-Peiffer piano
doubleplaying on my right. (I’m trying to find a way of explaining that
these two boys are playing on the same 8825, but I cannot). First, Hubert
Rostaing will play a Roby Poitevin’s composition called Paris Bop. Clever
trick, eh ?
Paris Bop.
The vibraphonist, of course, is Roby Poitevin, a very young and
promising guy ; Hubert Rostaing himself plays the saxo. Well, let’s change
for Peiffer-Persiany’s Bagdad Boogie.
Bagdad Boogie.
That was plenty of fingers and 88 keys and Bagdad Boogie. Let’s corne
back to the girls, because it’s swell sometimes, when the girl is called
Laurence.
Laurence.
Hubert Rostaing and his crew were playing Laurence with some feeling,
which means that she’s a nice girl, so why not ? Let’s fly with Laurence to
Monte-Carlo. Here’s Peiffer-Persianys rendition of Paris Monte-Carlo.
Paris Monte-Carlo.
Well, that Paris Monte-Carlo trip was quite exhausting, wasn’t it ? So
this will be the end of todays program featuring Hubert Rostaings sextet
and Peiffer-Persiany duettos. And I’ll be glad to see you soon. Till then,
Boris Vian says au revoir from Paris.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and ready to bother you
with some jazz music. The records you’re going to hear today are Bill
Coleman’s stuff You know the trumpeter Bill Coleman played in France
before the World War n° 2 and was quite loved here ; after the war ended,
everybody wanted to see him again, so he came back for the French Jazz
Parade organisation and is still here, and recording, yes. Well, you’ll hear
first one of the celebrated Swing records he grooved in 1938 with
Reinhardt and Grappelli ; Bill Street Blues is the name.
Bill Street Blues.
After Bill Street Blues, let’s tune in for a recent Bill’s wax, called At
Noon Blues, and remember the tenor sax is called Don Byas.
At Noon Blues.
Well, after this midday blues, let’s go back to 1938 version of After
You’ve Gone, where Stéphane Grappelli’s violin answers to Bill’s incisive
trumpet, with the support of Django Reinhardt, Wilson Myers and Ted
Fields.
After You’ve Gone.
And here’s now the famous Cole Porter’s What Is This Thing Called
Love. The pianist is our friend Bernard Peiffer.
This is Boris Vian saying bonjour from France and bringing you some of
that French jazz again. Today, we will have a little party with Claude
Bolling’s recent recordings, an attempt to recapture the spirit of the old
Ellington band, back in the Thirties. For that session, the band played with
a baritone sax, because everybody knows that Harry Carney, Ellington’s
baritone, is the backbone of the band and nobody can recreate the
characteristic mood without this deep and velvety horn. Well, let’s stop the
laïus and listen to Bolling in
Sloppy Joe.
That was Sloppy Joe as played by Bolling and his sidemen. We will
continue with a very lovely tune... and very inspiring one,
Prelude To A Kiss.
After that prelude to a kiss, it’s funny to find that instead of kissing, we
are doing something else. And what ? Well,
Doin’The Voom Voom.
We did the voom voom, and you ? But we had too much sport already
and we will recover listening to Bolling’s rendition of Ellington’s famous
Washington Wobble.
That was Washington Wobble, and it means the end of our program too.
But we’ll be back again with you very soon for another program with
French jazzers. Till then, this is Boris Vian saying au revoir, et portez-vous
bien.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris, back again with some
brand-new platters for you. First, if you ever heard about jazz in France,
you’ll be very very surprised to know there’s a young band in France the
leader of which is not called Claude, but Pierre... Well, it’s Pierre
Braslavsky’s combo we’ll hear about today. Braslavsky is one of these
Bechet enthusiasts and, of course, he plays soprano sax. The platters
you’re about to hear have been recorded for Selmer, the old instruments
factory which features now a disc label, same name, by the way. Here is
Pierre Braslavsky playing
Texas Moaner.
Pierre Braslavsky likes New Orleans style, but he is not the narrow-
minded type ofjazz fan, an[d] he likes a good Ellington too. Here he is
again, Rockin’In Rhythm with his gang.
Rockin’In Rhythm.
Pierre Braslavsky is not what you would call a Cat in the States, not the
regular type of Cat, but he likes them. Well, listen to his rendition of Wild
Cat Blues, that proves what I said.
Empty ballroom blues, yes, that meant the end of today’s program
featuring Pierre Braslavsky, his soprano sax and his band. Well, I hope to
be back again with you soon, and till then, this is Boris Vian saying au
revoir from Paris.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and ready to give you some
new samples of French jazz music. Today’s date is with Hubert Rostaing,
the popular French clarinet and alto sax player ; Hubert will be heard in
company of some other young musicians and especially Jack Diéval, the
pianist. Other individuals in the band are Roby Poitevin on the vibes,
Soudieux with his bullfiddle, Arthur Motta and his drums, Gallopain on the
guitar. We’ll begin with a nice composition by Jack Diéval, Auber Blues.
Auber Blues.
That was Auber Blues, and those of you who know the Opera in Paris
will remember the Rue Auber, I’m sure. Let’s switch now to an old favorite
by Irving Berlin. The name is
Blue Skies.
You just heard Blue Skies, as played by Rostaing and his sidemen. Well,
Jack Diéval cornes again now with one of his recent tunes, entitled Bebop
Tune. But I wonder if bop is the name for it. Anyway, here’s Bebop Tune.
Bebop Tune.
And now, just to show you that another man in the band is a composer,
let’s listen to Bouquet, a nice piece written by Roby Poitevin, the
vibraphonist in the band.
Bouquet.
That was Bouquet, and the end of today’s program, with Hubert
Rostaing’s sextet. But we’ll be back again with you real soon for another
session with French jazz players. Till then, this is Boris Vian saying au
revoir.
This is Boris Vian saying bonjour from Paris and bringing you another
series of French jazz sessions. Today, we will go far back in the old times
with Claude Luter and his New Orleans Gang. You already know Luter, of
course, if you’re jazz fans ; and if not, you sure heard about New Orleans
style, originated down the Mason Dixon Line and illustrated by such
performers as King Oliver, Fred Keppard, and so on. Luter and his boys
have tried to recapture the spirit and enthusiasm of this former generation
of jazz pioneers. In fact, they have partly succeeded in spite of minor
imperfections ; but let’s listen to Old School by Claude Luter.
Old School.
That was Old School ; and now, we’ll have another Luter’s composition.
The name is Babouche.
Babouche.
You just heard Babouche, as played by Luter and his boys. Well,
sometimes Luter and some of his sidemen are just enjoying the quartet
system ; and the result is something like that « Creole Rice ».
Riz à la créole.
That was Riz à la créole, performed by Claude Luter and his quartet.
And here cornes now a tune by Luter, dedicated to his drummer,
Moustache. Title : Moustache Stomp.
Moustache Stomp.
Moustache Stomp, by Claude Luter, ends today’s program of old time
jazz. And we’ll be back again with you soon for another quarter of an hour
with French jazz fans. Till then, this is Boris Vian saying au revoir et à
bientôt.
1 Un manuscrit anglais et deux dactylogrammes, l’un en français où Vian traduit son manuscrit
et l’autre en anglais, en collaboration avec Ned Brandt, dont je donne quelques variantes.
25 Pour « 88 keys » évidemment, les quatre-vingt-huit touches du piano (voir nos 14 et 19).
Dans un épisode de la nouvelle Les Fourmis, Vian associe un piano avec « un [obus de] 88 »,
calembour arithmético-musical implicite (RNOD, 702).
26 En-tête de la main de Vian pour les nos 42 et 43 : Gay Paree/ Hot Music from France.
Index des noms de musiciens
Cet index utilise pour les noms principaux le Dictionnaire du jazz de
Philippe Carles et al. (R. Laffont, 1994). Les autres sources sont les textes
de Vian lui-même, les ouvrages sur Vian, et les renseignements donnés par
les contemporains et spécialistes, auxquels je renouvelle mes remerciements
– particulièrement aux éditeurs des Chroniques de Jazz et des Autres écrits
sur le jazz, Lucien Malson et Claude Rameil. On se reportera aussi à Vian,
Manuel de Saint-Germain-des-Prés (op. cit.), comme à N. Arnaud, Les Vies
parallèles de Boris Vian (op. cit.), N. Arnaud et al., Images de Boris Vian
(P. Horay, 1978) et Frank Ténot, Boris Vian, le jazz et Saint-Germain-des-
Prés (Du May, 1993).
ABADIE Claude. N° 13
Polytechnicien, clarinettiste et arrangeur ; il réunit un quintette puis le
meilleur orchestre amateur pendant l’Occupation. Voué au style Nouvelle-
Orléans, il recruta en 1942 les frères Vian – Boris, trompette, Lélio, guitare,
Alain, batterie – et mena ce groupe à de multiples prix en 1945-1946. Vian
joua encore en 1950-1951 avec Abadie qui devint collaborateur de Jazz
News (Vies, 89-109 ; AEJ, 416-417). « Abadibada » apparaît enfin dans la
fiction, par exemple dans Vercoquin et le plancton (op. cit.). Voir aussi
G. Pestureau, Dictionnaire Vian (C. Bourgois, 1984/1993).
ARMSTRONG Louis. N° 1
Trompettiste, chanteur, chef d’orchestre américain (1900-1971). Musicien
de La Nouvelle-Orléans et gloire de ce berceau du jazz, il joua sur le
Mississipi puis à Chicago et New York ; il devint particulièrement célèbre
par ses enregistrements Hot Five et Hot Seven dans les années vingt et plus
commercialement avec ses rôles dans les films à partir de 1935 et grâce à
ses tournées mondiales (CJ, 148, 240, 252-253 et passim ; AEJ, passim).
Vian, anticipant sur les hommages officiels en France, imagine dans L’Ecume
des jours une « avenue Louis-Armstrong » où habite le héros Colin
(L’Ecume [...], C. Bourgois, 1994, 44).
BACON Louis. N° 34
Trompettiste et chanteur américain (1904-1967), émule de Louis
Armstrong* ; il joua dans plusieurs orchestres majeurs dont celui de Duke
Ellington*.
BARCLAY Eddie. N° 18
Edouard Ruault, alias Eddie Barclay (1921-), compositeur, producteur,
organisateur de concerts de jazz, comme celui de Rex Stewart en 1948, salle
Pleyel, et directeur d’une maison de disques de jazz. Vian le surnomme
« M. Blue Star » du nom de celle-ci. Il fut aussi directeur de Jazz News
(1948-1950) dont Boris Vian devint rédacteur en chef en 1949, ce qui ne
l’empêchait pas de brocarder son patron et ami, « le plus grand truand de la
création » ou le « fabricant de poissons rouges bien connu », avant de
devenir conseiller artistique chez lui en 1959 (AEJ, 396 ; CJ, 115).
BARTEL Joe. N° 23
Compositeur et chanteur métis. Il fut au Club Lorientais* de 1946 à 1948.
On peut entendre sa très belle voix dans Les Parapluies de Cherbourg de
Jacques Demy (1966).
BASIE Count. N° 35
L’un des plus grands pianistes et chefs d’orchestre américains (1904-
1984). Vian le célèbre très souvent dans ses chroniques de jazz et note en
1954 : « [Il] dirige actuellement le seul qui subsiste des grands orchestres
"usine" qui naquirent peu avant 1940 [...]. On connaît le style pur et
dépouillé de Basie le pianiste, ces phrases sobres et déliées lancées
sèchement dans le registre aigu du piano, auxquelles répond l’orchestre
entier. » (AEJ, 353, 491-492, 610).
BAYOL Gérard. N° 38
Excellent trompette de style Nouvelle-Orléans qui joua dans l’orchestre
de Claude Bolling* ainsi qu’avec Bechet* et fut classé second trompette
français en 1949, derrière A. Barelli* (AEJ, 459).
BE BOP MINSTRELS. N° 25
Orchestre de six musiciens dont trois Américains et trois Français ; il fut
dirigé par Hubert Fol* et on y trouva souvent Kenny Clarke.
BEIDERBECKE Bix. N° 1
Cornettiste, pianiste et compositeur américain, né le 10 mars 1903, dix-
sept ans exactement avant Vian, et mort en 1931, encore plus jeune que celui-
ci à qui il servit de modèle. Vian, qui lui rend donc souvent hommage,
traduisit Young Man with a Horn de Dorothy Baker (Le Jeune Homme à la
trompette, Gallimard, 1951), vie romancée d’un Blanc qui se mit résolument
à l’école des musiciens noirs (CJ, 187-188, 206, 422 ; AEJ, 613-615).
BERLIN Irving. N° 44
Israel Baline, compositeur américain (1888-1989). Il fit la musique d’un
grand nombre de comédies musicales, films et chansons célèbres dont
l’hymne patriotique God Bless America et le tube White Christmas. Vian le
range parmi les Américains d’origine européenne auteurs d’un « sirop (non
dénué d’agrément) » (AEJ, 681).
BOUCHÉTY Jean. N° 33
Bassiste dans les formations de Don Redman*, Bill Coleman* et Hot Lips
Page, ainsi que dans l’ensemble de Jean Gruyer* pour le Tournoi des
amateurs 1949. Vian loue sa participation à d’excellentes sections
rythmiques (AEJ, 309, 324, 451, 459, 550).
BRASLAVSKY Pierre. N° 43
Excellent saxo-ténor français qui joua avec Luter* au Club Lorientais* et
avec Bechet* dont il était fervent disciple. « Un acharné du vieux style », il
devint une vedette à partir de 1948 et eut sa propre formation (AEJ, 342, 438
et passim).
BREYÈRE Josse. N° 1
Tromboniste avec P. Brun*, chez Ray Ventura* et Eddie Brunner.
CARNEY Harry. N° 42
Saxophoniste baryton, alto et clarinettiste américain (1910-1974). Il joua
pendant quelque cinquante ans avec son maître et ami Ellington*. Maintes
références très élogieuses chez Vian (AEJ, 320 et passim).
CARTER Benny. N° 1
Saxophoniste, clarinettiste, trompettiste, arrangeur et chef d’orchestre
américain (1907-). Il participa à divers groupes, créa le sien et devint en
1937 chef d’orchestre au Bœuf sur le toit à Paris. Grand novateur des années
trente, il participa activement à la révolution bebop. Vian le cite volontiers
et, regrettant qu’on ne l’ait pas assez enregistré, recommande vivement ses
disques où « [il] fulgure avec sa souplesse et son brillant habituel » (CJ, 43 ;
AEJ, 511).
CHAPUT Roger. N° 35
Guitariste français, second guitariste du premier Quintette du Hot-Club de
France*, auprès de Django Reinhardt*. Fait prisonnier, il recommença à
jouer en 1943 dans l’orchestre d’Alix Combelle* (AEJ, 22, 42). Egalement
collaborateur de Jazz Hot et caricaturiste de talent.
CHAULIAC Léo. N° 6
Pianiste et chef d’orchestre français, réputé pour son swing et ses
arrangements. Vian lui consacra un article de quatre pages dans Jazz Hot
(novembre 1946) où il donne toutes les informations utiles sur sa carrière de
musicien, d’accompagnateur de Charles Trenet* et de compositeur de
chansons (AEJ, 29-32).
CHITTISON Herman. N° 32
Pianiste américain (1908-1967), émule de Fats Waller* et un temps rival
d’Art Tatum. Il enregistra à Paris avec Louis Armstrong* en 1934 (AEJ,
609).
COLLEGE RHYTHM. N° 22
Orchestre du Lido. Vian répète sa malédiction sur lui depuis que le
« Collège rythmé » a cru pouvoir se passer de T. Proteau* (AEJ, 340).
COLLINS Dick. N° 13
Trompettiste américain de l’orchestre de Claude Bolling* et d’autres
formations. L’un des « vieux habitués de St-Germain », il est selon Vian un
« remarquable trompette [...], un des musiciens blancs les plus sensibles que
je connaisse » (AEJ, 146, 312).
COLLINS Shad. N° 35
Trompettiste américain (1910-1978) dans plusieurs petites et grandes
formations, original par son style très différent d’Armstrong*.
CONTET Henri. N° 23
Auteur de chansons (1904-). Ingénieur amené à la chanson par Edith Piaf,
il écrivit maints tubes comme Padam-padam, Mademoiselle de Paris, etc.
CRISTOBAL Chico. N° 21
Musicien des Antilles françaises, saxophoniste alto et chef d’orchestre.
DAMERON Tadd. N° 18
Pianiste, compositeur et arrangeur américain (1917-1965). Il joua un rôle
essentiel dans l’évolution du jazz et la transposition du langage bop pour
grand orchestre. Vian le jugea l’« un des meilleurs arrangeurs bop » et
composa un article enthousiaste et hilarant sur la prestation de l’orchestre de
Miles Davis où jouait Dameron lors du Festival international de jazz de mai
1949 à Pleyel (CJ, 228 ; AEJ, 335, 382).
DAVIS Jimmy. N° 12
« Un des plus jeunes et des plus sympathiques parmi les compositeurs
américains, Jimmy « Lover Man » Davis, est à Paris », écrit Vian au début
d’un article pour Jazz Hot (janvier 1948), où il nous apprend que le
compositeur de Lover Man est aussi acteur et, GI, vint en France en
1945 (AEJ, 50-51).
DELAUNAY Charles. N° 5
Discographe, écrivain et producteur français (1911-1988), l’un des
fondateurs du Hot Club de France* (voir En avant la zizique, op. cit., 168).
Directeur de Jazz Hot depuis 1934 et ami de Vian, « le grand chef Œil-de-
Launay » devint l’adversaire d’Hugues Panassié dans la querelle du bebop
qu’il fut le premier à promouvoir en France. Il est très souvent cité
élogieusement dans les chroniques de son ami (CJ, 429 ; AEJ, 219-222 et
passim).
DELYLE Lucienne. N° 8
Chanteuse de charme (1917-1962). Elle rencontra en 1940 Aimé Barelli*
qui devint son accompagnateur, compositeur et mari. Elle triompha à
l’Olympia en 1953 aussi bien qu’à Bobino en 1961.
FOHRENBACH Jean-Claude. N° 12
Saxophoniste ténor français (1925-), alias « Fofo ». Devenu professionnel
à la Libération, il se distingua vite et joua dans l’orchestre de Boris Vian au
Club Saint-Germain à la fin des années quarante puis à l’Edouard VII avec
Don Byas* et James Moody, de 1949 à 1951. Pianiste accompagnateur de
Jean Ferrat à la fin des années soixante, il revint au jazz sous diverses
formes originales. Vian signale qu’il est le premier des saxos ténors français
en 1950 (AEJ, 325, 459).
FOL Hubert. N° 13
Saxophoniste alto français (1925-1995). Il joua en 1945-1946 au Special
Service Show et dans l’orchestre de Claude Abadie* avec Vian et son
propre frère Raymond, pianiste ; puis il dirigea les Be Bop Minstrels* et fit
en 1947 l’« un des 1ers enregistrements vraiment be-bop réalisés en
France ». Il joua avec Coleman Hawkins* et accompagna Dizzy Gillespie*
au 2e Salon du jazz (1952) (AEJ, 234 et passim). Il fut aussi critique de jazz
pour Jazz News aux côtés de Vian qui, fasciné par son originalité, en fit le
héros de deux nouvelles joyeuses sous le nom de « Folubert Sansonnet »,
« saxiforniste » : Surprise-partie chez Léobille (RNOD, 773-781) et Un
drôle de sport (Le Ratichon [...], op. cit., 105-112).
FOUAD Pierre. N° 7
Ce Franco-Égyptien, après avoir été critique de jazz pour Jazz Hot (mars
1935), joua de la batterie dans le Quintette du Hot Club de France* et
d’autres ensembles – Rostaing*, Chiboust, Combelle* –, témoignant d’un
excellent swing : « La souple sécheresse de Fouad » (CJ, 424 ; AEJ, 22).
GALLOPAIN Lucien. N° 44
Guitariste français dans les orchestres de Rostaing*, Chiboust et
Combelle* ; il passa par nécessité à la musique commerciale.
GERSHWIN George. N° 28
Compositeur, pianiste et chef d’orchestre américain (1898-1937). Il
s’inspira du jazz pour ses comédies musicales et ses mélodies commerciales.
Vian oppose « le sirop (non dénué d’agrément) » des musiciens blancs
américains et la gloire dont jouit aux Etats-Unis « cette andouille de
Gershwin » à la musique d’Ellington* dont on ne reconnaît pas assez le génie
là-bas (AEJ, 295, 681). Il fait aussi des allusions moqueuses à « Guère
Souigne » dans quelques passages de fiction (Vercoquin [...], op. cit., 175 ;
L’Ecume [...], op. cit., 129).
GOEBBELS Joseph. N° 16
Pas vraiment musicien, cet homme politique allemand (1897-1945) joua
cependant un rôle dans la vie musicale. Rallié à Hitler il devint ministre de
l’Information et de la Propagande (1932) ; il se suicida en 1945. Théoricien
du nazisme et de l’antisémitisme, il fut responsable de la censure contre le
jazz et Vian le cite volontiers à ce propos ; il le brocarde dans son conte En
rond autour de minuit (Noël 1948) où Goebbels, devenu « délégué spécial à
la Propagande de la Commission musicale de l’ONU, section des Orchestres
de Jazz », se voue à la promotion du bebop : « Heil Gillespie* ! » (CJ, 126 ;
AEJ, 68-72 et RNOD, 1268-1272).
GRUYER Jean. N° 18
Aussi nommé Jack Brienne, arrangeur et musicien français venu de la
médecine au jazz. Vian crédite ce collaborateur de Jazz Hot d’un millier
d’arrangements en 1949, notant ce tour de force de « l’arrangeur-
compositeur-trombone-médecin bien connu des gens du jazz [...] longtemps
trombone dans la formation de Claude Abadie* » et, fin 1949, il passa à
Radio 49 des enregistrements d’une formation dirigée par son ami (AEJ, 99,
451). Il l’utilisa aussi dans un rôle érotico-jazzique à la fin de Vercoquin
[...] (op. cit., 171, 176, 180).
HAMPTON Lionel. N° 1 1
Vibraphoniste, pianiste, batteur et chanteur américain (1909-). Virtuose du
vibraphone, il joua et enregistra avec les plus grands jazzmen, dirigeant aussi
son propre orchestre à partir de 1940 aux États-Unis puis tout autour du
monde. Vian parle de l’« inégalable maîtrise » de celui qui est capable de
« se mettre “en transe". Tempérament exceptionnel, il pratique avec une
virtuosité surprenante le vibraphone, la batterie et le piano » (AEJ, 639,
671).
HAWKINS Coleman. N° 1
Saxophoniste américain (1904-1969). Maître du saxo ténor, puissant et
original, il joua avec de grandes vedettes aussi bien qu’avec son orchestre,
aux États-Unis et en Europe, illustrant brillamment l’évolution du jazz. Vian
loue son style bebop et ses enregistrements (CJ, 217 ; AEJ, 429-430).
HYLTON Jack. N° 1
Chef d’orchestre et pianiste anglais (1892-1965). Il joua et enregistra avec
des musiciens variés une musique que Vian juge généralement « exécrable »
(AEJ, 440).
JAMES Harry. N° 27
Trompettiste, compositeur, arrangeur et chef d’orchestre américain (1916-
1983). Virtuose de la trompette il fut toujours à la limite de la musique de
variétés. Vian reconnaît la technique de ce musicien mais n’aime pas son jazz
commercial (AEJ, 550, 553).
JOHNSON James. N° 19
Pianiste et compositeur américain (1894-1955). Dès les années vingt, il
enregistra des rouleaux de pianola. On le crédite de la rupture avec le
ragtime et de l’instauration du style stride au piano, qui triompha avec la
période swing. Tous les grands pianistes de jazz ont une dette envers lui,
comme le rappelle Vian à propos de ce « maître du piano “complet” – nourri
d’accords pleins dans le style de Harlem – » (AEJ, 221, 594-597).
JOURDAN André. Nos 26, 38
Batteur français et « joyeux drille » qui joua avec J. Diéval* dès 1939-40,
puis avec Django Reinhardt*, Pierre Gossez, etc. (AEJ, 41-42, 645).
KENTON Stan. N° 24
Pianiste, arrangeur, compositeur et chef d’orchestre américain (1912-
1979). Au cours d’une carrière brillante, il créa une œuvre très populaire.
Vian traduisit un long article sur lui pour les lecteurs de Jazz Hot (janvier
1948) dont la conclusion est que l’orchestre de Kenton ne fait ni swing ni
jazz, mais de la musique légère. S’avouant « un méchant sectaire », il lui en
veut aussi d’être un de ces Blancs qui « ont volé le jazz aux Noirs » pour en
faire un hybride médiocre. Encore plus cinglante est une chronique de Jazz
Hot de février 1949 ; relevant l’annonce que Kenton va faire des études de
psychiatrie, Vian fulmine : « D’abord il les a rendus fous avec sa musique de
brasserie épileptoïde... et maintenant il va les soigner... » (CJ, 160 ; AEJ,
149-153, 280, 282, 520).
KEPPARD Freddie. N° 45
Cornettiste et chef d’orchestre américain (1890-1933). Il fit découvrir la
musique Nouvelle-Orléans aux grandes villes d’Amérique dès la deuxième
décennie du siècle. S. Bechet* joua dans sa formation (AEJ, 204, 448-449).
KRIEDT Dave. N° 13
Saxophoniste ténor américain qui joua avec les Be Bop Minstrels* ; l’un
des « vieux habitués de St-Germain » dont Vian signale la participation au
Dave Brubeck Octet (AEJ, 146).
LANG Eddie. N° 1
De son vrai nom Salvatore Massaro, guitariste américain (1902-1933).
Accompagnateur de chanteurs et musicien d’orchestre, il enregistra par
exemple dans la formation de Frankie Trumbauer en 1927 et 1928 (AEJ, 615-
616).
LOMBARDO Guy. N° 9
Chef d’orchestre américain d’origine canadienne (1902-1977). Vian juge
que ce King of corn (« Roi de la guimauve ») fait uniquement de la musique
de danse et, bien que L. Armstrong* l’adore, sûrement pas du vrai jazz (AEJ,
441, 452).
MCHUGH Jimmy. N° 39
Voir FIELDS Dorothy.
MENGO Jerry. N° 27
Batteur et chef d’orchestre français. Il fut avant-guerre membre de
l’orchestre de danse Glyckson où ont débuté quelques jazzmen français, puis
dirigea sa propre formation – Jazz de Paris – dans les années quarante (AEJ,
46).
MIGIANI Armand. N° 8
Saxophoniste ténor, baryton et arrangeur français dans le grand orchestre
de Michel Legrand (AEJ, 654).
MILHAUD Darius. N° 13
Compositeur français (1892-1974). Membre très fécond du « groupe des
Six », il inspira certains orchestres de jazz tels ceux de Stan Kenton* et Pete
Rugolo, pionnier de l’arrangement jazz moderne ; mais dans un long article
des Temps modernes (« L’Influence du jazz sur la musique européenne »,
mars 1954, 1477-1492) comme dans son ouvrage Hommes et problèmes du
jazz (Flammarion, 1954), André Hodeir soutient que Milhaud n’a point
compris le jazz et n’a pas joué de rôle important dans son évolution (CJ,
377 ; AEJ, 152, 452, 487, 662).
MOLINETTI Armand. N° 30
Batteur méridional fougueux, plaisantin impénitent, membre de Jazz de
Paris, de l’orchestre Barelli*, puis de l’orchestre Combelle* à la Libération.
Habitué du Hot Club de Paris*, il y vint avec une cravate américaine
superbe, en décembre 1946 (AEJ, 32, 36).
MOTTA Arthur. N° 44
Batteur français. Il enregistra avec le Quintette du Hot Club de France* et
joua dans plusieurs formations d’après-guerre, par exemple le sextette
d’Hubert Rostaing* (mai 1948), l’orchestre Barelli* et celui de Jean Gruyer*
(décembre 1949), le trio de Claude Bolling*, etc. (AEJ, 274, 451).
MOUSTACHE. N° 45
François Gallépidès dit « Moustache » pour ses belles bacchantes. Batteur
chez Luter*, grand ami de Bechet* (Manuel [...], op. cit., 219). A la piscine
Deligny on pouvait l’admirer « couvert d’une belle couche de poils noirs et
d’une couche de lard bien fournie » (Le Ratichon [...], op. cit., 78). Il mourut
dans un accident de voiture le 25 mars 1987.
MYERS Wilson. N° 41
Contrebassiste, guitariste, arrangeur et chanteur américain (1906-). Il a
joué et enregistré avec Ellington*, Bechet*, etc. (AEJ, 440).
OLIVER Buford. N° 33
Batteur américain qui joua avec Cab Calloway. L’un des premiers jazzmen
des Etats-Unis à venir en France après la guerre avec Don Redman*, il joua
aussi avec Don Byas* ; Vian juge parfois médiocre ce « drummer aux traits
fins et élégants », « enfant terrible de la bande » (AEJ, 223-224, 255).
PERSIANY André. N° 19
Pianiste, arrangeur et compositeur français (1927-). Il reconnut Michel
Warlop* comme son mentor et se mêla dès les années quarante aux grands
musiciens français et américains de jazz. Vian notait ses différents passages
dans des groupes parisiens, le considérant comme un bon pianiste et
arrangeur, qui d’ailleurs travailla sous sa direction chez Fontana ; mais Vian
mourut trop tôt pour connaître la grande carrière de Persiany à partir des
années soixante (AEJ, 305, 310).
POITEVIN Roby. Nos 40, 44
Vibraphoniste et pianiste français que Vian salue en mai 1948, dans
l’orchestre de Rostaing*, pour son « jeu plein de chaleur au vibraphone ;
Roby est sans doute le numéro 1 sur cet instrument pour le continent
européen » (AEJ, 274).
PORTER Cole. N° 41
Compositeur et parolier américain (1891-1964). Il joua un rôle essentiel
dans le développement de la comédie musicale et écrivit des centaines de
chansons, modèles de musique populaire raffinée, par exemple le tube Night
And Day.
SABLON Jean. N° 1
Chanteur français (1906-1994). Prenant comme accompagnateur trois
musiciens de jazz, A. Ekyan*, D. Reinhardt*, A. Siniavine, il participa dès
1933 à la révolution swing (voir En avant la zizique, op. cit., 169).
L’Amérique où il fit une belle carrière, le surnomma soit « le Bing Crosby
français » soit « the French Troubadour », d’où le qualificatif de Vian ici,
« votre ami ».
SASSON Jean-Pierre. N° 38
Bon guitariste français qui joua avec Bechet*, Rostaing*, Clarke, Ekyan*,
etc. ; Vian loue les disques de ce « musicien sous-estimé » (AEJ, 287, 516).
SIMOENS Lucien. N° 30
Contrebassiste français auquel Vian consacre un article dans Jazz Hot
(juillet-août 1947). Il joua dans diverses formations dont le Quintette du Hot
Club de France* en 1936, alla en Amérique en 1937 en compagnie de
Combelle* avec qui il joua de nouveau après guerre. Ce « grand gaillard,
bien carré comme une armoire » et passionné, fut « l’un des meilleurs
contrebassistes français [avec Soudieux*] », aimant Ellington* et Basie*
(AEJ, 44-46, 685).
SOUDIEUX Emmanuel. N° 44
Contrebassiste français de très bon niveau. Il joua pendant la guerre chez
Jane Stick puis, rival de Simoens*, dans le Quintette du Hot Club de
France*, avec Coleman Hawkins* et dans le Ail Star Band français (Semaine
du jazz à Marigny, mai 1948), ensuite avec Diéval* au Festival international
de jazz à Pleyel en mai 1949 (AEJ, 46, 273, 275, 277, 382).
SOUTH Eddie. N° 37
Violoniste, chef d’orchestre et compositeur américain (1904-1962). Grand
violoniste de Chicago, il tourna et enregistra aussi en Europe et
particulièrement en France avant-guerre. Vian plaisante en 1948 : « on
s’aperçoit avec joie que les Américains viennent de découvrir Eddie
South ! » et le met au premier rang des Américains venus en France (CJ, 20 ;
AEJ, 549).
STERN Emile. N° 28
Chef d’orchestre et arrangeur américain des années trente.
STEVENS Linda. N° 28
Chanteuse américaine qui, venue faire des études en France, y chanta et
enregistra jazz et variétés, en particulier avec l’orchestre Barelli*.
TILCHÉ Jean-Jacques. N° 30
Guitariste français qui joua avec Don Byas*, Rex Stewart, etc.
VENUTI Joe. N° 1
Violoniste et chef d’orchestre américain (1894-1978). Il forma un duo
célèbre avec Eddie Lang* puis joua et enregistra dans diverses formations
avant de former son propre groupe. Célèbre pour ses canulars autant que
pour sa technique et son style.
VOLA Louis. N° 2
Contrebassiste français qui eut un orchestre à l’hôtel Claridge avant d’être
membre fondateur du Quintette du Hot Club de France* en 1934 et de jouer
avec Coleman Hawkins* à Pleyel en 1935. Il fut remplacé par Lucien
Simoens* en 1936.
WHITEMAN Paul. N° 1
Violoniste, compositeur et chef d’orchestre américain (1890-1967).
Représentant privilégié du « jazz symphonique » – c’est pour son grand
orchestre que Gershwin écrivit la Rhapsody In Blue –, il fit jouer de grands
jazzmen blancs mais aussi noirs. Son mérite pour Vian est d’avoir fait
enregistrer Bix Beiderbecke* (CJ, 187 ; AEJ, 616).
3. QUINTETTE du H.C.F. :
– « Dinah », Ultraphone n° AP 1422, déc. 1934.
– « Lieberstraum n° 3 », avril 1937.
– « A Little Love, A Little Kiss », avril
1937.
– « Tiger Rag », « I Saw Stars », Ultraphone n° AP 1423, déc. 1934.
6. Léo CHAULIAC :
– « Croisette », « Ciel d’été », Swing n° 109, juin 1941.
– « Clavecin’s Blues », Pacific Jazz n° JF 6035, [1946].
– « Lady Be Good », Pacific Jazz n° 5004, nov. 1946.
– « Micheline », Swing n° 135, déc. 1941.
– « Rêverie », Rythme n° 5045, juin 1942 (Bruxelles).
9. DJANGO’s MUSIC :
– « Stockholm », Swing n° 95, déc. 1940.
Quintette du H.C.F. :
– « Swingin’With Django », Swing n° 40, déc. 1937. (avec Michel
WARLOP).
– « Django’s Tiger », Swing n° 242, janv. 1946.
– « Blues primitif », Blue Star n° 53, oct. 1947.
– « Coquette », Swing n° 242, janv. 1946.
9782720216398