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2022 07:33
Continuité
Art déco
Montréal moderne
Sandra Cohen-Rose
URI : https://id.erudit.org/iderudit/64360ac
Éditeur(s)
Éditions Continuité
ISSN
0714-9476 (imprimé)
1923-2543 (numérique)
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Tous droits réservés © Éditions Continuité, 2011 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
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contraste avec l’alliage Monel
blanc des bases de tables, des
portes et des balustrades. L’en-
semble est mis en valeur par un
plancher au dessin harmonieux
en sept teintes, en tuiles de
« ruboléum » provenant de la
Montreal’s Dominion Oilcloth
and Linoleum Company.
Les linteaux entre les colonnes
sont dotés de bas-reliefs aux
motifs d’inspiration culinaire,
exécutés à Paris par le sculp-
teur français Denis Gélin
dans une approche cubiste.
Natacha Carlu, l’épouse de
Jacques Carlu, a peint à Paris
les longues murales exposées
aux deux extrémités de la salle
à manger, sous lesquelles se De pur style Art déco, l’édifice Aldred évoque une fontaine figée. Le restaurant du neuvième
trouvent des fontaines illumi- Photos : Sandra Cohen-Rose et Colin Rose étage du magasin Eaton a
nées. Le neuvième étage du été conçu sur le modèle du
magasin Eaton témoigne de la S.S. Île-de-France, un paquebot
collaboration entre architectes contraste, les entrées et les fe- Marie-Victorin, le pavillon est de 1927.
et artistes et des liens étroits nêtres du rez-de-chaussée sont doté de splendides bas-reliefs
qui unissaient les communau- couvertes de motifs floraux, ty- exécutés par les sculpteurs
tés artistiques de Paris et de piques de l’Art déco nordique : montréalais Henri Hébert et
Montréal. pin, chêne et branches d’érable. Joseph Guardo.
Au-dessus des entrées princi- Les façades peu profondes, ver-
COMME UNE FONTAINE pales, des horloges octogonales, ticales, donnent à cet édifice
Le plus bel exemple montréa- serties dans de la ferronnerie plutôt bas, symétrique et conçu
lais d’architecture de pur style très ouvragée, marquent le en brique et en pierre une forte
Art déco, l’édifice Aldred, par temps en chiffres romains. Dans impression d’élan vers le ciel.
Barott and Blackader, ressem- le hall, du marbre précieux, des Dans son axe central, une fon-
ble à une immense fontaine portes d’ascenseur en bronze taine à paliers aboutit à un bas-
figée. Sa forme pyramidale gravé, des grillages aux décors relief octogonal qui représente
tronquée, dont les étages supé- complexes, des luminaires aux un vieil homme, le Temps, por-
rieurs s’élèvent en retrait, a été formes allongées et octogonales tant la barbe et tenant dans ses
édictée par le règlement muni- ainsi que des frises créent une mains un sablier. Il prend les
cipal. Nommé en l’honneur de atmosphère luxueuse. Des pan- traits de Neptune, le dieu des
J. E. Aldred, président de la neaux de bronze moulé repré- Eaux dans la mythologie ro-
Shawinigan Water and Power sentent des volées d’oiseaux maine. Grâce au temps et à l’eau,
Company, le bâtiment fait seu- venues se percher sur des fils les arbres et les arbustes se déve-
lement 98 m de haut et compte télégraphiques et symbolisent loppent et s’épanouissent.
23 étages (dont un 13e étage). Il à leur tour la nature et la En haut des murs, sous des Un bas-relief d’Henri Hébert
semble donc, selon les stan- technologie. urnes de pierre, Hébert a ornant le pavillon administratif
dards new-yorkais, plutôt trapu. sculpté quatre grands bas- du Jardin botanique.
L’utilisation de contreforts ver- BAS-RELIEFS AU JARDIN reliefs colorés. Chacun repré-
ticaux tronqués aux 8e, 13e et Datant de 1932, le pavillon ad- sente une plante du Canada. en latin du club des jeunes natu-
16e étages, mais qui se poursui- ministratif du Jardin botanique Au-dessus de l’entrée, un autre ralistes, « Considérez comment
vent sur toute la hauteur de de Montréal fut l’un des plus bas-relief d’Hébert, dont les croissent les lis des champs ».
l’édifice, confère un effet de grands défis de la Ville en ma- lignes simplifiées sont caractéris- Le pavillon du Jardin botanique
cascade à la façade réalisée en tière de création d’emplois tiques de l’époque, montre deux témoigne du pouvoir de la col-
calcaire d’Indiana. Des tym- en pleine crise économique. jeunes filles arborant les che- laboration dans la réalisation
pans décorés de dessins futu- Conçu par l’architecte de la veux courts typiques des années d’un projet architectural où l’or-
ristes en fonte d’aluminium et Ville, Lucien Kéroack, en 1930. Le plancher du hall est in- nementation joue un rôle
en verre noir accentuent la ver- consultation avec le fondateur crusté d’un charmant dessin de unique.
ticalité de l’immeuble. En du Jardin, le frère botaniste lis stylisés qui entoure le slogan
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