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MARCHER
À
TATON
À
CÔTÉ
D’UNE
SI
GRANDE
LUMIÈRE
?
*
*
*
Face
à
la
déstabilisation
du
monde
et
de
l’église,
devons-‐nous
et
pouvons-‐nous
continuer
à
croire
que
l’église
adventiste
fut
un
peuple
choisi
pour
apporter
un
message
final
à
cette
humanité
?
Malgré
tous
les
efforts
d’évangélisation
aux
résultats
encourageants
dans
certains
pays,
ne
sommes-‐nous
pas
en
perte
de
vitesse
par
rapport
à
l’accroissement
démographique
?
Comment
vont
se
réaliser
les
prophéties
d’un
avertissement
«
au
monde
entier
»
des
trois
messages
d’Apocalypse
14
?
Pourquoi
toutes
les
méthodes
employées,
en
particulier
dans
ce
dernier
siècle
de
technique,
n’ont-‐elles
pas
amené
«
la
pluie
de
l’arrière-‐saison
»,
inscrite
au
programme
de
nos
pionniers
et
sans
laquelle
l’œuvre
ne
peut
se
terminer
?
Suffit-‐il
de
dire
:
«
Tout
va
mal
;
donc
Jésus
va
revenir
».
N’y
a-‐t-‐il
pas
une
CLÉ
du
problème
qui
nous
échappe
?
Que
le
lecteur
veuille
bien
me
pardonner
un
«
retour
en
arrière
»
quant
à
l’histoire
de
notre
église,
démarche
propre
à
mon
âge,
mais
qui
pourra
peut-‐être
nous
apprendre
quelque
chose.
Un
soir
de
fin
mai
1945,
dans
la
chapelle
de
Collonges,
alors
située
dans
le
bâtiment
central,
avec
quelques
habitués
d’un
groupe
de
prière,
nous
nous
approchions
des
larges
fenêtres
par
lesquelles
nous
découvrions
toute
la
vallée
avec
la
ville
de
Genève
en
arrière
plan.
La
paix
venait
d’être
signée
après
cinq
ans
de
guerre.
Nous
avions
vécu
là,
souvent
isolés
du
reste
du
monde
(pas
de
téléphone,
peu
ou
pas
de
courrier,
les
voyages
lents
et
difficiles)
mais
cependant,
en
butte
à
beaucoup
de
privations
sur
le
plan
matériel
:
alimentation,
chauffage,
vêtements
–
Si
nous
avions
dans
le
cœur
un
peu
de
crainte,
c’était
bien
celle
de
ne
pas
être
à
la
hauteur
de
la
tâche
qui
s’offrait
à
nous.
Dans
un
pays
enfin
délivré
de
la
terreur
de
l’occupation,
nous
allions
pouvoir
accomplir
notre
mission
d’annoncer
ce
message
adventiste
que
nous
étions
venus
approfondir
pendant
les
années
de
guerre.
L’enthousiasme
nous
submergeait
;
c’était
celui
de
la
jeunesse
mais
aussi
celui
d’une
liberté
retrouvée.
1
Lors
de
la
remise
des
diplômes,
nous
avons
reçu
ce
message
de
la
part
du
Directeur
de
cette
époque,
Henri
Evard
:
«
Printemps
1945
!
Époque
prodigieuse,
fascinante
et
tragique
entre
toutes
celles
qui
s’inscrivent
au
grand
tableau
de
l’Histoire
!
Des
empires
s’ébranlent
et
s’écroulent.
La
crise
mondiale
atteint
son
paroxysme.
Nous
ne
sommes
plus
au
seuil
d’évènements
solennels,
mais
au
centre
même
de
ces
convulsions.
Des
scènes
grandioses
se
déroulent
devant
vos
yeux
étonnés
et
vos
esprits
se
refusent
à
en
saisir
toute
la
signification.
Il
a
été
rarement
donné
à
l’humanité
d’assister
à
de
tels
spectacles.
Des
temps
définitivement
révolus
tombent
dans
le
néant
du
passé
et
du
souvenir.
Déjà
le
rideau
se
baisse
sur
certaines
scènes
effroyables
et
par
ailleurs
se
lève
sur
le
tableau
d’un
monde
nouveau
aux
transformations
insoupçonnées
des
générations
passées.
Ce
n’est
que
plus
tard
avec
le
recul
des
ans
que
vous
pourrez
mesurer
toute
la
grandeur
des
jours
que
vous
avez
vécus
à
la
fin
de
cette
année
scolaire.
Du
monde
de
demain,
vous
ne
serez
pas
des
spectateurs
passifs,
mais
des
artisans
dans
votre
sphère
d’activité.
Une
période
de
préparation
s’achève
pour
vous,
et
une
autre
commence.
Vous
serez
mis
à
l’épreuve
sur
un
plan
autrement
plus
vaste
et
plus
réel
que
l’école.
Vous
aurez
à
démontrer
la
valeur
de
l’enseignement
que
vous
avez
reçu.
Vous
devrez
faire
rendre
à
la
vie
tout
ce
dont
elle
est
susceptible
de
vous
donner.
Vous
aurez
à
augmenter
vos
capacités
pour
faire
face
à
la
tâche
qui
vous
attend.
À
de
grands
évènements,
de
grands
hommes
!
Nous
attendons
de
vous
de
grandes
choses.
C’est
vous
qui
allez
porter
le
flambeau
de
la
vérité,
en
raviver
la
flamme,
le
transmettre
à
d’autres.
»
Tous
les
amis
avec
lesquels
je
parlais
ce
soir-‐là
sont
maintenant
dans
la
tombe.
Certains
d’entre
eux
partirent
de
suite
après
la
guerre
en
missions
dans
les
îles
lointaines.
Moi,
je
restais
tout
simplement
à
Paris
où
j’arrivais
un
an
après
la
fin
de
la
guerre.
Le
ravitaillement
était
rare,
les
logements
introuvables,
les
transports
hasardeux
et
difficiles.
Mais
rien
de
pouvait,
semble-‐t-‐il,
nous
détourner
de
cette
mission
que
nous
rappelaient
sans
cesse
les
visites
des
pasteurs
américains
de
passage
dans
la
Capitale.
Dans
la
chapelle
due
130
Bd
de
l’Hôpital
s’étalait
une
grande
banderole
«
LE
MESSAGE
ADVENTISTE
AU
MONDE
ENTIER
EN
CETTE
GÉNÉRATION
».
Des
gens
qui
avaient
été
bien
nourris,
loin
de
nos
traumatismes
constants
des
dernières
années,
venaient
de
Suisse
ou
d’Amérique
nous
parler
de
nouveaux
sacrifices
à
faire.
Effectivement,
les
salaires
étaient
terriblement
bas.
Mais
cela
ne
nous
faisait
pas
peur.
Nous
voulions
tout
accepter
pour
Christ.
D’ailleurs,
les
américains
ne
nous
envoyaient-‐
ils
pas
des
ballots
de
vêtements
et
des
œufs
en
poudre
?
Cela
nous
prouvait
que
nous
faisions
partie
de
la
grande
famille
adventiste
!
Notre
œuvre,
en
France,
était
en
pleine
réorganisation
après
la
mise
en
veilleuse
inévitable
sous
l’occupation.
2
En
mai
1946
eut
lieu
la
première
Conférence
générale
après
la
guerre.
Les
frères
dirigeants
qui
y
étaient
invités
se
sentaient
privilégiés
et
revinrent
éblouis
de
ce
qu’ils
avaient
trouvé
outre-‐Atlantique,
à
la
fois
dans
l’église
et
dans
la
société.
Ils
furent
convaincus
que
nous
devions,
nous
aussi,
devenir
performants.
C’est
ainsi
qu’eut
lieu
en
1947
un
grand
Congrès
adventiste
mondial
dans
les
locaux
du
Parc
des
Expositions
à
la
Porte
de
Versailles
à
Paris,
avec
des
milliers
de
participants.
Le
département
de
la
jeunesse,
comme
tous
les
autres,
avait
besoin
d’être
réorganisé
après
la
guerre.
Tous
ces
départements
travaillaient
en
collaboration
avec
la
maison
d’édition
qui
cherchait
à
rattraper
le
temps
perdu
en
s’équipant
de
nouvelles
techniques.
Pour
l’Union
Franco-‐
Belge,
on
atteignit
pendant
quelque
temps
le
chiffre
record
de
deux
cents
«
colporteurs
».
Notre
message
de
santé
était
diffués
par
la
revue
VIE
ET
SANTÉ
qui
devint
une
publication
d’avant-‐garde
du
message,
car
elle
ne
connaissait
pas
de
concurrents
dans
le
monde,
comme
c’est
le
cas
aujourd’hui.
On
commençait
à
faire
des
émissions
religieuses
sur
Radio-‐Luxembourg,
bientôt
suivies
des
émissions
éducatives
à
l’ORTF
à
partir
de
1950.
Sur
tous
les
quais
du
métro,
de
grandes
affiches
annonçaient
nos
conférences
sur
les
prophéties.
Celles-‐ci
abordaient
franchement
les
points
distinctifs
de
l’adventisme
–
se
révélaient
très
fructueuses
à
Paris
comme
dans
toutes
les
grandes
villes
de
France
;
les
cérémonies
de
baptêmes
avaient
lieu
au
rythme
accéléré
de
tous
les
trimestres.
Il
nous
semblait
être
sur
la
bonne
voie
pour
réaliser
rapidement
le
programme
proposé
par
dieu
juste
avant
le
retour
du
Christ.
On
avait
mis
au
point
successivement
un
certain
nombre
de
méthodes
dont
la
«
méthode
Mélis
»
-‐
du
nom
du
frère
d’Anvers
qui
l’avait
imaginé
–
Bible
en
mains,
Bible
au
foyer,
Bible
et
archéologie,
etc.
Mais
force
fut
de
constater
que
ces
méthodes
étaient
de
moins
en
moins
efficaces.
Cependant,
on
repartit
chaque
fois
avec
la
certitude
d’avoir
enfin
le
«
bon
filon
»,
la
façon
de
faire
qui
ne
pouvait
avoir
que
des
résultats
positifs.
Malgré
les
fortes
dépenses
engagées,
les
concentrations
de
personnes
compétentes
sur
les
grands
centres,
les
résultats
sur
le
plan
des
baptêmes
se
révélèrent
de
plus
ne
plus
minces
;
quelque
chose
ne
«
tournait
pas
rond
».
Mais
quoi
?
Ce
que
beaucoup
ne
savent
pas.
La
plupart
des
membres
ont
ignoré
et
ignorent
peut-‐être
encore
à
quel
point
notre
église
s’était
distancée
du
plan
de
Dieu,
et
cette
distance
devient
de
plus
en
plus
considérable
à
mesure
que
le
temps
passe.
Dans
les
années
40,
quand
nous
avions
étudié
à
Collonges,
l’histoire
de
la
Dénomination,
les
professeurs
qui
nous
enseignaient
ne
savaient
pas
eux-‐mêmes
ce
qui
s’était
réellement
passé
depuis
un
siècle
(1844-‐1944).
Je
me
souviens
toujours
d’une
déclaration
du
haut
de
la
chaire
de
Jean
Zurcher,
en
1991,
qui
en
dit
long
à
ce
sujet
:
«
Quand
j’ai
écrit
mon
livre
‘Le
Christ
dans
l’Apocalypse’,
en
1975,
je
n’avais
jamais
entendu
parler
de
Waggoner
!
».
J’étais
présente
dans
l’auditoire,
et
nul
ne
pourra
3
me
dire
le
contraire.
Comment
s’en
étonner
quand
on
lit
l’introduction
du
livre
«
L’Alliance
éternelle
»
de
Waggoner
?
Notre
œuvre
officielle
refusa
d’examiner
et
de
publier
cet
ouvrage.
E.J.
Waggoner
en
fut
réduit
à
envoyer
chapitre
par
chapitre
à
une
revue
anglaise
qui
le
publia.
Ce
ne
fut
qu’au
début
des
années
2000
qu’on
retrouva
ces
textes
pour
les
assembler
et
les
publier
en
un
volume
riche
en
études
profondes
et
inspirées
de
l’Esprit
de
Dieu.
Ce
qu’on
nous
a
enseigné
dans
nos
écoles
n’était
que
la
face
apparente
de
la
marche
de
l’église,
mais
la
réalité
est
restée
voilée.
Cependant,
Dieu
a
permis
que
certaines
circonstances
mettent
en
lumière
des
vérités
importantes
dont
on
ne
parlait
plus.
Déjà
en
1856,
Ellen
White
constatait
un
refroidissement
chez
ceux
qui
étaient
restés
fidèles
après
le
désappointement
de
1844.
Jésus
n’était
plus
la
préoccupation
principale
des
adventistes.
Pour
beaucoup
d’entre
eux,
soit
que
le
monde
avait
repris
ses
attraits,
soit
que
les
efforts
nécessités
par
l’action
en
cours
aient
canalisé
toutes
les
énergies
ne
laissant
plus
de
place
pour
la
communion
spirituelle
avec
Dieu.
On
regardait
à
l’homme
et
non
au
Seigneur.
Les
fondements
de
la
doctrine
adventiste
tels
qu’on
les
lit
dans
les
27
Croyances
furent
posés
peu
à
peu,
les
premiers
adventistes
provenant
de
différentes
églises
entre
lesquelles
il
n’y
avait
pas
d’unité
théologique.
Le
Seigneur
conduisit
nos
pionniers
à
établir
cet
ensemble
de
vérités
scripturaires
par
des
recherches
en
commun
qui
duraient
souvent
très
tard
dans
la
nuit.
Quand
toutes
les
ressources
humaines
étaient
arrivées
à
leur
terme
pour
distinguer
le
vrai
du
faux,
Ellen
White
recevait
souvent
une
révélation
du
Saint-‐Esprit
qui
venait
dissiper
les
doutes
et
faire
briller
la
lumière.
Nous
trouvons
ce
fait
rapporté
dans
plusieurs
de
ses
ouvrages.
Les
premières
décennies
de
l’existence
de
ce
mouvement
furent
surtout
consacrées
à
mettre
en
évidence,
outre
la
proximité
du
Retour
de
Jésus,
le
quatrième
commandement
qui
était
presque
partout
méconnu.
C’est
pourquoi,
lorsque
James
White
fit
un
tableau
représentant
nos
croyances,
il
mis
au
centre
LA
LOI
et
non
LA
CROIX.
Ce
n’est
que
plus
tard
qu’il
le
modifia.
Comme
le
fait
remarquer
Merwyn
Maxwell
dans
son
libre
«
Messager
pour
le
monde
»,
il
était
fréquent,
à
l’époque
de
nos
pionniers,
de
désigner
notre
église
par
ces
mots
«
La
Vérité
»
(«
Il
a
accepté
la
vérité
»,
«
Ils
ont
quitté
la
vérité
»,
etc.).
Le
peuple
adventiste
était
redevable
à
certaines
églises
de
vérités
éternelles,
plus
ou
moins
obscurcies
au
cours
des
siècles,
mais
qui
furent
remises
en
lumière
par
les
Réformateurs.
Il
s’y
ajoutait
ce
que
nous
appelons
la
vérité
présente,
révélée
depuis
1844
concernant
le
ministère
de
Christ
dans
le
sanctuaire.
Même
le
Sabbat
et
la
doctrine
du
sommeil
des
morts
avaient
eu
leurs
partisans
dans
d’autres
dénominations.
Mais
la
vérité
du
sanctuaire
resta
le
point
distinctif
essentiel
de
notre
foi.
Il
en
résulte
que
les
préoccupations
de
défense
de
la
doctrine
prirent
le
pas
sur
la
communion
personnelle
avec
Christ.
Ellen
White
en
parla
fréquemment
dans
des
«
Témoignages
»
et
elle
en
souffrait.
4
Il
fallait
revaloriser
l’immensité
du
sacrifice
du
Christ
et
la
contemplation
du
caractère
de
Dieu.
C’est
pourquoi
le
Seigneur
envoya
deux
messagers
à
la
Conférence
générale
de
Minneapolis
dont
le
rôle
était
de
montrer
l’étendue
de
la
justice
de
Christ.
Dans
les
divers
ouvrages
en
français
que
nous
avons
publiés
depuis
près
de
vingt
ans,
nous
avons
suffisamment
exposé
l’accueil
qui
leur
fut
réservé,
et
nous
n’y
reviendrons
pas
pour
l’instant.
Le
Seigneur
cherchait
à
ouvrir
les
yeux
de
l’église
de
Laodicée,
à
lui
accorder
le
collyre
dont
elle
avait
besoin,
mais
elle
le
refusait
en
disant
«
Je
n’ai
besoin
de
rien,
car
je
sui
riche
».
«
La
déception
de
Christ,
nous
dit
Ellen
white,
fut
indescriptible
».
Dans
l’un
de
nos
ouvrages,
elle
dit
avoir
vu
des
anges
circuler
dans
les
allées
de
l’église
où
se
réunissaient
les
pasteurs
lors
de
cette
Conférence
générale.
Ils
avaient
la
mission
d’attendrir
les
cœurs
pour
que
le
message
fût
accepté,
mais
il
fut
repoussé
par
la
plupart.
Il
est
reconnu
que
ce
qui
ferma
l’esprit
de
bien
des
participants
à
la
conférence
générale
de
1888
était
un
conflit
de
générations.
Les
dirigeants
en
place
depuis
de
nombreuses
années,
ne
supportaient
pas
que
des
jeunes
d’une
trentaine
d’années
apportent
des
idées
différentes
des
leurs.
Ellen
White
avait
mis
maintes
fois
en
garde
contre
ce
qu’elle
appelait
le
«
Kingly
power
»,
(le
pouvoir
royal)
dont
faisaient
preuve
de
nombreux
dirigeants,
empêchant
ainsi
Dieu
d’inspirer
directement
ses
serviteurs
là
où
ils
se
trouvaient.
Le
pouvoir
était
centralisé
entre
les
mains
de
quelques-‐uns.
Ce
fut
–
et
c’est
encore
–
un
obstacle
de
premier
ordre
à
la
réalisation
du
plan
de
Dieu.
La
machine
de
notre
organisation
semblait
fonctionner
à
merveille
;
mais
en
réalité,
la
structure
administrative
était
tellement
corrompue
et
centrée
sur
des
méthodes
humaines
que
le
seul
moyen
de
sauver
la
situation
était
de
se
réorganiser
différemment.
Si
le
message
de
1888
avait
été
compris
et
vécu
tout
aurait
changé
rapidement
et
l’œuvre
se
serait
achevée.
Quelques
tentatives
de
réveil
se
manifestèrent
dans
les
lieux
où
E.G.
White
accompagnée
de
Jones
et
Waggoner
purent
prêcher
librement.
Mais
l’opposition
ne
faiblit
pas
et
poussa
la
Conférence
générale
à
prendre
des
décisions
négatives.
On
envoya
Waggoner
en
Angleterre
et
E.G.
White
en
Australie.
Ainsi,
le
12
novembre
1891,
elle
embarquait
à
San
Francisco
sur
le
SS
Alameda,
obéissant
à
une
invitation
de
la
Conférence
générale,
alors
qu’elle
n’avait
reçu
aucun
appel
de
Dieu
à
ce
sujet.
Ajoutons
simplement
que
le
Seigneur
«
remanie
»
toujours
les
plans
de
l’ennemi
pour
nous
nuire,
et
que,
finalement
ce
passage
en
Australie
fut
une
bénédiction
pour
notre
œuvre
dans
ce
grand
pays.
Cependant,
Ellen
White
y
souffrit
beaucoup
physiquement.
Par
moments,
seul
son
avant-‐bras
n’était
pas
paralysé,
lui
permettant
d’écrire
malgré
ses
douleurs.
Elle
regagna
les
Etats-‐Unis
pour
la
conférence
générale
de
1901
où
elle
reprit
espoir
de
voir
changer
le
comportement
des
dirigeants.
Elle
suggéra
de
décentraliser
le
pouvoir,
tant
sur
le
plan
médical
qu’évangélique.
Le
livre
Oméga
II
de
Lewis
Walton
révèle
comment
on
passa
outre
à
ses
conseils,
créant
une
situation
dont
nous
supportons
encore
aujourd’hui
les
conséquences.
Le
principe
à
adopter
était
celui
de
la
responsabilité
individuelle.
5
À
tous
les
niveaux,
le
pouvoir
était
centralisé
et
on
ne
concevait
pas
qu’un
champ
ou
une
église
locale
puisse
prendre
une
décision
sans
l’assentiment
des
«
frères
supérieurs
»
dans
la
hiérarchie.
Ceux
qui
connaissaient
le
mieux
les
problèmes
parce
qu’ils
y
étaient
tous
les
jours
confrontés
ne
pouvaient
pas
agir
selon
ce
que
leur
dictait
le
Saint-‐Esprit
et
le
simple
bon
sens
humain
pour
améliorer
la
situation.
En
cela,
on
imitait
de
plus
en
plus
la
papauté
dont
on
dénonçait
si
fort
par
ailleurs
la
violation
du
véritable
esprit
de
l’évangile.
Soulignons
au
passage
que
le
sentiment
de
responsabilité
individuelle
est
donné
par
Dieu
à
chacune
de
ses
créatures.
C’est
de
Sa
part
un
principe
inviolable
qu’Il
ne
laisse
jamais
de
côté
dans
ses
rapports
avec
les
âmes.
Dieu
attend
de
chacun
une
adhésion
libre
et
réfléchie,
qui
est
la
seule
capable
de
conduire
sur
les
traces
de
Jésus,
quelles
que
soient
les
difficultés.
Il
appartient
à
chacun
d’entre
nous
de
«
choisir
»
qui
nous
voulons
servir
et
cela
doit
être
fait
de
tout
cœur,
sans
restriction,
sans
qu’aucune
autorité
humaine
ne
vienne
s’interposer.
Malheureusement,
notre
église
ne
fut
pas
et
n’est
pas
encore
exempte
de
ce
grave
péché
qui
consiste
à
brimer
la
liberté
de
conscience.
À
cette
époque,
E.G.W.
insista
sur
la
pensée
que
«
nous
sommes
tous
frères
»,
et
elle
eut
des
conflits
fréquents
avec
le
corps
pastoral.
«
Un
peu
avant
la
conférence
de
1901,
une
session
eut
lieu
dans
la
bibliothèque
du
Collège
à
Battle
Creek,
Sœur
White
aborda
le
sujet
encore
une
fois.
Dans
sa
présentation,
elle
parla,
comme
en
1897,
du
besoin
de
réorganiser.
Elle
supplia
les
frères
de
faire
ce
qui
aurait
dû
être
fait
des
années
durant,
plus
précisément
treize
ans
auparavant,
lorsqu’ils
s’étaient
assemblés
à
Minneapolis
en
1888,
et
alors
que
l’Esprit
de
Dieu
s’était
manifesté
en
puissance
témoignant
que
Dieu
était
prêt
à
faire
de
grandes
choses
pour
Son
peuple
si
celui-‐ci
était
prêt
à
coopérer.
»
«
Le
but
immédiat
de
l’ennemi
est
d’éclipser
de
notre
vue
le
Christ
et
Ses
mérites,
et
de
nous
amener
à
regarder
à
l’homme,
à
se
fier
à
lui,
et
de
s’attendre
à
en
recevoir
beaucoup
d‘aide.
Cela
fait
des
années
que
l’Église
a
les
regards
fixés
sur
l’homme
pour
recevoir
de
lui
toute
l’aide
dont
elle
a
désespérément
besoin,
au
lieu
de
regarder
à
Jésus,
en
qui
tous
nos
espoirs
de
vie
éternelle
sont
concentrés.
Par
conséquent,
Dieu
a
donné
à
Ses
serviteurs
un
témoignage
qui
présentait
la
vérité
telle
qu’elle
est
en
Jésus,
c’est-‐à-‐
dire,
le
message
du
troisième
ange
d’une
façon
claire
et
nette.
»
Témoignages
aux
Pasteurs,
p.
93.
«
Je
supplie
les
conférences
de
nos
États
et
nos
églises
de
cesser
de
se
confier
dans
l’instrument
humain
et
d’arrêter
de
s’appuyer
sur
le
bras
de
la
chair…
Nos
Églises
sont
faibles
parce
qu’on
les
a
encouragées
à
dépendre
de
l’humain.
»
Idem.
p.
380.
«
Depuis
plusieurs
années,
ceux
qui
occupent
des
positions
de
responsabilité
ont
de
plus
en
plus
tendance
à
vouloir
dominer
sur
l’héritage
du
Seigneur
;
par
le
fait
même,
on
empêche
les
membres
de
sentir
leur
besoin
de
recevoir
de
Dieu
Lui-‐même
les
instructions
concernant
la
tâche
qu’Il
voudrait
bien
leur
confier.
Tout
cela
doit
changer.
Il
doit
y
voir
une
réforme.
»
Idem,
p.
477,
478.
Le
déplaisir
de
Dieu
fut
manifeste
lors
de
deux
incendies
spectaculaires
qui
mirent
en
ruines
deux
institutions
majeures
de
notre
œuvre
:
Le
Sanatorium
de
Battle
Creek
et
la
maison
d’édition
dans
la
même
ville.
Mais
le
cœur
de
l’homme
est
tortueux
6
(Jérémie
17)
et
ces
avertissements
ne
produisirent
apparemment
pas
leur
effet
puisqu’à
la
Conférence
générale
de
1903,
on
abandonné
les
réformes
amorcées
en
1901,
au
désespoir
de
la
messagère
du
Seigneur.
«
Le
Seigneur
n’a
appelé
personne
à
être
juge
de
la
plume
ou
de
la
voix
de
Ses
serviteurs…
Supposons
que
les
déclarations
de
ceux-‐ci
soient
en
désaccord
avec
nos
idées,
est-‐ce
que
cela
nous
donne
le
droit
de
les
dénoncer
comme
étant
hérétiques
?
Est-‐
ce
que
ceux
qui
ne
sont
pas
inspirés
sont
à
même
de
décider
que
tel
ou
tel
écrit
ne
sera
pas
publié
?
Quand
nous
rendrons-‐nous
compte
que
nous
ne
pouvons
pas
contrôler
les
consciences
des
hommes
?
Si
vous
avez
établi
des
comités
pour
continuer
à
faire
ce
genre
de
travail,
comme
cela
a
été
votre
habitude
de
le
faire
pendant
des
années
à
Battle
Creek,
annulez-‐les
tout
de
suite,
et
rappelez-‐vous
que
Dieu,
le
Dieu
infini,
n’a
placé
aucun
homme
dans
le
genre
de
position
que
certains
ont
occupé
à
Minneapolis
en
1888,
et
depuis.
»
Témoignages
aux
Pasteurs,
pp.
293-‐295.
«
Je
ne
peux
exprimer
toute
la
tristesse
que
je
ressens
lorsque
je
vois
des
présidents
de
conférences
ne
choisir
comme
ouvriers
que
ceux
qu’ils
peuvent
dominer.
Ils
choisissent
ceux
qui
n’oseront
pas
se
mettre
en
désaccord
avec
eux,
mais
qui
agiront
comme
de
simples
machines.
Aucun
président
ne
peut
se
permettre
d’agir
de
la
sorte.
»
Ibid.,
pp.
304,
305.
Douze
ans
allaient
encore
s’écouler
jusqu’à
la
mort
de
Sir
White,
durant
lesquels,
d’après
son
fils
Willy,
elle
continua
à
espérer
la
repentance
de
l’église.
Malgré
une
longue
et
persistante
opposition
au
message
de
la
justification
par
la
foi,
le
Seigneur
n’a
pas
rejeté
ce
peuple
auquel
Il
avait
accordé
de
si
grandes
lumières.
Il
permit
que
le
message
soit
de
nouveau
mis
en
valeur
entre
les
années
1901-‐1903
et
1950,
moment
où
apparut
la
thèse
de
Wieland
et
Short
à
ce
sujet.
C’est
ainsi
qu’en
1915,
la
famille
Montgomery,
qui
travailla
en
Amérique
du
Sud
lors
de
la
création
d’une
nouvelle
division,
s’intéressa
à
ce
message
et
le
prêcha.
Une
jeune
fille
de
cette
famille,
Martha
était
employée
aux
bureaux
de
cette
Division
et
elle
eut
l’occasion
de
copier
les
articles
de
son
père
à
ce
sujet.
Plus
tard,
à
leur
retour
d’Amérique
du
Sud,
les
Montgomery
rencontrèrent
d’autres
frères
très
intéressés
par
ce
sujet
:
A.G.
Daniells,
Mac
Guire,
Bunch
et
d’autres.
Frère
William
Prescott
(dont
nous
avons
édité
plusieurs
brochures)
travaillait
également
avec
zèle
dans
ce
sens.
En
1918,
il
dirigeait
des
camps
meeting
au
Canada,
et
prêchait
cette
vérité.
Les
leçons
de
l’École
du
Sabbat
de
l’année
1921
approfondirent
ce
thème
comme
cela
ne
l’avait
pas
été
auparavant.
William
Prescott
était
de
ceux
qui
pensaient
que
les
adventistes
avaient
trop
insisté
sur
la
présentation
intellectuelle
et
légaliste
de
la
doctrine
sans
y
introduire
à
chaque
phase
la
personne
de
Christ
et
la
révélation
de
Son
amour.
Il
soutenait
que
toute
vérité
devait
révéler
Christ
en
tant
que
créateur,
législateur,
porteur
de
la
divinité,
prophète,
exemple
d’esprit
de
sacrifice,
sauveur,
source
de
justice,
médiateur,
avocat,
juge,
source
de
vie
et
roi
qui
vient.
Voir
Mouvement
du
Destin,
p.
314.
Un
fait
qui
date
de
1922
dépeint
bien
l’état
d’esprit
de
l’église
qui
ressemblait
à
celui
du
peuple
d’Israël
à
l’entrée
de
Canaan.
Lorsqu’ils
refusèrent
de
pénétrer
dans
la
7
terre
promise,
n’écoutant
pas
le
témoignage
de
Caleb
et
Josué,
mais
plutôt
les
autres
espions
qui
leur
firent
voir
l’impossibilité
de
jouir
des
promesses
de
Dieu,
ils
en
vinrent
à
comprendre
leur
erreur,
et
décidèrent
alors
de
pénétrer
quand
même
dans
le
pays
de
leur
propre
initiative,
et
sans
les
directives
de
Dieu.
Ce
fut
une
défaite
sans
précédent
qui
laissa
de
nombreux
morts
dans
les
défilés
rocheux.
Il
en
fut
de
même
pour
notre
église.
Après
avoir
refusé
les
débuts
de
la
pluie
de
l’arrière-‐saison
en
1888,
les
dirigeants
programmèrent
de
la
faire
venir
sur
leur
propre
initiative
en
1922,
lors
de
la
Conférence
générale.
Des
centaines
de
circulaires
furent
envoyées
pour
essayer
de
préparer
les
églises
et
les
pasteurs.
Dans
son
discours
inaugural,
le
Président
lut
un
lettre
d’un
pasteur
qui
dit
ceci
:
«
Cette
Conférence
générale
ne
pourrait-‐elle
pas
être
la
Pentecôte
du
message
du
troisième
ange
?
».
Des
recommandations
furent
faites
pour
que
l’on
chercher
l’humilité
du
cœur,
la
confession
et
l’unité.
Mais,
comme
le
reconnut
un
observateur,
tout
cela
n’était
pas
orienté
dans
le
sens
voulu
par
Dieu.
Par
exemple,
l’unité
devait
se
faire
en
faisant
disparaître
toute
critique
en
en
acceptant
les
décisions
de
l’administration.
Chacun
ressentait
le
besoin
profond
d’un
rafraichissement
spirituel,
d’une
puissance
nouvelle
pour
faire
face
aux
problèmes
d’un
monde
en
souffrance.
Mais
la
bénédiction
souhaitée
ne
vint
pas
et
la
puissance
spirituelle
se
manifesta
très
peu
au
cours
de
cette
Conférence
générale.
On
voulait,
encore
une
fois,
emprunter
un
chemin
choisi
par
l’homme
plutôt
que
celui
indiqué
par
Dieu,
comme
l’avait
fait
le
peuple
d’Israël
(1)
Ce
peuple
adventiste
que
Dieu
s’est
choisi
pour
annoncer
un
dernier
message
d’une
importance
déterminante
a
failli
comme
Israël
avait
failli
autrefois
à
son
rôle
de
lumière
des
nations.
Mais,
comme
nous
approchons
de
la
fin
de
toutes
choses,
c’est
encore
plus
grave.
En
fait,
notre
église
a
souffert
et
souffre
encore
d’une
maladie
à
deux
facettes
:
CONSUFION
THÉOLOGIQUE
et
AUTORITÉ
ABUSIVE
AYANT
POUR
BUT
DE
DISSIMULER
CETTE
CONFUSION.
Cette
situation
n’a
fait
que
se
confirmer
depuis
des
décennies
et
on
se
rend
compte
que
rien
n’étant
fait
pour
reconnaître
ce
double
mal
et
le
corriger,
nous
arrivons
à
une
impasse
car
nous
avons
perdu
notre
identité
spécifiquement
adventistes.
Il
semblerait
presque
que
certains
ont
été
heureux
de
la
perdre
pour
mieux
s’amalgamer
avec
d’autres
églises
dont
on
nous
a
tout
d’abord
vivement
de
sortir
et
et
dans
lesquelles
il
semblerait
qu’on
se
sente
«
honoré
»
maintenant
de
pouvoir
rentrer.
8
d’études
sur
le
Saint-‐Esprit.
J’ai
dû
constater
qu’en
dehors
des
inestimables
sources
de
l’Esprit
de
prophétie,
il
n’y
avait
rien
dans
notre
littérature
susceptible
de
fournir
les
bases
d’un
exposé
biblique
cohérent
sur
cette
question.
Je
fus
obligé
de
consulter
une
vingtaine
d’auteurs
ne
faisant
pas
partie
de
notre
mouvement.
J’ai
constaté
alors
que
certains
de
ces
auteurs
avaient
une
compréhension
plus
profonde
des
choses
de
Dieu
que
nos
propres
dirigeants.
Mais
bien
sûr,
il
manquait
à
ces
autres
écrivains
le
concept
du
moment
où
devait
se
produire
le
grand
cri
et
la
pluie
de
l’arrière-‐saison
dans
le
contexte
final
du
dernier
message
à
délivrer
aux
hommes.
Je
compris
alors
une
nouvelle
fois
l’inégalable
richesse
des
écrits
de
l’Esprit
de
prophétie.
»
Mouvement
du
Destin,
pp.
259-‐
260.
Frère
A.G.
Daniells,
homme
fervent
et
loyal,
qui
avait
collaboré
avec
Ellen
white,
a
contribué
à
la
compréhension
de
1888
dans
sa
brochure
bien
connue
en
France
:
«
Jésus-‐
Christ
notre
justice
».
Son
texte
reconnaît
l’opposition
au
message
de
1888
de
la
part
des
dirigeants.
Cette
brochure
contient
de
précieuses
citations
et
chaque
membre
de
l’église
en
France
devrait
la
posséder…
et
la
lire
!
Frère
Frédéric
Charpiot
avait
collaboré
avec
lui
et,
à
la
fin
de
sa
vie,
il
sympathisa
avec
le
travail
de
VÉRITÉ
PRÉSENTE
que
nous
avons
accompli
en
France
pour
la
présentation
du
message.
Je
l’avais
connu
à
Collonges,
ayant
été
sa
secrétaire
en
1941-‐
1942
lors
de
ma
première
année
d’études.
C’était
un
fervent
prédicateur
du
proche
retour
de
Jésus.
Nous
ne
nous
lassions
pas,
lui
et
moi,
de
nous
entretenir
de
ce
sujet
lorsqu’il
me
visitait
alors
qu’il
avait
plus
de
90
ans.
Cependant,
il
n’admettait
pas
que
les
dirigeants,
qu’il
avait
connus
lors
de
ses
séjours
aux
Etats-‐Unis,
aient
pu
s’opposer
au
message
et
n’était
pas
d’accord
avec
cette
affirmation.
Revenons
maintenant
à
l’histoire
de
notre
église
en
France
depuis
1950,
-‐
parallèlement
ou
en
répercussion
avec
ce
qui
se
passait
aux
USA.
Nous
sommes
tous
concernés.
Une
tentative
pour
défendre
nos
vérités
fondamentales.
En
1955,
deux
jeunes
agriculteurs
d’Australie,
de
parents
réformistes
adventistes,
décidèrent
d’aller
étudier
au
Collège
d’Avondale
fondé
par
Ellen
White.
C’étaient
Robert
de
Jean
Brinsmead.
Ils
avaient
été
habitués
dans
la
famille
à
la
lecture
des
ouvrages
d’Ellen
White,
à
tel
point
qu’ils
pouvaient
pratiquement
réciter
par
cœur
des
chapitres
entiers
du
livre
Jésus-‐Christ
.
Inquiets
quant
à
la
réalisation
de
prophéties
du
temps
de
la
fin,
ils
firent
des
recherches
dans
la
bibliothèque
de
leur
école
et
tombèrent
incidemment
sur
un
exemplaire
de
1888-‐Réexaminé
de
Wieland
et
Short,
première
édition.
Il
convient
ici
d’ouvrir
une
parenthèse.
Les
deux
jeunes
missionnaires
américains,
Wieland
et
Short
étaient
rentrés
en
congé
depuis
l’Afrique
où
ils
partirent
en
1940,
et
où
ils
avaient
uni
leurs
efforts
pour
préparer
cette
thèse
:
1888-‐Réexaminé.
Convaincus
de
tout
ce
qu’ils
avaient
découvert,
ils
le
présentèrent
à
la
Conférence
Générale,
espérant
que
l’étude
de
celle-‐ci
amènerait
la
repentance
de
l’église,
et
hâterait
les
évènements
de
la
fin.
Mais
ce
travail
ne
fut
pas
apprécié,
et
on
jugea
qu’il
n’était
bon
qu’à
être
classé
sans
suite
aux
archives.
Les
deux
jeunes
missionnaires
furent
mis
devant
un
choix
:
ou
9
bien
abandonner
ces
idées
ou
continuer
leur
travail
en
missions.
Ils
choisirent
de
se
taire.
Mais
Dieu
ne
l’avait
prévu
ainsi
:
Une
secrétaire
chargée
du
classement
lut
le
document
et
fut
tellement
intéressée
et
convaincue
qu’elle
le
photocopia
et
en
fit
parvenir
quelques-‐uns
à
des
amis.
Ce
fut
une
traînée
de
poudre…
C’est
ainsi
que
l’un
de
ces
exemplaires
se
retrouva
dans
la
bibliothèque
de
l’université
d’Avondale.
Cette
découverte
bouleversa
tellement
ces
jeunes
gens
qu’elle
allait
donner
naissance
à
un
mouvement
appelé
«
Message
e
Réveil
»,
lequel
causa
beaucoup
de
soucis
aux
dirigeants
en
Australie,
aux
U.S.A.
et
aussi
en
France.
Vers
1960,
un
adventiste
de
France
alla
passer
une
année
aux
Etats-‐Unis
pour
se
familiariser
avec
la
méthode
de
traitements
naturels,
et
il
entendit
parler
de
ce
mouvement.
Avant
son
retour
au
pays,
il
rassembla
tous
les
documents
nécessaires,
les
étudia
soigneusement
et
fut
convaincu,
lui
aussi,
qu’il
y
avait
là
une
vérité
incontournable.
En
conséquence,
il
prépara
une
brochure
qu’il
devait
diffuser
largement
de
la
Fédération
de
toute
la
France,
à
Vichy
en
mai
1963.
Nous
y
étions
présents,
mon
mari
et
moi,
et
nous
fûmes
de
suite
vivement
intéressés
par
son
contenu.
Je
n’oublierai
jamais
le
moment
où,
sur
le
bord
d’un
trottoir,
sous
une
pluie
battante,
je
fus
interpellée
par
ce
frère
me
disant
:
«
Saviez-‐vous
que
Jésus
aurait
dû
revenir
depuis
longtemps
?
»
Cette
question
étant
au
centre
de
mes
préoccupations
dès
ma
jeunesse,
je
l’ai
écouté
avec
un
vif
intérêt…
sous
une
pluie
torrentielle.
L’accueil
réserva
à
cette
brochure
par
les
dirigeants
présents
à
ce
Congrès
à
Vichy
fut
le
même
que
celui
des
dirigeants
américains
aux
travaux
de
Wieland
et
Short.
L’un
d’eux,
qui
occupait
un
poste
important,
rejeta
brutalement
cette
brochure,
disant
:
«
Si
je
croyais
cela,
je
ne
pourrais
plus
rester
à
mon
poste
!
».
Dès
lors,
le
combat
commença…
et
il
n’est
pas
terminé
!
Cette
brochure
contenait
des
enseignements
adventistes
de
base,
en
particulier
tous
ceux
qui
dérivaient
de
l’étude
du
sanctuaire,
dont
on
ne
parlait
plus
beaucoup
à
cette
époque,
en
raison
de
ce
qui
s’était
passé
aux
Etats-‐Unis
dans
la
décennie
précédente.
Lors
d’un
séjour
chez
mes
parents,
je
lisais
chaque
jour
quelques
pages
de
cette
brochure
à
ma
mère,
adventiste
depuis
40
ans.
Elle
ne
comprenait
pas
que
ces
textes
soient
contestés.
«
C’est
ce
qu’on
m’a
enseigné
quand
j’ai
été
baptisée
»,
me
disait-‐elle.
On
avait
délaissé
cette
étude,
en
particulier
celle
du
ministère
final
de
Jésus,
si
bien
qu’une
phrase
de
Robert
Brinsmead
reste
encore
dans
nos
mémoires
:
«
On
a
évacué
le
cadavre
de
l’expiation
finale
par
la
porte
de
service
».
Sous
cette
plaisanterie
se
cachait
une
triste
réalité
puisque
dans
une
assemblée
à
Collonges,
tenue
quelques
années
plus
tard
par
l’un
de
nos
meilleurs
théologiens,
nous
entendîmes
ceci
:
«
C’est
complètement
faux
que
nous
serons
sans
médiateur
lors
du
temps
de
détresse
»,
alors
qu’Ellen
White
dit
expressément
le
contraire
dans
le
livre
«
Premiers
Écrits
»,
pp.
70,
71,
et
dans
d’autres.
Ceci
prouve
l’ignorance
qui
régnait
sur
des
questions
primordiales.
Une
redoutable
déviation.
Ce
qui
rendit
particulièrement
insupportables
aux
yeux
des
dirigeants
les
initiatives
de
R.S.
Brinsmead,
c’était
ce
qui
se
passait,
dans
les
mêmes
années
au
niveau
de
la
Conférence
Générale
(et
qui
incluait
le
White
Estate,
la
Voix
de
la
Prophétie,
et
la
plupart
de
nos
publications).
10
Nous
qui
vivons
en
ce
début
du
21ème
siècle,
nous
pouvons
bien
le
comprendre
puisque
c’était
le
même
processus
que
celui
qui
se
déroule
sous
nos
yeux
par
l’adhésion
à
la
F.P.F.
La
question
posée
à
ce
moment-‐là
par
les
évangéliques
à
propos
des
adventistes
s’est
répétée
ces
dernières
années
:
Les
Adventistes
sont-‐ils
une
secte
ou
une
église
chrétienne
?
Pour
y
répondre,
deux
théologiens
protestants
évangéliques
allèrent
trouver
les
dirigeants
adventistes
dans
le
but
d’éclairer
leur
propre
conception
de
l’adventisme.
Donald
G.
Arnhouse
et
Walter
Marin
furent
accueillis
cordialement
au
siège
de
la
Conférence
Générale,
en
1955.
La
série
d’entretiens
avec
eux
s’étendit
sur
près
de
deux
ans.
Ce
furent
essentiellement
Leroy
E.
Froom
et
R.A.
Anderson,
responsables
de
la
Voix
de
la
Prophétie
(émissions
radio
très
connues),
qui
répondirent
au
nom
de
l’église.
Ils
nièrent
que
les
adventistes
aient
enseigné
:
1. La
nature
pécheresse
de
Christ
–
qui
ne
céda
jamais
à
la
tentation
;
2. Une
expiation
à
la
croix
devant
être
complétée
par
l’intercession
de
Christ
dans
le
sanctuaire.
Ils
affirmèrent
que
la
foi
dans
certaines
déclaration
d’E.G.
White
telles
que
celle-‐
ci
:
«
L’intercession
du
Sauveur
en
faveur
de
l’homme
dans
le
sanctuaire
céleste
est
tout
aussi
importante
dans
le
plan
du
salut
que
Sa
mort
sur
la
croix.
Depuis
Sa
résurrection,
Jésus
achève
dans
le
ciel
l’œuvre
commencée
par
Lui
sur
la
croix
»
(Tragédie
des
Siècles,
p.
531),
n’était
que
le
fait
d’une
«
frange
extrémiste
et
fanatique
».
N’est-‐ce
pas
un
drame
de
posséder
une
vérité
si
précieuse,
si
déterminante
pour
notre
temps,
et
de
la
«
brader
»
pour
complaire
à
des
hommes,
de
la
cacher
ainsi
à
tout
un
peuple
qui
en
a
désespérément
besoins
?
D’autres
questions
encore
préoccupaient
les
évangéliques
en
ce
qui
nous
concernait
:
Notre
définition
de
la
«
marque
de
la
bête
»
;
Notre
prétention
à
être
l’Église
du
reste
;
Notre
approche
de
la
justification
par
la
foi
–
qu’ils
assimilent
à
celle
de
l’église
catholique.
Mais
là
encore,
ils
furent
rassurés
car,
pour
leur
complaire,
on
abandonna
sans
scrupules
des
convictions
bien
établies
:
«
M.
Martin
‘indiqua
que
dans
la
librairie
attenante
au
bâtiment
même
où
la
réunion
avait
lieu,
un
ouvrage
publié
par
les
adventistes
et
écrit
par
un
de
leurs
pasteurs
établissait
exactement
le
contraire.
Les
dirigeants
envoyèrent
chercher
le
livre
et
virent
que
M.
Martin
avait
raison
;
immédiatement
ils
portèrent
ce
fait
à
la
connaissance
des
membres
de
la
Conférence
Générale
afin
qu’on
puisse
remédier
à
cette
situation
et
corriger
de
telles
publication.
11
«
Cela
concernait
particulièrement
la
doctrine
de
la
marque
de
la
bête,
une
des
plus
importantes
doctrines
de
l’Église
Adventiste
remontant
à
peu
près
à
son
origine.
Quand
les
dirigeants
découvrirent
que
M.
Martin
avait
raison,
ils
suggérèrent
aux
membres
officiants
que
‘les
publications
fussent
corrigées’.
Ce
qui
fut
fait.
Nous
ignorons
quelles
publications
furent
ainsi
corrigées,
et
si
les
auteurs
en
furent
auparavant
informés
;
si
le
comité
des
publications
a
été
consulté
et
si
les
éditeurs
des
livres
et
la
maison
d’édition
furent
d’accord
avec
les
changements.
Ce
que
nous
savons,
par
contre,
c’est
que
dans
les
leçons
de
l’école
du
Sabbat
du
second
trimestre
1958,
qui
étudiaient
le
livre
de
l’Apocalypse
chapitre
après
chapitre,
le
treizième
chapitre
qui
traite
de
la
marque
de
la
bête
fut
supprimé
dans
son
entier.
Les
leçons
d’école
du
Sabbat
avaient
évidemment
été
elles
aussi
‘corrigées
‘
»
Extrait
de
«
Lettres
aux
Églises
»
d’Andreasen.
Il
en
fut
de
même
pour
la
doctrine
sur
la
nature
du
Christ
dont
la
juste
compréhension
est
capitale
pour
notre
salut
:
…
«
Nos
dirigeants
assurèrent
à
M.
Martin
que
‘la
majorité
des
membres
de
notre
Église
a
toujours
cru
que
la
nature
humaine
revêtue
par
Christ
fut
immaculée,
sainte
et
parfaite,
bien
que
certains
de
nos
écrivains
aient
occasionnellement
publié
des
opinions
contraires
à
ceux
que
la
majorité
de
l’Église’.
Il
faudrait
classer
Ellen
White
dans
ces
écrivains
opposés
à
l’opinion
de
la
majorité,
car
voici
que
qu’elle
écrivait
:
«
Dans
son
humanité
Christ
partagea
notre
nature
pécheresse,
déchue.
Sinon,
Il
n’aurait
pas
été
‘rendu
semblable
à
ses
frères’,
‘tenté
comme
nous
en
toutes
choses’.
Il
n’aurait
pas
vaincu
comme
nous
devons
vaincre
et
ne
serait
donc
pas
le
Sauveur
parfait,
complet,
dont
l’homme
a
besoin
et
qu’il
doit
avoir
pour
être
sauvé.
L’idée
que
Christ
naquit
d’une
mère
immaculée
ou
sans
péché
(les
Protestants
n’affirment
pas
cela
de
la
Vierge
Marie),
n’hérita
d’aucune
tendance
au
péché,
et
pour
cette
raison
ne
pécha
pas,
la
place
en
dehors
du
monde
pécheur,
et
donc
du
lieu
où
l’aide
était
nécessaire.
De
Son
côté
humain,
Christ
hérita
exactement
ce
que
tout
enfant
d’Adam
hérite
:
une
nature
pécheresse
déchue.
Du
côté
divin,
par
sa
conception
même,
Il
fut
engendré
et
né
du
Saint-‐Esprit.
Et
cela
fut
accompli
pour
placer
l’humanité
dans
une
haute
position
et
pour
démontrer
que,
quiconque
de
la
même
manière,
est
né
de
l’Esprit’,
peut
remporter
des
victoires
identiques
sur
le
péché
dans
sa
propre
chair
pécheresse.
Ainsi
chacun
doit
vaincre
comme
Christ
a
vaincu
(Apocalypse
3
:
21).
Sans
cette
naissance,
il
n’y
a
pas
de
victoire
sur
la
tentation
et
pas
de
délivrance
du
péché
(Jean
3
:
3-‐7)
».
Bibler
Readings,
p.
21.
Cette
situation
est
confirmée
par
un
grand
nombre
d’autres,
qui
lui
sont
semblables
».
Idem.
Un
livre
resté
célèbre.
Cependant,
pour
entériner
ces
déclarations
faites
aux
Évangéliques,
l’œuvre
adventiste
publia
un
ouvrage
resté
célèbre
(et
qui
a
été
récemment
réédité)
Questions
on
Doctrine.
Jamais,
aux
dires
de
nos
dirigeants,
un
livre
ne
fut
autant
attendu
et
n’eut
un
retentissement
aussi
considérable.
Frère
Fromm
participa
à
sa
rédaction,
persuadé
que
cela
activerait
l’acceptation
du
message
de
1888.
Les
auteurs
restèrent
plus
ou
moins
anonymes.
Mais
avant
sa
publication,
le
manuscrit
fut
soumis
à
la
lecture
d’environ
250
dirigeants
dans
le
monde
entier.
Apparemment,
aucune
protestation
majeure
ne
fut
enregistrée.
On
ne
suggéra
que
des
corrections
secondaires.
12
C’eut
été
une
occasion
unique
de
faire
comprendre
aux
Évangéliques
notre
conception
de
la
justification
par
la
foi
en
rapport
avec
l’œuvre
finale
du
Christ
dans
le
sanctuaire,
en
appuyant
la
démonstration
sur
des
textes
bibliques
précis,
et
en
particulier
sur
l’œuvre
typique
qui
avait
lieu
dans
le
sanctuaire
terrestre.
Non
seulement
nous
avons
laissé
passer
cette
opportunité,
mais
par
cet
ouvrage,
toute
une
génération
d’étudiants
adventistes
fut
trompée
et
aiguillée
dans
une
impasse,
ce
dont
nous
subissons
aujourd’hui
encore
les
conséquences.
Dans
un
ouvrage
intitulé
«
Adventisme
et
justification
»,
écrit
par
un
pasteur
anglican,
Geoffrey
Paxton,
édit
en
1980
en
anglais
et
traduit
en
français
en
1982,
préfacé
par
Alfred
Vaucher,
nous
trouvons
une
opinion
émise
sur
l’ouvrage
Questions
on
Doctrine
qui
peut
nous
surprendre.
Le
point
de
vue
de
cet
auteur
est
forcément
très
différent
du
nôtre,
car
il
voit
un
progrès
là
où
nous
voyons
un
recul
et
une
trahison,
et
il
ne
peut
discerner
à
quel
point
l’adventisme
de
base
–
les
piliers
de
notre
foi
–
sont
ébranlés
et
parfois
même
déplacés
depuis
les
années
55-‐57.
Il
considère
ce
livre
comme
un
retour
bénéfique
vers
la
conception
des
Réformateurs.
L’un
des
eux
interlocuteurs,
le
Dr.
Barnhouse
se
rallia
à
une
opinion
couramment
exprimée
chez
les
Évangéliques
et
les
Protestants
en
ce
qui
concerne
le
jugement
investigatif.
Selon
eux,
«
nous
avons
voulu
camoufler
une
erreur
de
date
concernant
la
prophétie
en
1844.
Pour
ne
pas
rester
trop
déconfits,
après
avoir
attendu
le
retour
de
Jésus
en
octobre
1844
et
annoncé
partout
ce
retour,
nous
aurions
«
inventé
»
cette
histoire
de
passage
du
lieu
saint
au
lieu
très
saint.
Pour
ces
chrétiens,
cette
doctrine
n’a
aucune
valeur,
et
ils
la
qualifient
de
«
phénomène
le
plus
colossal
et
psychologique,
au
cours
de
toute
l’histoire
religieuse
pour
sauver
la
face
».
C’est
une
«
doctrine
pusillanime
et
naïve
».
Ainsi,
une
occasion
unique
de
diffuser
cette
vérité
capitale
fut
bel
et
bien
perdue.
Comme
nous
le
verrons
plus
loin
plus
en
détails,
les
Réformateurs
prêchèrent
que
tout
est
accompli
à
la
croix,
que
le
salut
est
complètement
assuré
par
le
sacrifice
terrestre
de
Jésus
sans
tenir
aucun
compte
du
fait
qu’Il
entra
ensuite
dans
le
sanctuaire
céleste
pour
accomplir
son
ministère
de
grand
prêtre,
étant
devenu,
il
est
vrai,
à
la
fois
l’offrande
et
l’officiant.
De
par
le
monde,
beaucoup
d’adventistes,
responsables
ou
non,
étaient
sérieusement
inquiets
de
la
tournure
des
évènements
suscitée
par
la
publication
de
Questions
on
Doctrine.
Des
articles
parurent
notamment
dans
le
MINISTRY
(revue
officielle
des
prédicateurs
adventistes
en
anglais)
pour
les
rassurer
et
expliquer
que
nos
vues
s’étaient
simplement
précisées,
cristallisées.
Depuis
lors,
et
malgré
certains
revirements
plus
ou
moins
durables,
on
a
continué
à
présenter
un
subtil
mélange
de
vérités
et
d’erreurs,
ce
qui
aboutit
aujourd’hui
à
une
confusion
destructrice
du
véritable
adventisme.
L’agitation
Brinsmead.
C’est
dans
ce
contexte
théologique
nébuleux
et
inquiétant
que
se
situe
ce
qu’on
a
appelé
«
l’agitation
Brinsmead
»
;
celle-‐ci
commença
en
Australie
et
gagna
les
Etats-‐Unis,
puis
se
fit
sentir
aussi
en
Europe.
Nous
avons
reçu
et
rencontré
R.
Brinsmead
à
plusieurs
reprises
dans
diverses
contrées
de
France,
d’Allemagne
et
de
Hollande.
À
chaque
13
rencontre,
les
auditeurs
étaient
plus
nombreux.
Évidemment,
les
pasteurs
et
présidents
de
Fédération
s’en
inquiétèrent.
Et
la
question
se
pose
de
savoir
si
on
allait
nous
garder
dans
l’église,
quoique,
selon
un
Président
de
Fédération
de
l’époque,
les
enseignements
de
Brinsmead
étaient
justes
à
95%
!
Finalement,
on
nous
demanda
de
préciser
par
lettre
si
nos
convictions
étaient
toujours
adventistes.
Et
nous
fûmes
longuement
interrogés
par
le
doyen
de
théologie
du
Séminaire
en
1969.
Le
jeune
Brinsmead,
décidé
et
combatif,
n’eut
aucune
peine
à
rallier
à
ses
idées
quelques
adventistes
traumatisés
par
les
évènements
et
les
écrits
d’une
tournure
toute
nouvelle.
Parmi
eux,
il
y
eu
des
imprimeurs
qui
mirent
sur
pied
notamment
une
revue
«
Gems
of
Truth
»
qui
parut
durant
plusieurs
années,
ainsi
qu’un
nombre
considérable
de
documents
remettant
en
valeur
et
explicitant
les
vérités
mises
de
côté.
Nous
l’avons
dit,
Robert
Brinsmead
était
un
écrivain
intarissable.
Il
édita
entre
autres
une
série
de
«
Sermons
»
très
fouillés.
En
France,
la
revue
«
Prépare-‐toi
»,
reflétant
les
mêmes
conceptions,
fut
envoyée
à
environ
2000
adresses.
Il
y
eut
17
numéros
dont
voici
quelques
titres
:
Les
évènements
des
derniers
jours
;
L’église
sans
péché.
Quand
?
Comment
?
Jésus
souffre
pour
nous.
Jusques
à
quand
?
La
liberté
individuelle
et
la
nouvelle
Alliance
;
La
Vérité
Présente
révélée
en
Jésus-‐Christ
;
L’homme
de
romains
7
–
L’homme
de
Romain
8
;
Triple
message
d’Apocalypse
14
et
purification
complète
du
peuple
de
Dieu.
On
y
abordait
l’étude
des
trois
piliers
de
ce
qu’on
appelait
«
le
réveil
du
sanctuaire
».
Prise
de
conscience
de
la
nature
humaine
profondément
déchue
(voir
Jérémie
17)
;
Ce
qu’est
une
authentique
«
justification
par
la
foi
»
dénuée
du
légalisme
et
de
l’autosatisfaction
laodicéenne
;
Remise
en
valeur
du
ministère
final
de
Christ
dans
le
sanctuaire.
Jusqu’alors,
la
doctrine
adventiste
avait
insisté
sur
la
nécessité
de
la
perfection
avant
le
retour
du
Christ.
La
Bible
elle
même
le
mentionne
dans
les
verset
suivants
:
2
Thessaloniciens
5
:
23
;
Apocalypse.
14
:
4-‐5.
Ce
sujet
fit
l’objet
de
bien
des
articles
et
des
livres
;
mais
on
en
est
toujours
à
se
poser
la
question
:
«
Qui
est
parfait
?
Où
sont
ceux
qui
ont
atteint
cet
idéal
jugé
incontournable
pour
la
dernière
génération
?
»
Malgré
l’exigence
biblique
sur
le
plan,
beaucoup
d’auteurs
ont
voulu
démontrer
que
cette
perfection
n’est
pas
celle
que
nous
comprenons
généralement.
On
avait
souvent
enseigné
que
le
croyant
y
parviendrait
par
ses
propres
efforts.
C’était
«
le
perfectionnisme
».
Il
fallait
prouver
que
seuls
ceux
qui
laissent
Jésus
vivre
en
eux
totalement
pourront
répondre
à
ce
critère,
car
«
Ce
n’est
plus
moi
qui
vis,
c’est
Christ
qui
vit
en
moi.
»
Mais
quel
chemin
difficile
à
parcourir
que
certains
ont
ressenti
comme
un
anéantissement
de
leur
volonté
propre
et
de
leur
14
identité
!
Si
nous
croyions
cela,
nous
retomberions
dans
la
conception
catholique
de
la
sainteté.
Ce
n’est
en
réalité
qu’une
adhésion
libre
et
joyeuse
aux
principes
du
royaume
qui
pourra
laisser
Jésus
vivre
en
nous.
Il
n’est
pas
question
de
perdre
notre
personnalité,
mais
au
contraire
de
la
garder,
forte
et
heureuse
de
se
soumettre
librement
à
un
Maître
bien-‐aimé
et
reconnu
comme
le
«
meilleur
»,
«
l’incomparable
».
Dans
ce
service,
le
croyant
ne
se
glorifie
pas
lui-‐même
;
il
sait
que
«
toutes
ses
capacités
viennent
de
Dieu
»,
qu’il
n’a
en
lui-‐même
aucune
justice
pour
se
présenter
au
jugement.
Quelque
droite
qu’ait
pu
être
sa
vie,
elle
est
entachée
de
péchés,
et
il
ne
peut
être
agréé
par
le
Père
qu’au
travers
des
mérites
de
Jésus.
Brinsmead
s’exprimait
ainsi
à
ce
sujet:
«
Aucun
degré
de
grâce
intérieure
ou
‘justice
communiquée’,
si
élevé
soit-‐il,
ne
pourrait
nous
permettre
de
subsister
lors
du
jugement.
Christ
seul
possède
la
justice
requise
pour
être
acquitté
lors
du
jugement
dernier.
Il
se
tient
ne
qualité
de
représentant
du
croyant
à
la
barre
du
tribunal.
»
Il
insistait
en
disant
:
«
L’idée
que
les
hommes,
lors
du
jugement
auraient
besoin
de
la
miséricorde
de
Dieu,
ou,
pour
être
plus
précis,
que
les
hommes
repentants
mais
cependant
pécheurs
pourraient
se
présenter
avec
assurance
et
joie,
par
la
foi
en
la
justice
d’un
substitut,
était
pour
beaucoup
une
conception
nouvelle.
Davantage,
c’était
la
nouvelle
la
plus
douce
et
la
plus
joyeuse
que
de
nombreux
adventistes
n’aient
jamais
entendue.
Ni
le
temps,
ni
les
circonstances,
ni
les
limitations
dues
à
des
conclusions
erronées
ne
peut
effacer
le
souvenir
des
croyants
pleurant
d’une
joie
véritable
à
la
simple
révélation
que
Christ
est
notre
justice
lors
du
jugement,
le
verdict
rendu
en
notre
faveur,
la
porte
ouverte,
et
que,
regardant
à
Christ
nous
pouvons
dire
‘tout
est
prêt,
venez
aux
noces’
».
Nous
savons
tous
que
la
première
démarche
du
Saint-‐Esprit
dans
nos
cœurs
est
de
nous
révéler
notre
nature
pécheresse
profonde.
Il
semble
que
dans
les
années
50
cette
conviction
n’était
plus
tellement
présente
dans
notre
église,
préoccupée
d’autres
objectifs
:
remettre
la
loi
en
vigueur,
surtout
le
quatrième
commandement,
et
faire
connaître
la
proximité
du
retour
du
Christ.
Mais
précisément,
le
concept
de
la
nature
de
péché
du
cœur
humain
entrait
en
ligne
de
compte
concernant
ce
retour,
puisque
Jésus
ne
pouvait
revenir
que
si
la
dernière
génération
atteignait
l’état
sans
péché.
Toutefois,
mener
cette
lutte
avec
les
forces
humaines
ne
pouvait
conduire
qu’au
découragement
et
à
la
terreur
du
jugement.
Il
importait
que
les
adventistes
prennent
conscience
d’être
en
quelque
sorte
les
«
invités
de
la
dernière
heure
».
Comme
tels,
ils
n’avaient
pas
à
se
glorifier
d’être
meilleurs
que
les
autres,
mais
devaient
être
reconnaissants
du
privilège
qui
leur
était
accordé
et
comprendre
qu’ils
ne
dépendaient,
pour
se
présenter
au
jugement,
que
de
la
justice
de
Jésus.
Ces
pensées-‐là
se
retrouvaient
constamment
dans
les
écrits
de
Brinsmead.
Mais
bien
sûr
toutes
des
activités
n’étaient
pas
«
organisées
»
avec
suffisamment
de
recul.
Elles
cherchaient
à
pallier
une
situation
de
crise
doctrinale
et
s’ébauchaient
en
tâtonnant,
en
raison
du
peu
de
membres
décidés
à
s’impliquer
et
de
l’opposition
des
dirigeants
qui
brandissaient
toujours
la
menace
de
radiation
de
l’église.
15
Cependant,
il
y
avait
bien
une
vérité
capitale
à
défendre
;
une
vérité
qui
devait
émerger
de
l’accumulation
de
compromis
sous
laquelle
on
voulait
l’étouffer
après
les
entretiens
avec
les
évangéliques.
Parmi
les
adventistes
fidèles,
signalons
l’action
positive
en
faveur
de
la
vérité
de
frère
Peter
Jarnes,
directeur
du
Département
de
théologie
d’Union
College
Lincoln,
Nebraska,
USA.
Il
publia
une
brochure
important
qui
fut
traduite
en
français
«
Le
sanctuaire
purifié
»,
et
cette
prise
de
position
lui
valut
d’être
limogé
de
son
poste.
Il
se
consacra
à
diffuser
cette
vérité
si
importante,
base
de
l’adventisme,
et
fut
invité
entre
autre
à
tenir
une
semaine
d’études
dans
un
temple
protestant
du
midi
de
la
France
–
100
personnes
environ
y
assistèrent.
Ce
devait
être
en
été
1974.
Son
ouvrage
«
le
sanctuaire
purifié
»
avait
été
préfacé
par
Alfred
Vaucher,
dont
on
ne
peut
suspecter
la
conformité
au
message
adventiste
authentique.
Lors
de
la
parution
du
livre
de
Jarnes
aux
U.S.A.,
il
reçut
un
courrier
volumineux
dont
nous
avons
extrait
cette
lettre
qui
reflète
quand
même
la
pensée
profonde
de
bon
nombre
de
membres.
Cher
Pasteur
Jarnes,
La
lecture
émouvante
de
votre
nouveau
libre
«
Le
sanctuaire
purifié
»
fut
pour
moi
une
bénédiction.
Le
titre
est
tout
à
fait
approprié,
car
celui
qui
lit
ce
livre
est
fortifié
dans
son
amour
et
sa
compréhension
du
grand
message
du
sanctuaire
sur
lequel
est
fondé
notre
mouvement
adventiste.
Je
ne
sais
comment
la
lumière
de
cette
grande
vérité
a
vacillé,
comme
elle
est
devenue
très
faible
dans
la
vie
de
l’adventisme
ces
dernières
années.
Elle
était
le
thème
essentiel
de
nos
pionniers.
Des
hommes
comme
Edson,
Crosier,
White,
Haskell,
Waggoner,
Hones,
Gilbert
et
Andreasen
exposèrent
cette
grande
vérité
dans
leurs
écrits,
affermissant
solidement
le
peuple
de
Dieu.
Quel
dommage
qu’au
cours
de
ces
dernières
années
aucun
de
nos
pasteurs
n’ait
écrit
de
livre
sur
le
sanctuaire
!
À
part
les
volumes
de
l’Esprit
de
prophétie,
il
est
difficile
de
trouver
parmi
nos
publications,
des
livres
exposant
avec
profondeur
cette
vérité.
Loué
soit
Dieu
de
vous
avoir
poussé
à
écrire
sur
cet
important
sujet
de
vous
avoir
donné
de
saisir
la
réalité
des
services
symboliques,
si
pleins
de
signification.
Dans
le
passé,
le
sanctuaire
et
ses
services,
quoique
suscitant
beaucoup
d’intérêt,
ont
eu
peu
d’influence
sur
la
vie
des
chrétiens.
Je
prie
pour
que
le
Saint-‐Esprit
bénisse
le
message
de
votre
livre,
et
que
le
sanctuaire
soit
rétabli
à
sa
juste
place
dans
la
pensée
des
enfants
de
Dieu.
Au
début
du
mouvement
adventiste,
les
grandes
vérités
qui
firent
de
nous
un
peuple
furent
établies
par
des
discussions
ouvertes
;
de
profondes
divergences
d’opinions
se
manifestèrent
entre
les
frères.
Malgré
elles,
chacun
considérait
l’autre
comme
un
chrétien
sincère.
Alors
qu’ils
continuaient
d’étudier,
Dieu
leur
révéla
la
vérité
et
la
confirma
par
l’Esprit
de
prophétie.
Grâces
soient
rendues
à
Dieu,
les
hommes
qui
avaient
pris
des
positions
erronées
sur
certains
points
furent
assez
humbles
pour
reconnaître
leurs
erreurs
et
changer
d’opinion.
Puisse
ce
même
esprit
d’amour
et
de
recherche
de
la
vérité
régner
aujourd’hui
!
16
Dans
votre
livre,
vous
déclarez
votre
désaccord
avec
certains
de
vos
frères
sur
des
points
de
doctrine
;
mais
vous
n’essayer
pas
de
jeter
sur
eux
le
discrédit,
et
ne
mettez
pas
en
question
leur
sincérité
de
chrétiens.
Ces
frères
ont
écrit
leurs
convictions
comme
vous
avez
écrit
les
vôtres.
Puisse
Dieu
humilier
les
cœurs,
afin
que
tous
examinent
avec
bonne
volonté,
à
la
lumière
de
la
loi
et
du
témoignage,
les
positions
exprimées
par
votre
livre.
Alors,
sans
avoir
égard
à
nos
conceptions
passées,
nous
pourrons
accepter
avec
confiance
l’interprétation
correcte,
telle
que
le
Saint-‐Esprit
nous
la
révèlera.
La
citation
suivante
est
des
plus
appropriées
:
‘Ceux
qui
cherchent
à
comprendre
la
Parole
de
Dieu,
devraient
manifester
la
grâce
de
Christ
lorsqu’ils
soulèvent
des
points
de
doctrine
au
sujet
desquels
il
peut
y
avoir
différence
d’opinion.
La
liberté
pour
une
recherche
sincère
et
la
vérité
devrait
être
donnée,
afin
que
chacun
puisse
connaître
pour
lui-‐même
ce
qui
est
la
vérité…
‘Des
connaissances
précieuses
rayonneront
de
la
Parole
de
Dieu,
et
ne
laissez
personne
éteindre
l’Esprit
Saint
en
prenant
la
liberté
de
dicter
quelles
lumières,
parmi
celles
envoyées
par
Dieu,
doivent
être
annoncées
à
son
peuple.
Personne
n’a
le
droit,
en
vertu
de
sa
position
ou
de
son
autorité,
de
priver
le
peuple
de
Dieu
de
la
lumière.’
Counsels
on
Sabbath
School
Works,
pp.
27,
28.
Si
peu
parmi
nous
comprennent
réellement
notre
doctrine
du
sanctuaire
et
ses
vérités
connexes,
j’en
suis
profondément
peiné.
C’est
l’un
de
nos
enseignements
le
plus
fréquemment
attaqué
par
les
autres
groupements
religieux.
Combien
parmi
nos
frères
et
parmi
nos
pasteurs
pourraient
exposer
clairement
cette
vérité
?
Notre
peuple
doit
être
encouragé,
stimulé
à
étudier
ces
grands
sujets,
et
enseigné
à
les
expliquer.
«
…
Le
temps
viendra
où
nous
serons
conduits
devant
les
tribunaux
et
devant
des
milliers
à
cause
du
nom
de
Jésus
et
chacun
de
nous
devra
rendre
raison
de
sa
foi.
Chacun
des
points
de
la
vérité
acceptés
par
nous
sera
alors
sévèrement
critiqué.
Nous
avons
donc
besoin
d’étudier
la
Parole
de
Dieu,
pour
connaître
véritablement,
et
non
superficiellement
les
doctrines
que
nous
soutenons.
»
Review
and
Herald,
18
décembre
1888.
Je
demande
à
Dieu
qu’Il
pousse
nos
frères
dirigeants
et
nos
membres
d’église,
partout
dans
le
monde,
à
étudier
le
message
de
ce
livre
et
à
lui
donner
une
large
diffusion.
S’ils
trouvent
erronée
l’interprétation
de
certains
points,
ceux-‐ci
devraient
être
ouvertement
et
loyalement
discutés.
Et
chacun
de
nous
devrait
accepter
de
corriger
ses
enseignements
lorsque
la
Parole
de
Dieu
les
déclare
erronés.
À
la
lecture
de
ce
livre,
Jésus
a
été
exalté,
je
dois
en
rendre
témoignage,
et
j’ai
acquis
une
compréhension
plus
grade
de
son
œuvre
dans
le
lieu
très
saint.
Ma
foi
en
Jésus
et
en
sa
puissance
pour
accomplir
en
nous
ses
promesses
s’est
plus
que
jamais
affermie.
De
plus,
ce
livre
a
fortifié
ma
confiance
dans
le
mouvement
adventiste
et
dans
le
fondement
inébranlable
qu’est
pour
celui-‐ci
le
message
du
troisième
ange.
Ce
livre
a
redoublé
ma
détermination
à
délivrer
ce
message
si
précieux,
à
tout
peuple
et
à
toute
nation.
Il
m’a
poussé
à
désirer
plus
intensément
d’être
uni
en
Christ
à
nos
frères
;
mais
il
m’a
fait
comprendre
que
l’unité
véritable
se
fera
seulement
lorsque
nous
serons
tous
assemblés
dans
le
sanctuaire
céleste,
par
la
foi,
recherchant
l’unité
parfait
en
Christ
dans
le
lieu
très
saint,
suivant
«
l’agneau
partout
où
il
va
».
17
Ma
prière
pour
tous
ceux
qui
étudieront
ce
livre,
c’est
qu’ils
acquièrent
une
vision
nouvelle
du
«
fondement
et
de
la
colonne
centrale
»
de
notre
foi
adventiste
».
L’auteur
de
cette
lettre
en
a
autorisé
la
publication.
Ce
fut
à
cette
époque
qu’on
traduisit
et
publia
à
Dammarie
«
Jésus-‐Christ
notre
justice
»
de
frère
Daniells,
espérant
ainsi
calmer
les
mécontents.
Que
ce
soit
par
conviction
ou
par
opportunisme,
plusieurs
dirigeants
de
l’époque,
en
France,
prirent
le
parti
d’abandonner
les
convictions
adventistes
de
base
pour
se
contenter
de
suivre
les
directives
de
la
Conférence
Générale.
Au
sein
des
trahisons,
des
capitulations,
des
prises
de
position
conformistes
et
opportunistes,
Dieu
restait
à
la
barre
et
conduisait
Son
œuvre.
J’en
ai
eu
maintes
fois
la
preuve
et
je
considère
comme
mon
devoir
d’en
témoigner.
Revirement
doctrinal
de
R.D.
Brinsmead.
La
phase
constructive
du
Mouvement
Brinsmead
allait
évoluer
d’une
manière
inattendue.
Nous
avons
dit
qu’il
y
avait
de
nombreuses
publications
en
anglais.
Celle
qui
portait
comme
titre
«
Review
of
the
awaking
Message
»
entrait
souvent
en
conflit
avec
des
auteurs
bien
connus
plus
ou
moins
mandatés
par
la
Conférence
Générale
pour
neutraliser
ses
articles
par
tous
les
moyens
possibles
;
livres,
éditoriaux,
etc.
…
Cette
guerre
entre
David
et
Goliath
ne
pouvait
pas
durer.
Pour
ne
pas
perdre
la
face
après
la
publication
de
Questions
on
Doctrine,
l’œuvre
officielle
en
Australie
d‘abord,
essaya
de
tempérer
si
ce
n’est
d’arrêter
l’activité
de
ce
groupe
uni
autour
de
Brinsmead.
Se
voyant
dans
l’impossibilité
de
le
convaincre
de
se
taire,
ils
déléguèrent
un
de
ses
meilleurs
amis
d’étude
pour
essayer
de
lui
parler
et
de
le
convaincre
de
ses
erreurs.
Le
nom
de
celui-‐ci
est
devenu
célèbre
dans
nos
milieux-‐
hélas
!
Il
s’agissait
de
Desmond
Ford.
Il
se
sentit
investi
d’une
mission
de
temporisation
auprès
de
Brinsmead
et,
pour
faire
bonne
mesure,
il
prit
le
contre-‐pied
de
ses
opinions
en
présentant
à
celui-‐ci
les
thèses
des
Réformateurs
sur
la
justification
par
la
foi
et
l’expiation.
Au
lieu
de
rester
dans
un
juste
milieu,
il
pencha
de
l’autre
côté
de
la
crête
et
devint
un
admirateur
de
Luther
et
Calvin,
perdant
de
vue
le
fait
que
la
connaissance
devant
augmenter
à
la
fin
des
temps,
ils
ne
la
possédaient
pas
complètement
aux
17ème
et
18ème
siècles,
car
ils
n’avaient
pas
compris
le
ministère
final
de
Christ
dans
le
sanctuaire
qui
n’a
été
révélé
qu’en
1844.
Brinsmead
remplaça
les
ouvrages
d’Ellen
White
par
ceux
de
Luther
pour
ses
méditations
quotidiennes.
Et
cela
est
allé
si
loin
que
ses
conceptions
théologiques
furent
complètement
retournées
sens
dessus
dessous.
Avec
son
ami
Desmond
Ford,
il
étudia
si
bien
le
point
de
vue
des
Réformateurs
et
en
parla
autour
de
lui,
de
telle
sorte
que
les
dirigeants
d’Australie
prirent
peur,
voyant
que
cela
«
allait
trop
loin
».
Ils
décidèrent
d’envoyer
Desmond
Ford
aux
Etats-‐Unis
pour
le
retremper
dans
une
conception
plus
adventiste,
mais…
il
était
trop
tard
et
c’est
lui
qui
gagna
de
nombreux
étudiants
des
collèges
américains
à
une
conception
«
protestante
»
des
questions
en
litige.
Il
y
eut
ainsi
vers
les
années
70-‐83
de
nombreuses
désertions
parmi
les
futurs
pasteurs
et
beaucoup
de
pasteurs
déjà
en
fonction
quittèrent
notre
église
(plusieurs
centaines
aux
USA).
Ce
désastre
nous
fut
confirmé
personnellement
par
une
rencontre
que
nous
fîmes
à
Collonges
en
1982.
Nous
nous
étions
rendus
à
un
18
symposium
destiné
à
renforcer
la
confiance
dans
les
écrits
de
l’Esprit
de
prophétie.
L’un
des
instructeur
que
mon
mari
avait
connu
en
mission
en
Afrique
dans
les
années
50
lui
expliqua
dans
une
conversation
particulière
que
les
théories
avancées
par
Desmond
Ford
pour
combattre
Brinsmead
avait
fait
du
chemin
dans
les
universités
américaines.
En
deux
ans,
plus
de
400
pasteurs
adventistes
avaient
quitté
la
Dénomination
en
Amérique
du
Nord
sous
l’influence
de
ces
nouvelles
théories.
Beaucoup
de
pasteurs
présents
à
cette
rencontre,
y
compris
des
présidents
d’Unions
et
de
Fédérations,
«
remettaient
tout
en
question
».
L’un
d’entre
eux
me
dit
:
«
Je
pense
que
si
Maurice
Tièche
vivait
maintenant,
il
n’écrirait
plus
le
livre
«
l’esprit
de
prophétie
et
ses
enseignements
».
Bien
sûr,
je
ne
partageais
pas
son
avis,
car
je
savais
Maurice
Tièche
lecteur
assidu
et
quotidien
des
ouvrages
d’Ellen
White.
Pendant
des
années
il
avait
donné
à
Collonges
le
cours
sur
l’Esprit
de
prophétie
et
le
livre
Éducation.
Ce
demi-‐tour
théologique
allait
donner
lieu
à
une
nouvelle
«
floraison
»
de
publications
aussi
bien
outre-‐Atlantique
qu’en
France,
sans
compter
les
thèses
des
futurs
pasteurs
et
les
innombrables
articles
dans
nos
revues
officielles,
prenant
position
pour
l’une
ou
l’autre
des
opinions
en
présence,
essentiellement
concernant
la
justification
par
la
foi
et
la
perfection.
En
France
parurent
plusieurs
numéros
d’une
revue
«
La
Bonne
Nouvelle
du
jugement
»
publiant
essentiellement
des
études
de
frère
Marsh,
australien,
ami
de
Brinsmead
qui
donna
une
série
d’études
notamment
chez
un
frère
habitant
la
haute
Savoie.
Et
plus
tard
parut
une
revue
éditée
en
Suisse,
CHRIST
NOTRE
JUSTICE
qui
penchait
sérieusement
pour
les
idées
de
Desmond
Ford,
donc
pour
les
conceptions
des
Réformateurs.
Ceux
qui
avaient
«
suivi
»
Robert
Brinsmead,
lors
de
ses
premiers
exposés
et
l’avaient
en
quelque
sort
pris
pour
un
directeur
de
conscience,
un
«
revivaliste
»,
n’hésitèrent
pas
à
lui
emboîter
le
pas
lorsqu’il
changea
de
camp.
C’est
ainsi
qu’il
y
eut
des
«
repentances
»
dans
tous
les
pays
concernés.
En
France,
le
frère
qui
avait
été
à
l’origine
des
rencontres
avec
Brinsmead
et
avait
préparé
la
brochure
dont
nous
parlions
plus
haut,
écrivit
plusieurs
lettres
aux
dirigeants
pour
les
informer
de
son
revirement
et
les
convaincre
qu’il
était
de
nouveau
en
harmonie
doctrinale
avec
eux
Plusieurs
des
frères
et
sœurs
qui
avaient
écouté
Brinsmead
avec
un
grand
intérêt
étaient
issus
d’églises
protestantes
avant
de
devenir
adventiste.
Et
ils
retournèrent
bien
volontiers
à
leurs
anciennes
croyances
!
Le
petit
troupeau
fut
dispersé
comme
par
un
vent
de
panique
et
les
documents
enfermés
dans
les
placards.
Combien
il
importe
dans
de
telles
situations
de
savoir
sur
quoi
appuyer
sa
foi
personnelle
et
de
ne
pas
se
laisser
déstabiliser
par
des
courants
contraires.
Nous
avons
à
disposition
tout
ce
qui
est
nécessaire
pour
n’avoir
aucune
hésitation
en
ce
qui
concerne
la
vérité.
Encore
faut-‐il
que
nous
possédions
«
l’amour
de
la
vérité
pour
être
sauvés
».
Personne
ni
aucune
circonstance
ne
devrait
être
capable
de
nous
faire
dévier
si
nous
nous
appuyons
sur
le
Seigneur
et
non
sur
les
hommes.
Comment
ce
demi-‐tour
de
Brinsmead
fut-‐il
considéré
par
les
dirigeants
?
Aussi
étonnant
que
celui
puisse
paraître,
la
conférence
Générale
jugea
sa
seconde
position,
alors
qu’il
semblait
bien
aller
dans
le
sens
du
livre
Questions
on
Doctrine,
abandonnant
certaines
doctrines
de
base.
Tous
ces
conflits
théologiques
divisèrent
littéralement
l’église
en
deux
camps.
19
Avec
le
recul,
on
comprend
fort
bien
que
le
Seigneur
ne
pouvait
soutenir
des
croyants
qui
n’étaient
pas
«
fermes
dans
leurs
sentiments
»,
et
étaient
prêts
à
renier
aujourd’hui
ce
qu’ils
avaient
défendu
hier
avec
tant
d’acharnement.
La
plupart
des
instruments
de
ce
réveil
passager
se
perdirent
de
vue
les
uns
les
autres,
certains
furent
radiés
de
l’église,
d’autres
restaient
dans
l’attente,
déplorant
la
tournure
des
évènements.
Je
citerai
un
cas
qui
révèle
à
quelle
tension
furent
soumis
certains
membres
qui
ne
savaient
plus
où
se
tourner
pour
être
dans
le
bon
chemin.
Voici
une
lettre
écrite
–
et
publiée
–
par
un
frère
qui
avait
«
suivie
»
Brinsmead
dans
ses
deux
positions
successives,
et
qui
–
finalement
–
au
bout
de
plusieurs
années
comprit
son
erreur
et
retrouva
l’équilibre
en
matière
de
foi.
«
Afin
qu’il
ne
subsiste
aucune
équivoque
quant
à
notre
position
concernant
le
message
du
sanctuaire
qui
retentit
au
sein
de
l’église
adventiste
du
septième
jour,
nous
voudrions
énumérer
ici
nos
convictions
:
1. Nous
croyons
que
l’Église
adventiste
du
septième
jour
est
l’Église
du
reste
dont
il
est
question
dans
l’Apocalypse.
2. Nous
croyons
que
l’heure
du
jugement
de
Dieu
est
venue
et
que
le
jugement
des
vivants
doit
bientôt
commencer
par
la
maison
de
Dieu.
L’Église,
par
conséquent,
doit
se
préparer
sérieusement
pour
cet
événement.
3. Nous
croyons
que
par
le
témoignage
direct
de
l’Esprit
de
prophétie
et
par
le
message
de
Réveil,
Dieu
accorde
à
son
peuple
la
grâce
de
le
visiter
en
ces
jours
de
péril,
afin
de
diriger
son
attention
vers
Jésus
et
son
ministère
dans
le
lieu
très-‐
saint
du
sanctuaire
céleste.
Grâce
à
cette
intercession,
nous
pourrons
obtenir
la
réconciliation
finale.
Cette
œuvre
spéciale
de
Christ
consiste
à
effacer
le
péché
en
nous
aussi
bien
que
des
registres
célestes.
Ceux
qui
participeront
avec
Christ
à
cette
œuvre
de
purification
finale
recevront
le
sceau
de
Dieu
et
la
plénitude
du
Saint-‐Esprit
qui
leur
permettra
de
faire
retentir
le
grand
cri
d’Apocalypse
18.
4. Nous
croyons
que
nous
entrons
dans
la
période
du
crible
prédit
par
les
anciens
prophètes.
Ce
n’est
qu’en
acceptant
de
marcher
à
la
lumière
de
la
vérité
présente,
en
acceptant
de
nous
repentir
comme
il
fallait
le
faire
au
grand
jour
des
expiations
que
nous
pourrons
obtenir
la
protection
de
Christ.
Chaque
croyant
sincère
est
personnellement
concerné
et
doit
être
en
sympathie
avec
son
Sauveur
qui
commence
cette
œuvre
de
purification
spéciale
à
l’heure
du
jugement.
Ce
n’est
qu’en
coopérant
avec
lui
à
la
purification
du
sanctuaire
que
nous
pourrons
libérer
Jésus
de
son
ministère
de
Souverain
Sacrificateur
et
lui
permettre
enfin
de
revêtir
ses
habits
royaux,
en
vue
de
son
retour
en
gloire.
Nous
ne
devons
pas
laisser
le
Sauveur
souffrir
davantage,
mais
nous
devons
lui
donner
la
possibilité
de
révéler
au
monde
la
gloire
du
caractère
de
son
Père
à
travers
un
peuple
parfait
(Voir
Joël
2
:
15-‐19,
25-‐28
;
Témoignages,
vol.
1,
pp.
64-‐68
;
Zacharie
3
:
1-‐5
;
Témoignages,
vol.
2
pp.
208-‐212
;
Malachie
3
:
1-‐4
;
Tragédie
des
Siècles,
pp.
160-‐
162
;
Daniel
8
:
14
;
Lévitique
16-‐30
;
Actes
3
-‐19).
5. Nous
croyons
que
le
peuple
de
Dieu
a
besoin
d’entendre
aujourd’hui
«
le
son
de
la
trompette
»,
l’appel
au
sanctuaire.
Le
plan
de
Satan
est
précisément
de
diriger
les
esprits
des
membres
de
l’église
ailleurs,
alors
que
cette
question
concerne
leur
destinée
éternelle.
Nous
regrettons
que
notre
prise
de
position
risque
de
vous
attrister,
cher
frère
Naden,
mais
nous
sentons
que
c’est
pour
nous
une
question
de
vie
ou
de
mort
:
Nous
20
sommes
poussés
à
exprimer
notre
repentance
et
à
reconnaître
notre
erreur
d’il
y
a
neuf
ans
»
?
Perplexité
bien
compréhensible
de
G.
Paston.
L’auteur
du
livre
«
Adventisme
et
Justification
»,
Geoffrey
Paxton,
enregistra
ces
différents
remous
de
la
théologie
adventiste
avec
inquiétude.
Pour
lui,
le
«
progrès
»
aurait
été
uniquement
de
rejoindre
la
doctrine
des
Réformateurs.
Ceux-‐ci
ont
accompli
le
plan
de
Dieu
pour
leur
époque,
souvent
au
prix
de
leur
liberté,
parfois
au
prix
de
leur
vie
ici-‐bas.
Se
détachant
des
conceptions
«
romaines
»,
ils
avaient
fait
un
grand
pas
vers
la
vérité,
mais
n’avaient
pas
atteint
le
but.
Notamment,
ils
ne
pouvaient
comprendre
pleinement
le
sacrifice
de
Christ,
qui
avait
pris
une
nature
comme
la
nôtre,
et
mourut
pour
chacun
de
nous
de
la
seconde
mort
-‐
l’âme
n’étant
pas
immortelle.
En
conséquence,
Paxton
fut
enthousiasme
pour
la
position
de
Desmond
Ford
et
déplora
les
mesures
prises
à
son
égard.
Voici
un
extrait
de
son
livre
qu’on
pourrait
commenter
en
disant
«
Paxton
n’est
pas
le
seul
à
avoir
été
étonné
de
ces
prises
de
position
contradictoires.
»
En
février
76,
à
Avondale,
le
pasteur
Besham
déclarait
:
«
Quelle
était
la
motivation
des
dirigeants
de
l’Église
dans
les
années
60
lorsqu’ils
approuvaient
l’enseignement
d’Heppenstall
et
de
Ford
?
Pourquoi
cet
enseignement
a-‐t-‐
il
été
abandonné
?
On
peu
se
poser
la
question
de
savoir
pourquoi
les
dirigeants
de
l’Église
prêchent
maintenant
le
perfectionnisme
qui
était
précédemment
celui
de
Brinsmead,
à
savoir
la
nécessité
d’une
dernière
génération
absolument
parfaite,
depuis
que
Brinsmead
s’est
rallié
à
l’anti-‐perfectionnisme
préconisé
par
les
dirigeants
dans
les
années
60.
Qu’est-‐ce
qui
a
poussé
les
dirigeants
à
adopter
la
position
de
Brinsmead
?
Essayer
de
répondre
à
ces
questions
pourrait
nous
entraîner
au-‐delà
de
notre
propos.
Nous
nous
contenterons
simplement
de
constater
ces
revirements
pour
le
moins
étranges.
«
Les
années
70
constituent
une
décennie
où
deux
théologies
antithétiques
coexistent
dans
l’église
adventiste.
D’une
manière
où
d’une
autre,
la
théologie
de
Brinsmead
a
toujours
produit
un
écho
au
sein
de
l’adventisme,
surtout
dans
les
années
60.
Mais
dans
les
années
70,
grâce
à
une
meilleure
compréhension
de
la
justification
par
la
foi
et
une
meilleure
définition
de
la
nature
du
perfectionnisme,
elle
s’est
purifiée
des
éléments
hétérogènes
qui
la
dénaturaient.
Il
en
est
de
même
pour
la
théologie
des
dirigeants
de
l’église
adventiste.
«
Donc,
dans
la
décennie
commençant
en
1970
se
constituent
deux
pôles
d’attractions
antithétiques
concurrents,
luttant
chacun
pour
obtenir
l’adhésion
des
membres
d’église.
Nous
avons
dit
que
la
relation
entre
ces
deux
théologies
est
actuellement
très
différente
de
ce
qu’elle
était
au
cours
des
deux
décennies
précédant
1970.
La
prédication
actuelle
de
Brinsmead,
tant
à
l’usage
externe
qu’interne
à
l’église
adventiste,
est
en
harmonie
avec
les
acquis
dans
les
domaines
de
la
christologie
au
cours
des
années
50
et
avec
les
acquis
de
sotériologie
dans
les
années
60.
En
revanche,
la
21
théologie
développée
par
la
Review
and
Herald
à
partir
de
son
numéro
spécial
se
voit
dans
l’obligation
de
court-‐circuiter
vingt
années
de
progrès
théologiques
de
l’église
adventiste.
Elle
se
débarrasse
d’un
large
coup
de
balai
à
la
fois
des
acquis
christologiques
des
années
50
et
des
acquis
sotériologiques
des
années
60.
Ainsi,
comme
nous
le
verrons,
le
Dr
Herbert
Douglass
tente
de
prouver
que
le
livre
Question
on
Doctrine
est,
comme
M.L.
Andreasen
l’avait
qualifié,
un
odieux
traité
hérétique.
Et
les
éditorialistes
de
la
Review
and
Herald
de
rejeter
explicitement
la
doctrine
du
péché
originel
et
de
manifester
leur
désaccord
avec
l’anti-‐perfectionnisme
qu’un
nombre
croissant
de
partisans
proclame.
»
Autrement
dit,
alors
que
la
théologie
de
Brinsmead
faisait
marche
arrière
et
se
déclarait
d’accord
avec
les
évangéliques,
la
conférence
Générale
faisait
aussi
un
retour
en
arrière
pour
se
débarrasser
des
compromis
consentis
en
1956
et
revenir
aux
vues
adventistes
traditionnelles.
Le
désaccord
subsistait
mais
chacune
des
parties
avait
changé
de
camp
!
«
La
redécouverte
de
l’Évangile
par
un
homme
tel
que
Brinsmead
et
son
expression
dans
la
revue
Present
Truth
amena
Ford
à
tirer
toutes
les
conséquences
de
sa
conception
de
la
justification
par
le
foi
seule.
Donc,
Basham
ne
rend
pas
justice
à
la
position
du
professeur
d’Avondale
lorsqu’il
affirme
:
‘Il
faut
s’opposer
avec
une
détermination
inébranlable
à
un
tel
abandon
(c’est-‐à-‐dire
à
la
théologie
de
Ford)
de
la
foi
qui
a
été
transmise
aux
saints
une
fois
pour
toutes’.
Dans
ses
articles
principaux
en
tout
cas,
l’enseignement
de
Ford
avait
été
transmis
aux
saints
par
les
dirigeants
de
l’Église
dans
le
livre
Questions
on
Doctrine
et
dans
leur
polémique
contre
Brinsmead
dans
les
années
60.
»
En
avril
1976
se
réunissaient
à
Palmdale
en
Californie
des
théologiens
et
des
administrateurs
pour
déterminer
laquelle
des
deux
positions
en
présence
était
vraiment
adventiste.
Mais
la
confusion
demeura.
«
La
conférence
de
Palmdale
fut
caractérisée
par
un
désaccord
concernant
la
nature
humaine
de
Christ
et
la
signification
de
la
justice
qui
s’obtient
par
la
foi.
Cependant
Desmond
Ford
retourna
en
Australie
convaincu
de
l’adhésion
de
la
conférence
à
la
position
biblique,
à
savoir
:
la
justice
qui
s’obtient
par
la
foi
se
rapporte
exclusivement
à
la
justification.
De
leur
côté,
certains
délégués
d’Amérique
du
Nord
s’en
retournèrent
chez
eux
tout
aussi
convaincus
qu’à
Palmdale
la
position
adventiste
traditionnelle
sur
la
justice
qui
s’obtient
par
la
foi
avait
été
réaffirmée.
»
Pour
Ford,
une
concession
majeure
avait
eu
lieu
à
Palmdale,
à
savoir
que
la
justice
qui
s’obtient
par
la
foi
concerne
seulement
la
justification.
C’était
une
première
dans
l’histoire
adventiste.
«
L’élément
nouveau
dans
la
perception
adventiste
de
l’Évangile
dans
les
années
70
est
l’éclatement
de
la
synthèse
de
la
justification
par
la
foi
et
de
la
sanctification
dans
la
définition
de
la
justice
qui
s’obtient
par
la
foi.
C’est
la
première
fois
que
cette
rupture
se
produit
dans
l’adventisme.
Et
là
où
cela
se
produit,
il
y
a
un
retour
radical
à
l’Évangile
cher
aux
Réformateurs.
22
«
Lors
du
conflit
entre
les
dirigeants
et
Robert
Brinsmead
dans
les
années
60,
ils
eurent
recours
aux
docteur
Heppenstall
et
Ford
pour
organiser
l’opposition
contre
Brinsmead.
Lorsque,
dans
les
années
70,
Brinsmead
se
laissa
convertir
à
la
position
défendue
par
Heppenstall
et
Ford,
on
aurait
pu
s’attendre
à
voir
les
dirigeants
se
réjouir.
Or,
la
réalité
quasi
incompréhensible
est
qu’ils
se
sont
ralliés
à
des
conceptions
doctrinales
que
Brinsmead
venait
d’abandonner
!
Il
suffit
de
lire
la
Review
and
Herald
pour
s’en
rendre
compte.
De
plus,
ils
ont
fait
subir
à
Desmond
Ford,
instrument
puissant
auquel
ils
ne
voient
plus
d’utilité,
des
pressions
intolérables.
Voici
en
fait
ce
que
je
veux
faire
apparaître
:
les
dirigeants
de
l’Église
n’ont
pas
reconnu
officiellement
avoir
changé
leur
position
doctrinale.
Ils
embrassent
aujourd’hui
ce
qu’ils
ont
combattu
hier,
mais
ils
ne
le
reconnaissent
pas.
Les
dirigeants
de
l’Église
n’ont
pas
reconnu
officiellement
avoir
changé
leur
position
doctrinale.
Ils
embrassent
aujourd’hui
ce
qu’ils
ont
combattu
hier,
mais
ils
ne
le
reconnaissent
pas.
Les
dirigeants
de
l’Église
sont-‐ils
donc
incapables
de
se
repentir
sincèrement
?
Comment
le
message
authentique
de
1888
a
été
introduit
en
France.
Mais
le
Seigneur
veillait.
C’est
Son
œuvre,
ce
n’est
pas
la
nôtre.
Et
il
Lui
importe
au
plus
haut
point
de
la
mener
à
bonne
fin.
Qu’on
me
pardonne
de
relater
ici
une
succession
de
fait
prouvant
comment
le
Seigneur
peut
agir.
Ayant
conservé
un
certain
stock
de
revues
en
français
«
Prépare-‐Toi
»,
je
reçus
à
plusieurs
reprises
des
demandes
personnelles
de
frères
et
sœurs,
désirant
en
posséder
quelques
exemplaires.
Vint
un
moment
où
j’en
manquai.
C’est
alors
que
je
reçus
un
appel
d’étudiants
en
théologie
qui
en
désiraient
concernant
le
sanctuaire.
Je
ne
pouvais
plus
satisfaire
à
leur
demande,
et
ils
m’ont
suggéré
de
préparer
à
leur
intention
un
récapitulatif
de
ce
que
je
connaissais
sur
le
sanctuaire,
estimant
qu’on
ne
leur
en
parlait
pas
assez
dans
leurs
études
régulières.
Je
ne
me
fis
pas
prier,
et
préparai
immédiatement
une
trentaine
de
pages
que
je
leur
envoyai
en
40
exemplaires.
L’un
d’entre
eux
emmena
son
exemplaire
en
vacances
et
là
il
rencontra
un
pasteur
adventiste
de
la
«
vielle
école
»
auquel
il
le
fit
lire.
Reconnaissant
que
cet
écrit
reflétait
réellement
la
pensée
adventiste,
ce
pasteur
me
demanda
de
lui
en
envoyer
150
exemplaires
pour
les
distribuer
à
ses
collègues.
C’était
la
1ère
édition
de
«
La
nourriture
au
temps
convenable
».
Dans
le
même
temps
des
frères
de
Hollande
voulaient
mettre
au
point
en
français
un
ou
deux
ouvrages
concernant
nos
pionniers
et
le
message
de
1888.
Ils
cherchaient
une
personne
en
France
qui
aurait
pu
corriger
leur
traduction.
Par
le
fait
qu’un
des
ouvrages
de
Maurice
Tièche
dont
j’avais
réalisé
la
compilation
vers
les
années
60
se
trouvait
traduit
en
néerlandais
et
comportait
mon
nom
dans
la
préface,
il
s’adressèrent
à
moi
sans
me
connaître.
Tout
ce
qui
touche
à
notre
message
éveillant
mon
intérêt,
je
n’hésitai
pas
à
me
rendre
en
Belgique
pour
les
rencontrer.
Au
soir
d’une
journée
de
travail,
l’un
d’eux
ouvrit
sa
valise
avant
de
rentrer
chez
lui,
et
me
dit
incidemment,
en
y
prenant
un
livre
«
Est-‐ce
que
cela
vous
intéresse
?
Si
oui,
je
vous
le
donne
!
».
C’était
1888-‐
Réexaminé
édition
revue
et
augmentée
par
les
frères
Wieland
et
Short.
Je
dévorai
cet
ouvrage
pendant
une
partie
de
la
nuit.
En
rentrant
à
la
maison,
je
dis
à
mon
mari
:
23
«
Même
s’il
nous
fallait
vendre
tout
ce
que
nous
avons,
il
faut
traduire
ce
livre
et
l’éditer
en
français.
»
J’ignorais
d’ailleurs
que
les
auteurs
étaient
encore
en
vie.
J’appris
quelques
mois
plus
tarde
que
le
frère
Wieland
avait
été
invité
à
venir
en
Europe,
mais
qu’il
y
avait
eu
de
l’opposition.
1998
approchait,
date
du
centenaire
de
1888.
Nous
apprîmes
qu’une
rencontre
d’informations
était
organisée
aux
Etats-‐Unis
par
ceux
qui
connaissaient
ce
message.
À
quelques
jours
de
la
réunion,
il
se
produisit
trois
miracles
successifs
(concernant
le
passeport,
le
visa
et
la
place
d’avion)
pour
que
mon
mari
puisse
y
aller
et
établir
le
lien
avec
nos
frères
des
U.S.A.
Ce
fut
fait.
Et
vous
connaissez
la
suite
:
les
réunions
à
Vichy,
la
traduction
et
la
publications
des
livres.
Comment
ne
pas
y
voir
la
main
de
Dieu
qui,
sans
tenir
compte
de
notre
ignorance,
dirige
toutes
choses
pour
l’avancement
de
Son
œuvre
?
Et
maintenant,
nous
avons
eu
le
bonheur
de
comprendre,
souvent
avec
des
larmes
de
joie,
ce
qu’est
la
véritable
justification
par
la
foi.
Elle
est
beaucoup
plus
que
ce
que
croyaient
les
Réformateurs
qui
n’avaient
pas
encore
la
«
connaissance
»
dont
Daniel
déclare
qu’elle
doit
augmenter
à
la
fin
des
temps
;
elle
est,
bien
sûr,
très
différente
de
celle
enseignée
par
les
Catholiques
au
Concile
de
Trente.
Cette
justification
par
la
foi,
dont
Ellen
White
disait
que
«
pas
une
personne
sur
vingt
ne
la
comprend
vraiment
»
est
bien
expliquée
dans
quelques
ouvrages
que
nous
avons
édités.
En
particulier,
elle
est
examinée
et
commentée
dans
la
brochure
de
Jack
Sequeira
:
«
Comment
reconnaître
la
vérité
sur
la
justification
par
la
foi
?
».
Croire
en
une
déclaration
LEGALE
de
justice
acquise
pour
nous
à
la
croix
ne
suffit
pas.
Cela
peut
paraître
rassurant
à
certains,
mais
cela
ne
change
pas
le
cœur.
D’après
l’enseignement
du
Christ,
sans
la
nouvelle
naissance,
il
ne
peut
y
avoir
de
justification
effective.
Ce
n’est
pas
la
foi
qui
justifie
l’homme,
mais
la
vie
parfaite
de
Christ
livrée
pour
nous
à
la
croix.
La
foi
n’est
que
l’instrument,
la
main
par
laquelle
nous
recevons
la
vie
de
Christ
tandis
que
la
nouvelle
naissance
authentifie
cette
réception.
Pour
que
cette
vérité
ne
demeure
pas
seulement
objective,
il
faut
que
le
Saint-‐Esprit
accomplisse
son
œuvre
en
nous.
Or,
les
Réformateurs
voulaient
séparer
totalement
la
justification
et
la
sanctification,
alors
qu’elles
sont
intimement
mêlées.
Dans
le
livre
«
Le
meilleur
chemin
»,
il
est
écrit
que
la
justice
imputée
ET
la
justice
impartie
nous
qualifient
pour
le
ciel.
Le
point
central
de
l’Évangile
reste
toujours
la
foi
qui
justifie
mais
«
comme
le
corps
sans
l’esprit
est
mort,
ainsi
la
foi
sans
les
œuvres
est
morte
».
C’est
la
foi
agissante
par
l’amour.
On
accomplit
des
œuvres
non
POUR
être
sauvé,
mais
parce
qu’on
est
sauvé.
La
foi
elle-‐même
n’est-‐elle
pas
un
combat
contre
l’ambiance
où
nous
vivons
?
Ce
combat
se
perpétue
dans
la
sanctification.
«
Demeurez
en
Christ
»,
face
aux
tentations,
reste
une
lutte
constante.
Quand
le
pécheur
contemple
la
croix
et
saisit
partiellement
l’amplitude
du
sacrifice
consenti
pour
lui,
son
cœur
est
subjugué
et
la
foi
devient
une
réponse
d’amour
produisant
l’obéissance,
non
une
obéissance
contrainte,
mais
une
obéissance
libre
et
heureuse
à
la
loi
de
Dieu
qui
est
amour.
Jésus
ne
nous
a
pas
sauvé
de
l’abîme
du
péché,
du
«
bourbier
de
fange
»
dont
parle
le
cantique
pour
nous
laisser
au
bord
de
la
berge,
sales
et
impuissants.
Il
veut
nous
24
laver,
nous
purifier,
nous
revêtir
d’un
vêtement
blanc
pour
nous
préparer
aux
noces
de
l’Agneau.
Jésus
peut
et
veut
nous
sauver
parfaitement.
Cette
œuvre
appelée
«
sanctification
»
est
la
suite
logique
de
la
justification,
l’une
ne
va
pas
sans
l’autre.
La
purification
du
sanctuaire,
qui
est
au
cœur
du
message
adventiste
correspond
à
l’effacement
des
péchés
qui
prépare
les
«
temps
de
rafraîchissement
»
(pluie
de
l’arrière-‐
saison).
Ce
message
devait,
depuis
longtemps,
préparer
un
peuple
pour
la
translation.
Le
temps
a
duré
en
raison
de
notre
incrédulité.
Mais
le
but
reste
toujours
là,
car
il
concerne
l’honneur
de
Dieu
vis-‐à-‐vis
de
l’Univers
entier.
Satan
qui
a
voulu
démontrer
que
la
loi
de
Dieu
ne
pouvait
être
observée
sera
mis
en
échec
par
un
peuple
humble
et
petit,
mais
entièrement
consacré.
On
comprend
que
l’ennemi
fasse
tout
pour
que
cela
arrive
le
plus
tard
possible.
Conclusion
Il
est
bien
évident
que
nous
n’avons
pu,
en
ces
quelques
pages,
présenter
toutes
les
étapes
de
ce
combat
qui
dura
près
de
30
ans
et
impliqua
la
participation
de
nombreuses
personnes
:
écrivains,
professeurs,
membres
de
Comités
directeurs,
etc.
Pour
la
France,
c’est
intentionnellement
que
nous
n’avons
pas
cité
de
noms.
Aujourd’hui,
le
combat
continue
–
à
certains
égards,
il
devient
plus
intense
que
jamais
–
mais
le
Seigneur
nous
éclaire
par
ce
très
précieux
message
qui
apporte
à
tous
ceux
qui
l’acceptent
lumière
et
espérance.
Madeleine
VAYSSE.
25