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LE RÊVE

Le Rêve est un roman d’Emile Zola publié en 1888, , le seizième volume de la série Les Rougon-Macquart.


Zola y aborde le thème de la religion mais de façon beaucoup moins violente et polémique qu’il ne l’avait fait
dans La Conquête de Plassans ou La Faute de l’Abbé Mouret. Cette fois-ci, il s’intéresse à la foi populaire et
au renouveau du mysticisme dans la société française de la seconde moitié du XIXè siècle.
C’est un roman particulier dans l’œuvre romanesque de Zola puisqu’il émane d’une volonté de surprendre
le public. Il écrit à ce sujet :

« Je voudrais faire un livre qu’on n’attende pas de moi. »


Ébauche (stade de conception du roman), Émile Zola, 1887

Il est profondément imprégné de l’imaginaire du merveilleux et portée par énormément de références


symboliques, chères au Zola écrivain des Rougon-Macquart.

PRÉFACE:

Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d’êtres, se comporte dans une société, en
s’épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus, qui paraissent, au premier coup d’œil,
profondément dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres. L’hérédité a ses
lois, comme la pesanteur.
Je tâcherai de trouver et de suivre, en résolvant la double question des tempéraments et des milieux, le
fil qui conduit mathématiquement d’un homme à un autre homme. Et quand je tiendrai tous les fils, quand
j’aurai entre les mains tout un groupe social, je ferai voir ce groupe à l’œuvre, comme acteur d’une époque
historique, je le créerai agissant dans la complexité de ses efforts, j’analyserai à la fois la somme de volonté
de chacun de ses membres et la poussée générale de l’ensemble.
Les Rougon-Macquart, le groupe, la famille que je me propose d’étudier, a pour caractéristique le
débordement des appétits, le large soulèvement de notre âge, qui se rue aux jouissances.
Physiologiquement, ils sont la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une
race, à la suite d’une première lésion organique, et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des
individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations humaines,
naturelles et instinctives, dont les produits prennent les noms convenus de vertus et de vices.
Historiquement, ils partent du peuple, ils s’irradient dans toute la société contemporaine, ils montent à
toutes les situations, par cette impulsion essentiellement moderne que reçoivent les basses classes en
marche à travers le corps social, et ils racontent ainsi le second empire, à l’aide de leurs drames individuels,
du guet-apens du coup d’État à la trahison de Sedan.
Depuis trois années, je rassemblais les documents de ce grand ouvrage, et le présent volume était
même écrit, lorsque la chute des Bonaparte, dont j’avais besoin comme artiste, et que toujours je trouvais
fatalement au bout du drame, sans oser l’espérer si prochaine, est venue me donner le dénouement terrible
et nécessaire de mon œuvre. Celle-ci est, dès aujourd’hui, complète ; elle s’agite dans un cercle fini ; elle
devient le tableau d’un règne mort, d’une étrange époque de folie et de honte.
Cette œuvre, qui formera plusieurs épisodes, est donc, dans ma pensée, l’Histoire naturelle et sociale
d’une famille sous le second empire. Et le premier épisode : la Fortune des Rougon, doit s’appeler de son
titre scientifique : les Origines.

Emile Zola
La prefazione di Zola a La fortuna dei Rougon (1871)

Io voglio spiegare come una famiglia, un piccolo gruppo di persone, si comporta in una societ ,
sviluppandosi per dar vita a dieci, venti individui che, a prima vista, sembrano profondamente diversi, ma
che, analizzati, si rivelano intimamente connessi gli uni agli altri. Come in fisica la gravit , cos l’eredit ha
le sue leggi.
Cercher di scoprire e di seguire, tenendo conto della duplice azione dei temperamenti individuali e degli
ambienti sociali, il filo che conduce con certezza matematica da un uomo ad un altro uomo. E quando terr
in mano tutti i fili, quando avr studiato a fondo tutto un gruppo sociale, far vedere questo gruppo in
azione come forza motrice di un’epoca storica, lo raffigurer in tutta la complessit dei suoi sforzi,
analizzer , nello stesso tempo, la somma delle volont di ciascuno dei suoi membri e l’impulso generale
dell’insieme.
I Rougon-Macquart – il gruppo, la famiglia che mi propongo di studiare – ha, come tratto caratteristico,
l’eccesso degli appetiti, l’ampia tendenza ascensionale della nostra epoca che tende freneticamente al
piacere. Dal punto di vista fisiologico, si tratta del lento succedersi degli accidenti nervosi e sanguigni che si
rivelano in una stirpe, in conseguenza di un’originaria lesione organica, e che in ciascuno degli individui di
questa specie determinano, a seconda dei diversi ambienti, i sentimenti, i desideri, le passioni, tutte le
manifestazioni umane,naturali ed istintive, i cui prodotti si sogliono chiamare virt e vizi.Dal punto di vista
storico, questi individui partono dal popolo, s’irradiano in tutta la societ contemporanea, raggiungono
tutte le posizioni, in seguito a quell’impulso essenzialmente moderno che spinge le classi inferiori a salire
entro la societ , e costituiscono cos la storia del Secondo Impero come sintesi dei loro drammi individuali,
dal tranello del colpo di Stato fino al tradimento di Sedan.
Da tre anni a questa parte io raccoglievo i documenti per questa vasta opera, e il presente volume era gi
scritto, quando la caduta del Bonaparte, della quale avevo bisogno come scrittore, e che sempre, fatalmente,
io immaginavo come conclusione del dramma, senza osar di sperare che fosse cos vicina ad accadere,
sopraggiunta a porgermi lo scioglimento terribile e necessario della mia opera. Da oggi essa completa; si
muove entro un circolo chiuso; diviene la raffigurazione di un regno estinto, di un’epoca eccezionale di
follia e di vergogna.
Quest’opera, che comprender numerosi episodi, dunque, nella mia concezione, la storia naturale e
sociale d’una famiglia sotto il Secondo Impero. E il primo episodio, La fortuna dei Rougon, deve avere il
titolo scientifico Le origini.

RÉSUMÉ

L’histoire se déroule dans le Val-d’Oise, dans une ville appelée Baumont-sur-Oise (inspiré de Cambrai pour
décrire cette ville). La description de Beaumont-sur-Oise est précise, avec la ville haute ancienne et la ville
basse plus moderne. La ville est accessible par la gare du Nord. L’héroïne est Angélique Rougon, fille de
Sidonie Rougon et d’un père inconnu (elle est née quinze mois après le décès du mari de sa mère). Dès sa
naissance, elle a été placée par la sage-femme à l’Assistance publique, puis confiée à une nourrice dans la
Nièvre, à une fleuriste, et enfin aux Rabier, une famille de tanneurs qui la maltraitent. Une nuit de Noël, elle
décide de fuir les Rabier et est recueillie par un couple de brodeurs, les Hubert, qui l’ont découverte transie,
adossée à un pilier de la cathédrale de Beaumont. Cette famille très pieuse (ils confectionnent des broderies
pour les vêtements et ornements ecclésiastiques) vit dans une toute petite maison adossée à la cathédrale.
Angélique, qui est devenue la pupille des Hubert, montre beaucoup d’application et de goût pour la
broderie. En même temps elle lit, et découvre la Légende dorée de Jacques de Vorogine, un ouvrage qui va
changer sa vie d’adolescente. Elle s’identifie aux martyres, rêve d’avoir le même destin glorieux qu’elles,
guettant par la fenêtre l’apparition qui va changer sa vie.

Cette apparition se présente finalement sous la forme d’un charmant jeune homme, Félicien, peintre verrier
qu’elle identifie à saint Georges descendu de son vitrail. L’amour naît en eux, mais leurs familles s’opposent
à leur mariage : d’un côté, Hubertine Hubert, sa mère adoptive, qui s’est mariée malgré l’interdiction de sa






















mère et estime en avoir été punie par le fait qu’elle ne peut avoir d’enfant, ne veut pas d’un mariage dicté par
la passion ; même chose pour le père de Félicien, Monseigneur d’Hautecœur, évêque entré dans les ordres à
la suite du décès de sa femme. Finalement, voyant qu’Angélique se consume peu à peu devant cette
interdiction, les deux familles consentent au mariage. Mais Angélique meurt à la sortie de l’église, après
avoir donné à Félicien son premier et dernier baiser.

PERSONNAGES

Angélique Marie (l). — Fille non reconnue de Sidonie Rougon. Père inconnu. Elle est née à Paris, le 22
janvier 1851, quinze mois après la mort du mari de Sidonie. La sage-femme Foucart l’a déposée le 23 du
même mois aux Enfants-Assistés de la Seine; elle y a été inscrite sous le numéro matricule 1634 et, faute de
nom, a reçu les prénoms d’Angélique Marie. Le 25 janvier, l’enfant a été confiée à la nourrice Françoise
Hamelin, maman Nini, qui l’a emportée dans la Nièvre, où elle a grandi en pleine campagne, conduisant la
Rousse aux prés, marchant pieds nus, sur la route plate de Soulanges. Au bout de neuf ans, le 20 juin 1860,
comme il fallait lui apprendre un état, elle est passée aux mains d’une ouvrière fleuriste, Thérèse
Franchomme, née Rabier, cousine par alliance de maman Nini. Thérèse est morte six mois après chez son
frère, un tanneur établi à Beaumont, et Angélique Marie, affreusement traitée par les Rabier, s’est enfuie,
une nuit de décembre, le lendemain de Noël, emportant comme un trésor, cachant avec un soin jaloux le
seul bien qu’elle possédât, son livret d’enfant assisté ! Habillée de loques, la tête enveloppée d’un lambeau
de foulard, les pieds nus dans de gros souliers d’homme, elle a passé la nuit sous la neige, adossée à un pilier
de la cathédrale et serrée contre la statue de sainte Agnès, la Vierge martyre, fiancée à Jésus. Au matin, la
ville est couverte d’un grand linceul blanc, toutes les Saintes du portail sont vêtues de neige immaculée, et
l’enfant misérable, blanche de neige, elle aussi, raidie à croire qu’elle devient de pierre, ne se distingue plus
des grandes Vierges [4.].

Les Hubert la recueillent toute froide, d’une légèreté de petit oiseau tombé du nid [9]. C’est une gamine
blonde, avec des yeux couleur de violette, la face allongée, le col surtout très long, d’une élégance de lis sur
des épaules tombantes [5]. Son allure est celle d’un animal qui se réveille, pris au piège; il y a en elle un
orgueil impuissant, la passion d’être la plus forte [12], on la sent enragée de fierté souffrante, avec pourtant
des lèvres avides de caresses [17]. Elle va, pendant une année, déconcerter les Hubert par des sautes
brusques; après des journées d’application exemplaire à son nouveau métier de brodeuse, elle deviendra
tout à coup molle, sournoise, et, si on la gronde, elle éclatera en mauvaises réponses; certains jours, quand
on voudra la dompter, elle en arrivera à des crises de folie orgueilleuse, raidie, tapant des pieds et des mains,
prête à déchirer et à mordre. Mais ces affreuses scènes se terminent toujours par le même déluge de larmes,
la même exaltation de repentir, qui la jette sur le carreau, dans une telle soif de châtiment qu’il faut bien lui
pardonner [25]. C’est la lutte de l’hérédité et du milieu. Hubertine lui a enseigné le renoncement et
l’obéissance, qu’elle oppose à la passion et à l’orgueil. A chaque révolte, elle lui a infligé une pénitence,
quelque basse besogne de cuisine qui l’enrageait d’abord et finissait par la vaincre. Ce qui inquiète encore,
chez cette enfant, c’est l’élan et la violence de ses caresses, on la surprend se baisant les mains; elle
s’enfièvre pour des images, des petites gravures de sainteté qu’elle collectionne; elle s’énerve, les yeux fous,
les joues brûlantes.
Angélique est une Rougon, aux fougues héréditaires, et elle vit loin du monde, comme en un cloître où tout
conspire à l’apaiser. A l’heure de la première communion, elle a appris le mot à mot du catéchisme dans une
telle ardeur de foi qu’elle émerveillait tout le monde par la sûreté de sa mémoire. Elle adore la lecture. Le
livre qui achèvera de former son âme est la Légende dorée, de Jacques de Voragine, où d’abord les vieilles
images naïves l’ont ravie, et dont elle s’est accoutumée à déchiffrer le texte. La Légende l’a passionnée, avec
ses Saints et ses Saintes, aux aventures merveilleuses aussi belles que des romans, les miracles qu’ils
accomplissent, leurs faciles victoires sur Satan, les effroyables supplices des persécutions, subis le sourire
aux lèvres, un dégoût de la chair qui aiguise la douleur d’une volupté céleste, tant d’histoires captivantes où
les bêtes elles-mêmes ont leur place, le lion serviable, le loup frappé de contrition; elle ne vit plus que dans

ce monde tragique et triomphant du prodige, au pays surnaturel de toutes les vertus, récompensées de
toutes les joies [39]. Le livre lui a appris la charité; c’est un emportement de bonté, où elle se dépouille
d’abord de ses menues affaires, commence ensuite à piller la maison et se plaît à donner sans discernement,
la main ouverte. A quatorze ans, elle devient femme, et quand elle relit la Légende, ses oreilles bourdonnent,
le sang bal dans les petites veines bleues de ses tempes, elle s’est prise d’une tendresse fraternelle pour les
Vierges. Elisabeth de Hongrie lui devient un continuel enseignement; à chacune des révoltes de son
orgueil, lorsque la violence l’emporte, elle songe à ce modèle de douceur et de simplicité [43] et la
gardienne de son corps est la vierge-enfant, Sainte Agnès [45].
A quinze ans, Angélique est ainsi une adorable fille; elle a grandi sans devenir fluette, le cou et les épaules
toujours d’une grâce fière, la gorge ronde, la taille souple : et gaie, et saine, une beauté rare, d’un charme
infini, où fleurissent la chair innocente et l’âme chaste [46]. Elle est devenue une brodeuse remarquable, qui
donne de la vie aux fleurs, de la foi aux symboles ; elle a le don du dessin, on s’extasie devant ses Vierges,
comparables aux naïves figures des Primitifs, on lui confie tous les travaux de grand luxe, des merveilles lui
passent par les mains. Et sa pensée s’envoie, elle vit dans l’attente d’un miracle, au point qu’ayant planté un
églantier, elle croit qu’il va donner des roses. A seize ans, Angélique s’enthousiasme pour les Hautecœur ,
en qui elle voit les cousins de la Vierge; elle voudrait épouser un prince, un prince qu’elle n’aurait jamais
aperçu, qui viendrait au jour tombant la prendre par la main et la mènerait dans un palais; il serait très beau,
très riche, le plus beau, le plus riche que la terre eût jamais porté. Et elle voudrait qu’il l’aimât à la folie, afin
elle-même de l’aimer comme une folle, et ils seraient très jeunes, très purs et très nobles, toujours, toujours
[69]. C’est ce rêve qu’elle va poursuivre maintenant.
Le miracle naîtra de son imagination échauffée de fables, des désirs inconscients de sa puberté. Elle s’est
exaltée dans la contemplation du vitrail de la chapelle Hautecœur et quand, sous le mince croissant de la
lune nouvelle, elle entrevoit une ombre immobile, un homme qui, les regards levés, ne la quitte plus, il lui
semble que Saint Georges est descendu de son vitrail et vient à elle. L’apparition se précise, l’homme est un
peintre verrier qui fait un travail de restauration ; elle sourit, dans une absolue confiance en son rêve de
royale fortune. Lorsque l’inconnu pénètre chez les Hubert, elle peut bien jouer l’indifférence, la femme qui
est en elle peut obéir à un obscur atavisme, se réfugier dans la méfiance et le mensonge; Angélique, malgré
ses malices d’amoureuse, ne cesse de croire à sa grande destinée, elle reste certaine que l’élu de son cœur
ne saurait être que le plus beau, le plus riche, le plus noble. Et la révélation décisive, l’humble verrier devenu
Félicien VII de Hautecœur, héritier d’une illustre famille, riche comme un roi, beau comme un dieu, ne
parvient pas a l’étonner. Sa joie est immense, parfaite, sans souci des obstacles, qu’elle ne prévoit pas. il
semble à Angélique que le mariage s’accomplira dès le lendemain, avec celle aisance des miracles de
la Légende. Hubertine la bouleverse en lui montrant la dure réalité, le puissant évêque ne pouvant marier
son fils à une pauvresse. Son orgueil est abattu, elle retombe à l’humilité de la grâce, elle se cloître même,
sans chercher à revoir Félicien ; mais elle est certaine que les choses se réaliseront malgré tout ; elle attend
un miracle, une manifestation de l’invisible. Dans son inlassable confiance, sûre que si monseigneur refuse,
c’est parce qu’il ne la connaît pas, elle se présente à lui au seuil de la chapelle Hautecœur et, d’une voix
pénétrante de charme, peu à peu raffermie, elle dépend sa cause, elle se confesse toute, dans un élan de
naïveté, d’adoration croissante; elle dit le cantique de son amour et elle apparaît comme une décès vierges
légendaires des anciens missels, avec quelque chose de frêle, d’élancé dans la passion, de passionnément,
pur [227]. Au refus de l’évêque, toute espérance humaine est morte, il semble que le rêve soit à jamais aboli.
Une courte révolte soulève Angélique, elle aime en désespérée, prête à fuir aveu l’amant : c’est une dernière
bataille que se livrent l’hérédité et le milieu. Elle sort de ce suprême combat touchée définitivement par la
grâce, mais une langueur l’épuisé, c’est un évanouissement de tout son être, une disparition lente, elle n’est
plus qu’une flamme pure et très belle [254].

Et alors le miracle s’accomplit. Monseigneur a cédé. Angélique était sans connaissance, les paupières
closes, les mains l’aidés, pareille aux minces et rigides figures de pierre couchées sur les tombeaux. Le : « SI
DIEU DIEU VEUT, JE VEUX » des Hautecœur l’a ressuscitée. Plus rien des révoltes humaines ne vit eu
elle. Désormais en état d’humilité parfaite, elle remet au cher seigneur qu’elle va épouser son livret d’élève,
celte pièce administrative, cet écrou où il n’y a qu’une date suivie d’un numéro et qui est son unique

parchemin. ET c’est maintenant la pleine réalisation de son rêve ; elle laisse tomber sur les misérables un
fleuve de richesses, un débordement de bien-être; elle épouse la fortune, la beauté, la puissance, au delà de
tout espoir et, toute blanche dans sa robe de moire ornée de dentelles et de perles, parvenue au sommet du
bonheur, elle meurt en mettant un baiser sur la bouche de Félicien [309]. (Le Rêve.)
 
Hautecœur (Félicien VII de) (l). — Fils de Jean XII de Hautecœur, depuis évêque de Beaumont, et de Paule
de Valençay. il a perdu sa mère en naissant. Un oncle de celle-ci, un vieil abbé, l’a recueilli, son père ne
voulant pas le voir, faisant tout pour oublier son existence. On l’a élevé dans l’ignorance de sa famille,
durement, comme s’il avait été un enfant pauvre. Plus tard, le père a décidé d’en faire un prêtre, mais le vieil
abbé n’a pas voulu, le petit manquant tout à fait de vocation. Et le fils de Paule de Valençay n’a su la vérité
que très tard, à dix-huit ans. Il a connu alors son ascendance illustre, ce long cortège de seigneurs dont les
noms emplissent l’histoire et dont il est le dernier rejeton; l’obscur neveu du vieil abbé est brusquement
devenu Félicien VII de Hautecœur, et ce jeune homme qui, épris d’un art manuel, devait gagner sa vie dans
les vitraux d’église, a vu toute une fortune s’écrouler sur lui ; les cinq millions laissés par sa mère ont’ été
décuplés par des placements en achats de terrains à Paris, ils représentent aujourd’hui cinquante millions
[66]. Un des grands chagrins de l’évêque est la fougue du jeune homme, sur laquelle l’oncle lui fournit des
rapports inquiétants, ce ne sera jamais qu’un passionné, un artiste. Et, craignant les sottises du cœur, il l’a
fait venir près de lui, à Beaumont, réglant à l’avance un mariage pour prévenir tout danger [207].

A cette époque, Félicien Vil a vingt ans. Blond, grand et mince, il ressemble au saint Georges de la
cathédrale, à un Jésus superbe, avec ses cheveux bouclés, sa barbe légère, son nez droit, un peu fort, ses
yeux noirs d’une douceur hautaine. Et malgré ces yeux de bataille, il est timide; à la moindre émotion, colère
ou tendresse, le sang de ses veines lui monte à la face [106]. Le fils de Jean XII de Hautecœur habite un
pavillon dans le parc de l’évêché, séparé par le clos Marie de la fraîche maison des Hubert où vit Angélique.
Il aime la petite brodeuse depuis un soir qu’il l’a aperçue à sa fenêtre; elle n’était alors qu’une blancheur
vague ; il distinguait à peine son visage et pourtant, il la voyait, il la devinait telle qu’elle était. El comme il
avait très peur, il a rôdé pendant des nuits sans trouver le courage de la rencontrer en plein jour. Plus lard, il
a su qui était cette jeune fille ; c’est alors que la fièvre a commencé, grandissant à chaque rencontre ; il s’est
senti très gauche la première fois, ensuite il a continué à être très maladroit en poursuivant Angélique
jusque chez ses pauvres ; il a cessé d’être le maître de sa volonté, faisant des choses avec l’étonnement et la
crainte de les faire, et lorsqu’il s’est présenté chez les Hubert pour la commande d’une mitre, c’est une force
qui l’a poussé [159]. Longtemps il a cru qu’on ne l’aimait pas, il a erré en rase campagne, il a marché la nuit,
le tourment galopant aussi vite que lui et le dévorant. Mais lorsqu’il reçoit l’aveu d’Angélique, sa jeunesse
vibre dans la pensée d’aimer et d’être aimé.
Il est la passion même, la passion dont sa mère est morte, la passion qui l’a jeté à ce premier amour, éclos du
mystère [197]. Angélique connaît maintenant son grand nom, il est le fier seigneur dont les Saintes lui ont
annoncé la venue, mais la sage Hubertine, inaccessible aux mirages du rêve, a exigé de Félicien le serment
de ne plus reparaître, tant qu’il n’aura pas l’assentiment de monseigneur [215]. Le soir même, il s’est
confessé à son père, qui, le cœur déchiré par sa passion ancienne, a formellement condamné en son fils cette
passion nouvelle, grosse de peines; la parole de l’évêque est d’ailleurs engagée aux Voincourt, jamais il ne la
reprendra. Et Félicien s’en est allé, se sentant envahir d’une rage, dans la crainte du flot de sang dont ses
joues s’empourprent, le flot de sang des Hautecœur, qui le jetterait au sacrilège d’une révolte ouverte [219].

Il s’enfièvre, il écrit à Angélique des lettres que les parents interceptent, il voudrait partir avec elle,
conquérir le bonheur qu’on leur refuse, mais la pure enfant est défendue par les vierges de la Légende
[269]. Celte fois, Félicien se révolte contre l’impitoyable évêque, perdant tout ménagement, parlant de sa
mère ressuscitée en lui pour réclamer les droits de la passion. Enfin, devant Angélique mourante, l’évêque a
fléchi ; il accomplit le miracle de la faire revivre, elle deviendra sa fille, Félicien Vil de Hautecœur sera uni,
en une cérémonie pompeuse, à l’humble créature qui, pour tous parchemins, possède un livret d’enfant
assisté [296].

Et Félicien achète derrière l’Evêché, rue Magloire, un ancien hôtel, qu’on installe somptueusement. Ce
sont de grandes pièces, ornées d’admirables tentures, emplies des meubles les plus précieux, un salon en
vieilles tapisseries, un boudoir bleu, d’une douceur de ciel matinal, une chambre à coucher surtout, un nid
de soie blanche et de dentelle blanche, rien que du blanc, léger, envolé, le frisson même de la lumière [298].
Mais Angélique ne connaîtra pas cet hôtel princier, plein de bijoux et de toilettes de reine. Au sortir de la
cathédrale, parmi l’encens et le chant des orgues, elle s’éteint dans un baiser et Félicien ne tient plus qu’un
rien très doux, très tendre, cette robe de mariée, toute de dentelles et de perles, la poignée de plumes
légères, tièdes encore, d’un oiseau [310]. (Le Rêve.)
(l) Félicien de Hautecœur, marié en 1869 a Angélique Rougon. (Arbre généalogique des Rougon-Macquart.)
 
Rougon (Sidonie) (1). — Fille de Pierre Rougon et de Félicité Puech. Sœur d’Eugène, Pascal, Aristide et
Marthe. Mère d’Angélique Marie. Elle est née en 1818 à Plassans. A vingt ans, elle a épousé un clerc d’avoué
de Plassans et est allée se fixer avec lui à Paris [81]. (La Fortune des Rougon.)

Elle s’est établie rue Saint-Honoré, où elle a tenté avec son mari, un sieur Touche, le commerce des fruits
du Midi. Mais les affaires n’ont pas été heureuses et, en 1850, on la retrouve veuve, pratiquant des métiers
interlopes, dans une boutique avec entresol et entrée sur deux rues, faubourg Poissonnière et rue Papillon.
Petite, maigre, blafarde, doucereuse, sans âge certain [231], elle tient bien aux Rougon par cet appétit de
l’argent, ce besoin de l’intrigue qui caractérise la famille. Les influences de son milieu en ont fait une sorte
de femme neutre, homme d’affaires et entremetteuse à la fois [69]. La fêlure de cet esprit délié est de croire
elle-même à une fantastique histoire de milliards que l’Angleterre doit rembourser, appât magique dont elle
sait se servir avec habileté pour griser ses clientes. Son frère aîné Eugène Rougon, qui estime fort son
intelligence, l’emploie à des besognes mystérieuses ; elle a puissamment aidé aux débuts de son frère cadet
Aristide, en combinant son mariage avec Renée Béraud Du Châtel et elle continue ses bons offices au
ménage, servant les intérêts du mari auprès des puissants [98], offrant des amants à la femme, dont elle
abrite les passades [131], mettant son entresol à la disposition du jeune Maxime Saccard [133]. Elle juge les
femmes d’un coup d’œil, comme les amateurs jugent les chevaux [132] et s’emploie, moyennant finances, à
protéger toutes les turpitudes et àétouffer tous les scandales. Mielleuse et aimant l’église, Sidonie est au
fond très vindicative. Pleine de colère contre Renée, qui s’est révoltée devant la grossièreté d’un de ses
marchés d’amour [235], elle se charge de l’espionner et dénonce à Aristide ses amours avec Maxime [310].
Cette dernière infamie lui rapporte dix mille francs [336], qu’elle va manger à Londres, à la recherche des
milliards fabuleux. (La Curée.)
Son mari mort et enterré, elle a eu une fille quinze mois après, en janvier 1851, sans savoir au juste où elle l’a
prise. L’enfant, déposée sans état civil, par la sage-femme Foucart, à, l’Assistance publique, a reçu les
prénoms d’Angélique Marie. Jamais le souvenir de cette enfant, née d’un hasard, n’a échauffé le cœur de la
mère [50]. (Le Rêve.)

Sidonie vient à l’enterrement de son cousin le peintre Claude Lantier. Elle a toujours sa tournure louche de
brocanteuse. Arrivée rue Tourlaque, elle monte, fait le tour de l’atelier, flaire cette Misère Due et
redescend, la bouche dure, irritée d’une corvée inutile [477]. (L’Œuvre.)
Beaucoup plus tard, lasse de métiers louches, elle se retire, désormais d’une austérité monacale, à l’ombre
d’une sorte de maison religieuse; elle est trésorière de l’Œuvre du Sacrement, pour aider au mariage des
filles-mères [l29]. (Le Docteur Pascal.)
(1) Sidonie Rougon, née en 1818; épouse, en 1838, un clerc d’avoué de Plassans, qu’elle perd à Paris, en 1850
; a d’un inconnu, en 1851, une fille qu’elle met aux Enfants Assistés. [Élection du père. Ressemblance
physique avec la mère]. Courtière, entremetteuse, tous les métiers, puis austère. Vit encore à Paris,
trésorière de l’Œuvre du Sacrement. (Arbre généalogique des Rougon-Macquart.)

ANALYSE

Le projet de Zola
Le roman, à l’intérieur du cycle des Rougon-Macquart, forme une pause, un temps d’arrêt : on ne parle plus
de la grand dynastie, ni de considérations sociales ou des thèmes auquel le lecteur de Zola est habitué, non
plus que les lieux (Paris, Plassans). Il en dit :
« Le Rêve » serait le titre du volume, et c’est surtout ce qui me plaît. Je voudrais que le volume fût la partie du
rêve dans la série, la fantaisie, l’envolée, l’au-delà. Et cela serait franc, puisque le titre avertirait le lecteur :
« Voilà du rêve, je le dis, prenez-le comme tel ». Et alors, sans ironie trop, il faudrait y mettre la vie telle qu’elle
n’est pas, telle qu’on la rêve : tous bons, tous honnêtes, tous heureux. Une vie idéale, telle qu’on la désire. »
Ébauche, Émile Zola, 1887
Néanmoins, Zola garde le principe naturaliste fondamental. Il s’agit de montrer les passions héréditaires
peu à peu corrigées et vaincues par l’influence du milieu : Angélique incarne la vertu, alors qu’elle est une
descendante des Rougon-Maquart, dynastie plutôt vile dans les autres romans.

Il veut également interroger le rôle de la foi, et la présence du surnaturel, du miracle, se montrant critique
vis-à-vis de la religion, qu’il considère comme pouvant être seulement de l’auto-suggestion. Il écrit à ce
propos :

« De sorte que le milieu, la prétendue grâce venue de [D] Dieu, viendrait de l’homme [po] pour améliorer
l’homme. Cela rentrerait dans la théorie qu’il n’y a qu’illusion de nos sens, que nous créons le monde, que tout
part de nous pour revenir à nous. Le rêve enfin. Et ce serait élargir le livre à la fin que de montrer ainsi que
tout est un rêve, que chacun de nous n’est qu’une apparence qui disparaît après avoir cré/er/é une illusion »

Thèmes du roman

La maladie d'Angélique
Angélique est d'abord un personnage qui ne parvient pas à distinguer le rêve de la réalité (doù le titre du
roman). En plus de cela, elle subit ce que l'on peut communément appeler un "chagrin d'amour", aux
effets dévastateurs. Cette maladie est causée par plusieurs facteurs :
• Mariage de Félicien avec Mlle de Voincourt
• Refus de Mr de Hautecoeur
• Eloignement de Félicien
Les symptômes en sont :
• L’insomnie (chapitre XII)
• La fièvre (chapitre XII)
• Les visions (chapitre XII)
• Les évanouissements (chapitre XIV)
• La suffocation (chapitre XIV)
• Une nouvelle série de crises de charité (chapitre XI)
• La crise d’angoisse (chapitre XI)
• L’épuisement (chapitre XI)
• L’amaigrissement (chapitre XI)

L’amour
D'abord fait de regards furtifs et d'hésitations (chapitre V), leur amour subit un coup d'arrêt lorsque
Félicien avoue à Angélique ce qu’il ressent. Celle-ci prend alors peur et rompt tout contact. Elle se pose
également la question de sa culpabilité, du fait de sa morale chrétienne (et cette culpabilité associée à la

souffrance est une façon pour elle de s’identifier à nouveau aux martyrs qu’elle admire). L’amour doit
surmonter de nombreux obstacles pour advenir :
• Hubertine indique à Angélique qui avoue ses sentiments (chapitre IX) : « Il n’y a que le devoir et
l’obéissance qui fassent le bonheur. »
• Le père de Félicien qui l’a promis à une autre femme
• Leurs origines sociales différentes (poids des mœurs de la société)
Le livre ne se concentre finalement que sur deux relations amoureuses : Angélique & Félicien et Hubert &
Hubertine, la dernière faisant écho à la première puisqu’elle s’est faite contre l’avis des entourages
respectifs. Pourquoi ne pas étudier tout cela en cours de français ?

Le conte de fées
Emile Zola, dans son roman, emprunte clairement à l'imaginaire du conte de fées. Genre romanesque qui
naît essentiellement au XVIIème siècle avec Charles Perrault (Cendrillon, Peau d'âne, etc.), il fait met en
scène un amour impossible entre une roturière et un prince, ou l'inverse, utilisant parfois le merveilleux. Le
Rêve est ainsi construit à la manière d'un conte : le roman raconte la vie d'une fille pauvre, orpheline et sans
dynastie. Elle sera d'abord sauvée par Hubertine, par pur hasard (une autre caractéristique du conte, où
l'apparition fortuite joue un grand rôle). Angélique elle-même possède les caractéristiques d'une héroïne
de conte. Page 64, elle rêve une rencontre avec un homme "riche comme un roi et beau comme un dieu.".
Nul besoin ici de rappeler la chanson de Blanche-Neige, "Un jour, mon prince viendra"… De même,
Félicien fait penser à beaucoup d'égards à un personnage de conte de fées. En premier lieu, évidemment, sa
rencontre avec Angélique, chapitre V. Il sauve, au péril de sa vie, une camisole emportée par la rivière : c'est
là typiquement l'image du preux chevalier risquant son existence pour une femme dont il ne connaît rien,
par pure galanterie, pure bienveillance. Sa déclaration d'amour à Angélique fait également écho aux
péripéties féériques ou courtoises : Félicien est sous le balcon d'Angélique. Enfin, le retour impromptu de
Félicien, à la fin, renoue avec le retournement de situation final du chevalier qui arrive juste à temps pour
sauver sa princesse. La fin, qui fait mourir les deux protagonistes, en appelle au Petit Chaperon rouge de
Perrault : l'espoir du bonheur est touché du doigt, puis s'évanouit. Comment trouver un cours de français ?

La religion
Angélique est très croyante. En cela, la religion prend une place centrale dans le roman, puisque l’héroïne
voit le monde à travers ses croyances. Elle admire les martyres, qu’elle découvre par la littérature et qu’elle
ressent comme une révélation. Elle fonde ses rêves (c’est d’ailleurs le titre du roman) sur cet idéal dévot.
Tout au long du roman, la religion est présente :
• Angélique se réfugie sous la voûte d’une église après sa fugue
• La maison des Hubert est juxtaposée à la cathédrale
• Elle souhaite se marier avec Jésus (chapitre 3)
• Dans la lecture, car Angélique ne cesse de lire et relire son livre d’inspiration religieuse (La
Légende dorée)
• Le père de Félicien est évêque
• La fête de la procession des miracles, qui joue le rôle de révélateur au sujet du sang royal de Félicien
Très symboliquement, la cathédrale est l’espace central du roman, du début (Angélique seule sous les
voûtes) à la fin (mariage d’Angélique et de Félicien). La présentation du bâtiment, dans Le Rêve, insiste bien
sur cet aspect de centralité (aspect d’ailleurs ambiguë, entre vampirisation et procréation) :
« La cathédrale explique tout, a tout enfanté et conserve tout. Elle est la mère, la reine au milieu du petit tas
des maisons basses, pareilles à une couvée abritée frileusement sous ses ailes de pierre. On n’y habite que par
elle et pour elle ; les industries ne travaillent, les boutiques ne vendent que pour la nourrir, la vêtir,
l’entretenir, elle et son clergé ; et, si l’on rencontre quelques bourgeois, c’est qu’ils y sont les derniers fidèles des
foules disparues. Elle bat au centre, chaque rue est une de ses veines, la ville n’a d’autre souffle que le sien. »
Le Rêve, Émile Zola, 1888






Le Moyen-Age
L’univers médiéval est omniprésent dans le roman. Il favorise la représentation de l’inconnu et participe à la
création d’un milieu irréel, caractéristique du conte. Il se trouve aussi, tout au long du roman, des phrases
écrites en vieux français. Pour Zola, la période médiévale est une formidable source où puiser des
représentations et un modèle narrative fondé sur l’allégorie. La cathédrale, les ruines du château des
Hautecoeur sont là pour matérialiser le Moyen-Âge ; le livre La Légende dorée ou la broderie sont autant de
références à la même époque. Surtout, le Moyen-Âge est au cœur de la rêverie d’Angélique : c’est l’époque
fantasmée comme parfaite, où elle s’imagine martyre et princesse enlevée par un prince.

ÉMILE ZOLA

Emile Zola n’a que sept ans quand meurt son père, ingénieur vénitien. Il vit alors dans la pauvreté. Après
avoir abandonné ses études scientifiques, il devient, de 1862 à 1866, chef de publicité à la librairie Hachette,
ce qui lui permet de connaître les plus grands auteurs de l’époque. Emile Zola publie son premier ouvrage,
« Contes à Ninon » à l’âge de vingt-quatre ans et fréquente les républicains. Puis il se lance dans une carrière
de journaliste engagé. Dans ses critiques littéraires, il prône une littérature « d’analyse » s’inspirant des
méthodes scientifiques. Son premier succès, le roman « Thérèse Raquin », lui vaut de nombreuses critiques
de la part de la presse. 
Influencé par les études de Prosper Lucas et de Charles Letourneau sur l’hérédité et la psychologie des
passions, Emile Zola entreprend une immense œuvre naturaliste, « Les Rougon-Macquart, histoire
naturelle et sociale d’une famille sous le second empire », une saga constituée de romans réalistes et
« scientifiques ». Ce projet l’occupera pendant un quart de siècle. Chacune des œuvres des « Rougon-
Macquart », préparée par une enquête détaillée, montre l’affrontement des forces naturelles, soumises aux
circonstances et à l’environnement social, qui gouvernent le destin des personnages. Et ceci quel que soit
leur milieu d’origine : Paris populaire, courtisanes, capitalisme, mineurs, paysans… C’est le septième roman
de la série, « L’assommoir » (1877), chef d’œuvre du roman noir qui lui apporte la célébrité. Dans
« Germinal » (1885), il dépeint le monde ouvrier comme jamais il ne l’avait été auparavant et décrit le
déterminisme économique comme la fatalité moderne. 
Avec toute son ardeur combattante, son courage et le poids de sa notoriété, Emile Zola s’engage dans
l’affaire Dreyfus en publiant plusieurs articles dont son célèbre « J’accuse » dans le journal « L’Aurore » du
13 janvier 1898. Il est très critiqué par les nationalistes et le procès qui s’en suit l’oblige à s’exiler pendant un
an en Angleterre. 

A l’issue des « Les Rougon-Macquart », il veut montrer qu’il ne sait pas uniquement peindre les tares de la
société. Séduit par les idées socialistes, il souhaite proposer des remèdes sous la forme d’une vision
prophétique du devenir de l’homme dans ses « Quatre Evangiles : « Fécondité », « Travail », « Vérité ». Le
quatrième, « Justice », vient d’être commencé, lorsqu’il meurt « accidentellement » asphyxié dans son
appartement.

Principales œuvres (Les titres suivis de * font partie des Rougon-Macquart) :

Contes à Ninon (1864)


La confession de Claude (1865)
Thérèse Raquin (1867)
Madeleine Férat (1868)
La Fortune des Rougon* (1871)
La Curée* (1872)
Le Ventre de Paris* (1873)
La Conquête de Plassans* (1874)
La Faute de l’abbé Mouret* (1875)

Son Excellence Eugène Rougon* (1876)


L’Assommoir* (1877)
Une Page d’Amour* (1878)
Le Roman Expérimental (1880)
Nana* (1880)
Pot-bouille* (1882)
Au bonheur des dames* (1883)
La Joie de Vivre* (1884)
Germinal* (1885)
L’Oeuvre* (1886)
La Terre* (1887)
Le Rêve* (1888)
La Bête humaine* (1890)
L’Argent* (1891)
La Débâcle* (1892)
Le Docteur Pascal* (1893)
Lourdes (1894)
Rome(1896)
Paris (1898)
Fécondité (1899)
Travail (1901)
Vérité (1903)

-Il sogno (Le Rêve) è un romanzo dello scrittore francese Émile Zola pubblicato nel 1888, sedicesimo del
ciclo dei Rougon-Macquart.
Zola affronta in questo romanzo il tema della religione, ma in modo meno violento e polemico di quanto
abbia fatto nei romanzi La conquista di Plassans o in La colpa dell'abate Mouret.
Questa volta è interessato alla fede popolare e alla rinascita del misticismo nella società francese della
seconda metà del secolo diciannovesimo.

-Trama[modifica | modifica wikitesto]


La notte di Natale del 1860, a Beaumont-sur-Oise in Piccardia, la piccola Angélique fugge dalla casa dei
conciatori Rabier, e la mattina viene trovata dagli Hubert, una famiglia di ricamatori che vive dirimpetto alla
cattedrale, appoggiata a un pilastro della chiesa. Abbandonata alla nascita dalla madre Sidonie Rougon a
Parigi, è stata cresciuta da una nutrice vicino a Nevers e poi affidata a due fiorai parigini, prima di finire dai
Rabier, che sovente la picchiavano. Hubertine e il marito la accolgono in casa, vedendo in lei il figlio nato
morto tanti anni prima, dopo che si erano sposati contro la volontà della madre di lei, vedova di un
magistrato, e la loro unione era stata maledetta dalla donna. Non avevano avuto altri figli, pur desiderandone
sopra ogni cosa. Gli Hubert si affezionano subito alla bambina e la adottano.
Siccome la madre adottiva ha deciso di educarla in casa, Angélique vive in completo isolamento. Trova una
copia della Legenda Aurea, entrando così nel mondo delle sante vergini e martiri, che vanno incontro alla
morte armate della luce della fede, in mezzo a prodigi, aprendosi la strada per la vita ultraterrena. La purezza
e la castità le rendono invincibili, sono ricoperte dalla grazia divina, si abbandonano totalmente alla
provvidenza. Angélique si imbeve di misticismo, convinta che un prodigio debba presto compiersi anche per
lei. Quotidianamente si dedica con piena devozione al suo lavoro di ricamatrice, nel quale acquisisce presto
una gran perizia, e spesso fa beneficenza ai poveri del luogo, donando con gioia cibo e indumenti. Sera dopo
sera, dalla sua camera sente dei leggeri rumori tra gli alberi del campo adiacente alla cattedrale, di volta in
volta più vicini, finché distingue un giovane uomo sotto al suo balcone.

Venuto il tempo del bucato si incontrano; Angélique comprende che è la persona attesa. Félicien, pittore su
vetro, deve riparare la vetrata su cui si affaccia il balcone della fanciulla, raffigurante San Giorgio che uccide
il drago e salva la principessa. Da quel momento ogni mattina e ogni sera Angélique gli sorride dal balcone.
Lo trova abitualmente dai suoi poveri fino a quando le rivela il suo amore. Sorpresa, e convinta che i santi
della Legenda le impongano un rifiuto dell'amore terreno, la ragazza decide di non vederlo più, ma Félicien
si presenta chiedendo una mitra per il monsignore, e sorvegliando poi ogni giorno il lavoro. Benché
Angélique affetti indifferenza, una sera accoglie con naturalezza la venuta dell'uomo nella sua camera, dove i
due si professano innamorati.
Il giorno della processione di sant'Agnese, vedendo in chiesa Félicien accanto al prelato e ravvisando la loro
somiglianza, comprende che è il figlio avuto dal monsignore prima che la donna con cui lo aveva concepito
morisse. La scoperta le presenta Félicien ancor più come il principe azzurro sognato, ma Hubertine,
scoperto il loro sentimento, prevede l'impossibilità di un legame tra una povera trovatella e il discendente
della nobile casata degli Hautecœur, e troppa disillusione e sofferenza per la fanciulla.
Quando Félicien confessa il suo amore al padre, il monsignore si oppone recisamente al matrimonio.
Venutane a conoscenza, Angélique si reca in chiesa ad attendere il prelato nella cappella degli Hautecœur,
rivelandogli con candore i propri sentimenti, ma scontrandosi anch'essa con l'inflessibilità del religioso.
Benché Félicien preghi gli Hubert di comunicare ad Angélique il motivo, contrario alla sua volontà, per il
quale rimane lontano da lei, Hubertine, memore della punizione cui è andata incontro per aver disobbedito
alla madre, convince il marito a far credere ai due giovani che l'uno stia dimenticando l'altra.
Fino a quel momento Angélique era convinta che i santi della Legenda Aurea l'avrebbero miracolosamente
riunita all'amato, ma ora la sua fiducia vacilla. Quando si ammala, Félicien lo viene a sapere e si introduce
nella sua stanza dal balcone. Dopo aver chiarito l'equivoco, Félicien le propone di fuggire, ma la ragazza
rifiuta, non essendoci il consenso del monsignore. Questi, sapendo che è stata ormai richiesta l'estrema
unzione, viene ad amministrarla, acconsentendo all'unione quando la giovane si riprende, rivelando così il
consenso divino al matrimonio. Angélique sa di dover ormai morire, ma, felice, sposa Félicien nella
cattedrale, spirando subito dopo avergli dato un bacio fuori dalla chiesa.

-Les Rougons Maquarts

Ordine di lettura[modifica | modifica wikitesto]


Per quanto ogni romanzo possa essere letto a sé stante, l'ordine cronologico della loro stesura[1] può essere
alterato secondo il suggerimento dello stesso Zola[2] che ne diede uno possibile secondo i numeri 1, 6, 2, 18,
16, 4, 10, 11, 5, 8, 3, 12, 7, 14, 17, 13, 9, 15, 19 e 20.
Struttura[modifica | modifica wikitesto]
Con questi romanzi Zola intende descrivere la vita di una ricca famiglia attraverso il loro albero genealogico
riflettendo così la storia di un'epoca: quella che a partire dal colpo di Stato fino alla sconfitta di Sedan portò
la Francia sull'orlo della rovina.
Nell'introduzione all'opera l'Autore delinea il suo progetto narrativo che è quello di rappresentare la
società contemporanea in modo scientifico, in quanto studiata nelle sue connotazioni genetiche e sociali,
oltre che nelle determinazioni dovute all'ambiente e al tempo storico, individuate come altrettante “leggi”
[3].

L'autore, in linea con i principi letterari del naturalismo, vuole dimostrare che l'ereditarietà, così come la
gravità, ha leggi ben precise "e che tra vizi e virtù ogni ambiente offre all'artista un mezzo espressivo e nello
stesso tempo un'ispirazione scientifica, guidata al beneficio dell'umanità"[4].

Il ciclo si apre con La fortuna dei Rougon del 1871, dove viene studiata la vita di una famiglia che nel
momento del colpo di stato di Luigi Napoleone cerca di far fortuna con ogni mezzo, per concludersi nel
1893 con Il dottor Pascal, l'ultimo della famiglia dei Rougon che studia in modo scientifico la stessa per
scoprirne le leggi ereditarie.

Intercorrono tra questi due romanzi La cuccagna, sempre del 1871, dove viene descritta la corruzione che
raggiunge ormai non solamente le alte classi sociali ma anche il popolo e la borghesia, Il ventre di Parigi del
1873, dove si assiste alla repressione delle persone umili e oneste che cercano di ribellarsi alla tirannia
napoleonica. Seguono La conquista di Plassans del 1874 dove la decadenza della provincia viene esaminata
con particolare rigore attraverso la descrizione dei personaggi, La colpa dell'abate Mouret del 1875, con una
Sua Eccellenza Eugène Rougon del 1876, basato sulle mire di potere del protagonista, L'ammazzatoio del
1877, quello che ha cominciato a dare all'autore notorietà, Una pagina d'amore dello stesso anno, con la
storia di Hélène, vedova che non si vuole piegare al suo destino, Nanà del 1878, ritratto spietato di una
donna che si stacca dalla famiglia per diventare attrice e prostituta, Quel che bolle in pentola del 1882, basato
sul desiderio di mantenere l'onore e trovare dei buoni matrimoni per le figlie della borghesia, Al paradiso
delle signore del 1883, ambientato nei nascenti grandi magazzini parigini, La gioia di vivere del 1884,
Germinal del 1885, altra opera considerata al tempo della pubblicazione e successivamente come
fondamentale, L'Opera del 1886, sulla passione per l'arte, La terra del 1887, ambientato nel mondo dei
contadini, Il sogno del 1888, La bestia umana del 1890, con quasi a protagonista la locomotiva a vapore, Il
denaro del 1891 e La disfatta del 1892.
L'albero genealogico dei Rougon-Macquart[modifica | modifica wikitesto]
La stirpe dei Rougon-Macquart comincia con Adelaïde Fouque (nata nel 1768 in Plassans, una città di
finzione della Provenza e morta nel 1873). Dal suo matrimonio con Rougon nasce il figlio Pierre; ma la
donna ha anche un amante, il contrabbandiere Macquart, dal quale ha due figli: Ursule e Antoine Macquart. I
due rami della famiglia sono separati, il primo con membri che appartengono alle classi superiori (i Rougon)
e il secondo con personaggi di estrazione più povera (i Macquart). Vi è poi un terzo ramo, i Mouret, che
discendono da Ursule, la quale ha sposato un borghese con i loro tre figli che appartengono a una classe di
mezzo. Secondo l'ereditarietà (principio in cui Zola credeva), dato che la capostipite aveva una piccola ma
sicura tara mentale, anche i suoi discendenti hanno dei problemi: ai Rougon interessano il potere, il denaro
e gli eccessi; i Macquart, cresciuti tra maggiori difficoltà, cadono preda di vizi manifestati come alcolismo
(L'ammazzatoio), prostituzione (Nanà), e omicidio (La bestia umana). I Mouret, in genere più bilanciati,
non sono però immuni dalle tentazioni, come l'Abbé Mouret che prova desiderio contrastato per una
giovane donna (La colpa dell'abate Mouret).
Pierre ha cinque figli: Eugène, Pascal, Aristide, Sidonie e Marthe; Ursule ne ha tre: François, Hélène e
Silvère; e Antoine ne ha pure tre: Lisa, Gervaise e Jean. Nella generazione successiva Aristide ha tre figli:
Maxime, Clotilde e Victor; Sidonie, Hélène e Lisa hanno una figlia ciascuna (rispettivamente Angélique,
Jeanne e Pauline); Gervaise ha quattro figli (Claude, Jacques, Étienne e Nanà); Marthe (una Rougon) e
François (un Mouret) hanno insieme tre figli: Octave, Serge e Désirée. In Nanà si parla di un figlio della
protagonista, Louiset, morto a tre anni di vaiolo; ne Il dottor Pascal si prosegue con Charles e un altro non
nominato (rispettivamente figli di Maxime e Clotilde) e ne L'Opera appare un figlio di Claude: Jacques-
Louis.

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