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PAUL ET VIRGINIE

L’auteur : Bernardin de Saint-Pierre


Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre est né au Havre en 1737 et est décédé en 1814.

Sa carrière professionnelle fut aussi riche que variée puisqu’il exerça plusieurs fonctions telles qu’ingénieur, officier,
intendant du Jardin des Plantes ainsi que du cabinet d'histoire naturelle sous la Révolution, et fut aussi nommé
professeur de morale à l'École normale en 1794. Il doit également sa postérité à son élection à l’Académie
française en 1803, dont il occupa le fauteuil 27.
Mais avant toute chose, il faut noter que Bernardin de Saint-Pierre était un grand voyageur. Malte, l’Allemagne, la
Russie… ses différents postes lui donnèrent l’occasion de multiplier les déplacements à l’étranger. Amateur d’art, il
tira de cette expérience de nombreux croquis de voyage, mais s’en inspira surtout pour sa production littéraire.
Car Bernardin de Saint-Pierre fut également écrivain, dont voici ses œuvres principales :
• Le Voyage à l’île de France ; un premier roman sous forme de lettres (1773)
• Les Études de la nature (1784), où il développe les preuves de l’existence de Dieu tirées du monde extérieur
• Chaumière indienne (1790)
• Les Harmonies de la nature (1796)
• L’Arcadie (1781), où il développe certaines de ses propres utopies politiques

Paul et Virginie, son œuvre la plus connue

Parmi toute la production de Bernardin de Saint-Pierre, l’une est restée célèbre : Paul et Virginie. Ce sont même les
prénoms que l’auteur choisira pour deux de ses trois enfants.

Publié en 1788, ce roman connut en effet un grand succès à son époque et ce dès sa parution, même s’il eut fallu
l’intervention du peintre Vernet pour que l’auteur ne la détruise pas, par peur de l’échec. Une bonne décision car,
chef d’œuvre de l’auteur, Paul et Virginie est aussi l’un des chefs d’œuvre du XVIIIème siècle.

Un roman pastoral
Il fut plus précisément publié au sein du troisième tome de ses Études de la nature ; une œuvre quasi
philosophique sur la grandeur de la nature et de ses liens avec le divin, mais surtout à valeur descriptive,
relatant ses observations de voyageur. Une œuvre à travers laquelle son lecteur contemporain pouvait également
saisir toute l’influence qu’avait sur lui son ami et philosophe illustre, Jean-Jacques Rousseau pour lequel la nature
était un sujet capital.
Or Paul et Virginie appartient au genre du roman pastoral : il décrit les mœurs de personnages au sein d’une nature
idyllique, qui ici prend la forme d’un paradis perdu. […]

Inspiré d’un fait divers


Pour Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre tire aussi son inspiration d’un fait divers. Le naufrage du navire,
l’une des scènes les plus importantes du récit, aurait en effet été directement inspiré d’un naufrage qui s'est
produit en 1744 : celui du navire Saint-Géran, où ont notamment disparu deux amants : une créole, Mme Cailloux, et
M. Longchamps de Montendre, enseigne de vaisseau.

Résumé de Paul et Virginie


L’action se situe à l’île de France (autrement dit l’actuelle île Maurice).
Fait particulier : la narration. Au début du livre, le narrateur découvre, donc en même temps que le lecteur, deux
petites cabanes en ruines. Il croise un vieillard et lui demande s’il connaît l’histoire des personnes qui ont habité ici.
Or le vieil homme va lui conter cette histoire, et ainsi reprendre la narration.
Il s’agit à l’origine de l’histoire de deux françaises : Mme de la Tour, veuve d'un aristocrate libertin, et Marguerite,
une paysanne bretonne abusée par un séducteur. Elles ont fui la métropole pour éviter le déshonneur, toutes deux
enceintes.
C’est vers 1726 qu’elles donnent naissance à leurs enfants. Mme de la Tour accouche d’une fille : Virgine, et
Marguerite d’un garçon : Paul. Elles décident alors d’unir leurs destins et d’élever ensemble leurs enfants, avec l’aide
d’un couple d’habitants : Marie et Domingue.
Elles vivent dans une grande pauvreté, loin de la civilisation, obligées de travailler la terre pour se nourrir, mais au sein
d’une nature tropicale magnifique et généreuse. Leurs enfants y grandissent comme frère et sœur, et profitent tout
autant de la beauté de cette nature que de l’amour de leurs mères et de Marie et Domingue.
Pour leurs mères, leurs enfants ainsi que Marie et Domingue, leurs serviteurs, c’est un temps de paix : « Chaque jour
était pour ces familles un jour de bonheur et de paix. Ni l'envie ni l'ambition ne les tourmentaient. […] il leur suffisait
d'être à elles-mêmes leurs témoins et leurs juges. »
Mais à l'adolescence naît l'attirance entre Paul et Virginie. Virginie est la première à s’en apercevoir, et cette
vérité la trouble profondément. Pour ne rien arranger, à cette même période, un ouragan vient détruire leur
exploitation.
Mme De la Tour s’inquiète pour Virginie. C’est alors qu’elle reçoit une lettre de sa tante, qui souhaite que Virginie
vienne en France afin qu’elle reçoive une éducation ainsi que tous ses biens. Sa mère hésite puis cède, quelque
peu forcée par les arguments d’un prêtre venu la convaincre, sous les ordres du gouverneur de l’île.
Virginie part ainsi pour la France sans même avoir pu dire au revoir à Paul, qui vit très mal la séparation. Pour
réussir à correspondre avec elle et ainsi ne pas rompre leur lien, il décide alors apprendre à lire et à écrire.
Mais pendant plus d’un an leur correspondance reste sans retour, la tante de Virginie interceptant tous leurs
échanges, alors même que Virginie vit très mal le fait d’être séparée des siens. De plus, les manières du monde auquel
elle doit s’adapter ne lui conviennent pas du tout. Elle préfère être déshéritée. Aussi, est enfin annoncé son retour à
l’île de France, au plus grand bonheur de Paul.
Cependant, le vaisseau qui la ramène, le Saint Géran, fait naufrage sur la côte même de l'île à cause d’une tempête.
À cause des flots et de son refus d'ôter ses vêtements devant un robuste marin qui voulait la sauver à la nage, Virginie
se noie sous les yeux de ses proches, restés impuissants sur le rivage.
Face à ce drame, Paul sombre dans le chagrin et succombe. Il est enterré aux côtés de Virginie. Peu de temps plus
tard ce sont leurs mères qui les rejoignent, ainsi que Marie et Domingue, leurs fidèles serviteurs. La mort a donc
emporté toute leur petite communauté.
C'est indissociablement sur l'aspect paisible de ce repos et sur le spectacle désolé de leurs humbles cabanes
abandonnées et rendues à la vie sauvage que nous laisse le narrateur, ce vieil homme qui avait été l'ami de ces deux
familles et le témoin de leur destinée.

ANALYSE

Le roman le plus abouti de Bernadin de Saint-Pierre


Paul et Virginie est sans conteste le roman le plus connu de Bernardin de St Pierre. Elle a marqué les esprits tant par
son histoire que par la qualité des thèmes que l’auteur met en avant dans son roman. En premier lieu, Bernardin de St
Pierre fait figure d’auteur pré-romantique. Grand ami de Jean Jacques Rousseau, il voue un intérêt hors du
commun à la nature et à la vie dans les lointaines contrées.

On lui connaît un voyage fondateur à la Martinique durant son enfance puis un voyage à l’île Maurice (alors appelée île
de France). C’est cet intérêt pour la nature et les paysages idylliques qui vont faire de lui un auteur pré-
romantique.

Les traits principaux du pré-romantisme sont :


• le retour en force des passions et du "moi" face à la tenue exigée par le classicisme et la raison des Lumières ;
• le culte de la sensibilité et des émotions ;
• l’exaltation du sentiment de la nature, sa virginité protectrice face aux péchés de la ville et de la société ;
• l’importance originalité de style et de personnalité contre l'imitation classique.

LES ASPECTS DE CE MOUVEMENT LITTÉRAIRE DANS L'ŒUVRE DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE


La Nature occupe une place immense dans Paul et Virginie. Elle est la protectrice et la nourrice de cette petite
société vertueuse mais aussi celle qui punira Virginie d’être partie en Europe et d’en ramener des préjugés contre-
nature (la pudeur qui la mènera à sa perte).
Les sentiments, ceux que ressentent les proches de Paul et Virginie face à leur pureté et leur gentillesse, ceux
déchirants de la perte de Virginie ou encore ceux d’effroi et de colère face à l’esclavage sont traités avec intensité pour
que le lecteur les ressente pleinement.
La forte présence de la nature peut aussi s’expliquer par le parcours de l’auteur. En effet, Bernardin de Saint-Pierre a
beaucoup voyagé car à ses fonctions : ingénieur, officier, intendant du Jardin des Plantes. Il publie de nombreux
ouvrages relatant ses observations (Le Voyage à l'île de France - 1773, Les Etudes de la nature - 1784, Chaumière
indienne - 1790, Les Harmonies de la nature - 1796) et s’est servi de toutes ses expériences pour rendre les
descriptions exotiques de Paul et Virginie riches et poétiques.

L’action de son roman se passe à l’île Maurice et de nombreuses pages sont consacrées à dépeindre la vie de tous les
jours. Pour bien marquer sa fascination pour cette vie simple, proche de la terre, toute tournée vers la nature, il
dépeint la vie de deux femmes et de leurs enfants (Paul et Virginie) qui fuient le déshonneur dans la capitale en
s’installant dans cette colonie.
Elles y découvrent un travail laborieux de la terre mais qui leur permettent de ne plus s’appesantir sur des évènements
sans intérêt pour vivre plus en communion avec la nature.
L’auteur de Paul et Virginie raconte une nature digne du paradis, un terre sauvage et non souillée de la main de
l’homme. Une référence à la fois au paradis et à Arcadie, lieu idéal tiré de la mythologie grecque. L’harmonie
entre les êtres et la nature est un sujet cher à Bernardin de St Pierre. On parle du reste à propos de l’auteur
d’auteur naturaliste.

Il rejoint dans cette société idéalisée les propos de Jean Jacques Rousseau qui lui-même espère une société très
proche de la nature et l’attends de façon idéalisée. Bien que le sujet soit assez exotique, le roman de Paul et
Virgine est en réalité assez ancré dans sa période historique.

Paul et Virginie, une société idéale


Paul et Virginie, c’est aussi un formidable roman d’amour mais aussi un roman moralisateur. En effet, la société
décrite par Bernardin de St Pierre est décrite comme idéale. Elle est composée des deux mères, de leurs enfants
respectifs Paul et Virginie, ainsi que de leurs domestiques.

Ils vivent dans un lieu loin de la civilisation à la seule force de leur détermination, de leur courage, de leur abnégation.
Bernardin de St Pierre n’a jamais caché ne pas aimer le monde dans lequel il évoluait, la société idéale qu’il dépeint le
montre bien à chaque mot. Roman moralisateur aussi car, bien que grandissants dans l’amitié et la fraternité, les deux
héros vont parvenir à l’âge adolescent. L’âge des premiers émois où la camaraderie se mue en attachement qui se mue
en amour.
C’est alors qu’apparaissent ces premiers émois chez Virginie que celle ci est renvoyée en France pour l’éloigner de
Paul. On contraint les jeunes à taire leur amour pour que celui ci, de façon symbolique, ne vienne pas souiller la
perfection du tableau. Paul se jetant à l’eau pour essayer de sauver Virginie de la noyade de la scène finale marque bien
aussi le côté charnel de l’amour dans le roman.




La scène finale, celle de la mort de Virginie, est sans aucun doute la plus puissante du roman. On peut comprendre
dans cette scène tout le ressentiment de l’auteur. Il nous décrit une Virginie pure que la vie dans la métropole altère.
Elle revient sur son île natale pour essayer de retrouver son innocence perdue mais c’est en vain.
L’altération de la société est définitive est elle ne peut que mourir comme pour expier ses péchés. Le moment de la
mort de Virginie, semblant s’offrir comme une martyre à la vague qui lui sera fatale est du reste emblématique de cette
notion de péché.
En faisant mourir l’héroïne de Paul et Virginie au pied du paradis perdu, alors qu’elle allait retrouver les bras de celui
qu’elle aime, a donné tout son sens tragique au roman. Une dimension tragique qui n’occulte pas pour autant la
critique acerbe de Bernardin de St Pierre vis à vis d’une société et d’une époque avec laquelle il ne se sentait pas en
phase. Le roman connaîtra un succès bien au delà des frontières de la France et son thème trouva écho dans de
nombreux pays.

Du succès du roman à sa désaffection, et retour


Le succès du récit est tel qu’il est réédité seul l’année suivante (1789). Cela devient alors un vrai triomphe, et
Bernardin de Saint-Pierre n’arrive plus à contrôler les contrefaçons (plus de trois cents). En 1806, il publie une
édition de luxe, avec un long préambule et des illustrations gravées par les meilleurs artistes du temps. Paul et
Virginie devient tout au long du XIXe siècle un marqueur culturel, qu’on retrouve dans nombre de romans
(Madame Bovary de Flaubert, Graziella de Lamartine, Le Curé de campagne de Balzac, etc.). Les traductions se
multiplient (près de trente éditions en Angleterre), il y a des adaptations théâtrales (dès 1791), des ballets, des
chansons, des livres pour enfants, des opéras (dont un livret écrit par Raymond Radiguet), et même une adaptation
télévisée.
Avant 1850, on ne trouve à ce texte que des vertus. Chateaubriand en parle comme d’un livre qu’on peut « citer sans
craindre de compromettre son jugement ». Sainte-Beuve quant à lui explique : « Ce qui me frappe et me confond au
point de vue de l’art […], c’est comme tout est court, simple sans un mot de trop, tournant vite au tableau
enchanteur. » Mais au cours du siècle, même si le roman reste parmi les plus lus, l’opinion critique se retourne. Les
qualificatifs les plus courants deviennent : mièvre, insipide, affecté, etc. Et en 1894, le critique Lanson assène :
« l’églogue est mince et fade », ou « Nul enjolivement, pas d’esprit, pas d’intrigue, pas de peinture de mœurs. »
Heureusement, « le cadre est séduisant ». Au mitan du XXe siècle, Etiemble assure : « Il partage à vif ses lecteur : on
l’aime, on le déteste. Je ne peux le supporter. » Mais l’universitaire Robert Mauzi le corrige, en parlant du « dédain
presque unanime des historiens, des éditeurs et des critiques, qui ne semblent guère sensibles qu’à la fadeur et à la
pompe d’une œuvre, dont leur échappent l’émotion et la beauté. » Depuis une trentaine d’année une réévaluation est
en cours, et Paul et Virginie apparaît pour ce qu’il est : une œuvre complexe, multiple, pionnière du romantisme.

Analyse du titre.
La séance se déroule sans travail préparatoire pour les élèves et se fonde, dans un premier temps, uniquement sur de
l’observation.
Observation : Le titre se compose de deux noms propres (des prénoms), reliés par une conjonction de coordination -
cela peut donner lieu à un rappel rapide des différentes conjonctions et de leurs fonctions/emplois.
Suggestions :
 Paul : les élèves réfléchissent sur ce que le prénom peut évoquer, autrement dit, sur les connotations. On
aboutit à l’idée d’un prénom à connotation chrétienne.
 Virginie : le prénom suscite davantage de commentaires. Les élèves latinistes, en particulier, évoquent le fait
que le mot latin virgo, inis (f) signifie : vierge, jeune femme, vestale ...
Interprétation(s) : Les deux prénoms semblent assez fortement connotés aux yeux des élèves qui proposent d’y voir
des allusions à la religion, à la mythologie ou à l’Antiquité. Ce qui attire surtout leur attention c’est l’impression
de pureté, d’innocence, de chasteté et de sacrifice personnel qui se dégage du personnage de Virginie et qui
annonce la fin du roman.
En fin de séance une petite synthèse simple est effectuée sur les fonctions d’un titre de roman : fonctions référentielle,
poétique et impressive.

L’incipit du roman.
Depuis p.7 « Sur le côté oriental... » jusqu’à p.8 « ce que ce vieillard me raconta ».

On fait réfléchir les élèves, qui connaissent déjà les caractéristiques essentielles du discours descriptif et celles du
discours narratif, pour savoir qui raconte et qui voit. On leur fait prendre conscience du fait que « l’histoire » en elle-
même ne commence vraiment qu’au moment où le vieillard prend la parole.
L’étude des divers champs lexicaux, des indices de l’énonciation, nous permet d’aboutir à la notion d’horizon
d’attente que l’on montre comme une des fonctions de l’incipit.
De plus, les différentes étapes narratives permettent de mettre en valeur la structure enchâssée du récit.
La suite du récit, après la p.8, révèle la technique de l’ellipse narrative et peut donner lieu à un travail de rédaction
qui vérifie la bonne compréhension de ce qu’est un narrateur, un point de vue, la fonction d’une description.

L’art du portrait
Les élèves observent tout d’abord quelle est l’organisation de ce diptyque : Virginie puis Paul. Ils peuvent déjà
pressentir que Virginie est un personnage plus important que Paul, dont le narrateur n’esquisse le portrait qu’à titre
de comparaison.
Dans les deux portraits, c’est l’aspect physique, le regard notamment, qui est valorisé : les prémices de la féminité
chez l’une, de la virilité chez l’autre.

Synthèse sur les composantes du discours descriptif.

Caractéristiques :
 pause dans le récit
 imparfait de second plan
Fonctions :
 faire connaître les personnages, les circonstances de l’action et les rendre vraisemblables.
 susciter des impressions, créer une atmosphère, provoquer un effet d’attente.
Organisation :
 celui qui décrit ne montre pas tout, il choisit de représenter certains éléments plus évocateurs que d’autres, ce
dans un certain ordre.
 on obéit à une logique des sens : le point de vue de celui qui décrit (narrateur ou personnage) est révélé.
Outils :
 lexique : l’espace, les verbes de position, prépositions, adverbes ; les sensations et perceptions.
 temps verbaux : imparfait.
 expansions du nom.
 comparaisons, métaphores.
 expressions privilégiant un état : tournures passives, pronominales, verbes attributifs.

L’esclavage et Virginie.
La comparaison entre la présentation de l’esclave et celle du maître permet, une nouvelle fois, d’insister sur
l’importance de Virginie à la fois « ange » et femme, qui est le centre de cet épisode.

I . Une description organisée


 Indices spatiaux : description ascendante et découverte graduelle des lieux.
 Champs lexicaux de l’ornithologie et de la botanique (cf. éventuellement, J.-J. Rousseau).
 La présence des personnages : une espèce de pastorale, de tableau champêtre duquel Virginie est le
centre quasi divin.

II. Une description imagée : un essai de transformation esthétique








 Périphrases, comparaisons, métaphores.


 Interprétation des images :
• une nature magnifiée et déifiée.
• une nature où les éléments se répondent (cf. Baudelaire : « Les parfums, les couleurs et les sons se
répondent »).
• une nature qui imite l’art humain.
 La fontaine : un espace réel et symbolique.

III. Le bonheur : la tentation de l’exotisme et de la solitude


 Harmonie des êtres et de la nature : une conception rousseauiste.
 Dépaysement du lecteur : exotisme et mythe des enfants de la nature.
 Un plaidoyer pour la vie en retrait.
 Une certaine utopie : une société parfaite en miniature.
En dernier lieu et en guise de synthèse, on peut proposer aux élèves un sujet un peu plus « littéraire » pour les
initier d’une certaine manière à leurs futurs travaux au lycée :
« J’ai tâché d’y peindre un sol et des végétaux différents de ceux de l’Europe...J’ai désiré réunir à la beauté de la nature
entre les Tropiques, la beauté morale d’une petite société. Je me suis proposé aussi d’y mettre en évidence plusieurs
grandes vérités, entre autres celle-ci, que notre bonheur consiste à vivre suivant la nature et la vertu ». BSP, Avant-
Propos de Paul et Virginie.
L’extrait précédemment étudié vous semble-t-il répondre aux objectifs que BSP prétend s’être fixés ?

Exercice :
Quels personnages historiques ou mythologiques se cachent derrière ces périphrases ?
 la fille de l’écume
 le maître de l’Olympe
 le père de la fable
 le fléau de Dieu
 le Malin
 le Vert-Galant
 le Petit Caporal
 le petit père des peuples.

La naissance de l’amour, p. 36 sq.

On procède à la correction de l’exercice proposé sur les périphrases en explicitant le sens de celles qui semblent les
plus obscures et qui n’ont pas été « percées » à jour.
Les élèves relisent rapidement le texte et font de brefs commentaires oraux. Il s’agit à nouveau d’insister sur Virginie
qui, plus sensible et plus mûre que Paul, prend conscience des tourments de l’amour. Les antagonismes entre filles et
garçons se réveillent. Cela donne le loisir de proposer un sujet de rédaction (de type « imagination ») à faire en classe
ou à la maison :
Il vous est déjà arrivé d’éprouver un sentiment (quel qu’il soit) et d’être dans l’impossibilité de l’exprimer ou de
l’avouer. Racontez.

La fin du roman
Il s’agit de faire comprendre l’importance que revêt la mort de Virginie et de montrer le parallélisme entre les
dernières lignes du roman et l’incipit. Plus qu’un travail de détail, les élèves vont s’efforcer d’avoir une vision










d’ensemble de l’œuvre en « reconvoquant » leurs connaissances et en utilisant les hypothèses ou analyses des séances
précédentes.
Les élèves sont amenés à s’interroger sur les raisons de la mort des personnages, principalement de Virginie : les
réponses peuvent être variées mais acceptables du moment qu’elles sont justifiées et qu’elles ne constituent pas un
contresens complet sur le roman. L’idée est que la disparition de Virginie, emblème de vertu et d’harmonie,
ruine par nécessité l’idéal évoqué par BSP. Mais elle le pose surtout définitivement comme une utopie, et
annonce d’une certaine manière un état d’esprit qui se rapproche de celui du XIXème siècle (évoquer
Chateaubriand, par exemple). Sans Virginie, les autres personnages -mais aussi la nature- n’ont plus de raison
« narrative » d’exister.
En fin de séance, on peut distribuer aux élèves La jeune Tarentine d’André Chénier à titre de comparaison, et pour
mettre en lumière les idées de lieu commun et d’intertextualité.
Cette ultime séance est le moment de réaliser une brève synthèse sur l’œuvre en reprenant les points essentiels qui
ont été abordés.

Le personnage
Si Bernardin de Saint-Pierre s’est donné pour but de « peindre » une des « îles de la mer du Sud », le héros de ce récit
singulier est nécessairement celui dont le regard amoureux des paysages, l’âme oublieuse d’elle-même et la langue
savante rendent possible la description de la nature. Le Vieillard, narrateur homodiégétique, spectateur « séduit »
par « les solitudes » de l’Ile de France (p. 168), joue donc ici le rôle principal, tandis que Paul et Virginie ne
sont qu’objets du récit poétique ou personnages secondaires : enfants, ils font partie de la nature et ne la
regardent pas ; plus âgés, ils en perçoivent les charmes, mais devenus progressivement des personnages
romanesques, fortement psychologisés, en proie aux conflits intérieurs, ils sont désormais peu disponibles pour la
contemplation des harmonies végétales. Par contraste avec les autres protagonistes, le Vieillard se situe en quelque
sorte au-delà de la psychologie ; rien en lui ne fait obstacle à l’émerveillement. Dépris des valeurs de la société
européenne, il peut recevoir la révélation de la beauté qui est aussi, pour Bernardin de Saint-Pierre, penseur déiste,
une révélation religieuse, la nature renvoyant le spectateur au Dieu créateur de l’univers. Enfin le narrateur maîtrise
mieux que les autres personnages l’expression poétique ; il lit Virgile et Horace, dont il grave des citations sur
l’écorce des arbres ; sa langue est plus inspirée et inventive que celle de Paul et Virginie, qui peut être lyrique,
comme dans les passages de chants amoebées, par exemple, mais dans un registre plus convenu. Ces
dispositions particulières qui constituent le héros du récit poétique, le Vieillard les définit lui-même dans la
prosopopée de Virginie en les attribuant à la jeune fille disparue, et promue dans sa vie céleste au rang d’héroïne
idéale :

Dans nos souhaits innocents [dit Virginie morte, s’adressant à Paul], nous désirions être tout vue, pour jouir des
riches couleurs de l’aurore ; tout odorat, pour sentir les parfums de nos plantes ; tout ouïe, pour entendre les concerts
de nos oiseaux ; tout cœur, pour reconnaître ces bienfaits. Maintenant à la source de la beauté d’où découle tout ce
qui est agréable sur la terre, mon âme voit, goûte, entend, touche immédiatement ce qu’elle ne pouvait sentir alors
que par de faibles organes. Ah ! quelle langue pourrait décrire ces rivages d’un orient éternel que j’habite pour
toujours ?
(P. 222.)

Le Vieillard semble incarner, autant qu’il est possible pour un mortel, le dépouillement ascétique qui conduit à la
plénitude sensuelle et à l’accomplissement stylistique.

Le héros du récit poétique semble transformer un personnage de la tradition littéraire, le narrateur de la pastorale,
plus particulièrement le narrateur homodiégétique de l’Arcadie de Sannazaro, célèbre récit pastoral du xvie siècle ;
Sincero est un citadin de Naples, placé dans une position d’extériorité et de témoin par rapport à l’univers arcadien
dont il restitue, pour un public socialisé, l’étrange simplicité. De son voyage, ce citadin noble et lettré a rapporté « des
églogues sorties d’une veine naturelle » qu’il fait « entendre telles, aussi dépouillées d’ornements qu[’il] les entendi[t]
chanter sous les délectables ombrages, parmi le murmure des ruisseaux, par les bergers d’Arcadie 

Le Vieillard est à la fois le héros du récit poétique et un sage, porte-parole de la pensée de l’auteur dans le cadre d’un
apologue. Nous ne nous attarderons pas sur ce second aspect, mais nous contenterons d’indiquer la complémentarité
de ces deux rôles. Les discours du vieux sage constituent une légitimation philosophique du récit poétique : ils

valorisent constamment cette nature qui est au centre du récit poétique comme thème ou objet de description (le
paysage), et comme qualité première du sujet de l’énonciation (homme naturel, non aliéné). Une vie dans la nature
équivaut pour lui à une vie vertueuse, propice au développement de l’autonomie morale – à une vie selon la nature.
« Il n’est pas possible à un homme élevé dans la nature de comprendre la dépravation de la société » (p. 187), dit ainsi
ce vieux sage à l’occasion de son dialogue avec Paul .
Le Vieillard est enfin un mentor romanesque. La tension entre le héros du récit poétique et le personnage
romanesque est sans doute plus forte que dans le cas mentionné précédemment, dans la mesure où le roman admet la
distanciation ironique, peu compatible avec l’émotion qui règne exclusivement dans le récit poétique. Si le Vieillard
concilie pourtant les deux rôles, c’est sans doute parce que la relative inconsistance romanesque du héros du récit
poétique s’accorde en réalité avec celle du mentor (guida) quand la figure du maître est diminuée, et comme laminée
par le prisme ironique du roman. Le narrateur de Paul et Virginie ressemble moins quelquefois au Mentor divin de
Fénelon, ou au maître de l’Emile, qui réussissent dans leur mission, qu’aux mentors des romans de Prévost,
Renoncour ou le Doyen de Killerine par exemple, contraints bien souvent de constater leur échec. « Que pouvaient
mes conseils de modération contre les illusions d’une grande fortune […] ? » (p. 145), demande le Vieillard ; la
considération de l’intérêt matériel l’ayant emporté sur « les raisons naturelles », Virginie meurt, et Paul, le disciple
privilégié, est tout près de la suivre : « Je vis bien, dit le mentor, que tous les moyens que je tentais pour le
distraire étaient inutiles » (p. 215) ; « j’étais comme un homme qui veut sauver un ami coulant à fond au milieu d’un
fleuve sans vouloir nager » (p. 223). L’inefficacité du Vieillard et l’affaiblissement de l’autorité magistrale qu’elle
implique rendent ce narrateur plus disponible pour accomplir, dans son récit rétrospectif, sa vocation poétique.

L’espace
Le héros s’efface dans Paul et Virginie parce qu’il doit accueillir la beauté du dehors. La prééminence de l’espace, et
d’un espace qui vaut pour l’émotion esthétique, affective ou spirituelle qu’il suscite, distingue en propre Paul et
Virginie des romans contemporains, où les lieux sont caractérisés le plus souvent de manière sommaire et
conventionnelle, tandis que l’attention se porte presque exclusivement sur le devenir des personnages. Le caractère
poétique de ce récit tient pour une bonne part à la place qu’y occupent les descriptions topographiques : de même que
la poésie versifiée met en évidence par le recours aux rimes le fonctionnement paradigmatique du langage, la
description dévide des paradigmes, et les énumérations qu’elle déploie occultent provisoirement l’enchaînement
syntagmatique des actions.

La description du décor
Les morceaux descriptifs traditionnels dans certains genres comme l’épopée, la pastorale ou le roman héroïque font
l’objet dans Paul et Virginie d’un renouvellement rhétorique : l’invention d’images originales, notamment, rompt
avec la langue stéréotypée du poème en prose (celle du Télémaque par exemple) et avec la langue sans images
de La Nouvelle Héloïse (langue poétique mais dont la qualité particulière tient principalement aux rythmes).

Les comparaisons et les métaphores, formes de parallélisme sémantique, sont analysées par Roman Jakobson comme
des équivalents des parallélismes phoniques que constituent les rimes dans les textes poétiques versifiés ; les figures
d’analogie instaurent en quelque sorte des rimes entre signifiés, qui entretiennent des affinités profondes avec les
rimes entre signifiants. Nous nous proposons d’étudier un exemple de ces figures particulièrement nombreuses dans
Paul et Virginie [8]
La description du jardin baptisé le « Repos de Virginie » doit son caractère poétique à des analogies singulières
établies entre les choses naturelles ; ainsi, parmi les plantes croissent « des piments dont les gousses couleur de sang
sont plus éclatantes que le corail ». Le paradigme de la couleur rouge tel qu’il se déploie dans ce passage éclaire dans
une large mesure l’organisation syntagmatique du récit. Les végétaux semblables au « corail » sont à mettre en
relation avec une métaphore antérieure décrivant Virginie comme une adolescente de douze ans dont les « lèvres de
corail brillaient du plus tendre éclat >>. La mention du « sang », qui peut sembler inadéquate ou du moins
surprenante dans le contexte de la description de ce locus amoenus tropical, ne se justifie pas seulement comme un
rappel du sème commun de la couleur, destiné à réduire la distance entre les deux pôles de la comparaison, les
« gousses de piment », plante terrestre, et le « corail », minéral marin, aux sèmes quelque peu hétérogènes ;
l’association du « sang », du « piment » et du « corail » doit être interprétée à la lumière de l’épisode ultérieur du
« bain de Virginie », placé dans ce même lieu du jardin, et qui marque l’entrée de la jeune fille dans la puberté,
autrement dit l’apparition du « sang » menstruel et les premières atteintes brûlantes du désir sexuel (« les gousses de
piment »). La comparaison figurerait donc une composante de l’espace du jardin, en même temps qu’elle annoncerait

allusivement les métamorphoses du corps de Virginie au moment de la puberté. Une analyse plus complète devrait
rendre compte de la mise en rapport des deux paradigmes inséparables du rouge et du bleu, et de la manière dont ils
contribuent à faire progresser la ligne narrative. Le jardin rapproche le rouge du piment et le bleu des pervenches,
deux couleurs complémentaires, qui peuvent entrer en conflit comme, en chaque être humain, selon
l’anthropologie de Bernardin de Saint-Pierre, l’instinct sexuel et la pureté angélique:
Près de là croissaient des lisières de pervenche, dont les fleurs sont presque semblables à celles de la giroflée rouge, et
des piments, dont les gousses couleur de sang sont plus éclatantes que le corail.

Dans le jardin de Paul comme dans celui de Virginie pendent des lianes « chargées de fleurs bleues et
écarlates » (p. 110) ; on reconnaîtra le caractère métaphorique de ces couleurs végétales si on veut bien se rappeler que
le portrait de Virginie relevait, outre les lèvres vermeilles, des « yeux bleus » auxquels leur « obliquité naturelle vers le
ciel leur donnait une expression d’une sensibilité extrême ». L’harmonie du bleu et du rouge, manifeste dans ce
portrait et dans les descriptions des deux jardins, sera détruite au moment où les désirs sexuels irrépressibles
auront raison de cet « enfant du ciel » (p. 92) qu’est à certains égards Virginie. La pensée de Bernardin de Saint-
Pierre telle qu’elle est exposée dans les Etudes de la nature voudrait qu’arrivée à l’adolescence la jeune fille soit
en quelque sorte dominée par la passion animale – passion incestueuse en l’occurrence – : « ses beaux yeux bleus
se marbraient de noir », tandis qu’un « rouge vif » colorait ses joues à la vue de son jeune frère (p. 132) ; la fleur que
Virginie exilée enjoint à Paul de semer est une « jolie fleur d’un bleu mourant, et à fond noir piqueté de blanc. On la
croirait en deuil » (p. 164). L’histoire de Paul et Virginie est à certains égards celle d’une alliance de couleurs qui se
défait pour laisser place à un duel, et à l’extinction du bleu, couleur « spirituelle » par excellence. Il faut ajouter enfin
que le paradigme du corail est étendu en syntagme lors de la séquence de la destruction du jardin ; le corail apparaît
dans la description à titre de comparant, comme porteur du sème « rouge », mais il renvoie aussi, sur le mode
métonymique, à l’océan ; si l’évocation du corail peut suggérer dans un premier temps l’image d’un jardin-
microcosme, synthèse idéale des éléments terrestres et marins, elle appelle dans un second temps l’accomplissement
quasi littéral, et catastrophique, de ce qui n’était qu’une figure de style – l’inondation du jardin. Après le passage du
cyclone, en effet, « le fond de ce bassin était devenu une mer ; le plateau où sont assises les deux cabanes, une petite
île ». Le comparaison avec le corail semble engendrer ici l’image maritime qui est au cœur d’une nouvelle séquence
narrative .
Grand admirateur de Fénelon, considéré comme le maître du poème en prose, Bernardin de Saint-Pierre invente
cependant un style descriptif incomparablement plus riche que celui de l’auteur du Télémaque. Pour en juger, il n’est
que de confronter la description de la grotte de Calypso et de la campagne environnante, semblable à « un grand
jardin », et celle du « Repos de Virginie » ; analysons plus particulièrement une comparaison qui, dans ce tableau,
rehausse la couleur rouge. « Le raisin, plus éclatant que la pourpre, ne pouvait se cacher sous les feuilles, et la vigne
était accablée sous son fruit », lit-on au premier livre du Télémaque. Le recours au stéréotype culturel contribue à
figer cette image dans laquelle le comparant, « pourpre », n’est, de manière assez univoque, qu’un symbole de
majesté, sans que le texte fénelonien lui associe d’autres sèmes plus originaux. Le procédé de la redondance limite
encore davantage le rayonnement de l’image : la majesté de Calypso, qui est figurée ici, a été en effet maintes fois
soulignée au cours de l’épisode.
Télémaque suivait la déesse [Calypso] environnée d’une foule de jeunes nymphes, au-dessus desquelles elle s’élevait
de toute la tête, comme un grand chêne dans une forêt élève ses branches épaisses au-dessus de tous les arbres qui
l’environnent. Il admirait l’éclat de sa beauté, la riche pourpre de sa robe longue et flottante.

Autour de la grotte, « les hauts peupliers » « portaient leurs têtes superbes jusque dans les nues », etc. Enfin, si la
comparaison semble bien peu poétique, c’est surtout en raison de son caractère de généralité : l’association du raisin
et de la pourpre constitue un avertissement adressé à toutes les personnes royales qui pourraient s’enivrer de leur
gloire ; la phrase ne jaillit pas du contexte singulier de l’œuvre, à la différence des « piments dont les gousses couleur
sang sont plus éclatantes que le corail », image vive dont on peut dire qu’elle « fait événement » ; la comparaison
fénelonienne est indéfiniment transposable ; elle pourrait prendre place dans les descriptions des lieux qu’occupent
tous les mauvais rois des Aventures de Télémaque, et dans n’importe quelle parabole sur la royauté.
La description de la nature dans Paul et Virginie innove également par rapport à l’exemple de La Nouvelle Héloïse, et
plus particulièrement par rapport au morceau descriptif le plus important que constitue l’évocation du jardin de Julie
dans une lettre de Saint-Preux adressée à Milord Edouard (IV, L. 11). La possibilité d’une description poétique était à
vrai dire inscrite dans le texte de Rousseau, mais elle est réprimée et oblitérée par l’exposé philosophique, et par la
narration romanesque. « Surpris, saisi, transporté d’un spectacle si peu prévu », Saint-Preux découvrant le verger y
voit d’abord l’image d’îles désertes de l’océan Pacifique : « Ô Tinian ! ô Juan-Fernandez ! Julie, le bout du monde est à

votre porte ! » Cette transfiguration du décor n’occupe toutefois qu’un bref moment dans un texte entièrement voué à
la dépoétisation de la description. Ce verger en apparence sauvage se révèle artificiel. Julie et M. de Wolmar dévoilent
à Saint-Preux le travail de transformation qui donne l’illusion du naturel et, par leurs explications, fragilisent les
associations nées de l’enthousiasme naïf du visiteur. Les considérations sur le jardinage sont l’occasion d’une
réflexion sur les rapports entre l’art et la nature qui construit en définitive un « jardin polémique », opposé aux jardins
symétriques à la française, et dissipe encore davantage le charme de l’impression initiale ; cette dissertation a pu
inspirer éventuellement l’évocation du jardin domestique de Paul – lequel, « en assujettissant les végétaux à son plan,
[…] ne s’était pas écarté de celui de la nature » (p. 111) – mais non celle du Repos sauvage de Virginie, qu’« on avait
laissé […] tel que la nature l’avait orné » (p. 117). En outre, l’Elysée de Julie est saturé d’implications proprement
romanesques : trois points de vue, ceux de Saint-Preux, de Julie et de M. de Wolmar, se croisent à l’occasion de la
description de cet espace, dans un dialogue qui conduit au dépassement de la perception sensuelle, celle de l’ancien
amant, et au triomphe des sentiments vertueux. Dans Paul et Virginie, le récit poétique délaisse l’usage
dialectique des points de vue ; c’est le seul regard du Vieillard qui organise la description, pour peindre
l’étrange beauté de la nature tropicale.

Fonction référentielle et fonction poétique


Ce n’est pas seulement le langage imagé qui distingue en propre les descriptions de l’ouvrage de Bernardin de Saint-
Pierre au xviiie siècle ; c’est surtout la déréalisation partielle que produisent les images. Or, cette déréalisation n’est
sensible que parce que la désignation du référent spatial a atteint une certaine densité. La fonction poétique du
langage acquiert d’autant plus de relief dans Paul et Virginie que la référence à la réalité géographique est pleinement
assumée.
On chercherait vainement la source du récit de 1788 dans les œuvres poétiques contemporaines, en particulier dans la
poésie descriptive illustrée par Thomson, Delille, Saint-Lambert, Lemierre, etc., pour laquelle il serait déplacé de
parler de brouillage référentiel, faute de référent géographique déterminé. La dignité du langage poétique impose
l’effacement du particulier, le recours aux termes génériques, la convocation de figures allégoriques (Pomone, Cérès,
Bacchus), l’exténuation de la fonction référentielle, par conséquent, sans aucun effet de subversion. Les descriptions
de Bernardin de Saint-Pierre rendent un son plus moderne que celles des « poèmes de la nature » des années
1760-1770, notamment parce qu’elles instaurent un jeu ou un contraste entre réalisme de la peinture et
déréalisation poétique. J.-Y. Tadié écrit à propos des descriptions de certains récits poétiques du xxe siècle que « la
confusion du référentiel et du métaphorique fait jouer la pure fantaisie verbale. La fonction référentielle est limitée
par la fonction poétique, de sorte que le lecteur est empêché de croire au décor, empêché même peut-être de le voir ».
Pour qu’il y ait « confusion », encore faut-il que les fonctions destinées à se confondre s’exercent séparément de
manière suffisamment consistante. C’est le cas dans la littérature postréaliste, non au xviiie siècle, d’où la nécessité
pour Bernardin de Saint-Pierre d’établir entre référence et poéticité un rapport de complémentarité, qui doit
précéder chronologiquement les rapports de contamination, de rivalité ou d’exclusion.
Le genre du récit de voyage, que Bernardin de Saint-Pierre a lui-même pratiqué, et où la fonction référentielle joue un
rôle dominant, ne préfigure pas non plus le récit poétique ; il a probablement avivé l’intérêt que l’auteur portait à la
description de la nature, mais l’écriture prosaïque et didactique du Voyage à l’Ile de France n’annonce que
fugitivement le style de Paul et Virginie . Pour trouver des textes analogues aux descriptions de ce dernier ouvrage, et
analyser leurs conditions de possibilité, il faut ouvrir les Etudes de la nature , véritable somme qui réunit les réflexions
de l’auteur sur la géologie, les règnes végétal et animal, le genre humain, et la Providence divine. Là, Bernardin de
Saint-Pierre étudie les lieux et les choses comme un naturaliste, et les explique comme un poète. Il prétend
rivaliser avec les scientifiques sur leur propre terrain, rendre compte de la nature aussi bien qu’eux, sans
recourir à leurs méthodes desséchantes, mutilantes, et trompeuses, en considérant les « harmonies » que Dieu
a créées pour le plaisir de l’homme. L’observation des composantes de la nature est précise comme elle pourrait
l’être sous la plume d’un naturaliste, mais la mise en relation de ces composantes, les rapports d’analogie et
d’opposition que Bernardin de Saint-Pierre découvre entre les plantes, les animaux, les hommes et les astres même,
relèvent d’une pensée poétique. L’ambition démesurée qui sous-tend les Etudes de la nature, cet impérialisme
littéraire et philosophique qui veut s’assujettir la science, explique en grande partie le rapport de complémentarité qui
s’établit entre la fonction référentielle et la fonction poétique dans Paul et Virginie, et l’équilibre dynamique que ce
récit instaure entre la représentation du paysage d’une part, et la création de « consonances », de « contrastes », ou de
« concerts » d’autre part poétiques à l’époque romantique, celles d’un Chateaubriand notamment.

Les personnages et les lieux

Paul et Virginie sont à certains égards des héros romanesques dotés d’un passé familial, d’un rang social, d’une
psychologie propre, etc., et les personnages bienfaisants et vertueux d’un apologue ; ils sont aussi des personnages
d’un récit poétique, définis par le rapport qu’ils entretiennent avec un espace géographique particulier. Cette
identification des personnages et des lieux est bien plus affirmée que dans les romans contemporains, comme
La Nouvelle Héloïse, où les amants associent seulement les décors naturels à des moments intenses de leur vie :
la visite de la retraite de Meillerie, par exemple, où Saint-Preux avait gravé des vers lyriques sur l’écorce des arbres,
réveille la passion amoureuse pour Julie que les sentiments vertueux auraient dû éteindre. Il ne s’agit pas de cela dans
Paul et Virginie, où le personnage se confond avec un paysage. Les deux enfants sont des palmiers de l’Ile de France :
à leur naissance, leurs mères ont planté dans le jardin des cocos des Indes ; de ces fruits naquirent « l’arbre de Paul » et
« l’arbre de Virginie » qui « crûrent tous deux, dans les mêmes proportions que leurs jeunes maîtres, d’une hauteur un
peu inégale, mais qui dépassait au bout de douze ans celle de leurs cabanes » (p. 117). La vie de Paul et Virginie, dit la
narrateur, « semblait attachée à celle des arbres comme celle des faunes et des dryades » (p. 129-130). L’intrigue du
récit poétique semble conçue pour enrichir, varier, développer les formes de cette identification ; ainsi les deux
palmiers aux rameaux entrelacés se reflètent dans l’eau de la fontaine où Virginie prend son bain, et leur image liquide
exacerbe les désirs sensuels de la jeune fille ; après le cyclone qui ravage le jardin, ils échappent à la destruction
générale et se dressent seuls, « debout et bien verdoyants » (p. 136) ; devenus adolescents, Paul et Virginie sèment des
graines qui donnent naissance à des arbres, etc.

La valeur symbolique de l’espace


Le lien privilégié que les personnages entretiennent avec l’espace explique le partage qui oppose dans le récit
poétique lieux propices et lieux répulsifs. Le système topographique binaire distingue dans l’Ile de France l’espace
naturel du vallon où habitent les personnages et l’espace socialisé de la ville de Port Louis dont ils se sentent rejetés ; il
distingue plus largement l’Ile de France protectrice et la métropole aliénante
Pour une étude approfondie de ces oppositions, voir…
. Comme l’écrit J.-Y. Tadié, le récit poétique construit le système spatial autour d’une « frontière » :
[…] cette limite qu’on ne dépassera jamais […] apporte une contrainte assez comparable à celle de l’antithèse et de la
litote en rhétorique, de la métrique et de la structure strophique en poésie versifiée : rêverie sur l’autre, rêverie au
bord du gouffre, elle alimente le désir de sa propre destruction, ou tire sa force de s’opposer à son contraire 

La « frontière » présente un caractère infranchissable dans le récit poétique ; ce n’est le cas ni dans le roman ni dans
l’apologue. Le roman construit, certes, des oppositions spatiales, mais la tension dramatique y repose dans une large
mesure sur l’exploration d’espaces interdits ou marqués négativement ; l’ironie y est souvent le produit de la
rencontre de personnages liés à des espaces et des univers culturels différents. Comme le récit poétique, l’apologue
valorise fortement certains lieux de préférence à d’autres, toutefois les espaces s’y organisent généralement en séries :
héroïne d’un récit pédagogique, Virginie pouvait connaître en France une nouvelle existence conforme à la vertu, en
trouvant refuge à la campagne, dans une « solitude » qui aurait rempli la même fonction protectrice que le vallon de
l’Ile de France ; c’est dans le récit poétique que les lieux géographiques sont sans équivalent, et que le dépaysement
peut être mortel. Virginie quitte le rôle de personnage de récit poétique en cette nuit où, parcourant des yeux le
« vaste et sombre horizon [de la mer], distingué du rivage de l’île par les feux rouges des pêcheurs » (p. 150), elle
consent à transgresser la ligne que dessine si clairement la couleur des flammes ; elle ne retrouvera ce rôle qu’au
moment de sa mort.

L’antithèse de la nature et de la ville dans le récit poétique en croise une autre, qui oppose deux espaces
naturels, la terre nourricière, associée à la paix de l’âme et à l’aurea mediocritas, et la mer, « élément furieux »,
voie des conquêtes et du profit. Ce dédoublement de l’espace naturel a été perçu par la critique comme le signe
d’une incohérence dans la conception du dessein moral de Paul et Virginie : pour persuader le lecteur du « bonheur
que donnent la nature et la vertu  », il aurait fallu éviter de faire mourir Virginie dans une tempête en mer. Nous avons
eu l’occasion d’analyser ailleurs cette question, mais quoi qu’il en soit de cette contradiction supposée, la
difficulté d’interprétation n’affecte en la matière que le récit didactique, fondé sur la valorisation de la nature,
et nullement le récit poétique, qui accueille la représentation de deux espaces naturels, la terre chantée dans le
genre pastoral, et la mer objet d’une crainte religieuse dans le genre de l’épopée. Les Géorgiques de Virgile,
auxquelles le Vieillard emprunte une citation, « Fortunatus et ille deos qui novit agrestes ! » (« Heureux de ne
connaître que les divinités agrestes ! ») (p. 114) , opposent le monde agricole d’une part, et l’univers politique,
guerrier, maritime d’autre part :

Les fruits que donnent les rameaux, ceux que donnent d’elles-mêmes les bienveillantes campagnes, [le paysan] les
cueille sans connaître ni les lois d’airain ni le forum insensé ni les archives du peuple. D’autres avec des rames
tourmentent les flots aveugles, se ruent contre le fer et pénètrent dans les cours et les palais des rois […] ; d’autres se
plaisent à se baigner dans le sang de leurs frères, échangent contre l’exil leurs demeures et leurs seuils si doux, et
recherchent une patrie située sous d’autres cieux .

Ce discours est paraphrasé dans le récit de Bernardin de Saint-Pierre :


Virginie chantait le bonheur de la vie champêtre, et les malheurs des gens de mer que l’avarice porte à naviguer sur un
élément furieux, plutôt que de cultiver la terre, qui donne paisiblement tant de biens.
(p. 124)

La mer a partie liée dans le texte de Virgile, qui sert de source à Paul et Virginie, avec le genre de l’épopée ; on se
souvient que l’Enéide commence par la description d’une tempête qui provoque le naufrage de la flotte conduite par le
héros troyen. Virginie pouvait figurer auprès des Daphnis et des Lycidas des Bucoliques, quand elle gardait des
chèvres et nourrissait les oiseaux ; par sa fidélité à la terre elle illustrait le propos des Géorgiques ; mais en acceptant
de quitter l’île pour conquérir l’héritage d’une riche parente, en vue de le reverser aux autres membres de la « petite
société », elle prend place dans un scénario épique, qui fait la part belle au voyage, au partage du butin et aux revers de
fortune. Il n’est donc pas si surprenant de rencontrer un topos épique (la tempête et le naufrage) comme complément
narratif à l’histoire des bergers amoureux, dès lors que Virginie a enfreint les limites spatiales qui enferment
habituellement les personnages des pastorales . La donnée extralittéraire que constitue le naufrage du Saint-Géran au
large de l’Ile de France en 1744 a favorisé sans doute la rencontre du récit pastoral et de l’épopée ; il n’est pas certain
cependant qu’à elle seule elle eût permis à Bernardin de Saint-Pierre d’imaginer le traitement littéraire du
dénouement.

La transformation de l’espace en personnage


La prééminence de l’espace par rapport aux personnages dans le récit poétique prend la forme quelquefois d’un
grandissement des forces de la nature. « Les rôles sont inversés : l’homme devient décor, et le décor,
surhomme », écrit J.-Y. Tadié analysant un récit de Giono dans une formule qui nous paraît tout à fait
éclairante pour l’étude de Paul et Virginie. La description du cyclone qui ravage le bassin où habite la « petite
société » manifeste cette mutation du statut de l’espace qui, d’objet décrit, devient acteur et, à beaucoup d’égards,
acteur surnaturel : les personnages adressant leurs prières à Dieu pendant que des « sillons de feu » illuminent les
montagnes (p. 135), l’épisode peut rappeler la figuration de la Nature divinisée dans l’épopée. L’océan apparaît de
manière tout aussi évidente comme un actant, qui cumule les deux rôles d’opposant et d’adjuvant : après avoir
englouti Virginie, les vagues font dériver le corps dans la baie du Tombeau, « comme si la mer eût voulu rapporter son
corps à sa famille, et rendre les derniers devoirs à sa pudeur sur les mêmes rivages qu’elle avait honorés de son
innocence » (p. 228).
Enfin, la Nature pleure les amants morts, conformément à un topos poétique fort répandu :
Jeunes gens si tendrement unis ! [dit le Vieillard], ces bois qui vous donnaient leurs ombrages, ces fontaines qui
coulaient pour vous, ces coteaux où vous reposiez ensemble, déplorent encore votre perte.
(p. 228-229)

Citons, à titre d’exemple, la description de la nature en deuil suite à la mort d’Orphée, dans les
Métamorphoses d’Ovide :
Tu fus, Orphée, pleuré par les oiseaux affligés, par la troupe des bêtes sauvages, par les durs rochers, par les forêts
qu’entraînèrent souvent tes chants. Laissant choir ses feuilles, l’arbre, la tête rase, prit ton deuil ; les fleuves aussi, dit-
on, furent grossis de leurs propres larmes ; les Naïades et les Dryades prirent des voiles assombris de noir .
On trouverait d’innombrables reprises de ce lieu commun notamment dans les genres de l’élégie et de la pastorale.

Le temps
La correspondance qui s’établit dans toute fiction narrative entre l’espace et le temps se retrouve dans le récit
poétique qui, excluant les lieux socialisés, associés à des hiérarchies sociales, à des stratégies de conquête, ou à des
manœuvres de dissimulation, rejette également, de manière prévisible, le temps de l’intrigue des romans du
xviiie siècle. Le récit poétique libère du temps humain. La négation de la durée peut y prendre un caractère relatif ou

absolu ; dans le premier cas de figure, le récit inscrit la vie des personnages dans le temps cosmique de la nature ; dans
le deuxième cas, la durée s’abolit dans l’instant foudroyant, ou dans l’infinité.

Le type particulier de temporalité élu dans Paul et Virginie peut expliquer la manière dont elle est représentée dans le
récit : dans la mesure où le paysage naturel permet d’échapper au temps humain, on comprend mieux le choix très
fréquent d’une spatialisation du temps, ou d’une traduction du temps par des images topographiques. Ainsi, par
exemple, Paul et Virginie « connaissaient les heures du jour par l’ombre des arbres » ; quand « les tamarins ferment
leurs feuilles », c’est que « la nuit s’approche » ; l’âge des deux enfants se mesure à la hauteur des cocotiers de leur
jardin (p. 129), etc.

Le fleuve du temps
Dans le vallon paradisiaque, la plénitude du présent efface les souvenirs obsédants du passé et bannit la crainte de
l’avenir. Le temps y est linéaire, comme le suggère la formule du narrateur : « Pour moi, je me laisse entraîner en paix
au fleuve du temps […] et j’espère dans un autre monde de plus heureux destins » (p. 170). Ce temps rythmé par
l’alternance du jour et de la nuit, des saisons sèches et pluvieuses, de la vie et de la mort, met en correspondance le ciel
et la terre, l’homme et le divin. Il s’oppose au temps historique qui est exclusivement un temps humain, découpé de
manière arbitraire : « Paul et Virginie n’avaient ni horloges, ni almanachs, ni livres de chronologie, d’histoire et de
philosophie. Les périodes de leur vie se réglaient sur celles de la nature » (p. 129). Le Vieillard et les enfants
s’inscrivent dans ce temps du récit poétique plus aisément que les deux mères, parce qu’ils n’ont que des désirs
naturels. Toutefois Paul et Virginie vivent aussi dès leur plus jeune âge dans un temps historique, dans la mesure où
Mme de la Tour et Marguerite conservent des idées « de classes », dans la mesure aussi où ils sont confrontés à
l’esclavage, institution injuste s’il en est, dénoncée comme telle par Bernardin de Saint-Pierre dès 1773 dans son
Voyage à l’Ile de France. Les rencontres avec la négresse marronne, le maître cruel et la bande d’esclaves fugitifs
appartiennent au temps de la chronique, et les personnages mêmes de Domingue et Marie, qui peuvent paraître
intemporels, à l’image des bergers esclaves des Bucoliques de Virgile, ont néanmoins un pied dans l’Histoire. Il va
sans dire que le voyage en France de Virginie amplifie la part réservée au temps historique. L’intrigue romanesque
dans Paul et Virginie se fonde principalement sur ces parties de la fiction qui relèvent d’une chronologie humaine,
sociopolitique. Le récit didactique opposant la nature et la civilisation emprunte quant à lui des éléments aux deux
types de temporalité ; il travaille surtout à souligner le divorce entre le « siècle indifférent à tout, hors à la fortune et
aux voluptés » (p. 181) et la fidélité des personnages au rythme cosmique (rythme que signalent le chant du coq, qui
appelle Virginie à se lever pour puiser de l’eau à la source, ou l’apparition des rayons du soleil au sommet des
montagnes, moment où les deux familles se réunissent pour prier, etc., p. 91) ; ainsi :
Paul ne trouva pas beaucoup de goût dans l’étude de […] l’histoire […]. Il n’y voyait que des malheurs généraux et
périodiques, dont il n’apercevait pas les causes ; des guerres sans sujet et sans objet ; des intrigues obscures ; des
nations sans caractère, et des princes sans humanité.
(p. 159)

L’instant déchirant
Le récit poétique délivre du temps historique, qui paraît si souvent déréglé, incohérent, dramatique ; mais tout en
privilégiant la continuité des rythmes naturels, il fait une place aux bouleversements dans l’ordre de la nature et à leurs
effets dévastateurs, qui sont traités comme des moments d’une intensité exceptionnelle, tout autrement que les
guerres ridicules « sans sujet et sans objet ». L’intensité est d’ordre esthétique, tout d’abord, à en juger par l’effort de
renouvellement du topos de la tempête. Le « lever de rideau » qui annonce le début de la tragédie atmosphérique
suggère la parenté de l’émotion suscitée par les spectacles de la nature et de l’émotion théâtrale : « il faisait trop peu
de clarté dans le ciel pour qu’on pût distinguer aucun objet sur la mer, qui d’ailleurs était couverte de
brume » (p. 196-197), dit le Vieillard dans un premier temps ; puis « tout le monde cria : “Voilà l’ouragan !” et dans
l’instant un tourbillon affreux de vent enleva la brume qui couvrait l’île d’Ambre et son canal. Le Saint-Géran parut
alors à découvert avec son pont chargé de monde […] » (p. 199). Dans les tableaux du ciel de Paul et Virginie, tout
laisse penser que l’effroi qu’inspirent au Vieillard les tempêtes destructrices s’accompagne d’un sentiment
d’admiration pour le déploiement de couleurs exceptionnelles qui signale les cyclones et pour la beauté picturale de
ces « paysages aériens » – selon la formule de Bernardin de Saint-Pierre dans les Etudes de la nature [43]

L’éternité

Les personnages qui échappent de leur vivant, du moins en partie, au temps historique, en triomphent aussi après leur
mort ; l’autre de la chronologie humaine n’est plus, désormais, le rythme de la nature, mais la vie éternelle. La fiction
invite le lecteur à imaginer pour les personnages disparus deux formes d’immortalité, la première d’ordre surnaturel,
la deuxième plus spécifiquement liée à la structure du récit poétique, d’ordre terrestre.
Le destin céleste de la belle noyée est figuré dans la prosopopée de Virginie : « Je suis pure et inaltérable comme une
particule de lumière », dit la jeune fille morte (p. 221), suggérant une métamorphose stellaire dans une comparaison
qui rappelle l’identification de Paul et Virginie aux étoiles opérée par le Vieillard. Adaptant Horace, ce personnage
avait en effet écrit sur l’écorce d’un arbre : « Que les frères d’Hélène, astres charmants comme vous […] », et
rapproché ainsi le jeune couple fraternel des jumeaux mythiques Castor et Pollux, transformés en étoiles (p. 114) [45]

CITATIONS

• Le bon naturel de ces enfants se développait de jour en jour. Un dimanche, au lever de l’aurore, leurs mères étant
allées à la première messe à l’église des Pamplemousses, une négresse maronne se présenta sous les bananiers qui
entouraient leur habitation. Elle était décharnée comme un squelette, et n’avait pour vêtement qu’un lambeau de
serpillière autour des reins.

• Nos repas étaient suivis des chants et des danses de ces deux jeunes gens. Virginie chantait le bonheur de la vie
champêtre, et les malheurs des gens de mer que l’avarice porte à naviguer sur un élément furieux, plutôt que de
cultiver la terre, qui donne paisiblement tant de biens.

• La mer, soulevée par le vent, grossissait à chaque instant, et tout le canal compris entre cette île et l’île d’ambre
n’était qu’un vaste nappe d’écumes banches, creusées de vagues noires et profondes. Ces écumes s’amassaient dans
le fond des anses à plus de six pieds de hauteur, et le vent, qui en balayait la surface, les portait par-dessus
l’escarpement du rivage à plus d’une demi-lieue dans les terres. A leurs flocons blancs et innombrables, qui étaient
chassés horizontalement jusqu’au pied des montagnes, on eût dit d’une neige qui sortait de la mer. L’horizon offrait
tous les signes d’une longue tempête.

• « Il y avait planté encore des pépins et des noyaux de badamiers, de manguiers, d'avocats, de goyaviers, de jacqs et
de jamroses. La plupart de ces arbres donnaient déjà à leur jeune maître de l'ombrage et des fruits. Sa main
laborieuse avait répandu la fécondité jusque dans les lieux les plus stériles de cet enclos. Diverses espèces d'aloès,
la raquette chargée de fleurs jaunes fouettées de rouge, les cierges épineux, s'élevaient sur les têtes noires des
rochers, et semblaient vouloir atteindre aux longues lianes, chargées de fleurs bleues ou écarlates, qui pendaient çà
et là le long des escarpements de la montagne. »

• « Depuis le moment où le Saint-Géran aperçut que nous étions à portée de le secourir, il ne cessa de tirer du canon
de trois minutes en trois minutes. M. de la Bourdonnais fit allumer de grands feux de distance en distance sur la
grève, et envoya chez tous les habitants du voisinage chercher des vivres, des planches, des câbles, et des tonneaux
vides. On en vit arriver bientôt une foule, accompagnés de leurs noirs chargés de provisions et d'agrès, qui venaient
des habitations de la Poudre-d'Or, du quartier de Flaque et de la rivière du Rempart. Un des plus anciens des
habitants s'approcha du gouverneur, et lui dit : « Monsieur, on a entendu toute la nuit des bruits sourds dans la
montagne. Dans les bois, les feuilles des arbres remuent sans qu'il fasse de vent. Les oiseaux de marine se réfugient
à terre : certainement tous ces signes annoncent un ouragan. — Eh bien! mes amis, répondit le gouverneur, nous y
sommes préparés, et sûrement le vaisseau l'est aussi. »

• (Le vieillard, à Paul) « Pour vous, en rentrant en vous-même, vous n'avez rien à vous reprocher; vous avez été fidèle
à votre foi. Vous avez eu, à la fleur de la jeunesse, la prudence d'un sage, en ne vous écartant pas du sentiment de la
nature. Vos vues seules étaient légitimes, parce qu'elles étaient pures, simples, désintéressées, et que vous aviez
sur Virginie des droits sacrés qu'aucune fortune ne pouvait balancer. Vous l'avez perdue; et ce n'est ni votre
imprudence, ni votre avarice, ni votre fausse sagesse, qui vous l'ont fait perdre, mais Dieu même, qui a employé les
passions d'autrui pour vous ôter l'objet de votre amour : Dieu, de qui vous tenez tout, qui voit tout ce qui vous
convient, et dont la sagesse ne vous laisse aucun lieu au repentir et au désespoir qui marchent à la suite des maux
dont nous avons été la cause. »

ILLUMINISMO E ROMANTICISMO

L’illuminismo e il Romanticismo sono due correnti sviluppatesi in epoche diverse, ma che per alcuni versi sono
considerate contemporanee; vi sono comunque alcune differenze che riguardano diversi aspetti, come il periodo
storico, la filosofia, la religione, la tradizione, la storia, la natura, la religione e la nazione.

Contesto storico.
• l’Illuminismo si sviluppa nel ‘700, qui vi è il trionfo della borghesia grazie all’intervento dei sovrani
spodestati, vi è l’ottimismo, grazie al periodo di progressi e di conquiste sociali.
• Il Romanticismo nasce nella prima parte dell’800, si diffonde dapprima in Italia e successivamente esso si
diffuse soprattutto grazie alla guerra, qui non vi è l’ottimismo ma il pessimismo. Il pessimismo è causato dalla
delusione storica, prima con l’Imperialismo Napoleonico, poi con la Rivoluzione Francese, quindi la storia
aveva smentito l’ottimismo e diffuso il pessimismo.

Filosofia.
• Nell’Illuminismo si sviluppa al suo interno il sensismo, cioè una sensazione basata sui sensi e il materialismo,
cioè la concezione filosofica per la quale l’unica realtà che può realmente esistere è la materia.
• Nel Romanticismo si sviluppa l’idealismo e lo spiritualismo. Per idealismo intendiamo una concezione del
mondo secondo cui tutto ciò che è reale, è già di nostra conoscenza.

Ragione.
• Nell’Illuminismo si esalta la ragione intesa come strumento di ricerca della felicità e quindi unica guida
dell’azione umana.
• Nel Romanticismo invece all’idea della ragione si affianca anche l’intuizione e il sentimento.

Tradizione.
• L’Illuminismo rifiuta il blocco, la tradizione, il dogmatismo, la superstizione. Per dogmatismo intendiamo
tutto ciò che non può essere spiegato dalla religione.
• Per quanto riguarda il Romanticismo, esso accoglie l’idea di modernità e di rinnovamento della cultura e
del giusto, rivaluta la tradizione nazionale e la intende come radice del popolo.

Storia.
• Nell’Illuminismo vi è l’antistoricismo, infatti essi considerano alcune epoche storiche negative, cioè per
loro esse sono il frutto dell’errore e del dogmatismo.
• Mentre nel Romanticismo prevale lo storicismo, la storia qui è intesa come sviluppo progressivo.
Natura.
• Per gli Illuministi la natura è una madre indifferente che obbedisce ad un ciclo di trasformazioni e ciò
avviene anche inconsapevolmente, infatti la natura va contro tutto quello che è artificioso, ossia costruito
dall’uomo. Qui la natura viene accostata alla ragione.
• I Romantici distaccano l’idea di natura dalla ragione e l’affiancano al sentimento e all’intuizione (Sturm
und Drang).

Religione.
• Gli Illuministi alla religione rivelata contrappongono il deismo (fede in un ente supremo privo di connotati
dogmatici) e il materialismo.
• I Romantici promuovono la rinascita dello spirito religioso, sia come generico misticismo sia come
cattolicesimo liberale (credere o meno in Dio).
Nazione.
• L’Illuminismo afferma il cosmopolitismo (riguardante il cosmo) sulla base dell’egualitarismo indirizzando
_più alle conquiste sociali che all’indipendenza del popolo.
• I Romantici invece sviluppano l’idea di nazione.
















Paul et Virginie di Bernardin Saint-Pierre—>è un romanzo molto famoso. Non è un romanziere di professione ma
è quasi interamente la situazione dei letterati del ‘700 perché il romanzo è un genere in sviluppo e quindi gli scrittori
non si occupano solo di romanzo, il romanziere non è ancora una professione, l’attività principale di questi romanzieri
ha un’influenza sul romanzo che scrivono. Saint-Pierre è un filosofo naturalista ossia si interessa della natura, di
fenomeni naturali, è l’autore di una serie di studi in 5 volumi “Etude de la nature” dove cerca di studiare la geologia, la
botanica, la fisica anche con una finalità filosofica ovvero dimostrare la bontà della natura come opera di Dio. È uno
scienziato che promuove uno studio della natura finalizzato ad un accordo uomo-natura, da questo punto di vista è un
diretto discepolo di R e ne è ammiratore. Il romanzo appare nel mezzo degli studi della natura, raccoglie a mo’ di
racconto nel romanzo ciò che lui studia nella natura, è un’esemplificazione del suo pensiero. È singolare
l’impostazione del romanzo all’interno di un’opera dedicata a studiare i fenomeni naturali, questo racconto è legato
alla propria filosofia della natura. Nel 1804 Paul et Virginie viene pubblicato a parte. Questo romano racconta la storia
di due donne francesi che per motivi di amore contrastato sono dovute fuggire alle colonie, all’Ile de France, una è una
ragazza del popolo messa incinta da un ragazzo che è fuggito, l’altra è nobile e anche questa è stata ripudiata.
Entrambe sono incinte, una partorisce un figlio maschio Paul e l’altra una ragazzina Virgine, vengono cresciuti come
fratelli. Con il tempo cominciano s provare un sentimento d’amore, vengono spinti da altre persone a separarsi,
Virginie viene mandata a Parigi. È un dramma, a Parigi viene rinchiusa in un convento perché la zia cerca di farle
sposare un suo amico. Paul e Virginie cominciano a mandarsi delle lettere che vengono intercettate dalla zia. La
società di Parigi non corrisponde a ciò che vuole Virginie. Alla fine lei verrà rimandata nell’isola in pieno inverno,
durante le tempeste, la nave sulla quale ritorna naufraga, lei tenta di salvarsi ma alla fine morirà nel naufragio della
nave. Dopo due mesi muore anche Paul di dolore, muoiono anche le madri. La piccola società che si era formata anni
prima finisce. La morte di Virginie è molto simbolica perché l’eroina avendo subito un’educazione sociale fondata
sulle regole della città non ha potuto capire qual era il suo interesse per salvarsi la vita e muore a causa di
un’educazione falsa imposta dal pudore. È il romanzo di un amore puro e casto, i due ragazzi muoiono vergini, non a
caso lei si chiama Virginie, non è un amore che cede alla passione e ai desideri del corpo. È un romanzo tragico. È un
romanzo che imposta un quadro che si può ricondurre a molte idee di Rousseau. È un romanzo dal quadro è extra-
europeo, esotico che fa parte degli studi di Saint-Pierre, la descrizione acquisisce un’importanza significativa,
troviamo elenchi di vegetali, animali che appartengono alla civiltà esotica, si sposta il contesto del romanzo in una
natura incontaminata. Cerca una posizione geografica che più rispecchia l’idea di una natura elementare, molto
lontana, dove ci abitano poche persone. Petite société racchiudere delle cellule umane ridotte che possono soddisfare
i propri bisogni perché sono in numero molto ridotto, beauté de la natura—beauté morale la bellezza della morale può
essere raggiunta attraverso il contatto con la bellezza della natura. 1788 data di pubblicazione del romanzo. È più
tradizionale di R. perché afferma che il suo romanzo racconta una storia vera, è un dispositivo narrativo che tenta di
rafforzare il romanzo attraverso l’affermare che si tratta di un romanzo vero. Afferma di aver conosciuto gli abitanti di
Ile de France. Idea che il romanzo sia una specie di pastorale (genere letterario che mette in scena in una natura fasulla
dei pastori fasulli che discorrono di amore, è un genere molto antico)à è l’inserimento del romanzo all’interno di un
modello. Necessità di questo romanzo di far leva sulla
sensibilità dei lettori, già R. sviluppa un romanzo iper-sensibile per far identificare i lettori con i personaggi. Paul
richiama San Paolo, un eremita; l’etimologia di Virginie è vergine e infatti lei è una ragazza pura, non si parla solo di
verginità sessuale ma anche di virtù perché rifiuta la società corrotta e il modello che le viene imposto.
È un romanzo di amore tragico, un amore nato nelle colonie francese in un nucleo familiare molto piccolo a contatto
con la natura. Mondo della natura, esotico contrapposto al mondo corrotto e falso della Francia metropolitano ossia la
città di Parigi. L’autore si pone come discepolo di Rousseau, il poter trovare una morale in accordo con la natura.
Dispositivo narrativo di presentare la storia come una storia vera, utilizzato dallo stesso Marivaux.
Il narratore è un vecchio signore che conosceva le 2 famiglie e incontra l’autore al quale racconta la storia dei 2 giovani
(Manon Lescaut narratore che riporta le parole di uno degli eroi, Des Grieux racconta la sua storia a L’homme de
qualité il quale a sua volta racconta la storia all’autore).
Il romanzo in quanto tema partecipa alla scrittura del romanzo in quanto genere molti autori fanno ricorso al genere
del romanzo per impostare i caratteri della storia. La presenza del romanzo come tema all’interno dei romanzi è molto
indicativa nel ‘700 perché essi vengono utilizzati sempre più nella società come mezzo di educazione e di crescita per
gli individui. L’idea del libro come manuale di vita risulta difficoltoso da sostenere in questo caso perché il romanzo
non è più una garanzia educativa e sta prendendo la propria strada. Bernardin distingue la sfera della conoscenza e la
sfera della natura, che cerca di promuovere (quest’ultima). L’autore critica il fatto che si possa arrivare ai piaceri
tramite la conoscenza. In questo autore si vanno a delineare dei tratti che andranno a confermarsi nel corso dell’800.
Per Bernardin i romanzi moderni (fine del ‘700) sono negativi perché non rispettano lo scopo di promuovere la virtù

ed istruire gli uomini e le donne, il romanzo quindi si sta emancipando molto da questo ideale che andrà a decadere.
Parla del Télémaque di Fenellon prototipo di formazione virtuosa, gli piace perché presenta quadri della vita agreste e
passioni naturali per il cuore umano, riconoscimento attraverso la lettura di un romanzo di una situazione che è quella
dell’eroe. La sua lettura lo porta ad identificare i suoi personaggi con i personaggi del Télémaque e la riflessione sul
romanzo ci porta a capire quanto nel ‘700 il genere del romanzo stia diventando un genere a sé stante e un genere
utile per imparare qualcosa della vita. Paul ha un’idea di romanzo come verità rispetto alla società e temeva che
Virginie potesse essere corrotta nella società parigina. Il romanzo ha un ruolo importante perché funge da specchio
della società ed è testimone della corruzione di Parigi. La ricchezza è uno dei fattori corrompe la società e impedisce
che ci sia uguaglianza tra gli uomini quindi di conseguenza impedisce la felicità. L’idea del tradimento non nasce in lui
prima che lui legga dei romanzi ma nasce come conseguenza alle letture romanzesche perché nella micro-società in
cui vive il tradimento non esiste, diventa preda di un modello di società che non è suo. Sade ha una visione
completamento opposta, perché in questo romanzo la virtù viene celebrata. Sade pretende che il suo romanzo possa
servire da contro-esempio ma l’effetto è quello contrario.
Riassunto: siamo partiti di definizioni di dizionari ed autori dove venivano poste le problematiche centrali ovvero le
tipologie di romanzi, i caratteri, tutto un insieme di tratti che rientrano nella finalità e nella struttura del romanzo;
dall’inizio alla fine del secolo il romanzo ha la finalità d educare e di istruire il lettore su degli aspetti della vita. Il
romanzo è in formazione durante il ‘700; il romanzo del ‘600 è instabile ed è un romanzo che sviluppa una serie di
avventure che non sono sempre collegate l’una all’altra. Un elemento di evoluzione che va verso la stabilizzazione del
romanzo è l’elemento ideologico e morale: il dibattito sulle idee diventa prevalente sulla sfera delle lettere e anche il
dibattito sulla morale diventa prevalente e quindi dal momento in cui morale-idee sono prevalenti il romanzo stesso si
sviluppa e approfitta di questa moralizzazione della letteratura per incanalare le sue problematiche all’interno di
questo specchio sociale e storico. L’interesse dei romanzi è di mostrare che gli autori non aderiscono all’ideologia del
loro tempo, il più delle volte colgono le dinamiche contrastanti della società e di mostrare grazie alla letteratura
quanto il mondo non funzioni in modo ideale e quindi le dinamiche morali che incontriamo nei romanzi sono lo
specchio di una società che difficilmente riesce a costruirsi attraverso un’idea ideale, nel romanzo troviamo quindi
un’immagine della società che non corrisponde alla realtà ma che gli autori, i letterati invece vorrebbero. Il romanzo
serve a capire una società e una sensibilità storica, non è solo uno studio della letteratura. C’è un grande idealismo nei
romanzi del ‘700 e questo lo abbiamo visto in Rousseau e in Bernardin Saint-Pierre. Tutti gli elementi visti nel ‘700
concorrono a fissare i limiti del genere del romanzo. I romanzi dell’800 sono una conseguenza di quelli del’700 e
delle loro caratteristiche.
La questione della tipologia del genere: roman mémoire, épistolaire, d’aventure. Le tipologie sono concorrenti
nel’700, ci sono molto romanzi épistolaire e mémoire nel ‘700, le tipologie romanzesche vanno studiate rispetto alle
finalità del romanzo. Le strategie autoriali degli autori: abbiamo letto i paratesti preliminari al romanzo per capire le
intenzioni degli autori e per mostrare quanto la figura stessa dell’autore è instabile così come lo è il genere (le
copertine, giochi redattori, autori, dietro a figure plurali cerca di imporsi la figura professionale del romanziere); c’è
ancora una difficoltà a porsi come autore, l’instabilità costringe gli autori ad adottare delle posture plurali che servono
a costruire la propria posizione, questo avverrà nell’800 ad esempio Balzac è un romanziere a tutti gli effetti; mentre
Rousseau è un filosofo che scrive romanzi, quindi nel ‘700 il romanziere non è ancora una professione. La relazione
finzione-realtà è il nodo principale attorno al quale i romanzieri cercano di avvicinarsi il più possibile, essi cercano di
avvicinarsi alla realtà (Crébillon vuole creare una storia che possa essere uno specchio della realtà). Verità-
verosimiglianza-finzione-reale da tenere presenti nel romanzo del ‘700. Gli obiettivi: il discorso sul romanzo come
modello di vista, il romanzo dovrebbe istruire il lettore, presentargli una situazione in cui egli possa crescere e aderire
ad un modello di crescita virtuosa; il discorso sulla morale è fondamentale per il romanzo del ‘700 leggendo Sade
questo punto viene a meno perché il buono morirà nel suo romanzo. Sentimenti-passioni e discorso che porta il
romanzo ad entrare sulla dinamica della soggettività e del male. Questo discorso trova delle risposte in Sade e
Baudelaire sviluppa un’idea che prende in considerazione la tensione irrisolta bene-male, morale-immorale.

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