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Fonctions holomorphes

Théorie de Cauchy

Théorèmes

d'uniformisation
et de Picard

Claude BONNECAZE
(Voir page web)

1
Table des matières
1 Historique 5
2 Le corps des nombres complexes C 5
2.1 Première construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Deuxième construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.3 Troisième construction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.4 Topologie de C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.5 Sphère de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
3 Fonction holomorphe, dénition 9
3.1 Zéro et pôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.2 Conditions de Cauchy-Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.3 Fonction harmonique, laplacien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.4 Fonction holomorphe, anti-holomorphe . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.5 Surface de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3.6 Fonctions holomorphes usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3.6.1 Inversion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3.6.2 Fonction polynôme et fonction rationnelle . . . . . . . . . 16
3.6.3 Fonction homographique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.6.4 Fonction exponentielle ez . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.6.5 Fonction logarithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3.6.6 Fonction dilogarithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.6.7 Fonction puissance non entière . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.6.8 Fonction (1 + z)a , a ∈ C∗ . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.6.9 Fonctions trigonométriques et hyperboliques . . . . . . . . 23
3.6.10 Fonctions doublement périodique . . . . . . . . . . . . . . 25
3.6.11 La fonction ℘ de Weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . 25
3.7 Transformation conforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.8 chemin, lacet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.9 Homotopie de lacets basés et groupe fondamental . . . . . . . . . 32
4 Intégration 33
4.1 Intégrales curvilignes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
4.2 Théorème Intégral de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
4.3 Primitive d'une fonction holomorphe . . . . . . . . . . . . . . . . 35
4.4 Indice d'un point par rapport à un lacet . . . . . . . . . . . . . . 36
5 Fonctions holomorphes 38
5.1 Formules intégrales de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
5.2 Théorème de Liouville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
5.3 Théorème de d'Alembert-Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
5.4 Principe du maximum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
5.5 Lemme de Schwarz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
5.6 Lemme de Schwarz-Pick . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42

2
5.7 Biholomorphisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
5.8 Une fonction holomorphe est ouverte . . . . . . . . . . . . . . . . 44
5.9 Théorème de Morera . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
5.10 Théorème de l'argument . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
5.11 Théorème de Rouché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
5.12 Prolongement holomorphe (analytique) . . . . . . . . . . . . . . . 47
5.13 Théorème de monodromie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
6 Revêtement 49
6.1 Dénitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
6.2 Relèvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
6.3 Relèvement d'un chemin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
6.4 Relèvement d'un lacet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
6.5 Relèvement d'une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
6.6 Relèvement d'une homotopie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
6.7 Simple connexité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
6.8 Uniformisation des fonctions multiformes . . . . . . . . . . . . . 56
7 Série de Laurent 57
7.1 Exemples de séries de Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
7.2 Point singulier essentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
7.2.1 Exemples de point singulier essentiel . . . . . . . . . . . . 59
7.3 Théorème de Casorati-Weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
8 Singularités isolées 60
8.1 Point de branchement, ou de ramication . . . . . . . . . . . . . 61
9 Singularités non isolées ou mixtes 62
10 Fonctions holomorphes de Ĉ dans Ĉ 63
11 Famille de fonctions holomorphes 63
11.1 Suite croissante de compacts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
11.2 Convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
11.3 Famille normale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
12 Uniformisation des surfaces de Riemann 67
12.1 Théorème de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
12.2 Revêtement universel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
12.3 Automorphismes de Ĉ, C, H et D . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
12.4 Revêtement universel et groupe d'automorphismes . . . . . . . . 72
12.5 Premier, ou "petit", théorème de Picard . . . . . . . . . . . . . . 75
12.6 Le second, ou "grand", théorème de Picard . . . . . . . . . . . . 75
12.7 Caractérisation des singularités simples isolées . . . . . . . . . . . 77

3
13 Résidus 78
13.1 Résidu en z0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
13.2 Théorème des résidus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
13.3 Résidu en ω . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
13.4 Lemmes de Jordan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
13.5 Calcul d'intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
13.5.1 Intégrales trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
13.5.2 Intégrales sur R ou R+ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
13.5.3 Intégrales de fonctions rationnelles . . . . . . . . . . . . . 84
13.5.4 Intégrales de Fresnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
14 Exercices 88
15 Correction des exercices 90

4
1 Historique
On a ressenti au seiziè me siècle la nécessité de pouvoir utiliser, au moins
transitoirement lors d'un calcul, des racines carrées de nombres négatifs. Ainsi
Cardan 1 , qui a publié la première méthode de résolution de l'équation du troi-
sième degré, a été confronté à ce problème. Voici pourquoi.
Considérons par exemple l'équation x3 − 7x − 6, dont les racines sont −1, 2
et 3.
On pose x = u+v avec 3uv−7 = 0, de sorte que u3 +v 3 = 6 et u3 v 3 = (7/3)3 .
Alors, u3 et v 3 sont les racines de l'équation x2 −6x+(7/3)3 . Le discriminant (ré-
duit) de cette équation est négatif (−100/27) et ses racines sont 3 ± −100/27.
p

Les racines cubiques de ces deux nombres donnent u et v , d'où les racines de
l'équation initiale. Mais l'extraction de ces racines était un problème insoluble
pour l'époque (à moins de tricher...).
Raphael Bombeli (1526-1572) introduit une√notation astucieuse : 1 est noté
"piu
√ di piu" (+, +), −1 "meno di pio (−, +), −1 "piu di meno" ((+, −)) et
− −1 "meno di meno" ((−, −), avec les règles habituelles de produit de produit
par des réels complétées par (+, −)2 = (−, −)2 = (−, +).
Le suisse Léonard Euler (1707-1783) nous a donné la notation i, l'identité
eiπ + 1 = 0 et la relation eiθ = cos θ + i sin θ.
William Rowan Hamilton (1730-1803) et Joseph Fourier (1768-1830) ont fait
avancer la théorie.
Carl Friedrich Gauss (1777-1855) a démontré le théorème fondamental de
l'Algèbre (tout polynôme de degré n a n racines réelles ou complexes), sujet
abordé dans sa thèse (1799) et dénitivement prouvé en 1815.
Augustin Louis Cauchy (1789-1857) a créé la théorie des fonctions dérivables
de la variable complexe (fonctions holomorphes).
Les nombres complexes sont indispensables dans presque tous les domaines
des mathématiques et de la physique.

2 Le corps des nombres complexes C


On désire munir R2 d'une structure de corps commutatif qui soit une exten-
sion algébrique de R, c'est-à-dire contenant R comme sous-corps, et un R-espace
vectoriel de dimension 2.

2.1 Première construction


Appelons 1 le vecteur (1, 0) et i le vecteur (0, 1). Le vecteur (x, y) ∈ R2 s'écrit
alors z = x + iy ∈ Cp. Son module en tant que nombre complexe, ρ = |z|, est
sa norme dans R2 , x2 + y 2 . Dénissons pour tout θ ∈ R eiθ = cos θ + i sin θ,
et ex+iy = ex eiy .
1. Girolamo Cardano (1501-1576), médecin, mathématicien, astrologue, inventeur, entre
autres, du joint qui porte son nom.

5
Le module de eiθ étant égal à 1, celui de son carré est égal à 1, et il existe φ
tel que :
(cos θ + i sin θ)2 = cos φ + i sin φ.
Pour θ = π/4 :
1 1
(1 + 2i + i2 ) = (1 + i2 ) + i,
2 2
et le module sera égal à 1 si et seulement si 1 + i2 = 0. On a donc i2 = −1, i et
−i sont les racines du polynôme X 2 + 1, irréductible dans R, et :

(cos θ + i sin θ)2 = cos2 θ − sin2 θ + 2i sin θ cos θ = cos 2θ + i sin 2θ.

Si z = x + iy , x est sa partie réelle, <z , y sa partie imaginaire, =z , et


θ ∈] − π, π] son argument principal, θ = arg(z), les autres arguments étant
de la forme θ + 2kπ , k ∈ Z. On a :
p
z = x2 + y 2 (cos θ + i sin θ) = |z| exp(iθ).

Le nombre complexe z 6= 0 peut être représenté par le couple (ρ, θ), ρ > 0,
θ déni modulo 2π . On a x = ρ cos θ et y = ρ sin θ.
L'addition est de celle de R2 :
(x + iy) + (x0 + iy 0 ) = x + x0 + i(y + y 0 ).

La multiplication s'écrit :
(x + iy)(x0 + iy 0 ) = xx0 − yy 0 + i(xy 0 + x0 y),

ou encore :
(ρ, θ)(ρ0 , θ0 ) = (ρρ0 , θ + θ0 ),
d'où, avec n > 0, (ρ, θ)n = (ρn , nθ), (ρ, θ)1/n = (ρ1/n , θ/n), et si ρ > 0 :
(ρ, θ)−n = (1/ρn , −nθ), (ρ, θ)−1/n = (ρ−1/n , −θ/n).

Si M = (x, y) ∈ R2 , z = x + iy est l'axe de M , M est l'image de z .


Si z = x + iy , le complexe z = x − iy est le conjugué de z .
On a z̄¯ = z et arg(z) = − arg(z).
x − iy z
Comme |z|2 = zz , l'inverse de z 6= 0 est2 2
= 2.
x +y |z|
Le module, déduit de la norme euclidienne de R2 , est une norme sur C.
√ √
√ z = −1 + i, on a ρ = 2, puis cos θ = − 2/2 d'où θ = 3pi/4
Si par exemple
ou 5π/4, sin θ = 2/2, d'où θ = π/4 ou 3π/4, et nalement θ = 3π/4.

Si z = 0, on a |z| = 0 et argz n'est pas déni.

6
6 La forme cartésienne de z est
iy r x + iy , ρeiθ est sa forme exponen-
rM= x + iy
ρ 
 tielle, (ρ, θ) est sa forme polaire et
ir  ρ(cos θ +i sin θ) est sa forme trigono-
métrique.

 θ
O  1r rx -

Il n'y a pas de relation d'ordre total sur C. En eet, si i ≥ 1, au carré :


i2 = −1 > 1, multiplions par i : −i ≥ i, 1 ≥ −1 et donc 1 = −1, ce qui est
absurde. De même en supposant que 1 ≥ i.

Propriétés de |z|. Immédiates :


z1 + z2 = z 1 + z 2 , z1 z2 = z 1 z 2 , z + z = 2<z , z − z = 2=z , |z| = |z|,
|1/z| = 1/|z|.
Puis, avec z = ((ρ, θ) et z 0 = ((ρ0 , θ0 ), |z + z 0 | = |z + z 0 cos(θ − θ0 )| :
||z| − |z 0 || ≤ |z + z 0 | ≤ |z| + |z 0 |,

et |z + z 0 | = |z| + |z 0 | si θ = θ0 , |z + z 0 | = ||z| − |z 0 || si θ = θ0 + π (toujours


modulo 2π ).

2.2 Deuxième construction


On peut construire C comme une extension de R par le polynôme X 2 + 1 ;
C est alors isomorphe au corps quotient de l'anneau intègre R[X] par l'idéal
maximal engendré par (X 2 + 1) : C ∼
= R[X]/(X 2 + 1) (voir la partie "Algèbre",
même page web : Claude Bonnecaze), d'où le diagramme commutatif :

7/ C
ψ
R[X]

χ ' φ

R[X]/(X 2 + 1)

dans lequel χ est la surjection canonique et φ l'isomorphisme tel que l'image


de la classe de 1 est 1 et celle de la classe de X est i. On a Kerψ = (X 2 + 1),
ψ(1) = 1 et ψ(X) = i.

2.3 Troisième construction


C'est celle de Edward Thomas Copson (1901-1980).
Soit E l'ensemble des matrices représentant les similitudes directes du plan
euclidien R2 (voir "Isométries" dans "Systèmes et Matrices", même page web :

7
Claude Bonnecaze) :
 
x −y
E = {M (x, y) = | (x, y) ∈ R2 }.
y x

On vérie sans peine que l'application linéaire :


M: C → E
x + iy 7→ M (x, y)

est une bijection qui respecte les structures, additive et multiplicative, donc un
isomorphisme de corps.
Multiplier un nombre complexe par z = (ρ, θ) équivaut à faire agir sur ce
nombre la similitude de rapport ρ et d'angle θ.
On note C∗ = C\{0}.

2.4 Topologie de C
La boule ouverte (ou "disque ouvert") de centre z0 et de rayon r > 0 est
l'ensemble :
B(z0 , r) = {z ∈ C | |z − z0 | < r},
la boule fermée (ou "disque fermé") de centre z0 et de rayon r est l'ensemble :
b 0 , r) = {z ∈ C | |z − z0 | ≤ r}.
B(z

Une boule fermée de rayon r contient la boule ouverte de même rayon (ou de
rayon plus petit), et la boule ouverte de rayon r contient la boule fermée de
rayon r0 < r.
Un voinage de z0 ∈ C est une partie V de C contenant une boule centrée
en z0 . Un ouvert de C est une partie qui est voisinage de chacun de ses points.
La boule ouverte B(z0 , r) est un ouvert car, si z ∈ B(z0 , r), la boule ouverte
B(z, r − |z|) est un voisinage de z dans B(z0 , r).
Un fermé est le complémentaire d'un ouvert. La boule fermée B(z b 0 , r) est
un fermé car son complémentaire F est un ouvert : si z ∈ b 0 , r), |z − z0 | > r
/ B(z
et la boule ouverte B(z, |z − z0 | − r) est un voisinage de z dans F .
Une union dénombrable d'ouverts est un ouvert, et une intersection dénom-
brable de fermés est un fermé. Une union nie de fermés est un fermé, et une
intersection nie d'ouverts est un ouvert.
L'union dénombrable des fermés B(z b 0 , 1 − 1/n) est l'ouvert B(z0 , 1), et l'in-
tersection dénombrable des ouverts B(z0 , 1 + 1/n) est le fermé B(zb 0 , 1).

Soit E une partie de C. L'intérieur E , est le plus grand ouvert contenu
dans E . L'adhérence de E , Eb , est le plus petit fermé contenant E . Le com-
plémentaire de E dans C est l'ensemble CC (E) = C\E . La frontière de E ,
Fr(E), est l'intersection des frontières de E et de CC (E).
Un compact de C est un fermé borné (contenu dans une boule).

8
Un domaine de C est un ouvert connexe de C, c'est-à-dire qu'il n'est pas
la réunion de deux ouverts disjoints (il est "d'un seul tenant").
Soient E ⊂ C. Une composante connexe de E est une partie connexe de
E maximale (non contenue dans une partie connexe plus grande).
Un trou T dans un domaine U est un ensemble non vide tel que FR(T ) ⊂Fr(U ).
Ainsi, {0} est un trou de C∗ .
Une suite (zn )n∈N de C a une limite z0 ∈ C si |zn − z0 | → 0 (dans R).

2.5 Sphère de Riemann


En ajoutant le point à l'inni noté ω à C on obtient la sphère de
Riemann (Bernhard Riemann (1826-1866), mathématicien allemand), homéo-
morphe à la sphère S 2 , donc compacte, notée C
b.

Nr
'$ P est la projection stéréogra-
Qr phique de la sphère S 2 privée de son
Q s
r Qr ω = P (N ) →
O zQ
= P (s)
-
pôle Nord sur C ∼= R2 , prolongée par
r
&%
QQs l'image du pôle Nord en ω .
P (O)

Un voisinage de ω dans C b telle qu'il existe ρ ∈ R∗ :


b est une partie V de C
+
∀z ∈ V, |z| > ρ.
L'image par P d'un "petit" cercle sur S 2 délimitant une calotte sphérique
centrée en N est un "grand" cercle centré en 0, dont l'extérieur est un voisinage
de ω .

3 Fonction holomorphe, dénition


La fonction f : C → C peut s'écrire f (x + iy) = A(x, y) + iB(x, y), A étant
sa partie réelle et B sa partie imaginaire. Elle est continue en z0 si :
∀ > 0, ∃η > 0 : ∀z ∈ C |z − z0 | < η =⇒ |f (z) − f (z0 )| < ,

ou si z → z0 implique f (z) → f (z0 ). Elle est continue sur un ouvert D ⊂ C


si elle est continue en tout point de D, ou si l'image réciproque d'un ouvert
quelconque de D est un ouvert de C.
La fonction f , dénie dans un voisinage de z0 ∈ C, est holomorphe en z0
si elle y est dérivable, et f 0 (z0 ) est sa dérivée, si (rappelons que C∗ = C\{0}) :
f (z) − f (z0 )
f 0 (z0 ) = lim ,
z→z0 z − z0
c'est-à-dire si :
f (z0 + h) = f (z0 ) + hf 0 (z0 ) + o(||h||), h ∈ C∗ .

Une fonction holomorphe est évidemment continue.

9
Elle est holomorphe dans un ouvert U si elle est holomorphe en tout point
de U . Elle est entière si elle est holomorphe en tout z ∈ C.
Les fonctions polynômes et l'exponentielle sont entières.
L'opérateur de dérivation est noté D. La dérivée est notée Df ou f 0 .

On montre, comme dans le cas réel, que, si f et g sont holomorphes et si λ


et µ sont des complexes, λf + µg est holomorphe, que (f g)0 = f g 0 + f 0 g , que, en
les points z tels que g(z) 6= 0, (f /g)0 = (gf 0 − f g 0 )/g 2 , et que (g ◦ f )0 = g 0 ◦ f.f 0
en les points z tels que f soit holomorphe en z et g en f (z).
La diérentielle de f en z0 , df (z0 ), est égale à f 0 (z0 ) dz , avec dz = dx+idy :
∂A ∂B ∂A ∂B
df = dA + idB = ( +i ) dx + ( +i ) dy.
∂x ∂x ∂y ∂y
L'ensemble Hol (U ) des fonctions holomorphes sur U est un anneau intègre
et une algèbre sur C.
Le corps des fractions (voir la partie "Groupes, Anneaux, Corps") de cet
anneau intègre est l'ensemble M des fonctions méromorphes. Une fonction
méromorphe est donc le quotient f /g de deux fonctions holomorphes, après éli-
mination de leurs facteurs communs éventuels. Comme D(f /g) = (gf 0 −f g 0 )/g 2 ,
f /g est holomorphe en z0 ∈ U si g(z0 ) 6= 0.
Nous verrons que le terme "holomorphe" est en fait beaucoup plus fort que
le terme "dérivable".
Notons que la fonction f : z 7→ z n'est pas dérivable, car, si h = (ρ, θ) :
f (z + h) − f (z) z+h−z h
= = = (1, −2θ)
h h h
ne tend pas vers une limite quand h → 0. Elle a cependant des dérivées partielles
en tant que fonction de R2 dans R2 .
Une fonction est analytique en z0 si elle est la somme d'une série entière :
X
f (z) = an (z − z0 )n , an ∈ C.
n∈N

Le rayon de convergence R d'une telle série est la borne supérieure des


z − z0 en lesquels la série converge. Rappelons son expression :
1 an
= lim sup n |an|, ou R = lim
p
.
R n→∞ an+1

Comme on peut dériver, ou intégrer, terme à terme une telle série à l'intérieur
de son disque de convergence (normale), une fonction analytique est holomorphe
à l'intérieur de son disque de convergence.
Il existe, d'après la dénition, un z ∈ C, avec |z − z0 | = R en lequel la série
diverge. En eet, on pourrait, sinon, recouvrir le bord (compact) par un nombre
ni de disques B(zk , rk ) en lesquels la série convergerait, l'intersection de deux
disques adjacents contiendrait des z tels que |z − z0 | > R.

10
Nous verrons qu'une fonction holomorphe dans l'ouvert U , donc supposée
simplement dérivable, y est analytique, donc indéniment dérivable (5.1.3).
Si f ∈ Hol (U ), z0 ∈ U , et si f (z0 ) 6= 0, g = 1/f est holomorphe en z0 :
Dg(z0 ) = Df (z0 )/f 2 (z0 ).
Soient f ∈ Hol (U ), z0 et z1 dans U tels que f (z1 ) = z0 , z1 étant l'unique
antécédent de z0 , quitte à restreindre U . Si Df (z0 ) 6= 0, f −1 est holomorphe en
z1 : Df −1 (z1 ) = 1/Df (z0 ).
Notons que f (z) = z 3/2 n'est pas holomorphe en z = 0, bien que formel-
lement dérivable, n'étant pas dénie dans un voisinage de z = 0 (on ne peut
tourner autour de ce point). Elle est holomorphe sur C\R− .
Une fonction f est anti-holomorphe en z0 si f¯ est holomorphe en z0 .

3.1 Zéro et pôle


Si f (z0 ) = 0, z0 est un zéro de f . Soient U un voisinage ouvert de z0 ∈ C et f
une fonction analytique dans U , nulle en z0 . Il existe alors un entier strictement
positif k et un complexe non nul ak tels que :
X
f (z) = an (z − z0 )n = (z − z0 )k g(z),
n≥k

g étant une fonction analytique non nulle en z0 . Dans ces conditions, z0 est un
zéro de f d'ordre k. Un zéro est isolé s'il admet un voisinage ne contenant
aucun autre zéro.

3.1.1. Les zéros de f , analytique, sont isolés.

Démonstration. Soit z0 un zéro d'ordre k de f , holomorphe, donc analytique,


dans un voisinage ouvert de z0 . Il existe un disque D de rayon r centré en z0 ,
D(z0 , r), tel que :
X
z ∈ D =⇒ f (z) = an (z − z0 )n , an ∈ C, ak 6= 0,
n≥k

de sorte que, pour z voisin de z0 , f (z) ∼ ak (z − z0 )k , |f (z)| ∼ |ak (z − z0 )k |,


|ak |
|f (z)| ≥ |z − z0 |k , et donc que f (z) ne peut être nul que si z = z0 .
2
Corollaire : si f , analytique dans un domaine U , a une suite (zn )n∈N de zéros
dans U , cette suite ne peut converger vers un complexe z ∈ U car, par continuité,
on aurait f (z) = 0, et z ne serait pas un zéro isolé.
Ainsi f (z) = sin(1/z), analytique dans C∗ , admet la suite de zéros 1/kπ qui
tend vers 0, point en le quel f n'est pas analytique.

11
Si f et g sont analytiques en z0 , avec f (z0 6= 0 et g(z0 ) = 0, z0 est un pôle
de h = f /g . C'est un "point singulier". Il est d'ordre k si c'est un zéro d'ordre
k de g . Ceci revient à dire que z0 est un zéro d'ordre k pour 1/f , d'où :

3.1.2. Les pôles sont des points singuliers isolés.

cos z
Exemple : f (z) = en z = 0. On a :
1 − cos z
1 − z 2 /2 + z 4 /24 + · · ·
f (z) =
z 2 /2 − z 4 /24 + · · ·
2 5 1 2
= − + z + ···)
z2 6 120
2 5 1 4
= 2
(1 − z 2 + z + ···)
z 6 120
2
= g(z).
z2
L'origine est un pôle d'ordre 2 et g est analytique.
Plus simplement ici, on peut procéder par équivalence au voisinage de z = 0 :
1 − z 2 /2 2
f (z) ∼ 2
∼ 2
1 − (1 − z /2 z

de sorte que z = 0 est un pôle d'ordre 2. O

3.2 Conditions de Cauchy-Riemann


Soient U un ouvert de C = R2 , z = (x + iy) = (x, y) ∈ U , et :
f (z) = f (x, y) = (A(x, y), B(x, y))

une fonction de deux variables dénie sur U , A et B étant à valeur réelle.

3.2.1. f est holomorphe en z0 si et seulement si :


(a) f (x, y) est R-diérentiable en (x0 , y0 ) = z0 ,

∂A ∂B ∂A ∂B
(b) = , =− en (x0 , y0 ).
∂x ∂y ∂y ∂x
(Conditions de Cauchy-Riemann)

12
Démonstration. Si f est dérivable (en z0 ∈ U ), on a d'une part :
∂A ∂B ∂A ∂B
df = ( +i ) dx + ( +i ) dy
∂x ∂x ∂y ∂y
et d'autre part :
df = f 0 (z)dz = f 0 (z)(dx + idy) .

En identiant :
∂A ∂B ∂A ∂B
+i = i( +i )
∂x ∂x ∂y ∂y
on obtient :
∂A ∂B ∂A ∂B
− = −i( + )
∂x ∂y ∂y ∂x
d'où les conditions de Cauchy-Riemann, les dérivées partielles étant réelles.
Réciproquement, supposons que la fonction diérentiable f vérie les condi-
tions de Cauchy-Riemann en z0 = (x0 , y0 ) ∈ U
La matrice de son application linéaire tangente en ce point :
∂A ∂A ∂A ∂A
   
 ∂x ∂y   ∂x
  ∂y 

 ∂B = 
∂B   ∂A ∂A 

∂x ∂y ∂y ∂x
est associée à une similitude
√ directe ou à l'application nulle. En eet, si elle n'est
pas nulle, en posant r = a2 + b2 6= 0, elle est de la forme :
     
a −b a/r −b/r cos θ − sin θ
=r =r ,
b a b/r a/r sin θ cos θ

pour un certain angle θ, et elle représente la similitude directe de rapport r et


d'angle θ, c'est-à-dire, si on se replace dans C, la multiplication par le complexe
ξ = reiθ . Si elle est nulle, ξ = 0. On a donc :

f (z) − f (z0 ) ∼ ξ(z − z0 )

d'où la dérivabilité de f en z0 : f 0 (z0 ) = ξ .

3.3 Fonction harmonique, laplacien


Le laplacien, ou opérateur de Laplace 2 , est déni pour une fonction de
classe C 2 en (x, y) par :
∂2f ∂2f
∆f = + .
∂2x ∂2y
Dans un ouvert U de C, par dénition :
2. Pierre Simon de Laplace (1749-1827), mathématicien, astronome et physicien français.

13
3.3.1. f est harmonique ⇐⇒ ∆f = 0.

On a par linéarité ∆(A + iB) = ∆A + i∆B , de sorte que si f = A + iB est


harmonique, A et B le sont :
∆(A + iB) = 0 =⇒ ∆A = ∆B = 0.

Comme 2x = z + z̄ et 2iy = z − z̄ si z = x + iy , on a :
∂f ∂f ∂x ∂f ∂y 1 ∂f ∂f
= + = ( − i ),
∂z ∂x ∂z ∂y ∂z 2 ∂x ∂y
de même :
∂f 1 ∂f ∂f
= ( + i ),
∂ z̄ 2 ∂x ∂y
et on dénit les opérateurs :

1 ∂ ∂ 1 ∂ ∂
3.3.2. ∂ = ( − i ), ∂¯ = ( + i ),
2 ∂x ∂y 2 ∂x ∂y

4∂ ∂¯ = 4∂∂
¯ = ∆.

3.4 Fonction holomorphe, anti-holomorphe


Donnons une nouvelle caractérisation des fonctions holomorphes dans un
ouvert U de C, dont l'ensemble est noté Hol (U ) :

3.4.1. f holomorphe ¯ = 0.
⇐⇒ ∂f

∂A ∂B ∂A ∂B
En eet, si f = A + iB , la condition ( +i ) + i( +i ) = 0, soit :
∂x ∂x ∂y ∂y
∂A ∂B ∂B ∂A
( − ) + i( + )=0
∂x ∂y ∂x ∂y

est équivalente aux conditions de Cauchy (3.2.1).

On a de même :

14
3.4.2. f anti-holomorphe ⇐⇒ ∂f = 0.

Si f est de classe C 2 :

3.4.3. f holomorphe =⇒ f harmonique.

En eet, comme ∂f
¯ = 0 (3.3.2), ∂ ∂f
¯ = 0, et donc ∆f = 0.

(
∃B harmonique t.q.
3.4.4. A harmonique =⇒
A + iB holomorphe.

Démonstration. De ∂B/∂y = ∂A/∂x (3.2.1.) on déduit que :


Z
∂A
B= dy + φ
∂x
La constante d'intégration, φ, étant une fonction de x seul. Sa dérivée en x :
∂2A
Z
dφ ∂A
=− dy +
dx ∂x2 ∂y
permet de calculer φ.
Les fonctions A et B sont dites harmoniques conjuguées si A + iB est
holomorphe. L'ensemble de tels couples est un espace vectoriel sur C.

Exemple : A(x, y) = x3 − 3x2 y. On a successivement :


∂A ∂B
= 3(x2 + y 2 ) = ,
∂x ∂y
B = 3x2 y − y 3 + φ(x),
∂B ∂A
= 6xy + φ0 (x) = 6xy car = −6xy =⇒ φ0 = 0).
∂x ∂y
D'où, à une constante additive près, B = 3x2 y − y 3 .
La fonction holomorphe cherchée est f (z) = z 3 + cte . O

15
3.5 Surface de Riemann
Une surface de Riemann est une variété topologique S munie d'un atlas
holomorphe, c'est-à-dire un atlas (ui , φi ), les ouverts Ui recouvrant S , chaque
φi étant un homéomorphisme de Ui sur un ouvert Vi de C, et les changements
de carte φj ◦ φ−1
i étant holomorphes.
Dans C, tout disque est évidemment une surface de Riemann, tout domaine
et tout ouvert, union au plus dénombrable de disques, est une surface de Rie-
mann.
Une application f : A → B entre deux surfaces de Riemann d'atlas holo-
morphes respectifs (φi , Ui ) et (ψk , Wk ) est un morphisme de surface de Rie-
mann si ses expressions dans les cartes, fik = ψk ◦ f ◦ φ−1 i , si f (Ui ) ∩ Wk 6= ∅,
sont holomorphes. C'est un isomorphisme de surfaces de Riemann si f
est de plus bijective et les fik
0
non nulles, et on note A ≈ B . Cet isomorphisme
est un automorphisme de surface de Riemann si A = B . L'ensemble des
automorphismes de A est noté Aut(A).
Les principales surfaces de Riemann sont C, la sphère de Riemann Ĉ, le
disque unité D = {|z| < 1} et le demi-plan de Poincaré H = {=z > 0} .
Nous verrons plus loin les automorphismes de ces surfaces.

3.6 Fonctions holomorphes usuelles


3.6.1 Inversion
La fonction f (z) = 1/z = z̄/|z|2 est dénie et dérivable (f 0 (z) = −1/z 2 ) si
z 6= 0. C'est une involution (f (f (z)) = z ) holomorphe de C∗ sur C∗ . Si r est
une rotation vectorielle, alors f = r ◦ f ◦ r, ce qui permet, avant d'appliquer
f à un cercle ou une droite de centrer le cercle sur R ou de rendre la droite
parallèle à l'axe imaginaire, puis d'appliquer à nouveau la rotation. Notons que
f¯(z) = z/|z|2 est l'inversion réelle de R2 (z et f¯(z) sont alignés avec l'origine).
L'image d'une droite vectorielle privée de O est sa conjuguée.
L'image d'un cercle tangent en O à l'axe imaginaire est une droite parallèle
à cet axe, et l'image d'une droite non vectorielle est un cercle passant par O.
L'image du cercle C(O, R) est le cercle C(O, 1/R).
Hormis les cas précédents, l'image d'un cercle est un cercle. En eet, l'image
d'un cercle C par f¯ est alors un cercle C 0 , homothétique de C , et son image par
f est le symétrique de C 0 par rapport à l'axe réel.

3.6.2 Fonction polynôme et fonction rationnelle


Comme : n  
(z + h)n − z n X n p n−p
= nz n−1 + h z
h p=2
p

16
tend vers nz n−1 quand h → 0, on a D(z n ) = nz n−1 et par linéarité de D :
n
X  Xn
D ap z p = pap z p−1 ,
p=0 p=1

il s'ensuit que D : C[Z] → C[Z], que Ker D est formé des polynômes constants.
Pour une série entière on obtient à l'intérieur du disque de convergence :
X  X
D an z n = nan z n−1 .
n∈N n≥1

Si P et Q sont des fonctions polynômes premiers entre eux (sans facteurs


communs), la fonction rationnelle :
P (z)
f : z 7→
Q(z)
est dénie en dehors des racines de Q, qui sont ses pôles. Sa dérivée :
QP 0 − P Q0
Df =
Q2
est une fonction rationnelle de dénominateur Q2 . De :
E QE 0 − nEQ0
D( n
)= , ∀E ∈ C[Z]
Q Qn+1
on déduit que les dérivées successives de f sont des fonctions rationnelles ayant
les mêmes pôles que f .

3.6.3 Fonction homographique


az + b
Une fonction homographique a pour expression f (z) = , a, b, c et d
cz + d
complexes, z 6= d/c. Si a = d 6= 0 et b = c = 0, on obtient l'identité.
ad − bc
Sa dérivée étant f 0 (z) = , nous supposerons ad − bc 6= 0, sinon la
(cz + d)2
fonction est constante.  
a b
Si on représente f par la matrice M (f ) = , de déterminant non
c d
nul, on remarque que f est inversible, que M (f ) = (M (f ))−1 et que la matrice
−1

M (g ◦ f ) est le produit des matrices M (g)M (f ). L'ensemble H des fonctions


homographiques est un groupe (non commutatif) pour la composition.
Comme les λM (f ) pour λ ∈ C∗ sont toutes associées à f , l'ensemble H peut
être identié à l'espace projectif P 3 (C).
On peut supposer, par proportionnalité, que ad − bc = 1.

az + b
3.6.3.1. L'inverse de f (z) = , a, b, c, d ∈ C,
cz + d
dz − b
ad − bc 6= 0, est f −1 (z) = .
−cz + a

17
Démonstration. Ceci découle du fait que M (f −1 ) = (M (f ))−1 (ci-dessus).
Une fonctions homographique est déterminée par l'image de trois points non
alignés. Si G est le groupe des matrices 2×2 complexes inversibles, l'application :
M: G → H
m 7 → f telle que M (f ) = m

est un morphisme surjectif de groupes dont le noyau est constitué des homothé-
ties non nulles. C'est un sous-groupe invariant I , d'où un isomorphisme entre
G/I et H .
Les points doubles (f (z) = z ) sont les racines de l'équation cz 2 + (d − a)z − b.
Il y en a en général deux (si c 6= 0), confondus si a = d. Si par exemple b = 0 et
a = c + d, ces points sont 0 et 1.
Si c = 0, f est une similitude directe. Si c 6= 0 on peut le prendre égal à
b − ad
1, d'où f (z) = + a, de sorte que, dans le repère d'origine (−d, a), f est
z+d
b − ad
l'inversion z 7→ . Dans ce repère, les points doubles sont les racines de
z
z 2 = b − ad.

−γ + z
3.6.3.2. Si γ ∈ D la fonction φγ (z) = est
1 − γ̄z
un automorphisme de D, dont l'inverse est φ−γ .

Démonstration. La fonction φγ a un unique pôle en 1/γ , hors de D, et elle est


holomorphe dans D. Que son inverse est φ−γ est une conséquence de 3.6.3.1.
Si nous montrons que, ∀γ ∈ D, φγ (D) ⊂ D (et donc φ−γ (D) ⊂ D), il s'ensui-
vra que φγ est un automorphisme de D, tout z ∈ D ayant une image φγ (z) et
un antécédent (unique) φ−γ (z) dans D. Ceci revient à montrer que le module
de φγ (z) est inférieur à 1 :
z−γ z−γ
|φγ (z)|2 =
1−γz 1−γz
|z|2 + |γ|2 − (zγ + zγ)
=
1 + |γ|2 |z|2 − (zγ + zγ)
N
= .
D
Les réels N et D sont strictement positifs et D > N car :
D − N = (1 − |z|2 )(1 − |γ|2 ) > 0.

18
3.6.4 Fonction exponentielle ez
Revenons sur eiy = cos y + i sin y . A partir des séries des fonctions réelles
sin y et de cos y on déduit :
X y 2n+1 X y 2n X (iy)n
eiy = +i = ,
(2n + 1)! (2n)! n!
n∈N n∈N n∈N

ces trois séries étant normalement convergentes dans tout 0le plan complexe.
On a, quels que soient les réels y et y 0 , eiy eiy = ei(y+y ) . En eet :
0

(cos y + i sin y)(cos y 0 + i sin y 0 ) = (cos y cos y 0 − sin y sin y 0 )


+i(cos y sin y 0 + sin y cos y 0 )
= cos(y + y 0 ) + i sin(y + y 0 ).

Dénissons, si z = x + iy , l'exponentielle complexe ez = ex eiy . Si z est réel,


on retrouve l'exponentielle réelle. De :
ex+iy = ex (cos y + i sin y)

on déduit que |ez | = ex ≤ e|z| , que exp z = 0 est impossible, que arg(ez ) = y et
que la fonction est périodique, de période 2iπ . Calculons la dérivée de ez :
∂ez 1 ∂ez ∂ez
= ( −i
∂z 2 ∂x ∂y
1 x
= (e (cos y + i sin y) + ex (cos y + i sin y)
2
= ez .

Les dérivées successives de ez sont donc égales à ez . Elles sont égales à 1


en z = 0, d'où l'on déduit le développement en série de rayon de convergence
inni : X n z
ez = .
n!
n∈N

Montrons que e z+z 0


= e e , avec z = x + iy et z 0 = x0 + iy 0 :
z z0

0 0
= ex ex (cos y + i sin y)(cos y 0 + i sin y 0 )

ez ez
0
= ex+x cos(y + y 0 ) + i sin(y + y 0 )

0
= ez+z .

On en déduit la formule de De Moivre pour tout réel x et tout entier n :


(cos x + i sin x)n = cos(nx) + i sin(nx)

d'où l'expression de cos(nx) et de sin(nx) en fonction de cos x et de sin x. On


pourra voir les polynômes de Chebychev dans la partie "Analyse Numérique"
de la page web "Claude Bonnecaze".

19
Si x 6= kπ/2, on déduit de cos x = <eix , sin x = =eix et de la progression
géométrique :
X 1 − ei(n+1)x
eipx = ,
1 − eix
1≤p≤n

les sommes :
X 1 − ei(n+1)x
cos(px) = < ,
1 − eix
1≤p≤n

X 1 − ei(n+1)x
sin(px) = = .
1 − eix
1≤p≤n

L'image de la droite a + iR, a ∈ R, est le cercle de rayon ea centré en 0,


parcouru une innité de fois.
L'exponentielle est un morphisme surjectif du groupe additif C sur le groupe
multiplicatif C∗ , de noyau 2iπZ. C'est donc un isomorphisme de C sur C/2iπZ.

3.6.5 Fonction logarithme


La fonction logarithme, z 7→ ln z , est la fonction réciproque de l'exponen-
tielle : c'est un morphisme de groupes de C/2iπZ sur C. On a donc :
ln(exp(2ikπ)) = 0.

Si l'on veut que :


ln(ρeiθ ) = ln ρ + iθ,
on est confronté au problème suivant, qui a longtemps inquiété les mathéma-
ticiens : e2ikπ = 1, ln(1) = 0, ln(e2ikπ ) = 2ikπ , jusqu'à ce que la solution soit
trouvée par Euler. Il sut d'empêcher le point courant de tourner autour de
l'origine en imposant une coupure le long de R− : on remplace C∗ par C\R− .
On peut alors dénir la détermination principale du logarithme :
ln(ρeiθ ) = ln ρ + iθ, −π < θ < π, ρ ∈ R∗+ .

Avant d'appliquer la fonction ln à z ∈ C\R− , il faut exprimer z avec son


argument principal. (arg(z) ∈ ] − π, π[).
En prenant ln(−1) = iπ , on arrive à ln((−1)2 = 2iπ or ln((−1)2 = ln(1) = 0.
Il faut donc faire attention.
Evaluons le logarithme d'un produit, avec :
0 0
z = ρeiθ , z 0 = ρ0 eiθ , zz 0 = ρρ0 ei arg(zz )

l'argument principal de zz 0 étant congru à θ + θ0 modulo 2iπ .


En posant ρ = ea et ρ0 = ea , on obtient :
0

0 0
zz 0 = ea+a +i(θ+θ ) ,

20
d'où :
ln(zz 0 ) = a + a0 + i arg(zz 0 ).
Comme ln z + ln z 0 = a + a0 + i(θ + θ0 ), on a :
ln(zz 0 ) ≡ ln z + ln z 0 (mod 2iπ).

Remarquons que la fonction logarithme est bien dénie de la surface de


Riemann R∞ \p−1 (0) au-dessus de C∗ dans C. Notons-la Ln. On a par exemple
Ln(e0 ) = (0, 0), Ln(e2iπ ) = (0, 1), Ln(eiπ/4+3iπ ) = (5iπ/4, 1)...
On a alors Ln(zz 0 ) = Ln z + Ln z 0 .
Si par exemple z = z 0 = exp((5iπ/4)), on a Ln(z) = Ln(z 0 ) = (5iπ/4, 0),
Ln(z)+Ln(z 0 ) = (iπ/2, 1), zz 0 = exp(5iπ/2), et Ln(zz 0 ) = (iπ/2, 1).

Calculons la dérivée de la fonction logarithme complexe.


Si f (z) = ez , z ∈
/ R− , f −1 (z) = ln z et f ◦ f −1 (z) = z , on a :

1 = D(f ◦ f −1 ) = Df ◦ f −1 .D(f −1 )

puis, comme Df = f , Df ◦ f −1 (z) = z , et nalement :


1
D(ln z) = .
z
Cherchons si ln(1+z), |z| < 1, est la somme d'une série entière (normalement
convergente). On a :
1
D(ln(1 + z)) =
X
= (−1)n z n ,
1+z
n∈N

d'où en intégrant terme à terme, la constante d'intégration étant nulle :


X zn
ln(1 + z) = (−1)n+1 .
n
n≥1

Le rayon de convergence de cette série est égal à 1.

Si la fonction f est dérivable sur un domaine U de C et ne s'y annule pas,


sa dérivée logarithmique est Lf = D(ln f ) = Df /f .
3.6.6 Fonction dilogarithme
Il s'agit d'une fonction qui prend de plus en plus d'importance. Considérons
la série entière : X n z
S(z) = ,
n2
n≥1

21
dont le rayon de convergence est égal à 1. On a, pour |z| < 1 :
X z n−1
S 0 (z) =
n
n≥1
1 X zn
=
z n
n≥1
ln(1 − z)
= ,
z
de sorte que S(z) est la primitive de ln(1−z)/z qui s'annule en z = 0. La fonction
S est donc dérivable (notons que S 0 (0) = −1). La coupure qui permet de dénir
la fonction logarithme devient ici [1, +∞[, et S(z) est le développement en série
en z = 0 d'une fonction holomorphe dans C\[1, +∞[, appelée dilogarithme,
notée Li2 .

3.6.7 Fonction puissance non entière


On a, pour x ∈ R et y ∈ R∗+ , y x = ex ln y . Pour prolonger cette dénition
aux complexes, on pose, pour z ∈ C\R− et z 0 ∈ C :
0 0
z z = ez ln z
.

On a alors ln(ez ln z ) = z 0 ln z = ln(z z ).


0 0

On a par exemple ii = ei ln i = e−π/2 , nombre réel, dont le module n'est pas


égal à 1. Mais le module de :
(ii )i = e−iπ/2 = −i

est égal à 1.
Ou encore, si j = e2iπ/3 et ̄ sont, avec 1, les racines cubiques de 1 :

j j = ej ln j = exp((−i − 3π/3,

et : √
̄̄ = exp((i − 3π/3,
de sorte que : √
j j ̄̄ = exp(−2π 3/3).
Si z ∈ C\R− et z 0 , z 00 ∈ C on a :
0 00 0 00 00 0
(z z )z = z z z = (z z )z .

En eet :
0 00 0
ln z z 00 00
(z 0 ln z) 00 0 0 00
(z z )z = (ez ) = ez = ez z ln z)
= zz z .

22
Si f et g sont des fonctions holomorphes sur l'ouvert U de C et si f ne
s'annule pas sur U , la dérivée logarithmique de h = f g = eg ln f est :
gf 0
Lh = D(g ln f ) = + g 0 ln f,
f
d'où l'on déduit la dérivée de h :
gf 0
D(f g ) = f g ( + g 0 ln f ).
f
Ainsi, la dérivée de z z = ez ln z est-elle ez ln z (1 + ln z) = z z (1 + ln z).

3.6.8 Fonction (1 + z)a , a ∈ C∗


Si a ∈ N, la fonction f (z) = (1 + z)a est polynomiale. Si −a ∈ N, c'est une
fonction rationnelle. Si a ∈
/ Z, on a f (z) = exp(a ln(1 + z)). Elle est dénie pour
tout z ∈ C\R− , dérivable, donc holomorphe
√ (sur C\R− ). Le cas z = −1 est à
étudier spécialement. Ainsi, f (z) = 1 + z y est dénie, non dérivable ; après
un tour complet autour de z = −1, elle ne reprend pas la même valeur.
L'expression de ses dérivées successives donne son développement à l'origine :
X a(a − 1) · · · (a − n + 1)
(1 + z)a = 1 + zn
n!
n≥0

dont le rayon de convergence est égal à 1.

3.6.9 Fonctions trigonométriques et hyperboliques


On désire prolonger à C les fonctions trigonométriques et hyperboliques
réelles. On dénit ainsi le cosinus, le sinus et la tangente :
eiz + e−iz eiz − e−iz sin z
cos z = , sin z = , tan z = ,
2 2i cos z
puis le cosinus hyperbolique (ch), le sinus hyperbolique (sh) et la tangente hy-
perbolique (th) :
ez + e−z ez − e−z shz
chz = = cos(iz), shz : = −i sin(iz), thz = .
2 2 chz

On déduit de ces dénitions cos2 z + sin2 z = 1, ch2 z−sh2 z = 1, ainsi que les
formules d'addition usuelles et les développements en séries :
z2n
ch(iz),
X
cos z = (−1)n =
(2n)!
n∈N
X z 2n+1 sh(iz)
sin z = (−1)n = ,
(2n + 1)! i
n∈N

23
puis :
X z2n
chz = ,
(2n)!
n∈N
X z 2n+1
shz = .
(2n + 1)!
n∈N

Ces fonctions sont évidemment entières, comme l'exponentielle.


Les fonctions trigonométriques et hyperboliques sont périodiques, de période,
respectivement, 2π et 2iπ .
Les formules trigonométriques se démontrent comme dans le cas réel.

Voyons plutôt les diérences avec le cas réel.


Ces fonctions sont surjectives. Montrons-le pour sin :

sin z = a ⇐⇒ eiz = ia ± 1 −√a2
⇐⇒ z = −i ln(ia ± i a2 − 1) mod 2π

et ia ± 1 − a2 ne peut être nul (−a2 6= 1 − a2 ). Voyons à quoi correspondent
les deux solutions : leur somme est égale à −i ln(−1), donc à π modulo 2π . Elles
sont donc admissibles (sin z = sin(π − z)).
Ensuite, on étend la propriété aux autres, avec : cos z = sin(π/2 − z),
shz = −i sin(iz) et chz = cos(iz).

La fonction sin est une bijection de E = {z ∈ C | − π/2 ≤ <z ≤ π/2} sur C,


dont la réciproque est la fonction arcsin (arc sinus) de C sur E :
arcsin z = ξ ⇐⇒ z = sin ξ (arcsin 0 = 0).

On dénit de même les fonctions arccos (arc cosinus) et arctan (arc tan-
gente), ainsi que les fonctions hyperboliques réciproques :

argshz = ξ ⇐⇒ ξ = shz,


argchz = ξ ⇐⇒ ξ = chz,
argthz = ξ ⇐⇒ ξ = thz,

La fonction
√ f (z) = arcsin z est dérivable, donc holomorphe, sur C\{±1}, et
f 0 (z) = 1/ 1 − z 2 (dérivée de la fonction réciproque), d'où le développement
de rayon de convergence égal à 1 :
z3 3z 5
f (z) = z + + + ··· .
6 40
Etudions son domaine de dénition. Partons de sin z = ξ , z = arcsin ξ ,
arcsin 0 = 0, et posons eiz = Z (Z 6= 0) :
1 p
Z+ = 2iξ, Z 2 − 2iξZ − 1 = 0, Z = iξ ± 1 − ξ 2 .
Z

24
Comme Z = 1 pour ξ = 0, on prend Z = iξ + 1 − ξ 2 . La coupure la plus
p

pratique donne la condition : ξ ∈]


/ − ∞, −1] ∪ [1, +∞[. La fonction est alors bien
dénie et holomorphe. √
La dérivée de arccos z étant −1/ 1 − z 2 , arcsin z+arccos z est une constante,
égale à sa valeur en 0, soit π/2, d'où le développement de arccos z .
La dérivée de tan z étant 1 + tan2 z , celle de arctan z est 1/(1 + z 2 ), d'où le
développement :
arctan z = z − z 3 /3 + z 5 /5 + z 7 /7 + · · · .

On procède de même pour les fonctions hyperboliques réciproques. voyons


par exemple la fonction argsh z :
ξ = argsh z ⇐⇒ z = (eξ − e−ξ )/2 ⇐⇒ ξ = ln(z +
p
1 + z 2 ).

On trouve :
z3 3z 5 5z 7
argsh z = z − + − + ···
6 40 112

3.6.10 Fonctions doublement périodique


Si τ1 et τ2 sont des complexes engendrant C sur R, une fonction f telle que,
quels que soient λ1 et λ2 dans Z et z dans C, f (z + λ1 τ1 + λ2 τ2 ) = f (z) est
doublement périodique, puisque f (z + τ1 ) = f (z + τ2 ) = f (z). Une telle fonction
est dénie dès que l'on connaît ses valeurs sur le parallélogramme compact de
sommets 0, τ1 , τ2 et τ1 +τ2 . Si elle est holomorphe, elle est bornée, donc constante
(théorème de Liouville). Si elle n'est pas constante, elle est méromorphe. Nous
en donnons un exemple, la fonction de Weierstrass ℘.

3.6.11 La fonction ℘ de Weierstrass


Soient λ1 et λ2 , complexes indépendants sur R, A = 0, B = λ1 , C = λ1 + λ2 ,
D = λ2 , Λ = {nλ1 + mλ2 | n, m ∈ Z}, Λ∗ = Λ\{0}, E le parallélogramme
ABCD.
Dénissons pour z ∈ E\{A, B, C, D} la fonction ℘ de Weierstrass :
1 X  1 1
℘(z) = 2 + 2
− 2 ,
z ∗
(z − λ) λ
λ∈Λ

à ne pas confondre avec la "fonction de Weierstrass", exemple de fonction conti-


nue dérivable en aucun point. Si l'on écrit :
1 1 1 1 
− 2 = − 1
(z − λ)2 λ λ2 (1 − z )2
λ
2z 1
= + O( ).
λ3 λ4
Chaque couple (m, n) donne un λ de module |m|2 + |n|2 . Considérons
p

d'abord les couples de nombres positifs ou nuls, que nous regroupons selon les

25
anti-diagonales m + n = k, chacune contenant k + 1 couples. Sur la kme anti-
diagonale on a k2 /2 ≤ |λ|2 ≤ k2 , et donc :
 √
1 1 2 2
 3 ≤ ≤ 3 si k est pair,


k |λ|3 k√
1 1 2 2
 3 ≤ ≤ si k est impair.


k |λ|3 (k − 1)3
Chaque couple en donne 16 si l'on introduit les signes et les imaginaires purs,
et chaque k donne 16k λ.
Finalement, on obtient une série dont les termes sont de l'ordre 1/k2 , donc
normalement convergente, que l'on peur dériver terme à terme, toujours pour
z ∈ E\{A, B, C, D} :
−2 X 1 X 1
℘0 (z) = 3
−2 3
=2 ,
z ∗
(z − λ) (λ − z)3
λ∈Λ λ∈Λ

et ℘ est holomorphe sur le parallélépipède plein privé de ses sommets.


L'ensemble Λ est invariant sous l'eet de la multiplication par −1 ou par i
ou de la translation par l'un quelconque de ses éléments. On a donc, pour un
µ ∈ Λ quelconque :
X 1 X 1
℘0 (z + µ) = −2 = −2
(z + µ − λ)3
0
(z − λ0 )3
λ λ

avec λ0 = λ − µ. Il s'ensuit que ℘0 est impaire, doublement périodique, de


périodes 1 et i.
On a par périodicité et imparité :
℘0 (λ/2) = ℘0 (−λ/2) = −℘0 (λ/2)

d'où : ℘0 (λ/2) = 0. On a également ℘0 ((λ + µ)/2) = 0 car :


℘0 ((λ + µ)/2) = −℘0 (−(λ + µ)/2)
= −℘0 (−(λ + µ)/2 + λ + µ)
= −℘0 ((λ + µ)/2).

De même, ℘ est paire :


1 X  1 1 1 X 1 1
℘(−z) = + − = + −
z2 ∗
(−z − λ)2 λ2 z2 µ
(z − µ)2 µ2
λ∈Λ

avec µ = −λ.
La fonction ℘(z + λ) − ℘(z) ayant une dérivée nulle est constante. Calculons
sa valeur en z = −λ/2 :
℘(λ − λ/2) − ℘(−λ/2) = ℘(−λ/2) − ℘(−λ/2) = 0.

Elle est donc périodique.

26
La fonction g(z) = ℘(z) − 1/z 2 est holomorphe dans un voisinage de z = 0,
et ses dérivées successives en z = 0 sont :
X 1
g (k) (0) = (k + 1)! = gk ,
λk+2
λ∈Λ∗

avec g2k+1 = 0, d'où l'on déduit son développement en série entière, et :


1
℘(z) = + g2 z 2 + g4 z 4 + g6 z 6 + · · ·
z2
On voit que ℘ a un pôle double en A, donc aussi en les trois autres sommets
du carré, et ce sont les seuls. Elle est donc méromorphe (sur C).
Cherchons la condition pour que ℘(z 0 ) = ℘(z) dans le carré, en plus des
solutions z 0 = λ − z , λ ∈ {1, i, 1 + i}. Réduisons au même dénominateur, avec
le même λ :
(z + z 0 − 2λ)(z − z 0 )
℘(z 0 ) − ℘(z) = 0 ⇐⇒ = 0 ⇐⇒ z 0 = z.
(z − λ)2 (z 0 − λ)2

3.7 Transformation conforme


Une transformation de C dans C est conforme si elle conserve les angles
et leur orientation. C'est-à-dire que si deux courbes C1 et C2 s'intersectent en
un point P et leurs transformées C10 et C20 en un point P 0 , l'angle orienté des
tangentes en P à C1 et C2 est égal à l'angle orienté des tangentes en P 0 à C10 et
C20 .
Une telle transformation est une similitude directe du plan euclidien. Si
elle est diérentiable et de diérentielle non nulle. elle vérie les conditions de
Cauchy :

3.7.1. Une transformation conforme diérentiable est holomorphe.

3.8 chemin, lacet


Un chemin dans un domaine U de C est une application continue γ de
l'intervalle compact [0, 1] (éventuellement [a, b]) dans U . On le note généralement
γ . Le point γ(0) est son origine, ou sa base le point γ(1) son extrémité. S'il
existe a et b dans ]0, 1[, a 6= b, tels que γ(a) = γ(b) = z0 , z0 est un point
double du chemin. L'ensemble des points de γ est une courbe orientée.
Un chemin est lisse s'il est C ∞ .
Le chemin opposé au chemin γ est le chemin γ −1 (t) = γ(1 − t), ou γ− .
Si γ(0) = γ(1), le chemin est fermé et c'est un lacet.

Un domaine U est connexe par arcs si deux points quelconques de U


peuvent toujours être reliés par un chemin. La connexité par arcs implique la
connexité (sans réciproque).

27
La distance de Hausdorf permet de dénir une distance entre deux
chemins γ1 et γ2 :

3.8.1. d(γ1 , γ2 ) = max{sup inf |γ1 (s) − γ2 (t)|, sup inf |γ1 (s) − γ2 (t)|}.
t s s t

L'ensemble des chemins dans U est donc un espace métrique, et on peut


dénir le voisinage d'un chemin à  près. Deux chemins sont voisins à  près si
leur distance est inférieure à .
Remarquons que les chemins γ1,n (t) = t + i/n et γ2,n (t) = t − i/n dans C∗
sont distants de 2/n (∀s, t ∈ [0, 1], inf{|γ1,n (s) − γ2,n (t)|} = 2/n), mais n'ont
pas de limite commune quand n → ∞.

Exemple : γ1 (t) = i (chemin constant), γ2 (t) = t. On a :


p
|γ1 (s) − γ2 (t)| = t2 + 1

et : p
inf {|γ1 (s) − γ2 (t)|} = t2 + 1,
s

quantité dont la borne supérieure en t est 2.
Permutons les rôles de s et de t :
inf {|γ1 (s) − γ2 (t)|} = 1,
t

quantité dont la borne supérieur


√ est 1.
La distance est donc 2, la plus grande des deux valeurs. O

Exemple : γ1 (t)√= t, γ2 (t) = ti. Les deux chemins ont un point commun. On a
|γ1 (s)−γ2 (t)| = s2 + t2 , la borne inférieure en s est t, dont la borne supérieure
est 1.
Même résultat en permutant s et t : la distance est égale à 1. O

Une homotopie de chemins dans U est une application continue :


H : [0, 1] × [0, 1] → U

telle que les γs (t) = H(s, t) sont des chemins dans U , évidemment homotopes
entre eux. En eet, H ∗ (s, t) = H(as, t) pour a ∈]0, 1[ est une homotopie entre
γ0 et γa .
L'homotopie entre les chemins α et β est notée α ∼ β .
Ainsi H(s, t) = exp(iπt) + st(1 − st) est une homotopie de chemins d'origine
1 et d'extrémité −1.
Si H(0, t) = λ(t) est un lacet λ et si H(1, t) est un point P (quel que soit
t ∈ [0, 1]), le lacet λ est homotope au point P .

28
3.8.2. L'homotopie est une relation d'équivalence.

Démonstration. La réexivité est immédiate : H(s, t) = γ(t) pour tout s ∈ [0, 1],
comme la symétrie : si H est une homotopie entre γ1 et γ2 , K(s, t) = H(1 − s, t)
est une homotopie entre γ2 et γ1 .
Si H1 est une homotopie entre γ1 et γ2 et H2 une homotopie entre γ2 et γ3 ,
alors H : (
H1 (2s, t) si s ∈ [0, 1/2]
H(s, t) =
H2 (2s − 1, t) si s ∈ [1/2, 1]
est une homotopie entre γ1 et γ3 . En eet H est continue en s :
H(1/2, t) = H1 (1, t) = H2 (0, t) = γ2 (t),
en t et H(0, t) = γ1 (t), H(1, t) = γ3 (t).
Deux chemins γ1 et γ2 sont équivalents, γ1 ' γ2 , s'il existe un homéomor-
phisme φ : [0, 1] → [0, 1] tel que γ2 = γ1 ◦ φ.
Dans ce cas, ils sont homotopes car, si H(s, t) = γ1 (1 − s)t + sφ(t) , on a


H(0, t) = γ1 (t) et H(1, t) = γ2 (t).


Deux chemins équivalents paramétrisent la même courbe orientée C (ou
C+ ), une courbe orientée étant une classe d'équivalence de chemins. Si γ para-
métrise C , γ −1 paramétrise C− .
Les lacets λ1 (t) = exp(2iπt) et λ2 (t) = exp(iπ(t3 + t) sont des paramé-
trages du cercle trigonométrique C = {z ∈ C | |z| = 1} muni de l'orientation
positive. Ils sont équivalents (φ(t) = (t3 + t)/2, t ∈ [0, 1]).

Le composé de deux chemins γ1 et γ2 si γ2 (0) = γ1 (1) est le chemin :


(
γ1 (2t) si t ∈ [0, 1/2],
γ = γ1 ⊕ γ2 : t 7→
γ2 (2t − 1) si t ∈ [1/2, 1].

Si trois chemins sont donnés, α, β et γ , α(1) = β(0) et β(1) = γ(0), on a :


(α ⊕ β) ⊕ γ ' α ⊕ (β ⊕ γ).
En eet, si f (t) = (α ⊕ β ⊕ γ)(t) et g(u) = α ⊕ (β ⊕ γ) (u), on a :
 


α(4t)
 si t ∈ [0, 1/4],
f : t 7→ β(4t − 1) si t ∈ [1/4, 1/2],

γ(2t − 1) si t ∈ [1/2, 1],

et : 
α(2u)
 si u ∈ [0, 1/2],
g : u 7→ β(4u − 2) si u ∈ [1/2, 3/4],

γ(4u − 3) si u ∈ [3/4, 1].

29
Soit φ : [0, 1] → [0, 1] l'application strictement croissante, continue, linéaire
par morceaux, dénie par φ(0) = 0, φ(1/4) = 1/2, φ(1/2) = 3/4 et φ(1) = 1.
C'est un homéomorphisme. Comme g = f ◦φ, les chemins f et g sont équiva-
lents, donc homotopes. La loi de composition est donc associative à équivalence
près, donc à homotopie près.
On peut composer ainsi un nombre ni quelconque de chemins. Notons γ n
le composé de n fois le lacet γ , déni à équivalence près.

3.8.3. L'homotopie est compatible avec la composition des chemins.

Démonstration. Les chemins α1 et α2 sont respectivement homotopes à β1 (par


H1 ) et à β2 (par H2 ).
De plus, α1 (1) = α2 (0) et β1 (1) = β2 (0), ce qui dénit γ1 = α1 ⊕ α2 et
γ2 = β1 ⊕ β2 . Montrons que γ1 et γ2 sont homotopes.

Soient δ1 (s) et δ2 (s) les chemins,


6 6 respectivement, H1 (s, 1) et H2 (s, 0),
E1 et E2 les ensembles, respective-
α2 H2 - β2 ment, des points H1 (s, 1) et H2 (s, 0),
et V l'ouvert compris entre H1 (s, 1) et
H2 (s, 0). S'il existe des trous T dans
s V sT s
V (T ∈ / E1 ∪ E2 ), on élimine chaque
6 6
trou en ajoutant à H1 (s, t) une quan-
α1 H1 - β1 tité Q(s, t) continue convenable s'an-
nulant pour s = 0 et s = 1, telle que
ces trous n'appartiennent plus au nou-
s s veau V .

Sur la gure, les lignes pleines délimitant E1 sont remplacées par les lignes
en pointillés.
Si V n'est pas vide, substituons à H1 :
H1∗ (s, t) = H1 (s, t) + t H2 (s, 0) − H1 (s, 1) .


Comme H2 (s, 0)−H1 (s, 1) s'annule en s = 0 et en s = 1, on a H1∗ (0, t) = H1 (0, t)


et H1∗ (1, t) = H1 (1, t), de sorte que H1∗ est une homotopie entre α1 et β1 . Mais :
H1∗ (s, 1) = H1 (s, 1) + H2 (s, 0) − H1 (s, 1) = H2 (s, 0)

ce qui assure le raccordement : l'ouvert V est vide. Posons :


(
H1∗ (s, 2t) si t ∈ [0, 1/2],
K(s, t) = .
H2 (s, 2t − 1) si t ∈ [1/2, 1].

30
La fonction K(s, t) vérie K(0, t) = γ1 (t) et K(1, t) = γ2 (t). Elle est continue
en s et en t 6= 1/2. Pour t = 1/2 on a :
K(s, 1/2) = H1∗ (s, 1) = H1 (s, 1) + H2 (s, 1) − H1 (s, 1) = H2 (s, 1),

ce qui montre la continuité de K(s, t) en t = 1/2.


Une récurrence facile permet de passer à une composition de n ≥ 2 couples
de chemins (αi , βi ). En composant les n − 1 premiers αi en un chemin α et les
n − 1 premiers βi en un chemin β , on obtient deux chemins homotopes d'après
l'hypothèse de récurrence. Il reste alors les chemins α⊕αn et β ⊕βn , évidemment
homotopes.
L'image d'un lacet par une fonction continue est un lacet, mais pas forcément
son image réciproque (voir le cercle-unité).
Deux chemins homotopes γ1 et γ2 par une homotopie H ayant même origine,
z0 , et même extrémité, z1 , sont homotopes à extrémités xes, ou stricte-
ment homotopes, si H(s, 0) = z0 et H(s, 1) = z1 pour tout s ∈ [0, 1].
Cette relation est à l'évidence une équivalence, compatible avec la composi-
tion des chemins, et la classe d'un chemin γ est notée [γ].

3.8.4. Si γ et γ 0 sont strictement homotopes, γ 0 ⊕ γ −1 est un lacet


homotope à un lacet constant (réduit à un point), et réciproquement.

Démonstration. Montrons d'abord que γ1 = γ ⊕ γ −1 est homotope à γ(0) = b0 .


On a : (
γ(2t) si t ≤ 1/2
γ1 (t) = .
γ −1 (2t − 1) = γ(2(t − 1)) si t ≥ 1/2
La fonction : (
γ(2st) si t ≤ 1/2
H(s, t) =
γ(2s(t − 1)) si t ≥ 1/2
évidemment continue est une homotopie entre γ1 et b0 .
Montrons la réciproque. De l'homotopie γ 0 ⊕ γ −1 ∼ b0 on déduit par com-
position que : γ 0−1 ⊕ γ 0 ⊕ γ −1 ∼ γ 0−1 ⊕ b0 ∼ γ 0−1 , or γ 0−1 ⊕ γ 0 ⊕ γ −1 ∼ γ −1 ,
d'où γ 0−1 ∼ γ −1 et γ 0 ∼ γ . De plus, γ 0 ((1) = γ −1 (0) = γ(1) par dénition de la
composition des chemins et γ 0 (0) = γ −1 (1) = γ(0), γ 0 ⊕ γ −1 étant un lacet par
hypothèse.
Un domaine U estsimplement connexe s'il est connexe par arcs (donc
connexe) et si tout lacet est homotope à un point (lacet constant).

γ1
γ2 Les chemins γ1 et γ2 de la gure ci-
b0 r xT r b1

γ3 31
contre sont homotopes à extrémités à cause du trou T 6= ∅.
xes, mais ne sont pas homotopes à γ3 ,

3.9 Homotopie de lacets basés et groupe fondamental


On se place dans un domaine U de C connexe par arcs, et on considère les
lacets basés en z0 ∈ U .
Les lacets α et β sont homotopes s'il existe une homotopie H telle que pour
tout (s, t) ∈ [0, 1] × [0, 1] :
(
H(0, t) = α(t), H(1, t) = β(t),
H(s, 0) = H(s, 1) = z0

3.9.1. L'ensemble des classes d'homotopie de lacets basés en z0 ∈ U est


muni par la loi de composition précédente d'une structure de groupe, c'est
le groupe fondamental de U , ou groupe de Poincaré en z0 , π1 (U, z0 ).

Démonstration. Soient α1 et α2 des lacets homotopes (par l'homotopie H1 ), et


β1 et β2 des lacets homotopes (par l'homotopie H2 ). Alors α1 ⊕ β1 est homotope
à α2 ⊕ β2 par l'homotopie :
(
H1 (s, 2t) si t ∈ [0, 1/2],
H(s, t) =
H2 (s, 2t − 1) si t ∈ [1/2, 1].

Le raccordement en t = 1/2 se fait naturellement, puisque H1 (s, 1) et H2 (s, 0)


sont égaux à z0 , et on a :
H(0, t) = α1 ⊕ β1 , H(1, t) = α2 ⊕ β2 , H(s, 0) = H(s, 1) = z0 .

La classe [α ⊕ β] est donc dénie indépendamment des représentants dans


les classes de α et de β .
La loi de composition [α].[β] = [α ⊕ β] est donc bien dénie sur l'ensemble
des classes d'homotopie de lacets basés en z0 ∈ U .
Cette loi est associative, puisque la loi de composition des lacets basés en z0
est associative à homotopie près.
Son élément neutre est la classe du lacet réduit au point z0 .
L'inverse de la classe du lacet γ est la classe de γ− : [γ]−1 = [γ −1 ] puisque
γ ⊕ γ− est le lacet réduit à z0 , l'élément neutre.
Si γ est un chemin reliant z0 à z1 ∈ U , on voit que λ 7→ γ ⊕ λ ⊕ γ −1
est un isomorphisme entre π1 (U, z0 ) et π1 (U, z1 ), que l'on note donc π1 (U ) à
isomorphisme près (si U est connexe par arcs).

32
4 Intégration
4.1 Intégrales curvilignes
Soient f : U → C une fonction continue dénie sur un ouvert U simplement
connexe de C et C une courbe dans U paramétrée par γ = γ1 + iγ2 , de classe
C 1 par morceaux. Alors, f ◦ γ est une fonction continue de [0, 1] dans C, dont le
calcul de l'intégrale se décompose en deux calculs d'intégrales de [0, 1] dans R.
Si γ et γ ∗ sont des chemins équivalents (γ ∗ = γ ◦ φ, voir ci-dessus), on a :
Z 1 Z 1 Z 1
f ◦ γ ∗ dγ ∗ = f ◦ (γ ◦ φ) d(γ ◦ φ) = f ◦ γ dγ.
0 0 0

On peut donc dénir l'intégrale de f le long de C indépendamment du pa-


ramétrage :
Z Z 1
4.1.1. f= f (γ1 + iγ2 ) (γ10 + iγ20 )(t) dt
C 0

En mettant γ −1 à la place de γ , on obtient l'intégrale de f le long de C− .

Exemple : f (z) = z n , n ∈ Z et γ(t) = r exp(2iπt), r ∈ R∗+ ..


Si n 6= −1 :
Z Z 1
f = rn+1 exp(2iπnt) 2iπ exp(2iπt) dt
γ 0
Z 1
= rn+1 exp(2iπ(n + 1)t) 2iπ dt
0
h exp(2iπ(n + 1)t) i1
= rn+1
n+1 0
= 0,

et si n = −1 : Z Z 1
2iπr exp(2iπt)
f= dt = 2iπ.
γ 0 r exp(2iπt)
Si γ(t) = r exp(2kiπt) (le lacet eectue k tours autour de l'origine) l'intégrale
est encore nulle si n 6= −1, et elle est égale à 2ikπ si n = −1.
Si le lacet γ est le carré de sommets A = 1 + i, B = −1 + i, C = −1 − i,
D = 1 − i parcouru dans le sens positif, on passe d'un côté au suivant en
eectuant une rotation vectorielle d'angle π/2, c'est-à-dire en multipliant z et
donc dz par i. On a donc si n 6= −1 :
Z  Z
z n dz = 1 + in+1 + i2(n+1) + i3(n+1) z n dz.
γ AB

33
Or la parenthèse contient une progression géométrique de somme nulle :
i4(n+1) − 1
1 + in+1 + i2(n+1) + i3(n+1) = = 0,
in+1 − 1
et l'intégrale est nulle (i4 = 1).
Si n = −1, un paramétrage du segment AB est γ(t) = 1 − 2t + i, et :
1
−2 dt −1 + i
Z Z h i1
= = ln(1 − 2t + i) = ln = iπ/2.
AB 0 1 − 2t + i 0 1+i

Les intégrales le long des cotés sont égales grâce à la remarque précédente,
et le long du carré est égale à 2iπ . O

4.2 Théorème Intégral de Cauchy


Soient U un domaine U simplement connexe, γ un lacet dans U et f ∈Hol (U ).
On déduit des conditions de Cauchy que :
Z
4.2.1. f (z) dz = 0.
γ

Démonstration.Si le lacet n'a pas d'auto-intersection, il est la frontière d'un


compact D. Appliquons la formule de Stokes sous sa forme "Green-Riemann" :
Z ZZ
∂Q ∂P
P dx + Q dy = ( − ) dxdy.
γ D ∂x ∂y

Comme :
f (z) dz = (A + iB) (dx + idy) = (A + iB) dx + (iA − B) dy,

∂Q ∂A ∂B ∂P ∂A ∂B
on a P = A + iB , Q = iA − B , puis =i − , = +i , de
∂x ∂x ∂x ∂y ∂y ∂y
sorte que, grâce aux conditions de Cauchy (3.2.1.) :
∂Q ∂P ∂A ∂B ∂A ∂B
− =i − − +i = 0,
∂x ∂y ∂x ∂x ∂y ∂y

d'où le résultat annoncé (sans supposer les dérivées partielles continues).


Si λ a des auto-intersections, on le décompose en lacets sans auto-intersection,
et on applique le résultat à chacun de ces lacets.
Soient z0 ∈ C, f (z) = (z − z0 )n , n ∈ Z, λ un lacet entourant une fois z0 ,
γ(t) = z0 + r exp(2iπt) (r ∈ R∗+ ) un cercle intérieur à λ, A ∈ λ et B ∈ γ (comme
sur la gure).

34

Soit α le chemin fermé (lacet) :
'$ α = λ ⊕ AB ⊕ γ −1 ⊕ BA.
A l'intérieur de α, f est holomorphe
λ γ z0 r B A et donc : Z
&% f (z) dz = 0.
α

Z Z
On en déduit que f (z) dz = f (z) dz , quel que soit λ entourant une fois
λ γ
z0 . Dans ces conditions :

(
0 si n 6= −1,
Z
4.2.2. f (z) dz =
γ 2iπ si n = −1.

Démonstration. Posons z − z0 = ξ , ξ = r exp(2iπt), pour obtenir :


Z Z 1
f (z) dz = (r exp(2iπt)n 2iπr exp(2iπt) dt.
γ 0

Si n 6= −1 : Z Z 1
f = 2iπ(r exp(2iπt))n+1 dt
γ 0

1 h i1
= (exp(2iπt))n+1 =0
n+1 0

Voyons le cas n = −1 :
Z Z 1
2iπr exp(2iπt)
f = dt
γ 0 r exp(2iπt)
= 2iπ.

4.3 Primitive d'une fonction holomorphe


Dans ce paragraphe, U est un domaine simplement connexe, z0 ∈ U et
f ∈Hol (U ). Si z est un point quelconque de U et γ un chemin reliant z0 à z
dans U , posons : Z
F (z) = f (z) dz.
γ

Si γ ∗ est un autre chemin reliant z0 à z dans U , Γ = γ ⊕ γ−



est un lacet dans
U , et d'après 4.2.1 :
Z Z Z Z Z
0= = + = − ,
Γ γ ∗
γ− γ γ∗

d'où l'égalité entre les intégrales le long de γ et de γ ∗ . La dénition de F ne


dépend donc pas du choix de γ .

35
La fonction F est la primitive de f qui s'annule en z0 . Si G est la primitive
de f qui s'annule en z1 ∈ U , on a évidemment pour tout z ∈ U :
Z
F (z) − G(z) = f (z) dz,
c

c étant un chemin (quelconque) reliant z0 à z1 dans U .


Deux primitives dièrent donc d'une constante.
Si F est une primitive de la fonction f holomorphe dans U et si γ est un
chemin reliant z1 à z2 dans U , on a :
Z
f (z) dz = F (z2 ) − F (z1 ).
γ

4.3.1. Soient U un domaine simplement connexe et f une


fonction holomorphe sur U qui ne s'annule pas. Alors,
ln f est bien dénie sur U , de même que f α pour α ∈ C. En
particulier, il existe une fonction holomorphe g telle que g 2 = f .

Démonstration. La fonction f 0 /f est holomorphe et son intégrale le long d'un


lacet est nulle. Fixons z0 ∈ U et soit z ∈ U quelconque. Si γ1 et γ2 sont deux
chemins reliant z0 à z dans U , γ2−1 ⊕ γ1 est un lacet λ, et (4.2.1) :
f 0 (z) dz
Z
= 0,
λ f (z)
d'où :
f 0 (z) dz f 0 (z) dz
Z Z
= ,
γ1 f (z) γ2 f (z)
ce qui permet de dénir :
f 0 (z) dz
Z
ln f (z) = ln f (z0 ) +
γ f (z)
indépendamment du chemin γ reliant z0 à z dans U .
La fonction f α = exp(α ln f pour α ∈ C est donc bien dénie. Pour α = 1/2,
on obtient la fonction g .

4.4 Indice d'un point par rapport à un lacet


Nous avons jusqu'à présent considéré des lacets entourant une fois un point
intérieur, ce qui est généralement le cas, mais on peut envisager des situations
plus compliquées.
Considérons le lacet γ(t) = r exp(2iπnt) (r > 0) qui entoure n fois 0 :
Z Z 1
dz 2iπn exp(2iπnt)
= = 2iπn.
γ z 0 exp(2iπnt)

36
On voit que le résultat est le même pour tout point z1 intérieur à γ , en consi-
dérant le changement de variable déni par un diéomorphisme conservant γ et
échangeant 0 et z1 . Si z1 est extérieur à γ , son indice est nul (4.2.1).

Plus généralement, soient z0 ∈ C, p(ξ) = eξ + z0 un revêtement connexe et


simplement connexe de C\{z0 }, γ un lacet dans C\{z0 } basé en z1 6= z0 et γ̄ un
relèvement de γ . On a dans ces conditions :
eξ dξ
Z Z
dz
= = γ̄(1) − γ̄(0).
γ z − z0 γ̄ eξ
Comme p(γ̄(1)) = z1 = p(γ̄(0)), exp(γ̄(1)) = exp(γ̄(0)), on a γ̄(1)− γ̄(0) = 2inπ .
Cet entier n est l'indice de z1 par rapport à γ , déni si z1 ∈
/γ:

Z
1 dz
4.4.1. Ind(γ, z1 ) = .
2iπ γ z − z1

Si n = 0, γ̄(1) = γ̄(0), γ̄ est un lacet, donc homotope à un point, γ = p(γ̄)


est aussi homotope à un point, et z0 est extérieur à γ .
Nous dirons que z0 est intérieur au lacet γ si Ind(γ, z0 ) ∈ Z\{0}.
Chaque fois que γ fait un tour autour de z0 , γ̄ passe au feuillet supérieur.

Voici quelques valeurs d'indice :


zr0
zr3 KA γ
zr2 rA Ind(γ, z0 ) = 0,
Ind(γ, z1 ) = −1,
zr1
Ind(γ, z2 ) = 2,
Ind(γ, z3 ) = 1.

Si le lacet γ entoure une fois un point z0 ∈ U , on a :

Z
f (z) dz
4.4.2. = 2iπ f (z0 ) Ind(γ, z0 ).
γ z − z0

Démonstration.Comme f (z) = f (z0 ) + (z − z0 )g(z), où g est une fonction


holomorphe dans U , dont l'intégrale le long de γ est nulle (4.2.1) on a :
Z Z
f (z) dz f (z0 ) dz
=
γ z − z0 γ zZ − z0
dz
= f (z0 )
γ z − z0
d'où le résultat annoncé.

37
5 Fonctions holomorphes
5.1 Formules intégrales de Cauchy
Le domaine U est simplement connexe, γ est un lacet dans U , z ∈ U et
f ∈Hol (U ). On déduit de 4.4.2 que :
Z
1 f (ξ) dξ
Ind(γ, z) f (z) = .
2iπ γ ξ − z
d'où, par dérivation sous le signe somme :
Z
1 f (ξ) dξ
Ind(γ, z) f 0 (z) =
2iπ γ (ξ − z)2
et par dérivations successives ou par récurrence :

Z
n! f (ξ) dξ
5.1.1. Ind(γ, z) f (n) (z) = .
2iπ γ (ξ − z)n+1

La fonction f , supposée simplement dérivable, est donc C ∞ . Montrons qu'elle


est analytique, c'est-à-dire que pour tout z ∈ U :
Z
1 f (ξ) dξ
avec an =
X
f (z) = an (z − z0 )n .
2iπ γ (ξ − z)n+1
n∈N

z − z0
Comme |z − z0 | < r et, si ξ ∈ γ , |ξ − z0 | = r, on a | | < 1 et :
ξ − z0
X  z − z0 n 1 ξ − z0
= z − z0 = ξ − z
ξ − z0 1−
n∈N
ξ − z0
puis :
X (z − z0 )n f (ξ)
f (ξ) n+1
= .
(ξ − z0 ) ξ−z
n∈N
La convergence normale de la série permet de commuter intégration et somme :
Z Z
X f (ξ) dξ f (ξ) dξ
(z − z0 )n = ,
γ (ξ − z0 )n+1 γ ξ−z
d'où :

5.1.2. an (z − z0 )n
P
f (z) = n∈N
Z
1 f (ξ) dξ
où an = .
2iπ γ (ξ − z0 )n+1

38
On a donc l'équivalence pour la fonction f :

5.1.3. f holomorphe ⇐⇒ f analytique.

On déduit de 5.1.2 que si f est holomorphe dans un voisinage ouvert du


cercle C de centre z0 et de rayon r :
Z
1 f (ξ) dξ
f (z0 ) = a0 = ,
2iπ C ξ − z0

d'où, avec ξ = z0 + reiθ , dξ = ireiθ dθ :


Z 2π
1 f (ξ) iθ
f (z0 ) = ire dθ,
2iπ 0 reiθ

et la formule de la moyenne :
Z 2π
1
5.1.4. f (z0 ) = f (z0 + reiθ ) dθ.
2π 0

5.2 Théorème de Liouville

5.2.1. f entière bornée =⇒ f constante.

Démonstration. Par hypothèse, il existe M ∈ R tel que, ∀z ∈ C, |f (z)| ≤ M .


Evaluons le module de la dérivée de f en z0 ∈ C, γ étant un lacet quelconque
entourant z0 : Z 1 f (ξ) dξ
|f 0 (z0 )| =
2π (ξ − z)2
.
γ

Avec γ(t) = R exp(2iπt), on a :

M 1 2iπ dξ
Z
|f 0 (z0 ) ≤
2π 0 (R − |z0 |)2

et donc |f 0 (z0 )| < 2M/R2 si R > 2|z0 |. Faisant tendre R vers l'inni (on peut,
f étant holomorphe sur C), on voit que f 0 (z0 ) = 0 et que f est constante.
Le théorème de Liouville 3 est aussi une conséquence du petit théorème de
Picard, présenté plus loin, qui énonce que l'image d'une fonction entière non
polynomiale recouvre C à l'exception d'un point au plus.
3. Joseph Liouville (1809-1882), mathématicien français.

39
5.2.2. f 6= cte entière =⇒ Imf dense dans C.

Démonstration. Si l'image de f n'était pas dense dans C, il existerait a ∈ C et


r ∈ R∗+ tels que, ∀z ∈ C, |f (z) − a| ≥ r. La fonction 1/(f (z) − a) serait entière
et majorée par 1/r, donc constante, ainsi que f .

5.3 Théorème de d'Alembert-Gauss

5.3.1. Le corps C est algébriquement clos.

Démonstration. Ce "théorème fondamental de l'Algèbre" signie qu'un poly-


nôme P ∈ C[Z] non constant a une racine dans C. S'il est de degré n, il en a
donc n.
Il se déduit du précédent. En eet, si P ne s'annulait pas, |P | aurait un
minimum m > 0. La fonction f (z) = 1/P (z) serait une fonction entière majorée
en module par 1/m. Elle serait donc constante, non nulle, ainsi que P , ce qui
est absurde.

5.4 Principe du maximum


Soit f une fonction holomorphe non constante dans un domaine U de C :

5.4.1. |f | n'a pas de maximum local (dans U).


Son maximum appartient à la frontière de U .
Son minimum aussi si elle ne s'annule pas dans U .

Démonstration. Supposons que |f | ait un maximum local M = |f (z0 )|, z0 ∈ U .


Nous pouvons écrire (5.1) :
X
f (z) = an (z − z0 )n
n∈N

ou en posant, si B(z0 , r) ⊂ U , z − z0 = reiθ :


X
f (z) = an rn einθ
n∈N

d'où : X
|f (z)|2 = f (z)f¯(z) = ap a¯q rn e(p−q)iθ .
p+q=n,p,q≥0

40
Intégrons pour θ ∈ [0, 2π], r xé. Comme :
(

0 si q =
6 p
Z
(p−q)iθ
e dθ =
0 1 si q = p,
nous obtenons : Z 2π X
|f (z)|2 dθ = 2π |an |2 r2n .
0 n∈N

Or cette intégrale étant au plus égale à 2πM 2 = 2π|a0 |2 , la somme des |an |2 r2n
pour n ≥ 1 est nulle, les an pour n ≥ 1 sont donc tous nuls, et f (z) = a0 : f est
constante, ce qui contredit l'hypothèse.
Comme |f |, continue, admet un maximum sur l'adhérence Ū de U , ce maxi-
mum est atteint sur la frontière de U .
Si f ne s'annule pas dans U , 1/f y est holomorphe, et 1/|f | atteint son
maximum sur Fr(U ), et c'est un minimum pour |f |.
Voyons trois conséquences du principe du maximum : les lemmes de Schwarz
et de Schwarz-Pick, et sur les fonctions holomorphes du disque unité D dans lui-
même.

5.5 Lemme de Schwarz


Soit f : D → C une fonction holomorphe et z un élément quelconque de D.

5.5.1. Si f (0) = 0 et |f (z)| ≤ 1, alors |f 0 (0)| ≤ 1 et |f (z)| ≤ |z|.


S'il existe z0 6= 0 tel que |f (z0 )| = |z0 |, ou si |f 0 (0) = 1, alors :
∃ a ∈ C, |a| = 1 tel que ∀z ∈ D, f (z) = az.

Démonstration. Le cas f = 0 étant trivial, supposons f 6= 0. Si z 6= 0, la fonction


g(z) = f (z)/z est holomorphe.
Au voisinage de z = 0, on a f (z) = f 0 (0)z + f 00 (0)z 2 /2 + · · · d'où :
X f (n+1) (0)
g(z) = zn.
(n + 1)!
n∈N

Si |z| < r < 1, on a d'après le principe du maximum :


1 1
|g(z)| ≤ sup |g(ξ)| = sup |f (ξ)| ≤ .
|ξ|=r r |ξ|=r r
Faisant tendre r vers 1, on obtient |g(z)| ≤ 1, d'où |f (z)| ≤ z et :
f (z)
|f 0 (0)| = | lim | ≤ 1.
h→0 z

Si |f (z0 )| = |z0 | ou si |f 0 (0) = 1, on a g(z0 ) = 1, g atteint son maximum en


z0 , elle est donc constante, égale à a avec |a| = 1, et f (z) = az .

41
5.6 Lemme de Schwarz-Pick
Soit f : D → D une fonction holomorphe :

f (z1 ) − f (z2 ) z1 − z2
5.6.1. ∀z1 , z2 ∈ D : | |≤| |, et :
1 − f (z1 ) f (z2 ) 1 − z1 z2
1 − |f (z1 )|2
|f 0 (z1 )| ≤ .
1 − |z1 |2

Démonstration. Pour tout γ ∈ D, l'homographie :


z−γ
φγ (z) =
1−γz

est un automorphisme de D d'inverse φ−γ (voir 3.6.3.2).


On a φγ (0) = −γ et φγ (γ) = 0.
Fixons z1 ∈ D. On a :
φ−z f φf (z )
0 7−→1 z1 7−→ f (z1 ) 7−→1 0

et la fonction holomorphe g = φf (z1 ) ◦ f ◦ φ−z1 applique D dans D et vérie


g(0) = 0 et |g(z)| ≤ 1. Le lemme de Schwarz nous dit que g 0 (0) ≤ 1 et que
|g(z)| ≤ z , d'où successivement :

|g(φz1 (z2 ))| ≤ |φz1 (z2 )|


|φf (z1 ) ◦ f ◦ φ−z1 ◦ φz1 (z2 ) ≤ |φz1 (z2 )|
|φf (z1 ) (f (z2 ) ≤ |φz1 (z2 )|
f (z1 ) − f (z2 ) z1 − z2
| | ≤ | |.
1 − f (z1 )f (z2 ) 1 − z1 z2

Ceci peut s'écrire :

f (z1 ) − f (z2 ) 1 − f (z1 )f (z2 )


| ≤ |
z1 − z2 1 − z1 z2
d'où la seconde formule en faisant tendre z2 vers z1 .

5.6.2. Si f : D → D, f ∈ Hol (D), alors ou bien f est une


rotation (f (z) = az , |a| = 1) et f (0) = 0, ou bien |f 0 (0)| < 1.

Démonstration. Si |f 0 (0)| = 1, c'est un maximum local de f 0 , ce qui n'est pos-


sible que si f est constante, égale à un complexe a de module 1. On a alors
0

f (z) = az et f (0) = 0. Sinon, |f 0 (0)| < 1 (5.5.1).

42
5.7 Biholomorphisme
Une fonction holomorphe d'un domaine U sur un domaine V est biholo-
morphe si elle est bijective et si sa réciproque est holomorphe.
Une telle fonction est un isomorphisme de surfaces de Riemann.
C'est un automorphisme si U = V .

5.7.1. Soient f une fonction holomorphe non constante


sur un ouvert U de C et un point quelconque z0 ∈ U . Par
translations on se ramène au cas f (0) = 0. Alors il existe des
coordonnées locales Z et ξ , un disque D centré à l'origine,
de rayon r > 0, tels que, pour tout Z ∈ D, on ait f (Z) = ξ k .

On peut écrire dans un voisinage de z = 0 : f (z) = an z n ,


P
Démonstration.
n ≥ 1. Soit k le plus petit entier tel que an 6= 0 : ak = ρ exp(iθ) ; on a, en posant
√ √
Z = k ak z pour une détermination quelconque de la racine, z = Z/ k ak :

f (z) = ak z k (1 + ak+1 /ak z + · · · ) = Z k g(Z)

g étant une fonction holomorphe dans un voisinage de Z = 0, valant 1 en ce


point, dont le logarithme est bien déni (ln 1 = 0).
La fonction h(Z) = Z exp(ln(g(Z)/k) est holomorphe dans ce voisinage,
h0 (0) = 1 et elle possède une réciproque. On a alors f (Z) = (h(Z))k , et on peut
poser ξ = h(Z), Z = h−1 (ξ), de sorte que f (Z) = ξ k . Les coordonnées locales
sont Z à la source et ξ au but.

5.7.2. La dérivée d'une fonction holomorphe et injective


sur un domaine U ne s'annule pas.

Démonstration. S'il existe z0 ∈ U tel que f (z0 ) = 0, f n'est pas injective.


0

En eet, d'après 5.6.2, il existe des coordonnées locales en z0 et f (z0 ) dans


lesquelles f (ξ) = ξ k , k ≥ 2, et f (ξ) = ξ0 , ξ0 voisin de 0, admet k solutions dans
un voisinage de 0.

5.7.3. Une bijection holomorphe est biholomorphe.

Démonstration. La fonction étant injective, sa dérivée ne s'annule pas (5.7.2),


et sa réciproque est dérivable, donc holomorphe.

43
5.8 Une fonction holomorphe est ouverte
Une fonction est ouverte si l'image de tout ouvert est ouverte.

5.8.1. Une fonction holomorphe est ouverte.

Démonstration. Soit f une fonction holomorphe sur un domaine U de C.


Si z1 ∈ f (U ), soit z0 tel que f (z0 ) = z1 . Précisons que z1 peut avoir plusieurs
antécédents, isolés les uns des autres, les zéros de f (z) − z1 étant isolés (3.1.1).
Si f 0 (z0 ) 6= 0, f est un automorphisme local et il existe un voisinage V de z0
dans U , ne contenant pas d'autres antécédents, et tel que f (V ) soit un voisinage
de z1 dans f (U ).
Si f 0 (z0 ) = 0, c'est un zéro isolé (f 0 étant holomorphe) d'ordre k ≥ 1. Il
existe des coordonnées locales (5.7.1) Z et ξ dans lesquelles f s'écrit Z 7→ ξ k et
transforme un voisinage de z0 , susamment petit, en un voisinage de z1 .
Contenant un voisinage de chacun de ses points, f (U ) est ouverte.
Soient U un voisinage ouvert de z0 ∈ C, f une fonction holomorphe sur U
sauf en z0 qui est un pôle d'ordre n pour f , et U ∗ = U \z0 . Alors :

5.8.2. f (U ∗ ) est un voisinage de l'inni.

Démonstration. La fonction g(z) = (z − z0 )n f (z) est holomorphe sur U et ne


s'annule pas dans un voisinage V de z0 . La fonction holomorphe, donc ouverte
(5.7.2), 1/f a un zéro d'ordre n en z0 et transforme V en un voisinage W de
0, que l'inversion transforme en un voisinage de l'inni, f (V ) ; f (U ), contenant
f (V ), est un voisinage de ω .

5.9 Théorème de Morera


5.9.1. Soit f une fonction continue dans un do-
maine
Z U . Si, pour tout lacet triangulaire T dans
U, f (z) dz = 0, f est holomorphe dans U .
T

Démonstration. Choisissons z0 ∈ U et un réel r > 0 tel que B(z0 , r) ⊂ U . Soient


z quelconque dans B(z0 , r), h un complexe voisin de 0 tel que z + h ∈ B(z0 , r),
α , β et γ les segments reliant respectivement z0 à z , z à z + h et z + h à z0 et
formant le lacet triangulaire T . Posons :
Z Z Z Z
F (z) = f (ξ) dξ, F (z + h) = − f (ξ) dξ = f (ξ) dξ + f (ξ) dξ.
α γ α β

44
Si la variable était réelle, on aurait directement F 0 = f . Mais si, par exemple,
z ∈ C et f (z) = |z|, F existe mais n'est pas dérivable.
Traduisons l'hypothèse :
Z Z Z
F (z + h) − F (z) = − f (ξ) dξ − f (ξ) dξ = f (ξ) dξ.
γ α β

On a,par continuité de f et h étant la longueur de β :


Z
1
lim f (ξ) dξ = f (z),
h→0 h β

de sorte que :
F (z + h) − F (z)
lim = f (z),
h→0 h
d'où la conclusion : F est dérivable (F 0 = f ), donc holomorphe, ainsi que sa
dérivée f , dans U , z0 étant quelconque.

5.10 Théorème de l'argument


Soient f une fonction méromorphe dans un domaine simplement connexe U ,
γ un lacet dans U sur lequel f n'a ni zéro ni pôle, bordant un compact K .
On note Z l'ensemble des zéros de f dans K et P l'ensemble de ses pôles
(dans K ), E = Z ∪ P , et v(z) la valuation de f en z ∈ U , égale à 0 si z n'est,
pour f , ni un zéro ni un pôle, à n si c'est un zéro d'ordre n à −n si c'est un
pôle d'ordre n. Les ensembles Z et P sont nis. On a alors :

f 0 (z)
Z
1
5.1.1. v(z) Ind(γ, z).
X
dz =
2iπ γ f (z)
z∈E

Démonstration. Le terme de gauche représente la variation de l'argument de f


le long de γ , f 0 /f s'intégrant en ln(f ).
En posant : X
g(z) = (z − zn )v(zn )
zn ∈E

et f (z) = g(z)h(z), nous dénissons une fonction holomorphe h de valuation


nulle en tout point de K , et telle que :
f 0 (z) g 0 (z) h0 (z)
= + .
f (z) g(z) h(z)

La fonction h0 /h étant holomorphe sur K , son intégrale le long de γ est nulle


(4.2), et donc : Z 0 Z 0
f (z) g (z)
dz = dz.
γ f (z) γ g(z)

45
Supposons que E = {z0 }, c'est-à-dire que g(z) = (z − z0 )v(z0 ) :

g 0 (z) (z − z0 )v(z0 )−1 v(z0 )


= v(z0 ) =
g(z) (z − z0 )v(z0 ) z − z0

d'où :
g 0 (z)
Z Z
dz
dz = v(z0 ) = v(z0 ) Ind(γ, z0 ),
γ g(z) γ z − z0
et la formule 5.9.1.

γ2 Faisons l'hypothèse de récurrence :


 la formule 5.9.1 est vériée pour les
points z0 , z1 ,..., zn−1 , et ajoutons zn .
r Soient A = γ(0) et B = γ(t0 ) des
zn points de γ , γ1 le chemin coïncidant
avec γ pour t ∈ [0, t0 ], γ2 le chemin
A r α -r B coïncidant avec γ pour t ∈ [t0 , 1], et
α un chemin reliant A et B dans K
r ... r qui sépare K en deux parties, l'une
z0 ...zn−1 contenant les n premiers points zi et
l'autre le dernier. Si λ1 = γ1 ⊕ α−1 et
λ2 = α ⊕ γ2 , on a λ1 ⊕ λ2 = γ , l'inté-
- grale sur γ est la somme des intégrales
γ1 sur λ1 et λ2 .

L'hypothèse de récurrence nous permet de conclure.

5.11 Théorème de Rouché


Les fonctions f et g sont méromorphes dans un domaine U simplement
connexe ; γ est un lacet qui ne passe par aucun pôle ni aucun zéro de ces fonc-
tions. Il borde un compact K , et E est l'ensemble (ni) des zéros et des pôles
de f et de g dans K On désigne par Z(h, K) le nombre de zéros d'une fonction
h dans K , et P (h, K) le nombre de ses pôles (dans K ).
On a alors alors :

5.11.1. Théorème de Rouché (Eugène Rouché, 1832-1910) :


∀z ∈ γ : |f (z) − g(z)| < |g(z)| ⇒ Z(f, K) + P (f, K) = Z(g, K) + P (g, K).

Si de plus f et g sont holomorphes sur K on a Z(f, K) = Z(g, K).

46
Démonstration. A cause de l'inégalité stricte, g ne s'annulent pas sur γ , et f
non plus. Si h = f /g , on a :
f (z) − g(z)
∀z ∈ γ : |h(z) − 1| = <1

g(z)

et h(γ) ⊂ B(1, 1), de sorte que γ ne tourne pas autour de 0. La fonction h0 /h est
holomorphe sur un voisinage de γ , (h0 /h) ◦ γ admet ln(h(γ)) comme primitive,
et : Z 0
1 hh i 1
= ln(h(γ)) = 0.
2iπ γ h 0

De h0 /h = f 0 /f − g 0 /g on déduit :
f0 g0
Z Z
= ,
γ f γ g

d'où la conclusion (par 5.9.1.). Si f et g sont holomorphes P (f, K) et P (g, K)


sont nuls d'où Z(f, K) = Z(g, K).

5.12 Prolongement holomorphe (analytique)


Soient U un domaine, z0 ∈ U , et f une fonction holomorphe et bornée
(|f | ≤ M ) sur U \{z0 }. Si l'on a un développement en série de f au voisinage de
z0 , f (z) = a0 + a1 (z − z0 ) + · · · , on prolonge f par f (z0 ) = a0 , en une fonction
analytique. Par exemple f (z) = sin z/z ,prolongée par f (0) = 1.
Si γ(t) = z0 + r exp(2iπt), t ∈ [0, 1], est dans U , en posant :
Z
1 f (ξ) dξ
f (z0 ) = ,
2iπ γ ξ − z0

(l'intégrale est inférieure ou égale à M ) on prolonge f en une fonction holo-


morphe sur U .
Si f s'annule sur un voisinage de z0 , ses dérivées successives s'annulent en
z0 . Réciproquement, si f et ses dérivées successives s'annulent en z0 , sa série
entière en ce point est nulle et f s'annule sur un voisinage de z0 .
L'ensemble E de tels points, fermé car égal à son adhérence par continuité des
f (n) , est ouvert puisque voisinage de ses points : c'est une composante connexe
de U , donc égale à U si E 6= ∅.

5.12.1. Si f , holomorphe sur le domaine U connexe, s'annule sur une


partie E de U possédant un point d'accumulation, alors f = 0 (sur U ).

Démonstration. Soit E l'ensemble des points en lesquels les fonctions f et 0


sont égales. En ces points, f et toutes ses dérivées sont nulles, de sorte que f
est nulle dans un voisinage. L'ensemble est donc ouvert. Il est fermé car son
complémentaire est ouvert. S'il n'est pas vide, il est égal à U qui est connexe.

47
Montrons donc que E n'est pas vide. Soit z0 le point d'accumulation annoncé.
Il est limite d'une suite (zn ) d'éléments de U . Si f n'était pas identiquement nulle
dans un voisinage de z0 , il existerait une fonction holomorphe g , g(z0 ) 6= 0, telle
que f (z) = z k g(z). On aurait alors, pour n assez grand, f (zn ) = znk g(zk ) 6= 0,
ce qui est absurde. Contenant z0 , E n'est pas vide.
Corollaire : en appliquant l'encadré précédent à f − g, on obtient :

5.12.2. Si f et g , holomorphes sur le domaine U connexe, coïncident sur


une partie E de U possédant un point d'accumulation, alors f = g .

5.13 Théorème de monodromie


Un germe holomorphe en z0 ∈ C est déni P par une suite complexe (an )n∈N
telle que le rayon de convergence de la série an (z − z0 )n est non nul.
Le germe en z0 d'une fonction f holomorphe dans un domaine contenant z0
est déni par la suite (f (n) (z0 )/n!).
Soient U un domaine simplement connexe, z0 ∈ U et φ un germe holo-
morphe en z0 ; U étant connexe par arcs, tout point z1 ∈ U peut être relié à
z0 par un chemin γ1 ; si γ2 est un autre chemin reliant ces deux points, le lacet
λ = γ1 ⊕ γ2−1 est homotope à z0 , U étant simplement connexe, par l'homotopie
H : H(0, t) = λ(t), H(1, t) = z0 .

Dans ces conditions, on a le théorème de monodromie :

5.13.1. Si φ se prolonge en une fonction holomorphe le long de tout chemin


dans U , il existe une fonction f ∈ Hol(U ) dont le germe en z0 est φ.

Démonstration. Les chemins, γ1 et γ2 , d'origine z0 et d'extrémité z1 , dénissent


deux fonctions, f1 et f2 , holomorphes, respectivement, le long de γ1 et de γ2 ,
prolongeant φ. Montrons que ces deux fonctions ont le même germe en z1 .
Le lacet λ = γ1 ⊕ γ2−1 dénit la fonction f3 , holomorphe le long de λ, donc
égale à f1 le long de γ1 , et dont le germe en z0 = λ(0) est φ. Montrons que son
germe en z0 = λ(1) est encore φ, c'est-à-dire que f3 n'est pas multiforme.
La fonction f3 ◦ H est continue. On passe continument de f3 (H(s, 0)), valeur
initiale de f3 (z0 ) à f3 (H(s, 1)), valeur nale de f3 (z0 ), quel que soit s ∈ [0, 1].
Pour s = 1, ces deux valeurs son confondues, le lacet H(s, t) devenant le lacet
constant z0 , de sorte que f3 (z0 ) est bien déni. Le même raisonnement montre
que, pour tout n ∈ N, f3(n) (λ(0)) = f3(n) (λ(1)), donc que f3(n) (z0 ) est bien déni.
Le germe de f3 en z0 est ainsi bien déni, c'est celui de f1 et de f2 .

48
Ayant même germe en z0 , f2 et f3 prolongent φ le long de γ2 , et ont même
germe en z1 , celui de f1 . Nous avons ainsi prolongé f1 , et ceci est vrai pour tout
autre chemin d'origine z0 et d'extrémité z1 .
Quel que soit z ∈ U , il existe un chemin γ , passant par z , reliant z0 et z1 ,
qui permet de prolonger f1 en z . On dénit ainsi une fonction holomorphe sur
U dont le germe en z0 est φ.
√ La condition de prolongement est évidemment nécessaire. Ainsi, la fonction
z sur C dont le germe en z = 1 n'est pas prolongeable le long du chemin
γ(t) = 1 − t car elle n'est pas dérivable en z = 0.
La condition de simple connexité n'est pas nécessaire, comme le montre la
fonction 1/z sur C∗ . On peut la remplacer par la condition : le germe holomorphe
φ se prolonge en une fonction holomorphe le long de tout lacet dans U .

6 Revêtement
6.1 Dénitions
Considérons l'application p(z) = z 2 de C∗ dans lui-même. Les antécédents de
√ √
x = ρ eiθ , ρ > 0, sont ρ ei θ/2 et ρ ei (π+θ/2) . L'application est donc surjective.
Posons : ( √
s1 (ρ, θ) = ( ρ, θ/2) ,

s2 (ρ, θ) = ( ρ, π + θ/2) .
Soit U un domaine de C ` et U1 = s1 (U ) et U2 = s2 (U ). Si U est susamment
petit, U1 ∩ U2 = ∅ et on a ( = réunion disjointe) :
(−1 `
p (U ) = U1 U2 ≈ U × Z/2Z ,
p ◦ s1 = p ◦ s2 = IU , s1 ◦ pU1 = IU1 , s2 ◦ pU2 = IU2 .

L'image intuitive de cette situation est celle d'un escalier à deux étages, le
pallier du second donnant sur le rez-de-chaussée, ce qui n'est pas représentable
dans R3 , à moins d'un trucage artistique. O

Ceci nous permet d'introduire la dénition d'un revêtement. Toutes les ap-
plications entre surfaces de Riemann seront supposées holomorphes.

E et B sont des surfaces de Rie-


?E
s
mann connexes, p une application ho-
p
lomorphe surjective, localement injec-
 tive dont la dérivée ne s'annule pas, U
U
i / B
un ouvert de B et i l'injection cano-
nique de U dans B .

Dire que p est localement injective équivaut à dire que p est un isomorphisme
local et que p0 ne s'annule pas (5.7.3).

49
L'application s : U → E est une section de p au-dessus de U . Etant la
réciproque de la restriction de p à s(U ) puisque p ◦ s = i, elle est injective,
surjective et holomorphe ; s et p|s(U ) sont des isomorphismes réciproques entre
U et s(U ).

Si dans la situation précédente, E étant supposée connexe (donc aussi B ), il


existe un ensemble discret F tel que, quel que soit b ∈ B , il existe un voisinage
−1
U de b et un isomorphisme φ de p (U ) sur U × F tel que p1 ◦ φ = p, p1 étant la
première projection de U × F sur U , alors p est un revêtement de B , et :
- E est l'espace du revêtement et B en est la base,
- F est la bre-type, p (b) est la bre au-dessus de b,
−1

- p est la projection,
- U est un ouvert distingué, ou trivialisant.
- φ est une trivialisation locale du revêtement,
- p (U ) ≈ U ×F , et p (U )|f ∈F , est un feuillet du revêtement au-dessus de U .
−1 −1

Le revêtement sera indiéremment appelé du nom de l'espace (ici E ) ou de


la projection (ici p).

L'appellation  trivialisation locale  vient du fait qu'on appelle revête-


ment trivial de B tout produit B × F dans lequel F est un ensemble discret,
muni de la projection p1 (b, f ) = b, ou un revêtement isomorphe à un tel revête-
ment.

L'application précédente (p(z) = z 2 ) étendue à C ne dénit plus un revête-


ment car la bre au-dessus de b 6= 0 a deux éléments et celle au-dessus de 0 n'en
qu'un. Notons que p0 (0) = 0. C'est un revêtement ramié, et 0 est un point
de ramication.

Considérons l'application p(z) = exp(z) de C sur C∗ , l'unique valeur non


atteinte étant 0. Les antécédents de ξ 6= 0 sont zk = ln(ξ) + 2ikπ , k ∈ Z, ce qui
dénit localement les sections. Un ouvert U est distingué si les arguments de
ses éléments sont inclus dans un intervalle de longueur inférieure à 2π . O

Remarques. Dans la situation précédente (E et B sont connexes) :


- tout ouvert contenu dans un ouvert distingué est distingué,
- si E est compacte, B est compacte,
- p est un isomorphisme local de surfaces de Riemann en tout point,
- il existe un voisinage connexe V de b et une section s de p au-dessus de V ,
- s est un isomorphisme local,
- si deux sections au-dessus de V coïncident en un point, elles sont égales.

Supposons E non connexe (B toujours connexe), et union disjointe de ses


composantes connexes Ei , 1 ≤ i ≤ n. Si par exemple n = 2, B = p(E1 ) ∪ p(E2 ).
Si p(E1 ) 6= p(E2 ), les bres au-dessus de p(E1 )∩p(E2 ) et de p(E2 \(p(E1 )∩p(E2 ))

50
sont diérentes, ce qui n'est pas conforme à la dénition. On doit donc avoir,
pour que p soit un revêtement, p(E1 ) = p(E2 ) = B , de sorte que les pi = p|Ei :
Ei → B sont des revêtements, que les Ei sont isomorphes, et que E est un
revêtement trivial de chaque Ei .
Si n > 2, on applique le raisonnement précédent à E1 et à la réunion des Ei
pour i ≥ 2.

Dénissons les morphismes de revêtements.

E
f
/ E0 Si p : E → B et p0 : E 0 → B 0 sont
deux revêtements, f et h des fonctions
p p0 holomorphes,(f, h) est un morphisme
  de revêtements, de p vers p0 si le dia-
B
h / B0
gramme ci-contre est commutatif.

Si f et h sont inversibles (biholomorphes), (f, h) est un isomorphisme


de revêtements, un automorphisme de revêtement si E = E0, B = B0
et p = p0 , ou p-automorphisme. L'ensemble de ces p-automorphismes est noté
Aut(E, p).
Les morphismes de revêtements se composent naturellement :
(f2 , h2 ) ◦ (f1 , h1 ) = (f2 ◦ f1 , h2 ◦ h1 )

selon une loi associative ; (f, h) est un isomorphisme de revêtements s'il existe
un morphisme de revêtements (f 0 , h0 ), de p0 vers p, tel que :
(
(f 0 , h0 ) ◦ (f, h) = (IE , IB )
(f, h) ◦ (f 0 , h0 ) = (IE 0 , IB 0 ) .

6.2 Relèvement
Nous supposons toujours les surfaces de Riemann X , B et E connexes.

?E
Soient p un revêtement et h une
h
fonction continue. S'il existe une fonc-
p
tion h continue rendant le diagramme
h / B
 ci-contre commutatif, c'est un relève-
X ment de la fonction h (p ◦ h̄ = h).
Si h est holomorphe, h̄, composée localement de h et d'une section, l'est
aussi.
La surface de Riemann E a la propriété de relèvement si, quels que soient
B , X , h et un revêtement p : E → B , il existe un relèvement h̄ de h tel que
−1
h̄(x) = e (p ◦ h̄ = h), e étant un élément quelconque de p (h(x)).
N'oublions pas qu'une section est localement un isomorphisme.

51
6.3 Relèvement d'un chemin
−1
Soient p : E → B un revêtement, γ un chemin dans B , γ(0) = b0 , e0 ∈ p (b0 ).
Montrons que ce chemin admet un relèvement unique γ̄ d'origine e0 . Etant
compact, γ est recouvert par un nombre ni d'ouverts distingués U1 , U2 ,...,Un
tels que Wi = Ui ∩ Ui+1 6= ∅ pour 1 ≤ i ≤ n − 1. Soient s1 la section dénie
sur U1 telle que s1 (b0 ) = e0 , s2 la section dénie sur U2 coïncidant avec s1 sur
W1 , ainsi de suite jusqu'à sn−1 . Alors, γ̄ est le chemin de E dont la restriction
à Vi = si (Ui ) est si (γ ∩ Ui ).
Si deux relèvements d'un chemin coïncident en un point, ils sont égaux dans
un voisinage (l'un des Vi ), et l'ensemble des points d'égalité est ouvert. Mais
il est aussi fermé par continuité, et c'est une composante connexe de E , donc
égale à E . Le relèvement est donc unique.

6.4 Relèvement d'un lacet


Un lacet λ, λ(0) = λ(1) = b0 se relève en un chemin reliant deux éléments
−1
de p (b0 ) pouvant être distincts. Ainsi, si :
p: C → C\{0}
z 7 → ez
le cercle-unité se relève en le segment {ix | 2kπ ≤ x < 2(k + 1)π}, k ∈ Z.

Les images par h de lacets homotopes (par l'homotopie H ) étant homotopes


(par l'homotopie h ◦ H ), h induit une application h∗ de π1 (X) dans π1 (B).
De même pour p (p∗ : π1 (E) → π1 (B)) et pour h̄ (h̄∗ : π1 (X) → π1 (E)).

6.5 Relèvement d'une fonction


?E
Si h(X) est recouvert par un
h
nombre ni d'ouverts distingués on
p
peut construire h comme pour une ho-
 motopie (voir 6.6).
X
h / B
−1
Sinon, soient x0 ∈ X , d'image b0 = h(x0 ), et e0 ∈ p (b0 ).
On a la condition nécessaire et susante d'existence d'un relèvement unique
h̄ de h vériant h̄(e0 ) = b0 :

6.5.1. h̄ est bien déni si l'image par h∗ d'une classe de lacets dans X
basés en x0 est l'image par p∗ d'une classe de lacets dans E basés en e0 .

Démonstration. Si h̄ existe, l'image par h̄∗ d'une classe [λ] de lacets dans X est
une classe de lacets dans E , dont l'image par p∗ est l'image par h∗ de [λ] dans
B , puisque p∗ ◦ h̄∗ = (p ◦ h̄)∗ = h∗ .

52
Réciproquement, il nous faut dénir, pour tout x ∈ X , h̄(x) ∈ E tel que
p(h̄(x)) = h(x).
l'image par h∗ d'une classe de lacets [λ] ∈ π1 (X, x0 ) est une classe de lacets
dans π1 (B, b0 ), elle-même, par hypothèse, image par p∗ d'une classe de lacets
dans π1 (E, e0 ).
Soit γ un chemin reliant x0 à x, que l'on compose avec un chemin quelconque
α reliant x à x0 pour obtenir un lacet λ, dont l'image h(λ) est un lacet λB dans
B , basé en b0 , image par p d'un lacet λE dans E , basé en e0 . On a :

x = γ(1) = λ(1/2) = α−1 (1).

Comme h(x) est un point de λB , il existe un point e ∈ λE tel que p(e) = h(x).
En posant h̄(x) = e, on obtient p(h̄(x)) = p(e) = b = h(x). Si nous remplaçons
γ par un autre chemin, γ1 , nous obtenons, par la même construction, un autre
lacet λ1 qui intersecte λ en x, un autre lacet λB,1 qui intersecte λB en h(x), et
enn un autre lacet λE,1 qui intersecte λE en e, qui est donc bien déni.
Il reste à voir que h̄ est holomorphe. Or, localement, h̄ est la composée d'une
section et de h, holomorphes toutes les deux.

6.6 Relèvement d'une homotopie


?E
L'application p est un revêtement.
Comme I × I , H(I × I) est compact et
H
p simplement connexe. Son groupe fon-
 damental est trivial, donc aussi son
I ×I
H / B image par H ∗ , p∗ est surjectif, d'où
l'existence de H d'après 6.5.1.

Nous pouvons aussi construire H . Recouvrons H(I × I) par un nombre ni


d'ouverts distingués Uk , de réunion connexe, U0 contenant H(0, 0).
Les sections si , sur Ui et sj , sur Uj , sont compatibles si, ou bien (1) elles
coïncident sur Ui ∩ Uj supposé non vide, ou bien (2) si elles sont compatibles
avec une troisième, sk , au sens de (1). Cette relation, réexive, symétrique et
transitive, est une équivalence.
Choisissons une section s0 sur U0 , et posons s0 (U0 ) = V0 . L'image de H|U0
par l'isomorphisme local s0 nous donne H̄|V0 . Soient U1,i les Uk rencontrant
U0 . Les sections s1,i dénies respectivement sur U1,i et coïncidant avec s0 sur
U0 ∩ U1,i , sont compatibles entre elles et nous permettent d'étendre H̄ aux U1,i .
Poursuivons le processus : les U2,j sont les Uk rencontrant l'un au moins des
U1,i , les s2,k sont les sections associées, compatibles avec les s1,i , donc compa-
tibles entre elles, ce qui permet d'étendre H̄ ... ainsi de suite, jusqu'à l'arrêt du
processus, faute de combattants.
La réunion des Uj,i est un ouvert V . S'il restait des Uk non rencontrés, leur
réunion serait un ouvert W (non vide), disjoint de V , ce qui est absurde (par
connexité). Nous avons ainsi construit H̄ .

53
Les deux chemins λ0 (t) = H(0, t) et λ1 (t) = H(1, t) sont homotopes dans B
et se relèvent en les chemins λ¯0 et λ¯1 dans E , homotopes par H̄ .
Une homotopie à extrémités xes se relève évidemment en une homotopie à
extrémités xes.

6.7 Simple connexité


Rappelons qu"un domaine U de C connexe par arcs (donc connexe) est
simplement connexe si tout lacet est homotope à un point de U (U est sans
trou, car un lacet entourant un trou ne peut être homotope à un point), c'est-
à-dire si (et seulement si) π1 (U ) est trivial (réduit à l'élément neutre).
Tout disque ouvert, tout ouvert convexe (contenant le segment reliant deux
quelconques de ses points) ou étoilé (s'il existe un point tel que le segment
reliant reliant ce point à tout autre point est inclus dans cet ouvert) de C est
simplement connexe.
Ainsi C est simplement connexe et C∗ ne l'est pas, de même que R∗ .
Un domaine est localement simplement connexe si tout point possède
un voisinage ouvert simplement connexe.
Le domaine C\{1/n, n ∈ N, n > 0} n'est pas localement simplement connexe.
La simple connexité se conserve évidemment par isomorphisme.

6.7.1. Toute surface de Riemann B admet


un revêtement simplement connexe.

Démonstration. Supposons B non simplement connexe, sinon elle est son propre
revêtement simplement connexe. Elle a donc une partie manquante T , un trou,
pas forcément connexe.
Soit E l'ensemble des classes de chemins d'origine b0 équivalents pour l'ho-
motopie à extrémité xes, muni de la topologie quotient.
L'application :
p: E → B
[γ] 7→ γ(1)
est une surjection holomorphe. Montrons en eet qu'elle est dérivable.

rH Si h = h1 + ih2 est arbitrairement


γ(1) HHr petit, δ(t) = th est un chemin innité-
r simal (un "germe" de chemin), on a :
γ(1) + h
γ(0) p([γ ⊕ δ]) − p([γ]) = δ(1) = h,

et la distance d(γ ⊕ δ, γ) est égale à h (voir 3.8.1), indépendamment du choix


dans les classes (seules comptent les extrémités, qui sont xées), la dérivée est
égale à 1, et p est un isomorphisme local : ∀[γ] ∈ E , si V est un voisinage
susamment petit de [γ], U = p(V ) est un voisinage de b = p([γ]), p|V est un
isomorphisme de V sur U , dont la réciproque est une section s : U → V .

54
Soient γ1 et γ2 deux chemins de même origine b0 , de même extrémité b1 . Si
[γ1 ] = [γ2 ], le lacet λ = γ1 ⊕ γ2−1 est homotope à b0 (3.8.4). Sinon, λ entoure un
trou T , empêchant les chemins d'être homotopes.
Supposons d'abord T connexe.

- Le lacet ` = γ2 ⊕ γ1−1 fait un tour


γ1 autour de T , dénissant le sens posi-
uT r
r tif, et tous les chemins d'origine b0 et
b1
b0
γ2 - d'extrémité b1 sont de la forme λ0 ⊕`n ,

ou `n ⊕ λ0 , n ∈ Z, à homotopie stricte près, λ0 étant homotope à b0 et tournant


autour de T dans le sens positif. En eet, H(s, t) = λ0 ((1 − s)t) ⊕ `n ⊕ λ0 (st)
est une homotopie stricte entre λ0 ⊕ `n et `n ⊕ λ0 .
Ainsi, γ1 = `−1 ⊕ γ2 , deg(γ1 , T ) = −1.
Nous appellerons cet entier n le degré (de λ par rapport à T ).
Si T n'est pas connexe, un lacet peut tourner autour de diérentes compo-
santes connexes Ti de T , ni fois autour de Ti , et n est remplacé par la suite
ordonnée (ni ). A chaque Ti correspond le groupe π1 (B, Ti ) des lacets entourant
la seule composante Ti , et π1 (B) est le produit libre des π1 (B, Ti ).
Montrons que E est connexe.
Supposons que E = E1 ∪ E2 , E1 ∩ E2 = ∅. On a alors B = p(E1 ) ∪ p(E2 ),
p(E1 ) ∩ p(E2 ) 6= ∅, B étant connexe. Soit b ∈ p(E1 ) ∩ p(E2 ) ; p−1 (b) est formé
d'éléments de E1 et de E2 . Il existe [λ1 ] ∈ E1 et [λ2 ] ∈ E2 dans p−1 (b), et n ∈ Z
tels que λ2 = `n ⊕ λ1 , et [`n ] relie [λ1 ] et [λ2 ], et donc E est connexe par arcs,
et donc connexe.
Montrons que E est simplement connexe.
Les éléments de E sont les classes de chemins. L'origine de [b0 ⊕ `n ] (= [`n ])
est [b0 ] et son extrémité est [`n ]. Un lacet dans E est de la forme λ(t) = [b0 +
`n (t)]. Les lacets sont donc obtenus pour n = 0, et ils sont strictement homotopes
à [b0 ].
Soit U un ouvert connexe, simplement connexe, de B , isomorphe à un ouvert
V de E ; p|V est un isomorphisme local de V sur U , de réciproque la section
s : U → V ).
Les antécédents de b ∈ U sont les [γ] ∈ E tels que γ(1) = b. Ces γ sont de la
forme γ0 ⊕ `n , γ0 reliant b0 à b dans B . On a donc :

p−1 (U ) ≈ U × π1 (B).

6.7.2. Tout revêtement simplement connexe a la propriété de relèvement.

55
Démonstration Hypothèse : E est simplement
connexe, f est holomorphe et p est un
E
revêtement (holomorphe).
f¯  −1
Fixons x0 ∈ X et e0 ∈ p (f (x0 )).
p
? Si x est un élément quelconque de
f -
X B X , construisons f¯(x).

Soit γ un chemin de X reliant x0 à x. Son image f (γ) se relève en chemin γ̄


d'origine e0 . Posons f¯(x) = γ̄(1). Il reste à voir l'indépendance par rapport au
choix du chemin. Soit γ 0 un autre chemin reliant x0 à x, homotope à γ . Le lacet
λ = γ 0 ⊕ γ −1 est homotope à x0 (3.8.4), f (λ) est homotope à f (x0 ) et se relève
en un lacet λ̄ homotope à e0 , ce qui implique que γ̄(1) et γ̄ 0 (1) (déni à partir
de γ 0 ) ont même extrémité : f¯(x) ne dépend donc pas du chemin choisi.
Si γ 0 n'est pas homotope à γ , λ tourne autour d'un trou, et quand x revient
en x0 le long de λ, f¯ ne reprend pas la même valeur, mais une autre dans
−1
p (f (x0 )), comme dans l'exemple suivant : E = C, X = B = C\{0}, p(z) = ez
et f est l'identité. Si on choisit f¯(1) = 0, après un tour autour de z = 0 f¯ prend
la valeur 2iπ . 

6.7.3. Tout revêtement ayant la propriété de relèvement est simplement


connexe. Deux revêtements simplement connexes sont isomorphes.

Démonstration Soit F un revêtement simplement


E connexe de B . Il a la propriété de relè-
q̄ 
vement (3.9.7.2), comme E , et il existe
p̄ p p̄ et q̄ tels que q = p ◦ q̄ et p = q ◦ p̄,

q -
? d'où q = (q ◦ p̄) ◦ q̄ , et p = (p ◦ q̄) ◦ p̄.
F B

Soient x ∈ F , q(x) = b, q̄(x) = y , p(y) = b, U un voisinage ouvert distingué


de b, V le voisinage ouvert de x tel que q(V ) = U et W = q̄(V ), connexe, avec
p(W ) = U . Comme p|W et q|V sont des isomorphismes sur U , p̄|W et q̄|V sont
des isomorphismes réciproques entre W et V . L'ensemble {x ∈ F | p̄ ◦ q̄ = x} est
donc ouvert, et il est fermé par continuité. Il est égal à F qui est connexe.
Il s'ensuit que E et F sont isomorphes, et que F est simplement connexe. 

6.8 Uniformisation des fonctions multiformes


Certaines fonctions ne reprennent pas la même valeur quant la variable ef-
fectue un tour autour d'un point z0 . Ce point est un point de branchement,
ou de ramication
√ pen lequel la fonction√peut être dénie ou non. Il en est ainsi
pour z → z : si exp(0) = 1, alors e2iπ = eiπ = −1 ou pour z → ln(z).
Ces fonctions sont multiformes. Une telle fonction n'est évidemment pas ho-
lomorphe en un point de branchement.

56
Pour résoudre ce problème, on peut interdire de tourner autour du point z0 ,
en imposant une coupure, demi-droite "infranchissable" issue de z0 (voir 3.6.5).
Voyons une autre méthode. Soient U un domaine, z0 ∈ U , f une fonction
holomorphe sur U ∗ = U \{z0 }, z0 étant un point de branchement (c'est le seul
dans U par hypothèse). S'il existe k plus petit entier naturel tel que la fonction
reprend sa valeur lorsque la variable eectue k tours autour de z0 , nous dirons
qu'il est d'ordre k. Si quel que soit k elle ne reprend pas sa valeur, nous le dirons
d'ordre inni.
Prenons z0 = 0 pour alléger l'écriture. Si f est d'ordre k, considérons le
revêtement E ⊂ C∗ de U ∗ déni par p(z) = z p , de sorte que f ◦ p (z 7→ f (z p ))
est une fonction uniforme de E dans C (et holomorphe).

Si f est d'ordre inni, prenons E =


E C, p(z) = exp(z) = ξ , et choisissons
une valeur pour f (ξ).
g Les autres valeurs sont f (ξ) + na
p pour un certain a ∈ C∗ et n ∈ Z. Après
un tour autour de 0, f (ξ) et augmenté

f
?
de a et z est augmenté de 2iπ . La fonc-
C  U∗ tion g = f ◦ p est uniforme.

Traitons par exemple les deux cas précédents :

E = C∗ E=C

id z id z
- -
↓ ↓
z2 ez
√ ? ?
z 7→ z z 7→ ln z
C  C∗ C  C∗

Les fonctions multiformes racine carrée et logarithme deviennent l'identité.

7 Série de Laurent
Une série de Laurent 4 est une somme :
+∞
X
L(z) = an z n
n=−∞

de deux séries, sa partie régulière pour les n ≥ 0, de rayon de convergence


R, et sa partie singulière, non réduite à 0 (sinon la série est entière), pour les
4. Pierre Alphonse Laurent (1813-1854), ingénieur polytechnicien français.

57
n < 0. Cette dernière est une série entière en u = 1/z de rayon de convergence
R0 . Elle converge donc pour |1/z| < R0 , soit pour |z| > 1/R0 . La série de Laurent
converge donc si 1/R0 < z < R, ce qui dénit une couronne de convergence si
1/R0 < R. La convergence est normale à l'intérieur de cette couronne.

7.1 Exemples de séries de Laurent


Les séries de Laurent :
1 1 1 1
exp(1/z) = 1+ + + + ··· + + ··· ,
z 2 z2 6 z3 n! z n
1 1 1
sin(1/z) = − + · · · + (−1)n + ··· ,
z 3! z 3 (2n + 1)! z 2n+1
√ √ √ 1 1 1
z sin(1/ z) = z (√ + √ + ··· + √ + ···)
z 3! z z (2n + 1)! z n z
1 1 1
= 1+ + + ··· + + ···
3! z 5! z 2 (2n + 1)! z n

convergent pour z 6= 0 (R = R0 = +∞), de même que, par exemple, la série de


Laurent 1/z 2 + 1 + z 3 .

Etudions la série de Laurent :


+∞
X
L(z) = 2−|n| z n .
−∞

z
Sa partie régulière est une série géométrique de raison , de rayon de conver-
2
gence 2.
1
Sa partie singulière est une série géométrique de raison , convergente si
2z
1
|2z| > 1, soit |z| > .
2
1
Sa couronne de convergence est donc < |z| < 2. O
2
Soit f une fonction holomorphe dans une couronne centrée en z0 . Si γ est
un cercle tracé dans cette couronne, la série de Laurent de f est :
Z
1 f (z) dz
7.1.1. f (z) =
X
an (z − z0 )n , an = .
2iπ γ (z − z0 )n+1
n∈Z

58
Démonstration. Grâce à la convergence normale de la série, on peut écrire :
Z Z X
f (z) dz
= ap (z − z0 )p−n−1 dz
γ (z − z0 )n+1 γ p∈Z
X Z
= ap (z − z0 )p−n−1 dz
p∈Z γ

= 2iπan

d'après 4.2.2.

7.2 Point singulier essentiel


Si la fonction f est développable en série de Laurent en z0 et si la partie sin-
gulière de ce développement a une innité de termes, z0 est un point singulier
essentiel pour f . En eet, f ne peut avoir une limite nie en z0 , et ce point
n'est pas un pôle (ni un point de branchement).
Si par exemple f , ni polynôme ni fonction rationnelle, est holomorphe en z0 ,
z0 est un point singulier essentiel pour g(z) = f (1/(z − z0 )). Ainsi 0 est un point
singulier essentiel pour sin(1/z) :
X 1 1
sin(1/z) = 2n+1
.
(2n + 1)! z
n≥0

Une fonction entière a une singularité essentielle à l'inni, car le développe-


ment de f à l'inni est le développement (en série de Laurent) de g(z) = f (1/z)
en 0.
Si f a un point singulier essentiel en z0 et si la partie régulière de sa série
de Laurent est un polynôme, elle a un pôle à l'inni.
Si z0 est un point singulier essentiel pour f , c'est aussi un point singulier
essentiel pour 1/f . En eet, si c'était un point régulier pour 1/f , ce serait
un point régulier ou un pôle pour f , si c'était un pôle pour 1/f , ce serait un
zéro pour f , et si c'était un point de branchement, cela le serait pour les deux
fonctions.

7.2.1 Exemples de point singulier essentiel


La fonction f (z) = exp(1/z) admet une singularité essentielle en z = 0. Que
se passe-t-il au voisinage de ce point ?
Si zn = (a + ib)/n, 1/zn = n(a − ib)(a2 + b2 ) d'où :
f (zn ) = exp(na/(a2 + b2 )) exp(nib/(a2 + b2 )).

Si a2 + b2 = 1, exp(zn ) = exp(na) exp(nib), et on a :


- si a = 0, f (zn ) tourne autour de l'origine sur le cercle-unité C . Si b ∈ Q, le
mouvement est périodique. Si b est irrationnel, l'ensemble des f (zn ) est dense
dans C ,

59
- si a > 0, f (z) décrit une spirale tendant vers ω ,
- si a < 0, f (z) décrit une spirale tendant vers 0.
Si zn = 1/(ln a + 2inπ), a ∈ / R− , on a f (zn ) = a.
Si b ∈ R∗− , et si zn = 1/(ln |b| + iπ + 2niπ), alors f (zn ) = b.
La limite en z = 0 de f (z) n'est donc pas dénie, et au voisinage de ce point
toute valeur complexe non nulle est atteinte, une innité dénombrable de fois.
L'image de l'axe imaginaire pur privé de 0 est le cercle unité C (parcouru
une innité de fois), l'image des z de partie réelle négative est l'intérieur de C
privé de 0, et l'image des z de partie réelle strictement positive est l'extérieur
de C .
Si a ∈ C\R− , on a :
−1 1
f (a) = { | n ∈ Z}
ln a + 2niπ
et si a ∈ R∗− :
−1 1
f (a) = { | n ∈ Z}.
ln |a| + (2n + 1)iπ
Tout complexe non nul a donc une innité dénombrable d'antécédents, et 0 n'en
a aucun. La fonction n'a pas de limite (nie ou innie) quand z tend vers 0.

7.3 Théorème de Casorati-Weierstrass


On note B(z0 , r)∗ le disque épointé, c'est-à-dire privé de son centre :
B(z0 , r)∗ = B(z0 , r)\{z0 }.

7.3.1. L'image d'une fonction f holomorphe dans le disque B(z0 , r)


(r > 0) sauf en z0 où elle a une singularité essentielle est dense dans C.

Démonstration. Si l'image de f n'était pas dense, il existerait ξ ∈ C et  > 0


tels que :
∀z ∈ B(z0 , r)∗ , |f (z) − ξ| > 
et la fonction holomorphe g(z) = 1/(f (z)−ξ), z 6= z0 , serait bornée : |g(z)| < 1/
au voisinage de z0 . Ce point ne serait donc pas une singularité de g , qui pourrait
être prolongée en z0 , et f (z) = ξ + 1/g(z) serait méromorphe, contrairement à
l'hypothèse (z0 serait un pôle ou un point régulier).

8 Singularités isolées
Si la fonction f : C → C est holomorphe dans un voisinage de z0 ∈ C, ce
point est un point régulier pour f .

60
Si elle n'est pas dénie ou pas dénie de façon unique en z0 elle a en ce point
une singularité, et z0 est un point singulier pour f .
Cette singularité est isolée s'il existe un voisinage de z0 ne contenant pas
d'autres singularités. Ce voisinage sera en général un disque centré en z0 .
Si de plus f admet une limite en z0 , la singularité est apparente, comme
sin z
par exemple 0 pour .
z
Voyons d'abord les singularités élémentaires isolées vraies. Nous verrons en-
suite les singularités composées, isolées ou non.
Un pôle est une singularité isolée (3.1.2).

8.1 Point de branchement, ou de ramication


Soient z0 ∈ C, U un voisinage ouvert de z0 et f une fonction dérivable dans
U \{z0 }, pouvant être multiforme (6.8). Si elle est uniforme et continue, elle est
holomorphe dans U . S'il existe un lacet γ(t) = z0 + re2iπt , r > 0, t ∈ [0, 1]
entourant (une fois) z0 , tel que f (γ) ne soit pas un chemin fermé, ce point est
un point de branchement (ou de ramication) de f .

S'il existe n ∈ N, n ≥ 2, tel que f (γ n ) soit un lacet et pas f (γ n−1 ), z0 est


un point de branchement radical d'ordre n de f .

Si pour tout n et tout lacet γ entourant z0 f (γ n ) n'est pas un lacet, z0 est


un point de branchement logarithmique pour f .

Soit f (z) = z r , r étant un rationnel p/n. Si zk = e2ikπ on a f (zk ) = e2ikpπ/n ,


et f ne reprend sa valeur initiale qu'après n tours : 0 est un point de branchement
(radical) d'ordre n pour f . Si r > 0, f n est holomorphe, si r < 0, 0 est un pôle
de f , qui est méromorphe. Si r est irrationnel, 0 est un point de branchement
logarithmique.
L'origine est un point de branchement logarithmique pour f (z) = z ln z si
z 6= 0, et√f (0) = 0. C'est un point de branchement radical d'ordre 2 pour
f (z) = 1/ z , et f 2 est holomorphe en z 6= 0.

Exemple : f (z) = √z − 2z , γ(t) = re
2 2iπt
, r < 2.
On a f (γ(0)) = i 2r − r . Pour mettre f (γ) sous la forme (ρ, θ), on met en
2

facteur, sous le radical, le terme de plus grand module :


p p p p
f (γ(1)) = r2 e4iπ − 2re2iπ = −e2iπ 2r − r2 = −i 2r − r2 ,

et f (γ(2)) = i 2r − r2 . Le point√de branchement z = 0 est d'ordre 2.
Mais si r > 2, f (γ(0)) = − r2 − 2r = f (γ(1)). Ceci provient du fait que
z = 2 est aussi un point de branchement d'ordre 2, intérieur à γ , qui entoure
donc deux points de branchement d'ordre 2. O

61
Exemple : f (z) = (ln(z))2 .
Pour tout k 6= 0, : f (e2kiπ z) = (ln z)2 + 4kiπ ln z − 4k2 π 6= f (z). O

Exemple : f (z) = z a , a ∈ C\Q.


Comme f (z) = exp(a ln z), on a, si γ(t) = re2iπt , r > 0 :
∀n ∈ Z, f (γ n )(t) = ran e2aniπt
d'où f (γ n )(0) = ran , f (γ n )(1) = ran exp(2iπna), or exp(2iπna) 6= 1. O

Si la fonction f est holomorphe dans un domaine U à l'exception de z0 , qui


n'est pas un pôle, et si elle n'a pas de limite, nie ou innie, en z0 , ce point
est un point singulier. La partie singulière de la série de Laurent de f en z0 a
alors une innité de termes, ce point, ne pouvant être ni régulier ni un pôle.
Exemple : f (z) = exp(1/z).

9 Singularités non isolées ou mixtes


La fonction f (z) = 1/ sin(1/z) admet une suite de pôles simples zk = 1/kπ
dont la limite z = 0 est un point singulier essentiel, car elle n'a pas de limite en
ce point. En eet, résolvons f (z) = l avec l ∈ C∗ et s ∈ C∗ tel que sin s = 1/l :
f (z) = l ⇐⇒ sin(1/z) = 1/l ⇐⇒ sin(1/z) = sin s.
On obtient les solutions zk = 1/(s + 2kπ) et zk0 = 1/(π − s + 2kπ), suites tendant
vers 0, de sorte que tout voisinage de 0 contient une innité de solutions.
Il peut arriver qu'en un point z0 la fonction
√ f présente deux types de singula-
rités. Ainsi f (z) = z −3/2 est le produit de z qui donne un point de branchement
radical (z = 0) d'ordre 2, et de 1/z 2 fonction pour laquelle 0 est un pôle d'ordre
2. Notons bien que 0 n'est pas un pôle pour f (à moins de dénir des pôles
d'ordre non entier).

Exemple : f (z) = sin(1/ z). A partir du développement de sinus, on peut
écrire :
X (−1)n √ X (−1)n 1
f (z) = √ 2n+1 = z .
(2n + 1)! ( z) (2n + 1)! z n+1
n∈N n∈N

L'origine est, pour f , un point de branchement radical d'ordre 2 et une sin-


gularité essentielle. O

Exemple : f (z) = exp(1/ z). Comme :

X 1 z 1
f (z) = ( + )
(2k)! (2k + 1)! z k
k≥0

le point z = 0 est pour f un point singulier essentiel et un point de branchement


radical d'ordre 2. O

62
10 Fonctions holomorphes de Ĉ dans Ĉ
Une fonction f : Ĉ → Ĉ est holomorphe en z0 6= ω si z0 est un point régulier
ou un pôle pour sa restriction à C. Elle est holomorphe en ω si 0 est un point
régulier ou un pôle pour z 7→ f (1/z). Elle est holomorphe si elle l'est en tout
point.
Les singularités de ces fonctions sont donc les points de branchement et les
points singuliers essentiels.
Une fonction entière n'est pas holomorphe de Ĉ dans Ĉ, ω étant pour elle
un point singulier essentiel.
La restriction f ∗ d'une fonction holomorphe f de Ĉ dans Ĉ est holomorphe
ou méromorphe. La fonction 1/f est également holomorphe (de Ĉ dans Ĉ).
Les pôles de f ∗ sont en nombre ni, car, sinon, leur famille aurait un point
d'accumulation dans le compact Ĉ, qui serait un point singulier essentiel. Ses
zéros, qui sont les pôles de 1/f , sont également en nombre ni.

10.1.1. Les fonctions holomorphes de Ĉ dans Ĉ sont les fonctions rationnelles.

Démonstration. Soit f : Ĉ → Ĉ une fonction holomorphe non constante.


Ses zéros sont z1 , ..., zn , d'ordres respectifs p1 , ..., pn , et ses pôles sont y1 , ...ym ,
d'ordres respectifs q1 , ..., qm .
La fonction rationnelle :
Qn pi
i=1 (z − zi )
R(z) = Qm qj
j=1 (z − yj )

est holomorphe (de Ĉ dans Ĉ), de même que 1/R, et f /R est une fonction
holomorphe qui ne s'annule pas. Il s'ensuit que R/f est une fonction holomorphe
bornée, donc constante, égale à λ ∈ C. On a donc f = λR.
L'inversion z 7→ 1/z est une fonction holomorphe de Ĉ dans Ĉ. C'est même
un automorphisme involutif.

11 Famille de fonctions holomorphes


Rappelons que Hol (U ) désigne l'espace vectoriel, et anneau intègre, des fonc-
tions holomorphes sur un domaine U .

11.1 Suite croissante de compacts


Posons :
Kn = B̂(0, n) ∩ {z ∈ U | ∀ξ ∈
/ U, |z − ξ| ≥ 1/n}.

63
Les Kn forment une suite croissante de compacts telle que, pour tout entier

strictement positif n, Kn ⊂ K n+1 , et tout compact de U est inclus dans un Kn .
Soit en eet K un tel compact et z ∈ K . La distance de z au bord de U est
supérieure ou égale à 1/n0 et son module est inférieur ou égal à n1 . Il appartient
donc à tous les Kn pour n supérieur ou égal à max(n0 , n1 ). S'il appartient à
Kn , il est intérieur à Kn+1 , et ce dernier est un voisinage de z ; K , recouvert
par un nombre ni de tels voisinages, est inclus dans leur réunion qui est l'un
des Kn . Tout élément de U est inclus dans un Kn , et U est la réunion des Kn .
Cette suite nous permet de dénir une distance entre deux éléments de
Hol (U ) :
X 1 supKn |f − g|
d(f, g) = n 1 + sup
.
n
2 Kn |f − g|

Seule l'inégalité triangulaire n'est pas évidente. Montrons-la. Notons d'abord


que dn (f, g) = supKn |f − g| est une distance sur Hol (U ), car si f − g = 0 sur
Kn , f − g = 0 sur U par prolongement analytique (5.12.2).
La fonction φ(x) = x/(1 + x), x ∈ R+ , est sous-additive :
x y x + y + 2xy x+y
+ = ≥ ,
1+x 1+y 1 + x + y + xy 1+x+y
de sorte que (φ ◦ d)(f, g) vérie l'inégalité triangulaire. Il reste à diviser par 2n
et à sommer sur n.
Cette distance fait de Hol (U ) un espace métrique (complet, voir 11.2.1).

11.1.1. Si une famille de Hol (U ) est uniformément bor-


née, la famille des dérivées est uniformément bornée.

Démonstration. Supposons la famille F bornée (en module) par M ∈ R∗+ , et


soit f ∈ F un élément quelconque de F :
Z
0 1 f (ξ) dξ
f (z) =
2iπ λ (ξ − z)2
λ désignant le cercle de rayon r centré en z et inclus dans U , d'où :
M (2πr)2
|f 0 (z)| ≤ = 2πM.
2π r2

11.2 Convergence
Une suite (fn ) de fonctions converge simplement vers une fonction f dans
un domaine U si, pour un  > 0 quelconque donné :
∀z ∈ U, ∃n(z) ∈ N : m ≥ n(z) ⇒ |fm (z) − f (z)| < .

Elle converge uniformément si on peut trouver un n ne dépendant plus


de z , mais seulement de .

64
Une suite (fn ) d'éléments de Hol (U ) converge (au sens de Hol (U )) vers
une fonction f si elle converge uniformément sur tout compact de U . Ainsi, la
suite fn (z) = exp(z/n) converge uniformément sur tout compact de C mais pas
sur C.
Remarquons qu'une telle suite, quitte à supprimer ses premiers termes, est
"dominée" sur tout compact. En eet, pour un  > 0 donné, il existe n0 tel que,
pour tout n ≥ n0 , |fn − f | < , et donc |fn | < |f | + , et la fonction g = |f | + 
"domine" les fn (mais n'est pas holomorphe).

11.2.1. Théorème de Weierstrass : si une suite (fn ) de Hol (U ) converge


uniformément sur les compacts de U vers une fonction f , celle-ci est holo-
morphe. Pour tout k ∈ N, la suite (fn(k) ) converge uniformément vers f (k) .

Démonstration La convergence uniforme de la suite assureZ la continuité de f .


Si T est un lacet triangulaire (compact), on a pour tout n fn = 0 (5.9.1), et
T
donc, par convergence dominée :
Z Z Z
f= lim fn = lim fn = 0,
T T T

et f est holomorphe (théorème de Morera, 5.9).


Montrons que les fn0 convergent uniformément vers f 0 , ce qui implique, par
récurrence, que, pour k ≥ 1, fn(k) converge uniformément vers f (k) . On a par
convergence dominée :
Z
1 f (ξ) dξ
f 0 (z) =
2iπ λ (ξ − z)2
Z
1 limn fn (ξ) dξ
=
2iπ λ (ξ − z)2
Z
1 fn (ξ) dξ
= lim
2iπ n λ (ξ − z)2

= lim(fn0 ). 
n

Il s'ensuit qu'une suite de Cauchy de Hol (U ) converge dans Hol (U ), qui est
donc un espace métrique complet.

11.3 Famille normale


Soit U un domaine de C. Une partie E de Hol (U ), dénombrable ou non, est
une famille normale si toute suite extraite contient une sous-suite convergente.

65
Si par exemple U est borné (∃k ∈ R∗+ : ∀z ∈ U , |z| < k) l'ensemble :
E = {fa : z 7→ exp(az), z ∈ U, a ∈ C, |a| ≤ 1}

est une famille normale. En eet, toute suite (a(n)) a une valeur d'adhérence
l ≤ 1, et on peut en extraire une suite (a(σ(n)) convergeant vers l. La suite
(fa(σ(n)) ) converge vers fl , car, ∀ > 0, on a pour n assez grand, |a(n) − l| ≤ ,
de sorte que, ∀z ∈ U :
|fl (z) − fa(n) (z)| = | exp(lz)| |1 − exp(z(a(n) − l))| ∼ |z exp(lz)| ,

quantité tendant vers 0 avec , car |z| < k, d'où la convergence uniforme au sens
des fonctions, et la convergence dans Hol (U ).

Une famille F est équicontinue sur une partie S de U si :


∀f ∈ F, ∀z0 ∈ S, ∀ > 0, ∃η > 0 : |z − z0 | < η ⇒ |f (z) − f (z0 )| ≤ .

Elle est uniformément équicontinue si η ne dépend que de  (∀z ∈ S ).


Le théorème de Paul Montel (mathématicien français, 1876-1975) sera utilisé
au prochain paragraphe :

11.3.1. Toute famille de Hol (U ) uniformément


bornée sur tout compact de U est normale.

Démonstration. Soient F une famille de Hol (U ) uniformément bornée sur tout


compact K de U (par M (K)) et (fn ) une suite de F . Montrons que l'on peut
extraire de cette suite une sous-suite convergente, et, d'abord, que F est équi-
continue sur K .
Il sut de montrer l'équicontinuité sur la suite (Kn ) de compacts dénie en
11.1. Nommons δn > 0 la borne inférieure des |z1 − z2 |, z1 ∈ Kn et z2 ∈ / Kn+1 .
Soient z ∈ Kn et γ le cercle qui borde le disque D = B(z, δn ), inclus dans Kn+1 .
On a (5.1.2) pour toute f ∈ F et tout z 0 ∈ D :
Z Z
1 f (ξ) dξ 1 f (ξ) dξ
f (z) = , f (z 0 ) =
2iπ γ ξ−z 2iπ γ ξ − z0

d'où :
z − z0
Z
0 f (ξ) dξ
f (z) − f (z ) =
2iπ γ (ξ − z)(ξ − z 0 )
0
z−z ξ − z f (ξ) dξ
Z
= .
2iπ γ ξ − z 0 (ξ − z)2

66
Si |z − z 0 | < δn /2, |ξ − z 0 | < 3δn /2, on
ξ−z 3
'$ a < d'où :

ξr ξ − z0 2
γ zr 0
zr
&% |f (z) − f (z 0 )| <
3δn
sup |f 0 (z)|,
r r δn r 2 z∈Kn+1

Kn
or la famille des dérivées est uniformé-
ment bornée (11.1.1) sur les compacts ;
Kn+1 F est donc équicontinue.

Soient (fn ) une suite de F , S = (zn ) une suite de complexes partout dense
dans le compact K et  > 0. Nous allons extraire de (fn ) une sous-suite unifor-
mément convergente sur K .
De la suite (fn (z1 )) extrayons une sous-suite convergente, (fn1 (z1 )). Nous ex-
trayons de cette dernière une nouvelle suite convergente (fn2 (z2 )), mais (fn2 (z1 ))
converge également... On construit ainsi une suite (fnp ) qui converge en les zj
pour 1 ≤ j ≤ p.
Alors, la suite (fpp ) converge simplement sur S vers une fonction f . Montrons
que la convergence est uniforme.
La suite (fn ) étant équicontinue, il existe δ > 0 tel que |z − z 0 | < δ implique
|fn (z) − fn (z 0 )| < . Recouvrons K par des disques D1 , ..., Dp de rayon δ/2.
Il existe des points ξi ∈ Di ∩ S tels que (fn (ξi ))n converge (1 ≤ i ≤ p), et
un entier N ∈ N tel que, si m et n sont supérieurs à N , on ait pour tout i
|fn (ξi ) − fm (ξi )| < .
Soit z ∈ K , quelconque. Il appartient à l'un des disque, par exemple Dj . On
a |z − ξj | < δ/2 ; dans ces conditions |fn (z) − fn (ξj )| ≤  et |fm (ξj ) − fm (z)| ≤ ,
d'où :
|fn (z) − fm (z)| ≤ |fn (z) − fn (ξj )| + |fn (ξj ) − fm (ξj )| + |fm (ξj ) − fm (z)| ≤ 3.

La convergence est donc uniforme, et f est holomorphe (11.2.1).

12 Uniformisation des surfaces de Riemann


12.1 Théorème de Riemann
Rappelons que D est le disque-unité de C ({|z| < 1) et que H est le demi-plan
de Poincaré ({=z > 0}).

12.1.1. Tout domaine U ⊂ C simplement connexe, U 6= C, est isomorphe à D.

67
Démonstration. Suivons la démonstration donnée par Walter Rudin dans "Real
and Complex Analysis". Soient U un domaine simplement connexe de C, dif-
férent de C, et ω0 ∈ / U . Nous allons construire une famille F (non vide) de
fonctions injectives de U dans D. Elles sont uniformément bornées sur tout
compact de U , et F est donc normale (11.3.1).
Nous allons extraire de cette famille une suite convergeant vers une limite
h dont nous montrerons qu'elle est holomorphe, injective et surjective, donc un
isomorphisme entre U et D.
La fonction z 7→ z − ω0 ne s'annule pas sur U qui est simplement connexe. Il
existe donc une fonction holomorphe φ : U → C telle que φ2 (z) = z − ω0 (4.3.1).
Si φ(z1 ) = ±φ(z2 ), φ2 (z1 ) = φ2 (z2 ), on a z1 − ω0 = z2 − ω0 , z1 = z2 , et φ
est injective.
L'image de φ est un ouvert (5.8.1). Si a ∈ φ(U ), elle contient un disque
B(a, r), r < |a|, puisque 0 ∈/ φ(U ), et B(−a, r) ∩ φ(U ) = ∅, φ étant injective.
Il n'y a donc pas de z ∈ U tel que φ(z) = −a, et |φ(z) + a| > 0 ; φ(z) n'étant
pas dans B(−a, r), on a φ(z) + a > r.
La fonction ψ(z) = r/(φ(z) + a) est ainsi bien dénie et de module inférieur
à 1. C'est une fonction holomorphe et injective de U dans D, et F n'est pas
vide. Chaque ω0 ∈ / U donnant une fonction ψ particulière, F est innie (non
dénombrable). Si ψ est surjective, c'est un isomorphisme.
Notons que les dérivées des fonctions de F ne s'annulent pas (5.7.2).
Supposons ψ non surjective. il existe alors α ∈ D, α ∈/ ψ(U ).
Rappelons (3.6.3.2) que :
−α + z
φα (z) =
1 − ᾱz
est un automorphisme de D d'inverse φ−α , que φα (α) = 0 et φα (0) = −α.
La fonction φα ◦ψ appartient à F . Elle ne s'annule pas dans U puisque φα ne
s'annule qu'en z = α, valeur non prise par ψ , et il existe une fonction g ∈ Hol(U )
telle que g 2 = φα ◦ ψ .
Posons s(z) = z 2 , g 2 = s(g), et, si z0 ∈ U , ψ1 = φg(z0 ) ◦ g ∈ F . D'où, en
posant f = φ−α ◦ s ◦ φ−g(z0 ) , fonction holomorphe non injective (à cause de s)
de D dans lui-même :
ψ = φ−α ◦ s ◦ g
= φ−α ◦ s ◦ φ−g(z0 ) ◦ ψ1
= f ◦ ψ1 .

Comme :
ψ1 (z0 ) = φg(z0 ) (g(z0 )) = 0
on a :
ψ 0 (z0 ) = (φ−α ◦ s ◦ φ−g(z0 ) )0 (ψ1 (0)) ψ10 (z0 ) = f 0 (0) ψ10 (z0 ).
D'après 5.5.1, |f 0 (0)| < 1, d'où, ψ étant injective, 0 < |ψ 0 (z0 )| < |ψ10 (z0 )|, .

68
Si g(z1 ) = g(z2 ), on a ψ(z1 ) = ψ(z2 ), et z1 = z2 ; g est donc injective et
appartient à F .
La fonction ψ1 = φg(z0 ) ◦ g est aussi dans F .
Fixons z0 ∈ U et posons η = sup{|ψ 0 (z0 ) | ψ ∈ F }. S'il existe une fonction
h ∈ F telle que |h0 (z0 )| = η , elle applique U sur D. En eet, s'il existait un
ξ ∈ D n'appartenant pas à h(U ), on pourrait construire comme ci-dessus une
fonction h1 telle que |h01 (z0 )| > |h0 (z0 )|, ce qui est absurde.
Montrons l'existence d'une telle fonction h.
La famille F est uniformément bornée (|ψ(z)| < 1 pour ψ ∈ F et z ∈ U )
donc normale d'après la dénition et le théorème de Weierstrass (11.2.1).
Ou bien il existe h ∈ F telle que h0 (z0 ) = η , ou bien il existe une suite dans
F dont les modules des dérivées en z0 tendent vers η . Nous extrayons de cette
suite une sous-suite (ψn ) qui converge uniformément sur les compacts de U vers
une fonction h qui vérie |h0 (z0 )| = η .
Cette fonction est holomorphe (11.2.1).
Elle est surjective car sinon il existerait une fonction ψ1 ∈ F telle que
|h0 (z0 )| < |ψ10 (z0 )|, ce qui est absurde.
Montrons enn qu'elle est injective.
Soient z1 et z2 dans U . Si g(z) = h(z)−h(z1 ), vérions que g(z2 ) 6= 0. Soit K
un voisinage compact de z2 ne contenant pas z1 , bordé par un lacet γ ne passant
par aucun zéro de g (ce sont des points isolés). On a, le long de γ , |g| ≥ a > 0.
Les fonctions injectives gn = ψn − ψn (z1 ) convergent uniformément vers g .
Elles s'annulent en z1 et c'est leur unique zéro. Comme |gn − g| tend vers zéro
sur K , pour n assez grand on a |gn − g| < a, et donc (sur γ ) |gn − g| < |g|. Le
théorème de Rouché (5.11.1) nous permet de conclure que gn et g , qui n'ont pas
de pôles dans D, y ont le même nombre de zéros, c'est-à-dire aucun : g(z2 ) 6= 0
et h(z1 ) 6= h(z2 ).
Notons enn que C et D ne peuvent être isomorphes, car une application
entière de C dans D est constante (théorème de Liouville, 5.2.1.).

12.2 Revêtement universel


Un revêtement (connexe) simplement connexe d'un domaine B est un revê-
tement de tout autre revêtement, c'est un élément maximal dans l'ensemble des
revêtements de B . On le nomme revêtement universel.
Il y a quatre dénitions d'un revêtement universel, dont nous allons montrer
l'équivalence.

12.2.1 Un revêtement p : X → B est universel s'il


vérie l'une des conditions équivalentes :
(a) X est simplement connexe,
(b) c'est un revêtement de tout autre revêtement,
(c) X a la propriété de relèvement,
(d) tout revêtement de X lui est isomorphe.
Il est donc unique à isomorphisme près.

69
Démonstration. Montrons L'équivalence entre (a) et (b).
Z q -Y
Par hypothèse, X est un revête-
φ 6 p̄ 
π ment simplement connexe de B , et Y
? un autre revêtement.
p -
X B

Si Y est simplement connexe, il est isomorphe à X (6.7.3), d'où p̄. Sinon, il


admet un revêtement simplement connexe Z (6.7.1), qui est un revêtement de
B , par conséquent isomorphe à X (6.7.3) par un application φ : X → Z rendant
−1 −1 −1
le diagramme commutatif (φ( p (U )) = q ◦ π (U )), et X est un revêtement de
Y (q ◦ φ : X → Y ). Comme π ◦ q ◦ φ = p, on prend p̄ = q ◦ φ.
Réciproquement, si un revêtement est un un revêtement de tout autre revête-
ment n'était pas simplement connexe, il admettrait un revêtement simplement
connexe, dont il serait un revêtement, et ils seraient isomorphes.
Ceci prouve également que (a) implique (d). Réciproquement, (d) implique
(a) car X admet un revêtement simplement connexe (6.7.1) qui lui est isomorphe
(6.7.3).
L'équivalence entre (a) et (c) découle des encadrés 6.7.2 et 6.7.3.

12.3 Automorphismes de Ĉ, C, H et D


Les fonctions holomorphes de Ĉ dans Ĉ sont les fonctions rationnelles (10.1.1).
Si φ ∈Aut(Ĉ), ω doit avoir un antécédent et un seul, de même que 0, ce qui
impose que φ soit une homographie :

az + b
12.3.1. Aut(Ĉ) = {f (z) = | a, b, c, d ∈ C, ad − bc 6= 0.
cz + d

Notons que 1/φ ∈Aut(Ĉ), à ne pas confondre avec φ−1 .

Si f est un automorphisme de C, elle est holomorphe dans C, analytique donc


entière , or une fonction entière non polynomiale a un point singulier essentiel
à l'inni. L'origine est donc un point singulier essentiel pour g(z) = f (1/z).
L'image par g de D∗ = {0 < |z| < 1} est un ouvert dense dans C (7.3.1), donc
dans l'ouvert {f (z), |z| > 1, ce qui est absurde. Il s'ensuit que f est polynomiale.
Chaque complexe ayant un et un seul antécédent, ce polynôme est de degré 1.
Ce sont les automorphismes de Ĉ admettant ω comme point xe. D'où :

70
12.3.2 Aut(C) = {f (z) = az + b | a ∈ C∗ , b ∈ C.

Nous avons déjà l'expression de certains automorphismes de D (3.6.3.2) :


z−γ
f (z) = , γ ∈ D.
1 − γz
Soit f un automorphisme de D. Si f (0) = 0, prolongeons f au bord de D.
En ces points on a |f (z)| = |z| = 1, et le lemme de Schwarz nous assure que f
est une rotation. Si f (0) = a, la fonction :
z−a
φa (z) =
1 − āz
est un automorphisme de D d'inverse φ−a (3.6.3.2) vériant φa (a) = 0, de sorte
que φa ◦ f est une rotation. Si θ est l'angle de cette rotation, (φa ◦ f )(z) = eiθ z ,
et on a f (z) = φ−a (eiθ z), d'où en posant aeiθ = γ :

z−γ
12.3.3 Aut(D) = {f (z) = eiθ , θ ∈ [0, 2π[, γ ∈ D}.
1 − γz

D'après 12.1.1, H et D sont isomorphes, donc aussi les groupes Aut(H) et


Aut(D). Vérions que :

φ: D → H φ−1 : H → D
i + iz z−i
z 7→ , z 7→
1−z z+i
dénit un isomorphisme entre H et D. Un calcul simple montre que, si z ∈ H,
φ ◦ φ−1 (z) = z ; de même, si z ∈ D, φ−1 ◦ φ(z) = z . Si z ∈ H, z = x + iy , y > 0,
on a |z − i|2 < |z + i|2 , d'où z1 = φ−1 (z) ∈ D, et φ(z1 ) = z , ce qui montre que
φ est surjective. De même pour φ−1 . Si φ(z1 ) = φ(z2 ) = ξ , φ−1 (ξ) = z1 = z2 ,
d'où l'injectivité de φ. De même pour φ−1 .
Cet isomorphisme permet de déterminer les automorphismes de H à partir
de ceux de D. Les propositions "f ∈Aut(D)" et "ψ = φ ◦ f ◦ φ−1 ∈Aut(H)" sont
équivalentes. Comme φ, f et φ−1 sont des homographies, ψ est une homographie.
Enn, les automorphismes de H doivent conserver le bord de H (R ∪ {ω}), ce
qui impose que les coecients soient réels. Calculons la partie imaginaire d'un
tel automorphisme f . Comme :
(ax + b)(cx + d) + acy 2 + i(ad − bc)
f (x + iy) =
|c(x + iy) + d|2

cette partie imaginaire est y(ad − bc). Elle doit être strictement positive (comme
y ), d'où :

71
az + b
12.3.4 Aut(H) = {f (z) = | a, b, c, d ∈ R, ad − bc > 0}.
cz + d

On voit que f −1 a bien la même forme.


L'image de ω est le réel a/c si c 6= 0 et ω si c = 0.

12.4 Revêtement universel et groupe d'automorphismes


Soit π : Z → B un revêtement universel du domaine B , ce dernier étant
recouvert par des ouverts distingués Ui , i ∈ I .

Remarque Si Ui ∩ Uj = Uij 6= ∅, toute section si sur Ui coïncide sur Uij avec


une section sj sur Uj . Notons que ce prolongement de si à Ui ∪ Uj peut ne pas
être uniforme et donc ne pas dénir une section.

Un automorphisme ψ de Z est un π -automorphisme s'il respecte les bres,


c'est-à-dire si : π(z) = π(z 0 ) ⇒ π(ψ(z)) = π(ψ(z 0 )). Il dénit une application de
l'ensemble des bres sur lui-même, donc un morphisme de B sur B .

12.4.1. Le revêtement universel π : Z → B induit un morphisme surjectif :


π ∗ : Aut(Z, π) → Aut(B)

dont le noyau est un sous-groupe invariant.

Démonstration. A partir de ψ ∈ Aut(Z, π) dénissons ψ ∗ : B → B . Soit b ∈ B


−1
et choisissons z ∈ Z dans la bre π (b), d'image ψ(z) = z 0 . Si b0 = π(z 0 ), d'après
la dénition d'un automorphisme de revêtement, on peut dénir ψ ∗ (b) = b0 .
Soient V un voisinage ouvert de z tel que U = π(V ) soit un voisinage ouvert
distingué de b, et que, si V 0 est le voisinage ψ(V ) de z 0 = ψ(z), le voisinage
U 0 = π(V 0 ) de z 0 soit un ouvert distingué, éventuellement par restriction de V .
Il existe des sections (holomorphes) remontant π , s : U → V et s0 : U 0 → V 0 .
Posons ψ ∗ = π ◦ ψ ◦ s : U → U 0 . Si on remplace s par une autre section,
σ , σ(b) reste dans la même bre, donc aussi π(σ(b)), de sorte que π ∗ est bien
déni, de même que ψ|U ∗0
= π ◦ ψ −1 ◦ s0 pour les mêmes raisons. Remarquons que
ψ ∗ ◦ ψ ∗ est l'identité de U , 1U , et que ψ ∗ ◦ ψ ∗ est l'identité de V , 1V . Ce sont
0 0

des automorphismes locaux.


ψ -
z∈V  ψ −1 z0 ∈ V 0

ψ|U = π ◦ ψ ◦ s,
∗0
6 6 ψ|U = π ◦ ψ −1 ◦ s0 ,
s π π s' 0

ψ∗ - ψ∗ ◦ ψ∗ = 1U ,
0
ψ∗ ◦ ψ∗
? ?
= 1V .
b∈U  ψ ∗−1 b ∈ U0
0
72
Composées de fonctions holomorphes, ψ|U et ψ|U 0 sont holomorphes. Elles
0
∗ ∗

sont inverses l'une de l'autre. La construction est indépendante du choix de


b ∈ U , de z dans la bre Fb au-dessus de b et donc de la section au-dessus de U .
Il faut étendre ψ ∗ et ψ ∗ à B .
0

On peut recouvrir B par des ouverts distingués Ui dénis comme U , et


choisir un quelconque bi dans chaque Ui . Si Ui ∩ Uj 6= ∅, quels que soient zi
choisi dans Fbi et zj choisi dans Fbj , les ψ ∗ dénis sur Ui et sur Uj coïncident
sur l'intersection. Il s'ensuit que ψ ∗ est bien déni sur Ui ∪ Uj .
Soit b∗ ∈ B et γ un chemin reliant b à b∗ , recouvert par un nombre ni
de Ui , U = U0 , U1 , ..., Un . Les intersections Ui ∩ Ui+1 ne sont pas vides, et
grâce à la remarque précédente, on peut prolonger, pas à pas, s en une fonction
holomorphe σ sur la réunion de ces Ui .
Si γ 0 est un autre chemin reliant b à b∗ , on obtient une autre fonction, σ 0 ,
mais σ 0 (b∗ ) est dans la même bre (π −1 (b∗ )) que σ(b∗ ), ψ −1 (σ 0 (b∗ )) est dans la
même bre que ψ −1 (σ(b∗ )) et leurs projection par π sont égales, de sorte que
π ◦ ψ ◦ σ 0 (b∗ ) = π ◦ ψ ◦ σ(b∗ ) et ψ ∗ (b∗ ) est bien déni, indépendamment du
chemin choisi.
En posant ψ ∗ = π ◦ ψ ◦ σ , on prolonge ψ ∗ à ni=0 Ui , et on dénit ψ ∗ (b1 ).
S

Comme b1 est quelconque, on étend ainsi ψ ∗ à B . On fait de même pour ψ ∗ . Il


0

reste à voir que ψ 0 est bijectif. Il est surjectif, un antécédent d'un point étant

son image par ψ ∗ . Il est injectif car si ψ ∗ (b1 ) = ψ ∗ (b2 ), ces deux éléments
dénissent la même bre, comme leurs images par ψ −1 , et b1 et b2 étant dans
la même bre sont égaux.
Si ψ1 et ψ2 sont des π -automorphismes de Z , on a localement, avec des
notations semblables aux précédentes :
π ∗ (ψ2 ◦ ψ1 ) = π ◦ ψ2 ◦ ψ1 ◦ s1
= π ◦ ψ2 ◦ s2 ◦ π ◦ ψ1 ◦ s1
= π ∗ (ψ2 ) ◦ π ∗ (ψ1 )

et π ∗ est un morphisme de groupes.


Montrons enn que π ∗ est surjectif. Soit α ∈ Aut(B), α(U ) = U 0 . Po-
sons, avec les notations précédentes, φ = s0 ◦ α ◦ π , pour dénir sur V un
π -automorphisme (φ−1 = s ◦ α−1 ◦ π , π ◦ φ = α ◦ π ), antécédent de α, dépen-
dant du choix de s. Recouvrons B par des Ui comme précédemment, U étant
l'un d'entre eux, et xons V tel que π(V ) = U , puis V 0 = φ(V ), Vi0 = φ(Vi )
(π(Vi0 = Ui ). Si U ∩ Ui 6= ∅, choisissons Vi (π(Vi ) = Ui ) tel que Vi ∩ V 6= ∅, de
sorte que φ se prolonge sur Vi . On peut ainsi prolonger φ (et φ−1 ) à Z , celui-ci
étant connexe.
Le noyau de π ∗ , K = Ker(π ∗ ), est formé des automorphismes φ de Z respec-
tant chaque bre (π(φ(z)) = π(z), z et φ(z) sont dans la même bre). C'est évi-
demment un sous-groupe, et il est invariant. En eet, si φ ∈ K et ψ ∈ Aut(Z, π),
ψ −1 ◦ φ ◦ ψ ∈ K : si z ∈ Z , z 0 = ψ(z), φ(z 0 ) est dans la même bre que z 0 , et
son image par ψ −1 est dans la même bre que z . Ceci dénit le groupe-quotient
Aut(Z, π)/K , isomorphe à Aut(B).

73
a
12.4.2 Aut(C∗ ) = {f (z) = az ou }, a ∈ C∗ .
z

Démonstration. L'exponentielle exp : C → C∗ est un revêtement universel de


C , C étant simplement connexe. La bre au-dessus de z ∈ C∗ est l'ensemble :

Fz = {z + 2ikπ, k ∈ Z}.

L'image de Fz par ψ(z) = az + b, a 6= 0 (12.3.2) est l'ensemble :


ψ(Fz ) = {az + 2aikπ + b}

sera la bre au-dessus de az + b si a = ±1. Dans ces conditions :


π(±z + b) = eb e±z .

Si ξ = π(z) = ez ∈ C∗ et λ = eb , les automorphismes de C∗ sont donc (12.4.1)


de la forme ξ 7→ λξ ou ξ 7→ λ/ξ . Un automorphisme de C∗ est donc un auto-
morphisme de Ĉ qui conserve {0, ω}.

12.4.3 D est un revêtement universel de C∗∗ = C\{0, 1}.

Démonstration. Un automorphismes de C est un automorphisme de Ĉ qui


∗∗

permute 0, 1 et ω . Il y a six permutations, chacune déterminant une homogra-


phie. On trouve l'identité f0 , f1 (z) = 1/(1 − z), f2 (z) = (z − 1)/z , f3 (z) = 1/z ,
f4 (z) = 1 − z et f5 (z) = z/(z − 1).
Voici la table de composition du groupe Aut(C∗∗ ) :

◦ f0 f1 f2 f3 f4 f5
f0 f0 f1 f2 f3 f4 f5
f1 f1 f2 f0 f5 f3 f4
f2 f2 f0 f1 f4 f5 f3
f3 f3 f4 f5 f0 f1 f2
f4 f4 f5 f3 f2 f0 f1
f5 f5 f3 f4 f1 f2 f0

Nous voyons que f1 et f2 sont d'ordre 3 et les trois autres d'ordre 2.


Nous savons qu'un revêtement universel (π ) du domaine C∗∗ est isomorphe
à C ou à H (12.1.1). Nous allons utiliser 12.4.1, qui implique que π ∗ conserve
l'ordre des éléments. Nous dirons que φ1 et φ2 sont équivalents si φ∗1 = φ∗2 (ils
dénissent la même bre).

74
Supposons que π : C → C∗∗ est un revêtement universel. Les automor-
phismes de C sont de la forme φ(z) = az + b, a ∈ C∗∗ .
Si ι est un antécédent pour π ∗ de l'identité, ses puissances doivent lui être
équivalentes, et ι(z) = z convient.
Soient φ et ψ des antécédents par π ∗ de, respectivement, f1 et f3 . On doit
avoir :
π ∗ (φ ◦ ψ) = π ∗ (φ) ◦ π ∗ (ψ) = f1 ◦ f3 = f5 .
Si φ(z) = az + b, pour que φ ◦ φ ◦ φ : z 7→ a3 z + b(a2 + a + 1) soit équivalent à
l'identité, il faut que a = j ou ̄, et on a φ3 (z) = z . De même, si ψ(z) = a0 z + b0 ,
on doit avoir a0 = −1, et on a φ2 (z) = z . Mais alors φ ◦ ψ(z) = −jz ou −̄z , or
il devrait être égal à −1, f5 étant d'ordre 2.
Nous en concluons que C ne peut pas être un revêtement universel de C∗∗ . Les
revêtement universels de C∗∗ sont donc, à isomorphisme près, H et D, ce que la
forme des automorphismes de C∗∗ suggérait : ils ont la forme d'automorphismes
de C\R qui est un revêtement trivial de H (p(z) = z si =z > 0, p(z) = −z si
=z < 0).

12.5 Premier, ou "petit", théorème de Picard

12.5.1. Une fonction entière non polynomiale prend


toute valeur complexe, sauf éventuellement une.

Démonstration. Supposons que deux complexes a et b distincts (ou plus) n'ap-


partiennent pas à l'image de la fonction entière non polynomiale g . Pour sim-
plier l'écriture, posons f (z) = (g(z) − a)/(b − a), de sorte que 0 et 1 n'appar-
tiennent pas à l'image de f , qui est donc une fonction de C dans C∗∗ , surjective
ou non.
Une telle fonction g se relève en un fonction holomorphe ḡ de C dans D,
revêtement universel de C∗∗ (12.4.3 et 12.2.1 (c)), donc bornée, donc constante
(théorème de Liouville, 5.2.1), ce qui est absurde.

12.6 Le second, ou "grand", théorème de Picard


La fonction f est holomorphe dans un ouvert V , sauf en z0 ∈ V où elle a
une singularité essentielle, et p : D → C∗∗ est un revêtement universel (12.4.3).

12.6.1. Dans tout voisinage U ⊂ V de z0 f prend


une innité de fois toute valeur complexe sauf éven-
tuellement une (qu'elle peut prendre un nombre ni
de fois, ou ne pas prendre, selon le voisinage).

75
Démonstration. Supposons que l'image de f ne contienne pas deux points (ou
plus), que nous ramenons à 0 et 1 comme précédemment.
Ayant une singularité essentielle, f ne peut être polynomiale. Elle se relève
en f¯ : U ∗ → D (12.4.3 et 12.2.1 (c)), si U ∗ = U \{z0 }.
Quelle est la nature de z0 pour f¯ ? Etant d'indice 1, ce ne peut être un point
de branchement. S'il avait pour image δ ∈ D, on aurait f (z0 ) = p(δ), ce qui est
absurde. Ce ne peut donc être un point régulier. Ce ne peut être ni un pôle,
ni une singularité essentielle, f¯ étant bornée dans son voisinage. Ceci prouve
l'absurdité de l'hypothèse.
Montrons enn qu'une valeur a prise par f l'est une innité (dénombrable)
de fois dans tout voisinage de 0.
Supposons d'abord, grâce à une translation, que l'image de f est C∗ , et
reprenons le revêtement universel de C∗ :
exp : C → C∗ , z 7→ ez .

Les antécédents de a ∈ C∗ , a = r exp(iθ), θ ∈] − π, π], par l'exponentielle


sont ak = ln r + iθ + 2ikπ . Les ak tendent vers ω .
La fonction f se relève en f¯ : U ∗ → C (12.2.1 (c)), fonction pour laquelle
z0 ne peut être ni un point régulier ni un point de branchement, car il le serait
pour f . C'est donc ou un pôle ou un point singulier essentiel. Si c'est un pôle,
f¯(U ∗ ) est un voisinage de ω (5.6.4), et il contient une innité de ak , chaque ak
ayant un (ou plusieurs) antécédent bk ∈ U ∗ . Si c'est un point singulier essentiel,
nous savons que chaque ak , sauf éventuellement un, a un antécédent.
Exemple : f (z) = sin(1/z). L'équation sin ξ = c a une innité dénombrable
de solutions non nulles (exemple précédent), donc aussi sin(1/z) = c (z = 1/ξ ).
Ces solutions tendent vers 0, singularité essentielle.
La fonction 1/f a une suite de pôles 1/kπ pour tout k ∈ Z∗ qui tend vers 0,
singularité essentielle non isolée. O

Exemple : f (z) = P (z) exp(1/z), P étant un polynôme non constant.


Si z1 , . . . , zn sont les racines non nulles du polynôme P , f (zi ) = 0. Soit
V ⊂ U un voisinage de z0 . Si aucun des zi n'est dans V , la valeur 0 n'est pas
prise par f . Si k des zi sont dans V , elle est prise k fois (1 ≤ k ≤ n). O

Exemple :
Le revêtement p est universel, f¯ est
C
 un relèvement de f .
f¯(z) = 1/z Le point 0 est un point singulier es-
p(z) = ez
sentiel pour f , et un pôle pour f¯. O
?

f (z) = e1/z
C - C∗

76
Exemple : f (z) = exp(exp(1/z)). La fonction est holomorphe en tout z 6= 0.
Ce point n'étant ni un point régulier ni un pôle ni un point de branchement
pour f , c'est un point singulier essentiel.
La fonction ne peut pas s'annuler. Cherchons les antécédents de ξ ∈ C∗ ,
ξ = r exp(iθ), r ∈ R∗+ , −π < θ ≤ π . On a successivement :

exp(exp(1/z)) = r exp(iθ)
exp(1/z) = ln r + i(θ + 2kπ)
1/z = ln(ln r + i(θ + 2kπ)) + 2ik 0 π
1
z =
ln(ln r + i(θ + 2kπ)) + 2ik 0 π
= ak,k0 ,

les ak,k0 tendant vers 0 quand k, k0 , ou les deux, tendent vers l'inni. O

12.7 Caractérisation des singularités simples isolées


Soient une fonction f holomorphe dans un voisinage ouvert U de z0 ∈ C,
éventuellement privé de z0 ou d'un segment contenant z0 .

La série de Laurent de f en z0 , si elle existe, permet de caractériser la nature


de ce point par rapport à f :

12.7.1. Nature de z0 d'après la série de Laurent de f en ce point :


- si la série de Laurent est entière, la singularité est apparente,
- si elle a un nombre ni de puissances négatives, z0 est un pôle,
- si elle en a une innité, z0 est un point singulier essentiel,
- si f n'est pas développable en série, entière ou de Laurent, c'est
un point de branchement, radical si f n est développable en série,
entière ou de Laurent, pour un certain n, logarithmique sinon.

Il en va de même pour les valeurs de f au voisinage de z0 :

12.7.2. Nature de z0 d'après les valeurs de f au voisinage de z0 :


- si elles sont bornées et bien dénies, z0 est régulier,
- si f est dénie et si |f (z)| → +∞ quand z → z0 , z0 est un pôle,
- si |f (z)| n'est pas borné et n'a pas de limite quand z → z0 , z0
est un point singulier essentiel.
- si elles ne sont pas dénies de manière unique, z0 est un point
de branchement, radical si le nombre de valeurs atteintes en z0
est ni, logarithmique sinon,

77
13 Résidus
Soit γ un lacet dans un domaine simplement connexe U de C. Dénissons
l'intérieur V de γ : si z1 ∈ γ et si ~t est le vecteur tangent à γ en z1 , z appartient
à V si l'angle (~t, −
z→
1 z) est inclus dans ]0, π[. Autrement dit, V est sur la gauche
de γ .
L'intérieur de γ −1 est donc le complémentaire de V ∪ γ , ou l'extérieur de γ .
Si U = C et si z0 est intérieur à un lacet γ , le point à l'inni ω est intérieur
à γ −1 .

13.1 Résidu en z0
Si z0 est un pôle ou un point singulier essentiel pour f (mais pas un point de
branchement), le coecient de 1/z de sa série de Laurent en z0 , est le résidu
de f en z0 :

13.1.1. Le résidu en z0 de f (z) =


X
an (z − z0 )n
n∈Z
est a−1 .

Si z0 est l'unique singularité de f dans un ouvert U et si γ est un lacet


entourant z0 (une fois, dans le sens positif), tracé à l'intérieur de la couronne
de convergence de la série de Laurent de f , on a :
Z
13.1.2. f (z) dz = 2iπ Rés(f, z0 ).
γ

Démonstration. Nous savons que l'intégrale


P den z le long de γ est nulle si n 6= −1
n

et égale à 2iπ pour n = −1. Si f (z) = an z , en posant g(z) = f (z) − a−1 /z ,


on a : Z
g(z) dz = 0
γ

et donc : Z
f (z) dz = 2iπ a−1 .
γ

Ceci nous donne une autre dénition du résidu avec les mêmes hypothèses :
Z
1
13.1.3. Rés(f, z0 ) = f (z) dz .
2iπ γ

78
1
Exemple : f (z) = . On a :
sin z
1
f (z) =
z − z 3 /6 + · · ·
1 1
=
z 1 − z 2 /6 + · · ·
1
= (1 + z 2 /6 + · · · )
z
1 z
= + + ···
z 6
et le résidu de f en z = 0 est égal à 1. O
cos z
Exemple : f (z) = . La fonction a un pôle d'ordre 3 en z = 0. Développons-
z3
la :
1 1 z

f (z) =
3
+ − ···
z 2z 24
Son résidu en z = 0 est égal à −1/2. O

exp(1/z)
Exemple : f (z) = . Développons au voisinage de z = 0 :
z2
1 1
f (z) = + 3 + ···
z2 z
Z
Le résidu est nul, et si γ est un cercle centré à l'origine
f (z) dz = 0, résul-
γ
1
tat que l'on retrouve avec la primitive F (z) = − exp(1/z) car F ◦ γ 0 = 0. O


Si z0 est un pôle d'ordre 1 pour f :


a−1
f (z) = + a0 + a1 (z − z0 ) + · · ·
z − z0
le résidu est égal à :
Rés(f, z0 ) = lim (z − z0 )f (z).
z→z0

Il s'ensuit que si z0 est un zéro d'ordre 1 de f :


1 z − z0 1
Rés( , z0 ) = lim = 0 ,
f z→z0 f (z) − f (z0 ) f (z0 )

puisque f (z0 ) = 0 et f 0 (z0 ) 6= 0. On a donc :

79
13.1.4. Si z0 est un pôle simple pour h = g/f (méromorphe) :
g(z0 ) 1
Rés(h, z0 ) = lim = g(z0 ) Rés( , z0 ).
z→z0 f 0 (z0 ) f

Si z0 est un pôle d'ordre 2 :


a−2 a−1
f (z) = + + a0 + a1 (z − z0 ) + · · ·
(z − z0 )2 z − z0
on a :
(z − z0 )2 f (z) = a−2 + a−1 (z − z0 ) + a0 (z − z0 )2 + · · ·
puis en dérivant :
D((z − z0 )2 f (z) = a−1 + (z − z0 )(2a0 + · · · )

et le résidu est égal à :


Rés(f, z0 ) = lim D((z − z0 )2 f (z)).
z→z0

Si z0 est un pôle d'ordre k, on multiplie par (z − z0 )k , on dérive k − 1 fois


on prend la limite en z0 et on divise par (k − 1)! :

13.1.5. Si z0 est un pôle d'ordre k pour f (méromorphe) :


1
Rés(f, z0 ) = lim Dk−1 (z − z0 )k f (z) .

(k − 1)! z→z0

13.2 Théorème des résidus


Soit f une fonction holomorphe dans un ouvert connexe simplement connexe
U de C sauf en z0 (pôle ou point singuliers essentiel), point en lequel elle admet
le développement en série de Laurent l(z) = n∈Z an z n . Si γ est lacet dans U
P
entourant z0 , on a :
Z Z
a−1 dz
f (z) dz =
γ γ Z− z0
z
dz
= a−1
γ z − z0
= 2iπ Rés(f, z0 ) Ind(γ, z0 ).

La fonction f − a1 /(z − z0 ) a une intégrale nulle le long de γ .


Si maintenant la fonction f , holomorphe sur le lacet γ et à l'intérieur de γ
à l'exception de n ≥ 1 pôles ou points singuliers essentiels z1 , ..., zn , son résidu

80
étant rk en zk , 1 ≤ k ≤ n, la fonction g = f − − zk ) a un résidu nul
P
k rk /(z
en tout point du compact de bord γ , et on a :
Z
g = 0
γ Z X Z rk dz
= f−
γ z − zk
Zγ k

2iπ Ind(γ, zk ),
X
= f−
γ k

d'où : Z
rk Ind(γ, zk ),
X
f = 2iπ
γ k

et nalement le théorème des résidus :


Z n
13.2.1. Ind(γ, zk ) Rés(f, zk ).
X
f (z) dz = 2iπ
γ k=1

13.3 Résidu en ω
Soit f une fonction holomorphe à l'extérieur d'un lacet γ et holomorphe à
l'intérieur en dehors de ses pôles et de ses points singuliers essentiels, z1 , ..., zk .
Le chemin γ −1 entoure le point à l'inni ω .
L'intégrale de f le long
P de γ
−1
est égale à l'opposé de l'intégrale de f le
long de γ , donc à −2iπ Rés(f, zk ). Or le seul point singulier éventuel de f
à l'intérieur de γ −1 (donc à l'extérieur de γ ) est ω , ce qui permet de dénir le
résidu en ω :

13.3.1. Rés(f, ω) = − Rés(f, zk ).


P

Remarquons que si la série de f en zk est an (z −zk )n , l'inversion P de centre


P
zk , ξ = 1/(z − zk ), dξ = −dz/(z − z0 )2 , la partie à intégrer s'écrit − an ξ −n−2 ,
d'où un résidu −a1 = −Rés(f, zk ), qui est la contribution de zk au résidu en ω .

13.4 Lemmes de Jordan


Les lemmes de Jordan 5 sont de petits résultats pratiques pour le calcul
d'intégrales réelles. On les retrouve d'ailleurs facilement.
On désigne par C un arc de cercle de rayon R, d'angle au centre θ = θ2 − θ1 ,
centré en z0 :
z ∈ C ⇐⇒ z = z0 + Reiφ , φ ∈ [θ1 , θ2 ].
5. Camille Jordan (1838-1922), mathématicien français.

81
Lemme 1 :
Z
13.4.1. lim zf (z) = 0 =⇒ lim f = 0.
|z|→∞ R→∞ C

Pour tout  > 0, il existe A > 0 tel que R > A =⇒ |zf (z)| < .
Démonstration.
Comme dz = iReiφ dφ, on a :
θ2
iReiφ dφ
Z Z Z
dz
| f (z) dz| = | zf (z) | < | | =  θ.
C C z θ1 iReiφ

Lemme 2 : si f est continue sur l'ensemble des z tels que arg z ∈ [θ1 , θ2 ],
Z
13.4.2. lim (z − z0 )f (z) = 0 =⇒ lim f = 0.
z→z0 R→0 C

Démonstration. Soit M le maximum de |f | dans, par exemple, le disque unité


centré en z0 . On a alors : Z
| | ≤ M R θ,
C
d'où la conclusion, R tendant vers 0.
Lemme 3 : dans le demi-plan =z ≥ 0 :
Z
13.4.3. lim f (z) = 0 =⇒ lim eiz f = 0.
|z|→∞ R→∞ C

Démonstration. Si z = x + iy , y ≥ 0, on a eiz = eix e−y et |eiz | = e−y . Si θ1 > 0


et θ2 < π , y = sin φ > 0, et dès que R > ey , e−y < 1/R, on a, la longueur de C
étant égale à Rθ :
Z
| eiz f | < sup (|f | e−y )Rθ < sup |f | θ.
C |z|=R |z|=R

Cette quantité tend vers 0 quand R → ∞. On conclut en prenant θ1 = 1/R et


θ2 = π − 1/R.
Lemme 4 :

13.4.4. Si z0 est un pôle simple de f :


Z
lim f = iθ Rés(f, z0 ).
R→0 C

82
Démonstration. Si a = Res(f, z0 ), on peut écrire au voisinage de z0 :
a
f (z) = + g(z)
z − z0
g étant continue. On a :
Z Z Z
dz
f =a + g.
C C z − z0 C
Z
dz
L'intégrale de g tend vers 0 avec R (lemme 2). Enn, = iθ.
C z − z0

13.5 Calcul d'intégrales


13.5.1 Intégrales trigonométriques
Soit F (x, y) une fonction rationnelle et :
Z 2π
I= F (sin t, cos t) dt.
0

Posons z = exp(it), d'où i dt = dz/z , et si C est le cercle de rayon 1 centré


à l'origine, qui ne doit pas contenir de pôle :
z − 1/z z + 1/z dz
Z Z
I= F( , ) = g(z) dz.
C 2i 2 iz C

Il reste à calculer les résidus en les pôles situés à l'intérieur de C .

Exemple :

z 2 + 2iz − 1 dz
Z Z
1 + sin t
I= dt = − ,
0 2 + cos t C z 2 + 4z + 1 z
et :
z 2 + 2iz − 1
g(z) = − √ √
z(z + 2 + 3)(z + 2 − 3)
La fonction a deux pôles à l'intérieur de C : z0 = 0, qui donne :
Rés(f, z0 ) = 1

et z1 = 3 − 2, qui donne :

z12 + 2iz1 − 1 i
Rés(f, z1 ) = √ = −1 − √ .
iz1 (z1 + 2 + 3) 3

Finalement I = √ = 3, 627598... O
3

83
13.5.2 Intégrales sur R ou R+
En combinant translation et inversion on peut transformer [a, b] en R ou R+ .
Nous supposons que la fonction méromorphe f n'a pas de pôles (réels) dans le
domaine d'intégration, que l'intégrale converge et que les conditions des lemmes
de Jordan utilisables sont remplies.
L'intégrale sur R d'une fonction impaire est nulle. L'intégrale sur R+ d'une
fonction paire est la moitié de son intégrale sur R, égale à la somme des résidus
sur le demi-plan supérieur multipliée par 2iπ . Toute fonction réelle est la somme
de sa partie paire ((f (x)+f (−x))/2) et de sa partie impaire ((f (x)−f (−x))/2).
Pour pouvoir intégrer une fonction sur R ou R+ par la méthode des résidus,
il faut qu'il existe un lacet γ tel que l'intégrale le long de γ soit proportionnelle
à l'intégrale sur R ou R+ .

Exemple : Z Z
cos x exp(ix)
I= dx = < ,
R 1 + x2 R 1 + x2
le lemme 3 s'applique. Le résidu en z = i :
exp(iz) 1/e
Rés(f, i) = lim =
z→i 1+i 2i
π
donne I = . O
e

13.5.3 Intégrales de fonctions rationnelles


Si P et Q sont des polynômes tels que deg(Q) ≥ deg(P ) + 2 (pour pouvoir
appliquer le lemme 1 de Jordan) et Q ne s'annule pas sur R, on a :
Z
P (z)
Rés(P/Q, zk ),
X
dz = 2iπ
R Q(z)

les zk étant les zéros de Q tels que =(zk ) > 0.

Exemple : les√racines de z 4 + 1 de partie imaginaire strictement positive sont



i = eiπ/4 et i i = e3iπ/4 . On a donc :

z2 + 1 √ √ 
Z 2
z2 + 1
q
x +1 
4
dx = 2iπ Rés( , i) + Rés( , i i) .
R x +1 (z 4 + 1 (z 4 + 1

Calculons ces résidus :



√ z2 + 1

i 2
Rés. en i = z→
lim √ =− ,



i (z 2 + i)(z + 4

i)

√ z2 + 1 i 2
Rés. en i i = lim√

√ =−

 ,
z→i i (z 2 + i)(z + i i) 4

84

et l'intégrale vaut π 2, soit 4, 44288.... O

Pour intégrer une fonction rationnelle, on peut toujours la décomposer en élé-


ments simples (voir "Fractions Rationelles" dans "Groupes, Anneaux, Corps",
même page web) que l'on intègre.

Exemple : les racines de P (x) = x3 + 1 sont −1, −j et −̄. On a, si f = 3/P :


Rés(f, −1) Rés(f, −j) Rés(f, −̄)
f (z) = + + .
z+1 z+j z + ̄
Calculons ces résidus :
3


 Rés(f, −1) = 0 = 1,



 P (−1)

 3
Rés(f, −j) = 0 = j,

 P (−j)

3

Rés(f, −̄) = 0

= ̄,


P (−̄)

d'où :
Z +∞ Z R Z R Z R
dx j dx ̄ dx 
f (x) dx = lim + + .
0 R→+∞ 0 x+1 0 x+j 0 x + ̄

L'intégrale converge puisque le degré de P est égal à 3. Si :


 
F (x) = ln (x + 1)(x + j)j (x + ̄)̄ ,

on a (voir "Fonction puissance non entière") :



j 2π 3
̄
F (0) = ln(j ̄) = −
3
et, puisque 1 + j + ̄ = 0 :
lim (x + 1)(x + j)j (x + ̄)̄ = 1
x→+∞

de sorte que : √
Z +∞
3 dx 2π 3
= = 3, 627... O
0 x3 + 1 3
Exemple :

Z
ln z
f (z) = , Iγ = f (z) dz.
p
-
γ - 1 + z3 γ

85
La coupure du logarithme est le long Le petit cercle, c, est de rayon r,
de R+ (0 < θ < 2π ). La fonction f est le grand, C , de rayon R, 0 < r < R.
holomorphe à l'intérieur de γ .

On a, quand r → 0 :
Z
| f (z) dz| < 2πr sup |f | < 2πr(ln r + 2π) → 0
c c

et pour l'intégrale le long de C , quand R → +∞ :


ln R + 2π
|zf (z)| < R →0
R3
le lemme 1 de Jordan nous dit qu'elle tend vers zéro. Il reste l'intégrale le long
des deux segments :
R Z r
ln(x − ih)
Z
ln(x + ih)
Iγ = 3
dx + dx
1
Zr R  + (x + ih) R 1 + (x − ih)3
ln(x + ih) ln(x − ih) 
= − dx.
r 1 + (x + ih)3 1 + (x − ih)3

Quand h → 0, ln(x + ih) → ln x et ln(x − ih) → ln x + 2iπ , de sorte que :


Z R
2iπ
Iγ → dx.
r 1 + x3

Il n'y a plus qu'a calculer les résidus en les pôles z = −1 :


ln z iπ
Rés(f, −1) = lim = ,
z→−1 z2 − z + 1 3
puis z = −̄ :
ln z
Rés(f, −̄) = lim
z→−̄ (z + 1)(z + j)
iπ/3
=
(−̄ + 1)(−̄ + j)

= √
3(1 − ̄)i 3)
π
= √ ,
3 3(1 − ̄)
enn z = −j : :
ln z
Rés(f, −j) = lim
z→−j (z + 1)(z + ̄)
−5π
= √ ,
3 3(1 − j)

86
d'où leur somme :
π √ 1 5 
Rés =
P
√ i 3+ −
3 √3 (1 − ̄) (1 − j)
2π 3
= ,
9
et : √
4iπ 2 3
Iγ = .
9
On en déduit, en divisant par 2iπ , que :
Z +∞

dx 2π 3
= .
0 1 + x3 9

Voir l'exemple précédent. O

13.5.4 Intégrales de Fresnel


Z +∞ Z +∞
Les intégrales de Fresnel 6 sont sin(x2 ) dx et cos(x2 ) dx.
0 0
Pour les calculer nous utiliserons l'intégrale de Gauss :
Z +∞ √
2 π
exp(−x ) dx =
0 2

dont nous rappelons brièvement le calcul. Par passage en coordonnées polaires


et en appliquant le théorème de Fubini (la fonction à intégrer étant intégrable),
on a, Q1 désignant le premier quadrant :
ZZ ZZ
exp(−(x2 + y 2 )) dxdy = exp(−ρ2 )ρ dρdθ
Q1 Q1
Z π/2 Z +∞
= dθ exp(−ρ2 )ρ dρ
0 0
πh 1 i+∞
= − exp(−ρ2 )
2 2 0
π
= .
4
Or cette intégrale est égale au carré de l'intégrale de Gauss.

Considérons le lacet γ :

6. Augustin Fresnel (1788-1827), physicien français.

87
√ √
A = (R, 0), B = (R 2/2, R 2/2).
B r _
AB est l'arc de cercle de rayon R
6
@
I
et d'angle au centre π/4. La fonction
@
γ
f (z) = exp(−z 2 ) étant entière :
r -
0 A Z
f (z) dz = 0.
γ

Le long de OA, on a f (x) = exp(−x2 ). Le long de OB , z = exp(iπ/4)x,


dz = exp(iπ/4) dx, z 2 = ix2 , d'où :
Z Z R
f (z) dz = exp(iπ/4) exp(−ix2 ) dx.
OB 0

_
Le long de AB , Rf (z) tend vers 0 quand R tend vers l'inni, sauf en B . Pour
θ ∈ [0, π/4 − 1/R2 ], l'intégrale tend vers 0 (lemme 1 de Jordan). Sur le petit arc
restant, de longueur 1/R, |f (z)| ≤ 1, et l'intégrale tend vers 0.
On a :
Z Z Z
0= f (z) dz = exp(−x2 dx − exp(iπ/4) exp(−ix2 ) dx,
γ R+ R+

d'où, comme exp(iπ/4) = (1 + i)/ 2 :
Z √
(1 + i) π
2
exp(−ix ) dx = √ ,
R+ 2 2

Finalement, en séparant la partie réelle et la partie imaginaire :


Z +∞ Z +∞ √
2 2 π
sin(x ) dx = cos(x ) dx = √ .
0 0 2 2

14 Exercices
√ √
(1) Racines de P (z) = z 4 + 2 3z 3 + 4z 2 − 2 3z + 5.

(2) Si an+1 = ain , calculer an et |an | lorsque a0 = eiθ , θ ∈] − π, π[, puis lorsque
a0 = −1.

(3) Etude de la fonction f : z → tan(z).


(4) Etude de la fonction f : z → arctan(z).

88
(5) Etude des fonctions z 7→ arcsin(z) et z 7→ arccos(z).
(6) Etude des fonctions z 7→ argsh(z), z 7→ argch(z) et z 7→ argth(z).
Z
sin x
(7) Calculer I = dx.
R x
Z +∞
cos x dx
(8) Calculer I = .
0 (x2 + 1)
Z +∞ √
x dx
(9) Calculer I = 2
.
0 x +1
Z π
x sin x dx
(10) Calculer I = .
−π 1 − cos x
Z +∞ k
x dx
(11) Calculer Ik = , 0 ≤ k ≤ 4.
0 1 + x6
Z 1
1 − x2
(12) Calculer I = 2 2
.
−1 (1 + x )
Z +∞
dx
(13) Calculer In = .
0 1 + xn
Z +∞
xn dx
(14) Calculer In = .
0 (1 + x2 )3
Z +∞
dx
(15) Calculer I = √ .
0
3
x(1 + x)
Z +∞
dx
(16) Calculer I = a (1 + x)
., 0 < a < 1.
0 x
Z +∞
ln(x) dx
(17) Calculer I = .
0 (1 + x2 )2
(18) Existe-t-il un automorphisme de C (un biholomorphisme) transformant
a, b, c en −1, 0, 1 ? Donner les automorphismes de C\{−1, 0, 1}.

(19) Mêmes questions avec la sphère de Riemann Ĉ.


(20) Etudier la série de terme général (z + 1/z)n .
(21) Etudier la série de terme général z n /n2 , particulièrement sur le bord de
son domaine de convergence.

(22) Caractériser les f : C → C holomorphes.


(23) Caractériser les f : Ĉ → C holomorphes.
(24) Caractériser les f : Ĉ → Ĉ holomorphes.

89
(25) Calculer la distance entre les chemins γ1 (t) = t et γ2 (t) = ti.

15 Correction des exercices


(1) La somme des coecients de P étant nulle, z = 1 est racine évidente. De
même pour z = −1, la somme des coecients avec alternance des signes étant
nulle. Ces racines sont simples
√ puisque P (1) 6= 0 et P (−1) 6= 0. La division de
0 0

P par z − 1 donne z + 2 3z
2 2
√ + 5. √
le discriminant
√ √réduit est égal à −2 et les
deux dernières racines sont − 3 − i 2 et − 3 + i 2. O

(2) Si θ = 0, a0 = 1 et ai0 = ei ln 1 = 1, et, ∀n ∈ N, an = 1.


Si θ ∈] − π, π[, a0 = eiθ est bien déni, comme a1 = e−θ , a2 = e−iθ , a3 = eθ
et a4 = eiθ = a0 . La suite est périodique. Les modules des a2n sont égaux à 1,
mais pas ceux des a2n+1 .
Si θ = π , a0 = eiπ = −1, a1 = e−π = 0, 043..., a2 = e−iπ = −1...
Si θ = −π , a0 = −1, a1 = epi = 23, 14......, a2 = e−iπ = −1...
On ne peut dénir raisonnablement (−1)i , bien que Internet donne la va-
leur 0, 043... (pourquoi pas 23, 14... ?), car on arriverait à des absurdités, comme
(−1)i )2 = 1i = 1 6= (0, 043...)2 . Il en va de même pour toutes les puissances non
rationnelles de z ∈ R∗− . On retrouve le problème du logarithme, non déni en
−1. O

(3) La fonction tan z = sin z/ cos z , sin z étant toujours déni, est dénie si
cos z 6= 0, exp(iz) 6= − exp(−iz), exp(2iz) 6= −1, 2iz 6= iπ/2 mod 2iπ , c'est-à-
dire si z 6= π/2 mod π .
Comme :
sin2 z + cos2 z
D tan z = = tan2 z + 1
cos2 z
la fonction tan z est dérivable là où elle est dénie. Elle est donc holomorphe en
ces points (z 6= π/2 modulo π ).
En z = π/2 + ξ elle est équivalent à 1/ξ : ces points sont des pôles simples.
La fonction est-elle surjective ? Pour le voir, résolvons tan z = a + ib :
eiz − e−iz = i(a + ib)(eiz + e−iz )

ce qui donne :
1 − b + ia
e2iz =
1 + b − ia
soit la condition a + ib 6= ±i.
Si on pose Dn tan z = Pn (tan z), Pn ∈ R[X], P0 (X) = X et P1 (X) = 1 + X 2 ,
on a :
Pn (X) = (1 + X 2 )Pn0 (X)

90
d'où :



 P2 (X) = (1 + X 2 )2X = 2X + 2X 3 ,
2 2 2 4
P3 (X) = (1 + X )(2 + 6X ) = 2 + 8X + 6X ,



P4 (X) = (1 + X 2 )(16X + 24X 3 ) = 16X + 40X 3 + 24X 5 ,

P5 (X) = (1 + X 2 )(16 + 120X 2 + 120X 4 ) = 16 + 136X 2 + 240X 4 + 120X 6 ),





. . .

On a alors :
X Pn (0) z3 2z 5 17z 7 62z 9
tan z = zn = z + + + + + ··· O
n! 3 15 315 2835
n∈N
(4) arctan z = ξ ⇐⇒ z = tan ξ . En dérivant tan(arctan z) = z , on obtient :
1 1
D arctan z = = ,
1 + tan2 (arctan z) 1 + z2

d'où, pour |z| < 1 :


D arctan z = 1 + z 2 + z 4 + · · · + z 2n + · · ·
et en intégrant terme à terme, toujours pour |z| < 1 :
z3 z5 z 2n+1
arctan z = z + + + ··· + + ···
3 5 2n + 1
la constante d'intégration étant nulle. O

(5) La fonction "arcsin" est la fonction réciproque de "sin" :


arcsin z = ξ ⇐⇒ sin ξ = z, arcsin 0 = 0.

Si z 6= 0, on a : 


2iz = eiξ − e−iξ ,
0 = e2iξ − 2izeiξ − 1,




eiξ = iz ± 1 − z 2 ,
 √
iξ = ln(iz ± 1 − z 2 )






= −i ln(iz ± 1 − z 2 ).
arcsin z

Pour choisir le signe, faisons z = 2/2 = sin(π/4), arcsin(z) = π/4). Avec
le signe "+" nous obtenons bien :

2
arcsin(z) = −i ln(i (1 + i) = −i ln(eiπ/4 ) = π/4.
2
De même, la fonction "arccos" est la fonction réciproque de "cos" :
arccos z = ξ ⇐⇒ cos ξ = z, arccos(0) = π/2.

91
Si z 6= 0, on a :
= eiξ + e−iξ ,


 2z
= e2iξ − 2zeiξ + 1,

0

 eiξ = z ± z 2 − 1,

 √
arccos z = −i ln(z ± z 2 − 1).


Nous voyons qu'avec le signe "+" on obtient bien arccos( 2/2) = π/4.
En dérivant sin(arcsin z) on obtient 1 = cos(arcsin z) D(arcsin z), soit :
1
D(arcsin z) = √ , z 6= ±1.
1 − z2
On obtient de même :
−1
D(arccos z) = √ , z 6= ±1,
1 − z2
de sorte,que la fonction arcsin + arccos est constante, égale à sa valeur en 0 :
π
arcsin z + arccos z = ,
2
Ces fonctions sont holomorphes pour z 6= ±1.

(6) Les autres fonctions réciproques se calculent de la même façon :



argshz = ln(z + √z 2 + 1), z ∈ C
argchz = ln(z + z 2 − 1), z ∈ C.
Les dérivées de ces fonctions sont :
1 1
D(argshz) = √ , z 6= ±i, D(argchz) = √ , z 6= ±1.
z2 +1 z2 −1
Toutes ces fonctions sont holomorphes sur C privé des nombres indiqués (±1
ou ±i). O
Z
sin x
(7) I = dx. La fonction paire sin x/x, qui vaut 1 en x = 0, est holo-
R x
exp(ix)
morphe sur C. Calculons d'abord l'intégrale de f (x) = dx sur un chemin
x
contournant l'origine (à cause du cosinus).

6
 γ A = (−R, 0), B = (−r, 0), C = (r, 0),
_
D = (R, 0). DA est le demi-cercle de
_
rF rE rayon R centré à l'origine. BC est le
r r r-
A B 0 C D

92
demi-cercle de rayon r, r < R, centré à l'origine.

La fonction f , méromorphe, a un unique pôle en O, d'ordre 1, de résidu :


Rés(f, 0) = lim zf (z) = exp(0) = 1,
z→0

et l'intégrale sur γ est égale à 2iπ .


Evaluons l'intégrale sur le demi-cercle. Considérons les points E = R exp(i/n)
et F = π − i/n. On a :
Z Z
1
| _
f (z) dz| = | _
f (z) dz| <
DE FA n
_
Sur EF , si z = x + iy , eiz = eix e−y et |eiz | = e−y , y ≥ R sin(1/n), d'où :
e−R sin(1/n)
Z
| _
f (z) dz| < πR ≤ πe−R sin(1/n) ,
EF R
ce qui tend vers 0 quand R → +∞. L'intégrale sur le demi-cercle, majorée par
1/n quel que soit n ∈ N, est nulle à la limite. On a donc quand R → +∞ :
Z
_
f (z) dz → 2iπ.
AB ∪ BC ∪ CD
_
Evaluons l'intégrale sur BC , où z = r exp(iθ), π ≤ θ ≤ 2π :
Z Z 2π
exp(ir exp(iθ))
_
= ir exp(iθ) dθ,
BC π r exp(iθ)
et quand r → 0 : Z Z 2π

_
r→ i dθ = iπ,
BC π
de sorte que, quand R → +∞ et r → 0 :
Z
f (z) dz → iπ,
AB ∪ CD

d'où l'on déduit, en prenant la partie imaginaire, que l'intégrale sur R de sin x/x
vaut π . L'intégrale de 0 à x de sin x/x est la fonction sinus intégral, Si(x), a
des applications pratiques, et on a des tables de valeur. O

L'intégrale est convergente, puisque


Z +∞
cos x dx
(8) I= .
cos x/(x2 +1) est inférieur en valeur ab-
0 x2 + 1
solue à 1/x2 à l'inni.

Le chemin γ est constitué de l'intervalle [−R, R], R > 1, et du demi-cercle


supérieur de rayon R. La fonction f (z) = exp(iz)/(z 2 + 1) a en z = i un pôle
simple intérieur à γ , de résidu :
e−1
Rés(f, i) = ,
2i

93
et l'intégrale de f sur γ est égale à π/e. Quand R → +∞ l'intégrale sur le
demi-cercle tend vers 0 (lemme 1 de Jordan), l'intégrale de f sur R, égale à π/e,
est égale à celle de cos x/(x2 + 1) (puisque réelle), et I = π/2e. O
Z +∞ √
x dx
(9) I= .
0 1 + x2
+∞
2t2 dt
Z
(a) Posons x = t , dx = 2t dt pour obtenir I =
2
. Factorisons
√ √ 0 1 + t4
t4 + 1 dans R : t4 + 1 = (t2 + 2t + 1)(t2 + 2t + 1), puis dans C :
√ √ √ √
4 2 2 2 2
z + 1 = (z − (1 + i))(z − (1 − i))(z − (−1 + i))(z − (−1 − i)).
2 2 2 2

Les racines sont√z1 = 2(1 + i)/2, de√parties imaginaire et réelle
√ strictement
positives, et z2 = 2(−1 + i)/2, z3 = 2(−1 − i)/2 et z4 = 2(1 − i)/2, de
partie réelle ou imaginaire négative.
r _
B A = (R, 0), B = (0, R). AB est le
6
quart de cercle de rayon R centré à
l'origine.
r z1 La fonction f (z) = 2z 2 /(1 + z 4 )
γ- est méromorphe à l'intérieur de γ et y
rO A-
r a un pôle d'ordre 1, z1 = exp(iπ/4).

L'intégrale est évidemment convergente. Le lemme 1 de Jordan s'applique


et, quand R tend vers l'inni, l'intégrale sur le quart de cercle tend vers zéro.
L'intégrale sur OA tend vers I et celle sur BO tend vers :
0 +∞
2(ix)2 idx 2x2 dx
Z Z
=i
+∞ 1 + (ix)4 0 1 + x4

c'est-à-dire vers iI .
On a donc : Z
f (z) dz = (1 + i)I = 2iπ Rés(f, z1 ),
γ

d'où :
2iπ Rés(f, z0 )
I= .
1+i
calculons ce résidu :
2z02
Rés(f, z1 ) =
(z1 − z2 )(z1 − z3 )(z1 − z4 )
2z12
= √ √
( 2)(2z1 )(i 2)
z1
= .
2i

94
L'intégrale le long de γ vaut πz1 , et :
Z +∞ √ √
x dx π 2
= .
0 1 + x2 2

(b) Calculons directement I (sans changement de variable).


z
La fonction f (z) = est méro-
1 + z2
morphe à l'intérieur de γ . Elle y a deux
qi singularités, en ±i.
A B La coupure de la racine carrée est
-
γ q -
D  C le long de R+ (0 < θ < 2π ).
q−i
Le petit cercle, c, est de rayon r,
le grand, C , de rayon R, 0 < r < 1 <
R.


Sur le segment ABp , f = x/(1 + √
x2 ). Sur le segment CD, la racine a changé
de détermination ( x exp(2iπ) = − x) et dx est remplacé par −dx, de sorte
que les intégrales sont égales :
Z Z +∞ √
x dx
f (z) dz = 2 .
γ 0 1 + x2

Comme la limite en z = √ i de f (z) = z/((z − i)(z + i)) est innie et celle
de (z − i)f (z) est égale à −i i/2 6= 0, ce point est un pôle d'ordre 1. De même
pour z = −i = exp(3iπ/4). Les résidus en ces points sont :
 √
i
Rés(f, i) = ,


2i

Rés(f, −i) = −i


−2i
et leur somme : √ √ √
i − −i 2
= ,
2i 2i
d'où : Z √
f (z) dz = π 2
γ

et I = π 2/2=2,22144... O
Z π
x sin x dx
(10) I= .
−π 1 − cos x

95
En x = 0 le dénominateur de f (x) = x sin x/(1 − cos x), équivalent à x2 /2,
s'annule. Le numérateur étant équivalent à x2 , la fonction f (x) est équivalente
à 1/2, et l'intégrale converge.
On a d'abord :
(1 − exp(ix))(1 − exp(−ix)) = (1 − cos x − i sin x)(1 − cos x + i sin x)
= (1 − cos x)2 + sin2 x
= 2(1 − cos x)

d'où :
1
1 − cos x = |1 − exp(±ix)|2 .
2
puis :
x −x sin x −x sin x
= = = ,
1 − exp(−ix) |1 − exp(−ix)|2 2(1 − cos x)
il s'ensuit que : Z π
x dx
I = −2 = .
−π 1 − exp(−ix)
D C A = (−π, 0), B = (π, 0),
r r
C = (π, iR), D = (−π, iR).
Sur BC , z = π + ix et sur AD,
z = −π + ix, x ∈ [0, R], dz = i dx.
A l'intérieur de γ , la fonction :
z
g(z) = ,
1 − exp(−iz)

γ équivalente à −i en z = 0, n'a pas de


r
-
r r - pôle, et donc :
A O B Z
g(z) dz = 0
γ

Quand R → +∞, l'intégrale sur CD tend vers 0, à cause du facteur eR au


dénominateur.
Sur AB (z = x) :
x x(1 − cos x − i sin x)
g(x) = =
1 − exp(−ix) 2(1 − cos x)
et =g(x) = −f (x)/2, et donc :
Z π Z
f (x) dx = 2 = g(z) dz
−π AB

Sur BC :
Z Z +∞ Z +∞
π + ix π + ix
g(z) dz = i dx = i dx
BC 0 1 − ex−iπ 0 1 + ex

96
et sur AD :
+∞ +∞
−π + ix −π + ix
Z Z Z
g(z) dz = i dx = − i dx
AD 0 1 − ex+iπ 0 1 + ex
d'où : +∞
−2i π dx
Z Z
= .
BC ∪ DA 0 1 + ex
Posons e = t, x = ln t, dx = dt/t :
x

Z Z +∞
dt h t i+∞
= 2iπ = 2iπ ln = −2iπ ln 2.
BC ∪ DA 1 t(1 + t) 1+t 1
Finalement I = 4π ln 2 = 8, 710344.... O
+∞
xk dx
Z
(11) Ik = fk (x) dx, fk (x) = , 0 ≤ k ≤ 4.
0 1 + x6
L'intégrale converge puisque 0 ≤ k ≤ 6 − 2.
Considérons le chemin γ constitué du segment réel [0, R],R > 1, OA, de l'arc
_
de cercle AB de rayon R et d'angle au centre π/3, et du segment BO.
Quand R → +∞, l'intégrale le long de OA tend vers Ik , l'intégrale le long
de l'arc de cercle tend vers 0 (lemme 1 de Jordan) et l'intégrale le long de BO
tend vers :
0
xk exp((ikπ/3)
Z
exp(iπ/3) dx = − exp(i(k + 1)π/3) Ik .
+∞ 1 + x6

A l'intérieur de γ , la fonction fk a un seul pôle, z0 = exp(iπ/6). On a :


1 z0
Rés(f0 , z0 ) = 5
=−
6(z0 ) 6
et :
z0k z k+1
Rés(fk , z0 ) = 5
=− 0
6(z0 ) 6
d'où :
iπz0k+1
Z  
fk (z) dz = − = 1 − exp(i(k + 1)π/3) Ik
γ 3
et :
−iπz0k+1
Ik =  .
3 1 − exp(i(k + 1)π/3)
Enn : √
π π 3 π
I0 = I4 = , I1 = I3 = , I2 = .
3 9 6 O

(12)

97
D C
r r Z 1
1 − x2
I= dx
−1 (1 + x2 )2

A = (−1, 0), B = (1, 0), C = (1, iR),


D = (−1, iR), R > 1.
Sur BC , z = 1 + ix, et sur DA,
ri z = −1 + ix, x ∈ [0, R].
γ A l'intérieur de γ , la fonction mé-
-
r r r - romorphe f (z) = 1/(1 + z 2 )2 a un pôle
A O B double en z = i..

Comme 1 − x2 = −(1 + x2 ) + 2, on remarque que :


Z 1 Z 1
dx dx
I=− +2 .
−1 1 + x2 −1 (1 + x2 )2

calculons d'abord :
Z 1 i1
dx h π
2
= arctan x = ,
−1 1+x −1 2

puis : Z 1
dx
J= ,
−1 (1 + x2 )2
et I = 2J − π/2.

Le résidu de f (z) = 1/(1 + z 2 )2 en z = i étant :


−2 −i
Rés(f, i) = lim D((z − i)2 f (z) = lim 3
=
z→i z→i (z + i) 4

l'intégrale de f sur γ est égale à π/2.


Quand R → +∞, l'intégrale de f sur CD tend vers 0.
Calculons l'intégrale sur BC ∪ DA.
Z Z +∞
1 1
= ( 2 )2
− ) i dx
BC∪DA 0 (1 + (1 + ix) (1 + (−1 + ix)2 )2
Z +∞ 3
x − 2x
= −8 4 + 4)2
dx.
0 (x

Calculons les intégrales de x3 /(x4 + 4)2 et de x/(x4 + 4)2 . Pour la première,


posons ξ = x4 , dξ = 4x3 dx, d'où :
+∞ +∞
x3 dx h −1 i+∞
Z Z
dξ 1
= = = .
0 (x4 + 4)2 0 4(ξ + 4)2 4(4 + ξ) 0 16

98
Pour la seconde, posons ξ = 2x2 , dξ = 4x dx :
Z +∞ Z +∞ Z +∞
x dx dξ 1 dξ
= = .
0 (x + 4)2
4
0
2
8(1 + ξ )2 16 −∞ (1 + ξ 2 )2

A l'intérieur du chemin Γ constitué du segment réel [−R, R], R > 1, et du demi-


cercle de rayon R centré à l'origine, f a un pôle double en z = i. Le résidu en
ce point est connu (−i/4), et l'intégrale sur Γ est égale à π/2, d'où :
Z +∞
dξ π
2 2
= ,
−∞ (1 + ξ ) 2
et, en remontant :
π−2
Z
1 π
= −8( − )= ,
BC∪DA 16 32 4
puis :
π π−2 π+2
J= − = ,
2 4 4
enn :
π+2 π O
I= − = 1.
2 2
Z +∞
dx
(13) In = , n ≥ 2, entier. L'intégrale converge puisque n > 1.
0 1 + xn
_
Soient O = (0, 0), A = (R, 0), B = R exp(2iπ/n), AB l'arc de cercle de rayon
_
R > 1 et γ le lacet formé des segments OA et BO reliés par AB . La fonction
1/(1 + z n ) a un pôle simple à l'intérieur du lacet : z0 = exp(iπ/n).
Comme :
1 −z
Rés(f, z0 ) = n−1 = 0 ,
nz0 n
on a :
−2iπz0
Z
dz
= .
γ 1 + zn n
_
Quand R → +∞, l'intégrale sur AB tend vers 0 (lemme 1 de Jordan),
l'intégrale sur OA tend vers In et l'intégrale sur BO tend vers − exp(2iπ/n)In
(z = exp(2iπ/n)x, z n = xn , dz = exp(2iπ/n) dx) et on a :
Z
dz
= (1 − z02 )In ,
γ 1 + zn
et :
−2iπz0 2iπ
In = = .
n(1 − z02 ) n(z0 − 1/z0 )
π
Or (z0 − 1/z0 )/2i = sin(π/n), d'où In = .
O
n sin(π/n)

99
+∞
xn dx
Z
(14) In = , n ∈ N.
0 (1 + x2 )3
Quand n est pair, l'intégrale sur R+ est la moitié de l'intégrale sur R.

Si n = 0, prenons pour γ le lacet constitué de l'intervalle BA = [−R, R],


_
R > 1, du demi-cercle centré en O AB .
Alors l'intégrale le long de γ est égale à 2I0 .
La fonction f0 = 1/(1 + x2 )3 a un pôle triple à l'intérieur de γ en z0 = i. Le
résidu en ce point est :
1 2
Rés(f0 , i) = D ((z − i)3 f0 (z))|z=i
2
1 2 1
= D ( )|z=i
2 (z + i)3
−3i
= ,
16
d'où :
1 −3i 3π
I0 = 2iπ = .
2 8 16
Si n = 1, on pose u = x2 :
Z +∞ i+∞
du 1h 1 1
I1 = = − = .
0 2(1 + u)3 4 (1 + u)2 0 4

Pour n = 2, le seul changement par rapport à n = 0 est le résidu :


1 2
Rés(f2 , i) = D ((z − i)3 f2 (z))|z=i
2
1 2 z2
= D ( )|z=i
2 (z + i)3
z 2 − 4iz − 1
=
(z + i)5
−i
=
16
d'où : π
I2 = .
16

100
Pour I3 , remarquons que :
+∞
x(x2 − 1) dx
Z
I3 − I1 =
0 (1 + x2 )3
Z +∞
1 (u − 1) du
=
2 0 (1 + u)3
Z +∞
1 (u + 1 − 2) du
=
2 0 (1 + u)3
Z +∞ Z +∞
1 du du
= 2

2 0 (1 + u) 0 (1 + u)3
= 0,

et I3 = I1 = 1/4.

De même pour I4 :
+∞
(x4 − 1) dx
Z
I4 − I0 =
0 (1 + x2 )3
+∞
(x2 + 1)(x2 − 1) dx
Z
=
0 (1 + x2 )3
+∞
(x2 − 1) dx
Z
=
0 (1 + x2 )2
= 0,

et I4 = I0 = 3π/16.

Si n > 4 l'intégrale diverge. O


Z +∞
dx
(15) I= √ .
0
3
x(1 + x)

L'intégrale converge : au voisinage de 0 la fonction f (x) = 1/( 3 x(1 + x))
est équivalente à x−1/3 et à l'inni, à x−4/3 . Posons x = t3 , dx = 3t2 dt :
B
r
Z +∞
3t dt
I=
A 0 (1 + t3 )
A √
A rz0 A = (R, 0), B = (−R/2, R 3/2).
_
AB est l'arc de cercle de rayon R cen-
A
γ-
Ar O Ar
A
- tré à l'origine, d'angle au centre 2π/3.

La fonction f (z) = 3z/(1 + z 3 ) est méromorphe à l'intérieur de γ et y a un


pôle d'ordre 1, z0 = exp(iπ/3). Calculons le résidu en ce pôle. Comme :

3 1+i 3
1 + z = (z + 1)(z − z0 )(z − z̄0 ), z0 = ,
2

101
on a : √
3z0 1−i 3
Rés(f, z0 ) = = z̄0 =
3z02 2

d'où l'intégrale le long de γ : π( 3 + i). Or cette intégrale est la limite quand R
tend vers l'inni de la somme des intégrales sur OA, I , et sur BO, − exp(4iπ/3)I ,
car z = exp(2iπ/3)x et dz = exp(2iπ/3) dx :
Z Z 0
x dx
f (z) dz → exp(4iπ/3) = exp(iπ/3) I.
BO +∞ 1 + x3
d'où : √ √
π( 3 + i) 2π 3
I= √ = .
3/2 + i 3/2 3
On peut aussi remarquer que :
Rés(f, −1) Rés(f, z0 ) Rés(f, z̄0 )
f (z) = + +
z+1 z − z0 z − z̄0
puis intégrer ces éléments simples. O
Z +∞
dx
(16) I= , 0 < a < 1. L'intégrale converge.
0 xa (1 + x)
1
La fonction f (z) = est
z a (1 + z)
γ méromorphe à l'intérieur de γ où elle
a un pôle d'ordre 1 en z0 = −1. Elle
est équivalente à x−a en 0, et à x−1−a
zq0 A B à l'inni : l'intégrale converge.
-
q -
D C La coupure du logarithme est R+

(xa = exp(a ln x).
Le petit cercle est de rayon r, le
grand. est de rayon R, 0 < r < 1 < R.

Quand r → 0 et R → +∞, les intégrales sur les arcs de cercle tendent vers
0 (lemmes de Jordan).
Sur AB , z = x + i, r ≤ x ≤ R, et f (z) = 1/xa (1 + x)). Sur CD, z =
exp(2iπ)(x + i), r ≤ x ≤ R, f (z) = 1/(exp(2aiπ)xa (1 + x)), et :
Z Z
f (z) dz = − exp(−2aiπ) f (z) dz,
CD AB

de sorte que : Z Z +∞
f (z) dz → (1 − exp(−2aiπ)) I.
γ 0

Or : Z
f (z) dz = 2iπ Rés(f, z0 ).
γ

102
Calculons ce résidu :
1
Rés(f, z0 ) = = exp(−iaπ).
(−1)a
Finalement :
2iπ exp(−iaπ) π O
I= = .
1 − exp(−2aiπ) sin(aπ)
Z +∞
ln(x) dx
(17) I= .
0 (1 + x2 )2
L'intégrale converge puisque ln x est intégrable en x = 0, et que ln x/x2 est
intégrable à l'inni.

A = (r, 0), B = (R, 0), C = (−R, 0),


_
D = (−r, 0), BC est le demi-cercle de
_
rayon R, R > 1, centré à l'origine, DA
ri est le demi-cercle de rayon r, r < 1,
γ- centré à l'origine.
rC Dr rO r A Br -

La fonction f (z) = ln z/(1 + z 2 ) est méromorphe à l'intérieur de γ et y


a un pôle d'ordre 2 en z = i. La coupure du logarithme est la demi-droite des
imaginaires purs λi, λ ≤ 0 (non gurée).
Sur CD, z = −x, dz = −dx, ln z = ln x + iπ , et on a :
Z Z r Z Z R
ln(x) + iπ) (−dx) iπ dx
f (z) dz = 2 )2
= f (z) dz + .
CD R (1 + x AB r (1 + x2 )2
Z +∞
La dernière intégrale tend vers iπ dx/(1+x2 )2 , soit vers iπ 2 /4 (voir l'exer-
0
cice 12). Quand r → 0 et R → +∞, les intégrales sur les arcs de cercle tendent
vers 0 (lemmes de Jordan), et :
Z
f (z) dz → 2I + iπ 2 /4 = 2iπ Rés(f, i).
γ

Le résidu de f en i est :
1  ln z  π + 2i
Rés(f, i) = lim D =
z→i 2 (z + i)2 8
d'où :
iπ 2 − 2π
Z
f (z) dz = ,
γ 4
et nalement I = −π/4. O

103
(18) Un tel automorphisme s'écrit φ(z) = λz + µ, λ ∈ C∗ . Si φ(a) = −1,
φ(b) = 0 et φ(c) = 1, de φ(a) + φ(c) = 0 on déduit λ(a + c) = 0, d'où a + c = 0.
De φ(a) + φ(b) = −1 on déduit λ = 1/(b − a), puis, de φ(b) = 0, µ = b/(b − a).
Cherchons les automorphismes de C (φ(z) = az + b, a ∈ C∗ et b ∈ C), autres
que l'identité, permutant les trois points −1, 0, 1.
Comme φ(z) + φ(−z) = 2b, la seule possibilité est b = 0, d'où a = −1. On
obtient la symétrie centrale φ(z) = −z . O

(19) Les biholomorphismes de Ĉ (7.3) sont les homographies :


αz + β
φ(z) = , vériant αδ − βγ 6= 0.
γz + δ
L'inverse d'une telle homographie est l'homographie :
δz − β
ψ(z) = .
−γz + α

Si φ est l'automorphisme transformant (a, b, c) en (−1, 0, 1), calculons les images


par ψ de −1, 0, 1, égales, respectivement, à a, b, c :
ψ(−1) = a ⇒ aα + β + aγ = δ,
ψ(0) = b ⇒ bα + β = 0,
ψ(1) = c ⇒ cα + β − cγ = δ.

D'où β = −bα et l'équation matricielle :


    
b−a −a α δ
= .
b−c c γ −δ

Le déterminant de la matrice est ∆ = b(a + c) − 2ac. Si ∆ 6= 0, on obtient


α et γ en fonction de δ , qui ne peut être nul (sinon les autres coecients sont
aussi nuls), donc aussi β .
Si ∆ = 0, les lignes de la matrice sont proportionnelles, et cette proportion
est −1. D'où a − b = b − c, c = a, puis a = b = c, ce qui est absurde, les points
devant être distincts.
Avec, par exemple, a = i, b = 0, c = −i, on trouve φ(z) = iz (rotation de
π/2), et si a = 0, b = i, c = −i, on trouve φ(z) = (z − i)/(3z + i). O

(20) Posons Z = z + 1/z . La condition de convergence normale de la série


géométrique de terme général Z n est : |Z| < 1. Sa somme est alors :
1 −z −z
f (z) = = 2 = .
1−Z z −z+1 (z − 1/2)2 + 3/4

Evaluons |Z[ à partir de z = reiθ . La symétrie par rapport à l'axe réel permet
de chercher θ entre 0 et π . L'axe imaginaire est aussi un axe de symétrie.

104
Remarquons que si z ∈ R on a |Z| > 1, de même que si z est proche de 0
on de ω , et que la série converge si z = i (vers 1). Nous nous attendons donc à
trouver un domaine de convergence de la forme :
0 < θ1 ≤ θ ≤ θ2 < π, 0 < r1 ≤ r ≤ r2 < +∞.

Comme :
|z 2 + 1|2 1 2 2

|Z|2 = = (r cos 2θ + 1) 2
+ r 4
sin 2θ)
|z|2 r2
1 4
= (r + 2r2 cos 2θ + 1),
r2
la condition de convergence s'écrit R2 + (2 cos 2θ − 1)R + 1 < 0 avec R = r2 . Il
faut que ce polynôme en R ait deux racines strictement positives ou une racine
double (strictement positive). Son discriminant est 4 cos2 2θ − 4 cos 2θ − 3. Il
s'annule si θ = π/3 et θ = 2π/3. Entre ces deux valeurs, le polynôme a deux
racines strictement positives, R1 et R2 , entre lesquelles il est négatif. Le domaine
de convergence est donc constitué de l'ouvert :
p p
U = {z = reiθ | π/3 < θ < 2π/3, R1 < r < R2 }

et de son symétrique par rapport à R. A l'intérieur de ce domaine,√ f est la


somme de la série, mais elle est holomorphe sur C privé de (1 ± i 3)/2, points
qui sont des pôles simples.
Pour θ = π/2, on trouve r1 = 0, 618... et r2 = 1, 618..., et les z correspon-
dants encadrent bien i. O

(21) Le rayon de convergence de la série de terme général z n /n2 est égal à 1.


A l'intérieur du disque de rayon 1 on a successivement :
X zn
s(z) =
n2
n≥0
X z n−1
s0 (z) =
n
n≥1
X zn
zs0 (z) =
n
n≥1
1
(zs0 (z))0 =
1−z
ln(1 − z)
s0 (z) = .
z
La fonction s, dénie sur tout le cercle unité C , est le "dilogarithme" (5.11.6).
Elle a un point de branchement logarithmique en z = 1, et une coupure en
[1, +∞[ est nécessaire pour la dénir hors de C . O

(22) Les f : C → C holomorphes sont les fonctions entières. O

105
(23) Soit f : Ĉ → C holomorphe. La sphère de Riemann étant compacte, f (Ĉ)
est compacte, donc bornée, et f est constante (théorème de Liouville). O

(24) Rappelons que les fonctions entières ont un point singulier essentiel à
l'inni. Ce ne sont donc pas des fonctions de Ĉ dans Ĉ.
Soit f : Ĉ → Ĉ une fonction holomorphe, telle que f (ω) = ω .
Elle a, comme 1/f , un nombre ni de zéros (isolés), car, sinon, par compacité
de Ĉ, leur suite aurait une valeur d'adhérence z0 , on aurait f (z0 ) = 0, donc
z0 6= ω , et z0 serait un zéro non isolé. Ces zéros sont z1 , ..., zn , d'ordres respectifs
p1 , ..., pn . Ceux de 1/f sont y1 , ...ym , d'ordres respectifs q1 , ..., qm .
Si : Qn p
i=1 (z − zi ) i
R(z) = Qm qj
j=1 (z − yj )

la fonction holomorphe f /R ne s'annule pas, et son inverse R/f est une fonction
holomorphe bornée, donc constante, égale à λ ∈ C, et f = λR.
Si f (ω) = λ 6= ω , g = 1/(f − λ) est une fonction holomorphe de Ĉ dans Ĉ
telle que g(ω) = ω . C'est donc une fonction rationnelle, comme f .
Les fonctions holomorphes de Ĉ dans Ĉ sont donc les fonctions rationnelles.
La restriction à C d'une fonction holomorphe de Ĉ dans Ĉ, donc d'une fonc-
tion rationnelle, est holomorphe si elle n'a pas de pôles, donc si c'est un poly-
nôme. O

(25) Si γ1 (t) = i et γ2 (t) = t, on a |γ1 (s) − γ2 (t)| = t2 + 1, et :
p
inf {|γ1 (s) − {γ2 (t)|} = t2 + 1,
s

quantité dont la borne supérieure en t est 2.
Permutons les rôles de s et de t :
inf {|γ1 (s) − γ2 (t)|} = 1,
t

quantité dont la borne supérieur est 1. La distance √est donc 2.
Si γ1 (t) = t et γ2 (t) = ti, on a |γ1 (s) − {γ2 (t)| = s2 + t2 , la borne inférieure
en s est t, dont la borne supérieure est 1. Même résultat en permutant s et t :
la distance est égale à 1. O

106
Index
Adhérence, 6 Distance de Hausdorf, 26
Axe, 4 Domaine, 7
Analytique (fonction), 8
Anti-holomorphe, 9 Equicontinue (famille), 64
Argument principal, 4 Equicontinuité uniforme, 64
Automorphisme de revêtement, 49, 70 Espace du revêtement, 48
Autom. de surf. de Riemann, 14 Etoilé, 52
Extérieur (d'un lacet), 35
Base (d'un chemin), 25
Base (d'un revêtement), 48 Famille normale, 63
Biholomorphisme, 41 Fermé, 6
Boule fermée, 6 Feuillet, 48
Boule ouverte, 6 Fibre, 48
Fonction ℘ de Weierstrass, 23
Chemin, 25 Fonction entière), 8
Chemin lisse, 25 Fonction logarithme, 18
Chemin opposé, 25 Fonction ouverte, 42
Chemins équivalents, 27 Fonction rationnelle, 15
Compact, 6 Forme cartésienne, 5
Complémentaire, 6 Forme exponentielle, 5
Composé (chemin γ1 ⊕ γ2 , γ n ), 27 Forme polaire, 5
Composante connexe, 7 Forme trigonométrique, 5
Conditions de Cauchy-Riemann., 10 Formule de la moyenne, 37
Conjugué (complexe), 4 Frontière, 6
Connexe, 7
Connexe par arcs, 25 Germe holomorphe, 46
Continuité, 7 Groupe de Poincaré, 30
Convergence, 63 Groupe fondamental, 30
Convergence simple, 62
Convergence uniforme, 62 Harmonique, 12
convexe, 52 Harmoniques conjuguées, 13
Coupure, 18 Holomorphe (fonction), 7
Courbe orientée, 25 Hom. à extrem. xes, 29
Homotopie, 26
Degré (deg(λ, T ), 53 Homotopie stricte, 29
Demi-plan de Poincaré, 14
Dérivée logarithmique, 19 Image, 4
Détermination principale (ln), 18 Indice (Ind(γ, z1 )), 35
Diérentielle, 8 Intérieur, 6, 76
Dilogarithme, 20 Intérieur (d'un lacet), 35
Disque épointé, 58 Isomorphisme de revêtements, 49
Disque unité, 14 Isomorphisme de surf. de Riemann, 14
Distance (entre deux chemins), 26
Lacet, 25

107
Laplacien, 11 Singularité, 59
Limite, 7 Singularité apparente, 59
Localement simplement connexe, 52 Singularité isolée, 59
Sinus intégral, 91
Méromorphe (fonction), 8 Sphère de Riemann, 7
Module, 3 Surface de Riemann, 14
Morphisme de revêtements, 49
Morphisme de surfaces de Riemann, 14 Transformation conforme, 25
Multiforme (fonction), 54 Trivialisation locale (revêtement), 48
Trou, 7
Ordre (d'un zéro), 9
Ordre d'un pt. de br., 59 Valuation, 43
Ouvert, 6 Voisinage, 6
Ouvert distingué ou trivialisant, 48 Voisins (chemins), 26
Paramétriser, paramétrage, 27 Zéro (d'une fonction), 9
Partie imaginaire, 4
Partie réelle, 4
Partie régulière, 55
Partie singulière, 55
Point à l'inni, 7
Point de branchement, 59
Point de branchement radical, 59
Point de branch. logarithmique, 59
Point de branchement, 54
Point de ramication, 54
Point double, 25
Point régulier, 58
Point singulier, 59
Point singulier essentiel, 57
Pôle, 10
Primitive, 34
Projection (d'un revêtement), 48
Projection stéréographique, 7
Propriété de relèvement, 49
Rayon de convergence, 8
Relèvement, 49
Résidu, 76
Revêtement, 48
Revêtement ramié, 48
Revêtement trivial, 48
Revêtement universel, 67
Section, 48
Sections compatibles, 51
Simplement connexe, 29, 52

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