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Analyse Système LMD

Complexe Licence Mathématiques

Elémentaire Semestre 4

El-Bachir Yallaoui
Hamid Benseridi

Département de Mathématiques
Faculté des Sciences
Universite Ferhat Abbas, Sétif 1
ii Section

Tables des matières


Préface iii

1 Le corps des nombres complexes et sa topologie 1


1.1 Les nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Forme exponentielle d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.3 Racines n-ième d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.4 Topologie de C . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

2 Différentiabilité d’une fonction complexe 17


2.1 Fonction d’une variable complexe à valeur complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2 Limite et continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.3 Différentiabilité, analycité et holomorphie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.4 Conditions de Cauchy-Riemann et Fonctions Harmoniques . . . . . . . . . . . . . . 24
2.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

3 Fonctions élémentaires 37
3.1 Polynômes et fractions rationnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.2 Fonctions exponentielle et logarithmique complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.3 La fonction puissance générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.4 Fonctions trigonométriques et hyperboliques complexes . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

4 Intégration complexe 52
4.1 Intégration curviligne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
4.2 Théorème de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
4.3 Primitives et indépendance du chemin d’intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.4 Formule d’intégration de Cauchy et ses conséquences . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

5 Séries de nombres complexes 75


5.1 Suites et séries de nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.2 Séries entières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
5.3 Séries de Taylor et de Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
5.4 Zéros et singularités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
5.5 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98

6 Le théorème des résidus de Cauchy 103


6.1 Les résidus et leurs calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
6.2 Théorème des résidus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
6.3 Application du théorème des résidus au calcul intégral . . . . . . . . . . . . . . . . 108
6.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Préface

À propos de ces notes de cours d’analyse complexe


Ces notes sont principalement destinées aux étudiants de la deuxième année (semestre 3)
de Licence en mathématiques système LMD à l’université Ferhat Abbas de Sétif 1, Algérie.
Néanmoins, elles peuvent aussi être utiles aux étudiants en ingénierie, physique et autres
ayant besoin de notions élémentaires des fonctions d’une variable complexe.
Ces notes sont absolument indispensables pour tout étudiant désirant se spécialiser en ma-
thématiques. Ceci dit, elles n’ont aucune prétention d’être un recueil complet sur le sujet.
J’espère, tout de même, qu’elles constituerons un support pédagogique efficace. Elles ne
serons complètement profitables aux étudiants que si ces derniers assistent régulièrement
aux cours magistraux et préparent minutieusement les travaux dirigés.

Pré-requis
Tout étudiant voulant étudier l’analyse complexe doit, au préalable, connaître les notions
de base d’une fonction d’une variable réelle (limites, continuité, différentiation et inté-
gration), les suites et les séries réelles, ainsi que les notions élémentaires de topologie
générale. Nous conseillons les étudiants de revoir ces notions qui seront utiliser à travers
tout le cours.

Préparation de l’ouvrage
On a utiliser les outils suivants pour la réalisation de cet ouvrage.
LATEX : pour la production de cet ouvrage.
Geogebra : pour réaliser la majorité des graphes et figures.
Maple : pour vérifier la plupart des calculs numériques ainsi que quelques graphes.
Dr. El-Bachir Yallaoui, Juillet 2015

iii
1. Le corps des nombres complexes et sa topologie

1.1 Les nombres complexes

Un nombre complexe z est défini par

z = x + iy

où, x, y sont des nombres réels et i est un nombre imaginaire tel que i2 = −1.
• x = Re(z) est appelée la partie réelle de z.

• y = Im(z) est appelée la partie imaginaire de z.

• z = x + iy = Re(z) + i Im(z).

• i est un imaginaire pure tel que i2 = −1 ou i = −1.

• Si x = Re(z) = 0 alors z = iy = i Im(z) est un imaginaire pure.

• Si y = Im(z) = 0 alors z = x = Re(z) est un réel.

• (x1 + iy1 ) = (x2 + iy2 ) si et seulement si x1 = x2 et y1 = y2 .


L’ensemble des nombres complexes est défini par

C = {(x, y) ∈ R2 : z = x + iy, i2 = −1}

Comme C est isomorphe à R2 , tout nombre complexe peut être représenté, de façon
unique, comme un point dans le plan R2 .

F IGURE 1.1: Représentation géométrique des complexes

1
2 Section 1.1. Les nombres complexes

Opérations sur les nombres complexes

Étant donné a + ib, c + id ∈ C, alors on peut effectuer les opérations suivantes :


Addition : (a + ib) + (c + id) = (a + c) + i(b + d)
Soustraction : (a + ib) − (c + id) = (a − c) + i(b − d)
Multiplication : (a + ib) × (c + id) = ac + iad + ibc + i2 bd = (ac − bd) + i(ad + bc)
a + ib a + ib c − id (ac + bd) (bc − ad)
Division : = · = 2 2
+i 2
c + id c + id c − id a +b a + b2

C est un corps commutatif

L’ensemble des nombres complexes muni des opérations d’addition et de multiplications


définies ci-dessus possèdent les propriétés algébriques suivantes :

(C1) (C, +) est un groupe Abélien.

(C2) (C − {0}, ×) est un groupe Abélien.

(C3) Pour tous a, b, c ∈ C, on a (a + b) × c = a × c + b × c.

Les propriétés C1–C3 montrent clairement que (C, +, ×) est un corps commutatif.

Module et conjugué d’un nombre complexe

Si z = x + iy, x, y ∈ R on définit par :


• z = x + iy = x − iy le complexe conjugué de z,
p
• |z| = x2 + y 2 le module ou la norme de z.

F IGURE 1.2: Module et conjugué de z = x + iy.

On remarque d’après les figures ci-dessus que :


|z| ≤ Re z ≤ |z| et |z| ≤ Im z ≤ |z|

z+z z−z
x = Re(z) = et y = Im(z) =
2 2i

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 1. Le corps des nombres complexes et sa topologie 3

Exemple 1. Trouver le conjugué et le module de z = 3 + 4i.


p
Solution. z = 3 − 4i et |z| = 32 + 42 = 5.

Proposition 1.1. Soient z et w ∈ C. Alors, on a les propriétés suivantes :


(1) z = z

(2) |z| = |z|

(3) zz = |z|2

(4) z ± w = z ± w

(5) z · w = z · w

(6) z/w = z/w

Proposition 1.2. Soient z et w ∈ C. Alors,


(1) |z| = 0 si et seulement si z = 0

(2) |z.w| = |z|.|w|


z |z|
(3) = si w 6= 0

w |w|

(4) |z + w| ≤ |z| + |w| (inégalité triangulaire)

(5) ||z| − |w|| ≤ |z − w|

Exemple 2. Soit z = x + iy un nombre complexe tel que |z| = 2.


1 1
Montrer que |z − 3| ≤ 7 et que 2 ≤ .
|z − 1| 3
Solution.
En appliquant l’inégalité triangulaire (4) on a |z − 3| ≤ |z| + 3 ≤ 7.
1 1 1
En appliquant l’inégalité (5) on obtient 2 ≤ 2 ≤ .
|z − 1| |z | − 1 3

1.2 Forme exponentielle d’un nombre complexe


La forme polaire d’un nombre complexe z = x + iy est définie par

z = x + iy = |z|(cos θ + i sin θ). (1)

Étant donne C est isomorphe a R2 , le nombre complexe x + iy et le couple (x, y) repré-


sentent le même point dans le plan.
Il en découle de la figure (1.3) que :

x = |z| cos θ et que y = |z| sin θ

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4 Section 1.2. Forme exponentielle d’un nombre complexe

F IGURE 1.3: Représentation polaire

L’angle θ est appelé argument de z, θ = arg z.


Pour trouver arg z on doit résoudre simultanément les équations

x y
cos θ = et sin θ = (2)
|z| |z|

La valeur de θ = arg z n’est pas unique car si θ0 est une solution alors θ = θ0 + 2nπ, n ∈ Z,
sont toutes des solutions de arg z.

F IGURE 1.4: Cercle Trigonométrique sur [0, 2π].

Argument principal

L’argument de z possède une infinité de valeurs possibles, cependant il y a une valeur


unique de θ dans l’intervalle (−π, π]. Cette valeur est appelée l’argument principal de z et
on la note Arg z. Évidement arg z = Arg z + 2nπ, n ∈ Z.
Pour trouver Arg z on doit résoudre les équations

x y
cos θ = et sin θ = pour θ ∈ (−π, π] (3)
|z| |z|

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Chapitre 1. Le corps des nombres complexes et sa topologie 5


Exemple 3. Trouver la forme polaire de z = 1 − i 3. √
√ 1 − 3
Solution. Le module |z| = 1 + 3 = 2 et cos θ = ; sin θ = .
2 2
π π
Donc Arg z = − , arg z = − + 2nπ et
3 3
√   π  π 
z = 1 − i 3 = 2 cos − + i sin − .
3 3

Exponentielle d’un nombre complexe

Dans le cours d’analyse élémentaire, nous avons vu la formule d’Euler pour θ ∈ R,

eiθ = cos θ + i sin θ, (4)

donc si z = x + iy ∈ C, alors ez est défini par :

ez = ex+iy = ex eiy = ex (cos y + isiny) (5)

On donne ci-dessous quelques propriétés.

Proposition 1.3. Pour tout θ, θ1 , θ2 ∈ R.

(1) eiθ1 · eiθ1 = ei(θ1 +θ2 )

(2) 1/eiθ = e−iθ = eiθ

(3) ei(θ+2π) = eiθ

(4) |eiθ | = 1

En utilisant la formule d’Euler dans la forme polaire (1) on obtient

z = x + iy =|z|(cos θ + i sin θ) = |z|eiθ (6)


z = x − iy =|z|(cos θ − i sin θ) = |z|(cos(−θ) + i sin(−θ)) = |z|e−iθ (7)

Voici quelques nombres complexes fondamentaux et leurs formes trigonométriques.


(1) 1 = ei0 = ei2kπ (2) i = eiπ/2
(3) −1 = eiπ (4) −i = e−iπ/2
√ √
(5) 1 ± i = 2e±iπ/4 (6) −1 ± i = 2e±i3π/4
√ √
(7) (1 ± i 3) = 2e±iπ/3 (8) (−1 ± i 3) = 2e±2iπ/3
√ √
(9) ( 3 ± i) = 2e±iπ/6 (10) (− 3 ± i) = 2e±5iπ/6
(A vérifier à titre d’exercices).

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6 Section 1.2. Forme exponentielle d’un nombre complexe

Proposition 1.4. Soient zk = |zk |eiθk pour k = 1, 2, . . . , m et z = |z|eiθ . Alors ;

z1 z2 = |z1 ||z2 |{cos(θ1 + θ2 ) + i sin(θ1 + θ2 )} = |z1 ||z2 |ei(θ1 +θ2 ) (8)



z1 z1 z1
= {cos(θ1 − θ2 ) + i sin(θ1 − θ2 )} = ei(θ1 −θ2 ) (9)
z2 z2 z2
z1 · · · zm = |z1 | · · · |zm |{cos(θ1 + · · · + θm ) + i sin(θ1 + · · · + θm )} (10)
= |z1 | · · · |zm |ei(θ1 +···+θm )
z n = {|z|(cos θ + i sin θ)}n = |z|n (cos nθ + i sin nθ) = |z|n einθ pour n ∈ Z (11)

L’équation (11) est communément appelée la formule De Moivre. En particulier, on a

(cos θ + i sin θ)n = (eiθ )n = einθ = (cos nθ + i sin nθ) pour n ∈ Z (12)

Remarque : En utilisant la formule d’Euler, on obtient les formules suivantes :


(1) eiθ = cos θ + i sin θ (2) e−iθ = cos θ − i sin θ
eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ
(3) cos θ = (4) sin θ =
2 2i
(5) einθ = cos nθ + i sin nθ (6) e−inθ = cos nθ − in sin θ
einθ + e−inθ einθ − e−inθ
(7) cos nθ = (8) sin θ =
2 2i

√ √
Exemple 4. Calculer w = (1 − i 3)12 et z = (1 − i 3)−1 .

Solution. On sait a partir de l’exemple (3) que (1 − i 3) = 2e−iπ/3 , donc

w = 212 e−i12π/3 = 212 e−4iπ = 212 = 212 (cos 4π − i sin 4π) = 212 .

z = 2−1 e+iπ/3 = 2−1 (cos(π/3) + i sin(π/3)) = (1 + i 3)/4.

Exemple 5. Utiliser la formule De Moivre (1) pour déduire des formules pour cos 2θ et
sin 2θ.
Solution.

(cos 2θ + i sin 2θ) = (cos θ + i sin θ)2


= (cos2 θ − sin2 θ) + 2i cos θ sin θ

On obtient donc

cos 2θ = cos2 θ − sin2 θ


sin 2θ = 2 cos θ sin θ

Exemple 6. Utiliser les formules d’Euler pour linéariser cos3 x.

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Chapitre 1. Le corps des nombres complexes et sa topologie 7

Solution.
3
eix + e−ix

cos3 x =
2
= 2−3 (e3ix + 3e2ix e−ix + 3eix e−2ix + e−3ix )
= 2−3 (e3ix + 3eix + 3e−ix + e−3ix )
= 2−3 (2 cos 3x + 6 cos x)
= 2−2 (cos 3x + 3 cos x)

1.3 Racines n-ième d’un nombre complexe

Racines carrées d’un nombre complexe

Considérons l’équation z 2 = a + ib; a, b ∈ R. Les solutions de cette équation sont appelés


les racines carrées de a + ib. Posons z = x + iy. Alors on a

(x2 − y 2 ) + 2ixy = a + ib.

En égalant les parties réelles et imaginaires respectives et en calculant les modules on


obtient
p
x2 − y 2 = a, 2xy = b et x2 + y 2 = a2 + b2 .
Ces équations nous donnent

s√ s√
a2 + b2 + a a2 + b2 − a
x=± et y=± .
2 2

• Si b > 0 alors on prend les deux cas (u > 0, v > 0) et (u < 0, v < 0).

• Si b < 0 alors on prend les deux cas (u > 0, v < 0) et (u < 0, v > 0).

Exemple 7. Trouver les racines carrées de −3 − 4i.

Solution. Si z = x + iy, alors on a


x2 − y 2 = −3 2xy = −4 et x2 + y 2 = 5.
Ces équations nous donnent
r r
5−3 5+3
x=± = ±1 et y=± = ±2.
2 2

Puisque xy < 0, alors les solutions sont : z = ±(1 − 2i).


r r
5−3 5+3
z=± = ±1 et v=± = ±2.
2 2

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8 Section 1.3. Racines n-ième d’un nombre complexe

Racines n-ièmes de l’unité


Considérons l’équation z 4 = 1. Les racines de cette équations sont appelées les quatrièmes
racines de l’unité. Notons que si |z| = 1, alors z = eiθ .

z 4 = 1 ⇔ e4iθ = e2ikπ ⇔ z = eiθ = eikπ/2 = zk+1 ; k = 0, 1, 2, 3.

Donc les solutions sont z1 = 1, z2 = i, z3 = −1 et z4 = −i.


Notons que la somme de ces racines est nulle : z1 + z2 + z3 + z4 = 0.
Notons de plus que les racines sont les sommets du polygone régulier à quatre cotés inscrit
dans le cercle unité.

F IGURE 1.5: Quatrièmes racines de l’unité.

Les solutions de z n = 1 pour n ∈ N∗ , appelées les racines n-ièmes de l’unité, sont


   
2ikπ 2kπ 2kπ
zk = e n = cos + i sin ; k = 0, 1, . . . , n − 1. (13)
n n
2iπ
Si on pose w = e n = cos(2π/n) + i sin(2π/n), les racines sont 1, w, w2 , . . . , wn−1 . De plus,
les n-ièmes racines de l’unité vérifient la propriété :

1 + w + w2 + · · · + wn−1 = 0. (14)

Géométriquement, ces racines représentent les n sommets d’un polygone régulier à n co-
tés, inscrit dans le cercle unité ( |z| = 1).
Exemple 8. Les racines de z n = 1 pour n = 3, 4, 6.
Solution.
√ √
(1) z 3 = 1 ⇒ z1 = 1,z2 = e2iπ/3 = (−1 + i 3)/2 et z3 = e4iπ/3 = (−1 − i 3)/2.

(2) z 4 = 1 ⇒ z1 = 1,z2 = eiπ/2 = i, z3 = eiπ = −1 et z3 = e3iπ/2 = −i.

(3) z 6 = 1 ⇒ z1 = 1,zk+1 = (eiπ/3 )k = eikπ/3 , k = 1, . . . , 5 .

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Chapitre 1. Le corps des nombres complexes et sa topologie 9

F IGURE 1.6: Racines de l’unité pour n = 3, 4, 6.

Racines n-ièmes d’un nombre complexe

Considérons l’équation z n = w. Si on pose z = |z|eiθ et w = |w|eiα , l’équation sera


équivalente à
|z|n einθ = |w|eiα .

On aura donc
p α + 2kπ
|z|n = |w| et nθ = α + 2kπ ⇒ |z| = n
|w| et θ = .
n

Les solutions sont donc ;


  
p
n α + 2kπ
z = zk = |w| exp i ; k = 0, 1, . . . , n − 1.
n

L’exemple suivant nous montre comment résoudre une équation de la forme z n = w, c’est
à dire, comment déterminer les n-ièmes racines de w ∈ C.

Exemple 9. Trouver les solutions de z 3 = −8i.


Solution. Si on pose z = reiθ alors on doit résoudre

z 3 = r3 e3iθ = −8i = 8ei(−π/2+2kπ)

donc   
π 2kπ
z = zk = 2 exp i − + ; k = 0, 1, 2
6 3
après calcul on obtient
√ √
z1 = 3 − i, z2 = 2i, z3 = − 3 − i.

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10 Section 1.4. Topologie de C

F IGURE 1.7: Racines cubiques de −8i.

1.4 Topologie de C
Les concepts d’analyse dans le cadre de R, comme la convergence des suites ou la conti-
nuité et la dérivabilité des fonctions, reposent toutes sur la notion de proximité ou distance
des points de R. Ces concepts sont reliés à la topologie de l’ensemble sur lequel on tra-
vaille.

Métrique sur C

Puisque C est isomorphe à R2 , on utilise sur C la distance Euclidienne. Donc, pour les
nombres complexes z1 = x1 + iy1 et z2 = x2 + iy2 on définit la distance par :
p
d(z1 , z2 ) := (x1 − x2 )2 + (y1 − y2 )2 = |z1 − z2 | (15)

(C, | · |) est un espace métrique complet (espace de Banach).


Avec la notation (15) l’équation du cercle de centre a et de rayon r est définie par

|z − a| = r.

Autrement dit l’ensemble des points sur ce cercle est

C(a; r) = {z ∈ C : |z − a| = r}.

Ensembles ouverts, fermés et compacts

(1) Voisinage. L’ensemble V (a; ) = {z ∈ C : |z − a| < } est appelé un -voisinage du


point a ∈ C, et Vb (a; ) = V (a; ) \ {a} est appelée voisinage "privé de a".

(2) Points intérieurs, extérieurs et frontières. Soit S ⊂ C.


• On dit que a est un point intérieur de S s’il existe un voisinage V (a; ) ⊂ S.
• On dit que b est un point extérieur de S si b est un point intérieur de C \ S.
• On dit que c ∈ ∂S est un point frontière de S si tout voisinage de c rencontre S et
C \ S.

(3) Disque ouvert. L’ensemble D(a; r) = {z ∈ C : |z − a| < r} est appelé disque

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Chapitre 1. Le corps des nombres complexes et sa topologie 11

ouvert (boule ouverte) de centre a ∈ C et de rayon r > 0. Tout disque ouvert est un
voisinage de tout ces points.

(4) Disque unité. D(0; 1) = {z ∈ C : |z| < 1} est appelé disque unité de C.

(5) Ensemble ouvert. Un ensemble U ⊂ C est dit ouvert dans C si pour tout z ∈ U il
existe r > 0 tel que D(z; r) ⊂ U .
Si U ⊂ C et ∂U ∩ U = ∅ alors U est un ouvert de C.
Tout disque ouvert D(a; r) est un ouvert dans C.
Les demi-plans {z ∈ C : Re z > a} et {z ∈ C : Im z > b} sont aussi des ouverts de C.

(6) Ensemble fermé. Un ensemble F ⊂ C est dit fermé dans C si son complémentaire
C \ F est un ouvert de C.
Si F ⊂ C et ∂F ⊂ F = ∅ alors F est un fermé de C.
Un ensemble est fermé s’il contient tous ses points de frontière.
D(a; r) = {z ∈ C : |z − a| ≤ r} est un fermé de C, appelé le disque fermé.
La couronne A(a, r, R) = {z ∈ C : r ≤ |z − a| ≤ R} est un fermé dans C.
On peut aussi lier la notion d’ensemble fermé à la convergence des suites : un en-
semble F ⊂ C est fermé si et seulement si toute suite convergente (zn ) de F admet
une limite dans F , zn → z ∈ F .

(7) Adhérence ou Fermeture d’un ensemble. Soit S ⊂ C alors l’ensemble S = S ∪ ∂S


est appelé l’adhérence ou la fermeture de S.
L’adhérence de disque ouvert D(a; r) est le disque fermé D(a; r).

(8) Ensemble borné. Un ensemble S ⊂ C est dit borné s’il existe M > 0 tel que |z| < M
pour tout z ∈ S. On dit aussi que S est borné si S ⊂ D(0; r) pour un certain r > 0.
L’ensemble |z| < 4 est borné, mais {z ∈ C : Re z > 0} ne l’est pas.

(9) Ensemble compact. Un ensemble K ⊂ C est dit compact dans C s’il est borné et
fermé dans C. L’ensemble |z| ≤ 4 est compact, mais |z| < 4 ne l’est pas.

(10) Ensemble connexe par arcs. Un ensemble ouvert S ⊂ C est dit connexe par arcs si
deux points quelconques peuvent être reliés par un chemin qui se trouve entièrement
dans S.

(11) Ensemble connexe. Un ensemble ouvert S ⊂ C est dit connexe s’il ne peut être pas
la réunion de deux ouverts disjoints non vides.
Toute partie de C connexe par arcs est connexe.
Le disque unité ouvert |z| < 1 et la couronne 1 < |z| < 2 sont connexes car ils sont
connexes par arcs.

(12) Région simplement connexe. Une région connexe par arcs S ⊂ C est dite simple-
ment connexe si tout chemin fermé sur S peut être réduit continûment (c’est-à-dire

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12 Section 1.4. Topologie de C

par homotopie) à un point. Intuitivement, on peut rétrécir le chemin fermé jusqu’à


ce qu’il ne forme plus qu’un point, il n’y a pas d’obstacle (c’est-à-dire de trou).
Le disque |z| < 1 est simplement connexe, mais la couronne 1 < |z| < 2 ne l’est pas.
Le plan privé d’un point C \ {z0 } est connexe mais n’est pas simplement connexe.
Autrement dit , une région simplement connexe n’a pas de «trous». Si la région
possède des trous on l’appelle multi-connexe. La couronne est un exemple de région
multi-connexe.

(13) Domaine. Un ensemble D ∈ C qui est non vide, ouvert et connexe est appelé un
domaine ou bien une région ouverte. D est un domaine si et seulement s’il n’est
pas la réunion de deux ouverts non vides et disjoints .
Le disque unité D(0, 1) = {z ∈ C : |z| < 1}, le demi plan {z ∈ C : Im z < 0} et la
couronne 1 < |z| < 2 sont des domaines, mais S = {z ∈ C : |z| =
6 1} n’est pas un
domaine car il n’est pas connexe.

Exemple 10. Trouver la courbe ou la région dans le plan complexe représentée par cha-
cune des équations ou inégalités suivantes. Déterminer si l’ensemble est ouvert, fermé,
borné ou connexe.

(a) |z| = 2

(b) Re(1/z) = 2

(c) |z| + Re z ≤ 1

z−i π
(d) 0 < Arg <
z+i 2

z − 1
(e)
≤1
z + 1

Solution.

(a) |z| = 2 ⇔ |z|2 = x2 + y 2 = 4 est le cercle centré à l’origine et de rayon 2. Cet


ensemble est fermé, borné et connexe par arcs donc connexe.

(b) 2 = Re(1/z) = Re(z/zz) = x/zz = (z + z)/(2zz) ⇔ zz = (z + z)/4 ⇔


(z − 1/4)(z − 1/4) = (1/4)2 ⇔ |z − 1/4| = 1/4 qui est le cercle de centre 1/4 et de
rayon 1/4. Cet ensemble est fermé, borné et connexe par arcs donc connexe.
p
(c) |z| + Re z ≤ 1 ⇔ x2 + y 2 ≤ 1 − x ⇔ y 2 ≤ 1 − 2x ⇔ x ≤ (1 − y 2 )/2.
La région illustrée dans la figure 1.8–(1), est fermée, non bornée et connexe.

z−i π
(d) 0 < Arg <
z+i 2
z−i (x2 + y 2 − 1 − 2ix)
=
z+i x2 + (y + 1)2

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Chapitre 1. Le corps des nombres complexes et sa topologie 13

F IGURE 1.8: Région de |z| + Re z ≤ 1.

z−i π
F IGURE 1.9: Région de 0 < Arg < .
z+i 2

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


14 Section 1.5. Exercices

z−i z−i z−i


Notons que Arg ∈ (0, π/2) si et seulement si Re et Im sont positifs.
z+i z+i z+i
Donc x < 0 et x2 + y 2 > 1. La région illustrée dans la figure 1.8–(2), est ouverte,
non bornée et connexe.

z − 1
(e)
≤ 1 ⇔ |z − 1|2 ≤ |z + 1|2 ⇔ (z − 1)(z − 1) ≤ (z + 1)(z + 1) ⇔ z + z ≥ 0 ⇔
z + 1
Re z ≥ 0. La région représentée par l’inégalité est le demi-plan droit et l’axe des y.

1.5 Exercices
1. Soient z = 1 + 2i et w = 3 − i, représenter les nombres suivants sous la forme a + ib.
(a) 2z + 5w (d) Re(z 2 + iz) + Im(w2 + w)

(b) iz + 3w (e) z 2 + z + i

(c) z 3 + (w2 ) (f) z/w + w/z


2. Trouver les parties réelles et imaginaires de chacun des nombres complexes sui-
vants :

(a) (z − 2)/(z + 2) (d) (1 + i 3)6

(b) (2 + 5i)/(4 + 2i) (e) (1 + i)n , n ∈ N



(c) ( 3 + i)6 (f) in , n ∈ N
3. Trouver le module et le conjugué de chacun des nombres complexes suivants :
(a) −3 + 2i (c) (1 + i)8

(b) (2 + i)(−4 + 3i) (d) (2 + 7i)/(1 − i)


4. Écrire sous forme polaire chacun des nombres complexes suivants :
(a) 3i (d) (3 + i)2

(b) 2 − 2i (e) 5−i

(c) −1 + i 3 (f) (1 − i)4 /5
5. Écrire sous forme cartésienne chacun des nombres complexes suivants :

(a) 2ei21π/4 (b) 11ei15π/2 (c) −e−i200π (d) −3ei5π 2
6. Calculer le module et l’argument de chacun des nombres complexes suivants :
√ √
(a) u = ( 6 − i 2)/2 (c) u6 · v 8

(b) v = 1 − i (d) u3 /v 4
7. Écrire sous forme cartésienne et polaire chacun des nombres complexes suivants :
(a) 3i (c) e1+iπ/2

(b) ieln 3 (d) ln(3) + i

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 1. Le corps des nombres complexes et sa topologie 15

8. Trouver les solutions des équations suivantes :


(a) 2z 2 + 2z + 5 = 0 (d) z 2 − 2z + 5 = 0

(b) 5z 2 + 4z + 1 = 0 (e) z 4 − z 2 − 2 = 0

(c) z 2 − z + 1 = 0 (f) z 6 − z 3 − 2 = 0
9. Trouver toutes les solutions des équations suivantes et puis préciser leurs répartitions
dans le plan complexe.
(a) z 4 = 1 (d) z 5 = −32

(b) z 5 = 1 (e) z 7 = −1

(c) z 6 = 1 (f) z 6 = −64


π 1 1
10. Étant donné (2 + i)(3 + i), montrer que = tan−1 + tan−1 .
4 2 3
11. Monter que z est réel si et seulement si z = z.
12. Montrer que |z| = 1 si et seulement si 1/z = z.
13. Montrer que pour tout z ∈ C, |z| = |z|, | Re(z)| ≤ |z| et | Im(z)| ≤ |z|.

z−a
14. Si z, a ∈ C et |a| < 1, |z| ≤ 1, montrer que ≤ 1.
1 − az
15. Utiliser la formule de De Moivre pour montrer :
(a) cos(3x) = cos3 x − 3 cos x sin2 x (c) cos3 x = (3/4) cos x + (1/4) cos 3x
(b) sin(3x) = 3 cos2 x sin x − sin3 x (d) sin3 x = (3/4) sin x − (1/4) sin 3x
16. Si z, w ∈ C, montrer que :
(a) |z + w|2 + |z − w|2 = 2(|z|2 + |w|2 ) (c) |z + w| ≤ |z| + |w|

(b) |z + w|2 = |z|2 + |w|2 + 2 Re(zw) (d) ||z| − |w|| ≤ |z − w|


17. Démontrer les formules suivantes :
(a) (cos θ + i sin θ)n = cos(nθ) + i sin(nθ)
(b) arg(z1 z2 ) = arg(z1 ) + arg(z2 )
 
z1
(c) arg = arg(z1 ) − arg(z2 ) (z2 6= 0)
z2
18. Soit z un nombre complexe de module ρ, d’argument θ et soit z son conjugué.
Calculer (z + z) z 2 + z 2 ..... (z n + z n ) en fonction de ρ et θ.


19. Déterminer l’ensemble des points du plan complexe défini par :


(a) |1 + z| = 2|1 − z| 1
(d) Re (1/z) =
4

z − 3
(b) Im z 2 < 2 (e) <2
z + 3
π 3π
(c) |z| + Re z < 1 (f) − ≤ Arg (z + 1 − i) ≤
2 4

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


16 Section 1.5. Exercices

20. Illustrer géométriquement les ensembles suivants dans le plan complexe et identifier
parmi eux les ensembles ouverts, fermés, bornés et connexes.
Soit a = 1 − i.
(a) |z − a| = 3 (f) | Im(z − a)| < 3

(b) |z − a| < 3 (g) |z − a| = |z − a|

(c) |z − a| ≥ 3 (h) |z − i| + |z + i| = 3

(d) 2 < |z − a| < 3 (i) |z − a| + |z − a| < 3

(e) Re(z − a) = 3

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2. Différentiabilité d’une fonction complexe

Dans ce chapitre, nous allons introduire la notion d’une fonction d’une variable complexe,
à valeur complexe w = f (z) = f (x + iy) = u(x, y) + iv(x, y). Comme pour les fonc-
tions réelles d’une variable réelle, nous pouvons développer les notions de dérivées et
intégrales de fonctions complexes en se basant sur le concept fondamental de la limite.
Dans ce chapitre, notre objectif principal sera d’établir la relation entre les notions de
différentiabilité, d’holomorphie et d’analycité d’une fonction complexe. La différence
fondamentale entre l’analyse réelle et l’analyse complexe est que la géométrie du plan
complexe C est beaucoup plus riche que celle de la droite réelle R. Par exemple, les seules
parties connexes de R sont des intervalles, alors qu’il y a des sous-ensembles connexes
beaucoup plus compliqués dans C tel que la couronne. Dans R, quand on dit que x tend

vers x0 , cela signifie que x tends ver x+
0 (à droite) ou bien x tends ver x0 (à gauche). Ce-
pendant dans C, quand on dit que z tend vers z0 , cela a lieu sur une infinité de directions
dans R2 .

2.1 Fonction d’une variable complexe à valeur complexe

Soit S ⊂ C. Une fonction à valeur complexe f : S → C est une règle qui associe à chaque
nombre complexe z ∈ S un nombre complexe w. Ce nombre w est appelé la valeur de f
au point z, dénotée par f (z).
w = f (z) (1)

La partie S est appelée l’ensemble de définition de f .

Exemple 1. Voici des exemples de fonctions complexes et leurs domaines.


(1) f1 (z) = z 2 , Df1 = C (4) f4 (z) = sinh z, Df4 = C

(2) f2 (z) = Im z, Df2 = C (5) f5 (z) = |z|2 , Df5 = C


z+1
(3) f3 (z) = Arg z, Df3 = C (6) f6 (z) = 2 , Df6 = C \ {−i, i}
z +1

Partie réelle et partie imaginaire d’une fonction complexe

Si w = u + iv est la valeur de f au point z = x + iy, alors on peut écrire

w = f (z) = f (x + iy) = u(x, y) + iv(x, y). (2)

17
18 Section 2.2. Limite et continuité

Chacun des nombres réels u et v dépend de deux variables réelles x et y. Si v(x, y) = 0


pour tout x, y, alors la fonction f (z) est réelle, comme par exemple f (z) = |z|2 = x2 + y 2 .
Si z = reiθ , alors on peut écrire

w = f (z) = f (reiθ ) = u(r, θ) + iv(r, θ). (3)

Exemple 2. Si f (z) = z 2 , alors

f (x + iy) = (x + iy)2 = (x2 − y 2 ) + i(2xy).

Donc
u(x, y) = x2 − y 2 = Re(f ) et v(x, y) = 2xy = Im(f ).

Si on utilise la forme polaire de z, on obtient

f (reiθ ) = (reiθ )2 = r2 ei2θ = r2 cos(2θ) + ir2 sin(2θ).

Donc
u(r, θ) = r2 cos(2θ) = Re(f ) et v(r, θ) = r2 sin(2θ) = Im(f ).

La fonction f (z) = z 2 prend une seule valeur pour chaque z. On appelle une telle fonction
univaluée (univoque ). Cependant, comme on a vu dans chapitre 1, la fonction f (z) =
z 1/2 a deux images à chaque valeur de z autre que z = 0. La fonction f (z) = z 1/n a n
images à chaque valeur de z autre que z = 0. La fonction f (z) = arg z possède une infinité
dénombrable d’images à chaque valeur de z. On appelle ce type de fonctions, fonctions
multivaluées ( multivoques).
Dans la théorie des variables complexes, nous pouvons traiter une fonction multivaluée
comme une collection de fonctions univaluées. Chacune de ces fonctions univaluée est
appelée branche. Dans les exemples ci-dessus, f (z) = z 1/2 a deux branches, f (z) = z 1/n
possède n branches, et f (z) = arg z possède une infinité dénombrable de branches. Habi-
tuellement, nous choisissons une des branches comme la branche principale de la fonction
multivoques. Par exemple, Arg z est choisie comme la branche principale de f (z) = arg z.

2.2 Limite et continuité


Le concept le plus important dans l’analyse élémentaire est celui de la limite. Rappelons
que lim f (x) = L signifie intuitivement que les valeurs f (x) de la fonction f peuvent
x→x0
être faites arbitrairement proches du nombre réel L si les valeurs de x sont choisis suffi-
samment proches de x0 , mais différents de ce dernier. En analyse réelle, les concepts de
continuité, dérivabilité et intégrabilité sont définis en utilisant le concept de la limite. La
limite dans le plan complexe joue un rôle tout aussi important dans l’analyse complexe.
Le concept de limite d’une fonction complexe est similaire à celui d’une fonction réelle
dans le sens que lim f (z) = L signifie que la valeur f (z) de la fonction complexe f peut
z→z0

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 2. Différentiabilité d’une fonction complexe 19

être rendue arbitrairement proche du nombre complexe L si les valeurs de z sont choisis
suffisamment proche de z0 , mais différents de ce dernier. Bien que similaire, il y a une
importante différence entre ces deux concepts de limite. Dans R, il y a seulement deux
directions d’approches vers x0 , limite à gauche et limite à droite. Cependant dans le cas
complexe, il y a une infinité de directions où z peut approcher z0 . Pour qu’une limite com-
plexe existe, elle doit être la même pour n’importe qu’elle direction d’approche. Dans cette
section, nous allons définir la limite d’une fonction complexe, examiner certaines de ses
propriétés et introduire la notion de continuité pour les fonctions d’une variable complexe.

Limites

Définition 2.1. Soit D un domaine, z0 ∈ D et f : D −→ C. On dit que lim f (z) = l si


z→z0
et seulement si pour tout ε > 0, il existe δ > 0 tel que si z ∈ D et 0 < |z − z0 | < δ alors
|f (z) − l| < ε.

Remarque.

(1) f a une limite si elle tend vers la même limite suivant toutes les directions du plan.

(2) Pour prouver que f n’admet pas de limite en un point, il suffit de trouver deux
directions d’approches de ce point donnant deux limites différentes.

(3) Lorsque f (z) = u(x, y) + iv(x, y) on pose l = l1 + il2 , où l1 et l2 sont deux réels,
alors

|f (z) − l| = |u(x, y) − l1 + i (v(x, y) − l2 )| ≤ |u(x, y) − l1 | + |v(x, y) − l2 |

D’autre part, on a :
q
|u(x, y) − l1 | ≤ (u(x, y) − l1 )2 + (v(x, y) − l2 )2 = |f (z) − l|
q
|v(x, y) − l2 | ≤ (u(x, y) − l1 )2 + (v(x, y) − l2 )2 = |f (z) − l|

Ce qui montre que lim f (z) = l si et seulement si lim u(x, y) = l1 et


z→z0 (x,y)→(x0 ,y0 )
lim v(x, y) = l2.
(x,y)→(x0 ,y0 )

Exemple 3. f (z) = az + b avec a, b ∈ C, lim f (z) = az0 + b.


z→z0
ε
en effet, |f (z) − (az0 + b)| = |a (z − z0 )| < ε ⇒ |z − z0 | < = δ.
|a|

z
Exemple 4. Si f : C∗ → C avec f (z) = , alors lim f (z) n’existe pas.
z z→0
Soit z = x + iy, lorsque y = 0 et x → 0, on a

x + i0
lim f (z) = lim = 1.
z→0 z→0 x − i0

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20 Section 2.2. Limite et continuité

lorsque x = 0 et y → 0, on a

0 + iy
lim f (z) = lim = −1.
z→0 y→0 0 − iy

On a trouvé deux directions d’approche du point z0 = 0, telles que la fonction ne tend pas
vers la même limite, ce qui prouve que f n’admet pas de limite en z0 = 0.

Définition 2.2.
• On dit que f admet une limite l lorsque |z| tend vers +∞ si et seulement si

pour tout ε > 0 : il existe A > 0 tel que |z| > A ⇒ |f (z) − l| < ε.

• On dit que lim f (z) = +∞ si et seulement si :


z→z0

pour tout A > 0 : il existe δ > 0 tel que |z − z0 | < δ ⇒ |f (z)| > A.

• On dit que lim f (z) = +∞ si et seulement si :


z→+∞

pour tout A > 0 : il existe B > 0 tel que |z| > B ⇒ |f (z)| > A.

Continuité

Définition 2.3. Soit D ⊂ C un domaine, z0 ∈ D et f : D → C. On dit que la fonction f


est continue au point z0 de D si

lim f (z) = f (z0 ).


z→z0

On dit que f est continue sur D si f est continue en tout z0 de D.

Remarque. lim f (z) = f (z0 ) veut dire que :


z→z0

1. f admet une limite finie en z0 ,


2. f est définie en z0 ,
3. lim f (z) = f (z0 ).
z→z0

Les propriétés de continuité d’une fonction complexe sont similaires à celles d’une fonction
d’une variable réelle.

Proposition 2.4. (1) Si f et g sont deux fonctions continues en z0 , alors les fonctions :
f
(a) f + g, (b) f g, (c) f ◦ g (d) si g(z0 ) 6= 0
g
sont continues en z0 .
(2) f (z) = u(x, y) + iv(x, y) est continue en z0 = (x0 , y0 ) si et seulement si les fonctions
réelles u(x, y) et v(x, y) sont continues en (x0 , y0 ).

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 2. Différentiabilité d’une fonction complexe 21

Exemple 5.
(1) La fonction f (z) = z = x − iy est continue sur C car les fonction u(x, y) = x et
v(x, y) = −y sont continues en tout point z0 = (x0 , y0 ) ∈ C.
(2) f : C → C, f (z) = z 2 si z 6= i et f (z) = 0 si z = i .
Cette fonction est discontinue en z0 = i car lim f (z) = −1 6= f (i) = 0.
z→i
z
(3) La fonction f (z) = est continue en tout point z0 de C sauf en z0 = ±i.
1 + z2
(4) La fonction f (z) = Arg(z) est continue dans C \ (−∞, 0].

F IGURE 2.1: Log z est discontinue sur l’axe réel négatif et z = 0.

Théorème 2.5.
(1) Les fonctions polynômiales sont continues sur tout le plan complexe C.
(2) Les fonctions rationnelles sont continues sur leurs domaines de définition.

2.3 Différentiabilité, analycité et holomorphie


L’analyse complexe traite des concepts familiers comme les dérivées et les intégrales de
fonctions complexes. Dans cette section, nous allons donner la définition de la dérivée
d’une fonction complexe f (z). Bien que de nombreux concepts semblent familiers, tels que
les formules du produit et quotient, il y a des différences importantes entre les concepts
d’analyse complexe et ceux d’analyse réelle. Nous verrons que, hormis la similitude dans la
définition, il y a une différence de fond entre la dérivée réelle f 0 (x) et la dérivée complexe
f 0 (z) ou plus précisément entre R–différentiabilité et C–différentiabilité.

C-différentiabilité
Soient D ⊂ C un ouvert et f : D → C une fonction complexe. On dit que f est C–
différentiable en z0 ∈ D si

f (z) − f (z0 )
f 0 (z0 ) = lim
z→z0 z − z0

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


22 Section 2.3. Différentiabilité, analycité et holomorphie

pourvu que la limite existe. Notons que la limite doit exister dans toute direction du plan
complexe C. On dit alors que f 0 (z0 ) est la dérivée de f en z0 .
Si on pose ∆z = z − z0 avec ∆z = ∆x + i∆y, alors f est C–différentiable en z0 est
équivalent à
f (z0 + ∆z) − f (z0 )
f 0 (z0 ) = lim
∆z→0 ∆z
existe.

Exemple 6.
(1) f (z) = z 2 est dérivable en tout point z0 de C. En effet,

f (z) − f (z0 ) z 2 − z02


lim = lim = lim (z + z0 ) = 2z0 = f 0 (z0 ).
z→z0 z − z0 z→z0 z − z0 z→z0

(2) On peut utiliser un argument d’induction pour montrer que (z n )0 = nz n−1 pour tout
n ∈ Z. Plus tard on montrera que sous certaines conditions, (z α )0 = αz α−1 pour
α ∈ C.
(3) La fonction f (z) = z n’est pas dérivable en tout point z0 de C. Puisque,
(
f (z0 + ∆z) − f (z0 ) ∆z +1 si ∆y = 0
lim = lim =
∆z→0 ∆z ∆z→0 ∆z −1 si ∆x = 0

Proposition 2.6. Toute fonction f différentiable en un point z0 est continue au point z0 .

Démonstration. Supposons que f est différentiable au point z0 . Alors,

f (z) − f (z0 )
lim (f (z) − f (z0 )) = lim · (z − z0 )
z→z0 z→z0 z − z0
f (z) − f (z0 )
= lim · lim (z − z0 )
z→z0 z − z0 z→z0

= lim f 0 (z0 ) · lim (z − z0 ) = 0


z→z0 z→z0

Donc lim f (z) = f (z0 ) montre que f est continue au point z0 . 


z→z0

Proposition 2.7. Soient f, g : D −→ C deux fonctions dérivables sur l’ouvert D ⊂ C et


c ∈ C, une constante. Alors on a

(1) (c)0 = 0

(2) (cf )0 = cf 0

(3) (f ± g)0 = f 0 ± g 0

(4) (f g)0 = f 0 g + f g 0
 0
f f 0g − f g0
(5) = quand g(z) 6= 0
g g2

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 2. Différentiabilité d’une fonction complexe 23

(6) (f ◦ g)0 = [f (g)]0 = f 0 (g)g 0 .

Démonstration. La démonstration est similaire à celle du cas réel. Nous donnons seule-
ment la démonstration de la dernière propriété. Soient h = f ◦ g et α0 = f (z0 ). Alors pour
z (resp. α) assez proche de z0 (resp. α0 ) , on peut écrire

f (α) − f (α0 ) = f 0 (α0 ) + ε1 (α) (α − α0 )




g(z) − g(z0 ) = g 0 (z0 ) + ε2 (z) (z − z0 )




où lim ε1 (α) = 0 et lim ε2 (z) = 0. Posons α = g(z), alors on obtient


α→α0 z→z0

h(z) − h(z0 )
= f 0 (g(z0 )) + ε1 (g(z)) (g(z) − g(z0 )) .

z − z0

Puisque g est dérivable en z0 , elle est continue en z0 , ce qui donne

h0 (z0 ) = f 0 (g(z0 ))g 0 (z0 ).

Exemple 7. Trouver les dérivées des fonctions suivantes :


z2
(a) f (z) = 4z 3 − 3z 2 + πz + 11 (b) f (z) = (c) f (z) = (iz 3 + 3z)5
3z + 1
Réponse.
3z 2 + 2z
(a) f 0 (z) = 12z 2 − 6z + π (b) f 0 (z) = (c) f 0 (z) = 5(iz 3 + 3z)4 (3iz 2 + 3)
(3z + 1)2

Fonctions holomorphes ou analytiques


Définition 2.8. Soit w = f (z) on dit que la fonction f :
• est holomorphe ou analytique en un point z0 d’un domaine D si elle est dérivable
aussi bien au point z0 lui-même que dans un certain voisinage de ce point. On dit
aussi que f est analytique en z0 si elle est développable en une série entière au
voisinage de z0 .

• est analytique dans un domaine D si elle est analytique en tout point de D.

• est entière si elle est analytique en tout point z ∈ C.

• possède une singularité ou bien un point singulier en z0 si f n’est pas analytique


au point z0 .

• possède une singularité isolée en z0 si f n’est pas analytique au point z0 et il existe


un r > 0 tel que f soit analytique dans le disque épointé D(z0 , r) \ {0}.

Remarque.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


24 Section 2.4. Conditions de Cauchy-Riemann et Fonctions Harmoniques

1. L’holomorphie et l’analycité sont des concepts équivalents. Beaucoup de mathéma-


ticiens les utilisent comme synonymes.

2. Il est clair que sur un domaine D : f analytique ⇐⇒ f est holomorphe.

3. La région d’analycité ne contient que des points intérieurs, donc les fonctions analy-
tiques sont définies seulement dans des domaines (ouverts et connexes).

4. La fonction f (z) = |z|2 est différentiable seulement au point z0 = 0. Mais cette


fonction n’est pas analytique au point z0 = 0 car il n’existe pas de voisinage de
z0 = 0 ou la fonction est différentiable. On a donc : analycité =⇒ différentiabilité
mais la réciproque est fausse.

5. La fonction g(z) = z 2 est partout différentiable. Elle donc elle est analytique pour
tout z ∈ C et est par conséquent entière.

6. La fonction g(z) = z est partout non-différentiable. Elle est donc partout non-
analytique.

7. Puisque la dérivée d’un polynôme existe pour tout z ∈ C, tout polynôme est une
fonction entière.
1
8. La fonction f (z) = est analytique partout sauf au point z = 0, donc z = 0 est une
z
singularité isolée de f .

Théorème 2.9.
(1) Une fonction polynômiale p(z) = a0 + a1 z + · · · + an z n où n ∈ N, est une fonction
entière.
p(z)
(2) Si f (z) = où p et q sont des polynômes, alors f est analytique dans tout domaine
q(z)
D ne contenant aucun zéro du polynôme q. Les zéros de q sont tous des singularités
isolées de f .

2.4 Conditions de Cauchy-Riemann et Fonctions Harmoniques

Conditions de Cauchy-Riemann
Dans la section précédente, nous avons vu qu’une fonction f d’une variable complexe
z est analytique en un point z lorsque f est différentiable en tout point d’un voisinage
de z. Cette exigence est plus stricte que la différentiabilité en un point car une fonction
complexe peut être différentiable en un point z mais non analytique nulle part ailleurs.
Une fonction f est analytique dans un domaine D si f est différentiable en tout point de
D. Nous allons maintenant développer un moyen pour tester l’analycité d’une fonction
complexe f (z) = u(x, y) + iv(x, y), basé sur les dérivées partielles de ses parties réelles et
imaginaires u et v.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 2. Différentiabilité d’une fonction complexe 25

Une condition nécessaire d’analycité.


Dans le théorème suivant, on va donner une condition nécessaire de dérivabilité d’une
fonction f (z) en un point z0 .

Théorème 2.10 (Théorème de Cauchy-Riemann). Soit f (z) = u(x, y) + iv(x, y) une


fonction définie et continue sur un voisinage de z0 . Si f est C-différentiable en z0 = x0 + iy0 ,
alors u et v admettent en (x0 , y0 ) des dérivées partielles premières par rapport à chacune de
leurs variables, et on a :

ux (x0 , y0 ) = vy (x0 , y0 ) (CCR-1)


uy (x0 , y0 ) = −vx (x0 , y0 )

Ces deux conditions sont appelées conditions de Cauchy-Riemann.

Démonstration. Par hypothèse f est dérivable en z0 , donc f 0 (z0 ) existe. Pour démontrer
les conditions de Cauchy-Riemann, on va procéder comme suit :

f (z) − f (z0 )
f 0 (z0 ) = lim
z→z0 z − z0
u(x, y) − u (x0 , y0 ) v(x, y) − v (x0 , y0 )
= lim +i
(x,y)→(x0 ,y0 ) (x − x0 ) + i (y − y0 ) (x − x0 ) + i (y − y0 )

Fixons y = y0 . Alors,

u(x, y) − u (x0 , y0 ) v(x, y) − v (x0 , y0 )


f 0 (z0 ) = lim +i
x→x0 (x − x0 ) (x − x0 )
∂u ∂v
= (x0 , y0 ) + i (x0 , y0 ) .
∂x ∂x

Fixons x = x0 . Alors,

u(x, y) − u (x0 , y0 ) v(x, y) − v (x0 , y0 )


f 0 (z0 ) = lim +i
y→y0 i (y − y0 ) i (y − y0 )
∂u ∂v
= −i (x0 , y0 ) + (x0 , y0 ) .
∂y ∂y

f (z) − f (z0 )
Puisque la limite de est unique suivant toutes les directions, on obtient les
z − z0
conditions de Cauchy-Riemann en égalant les deux résultats. 

La formule de f 0 (z).
L’expression de f 0 (z) est donnée en fonction de u et v comme suit :

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26 Section 2.4. Conditions de Cauchy-Riemann et Fonctions Harmoniques

∂u ∂v
f 0 (z) = +i = ux + ivx
∂x ∂x
∂v ∂v
= +i = vy + ivx
∂y ∂x
∂u ∂u
= −i = ux − iuy
∂x ∂y
∂v ∂u
= −i = vy − iux
∂y ∂y

Exemple 8. Montrer que f (z) = z = x − iy n’est pas C–différentiable.

Solution. f (z) = z = x − iy, on a ux = 1 6= −1 = vy . Donc la fonction f n’est pas


C–différentiable pour tout z ∈ C.

Attention. La réciproque du théorème précédent est fausse. On peut vérifier que les
conditions de Cauchy-Riemann sont satisfaites pour

f (z) = |z|2 = x2 + y 2

en z = 0 mais f n’est pas C–différentiable en z = 0.

Exemple 9. Montrer que conditions de Cauchy-Riemann sont satisfaites pour f (z) = z 2 +z


en tout point du plan complexe C.

Solution. f (z) = z 2 + z = (x2 − y 2 + x) + i(2xy + y). Donc u(x, y) = x2 − y 2 + x et


v(x, y) = 2xy + y. Les équations de Cauchy-Riemann

ux = 2x + 1 = vy et uy = −2y = −vx

sont satisfaites pour point du plan complexe C.

Critère de non-analycité
Si les conditions de Cauchy-Riemann ne sont pas satisfaites en tout point d’un certain
domaine D, alors la fonction f (z) = u(x, y) + iv(x, y) n’est pas analytique dans D.

Exemple 10. Montrer que la fonction f (z) = 2x2 + y + i(y 2 − x) est différentiable sur la
ligne y = 2x mais est nulle part analytique.

Solution. Les conditions de Cauchy-Riemann sont

ux = 4x et vy = 2y
uy = 1 et vx = −1

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Chapitre 2. Différentiabilité d’une fonction complexe 27

Notons que uy = −vx mais ux = vy est satisfaite seulement si y = 2x. Cependant, pour
tout point z sur la ligne y = 2x il n’existe aucun voisinage de z où les équations de Cauchy-
Riemann sont satisfaites. On conclut donc que f est nulle part analytique.

Une condition suffisante d’analycité. Seules, les équations de Cauchy-Riemann ne ga-


rantissent pas l’analycité d’une fonction f (z) = u(x, y) + iv(x, y) en un point z = x + iy.
Il est possible que les équations de Cauchy-Riemann soient satisfaites en un point z et
pourtant f (z) peut être non différentiable en z, où f (z) peut être différentiable en z, mais
nulle part ailleurs. Dans les deux cas, f n’est pas analytique en z. Cependant, lorsque on
ajoute la condition de continuité de u et v et celles des quatre dérivées partielles ux , uy , vx
et vy , on peut montrer que les équations de Cauchy-Riemann ne sont pas seulement néces-
saires mais elles sont aussi suffisantes pour garantir l’analycité de f (z) = u(x, y) + iv(x, y)
au point z. La démonstration étant longue et compliquée, nous indiquons ci-dessous le
résultat seulement.

Théorème 2.11 (Réciproque du théorème de Cauchy-Riemann).


Soit D un domaine, f : D → C une fonction continue et f (x + iy) = u(x, y) + iv(x, y).
Supposons que les fonctions réelles u(x, y) et v(x, y) sont continues et ont des dérivées par-
tielles ux , uy , vx et vy continues dans D. Si de plus u et v satisfont les conditions de Cauchy-
Riemann ux = vy et uy = −vx en tout point z = x + iy ∈ D, alors la fonction com-
plexe f (x + iy) = u(x, y) + iv(x, y) est analytique dans D et sa dérivée est donnée par
f 0 (x + iy) = ux (x, y) + ivx (x, y).

Exemple 11. Montrer que f : C → C définie par f (z) = z 2 est entière et que f 0 (z) = 2z.

Solution. f (z) = z 2 = (x2 − y 2 ) + i(2xy) donc u(x, y) = x2 − y 2 et v(x, y) = 2xy sont


continument différentiables et de plus

ux = 2x = vy et uy = −2y = −vx

qui monte que les conditions de Cauchy Riemann sont satisfaites pour z = x + iy ∈ C.
D’après le théorème précèdent f (z) = z 2 est entière. En outre on a

f 0 (z) = ux + ivx = 2x + i2y = 2z.

x y
Exemple 12. Montrer que f (z) = −i 2 est analytique dans C − {0}.
x2
+y 2 x + y2
x y
Solution. Les fonctions u(x, y) = 2 2
et v(x, y) = − 2 sont partout continues
x +y x + y2
sauf pour x = y = 0, c’est à dire, sauf pour z = 0. En outre, on a

y 2 − x2 −2xy
ux = = vy et uy = = −vx ,
(x2 + y 2 )2 (x2+ y 2 )2

qui montrent que ux , uy , vx et vy sont partout continues sauf pour z = 0 et que les condi-
tions de Cauchy–Riemann sont vérifiées. Alors, d’après le théorème précédent, la fonction

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28 Section 2.4. Conditions de Cauchy-Riemann et Fonctions Harmoniques

f est analytique en tout point du domaine D qui ne contient pas z = 0.

Fonction non analytique mais dérivable sur une ligne


D’après l’exemple 10 la fonction f (z) = 2x2 +y +i(y 2 −x) est nulle part analytique, cepen-
dant les conditions de Cauchy-Riemann étaient satisfaites sur la ligne y = 2x. Puisque les
fonction u = 2x2 + y, v = y 2 − x, ux = 4x, vx − 1, uy = 2y, vy = 1 sont continues pour tout
z ∈ C, alors f est dérivable sur la ligne y = 2x. De plus f 0 (z) = ux + ivx = 4x − i = 2y − i.

Proposition 2.12. Soit f (z) = u(x, y) + iv(x, y) une fonction holomorphe sur un ouvert D
connexe de C. Alors les propriétés suivantes sont équivalentes :

(1) f est constante,

(2) u(x, y) est constante,

(3) v(x, y) est constante,

(4) |f | est constante,

(5) f 0 = 0 .

Démonstration. (1) ⇒ (2) : il est clair que si f est une fonction constante, alors les parties
réelle et imaginaire sont constantes.
(2) ⇒ (3) : si u(x, y) = constante, alors ux = vy = 0 ce qui implique que vx = vy = 0, et
par conséquent v(x, y) = constante.
(3) ⇒ (4) : la preuve est similaire à celle de (2) ⇒ (3).
(4) ⇒ (1) : on a |f |2 = u2 + v 2 = constante. En dérivant par rapport à x puis à y, et en
utilisant les conditions de Cauchy Riemann, on trouve

uux − vuy = 0
vux + uuy = 0

La résolution de ce système donne

|f |2 ux = 0 et |f |2 uy = 0

Comme |f | =
6 0, il en résulte ux = uy = vx = vy = 0, ce qui prouve que u(x, y) = v(x, y) =
constante. D’où f est constante. 

Opérateur d-bar

Les équations de Cauchy Riemann peuvent être écrites comme une seule équation en

introduisant l’opérateur appelé le «d-bar» opérateur.
∂z

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Chapitre 2. Différentiabilité d’une fonction complexe 29

Soit ϕ : U → R une fonction dérivable et U un ouvert dans R2 . On défini les opérateurs


différentiels suivant :
   
∂ϕ 1 ∂ϕ ∂ϕ ∂ϕ 1 ∂ϕ ∂ϕ
:= −i et := +i .
∂z 2 ∂x ∂y ∂z 2 ∂x ∂y

En outre si u, v sont des fonctions dérivables dans U , on défini

∂ ∂u ∂v ∂ ∂u ∂v
(u + iv) := +i et (u + iv) := +i .
∂z ∂z ∂z ∂z ∂z ∂z
Avec cette notation, si f = u + iv est holomorphe dans un ouvert U ⊂ C et en utilisant les
équations de Cauchy Riemann on a

∂f ∂ ∂u ∂v
= (u + iv) = +i
∂z ∂z ∂z ∂z
 
1 ∂u ∂u 1 ∂v ∂v
= +i +i +i
2 ∂x ∂y 2 ∂x ∂y
   
1 ∂u ∂v 1 ∂u ∂v
= − +i +
2 ∂x ∂y 2 ∂y ∂x
= 0 + i0 = 0,

nous avons aussi,

∂f ∂ ∂u ∂v
= (u + iv) = +i
∂z ∂z ∂z ∂z
 
1 ∂u ∂u 1 ∂v ∂v
= −i +i −i
2 ∂x ∂y 2 ∂x ∂y
   
1 ∂u ∂v 1 ∂u ∂v
= + +i − +
2 ∂x ∂y 2 ∂y ∂x
   
1 ∂u 1 ∂v
= 2 +i 2
2 ∂x 2 ∂x
∂u ∂v
= +i = f 0.
∂x ∂x

On peut donc résumer le résultat ci-dessus par le théorème suivant.

Théorème 2.13. Soit U un ouvert de C, Si f : U → C est holomorphe alors,

∂f ∂f
=0 et = f 0 (z).
∂z ∂z

Remarque. Nous devons penser aux fonctions holomorphes comme fonctions indépen-
dantes de z.

Exemple 13. Utiliser théorème 2.13 pour vérifier que la fonction f (z) = z 2 est entière et
que f 0 (z) = 2z.

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30 Section 2.4. Conditions de Cauchy-Riemann et Fonctions Harmoniques

Réponse. f (z) = z 2 = (x2 − y 2 ) + i(2xy) donc

∂f ∂ 2 ∂(x2 − y 2 ) ∂(2xy)
= (x − y 2 + i2xy) = +i
∂z ∂z  ∂z  ∂z
1 ∂ ∂ 1 ∂ ∂
= +i (x2 − y 2 ) + i +i (2xy)
2 ∂x ∂y 2 ∂x ∂y
1 1
= (2x − 2iy) + i (2y + 2ix) = 0.
2 2

Cela montrer qu’on effet f (z) = z 2 est entière.

∂f ∂ 2 ∂(x2 − y 2 ) ∂(2xy)
= (x − y 2 + i2xy) = +i
∂z ∂z  ∂z  ∂z
1 ∂ ∂ 1 ∂ ∂
= −i (x2 − y 2 ) + i −i (2xy)
2 ∂x ∂y 2 ∂x ∂y
1 1
= (2x + i2y) + i (2y − 2ix)
2 2
= 2x + 2iy = 2z.

Donc f 0 (z) = 2z.

Exemple 14. Considérons les fonctions suivantes :


∂f
(1) La fonction f (z) = z est nulle part analytique car pour tout z ∈ C,= 1 6= 0.
∂z
(2) La fonction g(z) = |z|2 = zz est non-analytique dans C \ {0} car pour tout z ∈ C,
∂g
= z 6= 0 si z ∈ C \ {0} .
∂z
∂h
(3) La fonction h(z) = z 2 est entière car = 0 pour tout z ∈ C.
∂z
1
Exemple 15. Étudier la dérivabilité de la fonction : f : C∗ → C, où f (z) = + z Re z.
z
Méthode 1 : En utilisant théorème (2.13),

1 1 z+z ∂f z
On a : f (z) = + z Re z = + z et donc = 6= 0, pour tout z ∈ C∗ .
z z 2 ∂z 2
Ce qui montre que f n’est pas dérivable sur C∗ .
Méthode 2 En utilisant les équations de Cauchy Riemann.
Après des simplifications, on trouve :

x 1 + x3 + xy 2 y −1 + x3 + xy 2
 
f (z) = +i = u(x, y) + iv(x, y)
x2 + y 2 x2 + y 2
∂u −x2 + y 2 + 2x5 + 4x3 y 2 + 2xy 4
(x, y) =
∂x (x2 + y 2 )2
∂v −x2 + y 2 + x5 + 2x3 y 2 + xy 4
(x, y) = .
∂y (x2 + y 2 )2

∂u ∂v
On a (x, y) 6= (x, y), pour tout (x, y) ∈ R2∗ , ce qui prouve que f n’est pas dérivable
∂x ∂y
sur C∗ .

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 2. Différentiabilité d’une fonction complexe 31

Remarque. Si f ne contient pas le terme z, alors f 0 (z) ne contient pas z, on a donc f 0 (z)
est aussi dérivable. Par récurrence, on a le résultat important suivant :

Théorème 2.14. Si D ⊂ C est un domaine et f est dérivable dans D, alors f est infiniment
dérivable dans D. En d’autres termes si f est analytique dans D, alors

f 0 , f 00 , . . . , f (n) , . . .

sont toutes analytiques dans D pour tout n ∈ N.

Remarque. Il n’y a pas de résultat analogue pour les fonctions réelles.

Conditions de Cauchy-Riemann en coordonnées polaires

Proposition 2.15. Soit f une fonction analytique en z0 . Alors les équations de Cauchy Rie-
mann en coordonnées polaires s’écrivent sous la forme :

∂u 1 ∂v ∂v 1 ∂u
= et =− . (4)
∂r r ∂θ ∂r r ∂θ

Démonstration. Posons z = reiθ où x = r cos θ, y = r sin θ, on a donc θ = arg z et |z| = r.


D’autre part, il est clair que pour f (z) = u(x, y) + iv(x, y) :

∂u ∂u 1 ∂u
= cos θ − sin θ,
∂x ∂r r ∂θ
∂u ∂u 1 ∂u
= sin θ + cos θ,
∂y ∂r r ∂θ
∂v ∂v 1 ∂v
= cos θ − sin θ,
∂x ∂r r ∂θ
∂v ∂v 1 ∂v
= sin θ + cos θ.
∂y ∂r r ∂θ

En utilisant maintenant (CCR-1), on trouve


   
∂u ∂v ∂u 1 ∂v ∂v 1 ∂u
= ⇔ − cos θ − + sin θ = 0
∂x ∂y ∂r r ∂θ ∂r r ∂θ
   
∂u ∂v ∂u 1 ∂v ∂v 1 ∂u
=− ⇔ − sin θ + + cos θ = 0
∂y ∂x ∂r r ∂θ ∂r r ∂θ

La résolution de ce système nous donne exactement (4). 

Corollaire 2.16. Si f (z) = f (reiθ ) = u(r, θ) + iv(r, θ), la forme polaire de f 0 (z) devient

1
f 0 (z) = e−iθ (ur + ivr ) = e−iθ (vθ − ivθ ) (5)
r

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


32 Section 2.4. Conditions de Cauchy-Riemann et Fonctions Harmoniques

Fonctions harmoniques
On a vu que quand une fonction complexe f (z) = u(x, y) + iv(x, y) est analytique en un
point z, alors tous les dérivés de f : f 0 , f 00 , f 000 , . . . sont également analytiques en z. Par
conséquent, on peut conclure que tous les dérivées partielles des fonctions réelles u(x, y)
et v(x, y) sont continues en z. De la continuité des dérivées partielles nous savons alors
que les dérivées partielles mixtes de second ordre sont égales, c’est à dire uxy = uyx et
vxy = vyx . La combinaison de ce fait et les équations de Cauchy–Riemann sera utilisée dans
cette section pour démontrer l’existence d’un lien entre les parties réelles et imaginaires
d’une fonction analytique f (z) = u(x, y) + iv(x, y) et ses dérivées partielles du second
ordre.

Définition 2.17. Soient U un ensemble de R2 et f une application de U dans R. La


∂f ∂f ∂ 2 f
fonction f est dite de classe C 2 sur U si les dérivées partielles , , existent et
∂x ∂y ∂x∂y
sont continues pour tout x, y de U . On note par f ∈ C 2 (U, R).

Définition 2.18. Soit f ∈ C 2 (U, R). On dit que f est harmonique dans U si pour tout
(x, y) ∈ U on a :
∂2f ∂2f
+ = 0.
∂x2 ∂y 2
∂2f ∂2f
Notation 1. La fonction ∆f = ∇2 f = + est appelée le Laplacien de f .
∂x2 ∂y 2
∂2f ∂2f
On peut le noter aussi par ∆f = fxx + fyy où fxx = et fyy = .
∂x2 ∂y 2
Exemple 16. f : R2 → R, où f (x, y) = e−y sin x. Il est clair que cette fonction est dans
C 2 R2 , R , de plus


∂2f ∂2f
2
= fxx = −ey sin x et = fyy = ey sin x.
∂x ∂y 2

Le laplacien ∆f = fxx + fyy = 0, ce qui montre que cette fonction est harmonique.

Le théorème suivant donne une condition nécessaire de la dérivabilité d’une fonction.

Théorème 2.19. Soit f (z) = u(x, y) + iv(x, y) une fonction holomorphe sur D ⊂ C. Alors
les fonctions réelles u(x, y) et v(x, y) sont harmoniques.

Démonstration. La fonction f est holomorphe, donc les équations de Cauchy Riemann


sont satisfaites

ux = vy ⇒ uxx = vxy
uy = −vx ⇒ uyy = −vxy

et donc ∆u = uxx + uyy = 0. Ce qui prouve que la fonction réelle u(x, y) est harmonique.
Pour montrer que v(x, y) est harmonique on procède exactement de la même manière. 

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 2. Différentiabilité d’une fonction complexe 33

Exemple 17. La fonction w = f (z) = z 2 = (x2 − y 2 ) + i(2xy) est entière et donc les
fonctions u(x, u) = x2 − y 2 et v(x, y) = 2xy sont nécessairement harmoniques sur tout
domaine U ⊂ C. En effet

uxx + uyy = 2 − 2 = 0 et vxx + vyy = 0 − 0 = 0.

Conjuguée harmonique
Si f (z) = u(x, u) + iv(x, y) est holomorphe dans un domaine D, alors u et v sont har-
moniques dans D. Maintenant, supposons que u(x, y) est une fonction réelle harmonique
dans D. Si on peut trouver une fonction v(x, y) telle que u(x, y) + iv(x, y) est holomorphe
dans D, alors v(x, y) sera apellée la fonction conjuguée harmonique de u(x, y).

Exemple 18.
(a) Vérifier que la fonction u(x, y) = x3 − 3x2 y − 5y est harmonique dans C.
(b) Trouver la conjuguée harmonique de u.

Réponse.
(a) On a ux = 3x2 − 6xy, uxx = 6x, uy = −6xy − 5, uyy = −6x, donc uxx + uyy = 0 .
(b) En utilisant les équations de Cauchy-Riemann on a :
vy = ux = 3x2 − 6xy et vx = −uy = 6xy + 5. En intégrant la première équation par
rapport à y on obtient, v(x, y) = 3x2 y − y 3 + h(x).
Maintenant vx = 6xy + h0 (x) = −uy = 6xy + 5 nous donne que h0 (x) = 5 et donc
h(x) = 5x + C. Donc la fonction harmonique conjuguée est

v(x, y) = 3x2 y − y 3 + 5x + C.

et la fonction analytique est donc

f (z) = (x3 − 3x2 y − 5y) + i(3x2 y − y 3 + 5x + C).

Exemple 19. Trouver en fonction de z la fonction entière h(z) dont la partie réelle est
u(x, y) = x3 − 3xy 2 − 5y et h(0) = 0.

Réponse : Puisque h est entière, elle satisfait les équations de Cauchy Riemann et on a :
h0 (z) = ux +ivx = ux −iuy = (3x2 −3y 2 )−i(−6xy −5) = 3[(x2 −y 2 )+i(2xy)]+5 = 3z 2 +5.
Donc h(z) = z 3 + 5z + C et puisque h(0) = 0 alors h(z) = z 3 + 5z qui est en effet une
fonction entière étant un polynôme.

2.5 Exercices
1. En utilisant la définition de la limite, montrer que :
2z + 1
(a) lim =1 (b) lim |z| = 5
z→1 z + 2 z→(3−4i)

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34 Section 2.5. Exercices

2. Calculer les limites suivantes :


z 2 + 3iz − 2 cos(2z) e2z + 1
(a) lim (b) limπ (c) lim
z→i z+i z→ 4 cosh(iz) + i sinh(iz) π ez + i
z→− i
2
3. Montrer que les fonctions suivantes sont continues sur C :
(a) f1 (z) = z (b )f2 (z) = Re z (c) f3 (z) = Im z (d) f4 (z) = ez .

4. Montrer que les équations de Cauchy Riemann en coordonnées polaires s’écrivent


sous la forme :

∂u 1 ∂v ∂v −1 ∂v
= et = , avec f (z) = u(x, y) + iv(x, y).
∂r r ∂θ ∂r r ∂θ
Déterminer si les fonctions suivantes sont analytiques.

5. f1 (z) = 5z + 2z

6. f2 (z) = 3|z|2 − 2z

7. f3 (z) = zez
1
8. f4 (z) =
z
9. f5 (z) = |z| + i Re z

10. f6 (z) = e−x (x sin y − y cos x) + ie−x (y sin y + x cos y)

Montrer que les fonctions suivante sont nulle part analytiques.


11. f (z) = Re(z) 14. f (z) = z 2

12. f (z) = y + ix 15. f (z) = x2 + y 2


x y
13. f (z) = 3z − 5z + 7 16. f (z) = +i 2
x2 + y 2 x + y2

Montrer que les fonctions sont analytiques. Donner le domaine d’analycité.

17. f (z) = ex cos y + iex sin y

18. f (z) = (x + sin x cosh y) + i(y + cos x sinh y)


2 −y 2 2 −y 2
19. f (z) = ex cos(2xy) + iex sin(2xy)

20. f (z) = (4x2 + 5x − 4y 2 + 9) + i(8xy + 5y − 1)


x−1 y
21. f (z) = 2 2
−i
(x − 1) + y (x − 1)2 + y 2

x3 + xy 2 + x x2 y + y 3 − y
22. f (z) = + i
x2 + y 2 x2 + y 2

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 2. Différentiabilité d’une fonction complexe 35

23. Soit f (z) = u(x, y) + iv(x, y) une fonction holomorphe sur un ouvert D connexe
de C. Supposons que c1 u(x, y) + c1 v(x, y) = c3 dans D (cj , j = 1, 2, 3 étant des
constantes réelles non toutes nulles). Montrer que f est constante dans D.
Monter que La fonction donnée u(x, y) est harmonique dans un domaine approprié
D. Trouver une conjuguée harmonique v(x, y) de u.
24. u(x, y) = x 26. u(x, u) = x2 − y 2

25. u(x, y) = y 27. u(x, u) = 2x − 2xy

28. Trouver la fonction holomorphe f (z) si l’on connait :


(a) Re f = u(x, y) = 2ex cos y, avec f (0) = 2
(b) Im f = v(x, y) = 3x + 2xy, avec f (−i) = 2
y
(c) Im f = v(x, y) = arctan , avec x > 0 et f (1) = 0
x
(d) Re f = u(x, y) = cos x cosh y.

29. Soient f et g deux fonctions holomorphes sur l’ouvert et connexe D. On suppose que
g 6= 0 sur D et f (z).g(z) ∈ R sur D. Prouver qu’il existe λ ∈ R tel que f (z) = λg(z),
pour tout z ∈ D.

30. Soit la fonction f : C → C, définie par f (z) = z et soit D un ouvert de C tel que
f (D) ⊂ D. Soient g une fonction holomorphe sur D et ψ = f ◦ g ◦ f . Prouver que ψ
est holomorphe sur D.

31. On pose θ(z) = y + ix. Soient D un ouvert de C avec θ(D) ⊂ D, f holomorphe sur
D et g : C → C, telle que g(z) = f (θ(z)). Montrer que g est holomorphe sur D.

(a) Montrer que u(x, y) = e−x (x sin y − y cos x) est harmonique.


(b) Déterminer v(x, y) telle que f (z) = u(x, y) + iv(x, y) soit holomorphe avec
f (0) = 0.
(c) Donner l’expression de f en fonction de z par trois méthodes différentes.

32. Montrer que si f (z) = f (reiθ ) = u(r, θ) + iv(r, θ), la forme polaire de f 0 (z) est

1
f 0 (z) = e−iθ (ur + ivr ) = e−iθ (vθ − ivθ )
r

33. Soit f (z) = u(x, y) + iv(x, y) une fonction holomorphe sur un domaine D de C.
Supposons que c1 u(x, y) + c1 v(x, y) = c3 dans D (cj , j = 1 à 3 étant des constantes
réelles non toutes nulles). Montrer que f est constante dans D.

34. Est-ce que la fonction v(x, y) = (x2 + 1)y 2 peut former la partie imaginaire de la
fonction holomorphe f (z) = u(x, y) + iv(x, y) ?

35. Pour x, y ∈ R, on pose f (z) = x2 + ixy 3 . Existe-t-il un ouvert non vide U de C tel
que f |U soit holomorphe ?

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


36 Section 2.5. Exercices

36. Soit U = {z ∈ C; Re(z) > 0}. Si z = x + iy ∈ U , avec x, y ∈ R. Monter que


y
f (z) = ln |z| + i arctan est holomorphe sur U.
x
37. Soit U un ouvert connexe de C. Déterminer toutes les applications f holomorphes
sur U qui vérifient Im f (z) = [Re f (z)]2 pour tout z ∈ U .

38. Montrer que si les fonctions holomorphes f (z) et g(z) satisfont la condition f 0 (z) =
g 0 (z), alors f (z) = g(z) + c.

39. Montrer que si la fonction f (z) = u(x, y) + iv(x, y) est holomorphe dans un domaine

1U , l’égalité ux vx + uy vy = 0 est vérifiée dans ce domaine.

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3. Fonctions élémentaires

Les fonctions complexes sont un prolongement naturel des fonctions réelles sur le plan des
nombres complexes C. Par un tel prolongement, ces fonctions s’enrichissent de nouvelles
propriétés. Par exemple, la fonction exponentielle d’une variable complexe ez devient pé-
riodique, les fonctions sin z et cos z cessent d’être bornées, le logarithme des nombres né-
gatifs (et, en général, de tout nombre complexe non nul) prend un sens. Dans ce chapitre
nous étudierons les propriétés principales des fonctions élémentaires complexes, leurs do-
maines d’analycité et leurs dérivées.

3.1 Polynômes et fractions rationnelles


Si n ∈ N, et a0 , a1 , . . . , an sont des constantes complexes, la fonction

p(z) = a0 + a1 z + · · · + an z n (an 6= 0) (1)

est un polynôme de degré n. Le domaine de définition de p(z) est C le plan des nombres
complexes tout entier.
Les quotients de polynômes sont appelés fractions rationnelles

p(z) a0 + a1 z + · · · + an z n
r(z) = = (2)
q(z) b0 + b1 z + · · · + bm z m

r(z) est définie en tout point z ∈ C sauf aux points où q(z) = 0.

Théorème 3.1.
(a) La fonction p(z) dans (1) est entière et p0 (z) = a1 + 2a2 z + · · · + nan z n−1 .
(b) La fonction r(z) dans (2) est analytique dans tout domaine qui ne contient pas de z0 tel
p0 q − pq 0
que q(z0 ) = 0 et r0 = .
q2
Théorème 3.2 (Théorème fondamental d’algèbre). Tout polynôme non-constant avec coef-
ficients complexes admet au moins une racine complexe.

Si pn (z) = azn + an−1 z n−1 + · · · + a1 z + a0 , an 6= 0 est un polynôme complexe non constant


de dégrée n alors la conclusion du théorème est qu’il existe z1 ∈ C tel que pn (z1 ) = 0. On
peut donc écrire pn (z) comme :

pn (z) = (z − z1 )pn−1 (z).

37
38 Section 3.2. Fonctions exponentielle et logarithmique complexes

Mais puisque pn−1 (z) est aussi un polynôme de degré n − 1, il existe z2 ∈ C tel que
pn−1 (z2 ) = 0 et donc on peut écrire :

pn (z) = (z − z1 )(z − z2 )pn−2 (z).

Cela entraîne que


pn (z) = an (z − z1 )(z − z2 ) · · · (z − zn ).

Corollaire 3.3. Tout polynôme complexe de degré n possède n racines complexes (comptées
avec leur multiplicité), de plus

pn (z) = an (z − z1 )n1 (z − z2 )n2 · · · (z − zk )nk .

avec n1 + n2 + · · · + nk = n et ni est la multiplicité de la racine zi .

Remarque. Les racines de l’unité de z n = 1 est cas particulier de ce phénomène.

Exemple 1. Donner la factorisation complète de p(z) = z 3 + (2 − i)z 2 − 2iz.


Solution. Puisque z1 = 0 est une racine de p, la première factorisation est

p(z) = z(z 2 + (2 − i)z − 2i).

Les racines de polynôme de deuxième degré sont données par :


p
−(2 − i) ± (2 − i)2 − 4(1)(−2i)
z2 , z3 = = −2, i.
2

Donc
p(z) = z(z + 2)(z − i).

3.2 Fonctions exponentielle et logarithmique complexes

Fonction exponentielle complexe

Si z = x + iy ∈ C, où x et y sont des réels, on défini la fonction exponentielle complexe


par la relation
ez = ex+iy = ex eiy = ex (cos y + i sin y). (3)

Si y = 0 alors z = x, cette définition coïncide avec la définition dans les réels. Donc la
fonction complexe ez un prolongement de la fonction réelle ex .

Théorème 3.4. La fonction exponentielle complexe ez est entière et sa dérivée est égale à

d z
e = ez .
dz

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Chapitre 3. Fonctions élémentaires 39

Démonstration. Notons que Re(ez ) = u(x, y) = ex cos y et Im(ez ) = v(x, y) = ex sin y. En


utilisant les équations de Cauchy-Riemann on a pour tout z = x + iy ∈ C

ux = ex cos y = vy et uy = −ex sin y = vx .

Donc ez est entière et on a

d z
e = ux + ivx = ex (cos y + i sin y) = ez .
dz

Exemple 2. Trouver les dérivées de chacune des fonctions :


2 −(1+i)z+3
(a) iz 4 (z 2 − ez ) (b) ez
Solution.
(a) 6iz 5 − iz 4 ez − 4iz 3 ez .
2 −(1+i)z+3
(b) ez · (2z − 1 − i).

Proposition 3.5.
(a) ez = 1 si et seulement si z = 2kiπ, k ∈ Z.
(b) ez1 = ez2 si et seulement si z1 = z2 + 2kiπ, k ∈ Z.

Exemple 3. Trouver les solutions de ez = iπ.


Solution. ez = ex cos y + iex sin y = iπ donc ex cos y = 0 et ex sin y = π.
π
Puisque ex > 0 alors cos y = 0 ⇒ y = ± + 2kπ.
2
x π x π
Puisque e sin(− + 2kπ) = −e < 0 seules les valeurs y = + 2kπ sont admissibles.
2 2
π
Alors, ex sin( + 2kπ) = π ⇒ ex = π ⇒ x = ln π.
2
π
Les solutions sont donc z = ln π + i( + 2kπ).
2
Exemple 4. Simplifier : (a) e4+iπ (b) ei9π/2 .
Solution.
(a) e4+iπ = e4 (cos π + i sin π) = −e4 < 0.
(b) ei9π/2 = cos 9π/2 + i sin 9π/2 = i.
On remarque donc que w = ez peut avoir n’importe quelle valeur complexe sauf w = 0.

Propriétés. L’exponentielle complexe ez possède les propriétés suivantes :


(1) e0 = 1 (6) |ez | = eRe z = ex > 0
(2) ez1 +z2 = ez1 · ez2 (7) ez 6= 0
1
(3) z = e−z (8) ez+2πi = ez
e
ez1
(4) z2 = ez1 −z2 (9) (ez )0 = ez , pour tout z ∈ C
e
(5) (ez )n = enz ; n ∈ Z (10) az = ez ln a , pour tout a > 0.

Attention ! La fonction exponentielle complexe ez

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40 Section 3.2. Fonctions exponentielle et logarithmique complexes

• est périodique de période 2πi,


• n’est pas injective comme dans les réels,
• ne s’annule pour aucune valeur complexe.

Exemple 5. Tracer la courbe f : [0, 2π) → C définie par t 7→ f (t) = eit .

Solution. Puisque eit = cos t + i sin t, les points (cos t, sin t) ne sont que les point du cercle
unité.

F IGURE 3.1: Courbe de f (t) = eit , t ∈ [0, 2π)

Exemple 6. Soient α, β des constantes réelles, w = f (z) = ez , A = {z ∈ C : z = α + iy}


et B = {z ∈ C : z = x + iβ, β ∈ R}. Trouver les image f (A) et f (B).

Solution.
f (A) = {w ∈ C : w = ez = eα , α ∈ R} = {w ∈ C : |w| = eα } est le cercle de centre
l’origine et de rayon eα .

f (B) = {w ∈ C : w = ez = eiβ , β ∈ R} = {w ∈ C : Arg w = β, β ∈ R} est la demi-droite


d’origine et d’angle β.

Si α, β ∈ R sont des constantes, alors on a :


• L’image de {z ∈ C : −∞ < x < ∞, −π < y < π} par w = ez est {w ∈ C : |w| > 0}.
• L’image de {z ∈ C : x = α, −π < y < π} par w = ez est {w ∈ C : |w| = eα }.
• L’image de {z ∈ C : −∞ < x < ∞, y = β} par w = ez est {w ∈ C : Arg w = β}.

La fonction logarithme complexe et ses branches

• On défini le logarithme d’une variable complexe non nulle z = reiθ par :

log z := ln r + iθ. (4)

Autrement dit, on a :
log z := ln |z| + i arg z, (z 6= 0). (5)

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Chapitre 3. Fonctions élémentaires 41

F IGURE 3.2: Images des lignes verticales et horizontales via ez .

Dans la formule (5), le symbole arg z représente une détermination arbitraire de l’argu-
ment de z. Puisque pour chaque nombre complexe z 6= 0, arg z = Arg z + 2kπ, k ∈ Z, alors
z possède un ensemble infini de logarithmes. Le logarithme est donc une fonction à une
infinité dénombrable de déterminations, c’est-à-dire que log z est une fonction multiva-
luée. Sa partie réelle est unique, mais sa partie imaginaire à un terme additif multiple de
2π près.

Proposition 3.6. Le logarithme d’une variable complexe z possède les propriétés suivantes :

(a) log(z1 z2 ) = log(z1 ) + log(z2 )


(b) log(z1 /z2 ) = log(z1 ) − log(z2 )
(c) elog z = z
(d) log(ez ) = ez + i2kπ, k ∈ Z

Démonstration. (a) Par définition

log(z1 ) + log(z2 ) = ln |z1 | + i arg(z1 ) + ln |z2 | + i arg(z2 )


= ln |z1 | + ln |z2 | + i(arg(z1 ) + arg(z2 ))
= ln |z1 z2 | + i arg(z1 z2 )
= log(z1 z2 )

Les démonstrations des partie (b)-(d) sont similaires. 

Exemple 7. Écrire les nombres suivants sous la forme a + ib :


(a) log 4 (b) log(−1) (c) log(1 + i)

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42 Section 3.2. Fonctions exponentielle et logarithmique complexes

Solution.
(a) log 4 = ln 4 + i arg(4) = ln 4 + i2kπ.
(b) log(−1) = ln 1 + i arg(−1) = i(2k + 1)π

(c) log(1 + i) = ln |1 + i| + i arg(1 + i) = ln 2 + i(π/4 + 2kπ).

• La détermination principale de log z est définie par

Log z := ln |z| + i Arg z, z 6= 0, −π < Arg z ≤ π, (6)

où Arg z est évidement la détermination principale de arg z. La fonction Log z est univa-
luée sur la région fondamentale Rfond = {z ∈ C : |z| > 0, −π < Arg z ≤ π}, mais elle est
discontinue sur l’axe réel négatif {z ∈ C : Re z ≤ 0, Im z = 0}. La fonction Log z de (6)
n’est pas une branche de log z de (5), mais la fonction Log z, restreinte au domaine

{z ∈ C : |z| > 0, −π < Arg z < π} (7)

(c.a.d Arg z 6= π) est une branche de la fonction log z dans (5). Cette branche est appelée
branche principale.

F IGURE 3.3: Log z est discontinue sur l’axe réel négatif et z = 0.

Exemple 8. Calculer la détermination principale du logarithme complexe Log z pour :


(a) z = i (b) z = 1 + i (c) z = −2
Solution.
π
(a) Log(i) = ln |i| + i Arg(i) = i ,
2 √ π
(b) Log(1 + i) = ln |1 + i| + i Arg(1 + i) = ln 2 + i ,
4
(c) Log(−2) = ln 2 + i Arg(−2) = ln 2 + iπ.

Attention. Si z1 = z2 = −1 alors,
• Log(z1 ) = Log(z2 ) = Log(−1) = ln | − 1| + i Arg(−1) = iπ,

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Chapitre 3. Fonctions élémentaires 43

• Log(z1 z2 ) = Log(1) = ln |1| + i Arg(1) = 0, et


• Log(z1 ) + Log(z2 ) = 2iπ.
Donc en général
Log(z1 z2 ) 6= Log(z1 ) + Log(z2 ).

Proposition 3.7. Si la fonction exponentielle complexe f (z) = ez est définie sur la région
Rfond = {z = x + iy ∈ C : −∞ < x < ∞, −π < y ≤ π}, alors f est injective et son inverse
est la représentation principale de la fonction logarithme complexe f −1 (z) = Log z.

Démonstration. On sait à partir de la proposition (3.6) que elog z = z et puisque Log z est
une des branche de log z, alors on a eLog z = z. De plus on a,

Log ez = ln |ez | + i Arg(ez )


= ln |ex+iy | + i Arg(ex+iy )
= ln ex + iy
= x + iy = z.

Donc Log z est l’inverse de ez définie sur la région fondamentale. 

Théorème 3.8. La branche principale de la fonction logarithme log z définie par


f (z) = Log z sur la région {z ∈ C : |z| > 0, π < Arg z < π} est analytique et sa dérivée
est donnée par :
d 1
Log z = .
dz z
Démonstration. Si z = reiθ est dans la région définie par (7), alors −π < θ < π et
Log z = Log(reiθ ) = u + iv = ln r + iθ, on trouve que

∂u 1 ∂v
= = 1,
∂r r ∂θ
∂v ∂u
=0 = 0.
∂r ∂θ

Donc u et v satisfont les équations de Cauchy-Riemann en coordonnées polaires

∂u 1 ∂v ∂v 1 ∂u
= et =− .
∂r r ∂θ ∂r r ∂θ

Ce qui montre que Log z est analytique dans ce domaine et sa dérivée est
 
0 −iθ ∂u ∂v 1 1
f (z) = e +i = iθ
= .
∂r ∂r e z

Remarque. La région {z ∈ C : |z| > 0, π < Arg z < π} est souvent appelée le domaine
d’analyticité de Log z. Elle est équivalente à C \ {z = x + iy ∈ C : x ≤ 0, y = 0}.

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44 Section 3.2. Fonctions exponentielle et logarithmique complexes

Chaque point du demi-axe réel négatif, aussi bien que l’origine, est un point singulier de
la branche principale de la fonction logarithme. Le demi-axe réel négatif est la coupure
de la branche principale, une coupure étant par définition une ligne, constituée de points
singuliers, introduite de manière à définir une branche d’une fonction multivaluée. Un
point singulier commun à toutes les coupures pour une fonction multivaluée est appelé un
point de branchement. L’origine est un point de branchement pour la fonction logarithme.

F IGURE 3.4: Coupure et point de branchement pour Log z.

Exemple 9. Trouver le domaine d’analyticité et la dérivée des fonctions :


(a) f (z) = z Log z (b) g(z) = Log(z + 1)
Solution.
(a) La fonction z est entière et Log z est analytique sur {z ∈ C : |z| > 0, −π < Arg z < π}
donc le domaine d’analyticité est le même que celui de Log z et f 0 (z) = 1 + Log z.
(b) Le domaine d’analyticité est donné par C \ {z = x + iy ∈ C : x ≤ −1, y = 0} et la
1
dérivée est g 0 (z) = .
z+1
• On aurait pu définir une fonction :

log z = ln |z| + iθ, z 6= 0, α < θ < α + 2π. (8)

Cette fonction est une branche de la fonction logarithme dans (5), et sa coupure est la
demi-droite θ = α.

Images de région par Log z


Si z = reiθ et w = f (z) = u + iv = Log z, alors on a :
• L’image de {z ∈ C : |z| > 0} par w = Log z est {w ∈ C : −∞ < u < ∞, −π < v ≤ π}.
• L’image de {z ∈ C : |z| = r} par w = Log z est {w ∈ C : u = ln r, , −π < v ≤ π}.
• L’image de {z ∈ C : arg z = θ} par w = Log z est {w ∈ C : −∞ < u < ∞, v = θ}.

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Chapitre 3. Fonctions élémentaires 45

Exemple 10. Trouver l’image de la couronne e ≤ |z| ≤ e5 par la fonction w = Log z.

Solution. Puisque w = ln |z| + i Arg z alors u = ln |z| et v = Arg z.


De plus, puisque e ≤ |z| ≤ e5 , alors ln e = 1 ≤ u = ln |z| ≤ ln e5 = 5 et −π < v = Arg z ≤
π.

F IGURE 3.5: Images de la couronne par Log z.

3.3 La fonction puissance générale


• La fonction puissance générale w = z a , où a ∈ C est définie par :

z a := ea log z , (9)

où log z est la fonction logarithme multivaluée, et donc la fonction dans (9) est multivaluée
aussi.
• Si on choisi une branche quelconque de log z, alors la fonction z a = ea log z sera univaluée
et analytique dans le même domaine de la branche choisie.
• Si on choisi la branche principale de log z, alors on a

f (z) = z a = ea Log z

et sa dérivée est
d a
z = az a−1 .
dz
Exemple 11. Trouver toutes les valeurs de :
(a) (−3)i (b) (−3)1/2 (c) (−3)−2 (d) i2i
Solution.
(a) Puisque log(−3) = Log 3 + i(π + 2kπ), on aura
(−3)i = ei log(−3) = ei Log 3 e−π−2kπ , k ∈ Z.
Donc (−3)i possède une infinité dénombrable de valeurs.

(b) (−3)1/2 = (3i2 )1/2 = ±i 3, donc possède deux valeurs.
(c) (−3)−2 = 1/(−3)2 = 1/9 possède une seule valeur.

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46 Section 3.4. Fonctions trigonométriques et hyperboliques complexes

(d) i2i = e2i log i = e2i(i(π/2+2kπ)) = e−(4k+1)π , k ∈ Z.

On a les cas suivants pour la fonction z a :


• z a possède une seule valeur, si a = n ∈ Z.
• z a possède m valeur, si a = n/m; n, m ∈ Z.
• z a possède une infinité dénombrable de valeurs dans les autres cas.

• La détermination principale de z a est définie par la fonction :

z a = ea Log z , (10)

et le point de branchement de la fonction puissance générale est z = 0.

3.4 Fonctions trigonométriques et hyperboliques complexes


• Tout comme nous avons étendu la fonction exponentielle réelle, nous étendons mainte-
nant les fonctions trigonométriques réelles aux fonctions trigonométriques complexes.
En utilisant la formule d’Euler eit = cos t + i sin t, on défini le sinus et cosinus d’une
variable complexe z par les formules :
eiz + e−iz sin z e2iz − 1
(1) cos z = (3) tan z = = −i 2iz
2 cos z e +1
2iz
eiz − e−iz cos z e +1
(2) sin z = (4) cot z = = i 2iz
2i sin z e −1
Il est clair que ces définitions sont des extensions des fonctions trigonométriques réelles,
car si nous posons z = x, nous obtenons cos z = cos x et sin z = sin x.

eix − e−ix (cos x + i sin x) − (cos x − i sin x)


sin z = = = sin x.
2i 2i

• On défini les fonctions hyperboliques comme dans le cas des variables réelles.
ez − e−z sinh z e2z − 1
(5) sinh z = (7) tanh z = = 2z
2 cosh z e +1
z
e +e −z cosh z e2z + 1
(6) cosh z = (8) coth z = = 2z
2 sinh z e −1
• Les identités trigonométriques fondamentales suivantes restent valides.
Pour tout z, z1 , z2 ∈ C on a
(9) sin(−z) = − sin(z) (14) cos(−z) = cos(z)
(10) sin(z + 2π) = sin(z) (15) cos(z + 2π) = cos(z)
(11) tan(z + π) = tan(z) (16) cot(z + π) = cot(z)
(12) sin(z + π/2) = cos(z) (17) cos(z + π/2) = − sin(z)
(13) cos2 (z) + sin2 (z) = 1 (18) cos2 (z) − sin2 (z) = cos(2z)

(19) sin(z1 + z2 ) = sin(z1 ) cos(z2 ) + cos(z1 ) sin(z2 )

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Chapitre 3. Fonctions élémentaires 47

(20) cos(z1 + z2 ) = cos(z1 ) cos(z2 ) − sin(z1 ) sin(z2 )

Théorème 3.9. Les fonctions sin z et cos z sont entières et leurs dérivées sont :
d d
(21) sin z = cos z (22) cos z = − sin z
dz dz

• Les parties réelles et imaginaires de sin z et cos z sont données par les formules :
(23) sin z = sin x cosh y + i cos x sinh y (24) cos z = cos x cosh y − i sin x sinh y

• Beaucoup de propriétés importantes de sin z et de cos z se déduisent à partir de ces


formules. Par exemple on a :
(25) sin(iy) = i sinh y (27) | sin z|2 = sin2 x + sinh2 y
(26) cos(iy) = cosh y (28) | cos z|2 = cos2 x + sinh2 y

• Les zéros de sin z et cos z sont tous réels.


(29) Les zéros de sin z sont z = nπ, n = 0, ±1, ±2, . . ..
(30) Les zéros de cos z sont z = (n + 12 )π, n = 0, ±1, ±2, . . ..

Attention.
• Les fonctions sin z et cos z ne sont pas bornées.
2y 2
ei + e−i y e−y + ey
(31) cos(iy) = = ; | cos(iy)| → ∞ quand y → ±∞.
2 2
2 2
ei y − e−i y e−y − ey
(32) sin(iy) = = ; | sin(iy)| → ∞ quand y → ±∞
2i 2i

• Les relations entres les fonctions trigonométriques et hyperboliques sont étroites comme
on le constate dans les formules suivantes :
(33) sinh(iz) = i sin z (36) cos(iz) = cosh z
(34) sin(iz) = i sinh z (37) | sinh z|2 = sinh2 z + sin2 y
(35) cosh(iz) = cos z (38) | cosh z|2 = sinh2 z + cos2 y

• Les parties réelles et imaginaires de sinh z et cosh z sont données par les formules :
(39) sinh z = sinh x cos y + i cosh x sin y (40) cosh z = cosh x cos y − i sinh x sin y

• Les zéros de sinh z et cosh z sont tous imaginaires.


(41) Les zéros de sinh z sont z = nπi, n = 0, ±1, ±2, . . ..
(42) Les zéros de cosh z sont z = (n + 21 )πi, n = 0, ±1, ±2, . . ..

Théorème 3.10. Les fonctions sinh z et cosh z sont entières et leurs dérivées sont :

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48 Section 3.4. Fonctions trigonométriques et hyperboliques complexes

d d
(43) sinh z = cosh z (44) cosh z = sinh z
dz dz

Fonctions trigonométriques et hyperboliques inverses


• On défini les fonctions trigonométriques inverses et hyperboliques inverses par :
(45) sin−1 z := −i log[iz + (1 − z 2 )1/2 ]
(46) cos−1 z := −i log[z + (z 2 − 1)1/2 ]
i i+z
(47) tan−1 z := log , z 6= ±i
2 i−z
(48) sinh−1 z := log[z + (z 2 + 1)1/2 ]
(49) cosh−1 z := log[z + (z 2 − 1)1/2 ]
1 1+z
(50) tanh−1 z := log , z 6= ±1
2 1−z
On obtient une branche de la fonction multivaluée sin−1 z en choisissant une branche de
la racine au carrée puis une branche appropriée de la fonction logarithme.

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Chapitre 3. Fonctions élémentaires 49

3.5 Exercices
1. Trouver Re w et Im w où w = f (x + iy).
(a) w = f (z) = 2z 3 − 3z 1 i+z
(b) w = f (z) = (c) w = f (z) =
z i−z
2. Trouver les domaines de définitions des fonctions suivantes :
1 1 i
(a) f (z) = 2 (b) f (z) = √ (c) f (z) = 4
z − z + 1+ z z2 + i z −1
3. Représenter en fonctions de z et z.
(a) w = x2 − y 2 + 2ixy
(b) w = x(x2 − 3y 3 ) − iy(3x2 − y 2 )
2(x2 + y 2 ) − (x + iy)
(c) w =
4(x2 + y 2 ) − 4x + 1
1
4. Trouver l’image de |z| = 1 via la fonction w = f (z) = z + .
z
5. Un polynôme p(z) de degré 4 possède les zéros −1 avec multiplicité 2, −3i et 3i.
Trouver p(z) si p(1) = 80.
6. Montrer que le polynôme f (z) = (cos α + z sin α)n −cos (nα)−z sin (nα) est divisible
par z 2 + 1, (z ∈ C) .
7. Montrer que si le polynôme p(z) = an z + an−1 z n−1 + · · · + a0 peut ce factoriser sous
la forme p(z) = an (z − z1 )d1 (z − z2 )d2 · · · (z − zr )dr , alors
(a) n = d1 + d2 + · · · + dr ,
(b) an−1 = −an (d1 z1 + d2 z2 + · · · + dr zr ),
(c) a0 = an (−1)n z1d1 z2d2 · · · zrdr .
8. Factoriser les polynômes suivants complètement.
(a) z 5 + (2 + 2i)z 4 + 2iz 3 ,
(b) z 4 − 16,
(c) 1 + z + z 2 + z 3 + z 4 + z 5 + z 6 .
9. Montrer que si pn (z) est un polynôme de degré n, alors pour tout z avec |z| > M , il
existent des constantes positives c1 et c2 tel que c1 |z|n < |pn (z)| < c2 |z|n .
10. Montrer que :
(a) ez = 1 si et seulement si z = 2kiπ, k ∈ Z.
(b) ez1 = ez2 si et seulement si z1 = z2 + 2kiπ, k ∈ Z.
11. Écrire sous la forme a + ib.
(a) e2+iπ/4 (d) cos(1 − i)
e1+i3π
(b) −1+iπ/2 (e) sinh(1 + iπ)
e
(c) sin(2i) (f) cosh(iπ/2)

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50 Section 3.5. Exercices

12. Trouver toutes les solutions des équations suivantes :


(a) ez = 2 (f) ez = 1 + 2i
(b) ez = −3
(g) eiz = 4
(c) ez = 4i
(h) e4z = 1
(d) ez = −5i
(e) ez = −1 − i (i) cos z = i sin z
13. Exprimer | exp(2z + i)| et | exp(iz 2 )| en fonctions de x et y, puis, montrer que

| exp(2z + i) + exp(iz 2 )| ≤ e2x + 2−2xy .

14. Monter que | exp(z 2 )| ≤ exp(|z|2 ).


15. Montrer que :
(a) |ez − 1| ≤ e|z| − 1 ≤ |z|e|z|
(b) | Im z| ≤ | sin z| ≤ e| Im z|
z z
16. Trouver Re ee et Im ee ; ainsi que Re z z et Im z z .
17. Montrer que sin(z) = sin(z).
18. Soit z = x + iy, montrer les propriétés suivantes :
(a) sin(−z) = − sin(z) (f) cos(iy) = cosh y
(b) cos(−z) = cos(z) (g) | sin z|2 = sin2 x + sinh2 y
(c) eiz = cos z + i sin z (h) | cos z|2 = cos2 x + sinh2 y
(d) cos2 (z) + sin2 (z) = 1 (i) sin z = sin x cosh y + i cos x sinh y
(e) sin(iy) = i sinh y (j) cos z = cos x cosh y − i sin x sinh y
19. Montrer que sin(z1 + z2 ) = sin(z1 ) cos(z2 ) + cos(z1 ) sin(z2 ).
20. Montrer que les zéros de :
(a) sin z sont z = nπ, n = 0, ±1, ±2, . . ..
(b) cos z sont z = (n + 12 )π, n = 0, ±1, ±2, . . ..
21. Montrer les propriétés suivantes :
(a) sinh(iz) = i sin z (e) cosh2 z − sinh2 z = 1
(b) sin(iz) = i sinh z (f) | sinh z|2 = sinh2 z + sin2 y
(c) cosh(iz) = cos z (g) | cosh z|2 = sinh2 z + cos2 y
(d) cos(iz) = cosh z (h) sinh(2z) = 2 sinh(z) cosh(z)
22. Monter que les zéros de :
(a) sinh z sont z = nπi, n = 0, ±1, ±2, . . ..
(b) cosh z sont z = (n + 12 )πi, n = 0, ±1, ±2, . . ..
23. Trouver les périodes des fonctions périodiques suivantes :

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Chapitre 3. Fonctions élémentaires 51

(a) f (z) = eiz (b) f (z) = tan z (c) f (z) = sinh z (d) f (z) = tanh z
24. Soit w = f (z) = ez et A = {z ∈ C : −1 ≤ x ≤ 1 et 0 < y ≤ πi}.
Représenter A sur le z-plan et B = f (A) sur le w-plan.
25. Écrire sous la forme a + ib :

(a) log i (b) log(−1 − i) (c) Log(−2i) (d) Log(1 − 3)
26. Vérifier les propriétés suivantes :
(a) log(z1 z2 ) = log(z1 ) + log(z2 ) (b) log(z1 /z2 ) = log(z1 ) − log(z2 )
27. Montrer que si z1 = i et z2 = i − 1, alors Log(z1 z2 ) 6= Log(z1 ) + Log(z2 ).
28. Monter que Log ez = z si et seulement si −π < Im z < π.
29. Trouver toutes les valeurs de nombres suivants :
(a) ii (c) 3iπ (e) (1 + i)5

(b) (−8)2/3 (d) (1 + i)1−i (f) (1 + i 3)1/3
30. Trouver les valeurs principales de chacun des nombres suivants :
(a) 41/2 (b) (i)2i (c) (1 + i)1+i
31. Est ce que 1a = 1 pour tout a ?
32. Trouver toutes les solutions de : (a) sin z = 2 (b) sin z = cos z.

33. Trouver un domaine d’analyticité et la dérivée de chacune des fonctions suivantes :


(a) f (z) = 3z 2 − e3iz + i Log z (f) f (z) = z 1+i
(b) f (z) = (2z + 1) Log z
(g) f (z) = sin(z 2 )
Log(z − i)
(c) f (z) =
z2 + 1
(h) f (z) = cos(iez )
(d) f (z) = Log(z 2 + 1)
(e) f (z) = z 3/2 (i) f (z) = z tan(1/z)

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


4. Intégration complexe

Les méthodes d’intégration des fonctions complexes et leurs théories sont abordées dans
ce chapitre. Ce chapitre contient certains des résultats les plus importants de l’analyse
complexe. On cite parmi ces résultats le théorème de Cauchy-Goursat et la formule inté-
grale de Cauchy. Un résultat fascinant déduit de la formule intégrale de Cauchy est que si
une fonction complexe est dérivable une fois en un point, alors les dérivés de n’importe
quel ordre existent et ces dérivées sont elles mêmes analytiques. Autres théorèmes impor-
tants de ce chapitre sont, le théorème de la valeur moyenne de Gauss, le théorème de
Liouville, et le théorème de module maximum. De nombreuses propriétés des intégrales
de fonctions d’une variable complexe sont très semblables à celles des intégrales de fonc-
tions d’une variable réelle ; par exemple, lorsque l’intégrale remplit certaines conditions,
l’intégrale peut être calculée en trouvant la fonction primitive de la fonction à intégrer et
l’évaluation de la fonction primitive au niveau des deux points d’extrémité. Toutefois, il
existe d’autres propriétés qui sont uniques à l’intégration dans le plan complexe.

4.1 Intégration curviligne

Chemin

Définition 4.1. Soit γ : I = [a, b] → C une application définie par γ(t) = x(t) + iy(t).

• L’image γ(I) est appelée chemin et γ est un paramétrage du chemin.


• γ(a) et γ(b) sont l’origine et l’extrémité du chemin respectivement.
• Si γ(a) = γ(b), on dit que γ est un chemin fermé ou bien est un lacet.
• Un lacet γ est dit simple si γ(t1 ) 6= γ(t2 ) quand t1 6= t2 et γ(a) = γ(b).
• γ est dit chemin différentiable si x(t) et y(t) sont continûment différentiables sur [a, b].
• On dit que γ est un chemin différentiable par morceaux, s’il existe une subdivision
de [a, b] (a0 = a < t1 < t2 ... < tn = b) tel que γ est un chemin différentiable sur chaque
intervalle [ti , ti+1 ].

52
Chapitre 4. Intégration complexe 53

F IGURE 4.1: Chemin

Exemple 1. Soient z0 , z1 ∈ C on définit,

γ(t) = (1 − t)z0 + tz1 , 0 ≤ t ≤ 1.

On a γ(0) = z0 , γ(1) = z1 et l’image de γ est le segment joignant z0 et z1 .

F IGURE 4.2: Chemin paramétré par γ(t) = (1 − t)z0 + tz1 0 ≤ t ≤ 1.

Exemple 2.

γ : [0, 2π] → C
t 7→ γ(t) = eit = cos t + i sin t

le chemin γ est le cercle de centre 0 et de rayon 1, qu’on note C(0, 1). Le cercle de centre
a et de rayon r est paramétré par γ(t) = a + reit .

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


54 Section 4.1. Intégration curviligne

F IGURE 4.3: Cercle unité paramétré par γ(t) = eit , 0 ≤ t ≤ 2π.

Exemple 3. L’ellipse est paramétrée par le chemin :

γ : [0, 2π] → C
t 7→ γ(t) = z1 cos t + iz2 sin t où z1 , z2 ∈ C.

Attention. Le paramétrage d’un chemin n’est pas unique. Vérifier que les équations sui-
vantes sont toutes des paramétrages du cercle unité |z| = 1 orienté positivement.
1. γ(t) = eit , 0 ≤ t ≤ 2π.
2. γ(t) = e2πit , 0 ≤ t ≤ 1.
3. γ(t) = eiπt/2 , 0 ≤ t ≤ 4.

La définition suivante nous donne la formule pour calculer la longueur d’un chemin.

Définition 4.2. Soit γ : [a, b] −→ C un chemin différentiable, défini par γ(t) = x(t)+iy(t),
alors la longueur L(γ) du chemin γ est égale à

b Z bp b
Z Z
0 dz dt

L(γ) := |γ (t)| dt = 0 2 0 2
(x (t)) + (y (t)) dt = dt
a a a

pour n’importe quel paramétrage γ(t), a ≤ t ≤ b.

Exemple 4. Soient γ1 (t) = eit , 0 ≤ t ≤ 2π et γ2 (t) = e2iπt , 0 ≤ t ≤ 1 deux paramétrages


du cercle unité. Trouver les longueurs de γ1 et γ2 .
Solution.Z
2π Z 2π Z 2π
0 it
L(γ1 ) = |γ1 (t)|dt = |ie | dt = dt = 2π.
Z0 1 Z 10 0Z
1
L(γ2 ) = |γ20 (t)|dt = |i2πe2iπt | dt = 2π dt = 2π.
0 0 0

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 4. Intégration complexe 55

Définition 4.3. Soit γ : [a, b] → C un chemin, on définit −γ : [a, b] → C

−γ(t) = γ(a + b − t), a ≤ t ≤ b

comme le chemin opposé de γ d’origine γ(b) et d’extrémité γ(a).

Définition 4.4. Soient γ1 , . . . , γn des chemins différentiables tels que, l’extrémité de γk est
l’origine de γk+1 pour k = 2, . . . , n − 1, alors

γ = γ1 + · · · + γn

est un chemin différentiable par morceaux et la longueur de γ est définie par

L(γ) = L(γ1 ) + · · · + L(γn ).

Exemple 5. Soit 0 <  < R, on définit

γ1 : [ε, R] → C γ1 (t) = t
γ2 : [0, π] → C γ2 (t) = Reit
γ3 : [−R, −ε] → C γ3 (t) = t
γ4 : [−π, 0] → C γ4 (t) = εe−it

Alors γ = γ1 + γ2 + γ3 + γ4 est le chemin fermé dans la figure .

F IGURE 4.4: Chemin γ = γ1 + γ2 + γ3 + γ4 .

Intégration le long d’un chemin

On s’intéresse maintenant aux intégrales des fonctions f à valeurs complexes de la variable


complexe z. Une telle intégrale est définie à l’aide des valeurs f (z) le long d’un contour
donné γ allant d’un point z1 à un point z2 dans le plan complexe. C’est donc une intégrale
curviligne, dont la valeur dépend en général aussi bien du contour γ que de la fonction
f.

Définition 4.5. Soit f :−→ C une fonction complexe définie dans un domaine D. Soit
γ : [a, b] −→ D un chemin différentiable par morceaux dans D. On définit l’intégrale de f

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


56 Section 4.1. Intégration curviligne

le long du chemin γ comme

Z Zb
f (z)dz = f (γ(t))γ 0 (t)dt. (1)
γ a

Exemple 6. Soient f (z) = z 2 , g(z) = z, γ1 (t) = t + it, et γ2 (t) = t + it2 , où 0 ≤ t ≤ 1.


Notons que les chemins sont différents, mais ont la même origine z = 0 et la même
extrémité z = 1 + i.
Z Z 1
(a) f (z)dz = t2 (1 + i)2 (1 + i)dt = 32 (−1 + i).
γ1 0
Z Z 1
(b) f (z)dz = (t + it2 )2 (1 + 2it)dt = 23 (−1 + i).
γ2 0
Z Z 1
(c) g(z)dz = (t − it)(1 + i)dt = 1.
γ1 0
Z Z 1
(d) g(z)dz = (t − it2 )(1 + 2it)dt = 1 + i/3.
γ2 0
Z Z Z Z
Attention. Observons que f= f mais g 6= g.
γ1 γ2 γ1 γ2
Nous verrons plus tard que la raison est que f est analytique mais g ne l’est pas. Z
Si f est analytique dans un domaine contenant γ qui joint deux points z0 et z1 , alors f dz
Z γ

est indépendante du choix de γ. Si f n’est pas analytique alors f dz dépend du choix


γ
du chemin γ qui joint deux points z0 et z1 .
1
Exemple 7. Soit γ(t) = eit , 0 ≤ t ≤ 2π, f (z) = z et g(z) = , alors
z
Z Z 2π Z2π
0
eit ieit dt = 0.
 
(a) f (z)dz = f (γ(t))γ (t)dt =
γ 0
0
Z Z 2π Z 2π
1 it
(b) g(z)dz = g(γ(t))γ 0 (t)dt = ie dt = 2πi 6= 0.
γ 0 0 eit

Une généralisation de cet exemple est le résultat suivant, qui nous donne une intégrale
sur un lacet très utile.

Théorème 4.6. Soit γ(t) = z0 + reit , 0 ≤ t ≤ 2π, alors



2πi si n = −1
I
(z − z0 )n dz =
γ 0 si n 6= −1

Le théorème suivant nous donne quelques propriétés importantes des intégrales sur un
chemin. En particulier la propriété (5) nous donne une majoration de l’intégrale.

Théorème 4.7. Supposons que :

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 4. Intégration complexe 57

• γ(t), a ≤ t ≤ b est un chemin différentiable inclus dans un domaine D,


• f et g sont des fonctions complexes continues dans D,
• γ1 et γ2 sont des chemins joints bout à bout,
alors,
Z Z
(1) kf (z) dz = k f (z) dz, pour tout k ∈ C.
γ γ
Z Z Z
(2) [f (z) + g(z)] dz = f (z) dz + g(z) dz.
γ γ γ
Z Z
(3) f (z) dz = − f (z) dz.
−γ γ
Z Z Z
(4) f (z) dz = f (z) dz + f (z) dz.
γ1 +γ2 γ1 γ2
Z

(5) f (z) dz ≤ max |f (z)| · L(γ).

γ z∈γ

Démonstration. On donne la démonstration de la propriété (5), les autres sont laissées


comme exercices. D’après la proposition précédente, on a
Z Z b
f (z) dz = f (γ(t))γ 0 (t) dt,
γ a

donc
Z Z b
0

f (z) dz = f (γ(t))γ (t) dt

γ a
Z b
≤ |f (γ(t))||γ 0 (t)| dt
a
Z b
≤ max |f (z)||γ 0 (t)| dt
a z∈γ
Z b
≤ max |f (z)| |γ 0 (t)| dt
z∈γ a
≤ max |f (z)| · L(γ).
z∈γ



I
ez 8πe4
Exemple 8. Montrer que dz ≤ .

z+1 3
|z|=4

Solution. La longueur du chemin γ(t) = 4eit , 0 ≤ t ≤ 2π est la circonférence du cercle de


rayon 4 qui est 8π. De plus |z + 1| ≥ |z| − 1 = 4 − 1 = 3 et |ez | = |eRe z | ≤ e4 , donc
z z 4
≤ |e | ≤ e
e

z + 1 |z| − 1 3

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


58 Section 4.1. Intégration curviligne

et
I
z
z 4
e e
· L(γ) ≤ 8πe .
dz ≤ max

z+1 z∈γ z + 1 3


|z|=4

Indice d’un point par rapport à un lacet


Définition 4.8. Soit γ un lacet dans un domaine D qui ne passe pas par z0 . On défini
l’indice du point z0 par rapport à γ et on note I(γ, z0 ) par :
I
1 dz
I(γ, z0 ) = . (2)
2πi z − z0
γ

Remarque. En utilisant la définition de l’intégration le long d’un chemin et en déformant


le lacet en un cercle γ(t) = z0 + reint , 0 ≤ t ≤ 2π, on obtient

Z2π Z2π
1 γ 0 (t) 1 nienit
I(γ, z0 ) = dt = dt = n.
2πi γ(t) − z0 2πi enit
0 0

L’indice est une quantité qui mesure le « nombre de tours algébrique » réalisé par le
lacet autour du point z0 et donc I(γ, z0 ) est un nombre entier.

Exemple 9. Pour 0 ≤ t ≤ 2π, soient γ1 (t) = e2it , γ2 (t) = e−3it et γ3 (t) = 3 + eit . Calculer
I(γk , 0), k = 1, 2, 3.

Solution. Notons γi , i = 1, 2, 3, ne passe pas sur z = 0 car |γi (t)| ≥ 1.


Z2π
1 2ie2it
(1) I(γ1 , 0) = dt = 2. En effet γ1 fait 2 révolutions autour de z = 0.
2πi e2it
0
Z2π
1 −3ie−3it
(2) I(γ2 , 0) = dt = −3. Dans ce cas γ2 fait 3 révolutions au sens négatif
2πi e−3it
0
autour de z = 0 .
Z2π
1 ieit
(3) I(γ3 , 0) = dt = 0, car z = 0 n’est pas à l’intérieur de γ3 .
2πi 3 + eit
0

Proposition 4.9. Pour r > 0, 0 ≤ t ≤ 2π et k ∈ Z, soit γ un lacet défini par γ(t) = rekit ,
alors (
k si z0 est à l’intérieur de γ,
I(γ, z0 ) =
0 si z0 n’est pas à l’intérieur de γ.

Exemple 10. Soit γ : [0, 2π] → C , où γ(t) = a + reit , r > 0 et a ∈ C. On a les trois cas
suivants :
• si |a − z0 | = r =⇒ γ passe par z0 et donc I(γ, z0 ) n’est pas défini.
• si |a − z0 | > r =⇒ I(γ, z0 ) = 0

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 4. Intégration complexe 59

Z2π
1 rieit
• si |a − z0 | < r =⇒ I(γ, z0 ) = dt = 1.
2πi a + reit − z0
0

Considérons la figure suivante. En utilisant la proposition précédente, on trouve que :

F IGURE 4.5: Indice

(i) I(γ1 , z0 ) = 1 et I(γ1 , z1 ) = 0.


(ii) I(γ2 , z0 ) = −1 et I(γ2 , z1 ) = 0.
(iii) I(γ3 , z0 ) = 2, I(γ3 , z1 ) = 1 et I(γ3 , z2 ) = 0.

Proposition 4.10. Soient γ1 , γ2 des lacets qui ne passent pas par z0 , alors
(a) I(−γ1 , z0 ) = −I(γ1 , z0 ).
(b) I(γ1 + γ2 , z0 ) = I(γ1 , z0 ) + I(γ2 , z0 ).

Démonstration. En utilisant la définition de l’indice et les propriétés d’intégration, on a


I I
1 dz 1 dz
(a) I(−γ1 , z0 ) = =− = −I(γ1 , z0 ).
2πi z − z0 2πi z − z0
−γ1 γ1
 
I I I
1 dz 1  dz dz 
(b) I(γ1 + γ2 , z0 ) = = + = I(γ1 , z0 ) +
2πi z − z0 2πi z − z0 z − z0
γ1 +γ2 γ1 γ2
I(γ2 , z0 ).


4.2 Théorème de Cauchy


Z
Dans le cas général, l’intégrale f (z)dz dépend aussi bien de la fonction à intégrer f (z)
γ
que du contour d’intégration γ. Cependant, si une fonction est analytique dans un domaine

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60 Section 4.2. Théorème de Cauchy

simplement connexe contenant un contour γ, son intégrale ne dépend que de la position


des extrémités de γ et ne dépend pas de la forme du contour γ.
En 1825, le mathématicien français Louis-Augustin Cauchy a démontré l’un des théorèmes
les plus importants dans l’analyse complexe.

Théorème 4.11 (Théorème de Cauchy). Supposons que f est une fonction analytique dans
un domaine simplement connexe D ⊂ C, que f 0 est continue sur D et soit γ un lacet dans D,
alors I
f (z)dz = 0. (3)
γ

Démonstration. Il y a beaucoup de preuves du théorème de Cauchy. Ici, nous donnons une


démonstration basée sur le théorème de Green. Nous supposons (en plus des hypothèses
énoncées) que f possède des dérivées partielles continues.
Le théorème de Green stipule ce qui suit : supposons que γ un lacet délimitant une région
Γ, g, h sont des fonctions C 1 définie sur un ensemble ouvert contenant Γ, alors
Z Z Z  
∂h ∂g
g(x, y)dx + h(x, y)dy = − dxdy.
Γ ∂x ∂y
γ

Posons f (z) = f (x + iy) = u(x, y) + iv(x, y) et dz = dx + idy, alors


I Z
f (z)dz = (u + iv)(dx + idy)
γ
γ
Z Z
= udx − vdy + i vdx + udy
γ γ
Z Z   Z Z  
∂v ∂u ∂u ∂v
= − − dxdy + − dxdy
Γ ∂x ∂y Γ ∂x ∂y
=0

puisque f est une fonction holomorphe, alors les conditions de Cauchy Riemann sont
vérifiées d’où le résultat. 

Remarque. L’importance du théorème de Cauchy réside dans le fait que nous n’avons pas
besoin de savoir si f a une primitive sur D. Si f avait une primitive sur D alors le résultat
suit immédiatement du théorème fondamental de l’intégration sur un contour. Toutefois,
possédant une primitive est une hypothèse extrêmement forte sur f .

En 1883, le mathématicien français Édouard Goursat a montré que l’hypothèse de la conti-


nuité de f 0 n’était pas nécessaire pour arriver à la conclusion du théorème de Cauchy. La
version modifiée résultant du théorème de Cauchy est connu aujourd’hui sous le nom du
théorème de Cauchy-Goursat.

Théorème 4.12 (Théorème de Cauchy–Goursat). Soient f une fonction holomorphe sur

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 4. Intégration complexe 61

un ouvert simplement connexe D de C et γ un lacet de D, alors


Z
f (z)dz = 0. (4)
γ

Un corollaire évident du théorème est le suivant.


Z
Corollaire 4.13. Si f est entière et γ est un lacet alors f (z)dz = 0.
γ

Exemple 11.
I
(1) z 2 dz = 0 pour n’importe quel lacet γ car z 2 est entière.
γ
I
(2) ez dz = 0, puisque f (z) = ez est entière et que {z ∈ C : |z| = 1} est lacet dans C.
|z|=1
I
1 1
(3) dz = 0 car est analytique dans le disque |z − 3| ≤ 1.
z z
|z−3|=1
Z
1
(4) dz = 2πi où Γ est le rectangle dont les sommets sont 2 + 2i, −2 + 2i, −2 − 2i et
z
Γ
2 − 2i. On transforme le rectangle au cercle |z| = 1 et donc on aura


ieit
Z I Z
1 1
dz = dz = it dt = idt = 2πi.
z z e 0
Γ |z|=1

4.3 Primitives et indépendance du chemin d’intégration


Définition 4.14. Soit f : D → C une fonction complexe continue. On dit que F : D → C
est une primitive de f sur D si F 0 = f .

Exemple 12. La fonction F (z) = z + ez est une primitive de f (z) = 1 + ez .

Théorème 4.15 (Théorème fondamental d’intégration sur un chemin).


Supposons D ⊂ C est un domaine et que f : D → C est continue, F : D → C est une
primitive de f sur D et γ : [a, b] → D, γ(a) = z0 , γ(b) = z1 un chemin joignant z0 et z1 alors,
Z
f (z) dz = F (z1 ) − F (z0 ). (5)
γ

Si de plus le chemin γ est fermé c.a.d. γ(a) = γ(b) alors


Z
f (z) dz = 0. (6)
γ

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62 Section 4.3. Primitives et indépendance du chemin d’intégration

Démonstration. Soit γ : [a, b] → D, γ(a) = z0 , γ(b) = z1 , un chemin différentiable. Soit


w(t) = f (γ(t))γ 0 (t) et F (t) = F (γ(t)), alors on

W 0 (t) = F 0 (γ(t))γ 0 (t) = f (γ(t))γ 0 (t)

Posons w(t) = u(t) + iv(t) et W (t) = U (t) + iV (t) tel que U 0 = u, V 0 = v, alors
Z Z b
f (z)dz = f (γ (t)) γ 0 (t) dt
γ a
Z b
= w (t) dt
a
Z b Z b
= u (t) dt + i v (t) dt
a a
= U (t)|ba + i V (t)|ba
= W (t)|ba
= F (z1 ) − F (z0 ).

Évidement si le chemin est fermé z0 = γ(a) = γ(b) = z1 et donc l’intégrale sera nulle. 

Remarque. Notons que (5) est indépendante du chemin qu’on choisi.

Théorème 4.16. Soit D un ouvert simplement connexe, alors les assertions suivantes sont
équivalentes :
(1) f est analytique sur D.
Z z
(2) F (z) = f (s) ds est analytique sur D et F 0 (z) = f (z).
z0
Z
(3) f (z) dz = F (z1 ) − F (z0 ) est indépendante du chemin γ ⊂ D joignant z0 = γ(a) et
γ
z1 = γ(b).
Z
(4) f (z) dz = 0 si γ est un lacet dans D.
γ

Exemple 13. Soient f (z) = z 2 , et γ un chemin quelconque entre z0 = 0 et z1 = 1 + i.


Alors F (z) = z 3 /3 est une primitive de f et
Z
z 2 dz = (z13 − z03 )/3 = (1 + i)3 /3 = (−2 + 2i)/3.
γ

Cette réponse est la même que celle obtenue dans l’exemple (6) en utilisant les chemins
γ1 (t) = t + it, 0 ≤ t ≤ 1 et γ2 (t) = t + it2 , 0 ≤ t ≤ 1.
1
Attention. Soit γ(t) = eit , 0 ≤ t ≤ 2π et f (z) = , qui est définie sur D = C − {0}.
z
I Z 2π Z 2π
0 1 it 0
f (z)dz = f (γ(t))γ (t)dt = ie γ (t)dt = 2πi 6= 0.
γ 0 0 eit

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Chapitre 4. Intégration complexe 63

I
Si f avait une primitive alors f = 0, donc f n’admet pas de primitive sur n’importe quel
γ
chemin fermé γ contenant z = 0 dans son intérieur. On peut penser que F (z) = Log z est
une primitive de f , mais elle y est seulement sur D1 = C − {z : Im z = 0, Re z ≤ 0} =
6 D.

En général, la recherche d’une primitive n’est pas la meilleure façon de calculer des inté-
grales complexes. Il existent des techniques beaucoup plus puissantes qui nous permettent
de calculer un grand nombre intégrales complexes sans avoir à se soucier de la primitive.
Une telle technique est l’application du théorème de Cauchy sur γ qui est un contour fermé
dans C.

4.4 Formule d’intégration de Cauchy et ses conséquences


On sait que d’après le chapitre 2 que la fonction f : D → C est dite analytique au point z0
si elle est développable en série entière au voisinage de z0 .

Théorème 4.17 (Formule de Cauchy ). Soit f une fonction holomorphe (ou analytique)
sur un ouvert simplement connexe D de C et z0 ∈ D et soit γ : [a, b] → D un lacet de D avec
z0 ∈ C \ γ, alors : I
1 f (z)
f (z0 ) · I(γ, z0 ) = dz. (7)
2πi z − z0
γ

Démonstration. Posons

g:D→C
 f (z) − f (z0 )

si z 6= z0 ,
z−
7 → g(z) = z − z0
 0
f (z0 ) si z = z0 .

Puisque f est holomorphe alors


Z g est continue et holomorphe
Z sur D. Ce qui donne d’après
f (z)dz
le théorème de Cauchy que g(z)dz = 0, c-a-d, = (2πi) f (z0 ).I(γ, z0 ). Ce qui
z − z0
γ γ
fallait prouver. 
ez
I
Exemple 14. Calculer dz, pour tout z0 de C.
z − z0
|z|=1

Solution.
ez
• si |z0 | > 1 =⇒ la fonction est holomorphe à l’intérieur de {z ∈ C : |z| = 1} et
z − z0
ez
Z
donc d’après le théorème de Cauchy on a dz = 0.
z − z0
|z|=1
• si |z0 | < 1, on pose f (z) = ez qui est holomorphe à l’intérieur de {z ∈ C : |z| = 1}, donc
ez
Z
d’après la formule d’intégration de Cauchy, on trouve : dz = (2πi) ez0 .
z − z0
|z|=1

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64 Section 4.4. Formule d’intégration de Cauchy et ses conséquences

z 2 − 4z + 1
I
Exemple 15. Calculer dz.
z+i
|z|=2

Solution. Soit f (z) = z 2 − 4z + 1, z0 = −i et notons que f est analytique dans |z| ≤ 2 et


que z0 est à l’intérieur du disque |z| ≤ 2. D’après la formule de Cauchy, on obtient :

z 2 − 4z + 1
I
dz = 2πif (−i) = 2πi × 4i = −8π.
z+i
|z|=2

I
z
Exemple 16. Calculer dz.
z2 +9
|z−2i|=4

Solution. Notons que z 2 + 9 = (z − 3i)(z + 3i) et que seul z0 = 3i est à l’intérieur de


z
|z − 2i| = 4. Si on choisit f (z) = et en utilisant la formule de Cauchy, on obtient :
z + 3i
I I
z f (z) 3i
dz = dz = 2πif (3i) = 2πi × = iπ.
z2 + 9 z − 3i 6i
|z−2i|=4 |z−2i|=4

Dans le théorème suivant, on donnera une généralisation de la formule d’intégration de


Cauchy.

Théorème 4.18 (Théorème de Cauchy-Taylor). Soit f une fonction holomorphe sur le


disque D (0, r), r > 0, alors
X
f (z) = an z n , pour tout z ∈ D (0, r) (8)
n≥0

avec
I
1 f (z)
an = dz. (9)
2πi z n+1
|z|=r

Démonstration. Soit 0 < r1 < r0 < r. On choisit γ le cercle D (0, r0 ) . D’après la formule
d’intégration de Cauchy, on obtient
Z
1 f (t)dz
f (z) = , puisque I(γ, z) = 1.
2πi t−z
γ

1 1 X  z n z
D’autre part : = , puisque < 1,

t−z t t t
n≥0
et donc
zn
Z
1 X
f (z) = f (t) dz, pour tout z : |z| ≤ r1
2πi tn+1
n≥0
|z|=r0

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 4. Intégration complexe 65

On a la convergence uniformément, ce qui nous permet d’écrire :


 
X 1 Z
f (t)  n
f (z) = dz  z , pour tout z : |z| ≤ r1 .
2πi tn+1

n≥0
|z|=r0

Z
1 f (t)
Posons an = dz, on déduit
2πi tn+1
|z|=r0

X
f (z) = an z n , pour tout z : |z| ≤ r1 .
n≥0

Mais r1 < r est une constante arbitraire, on obtient


X
f (z) = an z n , pour tout z : |z| ≤ r.
n≥0

Remarque.
X
On a trouvé d’après le théorème précédent que f (z) = an z n , pour tout z : |z| ≤ r.
n≥0
Mais il est clair que le développement en série entière d’une fonction holomorphe f au
X f (n) (0)
voisinage de z0 = 0 est donné par f (z) = z n , on a donc le résultat essentiel :
n!
n≥0
Z
(n) n! f (z)
f (0) = dz.
2πi z n+1
|z|=r0

En remplaçant z = 0 par z = z0 et |z| = r par un chemin γ quelconque dans un domaine


simplement connexe D dans le théorème précédent on obtient le résultat fondamentale
suivant.
Théorème 4.19 (Formule de Cauchy pour les dérivées). Supposons que f est analytique
sur un domaine simplement connexe D et γ est un lacet inclus dans D. Alors pour tout z0
dans l’intérieur de γ, on a
I
(n) n! f (z)dz
f (z0 )I(γ, z0 ) = , (10)
2πi (z − z0 )n+1
γ

ou bien I
f (z)dz 2πi (n)
n+1 = n! f (z0 )I(γ, z0 ). (11)
(z − z0 )
γ

Une conséquence immédiate de ce théorème est le corollaire suivant qui affirme que si
une fonction f est C-différentiable alors elle est infiniment C-différentiable.
Corollaire 4.20. Si une fonction f est analytique sur un domaine simplement connexe D,
alors toutes ses dérivées f 0 , f 00 , f 000 , . . . sont également analytiques sur D.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


66 Section 4.4. Formule d’intégration de Cauchy et ses conséquences

I
z+1
Exemple 17. Calculer dz.
z4 + 2iz 3
|z|=1

Solution. Par inspection on voit que les singularités sont z = 0, −2i mais seulement z = 0
z+1 2 − 4i
est à l’intérieur du lacet |z| = 1. Posons f (z) = alors f 00 (z) = et en
z + 2i (z + 2i)3
utilisant la formule (10) avec z0 = 0 et n = 2 on aura

2πi 2i − 1
I I
z+1 f (z) 2πi 00 π π
dz = dz = f (0) = = − + i.
z + 2iz 3
4 z 3 2! 2! 4i 4 2
|z|=1 |z|=1

ez
I
Exemple 18. Calculer dz.
z 2016
|z|=1

Solution. La fonction f (z) = ez est une fonction entière. En utilisant la formule d’intégra-
tion de Cauchy (10), on trouve

ez
Z
2πi (2015) 2πi
dz = f (0) = .
z 2016 2015! 2015!
|z|=1

e2z
Z
it
Exemple 19. Calculer 4 dz, où γ(t) = 3e , 0 ≤ t ≤ 2π.
(z + 1)
γ
Solution. La fonctionZ f (z) = e2z est holomorphe sur C. Donc la formule d’intégration
f (z) 2πi (3) 8πi
(10), nous donnons 4 dz = 3! f (−1) = 2 .
(z + 1) 3e
|z|=3

z3 + 3
Z
Exemple 20. Calculer dz, où C est la courbe dans la figure dessous.
C z(z − i)2

F IGURE 4.6: Chemin en figure-8

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 4. Intégration complexe 67

Solution.

z3 + 3 (z 3 + 3)/(z − i)2 (z 3 + 3)/z


Z Z Z
dz = − dz + dz = −I1 + I2 .
C z(z − i)2 C1 z C2 (z − i)2

(z 3 + 3)
Pour calculer I1 , on choisit f1 (z) = , z0 = 0 et on aura
(z − i)2

(z 3 + 3)/(z − i)2
Z Z
f1 (z)
I1 = dz = dz = 2πif1 (0) = −6πi.
C1 z C1 z

(z 3 + 3)
Pour calculer I2 on choisit f2 (z) = , z0 = i et on trouve
z

(z 3 + 3)/z
Z Z
f2 (z)
I2 = dz = dz = 2πif20 (i) = 2πi(3 + 2i) = (−4π + 6πi).
C2 (z − i)2 C2 z

Finalement, on obtient

z3 + 3
Z
dz = −I1 + I2 = −4π + 12πi.
C z(z − i)2

Théorème 4.21 (Inégalité de Cauchy). Soit f une fonction holomorphe sur le disque
D (z0 , R), R > 0, alors f (z) est développable en série entière sur ce disque, de plus on a
l’inégalité :
n!M
|f (n) (z0 )| ≤ , pour tout 0 < r < R (12)
rn
où M = sup |f (z)|.
|z|=r

Démonstration. Soit le lacet γ : [0, 2π] → C, où γ(θ) = z0 + reiθ . On a

Z2π
f (z0 + reiθ )
I
1 f (z) 1
an = n+1
dz = dθ
2πi (z − z0 ) 2π rn einθ
γ 0
Z2π Z2π
n 1
−inθ

iθ M
=⇒ |r an | ≤ e . f (z0 + re ) dθ ≤ dθ
2π 2π
0 0
M
=⇒ |an | ≤ n .
r

Puisque f (n) (z0 ) = n!an alors on aura

n!M
|f (n) (z0 )| ≤ , pour tout 0 < r < R
rn

Théorème 4.22 (Théorème de Liouville). Toute fonction entière et bornée est constante.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


68 Section 4.4. Formule d’intégration de Cauchy et ses conséquences

Démonstration. Soit f (z) une fonction entière et bornée c.a.d. |f (z)| ≤ M pour tout z ∈ C.
D’après l’inégalité de Cauchy pour tout z0 ∈ C, on a

M
|f 0 (z0 )| ≤ →0 quand r → ∞.
r

Donc |f 0 (z0 )| = 0 pour tout z0 ∈ C ce qui montre que f est constante. 



f (z)
Exemple 21. Soit f une fonction holomorphe sur le plan C et supposons que ≤M
z
sur C, avec M > 0. Montrer que f (z) est un polynôme de degré ≤ 1 sur C.
f (z)
Solution. On pose g(z) = , si z 6= 0 et g(z) = 0, si z = 0. Cette fonction vérifie
z
f (z)
les conditions de Liouville, donc elle est constante sur C. Ce qui donne = λ, donc
z
f (z) est un polynôme de degré ≤ 1 sur C.
On peut généraliser cet exemple dans le corollaire suivant.

Corollaire 4.23. Si une fonction entière satisfait |f (z)| ≤ M |z|n pour |z| → +∞ alors la
fonction f est un polynôme de degré au plus n.

Attention. Les fonction exp, cos, sin, sinh et cosh sont des fonctions entières et non
constantes, ne peuvent donc être bornées. Le théorème de Liouville est faux sur l’axe
réel. En effet, les mêmes fonctions de la variable réelle cette fois sont entières et bornées
sur R sans être constantes.

Théorème 4.24 (Théorème fondamental d’algèbre de D’Alembert-Gauss).


Tout polynôme non constant à coefficients complexes admet au moins une racine complexe.

Démonstration. Soit P un polynôme non constant de degré n tel que P (z) 6= 0 pour tout
z ∈ C. La fonction f = 1/P est donc non constante et analytique. On a
 an−1 a1 a0 
P (z) = z n an + + · · · + n−1 + n ,
z z z

avec an 6= 0, donc |P (z)| → +∞ quand |z| → +∞. Il existe donc M > 0 tel que f est
bornée à l’extérieur du disque |z| ≤ M . Mais, puisque f est continue elle doit être bornée
sur le disque |z| ≤ M . En conclusion, f est une fonction entière bornée sur C, donc doit
être constante d’après le théorème de Liouville. Cela entraîne que P est aussi constant qui
constitue une contradiction. 

Remarque. Par récurrence sur le degré et division euclidienne, ce résultat entraîne qu’un
polynôme de degré n admet exactement n racines complexes, comptées avec leurs multi-
plicités.

Corollaire 4.25. Soit P (z) = z n + an−1 z n−1 + · · · + a1 z + a0 un polynôme de degré n ≥ 1


avec coefficients aj ∈ C, alors ils existent, z1 , . . . , zn ∈ C tels que

P (z) = (z − z1 )(z − z2 ) · · · (z − zn ).

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 4. Intégration complexe 69

Maintenant on donne un théorème considéré comme la réciproque de théorème de Cau-


chy.

Théorème 4.26 (Théorème de Morera). Supposons que f est continue sur un domaine
simplement connexe D et I
f (x) dz = 0
γ

pour tout lacet γ de D. Alors f est analytique sur D.

Démonstration. Puisque f est continue alors elle admet une primitive


Z z
F (z) = f (s) ds pout tout z ∈ D,
z0

où z0 est un point fixe à l’intérieur de D. Donc F est analytique dans D et par conséquent
sa dérivée f est aussi analytique. 

Théorème 4.27 (Formule de la moyenne). Supposons que f est analytique sur un domaine
simplement connexe D et que C(z0 , r) ⊂ D, alors
Z 2π
1
f (z0 ) = f (z0 + reit ) dt.
2π 0

Démonstration. Soit γ(t) = z0 +eit , avec 0 ≤ t ≤ 2π une paramétrisation du cercle C(z0 , r).
La formule de Cauchy nous donne
2π 2π
f (z0 + reit )
Z Z Z
1 f (z) 1 1
f (z0 ) = dz = it
rieit dt = f (z0 + reit ) dt.
2πi C(z0 ,r) z − z0 2πi 0 z0 + re − z0 2π 0

Une des conséquences importantes du théorème de Cauchy est le résultat connu sous le
nom du principe du module maximum qui dit que pour une fonction holomorphe non
constante f sur un domaine (ouvert et connexe) D, alors le module |f | ne peux pas avoir
un maximum (minimum) dans le domaine D.

Théorème 4.28 (Le principe du module maximum). Soient D ⊂ C un domaine (ouvert


et connexe) et f : D → C analytique. S’il existe a ∈ D tel que |f (a)| ≥ |f (z)| pour tout
z ∈ D, alors f est constante.
En d’autres termes |f (z)| ne peut pas avoir un maximum dans D, sauf si f est constante.

Démonstration. La démonstration dépend de ce résultat topologique qui stipule que toute


fonction analytique non constante est une application ouverte. C’est à dite que l’image de
tout ouvert par une fonction analytique est aussi un ouvert.
Supposons que |f | atteint son maximum en a ∈ D c.a.d. |f (a)| = max |f (z)| > 0. Comme
z∈D
f est analytique, c’est une application ouverte, d’où il existe δ > 0 tel que le disque

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


70 Section 4.4. Formule d’intégration de Cauchy et ses conséquences

 
δ
D(f (a), δ) ⊂ f (D). Soit w = f (a) 1 + . Alors w ∈ D(f (a), δ) et par conséquent
2|f (a)|
il existe z ∈ D tel que w = f (z) et d’autre part, |f (z)| = |w| > f (a), ce qui est une
contradiction. 

Le principe du maximum oblige le module d’une fonction analytique non constante à ne


pas avoir de maximum local sur un ouvert connexe D. Ce maximum va donc forcément
être atteint sur la frontière ∂D. Le corollaire suivant est souvent nommé le principe du
module maximum dû à ses divers applications aux problèmes d’optimisation.

Corollaire 4.29 (Le principe du module maximum). Soient D ⊂ C un domaine (ouvert


et connexe) borné, f : D → C continue et f analytique sur D, alors

max |f (z)| = max |f (z)|.


z∈D z∈∂D

En d’autres termes |f | atteint son maximum sur la frontière ∂D et nulle part ailleurs.

Démonstration. En effet D est fermé et borné dans C, il est donc compact. La fonction
continue |f (z)| y atteint donc son maximum en un point z0 qui ne peut être à l’intérieur
de D d’après le principe du maximum. Le maximum de |f (z)| est donc atteint sur la
frontière ∂D. 

Exemple 22. Trouver le maximum de f (z) = 2z + 5i sur |z| ≤ 2.

Solution. On a

|2z + 5i|2 = (2z + 5i)(2z − 5i) = 4|z|2 + 20 Im z + 25.

D’après le principe du maximum on a


p p
max |2z + 5i| = max |2z + 5i| = max 4|z|2 + 20 Im z + 25 = 4 × 22 + 20 × 2 + 25 = 9.
|z|≤2 |z|=2 |z|=2

Exemple 23. Trouver le maximum et le minimum de f (z) = z 2 − 2 sur |z| ≤ 1.

Solution. D’après le principe du maximum on a :


max |z 2 − 1| = max |z 2 − 1| = max | exp(2it) − 1| = | − 1 − 2| = 3 et
|z|≤1 |z|=1 t∈[0,2π]
min |z 2 − 1| = min |z 2 − 1| = min | exp(2it) − 1| = |1 − 2| = 1.
|z|≤1 |z|=1 t∈[0,2π]

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 4. Intégration complexe 71

4.5 Exercices
Z
Calculer les intégrales curvilignes f (z) dz dans les suivants :
γ

1. f (z) = 2z + 1, γ(t) = (2t + i4t) et 1 ≤ t ≤ 3.


2. f (z) = 3z − z, γ(t) = (−t + it2 ) et 0 ≤ t ≤ 2.
3. f (z) = (z − a)−2 , γ(t) = a + eit et 0 ≤ t ≤ 2π.
4. f (z) = |z|2 , γ(t) = t2 + i/t et 1 ≤ t ≤ 2.
5. f (z) = Re(z), γ(t) = eit et 0 ≤ t ≤ 2π.
6. f (z) = z 2 + zz et γ(t) = eit et 0 ≤ t ≤ π.
7. f (z) = ez , avec γ le segment de y = −x joignant z1 = 0 et z2 = π(1 − i).
8. f (z) = 3z 2 + 2z avec γ un chemin joignant z1 = 1 − i et z2 = 2 + i.

Z
9. Calculer (1 + i − 2z) dz le long du chemin joignant les points z1 = 0 et z2 = 1 + i :
γ

(a) suivant une droite,


(b) suivant la parabole y = x2 .
(c) suivant la ligne polygonale (0, 0) → (1, 0) → (1, 1).

Z

Trouver une borne supérieure de f (z) dz dans les cas suivants :

γ
ez
10. f (z) = 2 et γ est le cercle |z| = 3.
z +1
1
11. f (z) = 2 et γ est le demi cercle droit de |z| = 5 de z = −5i jusqu’à z = 5i.
z − 3i
12. f (z) = z 2 + 3 et γ le segment de z = 0 jusqu’à z = 5 + i.
1
13. f (z) = 3 et γ est le quart du cercle |z| = 2 de jusqu’à z = 2i.
z

14. Soit 0 < a < b sur l’axe réel positif et soit Cr = {z ∈ C : |z| = r, r > 0} le cercle de
rayon r centré en l’origine,
I parcouru dans le sens positif. Trouver toute les valeurs
dz
possible de l’intégrale en fonction du rayon r.
Cr (z − a)(z − b)
1
15. Sur U = C − [0, 1], on considère la fonction f (z) = . Montrer que, pour tout
Z z(z − 1)
lacet γ dans U , on a f (z)dz = 0.
γ

16. Si C est l’arc de courbe d’équation


Z y = x3 − 3x2 + 4x − 1 joignant les points (1, 1) et
12z 2 − 4iz dz.

(2, 3). Trouver la valeur de
C

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


72 Section 4.5. Exercices

I
17. Trouver tous les lacets possible γ pour que f (z) dz = 0 dans les cas suivants :
γ
1 1
(a) f (z) = (b) f (z) = Ln(z) (c) f (z) = z
z4 + z2 e −1
I
18. Trouver le plus grand r possible pour que Ln(z) dz = 0.
|z+3−4i|=r
I
19. Trouver le plus grand r possible pour que Ln(z) dz = 0.
|z−3−4i|=r

Calculer les intégrales suivantes.


I Z
sin 3πz cos z
20. dz 25. dz
z + π/2 z2
|z|=5 |z−1|=1
2 Z
ez sin πz
I
21. dz 26. dz
z2 − 6z (z 2 − 1)2
|z−2|=5 |z|=1
Z
cosh z
I
cosh(iz)
22. dz 27. dz
2
z + 4z + 3 (z + 1)3 (z − 1)
|z−1|=1 |z|=1
z2 ez
Z Z  
e 28. − 3z dz
23. dz z+3
z−2
|z|=1 |z|=1

ez
Z Z  
3 1
24. dz 29. − dz
z 2 + 2z z + 2 z − 2i
|z|=1 |2z−4i|=1

z 3 cosh z + sin3 z
Z
30. Calculer dz, où C = C1 + C2 et C1 , C2 sont respectivement
ez + 1
C
donnée par γ1 (t) = eiπt , 0 ≤ t ≤ 3/2 et par γ2 (t) = −i + t(1 + i), 0 ≤ t ≤ 1.
z 2 + eiz 1
31. Soit f (z) = + et Γi , i = 1, . . . , 5 sont données dans la figure.
z(z − 2i) Z (z + 3)3
2

Calculer les intégrales f (z) dz pour , i = 1, . . . , 5.


Γi

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Chapitre 4. Intégration complexe 73

Soi Γ le rectangle
Z avec sommets 2+2i, −2+2i, −2−2i, 2−2i orienté positivement. Calculer
l’intégrale fi (z) dz pour i = 1, 2, 3, 4.
Γ
sin(z 2 + 1) sin(z 2 + 1)
32. f1 (z) = 34. f3 (z) =
(z + 3)2 ez (z − 1)3
sin(z 2 + 1) sin(z 2 + 1)
33. f2 (z) = 35. f4 (z) =
z(z + 5) z2 + 2
36. Calculer l’indice I(γ, zi ), i = 1, 2, 3 pour le chemin fermé γ donné ci-dessous.

37. Soit γ un lacet différentiable par morceaux définie sur [0, 1] ; et soit a ∈ C/ Image γ.
On suppose qu’il existe une fonction continue f : [0, 1] → C vérifiant ef (z) = γ(t) − a.
f (1) − f (0)
Montrer que I(γ, a) = ; puis en déduire que I(γ, a) ∈ Z.
2πi
Z
dz
38. Soit l’ellipse γ : [0, 2π] → C, γ(t) = a cos t+ib sin t. Calculer par deux méthodes
z
γ
Z2π
dt 2π
différentes ; puis déduire que 2 = ab .
a2 cos2 t 2
+ b sin t
0

Z
Soit C le chemin donné dans la figure dessous, calculer f (z) dz si :
C

z2 +1 cos(z)
39. f (z) = 41. f (z) =
z(z − 2) z 2 (z − 2)2
2z + 1 eiz
40. f (z) = 2
42. f (z) =
z (z − 2) z 2 (z + 2)3

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74 Section 4.5. Exercices

43. Soit f une fonction holomorphe dans un ouvert I contenant


 ledisque unité. Exprimer
1 f (z)
en fonction des valeurs de f l’intégrale I1 = 2+z+ dz et en déduire
z z
|z|=1
Z 2π  
θ
la valeur de I2 = f (eiθ ) cos2 dθ.
0 2
 
xdy − ydx z
44. Vérifier que = Im dz .
x2 + y 2 |z|2
xdy − ydx
Z
1
En déduire que, si 0 n’est pas dans l’image de γ, est un entier.
2π x2 + y 2
γ

45. Soient m, n ∈ Z , et γ1 , γ2 deux lacets différentiables défini pour 0 ≤ t ≤ 1 tel que
/ Image γ1 ∪ Image γ2 . Si t ∈ [0, 1], on pose γ(t) = [γ1 (t)]m [γ2 (t)]n .
0∈
• Vérifier que γ est un lacet et que 0 ∈
/ Image γ.
• Calculer I (γ, 0) en fonction de I (γ1 , 0) et I (γ2 , 0).
46. Soient a, b ∈ C; m, n ∈ Z∗ etZ f (z) := (z − a)n (z − b)m . Soit γ un lacet du plan avec
f 0 (z)
a, b ∈
/ Image γ. Prouver que dz = 2πi (nI (γ, a) + mI (γ, b) .)
f (z)
γ

f (z)
47. Soit f une fonction holomorphe sur le plan C et supposons que ≤ M sur C,
z
avec M > 0. Montrer par deux méthodes différentes que f (z) est un polynôme de
degré ≤ 1 sur C.
48. Soit f une fonction holomorphe et non constante sur le plan C, telle que |f (z)| ≥ 1,
pour tout z > 1. Montrer que f admet au moins un zéro sur C.
49. Montrer que si f est une fonction entière telle que |f | > 1, alors f est constante.
50. Soit f une fonction holomorphe sur le plan C et supposons que Re f (z) ≥ 0,
pour tout z ∈ C. Montrer que f est une fonction constante.

Trouver le module maximum de max |f (z)| et les points z sur D où cette valeur est atteinte.
z∈D
51. f (z) = iz − 1 et D : |z| ≤ 5.
52. f (z) = z 2 − 2z et D : |z| ≤ 1.
53. f (z) = z 2 − 3z + 2 et D : |z| ≤ 1.
54. f (z) = (iz + 3)3 et D : |z| ≤ 1.
55. f (z) = ez et D : |z − 1| ≤ 1.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


5. Séries de nombres complexes

5.1 Suites et séries de nombres complexes

Suites
Une suite (zn ) de nombres complexes converge vers un nombre complexe z, si

lim |zn − z| = 0.
n→∞

Donc si pour tout  > 0 il existe N ∈ N tel que |zn − z| <  quand n > N .
On le note par zn → z ou lim zn = z. Si la limite existe elle est unique.
n→∞
Géométriquement cela veut dire que le disque ouvert D(z; ) = {w ∈ C : |z − w| < }
contient une infinité d’éléments de la suite (zn ) est son complément contient seulement
un nombre fini d’éléments de la suite (zn ).

Exemple 1. Étudier la convergence de la suite (zn ).


(a) zn = in /n (b) zn = in (c) zn = i4n
Solutions.
(a) lim in /n = 0. Pour tout  > 0, posons N > 1/. Pour tout n ≥ N on a,
n→∞
n n n
− 0 = i = |i | = 1 ≤ 1 < .
i
n n n n N
2 in
(b) Re(an ) = → 0 et Im(an ) = → i/3 donc an → i/3.
1 + 3n 1 + 3n
(c) i4n = 1, i4n+1 = i, i4n+2 = −1 et i4n+3 = −i.
La suite est divergente car elle possède 4 points d’accumulations distincts.

Proposition 5.1. Supposons que zn = xn + iyn et z = x + iy. Alors ;

zn → z si et seulement si xn → x et yn → y.

Démonstration. En vertu des inégalités

sup{| Re(zn − z)|, | Im(zn − z)|} ≤ |zn − z| ≤ | Re(zn − z)| + | Im(zn − z)|

il est clair que zn → z si et seulement si xn → x et yn → y. 

75
76 Section 5.1. Suites et séries de nombres complexes

En conséquence, les règles de calcul concernant la limite d’une somme, d’une différence,
d’un produit ou d’un quotient restent valables.
Soient an et bn sont des suites convergentes de nombres complexes.
(1) lim (an + bn ) = lim (an ) + lim (bn )
n→∞ n→∞ n→∞
(2) lim (an − bn ) = lim (an ) − lim (bn )
n→∞ n→∞ n→∞
(3) lim (an bn ) = lim (an ) lim (bn )
n→∞ n→∞ n→∞
an
(4) lim = lim an / lim bn ; bn 6= 0
n→∞ bn n→∞ n→∞

Si f est une fonction continue et an → a alors ; f (an ) → f (a).


De plus, puisque (C, | · |) est complet le critère de Cauchy suivant lequel la suite (zn ) admet
une limite si et seulement si
lim |zn − zm | = 0
m,n→∞

Exemple 2. Trouver la limite de la suite (an ) si elle existe.


2 + in
(a) an = n−2 + i (b) an =
1 + 3n
Solutions.
(a) Re(an ) = n−2 → 0 et Im(an ) = i → i donc an → i.
2 in
(b) Re(an ) = → 0 et Im(an ) = → i/3 donc an → i/3.
1 + 3n 1 + 3n

Séries

X
Considérerons la série de nombres complexes zk et la suite des sommes partielles (Sn )
k=1
n
X
définie par Sn := zk est convergente vers S.
k=1

Définition 5.2.

X ∞
X
(1) La série zk converge si la suite (Sn ) converge et zk := lim Sn .
n→∞
k=1 k=1
X∞
(2) La série zk diverge si la suite (Sn ) diverge.
k=1
X∞ ∞
X
(3) La série zk converge absolument si la série des nombres réels |zk | converge.
k=1 k=1

Remarque.

X ∞
X ∞
X
(a) La série zk converge si et seulement si Re zk et Im zk convergent.
k=1 k=1 k=1
(b) L’élimination ou l’addition d’un nombre fini de termes à une série infinie ne modifie
pas la convergence ou la divergence de la série.
(c) Toute série absolument convergente est convergente mais la réciproque est fausse.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 77

(d) Si une série est convergente mais n’est pas absolument convergente on dit qu’elle est
semi-convergente.

X
Proposition 5.3. Si la série zk est convergente, alors lim zn = 0.
n→∞
k=1
La réciproque est fausse.

Démonstration.
n n−1
" #
X X
lim zn = lim zk − zk = lim (Sn − Sn−1 ) = 0.
n→∞ n→∞ n→∞
k=1 k=1


X 1 1
La série harmonique est divergente malgré que lim = 0. 
k n→∞ n
k=1

Les tests de convergence



X
(1) Test de comparaison : si |zk | ≤ Mk et si la série Mk est convergente, alors la
k=1

X
série zk converge absolument.
k=1

zk+1 X
(2) Test de d’Alembert : si lim = L, alors la série zk converge absolument si
k→∞ zk
k=1
L < 1 et diverge si L > 1. Quand L = 1 on ne peut pas conclure sur la convergence
de la série.
p ∞
X
n
(3) Test de Cauchy : si lim |zk | = L, alors la série zk converge absolument si
k→∞
k=1
L < 1 et diverge si L > 1. Quand L = 1 on ne peut pas conclure sur la convergence
de la série.

X
(4) Test de divergence : si lim |zk | =
6 0, alors la série zk diverge.
k→∞
k=1

Exemple 3. Étudier la convergence des séries :


∞ ∞ ∞ ikθ ∞
X 3k X 1 1/k
X e X 3 + 2i
(a) (b) 2
+ ik (c) (d)
k! k k2 (k + 1)k
k=1 k=1 k=1 k=1

Solution.
k+1 (k)!

zk+1
(a)
= 3 =
3
→ 0 donc la série converge absolument.
zk (k + 1)! 3 k k+1

1/k
1 1/k

(b) k → 1 qui entraîne 2 + ik → 1, donc la série diverge.

k
ikθ ∞ ∞ ikθ
e 1 X 1 X e
(c) 2 ≤ 2 et puisque la série
converge alors la série converge
k k k2 k2
k=1 k=1
absolument.

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78 Section 5.1. Suites et séries de nombres complexes

√ ∞
3 + 2i 13 4 X 4
(d)

k
= k
≤ k
. Puisque la série géométrique majorante est
(k + 1) (k + 1) 2 2k
k=3

X 3 + 2i
convergente alors la série est absolument convergente.
(k + 1)k
k=1

Suites et séries de fonctions complexes


On dit qu’une suite de fonctions (fn ) est convergente vers f en un point z = a ∈ C si

|fn (a) − f (a)| → 0.

La suite est dite convergente pour tout point z ∈ G ⊂ C, alors on dit que (fn ) converge
simplement sur G.

Définition 5.4. Supposons que (fn ) et f sont définies sur G ⊂ C. Si pour tout  > 0 il
existe N ∈ N tel que pour tout z ∈ G et pour tout n ≥ N , on a

|fn (z) − f (z)| < ,

alors (fn ) converge uniformément vers f dans G.

Remarque. Quand on a convergence uniforme alors

lim lim fn (z) = lim lim fn (z).


n→∞ z→z0 z→z0 n→∞

Lemme 5.5. Supposons que (fn ) est une suite de fonctions continues sur la région G et
converge uniformément vers f sur G. Alors, f est continue sur G.

Théorème 5.6. Supposons que (fn ) est une suite de fonctions continues sur une courbe
différentiable γ et qui converge uniformément vers f sur γ, alors
Z Z
lim fn (z) dz = f (z) dz.
n→∞ γ γ

Démonstration. D’après le lemme précédent f est continue sur γ et


Z Z Z

fn (z) dz − f (z) dz = [fn (z) − f (z)] dz ≤ max |fn (z) − f (z)| · L(γ).

γ γ

γ
z∈γ

Puisque fn → f uniformément max |fn (z) − f (z)| → 0. 


z∈γ

Théorème 5.7. Supposons que (fn ) est une suite de fonctions holomorphes sur un domaine
D et converge uniformément vers f sur D. Alors, f est holomorphe sur D.

Démonstration. Soit γ une courbe fermée dans D. D’après théorème (5.6), on a


Z Z
lim fn (z) dz = f (z) dz.
n→∞ γ γ

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Chapitre 5. Séries de nombres complexes 79

Z Z
Mais lim fn (z) dz = 0 pour tout n, donc f (z) dz = 0 et d’après le théorème de
n→∞ γ γ
Morera f est holomorphe. 

Théorème 5.8 ( M-test de Weierstrass). Supposons que (fn ) est une suite de fonctions
continues sur la région G et pour tout k ∈ Z, |fk (z)| ≤ Mk (Mk indépendant de z), et
X∞ ∞
X
Mk est convergente. Alors, fk converge absolument et uniformément sur G.
k=1 k=1

X ∞
X ∞
X
Démonstration. Pour tout z ∈ G, on a |fk (z)| ≤ Mk < ∞, donc |fk (z)| est
k=1 k=1 k=1

X
convergente vers une fonction f (z). Puisque Mk converge, il existe N tel que
k=1

X ∞
X n
X
Mk = Mk − Mk < .
k=n+1 k=1 k=1

Donc, on a pour tout z ∈ G et pour tout n ≥ N ;

∞ ∞ ∞

n
X X X X
f (z) − fk (z) = fk (z) ≤ |fk (z)| ≤ Mk < ,


k=1 k=n+1 k=n+1 k=n+1

qui montre la convergence uniforme. 

5.2 Séries entières


Une série entière centrée en z = a est une série de fonctions de la forme

X
ck (z − a)k (1)
k=0

Remarque.
(1) Les polynômes sont un cas spécial de séries entières, et convergent pour tout z ∈ C.

X
(2) La série géométrique z k est un cas spécial de séries entières, où ck = 1 pour tout k.
k=0

X
Proposition 5.9. Considérons la série géométrique zk .
k=0
1
(a) La série converge absolument pour |z| < 1 vers la fonction f (z) = .
1−z
1
(b) La série converge uniformément pour |z| ≤ r < 1 vers la fonction f (z) = .
1−z
(c) La série diverge pour |z| ≥ 1.

Démonstration. Notons que


∞ n
X X 1 − z n+1 1
z k = lim z k = lim = ,
n→∞ n→∞ 1 − z 1−z
k=0 k=0

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


80 Section 5.2. Séries entières

puisque |z| < 1, alors lim z n+1 = lim |z|n+1 ei(n+1) arg z = 0.
n→∞ n→∞

X
Soit 0 < r < 1 et |z| ≤ r, alors |z k | ≤ rk et d’après théorème (5.8) la série z k converge
k=0
absolument et uniformément pour |z| ≤ r. Puisque r peut être arbitrairement proche de 1
on a que la série est absolument convergente pour |z| < 1. 

Corollaire 5.10. Si a ∈ C, alors pour tout z ∈ D(a; 1) = {z ∈ C : |z − a| < 1},



X (z − a)m
(z − a)k = , m ≥ 0.
1 − (z − a)
k=m


X (1 + 2i)k
Exemple 4. Trouver la somme de si elle existe.
5k
k=1

1 √
Solution. La série est géométrique de raison r = (1 + 2i). Puisque |z| = 5/5 < 1, la
5
série converge absolument et sa somme est

1 + 2i

X (1 + 2i)k 5 1 + 2i 1
= = = i.
5k 1 + 2i 4 − 2i 2
k=1 1−
5

Question : Quel est le domaine de convergence de la série entière (1) ?


Réponse : Si on utilise le test de d’Alembert, la série entière converge absolument si

ck+1 (z − a)k+1

ck+1
lim = |z − a| lim
< 1.
k→∞ ck (z − a)k k→∞ ck

Notons
ck+1 1 ck
lim = L, et R = = lim

k→∞ ck L k→∞ ck+1
alors, la série entière (1) converge absolument dans le domaine |z − a| < R. Le nombre R
est appelé le rayon de convergence de la série.
Si on utilise le test de Cauchy, la série entière converge absolument si
q p
lim k |ck ||(z − a)k | = lim |z − a| k |ck | < 1,
k→∞ k→∞

p
k
donc si on note L = lim |ck | le rayon de convergence peut être défini de manière
k→∞
équivalente par :
1 1
R= = lim p .
L k→∞ |ck |
k

Remarque.

(1) Toute série entière admet un rayon de convergence unique R, 0 ≤ R ≤ ∞.

(2) Si L = 0, alors R = ∞ et la série (1) converge absolument pour z ∈ C.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 81

(3) Si L 6= 0, alors la série (1) converge absolument dans le disque ouvert (domaine)
D(a, R) := {z ∈ C : |z − a| < R} et diverge dans C \ D(a, R) = {z ∈ C : |z − a| > R}.
(4) Si L = ∞, alors R = 0 et la série (1) converge seulement pour z = a et diverge dans
C \ {a}.
(5) Pour les points sur le cercle |z − a| = R, la série peut converger et peut diverger.

X
Théorème 5.11. Pour toute série entière ck (z − a)k , il existe un nombre positif R, avec
k=0
0 ≤ R ≤ ∞, qui dépend seulement des coefficients ck , tel que
(a) la série converge absolument dans |z − a| < R,
(b) la série converge uniformément dans |z − a| ≤ R0 < R,
(c) la série diverge dans |z − a| > R.

Exemple 5. Étudier la convergence des séries :


∞ ∞ ∞
X zk X zk X
(a) (b) (c) k!(z − i)k
k2 k!
k=1 k=1 k=1

Solution.
(a) Le rayon de convergence est donné par,
2

ck
R = lim = lim (k + 1) = 1.
k→∞ ck+1 k→∞ k2

Donc la série est absolument convergente dans le domaine |z| < 1.


Notons que si |z| = 1, alors k
z
= 1,
k2 k2
∞ ∞
X 1 X zk
mais puisque converge, alors converge absolument sur le cercle
k2 k2
k=1 k=1
|z| = 1 et donc la série converge absolument dans le disque fermé |z| ≤ 1.
(b) Le rayon de convergence est donné par,

ck
R = lim = lim (k + 1)! = lim (k + 1) = ∞.
k→∞ ck+1 k→∞ k! k→∞

Donc la série est absolument convergente pour tout z ∈ C.


(c) Le rayon de convergence est donné par,

ck
R = lim = lim (k)! = lim 1
= 0.
k→∞ ck+1 k→∞ (k + 1)! k→∞ (k + 1)

Donc la série est convergente seulement au point z = i.



X
Proposition 5.12. Si la série ck (z − a)k converge au point z1 tel que |z1 − a| = r, alors
k=0
la série converge dans le domaine |z − a| < r.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


82 Section 5.2. Séries entières


X
Démonstration. Puisque la série ck (z1 −a)k est convergente, alors la suite (cn (z1 −a)n )n
k=0
est bornée, donc il existe M > 0 tel que pour tout k ;

|ck (z1 − a)k | = |ck |rk ≤ M.

Si |z − a| < r ⇒ |z − a|/r < 1 on a


 k  k
k k |z − a| |z − a|
|ck (z − a) | = |ck |r ≤M .
r r

Puisque les termes de la série sont majorés par les termes d’une série géométrique conver-
gente, alors la série converge par comparaison. 

Les séries entières sont holomorphes

Nous avons vu que les polynômes sont des séries entières avec un rayon de convergence
infini, ils convergent dans l’ensemble C. Ils y sont bien sûr également holomorphes. Ce
n’est pas une coïncidence. Maintenant nous allons voir, plus généralement, que toute série
entière

X
f (z) := ck (z − a)k
k=0

qui converge dans D(a; R) = {z ∈ C : |z − a| < R} est en faite holomorphe dans D(a; R).
De plus pour tout z ∈ D(a; R) on a

X
0
f (z) = kck (z − a)k−1 .
k=1

Théorème 5.13. Si D(a; R) = {z ∈ C : |z − a| < R} est le disque de convergence de la série



X
entière f (z) := ck (z − a)k et C est un contour dans D(a; R) alors pour tout z ∈ D(a; R) :
k=0

(1) w = f (z) est une fonction holomorphe.



X
(2) f 0 (z) = kck (z − a)k−1 .
k=1
I ∞
I X ∞ I
X
k
(3) f (z) dz = ck (z − a) dz = ck (z − a)k dz.
C C k=1 k=1 C

n
X
Démonstration. Posons fn (z) = ck (z − a)k , alors (fn ) est une suite de fonctions ho-
k=0
lomorphes sur le domaine |z − a| < R. D’après théorème (5.7) la suite (fn ) converge
uniformément vers une fonction f holomorphe sur D(a; R). Donc

uniformément
fn −−−−−−−−→ f.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 83

Posons

X
g(z) := kck (z − a)k−1 .
k=1

Le rayon de convergence de g est



kck k ck
Rg = lim
= lim = R.
k→∞ (k + 1)ck+1 k→∞ k + 1 ck+1

Donc la série est absolument convergente dans D(a; R). 

Dans beaucoup d’ouvrages d’analyse complexe, on défini une fonction analytique comme
suit.

Définition 5.14 (Définition alternative d’analycité). Soit une fonction f : C → C, f est


dite analytique en un point z0 ∈ C si f admet un développement en série entière (appelée

X
aussi série de puissances) autour de ce point : f (z) = ck (z − a)m .
k=0

Il est évident que cette définition et celle qu’on a donné au chapitre 2 sont équivalentes.
Remarque. Soit

X
f (z) := ck (z − a)k .
k=0

Alors pour tout z ∈ D(a; R) :


(1) w = f (z) est une fonction continue.
(2) w = f (z) est une fonction analytique (holomorphe).
(3) w = f (z) est indéfiniment différentiable.
∞ ∞ ∞
0 d X k
X d k
X
(4) f (z) = ck (z − a) = ck (z − a) = kck (z − a)k−1
dz dz
k=0 k=0 k=1

X
(5) f (n) (z) = k(k − 1) · · · (k − n + 1)ck (z − a)k−n .
k=n

f (k) (a) X f (k) (a)
(6) ck = et f (z) = (z − a)k , appelée la série de Taylor de f .
k! k!
k=0
Z ∞
Z X ∞ Z ∞ Z
X X ck
(7) f (z) dz = ck (z − a)k dz = ck (z − a)k dz = (z − a)k+1 dz.
k+1
k=0 k=0 k=1

5.3 Séries de Taylor et de Laurent

Séries de Taylor
Nous avons montrer dans la section précédente que toute série entière

X
ck (z − a)k
k=0

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


84 Section 5.3. Séries de Taylor et de Laurent

est analytique dans son disque de convergence D(a; R). Dans cette section, on montre que
la réciproque est vraie. Toute fonction analytique dans un domaine D est développable en
série entière dans un disque D(a; R) ⊂ D

X f (k) (a)
f (z) = (z − a)k . (2)
k!
k=0

La série dans (2) est appelée série de Taylor de f centrée en a. Si le centre a = 0 alors la
série devient

X f (k) (0)
f (z) = zk , (3)
k!
k=0

et on l’appelle la série de Maclaurin de f .

Théorème 5.15 (Théorème de Taylor). Soit f : D → C une fonction analytique (holo-


morphe) dans le domaine D. Alors f est développable en une série entière

X
f (z) = ck (z − a)k , (4)
k=1

avec
f (k) (a)
I
1 f (w)
ck = = dw, k = 0, 1, 2 . . . (5)
k! 2πi CR (w − a)k+1
où CR = {z ∈ C : |z − a| = R} est le plus grand cercle de centre a et de rayon R orienté
positivement inclus dans D.

F IGURE 5.1: Domaine et contour pour le théorème de Taylor.

Démonstration. Soi z tel que |z − a| < R et w tel que |w − a| = R. D’après la formule


intégrale de Cauchy Z
1 f (w)
f (z) = dw.
2πi CR w−z
Le facteur 1/(w − z) peut être exprimer comme une série géométrique en fonction de
(z − a)/(w − a) où |(z − a)/(w − a)| < 1 par
∞ 
1 X z−a k

1 1 1 1
= = =
w−z (w − a) − (z − a) w−a1− z−a w−a w−a
k=0
w−a

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 85

1
qui converge uniformément vers et donc
w−z
I
1 f (w)
f (z) = dw
2πi CR w − z

(z − a)k
I
1 X
= f (w) ( dw
2πi CR (w − a)k+1
k=0
∞  I 
X 1 f (w)
= dw (z − a)k .
2πi CR (w − a)k+1
k=0

Mais d’après la formule intégrale de Cauchy pour les dérivées, on a

f (k) (a)
I
1 f (w)
ck = = dw, k = 0, 1, 2 . . .
k! 2πi CR (w − a)k+1

Ce qui complète la démonstration du théorème. 

Remarque.
Le rayon de convergence R de la série de Taylor peut être calculer en utilisant les méthodes
de chapitre des séries entières. Cependant, on peut simplement trouver le rayon R comme
la distance entre le centre a et la singularité isolée de f la plus proche au centre a. Si
R = ∞ alors f est nécessairement une fonction entière.

1
Exemple 6. Supposons que f (z) = est développée en une série de Taylor de centre
1−z
a = 2i. Quel est le rayon de convergence R ? Trouver la série de Taylor.

Solution. La fonction f est analytique partout sauf au point z = 1. Donc le rayon de


convergence est la distance enter 1 et le centre a = 2i,
p √
R = |1 − 2i| = 12 + 22 = 5.

1 1
=
1−z 1 − 2i − (z − 2i)
1 1
=
1 − 2i z − 2i
1−
1 − 2i
∞ 
z − 2i k

1 X
= .
1 − 2i 1 − 2i
k=0

Séries de Maclaurin de bases

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


86 Section 5.3. Séries de Taylor et de Laurent


1 X
= 1 + z + z2 + · · · = zk , |z| < 1
1−z
k=0

1 1 X zk
ln(1 + z) = z − z 2 + z 3 · · · = (−1)k+1 , |z| < 1
2 3 k
k=1

z z z2 X zk
e =1+ + + ··· = , z∈C
1! 2! k!
k=0

z3 z5 X z 2k+1
sin z = z − + + ··· = (−1)k , z∈C
3! 5! (2k + 1)!
k=0

z2 z4 X z 2k
cos z = 1 − + + ··· = (−1)k , z∈C
2! 4! (2k)!
k=0

z3 z5 X z 2k+1
sinh z = z + + + ··· = , z∈C
3! 5! (2k + 1)!
k=0

z2 z4 X z 2k
cosh z = 1 + + + ··· = , z∈C
2! 4! (2k)!
k=0

α(α − 1) 2 X α(α − 1) . . . (α − k + 1) k
(1 + z)α = 1 + αz + z + ··· =1+ z , z∈C
2! k!
k=1

Exemple 7. Trouver la série de Maclaurin de f (z) = ez .

Solution. Puisque f 0 (z) = (ez )0 = ez alors f (k) (z) = ez et f (k) (0) = 1. Donc
∞ ∞
z
X f (k) (0) k
X zk
f (z) = e = z = .
k! k!
k=0 k=0

De plus puisque ez n’a aucune singularité, alors R = ∞ c.a.d. que ez est une fonction
entière.
1
Exemple 8. Trouver la série de Maclaurin de f (z) = .
(1 − z)2
Solution. Puisque

1 X
= z k = 1 + z + z 2 + · · · pour |z| < 1
1−z
k=0

et
d 1 1
= = f (z),
dz 1 − z (1 − z)2
alors

X
f (z) = kz k−1 = 1 + 2z + 3z 2 + · · · pour |z| < 1
k=1

z3
Exemple 9. Trouver la série de Maclaurin de f (z) = .
(1 − z)2
Solution. Puisque
d 1
f (z) = z 3 ,
dz 1 − z

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 87

alors

X ∞
X
f (z) = z 3 kz k−1 = kz k+2 = z 3 + 2z 4 + 3z 5 + · · · |z| < 1
k=1 k=1

Séries de Laurent

Le développement en série de Taylor représente une fonction qui est analytique dans l’in-
térieur de son cercle de convergence. Il est fréquent de rencontrer des fonctions qui sont
analytiques dans certains domaines perforés comme une couronne. Dans ces cas, la repré-
sentation en série de Taylor n’est pas la forme correcte pour décrire le développement en
série de puissance infinie de ces types de fonctions complexes.
Considérons la série

X
bk (z − a)−k = b1 (z − a)−1 + b2 (z − a)−2 + · · ·
k=1

1
Pour trouver la région de convergence de cette série, on pose w = . La série devient
z−a
une série de Taylor avec la variable w. Le rayon de convergence est

0
bk
R = lim
k→∞ bk+1

1
et la série converge dans la région |w| < R0 équivalente à la région |z − a| > = r.
R0
Plus généralement considérons une série avec des puissance positives et négatives de (z −
a) de la forme

X ∞
X
bk (z − a)−k + ak (z − a)k . (6)
k=1 k=0

Cette série est appelée une série de Laurent de centre z = a. La série contenant les
puissances négatives est appelée la partie principale de la série de Laurent, et celle des
puissances positives est appelée partie analytique de la série de Laurent. Posons

ak bk+1
R = lim et r = lim .
k→∞ ak+1 k→∞ bk

La série de Laurent (6) converge dans la couronne

{z ∈ C : r < |z − a| < R}.

Théorème 5.16 (Théorème de Laurent). Soit f : D → C une fonction analytique dans le


domaine D = {z ∈ C : r < |z − a| < R}. Alors f est développable en une série de Laurent

X
f (z) = ck (z − a)k , (7)
k=−∞

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


88 Section 5.3. Séries de Taylor et de Laurent

pour tout z ∈ D et
I
1 f (w)
ck = dw, k = 0, ±1, ±2 . . . (8)
2πi C (w − a)k+1

où C est un contour simple orienté positivement inclue dans D et contenant z = a dans son
intérieur.

F IGURE 5.2: Domaine et contour pour le théorème de Laurent.

sin z
Exemple 10. Trouver la série de Laurent de f (z) = autour de la singularité isolée
z3
z = 0.

Solution. La fonction sin z est entière et sa série de Maclaurin est



z3 z5 X z 2k+1
sin z = z − + + ··· = (−1)k , z ∈ C.
3! 5! (2k + 1)!
k=0

Donc la série de Laurent de f est

1 1 z2
f (z) = − + + · · · valide dans le domaine z ∈ C \ {0}.
z 2 3! 5!
1
Exemple 11. Développer f (z) = en série de Laurent valable dans les domaines
z(1 − z)
suivants.
(a) 0 < |z| < 1 (b) 1 < |z| (c) 0 < |z − 1| < 1 (d) 1 < |z − 1|

Solution.
1 1 1 1
(a) f (z) = = (1+z +z 2 +z 3 · · · ) = +1+z +z 2 +· · · valide dans 0 < |z| < 1.
z (1 − z) z z
(b) Le domaine 1 < |z| est lemême que |1/z|  < 1.
−1 1 −1 1 1
f (z) = 2 = 2 1 + + 2 · · · . La série entre parenthèses converge dans
z 1 z z z
1−
z
1 1 1
|z| > 1. Donc f (z) = − 2 − 3 − 4 − · · · valide dans |z| > 1.
z z z

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 89

(c) Dans le domaine 0 < |z − 1| < 1 on a

1 1 1 1
f (z) = =
z (1 − z) 1 − (1 − z) (1 − z)
1
1 + (1 − z) + (1 − z)2 + · · ·

=
(1 − z)
1
= + 1 + (1 − z) + (1 − z)2 + · · ·
(1 − z)

(d) Dans le domaine 1 < |z − 1| on a

1 1 −1 1
f (z) = =
z (1 − z) (1 − z)2 1
1−
 1 − z 
−1 1 1
= 1+ + − ···
(1 − z)2 (1 − z) (1 − z)2
1 1 1
=− 2
− 3
− + ···
(1 − z) (1 − z) (1 − z)4

1
Exemple 12. Développer f (z) = en série de Laurent valable dans les
(z − 1)2 (z − 3)
domaines suivants : (a) 0 < |z − 1| < 2 (b) 0 < |z − 3| < 2.

Solution.

(a) Dans le disque pointé 0 < |z − 1| < 2 on a

1 1 1
f (z) = 2
= 2
(z − 1) (z − 3) (z − 1) −2 + (z − 1)
−1 1
=
2(z − 1)2 z−1
1−
2
z − 1 (z − 1)2 (z − 1)3
 
−1
= 1+ + + + ···
2(z − 1)2 2 22 23
1 1 1 (z − 1) (z − 1)2
=− 2
− − − − − ···
2(z − 1) 4(z − 1) 8 16 32
X∞
= −2−k−1 (z − 1)k−2 .
k=0

(b) Dans le disque pointé 0 < |z − 3| < 2 on fait le changement de variable w = z − 3 et

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


90 Section 5.3. Séries de Taylor et de Laurent

on aura

1 1
f (z) = 2
= (w + 2)−2
(z − 3)(z − 1) w
1  w −2
= 1+ on utilise le théorème de binôme
4w  2 
1 (−2)  w  (−2)(−3)  w 2
= 1+ + ···
4w 1! 2 2! 2
" #
(−2)(−3) z − 3 2
   
1 (−2) z − 3
= 1+ + ···
4(z − 3) 1! 2 2! 2
1 1 3 1
= − + (z − 3) − (z − 3)2 + · · ·
4(z − 3) 4 16 8

8z + 1
Exemple 13. Développer f (z) = en série de Laurent valable dans le disque
z(1 − z)
pointé 0 < |z| < 1.

Solution. Dans le disque pointé 0 < |z| < 1, on a

8z + 1 1 9
f (z) = = +
z(1 − z) z 1−z
1
= + 9 1 + z + z2 + z3 + · · ·
 
z

1 X
= +9 zk .
z
k=0

Dans les exemples précédents le centre de la couronne est une singularité de la fonction,
mais cela n’est pas nécessaire comme on le voit dans l’exemple suivant.

1
Exemple 14. Développer f (z) = en série de Laurent valable dans la couronne
z(z − 1)
1 < |z − 2| < 2.

Solution. On peut écrire la fonction en fractions partielles

1 1
f (z) = − + = f1 (z) + f2 (z)
z z−1

Dans le domaine |z − 2| < 2 on obtient

1 1
1
f1 (z) = − =−
z z−2
2
1+
 2 
1 1 1 1 1
= − 1 − (z − 2) + (z − 2)2 − (z − 2)3 + (z − 2)4 + · · ·
2 2 4 8 16
1 1 1 1 1
= − + (z − 2) − (z − 2)2 + (z − 2)3 − (z − 2)4 + · · ·
2 4 8 16 32

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 91

et dans le domaine 1 < |z − 2| on obtient

1 1 1
f2 (z) = =
z−1 z−2 1
1+
 z − 2 
1 1 1 1
= 1− + − · · ·
z−2 z − 2 (z − 2)2 (z − 2)3
1 1 1 1
= − 2
+ 3
− ···
z − 2 (z − 2) (z − 2) (z − 2)4

Donc dans le domaine 1 < |z − 2| < 2, on obtient

1 1 1 1 1 1
f (z) = · · · 3
− 2
+ + − + (z − 2) − (z − 2)2 · · ·
(z − 2) (z − 2) z−2 2 4 8

F IGURE 5.3: Domaine 0 < |z − 2| < 2.

Exemple 15. Développer f (z) = e1/z en série de Laurent valable dans le plan complexe
pointé 0 < |z| < ∞.

Solution. On sait que la série de Maclaurin de la fonction exponentielle ez est

z2 z3
ez = 1 + z + + + ···
2! 3!

En remplaçant z par 1/z on obtient la série de Laurent de f

1 1 1
ez = 1 + + + + ···
z 2!z 2 3!z 3

Cette série est valide pour tout z 6= 0 donc dans le plan complexe pointé 0 < |z| < ∞.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


92 Section 5.4. Zéros et singularités

5.4 Zéros et singularités d’une fonction complexe

Zéros d’une fonction complexe

Définition 5.17. Si f est définie dans un domaine D, on dit que z = a est un zéro de f si
f (a) = 0. De plus on dit que z = a est un zéro isolé de f s’il existe  > 0 tel que f (z) 6= 0
pour tout z tel que 0 < |z − a| < .

Soit f : D → C est analytique et supposons que z = a est un zéro isolé de f . On a vu que


d’après le théorème de Taylor f est développable dans un voisinage de z = a (|z − a| < R)
en une série entière de la forme

X
ck (z − a)k .
k=0

Définition 5.18. On dit que z = a est un zéro d’ordre n de f si c0 = c1 = · · · = an−1 = 0


mais an 6= 0. Si n = 1 on dit z = a est un simple zéro de f .

Exemple 16.

(a) Soit f (z) = z 2 . Alors z = 0 est un zéro d’ordre 2 de la fonction complexe f .


(b) Soit f (z) = (z − i)(z + 2)3 . Alors z = i est un simple zéro et z = −2 est un zéro
d’ordre 3 de la fonction complexe f .
(c) Soit f (z) = (z 2 + 9). Alors z = ∓3i sont des simples zéros de f .

Remarque. Les coefficients cn dans la série de Taylor sont cn = f n (a)/n!. Donc une défi-
nition équivalente du zéro d’ordre n est que

f (a) = f 0 (a) = · · · = f (n−1) (a) = 0 mais f (n) (a) 6= 0.

Si f (a) = 0 et f 0 (a) 6= 0 alors z = a est un simple zéro.

Exemple 17.

(a) Soit f (z) = sin z. Alors, f a des zéros simples en z = kπ, k ∈ Z.


Notons que f (kπ) = sin(kπ) = 0 mais f 0 (kπ) = cos(kπ) = (−1)k 6= 0.
(b) Soit f (z) = 1 − cos z. Alors, f a des zéros en z = 2kπ, k ∈ Z.
Puisque f 0 (2kπ) = sin(2kπ) = 0 mais f 00 (2kπ) = cos(2kπ) = 1 6= 0, alors les zéros
sont d’ordre 2.

Proposition 5.19. Supposons que la fonction analytique f possède un zéro d’ordre n en


z = a. Alors il existe R > 0, tel que pour tout z dans le disque |z − a| < R on a

f (z) = (z − a)n g(z)

où la fonction g et analytique dans |z − a| < R est g(a) 6= 0.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 93

Démonstration. Puisque z = a est un zéro d’ordre n alors

f (a) = f 0 (a) = · · · = f (n−1) (a) = 0 mais f (n) (a) 6= 0.

Donc la série entière de f est de la forme



X
n n+1 n
f (z) = cn (z − a) + cn+1 (z − a) + · · · = (z − a) ck+n (z − a)k
k=0


X
où an 6= 0. Posons g(z) = ck+n (z − a)k , alors g et analytique dans |z − a| < R est
k=0
g(a) = an 6= 0. 

Singularités d’une fonction complexe

Rappelons qu’une fonction f admet une singularité en z = a si f n’est pas différentiable en


z = a. On dit que z = a est une singularité isolée si f est analytique dans le disque pointé
0 < |z − a| <  pour un certain  > 0. Soit z = a une singularité isolée d’une fonction
complexe f . Alors f est développable en une série de Laurent valide dans un disque pointé
0 < |z − a| < R et sa série de Laurent est définie par

X ∞
X
−k
f (z) = c−k (z − a) + ck (z − a)k , (9)
k=1 k=0

la première somme étant la partie principale de la série de Laurent



X
c−k (z − a)−k (10)
k=1

et la deuxième somme est la partie analytique de la série



X
ck (z − a)k . (11)
k=0

Remarque. Dans ce cours, nous étudierons seulement les singularités isolées.

Définition 5.20. Soit z = a une singularité isolée de f . On dit que la singularité est :

(1) artificielle (apparente, fausse) si la partie principale est nulle, c−k = 0, k = 1, 2, · · · .


(2) un pôle d’ordre n ≥ 1 si les coefficients c−k = 0 pour tout k > n, et c−n 6= 0. Donc la
partie principale contient seulement un nombres finis de termes non nuls. Si n = 1,
alors on dit que z = a est simple pôle.
(3) essentielle si la partie principale contient un nombres infinis de termes non nuls.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


94 Section 5.4. Zéros et singularités

Remarque. Toute singularité isolée doit être l’une des trois singularités :
(1) Artificielle,
(2) Pôles d’ordre n,
(3) Essentielle.

Résumé des singularités en fonction de la série de Laurent

Singularité Série de Laurent dans 0 < |z − a| < R

Artificielle c0 + c1 (z − a) + c2 (z − a)2 + · · ·
c−n c−(n−1)
Pôle d’ordre n n
+ + · · · + c1 (z − a) + c2 (z − a)2 + · · ·
(z − a) (z − a)n−1
c−1
Pôle simple + c0 + c1 (z − a) + c2 (z − a)2 + · · ·
(z − a)
c−2 c−1
Essentielle ··· + 2
+ + c0 + c1 (z − a) + c2 (z − a)2 + · · ·
(z − a) (z − a)

Exemple 18. Analyser quelle type de singularité z = 0 dans les fonctions suivantes.
sin z sin z 1
(a) f (z) = (b) g(z) = 2 (c) h(z) = sin
z z z
Solution. La série de sin z est

1 3 1
sin z = z − z + z5 + · · ·
3! 5!

Donc on aura
sin z 1 1
(a) f (z) = = 1 − z 2 + z 4 + · · · , donc z = 0 est une singularité artificielle.
z 3! 5!
sin z 1 1 1
(b) g(z) = 2 = − z + z 3 + · · · , donc z = 0 est un simple pôle.
z z 3! 5!
1 1 1 1
(c) h(z) = sin = − 3
+ + · · · , donc z = 0 est une singularité essentielle.
z z 3!z 5!z 5
Remarque.
(1) Les trois cas ci-dessus sont mutuellement exclus. Toute singularité isolée doit être
soit une singularité artificielle, soit une singularité essentielle ou soit un pôle.
(2) Pour le cas de la singularité artificielle on peut définir

 sin z

z 6= 0
fb(z) = z
0 z=0

de telle sorte que fb soit analytique en z = 0. La fonction fb est appelée un prolonge-


ment analytique de la fonction f .

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 95

(3) Une fonction est dite méromorphe dans une région si elle est holomorphe dans cette
région, sauf éventuellement sur des pôles. Par exemple, les fonctions rationnelles
sont toujours méromorphes sur tout le plan complexe.

Théorème 5.21 (Théorème de prolongement de Riemann). Soit f une fonction analytique


sur un domaine D sauf peut être en un point z = a et tel que lim (z − a)f (z) = 0. Alors f
z→a
admet un prolongement (unique) en une fonction analytique holomorphe sur D.

Démonstration. Posons g(z) = (z − a)2 f (z) et g(a) = 0. Alors g est holomorphe sur D et
g(z) − g(a)
g 0 (a) = lim = lim (z − a)f (z) = 0. Alors c0 = c1 = 0 dans le développement
z→z z−a z→z
en série entière de g au voisinage de z = a. Donc la série entière de f est de la forme

X
g(z) = ck (z − a)k = c2 (z − a)2 + c3 (z − a)3 + c4 (z − a)4 + · · · ,
k=2

d’où

g(z) X
f (z) = = ck (z − a)k−2 = c2 + c3 (z − a) + c4 (z − a)2 + · · · .
(z − a)2
k=2

Ainsi f est holomorphe au voisinage de z = a et le prolongement holomorphe dans D, fˆ


de f , s’obtient en posant 
f (z) z 6= a
fb(z) =
c2 = lim f (z) z=a
z→a

Signalons sans démonstration le théorème suivant.

Théorème 5.22 (Théorème de Picard). Si z = a est une point singulier essentiel de la


fonction analytique f ,alors l’image par f de toute couronne 0 < |z − a| <  est le plan C tout
entier ou le C privé d’un seul point.

Exemple 19. Vérifier le théorème de Picard pour la fonction e1/z au voisinage de z = 0.

Solution. On a vu dans l’exemple précédent que z = 0 est une singularité essentielle. On


a vu aussi dans les propriétés de la fonction exponentielle complexe que e1/z 6= 0. On veut
montrer que pour n’importe quel c ∈ C, e1/z = c possède une solution.
Rappelons que

log c = Log |c| + i Arg c + 2kπ, k = 0, ±1, ±2, . . .

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96 Section 5.4. Zéros et singularités

On peut choisir k assez grand tel que w = log c et |w| > 1/. Si on pose z = 1/w, on aura
|z| <  et
e1/z = ew = elog c = c.

Dans les propositions suivantes on suppose que z = a est une singularité isolée d’une
fonction complexe f et que sa série de Laurent est valide dans un disque pointé 0 <
|z − a| < R est donnée par l’équation (9).

X ∞
X
−k
f (z) = c−k (z − a) + ck (z − a)k .
k=1 k=0

On donne maintenant une caractérisation de chacune des trois singularités.

Proposition 5.23 (Singularité artificielle). Les assertions suivantes sont équivalentes :


(1) z = a est une singularité artificielle de f .
(2) lim f (z) existe.
z→a
(3) |f (z)| est bornée au voisinage z = a.
(4) lim (z − a)f (z) = 0.
z→a
(5) f est prolongeable of une fonction analytique en z = a.
(6) La partie principale est nulle, c−k = 0, k = 1, 2, · · · .

Proposition 5.24 (Pôle d’ordre n). Les assertions suivantes sont équivalentes :
(1) z = a est un pôle d’ordre n de f .
(2) lim |f (z)| = ∞.
z→a

(3) lim |(z − a)k f (z)| = 0 pour k = 1, . . . , n − 1.


z→a
(4) z = a est une singularité artificielle de (z − a)n f (z).
g(z)
(5) f (z) = où g est une fonction analytique en z = a et g(a) 6= 0.
(z − a)n
(6) Le coefficient c−n 6= 0 et les coefficients c−k = 0 pour k < n.
(7) Il y a un nombre fini d’indices négatifs −k tel que c−k 6= 0.

Proposition 5.25 (Singularité essentielle). Les assertions suivantes sont équivalentes :


(1) z = a est singularité essentielle de f .
(2) |f (z)| peut prendre n’importe quelle valeur à proximité de z = a.
(3) f (z) peut prendre n’importe quelle valeur complexe au voisinage de z = a sauf peut être
en un un point.
(4) L’image par f de toute couronne 0 < |z − a| <  est le plan C tout entier ou le plan C
privé d’un seul point.
(5) Il y a une infinité d’indices négatifs −k tel que c−k 6= 0.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 97

Remarque. Les seules singularités des fractions rationnelles sont artificielles ou des pôles.
Donc les fonctions fractions rationnelles sont méromorphes.
sin z
Exemple 20. Classifier les singularités de la fonction .
(z 2 − 4)2
Solution. On a
sin z (sin z)/(z + 2)2
=
(z 2 − 4)2 (z − 2)2
dont le numérateur est analytique et non nul en z = 2. Donc z = 2 est un pôle d’ordre 2
d’après l’assertion (5) de la caractérisation des des pôles.
Une procédure similaire montre que z = −2 est est un pôle d’ordre 2.
1
Exemple 21. Classifier la singularité z = 0 de f (z) = .
z 2 sin z
Solution. Notons que
 
1 1 5
z sin z = z z − z 3 +
2 2
z − ···
3! 5!
 
1 1 5
= z3 1 − z2 + z − ···
3! 5!
= z 3 · g(z).

Donc
1/g(z)
f (z) =
z3
où 1/g(z) est une fonction analytique non nulle dans le voisinage z = 0, donc f possède
un pôle d’ordre 3 au point z = 0.
tan z
Exemple 22. Classifier les singularités de la fonction f (z) = .
z
Solution. Notons que

tan z sin z
=
z z cos z  
1 1 3 1 5
= z − z + z − ···
z cos z 3! 5!
 
1 1 2 1 5
= 1 − z + z − ··· .
cos z 3! 5!

On voit que
tan z
lim =1
z→0 z
donc z = 0 est une fausse singularité de f .
De plus zéros de cos z, z = (k + 1/2)π pour k = 0, ±1, ±2, . . . sont des pôles simples de f .

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98 Section 5.5. Exercices

5.5 Exercices
1. Étudier la convergence des suites suivantes.
(a) an = eiπn/4 (c) an = cos n (e) an = sin(1/n)
1+i n
 
(−1)n in2 (f) an =
(b) an = (d) an = 2 −
n 4n2 + 2 3
2. Montrer que :
(a) lim an = a ⇒ lim |an | = |a| (b) lim an = 0 ⇔ lim |an | = a
n→∞ n→∞ n→∞ n→∞

3. (Lemme 5.5 ) Montrer que si (fn ) est une suite de fonctions continues sur la région
G et converge uniformément vers f sur G. Alors, f est continue sur G.
4. (a) Montrer que (zn ) converge si et seulement si Re zn et Im zn convergent.
(b) Utiliser le fait que R est complet pour montrer que C est aussi.

1 X
5. Montrer que pour |z| > 1, =− z −k .
1−z
k=1

6. Étudier la convergence des séries suivantes et trouver les somme de celles qui
convergent.
∞ ∞  2k
X X 2i
(a) (1 − i)k (c)
5
k=0 k=2
∞  k+1 ∞  k
X 1 X 2
(b) 4i (d)
5 1 + 2i
k=1 k=1

7. Étudier la convergence des séries suivantes.


∞  ∞ 
1+i k 1 + 2i k
X  X 
(a) √ (c) √
k=1
3 k=1
5
∞  k ∞
X 1 X 1
(b) k (d)
i k 3 + ik
k=1 k=1

X X∞
8. Montrer que la série ck converge si et seulement si lim ck = 0.
n→∞
k=1 k=n
9. Utiliser le M –test de Weierstrass pour montrer que les séries convergent uniformé-
ment sur le domaine donné.
∞ ∞
X zk X zk
(a) dans {z : |z| ≤ 1} (c) dans {z : |z| ≤ 1}
k2 3k 4 + 1
k=1 k=1
∞ ∞
X 1 X zk
(b) dans {z : |z| ≥ 2} (d) dans {z : |z| ≤ r < 1}
zk 1 + zk
k=1 k=1

10. Trouver le rayon de convergence des séries suivantes.


∞ ∞ ∞
X X X (3 − i)k
(a) k3 z k (c) k!z k (e) (z + 2i)k
k2
k=0 k=0 k=0

∞ ∞ ∞
X X 1 k X z 2k
(b) 3k (z − 1)k (d) z (f)
3k 9k
k=0 k=0 k=0

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Chapitre 5. Séries de nombres complexes 99


X ∞
X ∞
X
(g) 4k+2 (z − 2)k (h) a2k (z)k ; a ∈ C (i) kn z k ; n ∈ Z
k=0 k=0 k=0

X zk
11. Montrer que est convergente en tout point de son cercle de convergence.
k3
k=1
X∞
12. Montrer que kz k est divergente en tout point de son cercle de convergence.
k=1

X
13. En considérant la série rk eikθ , 0 < r < 1, montrer que
k=0
∞ ∞
X 1 − r cos θ X r sin θ
rk cos kθ = et rk sin kθ =
1 − 2r cos θ + r2 1 − 2r cos θ + r2
k=0 k=0

X ∞
X
14. Expliquer pourquoi les séries ak z k et kak z k−1 possèdent le même rayon de
k=0 k=1
convergence.

X
15. Si le rayon de convergence de ak z k est égal à R, trouver le rayon de convergence
k=0
des séries suivantes pour n ∈ Z.
∞ ∞ ∞
2
X X X
n k
(a) k ak z (b) ak z n k (c) (ak )n z k
k=0 k=0 k=0

Trouver la série de Maclaurin et le rayon de convergence de chacune des fonctions sui-


vante.
z 1
16. f (z) = 22. f (z) =
1+z 6 − 2z
z z
17. f (z) = 23. f (z) =
(1 + 3z)2 (1 − z)3
18. f (z) = e−2z 24. f (z) = zez
2

19. f (z) = cosh z 25. f (z) = sinh z


20. f (z) = cos(z/3) 26. f (z) = sin(5z)
21. f (z) = sin(z 2 ) 27. f (z) = cos(z 2 )

Utiliser la série de Maclaurin de ez pour trouver la série de Taylor de la fonction autour


du centre indiqué. [Indication : z = z − a + a.]
1+z 29. f (z) = cot z, a = πi
28. f (z) = , a = 1 + 3i
(z − i)(z − 2i)

Trouver la série de Taylor et le rayon de convergence de chacune des fonctions suivantes


autour du centre indiqué.
1 1
30. f (z) = , a = 1 34. f (z) = , a=1+i
z z
1 1
31. f (z) = , a = 2i 35. f (z) = , a = −i
(3 − z)2 1+z
z−1 1+z
32. f (z) = ,a=1 36. f (z) = ,a=i
(3 − z)2 1−z
33. f (z) = cos z, a = π/4 37. f (z) = sin z, a = π/2

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


100 Section 5.5. Exercices

Trouver la série de Maclaurin et le rayon de convergence de chacune des fonctions sui-


vantes.[Indication : utiliser les fractions partielles.]
z−i z−7
38. f (z) = 39. f (z) =
(z − i)(z − 2i) (z + 1)(z − 3)

Déterminer le rayon de convergence R de la série de Taylor sans développer la série .


z
40. f (z) = , a = 1 + 3i 41. f (z) = cot z, a = πi
1 + z2

Déterminer une fonction dont la somme est donnée pas la série suivante.
∞ ∞
X
k+1 k
X z 2k
42. 4 z 44.
k!
k=0 k=0
∞ ∞
X zk X
43. 45. k(z − 1)k−1
k!
k=2 k=1

Trouver la série de Laurent pour chacune des fonctions suivante dans le domaine indiqué.
cos z z − sin z
46. f (z) = , 0 < |z| 49. f (z) = , 0 < |z|
z z5
3 1 − ez
47. f (z) = e−1/z , 0 < |z| 50. f (z) = , 0 < |z|
z3
e z
1
48. f (z) = , 0 < |z − 1| 51. f (z) = z cos , 0 < |z|
z−1 z

1
Trouver la série de Laurent de la fonction f (z) = pour chacun des domaines
z(z − 3)
suivants.
52. 0 < |z| < 3 55. 3 < |z|
53. 0 < |z − 3| < 3 56. 3 < |z − 3|
54. 1 < |z − 4| < 4 57. 1 < |z + 1| < 4
1
Développer f (z) = en une série Laurent pour chacun des domaines sui-
(z − 1)(z − 2)
vants.
58. 1 < |z| < 3 60. |z| > 2
59. 0 < |z − 1| < 1 61. 0 < |z − 2| < 1
z
Développer f (z) = en une série Laurent pour chacun des domaines sui-
(z + 1)(z − 2)
vants.
62. 0 < |z + 1| < 3 64. |z + 1| > 3
63. 1 < |z| < 2 65. 0 < |z − 2| < 3
1
Développer f (z) = en une série Laurent pour chacun des domaines sui-
(z − 1)3 (z − 2)
vants.
66. 0 < |z − 2| < 1 67. 0 < |z − 1| < 1
z 2 − 2z + 2
Développer f (z) = en une série Laurent pour chacun des domaines suivants.
(z − 2)

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 5. Séries de nombres complexes 101

68. |z − 1| > 1 69. |z − 2| > 0

1
70. La fonction f (z) = admet une série de Laurent sous la forme
(z + 2)(z − 4i)

X
f (z) = ck (z + 2)k dans une couronne r < |z + 2| < R. Trouver r et R.
k=−∞

71. Trouver la partie principale de la série de Laurent de centre a = −2 valide dans


e−3z
0 < |z + 2| < ∞ pour la fonction f (z) = .
(z + 2)2

Déterminer les zéros et leurs ordres pour chacune des fonctions suivantes.
72. f (z) = (z + 1 − 3i)3 76. f (z) = sin2 z
73. f (z) = z 4 + 4z 2 77. f (z) = zez + z
74. f (z) = e3z − ez 78. f (z) = z − sin z
75. f (z) = z 4 − 81 79. f (z) = 1 − ez−1
Montrer que z = 0 est une singularité artificielle de f et trouver le prolongement analy-
tique de f .
ez − 1 sin z 2 − 1
80. f (z) = 83. f (z) =
z 3z 2
tan z z 3 − 4z 2
81. f (z) = 84. f (z) =
z 1 − ez 2 /2
cos z − 1 sin 4z − 4z
82. f (z) = 85. f (z) =
5z 2 11z 3

Déterminer l’ordre des pôles des fonctions suivantes.


3z − 1 sin 3z
86. f (z) = 2 92. f (z) = 2
z + 2z + 5 z − 5z
3z 2 + 3z − 2 z−1
87. f (z) = 2 93. f (z) =
2z − 9z + 4 (z + 1)(z 3 + 1)
1 + 4i 1
88. f (z) = 94. f (z) = 7 − 3
(z + 2)(z + i)4 z
1 − cosh z cot πz
89. f (z) = 95. f (z) =
z4 z2
1 ez
90. f (z) = 96. f (z) = 2
1 + ez (z + 1)2
1 − ez cos z − cos 2z
91. f (z) = 97. f (z) =
z3 z6

98. Déterminer si z = 0 est une singularité isolée de f (z) = tan(1/z).


99. Déterminer l’ordre du pôle z = 0 pour la fonction f (z) = (2 cos z − 2 + z 2 )−2 .
100. Déterminer si z = 0 est une singularité essentielle de f (z) = ez+1/z .
101. Montrer que z = 0 est une singularité essentielle de f (z) = z 3 sin(1/z).
102. Montrer que z = −2 est une singularité essentielle de f (z) = (z − 1) cos(1/(z + 2)).

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102 Section 5.5. Exercices

1
103. La série de Laurent de f (z) = dans le domaine |z| > 1 est donnée par :
z(z − 1)

1 1 1
f (z) = 2
+ 3 + 4 + ···
z z z

La série contient un nombre infini de termes de puissances négatives. Est ce que


z = 0 est une singularité essentielle ? Justifier votre réponse.
104. Si z = a est pôle d’ordre n de la fonction f et z = a est un pôle d’ordre m de la
fonction g. Discuter l’ordre du pôle z = a pour les fonctions : (a) f + g (b) f · g.

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6. Le théorème des résidus de Cauchy

L’une des applications les plus remarquables de l’intégration dans le plan complexe en
général et du théorème de Cauchy en particulier, est la possibilité d’utiliser les techniques
d’analyse complexe pour calculer des intégrales et des séries réelles qui sont très difficiles
à calculer par les méthodes d’analyse réelle.

6.1 Les résidus et leurs calculs


On a vu dans le chapitre précédent que si f est analytique dans un domaine D sauf en une
singularité isolée z = a, alors f est développable en une série de Laurent valide dans un
disque pointé {z : 0 < |z − a| < R} ⊂ D

X
f (z) = ck (z − a)k ,
k=−∞

Définition 6.1. Le résidu de f au point singulier isolé z = a est défini par

Res(f, a) = c−1 .

Donc le nombre complexe c−1 , qui est le coefficient de 1/(z − a) dans le développement
de la série de Laurent est appelé le résidu de f au point singulier isolé a.
Si r < R et Cr = a + reit , 0 ≤ t ≤ 2π, alors d’après le théorème de Laurent, on a
Z Z ∞
X ∞
X Z
k
f (z) dz = ck (z − a) dz = ck (z − a)k dz
Cr Cr k=−∞ k=−∞ Cr

mais

0 6 −1
si k =
Z
(z − a)k dz =
Cr 2πi si k = −1

d’où Z
f (z) dz = 2πic−1
Cr

et donc Z
1
Res(f, a) = c−1 = f (z) dz
2πi Cr

103
104 Section 6.1. Les résidus et leurs calculs

d’où le nom résidu car le seul terme qui reste (résiduel) est celui de c−1 .

Proposition 6.2. Soit f une fonction holomorphe dans 0 < |z − a| < R. Alors pour tout
lacet γ contenu dans 0 < |z − a| < R , on a
Z
f (z) dz = 2πi Res(f, a) I(γ, a).
γ

Démonstration. Comme f est holomorphe dans 0 < |z − a| < R elle y admet un dévelop-

X
pement en série de Laurent ck (z − a)k , donc
k=−∞

Z Z ∞
X
f (z) dz = ck (z − a)k dz
γ γ k=−∞

X∞ Z
= ck (z − a)k dz
k=−∞ γ
Z
= c−1 (z − a)−1 dz
γ

= 2πi Res(f, a) I(γ, a).


1
Exemple 1. Calculer Res(f, 3) si f (z) = .
(z − 1)2 (z − 3)
Solution. On peut vérifier que dans la couronne 0 < |z − 3| < 2.

1 1 1 3 1
f (z) = 2
= (z − 3)−1 − + (z − 3) − (z − 3)2 + · · ·
(z − 1) (z − 3) 4 4 16 8

1
Donc z = 3 est un simple pôle et Res(f, 3) = .
4
1
Exemple 2. Calculer Res(f, 1) si f (z) = .
(z − 1)2 (z − 3)
Solution. On peut vérifier que dans la couronne 0 < |z − 1| < 2.

1 1 1 1 1
f (z) = 2
= − (z − 1)−2 − (z − 1)−1 − − (z − 1) + · · ·
(z − 1) (z − 3) 2 4 8 16

1
Donc z = 1 est un pôle d’ordre 2 et Res(f, 1) = − .
4

Exemple 3. Calculer Res(f, 0) si f (z) = e3/z .


Solution. On peut facilement vérifier que dans le plan complexe pointé 0 < |z| < ∞.

3 32 33
f (z) = e3/z = 1 + + 2
+ + ···
z 2!z 3!z 3

Donc z = 0 est une singularité essentielle et Res(f, 0) = 3.

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Chapitre 6. Le théorème des résidus de Cauchy 105

Proposition 6.3 (Calcul des résidus). Soit z = a une singularité isolée de f , alors

(1) si z = a est un pôle simple de f ,

Res(f, a) = lim (z − a)f (z). (1)


z→a

g(z)
(2) si f (z) = où g(a) 6= 0, et h(a) = 0 mais h0 (a) 6= 0, alors
h(z)

g(a)
Res(f, a) = . (2)
h0 (a)

(3) si z = a est un pôle d’ordre n de f ,

1 dn−1
Res(f, a) = lim n−1 [(z − a)n f (z)]. (3)
(n − 1)! z→a dz

1
Exemple 4. Revenons a l’exemple 1 où f (z) = et on veut calculer Res(f, 3)
(z − 1)2 (z − 3)
et Res(f, 1).
Solution.
• Puisque z = 3 est simple pôle alors si on utilise la formule (1) on a

1 1
Res (f, 3) = lim (z − 3)f (z) = lim 2
=− .
z→3 z→3 (z − 1) 4

• Si on utilise la formule (2), on écrit

1/(z − 1)2 g(z)


f (z) = =
(z − 3) h(z)

et
g(3) 1/4 1
Res(f, 3) = 0
= = .
h (3) 1 4
• z = 1 est un pôle d’ordre 2, on utilise donc la formule (3).

1 d
Res(f, a) = lim [(z − 1)2 f (z)]
1! z→1 dz
d 1
= lim
z→1 dz z − 3
−1 1
= lim 2
=− .
z→1 (z − 3) 4

1
Exemple 5. Soit f (z) = , calculer les résidus de f en tous les pôles de f .
z4 − 1
Solution. z 4 − 1 = (z 2 − 1)(z 2 + 1) = (z − 1)(z + 1)(z − i)(z − i).
Les singularités z = ±1, ±i sont des simples pôles de f . Si on utilise la formule (2) avec

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106 Section 6.2. Théorème des résidus

g(z) = 1 et h(z) = z 4 − 1, on aura

g(a) 1
Res(f, a) = = 3.
h0 (a) 4a

Donc on trouve :
1 1
(a) Res(f, −1) = − , (b) Res(f, 1) = ,
4 4
1 i 1 i
(c) Res(f, −i) = 3
=− , (d) Res(f, i) = 3 = .
4(−i) 4 4i 4

6.2 Théorème des résidus


Nous arrivons maintenant à la raison pour laquelle le concept des résidus est important. Le
théorème des résidus de Cauchy indique
I que, dans certaines circonstances, nous pouvons
calculer les intégrales complexes f (z) dz en additionnant les résidus aux singularités
C
isolées de f se trouvant à l’intérieur du contour fermé C.

Théorème 6.4 (Théorème des résidus). Soit D un domaine simplement connexe et C un


contour simple fermé inclus dans D. Si f est une fonction analytique sur et à l’intérieur de C,
sauf à un nombre fini de points singuliers isolés a1 , a2 , . . . , an au sein de C, alors
I n
X
f (z) dz = 2πi Res(f (z), ak ).
C k=1

Démonstration. Supposons que C1 , C2 , . . . , Cn sont des cercles centrés en a1 , a2 , . . . , an


respectivement. De plus supposons que chaque cercle Ck est positivement orienté et son
rayon rk est tel que C1 , C2 , . . . , Cn sont mutuellement disjoints et tous à l’intérieur de C.
Voire la figure 6.1 ci-dessous.

F IGURE 6.1: Domaine et contour pour le théorème des résidus.

I n I
X n
X
f (z) dz = f (z) dz = 2πi Res(f, ak ).
C k=1 Ck k=1

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 6. Le théorème des résidus de Cauchy 107

Théorème 6.5 (Théorème des résidus–version générale). Soit D un domaine simple-


ment connexe et f est une fonction analytique dans D, sauf peut-être en un nombre fini de
points singuliers isolés a1 , a2 , . . . , an de f . Alors si γ est un lacet tracé dans D ne rencontrant
aucun point singulier de f , on a
I n
X
f (z) dz = 2πi Res(f (z), ak )I(γ, ak ).
Γ k=1
I
1
Exemple 6. Calculer dz, où le contour C est
(z − 1)2 (z − 3)
C
(a) le rectangle défini par x = 0, x = 4, y = −1 et y = 1,
(b) le cercle |z| = 2.

Solution.

(a) Puisque les singularités z = 1 et z = 3 sont dans le rectangle alors on


I
1
dz = 2πi[Res(f, 1) + Res(f, 3)] = 2πi − 14 + 14 = 0.
 
2
(z − 1) (z − 3)
C

(b) Seule la singularité z = 1 est dans le cercle |z| = 2, donc


I
1
dz = 2πi Res(f, 1) = −2πi 14 = − π2 i.
(z − 1)2 (z − 3)
C

I
2z + 6
Exemple 7. Calculer dz, où le contour C est le cercle |z − i| = 2.
z2 + 4
C
Solution. On a z 2 + 4 = (z − 2i)(z + 2i) donc z = ±2i sont des pôles simples, mais seul le
z = 2i est dans le cercle |z − i| = 2, donc
I
2z + 6
dz = 2πi Res(f, 2i)
z2 + 4
C
2z + 6
= 2πi lim (z − 2i)
z→2i (z − 2i)(z + 2i)
4i + 6
= 2πi lim
z→2i (2i + 2i)
3 + 2i
= (2πi) = π(3 + 2i).
(2i)

ez
I
Exemple 8. Calculer dz, où le contour C est le cercle |z| = 2.
C z 4 + 5z 3

Solution. On a z 4 + 5z 3 = z 3 (z + 5) donc z = 0 est un pôle d’ordre 3 et z = −5 est un pôle

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


108 Section 6.3. Application du théorème des résidus au calcul intégral

simple, mais seul z = 0 est dans le cercle |z| = 2, donc

ez
I
4 3
dz = 2πi Res(f, 0)
C z + 5z
d2 ez
 
1 3
= 2πi lim (z − 2i) 2 z 3
2! z→0 dz z (z + 5)
2
(z + 8z + 17)e z
= πi lim
z→2i (z + 5)3
17π
= i.
125
I
Exemple 9. Calculer tan z dz, où le contour C est le cercle |z| = 2.
C

Solution. On a vu que les zéros de cos z sont zn = (2n + 1)π/2, n ∈ Z. Seuls z = ±π/2
sont dans le cercle |z| = 2, donc
I
tan z dz = 2πi[Res(f, −π/2) + Res(f, π/2)]
C

sin z g(z) g(a)


Si on pose tan z = = et on utilise la formule (2) on aura Res(f, a) = 0
cos z h(z) h (a)
donc
sin(−π/2)
Res(f, −π/2) = = −1
− sin(−π/2)
et
sin(π/2)
Res(f, π/2) = = −1.
− sin(π/2)
Donc I
tan z dz = 2πi[−1 − 1] = −4πi.
C
I
Exemple 10. Calculer e3/z dz.
|z|=1

Solution. On vu que z = 0 est une singularité essentielle de f (z) = e3/z et donc on ne


peut pas utiliser les formule (1)-(3) de cette section. Néanmoins on a utiliser la série de
Laurent pour obtenir que Res(f, 0) = 3 donc
I
e3/z dz = 2πi Res(f, 0) = 6πi.
|z|=1

6.3 Application du théorème des résidus au calcul intégral

Le calcul d’intégrales définies peut souvent être effectué en utilisant le théorème des rési-
dus à une fonction et à un contour convenable dont le choix peut demander une grande
ingéniosité. Les types d’intégrales qui suivent sont souvent rencontrées dans la pratique.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 6. Le théorème des résidus de Cauchy 109

Intégrales de fractions rationnelles trigonométriques

Z2π
Intégrale de la forme I = F (cos t, sin t)dt
0
P (x, y)
où F (cos t, sin t) est une fonction rationnelle de cos t et sin t, c’est-à-dire F (x, y) =
Q(x, y)
avec la fonction Q(x, y) qui ne s’annule pas sur C = (x, y) ∈ R2 : x2 + y 2 = 1 . Posons


z − z −1 z + z −1
   
it 1 1 1 1 dz
z = e , alors sin t = = z− , cos t = = z+ et dt = .
2i 2i z 2 2 z iz
L’intégrale donnée devient alors

z + z −1 z − z −1
I  
dz
I= F , .
2 2i iz
|z|=1

En appliquant le théorème des résidus, on obtient :

z + z −1 z − z −1
   
X 1
I = 2πi Res F , , zk , (1)
iz 2 2i
|zk |<1

z + z −1 z − z −1
 
1
où zk sont les singularités de la fonction F , , telles que |zk | < 1.
iz 2 2i

Z2π
dt
Exemple 11. Calculer l’intégrale I = .
(5 − 3 sin t)2
0

Solution. Comme dans l’exemple 1, après le changement de variable z = eit , on trouve

Z2π Z
dt 4iz
I = 2 = 2
dz
(5 − 3 sin t) (3z − 10iz − 3)
0 |z|=1
 
X 4iz
= 2πi Res , zk ,
(3z 2 − 10iz − 3)
|zk |<1

i
où les singularités sont : z1 = 3i, z2 = . On a |z1 | > 1 et |z2 | < 1. De plus, z2 est une
3
singularité d’ordre deux, le résidu associé est donné par
 
4iz (z − z2 ) 4iz −i
Res 2
, z2 = lim =
(3z − 10iz − 3) z→z2 3 (z − z2 ) (z − z1 ) 6


ce qui donne : I = .
32

Z2π
dt
Exemple 12. Calculer l’intégrale I = .
2 + cos t
0

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


110 Section 6.3. Application du théorème des résidus au calcul intégral

Solution. Posons z = eit , alors l’intégrale I est donnée par

Z2π
z + z −1 z − z −1
Z  
dt dz
I = = F ,
2 + cos t 2 2i iz
0 |z|=1

z + z −1 z − z −1
Z    
dz X
= = 2πi Res F , , zk .
i (z 2 + 4z + 1) 2 2i
|z|=1 k

1 √ √
Les singularités de la fonction F (z) = sont z 1 = −2 − 3 et z 2 = −2 + 3.
i (z 2 + 4z + 1)
On remarque que |z1 | > 1 et que |z2 | > 1. Donc I = 0.

On peut utiliser directement le théorème de Cauchy, en effet, la fonction


Z
1
F (z) = est holomorphe sur le cercle |z| = 1, donc F (z)dz = 0.
i (z 2 + 4z + 1)
|z|=1

Intégrales de fractions rationnelles d’une variable réelle


+∞
Z
Intégrale de la forme I = f (x)dx
−∞
où f est une fonction réelle qui vérifiant les trois conditions suivantes :
P (x)
(1) f (x) = avec P (x) et Q(x) sont des polynômes.
Q(x)
(2) lim xf (x) = 0, c.a.d. deg P ≥ deg Q + 2.
|x|→∞
(3) Q(x) ne s’annule pas sur R.
Z
Pour calculer l’intégrale I, on considère l’intégrale curviligne f (z)dz le long d’un
C
contour C = [−r, +r] ∪ {z ∈ C : |z| = r, Im z ≥ 0} = [−r, +r] ∪ Γ(r), comme dans la
figure ci-dessous.

F IGURE 6.2: Contour semi-circulaire.

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 6. Le théorème des résidus de Cauchy 111

On aura donc

Z +r
Z Z X
f (z)dz = f (z)dz + f (z)dz = 2πi Res (f (z), zk ) , (2)
C −r Γ(r) Im zk ≥0

 
Z
et comme lim  f (z)dz  = 0, car
 
r→+∞
Γ(r)


M (r) Zπ
Z Z
M (r)
dz = π M (r) où M (r) = sup |f (z)| .

f (z)dz ≤ dz =

r k k
r rk−1
|z|=r
Γ(r) Γ(r) 0

Finalement lorsque r → +∞ dans (1) on trouve :

+∞
Z X
I= f (x)dx = 2πi Res (f (z), zk ) . (3)
−∞ Im zk ≥0

Remarque.

(1) Si f (x) est une fonction paire alors


Z +∞ Z +∞
1
f (x)dx = f (x)dx.
0 2 −∞

(2) Si on choisi le demi-disque contenu dans le demi-plan inférieur, on obtiendrait une


formule analogue avec les pôles du demi-plan inférieur
Z +∞ X
I2 = f (x)dx = −2πi Res (f (z), zk ) . (4)
−∞ Im zk ≤0

+∞
Z
dx
Exemple 13. Trouver la valeur de J = .
1 + x2
0

Solution. Il est clair que la fonction f (x) vérifie les trois conditions données précédem-
ment. Donc la formule (3), donne :

+∞
Z
dx X
I= 2
= 2πi Res (f (z), zk )
1+x
−∞ Im zk ≥0

où les singularités sont : z1 = i et z2 = −i, avec Im z1 > 0 et Im z2 < 0. Un calcul simple

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


112 Section 6.3. Application du théorème des résidus au calcul intégral

 
1 1
des résidus donne : Res , i = , ce qui donne
1 + z2 2i

+∞
Z
dx
I= = π.
1 + x2
−∞

En utilisant le fait que f (x) est une fonction paire, on trouve

+∞
Z +∞
Z
dx 1 dx π
J= 2
= 2
= .
1+x 2 1+x 2
0 −∞

Intégrales de fonctions ayant eiαx comme facteur


+∞
Z
Intégrale de la forme I = f (x){cos(αx), sin(αx)} dx.
−∞
Soit f (z) une fonction rationnelle qui est holomorphe sur {z ∈ C : |z| = r, Im z ≥ 0} sauf
en un nombre fini de points et lim f (z) = 0. Pour trouver la valeur de I, on suit les
|z|→+∞
mêmes techniques qu’on a utilisé ultérieurement.
Soit C = [−r, +r] ∪ {z ∈ C : |z| = r, Im z ≥ 0} = [−r, +r] ∪ Γ(r), alors on a

Z +r
Z Z X
iαz iαz
f (z)eiαz dz = 2πi Res f (z)eiαz , zk ,

I= f (z)e dz = f (z)e dz + (5)
C −r Γ(r) Im zk ≥0

 
Z
et comme lim  f (z)dz  = 0, car lim f (z) = 0 pour r → +∞ dans la formule
 
r→+∞ |z|→+∞
Γ(r)
(4), on obtient
+∞
Z X
f (x)eiαx dx = 2πi Res f (z)eiαz , zk .

I= (6)
−∞ Im zk ≥0

Remarque. Puisque eiαx = cos αx + i sin αx, on aura

+∞
Z +∞
Z +∞
Z
f (x)eiαx dx = f (x) cos(αx)dx + i f (x) sin(αx)dx. (7)
−∞ −∞ −∞

Autrement dit, l’intégrale de la forme I est utilisée pour calculer les intégrales de la forme :

+∞
Z +∞
Z
f (x) cos(αx)dx et f (x) sin(αx)dx. (8)
−∞ −∞

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 6. Le théorème des résidus de Cauchy 113

+∞
Z
cos x
Exemple 14. Calculer la valeur de : I = dx. On a
(1 + x2 )2
0

+∞ Z0 +∞
eix eix eix
Z Z
1 1 1
I= 2 dx + 2 2 dx = 2 dx.
2 2
(1 + x ) 2
(1 + x ) (1 + x2 )2
0 −∞ −∞

1
Posons f (z) = , avec lim f (z) = 0. La formule d’intégration (5), nous donne
(1 + z 2 )2 |z|→+∞

+∞
Z X
f (x)eix dx = 2πi Res f (z)eiz , zk ,

I=
−∞ Im zk ≥0

puisque les singularités sont : z1 = i et z2 = −i, avec Im z1 > 0 et Im z2 < 0. On s’intéresse


donc seulement au résidu de la fonction f (z)eiz au point z1 . La singularité z1 = i est un
1 π
pôle d’ordre deux, on a : Res f (z)eiz , z1 =

. Finalement I = .
2ie e

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


114 Section 6.4. Exercices

6.4 Exercices
Utiliser une série de Laurent appropriée pour trouver Res(f, a).
2 3
1. f (z) = , a = −1 4. f (z) = (z + 1)2 sin , a=1
(z − 3)(z + 1) z+1
1 2
2. f (z) = 3 , a=0 5. f (z) = ze−3/z , a = 0
z (1 − z)
4z − 6 e−z+1
3. f (z) = , a=0 6. f (z) = , a = −2
z(z − 2) (z + 2)3
Utiliser les formules (1)-(3) pour calculer le résidu de chaque pôle.
3z + 2 3z − 1
7. f (z) = 2 11. f (z) =
z +4 5z + 2
1 1
8. f (z) = 2 12. f (z) = 2
z (z − 3)(z + 1) (z − 2z + 5)2
4z 2 + 2 2z − 1
9. f (z) = 13. f (z) =
(z + 1)(z + 2)(z + 3) (z − 1)2 (z + 2)
cos z ez
10. f (z) = 3 2 14. f (z) = z
z (z − π) e −1
Utiliser le théorème des résidus pour calculer les intégrales sur les contours indiqués.
I
1
15. dz (a) |z| = 1/2 (b) |z| = 3/2 (c) |z| = 3
(z − 1)(z + 22 )
IC
z+1
16. 2
dz (a) |z| = 1 (b) |z − 3i| = 1 (c) |z − 3i| = 51
C z (z − 3i)
I
2
17. z 3 e−1/z dz (a) |z| = 5 (b) |z + i| = 2 (c) |z − 3| = 1
C
I
1
18. dz (a) |z − 2i| = 1 (b) |z − 2i| = 3 (c) |z| = 5
C z sin(z)
Utiliser le théorème des résidus pour calculer l’intégrale sur le contour indiqué.
2z − 1
I
19. 4
dz, C : |z| = 3
C z −1
I
1
20. 2
dz, C : |z − 3i| = 3
z + 4z + 13
IC
zez
21. dz, C : |z| = 2
z 2 − 3z
IC
ez
22. 3 2
dz, C : |z| = 3
C z + 2z
I
1
23. 2 4
, C : |z − 3| = 2
C z (z − 2)
I
tan z
24. dz, C : |z| = 1/2
z
IC
25. cot πz dz, C : x = 1/2, x = π, y = −1, y = 1
IC
1 p
26. 6
dz, C : y = 0, y = 4 − x2
C z +1
I
27. e4/z dz, C : |z − 3| = 1
C

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi


Chapitre 6. Le théorème des résidus de Cauchy 115

Calculer les intégrales trigonométriques suivantes.


Z 2π Z 2π
2 cos2 t
28. dt 33. dt
0 2 + cos t 0 2 + sin t
Z 2π Z 2π
cos t 1
29. dt 34. dt
0 3 + sin t 0 1 + 3 cos2 t
Z 2π 2 Z 2π
sin t cos2 t
30. dt 35. dt
0 5 + 4 cos t 0 3 − sin t
Z 2π Z 2π
1 1
31. dt 36. dt
0 10 − 6 cos t 0 cos t + 2 sin t + 3
Z 2π Z 2π
cos 2t cos 3t
32. dt 37. dt
0 5 − 4 cos t 0 5 − 4 cos t

Calculer les intégrales suivantes.


Z ∞ Z ∞
1 x
38. 2
dx 43. dx
−∞ x − 2x + 2 −∞ (x2 + 4)3
Z ∞ ∞
1 2x2 − 1
Z
39. 2
dx 44. dx
−∞ x − 6x + 25 −∞ x4 + 5x2 + 4
Z ∞ ∞
1
Z
1
40. 2 2
dx 45. dx
−∞ (x + 4) (x + 9)(x2 + 1)2
2
−∞
Z ∞
x2 ∞
x2 + 1
Z
41. 2 2
dx 46. dx
−∞ (x + 4) 0 x4 + 1
Z ∞ ∞
1
Z
1
42. 2 + 4)3
dx 47. 6
dx
−∞ (x 0 x +1

Calculer les intégrales suivantes.


Z ∞ Z ∞
cos x cos 3x
48. 2
dx 52. dx
−∞ x + 1 0 (x2 + 1)2
Z ∞ Z ∞
cos 2x sin x
49. 2
dx 53. 2
dx
−∞ x + 1 −∞ x + 4x + 5
Z ∞ Z ∞
x sin x x sin 3x
50. 2+1
dx 54. 2 + 1)(x2 + 4)
dx
−∞ x 0 (x
Z ∞ Z ∞
cos x cos x
51. dx 55. 2 2 2
dx
0 (x2 + 4)2 −∞ (x + 1)(x + 9)

Introduction à l’analyse complexe B. Yallaoui et H. Benseridi

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