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Discours de Mme Audrey Azoulay,

Directrice générale de l’UNESCO

Lancement de la campagne Diversité culturelle & santé de enfants

23 mai 2022

Monsieur le président de la République,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

C’est un réel plaisir pour moi de vous adresser mes salutations à tous et d’être parmi vous en ce
jours solennel.

Permettez-moi tout d’abord d’adresser mes sincères remerciements au président de la République,


Son excellence Monsieur Macky SALL pour sa précieuse aide afin que cette journée se tienne,
ainsi que tous les égards dont bénéficient le personnel de l’institution de la part des autorités dans
le pays. C’est l’occasion pour nous de l’en témoigner toute notre gratitude.

J’adresse également mes remerciements à vous tous y présents, auguste assemblée, d’avoir
rehausser la valeur de cette rencontre par votre présence.

Ces dernières années sont venues confirmer deux convictions qui, je le crois, sont très largement
partagées dans cette assemblée. La première est que le relèvement de nos sociétés doit avoir pour
piliers non seulement les systèmes de santé, mais aussi l’éducation, la culture, les sciences et
l’information.

Précisément les domaines du mandat de l’UNESCO.

La seconde est que la coopération internationale doit être en capacité de mieux répondre à ces défis
communs, en se fondant sur la solidarité entre les peuples et les Nations, et en étant guidée par des
valeurs communes : celles de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des
droits de l’homme.
Répondre aux défis communs, à la fois dans l’action et dans l’édiction de normes, c’est possible ;
et je crois que nous avons commencé à le démontrer collectivement, ici à l’UNESCO.

Ce moment que nous vivons est aussi un moment particulier pour notre Organisation, une phase
que nous abordons avec d’importants atouts : une confiance renforcée des membres, une stabilité
financière affermie, mais aussi une action normative et programmatique qui nous a permis de nous
replacer au centre du jeu dans les domaines de notre mandat.

Un mandat qui est né aux lendemains d’une Guerre mondiale et dont nous mesurons l’importance
fondamentale, encore de nos jours.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le premier défi auquel l’UNESCO doit répondre, c’est bien entendu celui de l’éducation ; et nous
nous devons pour mener à bien cette mission, tenir compte de tous les facteurs qui pourraient y
interférer.

Mais restent à tracer, ensemble, les perspectives de moyen terme qui capitalisent sur ces
orientations, et donnent aux États membres une valeur ajoutée à la hauteur des défis qu’ils
affrontent.

L’élaboration, en cours, d’une nouvelle stratégie de moyen terme constitue en cela une opportunité
majeure, dans ce moment charnière, pour confirmer et amplifier la transformation stratégique de
l'UNESCO que nous avons engagée depuis trois ans, et nous projeter dans l’avenir.

Dans un contexte pourtant difficile, nous avons mis en place le plus large processus de consultation
de l’histoire de notre Organisation, auprès des États membres bien sûr, qui y ont répondu
massivement, mais aussi des Commissions nationales et de la société civile.

Et de tous nos sondages, il semble bien admis l’interrelation de la culture et la santé.

La santé est un concept culturel, car la culture façonne et encadre nos expériences et notre
perception du monde.

Conjointement avec d’autre déterminants de la santé et de la maladie, la culture va contribuer à


définir : la perception de la santé et de la maladie, les croyances quant aux causes de la maladie,
les maladies et problèmes honteux et les raisons pour lesquelles ils le sont, le type d’activités de
promotion de la santé privilégiées, recommandées ou assurées, la perception et l’expression de la
maladie et de la douleur, les lieux où les parents demandent de l’aide pour leurs enfants malades,
leur manière de le faire, voire le moment où ils le font, les interactions des enfants malades et leurs
parents avec les dispensateurs de soins, le degré de compréhension et d’adhésion des parents aux
choix thérapeutiques recommandés par les dispensateurs de soins qui ne partagent pas leurs
croyances culturelles, la perception des maladies chroniques et des diverses possibilités
thérapeutiques par les parents et les dispensateurs de soins.

La culture influe également sur la santé d’autres manières, notamment : l’acceptation des mesures
de santé préventives ou de promotion de la santé (vaccins, soins prénatals, …), la perception du
contrôle à prévenir et à maitriser la maladie, l’influence de la dynamique familiale, y compris les
responsabilités filiales et les profils de soutien entre les membres de la famille, l’accessibilité du
système de santé et la qualité de son fonctionnement.

Et nous devons toujours garder en tête que les cultures sont dynamiques et on observe une énorme
difficulté au sein d’une même culture.

Les enfants se débattent souvent avec le fait d’être entre les cultures, d’équilibrer « l’ancien » et le
« nouveau ». Ainsi, appartiennent-ils essentiellement aux deux cultures tandis que souvent, les
parents appartiennent surtout à « l’ancienne ».

Si les professionnels de santé savent distinguer les deux extrêmes culturels, soient les pans
« individualistes » et « collectivistes », ils pourront mieux établir un diagnostic et adapter le plan
de traitement pour une prise en charge optimale.

La culture a une vaste influence sur la santé. Elle colore la perception de la santé, de la maladie et
de la mort, les croyances sur les causes de la maladie, les approches envers la promotion de la
santé, l’expérience et l’expression de la maladie et de la douleur.

Tant les professionnels de la santé que les parents et leurs enfants sont influencés par leurs cultures
respectives.

Les préjugés culturels peuvent donner lieu à des préférences et à des perceptions fort différentes
sur le plan de la santé. Les professionnels doivent avoir les compétences qui leur permettent de
connaitre et de négocier ces différences. Cette perspective va leur permettre de s’informer
expressément des diverses croyances et des diverses sources de soins ainsi que d’intégrer leur
nouvelle prise de conscience dans le diagnostic et le plan de traitement.

Le fait de connaitre la culture peut favoriser la confiance, de meilleurs soins, un taux plus élevé
d’acceptation du diagnostic et une meilleure adhésion au traitement.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Alors qu’en ce 77e anniversaire des Nations unies, l’histoire nous donne à nouveau rendez-vous,
nous devons renouer avec l’engagement humaniste et ambitieux de nos fondateurs. Et, comme
eux, voir loin au milieu des turbulences qui pourraient nous empêcher, mais qui, au contraire, nous
obligent.

C’est tout l’enjeu de la nouvelle stratégie que nous vous proposons, fondée sur les acquis des
dernières années, fondée sur les réussites de ces dernières années, et avec toute la résolution
nécessaire pour forger l’avenir.

Je voudrais exprimer ma gratitude à l’ensemble des États membres, qui m’ont donné la chance
extraordinaire de mener ce travail à leurs côtés, aux côtés de mes collègues du Secrétariat, dont
l’implication, l’engagement, le professionnalisme, et je dois dire la résilience extraordinaire durant
les crises et défis, font l’UNESCO.

Je sais aussi que ce travail est loin d’être terminé, et veux vous dire mon intention, si vous le
souhaitez, de poursuivre l’écriture de cette histoire partagée.

Je vous propose d’emprunter ce chemin à vos côtés, en gardant à l’esprit ces mots de la Professeure
ivoirienne N’Dri Thérèse Assié-Lumumba, qui s’exprimait lors de notre Forum UNESCO
consacrée aux voix des femmes dans la pandémie :

« Si nous avons la volonté, la clarté d'esprit de croire qu'un autre monde est possible, qui puisse
être meilleur, alors nous avons la capacité de le créer ».

Je vous remercie !

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