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Lett Med Phys Readapt (2008) 24: 147–151

© Springer 2008
DOI 10.1007/s11659-008-0118-7

DOSSIER THÉMATIQUE

Imagerie des spondylolisthésis


R. Boulos, S. Baccar, E. Dion
Département de radiologie, hôpital Louis-Mourier, F-92700 Colombes, France

Résumé : Les radiographies standard restent utiles pour permet d’établir un pronostic concernant l’évolution des
analyser la pathologie de l’isthme et surtout permettent spondylolisthésis [1,2].
une étude dynamique. L’imagerie par résonance magné-
tique (IRM) analyse le retentissement sur les disques
et sur les foramens et représente la clef du bilan Radiographies
préopératoire. Le scanner étudie, avec une précision
optimale, les éléments osseux et recherche, notamment, Incidence de face
les fractures isthmiques.
L’incidence de de Sèze, grand cliché dorsolombopelvifé-
Mots clés : Radiographies – Incidences dynamiques – CT – moral, ou le cliché lombaire de face d’ensemble ou
IRM centré montre la lyse isthmique dans 20 à 30 % des cas
(Fig. 1) [1].
En cas de lyse isthmique unilatérale, le glissement
Spondylolisthesis imaging vertébral n’est pas systématique et s’il existe, il se résume
à une rotation de la vertèbre et du rachis sus-jacent
Abstract: Conventional radiographs are useful for visua- autour de l’isthme intact, ce qui se manifeste par un
lising isthmic spondylolysis and play a key role in décalage des épineuses [1,2].
dynamic analysis. MRI evaluates degenerative changes in Dans certains cas, une hypertrophie et une condensa-
the adjacent discs and foraminal narrowing. CT scans tion pédiculaire peuvent être observées, cette condensa-
are particularly suited to high-resolution depiction of tion correspondant à la consolidation d’une fracture
osseous abnormalities. isthmique [1]. Le cliché de face et en particulier le cliché
dorsolombopelvifémoral permettent également d’évaluer
Keywords: Radiographs – Dynamic views – CT – MRI la statique pelvienne [1].

Incidence de profil
Introduction
L’incidence de profil debout, couvrant l’ensemble du rachis,
Le spondylolisthésis est le glissement en avant d’un corps renseigne sur l’aspect morphologique des corps vertébraux
vertébral accompagné de ses pédicules, de ses apophyses et sur la hauteur des espaces intersomatiques. Le critère d’un
transverses et de ses articulaires postérieures supérieures bon cliché est l’alignement du mur postérieur des corps
par rapport à la vertèbre sous-jacente [1,2]. vertébraux sans décalage ni dédoublement.
Il est la conséquence de plusieurs mécanismes dont les Le cliché de profil est l’incidence fondamentale. Il
plus fréquents sont la spondylolyse (lyse isthmique) et la permet de préciser l’importance et le type du glissement
pathologie dégénérative. La première survient chez le sujet ainsi que de rechercher les étiologies.
jeune et correspond à une solution de continuité de Le spondylolisthésis se traduit par un glissement
l’isthme interarticulaire de la vertèbre [1]. La seconde de la vertèbre supérieure vers l’avant. L’importance du
visualisée chez le sujet d’âge mur est due à une arthrose glissement est appréciée d’après la classification de
postérieure érosive responsable du glissement vertébral [3]. Meyerding [1]. La vertèbre du dessous étant divisée en
L’imagerie apprécie l’importance et le type de glissement, quatre quarts, une tangente au bord postérieur de la vertèbre
analyse la pathologie isthmique, évalue la stabilité pelvienne, sus-jacente va déterminer le degré de glissement. Ainsi,
étudie le retentissement sur le disque et les foramens et le stade 1 correspond à un glissement inférieur à 25 % de

Correspondance : rita.boulos@lmr.aphp.fr
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la vertèbre (Fig. 2a), le stade 2 à un glissement entre


25 et 50 % (Fig. 2b), le stade 3 à un décalage entre 50 et
75 % (Fig. 2c), le stade 4 à un déplacement supérieur à
75 % (Fig. 2d), le dernier stade (spondyloptose) correspond
à une projection du coin postéro-inférieur de la vertèbre
sus-jacente en avant de la vertèbre sous-jacente (Fig. 2e).
Plusieurs types du glissement peuvent être décrits [1].
Il s’agit d’olisthésis axial quand le glissement est parallèle
à l’axe du disque (Fig. 3a). Le glissement est en flexion
quand le corps vertébral bascule en bas et en avant
(Fig. 3b). Il est en extension quand le corps vertébral
bascule en avant et vers le haut (Fig. 3c).
Certaines étiologies peuvent être identifiées sur ce
Fig. 1a et b. Radiographie standard incidence de face s’étendant de L2 cliché de profil. Ainsi, en faveur d’une spondylolyse :
à S1 : spondylolyse unilatérale gauche de L5 (tête de flèche) visible sur – une ligne claire, oblique en bas et en avant,
l’incidence légèrement oblique (a). Noter que la visibilité de l’isthmolyse
est parfois difficile comme sur le cliché (b) enfilant le disque L5-S1. La lyse s’étendant de l’angle postérosupérieur à l’angle antéro-
isthmique est visible que dans 20 à 30 % des cas inférieur du massif articulaire (Fig. 4) ;

Fig. 2. Radiographies de profil montrant l’importance du glissement selon la classification de Meyerding. a : glissement inférieur à 25 % ; b : glissement
entre 25 et 50 % ; c : glissement entre 50 et 75 % ; d : glissement supérieur à 75 % ; e : spondyloptose

Fig. 3. Schémas montrant les différents types de glissement. a : olisthésis axial : le glissement du corps vertébral de L5 reste parallèle au disque
L5-S1 ; b : olisthésis en flexion : le corps vertébral de L5 bascule en bas et en avant ; c : olisthésis en extension : le corps vertébral de L5 glisse en
avant et vers le haut
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Fig. 5. Rachis lombaire cliché oblique. La lyse isthmique est visible


sous la forme d’une solution de continuité au niveau du « cou du
petit chien »

position couchée, hanches et genoux fléchis au maximum.


La comparaison des clichés permet d’évaluer la mobilité de
l’espace intervertébral. Un glissement antéropostérieur de
plus de 3 mm entre les deux clichés et une différence
d’angulation des plateaux vertébraux de plus de 17 affirme
l’existence d’une instabilité. Il faut rechercher également un
pincement de la partie antérieure du disque ou un
bâillement postérieur par rapport aux autres étages [1,5,6].
Fig. 4. Rachis lombaire cliché de profil. On peut, ici, affirmer la
spondylolyse visible sous la forme d’une ligne claire correspondant
à la lyse isthmique
Scanner
– le trait de fracture isthmique [1,4,5] ;
Les informations fournies par l’examen scanographique
– un allongement des isthmes qui apparaissent étirés,
sont d’un grand intérêt, permettant une étude du rachis
horizontalisés. Cette anomalie étant la séquelle de
dans le plan axial avec possibilité des reconstructions 2D
fractures de fatigue répétées [1] ;
multiplanaires axiales obliques, sagittales et parasagitta-
– un aspect trapézoı̈dal du corps vertébral de L5 avec
les et des reconstructions 3D.
une asymétrie du bord postérieur du corps vertébral
L’examen scanographique répond à plusieurs objec-
par rapport au bord antérieur correspondant aux lyses
tifs principaux :
intervenant avant la fin de la croissance [4].
– l’étude du décalage vertébral (Fig. 6a et b) ;
En cas de spondylolisthésis dégénératif, les radio-
graphies montrent un pincement discal, une arthrose
articulaire postérieure marquée par une condensation
et une réduction de la surface de projection du canal de
conjugaison.
Les incidences obliques pratiquées en position debout
ou couchée, en incidence antéropostérieure droite ou
gauche, elles explorent l’hémiarc postérieur avec le
classique aspect du « petit chien » de Lachapelle. Elles
visualisent l’isthme vertébral représenté par le « cou du
petit chien » et recherchent la lyse isthmique (Fig. 5).
On pourra également voir l’hypertrophie dégénérative
des massifs articulaires.
Les cliché s dynamiques réalisés en flexion et en
extension : ils sont essentiels pour apprécier le degré
d’instabilité vertébrale correspondant le plus souvent
aux spondylolisthésis douloureux. Le cliché de profil
Fig. 6a et b. Scanner du rachis lombaire reconstruction sagittale
en extension est fait en position debout, les genoux en paramédiane de L1 à S1. La lyse isthmique de L5 est parfaitement visible.
extension complète. Le cliché de profil est effectué en On notera un discret glissement du corps vertébral de L5 par rapport à S1
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– l’appréciation des disques à la recherche d’un pince- la valeur est comprise entre 10 et 12 mm, il s’agit d’une
ment discal et d’un bombement postérieur (Fig. 7a et b). sténose relative. Le scanner étudie au mieux les éléments
Une hernie discale foraminale est également à rechercher osseux.
accompagnant souvent le glissement ;
– l’étude des massifs articulaires, notamment grâce
aux reconstructions parasagittales. Un des intérêts du Imagerie par résonance magnétique (IRM)
scanner, notamment des reconstructions parasagittales,
c’est la recherche de la spondylolyse (Fig. 8a et b). Cette L’IRM évalue le retentissement sur les éléments neuro-
dernière est visualisée sous la forme d’une solution de logiques et joue un rôle important dans le bilan
continuité irrégulière, avec des berges condensées [1,4]. préopératoire.
L’autre avantage du scanner, c’est la mise en évidence des L’exploration IRM repose sur les coupes sagittales en
fractures récentes de l’isthme où le trait de fracture est T1 et en T2 qui peuvent être complétées par des
fin avec des bords irréguliers sans condensation des séquences axiales.
berges [5]. À distance de l’événement initial, le scanner Les coupes sagittales permettent une vision globale
identifie également le cal développé au niveau de la du rachis et étudient l’état des disques à plusieurs
fracture isthmique (nodosité de Gill) ainsi que les niveaux, ce qui est important pour déterminer le niveau
constructions osseuses dégénératives ou postfracturaires de fixation en cas d’arthrodèse.
pouvant faire saillie au niveau foraminal et responsables Elle recherche un pincement discal avec un hypo-
d’une sténose foraminale avec syndrome radiculaire [1] ; signal en T2 du disque intervertébral, une hernie discale,
– l’étude des structures canalaires (le canal central, une hypertrophie des massifs articulaires et une sténose
latéral et radiculaire). centrale et foraminale [5,6].
Le scanner permet également la mesure du diamètre Elle évalue le retentissement sur les disques et les
antéropostérieur des structures canalaires à la recherche de foramens [5,7-10]. Elle précise l’extension en hauteur de
sténose canalaire. Ainsi, on parle de sténose absolue quand la sténose, en recherchant un aspect festonné de l’étui
le diamètre antéropostérieur ne dépasse pas 10 mm. Quand méningé.
L’IRM peut, mais de façon moins évidente, visualiser
la lyse isthmique de signal intermédiaire sur toutes les
séquences. L’hypersignal en T2 peut témoigner d’une
fracture récente ou de conflit dans une zone d’instabilité
(Fig. 9a-d).
Les coupes axiales permettent de visualiser la lyse
isthmique, d’étudier la surface du sac dural et recher-
chent des kystes synoviaux compressifs développés à
partir d’une spondylolyse instable. Le signal de ces kystes
est variable en fonction de son contenu [7,8].

Conclusion
Fig. 7a et b. Scanner du rachis lombaire reconstruction sagittale de L2 L’imagerie joue un rôle pivot dans le diagnostic des
à S1. Noter un glissement de L5 par rapport à S1 de moins de 25 %. Il
existe des phénomènes dégénératifs : pincement discal, phénomène spondylolisthésis et étudie avec les clichés dynamiques
de vide discal et arthrose articulaire postérieure la stabilité et l’équilibre pelvi-rachidien. Elle doit

Fig. 8a et b. Scanner lombaire, reconstructions sagittale, paramédiane et coronale. La lyse isthmique est associée à une condensation des berges sans
glissement
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Fig. 9a-d. IRM lombaire. Coupe parasagittale de L2 à S1. a : T1 SE ; b : T1 axiale SE ; c : STIR ; d : T1 après injection de gadolinium. La lyse
isthmique est récente comme en témoigne l’œdème en hyposignal en T1, hypersignal en STIR, se rehaussant après injection de gadolinium

argumenter l’origine des spondylolisthésis en recher- 3. Runge M (1998) Rachis lombaire : examen radiographique
chant des éléments fracturaires ou dégénératifs. Enfin, standard. EMC, pp. 1-9
4. Resnick D. Physical injury spine. In: Bone and joint
l’imagerie, et en particulier l’IRM, précise l’état des
disorders. 64: 3004-8
disques à plusieurs niveaux et étudie le retentissement 5. Collier BD, Johnson R, Carrera GF, et al. (1985) Painful
radiculaire. spondylolysis or spondylolisthesis studied by radiography
and single-photon emission computed tomography.
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Remerciements 6. Cotten A, Ludig T, Blum A (2002) Imagerie du rachis
lombaire. J Radiol 83: 1149-59
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lombaire. Congrès thématique Getroa-GEL de juin 2008 nal (upright flexion and extension) MR imaging and
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