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MOTS CLÉS Résumé L’insuffisance respiratoire aiguë (IRA) des insuffisants respiratoires chroniques
Décompensation BPCO ; (IRC) regroupe sous un même vocable les accidents évolutifs des insuffisants respiratoires
Insuffisance respiratoire chroniques obstructifs (IRCO) et des insuffisants respiratoires chroniques restrictifs
aiguë ; (IRCR). C’est la survenue d’un épisode aigu sur fond de maladie chronique, associant
Chirurgie thoracique ou
anomalies primaires et anomalies compensatrices, qui explique l’essentiel des différen-
abdominale haute ;
Pleurésie ;
ces cliniques entre une détresse respiratoire aiguë survenant chez un IRC et une détresse
Kinésithérapie respiratoire aiguë sur poumons antérieurement sains. Lorsque survient une IRA, la priorité
respiratoire ; est de participer à son traitement et à la prise en charge de ses complications éventuelles,
Complications alitement quelle que soit la pathologie à l’origine de l’IRA. L’analyse physiopathologique de l’IRA et
le contexte étiologique sont fondamentaux pour construire une démarche diagnostique
kinésithérapique pertinente afin que la kinésithérapie prenne toute sa place dans le
traitement. Les données du problème sont très différentes entre la décompensation
d’une maladie respiratoire obstructive où la kinésithérapie aide à soulager la charge de
travail des muscles inspirateurs et la période postopératoire d’une chirurgie thoracique
ou abdominale haute où la kinésithérapie s’attache d’abord à prévenir l’hypoventilation,
cause potentielle d’IRA. Au-delà de la problématique de l’IRA, la kinésithérapie doit
anticiper et prévenir d’éventuelles complications à moyen ou long terme liées à l’évolu-
tion naturelle de la maladie respiratoire ou à un alitement prolongé, risque de grabati-
sation et de désocialisation. Sont donc abordés dans ce chapitre, à titre d’exemple pour
les maladies respiratoires obstructives, la décompensation d’une bronchopneumopathie
chronique obstructive puis la période postopératoire d’une chirurgie thoracique ou
abdominale haute, que le patient soit porteur ou non d’une pathologie pulmonaire
chronique et la phase aiguë d’une pleurésie comme approches de la prévention de
séquelles respiratoires prévisibles.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : marc.antonello@abc.aphp.fr (M. Antonello).
1769-6852/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emckns.2005.01.001
Kinésithérapie à la phase aiguë des pathologies respiratoires 57
Abstract Acute respiratory failure (ARF) in patients with chronic respiratory failure (CRF)
KEYWORDS encompasses within a single denomination the progressive events occurring in patients
Chronic obstructive with obstructive CRF (OCRF) as well as those occurring in patients with restrictive CRF
bronchopneumopathy (RCRF). Most clinical differences that may be observed between an acute respiratory
decompensation; distress occurring in a CRF patient and an acute respiratory distress occurring in pre-
Acute respiratory failure;
viously healthy lungs may be explained by the occurrence of an acute episode in a chronic
Thoracic or upper
context that combines primary abnormalities and compensative abnormalities. At the
abdominal surgery;
Pleurisy; occurrence of an ARF, it is of utmost importance to initiate a therapy and manage
Respiratory kinesitherapy; potential complications, whatever the aetiology. Adequate kinesitherapy necessitates a
Complications; diagnostic process essentially based on the ARF pathophysiological analysis and aetiolo-
Bed rest gical context. A problem of decompensation related to an obstructive airway disease in
which kinesitherapy helps decreasing the workload of breathing muscles differs from that
of a thoracic or an upper abdominal surgery postoperative period in which kinesitherapy
is expected to prevent hypoventilation, a potential cause of ARF. Beyond the problem of
ARF, kinesitherapy should anticipate and prevent potential complications related to the
natural course of the respiratory disease or to a prolonged bed rest period that convey a
risk of definitive bed rest and de-socialisation. As examples concerning obstructive
respiratory diseases, the present chapter reviews the decompensation related to obstruc-
tive chronic bronchopneumopathy, the postoperative period following thoracic or upper
abdominal surgery, independently from the presence of chronic pulmonary disease, and
the acute stage of pleurisy as an approach of the prevention of expectable respiratory
sequelae.
© 2005 Publié par Elsevier SAS.
Dans un contexte d’IRA, la rééducation respiratoire Les principaux mécanismes qui participent à l’hy-
conventionnelle et instrumentale privilégie deux poxémie sont l’hypoventilation alvéolaire, une ano-
axes essentiels : participer au traitement et à la malie de diffusion, l’existence d’un shunt ou les
prise en charge des complications éventuelles de modifications du rapport ventilation/perfusion
l’IRA, quel que soit le fond de la maladie, et préve- (VA/Q). De ces quatre mécanismes, l’inégalité du
nir l’apparition et/ou la survenue d’éventuelles rapport VA/Q est la plus souvent incriminée, notam-
complications à moyen ou à long terme de l’affec- ment lors des décompensations aiguës des broncho-
tion initiale lorsqu’il n’y a pas d’épisode d’IRA. pneumopathies chroniques obstructives (BPCO),
des phases aiguës des maladies restrictives et du
syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA).
Insuffisance respiratoire aiguë1,2
Anomalies du rapport VA/Q
Définition de l’IRA Le shunt intrapulmonaire est caractérisé par un
rapport VA/Q égal à 0, c’est-à-dire qu’une zone
L’IRA est principalement avérée par l’étude des gaz pulmonaire perfusée n’est plus ventilée (atélecta-
du sang (GDS) car elle traduit l’incapacité de l’ap- sie). Dans ce cas, la baisse de la PaO2 résulte du
pareil respiratoire à maintenir l’hématose dans des mélange de sang normalement oxygéné et de sang
limites physiologiques. Elle prend différentes for- veineux qui a traversé cette zone sans échanges
mes selon que l’hypoxémie est associée ou non à gazeux.
une hypercapnie, avec ou sans modification du pH. Dans l’effet shunt, le rapport VA/Q est diminué.
Les valeurs de PaO2 et de PaCO2 pour lesquelles Du fait de l’hypoventilation dans certaines zones.
l’IRA est établie sont principalement à corréler à La baisse de la PaO2 résulte de l’incapacité des
l’existence ou non d’une pathologie pulmonaire zones bien ventilées à compenser le déficit malgré
chronique (± cardiaque). Classiquement, l’IRA se une hyperventilation alvéolaire (pneumopathies in-
caractérise par une hypoxémie avec une PaO2 infé- terstitielles, BPCO, ...).
rieure à 8 kPa associée ou non à une hypercapnie L’effet espace mort, caractérisé par un rapport
avec une PaCO2 supérieure à 6,6 kPa et un pH VA/Q tendant vers l’infini, reflète l’existence de
inférieur à 7,35. Toutefois, ces valeurs n’ont rien zones pulmonaires ventilées mais mal perfusées.
d’absolues et doivent être rapportées à l’histoire L’espace mort augmente alors au-delà des limites
clinique de chaque patient. physiologiques.
58 G. Cottereau et al.
Hypoventilation alvéolaire
Tableau 1 Signes de gravité de l’insuffisance respiratoire
Très souvent d’origine extrapulmonaire, elle re- aiguë.
flète la diminution du renouvellement de l’air al-
PaO2 < 6,66 kPa (50 mmHg) ou saturation < 92 %
véolaire. Dans ce cas, la PACO2 augmente. Or, la
PaCO2 > 8 kPa ou 60 mmHg et acidose grave non compensée
PAO2 est étroitement liée à la PACO2 suivant la (pH < 7,30)
formule : PAO2 = PIO2 - (PACO2/R) où PIO2 est la Dyspnée
pression en O2 dans l’air inspiré et R une constante. Polypnée majeure au-delà de 40 cycles/min
Toute hypoventilation accentue la diminution de la Signes de fatigue respiratoire :
PAO2 déjà altérée par la diminution de PIO2. - tirage intercostal et sus-claviculaire
- expiration active au repos
Anomalie de diffusion - battement des ailes du nez
L’épaississement de la barrière alvéolocapillaire - au pire, respiration paradoxale et ventilation alter-
nante
peut en être responsable, notamment dans les fi-
Signes d’hypoxémie avec cyanose et agitation
broses interstitielles. Dans ce cas, l’hypoxémie
Signes d’hypercapnie avec sueurs profuses, flapping tre-
augmente pendant l’exercice par diminution du mor, somnolence
temps de contact « air-sang ». Signes cardiovasculaires :
- tachycardie avérée au-delà de 120 pulsations/min
À ces mécanismes vient s’ajouter l’augmentation
- signes de choc (marbrures, extrémités froides...)
de la consommation en oxygène. En effet, si le coût
- hypotension artérielle systolique (< 80 mmHg)
énergétique de la ventilation est habituellement - éventuellement, signes d’insuffisance ventriculaire
inférieur à 20 % des dépenses énergétiques totales, droite (reflux hépatojugulaire, pouls jugulaire, œdème des
l’augmentation du travail ventilatoire peut en aug- membres inférieurs...)
menter considérablement la proportion. Par
ailleurs, inflammation et fièvre vont majorer le • Altération de la mécanique ventilatoire :
phénomène. C dépression des centres respiratoires (coma,
intoxication médicamenteuse, ...) ;
Mécanismes de l’hypercapnie
C atteinte neurologique (tétraplégie) ou neuro-
Les variations de la capnie sont directement liées à musculaire (myopathie, poliomyélite) ;
la production de CO2 par le métabolisme ainsi qu’à C atteinte de la cage thoracique (scoliose, trau-
la ventilation alvéolaire. matisme, ...) ;
· · · ·
PaCO2 = k ×V CO2 /V A avec V A = V E (ventilation- C complications postopératoires d’une chirurgie
minute) - VD (ventilation de l’espace mort) abdominale ou thoracique ;
Toute hyperventilation alvéolaire entraîne donc C obésité majeure ;
une hypocapnie. C atteintes parenchymateuses.
À l’inverse, l’hypercapnie peut résulter : • Atteinte du poumon lui-même :
• soit d’une hypoventilation alvéolaire consécu- C décompensation d’une BPCO ;
tive à une baisse de la ventilation-minute ; C crise d’asthme ;
• soit d’une anomalie importante du rapport C pneumopathie infectieuse ;
ventilation-perfusion alors que la ventilation- C atteinte de la vascularisation pulmonaire (em-
minute reste constante. C’est le cas lorsque la bolie pulmonaire) ;
ventilation est rapide et superficielle. En effet, C œdème aigu du poumon.
le rapport VT/VD devient défavorable et la ven- L’association d’anomalies primaires et d’anoma-
tilation alvéolaire ne suffit pas à éliminer le lies dites « compensatrices » explique l’essentiel
CO2 ; des différences cliniques entre une détresse respi-
• d’une augmentation de la VCO2 liée à l’augmen- ratoire aiguë survenant chez un insuffisant respira-
tation du travail ventilatoire sans qu’elle soit toire chronique et une détresse respiratoire aiguë
compensée par une augmentation suffisante de « sur poumons antérieurement sains ».3 Nous l’illus-
la ventilation alvéolaire (par exemple, à cause trerons par deux exemples : la décompensation
d’une augmentation des résistances bronchi- aiguë des BPCO et la période postopératoire immé-
ques par bronchospasme, inflammation ou en- diate de chirurgie thoracique ou abdominale haute.
combrement) (Tableau 1).
Décompensation d’une maladie respiratoire
chronique (exemple de la BPCO)
Prévention et traitement de l’IRA
Données du problème4
De nombreuses pathologies peuvent altérer la fonc- Les BPCO sont caractérisées par une dégradation
tion respiratoire et aboutir à une IRA : accélérée de la fonction pulmonaire et par des
Kinésithérapie à la phase aiguë des pathologies respiratoires 59
tion portant sur l’abdomen et/ou le thorax (6 à Dans les deux cas, ces modifications s’accompa-
65 %). À type d’encombrement et de surinfection, gnent d’une diminution du volume courant avec son
de troubles de ventilation et d’atélectasies, d’hy- corollaire d’augmentation de fréquence respira-
poxémie éventuellement sévère, elles sont directe- toire et de la disparition du soupir physiologique.
ment liées aux perturbations peropératoires et post- D’autre part, l’altération de la clairance muco-
opératoires de la fonction respiratoire. ciliaire consécutive à l’anesthésie, l’hypersécré-
Leur incidence et leur gravité augmentent avec tion liée à la ventilation mécanique peropératoire
l’importance du geste chirurgical ou l’état préopé- mais aussi la diminution de l’efficacité de la toux
ratoire du patient et peuvent altérer le pronostic (liée à la diminution du VEMS et du volume de
postopératoire en termes de morbidité et de mor- réserve expiratoire) favorisent aussi l’encombre-
talité. Elles peuvent aussi augmenter la consomma- ment et l’hypoventilation des zones mal drainées.
tion de soins (délai d’extubation et séjour en réa- En fait, un véritable cercle vicieux s’installe où
nimation chirurgicale, augmentation de la durée de le syndrome restrictif favorise encombrement et
l’hospitalisation...). atélectasies qui, en retour, accentuent le syndrome
restrictif.
Données du problème Bien entendu, la présence de facteurs de risque
La période postopératoire est marquée par une majore ce tableau et, donc, la survenue éventuelle
diminution importante des volumes pulmonaires, de complications respiratoires. Ces facteurs de ris-
réalisant un véritable syndrome restrictif.21,22 que sont de deux types :
En chirurgie abdominale, cette diminution des • les facteurs de risque initiaux liés au patient tels
volumes pulmonaires est directement imputable au que la malnutrition, les anomalies métaboli-
dysfonctionnement du diaphragme23 sous l’in- ques, l’obésité, l’âge, le tabagisme, et les anté-
fluence d’afférences inhibitrices d’origine viscé- cédents respiratoires qui sont à prendre en
rale24 mais aussi à la douleur.25 La présence compte dès la phase préopératoire ;
d’épanchements pleuraux, d’une distension abdo- • les facteurs de risque liés à l’intervention qui
minale ou d’abdominaux hypertoniques peut ac- sont la durée, le type d’incision et sa hauteur
croître cette amputation des volumes pulmonaires. (surtout sus-ombilicale en chirurgie abdomi-
Ce phénomène qui explique une respiration à pré- nale), la durée de la ventilation mécanique
dominance thoracique, se régularise spontanément (> 24 h), l’utilisation d’une FiO2 élevée, la pré-
entre le 7e et le 15e jour postopératoire mais il sence d’une sonde nasogastrique (> 24 h), l’ap-
semble aussi que la commande volontaire puisse parition d’une fatigue des muscles respiratoires
surmonter plus tôt l’inhibition réflexe. à partir de la 72e heure postopératoire.
La diminution de la capacité vitale (CV) est maxi- Tous ces éléments doivent être évalués par le
male au 4e jour (40 à 60 % suivant la localisation de kinésithérapeute, reliés entre eux et avec le projet
l’incision). Cette diminution touche le volume de du patient, afin de poser un diagnostic kinésithéra-
réserve inspiratoire (VRI) et le volume de réserve pique et de proposer une prise en charge pré- et
expiratoire (VRE), ce dernier devenant parfois nul. postopératoire adaptée et pertinente.
La capacité résiduelle fonctionnelle (CRF) diminue
de 20 % dès la 12e heure, réduction maximale à la
Diminution de la compliance thoracopulmo-
48e heure.
naire, de la force musculaire, augmentation des
La baisse de la CRF est responsable de l’incursion
résistances bronchiques entraînent diminution
du volume de fermeture dans le volume courant et,
du volume courant et augmentation de la fré-
donc, du collapsus des petites voies aériennes,26
quence respiratoire.
surtout au niveau des bases pulmonaires ou, plus
L’altération de la clairance mucociliaire
généralement, dans les zones gravité-dépendantes.
consécutive à l’anesthésie, l’hypersécrétion
En chirurgie thoracique, la dysfonction diaphrag-
liée à la ventilation mécanique peropératoire
matique est moins importante (si l’on excepte les
mais aussi la diminution de l’efficacité de la
parésies en chirurgie cardiaque) mais la thoracoto-
toux (liée à la diminution du VEMS et du volume
mie, la douleur, la présence d’un épanchement
de réserve expiratoire) favorisent aussi l’en-
pleural et de drains aspiratifs diminuent considéra-
combrement et l’hypoventilation des zones mal
blement la compliance thoracopulmonaire. La CV
drainées.
est immédiatement diminuée de 50 % et la CRF
En fait, un véritable cercle vicieux s’installe
diminuée de 30 % aux environs de la 16e heure
où le syndrome restrictif favorise encombre-
postopératoire, mais on observe aussi une diminu-
ment et atélectasies qui, en retour, accentuent
tion des volumes de réserve inspiratoire (VRI) et
le syndrome restrictif.
expiratoire (VRE).
Kinésithérapie à la phase aiguë des pathologies respiratoires 63
alvéolaire et retarde le collapsus bronchique avec Une enquête nationale réalisée en Australie indi-
un effet bénéfique sur la PaO2.38,45–47 Mais cet effet que que les soins sont assurés 7 jours sur 7 pendant
ne perdure pas après la séance. Elle semble effi- la journée et, dans la moitié des cas, en soirée.56
cace tant en chirurgie thoracique qu’abdominale. Une étude compare un groupe de patients (A)
Un faible niveau de PEP (5 à 10 cm d’H2O) permet traité deux fois entre 8 heures et 17 heures et un
aussi de diminuer le travail respiratoire des pa- groupe (B) traité trois fois par jour (dont une fois
tients présentant une PEP intrinsèque importante. entre 17 heures et 21 heures). La mesure du shunt
Quelques études non contrôlées indiquent des pulmonaire montre une différence significative, fa-
résultats positifs de la VNI dans le traitement de vorable au groupe B, entre les 18e et 24e heures
l’IRA postopératoire.48 postopératoires. Les auteurs attribuent moins cette
Spirométrie incitative (SI). La SI inspiratoire est différence au nombre de séances qu’au délai de
souvent utilisée avec succès dans les suites de prise en charge postopératoire (8,4 h ± 8,6 versus
chirurgie abdominale.35,38,47,49,50. La SI volumétri- 3,4 h ± 1,4).53
que, couplée à une ventilation dirigée, semble plus
Aucune technique de kinésithérapie respiratoire
à même de rétablir le gradient vertical de ventila-
ne semble supérieure à une autre en termes d’effi-
tion que la spirométrie débitmétrique.47 La SI cu-
cacité et aucune association ne fait l’unanimité,
mulative à l’aide d’une valve unidirectionnelle per-
que ce soit en chirurgie abdominale35,44-50,52,57,58
met d’atteindre et de soutenir une inspiration
ou en chirurgie cardiaque.56,59,60
profonde.51 Le nombre optimal d’exercices à réali-
ser reste à déterminer mais 20 à 30 inspirations La plupart des auteurs insistent sur l’intérêt
maximales par heure en dehors de la présence du d’une mobilisation précoce (lever, marche).
kinésithérapeute peuvent être conseillées. Enfin, nombreux sont ceux qui insistent sur les
nécessaires contrôle et incitation des thérapeutes
Désencombrement bronchique pour la réalisation correcte et assidue des exerci-
L’encombrement bronchique est favorisé par l’hy- ces.
poventilation alvéolaire mais aussi par l’infection
qui modifie la rhéologie des sécrétions et par l’exis-
tence d’un trouble ventilatoire obstructif qui altère Prise en charge la plus efficiente
l’expectoration spontanée.
L’ensemble des techniques utilisées par les kiné- Organiser une préparation préopératoire
sithérapeutes vont faciliter la mobilisation des sé- (même en ville) au moins pour les patients à
crétions pulmonaires de la périphérie vers la tra- haut risque.
chée et permettre ainsi l’expectoration.16 Solliciter des anesthésistes une analgésie ef-
Les techniques n’ont pas fait l’objet d’études ficace mais sans effet délétère sur la fonction
cliniques suffisantes pour établir la supériorité de musculaire respiratoire (péridurale, éventuel-
l’une par rapport à l’autre. En revanche, un lement contrôlée par le patient).
consensus professionnel16–18 permet de proposer les Organiser une prise en charge postopératoire
choix suivants : systématique, quels que soient les risques, ba-
• augmentation active du flux expiratoire plus ou sée sur une démarche diagnostique précise et
moins aidée suivant les capacités expiratoires dominée par une analyse physiopathologique
du patient. Elle peut se faire à volume inspira- rigoureuse avec :
toire augmenté par la VNI si les capacités inspi- • augmentation de la ventilation par ventila-
ratoires sont insuffisantes en termes de volume ; tion dirigée et/ou localisée, spirométrie inci-
• toux dirigée et, exceptionnellement, aspiration tative, VSAI-PEP non invasive si nécessaire ;
endotrachéale complètent la prise en charge. • désencombrement si le patient est encom-
Quelle(s) que soi(en)t la (ou les) technique(s) bré ;
utilisée(s), la plupart des études montrent l’intérêt • mobilisation précoce.
d’une prise en charge postopératoire : Assurer une continuité des soins par des
• sur la diminution du nombre d’atélecta- séances pluriquotidiennes, 7 jours sur 7, avec
sies ;27,28,30,31,52 des horaires élargis si le risque de complication
• sur la diminution du nombre d’infections ;37 respiratoire est important.
• sur la diminution du shunt pulmonaire.53 Enfin, construire un système d’évaluation
Toutefois, les avis divergent pour les patients à précis de la fonction respiratoire qui permet en
bas risque52,54 ou pour les patients de chirurgie permanence d’adapter le traitement et de
cardiaque.55 transmettre à l’ensemble de l’équipe de soins
La plupart des auteurs citent plusieurs séances des informations fiables.
par jour (2 en moyenne).
Kinésithérapie à la phase aiguë des pathologies respiratoires 65
points douloureux. Le patient est installé en laté- La posologie doit s’adapter à l’état de fatigue
rocubitus sur le côté sain. Une électrothérapie de des patients en préférant des séances courtes, de
basse fréquence endorphinique peut être bénéfi- 10 à 15 minutes, plusieurs fois par jour. Le rythme
que, les électrodes étant placées sur les paraverté- tient compte des prises d’antalgiques.
braux.
Thérapie de position
Au total, la prise en charge est d’abord antal-
La thérapie de position lutte contre la stagnation
gique (massage, électrothérapie endorphini-
de l’épanchement résiduel par des moments de
que).
repos en latérocubitus sur le côté sain plusieurs fois
La thérapie de position et le travail respira-
par jour. Cette position permet par ailleurs au
toire en expiration immédiat revêtent un carac-
diaphragme de ne pas rester en position haute. Elle
tère primordial.
facilite aussi l’ouverture maximale du sinus costo-
Le travail inspiratoire sera le plus précoce
diaphragmatique latéral. Pour jouer sur l’ouverture
possible en augmentant progressivement les
des sinus costodiaphragmatiques postérieurs et an- volumes.
térieurs, on demande au patient de se tourner La posologie doit s’adapter à l’état de fati-
régulièrement sur le ventre et sur le dos. L’ensem- gue des patients en préférant des séances cour-
ble de ces mobilisations et de ces positions contri- tes, de 10 à 15 minutes, plusieurs fois par jour.
buent aussi à la correction des troubles de la stati- Le rythme tient compte des prises d’antalgi-
que rachidienne. ques et des ponctions.
Augmentation de la ventilation
Il est important de faire prendre conscience au
patient qu’il peut ventiler plus profondément qu’il Prévention de complications potentielles
ne le fait spontanément en commençant par un liées a l’alitement
travail expiratoire moins douloureux.
Ce travail axé sur le poumon atteint placé en Les objectifs essentiels, que le patient soit intubé
position déclive, aide à la résorption du liquide, ou non, sont :
surtout en présence d’un drain thoracique. L’expi- • la prévention des complications liées à l’alite-
ration dynamique entraîne une élévation impor- ment ;
tante de la pression pleurale du fait de l’augmen- • la récupération la plus précoce possible d’une
tation des résistances dynamiques du poumon et relative autonomie.
des voies aériennes. La pression pleurale est nette- La première complication, et l’une des plus gra-
ment positive, favorisant ainsi le drainage des liqui- ves, est l’escarre. Elle est favorisée par l’augmen-
des résiduels soit vers le drain, soit à travers le tissu tation du métabolisme, la dénutrition, l’immobi-
pleural. lité, la macération, la température et la diminution
L’expiration mobilise aussi les feuillets pleuraux de la sensibilité.
et provoque en quelque sorte un « malaxage de Le traitement est, avant tout, préventif et suit
l’exsudat fibrineux » évitant son organisation. les recommandations de l’Agence nationale d’ana-
Cette expiration est conduite par les mains du lyse et d’évaluation des soins (ANAES) :
kinésithérapeute qui stimulent la contraction mus- • évaluation des risques ;
culaire en regard des zones atteintes. Le mouve- • surveillance régulière de l’état cutané ;
ment expiratoire peut être très dynamique et ra- • installation sur un support adapté au risque cu-
pide pour entraîner de grandes et brusques tané ;
variations de la pression pleurale, long et actif pour • mobilisation et changement de position pro-
mobiliser le diaphragme et les sinus costodiaphrag- grammés et réguliers pour éviter les pressions
matiques. prolongées. En revanche, le massage des points
Le travail inspiratoire doit être précoce, sans d’appui est proscrit.
déclencher de douleurs intolérables. Il débute à Bien entendu, la réduction de la mobilité a des
partir d’une expiration plus profonde mais, très conséquences néfastes pour l’ensemble de l’appa-
rapidement, quelques inspirations forcées sont réa- reil locomoteur :64,65 déminéralisation osseuse,
lisées pour mobiliser le diaphragme dans toute son amyotrophie et hypoextensibilité musculotendi-
amplitude possible et ouvrir les sinus costo- neuse, rétractions capsuloligamentaires sont les
diaphragmatiques. Des exercices de sniff-test peu- complications les plus fréquentes. Les risques sont
vent compléter cet objectif. majorés par la sédation et la curarisation.
68 G. Cottereau et al.
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