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Parcours de personnages

En quoi l’histoire du personnage étudié, ses aventures, son évolution


aident-elles le lecteur à se construire ?
LECTURE DE DÉCOUVERTE
Ces histoires qui nous font rêver (page 168)
Objectifs
• Comprendre ce que signifie être un lecteur.
• Découvrir les goûts d’une lectrice, et son imaginaire.
• Apprendre ce qu’est l’identification à des personnages.
Durée de la séance : 1 heure.
Mise en œuvre : montrer aux élèves une série de couvertures de romans, et leur demander
d’imaginer ce qu’elles laissent augurer des personnages, du contexte et de l’histoire. Leur
faire ensuite déterminer une préférence parmi ces couvertures. Se demander pourquoi.

Corrigé
Comprendre
1. Emma Bovary est une personne idéaliste et sentimentale, naturellement portée à la
rêverie. Les nombreuses lectures romanesques qu’elle a faites dans sa jeunesse l’amènent
à imaginer des situations où il est question d’amour (« ce n’étaient qu’amours, amants »),
de péril (« postillons qu’on tue à tous les relais ») et de passion, quel qu’en soit vraiment
l’objet (« troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers »).
2. Les époques révolues qui attirent Emma sont principalement le Moyen Âge et la Renais-
sance (« Marie Stuart… Jeanne d’Arc, Héloïse », etc.). Elles lui permettent de s’évader, en
même temps qu’elles lui offrent des exemples de héros et d’héroïnes avec lesquels une forte
identification est possible.
3. Ces personnages auxquels Emma s’identifie sont surtout des femmes du Moyen Âge et
de la Renaissance, et partagent des destinées à la fois belles et tragiques. Quand elles ne
sont pas frustrées de leur amour (« comme ces châtelaines au long corsage »), elles ont
connu une mort brutale après avoir eu un destin d’exception (« Marie Stuart… Jeanne
d’Arc, Héloïse, Agnès Sorel »). On dirait maintenant d’Emma qu’elle a un côté midinette.
Écrire
Il ne s’agit pas pour les élèves d’imiter le texte de Flaubert, mais de produire un texte auto-
biographique, rédigé à la première personne (je). Les trois paragraphes doivent être équi-
librés, et chacun faire référence à un personnage (roman, littérature de jeunesse, bande
dessinée, film d’animation, cinéma) clairement identifié (on exclura donc les références à
des chanteurs, sportifs ou autres). Chaque paragraphe expliquera ce qui, dans ce person-
nage, a suscité l’identification (qualités physiques, intellectuelles, contexte, etc.).

LECTURE
L’aventurier, un personnage à qui s’identifier (page 170)
Objectifs
• Comprendre quelles sont les qualités du héros positif.
• Découvrir un genre romanesque : le roman d’aventures.
• Apprendre quels sont les mots et expressions qui permettent de décrire ce personnage.
Durée de la séance : 1 heure.
Mise en œuvre : la séance s’ouvre par une discussion avec la classe sur la figure de l’aven-
turier. On demande aux élèves à quels aventuriers ils se sont identifiés et pourquoi. On

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cherche collectivement les attributs de l’aventurier puis on écoute la lecture du texte par
un comédien avant de répondre aux questions.

Corrigé
Comprendre
1. Les risques que prend le personnage sont liés aux conditions de son évasion (prendre
la place d’un mort dans un sac, et se faire jeter par-dessus les murailles d’un château, dans
la mer). À savoir : risques d’être assommé et noyé lors de l’amerrissage (« Dantès étourdi,
presque suffoqué »), d’être entraîné vers le fond par le poids du boulet, les pieds étant liés
(« malgré ses mouvements pour soulever le boulet, il se sentit entraîné »), et enfin, risque
d’être aperçu par les geôliers du château d’If, une fois revenu à la surface (« sur la roche
la plus haute était un falot éclairant deux ombres »).
2. Les périls mortels qu’il rencontre sont les suivants : risque d’être assommé lors de l’im-
pact «étourdi, presque suffoqué» et de ne pas pouvoir sortir du sac, ses pieds étant entravés
et le sac lesté d’un boulet « il la trancha précisément au moment où il suffoquait… tissu
grossier qui avait failli être son linceul ». Ceci dit, un autre péril attend Dantès : regagner
la côte à la nage, alors que la tempête se lève sur la mer (« les vagues commençaient à
bouillonner, comme à l’approche d’une tempête »).
3. Au cours de cet épisode, Edmond Dantès révèle trois qualités principales. L’audace de
se faire rejeter dans la mer dans un sac fermé, lesté, les pieds liés, la ruse (« présence d’es-
prit… la première précaution qu’il devait prendre était d’éviter les regards »), la force
physique (« donnant un vigoureux coup de pied »).
Analyser
L’auteur rend la description de la mer angoissante, car l’action se déroule la nuit, et l’état
de la mer annonce une « tempête », « ciel noir et tempétueux ». L’obscurité confère à la
mer le caractère inquiétant de ce qui est inconnu « profondeurs inconnues… plaine
sombre » ; quant aux vagues, leur aspect donne une idée des dangers que Dantès devra
encore affronter « plaine […] mugissante… les vagues commençaient à bouillonner comme
à l’approche d’une tempête ».
Écrire
– Insister sur l’état émotif du personnage au moment où il exécute son plan (angoisse,
peur, horreur, etc.).
– Accorder une place importante aux données sensitives, une fois le personnage enfermé
dans son sac.
– Rendre compréhensible, pour le lecteur, le passage d’un lieu à un autre.
Exemple rédigé © Alors que la lune montait dans le ciel nocturne où déjà les nuages,
annonciateurs de la tempête, s’accumulaient, Edmond Dantès jugea qu’il était temps
pour lui de sortir de sa cachette. Tel un chat dans une ruelle sombre, il s’avança en
tapinois vers la table où était posé le sinistre sac mortuaire, et, d’un coup vif de son
couteau, l’ouvrit. Horrible spectacle ! Il reconnut l’infortuné dont on allait livrer la
dépouille aux ténébreuses profondeurs de la mer ! Mais, sans s’émouvoir, il le tira
de son dérisoire linceul de toile, et le traîna dans un coin de la vaste pièce, où il le
dissimula, derrière un tas de bûches. Ô ironie ! c’était ce mort qui peut-être sauve-
rait la vie à ce vivant ! Dantès prit sa place, ferma le sac par un nœud de matelot
que lui seul connaissait, et noua un lacet autour de ses chevilles afin de ne pas
susciter la méfiance des geôliers affectés à cette sinistre tâche. Puis il attendit. Au
bout d’un temps qui lui sembla un siècle, Dantès entendit jouer la serrure, et bientôt
des pas résonnèrent dans la pièce. Il sentit qu’on le hâlait sur de fortes épaules, puis
l’air marin, dont les embruns frais et salés traversaient la toile grossière, lui fit
comprendre qu’il était à l’air libre. Les deux geôliers ensommeillés qui le portaient
avaient jusque-là, été silencieux ; puis l’un d’entre eux laissa échapper ces paroles.
« Bizarre ce cadavre ; comme il est lourd ! ». Dantès sentit son cœur battre à tout
rompre dans sa poitrine. « Allons, répondit son compagnon, j’ai froid, acquittons-

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nous de cette besogne ! ». Alors, Dantès comprit qu’on le hissait au-dessus du
parapet ; puis il n’entendit plus rien autour de lui que le sifflement du vent. Un cri
lui échappa.
Prolongement
On pourra lire aux élèves le texte de Dumas précédant notre extrait et leur faire comparer
leurs choix narratifs avec ceux de l’auteur.

LECTURE
Le méchant, repoussoir indispensable (page 171)
Objectifs
• Comprendre ce qu’est un roman policier.
• Découvrir quelles sont les caractéristiques du « méchant ».
• Apprendre quel type de fascination peut engendrer ce personnage.
Durée de la séance : 1 heure.
Mise en œuvre : on aura intérêt à faire s’exprimer les élèves sur le personnage du détec-
tive : citer des noms, et revenir aux modèles littéraires antérieurs. Inviter les élèves à se
demander ce qui fait la spécificité de ce personnage, par rapport à l’aventurier, rencontré
plus tôt.

Corrigé
Comprendre
1. Le personnage très célèbre qui fait ici le portrait de Moriarty est le détective Sherlock
Holmes. Deux indices : la présence de Watson comme interlocuteur « cet homme,
Watson… », et la référence à Londres « méfaits… qui se commettent à Londres ».
2. La fascination que suscite Moriarty provient du mystère qui règne autour du person-
nage. Moriarty ne se compromet pas « Il ne bouge pas », c’est avant tout un organisateur
de génie « agents… merveilleusement organisés », si bien qu’on a presque pu douter de
son existence « force occulte… le raisonnement me permit d’affirmer qu’elle [cette orga-
nisation] existait ». Sherlock est fasciné par un adversaire qui est de son calibre.
Analyser
1. Moriarty est comparé à une araignée car, comme cet animal, il se tient immobile au
milieu de sa toile. Dans cette position, rien ne lui échappe de ce qui passe à sa portée, et
qui devient immédiatement sa proie.
2. Il manque au texte des guillemets, mais l’on comprend aisément qu’il s’adresse à son
collaborateur, dont le nom apparaît entre virgules « cet homme, Watson… cette organi-
sation, le raisonnement, Watson ». Par ailleurs, la question rhétorique « Y a-t-il un crime
à commettre […] ? », permet de solliciter l’attention de son interlocuteur, invité lui aussi
à se pencher sur l’énigmatique Moriarty.
Écrire
Recommandations
– Utiliser des termes de comparaison et des formules superlatives.
– Utiliser le vocabulaire péjoratif.
– Essayer de faire « couleur locale » (l’action se passe en Angleterre).
Exemple rédigé
LE COMMISSAIRE-DE-SCOTLAND-YARD.– Vous avez tort de prendre Moriarty pour le
seul génie du mal de la place de Londres, je connais un homme qui lui est bien supé-
rieur dans le crime !
LE-RESPONSABLE-DE-LA-SÛRETÉ.– Est-ce possible ? Qui est cet homme, officier ? Ne
me cachez rien !
LE COMMISSAIRE-DE-SCOTLAND-YARD.– D’après les informations que nous avons
recueillies, il s’agit d’un Français du nom de Dupin.

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LE-RESPONSABLE-DE-LA-SÛRETÉ.– Un Français, j’aurais dû m’en douter ! Rien de bien
ne peut venir du Continent. Mais parlez, officier.
LE COMMISSAIRE-DE-SCOTLAND-YARD.– Cet homme aurait non seulement la haute
main sur toute la pègre des deux bords de la Tamise, de Whitechapel à Greenwich,
mais on prétend que son pouvoir démoniaque aurait des ramifications jusqu’en
Inde, la perle de l’Empire ! On dit qu’il règne sur une armée de femmes de mauvaise
vie, qu’elles lui sont dévouées corps et âme, et que les maisons closes qu’il possède
sont aussi nombreuses que les poux dans la barbe d’un Irlandais.
LE-RESPONSABLE-DE-LA-SÛRETÉ (se versant une nouvelle tasse de thé).– Et quelles sont
ses intentions ?
LE COMMISSAIRE-DE-SCOTLAND-YARD.– D’après les dires des rares repentis que nous
avons pu interroger, ce Français souhaite corrompre de l’intérieur notre beau pays,
en s’attaquant à ce que nous avons de plus précieux : la reine !
LE-RESPONSABLE-DE-LA-SÛRETÉ.– Notre chère Victoria (que Dieu la bénisse) ! Mais,
que je sache, la protection que lui offrent les Horseguards est la meilleure qu’on
puisse imaginer.
LE COMMISSAIRE-DE-SCOTLAND-YARD.– Vous avez sans doute entendu parler de l’ex-
trême licence qui règne à Paris. Ainsi, Dupin n’envisage-t-il rien moins que de séduire
notre reine, gentlemen. De la corrompre par les sens, à défaut de pouvoir attenter
à sa vie ; bref, de la ravaler au niveau de ces Parisiennes qui font le malheur de notre
jeunesse en villégiature sur le Continent.
LE-RESPONSABLE-DE-LA-SÛRETÉ.– Mais comment compte-t-il s’y prendre ?
LE COMMISSAIRE-DE-SCOTLAND-YARD.– En se faisant passer pour l’ambassadeur pléni-
potentiaire de Russie, Igor Tartinoff !
LE-RESPONSABLE-DE-LA-SÛRETÉ (reposant sa tasse de thé).– Le scélérat !
Prolongement
Certains élèves auront peut-être lu la série Wiggins au collège ou les aventures d’Enola
Holmes (la sœur du détective). Ils auront peut-être lu des romans de Conan Doyle mettant
en scène le célèbre détective ou d’autres romans de détection (les aventures d’Hercule
Poirot ou celles de Rouletabille). À partir de ces différentes sources on pourra les faire
travailler en petits groupes sur la figure du détective.

LECTURE
Fabrice, apprenti soldat (page 172)
Objectifs
• Comprendre qu’un personnage peut avoir des caractéristiques négatives.
• Découvrir le contexte dans lequel elles peuvent apparaître (en l’occurrence, la guerre).
Durée de la séance : 1 heure.
Mise en œuvre : demander aux élèves quels sont les défauts qu’un héros ne doit jamais
avoir, de peur de perdre son statut. Quels sont les personnages qui peuvent néanmoins
avoir ces défauts ? Dans quelles circonstances peuvent-ils se manifester ? Inviter ensuite
les élèves à se demander si le lecteur cesse d’être intéressé par ce personnage.

Corrigé
Comprendre
1. Fabrice ne manque pas de courage mais d’expérience. C’est la raison pour laquelle il
est vivement impressionné par la vue de son premier cadavre « le visage de Fabrice… prit
une teinte verte fort prononcée… prêt à rendre l’âme de dégoût… il resta comme anéanti…
Fabrice fut sur le point de se trouver mal tout à fait ».
2. La cantinière a un comportement maternel vis-à-vis de ce soldat en herbe. Elle le prend
en charge « la vivandière… lui présenta, sans mot dire, un verre d’eau-de-vie », et surtout,
attendrie par son inexpérience, entreprend de l’« initier » à la guerre « aujourd’hui, tu
resteras avec moi. Tu vois bien qu’il faut que tu apprennes le métier de soldat ».

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3. Le personnage se rend compte dès le début qu’il n’est pas à la hauteur de la situation.
Non seulement cela se voit sur son visage « une teinte verte fort prononcée », dans ses
gestes « il n’avait pas la force de remonter à cheval… il sentait l’impossibilité de faire un
mouvement », et surtout dans ses pensées « la vivandière va me croire un lâche ».
Analyser
Vis-à-vis de Fabrice, la cantinière utilise le langage qu’utiliserait une mère avec son enfant :
elle le tutoie, utilise un vocabulaire affectueux (répétition de « mon petit ») ; et surtout,
elle utilise le vocabulaire enfantin pour évoquer les horreurs de la guerre « en voilà du
nanan… » – il s’agit d’un cadavre. Son expérience de la guerre apparaît dans sa rapidité
à reconnaître les uniformes des différentes unités « ça n’est pas notre division » ; son assu-
rance en présence de morts du champ de bataille ainsi que dans sa capacité à trouver immé-
diatement le moyen de remonter le moral des soldats défaillants « elle lui présenta, sans
mot dire, un verre d’eau-de-vie ».
Écrire
Recommandations
– Utiliser le discours direct et indirect, ou le résumé de paroles.
– Décrire, par les yeux du personnage, le personnage mort dont il est amené à serrer la
main.
– Rendre compte des émotions et des pensées qui traversent ce héros romantique.
Exemple rédigé © En entendant les paroles de la cantinière, Fabrice frissonna. Pour
rien au monde il n’aurait voulu passer pour un lâche, mais l’épreuve qu’il avait
décidé de s’infliger, par bravade, le mettait fort mal à l’aise. Il se sentit verdir. « Si
je me dérobe, elle aura une bien faible opinion des Chasseurs de la Garde, et
comprendra – si cela n’est déjà le cas – que cet infortuné est le premier homme mort
qu’il m’est donné de voir ». Fabrice mit donc pied à terre, et s’avança jusqu’au
cadavre ; il s’efforçait de garder un pas résolu. « Quelle horreur ! la balle lui est entrée
par le bord du nez puis est sortie par la tempe, à moins qu’il s’agisse du contraire.
Et son œil est encore ouvert ; sans doute la mort a-t-elle dû être immédiate. Qui sait
si ce n’est pas le destin qui m’attend ? Qui sait si l’on ne me verra pas, demain matin,
désarçonné, dans une situation identique ! » Et sur ces pensées, le jeune homme
s’approcha de l’homme, et saisit la main du grenadier mort. À ce moment, Fabrice
eut un haut-le-cœur. « Ce n’est pas le moment de défaillir, surtout en compagnie de
cette femme qui me regarde. Mon Dieu, comme sa main est froide, et comme elle
est lourde ! Nul doute qu’elle a dû charger le fusil et mettre la baïonnette mainte et
mainte fois depuis le retour de l’Empereur. C’est une main de grognard que je serre ».
Et cette pensée lui donna absurdement du courage.

ANALYSE D’IMAGE
La glorification du soldat (page 173)
1. Le tumulte de la guerre apparaît aux premier et deuxième plans, avec des détails rappe-
lant la confusion et la violence des combats. Il s’agit d’abord de la partie postérieure d’un
canon privé de son affût ; au deuxième plan, dans un arrière-fond de flammes, on peut
voir une batterie à moitié détruite. Au même plan, des cavaliers passent à gauche. L’am-
biance générale de ce tableau est celui d’un grand chaos d’hommes et de flammes.
2. Hommes et cavaliers sont pris en situation de déséquilibre. Le cheval est cabré ; quant
au cavalier, il est tourné vers l’arrière, comme pour faire signe aux hommes de sa troupe.
Le risque de faire une chute est donc augmenté, d’autant que le cavalier ne regarde pas le
chaos vers lequel il s’élance.
3. La peur se lit dans les yeux du cheval, tandis que le cavalier, même dans la position
inconfortable qui est la sienne, garde un air placide. Outre ses talents de cavalier, on peut
deviner chez lui un très grand sang-froid, étant donné qu’il est capable, en même temps,
de contrôler sa monture, d’exhorter ses hommes (qui sont sans doute derrière lui), et de
courir au feu sabre au poing.

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4. Cet officier des chasseurs à cheval présente exactement les qualités qui font défaut à
Fabrice ; à savoir : le sang-froid et l’expérience de la guerre.
Prolongement
Cette analyse d’image pourra se conclure par la rédaction d’un portrait de ce glorieux
soldat. Les élèves étant invités à réinvestir les observations faites à l’aide du questionnaire.

LECTURE
Rastignac, histoire d’un destin (page 174)
Objectifs
• Comprendre que les modèles anciens permettent d’expliquer les attitudes actuelles.
• Découvrir un type humain, à travers une personne ou un personnage.
• Être capable de comprendre le regard qu’un auteur porte sur son personnage.
Durée de la séance : 1 heure.
Mise en œuvre : avant la lecture, rappeler quels sont les péchés cardinaux (la paresse, l’or-
gueil, la gourmandise, la luxure, l’avarice, la colère et l’envie) ; essayer de faire deviner
ensuite quels défauts caractérisent le mieux le personnage de Balzac.

Corrigé
Comprendre
1. Le cri de défi que pousse Rastignac face à Paris (« À nous deux maintenant ! »), montre
que pour lui, vivre dans la capitale c’est relever le défi que la ville lui lance : celui de devenir
célèbre alors que son origine est obscure. La capitale est montrée comme un objet éminem-
ment désirable ; elle attire les yeux (« là où commençaient à briller le lumières ») ; par
ailleurs, Balzac énumère des lieux qui évoquent la richesse matérielle : soit parce qu’ils
sont extérieurement dorés (« le dôme des Invalides »), soit parce qu’ils évoquent le luxe
(« la place Vendôme »). Enfin, c’est une fringale de succès qui l’attire vers la ville, explici-
tement comparée à une ruche regorgeant de miel (« il semblait par avance en pomper le
miel »).
2. Eugène de Rastignac a accompli un long parcours entre les deux textes. Dans le premier,
il est encore le jeune provincial récemment débarqué, qui regarde Paris de loin, et avec
envie (« ses yeux s’attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme
et le dôme des Invalides ») ; dans le deuxième, il est presque arrivé : il en a l’aspect (« un
des hommes les plus élégants de Paris »), il fréquente les endroits prestigieux (« un hôtel
situé dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré, près de l’Élysée-Bourbon… tu prendras une
voiture au Cercle »), il a des revenus substantiels et il fréquente le meilleur monde (« la
marquise d’Espard »)
3. Eugène de Rastignac compte réussir par les femmes ; il vise une société particulière («ce
beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer »), et a soigneusement sélectionné ses proies
(« la marquise d’Espard… la duchesse de Berry »), qui sont des femmes riches et belles
(« elle a un pied aussi joli que celui de la duchesse de Berry, elle a peut-être cent mille livres
de rente »).
Analyser
L’expression « être un Rastignac » est désormais entrée dans le langage courant. Et de
toutes les caractéristiques du héros de Balzac, son nom est désormais réduit à un syno-
nyme d’ambitieux. Au même titre qu’un Harpagon est un avare ou qu’un Don Quichotte
est quelqu’un qui mène des combats impossibles.
Écrire
Cet exercice peut prendre la forme d’une lettre, d’un monologue ou même d’un dialogue.
Les élèves prépareront cette activité d’écriture en faisant une liste de tout ce qui, à leur
avis, permet une réussite rapide à notre époque. Cette préparation peut aussi se faire au
tableau de façon collective afin que les élèves aient plus d’idées avant d’engager la rédac-
tion.

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LANGUE
La caractérisation et les expansions du nom (page 175)
Exercice 1
Expansions (soulignées) du nom (en gras) :
1. Le Capitaine, homme courageux et volontaire, ordonna l’évacuation immédiate du
navire.
2. Rayonnant, le marié embrassa sa jeune épouse sous les yeux du prêtre.
3. La plupart des cyclistes de cette compétition abandonnèrent lors de cette étape.
4. La cage aux oiseaux est restée ouverte : les perruches qui s’y trouvent se sont enfuies.
Exercice 2
1. Au petit matin, il aimait regarder l’océan qui mugissait sous ces roches profondes.
2. À sa retraite, il décida de s’occuper de sa famille adoptive.
3. L’accident s’est produit sur une route à sens unique.
4. Mon frère aime observer, dans la nuit, les étoiles filantes.
5. J’ai trouvé cet objet dans une foire fort peu connue des gens du canton.
Exercice 3
1. Un enfant observateur le reconnaîtra.
2. Voici le livre le plus sollicité.
3. La femme aimée est parée de toutes les qualités.
4. Il préfère un candidat rieur ou souriant.
Exercice 4
– Mots démonstratifs : « ce (pronom) que je souffre… ces (adjectif) indifférents… ces
(adjectif) hommes… cette (adjectif) terre… cette (adjectif) colline… cette (adjectif)
retraite… ».
– Expansions du nom : Ellénore, lui écrivais-je un jour, vous ne savez pas tout ce que je
souffre. Près de vous, loin de vous, je suis également malheureux. Pendant les heures qui
nous séparent, j’erre au hasard, courbé sous le fardeau d’une existence que je ne sais
comment supporter. La société m’importune, la solitude m’accable. Ces indifférents qui
m’observent, qui ne connaissent rien de ce qui m’occupe, qui me regardent avec une curio-
sité sans intérêt, avec un étonnement sans pitié, ces hommes qui osent me parler d’autre
chose que de vous, portent dans mon sein une douleur mortelle. Je les fuis ; mais, seul, je
cherche en vain un air qui pénètre dans ma poitrine oppressée. Je me précipite sur cette
terre qui devrait s’entrouvrir pour m’engloutir à jamais ; je pose ma tête sur la pierre froide
qui devrait calmer la fièvre ardente qui me dévore. Je me traîne vers cette colline d’où l’on
aperçoit votre maison ; je reste là, les yeux fixés sur cette retraite que je n’habiterai jamais
avec vous. Et si je vous avais rencontrée plus tôt, vous auriez pu être à moi !

GROUPEMENT DE TEXTES © LE PERSONNAGE ROMANTIQUE, SES DOUTES, SES RÉVOLTES, SES PASSIONS
Les tourments du personnage romantique (page 176)
Objectifs
• Comprendre comment naît le romantisme.
• Découvrir une époque : le début du XIXe siècle.
Durée de la séance : 1 heure.
Mise en œuvre : rappeler quelles sont les grandes dates du XIXe siècle ; comment ce siècle
se situe (notamment par rapport à l’Ancien Régime). On rappellera également aux élèves
qui fut Napoléon, ainsi que les raisons qui lui ont valu de demeurer dans l’imaginaire
collectif.

Corrigé
Comprendre
1. C’est le recours à la caricature qui rend comiques les tourments romantiques. La dessi-
natrice s’attaque notamment au caractère poseur des hérauts du romantisme : l’air accablé

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(vignette 4), l’attitude de penseur à large front d’Alfred de Vigny (vignette 5), le recueille-
ment soucieux de Lamartine avec ses lévriers, au milieu de la campagne (vignette 6). Les
longs cheveux romantiques sont ici l’objet de la charge ; ainsi Musset (vignettes 1 à 3), le
personnage accablé (« de toutes façons, avec cette coiffure je ne vois personne, donc
personne ne me voit »), ou Chateaubriand gambadant (vignette 7). Enfin, des gags secon-
daires viennent ruiner le sérieux de la pose romantique ; ainsi le Christ inspirant Alfred de
Vigny (vignette 5), le mareyeur ironique de la vignette 6 « quoi, mais t’as même pas ton
bac, Alphonse ! », ou le Chateaubriand sautillant dans un paysage marécageux, au milieu
de « petits cris » idiots « hiirk… hiirk… couine… arf », etc.
2. Le XIXe siècle est une époque de grands bouleversements politiques. Ils sont résumés
dans l’encadré de la première vignette « de 1801 à 1900, la France connaît pas moins de
sept régimes politiques », et énumérés par le personnage dans un phylactère « le Consulat,
l’Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, la Seconde République, le Second
Empire ».
3. Les tourments romantiques sont de différentes natures. Tout d’abord la nostalgie d’un
autrefois qui n’est plus : « tout ce qui était n’est plus », puis l’angoisse devant le futur « tout
ce qui sera n’est pas encore », mais aussi l’impression d’être seul, sans Dieu « on se sent
seul… même Dieu nous fausse compagnie » et enfin d’avoir trop vécu « on se sent vieux ».
Ces manifestations de désarroi renvoient à une seule et même cause : la perte des repères
traditionnels, après les années de trouble qui suivent la Révolution française.

HISTOIRE LITTÉRAIRE
Le romantisme (page 177)
Le théâtre a pour but de représenter le monde dans toute sa complexité « tout ce qui existe
dans le monde, dans l’histoire, dans la vie, dans l’homme, tout doit et peut s’y réfléchir ».
Le but de l’art est de rendre possible, dans ce qu’elle a de plus beau, cette représentation
« illuminer l’extérieur des hommes » et faire en sorte qu’elle remplisse, auprès du public,
un but moral « illuminer […] l’intérieur […] des hommes ». Le théâtre apparaît donc
comme un art total, et peut-être comme le premier.

GROUPEMENT DE TEXTES © LE PERSONNAGE ROMANTIQUE, SES DOUTES, SES RÉVOLTES, SES PASSIONS
Les victimes du « mal du siècle » (pages 178-179)
Objectifs
• Comprendre que le héros est lié à son époque.
• Découvrir le romantisme.
Durée de la séance : 1 h 30.
Mise en œuvre : avant de commencer la lecture des textes ou leur écoute, on fera un rappel
concernant le contexte du mal du siècle en précisant, comme le fait Catherine Meurisse
page 176, que la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle ont vu se succéder des événe-
ments majeurs (la Révolution française, le Consulat, l’Empire, la restauration, sans oublier
l’épisode des Cent jours) dans une accélération de l’Histoire qui laisse aux générations
suivantes l’impression d’arriver trop tard.

Corrigé
Comprendre
1. Le narrateur du texte 2 pourrait être représenté comme dans le tableau de Caspar David
Friedrich car il est en quête d’espaces sauvages et d’exil comme ce solitaire au milieu des
ruines.
2. L’auteur regrette les années de l’épopée Napoléonienne (de la Convention à au Premier
Empire). C’était en effet une époque glorieuse («sang brûlant, qui avait inondé la terre…»),
où la France rayonnait sur toute l’Europe (« par chaque barrière de ces villes, on allait à
une capitale d’Europe »), et où l’on se préparait à son tour à être soldat, et connaître la

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gloire militaire (« nés au sein de la guerre, pour la guerre… trempés dans le mépris de la
vie, comme de jeunes épées… enfants pleins de force et d’audace »).
3. Le héros de René est inconstant car il montre une extrême versatilité : il va d’un extrême
à l’autre (« cette vie, qui m’avait d’abord enchanté, ne tarda pas à me devenir insuppor-
table »), est sujet à l’ennui (« je me fatiguai de la répétition des mêmes scènes et des mêmes
idées ») et se jette dans les résolutions les plus extrêmes avec enthousiasme (« je partis préci-
pitamment pour m’enfouir dans une chaumière, comme j’étais parti autrefois pour faire
le tour du monde »).
4. Erratum : la question 4) porte sur le texte 3 et non sur le texte 2.
La première partie du texte traduit, de façon imagée, les rêves de grandeur de la jeune
génération grandie sous l’Empire. Ces rêves s’expriment par cette phrase : « ils avaient rêvé
pendant quinze ans des neiges de Moscou et du soleil des Pyramides » et par des compa-
raisons : « on les avait trempés dans le mépris de la vie comme de jeunes épées » ou des
hyperboles : « ils avaient dans la tête tout un monde ».
Écriture
Pour effectuer cet exercice d’argumentation autobiographique il faudra procéder de manière
méthodique. Dans un premier temps, il sera utile de définir, par un débat oral, ce qu’est
le « mal du siècle » (réponses possibles : le malaise des jeunes/des banlieues, la situation
internationale, la crise économique, le sida, la pollution, etc.). Dans un deuxième temps,
une fois que l’élève aura déterminé par quel type de malaise il se sent personnellement
touché, il devra l’expliquer dans un développement à la première personne, en prenant
soin de donner quelques exemples concrets.

GROUPEMENT DE TEXTES © LE PERSONNAGE ROMANTIQUE, SES DOUTES, SES RÉVOLTES, SES PASSIONS
Félix de Vandenesse, l’amoureux (page 180)
Objectifs
• Comprendre comment est décrit le « coup de foudre ».
• Apprendre à identifier les images et expressions rendant compte de ses sentiments.
Durée de la séance : 1 heure.
Avant la lecture : les élèves seront invités à se remettre en mémoire des couples fameux
d’amoureux (réels ou fictifs). Dans tous les cas, ils se demanderont comment la passion
est représentée, si elle est réciproque, par quoi elle a pu être engendrée. On n’hésitera pas
à choisir ces exemples dans le cinéma, voire dans la presse people.

Corrigé
Comprendre
1. L’auteur exprime, dans ce texte, trois sentiments différents. L’éblouissement « je regardai
ma voisine et fus… ébloui », l’excitation « mes yeux furent tout à coup frappés par de
blanches épaules… je me haussai tout palpitant… réveillèrent en moi des jouissances infi-
nies » et enfin l’amour passionné « mon imagination courut… tout me fit perdre l’esprit ».
2. Chez sa voisine, le jeune Félix est successivement impressionné par la « peau satinée »
de « ses blanches épaules rebondies », puis par sa poitrine, les « globes azurés et d’une
rondeur parfaite… couchés dans des flots de dentelle », par son « cou velouté », et enfin
par le « brillant de ses cheveux » où le peigne a dessiné des « lignes blanches ». On peut
remarquer, d’une part que cette femme répond aux canons de beauté des femmes au
XIXe siècle : blancheur de la peau, poitrine mise en valeur par un « corsage » ; d’autre part,
que l’insistance sur la générosité de sa poitrine donne au personnage une dimension mater-
nelle à laquelle le personnage, vu son enfance, est forcément sensible.
3. Les phrases traduisant l’émotion du personnage sont nombreuses. Elles expriment la
violence des sentiment qui naissent dès qu’il observe sa « voisine » (« aussitôt je sentis un
parfum de femme qui brilla dans mon âme comme y brilla depuis la poésie orientale… je
regardai ma voisine, et fus plus ébloui par elle plus que je ne l’avais été par la fête ; elle
devint toute ma fête… les plus légers détails de cette tête furent des amorces qui réveillè-

105
rent en moi des jouissances infinies »), en même temps que son extrême excitation devant
les détails anatomiques de cette femme, visiblement très belle (« Mes yeux furent tout à
coup frappés par de blanches épaules rebondies sur lesquelles j’aurais voulu pouvoir me
rouler, des épaules légèrement rosées qui semblaient rougir comme si elles se trouvaient
nues pour la première fois, de pudiques épaules qui avaient une âme, et dont la peau satinée
éclatait à la lumière comme un tissu de soie… Je me haussai tout palpitant pour voir le
corsage et fus complètement fasciné par une gorge chastement couverte d’une gaze, mais
dont les globes azurés et d’une rondeur parfaite étaient douillettement couchés dans des
flots de dentelle »).
Écrire
– Utiliser le discours direct (je).
– Expliquer clairement pour quelles raisons le coup de foudre a lieu.
– Rendre compte des manifestations de l’émotion (en ayant recours au champ lexical des
sentiments, des sensations, de la beauté ; en utilisant la ponctuation adaptée).

GROUPEMENT DE TEXTES © LE PERSONNAGE ROMANTIQUE, SES DOUTES, SES RÉVOLTES, SES PASSIONS
Julien Sorel, un héros romantique (page 181)
Objectifs
• Comprendre quelles sont les motivations du personnage romantique.
• Découvrir l’une des figures emblématiques du romantisme.
• Apprendre quel fut le rôle de Napoléon pour la génération romantique.
Durée de la séance : 1 heure.
Mise en œuvre :
Cette séance est consacrée à Julien Sorel, un roman dans lequel se croisent romantisme et
réalisme. dans cet extrait, Stendhal prend soin de camper son personnage en le dotant de
tous les attributs romantiques. On pourra commencer par récapituler oralement avec les
élèves les principales caractéristiques du héros romantique. Puis on écoutera la lecture du
texte par un comédien et on répondra aux questions. On pourra demander ensuite à la
classe si Gérard Philippe correspond bien à l'image qu'ils se font de Julien Sorel.

Corrigé
Comprendre
1. Julien déteste son père et ses frères pour la raison suivante : étant d’une nature diffé-
rente, il doit endurer les humiliations des siens (« dans les jeux du dimanche, sur la place
publique, il était toujours battu »).
Julien est différent des siens au plan physique et moral. Au plan physique, il se caractérise
par sa délicatesse « taille svelte et bien prise… plus de légèreté que de vigueur… air extrê-
mement pensif… jolie figure » ; au moral, c’est un garçon idéaliste et rêveur « moments
d’exaltation… un jour, il serait présenté aux jolies femmes de Paris », dont le modèle est
Napoléon Bonaparte « pourquoi ne serait-il pas aimé de l’une d’elles, comme Bonaparte ».
2. Bonaparte le fascine car il lui offre l’exemple d’un homme parti de très bas pour atteindre
les plus hautes sphères « Bonaparte, pauvre encore, avait été aimé de la brillante madame
de Beauharnais… Bonaparte, lieutenant obscur et sans fortune, s’était fait le maître du
monde, avec son épée ». Julien Sorel s’identifie fortement à l’Empereur.
3. Julien Sorel est un héros romantique pour cinq raisons. En premier lieu, il se sent rejeté
par la société « objet des mépris de tous », ensuite, il a le sentiment d’être une âme d’ex-
ception, fatalement incomprise « pourquoi ne serait-il pas aimé de l’une d’elles, comme
Napoléon », par ailleurs, il a du héros romantique cette grâce un peu fragile qui plaît aux
femmes « taille svelte… jolie figure [qui] commençait à lui donner quelques voix amies
parmi les filles », ensuite il a une propension au rêve avérée « son air extrêmement pensif…
il avait eu des moments d’exaltation », enfin, il a pour héros Napoléon « cette idée le conso-
lait de ses malheurs qu’il croyait grands ».

106
Écrire
– Utiliser le discours direct ou indirect.
– Utiliser les verbes d’action, et une ponctuation apte à rendre compte du caractère
passionné du personnage.

GROUPEMENT DE TEXTES © LE PERSONNAGE ROMANTIQUE, SES DOUTES, SES RÉVOLTES, SES PASSIONS
L’homme face aux éléments (page 182)
Objectifs
• Comprendre d’où provient l’inspiration épique.
• Découvrir le rôle des antithèses dans la dramatisation de la scène.
Durée de la séance : 1 heure.
Mise en œuvre : on fera écouter aux élèves le texte lu par un comédien, puis on leur deman-
dera ce qui les touche dans ce poème et s’il leur semble faire écho aux conditions de vie
actuelles des marins.

Corrigé
Comprendre
1. Le destin de ce pêcheur est tragique car il lui faut, d’un côté, s’occuper de ses enfants
et de sa famille (« il faut qu’il aille / Car les petits ont faim »), et de l’autre, affronter les
périls de la mer pour exercer son métier (« pluie ou bourrasque, il faut qu’il sorte, il faut
qu’il aille »).
2. La mer est décrite par Victor Hugo comme un lieu particulièrement périlleux. Il associe
des termes évoquant l’obscurité, la noirceur (« il s’en va dans l’abîme… tout est noir…
lieu mobile, obscur… leurs pensées se croisent la nuit »), et l’idée de danger omniprésent.
Aussi, insiste-t-il particulièrement sur les talents de marin que requiert cet environnement
(« il faut calculer la marée et le vent… il faut combiner sûrement les manœuvres »).
3. Cette vie périlleuse est pour le pêcheur une source d’angoisse, car elle met perpétuelle-
ment en danger le salut de sa famille. L’auteur oppose ainsi la description très hostile de
la mer, avec l’évocation attendrissante des enfants (« les petits enfants ont faim… priant
Dieu sitôt que les cinq enfants dorment ») et de sa femme (« la femme est au logis, cousant
les vieilles toiles »). La mort du pêcheur signifierait la misère pour ces enfants et cette
femme dont il est l’unique soutien.
4. Le contraste entre la fragilité de l’homme et la puissance des éléments est traduite par
l’insistance sur sa solitude : ce pauvre pêcheur est en effet seul face aux éléments déchaînés
(« L’homme est en mer… Lui, seul, battu des flots… ») ; mais l’opposition violente entre
l’extrême hostilité des éléments et la fragilité de son destin est surtout traduite par l’alter-
nance des évocations renvoyant au marin (en mer) et (sur terre) à sa famille (« Il gouverne
à lui seul sa barque à quatre voiles. / La femme est au logis… les cinq enfants dorment. /
Lui, seul, battu des flots… horreur les agrès effarés. / Lui, songe à sa Jeannie au sein des
mers glacées »). Victor Hugo écrit là un poème tout à la gloire du courage et du dévoue-
ment.
Écrire
Recommandations :
– Utiliser le champ lexical de la mer et de la navigation ;
– Essayer de toucher le lecteur par le caractère pathétique de ce qui est décrit.
Exemple rédigé © L’homme est en mer / Ouéé, ouéé ! / Pêche la morue / Et le merlu /
Là-bas / Loin de sa rue / Loin de ses potes Saïd et Manu / Qui lui disaient : c’est
foutu / La pêche ça n’rapporte plus / Mais il ne les a pas crus / Non, non / Il a pas
voulu / S’avouer vaincu / Et si sa copine ça lui a pas plu / Il lui a dit : moi non plus
/ Mais si tu veux des belles robes ma Lulu / Et des baskets en zébu / Ouéé, ouéé ! /
Faut qu’j’aille avec les pêcheurs barbus / Pêcher le congre et la morue / Là-bas / Et
nuit et jour, mouillé, fourbu / Risquer ma peau et mon salut / A tirer le chalut / Ouéé,
ouéé ! / Au sein des mers glacées / Yo !

107
LEXIQUE
Le vrai, le faux, le réel (page 183)
Exercice 1
1. Véritable : d.
2. Réel : f.
3. Prouvé : b.
4. Vrai : a.
5. Exact : c.
6. Certain : e.
Exercice 2
1. La réputation des montres suisses est fondée sur leur exactitude.
2. Dans le désert, un mirage est une illusion d’optique.
3. La croyance dans les loups-garous et dans les vampires est une absurdité.
4. On peut mettre en doute l’existence de colonies martiennes sur la Lune.
5. Paris est la capitale de la France : c’est une certitude.
Exercice 3
– Mots ou expressions évoquant le futur : « Nous sommes au vingt-cinquième siècle »
– Relevez les expressions renvoyant au lexique du faux et du vrai : « “C’est donc vrai !”…
“On peut se tromper”… incertitude ».
Exercice 4
Les phrases et mots ajoutés sont en italiques ; les mots de l’ex. 2 sont en gras.
Et voilà que l’on écrit partout que mes personnages sont tous également ignobles, qu’ils
se vautrent tous dans la paresse et dans l’ivrognerie. Vraiment, est-ce moi qui perds la
tête ou sont-ce les autres qui ne l’ont pas lu ? On peut en effet avoir quelques doutes. Il
n’y en a qu’un qui soit, avec certitude, un gredin, Lantier. Celui-là est malpropre, je le
confesse. J’estime que j’ai le droit de mettre un personnage malpropre dans mon roman,
comme on met de l’ombre dans un tableau : l’exactitude de la description en dépend.
Seulement celui-là n’est pas un ouvrier. Il a été chapelier en Province, et il n’a pas touché
un outil depuis qu’il est à Paris. Il porte un paletot, il affecte des allures de Monsieur ?
du moins il a l’illusion d’en être un. Certes, je n’insulte pas en lui la classe ouvrière, car
il s’est placé de lui-même en dehors de cette classe. Ceux qui soutiennent le contraire
disent des absurdités.

PARCOURS DE LECTURE
Lorenzaccio, un personnage maudit et torturé (pages 184-189)
Objectifs
• Comprendre les affres du héros romantique.
• Suivre l’évolution d’un personnage.
Duré de la séance : 2 à 3 heures.
Mise en œuvre : avant de commencer l’écoute de ces extraits, lus par un comédien, on
exposera l’intrigue de Lorenzaccio et on présentera les personnages de la pièce.
Lorenzaccio, le héros éponyme, est le cousin du duc de Florence. Il est un des favoris du
duc. C’est un débauché. Il est associé aux turpitudes de son cousin et donc l’objet de la
haine populaire. On ne sait pas tout de suite qu’il joue double jeu et projette de libérer
Florence de la tyrannie.
Alexandre de Médicis est le duc de Florence. Il est cruel et débauché et détesté du peuple
et en particulier des républicains.
Philippe Strozzi est opposé au duc, il représente les républicains.
La marquise Cibo est courtisée par le duc.
Pierre Strozzi est le fils de Philippe Strozzi, il conspire contre le duc.
Marie Soderini est la mère de Lorenzaccio et Catherine Ginori est sa tante.

108
« Le libertin » (page 184)
Corrigé
Selon le duc, Lorenzo a trois caractéristiques principales. S’il reconnaît que c’est un excen-
trique (« je trouve cela drôle d’avoir coupé la tête de tous ces hommes de pierre… un athée ;
il se moque de tout »), il voit en lui un homme inoffensif (« le plus fieffé poltron, une
femmelette »), de mœurs particulièrement douteuses (« ce lendemain d’orgie ambulant »).

« Je tuerai Alexandre » (page 185)


Corrigé
Contrairement aux Florentins, Philippe Strozzi n’a jamais cessé de croire à la vertu de
Lorenzo (« je t’ai tenu en dépit de tout ma porte ouverte, ma main ouverte, mon cœur
ouvert »). Il pense, en effet, que c’est une comédie qu’il joue auprès d’Alexandre (« la
hideuse comédie que tu joues »).

« Une étincelle de tonnerre » (page 187)


Corrigé
Lorenzo est poussé à tuer Alexandre par idéalisme politique (« je jurai qu’un des tyrans
de ma patrie mourrait de ma main »), mais également par ambition (« j’ai voulu être
grand… si la Providence m’a poussé à la résolution de tuer un tyran […] l’orgueil m’y a
poussé aussi »). Ceci dit, c’est presque un hasard si le sort a désigné pour lui Alexandre de
Médicis ; ses plans auraient pu concerner n’importe quel autre tyran local.

« Traître à la patrie » (page 187)


Corrigé
L’assassinat d’Alexandre de Médicis a donné aux républicains l’occasion de s’emparer du
pouvoir, pour pouvoir enfin installer le gouvernement que Lorenzo appelle de ses vœux ;
c’est la raison pour laquelle il les prévient une fois son forfait accompli (« j’ai frappé à
toutes les portes républicaines, avec la constance d’un frère quêteur »). Malheureusement,
il constate que, non seulement les républicains ne profitent pas de l’occasion (« ils ont
haussé les épaules et […] sont retournés à leurs dîners »), mais, pire, n’ont pas pu empê-
cher Lorenzo d’être proscrit (« à tout homme, noble ou roturier, qui tuera Lorenzo », etc.).

« Une statue de fer-blanc » (page 189)


Corrigé
Lorenzo refuse de continuer à vivre car il se rend compte que son geste était vain, et que
son action s’est réduite à un meurtre sans conséquence (« j’étais une machine à meurtre,
mais à un meurtre seulement »). Autrement dit : son action a été nulle, d’où l’impression
de vacuité qui est la sienne (« je suis plus creux et vide qu’une statue de fer-blanc »).

Récapitulons (page 189)


1. Le suffixe italien –accio étant très péjoratif, on peut considérer que Lorenzo mérite son
surnom pour différentes raisons : d’abord, c’est un débauché (il partage les orgies – et peut-
être le lit ? d’Alexandre de Médicis) ; ensuite, il n’a pas une conduite virile (il se déshonore
en public, lorsqu’on le provoque en duel) ; enfin, une fois Alexandre assassiné, il n’est pas
reconnu par les siens. Il restera donc dans la mémoire des Florentins comme un symbole
d’ignominie.
2. Ce qui vient contredire cette facette : d’abord, c’est à contre cœur qu’il accepte de suivre
Alexandre ; ensuite, sa lâcheté et son incapacité à porter des armes sont contredites par sa
connaissance de l’escrime (entraînement avec Scaroncocolo) et le meurtre qu’il finit par
accomplir, au péril de sa vie ; enfin, s’il demeure un personnage négatif pour beaucoup de

109
Florentins, ce n’est pas le cas de certains, à savoir : Philippe Strozzi et le mémorialiste du
XVIe siècle qui inspira la pièce à Musset.
3. Lorenzaccio apparaît comme un pur produit de l’imagination romantique pour plusieurs
raisons. D’abord, on retrouve chez lui cette complaisance dans le malheur ou l’ambiguité,
qui est la marque du tragique romantique ; ensuite, il a de l’être romantique cette propen-
sion à l’idéalisme, qui l’amène (par exemple) à imaginer un monde meilleur, même au
milieu des pires circonstances ; par ailleurs, on retrouve en lui cette préférence républi-
caine que partageaient nombre d’auteurs de cette époque ; enfin, comme de nombreux
héros et écrivains romantiques, Lorenzaccio constate le divorce douloureux entre le rêve
et l’action : de là, le sentiment d’« ennui », qui le pousse paradoxalement à l’action.

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