Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
THÈSE
pour l’obtention du
par
Pierre ROUSSILLON
Composition du jury
Abstract
The seismic vulnerability assessment of existing buildings is of major concern to earth-
quake engineering. In this framework, we carried out a study of soil-structure and site-city
interaction intended for in-situ testing of structures and first level vulnerability diagnoses.
We present a dimensional and parametric analysis of soil structure interaction effects,
using simple representative models of structure (rigid bloc, one-degree-of-freedom pendulum,
bending and shear beams). Closed form impedances given by the cone model approach are
used to introduce the foundation compliance and energy radiation into a soft homogeneous
i
soil. The study highlights the dimensional parameters that govern the main mechanisms of the
phenomenon : geometrical effect, rigidity contrast, and their influence on the modal features
of the system. The given results allow a better physical insight on soil structure interaction,
at least in its fundamental aspects, as well as a first, reasonably accurate estimate of the
importance of the phenomenon.
Two analytical methods which aim at investigating the effect of the urban environment on
seismic motions. We regard cities as a periodic distribution of simple oscillators. The response
to a vertical incident SH wave is analyzed by considering the city with a macroscopic point
of view. As a first approach, the effect of buildings is described by a mean impedance on the
soil-city interface. This enables to identify a mechanical soil-city coupling parameter which
governs the magnitude of the interaction, and to determine a characteristic time of the soil-
city response. A second more refined model based on approximated wave fields radiated by each
building lead to introduce a boundary layer to describe the multiple interactions effect. This
provides an assessment of both free soil motion and building basement motion. Applications are
given for mono-frequency and multi-frequency cities in the case of homogeneous and stratified
substratums.
ii
Table des matières
Introduction générale
1
Présentation du phénomène d’interaction sol structure
2
Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
iii
iv Table des matières
3
Etude paramétrique de l’interaction sol structure
4
Fondamentaux de l’interaction site ville
Conclusions générales
Annexe
A
Amplification des ondes sismiques par une couche molle
Bibliographie 289
viii Table des matières
Introduction générale
1
2 Introduction générale
un contexte régional donné : sismicité, tradition constructive, etc. Leur transposition au cas
français, caractérisé d’une part par une longue période de retour des événements sismiques
destructeurs, d’autre part par des méthodes de construction spécifiques, est problématique et
de toute façon insuffisante. A ce titre le cas des immeubles construits entre 1960 et 1980 à
destination de l’habitat social, aux antilles comme en métropole, est exemplaire.
Ces approches prédictives, plus proches des méthodes usuelles d’ingénierie en dynamique
des structures, entendent évaluer la vulnérabilité des bâtiments à la lumière d’une analyse de
leurs spécificités structurelles.
Comme souligné précédemment, elles doivent composer avec l’échelle inédite du problème
pour lequel une modélisation fine, au cas par cas, est inenvisageable. Le principe de ces mé-
thodes (voir par exemple d’Ayala et coll., 1997, pour une application aux centres historiques)
est d’établir, à partir des relevés de la construction et d’une analyse rapide de la structure,
des modèles simples mais suffisamment réalistes. En intégrant à ces modèles la capacité des
éléments structurels à se déformer, une courbe théorique de vulnérabilité peut être établie sous
la forme d’une relation entre niveau d’endommagement et niveau de sollicitation dynamique.
Plus le modèle est simple, plus son utilisation dans l’élaboration de scénarios de risque, à
l’échelle urbaine, sera efficace, à condition toutefois qu’il permette de saisir l’essentiel du com-
portement dynamique réel de la structure, avec une précision suffisante pour les ouvrages à
risque normal.
et dans les cas intermédiaires une poutre de Timoshenko. Le choix du modèle pertinent et
le calcul de ses caractéristiques continus, sont basés sur les estimations d’un nombre limité
de paramètres, explicités en fonctions des caractéristiques discrètes de la structure grâce à
l’application de la théorie de l’homogénéisation des milieux discrets (Hans, 2002; Boutin et
Hans, 2003).
La méthode est très largement validée par les mesures de vibration effectuées sur des
bâtiments réels. Dans certains cas cependant, le calage du modèle élémentaire bute sur des
effets qu’un modèle de structure isolée sur base rigide ne permet pas d’interpréter, à savoir des
effets d’interaction avec le sol (« interaction sol structure ») ou de couplage dynamique avec
des structures voisines (« interaction structure sol structure ») (Hans et coll., 2005). Cette
constatation pose la question de la nature et de l’importance de ces interactions pour le bâti
courant, vis-à-vis de leurs interférences avec les mesures de vibration réalisées in-situ, et de
leur influence sur les caractéristiques du comportement dynamique des structures et à terme
sur leur vulnérabilité. L’objectif de ce travail est précisément de tenter d’y répondre.
et coll. (1985) et Clouteau (2000). La notion d’impédance, sur laquelle se fonde l’essentiel des
développements, est ainsi introduite sur des bases solides.
Les principaux modèles élémentaires de structure sont présentés au chapitre 2. Les équa-
tions de couplage avec le sol sont formulées sous forme réduite par l’intermédiaire de la condi-
tion d’appui souple (impédance) introduite à la base de ces modèles, puis le passage à l’ap-
proche en modes complexes est explicité. Moyennant certaines approximations, les effets de
l’interaction sur le mode fondamental sont décrits de manière qualitative. Parallèlement à ces
développements et dans la perspective d’appuyer les résultats théoriques obtenus dans cette
thèse sur des essais de vibration réalisés in-situ, on établit de manière rigoureuse les rela-
tions temporelles et les fonctions de transfert permettant (en théorie) d’une part d’identifier
expérimentalement les modes complexes du système sol structure, d’autre part de procéder
à l’analyse inverse, c’est à dire d’extraire les caractéristiques propres de la structure et du
système sol fondation, à partir d’enregistrements accélérométriques.
Le passage à une étude quantitative du phénomène (chapitre 3), nécessite la résolution
numérique des équations modales à partir de valeurs explicites des impédances de fondation.
De même que pour la structure, il est irréaliste d’envisager des calculs sophistiqués de ces im-
pédances. On utilise une méthode d’estimation basée sur le modèle de cône (Meek et Veletsos,
1974) qui a l’intérêt d’être simple (analytique), de fournir des résultats proches de ceux obte-
nus grâce à des méthodes numériques, et de combler un déficit de compréhension intuitive des
phénomènes mis en jeu. Une modification du modèle de cône est proposée qui renforce encore
cette capacité explicative. A l’issue de ces étapes, nous présenterons l’étude paramétrique de
l’interaction sol structure à proprement dite, puis nos conclusions quant aux caractéristiques
de ses effets sur le bâti courant, en termes de modification : des fréquences dominantes de
vibration, de l’amortissement, de la répartition des déformations entre sol et structure et à
l’intérieur même de la structure.
Il est aujourd’hui acquis que l’énergie des vibrations produite par une structure et transmise
au sol, précisément par le phénomène d’interaction sol structure, peut se propager jusqu’à
des distances non négligeables (Jennings, 1970; Guéguen, 2000) et interagir avec d’autres
bâtiments voisins (Luco et Contesse, 1973; Celebi, 1993a,b; Hans et coll., 2005). L’impact de
ces interactions sur la réponse sismique des structures, particulièrement dans les villes très
denses fondées sur sol souple, était encore jusqu’à peu un sujet peu étudié.
Le risque sismique dans les zones fortement urbanisées fait l’objet d’une attention par-
ticulière compte tenu des enjeux humains et économiques. L’approche classique procède gé-
néralement en deux étapes : tout d’abord le calcul de l’aléa sismique pondéré des effets de
sites locaux, puis l’estimation de la réponse d’une structure, dans le meilleur des cas en te-
nant compte de l’interaction sol structure mais toujours avec l’hypothèse implicite que la
4. Remerciements 5
structure est isolée. La problématique de l’influence des interactions multiples avec l’environ-
nement urbain est finalement apparue, de manière indirecte, suite au séisme destructeur de
Michoacan (1985). Les difficultés rencontrées par les méthodes classiques de calcul des effets
de site, pour rendre compte de certaines caractéristiques des enregistrements effectués dans la
ville de Mexico (durée, battements monochromatiques) (Singh et Ordaz, 1993; Chavez-Garcia
et Bard, 1994), ont conduit Wirgin et Bard (1996) à formuler l’idée que l’énergie transmise
aux bâtiments et réémise dans leur voisinage à travers les multiples interactions sol structure
(Housner, 1957; Jennings et Bielak, 1973) et structure sol structure (Luco et Contesse, 1973),
aient pu contaminer significativement le mouvement en surface libre. Ils donnent à ce phé-
nomène qu’ils suspectent le nom d’interaction site ville. Des simulations numériques récentes
(Clouteau et Aubry, 2001; Guéguen et coll., 2002; Semblat et coll., 2002; Tsogka et Wirgin,
2003; Mehzer, 2004; Kham, 2004) basées sur différentes descriptions de la ville et du sous-sol
et diverses méthodes de résolution (modes propres de volume, fonctions de Green, éléments
finis), ont étayé depuis cette intuition.
De manière complémentaire à ces approches numériques, nous proposons au chapitre 4 une
approche simplifiée pour estimer l’influence de l’urbanisation d’une part sur le champ d’onde
sismique, d’autre part sur la réponse des structures. L’objectif de ce travail est d’identifier les
paramètres physiques qui gouvernent l’effet site ville et de quantifier l’importance du phéno-
mène à partir de critères simples et mesurables. Cette étude ne prétend pas fournir un modèle
« exact » mais seulement des estimations. Celles-ci sont établies sur la base d’hypothèses
physiquement justifiées, grâce auxquelles le problème peut être traité de manière analytique.
Cette démarche vise, en quelque sorte, à être pour l’interaction site ville, ce que le modèle de
cône (sur lequel elle se base en partie) est à l’interaction sol structure : elle s’inscrit dans la
tradition de ces méthodes simplifiées visant en premier lieu à améliorer la compréhension du
phénomène, tout du moins dans ses aspects fondamentaux, et si possible à le rendre accessible
à l’ingénierie courante.
4 Remerciements
Nous sommes reconnaissants envers l’AFPS/MATE et le CNRS pour leur soutien financier.
Nos remerciements s’adressent également aux participants de l’ACI "site ville" pour la qualité
et la profitabilité des échanges scientifiques établis dans le cadre de ce projet.
6 Introduction générale
Chapitre 1
Présentation du phénomène
d’interaction sol structure
7
8 Chapitre 1. Présentation du phénomène d’interaction sol structure
SH
rocher sol
SH
(a)
SH SH
(b) (c) (d)
Fig. 1.1 – Comparaison de la réponse d’une structure fondée au rocher ou sur un sol souple
– Description du phénomène d’interaction sol structure.
10 Chapitre 1. Présentation du phénomène d’interaction sol structure
Considérons maintenant le cas d’une structure fondée sur sol souple. On propose de décom-
poser la réponse du système en plusieurs étapes afin de mieux appréhender l’influence de la
souplesse du sol. Les trois effets suivants doivent être distingués :
λ/2
2r0
Fig. 1.2 – Interaction cinématique entre une
fondation superficielle et une onde plane en in-
cidence oblique.
tion, est le champ rayonné par la fondation. Au final, les mouvements de la fondation,
différents de ceux résultants de l’interaction cinématique, sont le produit du couplage,
appelé interaction inertielle, entre les mouvements du sol et ceux de la structure.
Les phénomènes qui viennent d’être décrits ont des conséquences différentes voire opposées
sur la vulnérabilité sismique de la structure dont voici une description qualitative :
– L’amplification de l’excitation (référencée au rocher) par les couches molles situées au-
dessus du substratum a évidemment un effet catastrophique sur les constructions dont
l’ampleur a été maintes fois constatée sur le terrain. Pour certains auteurs, l’allongement
de la durée du signal dû au piégeage des ondes dans la couche (cf. annexe A) est encore
plus critique.
– La réponse de la structure dans l’interaction inertielle se partage entre mouvement de
corps rigide, selon les modes de corps rigide de la fondation, et déformation structurelle.
Plus le sol est souple, plus la part des mouvements de corps rigides est importante. De
ce point de vue l’interaction sol structure joue dans le sens d’une diminution du risque
de ruine interne de la structure.
– Par ailleurs, les fréquences propres de la structure fondée sur sol souple sont plus basses
que celles du système plus rigide constitué de la structure encastrée à sa base dans un
milieu parfaitement rigide. Cette évidence théorique est corroborée par de nombreuses
observations expérimentales (voir par exemple Stewart et coll., 1998, 1999b, pour une
mise en évidence de ce phénomène sur un grand nombre de bâtiments). L’effet de cette
réduction des fréquences, en particulier de la fréquence fondamentale, dépend du contenu
fréquentiel du séisme (ou de toute autre sollicitation considérée). Dans certains cas,
la valeur de la fréquence fondamentale passe en-dessous de la gamme dans laquelle
l’excitation est la plus forte, et la réponse de la structure (en tout cas du premier mode)
s’en trouve diminuée. L’effet contraire peut être envisagé.
– Il faut examiner également l’effet de la radiation d’énergie dans le sol. Si on considère la
structure comme encastrée à sa base dans un milieu parfaitement rigide, alors l’énergie
12 Chapitre 1. Présentation du phénomène d’interaction sol structure
injectée par l’excitation dans la structure est dissipée par les non-linéarités internes de
la structure. On parle d’amortissement structurel dont on tient compte dans les mo-
dèles dynamiques par exemple en introduisant (de façon souvent forfaitaire) un facteur
d’amortissement modal. Dans le cas où le couplage avec le sol ne peut être négligé, les
oscillations de la fondation donnent naissance à un champ rayonné constitué d’ondes de
volume et de surface. Dans un milieu semi-infini, ces ondes se propagent indéfiniment
et ne restituent donc pas, sous une forme ou une autre, l’énergie qu’elles contiennent.
Il y a donc dissipation d’énergie et tout se passe comme si le milieu présentait un
amortissement, même si il est supposé élastique, linéaire, et non dissipatif. On parle
d’amortissement géométrique pour souligner le fait que cette perte d’énergie n’est pas
due aux propriétés mécaniques du sol, ou encore d’amortissement radiatif en référence
aux ondes rayonnées par la fondation. Cet amortissement a évidemment un effet posi-
tif pour la sécurité de la structure, en réduisant l’amplitude maximale et la durée des
oscillations.
– Quant à l’interaction cinématique, elle peut être considérée comme un effet du second
ordre, ne se développant qu’à l’échelle des mouvements différentiels, alors que l’interac-
tion inertielle apparaît avec le mouvement d’ensemble (moyen).
En conclusion, il est difficile de savoir a priori si l’interaction sol structure a une influence
positive ou négative sur le comportement de la structure. Elle peut théoriquement contribuer
à amplifier ou diminuer les déplacements à l’intérieur de la structure. Cependant, si on néglige
l’effet d’amplification par les conditions géologiques locales, par exemple en considérant un
séisme de référence calculé, non pas au rocher, mais à la surface du sol sur lequel repose
la structure, alors l’interaction sol structure joue, en pratique, fréquemment dans le sens de
la sécurité de la structure. C’est pourquoi, dans les différents codes parasismiques adoptés
à travers le monde, le fait de négliger ce phénomène est généralement considéré comme une
mesure conservative. En revanche, dans de nombreux cas largement documentés, il n’y a pas
de description possible de la dynamique de la structure, quelque soit le mode de sollicitation
envisagé, sans tenir compte de la souplesse du sol de fondation.
Nous présentons dans cette section une formulation rigoureuse du problème d’interaction
dans l’hypothèse d’une superstructure et d’un sol à comportement linéaire viscoélastique iso-
trope (ou à comportement hystérétique) mis en interaction par l’intermédiaire d’une fondation
unique et rigide. L’objectif est de montrer comment, avec ces hypothèses, l’étude de la réponse
dynamique d’une structure, incluant le couplage avec le sol de fondation de dimension infinie,
peut être ramenée (dans l’espace fréquentiel) à un problème de vibration linéaire, en trois
étapes :
1.2. Formulation du problème d’interaction sol structure 13
Ωb b
Ω
Γs Γf b
Ωf Γf s
ui
Ωs Γs∞
Le domaine d’étude est constitué de trois sous-domaines (figure 1.3) : le sol Ωs de dimension
infinie, la structure Ωb et la fondation rigide (de surface ou enterrée) Ωf . Σsf , respectivement
Σf b, sont les interfaces séparant la fondation du sol, respectivement de la structure. En dehors
de ces interfaces, les frontières de ces domaines sont soumises aux conditions de surface libre.
On note us (x, t), uf (x, t) et ub (x, t) les champs de déplacement dans chacun des sous-
domaines, induits par la présence d’un champ sismique ui (x, t). Par convention, ui est la
somme du champ incident et du champ réfléchi, calculés en champ libre (hors de toute in-
fluence du bâtiment). Il comprend les éventuels effets d’amplification par les couches molles
et est supposé connu. On introduit également σ(us ), σ(ub ), ε(us ) et ε(ub ) les tenseurs des
contraintes et de déformation associés à ces champs de déplacements dans les domaines dé-
formables (c’est-à-dire en dehors de la fondation).
On rappelle que par définition
soit l’équation de Navier de l’élastodynamique, vérifiée pour tout champ de déplacement dans
un domaine élastique isotrope. Il est commode, en utilisant l’hypothèse de linéarité, de recher-
cher la solution dans le domaine fréquentiel en appliquant une transformée de Fourier (T F )
par rapport au temps :
Z +∞
ua (x, t)
TF b a (x, ω) =
/ u ua (x, t)eiωt dt, (1.5)
−∞
Z +∞
b a (x, ω)
u
T F −1 / u (x, t) = 1 b a (x, ω)e−iωt dω .
u (1.6)
a
2π −∞
Dans la pratique, les enregistrements montrent que l’amplitude des ondes sismiques dans le
sol décroît avec un taux d’amortissement largement indépendant de la fréquence. Cet amortis-
sement correspondant à une perte d’énergie par frottement peut être introduit très facilement
dans le domaine fréquentiel en substituant aux coefficients de Lamé élastiques les coefficients
complexes λ∗s = λs (1 + 2iξs ) et µ∗s = µa (1 + 2iξs ), où ξs est appelé classiquement « coefficient
d’amortissement matériel (ou hystérétique) ». Au passage notons la relation de correspon-
dance entre ce coefficient et le facteur d’atténuation utilisé couramment en géophysique :
ξs = 1/(2Qs ).
1.2. Formulation du problème d’interaction sol structure 15
Ce champ est nul en dehors de la zone d’influence de la structure, ce qu’on écrit symbolique-
ment :
us = ui + ud dans Ωs , (1.14)
Le problème constitué des équations (1.11), (1.12), (1.13) et (1.15) admet plusieurs solutions :
une onde se propageant vers l’infini, une onde spatialement « identique »mais de temporalité
inversée, c’est à dire provenant de l’infini (et en outre la superposition des deux, correspondant
à une onde stationnaire). Sans entrer dans des considérations techniques, il convient d’intro-
duire une condition de radiation (notée (C.R.)), dite de Sommerfeld, afin de conserver la seule
solution physique : celle correspondant à une propagation depuis la fondation vers l’infini. Il
est d’usage d’inclure dans la condition de radiation, la valeur nulle à l’infini (équation (1.13)),
16 Chapitre 1. Présentation du phénomène d’interaction sol structure
La fondation est entraîné dans un mouvement de corps rigide sous l’effet des sollicitations
provenant du sol et de la superstructure. Ce mouvement est décomposé de manière commode
selon 6 modes de corps rigide indépendants, trois translations selon trois axes orthogonaux et
trois rotations autour de ces mêmes axes (Aubry et coll., 1985) :
6
X
uf (x, ω) = cm (ω)Lm (x) ∀x ∈ Ωf , (1.16)
m=1
6
X
us = cm Lm sur Γf s
m=1
6
X
⇒ ud = −ui + cm Lm sur Γf s . (1.18)
m=1
Ce résultat suggère (Aubry et coll., 1985) une nouvelle décomposition du champ diffracté :
6
X
⇒ ud = u0d + cm um
d dans Ωf s . (1.19)
m=1
1.2. Formulation du problème d’interaction sol structure 17
est le champ rayonné par un déplacement unitaire de la fondation selon le mième mode de
corps rigide (ci = δim ).
On écrit l’équilibre dynamique de la fondation soumise aux efforts exercés par le sol et
la superstructure. Pour tout déplacement virtuel vf cinématiquement admissible (donc pour
tout déplacement de corps rigide vf ), le principe des travaux virtuels appliqué à la fondation
donne : Z Z Z
ts (us ) · vf dΓ + tb (ub ) · vf dΓ − ω 2 ρf uf · vf = 0 .
Γf s Γf b Ωf
6
X Z Z Z
cm ts (um
d ) · Ln dΓ + ts (ui + u0d ) · Ln dΓ + tb (ub ) · Ln dΓ
m=1 Γf s Γf s Γf b
6
X Z
2
−ω cm ρf Lm · Ln = 0 . (1.28)
m=1 Ωf
Ks C + Tb − ω 2 Mf C = Fs , (1.29)
où apparaissent :
– le vecteur C des paramètres du déplacement de la fondation selon les 6 modes de corps
rigide : [C]m = cm .
18 Chapitre 1. Présentation du phénomène d’interaction sol structure
dont l’interprétation physique évidente justifie son utilisation courante. Prenons par
exemple Ln = ei , i = 1, 3, dans l’expression précédente, soit l’un des trois mouvements
de translation possible de la fondation. Le terme [Ks ]im , m = 1, 6, correspond alors à la
projection sur l’axe ei de la résultante des efforts appliqués par um
d sur la fondation. Si
on se souvient que um
d est le champ radié par un mouvement (translation ou rotation)
unitaire de la fondation selon le mode de corps rigide m, on en déduit que [Ks ]im est
la résultante selon ei des efforts exercés par le sol sur la fondation soumise au même
déplacement unitaire (en l’absence de champ incident évidemment). Si on considère
maintenant l’une des trois rotations Li = (x − xG ) ∧ ei , i = 3, 6 (cf équation (1.17)),
alors [Ks ]im s’interprète comme le moment résultant autour de ei des efforts exercés par
le sol sur la fondation soumise au mouvement unitaire Lm ;
– la force sismique équilavente Fs au niveau de l’interface Γf s ,
Z
[Fs ]m = − ts (ui + u0d ) · Lm dΓ m = 1, 6 , (1.31)
Γf s
qui représente les efforts exercées par le sol sur la fondation lorsque celle-ci est fixe ;
– le vecteur Tb résultante des efforts du bâtiment sur la fondation,
Z
[Tb ]m = tb (ub ) · Lm dΓ m = 1, 6 . (1.32)
Γf b
Si le bâtiment est modélisé par une poutre continue, Tb coïncide (aux conventions de
signe près) avec le torseur des éléments de réduction (au sens de la résistance des ma-
tériaux : effort normal, efforts tranchants, moments fléchissants, moment de torsion)
exprimés dans la section Γf b .
– la matrice d’inertie de la fondation Mf :
Z
[Mf ]mn = ρf Lm · Ln .
Ωf
Si les directions définies par les vecteurs (e1 , e2 , e3 ) coïncident avec celles des axes cen-
traux d’inertie de la fondation (si la fondation a un axe de symétrie, il suffit que le repère
soit orienté de telle façon que l’un des vecteurs de base s’aligne sur cet axe de symétrie),
alors la matrice d’inertie de la fondation est diagonale, les 3 premiers termes diagonaux
étant la masse de la fondation, les trois suivants les moments d’inertie autour des axes
(G, ei ).
1.2. Formulation du problème d’interaction sol structure 19
– de la matrice d’impédance qui condense toute l’information sur la propagation des ondes
rayonnées dans le sol non borné et représente la rigidité du sol telle qu’elle est perçue
par la structure (cf 1.2.5) ;
– de la force sismique équivalente, caractéristique du chargement sismique (cf 1.2.6).
Comme nous l’avons souligné dans la section précédente, l’impédance de fondation relie la
résultante des forces et des moments de contact aux six composantes du déplacement de corps
rigide de la fondation. Il s’agit donc d’appliquer une condition aux limites en déplacement à
l’interface sol structure, de calculer la réponse du sol et plus particulièrement la distribution du
vecteur contrainte sur l’interface, soit puisque la fondation est rigide, le torseur correspondant.
Nous reviendrons plus en détail sur les méthodes de résolution de ce problème complexe aux
conditions aux limites mixtes (déplacement imposé au niveau de la fondation, contrainte nulle
en surface libre) à la section 3.1. Contentons nous pour l’instant de commenter deux propriétés
fondamentales de l’impédance de fondation :
1
Soient deux champs ud et u′d satisfaisant l’équation de Navier (1.11), la condition de surface libre (1.12)
et la condition de radiation à l’infini (1.13). Alors par intégration par parties nous obtenons le principe de
réciprocité : Z Z
ts (ud ) · u′d dΓ = ts (u′d ) · ud dΓ (1.33)
Γf s Γf s
20 Chapitre 1. Présentation du phénomène d’interaction sol structure
Pα uα
Kαeq Cαeq
L’autre point clé du calcul de la réponse du système sol structure concerne le calcul de la
force sismique équivalente Fs (équation (1.31)). Notons tout d’abord que la détermination de
cette force sismique est liée à la connaissance du mouvement sismique en champ libre ui aux
côtes coïncidant avec celles de l’interface sol fondation. En revanche, puisque par application
du principe de réciprocité aux champs u0d et um
d (cf note 1 page 19),
Z
[Fs ]m = − ts (ui + u0d ) · Lm dΓ
Γf s
Z Z
=− ts (ui ) · Lm dΓ − ts (u0d ) · um
d dΓ (cf (1.27))
Γf s Γf s
Z Z
=− ts (ui ) · Lm dΓ − ts (um 0
d ) · ud dΓ
Γf s Γf s
Z Z
= ts (um
d ) · ui dΓ − ts (ui ) · Lm dΓ , (cf (1.23))
Γf s Γf s
Fs = Ks C0 . (1.35)
6
X
[C0 ]m Lm 6= ui sur Γf s .
m=1
interaction cinématique
C0
interaction sol structure
Ωs
Ωb
ui Ωb
Ωf Ωf
Keq Ceq
Ωs
ui C0
1 Keq
Ceq
Ωs
calcul de l’impedance
Fig. 1.5 – Décomposition en trois étapes du calcul de la réponse du système sol structure
obtient :
Ks (C − C0 ) + Tb − ω 2 Mf C = 0 (1.36)
Si de plus l’excitation sismique ui est une onde plane à incidence verticale (onde P ou S), ui
1.3. Bilan intermédiaire 23
⇒ Fs = Ks ui
⇒ C0 = ui sur Γf s .
Il apparaît donc que dans le cas d’une fondation superficielle soumise à des ondes en incidence
verticale, le mouvement de la fondation sans masse est égal au mouvement du sol en l’absence
d’ouvrage. Il n’y a pas d’interaction cinématique2 et l’approche intuitive qui consiste à calculer
la réponse du bâtiment posé sur des « ressorts de sol » dont la base est excitée par le mouvement
sismique en champ libre est exacte dans ce cas.
Ks C + Tb − ω 2 Mf C = 0 (1.37)
teraction inertielle) et/ou des forces externes appliquées directement à la structure. Ces étapes
constituent des problèmes indépendants et chacun d’eux est un sujet de recherche à part en-
tière. L’interaction cinématique, cependant, n’a qu’un intérêt secondaire dans le contexte de
cette étude :
– elle n’agit pas sur les caractéristiques modales du système sol structure sur lesquelles
portent l’essentiel de ce travail ;
– elle a peu d’interaction avec l’identification expérimentale de ces caractéristiques modales
à partir des mesures réalisées in situ par notre laboratoire. Elle n’intervient évidemment
pas dans les essais de mise en vibration de la structure à l’aide de chocs ou d’un excita-
teur harmonique. Par ailleurs, l’interaction cinématique entre le bruit de fond, d’origine
et de nature aléatoire, et la fondation, ne peut de toute façon pas être évaluée (ni bien
sûr mesurée). Cette question est étudiée plus en détail au 2.2.5 ; on montre que si l’inter-
action sol structure est significative, alors au voisinage de la résonance du système, les
mouvements de la fondation dans l’interaction cinématique sont très petits par rapport
aux mouvements dans l’interaction inertielle. Avec cette propriété, les caractéristiques
essentielles du système sol structure peuvent être identifiées sans qu’il soit nécessaire
d’aborder la question complexe de l’interaction cinématique.
Au bilan, il apparaît que les points clés de la prise en compte de l’interaction sol structure
sont : le calcul de l’impédance de fondation, puis l’étude de l’interaction inertielle, c’est à dire
de la dynamique de la structure dont la condition d’appui (à sa base) est contrôlée par cette
impédance de fondation. Ces points sont l’objet des chapitres suivants.
Chapitre 2
25
26 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
Toute étude paramétrique, destinée à donner un aperçu général de l’interaction sol struc-
ture, se trouve limitée par rapport à ses objectifs, compte tenu du fait que :
En revanche les structures, tout du moins les bâtiments modernes, réguliers en plan et en
élévation, qui sont l’objet d’étude de ce mémoire, peuvent être ramenées à un nombre limité
de modèles élémentaires qui captent l’essentiel de leur comportement (Hans, 2002; Boutin et
Hans, 2003; Boutin et coll., 2005). C’est pourquoi il est intéressant de commencer par étudier
au plus près les systèmes constitués de ces modèles élémentaires, soumis à une condition
d’appui souple non explicitée, dont on sait seulement et avec certitude qu’elle s’exprime dans
le domaine fréquentiel par un ratio entre résultante des efforts et déplacement (impédance),
complexe et à coefficients dépendant de la fréquence (cf. 1.2.5). Ce faisant, ce chapitre poursuit
conjointement trois objectifs principaux :
– Introduire l’approche par modes complexes et établir des passerelles vers l’analyse mo-
dale classique, plus simple et mieux connue.
– Expliciter de manière rigoureuse les relations permettant de déterminer, à partir de
mesures in situ correctement ciblées, les propriétés modales (éventuellement des modes
complexes) du système sol structure, d’identifier par une analyse inverse les caractéris-
tiques structurelles et les conditions d’appui (impédances de fondations). Des recomman-
dations, conclusions, et commentaires sont formulés de manière différenciée en fonction
du type de sollicitation envisagé : réponse sismique, à un excitateur harmonique, aux vi-
brations ambiantes communément appelées bruit de fond, à un choc exercé directement
sur la structure.
– Comme fondement à l’étude paramétrique du chapitre suivant, écrire les équations dy-
namiques et modales pour chaque modèle de structure élémentaire, sur base rigide ou en
interaction avec le sol. Dégager lorsque c’est possible, par une formulation judicieuse ou
des approximations correctement justifiées, les grandes tendances des effets qualitatifs
de la condition d’appui souple et dissipatif, tendances communes ou différenciées selon
le type de structure considéré.
2.1. Modèle masse-ressort-amortisseur de référence 27
üg (t)
c
f (t)
m
Le lecteur doit être averti que les deux premiers objectifs sont atteints dans le cas particulier
du modèle brochette, qui fait l’objet d’une littérature abondante ; les résultats mis en évidence
sont cependant transposables et généralisables sans difficulté à tout type de structure.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, on s’intéresse au système élémentaire constitué d’une
masse m, un ressort de rigidité k et un amortisseur visqueux de constante d’amortissement c
(figure 2.1). Il s’agit du modèle de référence en dynamique des structures et en génie parasis-
mique. Toute la philosophie de l’approche modale dans ces deux domaines consiste à ramener
(lorsque c’est possible) un système comprenant un nombre « grand » (infini dans la réalité) de
degrés de liberté, au modèle de référence grâce aux méthodes de décomposition-recomposition
modales. La réponse dynamique de ce système à une sollicitation quelconque est alors calculée
en fonction de la réponse de chacun de ses modes, déduite de celle du système à un degré de
liberté élémentaire doté des mêmes caractéristiques de fréquence propre et d’amortissement.
L’objectif de cette partie n’est pas de faire un exposé exhaustif de la dynamique du modèle
masse-ressort-amortisseur (Clough et Penzien, 1993) mais simplement de rappeler quelques
propriétés et définitions utiles pour l’étude et la compréhension physique de la dynamique des
systèmes plus complexes, en particulier : le formalisme de résolution par les modes complexes
pour le calcul de la réponse temporelle, les réponses impulsionnelles ou fonctions de transfert
caractérisant la réponse du système dans le domaine fréquentiel.
On considère les trois types de sollicitation présentant un intérêt pour ce travail de thèse,
– une force harmonique f(t) appliquée sur la masse, correspondant aux essais à l’excitateur
à balourds,
– une excitation par déplacement d’appui ug (t) pour modéliser l’action du bruit de fond
ou d’un séisme,
28 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
– l’absence de sollicitation pour l’identification des oscillations libres (après choc ou essai
harmonique).
Le déplacement de la masse dans un référentiel lié à l’appui, que nous qualifierons de dépla-
cement « interne »parce qu’il est représentatif des déformations internes à la structure, est
noté u. ut désigne le déplacement absolu ou « total »par rapport à un référentiel galiléen :
ut = u + ug . L’équation du mouvement s’écrit :
Dans le cadre de l’analyse par modes complexes, on appellera ω0∗ la fréquence propre
complexe du système, qui intègre l’effet de l’amortissement. On constate en outre que
Im(ω0∗ )
ξ0 = .
kω0∗ k
1 f0 f0 f0
û(ω) = 2 δ = Ddω0 ,ξ0 (ω) δω = Ddω0 ,ξ0 (ω) δω (2.3)
ω ω mω02 ω k k
1− + 2iξ0
ω0 ω0
1
Ddω0 ,ξ0 (ω) = 2 .
ω ω
1− + 2iξ0
ω0 ω0
30 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
10 pi
ξ=0 ξ=0
9 ξ=0.05 ξ=0.05
ξ=0.1
8
ξ=0.2
amplification dynamique
7
ξ=0.5
ξ=0.7
déphasage
6
ξ=1
5 pi/2
ξ=0.1
4
3 ξ=0.2
2
ξ=0.5
1 ξ=0.7
ξ=1
0 0
0 1 2 3 0 1 2 3
ω/ω0 ω/ω0
La phase de u est donnée par la phase de Ddω0 ,ξ0 (ω). Son amplitude est l’amplitude de la
réponse statique f0 /(mω02 ) = f0 /k amplifiée d’un facteur dépendant de la fréquence de la
sollicitation kDdω0 ,ξ0 (ω)k, parfois appelé amplification dynamique en déplacement du système
à la pulsation ω. Les courbes de variation des caractéristiques de Ddω0 ,ξ0 en fonction de la
fréquence ont été représentées à la figure 2.2. Le phénomène de résonance du système est mis
√
en évidence. Il est caractérisé, pour ξ0 < 1/ 2, par un pic de réponse à la pulsation de réso-
È È
nance ωRd = ω0 1 − 2ξ 2 . L’amplitude du pic, lorsqu’il existe, est donnée par 1/(2ξ 1 − ξ 2 ).
La valeur du facteur d’amortissement apparaît ainsi comme déterminante pour la réponse
maximale du système. On constate par ailleurs que la masse oscille en phase avec l’excitation
pour les fréquences très inférieures à la fréquence de résonance, en opposition de phase pour
les fréquences très supérieures, et en quadrature à la résonance. Une étude analogue peut
être effectuée pour la réponse en accélération, plus adaptée à l’interprétation des mesures
accélérométriques. On a cette fois
2
ω
ˆ ω0 f0 f0
ü(ω) = −ω 2 û(ω) = − 2 δω = Daω0 ,ξ0 (ω) δω . (2.4)
ω ω m m
1− + 2iξ0
ω0 ω0
10 pi
ξ=0 ξ=0
9 ξ=0.05 ξ=0.05
ξ=0.1
8
ξ=0.2
amplification dynamique
7
ξ=0.5
ξ=0.7
déphasage
6
ξ=1
5 ξ=0.1
pi/2
3 ξ=0.2
2 ξ=0.5
ξ=0.7 ξ=1
1
0 0
0 1 2 3 0 1 2 3
ω/ω0 ω/ω0
vient d’être dit, la figure 2.4 illustre l’application de la méthode de la bande-passante pour la
détermination expérimentale du facteur d’amortissement ξ0 .
On déduit directement, par transformée fourier de l’équation (2.1) (avec f (t) = 0),
1 ˆg
ü ˆg
ü
û(ω) = 2 − 2 = −Ddω0 ,ξ0 (ω) (2.5)
ω ω ω0 ω02
1− + 2iξ0
ω0 ω0
2
ω
ˆ ω0 ˆg = −Daω0 ,ξ0 (ω)ü
ˆg ,
ü(ω) = 2 ü (2.6)
ω ω
1− + 2iξ0
ω0 ω0
où Ddω0 ,ξ0 et Daω0 ,ξ0 ont déjà été largement commentés au paragraphe précédent. En se sou-
venant que la transformées de Fourier d’une impulsion est une constante, on peut donner
une nouvelle interprétation de ces grandeurs comme les transformée de Fourier des réponses
impulsionnelles respectivement en déplacement et en accélération.
Enfin, il est intéressant de présenter les rapports spectraux relatifs au déplacement absolu
de la masse ut = u + ug puisque c’est là la grandeur directement accessible par les mesures
32 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
1/(2ξ0(1−ξ20)1/2)
amplitude de la réponse en accélération
1 pulsation de résonance
ωRa=ω0/(1−2ξ20)1/2
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
ω/ω0
ˆt (ω) = 1 ˆg ,
ˆg = Daω0 ,ξ0 (ω)ü
ü 2 ü (2.7)
ω 1 t
1−
ω0 1 + 2iξ0 ω
ω0
où Daωt0 ,ξ0 apparaît donc comme la réponse impulsionnelle en accélération totale. Ses propriétés
diffèrent de nouveaux légèrement de Ddω0 ,ξ0 et Daω0 ,ξ0 par la valeur de la pulsation de résonance
(pour laquelle l’amplitude de la réponse est maximale),
ÌÈ
1 + 8ξ02 − 1
ωRat = ω0 , (2.8)
4ξ02
Remarque : Les rapports spectraux définis ci-dessus (Ddω0 ,ξ0 (ω), Daω0 ,ξ0 (ω), Daωt0 ,ξ0 (ω)) sont
È
tous infinis à la fréquence complexe définie pour les oscillations libres ω0∗ = iξ0 ω0 ± ω0 1 − ξ02 .
Le moment d’inertie massique Ji et la masse mi d’un étage (i) calculées telles qu’au 2.3.1.3
sont concentrées au niveau du plancher supérieur à la côte hi par rapport au sol (figure 2.5).
Ces éléments d’inertie sont reliés par un ressort de rigidité ki équivalente à celle de l’étage,
obtenue avec l’hypothèse des planchers rigides. On ajoute éventuellement un amortisseur ci
pour rendre compte de la dissipation d’énergie lors de la déformation de la structure, parfois
appelée amortissement structurel. Une structure de n étages se réduit ainsi à un système à n
degrés de liberté internes (les déplacements internes ui ) auxquels s’ajoutent les mouvements
de corps rigides de la fondation dont on ne retient que ceux présentant le plus d’intérêt du
34 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
θ0
hi θ0 ui
)
mi , Ji
ki , ci
hi
KH
ug
CHK Cθ
θ
θg
u0
rel bien qu’encore une fois les coefficients d’impédance dépendent de la fréquence. L’équilibre
dynamique du système sol structure est déduit classiquement (Bielak, 1976) de l’équilibre
dynamique
où les cij et kij s’expriment trivialement en fonction des rigidités et constantes d’amor-
tissement des étages,
– de la structure vis à vis de la translation d’ensemble :
X X X X X X
mi ü0 + mi hi θ̈0 + mi üi + CH u̇0 + KH u0 = − mi üg − mi hi θ̈g + fi
i i i i i i
(2.10)
– et de la structure vis à vis du basculement d’ensemble :
X X X X
mi hi ü0 + mi h2i + Ji θ̈0 + mi hi üi + Cθ θ̇0 + Kθ θ0 = − mi hi üg
i i i i
X X
− mi h2i + Ji θ̈g + hi fi . (2.11)
i i
2 3
c1 + c2 −c2 0 0
6 7
6 −c2 c2 + c3 −c3 7
6 7
6 7
6 −c3 7
6 0 7
6 7
6 7
6 7
6 7
C=6
6
7
7
6 7
6 7
6 7
6 7
6 −cn−1 0 7
6 7
6 7
6 − cn−1 cn−1 + cn −cn 7
4 5
0 0 −cn cn
2 3
k1 + k2 −k2 0 0
6 7
6 −k2 k2 + k3 −k3 7
6 7
6 7
6 7
6 0 −k3 7
6 7
6 7
6 7
6 7
6 7
K=6 7 .
6 7
6 7
6 7
6 7
6
6 −kn−1 0 77
6 7
6 7
6 − kn−1 kn−1 + kn −kn 7
4 5
0 0 −kn kn
Cθ , c’est à dire l’impédance de la fondation, varient avec le rapport entre longueur d’onde
des ondes émises dans le sol et dimension de la fondation (cf. 3.1), si bien que la matrice
de rigidité du système sol structure dépend de la fréquence. Par conséquent, le problème
condensé (puisque le sol infini est ramené aux seules impédances) « structure + impédances
de fondation », dépendant de la fréquence, s’écarte du cadre stricte de l’analyse modale.
Malgré tout, l’analyse modale, qui est à la base de la plupart des méthodes développées en
génie parasismique tout en apportant un éclairage indispensable pour la compréhension du
comportement dynamique, reste incontournable. Ce sentiment est renforcé par le fait que
cette difficulté théorique est un effet artificiel de la condensation du système « structure - sol
infini ». Les spectres expérimentaux montrent, de toute évidence, que ce système répond selon
des modes propres de vibration. Nous présentons dans ce qui suit deux extensions intéressantes
de l’analyse modale et les hypothèses qu’elles sous-tendent.
On peut, au prix d’un certain nombre d’approximations, appliquer une analyse modale
classique au système sol structure. Cette démarche, dont les premiers développements sont
dus à Roesset et coll. (1973), Novak (1974, 1975), Rainer (1975) et Bielak (1976), est parti-
culièrement avantageuse pour les systèmes sol structure à faible amortissement radiatif. Elle
a en outre l’intérêt d’enrichir la compréhension mécanique du phénomène.
Dans la pratique, cette équation est résolue par itération pour i = 1 de manière à trouver
ω̃1 . En outre, grâce au choix d’une valeur constante de l’impédance, on dispose des relations
d’orthogonalité usuelles :
t t
φ̃i M̃φ̃j = 0 et φ̃i K̃φ̃j = 0 pour i 6= j. (2.14)
38 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
où les qi sont les coordonnées généralisées du problème, et on réinjecte dans (2.12). En pré-
multipliant par la transposée de Φ̃j et en tenant compte de l’orthogonalité des modes vis à
vis des matrices de masse et de rigidité, on aboutit à l’équation scalaire
X
t t
φ̃j M̃φ̃j q̈j (t) + φ̃j C̃φ̃i q̇i (t) + t φ̃j K̃(ω̃1 )φ̃j qj (t) = t φ̃j p(t), (2.16)
i
est problématique et n’a pas, à notre connaissance été étudiée dans toute sa complexité dans
les publications sus-citées. Notons tout d’abord que ce terme comprend une participation de
tous les modes, contrairement au cas classique de découplage des modes dans l’hypothèse d’un
amortissement présentant toutes les « bonnes propriétés ». Ce couplage subsiste si on suppose
que C̃ a une valeur constante indépendante de la fréquence. D’autre part, dans l’hypothèse
réaliste où C̃ dépend de la fréquence se pose la question de savoir ce qui définit la fréquence
dans l’équation qui précède. Si p(t) est une sollicitation harmonique de pulsation ωp , on peut
dire sans craindre de se tromper que C̃ = C̃(ωp ). Dans le cas contraire, l’équation (2.16) n’est
définie que dans l’espace fréquentiel, c’est à dire après transformée de Fourier. La solution qui
consiste à négliger la dépendance fréquentielle de C̃ n’est pas satisfaisante dans la mesure où
la dissipation d’énergie liée au mouvement de bascule de la fondation varie fortement avec
la fréquence (3.1). En particulier, le risque est grand de surestimer l’amortissement radiatif,
tendant rapidement vers 0 à basse fréquence. La solution la plus répandue consiste à réduire
la somme sur tous les modes au seul terme
t
φ̃j C̃(ω̃j )φ̃j q̇j (t),
Plusieurs auteurs ont montré que ces hypothèses simplificatrices, bien que partiellement jus-
tifiées, donnent des résultats proches de ceux obtenus par une méthode plus rigoureuse (telle
que la résolution directe de (2.12) dans l’espace de Fourier), même en cas d’interaction sol
structure prononcée (voir par exemple Roesset et coll., 1973; Novak, 1974; Bielak, 1976). La
concordance semble particulièrement bonne au voisinage de la fréquence dominante du sys-
tème.
On obtient en définitive une équation approchée de (2.16) relative à la jième coordonnée mo-
dale :
q̈j (t) + 2ω̃j ξ˜j q̇j (t) + ω̃j2 qj (t) = P̃j (t); j = 1, 2, . . . (2.17)
où
t φ̃ p(t)
j
P̃j (t) = (2.18)
t φ̃ M̃φ̃
j j
et
c1 CH
= , (2.22)
k1 KH
c1 Cθ
= . (2.23)
k1 Kθ
40 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
Par conséquent, les modes non-amortis ne constituent une base de décomposition exacte que
si l’amortissement respecte une relation de proportionnalité :
CH Cθ c1
= = . (2.24)
KH Kθ k1
Compte tenu de la nature très différente des mécanismes à l’origine de ces amortissements
(dissipation d’énergie par déformation des matériaux de la structure, dissipation par radiation
d’ondes vers l’infini dans le sol), une telle condition n’a aucune raison physique d’être vérifiée
et l’équation (2.15) n’est pas rigoureuse. Cependant il faut noter qu’elle n’introduit pas d’ap-
proximation supplémentaire dans la mesure où l’hypothèse de découplage des modes suppose
la même proportionnalité de l’amortissement.
En termes mathématiques, il faut noter que le problème est posé de telle façon que le théo-
rème d’expansion (décomposition sur la base des déformées modales) ne s’applique pas. Ceci
provient de ce que la fondation a été considérée comme sans masse en vertu de l’évidence
physique que cette masse, munie d’un bras de levier nul vis à vis de la base, a un rôle négli-
geable sur la dynamique du système. L’inconvénient de cette hypothèse est d’introduire un
problème présentant moins de termes d’inertie (n) que de degrés de liberté (n + 2) si bien
que le problème aux valeurs propres (2.13) n’admet pas n + 2 valeurs propres non nulles et
n + 2 vecteurs propres linéairement indépendants. Donc en toute rigueur, les vecteurs propres
(les déformées modales) ne forment pas une base complète de l’espace à n + 2 dimensions
des vecteurs représentant une position possible du système. Par conséquent, l’équation (2.15)
revient à supposer qu’un vecteur position appartenant à un instant t au sous-espace défini par
les n modes reste dans ce sous-espace à tout instant. Le problème au niveau de l’équilibre de
la fondation signalé précédemment montre que cette hypothèse est mise en défaut.
Cette difficulté théorique peut être contournée en introduisant une masse symbolique pour la
fondation et en ne négligeant son effet que dans un deuxième temps. Cette commodité restera
implicite dans tout ce qui suit.
t φ Kφ
i i
Kφi = ωi2 Mφi et ωi2 = t φ Mφ
(2.25)
i i
2.2. Modèle discret du type « brochette » 41
1 t φi Cφi
ξi = .
2ωi t φi Mφi
Distinguons maintenant les éléments de la déformée modale sur sol souple relatifs aux dépla-
cements internes à la structure, du déplacement de corps rigide de la fondation correspondant
soit 8 9
>
>
uj >
>
< =
φ̃j = u0j . (2.26)
>
> >
>
: ;
h1 θ0j
Le vecteur des déplacements internes uj est décomposable sur la base des modes de la structure
P
sur base fixe : uj = i αij φi où
t φ Mu
i j
αij = t φ Mφ
.
i i
A partir de l’expression obtenue pour ξ˜j et en procédant à un calcul matriciel par blocs, on
montre alors aisément que l’amortissement modal du système sol structure se décompose sous
la forme
X
ξ˜j = βij ξi + ξjR (2.27)
i
où
(t φi Muj )2 ωi
– les βij = pèsent la contribution de l’amortissement structurel
(t φi Mφi )(t φ̃j M̃φ̃j ) ω̃j
de chacun des modes sur base rigide,
1 CH u20j + Cθ θ0j
2
– et ξjR = représente la part d’amortissement modal dû à la radiation
2ω̃j t φ̃ M̃φ̃
j j
d’énergie dans le sol.
Le premier terme de l’équation (2.27) indique que tous les modes sur base rigide contribuent à
l’amortissement d’un mode sur base souple donné, ce qui semble logique dans la mesure où la
déformation interne du mode sur base souple diffère de celle du mode correspondant sur base
rigide. Cependant, dans le cas où cette déformation interne est peu perturbée par l’interaction
sol structure (uj ≃ αjj φj ), on constate, du fait de l’orthogonalité des modes sur base rigide,
que la contribution des modes k 6= j est négligeable. Cette approximation vaut pour tous
les modes sur sol peu souple et particulièrement pour le premier mode dont on montrera au
chapitre 3 qu’il conserve quasiment la même déformation interne quelque soit l’importance de
l’interaction sol structure. Enfin, à titre d’illustration on signale que l’expression 2.27, obtenue
ici en négligeant le couplage des modes (non-amortis) sur base souple par l’amortissement,
peut être retrouvée à partir de considérations énergétiques (Roesset et coll., 1973; Novak,
1974, 1975; Rainer, 1975).
42 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
θ0
u m
k, c
h
KH
ug
CH
Kθ Cθ
θg
u0
Le cas particulier du modèle brochette où on ne considère qu’une seule masse (figure 2.6) a
été souvent étudié (voir par exemple Perelman et coll., 1968; Veletsos et Meek, 1974; Veletsos
et Nair, 1975; Todorovska et Trifunac, 1992; Stewart et coll., 1999a) parce qu’il met en évidence
aussi simplement que possible l’effet de l’interaction sol structure. L’équation de vibration du
modèle à 1 degré de liberté sur sol souple, déduite de (2.12), s’écrit sous la forme réduite
2 38 9 2 38 9 2 38 9
1 1 1 > ü > 2ξ1 ω1 0 0 > u̇ > ω12 0 0 > u >
6 7>
< >
= 6 7>< >
= 6 7>< >
=
6 7 6 7 6 2 7
61 1 17 ü0 + 6 0 2ξH ωH 0 7 u̇0 +6 0 ωH 0 7 u0
4 5>> >
> 4 5>> >
> 4 5>> >
>
: ; : ; 2 : ;
1 1 1 hθ̈0 0 0 2ξθ ωθ hθ̇0 0 0 ωθ hθ0
8 9 8 9 8 9
>
>
1> >1> >1>
< >
= >
< >
= f>
< >
=
= − 1 üg − 1 hθ̈g + 1 , (2.28)
>
> >
> >
> >
> >
> >
> m
: ; : ; : ;
1 1 1
k c
ω12 = et ξ1 = ,
m 2mω1
2 KH CH
ωH = et ξH = ,
m 2mωH
Malgré la présence d’un mode unique, cette valeur de l’amortissement modal ξ˜1 est une valeur
approchée. En effet, de même que dans le cas général du modèle brochette, l’équilibre de la
fondation sans masse n’est qu’approximativement vérifié (cf. remarque page 39). Cependant,
les équations (2.29), (2.30) et (2.31) explicitent de manière limpide l’effet de l’interaction sol
structure. Le système fonctionne comme l’assemblage en série présenté à la figure 2.7 dont les
caractéristiques modales sont directement accessibles à l’intuition :
Kθ /h2 KH k
Cθ /h2 CH c
hθ0 u0 u
ut
Fig. 2.7 – Fonctionnement en série du modèle à 1 degré de liberté sur sol souple
Des relations analogues sont maintenant établies pour appréhender le cas plus réaliste de
structures à plusieurs degrés de liberté.
Suivant la démarche de Luco et coll. (1987), on considère un mode non-amorti sur sol souple
φ̃j dont la déformation interne est peu perturbée par l’interaction sol structure. Autrement
dit, le vecteur des déplacements internes uj selon le mode j est supposé proportionnel au
2.2. Modèle discret du type « brochette » 45
mode sur base rigide φj . Avec une normalisation adéquate on peut donc écrire
8 9
>
>
φj >
>
< =
φ̃j = u0j , (2.32)
>
> >
>
: ;
h1 θ0j
1 t φ̃ M̃φ̃
j j
2 =
ω̃j t φ̃j K̃φ̃j
Mt Jt St
1 + 2pj u0j + 2pj Hj θ0j + (pj u0j )2 + (pj Hj θ0j )2 + 2 (pj u0j )(pj Hj θ0j )
1 Mj Mj Hj2 Mj H j
= ,
ωj2 2
ωHj 2
ωθj
1 + 2 (pj u0j ) + 2 (pj Hj u0j )2
2
ω1 ω1
(2.33)
où :
P
– Mt = t δMδ, St = t δMh et Jt = t hMh + i Ji sont respectivement la masse totale,
le moment statique et le moment d’inertie calculés au niveau de la fondation, de la
structure,
t φ Mδ
j
– pj = t est le facteur de participation du j ème mode sur base rigide,
φj Mφj
(t φj Mδ)2 t φ Mh
j
– Mj = t et Hj = t sont la masse et la hauteur d’un modèle à 1 degré de
φj Mφj φj Mδ
liberté « équivalent » au mode j (cf. commentaires ci-dessous),
2 = KH et ω 2 =
– ωHj
Kθ
sont les pulsations caractérisant le mouvement de corps
θj
Mj Mj Hj2
rigide de la structure, similaires à celles introduites pour le modèle à 1 degré de liberté.
et
St ω2
1− 1 − 12
Mj H j ω̃1
pj Hj θ0j = 2 . (2.35)
St Jt ωθj
− + 2
Mj H j Mj Hj2 ω̃1
46 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
1.05
32/π3 ≈ 1.032
96/π4 ≈ 0.9855
0.95
Fig. 2.8 – Niveau d’approxi-
mation des relations (2.36),
(2.37) et (2.38), en fonc- M1/Mt
tion du nombre d’étages 0.9 M1H21/Jt
P
( i Ji = 0). M1H1/St
0.85
8/π2 ≈ 0.81
0.8
0 1 2
10 10 10
nombre d’étages
M1 ≈ Mt , (2.36)
M 1 H 1 ≈ St , (2.37)
M1 H12 ≈ Jt . (2.38)
Ces relations, vérifiées de manière exacte dans le cas d’un modèle à un degré de liberté,
constituent un ensemble d’approximations raisonnables (Figure 2.8) grâce auxquelles le calcul
des caractéristiques du mode fondamental du système sol structure est notablement simplifié
et peut être effectué de manière analytique. On trouve ainsi à partir des équations (2.33-2.35) :
8 9
>
> φ1 >
>
>
> >
>
>
< 1 ω12 >
=
φ̃1 ≈ 2
p 1 ωH , (2.39)
>
> >
>
>
> >
> h1 ω12 > >
: 2
;
p 1 H 1 ωθ
puis,
1 1 1 1
2 ≈ 2+ 2 + 2 (2.40)
ω̃1 ω1 ωH ωθ
2.2. Modèle discret du type « brochette » 47
3 3 3
ω̃1 ω̃1 ω̃1
ξ˜1 ≈ ξ1 + ξH + ξθ , (2.41)
ω1 ωH ωθ
où ξH = CH /(2M1 ωH ) et ξθ = Cθ /(2M1 H12 ωθ ), et les indices 1 ont été omis. Les trois relations
précédentes sont semblables aux équations (2.29-2.31) obtenues pour le modèle à 1 degré de
liberté sur base souple. On remarquera qu’il aurait été possible de les établir très facilement
à partir de ces dernières en considérant que la réponse du modèle brochette selon son mode
fondamental peut être représentée de manière équivalente par un modèle à un degré de liberté
de masse M1 , hauteur H1 et pulsation propre ω1 , dont la caractéristique est de développer
les mêmes effort tranchant et moment résultant sur la fondation (Roussillon, 1999). On se
convainc aisément qu’il s’agit d’un raisonnement approché en observant que le modèle à un
degré de liberté équivalent est calculé sur la base de la déformée sur base rigide de la structure,
sans qu’il soit tenu compte des mouvements de corps rigide autorisés par une base souple.
L’avantage de l’approche directe présentée ici, a été d’expliciter clairement les approximations
(2.36), (2.37) et (2.38), introduites implicitement par le raisonnement en termes de modèle à
1 degré de liberté équivalent.
on obtient, après calcul et en introduisant l’accélération absolue üt = ü + ü0 + h(θ̈0 + θ̈g ) + üg ,
8 9 8 9 8 9
>
> >
> >
> >
> >
> >
>
>
> b̈
u >
t >
>
> 1 >
> >
> 1 >
>
>
> >
> >
> >
> >
> >
>
>
> >
> >
> >
> >
> >
>
>
> >
> >
> >
> >
> ω ˜ > >
>
> >
> >
> >
> >
> 1 + 2i ξ1 >>
> ω2 1 ω̃12
u > > > > >
b̈ ω̃1
>
> >
> >
> ω >
> >
> ω > ω2
< 1 1 + 2i ξ1 >
2 2
< = ω
< 1 1 + 2i ξ1 = ω =
ω̃12 fb
ug +hb̈
ω1 1 ω1
= (b̈ θg )− ,
>
> >
> >
> >
> ω 2
1 >
>
ω
ξ̃1 >
> ω 2
ω ˜ m
1 − 2 1 + 2i 1 − + 2i ξ
>
> > > ω 2
1 > ω̃12 1 + 2i ω ξ˜1 > ω̃1 ω̃1 > 1
> u0 >
b̈ > >
> ω
>
> >
> ω
>
>
ω̃12 ω̃1
>
> >
> >
>
2
ωH 1 + 2i >
ξH > ω̃ 1 >
>
ω 2
H 1 + 2i ξH >>
>
> >
> >
>
ωH >
> >
>
ωH >
>
>
> >
> >
> >
> >
> ω >
>
> > > > > 1 + 2i ˜
ξ1 >
>
> b̈ >
> >
> ω 2
1 >
> >
> ω̃ 2
1 ω̃ 1 >
>
> h θ >
; > : ωθ2 1 + 2i ω ξθ > >
: ωθ2 1 + 2i ω ξθ >
0
: ; ;
ωθ ωθ
(2.43)
1 1 1 1 1 1 1 1
= 2 + 2 + 2 ω . (2.44)
ω̃12 1 + 2i ω ξ˜1 ω1 1 + 2i ω ξ1 ωH 1 + 2i
ω
ξH ω θ 1 + 2i ξθ
ω̃1 ω1 ωH ωθ
En comparant la réponse (2.43) du modèle à un degré de liberté sur sol souple à celle du
modèle de référence (équations (2.4) et (2.7) pages 30 et suivante), on constate que ω̃1 et ξ˜1
doivent être identifiés respectivement comme la pulsation non-amortie et le facteur d’amortis-
sement du système sol structure (ce qui justifie a posteriori la notation). On retrouve alors,
à partir de (2.44), l’équation (2.29) pour ω̃1 , puis, pour des facteurs d’amortissement tous
faibles ((ω/ω̃1 )ξ˜1 ≪ 1, (ω/ω1 )ξ1 ≪ 1, (ω/ωH )ξH ≪ 1 et (ω/ωθ )ξθ ≪ 1), l’expression appro-
chée (2.31) de ξ˜1 . Il ressort donc, de façon plus claire, que (2.31) est une bonne estimation du
facteur d’amortissement des systèmes sol structure faiblement amortis. Les conditions d’exis-
tence de tels systèmes seront précisées grâce à l’étude paramétrique (quantitative) du chapitre
3.
Il apparaît d’autre part au vu de (2.43) que le déplacement interne de la masse u, le bascule-
ment hθ0 et la translation u0 de la fondation ne sont pas en phase du fait de la présence des
termes d’amortissement et du fait qu’en toute vraisemblance l’égalité ξ1 /ω1 = ξH /ωH = ξθ /ωθ
n’est pas respectée (on retrouve la propriété d’amortissement non proportionnel). On remar-
quera que cette particularité des systèmes sol structure est totalement occultée si on utilise,
comme dans ce qui précède, un raisonnement approximatif basé sur les modes non-amortis.
La notion de modes complexes développée au 2.2.4 est un cadre théorique plus adapté pour
appréhender ce phénomène.
Un raisonnement similaire dans l’espace fréquentiel peut être mené dans le cas des modèles
brochettes à nombre de degrés de liberté quelconque, mais n’est pas présenté dans le souci
2.2. Modèle discret du type « brochette » 49
d’éviter les redondances. Cependant des résultats identiques à ceux qui viennent d’être ob-
tenus pour le modèle à 1 degré de liberté seront démontrés grâce aux modes complexes à la
section (2.2.4.4).
On présente dans cette section la résolution de l’équation de vibration par les modes
complexes. Cette généralisation de la méthode de superposition modale, développée par Foss
(1958) pour étudier les systèmes d’amortissement non classique (non proportionnel), trouve
son application naturelle dans l’étude des systèmes sol structure (Novak et Hifnawy, 1983).
où Cj∗ est une constante complexe quelconque, ω̃j∗ la pulsation complexe, et le vecteur de
coordonnées modales indépendantes du temps φ̃∗j la déformée modale complexe, du mode j.
On a donc l’équation aux modes propres complexes :
dont les solutions non triviales sont obtenues pour les pulsations telles que
L’équation (2.48) admet 2n + 4 solutions mais puisque M̃, C̃ et K̃ sont à coefficients réels, ces
solutions fonctionnent en n+2 paires indépendantes (ω̃j∗ , −ω̃j∗ ). A chaque valeur de la pulsation
complexe ω̃j∗ , l’équation (2.47) associe une déformée modale complexe φ̃∗j . Si l’amortissement
est proportionnel, φ̃∗j est à valeurs purement réelles et est identique à la déformée modale non-
amortie φ̃j 3 . A contrario, le système sol structure possédant un amortissement non classique,
le déplacement modal est constitué d’une partie réelle φ̃R
j en phase et d’une partie imaginaire
3
La proportionnalité de l’amortissement se traduit par,
2ξ˜j
C̃ = K̃ ,
ω̃j
50 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
φ̃Ij en quadrature de phase. On introduit le vecteur phase du mode j, défini de manière unique
par
φ̃Ij
ϕj = tan−1 .
φ̃R
j
Les composantes de ce vecteur sont a priori toutes différentes si bien que le mode ne possède
pas de noeud stationnaire et les valeurs maximales ou minimales de chacune des coordonnées
modales sont atteintes à des instants différents. On retrouve là une caractéristique des systèmes
sol structure, comme de tous les systèmes d’amortissement non classique, déjà mise en évidence
dans le cas du modèle à 1 degré de liberté (section 2.2.3.5).
En prémultipliant (2.47) par la transposée de φ̃∗j , déformée modale associée à (−ω̃j∗ ), on obtient
l’équation du second degré en iω̃j∗ ,
µj (iω̃j∗ )2 + χj (iω̃j∗ ) + κj = 0,
où
sont des coefficients réels positifs. Il vient alors par résolution classique de cette équation du
second degré È
χj 4µj κj − χ2j
ω̃j∗ =i ± . (2.49)
2µj 2µj
On constate que
È
kω̃j∗ k = κj /µj
on vérifie que, È
−µ∗j M̃ + iµ∗j C̃ + K̃ = 1 − 2ξ˜j ξ̃j + i 1 − ξ˜j2 (−ω̃j2 M̃ + K̃) ,
2
et donc È
(−µ∗j M̃ + iµ∗j C̃ + K̃)φ̃j = 1 − 2ξ˜j ξ˜j + i 1 − ξ˜j2 (−ω̃j2 M̃ + K̃)φ̃j = 0 ,
2
par définition des caractéristiques modales ω̃j et φ̃j du système non amorti (équation (2.13)). On en déduit
que les solutions (ω̃j∗ , φ̃∗j ) de l’équation aux modes propres complexes (2.47) sont telles que
È
ω̃j∗ = µ∗j = iξ˜j ω̃j − ω̃j 1 − ξ˜2 ,
j et φ̃∗j = φ̃j .
2.2. Modèle discret du type « brochette » 51
avec
χj Im ω̃j∗
ξ˜j = = . (2.51)
2kω̃j∗ kµj kω̃j∗ k
Calculons maintenant, pour faciliter l’interprétation physique des grandeurs complexes intro-
duites ci-dessus, une solution en vibration libre selon le mode j, appelée solution modale j de
l’équation homogène de vibration. C’est nécessairement la somme de deux solutions particu-
lières complexes mais conjuguées l’une de l’autre, soit :
Les propriétés de la base modale complexe sont plus facilement mises évidence après trans-
formation du système (2.45) de n + 2 équations différentielles du second ordre en un système
de 2n + 4 équations différentielles du premier ordre (Meirowitch, 1967) :
Aż + Bz = 0 (2.53)
et z le vecteur de 2n + 4 éléments
ṡ
z= .
s
Selon la procédure standard, on cherche les solutions de (2.53) de la forme z(t) = Cj∗ ψj∗ exp(iλ∗j t).
λ∗j et ψj∗ sont donc solutions de
det(iλ∗j A + B) = 0 , (2.55)
(iλ∗j A + B)ψj∗ = 0 . (2.56)
A ce stade il faut rappeler que K̃, C̃ et donc A et B dépendent de la fréquence par l’in-
termédiaire des impédances de fondation. L’équation (2.55) (ou (2.48)) est résolue en tenant
compte de cette dépendance fréquentielle de manière à obtenir des modes propres qui soient
des solutions particulières exactes de l’équation de vibration du système sol structure. En
suivant ce principe, les modes propres calculés sont en fait les projections sur le sous espace
des degrés de liberté de la structure et de la fondation, des modes propres « complets » in-
cluant les déformations du sol. Par conséquent, la résolution directe du problème aux valeurs
propres complexes incluant l’amortissement permet de déterminer des pulsations, déformées
et facteurs d’amortissement modaux caractérisant de manière exacte la physique du problème.
Cependant, une difficulté subsiste : il n’est pas possible en toute rigueur de mettre en évidence
des relations d’orthogonalité entre modes « condensés » dans la mesure où l’orthogonalité des
déformées modales « complètes » ne se vérifie plus entre leurs projections sur les degrés de
liberté de la structure et de la fondation. Afin de poursuivre l’analyse modale il convient donc
de supposer que A et B varient peu au voisinage de la fréquence des modes présentant un
2.2. Modèle discret du type « brochette » 53
intérêt pour la réponse du système, de telle sorte que par soustraction des équations (2.58) et
(2.60) il vient
(ω̃k∗ − ω̃j∗ ) t ψk∗ Aψj∗ = 0, (2.61)
puis pour j 6= k,
t
ψk∗ Aψj∗ = 0 et t
ψk∗ Bψj∗ = 0. (2.62)
Ces relations d’orthogonalité sont indispensables pour décomposer la réponse du système sur
celle de chacun de ses modes, quelque soit le type de sollicitation. On les utilise donc très
largement dans ce qui suit, en prenant soin de commenter au cas pas cas les approximations
introduites. Enfin, en développant (2.62) par blocs, on obtient
(ω̃k∗ + ω̃j∗ )t φ∗k M̃φ∗j − it φ∗k C̃φ∗j = 0 et ω̃k∗ ω̃j∗ t φ∗k Mφ∗j + t φ∗k K̃φ∗j = 0 j 6= k . (2.63)
De même qu’au 2.2.3.1, on note p(t) le second membre de l’équation de vibration corres-
pondant à la sollicitation de sorte que
On ne considère, pour des raisons de commodité d’écriture, que les solicitations telles que
p(t) = p0 e(t) où le vecteur p0 est indépendant du temps. Les cas d’excitation présentant
un intérêt pratique, excitation par un séisme, le bruit de fond ambient, le vent ou une force
ponctuelle artificielle, entrent dans le cadre de cette hypothèse.
∗
Les 2n + 4 vecteurs ψ1∗ , ψ2∗ , ... ψ2n+4 constituent, parce qu’ils sont orthogonaux, une base
complète dans laquelle peut être décomposé tout vecteur arbitraire de dimension 2n + 4 (dont
les n+2 premiers éléments sont les vitesses à un instant donné des degrés de liberté du système
et les n + 2 éléments suivants leur position) :
2n+4
X n+2
X n+2
X
z(t) = qj∗ (t)ψj∗ = qj∗ (t)ψj∗ + qj∗ (t)ψj∗ , (2.66)
j=1 j=1 j=1
avec
t ψ ∗ Az(t)
j
qj∗ (t) = t ψ ∗ Aψ ∗
. (2.67)
j j
On réinjecte cette décomposition dans (2.65) et pré-multiplie par la transposée d’un vecteur
propre quelconque ψj∗ , j ∈ [1, 2n + 4]. Compte tenu de l’orthogonalité des vecteurs propres
54 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
∗ Z ∞
P̃j0
qj∗ (t) = H(t − τ ) exp iω̃ ∗
j (t − τ ) e(τ )dτ , (2.69)
2i(ω̃ ∗ − iξ˜j kω̃ ∗ k) −∞
j j
où H(t) est la fonction de Heaviside (échelon). Connaissant l’état du système à une date prise
comme origine des temps, et en notant que H(t − τ ) = 0 pour τ > t, (2.69) peut être réécrite
sous la forme
Z t !
∗
P̃j0
qj∗ (t) = exp(iω̃j∗ t) exp −iω̃j∗ τ e(τ )dτ + qj∗ (0) . (2.70)
2i(ω̃ − iξ˜j kω̃ k) 0
∗
j
∗
j
q
+ γj sin kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 (t − τ ) e(τ )dτ
(2.71)
X Z t q
1 ∗
= q e−ξ̃j kω̃j k(t−τ ) βj cos kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 (t − τ ) . . .
j kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 0
q
+ γj sin kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 (t − τ ) e(τ )dτ
q q
∗
+ H(t)e−ξ̃j kω̃j kt βj′ cos kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 t − γj′ sin kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 t
(2.72)
où, γj , βj , γj′ et βj′ sont quatre vecteurs de Rn+2 tels que P̃j0
∗ φ̃∗ = γ + iβ et q ∗ (0)φ̃∗ = γ ′ +
j j j j j j
iβj′ . (2.71) est plus commode pour étudier la réponse en régime permanent à une sollicitation
stationnaire (par exemple une excitation harmonique) supposée agir depuis t = −∞. (2.72)
qui n’est définie que pour t ≥ 0 est plus adaptée aux phénomènes transitoires (excitation
sismique ou oscillations libres). Elle est la somme de deux termes qui peuvent être interprétés
respectivement comme la réponse du système considéré comme initialement (à t = 0) au repos
et de l’atténuation, en oscillations libres, des conditions initiales réelles. Dans le cas d’une
2.2. Modèle discret du type « brochette » 55
excitation de nature sismique, par exemple du bruit de fond, les oscillations libres peuvent
être négligées et seul le premier terme est significatif. Inversement, en l’absence de sollicitation,
seul le second terme subsiste et on se trouve dans la configuration d’un essai en oscillations
libres.
Alternativement au calcul temporel, on peut exprimer la réponse du système dans l’espace
fréquentiel. Avec les mêmes notations que dans ce qui précède, on obtient par transformée de
Fourier de (2.71)
ω q
i βj + ˜
ξ β
j j + 1 − ξ˜j2 γj
X 1 kω̃j∗ k
sb(ω) = eb(ω) q
kω̃j∗ k2 1 − ξ˜j2 ω2 ω
j 1− ∗ 2
+ 2iξ˜j ∗ (2.73)
kω̃j k kω̃j k
q
X 1 kω̃j∗ k,ξ̃j ω
= eb(ω) q Dd (ω) i βj + ˜
ξ β
j j + 1 − ξ˜j2 γj ,
j kω̃j∗ k2 1 − ξ˜j2 kω̃j∗ k
où
kω̃j∗ k,ξ̃j 1
Dd (ω) = ,
ω2 ω
1 − ∗ 2 + 2iξ˜j ∗
kω̃j k kω̃j k
est la réponse impulsionnelle en déplacement (exprimée dans l’espace des fréquences) du mo-
dèle de référence (cf. 2.1), dont les caractéristiques sont celles du mode j : pulsation propre
kω̃ ∗ k et facteur d’amortissement ξ˜j . De même, en accélération, il vient
j
q
X 1 kω̃ ∗ k,ξ̃j ω
b̈
s(ω) = eb(ω) q Da j (ω) i ∗ βj + ξ˜j βj + 1 − ξ˜j2 γj , (2.74)
j 1 − ξ˜j2 kω̃j k
où
ω2
kω̃j∗ k,ξ̃j kω̃j∗ k2
Da (ω) = − ,
ω2 ω
1 − ∗ 2 + 2iξ˜j ∗
kω̃j k kω̃j k
désigne cette fois la réponse impulsionnelle (toujours en fréquence) en accélération du même
kω̃j∗ k,ξ̃j kω̃j∗ k,ξ̃j
modèle de référence. Les caractéristiques (phase, amplitude) de Dd (ω) et Da (ω),
fonctions du facteur d’amortissement et du rapport de la fréquence de l’excitation sur la fré-
quence propre du mode j ont été représentées aux figures 2.2 et 2.3 pages 30 et 31. Nous
allons commenter plus particulièrement la réponse en accélération qui présente un plus grand
intérêt pour l’analyse des mesures accélérométriques. Au vu de la figure 2.3, il apparaît que
la contribution d’un mode donné est prépondérante au voisinage de sa fréquence propre, à
condition que l’amortissement ne soit pas trop élevé. Cette même contribution est négligeable
aux fréquences suffisamment basses. Aux hautes fréquences, en revanche, une contribution de-
56 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
meure qui peut perturber les pics des modes d’ordre supérieur. Cette perturbation, observée
également pour les systèmes classiques, est encore accentuée dans ce cas par la présence du
terme déphasé iω/kω̃j∗ kβj qui augmente avec la fréquence. On en déduit qu’au voisinage de
la fréquence fondamentale du système, la réponse totale peut être assimilée à celle du premier
mode seul, la contribution des modes supérieurs étant négligeables. La qualité de cette hypo-
thèse commode (en particulier pour l’analyse inverse de signaux expérimentaux) se dégrade
pour les modes d’ordre supérieur, de manière d’autant plus rapide que les déformées modales
sont fortement complexes (βj grand), autrement dit d’autant plus vite que l’amortissement
radiatif est élevé.
On a donc, pour ω ≃ kω̃1∗ k,
È
b̈ 1 kω̃1∗ k,ξ̃1 ω ˜
s(ω) ≃ eb(ω) È Da (ω) i β1 + ξ β
1 1 + 1 − ξ˜12 γ1 (2.75)
1 − ξ˜12 kω̃1∗ k
et si ξ˜1 ≪ 1,
Les déformées modales complexes étant définies à une constante multiplicative (complexe)
près, il apparaît que la déformée modale complexe φ̃∗1 est donnée par la transformée de Fou-
rier de s̈ au niveau du premier pic de réponse, à la condition toutefois que le système sol
structure soit faiblement amorti à cette fréquence. Sous cette hypothèse, il est donc possible
de déterminer expérimentalement, à partir de mesures accélérométriques, la déformée com-
plexe du mode fondamental quelque soit le type de sollicitation. La question de la mise en
évidence expérimentale de la pulsation propre complexe (kω̃ ∗ k et ξ˜1 ) est discutée indépendam-
1
ment pour chaque type de sollicitation dans ce qui suit.
Cas des oscillations libres. Le système n’est plus soumis à aucune sollicitation et revient
à sa position d’équilibre. On tire directement de (2.72), pour γj = βj = 0, la réponse totale
du système, pour t > 0, superposition des réponses de chacun des modes pondérées par qj∗ (0) :
!
n+2
X n+2
X
s(t) = H(t) qj∗ (0) exp(iω̃j∗ t)φ̃∗j + qj∗ (0) exp(−iω̃j∗ t)φ̃∗j
j=1 j=1
n+2
X q q
= H(t) exp(−ξ˜j kω̃j∗ kt) βj′ cos kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 t − γj′ sin kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 t
j=1
n+2
(2.77)
X
= H(t) sj (t) ,
j=1
2.2. Modèle discret du type « brochette » 57
avec pour mémoire βj′ = 2 Re qj∗ (0)φ̃∗j , γj′ = 2 Im qj∗ (0)φ̃∗j et les sj , solutions modales
calculées au 2.2.4.1 (équation (2.52))4 .
L’expression de la réponse fréquentielle ne peut être déduite de (2.73) (ni (2.74)) puisqu’on
choisit délibérément de ne pas considérer d’excitation mais l’atténuation de conditions initiales
non nulles. Le calcul directe de la transformée de Fourier de (2.77) donne, en accélération,
Z +∞ q
X kω̃ ∗ k,ξ̃j ω
b̈
s(ω) = s̈(t)e −iωt
dt = Da j (ω) i ∗ βj′ + ξ˜j βj′ − 1 − ξ˜j2 γj′ . (2.80)
−∞ j
kω̃j k
où l’on constate de nouveau que la réponse du système au voisinage d’une de ses pulsations
propres est dominée par le mode correspondant mais perturbée par la réponse de tous les modes
de pulsation propre inférieure. Comme on l’a vu précédemment, la réponse fréquentielle au
niveau du premier pic de résonance (c’est à dire au voisinage de la fréquence fondamentale du
système) peut être assimilée, si le facteur d’amortissement est faible (ξ˜1 ≪ 1), à la déformée
modale :
Il apparaît également, au vu de l’équation précédente (donc toujours à la condition que ξ˜1 ≪ 1),
kω̃1∗ k,ξ̃1
que la réponse fréquentielle est proportionnelle à Da (ω). Du point de vue expérimental, il
est donc possible de déterminer la pulsation propre et le facteur d’amortissement en utilisant
les propriétés bien connues de la réponse impulsionnelle (fréquence au pic et méthode de la
bande passante).
Dans l’hypothèse où le système est plus fortement amorti, les raisonnements qui précèdent
sont pris en défaut et il est plus précis d’exploiter directement la réponse temporelle (2.77). Le
mouvement d’un degré de liberté È
quelconque du système suit une sinusoïde amortie standard
dont la pseudo-pulsation kω̃ ∗ k 1 − ξ˜2 et le temps caractéristique d’amortissement 1/(ξ˜1 kω̃1 k)
1 1
peuvent être extraits avec les méthodes classiques (Clough et Penzien, 1993). Avec ces esti-
mations de kω̃ ∗ k et ξ˜1 , la déformée modale complexe est calculée en soustrayant à la réponse
1
4
Les qj∗ (0) s’expriment en fonction des conditions initiales en vitesse et déplacement, soit d’après (2.67) :
t
ψj∗ Az(0) t
φ̃∗j M̃s(0) ξ˜j kω̃j∗ kt φ̃∗j M̃s(0) − t φ̃∗j C̃s(0) − t φ̃∗j M̃ṡ(0)
qj∗ (0) = = +i
t ψ ∗ Aψ ∗
j j 2 t φ̃∗j M̃φ̃∗j 2(ω̃ ∗ − iξ˜j kω̃ ∗ k)t φ̃∗ M̃φ̃∗
j j j j
(2.78)
t
φ̃∗j M̃s(0) ξ˜j kω̃j∗ kt φ̃∗j M̃s(0) − t φ̃∗j C̃s(0) − t φ̃∗j M̃ṡ(0)
= ±i È .
2 t φ̃∗j M̃φ̃∗j 2kω̃j∗ k 1 − ξ̃j2 t φ̃∗j M̃φ̃∗j
Si sj (t) = 0 et donc, d’après (2.52), si qj (0) = 0 pour tout j 6= r, alors le système oscille selon le mode unique
r. D’après (2.78) cela se produit si t ψj∗ Az(0) = 0 pour tout j 6= r. On note que la condition d’excitation
d’un mode unique porte à la fois sur le déplacement initial mais aussi, contrairement au cas des système
classiquement amortis, sur la vitesse initiale, soit :
√ξ̃1 π È
2 π
1−ξ̃2
= 2 2ξ˜12 − 1 + 2iξ˜1 1 − ξ˜12 kω̃1∗ k2 eiω̃1 t q1∗ (0)φ̃∗1
∗
s̈(t) − ie 1 s̈ t + È
2kω̃1∗ k 1 − ξ˜12
′ ′
= K ∗ φ̃∗1 , K ∗ ∈ C . (2.82)
Cas d’une sollicitation harmonique. La structure est soumise à une force harmonique
de pulsation ωf supposée agir depuis t = −∞ de sorte que le régime permanent est installé :
8 9
<
f =
t δf
p(t) = sin(ωf t) = pf sin(ωf t).
:t ;
hf /h1
On note
t φ̃∗ p
∗ j f ∗ ∗
P̃jf = et P̃jf φ̃j = γjf + iβjf
t φ̃∗ M̃φ̃∗
j j
d’après (2.71),
X Z t q
1 ∗
s(t) = q e−ξ̃j kω̃j k(t−τ ) βjf cos kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 (t − τ )
j kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 −∞
q
+ γjf sin kω̃j∗ k 1 − ξ˜j2 (t − τ ) sin(ωf τ )dτ,
avec
ω
2ξ˜j ∗
1 kω̃j k
Aj (ω) = Ì 2 2
et θj (ω) = tan−1 .
ω2
ω2 ω 1− ∗ 2
1− + 2ξ˜j ∗ kω̃j k
kω̃j∗ k2 kω̃j k
La réponse du système est un cumul des réponses modales. La réponse d’un mode j donné
est d’autant plus forte que l’amplitude de Aj (ωf ) est forte. Aj , appelée amplification dyna-
mique du mode j, est l’amplitude de la réponse impulsionnelle en déplacement (exprimée en
kω̃j∗ k,ξ̃j
fréquence) Dd . Comme on l’a vu ci-dessus, un mode donné vibre de manière fortement
2.2. Modèle discret du type « brochette » 59
amplifiée au voisinage de sa fréquence propre, mais il contribue également quelque soit la fré-
quence de l’excitation. De ce point de vue le comportement du système sol structure en régime
harmonique forcé est identique à celui d’un système classiquement amorti. En revanche cette
expression temporelle montre clairement que les degrés de liberté, quoique animés de mou-
vements harmoniques, sont déphasés les uns par rapports aux autres. De même que pour les
oscillations libres, la réponse d’un mode ne se fait pas, contrairement au cas classique, selon
une configuration stationnaire (celle de la déformée modale non amortie dans le cas classique)
mais selon un schéma sans cesse mouvant (qui cependant se répète aux intervalles 2π/ωf ).
D’après (2.75), la réponse dans l’espace de Fourier, pour une fréquence d’excitation située au
voisinage de la fréquence fondamentale, a pour expression
È
b̈ 1 kω̃ ∗ k,ξ̃ ω
s(ω) ≃È Da 1 1 (ω) i ∗ β1f + ξ˜1 β1f + 1 − ξ˜12 γ1f δωf ,
1 − ξ˜12 kω̃1 k
et si ξ˜1 ≪ 1,
b̈ kω̃1∗ k,ξ̃1 ∗ ∗
s(ω) ≃ Da (ω)P̃1f φ̃1 δωf , (2.84)
où δωf est un Dirac centré sur ωf . Ce résultat montre, sous l’hypothèse d’un facteur d’amortis-
sement faible, que la déformée modale complexe est obtenue directement à partir de la trans-
formée de Fourier de la réponse en accélération (avec une précision maximale si la fréquence
de l’excitation coïncide exactement avec la fréquence de résonance de manière à minimiser
les perturbations des modes supérieurs, équation (2.74)). On constate également qu’on peut
reconstituer la réponse impulsionnelle du mode en balayant avec ωf une bande de fréquence
suffisamment large centrée sur la fréquence fondamentale, puis extraire de cette réponse im-
pulsionnelle le facteur d’amortissement du mode (par la méthode de la bande-passante par
exemple). Dans la pratique, il faudra veiller à normaliser l’amplitude de la sollicitation qui,
générée au moyen de masses contrarotatives, varie avec le carré de la fréquence de l’excitation.
Si le mode fondamental est fortement amorti, il est nécessaire, comme dans le cas des oscil-
lations libres, de revenir à l’expression de la réponse temporelle (2.83), qui au voisinage du
mode fondamental est sensiblement égale à la réponse du premier mode seul,
È
A1 (ωf ) ω
s(t) ≃ È 1 − ξ˜12 γ1f + ξ˜1 β1f sin ωf t−θ1 (ωf ) + ∗ β1f cos ωf t−θ1 (ωf ) .
kω̃1∗ k2 1 − ξ˜12 kω̃1 k
60 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
Combinant deux valeurs du déplacement prises à deux instants séparés d’un quart de période,
on obtient
È ωf π ωf È
i 1 − ξ˜12 − ξ˜1 s(t) + ∗ s t+ = 1 − ξ˜12 cos(ωf t − θ1 )(γ1f + iβ1f )
kω̃1 k 2ωf kω̃1∗ k
!
ωf2 È
+ i sin(ωf t − θ1 ) γ1f + i ∗ 2 β1f − ξ˜1 1 − ξ˜12 + iξ˜12 sin(ωf t − θ1 )(γ1f − iβ1f ),
kω̃1 k
qui peut servir à la détermination expérimentale de la déformée modale complexe sur la base
d’estimations préalables de θ1 , ξ˜1 et kω̃ ∗ k :
1
– dans l’état actuel de nos recherches, ξ˜1 et kω̃1∗ k ne nous paraissent pouvoir être estimés
correctement, dans le cas où le système est « fortement complexe » qu’à partir de la
réponse temporelle en oscillations libres, à une amplitude du même ordre que celle
atteinte en oscillations harmoniques (en prévision d’éventuels effets non linéaires) ;
– θ1 (ωf ) = tan−1 2ξ˜1 (ωf /kω̃1∗ k)/(1 − ωf2 /kω̃j∗ k2 ) peut en théorie être calculée à partir
des valeurs expérimentales de ξ˜1 et kω̃ ∗ k. Il est à prévoir cependant que le résultat
1
obtenu soit soumis à beaucoup d’incertitude si la pulsation de l’excitation ωf est proche
de kω̃j∗ k, donc de la résonance du système.
Enfin, il est nécessaire de choisir convenablement l’origine des temps t = 0. Celle-ci ne peut pas
être fixée de manière arbitraire mais doit correspondre à un instant quelconque où l’excitation
harmonique s’annule (p(t = 0) = pf sin(0) = 0). Il convient donc de disposer d’une mesure de
la sollicitation, synchrone des mesures de déplacement, dont pourra être également extrait le
déphasage de la réponse du système par rapport à l’excitation. Si le système possédait un mode
fondamental réel, le déphasage serait homogène et égal à θ1 . Comme on l’a vu précédemment,
la nature non classique de l’amortissement implique que ce déphasage est différent en tout
point du système. Si le système répond au voisinage de la résonance, on peut raisonnablement
supposer, cependant, que se dégage des mesures une valeur moyenne du déphasage pouvant
servir d’estimation cohérente pour θ1 .
Cas d’une sollicitation sismique. On considère par exemple le cas d’une structure sur
fondation superficielle soumise à une onde SH en incidence verticale (θg = 0). Le système,
supposé au repos à l’instant t = 0, est soumis à une excitation horizontale provenant du sol
ug (t). On a dans ce cas (cf. équation (2.12))
( )
Mδ
t δMδ
p(t) = − üg (t) = −pg üg (t).
t δMh/h
1
2.2. Modèle discret du type « brochette » 61
On note
t φ̃∗ p
∗ j g ∗ ∗
P̃jg = et P̃jg φ̃j = γjg + iβjg ,
t φ̃ M̃φ̃∗
∗
j j
D’après (2.74),
q
X 1 kω̃ ∗ k,ξ̃j ω
b̈
s(ω) b̈ (ω)
= −u q Da j (ω) i ∗ βjg + ξ˜j βjg + 1 − ξ˜j2 γjg ,
g
j 1 − ξ˜j2 kω̃j k
b̈ u
dont on extrait directement la déformée modale complexe. Le rapport s/ b̈ (ω) a les mêmes
g
kω̃1∗ k,ξ̃1
propriétés que la réponse impulsionnelle Da et permet en théorie de calculer le facteur
d’amortissement et la fréquence fondamentale du système. Dans la pratique, en particulier en
bruit de fond, il est peu probable de disposer d’une mesure fiable de üg . En revanche, compte
tenu de sa nature aléatoire, il est communément admis d’assimiler ce type de sollicitation à un
bruit blanc, c’est à dire une excitation dont le spectre ne présente pas de variations notables
dans la gamme d’étude 0 − 50 Hz, de telle sorte que la réponse fréquentielle du système est
sensiblement proportionnelle à la réponse impulsionnelle.
Si le système est fortement amorti et les simplifications précédentes mises en défaut, il n’y a pas
de recours possible à la réponse temporelle. Dans ce cas, la détermination des caractéristiques
modales complexes du système avec ce type de sollicitation semble compromise.
Le calcul explicite de φ̃∗1 (chapitre 3), ou encore le calcul réalisé dans l’espace fréquentiel au
2.2.5 (équation (2.95)), montrent que la déformée interne est largement dominée par le mode
fondamental sur base rigide φ1 . Dans ces conditions et avec une normalisation adéquate,
l’expression
8 9
> φ1 >
< =
u∗1 ≃ φ1 soit φ̃∗1 ≃ u∗01 , (2.86)
>
: >
;
∗
h1 θ01
62 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
constitue une excellente approximation de la déformée modale complexe qui réintroduite dans
l’équation aux modes propres complexes (2.47) donne
2 38 9
ω12 ω1
1 1 > >
61 − ω̃1∗2
− 2i ∗ ξ1 7> 1 >
6 ω̃1 7>> >
>
6 7> >
6 7<> >
=
6 Mt 2
ωH ωH St 7
6 1 7 ∗ (2.87)
6 − ∗2
M1 ω̃1
− 2i ∗ ξH
ω̃1 M1 H 1 7 > p1 u01 > = 0 .
6 7> >
6 7> >
6 7>> >
>
4 St Jt ωθ2 ωθ 5> ∗ >
:p1 H1 θ01 ;
1 − − 2i ∗ ξθ
M1 H 1 M1 H12 ω̃1∗2 ω̃1
En supposant que chacun des termes (ω̃1∗ /ω1 )ξ1 , (ω̃1∗ /ωH )ξH et (ω̃1∗ /ωθ )ξθ sont petits devant
1, il vient
3 3 3
1 1 1 1 kω̃1∗ k kω̃1∗ k kω̃1∗ k
∗ 2
≈ 2+ 2 + 2, et ξ˜1 ≈ ξ1 + ξH + ξθ .
kω̃1 k ω1 ωH ωθ ω1 ωH ωθ
(2.90)
Ces expressions sont identiques à (2.40) et (2.41) établies au 2.2.3.4 à partir de l’analyse en
modes réels. Rappelons qu’avec cette approche, le calcul du facteur d’amortissement n’a pu
être effectué qu’au prix d’une hypothèse mal maîtrisée : l’omission des termes de couplage
dus à l’amortissement radiatif (équation (2.17)). Grâce à ces développements, il est mainte-
nant possible d’affirmer en toute rigueur que cette hypothèse constitue une approximation
acceptable si les conditions d’amortissements précisées ci-dessus sont vérifiées, soit, pour ré-
sumer, si conformément à l’intuition le système sol structure est faiblement amorti. Notons,
comme on le verra au chapitre 3, que cette propriété est compatible avec une interaction sol
2.2. Modèle discret du type « brochette » 63
structure significative : (ω̃1∗ /ω1 )ξ1 ≪ 1 est le plus souvent respectée dans la mesure où l’amor-
tissement structurel des bâtiments courants est généralement faible, compris entre 1 et 5 %.
Les conditions (ω̃1∗ /ωH )ξH ≪ 1 et (ω̃1∗ /ωθ )ξθ ≪ 1 s’appliquent aux systèmes développant peu
d’interaction sol structure (ω̃1 /ωH ≪ 1 et ω̃1 /ωθ ≪ 1), et/ou pour lesquels ξH et ξθ sont
faibles (c’est à dire les structures lourdes et élancées).
On explicite maintenant, sur la base du calcul analytique de la déformée modale (équation
b̈
(2.88)), la réponse fréquentielle du système s(ω), sous sollicitation harmonique ou sismique.
Rappelons qu’au voisinage du mode fondamental et si le système est faiblement amorti, elle
est donnée avec une bonne précision par (équations (2.84) et (2.85)) :
On suppose pour simplifier que la force harmonique est appliquée en tête de la structure,
(n)
f = t {0 0 . . . 0 f }, et que φ1 = 1. On montre alors que
t
φ̃∗1 pf = (1 + u∗01 + Hθ01
∗
)f
!
ω12 ω̃ ∗ 1 ω̃ ∗2 1 H ω̃ ∗2 1
= ∗2 1 + 2i 1 ξ1 1+ − 1 12 ∗ + − 1 12 ∗ f,
ω̃1 ω1 p1 ωH 1 + 2i ω̃1 ξH p1 H 1 ωθ 1 + 2i ω̃1 ξθ
ωH ωθ
ou encore si
∗2 1 + 2i ω̃1 ξ˜ ∗2
∗
ω̃ ∗
1 ω̃1 ω̃1∗ 1 H ω̃1 1 + 2i ω̃11 ξ˜1
−1 2 + −1 ≪ 1, (2.91)
ω̃ ∗ ωθ2 1 + 2i ω̃1 ξθ
∗
p1 ωH 1 + 2i 1 ξH p1 H 1
ωH ωθ
que
ω12 ω̃ ∗
t
φ̃∗1 pf ≃ ∗2 1 + 2i 1 ξ1 f .
ω̃1 ω1
2 ≪ 1 et ω̃ ∗2 /ω 2 ≪ 1)
Cette approximation, excellente à faible interaction sol structure (ω̃1∗2 /ωH 1 θ
reste acceptable pour une interaction modérée compte tenu des valeurs de 1/p1 et H/(p1 H1 )
(figure 2.9).
Par ailleurs, compte tenu de M1 ≈ Mt , M1 H1 ≈ St et M1 H12 ≈ Jt , il vient d’une part (calcul
par blocs)
!2
t ω12 ω̃1∗
φ̃∗1 M̃φ̃∗1 t
≃ φ1 Mφ1 (1 + p1 u∗01 + ∗ 2
p1 H1 θ01 ) t
= φ1 Mφ1 1 + 2i ξ1 ,
ω̃1∗2 ω1
et d’autre part
ω12 ω̃ ∗
t
φ̃∗1 pg ≃ p1 (1 + p1 u∗01 + p1 H1 θ01
∗ t
) φ1 Mφ1 = p1 ∗2 1 + 2i 1 ξ1 t
φ1 Mφ1 ,
ω̃1 ω1
64 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
1.25
1.15
1.05
Fig. 2.9 – Calcul de 1/p1
1/p1 et H/(p1 H1 ) pour H/(p1H1)
(n)
φ1 = 1, en fonction0.95
du nombre d’étages.
0.85
0.75
0 1 2
10 10 10
nombre d’étages
de sorte que
∗ ω̃1∗2 1 f ∗ ω̃1∗2 1
P̃1f = 2 ω̃ ∗ , P̃1g = 2 ∗ p1 ,
t
ω1 1 + 2i 1 ξ1 φ1 Mφ1 ω1 1 + 2i ω̃1 ξ1
ω1 ω1
et finalement
8 9
8 9 >
>
ω̃1∗2 1 >
>
> φ1 >
>
> b̈
u(ω) >
> >
>
2 ∗
ω1 1 + 2i ω̃1 ξ1 >
>
>
> >
> >
>
ω 1 >
>
>
> >
> >
> >
>
< = < 1 ω̃ ∗2 =
kω̃ ∗ k,ξ̃ f 1 1
b̈
s(ω) = b̈ (ω)
u b̈ (ω) +
= Da 1 1 (ω) −p1 u δ .
0 g ω 2 ∗
p1 ωH 1 + 2i ω̃1 ξH
>
> >
>
t φ Mφ
1 1
f
>
> >
>
> > > ωH >
>
> >
> >
> >
>
> b̈
:hθ 0 (ω)>
; >
>
>
h1 ω̃1∗2 1 >
>
>
>
: p1 H1 ω 2 1 + 2i ω̃1∗ ξ >
;
θ ωθ θ
(2.92)
Cette expression de la réponse dynamique est susceptible de servir de base à l’analyse inverse
du système sol structure, c’est à dire pour l’essentiel à l’estimation des contributions de rigidité
et d’amortissement de la structure d’une part, du sol d’autre part, à partir de mesures accélé-
rométriques. Il est plus astucieux cependant pour ce faire d’abandonner la description modale
pour revenir à un calcul direct dans l’espace fréquentiel afin de s’affranchir au maximum des
hypothèses simplificatrices qu’il a été nécessaire d’introduire dans ce qui précède et de se pla-
cer dans le cadre le plus général. Cette approche complémentaire basée sur la transformée de
Fourier de l’équation de vibration est exposée dans ce qui suit.
2.2. Modèle discret du type « brochette » 65
La résolution directe de l’équation (2.12) dans l’espace fréquentiel a été présentée au 2.2.3.5
dans le cas particulier d’une structure d’un étage. Sa généralisation aux structures ayant un
nombre quelconque de degrés de liberté apporte un point de vue complémentaire à celui de
l’approche modale et permet d’établir des relations utiles pour l’analyse inverse du système
sol structure.
Ne considérant dans un premier temps que l’équilibre de la superstructure (équation (2.12),
première ligne), et après transformée de Fourier, il vient
b = fb + ω 2 Mδ (u
(−ω 2 M + iωC + K)u bg ) + ω 2 Mh (θb0 + θbg ) .
b0 + u (2.93)
u, vecteur des déplacements relatifs des degrés de liberté de la structure, est décomposable
P
sur la base des modes propres de la structure sur base rigide, u = j αj φj , avec compte tenu
de (2.93) et de l’orthogonalité des modes,
ω2
!
t φ Mub ωj2 1 t φj fb
bg ) + pj Hj (θb0 + θbg ) +
j
bj =
α = b0 + u
pj (u
t φ Mφ
j j ω2 ω ω 2 t φj Mφj
1− + 2iξj (2.94)
ωj2 ωj
!
ω ,ξ 1 t φj fb
= −Da j j (ω) pj (u bg ) + pj Hj (θb0 + θbg ) +
b0 + u ,
ω 2 t φj Mφj
b
u(ω) b 1 (ω)φ1
≃α pour ω ≃ ω̃1 . (2.95)
Ce résultat justifie a posteriori l’hypothèse très utile selon laquelle la partie structurelle de la
déformée du premier mode sur base souple est sensiblement égale au premier mode sur base
rigide (équation (2.86)).
66 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
b̈ ≃ (u
b̈ + u b̈ b̈
b̈ )δ + (θ + θ )h + αφ
b̈
u t 0 g 0 g 1
!
t φ fb
b̈ + u b̈ b̈
b̈ )δ + (θ + θ )h − b̈ + u b̈ b̈
b̈ ) + p H (θ + θ ) − 1
= (u 0 g 0 g Daω1 ,ξ1 (ω) p1 (u 0 g 1 1 0 g t φ Mφ
φ1 .
1 1
(2.96)
On en déduit, par exemple au niveau du nième et dernier étage (H = hn est la hauteur totale
de la structure, utn le déplacement total au sommet de la structure),
b̈ − (u
b̈ + u
b̈ ) − H(θ + θ )b̈ b̈
u tn 0 g 0 g (n)
t φ fb
= −Daω1 ,ξ1 (ω)φ1 . (2.97)
b̈ ) + p H (b̈
b̈ + u
p1 (u
b̈ 1
0 g 1 1 θ0 + θg ) − t
φ1 Mφ1
Ce résultat généralise les formules établies par Luco et coll. pour un modèle à 1 degré de liberté
(Luco, 1980) et un modèle à n degrés de liberté soumis à une excitation sismique (Luco et coll.,
1988). Il présente un intérêt certain pour l’analyse inverse du système sol structure. Il montre
qu’il est en théorie possible d’extraire la fréquence fondamentale et le facteur d’amortissement
sur base fixe d’une structure à partir de mesures accélérométriques réalisées in situ en présence
d’interaction sol structure :
b̈ accélération absolue au sommet de la structure, (u
b̈ + u b̈
b̈ ) et (θ + θ ) accélérations b̈
– u tn 0 g 0 g
absolues respectivement en translation et en rotation de la fondation, ainsi que H sont
directement accessibles par l’expérience ;
– l’estimation de M, φ1 , H1 et p1 présente deux niveaux de difficultés différents selon que
la structure est périodique (c’est à dire la répétition d’étages identiques) ou irrégulière.
Dans le premier cas (m1 = m2 = . . . = mn = m ; k1 = k2 = . . . = kn = k ; h1 = h2 =
. . . = hn = h) on dispose de l’expression algébrique (Asancheyev, 1993)
(j) j
φ1 = sin π , j ≤ n,
2n + 1
Ces dispositions expérimentales sont suffisantes si on effectue des mesures en bruit de fond,
sous mouvement sismique, ou encore en oscillations libres. En revanche, sous sollicitation har-
monique, une mesure synchrone de l’excitation doit être réalisée de manière à déterminer
l’amplitude et la phase de fˆ. L’excitateur harmonique utilisé au LGM n’est pas équipé du
2.2. Modèle discret du type « brochette » 67
dispositif adéquat. Cependant, une analyse de l’importance relative des différents termes in-
tervenant au dénominateur de la fonction de transfert (2.92), montre que cette difficulté peut
b̈
être contournée sous certaines conditions pour lesquelles t φ1 fb/(t φ1 Mφ1 ) ≪ p1 u
b̈ + p H θ .
0 1 1 0
En effet, dans la cas particulier (le plus courant) où la force excitatrice est appliquée en tête de
la structure, (2.92) donne, pour une fréquence proche de la fréquence fondamental (et ug = 0),
b̈ + p H θ b̈
p1 u 0 1 1 0 ω̃ ∗2 1 kω̃1∗ k,ξ̃1
≃ 1 − 12 Da (ω), (2.98)
t φ fb/(t φ Mφ )
∗
1 1 1 ω1 1 + 2i ω̃1 ξ1
ω1
kω̃1∗ k,ξ̃1
L’amplitude de Da présente un pic au voisinage de la résonance. Sa valeur maximale
est on le sait de l’ordre de 1/(2ξ˜1 ) soit : 50 pour ξ˜1 = 0.01, 25 pour ξ˜1 = 0.02, 10 pour
ξ˜1 = 0.05, etc . . . Le facteur multiplicatif, situé entre parenthèses, est proche de 0 à très
faible interaction sol structure (kω̃1∗ k ≃ ω1 et ξ˜1 ≃ ξ1 ) mais a, par exemple, une amplitude
de l’ordre de 0.36 pour kω̃1∗ k/ω1 = 0.8. Il apparaît donc clairement qu’aux basses fréquences
b̈
b̈ + p H θ est toujours négligeable devant t φ fb/(t φ Mφ ), qu’aux hautes
(ω < kω̃1∗ k), p1 u 0 1 1 0 1 1 1
b̈
b̈ + p H θ est au mieux du même ordre que t φ fb/(t φ Mφ ).
fréquences p1 u 0 1 1 0 1 1 1
En revanche, si le système présente suffisamment d’interaction sol structure (même modéré-
ment) avec un facteur d’amortissement ξ˜1 qui reste faible, il est probable que t φ1 fb/(t φ1 Mφ1 )
b̈
b̈ +p H θ dans le voisinage proche de la fréquence fondamentale
puisse être négligé devant p1 u 0 1 1 0
du système. Cette constatation ouvre la voix à une utilisation de l’essai harmonique, autour
du premier pic de réponse du système, pour déterminer, en l’absence d’enregistrement de l’ex-
citation, les caractéristiques de la structure sur base rigide, à condition toutefois de vérifier au
b̈
cas par cas que t φ1 fb/(t φ1 Mφ1 ) ≪ p1 u
b̈ + p H θ . Enfin, on peut en guise d’illustration re-
0 1 1 0
marquer que les termes dont il vient d’être question apparaissent également dans l’expression
ˆt (équation (2.96)). Cette accélération absolue est le cumul de plusieurs contributions dont
de ü
on donne une interprétation physique : on reconnaît le mouvement de corps rigide associé aux
déplacements de la fondation, (u b̈ + ub̈ )δ + (b̈ b̈
θ0 + θg )h, puis la déformation de la structure.
0 g
Cette déformation est le fruit des forces appliquées sur la structure (terme proportionnel à fˆ)
et des forces d’inerties développées par le mouvement de corps rigide (Wong et coll., 1988).
b̈
On constate que si t φ1 fb/(t φ1 Mφ1 ) ≪ p1 u
b̈ + p H θ , alors la déformation de la structure
0 1 1 0
est due essentiellement à ces forces d’inertie et beaucoup moins à l’action directe de la force
excitatrice ; tout se passe comme si la structure était soumise à une sollicitation d’appui et les
caractéristiques structurelles peuvent être obtenues à partir de la fonction de transfert entre
base et sommet, sans qu’il soit nécessaire de tenir compte de la sollicitation.
Partant cette fois des deuxième et troisième lignes du système matriciel (2.12), et en conservant
l’hypothèse (2.95) selon laquelle la déformation interne de la structure suit la déformée du
68 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
ω2
b̈
p1 u 2
ωH
0
= (2.99)
ˆ 1 + St p1 H1 (b̈ b̈ Mt b̈ 1 t φ1 fb ω Mt ω 2
α̈ θ0 + θg ) + p1 u g − t 1 + 2i ξH − 2
M1 H 1 M1 p1 φ1 Mφ1 ωH M 1 ωH
et
ω2
b̈
p1 H 1 θ 0 ωθ2
t φ fb
= ,
St Jt b̈ H 1 ω Jt ω 2
ˆ1 +
α̈ b̈ + u
p1 (u b̈ ) + p H θ − 1 + 2i ξθ −
0 g 1 1 g
M1 H 1 M1 H12 p1 H1 t φ1 Mφ1 ωθ M1 H12 ωθ2
(2.100)
où
b̈ b̈ b̈ b̈t b̈
ˆ 1 = utn − (u0 + ug ) − H θ0 = φ1 ut − p1 (u
α̈ 0
b̈ ) − p H b̈
b̈ + u
g 1 1 θ0 .
(n) t φ Mφ
φ1 1 1
Fenves, 1998), il est peu probable, en revanche, que le bruit de fond ambient présente
une cohérence spatiale suffisante. Ce problème est peu pénalisant si les mesures sont
exploitées au voisinage de la résonance du système et si l’interaction sol structure est
b̈ et b̈
significative, de telle sorte que u b̈
θg soient négligeables respectivement devant u
g 0
b̈
et θ0 (équation (2.92)). Dans la pratique, il suffira de vérifier que les enregistrements
de la translation et de la rotation de la fondation sortent nettement du bruit de fond
en présentant un pic marqué au niveau de la fréquence fondamentale du système sol
structure.
Il s’agit d’écrire les équations du mouvement de poutres sollicitées par une force répartie
ou concentrée, par déplacement d’appui, ou oscillant librement à partir d’une condition ini-
tiale hors équilibre. Le traitement mathématique formel de tels systèmes à caractéristiques
réparties implique l’utilisation d’équations aux dérivées partielles des variables de temps et
d’espace. Dans le cas qui nous intéresse des structures unidimensionnelles du type poutre,
les seules variables indépendantes sont le temps et la position le long de l’axe moyen. Nous
nous limiterons aux poutres rectilignes dont les caractéristiques physiques (masse, rigidité,...)
sont indépendantes de la position le long de l’axe moyen, autrement dit constantes sur toute
la hauteur de la poutre de façon à concentrer au maximum la complexité de l’étude sur les
aspects d’interaction sol structure. En outre, cette hypothèse est peu pénalisante compte tenu
de la régularité remarquable des immeubles « modernes » construits dans les années 50-70.
z z z
θ0
u(z)
q(z, t)
M (z+dz)
q(z) T (z+dz)
θ(z)
T (z) dz
M (z)
x x
0 y u0 x
Fig. 2.10 – vibration des poutres : notations, bilan d’effort sur une tranche d’épaisseur dz
(variable t omise).
Notations - choix cohérent des conventions de signes. Soit donc une poutre recti-
ligne caractérisée seulement, à ce stade, par ses propriétés inertielles et géométriques : masse
linéique m, moment d’inertie massique de section J, hauteur H. On définit le repère local
direct R0 (Oxyz) attaché à l’extrémité inférieure de la poutre, autrement dit à la fondation,
et tel que l’axe Oz soit confondu avec l’axe moyen (figure 2.10). M (z, t) et T (z, t) désignent
respectivement le moment fléchissant et l’effort tranchant dans une section, à la hauteur z.
Ce sont les éléments de réduction, projetés respectivement sur les axes y et x, du tenseur,
calculé au centre de la section, des efforts exercés par la partie située au-dessus de la sec-
tion sur celle située en-dessous. Cette convention de signe inhabituelle est la plus commode
pour notre problème : l’axe 0z est positionné verticalement, conformément à l’habitude, et
les efforts transmis par la poutre à ses appuis (équilibrés par les fonctions d’impédance de la
fondation) sont donnés directement par M (0, t) et T (0, t). L’effet de forces axiales éventuelles,
telles le poids propre de la structure, donc de l’effort normal n’est pas pris en compte dans
cette analyse. Enfin, un chargement transversal, réparti, q(z, t) est introduit pour la généralité
du problème.
Le déplacement absolu (ou total) ut d’un point de l’axe moyen de la poutre est la somme du
déplacement dans le repère R0 noté u et du mouvement de corps rigide induit par la trans-
lation horizontale u0 et le balancement θ0 de la fondation relativement au repère absolu (ou
galiléen) Rg :
ut (z, t) = u(z, t) + u0 (t) + zθ0 (t). (2.101)
2.3. Modèles élémentaires continus 71
De même, la rotation absolue θt d’une section perpendiculaire à l’axe moyen est donnée par
Relations d’équilibre. Avec ces notations, l’équilibre dynamique d’une « tranche »de poutre
d’épaisseur dz (figure 2.10) s’écrit :
∂ 2 ut
– équilibre en translation : T (z + dz, t) − T (z, t) + q(z, t)dz = m (z, t)dz,
∂t2
dz ∂ 2 θt
– équilibre en rotation : M (z + dz, t) − M (z, t) + T (z, t)dz − q(z, t)dz = J 2 (z, t)dz,
2 ∂t
dz 2
d’où, en négligeant le terme d’ordre 2, q :
2
∂T ∂ 2 ut
(z, t) = m 2 (z, t) − q(z, t) (2.103)
∂z ∂t
et
∂M ∂ 2 θt
(z, t) + T (z, t) = J 2 (z, t) . (2.104)
∂z ∂t
L’équation de vibration de la poutre, c’est à dire l’équation différentielle reliant des dérivées
temporelles et spatiales du déplacement aux sollicitations, est déduite des relations précédentes
d’équilibres locales à partir d’hypothèses supplémentaires relatives à la déformation de la
poutre considérée.
z z
∂u
∂u ∂u ∂z
∂z ∂z ∂u
∂z
dz dz
x x
O O
(a) Poutre de flexion pure (b) Poutre de cisaillement
Fig. 2.11 – Les deux hypothèses classiques de comportement pour les modèles de poutre
homogène.
∂2u
M (z, t) = k f (z, t) (2.105)
∂z 2
∂ 4 ut ∂ 2 ut ∂ 4 ut
kf + m − J = q, (2.108)
∂z 4 ∂t2 ∂t2 ∂z 2
2.3. Modèles élémentaires continus 73
puis, grâce à (2.103), une expression de l’effort tranchant en fonction du déplacement, utile
pour exprimer les conditions aux limites,
∂ 3 ut ∂ 3 ut
T (z, t) = −k f + J . (2.109)
∂z 3 ∂t2 ∂z
Sa loi de comportement naturelle est donnée par l’expression de l’effort tranchant en fonction
de la déformation angulaire locale (c’est à dire la déformation de l’angle, droit en l’absence d’ef-
fort tranchant, de la section avec l’axe moyen, figure 2.11(b)), et de la rigidité de cisaillement
k c (≡ N ) :
∂u ∂ut
T (z, t) = k c (z, t) = k c (z, t) − θ0 (t) . (2.111)
∂z ∂z
Notons là encore qu’un terme de dissipation visqueuse peut être introduit sans difficulté par-
ticulière. On en déduit aisément, à partir de l’équation d’équilibre local (2.103), l’équation de
vibration de la poutre de cisaillement :
∂ 2 ut ∂ 2 ut
−k c + m = q. (2.112)
∂z 2 ∂t2
∂M d2 θ0 ∂ut
(z, t) = J 2 (t) + k c θ0 (t) − k c (z, t),
∂z dt ∂z
On peut, à ce stade, en perdant un peu de généralité, faire intervenir les conditions particulières
d’extrémité libre en z = H :
T (H, t) = 0 et M (H, t) = 0 .
74 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
On en déduit que
∂ut
θt (z, t) = θ0 (t) = (H, t) , (2.113)
∂z
puis il vient
∂ut ∂ut
T (z, t) = k c (z, t) − (H, t) (2.114)
∂z ∂z
et enfin
∂ 3 ut ∂ut
M (z, t) = J 2 (H, t) + k c (H, t) (z − H) − k c ut (z, t) − ut (H, t) . (2.115)
∂t ∂z ∂z
Il est de fait remarquable de constater que le calcul des vibrations d’une poutre de cisaillement
implique, en définitive, la résolution d’une équation aux dérivées spatiales d’ordre 2, disposant
de deux conditions aux limites relatives à la transmission des efforts à la base (z = 0). Dans le
cas de la poutre de flexion, l’équation de vibration est d’ordre 4 et les 4 conditions aux limites,
à la base et en tête de la poutre restent disponibles.
z
∂u
∂z
β θ
dz
x
O
Fig. 2.12 – déformation du tronçon élémentaire d’une poutre de Timoshenko
Poutre de Timoshenko. La poutre de Timoshenko est un cas plus complexe dans lequel
les déformations de flexion et de cisaillement sont supposées du même ordre de grandeur et
se superposent comme indiqué à la figure 2.12. L’effort tranchant T induit une distorsion de
l’angle droit entre une section et l’axe moyen, sans rotation de cette section dans le repère
local R0 :
T (z, t)
β(z, t) = . (2.116)
kc
2.3. Modèles élémentaires continus 75
Le moment fléchissant entraîne cette même section dans un mouvement de rotation dont la
valeur dans le repère local R0 est donnée par l’équation
∂θ M (z, t)
(z, t) = , (2.117)
∂z kf
enfin la pente de la déformée, toujours dans R0 , est la somme de ces deux effets (figure 2.12),
soit :
∂u
(z, t) = β(z, t) + θ(z, t) . (2.118)
∂z
En combinant les trois équations précédentes avec les relations (2.103) et (2.104) traduisant
l’équilibre local, on détermine aisément l’équation de vibration de la poutre de Timoshenko :
∂ 4 ut ∂ 2 ut kf ∂ 4 ut mJ ∂ 4 ut J ∂ 2 q kf ∂ 2 q
kf + m − m+J + = q + − . (2.119)
∂z 4 ∂t2 kc ∂t2 ∂z 2 k c ∂t4 k c ∂t2 k c ∂z 2
Les conditions aux limites du problème sont des conditions d’efforts (tout du moins en z = H).
Il convient donc, pour poser convenablement le problème, d’exprimer les efforts de réduction
en fonction de ut . De (2.101) et (2.118) on tire
∂u ∂ut
β(z, t) = (z, t) − θ(z, t) = (z, t) − θt (z, t) , (2.120)
∂z ∂z
puis
∂ut
T (z, t) = k c (z, t) − θt (z, t) . (2.121)
∂z
Par ailleurs,
∂θ ∂θt
M (z, t) = k f (z, t) = k f (z, t) . (2.122)
∂z ∂z
Il est donc nécessaire de trouver l’équation non triviale reliant la rotation totale θt au dépla-
cement total ut , soit, en réinjectant l’expression de l’effort tranchant (2.121) dans l’équilibre
local (2.104) :
∂ 2 θt ∂ 3 ut k f ∂ 3 ut ∂ut
J 2
+ k c θt = k f 3
− m + kc . (2.123)
∂t ∂z k c ∂z∂t2 ∂z
L’équation (2.123) permet directement d’exprimer les conditions aux limites dans le cas où
l’effet du moment d’inertie de la section peut être négligé (J = 0). Dans le cas général,
(2.123) et l’équation de vibration (2.119) doivent être résolues simultanément. Cependant,
toute difficulté disparaît dans le cadre de l’analyse modale (2.3.2) où l’équation (2.123) admet
une solution triviale pour chaque harmonique.
76 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
On livre ici quelques considérations sur la manière d’estimer les paramètres mécaniques
du modèle de poutre de manière à capter l’essentiel du fonctionnement d’une structure réelle.
La réponse à cette question diverge selon qu’on considère une structure dont le mécanisme est
par nature :
– continu : cheminées, antennes, bâtiments dont le comportement est guidé par un élément
continu reprenant l’essentiel des effort tel qu’un voile vertical sollicité dans son plan ou
un noyau central (cage d’escalier) ;
– discontinu : structures portiques ou à murs voiles fonctionnant en portiques, etc.
k f = EI et k c = GS .
Dans le cas où la structure se résume à cet élément continu, c’est à dire si la structure est
une poutre (par exemple une cheminée), alors les caractéristiques inertielles du modèle sont
données directement par
m = ρA et J = ρI ,
planchers peuvent être considérés comme indéformables, le calcul des rigidités de cisaillement
et de flexion est intuitif :
– L’indéformabilité des planchers implique que tous les éléments compris entre deux plan-
chers successifs sont soumis au même déplacement différentiel horizontal (figure 2.15).
La rigidité en cisaillement d’un étage Ke est donc le cumul des rigidités, associées en
parallèle, de ces éléments verticaux :
X
Force
Force éléments
X
Ke = = = K,
∆u ∆u éléments
1 1 1 12EI GSc
= + avec Kf = et Kt = .
K Kf Kc h3 h
où I/∆ est le moment d’inertie de la section de l’élément par rapport à l’axe de rotation
de la section, E le module d’Young du matériau constitutif. Si on note d la distance
entre le centre de la section de l’élément et l’axe de rotation, et A l’aire de cette section,
on a I/∆ = I + Ad2 . A noter que l’axe de rotation, inconnu a priori, est déterminé de
façon à minimiser la rigidité de flexion totale.
Les caractéristiques inertielles équivalentes, m et J sont calculées en divisant par la hauteur
de l’étage, la masse et le moment d’inertie de rotation (calculé par rapport au plan vertical
passant par l’axe de rotation) d’un étage complet. Dans ce cas, le calcul inclut tous les les
éléments de la structure, y compris les planchers.
axe de rotation
Fig. 2.15 – Estimation des rigidités de flexion (à gauche) et de cisaillement (à droite) d’un
étage
Les équations de vibration des poutres dont les comportements sont les plus représentatifs
de ceux des bâtiments réels ont été établies au 2.3.1. La résolution de ces équations pour une
sollicitation quelconque passe par le calcul fondamental de leurs solutions harmoniques en
oscillation libre, c’est à dire de leurs modes propres. Nous nous conformerons à la procédure
classique de détermination de ces modes. Dans un premier temps, une expression générale est
déduite directement de la forme de l’équation de vibration par séparation des variables tempo-
relles et spatiales. Dans un deuxième temps, la précision de conditions aux limites particulières
aboutit à des décompositions modales distinctes, propres au problème considéré. Nous nous
intéresserons dans cette partie, pour chaque modèle de poutre, à deux types de conditions
d’appui correspondant aux deux cas extrêmes (et évidemment théoriques) d’interaction sol-
structure : la condition d’encastrement parfait dans l’hypothèse d’un sol infiniment rigide et
la condition d’appui simple pour un sol infiniment souple. Le cas intermédiaire d’appui souple
faisant intervenir les fonctions d’impédance, sera l’objet de la partie suivante (cf. 2.3.3).
2.3. Modèles élémentaires continus 79
J
C1 = , (2.125)
mL2
de sorte que
mω 2
L4 φ(4) + L2 C1 (kL)4 φ′′ − (kL)4 φ = 0 où k4 = . (2.126)
kf
Comme L2 φ′′ et φ sont du même ordre, il apparaît immédiatement que C1 pèse l’importance
de l’inertie de section dans la dynamique du mode considéré. Pour une poutre donnée, C1 est
d’autant plus fort que L est petit, c’est à dire que l’ordre du mode est élevé. On conclue donc
que plus on s’élève dans l’ordre des modes, plus l’influence de l’inertie de section est marquée.
Au passage, il faut souligner que la longueur caractéristique L, introduite ici en flexion, ne
dépend pas de la nature de la poutre mais reflète le nombre de noeuds, c’est à dire l’ordre, du
mode considéré.
Passées ces premières remarques, cherchons maintenant les solutions de (2.126) sous la forme
d’une onde plane φ(z) = exp(iδz/L). On obtient l’équation en δ,
δ 4 − C1 (kL)4 δ 2 − (kL)4 = 0 ,
⇒ δ 2 (δ 2 − δJ2 ) − δF4 = 0 , où δF = kL et δJ2 = C1 δF4 (2.127)
où les (Ai )i=1,4 sont 4 constantes déterminées par les 4 conditions aux limites exprimées en
2 δ2 = δ4 ) :
déplacement ou en efforts grâce aux relations (cf. (2.107), (2.105), (2.109) et δ1f 1f F
θt (z) = φ′ (z)
δ1f z z δ2f z z
= A1 cos δ1f − A2 sin δ1f + A3 cosh δ2f + A4 sinh δ2f ,
L L L L L L
(2.130)
kf z z 2 z z 2
M (z) = 2 − A1 sin δ1f + A2 cos δ1f δ1f + A3 sinh δ2f +A4 cosh δ2f δ2f ,
L L L L L
(2.131)
δ2 z z z z
T (z) = k f F3 A1 cos δ1f − A2 sin δ1f δ2f − A3 cosh δ2f +A4 sinh δ2f δ1f ,
L L L L L
(2.132)
2 − δ2
δ1f 2f δ1f
2 δ2 = C1 ⇒ δ2f = È 2
, (2.133)
δ1f 2f 1 + C1 δ1f
d’où il ressort que lorsque l’inertie de section domine, la poutre de flexion ne développe
pas d’effort tranchant. On désignera par commodité ce type de fonctionnement comme
celui de la « poutre à effort tranchant nul ».
kf
C2 = , (2.138)
L2 k c
δ 2 − C2 (kL)4 = 0 ,
⇒ δ 2 = δC
2
où 2
δC = C2 (kL)4 . (2.140)
puis, d’après (2.113), (2.114) et (2.115), les expressions de la rotation de section, du moment
fléchissant et de l’effort tranchant correspondants (en omettant la dépendance temporelle),
δC H H
θt (z) = θ0 = A1 cos δC − A2 sin δC , (2.142)
L L L
H z H z
M (z) = k c A1 sin δC − sin δC + A2 cos δC − cos δC
L L L L
2 z − H H H
+(1 − C1 δC )δC A1 cos δC − A2 sin δC ,
L L L
(2.143)
k c δC z H z H
T (z) = A1 cos δC − cos δC − A2 sin δC − sin δC . (2.144)
L L L L L
Les constantes A1 et A2 sont déterminées par les conditions aux limites à la base (les conditions
d’efforts nuls en tête étant déjà incluses dans le calcul de (2.114) et (2.115)). Comme pour la
poutre de flexion, le paramètre C1 = J/(mL2 ) pèse l’effet de l’inertie de section.
soit
Ì Ì
2
2 2
2
2 2
2
2
δ 2 + δC δJ − δC 2
2
δ 2 + δC δJ − δC
δ1t = J + 4
δF + et δ2t =− J + δF4 + .
2 2 2 2
(2.147)
Il vient,
z z z z
φ(z) = A1 sin δ1t + A2 cos δ1t + A3 sinh δ2t + A4 cosh δ2t , (2.148)
L L L L
2 δ 2 = δ 4 − δ 2 δ 2 et
puis à partir de (2.121), (2.122) et (2.123), et en notant que δ1t 2t F C J
2 − δ2 = δ2 + δ2 ,
δ1t 2t C J
1 z z 2
θt (z) = A1 cos δ1t − A2 sin δ1t δ1t − δC /δ1t
L L
L
z z
2
+ A3 cosh δ2t + A4 sinh δ2t δ2t + δC /δ2t ,
L L
(2.149)
kf z z 2 2
M (z) = A1 sin δ1t + A2 cos δ1t δC − δ1t
L2 L
L
z z
2 2
+ A3 sinh δ2t + A4 cosh δ2t δC + δ2t ,
L L
(2.150)
k f δF4 z z
T (z) = A1 cos δ1t − A2 sin δ1t δ2t
L3 δ1t δ2t L L
z z
− A3 cosh δ2t + A4 sinh δ2t δ1t ,
L L
(2.151)
2 δ 2 > δ 4 , δ ∈ {± δ , ± δ } avec :
– si δC J F 1t 2t
Ì Ì
2
2 2
2
2 2
2 δJ2 + 2
δC δJ − δC 2 δJ2 + 2
δC δJ − δC
δ1t = + δF4 + et δ2t = − δF4 + .
2 2 2 2
(2.152)
2.3. Modèles élémentaires continus 83
L étant la longueur caractéristique de variation de φ selon z, δ1t est O(1). D’après (2.147) et
(2.152), δ2t , δJ , δC et δF sont au plus égaux à δ1t donc soit O(1) soit très petits devant 1,
mais l’un au moins parmi δJ , δC et δF est O(1). Compte tenu de cette remarque, on détermine
sans difficultés les modèles dérivés du modèle de Timoshenko pour les valeurs extrêmes des
paramètres C1 et C2 :
J
– C1 = ≪1
mL2
2 , ±δ 2 } sont au plus
δF ≤ δ1t = O(1) donc δJ2 = C1 δF4 ≪ 1 puis comme δC et δ 2 ∈ {δ1t 2t
O(1), δJ2 (δ 2 − δC
2 ) ≪ 1. On en déduit d’après (2.146)
δ 2 (δ 2 − δC
2
) − δF4 ≃ 0 ,
soit l’équation aux modes propres pour la poutre de Timoshenko en RDM (c’est à dire
2 δ 2 = δ 2 C δ 4 et δ 2 est au plus
en l’absence d’inertie de section). Par ailleurs puisque δC J C 1 F C
2 δ 2 ≪ δ 4 si bien que la déformée et les efforts modaux sont donnés par les
O(1) alors δC J F
équations (2.147) à (2.151) où δJ est négligé devant δF .
kf
– C2 = ≪1
L2 kc
On retrouve, par un raisonnement parfaitement symétrique au précédent,
δ 2 (δ 2 − δJ2 ) − δF4 ≃ 0 ,
c’est à dire l’équation aux modes propres de la poutre de flexion (cf. (2.127)). La conver-
84 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
2 = C δ4 ≪
gence en tout point vers ce modèle apparaît dès lors qu’on remarque que δC 2 F
4 ≪ δ 2 ≪ 1 puis comme δ 2 est au plus O(1)
δF4 . On en déduit que nécessairement δC C J
2 δ 2 ≪ δ 4 . Il vient donc δ 2 δ 2 ≃ δ 4 et enfin, puisque δ = O(1), δ 2 ≪ δ 2 ≤ δ 2 .
que δC J F 1t 2t F 1t C 2t 1t
Une fois ces comparaisons d’ordre de grandeur effectuées, on vérifie sans difficulté la
convergence de δ1t vers δ1f , δ2t vers δ2f , des géométries modales et des efforts internes
(cf. équations (2.147) à (2.151) pour la poutre de Timoshenko et (2.128) à (2.132) pour
la poutre de flexion).
– C1 ≫ 1 et C2 = O(1)
δF4 = δJ2 /C1 ≪ 1 car δJ2 est au plus O(1). Il vient alors δC
2 = C δ 4 ≪ 1 puis δ 2 (δ 2 −δ 2 ) ≪
2 F C J
1 et enfin,
δ 2 (δ 2 − δJ2 ) ≃ 0 , δ1t ≃ δJ et δ2t ≃ 0 .
On en déduit sans difficulté que la géométrie modale ainsi que les efforts internes
convergent vers les expressions (2.134) (2.135) et (2.136). Au bilan, on a montré que
la poutre de Timoshenko converge vers la poutre à effort tranchant nul, dégénérée de la
poutre de flexion dans le cas où l’inertie de section domine. Ce résultat illustre le fait que
la prise en compte de l’inertie de section ne favorise pas (contrairement à ce qui pourrait
être déduit d’un raisonnement erroné) le fonctionnement en cisaillement au détriment
de la flexion mais introduit un type de fonctionnement réellement indépendant des deux
précédents.
– C2 ≫ 1 et C1 = O(1)
Dans ce cas,
δ 2 (δ 2 − δJ2 ) ≃ 0 , δ1t ≃ δC et δ2t ≃ 0 .
soit, puisque
k f δF4 k c δC
δ1t ≃ δC ⇒ 3
≃ ,
L δ1t L
l’expression de l’effort tranchant pour la poutre de cisailllement (cf. (2.144)). La poutre
de Timoshenko converge vers la poutre de cisaillement.
– C2 ≫ 1 et C1 = C2 O(1)
Ce cas particulier ne présente pas qu’un intérêt illustratif mais est susceptible de décrire
2 O(1) et
le fonctionnement des modes d’ordre élevé (L → 0). Il implique δF4 ≪ δJ2 = δC
2 δ 2 > δ 4 , puis δ ≃ max(δ , δ ) et δ ≃ min(δ , δ ). On en déduit la géo-
par suite δC J F 1t C J 2t C J
2.3. Modèles élémentaires continus 85
métrie modale ainsi que l’expression des efforts grâce aux équations (2.153) à (2.156). On
observe la spécificité de ce fonctionnement qui associe avec un même ordre de grandeur
et de manière découplée, la géométrie de la poutre de cisaillement à celle de la poutre à
effort tranchant nul.
L’analyse dimensionnelle qui précède nous permet de dégager quelques grands principes :
– les structures susceptibles de fonctionner en flexion sont les structures pour lesquelles
C1 et C2 sont faibles, c’est à dire les structures élancées ;
– le type de fonctionnement d’une structure réelle donnée dépend de l’ordre du mode
considéré. Plus on s’élève dans l’ordre des modes (L croissant), plus l’effet du cisaillement
et de l’inertie de section sont significatifs tandis que l’importance de la flexion décroît.
Il est par exemple possible que le comportement d’une structure telle qu’une cheminée,
très proche de celui d’une poutre de flexion pure au mode fondamental, s’en éloigne
considérablement aux modes supérieurs.
On pourra se faire une idée plus précise de ces résultats qualitatifs au regard des calculs de la
section suivante.
Les formes générales des solutions modales des équations de vibration ont été données au
2.3.2.1. On précise maintenant l’expression de ces modes propres pour une poutre parfaitement
encastrée à sa base et libre en tête. Ce cas particulier se traduit, en oscillations libres, par les
conditions aux limites suivantes :
– déplacement et rotation nuls au niveau de l’encastrement (z = 0)
Il convient, avant d’étudier l’effet de ces conditions particulières sur chacun des modèles de
poutre, d’introduire une légère modification des conventions d’écriture. On a, dans la section
précédente, utilisé le paramètre L représentant l’ordre de grandeur des variations du mode
selon z, puis les δ (avec un indice désignant le type de poutre considéré) dont l’un au moins
(qu’on dira « significatif ») est O(1). Deux modes d’ordre différent d’une même poutre ont
des δ « significatifs » du même ordre de grandeur tandis qu’ils se distinguent notablement par
leur longueur caractéristique de variation L : si on note Lj la longueur caractéristique du j ième
mode, alors Lj = O(L1 /(2j − 1)). Ce choix de notation s’est révélé très efficace pour étudier
les comportements asymptotiques des différents types de poutre, en mettant en évidence,
86 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
de manière transparente, l’influence de l’ordre des modes ; il s’avère plus simple (pour des
raisons de facilité d’écriture) dans ce qui suit de procéder différemment : on donne à L une
valeur constante, par exemple L = 2H/π, et la dépendance à l’ordre du mode est entièrement
reportée sur le paramètre δ. La lettre j sera systématiquement mise en indice pour désigner les
variables relatives au j ième mode de telle sorte qu’avec les notations de la section précédente
δ1f j , δCj et δ1tj sont O(2j − 1).
Poutre de flexion libre-encastrée. L’écriture des conditions aux limites pour la poutre
de flexion conduit, compte tenu de (2.129), (2.130), (2.131) et (2.132), à l’équation matricielle
aux modes propres (indice f omis) :
2 38 9
> >
6 0 1 0 1 >
7 >A1j >
>
6 7> >
6 7>> >
>
6 7> >
6 7> >
6 δ1j 0 δ2j 0 >
7 >A2j >
>
6 7< =
6 7
6 7
7 > = 0,
6 >
6 − δ cos π δ π π π 7 >
δ2j 7 >
>
6 2j 1j δ2j sin δ1j δ1j cosh δ2j δ1j sinh >A3j >
>
6 2 2 2 2 7> >
6 7>> >
>
6 7 >
> >
>
4 2 π 2 cos π 2 sinh π 2 π 5> >
− δ1j sin δ1j − δ1j δ1j δ2j δ2j δ2j cosh δ2j : ;
A4j
2 2 2 2
(2.159)
où d’après (2.133),
δ1j δ1j J
δ2j = È =Ê avec C1H = .
1+ 2
C1 δ1j π2 H 2 mH 2
1+ C δ
4 1 1j
On calcule numériquement, pour une valeur de C1H donnée, les solutions modales δ1j telles
que le déterminant du système soit nul. On en déduit les déformées modales correspondantes
(équation (2.129) avec L = 2H/π), et puisque δF2 j = δ1j δ2j , les pulsations de résonance,
Ê
2 2
π kf δ1j
ωj = Ê
2H m π2 H 2
1+ C δ
4 1 1j
Les résultats obtenus pour les trois ou quatre premiers modes sont présentés figures 2.16, 2.18
et 2.19 :
• La figure 2.16 illustre l’évolution des valeurs de δ1j et δ2j en fonction du paramètre C1H ,
c’est à dire du poids de l’inertie de section dans la dynamique de la poutre de flexion :
– pour C1H = 0, le déterminant du système (2.159) se réduit à
π π
1 + cos δ1j cosh δ1j = 0 .
2 2
2.3. Modèles élémentaires continus 87
– On vérifie qu’entre ces deux cas extrêmes, δ1j ne varie pas en ordre de grandeur avec
C1H malgré le changement de comportement de la poutre, mais aussi, conformément
à ce qui a été montré au 2.3.2.1, que plus on s’élève dans l’ordre des modes plus l’effet
de l’inertie de section est marqué.
• Les déformées modales correspondant au cas classique de la flexion pure (C1H = 0), au
mode de fonctionnement particulier de la poutre à effort tranchant nul (C1H → ∞),
ainsi qu’à quelques valeurs intermédiaires de C1H caractéristiques, ont été représentées
à la figure 2.18. On constate une nouvelle fois que l’effet de l’inertie de section se porte
d’avantage sur les modes supérieurs. Il est d’autre part intéressant de noter que la dé-
formée du mode fondamental est relativement insensible au poids de l’inertie de section.
• Un autre aspect important du problème (en particulier pour l’interprétation des signaux
expérimentaux) concerne le schéma de répartition des fréquences propres (figure 2.19) :
2 :
– pour C1H = 0, le schéma de répartition des ωj suit celui des δ1j
Ê
2
π kf 2
ωj = δ ,
2H m 1j
Les valeurs des fréquences se suivent comme les nombres impairs et sont considéra-
blement plus proches que dans le cas de la flexion pure.
– Dans les cas intermédiaires enfin, on constate que la répartition des fréquences s’écarte,
sous l’effet de l’inertie de section, de celle de la poutre de flexion pure, ce d’autant
plus qu’on s’élève dans l’ordre des modes.
88 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
5.5
δ13
5
4.5
δ23
4
3.5
δ12
3
2.5
2
δ22
1.5
δ
11
1
0.5 δ21
0
−3 −2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10
H H
C1 ou C2
Fig. 2.16 – Effet de l’inertie de section sur la poutre de flexion : évolution de δ1f et δ2f en
fonction du paramètre C1H pour les trois premiers modes.
1 1 H
1
H C1 = +∞
C = 0.01
1
CH = 0.1
0.9 1 0.9 0.9
CH = 1
1
CH = 0
0.5 1 0.5 0.5
0 0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 −1 −0.5 0 0.5 1 −1 −0.5 0 0.5 1
Fig. 2.18 – Effet de l’inertie de section sur les déformées de la poutre de flexion : évolution
avec C1H .
90 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
2
10
2
7
Mode 4
2
5
Mode 3
1 2
10 3 Mode 2
7
2
1.194 Mode 1
0 1
10
−4 −3 −2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10
H H
C ou C
1 2
Fig. 2.19 – Effet de l’inertie de section sur le schéma de répartition des fréquences propres de
la poutre de flexion : évolution avec le paramètre C1H .
puis :
– les déformées modales, définies à la constante A arbitraire près,
π z
φj (z) = A sin (2j − 1) , jǫN∗ , (2.161)
2H
Il faut noter que l’inertie de section est sans effet puisque l’encastrement à la base interdit
tout rotation de section de la poutre de cisaillement. L’allure des déformées des trois premiers
modes est représentée figure 2.21 (cas C2H = 0). Les pulsations (ou fréquences) modales se
répartissent selon la séquence (1, 3, 5, 7, ...) caractéristique du fonctionnement en cisaillement
pur. C’est de nouveau un critère important dans la pratique pour identifier le comportement
d’une structure à partir de mesures expérimentales (Hans, 2002).
2 38 9
0 1 0 1 > >
6 7>
>A1j >
>
6 7> >
6 7>
> >
>
6 7> >
6 2
δCj 2
δCj 7> >
6 δ1j − 0 δ2j + 0 >
7>A2j >
>
6 δ1j δ2j 7< =
6 7
6 7 = 0,
6 π π π π 7> >
6 7> >
6 − δ2j cos δ1j δ2j sin δ1j δ1j cosh δ2j δ1j sinh δ2j 7>
>A3j >
>
6 2 2 2 2 7> >
6 7>
> >
>
6 7>
> >
>
4 π π π π 5> >
2
(δCj 2
− δ1j ) sin δ1j 2
(δCj 2
− δ1j ) cos δ1j 2
(δCj 2
+ δ2j ) sinh δ2j 2
(δCj 2
+ δ2j ) cosh δ2j :A4j ;
2 2 2 2
(2.163)
92 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
2 δ2 > δ4
– pour δCj Jj F
2 38 9
0 1 0 1 > >
6 >A1j >
7> >
6 7> >
6 7>
> >
>
6 7> >
6 2
δCj 2
δCj >
7> >
6 δ1j − 0 δ2j − 0 7>A2j >
>
6 δ1j δ2j 7< =
6 7
6 7 = 0,
6 π π π π 7>
> >
>
6 7>A >
6 − δ2j cos δ1j δ2j sin δ1j − δ1j cos δ2j δ1j sin δ2j 7> 3j >
6 2 2 2 2 7> >
6 7>
> >
>
6 >
7> >
>
4 π π π π 5> >
2
(δCj 2
− δ1j ) sin δ1j 2
(δCj 2
− δ1j ) cos δ1j 2
(δCj 2
− δ2j ) sin δ2j 2
(δCj 2
− δ2j ) cos δ2j : ;
A4j
2 2 2 2
(2.164)
où δ1j , δ2j , δJj , δCj , s’expriment (cf. (2.127) (2.140) (2.147) (2.152)) en fonction de δF4 j =
4mωj2 H 4
π 2 kf
et des paramètres
On calcule numériquement, pour des valeurs particulières de C1H et C2H , les solutions modales
δF j telles que le déterminant du système (2.163) (ou (2.164)) s’annule, puis δ1j et δ2j . On en
déduit les déformées modales correspondantes (équation (2.148) ou (2.153) avec L = 2H/π),
2 δ2 ≤ δ4 ,
et les pulsations de résonance, soit par exemple pour δCj Jj F
Ê
2 2
π kf δ1j
ωj = s .
2H m π2 2 CH CH
2 − π
1 + (C1H + C2H )δ1j 1 2
(δ 2 − δ2j
2 )
4 4 C1H + C2H 1j
Les résultats obtenus pour les premiers modes, dans le cas où on néglige l’inertie de section
(C1H = 0), sont présentés aux figures 2.17, 2.21 et 2.20. On constate que les valeurs de δ1j ,
δ2j et ωj coincident (de manière fortuite) avec celles obtenues pour le modèle de flexion pour
C1H = C2H , de sorte que les figures 2.17 et 2.20 sont identiques aux figures 2.16 et 2.19. On
retrouve à gauche de ces figures les propriétés de la poutre de flexion pure, à droite celles de
la poutre de cisaillement pur. Lorsque C2H . 10−2 , les 3 premiers modes restent très proches
de ceux de la poutre de flexion, aussi bien en terme de fréquence que de déformée (figures
2.20 et 2.21) ; au-delà de C2H = 10 l’ensemble des modes coïncident avec ceux de la poutre de
cisaillement. Comme prévu par l’analyse dimensionnelle du 2.3.2.1, plus on s’élève dans l’ordre
des modes, plus le cisaillement domine sur la flexion. On peut noter par exemple comment
les déformées seconde et encore plus troisième de la poutre de Timoshenko avec C2H = 0.1 se
rapprochent de celles de la poutre de cisaillement, alors que le premier mode est très nettement
dominé par la flexion (figure 2.21).
2.3. Modèles élémentaires continus 93
1 1 1
CH=0.01
2
H
C2=0.1
0.9 0.9 0.9
CH=1 flexion
2
CH=10
2
0.8 0.8 0.8
cisaillement cisaillement
0.3 0.3 0.3
0 0 0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1 −1 −0.5 0 0.5 1 −1 −0.5 0 0.5 1
Fig. 2.21 – Poutre de Timoshenko sur appuis rigides : évolution des déformées des trois
premiers modes en fonction du paramètre C2H .
94 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
Le calcul des modes sur appuis parfaitement souples est présenté de manière synthétique.
Il convient d’abord de préciser le type de conditions aux limites que désigne cette expression et
son intérêt pour notre étude. Dans le cas où le sol peut être considéré comme infiniment rigide
vis à vis de la structure, autrement dit quand l’interaction sol structure peut être négligée,
les modes du système sont ceux de la poutre encastrée à sa base. Plus le sol est souple, plus
l’interaction sol structure est forte, et moins le sol n’oppose de résistance aux déplacements de
la base. Dans le cas théorique du sol infiniment souple, les modes du système sont ceux de la
poutre dont les deux extrémités sont libres (à l’exception toutefois des modes de corps rigides
sur lesquels on reviendra plus en détail au chapitre 3). Le calcul de ces modes pour chaque
type de poutre est d’un intérêt certain comme cas limite de l’interaction sol structure.
La condition d’appuis libre-libre se traduit donc, en oscillations libres, par les conditions aux
limites d’effort tranchant et moment fléchissant nuls
– à la base (z = 0)
T (0, t) = 0 et M (0, t) = 0, (2.165)
– et en tête (z = H)
T (H, t) = 0 et M (H, t) = 0. (2.166)
L’effort normal (c’est à dire vertical) n’étant pas pris en compte, le degré de liberté de transla-
tion verticale de la base n’est pas sollicité dans notre modèle et peut être ignoré. Le problème
est identique à celui d’une poutre simplement appuyée (appui simple) à sa base.
Poutres de flexion libre-libre. L’écriture des conditions d’efforts nuls aux deux extrémités
de la poutre de flexion donne :
2 38 9
>
6 − δ2j 0 δ1j 0 7>>A1j >
>
>
6 7> >
6 7>> >
>
6 7> >
6 7 > >
6 0 2
δ1j 0 2
− δ2j >
7 >A2j >
>
6 7< =
6 7
6 7
7 > =0
6 >
6 − δ cos π δ π π π 7 >
δ2j 7 >
>
6 2j 1j δ2j sin δ1j δ1j cosh δ2j δ1j sinh >A3j >
>
6 2 2 2 2 7> >
6 7>> >
>
6 7 >
> >
>
4 2 π 2 cos π 2 sinh π 2 π 5> >
− δ1j sin δ1j − δ1j δ1j δ2j δ2j δ2j cosh δ2j : ;A4j
2 2 2 2
(2.167)
π π π π
⇒ 2 cos δ1j cosh δ2j − 1 + (δ13 /δ23 − δ23 /δ13 ) sin δ1j sinh δ2j = 0 . (2.168)
2 2 2 2
2.3. Modèles élémentaires continus 95
Si on néglige l’inertie de section (C1H = 0), on a plus simplement δ1j = δj2 = δF j , puis :
π π
1 − cos( δ1j ) cosh( δ1j ) = 0,
2 2
dont les solutions sont les δ1j ≃ 2j + 1, j ∈ N∗ . On retrouve des fréquences propres quasi
identiques à celles de la poutre libre-encastrée, à l’exception de la première. Les déformées
modales correspondantes, données dans le tableau récapitulatif 2.1, sont en revanche très
différentes.
La présence explicite de C1H indique que les modes propres de la poutre de cisaillement libre-
libre sont sensibles, contrairement au cas de la poutre encastrée à sa base, à l’inertie de
section J. En effet, cette inertie est susceptible d’être mobilisée par un mouvement de rotation
d’ensemble. Toutefois les δCj = 4j, j ∈ N∗ , sont toujours solutions de (2.170) quelque soit C1H .
π
On vérifie sans peine qu’ils correspondent à des modes φj = Aj cos 2 δCj z/H n’impliquant
aucune rotation de section (θ0j = φ′j (H) = 0).
En l’absence d’inertie de rotation (C1H = 0), on retrouve évidemment ces modes de translation
pure, les modes d’ordre impair, entre lesquels s’intercalent les modes (d’ordre pair) impliquant
une contribution de rotation de corps rigide : δCj ≃ (4, 5.732, 8, 9.836, 12...). Les déformées
modales correspondantes sont synthétisées dans le tableau 2.2.
2 δ2 ≤ δ4
– pour δCj Jj F
2 38 9
− δ2j 0 0 > >
7>
>A1j >
δ1j
6 >
6 7> >
6 7>
> >
>
6 7> >
6 >
7> >
6 0 2
δ1j 2
− δCj 0 2
− (δ2j 2
+ δCj ) 7>A2j >
>
6 7< =
6 7
6 7 = 0,
6 π π π π 7>
> >
>
6 7>A >
6 − δ2j cos δ1j δ2j sin δ1j δ1j cosh δ2j δ1j sinh δ2j 7> 3j >
6 2 2 2 2 7> >
6 7>
> >
>
6 >
7> >
>
4 π π π π 5> >
2
(δCj 2
− δ1j ) sin δ1j 2
(δCj 2
− δ1j ) cos δ1j 2
(δCj 2
+ δ2j ) sinh δ2j 2
(δCj 2
+ δ2j ) cosh δ2j : A4j;
2 2 2 2
(2.171)
– pour 2 δ2
δCj > δF4
Jj
2 38 9
0 0 > >
7>
>A1j >
δ2j δ1j
6 >
6 7> >
6 7>
> >
>
6 7> >
6 >
7> >
6 0 2
δ1j 2
− δCj 0 2
δ2j 2
− δCj 7>A2j >
>
6 7< =
6 7
6 7 = 0.
6 π π π π 7>
> >
>
6 7>A >
6 − δ2j cos δ1j δ2j sin δ1j − δ1j cos δ2j δ1j sin δ2j 7> 3j >
6 2 2 2 2 7> >
6 7>
> >
>
6 >
7> >
>
4 π π π π 5> >
2
(δCj 2
− δ1j ) sin δ1j 2
(δCj 2
− δ1j ) cos δ1j 2
(δCj 2
− δ2j ) sin δ2j 2
(δCj 2
− δ2j ) cos δ2j :A4j ;
2 2 2 2
(2.172)
Les figures 2.22 et 2.23 illustrent pour C1H = 0 la transition entre les modèles de flexion pure
(C2H → 0) et de cisaillement pur (C2H → +∞) sur appui infiniment souple. Modes de corps
rigides mis à part, les modes sur appui libre, de la poutre de flexion comme de la poutre de
cisaillement, sont plus haute fréquence que dans le cas de l’encastrement (par exemple, la
fréquence fondamentale de la poutre de flexion libre-libre est égale à la deuxième fréquence
propre de la poutre libre-encastrée). Il est par conséquent normal de constater que pour une
valeur de C2H donnée, la contribution du cisaillement est un peu plus forte pour le mode
libre-libre que libre-encastré (figures 2.22 et 2.23 à comparer aux figures 2.17 et 2.21).
Comme à la section 2.2 l’action dynamique du sol sur la fondation est décrite, de la
manière la plus commode, par les ressorts et amortisseurs équivalents de coefficients KH
et CH pour la translation, Kθ et Cθ (en toute rigueur dépendants de la fréquence, cf. 3.1)
pour le balancement. Les équations modales pour chaque type de poutre sont livrées sous
forme adimensionelle et une résolution analytique approchée est proposée dans le cas du mode
fondamental.
La condition d’appui souple se traduit, en oscillations libres, par les conditions aux limites
2.3. Modèles élémentaires continus 97
δ
13
8
δ
6 23 δ12
δ11
4 δ22
2 δ21
0
−3 −2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10
H
C2
1 1 1
CH = 0.01
2
H
C2 = 0.1
0.9 0.9 0.9
CH
2= 1
cisaillement
0.5 0.5 0.5
0 0 0
−0.5 0 0.5 1 −1 −0.5 0 0.5 1 −0.5 0 0.5 1
Fig. 2.23 – Poutre de Timoshenko sur appuis libres : évolution des déformées des trois premiers
modes (hors corps rigide) en fonction du paramètre C2H .
2.3. Modèles élémentaires continus 99
2 Ê ! 2 Ê !
π kf π kf
Mode j déformée ωk / déformée ωk /
2H m 2H m
1
0
0 0.5 1
0
−1 0 1
1 1
3 0.5 ≃ 52 0.5 32
0 0
−1 0 1 −1 0 1
1 1
4 0.5 ≃ 72 0.5 52
0 0
−1 0 1 −1 0 1
Tab. 2.1 – Poutre de flexion pure (J = 0) : modes sur sol infiniment rigide — modes sur sol
infiniment souple.
100 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
Ê ! Ê !
π kc π kc
Mode j déformée ωk / déformée ωk /
2H m 2H m
1
0
0 0.5 1
0
−1 0 1
1 1
3 0.5 5 0.5 4
0 0
−1 0 1 −1 0 1
1 1
0 0
−1 0 1 −1 0 1
Tab. 2.2 – Poutre de cisaillement pur (J = 0) : modes sur sol infiniment rigide — modes sur
sol infiniment souple.
2.3. Modèles élémentaires continus 101
suivantes :
Les difficultés théoriques relatives à ce type de conditions aux limites (dépendance fréquen-
tielle et amortissement non classique), largement commentées au 2.2 dans le cas du modèle
brochette, nous conduisent à opter pour une approche en modes complexes. Les modes com-
plexes sont les solutions de l’équation de vibration (exprimée en déplacement total) de la forme
φ̃∗j (z) exp(iω̃j∗ t), respectant ces conditions aux limites particulières. Les expressions générales
de la géométrie des déplacements et des efforts modaux, établies à la section 2.3.2.1 pour
chaque type de poutre, restent évidement valables dans le cadre des modes complexes et sont
utilisées dans ce qui suit. La seule différence concerne l’ajout de l’exposant ∗ pour indiquer
que les grandeurs concernées sont, compte tenu de la nature des conditions d’appui, à valeurs
nécessairement complexes.
On explicite les conditions d’impédance (2.173) à l’aide de l’expression générale des dépla-
cements (équations (2.141) et (2.142)) et des efforts (équations (2.143) et (2.144)). On aboutit
à l’équation matricielle aux modes propres complexes de la poutre de cisaillement sur base
souple :
2 38 9
t∗c (1 − cos µ∗Cj )µ∗Cj t∗c µ∗Cj sin µ∗Cj − 1 > A∗1j >
6 7> >
6 7< =
6 7 = 0,
6 −µ∗ 1 + s∗ (1 − C H µ∗2 ) cos µ∗ µ∗Cj 1 + s∗c (1 − C1H µ∗2 ∗ 7> >
4 Cj c 1 Cj Cj Cj ) sin µCj 5 > >
: ∗ ;
+s∗c sin µ∗Cj +s∗c (cos µ∗Cj − 1) A2j
(2.175)
102 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
π ∗
où on a posé pour alléger les notations µ∗Cj = δ , et introduit les paramètres adimensionnels
2 Cj
kc Hk c
t∗c = et s∗c = . (2.176)
H(KH + iω̃j∗ CH ) Kθ + iω̃j∗ Cθ
t∗c et s∗c pèsent la rigidité de la structure par rapport à la rigidité du sol relativement aux deux
mouvements possibles de la fondation. On retrouve à t∗c = s∗c = 0 l’équation aux modes propres
de la poutre de cisaillement sur base rigide (équation (2.160)), et pour t∗c = s∗c = +∞ celle
de la poutre sur base parfaitement souple (équation (2.169)). Plus t∗c et s∗c sont grands, plus
l’effet de l’interaction sol structure est important comme l’illustre le calcul du déplacement
total Ut en tête de la poutre sous l’effet d’une force statique F appliquée au sommet :
où t0c = k c /(HKH ) et s0c = Hk c /Kθ sont les valeurs prises par t∗c et s∗c dans le cas statique.
Existe-t’il une règle permettant de dire laquelle de deux structures, différenciées seulement
par leur hauteur, est susceptible de développer le plus d’interaction sol structure ? C’est une
question a priori difficile à laquelle l’équation précédente apporte des indications de réponse.
Une augmentation de la hauteur de la structure soumise à une force en tête a deux effets
essentiels : d’une part l’augmentation de la flèche (interne) avec l’accroissement de la portée
selon une loi qui caractérise le fonctionnement de la structure ; d’autre part l’augmentation
concomitante du bras de levier exercé par la force sur la fondation favorisant ainsi le mouve-
ment de rotation de corps rigide. Au bilan, la part relative de la translation de corps rigide
dans le déplacement total diminue lorsque la hauteur de la structure augmente, tandis que
l’évolution de la contribution de la rotation de corps rigide dépend du comportement de la
structure considérée. Dans le cas où ce comportement est semblable à celui d’une poutre de
cisaillement, t0c et s0c sont les paramètres clés et le calcul de Ut effectué ci-dessus précise ces
évolutions : inversement proportionnelle à H pour la translation de corps rigide, proportion-
nelle à H pour la rotation de corps rigide. Il apparaît donc clairement que l’élancement de la
structure favorise la rotation de la fondation et défavorise la translation. En revanche, il est
impossible de trancher sur la conséquence de ces deux effets antagonistes sur la participation
globale du comportement de corps rigide, sans plus de précision quantitative sur la rigidité de
la fondation : Ê
d 0 H 2 KH − Kθ Kθ
(tc + s0c ) = k c >0 ⇔ H> . (2.178)
dH H 2 KH Kθ KH
On en déduit l’existence d’une valeur de H au-dessus de laquelle, toute augmentation de la
hauteur de la structure s’accompagne d’une augmentation de la contribution du mouvement
de corps rigide au détriment de la déformation de la structure. Enfin, comme Kθ /KH est pro-
portionnel au carré de la longueur caractéristique de la fondation (cf. analyse dimensionnelle),
cette valeur seuil de la hauteur de la structure, fonction de la valeur des impédances, se traduit
2.3. Modèles élémentaires continus 103
puis après multiplication par la déformée sur base rigide φ1 et intégration entre 0 et H,
R H H R
ω12 0 mφ1 ∗ 0 mzφ1 ∗
1− + RH u 01 + RH θ01 = 0 ,
ω̃1∗2 ∗
0 mu1 φ1
∗
0 mu1 φ1
5
On remarquera que seule la formulation globale a été utilisée pour le modèle brochette (cf. équations (2.10)
et (2.11) page 35).
104 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
d’inertie et des efforts internes, soit dans le cas général (2.103) et (2.104) :
Z H Z
∂ 2 ut H
T (z0 , t) = − m 2 + q,
z0 ∂t z
Z H Z H Z H
∂ 2 ut d2 θ0
M (z0 , t) = − mz 2 − J 2 + zq .
z0 ∂t z dt z
Avec ces expressions et l’approximation u∗1 ≃ φ1 , on montre que les conditions aux limites
(2.173) donnent :
2
Mt ωH ω̃ ∗ St
1+ − ∗2 1 + 2i 1 ξH p1 u∗01 + ∗
p1 H1 θ01 = 0, (2.180)
M1 ω̃1 ωH M1 H 1
St ∗ Jt ωθ2 ω̃1∗ ∗
1+ p1 u01 + − 1 + 2i ξθ p1 H1 θ01 = 0, (2.181)
M1 H 1 M1 H12 ω̃1∗2 ωθ
où
RH RH RH
– Mt = 0 m, St = 0 mz et Jt = 0 (mz 2 + J) sont respectivement la masse totale,
le moment statique et le moment d’inertie calculés au niveau de la fondation, de la
structure,
RH RH
– M1 = ( 0 mφ1 )2 / 0 mφ21 la masse équivalente du mode 1,
2 = K /M et
– ωH ωθ2 = Kθ /(M1 H12 ) les pulsations caractérisant le mouvement de corps
H 1
rigide du système,
– ξH = CH /(2M1 ωH ) et ξθ = Cθ /(2M1 H12 ωθ ) les facteurs d’amortissement associés à ce
mouvement de corps rigide.
On constate, sans surprise, que (2.179), (2.180) et (2.181) constituent un ensemble d’équations
strictement analogue au système (2.87) obtenu pour le modèle brochette (cf. section 2.2.4.4
page 62). Comme pour ce dernier les approximations M1 ≈ Mt , M1 H1 ≈ St et M1 H12 ≈ Jt
conduisent finalement à
ω12 1 ω12 1
p1 u∗01 ≈ 2 ∗ , ∗
p1 H1 θ01 ≈ 2 ∗ , (2.182)
ωH 1 + 2i ω̃1 ξH ωθ 1 + 2i ω̃1 ξθ
ωH ωθ
et
1 1 1 1 1 1
∗2 ≈ 2+ 2 ω̃ ∗ + 2 ∗ , (2.183)
ω̃1 ω1 ωH 1 + 2i 1 ξH ωθ 1 + 2i ω̃1 ξθ
ωH ωθ
Par ailleurs, sachant que pour une poutre de cisaillement homogène (équations (2.161) et
(2.162)),
Ê
π z π kc
φ1 (z) = sin et ω1 = ,
2H 2H m
il vient
4 2 8 ω12 0 ω12 8
p1 = , H1 = H, M1 = Mt , puis 2 = 2tc et = 2 s0c .
π π π2 ωH ωθ2 π
On en déduit puisque
t0c s0c
t∗c = ω̃1∗
et s∗c = ω̃ ∗
,
1 + 2i ωH ξH 1 + 2i ω1θ ξθ
π ∗ ω12 8
u∗01 ≈ t , ∗
Hθ01 ≈ s∗c , et ≈ 1 + 2t∗c + 2 s∗c . (2.185)
2 c ∗2
ω̃1 π
Les équations approchées (2.185) et (2.186) offrent des possibilités d’interprétation identiques
à celles de l’équation (2.177) obtenue dans le cas statique. Les paramètres t0c et s0c pesant la
rigidité interne de la structure par rapport à celle de l’appui, mesurent l’effet de l’interaction
sol structure sur les caractéristiques du mode fondamental : la part du mouvement de corps
rigide et la « diminution » de la fréquence fondamentale du système (par rapport au cas de la
structure sur base rigide) sont d’autant plus forts que t0c et s0c sont grands.
En outre, les tendances mises en évidence par le raisonnement à force imposée se retrouvent
pour le mode fondamental :
– plus la structure est élevée plus la rotation de corps rigide contribue au déplacement
total tandis que la translation de corps rigide décroît ; ces deux phénomènes ont un effet
antagoniste sur le poids global du déplacement de corps rigide vis à vis de la déformation
structurelle. Il apparaît comme dans le cas statique qu’au dessus d’un certain seuil
(H = (π 2 Kθ /8KH )1/2 sensiblement égal au seuil calculé dans le cas statique), la part de
déplacement de corps rigide est d’autant plus importante que la structure est élancée.
– De manière étroitement corrélée avec la cinématique, l’évolution (en fonction de l’élance-
ment de la structure) de la pulsation propre du système sol structure comparativement
106 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
à celle de la structure sur base fixe est le résultat de deux tendances ayant un effet op-
posé sur l’évolution du contraste de rigidité globale entre la structure et le sol (équation
(2.186)) : l’assouplissement supplémentaire apporté au système, à élancement croissant,
par le basculement de corps rigide est contrebalancé par une rigidification relative de la
translation d’ensemble. Au-delà d’un certain seuil, évidemment du même ordre que le
précédent, le gain d’assouplissement domine et il est possible d’affirmer que la pulsation
propre du système sol structure est d’autant plus réduite vis à vis de la pulsation de la
structure sur base fixe, que l’élancement est grand.
Au bilan, on constate que le mode fondamental du système sol structure est d’avantage affecté
par l’interaction sol structure (en termes de déformée et fréquence propres) si l’élancement
croît au-delà d’une valeur qu’il n’est pas possible de comparer, à ce stade de l’étude sans
plus de précision sur les fonctions d’impédance, avec les élancements courants des structures
travaillant en cisaillement.
Des commentaires similaires peuvent être formulés pour le facteur d’amortissement modal
à partir de l’équation (2.186) dans laquelle ξH et ξθ décroissent proportionnellement avec
l’élancement respectivement à la puissance (-1/2) et (-3/2). L’étude complète des variations
de ξ˜1 avec l’élancement est fastidieuse ; en revanche on montre sans difficulté que d’une part
le premier terme (où apparaît ξH ) est une fonction décroissante de la hauteur H, tandis
que le second (où apparaît ξθ ) est une fonction croissante en-deçà, décroissante au-delà, de
H = (πKθ /4KH )1/2 . Au total, on en déduit qu’au dessus d’une certaine valeur seuil (dont on
sait seulement qu’elle est au plus égal à (πKθ /4KH )1/2 , l’éventualité qu’elle soit nulle n’étant
pas exclue), le facteur d’amortissement du mode fondamental diminue lorsque l’élancement
de la structure augmente. On constatera au passage, sur la base de ce dernier résultat, qu’un
renforcement de l’interaction sol structure ne se traduit pas nécessairement par un accroisse-
ment de l’amortissement modal.
Par ailleurs, compte tenu de ce que t0c = k c /(HKH ) et s0c = Hk c /Kθ ne dépendent pas de la
masse de la structure mais seulement de sa rigidité, les équations (2.185) et (2.186) confirment
l’effet neutre de la densité sur la diminution de fréquence et le mouvement de corps rigide
imputables à l’interaction sol structure, tout du moins à faible amortissement. En revanche,
√
puisque ξH et ξθ varient en 1/ M1 , une densité forte implique une modération de l’amortis-
sement radiatif.
Notons enfin qu’il est possible, sans difficulté supplémentaire, de tenir compte d’une dis-
sipation d’énergie dans la structure sous forme visqueuse. Pour cela, il convient d’effectuer,
dans toutes les équations complexes qui précèdent, la substitution :
ω̃j∗
kc kc 1 + 2i ξ1 (2.187)
ω1
s
ω̃j∗
ω1 ω1 1 + 2i ξ1 (2.188)
ω1
2.3. Modèles élémentaires continus 107
où j peut être égal à 1 selon le contexte. ξ1 , facteur d’amortissement structurel, autrement dit
le facteur d’amortissement du mode fondamental de la structure sur base rigide, contribue au
facteur d’amortissement total du système sol structure :
3 3 3
kω̃1∗ k kω̃1∗ k kω̃1∗ k
ξ˜1 ≈ ξ1 + ξH + ξθ
ω1 ωH ωθ
3/2 3/2 8 0 3/2
1 2t0c π2 c
s
≈ 8 0 ξ1 + 8 0 ξH + ξθ .
1 + 2t0c + s
π2 c
1 + 2t0c + s
π2 c
1+ 2t0c + π82 s0c
µ∗1j J
µ∗2j = q avec C1H = .
1 + C1H µ∗2 mH 2
1j
Il vient :
2 38 9
> >
∗ ∗ ∗2
6 − tf µ1j µ2j 1 t∗f µ∗2 ∗
1j µ2j 1 >
7 > 1j >
A >
6 7> >
6 7> >
6 7>> >
>
6 7>> >
>
6 µ∗1j s∗f µ∗2 µ∗2j ∗ ∗2 7
− sf µ2j 7 > A2j >
6 1j < =
6 7
6 7 = 0, (2.189)
6 7>> >
>
6 − µ∗ cos µ∗ µ∗2j sin µ∗1j µ∗1j cosh µ∗2j ∗ ∗ 7
µ1j sinh µ2j 7 >
6 2j 1j >A3j >
>
6 7> >
6 7>> >
>
6 7>> >
>
4 5 > >
∗2 ∗
− µ1j sin µ1j − µ∗2 ∗ ∗2 ∗
1j cos µ1j µ2j sinh µ2j
∗2
µ cosh µ
2j
∗
: 2j ; A4j
où ont été introduits deux paramètres adimensionnels pesant la rigidité de la structure par
rapport à la rigidité du sol relativement aux deux mouvements possibles de la fondation :
kf kf
t∗f = et s∗f = . (2.190)
H 3 (KH + iω̃j∗ CH ) H(Kθ + iω̃j∗ Cθ )
(2.189) est l’équation de base pour l’analyse du rôle de l’interaction sol structure dans la
dynamique de la poutre de flexion sur sol souple. Pour t∗f = s∗f = 0, on retrouve l’équation aux
modes propres de la poutre de flexion sur base rigide (équation (2.159)), et pour t∗f = s∗f = +∞
celle de la poutre sur base parfaitement souple (équation (2.167)). Plus t∗f et s∗f sont grands,
plus le sol est souple comparativement à la structure et plus l’interaction sol structure est
108 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
importante.
Comme pour la poutre de cisaillement ou le modèle brochette, il est possible de pousser plus
avant l’analyse, sans plus de précision sur les impédances, en exploitant deux propriétés du
mode fondamental :
– d’une part on a montré que le mode fondamental est le mode le moins sensible à l’inertie
de section. On supposera donc que cet effet peut être négligé : C1H ≪ 1 ;
– d’autre part, on sait que la déformation interne du mode fondamental sur base souple
est sensiblement identique à la déformée φ1 du mode fondamental sur base rigide :
Avec ces hypothèses simplificatrices, il est possible, par un raisonnement qui a été exposé
en détail dans le cas de la poutre de cisaillement, d’obtenir des expressions analytiques des
caractéristiques du mode fondamental :
ω12 1 ω12 1
p1 u∗01 ≈ 2 ω̃ ∗ , p 1 H 1 θ ∗
01 ≈ 2 ∗ , (2.191)
ωH 1 + 2i 1 ξH ωθ 1 + 2i ω̃1 ξθ
ωH ωθ
1 1 1 1 1 1
∗2 ≈ 2+ 2 ω̃ ∗ + 2 ∗ . (2.192)
ω̃1 ω1 ωH 1 + 2i 1 ξH ωθ 1 + 2i ω̃1 ξθ
ωH ωθ
On note que ces relations sont strictement analogues aux équations (2.182) et (2.183) dont
on dispose pour la poutre de cisaillement. Les caractéristiques du mode fondamental sur base
rigide de la poutre (homogène) de flexion pure sont telles que :
Ê
π 2 kf
ω1 ≃ 1.1942 , (cf. tableau 2.1)
2H m
M1 ≃ 0.613 mH , H1 = 0.726 H . (cf. figure 2.24 pour C1H → 0)
On en déduit :
ω12
p1 u∗01 ≈ 7.585 t∗f , ∗
p1 H1 θ01 ≈ 4 s∗f et ≈ 1 + 7.585 t∗f + 4 s∗f ,
ω̃1∗2
ω12
≈ 1 + 7.585 t0f + 4 s0f ,
kω̃1∗ k2
!3/2 !3/2
7.585 t0f 4 s0f
ξ˜1 ≈ ξH + ξθ .
1 + 7.585 t0f + 4 s0f 1 + 7.585 t0f + 4 s0f
Ces résultats renseignent sur l’influence de l’élancement sur l’interaction sol structure. Les
paramètres t0f et s0f décroissant tous les deux avec l’élancement, on constate sans ambiguïté
2.3. Modèles élémentaires continus 109
0.74
0.72
0.7
0.68
0.58
−3 −2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10
CH
1
que la part du mouvement de corps rigide ainsi que la baisse de la fréquence de résonance
sont plus faibles pour une structure élancée. Autrement dit, l’élancement joue en défaveur de
l’interaction sol structure.
L’analyse du facteur d’amortissement (équation (2.3.3.2)) est un peu plus complexe. On note
que la contribution de l’amortissement radiatif relatif à la translation de la fondation décroît
de manière monotone avec l’élancement. En revanche, la contribution provenant du bascu-
lement de la fondation commence par croître puis décroît au-delà d’une certaine valeur de
l’élancement. Au total, il est donc impossible de trancher à ce stade, même qualitativement,
sur les variations du facteur d’amortissement dans la gamme d’élancement des structures de
génie civil.
On exprime les conditions aux limites (2.173) et (2.174) à l’aide des équations (2.148) à
(2.151). Les équations (2.153) à (2.156), introduites pour s’assurer que toutes les variables
utilisées soient réelles, n’ont plus d’utilité dans le cadre des modes complexes. On pose pour
π ∗ π ∗ π π ∗
alléger les notations µ∗1j = δ1j , µ∗2j = δ2j (indice t omis), µ∗F j = δF∗ j , µ∗Cj = δCj et
2 2 2 2
π
µ∗Jj = δJj ∗ , de sorte que d’après (2.127) et (2.140),
2
mω̃j∗2 H 4
µ∗4
Fj = , µ∗2 H ∗4
Jj = C1 µF j , µ∗2 H ∗4
Cj = C2 µF j , (2.193)
kf
110 Chapitre 2. Dynamique de l’interaction inertielle sol structure
et d’après (2.147) :
Ì Ì
!2 !2
µ∗2 ∗2
Jj + µCj µ∗2 ∗2
Jj − µCj µ∗2 ∗2
Jj + µCj µ∗2 ∗2
Jj − µCj
µ∗2
1j = + µ∗4
Fj + et µ∗2
2j =− + µ∗4
Fj + .
2 2 2 2
(2.194)
On en déduit l’équation aux modes propres complexes de la poutre de Timoshenko sur appui
souple :
2 38 9
>
− t∗f µ∗4
F j /µ1j 1 t∗f µ∗4
F j /µ2j 1 A1j >
∗ ∗
6 7> >
6 7>>
>
>
>
>
6 7> >
6 7> >
6 µ∗2 µ∗2 7>> >
6 µ∗1j −
Cj
s∗f (µ∗2
1j − µCj )
∗2
µ∗2j +
Cj
− sf (µ1j + µCj ) 7 >A2j >
∗ ∗2 ∗2
>
6 µ∗1j µ∗2j 7 < =
6 7
6 7 = 0,
6 7>> >
>
6 7 >A >
6 − µ∗2j cos µ∗1j µ∗2j sin µ∗1j µ∗1j cosh µ∗2j µ∗1j sinh µ∗2j 7 > 3j >
6 7> >
6 7> >
6 7>>
>
>
>
>
4 5> >
:A4j ;
Cj − µ1j ) sin µ1j (µCj − µ1j ) cos µ1j (µCj + µ2j ) sinh µ2j (µCj + µ2j ) cosh µ2j
(µ∗2 ∗2 ∗ ∗2 ∗2 ∗ ∗2 ∗2 ∗ ∗2 ∗2 ∗
(2.195)
kf kf
où pour rappel, t∗f = et s∗f = .
H 3 (KH + iω̃j∗ CH ) H(Kθ + iω̃j∗ Cθ )
2.4 Conclusions
Les équations dynamiques pour chaque modèle élémentaire, mis dans les conditions de
l’interaction avec le sol par une condition d’appui souple et dissipatif, ont été établies.
La décomposition sur la base des modes complexes de la réponse du système à des sollici-
tations variées (bruit de fond, séisme, excitateur harmonique, choc) a été explicitée de sorte
que les relations permettant de déterminer, à partir de mesures in situ correctement ciblées et
d’un choix de sollicitation approprié, les propriétés modales du système sol structure, ont été
clairement mises en évidences. Si le système s’avère fortement amorti par la radiation d’énergie
à travers la fondation, l’identification modale, y compris du fondamental, est complexe : seul
l’enregistrement d’oscillations libres, provoquées par exemple par un choc excitant principa-
lement le mode fondamental, nous semble (dans l’état actuel de nos connaissances) indiqué
dans ce cas.
La question de l’analyse inverse du système, à savoir l’identification des caractéristiques
propres de la structure (sur base rigide) et de la condition d’appui (impédance de fondation), à
partir de mesures in situ, a également été posée pour le mode fondamental : on a montré qu’elle
est possible directement par passage dans le domaine fréquentiel, moyennant l’hypothèse que
2.4. Conclusions 111
la déformée interne de la structure soit identique sur base souple (en interaction avec le sol)
et sur base rigide (en l’absence d’interaction).
M1
Cθ /H12 CH 2ξ1 M1 ω1
∗
p1 H1 θ01 p1 u∗01 1
RH
φ1 φ̃∗1
0
RH2
0 φ1
Fig. 2.25 – Fonctionnement en série du modèle à 1 degré de liberté sur sol souple
Partant d’une formulation aussi générale que possible des équations de vibration des
poutres continues, deux aspects, généralement négligés en théorie des poutres mais suscep-
tibles d’émerger dans les modèles de structures homogénéisées, ont été introduits :
• La coexistence, dans le même ordre de grandeur, des déformations de cisaillement et de
flexion définit un modèle intermédiaire, de poutre dite de Timoshenko, dont les condi-
tions de dégénérescence vers l’un ou l’autre des modèles de comportement « pur » (en
flexion ou en cisaillement), ont été étudiées en détail. On retient surtout que la part du
fonctionnement en cisaillement augmente au détriment de la flexion lorsque l’élancement
structurel diminue, ou si l’on considère des modes d’ordre de plus en plus élevé.
• La prise en compte de l’inertie de section entraîne de nettes complications : contrairement
à notre intuition initiale, son effet ne conduit pas à favoriser un peu plus les déformations
de cisaillement au détriment de la flexion, en limitant les rotations de section, plus
coûteuses en énergie. Ce raisonnement à force imposée s’avère erroné ; de fait, l’inertie
de section ajoute une dimension supplémentaire au problème en introduisant un nouveau
jeu de coordonnées modales indépendantes, définies par les modes du modèle dégénéré
dit de « poutre à effort tranchant nul ».
Chapitre 3
113
114 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
Les équations modales du système sol structure, pour les modèles élémentaires les plus
courants, ont été établies au chapitre 2 moyennant l’hypothèse que l’action du sol sur la
fondation peut être modélisée par des impédances équivalentes (cf. chapitre 1). Quelques
tendances qualitatives de l’effet de l’interaction sol structure sur le mode fondamental ont pu
être dégagées.
Cependant, l’étude des modes supérieurs aussi bien que la quantification des tendances
observées, nécessitent la résolution numérique des équations modales à partir de valeurs expli-
cites des impédances de fondation. De même que pour la structure, il est irréaliste d’envisager
des calculs sophistiqués de ces impédances. Une méthode d’estimation simple mais fiable, ba-
sée sur le modèle de cône (Meek et Veletsos, 1974) est présentée. Une modification du modèle
de cône est proposée de manière à rendre compte de certaines évolutions de la vitesse effective
des ondes rayonnées par la fondation, qui restent inaccessibles au modèle de base.
A l’issue de ces étapes, nous serons en mesure de :
– mettre en évidence des paramètres essentiels, simples à estimer, qui gouvernent l’inter-
action sol structure ;
– puis brosser, par une étude paramétrique appropriée, le tableau de la nature et de
l’importance des effets de l’interaction sol structure sur la réponse vibratoire, pour les
comportements structurels types.
Au regard de ces objectifs, seuls les modèles de structure les plus simples correspondant aux
cinématiques les plus stéréotypées sont retenus :
– les modèles théoriques d’oscillateur à un degré de liberté et de bloc rigide sur sol souple,
présentés en soutien des modèles d’application pratique, à savoir,
– la poutre de cisaillement pur, préférée au modèle brochette peu propice à l’adimension-
nalisation compte tenu de la variable nombre d’étages, et la poutre de flexion pure.
Les modèles continus plus sophistiqués incluant l’inertie de section, et/ou la cohabitation des
déformations de flexion et de cisaillement (poutre de Timoshenko), ne sont pas abordés et
pourront faire l’objet de développements futurs. Notez que le comportement de la poutre
de Timoshenko est intermédiaire entre le comportement en flexion et le comportement en
cisaillement qui l’encadrent.
Le point clé de l’analyse de l’interaction inertielle sol structure est le calcul préalable de la
relation de couplage effort/déplacement à l’interface sol fondation, c’est à dire la construction
de la matrice d’impédance de la fondation. On rappelle (cf. 1.2.5) que si la fondation présente
une symétrie selon les plans verticaux (e1 , e3 ) et (e2 , e3 ) (fondation parallélépipèdique, cylin-
drique, etc...), les degrés de liberté se découplent deux à deux ; la relation entre mouvements
3.1. Calcul des impédances de fondation 115
degré de trans. horiz. trans. vert. rot. d’axe horiz. torsion d’axe vert.
liberté (tamis) (pompage) (roulis) (lacet)
8µs r0 4µs r0 8µs r03 16µs r03
rigidité statique
2−ν 2−ν 3(1 − ν) 3
Tab. 3.1 – Coefficient de rigidité statique d’une fondation circulaire superficielle reposant sur
un demi-espace homogène.
λs
kα et cα , qui ne dépendent que de a0 et du coefficient de Poisson ν = , sont les coef-
2(λs + µs )
ficients respectivement de rigidité et d’amortissement dynamique. On trouvera les expressions
analytiques des 4 coefficients de rigidité statique indépendants dans le tableau 3.1.
– d’une part, le calcul de l’impédance requiert l’utilisation d’un code de calcul sophis-
tiqué. Une bonne compréhension du phénomène d’interaction sol structure (pour une
description générale comme dans le cadre de ce mémoire, ou à des fins de conception
ou d’évaluation d’un ouvrage particulier), de l’importance relative des différents pa-
ramètres et de la manière dont ils agissent sur le problème, supposerait qu’un grand
nombre d’études paramétriques ou de sensibilité soient conduites de sorte que leur coût
s’avérerait prohibitif ;
– plus fondamentalement, ces méthodes numériques, quoique indispensables pour traiter
des situations complexes de manière réaliste, ne sont pas nécessairement les plus adaptées
pour éclairer la physique des phénomènes mis en jeu, tout du moins dans ses aspects les
plus fondamentaux.
A contrario, des modèles simplifiés ne vont fournir qu’une solution approchée ; mais, en ne
retenant que les paramètres les plus significatifs, ils permettent d’appréhender les mécanismes
impliqués dans le phénomène de manière plus parlante. En outre, la précision de bons mo-
dèles simplifiés peut être tout à fait suffisante pour des cas pratiques, que ce soit au stade
préliminaire de la conception, dans les études de vulnérabilité mises en place à l’échelle d’une
ville ou pour caractériser un type de construction répandu, ou encore vis à vis des nombreuses
incertitudes pesant sur l’interprétation de mesures réalisées in-situ.
Dans la pratique, l’utilisation d’un code de calcul basé sur les éléments finis de frontière,
couplée à un code éléments finis pour tenir compte de la non-linéarité du sol (Wolf, 1988),
est réservée à des installations très spécifiques (centrales nucléaires etc...). C’est pourquoi dès
l’origine, les mêmes chercheurs engagés dans la mise au point d’une formulation rigoureuse du
calcul de l’impédance, ont essayé dans le même temps de développer des modèles simplifiés,
à la fois pour expliquer leurs résultats et répondre aux besoins de l’ingénierie courante ou de
leurs propres études expérimentales. Ces tentatives peuvent être de nature très différente. On
distingue, grossièrement, deux types d’approche :
– certains auteurs ont proposé, pour chaque degré de liberté de la fondation, des modèles
de sols constitués d’un nombre plus ou moins grand de masses, ressorts et amortisseurs
à coefficients indépendants de la fréquence (Veletsos et Verbic, 1973; Wolf et Somaini,
1986; Wolf, 1991; de Barros et Luco, 1990). Les valeurs de ces coefficients sont autant
de paramètres calculés pour approcher au mieux les variations de l’impédance avec la
fréquence telles qu’elles ont été déterminées par un calcul rigoureux en élastodynamique
tridimensionnelle. Dans le même ordre d’idée, d’autres auteurs suggèrent que le processus
de calage se fasse non plus sur la réponse de la fondation (autrement dit l’impédance),
mais sur la réponse complète du système sol structure : les formules analytiques de
Gaffar-Zadeh (1992) sont obtenues par calage de la fréquence fondamentale d’un modèle
à un degré de liberté en interaction avec le sol. La transposition de ces formules pour les
structures plus complexes est basée sur l’approximation du modèle à un degré de liberté
118 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
équivalent (cf. chapitre 2). Outre leur intérêt pour l’ingénierie courante, ces modèles
à coefficients indépendants de la fréquence sont surtout intéressants pour effectuer des
calculs de réponse sismique en temporel, ouvrant ainsi la voix à la simulation de faibles
incursions dans le domaine non-linéaire ;
– procédant dans une direction différente, d’autres auteurs ont cherché à développer une
représentation simplifiée mais réaliste du sol de fondation de manière à obtenir, par
un calcul simple (généralement analytique), des valeurs de l’impédance de fondation
raisonnablement proches de celles obtenues par des méthodes plus sophistiquées. Les
approches du type modèle Winkler ont rencontré quelques succès (Novak, 1974; Nogami
et Lam, 1987; Nogami et coll., 2001) et sont particulièrement intéressantes pour les
fondations sur pieux (Novak et Aboul-Ella, 1978) ; cependant leur apport pour la com-
préhension physique du phénomène, en particulier les mécanismes de radiation d’ondes
par la fondation, est limité. Les modèles de la famille du modèle de cône constituent, à
notre connaissance, le seul ensemble théorique cohérent capable de se substituer dans de
nombreux cas à l’élastodynamique tridimensionnelle, jouant en quelque sorte, pour la
dynamique des fondations, un rôle analogue à celui de la résistance des matériaux pour
la dynamique des structures.
Le concept de cône a été introduit la première fois par Ehlers (1942) pour étudier les vi-
brations horizontales d’une fondation circulaire et superficielle. Meek et Veletsos (1974) et
Veletsos et Nair (1974) l’ont étendu au mouvement de roulis pour expliquer quelques unes
des caractéristiques de base des coefficients de rigidité et d’amortissement dynamique. Par la
suite, le modèle de cône a été utilisé avec succès pour clarifier le phénomène d’amortissement
radiatif en deux et trois dimensions (Gazetas et Dobry, 1984; Gazetas, 1987), ou encore, en
présence d’une couche molle, celui de l’absence d’amortissement radiatif pour les fréquences
inférieures à celle de la couche (Meek et Wolf, 1991) ; leur étude, comme celle de leurs prédé-
cesseurs, illustre de manière frappante la capacité du modèle de cône à expliciter la physique
de l’interaction entre le sol et la fondation, du moins dans ses aspects fondamentaux. En-
couragés par cette constatation, Meek et Wolf ont perfectionné le modèle de cône et calculé
les impédances d’une fondation sur sol homogène (Meek et Wolf, 1992a), d’une fondation sur
couche molle et substratum rigide (Meek et Wolf, 1992b), puis d’une fondation sur couche
molle et substratum souple (Wolf et Meek, 1993). Ces développements analytiques considéra-
blement plus accessibles que le calcul exact en élastodynamique tridimensionnelle, facilitent
grandement l’interprétation des mécanismes qui déterminent les caractéristiques essentielles
de la dynamique de la fondation, mais ont aussi un intérêt pratique certain compte tenu des
résultats quantitatifs obtenus ; l’étroite similitude entre ces résultats et ceux issus de méthodes
numériques sophistiquées est un argument de poids pour penser que le modèle de cône, basé
sur une description simple voire simpliste du champ d’onde, capte l’essentiel de la physique
du problème. Pour terminer, il faut signaler les tentatives réussies, quoique plus complexes,
3.1. Calcul des impédances de fondation 119
Fig. 3.1 – Représentation du cône pour chaque degré de liberté indépendant : ouverture,
nature de la déformation et vitesse de propagation de l’onde associée (d’après Wolf (1994)).
Nous présentons dans cette section le principe du calcul de l’impédance de fondation par
le modèle de cône. Nous nous limitons au cas d’une fondation de surface et d’un sol homogène.
Le cas du sol stratifié (bi-couche) est traité à la section 4.3.3.1 du chapitre 4. Une présentation
plus détaillée du modèle de cône peut être trouvée par exemple dans l’ouvrage de synthèse de
Wolf (1994).
Le sol de fondation est donc supposé homogène, élastique linéaire, semi-infini de densité
ρs . La relation contrainte-déformation dans le sol peut être exprimée indifféremment par les
deux constantes de Lamé (λs ,µs ), le couple (λs ,ν) ou encore les deux vitesses de propagation
(βS ,βP ) correspondant respectivement aux ondes S et P . Les correspondances les plus utiles
entre ces différentes constantes élastiques sont synthétisées dans le tableau 3.2.
L’interface entre le sol et la fondation rigide est un disque (plan) de rayon r0 . On en déduit sa
surface A0 = πr02 et son moment d’inertie (surfacique) par rapport à l’axe de roulis I0 = πr04 /4.
Compte tenu de la symétrie de révolution, la matrice d’impédance se déduit du calcul de la
réponse du sol à quatre déplacements indépendants imposés à la fondation : une translation
selon et une rotation autour, d’un axe horizontale de direction quelconque et passant par le
centre de la fondation, la translation selon et la rotation autour, de l’axe vertical passant
également par le centre de la fondation.
Pour chaque degré de liberté, le sol est idéalisé comme un cône semi-infini élastique dont le
sommet est situé à la côte z0 au-dessus de la surface du sol, différente pour chaque direction
120 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
λs µs ν µs βS βP
2ν λs
λs µs
1 − 2ν 2(λs + µs )
µs ρs βS2
λs (βP /βS )2 − 2
ν
2(λs + µs ) 2(βP /βS )2 − 2
µs ρs βS2
r r
µs µs
βS
ρs ρs
Ê Ê
λs + 2µs 2µs 1 − ν
βP
ρs ρs 1 − 2ν
du mouvement (figure 3.1), et dont les génératrices s’appuient sur la fondation. La portion
de sol située en dehors du volume occupé par le cône est négligée, c’est à dire qu’on lui
substitue fictivement du vide. On considère donc que lorsqu’on impose un déplacement à la
fondation, les contraintes et déformations transmises dans le sol agissent à l’intérieur d’une
surface fermée qui croît avec la profondeur ; ce qui est représenté approximativement par un
cône. Cette première hypothèse est en quelque sorte une généralisation en dynamique de la
notion de cône de diffusion des contraintes déduite, en statique, de la théorie de Boussinesq.
La deuxième hypothèse consiste à considérer que les ondes émises par la fondation se propagent
dans ce cône comme dans une pseudo-poutre élastique de section croissante, au sens de la
résistance des matériaux : chaque section plane reste plane de sorte que les déplacements
peuvent être rapportés à l’axe central du cône. On substitue ainsi au problème initial complexe
de propagations d’ondes de volume et de surface dans un milieu à trois dimensions, un problème
beaucoup plus simple de propagation, de fait unidirectionnel, dans une poutre. La nature des
ondes rayonnées et les mécanismes de déformation mis en jeu dépendent du mouvement de la
fondation considéré (figure 3.1). Pour les mouvements de tamis et de lacet (torsion), une onde
impliquant le cisaillement des sections se propage à la vitesse des ondes S, soit βS . Pour le
pompage et le roulis, les déformations se propagent par traction-compression à la vitesse des
ondes P, βP .
D’un point de vue technique, notons que la condition de radiation est vérifiée automatiquement
en ne considérant que des ondes qui se propagent vers le bas (z croissant).
Enfin, la dernière inconnue du problème, z0 , qui désigne la côte du sommet du cône, donc
de fait son ouverture, est déterminée à l’issue du calcul de l’impédance grâce aux expressions
dont on dispose en statique (tableau 3.1). De façon remarquable on constate que l’ouverture
3.1. Calcul des impédances de fondation 121
r0
z0
u0 z
T0
du(z)
τ (z) = µs
dz
122 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
dτ (z)S(z)
= −ρs ω 2 u(z)S(z) ,
dz
En ne conservant que le terme de radiation vers l’infini et compte tenu de u(z = z0 ) = u0 par
continuité du déplacement à l’interface sol fondation, il vient :
z0 ω
u(z) = u0 uc (z) avec uc (z) = exp −ikS (z − z0 ) et kS = , (3.3)
z βS
τ (z) = −µs (ikS + 1/z)u(z) . (3.4)
L’équation (3.3) définit ce qu’on pourrait appeler une onde de cône, se propageant depuis la
fondation vers l’infini à la vitesse d’une onde S, et dont le front d’onde croît avec le carré de
la profondeur tandis que son amplitude s’atténue en 1/z. Quant à la force de réaction exercée
par le sol sur la fondation, elle est donnée par l’équation (3.4) en z = 0 soit :
où on rappelle que a0 = ωr0 /βS = 2πr0 /λS est la fréquence adimensionnelle du problème.
L’ouverture du cône, qui ne dépend que du coefficient de Poisson, est assez grande : z0 /r0 ≈ 2/3
3.1. Calcul des impédances de fondation 123
z0 π
kH = 1 et cH = = (2 − ν) (3.6)
r0 8
ne dépendent pas de la fréquence. Autrement dit, le sol agit, pour ce mouvement de la fonda-
tion, comme un appui visco-élastique composé d’un ressort et d’un amortisseur à coefficients
constants.
Le calcul de l’impédance pour la translation verticale (pompage) est tout à fait analogue à celui
qui vient d’être présenté pour la translation horizontale. Le mouvement vertical harmonique
de la fondation donne naissance à une onde unidirectionnelle selon l’axe du cône. Le bilan des
efforts de traction-compression s’exerçant sur une tranche d’épaisseur infinitésimale donne :
dσ(z)S(z)
= −ρs ω 2 u(z)S(z) ,
dz
soit, compte tenu de la relation entre contrainte et déformation σ = (λS +2µS )u,z et λS +2µS =
ρβP2 ,
2
d2 zu(z) ω
+ zu(z) = 0 . (3.7)
dz 2 βP
On reconnaît cette fois l’équation de propagation d’une onde P. Le champ rayonné est celui
d’une onde de cône,
z0 ω
u(z) = u0 uc (z), uc (z) = exp −ikP (z − z0 ) et kP =
z βP
se propageant à la vitesse d’une onde P. Le front d’onde balaye une surface de plus en plus
grande tandis que l’amplitude de l’onde décroît en 1/z. Revenant à la relation entre contrainte
et déformation, on calcule la force normale d’interaction à l’interface sol fondation :
N0 = −ρs βP2 S0 (ikP + 1/z0 )u0 ⇒ KV = −N0 /u0 = ρs βP2 S0 (ikP + 1/z0 ) . (3.8)
Le cône de translation verticale est plus fermé que le cône de translation horizontale (pour
ν = 1/3, z0 /r0 ≈ 2) mais agit également comme un appui visco-élastique. Ce résultat est
en contradiction avec les calculs « exacts » de Veletsos et Wei (1971) qui montrent une im-
124 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
r0
θ0 z0
z
M0
dθ dθ
M (z) = (λs + 2µs )I(z) = ρs βP2 I(z) ,
dz dz
où I(z) = (z 4 /z04 )I0 est le moment d’inertie (surfacique) de la section du cône située à la
profondeur z.
Combinant cette équation avec l’écriture de l’équilibre dynamique d’une tranche d’épaisseur
3.1. Calcul des impédances de fondation 125
dz,
dM (z)
= −ρs ω 2 θ(z) ,
dz
on obtient l’équation en θ,
d2 θ(z) 4 dθ(z)
+ + kP2 θ(z) = 0 , (3.12)
dz 2 z dz
dont les solutions respectant la condition de radiation sont de la forme (Wolf, 1994) :
θ(z) = c1 (z03 /z 3 + ikP z03 /z 2 ) exp −ikP (z − z0 ) , c1 constante qcq .
Calant cette expression avec la valeur exacte en statique (tableau 3.1) on obtient finalement,
2
9π βP 9π (1 − ν)2
z0 /r0 = (1 − ν) = , (3.13)
32 βS 16 1 − 2ν
1 a20 βS z0 a20
Kθ = Kθ,stat 1− 2 + ia0 (3.14)
3 βP r0 + a2 βP 3r0 βP r0 2 + a2
βS z 0 0 βS z 0 0
8µs r03 1 a20 3π (1 − ν)3/2 a20
= 1− 512(1−2ν)
+ ia0 √ , (3.15)
3(1 − ν) 3
81π 2 (1−ν)3
+ a20 16 2 (1 − 2ν)1/2 512(1−2ν)
81π 2 (1−ν)3
+ a20
1 a20 3π (1 − ν)3/2 a20
⇒ kθ = 1 − 512(1−2ν)
et cθ = √ . (3.16)
3
81π 2 (1−ν)3
+ a20 512(1−2ν)
16 2 (1 − 2ν)1/2 81π 2 (1−ν)3 + a0
2
Il est aisé de transposer les développements précédents au cas de la torsion (figure 3.1) :
– θ(z) désigne la rotation autour de l’axe neutre de la section à la profondeur z. I(z) est
le moment d’inertie polaire de cette section, I(z) = I0 (z/z0 )4 = πr04 /2(z/z0 )4 ;
126 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
9π
z0 /r0 = , (3.17)
32
1 a20 z0 a20
KT = KT,stat 1− 2 + ia0 2 (3.18)
3 r0 + a2 3r0 r0 + a2
z0 0 z0 0
16µs r03 1 a2 3π a2
= 1 − 20 + ia0 20 , (3.19)
3 3 32 + a2 32 32 + a2
9π 0 9π 0
1 a20 3π a20
⇒ kT = 1 − 2 et cT = 2 . (3.20)
3 32 + a2 32 32
+ a20
9π 0 9π
Les résultats numériques issus du modèle de cône convergent de manière très satisfaisante
avec les calculs tridimensionnels plus complexes (Veletsos et Verbic, 1973), à deux exceptions
près : les impédances de roulis Kθ et de pompage KV pour les sols quasi-incompressibles
(1/3 < ν < 1/2). Dans ces deux cas, le modèle de cône tel qu’il a été présenté jusque là est
incapable de reproduire la décroissance parabolique du coefficient de rigidité dynamique, et le
plafonnement de la vitesse de propagation autour de 2βS aux basses fréquences :
– La figure 3.4(a) compile les résultats d’un calcul rigoureux pour le mouvement de pom-
page et un sol peu compressible (ν = 1/3, 0.45 et 0.5). Ceux-ci mettent en évidence un
fléchissement parabolique du coefficient de rigidité dynamique kV (a0 ) aux basses fré-
quences (a0 faible) d’autant plus marqué que ν est grand. Ce résultat laisse penser que
pour ces fréquences, la réaction du sol est perturbée par la présence d’une masse piégée
sous la fondation, parce que le sol est quasi-incompressible, et vibrant en phase avec elle,
de sorte que l’impédance de pompage est celle d’un système masse-ressort-amortisseur :
« KV (ω) = K − ω 2 M + iωC ». Lorsque la fréquence augmente, la masse disparaît pro-
gressivement à l’exception du sol parfaitement incompressible (ν = 0.5). Son effet est
à peine perceptible pour ν = 1/3, mais très marquée par exemple pour ν = 0.45, à tel
point que le coefficient de rigidité dynamique a dans une certaine plage de fréquence une
valeur négative.
– Les courbes de la figure 3.4(b) représente les variations du rapport CVeq /(ρs βS S0 ) en
fonction de a0 , où CVeq est le coefficient d’amortissement de l’amortisseur dans l’analogie
visco-élastique (cf. section 1.2.5 : KV = KVeq + iωCVeq ). D’après (3.8), le modèle de cône
√
donne CVeq = ρs βP S0 , avec βP = 2βS pour ν = 1/3, βP = 11βS pour ν = 0.45
et βP → ∞ pour ν = 1/2. La droite de la figure 3.4(b) montre qu’à basse fréquence
3.1. Calcul des impédances de fondation 127
(a0 < 4), la vitesse appropriée, appelons-la βV , à inclure dans la formule de l’amortisseur
vertical est toujours plus petite que celle donnée par le modèle de cône (c’est à dire βP )
et plafonne vers 2βS : βV = 1.5βS pour ν = 1/3, βV = 1.86βS pour ν = 0.45 et
βV = 2.14βS pour ν = 1/2. En revanche, à l’exception du cas ν = 1/2, la limite haute
fréquence de la vitesse de propagation coïncide avec celle prévue par le modèle de cône.
(a) (b)
Fig. 3.4 – Coefficients d’impédance « exacts » d’une fondation circulaire en translation vertical
(pompage) à la surface d’un demi-espace homogène, pour différentes valeurs du coefficient de
Poisson ν (d’après Luco et Mita, 1987).
Des tendances identiques à celles décrites ci-dessus sont observées dans le cas du roulis (Wolf,
1994). L’utilisation du modèle de cône en l’état conduirait donc à une surestimation à basse
et moyenne fréquence de l’amortissement radiatif et du ressort de sol, pour les mouvements de
pompage et de roulis des fondations sur sols peu compressibles (typiquement des sols saturés).
C’est pourquoi Meek et Wolf (1992a) ont proposé de perfectionner le modèle de cône en
introduisant les modifications suivantes :
– Pour chacun des mouvements de roulis et de pompage, la vitesse effective de propagation,
β, à utiliser dans tous les calculs considérant le modèle de cône doit être :
8
>
<βP pour ν ≤ 1/3
β=
>
:
2βS pour 1/3 < ν ≤ 1/2
Ce choix conduit à la bonne limite haute fréquence pour ν ≤ 1/3 et ν = 1/2 et permet
le meilleur calage à basse fréquence pour toutes les valeurs de ν. Au dessus de a0 = 5
et pour ν compris entre 1/3 et 1/2, la précision est médiocre mais dans le sens d’une
sous-estimation de l’amortissement radiatif, donc dans le sens de la sécurité. Notons que
cette modification de la vitesse de propagation affecte automatiquement l’angle d’ouver-
ture du cône.
128 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
Pour le pompage, la masse piégée est remplacée par une inertie massique de rotation
déterminée également par calage :
8
>
<0 pour ν ≤ 1/3
∆I = µθ ρs r05 avec µθ =
>
:
0.3π(ν − 1/3) pour 1/3 < ν ≤ 1/2.
Les expressions des impédances de pompage et de roulis qui en découlent pour les sols quasi-
incompressibles pourront être trouvées dans le tableau de synthèse 3.3.
Avec ces modifications, le modèle de cône fournit de très bonnes approximations de l’impé-
dance, quelque soit le degré de liberté de la fondation considéré, en particulier pour les deux
plus importants du point de vue de la réponse sismique, le roulis et le tamis :
– Pour le tamis, les coefficients de rigidité kH (a0 ) et d’amortissement cH (a0 ) ont été tracés
en fonction de a0 , pour les coefficients de Poisson ν = 0, 1/3, et 1/2, à la figure 3.5 (tirée
de Wolf (1994)). Les courbes (lignes pleines ou tiretées) sont celles du modèle de cône.
Les calculs « exacts » effectués par Veletsos et Wei (1971) sont représentés par des points
distincts. On constate que dans la gamme 0 ≤ a0 ≤ 8, la convergence entre les deux
méthodes est très satisfaisante, quelque soit la valeur de ν. L’analogie entre la réaction
du sol et celle d’un appui visco-élastique est très largement confirmée, même si le modèle
de cône surestime légèrement l’amortissement radiatif à basse fréquence (cf. figure 3.5(b)
pour a0 < 2). Cette surestimation n’excède pas cependant 15 %. Les valeurs de c(a0 ),
comparables à celles de k(a0 ), laissent percevoir que la réponse dissipative du sol peut
jouer un rôle notable à moyenne et haute fréquence.
– Les graphes de la figure 3.6 nous permettent également de constater le bon comportement
du modèle de cône pour le roulis. L’erreur sur kθ est maximale (de l’ordre de 30 %) pour
ν = 1/3 et a0 > 2 − 3 (figure 3.6(a)). Ceci s’explique par le fait que pour les valeurs de
ν supérieures, la précision du modèle de cône est rétablie par calage de la valeur de la
masse piégée (figures 3.6(c) et 3.6(d) pour ν = 0.45). A ces détails près, le modèle de
cône fournit une approximation très acceptable de l’impédance de roulis et décrit très
bien sa caractéristique principale : l’amortissement radiatif est nul à basse fréquence,
augmente ensuite avec a0 de manière parabolique puis se stabilise pour a0 & 3 autour
d’une valeur constante (figure 3.6(b)) ; au final, il est toujours sensiblement plus faible
3.1. Calcul des impédances de fondation 129
(a) (b)
Des comparaisons du même type sont présentées aux figures 3.7 et 3.8 pour l’impédance de
torsion et de pompage vertical. Elles illustrent une nouvelle fois la fiabilité remarquable du
modèle de cône.
130 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
(a) (b)
(c) (d)
Fig. 3.6 – idem figure 3.5, cette fois pour l’impédance de roulis.
3.1. Calcul des impédances de fondation 131
(a) (b)
(c) (d)
Fig. 3.7 – idem figure 3.5, pour l’impédance de pompage. Les résultats « exacts » sont tirés
de Luco et Mita (1987).
(a) (b)
Fig. 3.8 – idem figure 3.5, pour l’impédance de lacet (torsion) indépendante du coefficient de
Poisson ; résultats « exacts » d’après Veletsos et Nair (1974).
132
Mouvement rayon ouverture Poisson vitesse de propag. masse piégée coefficients dynamiques
r0 z0 /r0 ν β µ
π
Tamis (2 − ν) ∀ν βS 0
8
µ z0 βS2 2
r k(a0 ) = 1 − a
S0 π r0 β 2 0
r
2I0 9π
Torsion 4
∀ν βS 0
π 32
4 µ z0 βS2 2 1 a20
k(a0 ) = 1 − a −
3 π r0 β 2 0 3 β r0 2
+ a20
βS z 0
r ν ≤ 1/3 βP 0 βS z0 a20
4I0 9π β2 c(a0 ) =
Roulis 4
(1 − ν) 2 β 3r0 β r0 2
+ a20
π 32 βS βS z 0
1/3 < ν ≤ 1/2 2βS 0.3π(ν − 1/3)
Tab. 3.3 – Modèle de cône : fonctions d’impédance d’une fondation circulaire à la surface d’un demi-espace élastique homogène.
3.1. Calcul des impédances de fondation 133
Comme il a été dit précédemment, l’intérêt du modèle de cône, outre le fait qu’il four-
nit de bonnes estimations des impédances de fondation, est d’être basé sur une description
simplifiée, mais physiquement fondée, des ondes rayonnées par la fondation, tout du moins
tant que le coefficient de Poisson est inférieur à 1/3. Dans le cas des sols peu compressibles
(ν > 1/3) et des mouvements de pompage et de roulis, il s’est avéré nécessaire d’introduire
« artificiellement » une masse piégée (déterminée par calage) et de fixer la vitesse des ondes
de cône à 2βS ; ces modifications ne sont pas prévues par la construction du champ de cône
et constituent de ce fait une limitation de la capacité du modèle à « expliquer » la physique
du phénomène.
Nous proposons dans cette section une construction alternative du champ de cône qui lève
cette difficulté. Nous considérons seulement le mouvement de pompage. Une transposition au
roulis semble possible quoique plus complexe du fait de la perte de la symétrie cylindrique.
On impose donc à la fondation un déplacement vertical u0 . Comme précédemment, ce dépla-
cement donne naissance à un champ unidirectionnel (toutes grandeurs ne dépendent que de
z). Les sections planes restent planes et subissent sous l’effet de la contrainte verticale σ(z),
un déplacement d’ensemble u(z). Avec ces hypothèses, on a l’équation d’équilibre :
dσ(z)S(z)
= −ρs ω 2 u(z)S(z) .
dz
avec à l’interface cône/massif σr′ = σr et ε′θ = εθ , et compte tenu de l’isotropie dans le cône
et de la symétrie cylindrique, σθ = σr et εθ = εr .
Par ailleurs, le sol étant supposé élastique, contrainte et déformation sont liés par l’équation,
σ = λs tr(ε)I3 + 2µs ε .
134 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
On en déduit :
8
<σ ′ = 0
z
⇒ ε′θ = −ε′r ,
: ′
εz = 0
puis,
λs ε ν ε
εr = εθ = − =− . (3.21)
λs + 2µs 2 1−ν2
z0 ω ω
u(z) = u0 exp −ikV (z − z0 ) avec kV = =È 2 .
z βV
1−ν βS
Il vient alors :
2µs z0
σ(z) = − (ikV + 1/z)u0 exp −ikV (z − z0 ) ,
1−ν z
puis par passage à la limite en z = z0 ,
π
,z0 /r0 = (3.23)
2 r
z0 βS 4µS r0 π 1−ν
KV = KV,stat 1 + ia0 = 1 + ia0 , (3.24)
r0 βV 1−ν 2 2
r
z0 βS π 1−ν
⇒ kV = 1 et cV = = . (3.25)
r0 βV 2 2
Ces expressions et celles obtenues par Meek et Wolf (1992a) (équations (3.9)-(3.11)), coïn-
cident pour ν = 0 mais divergent pour toutes les autres valeurs du coefficient de Poisson. Ceci
s’explique très bien si on remarque qu’en imposant comme vitesse de propagation βP , Meek
et Wolf construisent en réalité une onde se propageant sans déformation transversale (comme
une onde P dont le front d’onde est infini). Si ν = 0, les déformations longitudinales (selon z)
n’entraînent aucune déformation transversale et la différence entre les hypothèses de Meek et
celles retenues ici ne se ressent pas.
En l’état, cette modification du modèle de cône permet une meilleure interprétation physique
de la vitesse effective de propagation. Examinons maintenant de plus près le raccord cinéma-
tique au dessous de la fondation afin d’éclaircir le concept de masse piégée. D’après (3.21), le
tenseur des déformations à l’intérieur du cône, donné par,
2 ν 3
− 0 0
6 2(1 − ν) 7
6 ν 7
ε=6
6 0 − 07
7ε,
4 2(1 − ν) 5
0 0 1
est incompatible avec des déformations latérales (c’est à dire dans le plan (er , eθ )) supposées
nulles à l’interface avec la fondation rigide (frettage du sol par la fondation). On peut s’at-
tendre à ce que le raccord cinématique entre le champ de cône et la fondation, assuré par un
champ de description complexe, conduise à une valeur d’impédance notablement différente de
celle prévue par le modèle.
Pour déterminer ce raccord cinématique, rendant compatible le champ de cône avec l’indéfor-
mabilité de la fondation, notons que dans la direction, donnée par le vecteur t {sin α 0 cos α}
en coordonnées cylindriques, le milieu subit l’élongation :
2 ν 38 9
− 0 0 >
> sin α >
>
6 2(1 − ν) 7>
< >
=
δl 6 ν 7 ν
=6
6 0 − 07
7> 0 > = − sin2 α + cos2 α ε .
l 4 2(1 − ν) 5> > 2(1 − ν)
> >
0 0 1 :cos α;
136 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
Pour tan2 α = 2(1 − ν)/ν, l’élongation est nulle, de sorte que le point dans l’axe du cône
P situé à la profondeur r0 / tan α sous la fondation se déplace avec elle (figure 3.9). Par
conséquent, il apparaît que pour assurer la compatibilité cinématique, le disque entraîne dans
son mouvement une partie du sol de fondation dont on peut estimer que le volume est compris
entre celui du cône de sommet P et celui du cylindre de hauteur r0 / tan α. La comparaison
entre cette estimation de la masse entraînée et celle obtenue par calage du modèle de cône
(figure 3.10) montre une bonne cohérence des ordres de grandeur. La droite du modèle de
cône classique de Meek-Wolf, ainsi que son coefficient directeur sont compris dans l’intervalle
des estimations haute (cylindre) et basse (cône) fournies par le modèle de cône+confinement
présenté ici, dès lors que ν est supérieur à 0.37. En outre pour ν inférieur à 1/3, le modèle
de cône+confinement montre qu’il subsiste une masse entraînée ; ce résultat est conforme
avec l’amorce, à basse fréquence, d’une décroissance parabolique du coefficient de rigidité
dynamique « exact » (figure 3.7(a) pour ν = 1/3). En revanche, le modèle de cône+confinement
ne permet pas d’expliquer la disparition progressive de la masse entraîné et la remontée du
coefficient de rigidité dynamique vers sa valeur statique, à haute fréquence.
Au bilan, il apparaît que le modèle de cône selon Meek-Wolf (sans masse ajoutée par calage)
champ de contrainte
et de déformation
complexes
u0
ε= 0 r0
0 ε= tan α
α
P
u0
champ de cône
2 ν 3
− 0 0
6 2(1 − ν) 7
ε=6 ν 7
4 0 − 05 ε
2(1 − ν)
0 0 1
est plus pertinent à haute fréquence, tandis que le modèle de cône+confinement présenté ici
donne de meilleurs résultats à basse fréquence. Cette constatation est conforme à l’intuition :
– Lorsque la fréquence augmente, les ondes inhomogènes qui assurent la compatibilité
cinématique entre le frettage par la fondation et l’onde de cône homogène affectent une
profondeur de plus en plus faible du massif de sol ; la masse de sol piégée sous la fondation
disparaît progressivement (figure 3.4(a)). Par ailleurs, les dimensions transversales du
3.1. Calcul des impédances de fondation 137
0.8
0.7
masse piégée − coefficient µ
0.6
Cône confiné − estimation basse et haute
0.5
0.4
0.3 Meek−Wolf
0.2
0.1
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
coefficient de Poisson ν
Fig. 3.10 – Comparaison des estimations de la masse entraînée par la fondation dans le
mouvement de translation verticale (pompage) : modele de Meek-Wolf (pointillés) et modele
de cône+confinement (traits pleins).
cône devenant très grandes par rapport à la longueur d’onde, la vitesse effective de
l’onde de cône est celle de l’onde P (dont le front d’onde est infini) (figure 3.4(b)). Ces
tendances coïncident avec les hypothèses de base du modèle de Meek-Wolf qui apparaît
donc plutôt comme un modèle haute fréquence donnant des résultats corrects à basse
fréquence grâce au calage pour a0 = 0 avec l’expression connue de la rigidité statique.
– Le modèle présenté ici est meilleur à basse fréquence pour des raisons strictement in-
verses : on comprend intuitivement que les grandes longueurs d’onde soient plus sensibles
aux dimensions transversales du problème (celles de la fondation, du cône). Ce phéno-
mène est capté par la prise en compte du confinement du cône par le massif, et les
vitesses effectives de propagation obtenues sont très proches des vitesses réelles.
Pradhan et coll., 2004). Il existe également dans la littérature un certain nombre de recomman-
dations d’ajustement de la solution de base (fondation circulaire sur sol homogène), calibrées
sur les résultats de méthodes numériques sophistiquées et parfois données sous la forme d’une
formule analytique approchée. Cependant, la prise en compte explicite de ces situations va au
delà des objectifs de ce travail et risquerait d’obscurcir les résultats d’une étude paramétrique
déjà relativement complexe. Il convient toutefois de commenter rapidement quelques résultats,
issus de la littérature, afin de cerner les limites de l’utilisation du modèle de base (fondation
rigide, circulaire, reposant à la surface d’un demi-espace homogène) et par là des résultats tirés
de l’étude paramétrique qui suit ; il s’agit également d’ouvrir quelques pistes pour l’adaptation
des modèles simplifiés utilisés dans cette étude à des fins expérimentales.
Les profils de sol non homogènes peuvent souvent être caractérisés par une augmentation
graduelle de la rigidité avec la profondeur, ou a contrario un substratum rocheux très dur
surmontée de couches de sol souple.
Pour les profils présentant cette évolution progressive de la rigidité, un choix courant consiste
à utiliser les valeurs de l’impédance d’un sol homogène dont les propriétés mécaniques sont
celles mesurées à la profondeur 0.5 r0 du sol hétérogène. Dans tous les cas, ce profil continu
n’est pas le siège d’un phénomène physique majeur susceptible de modifier qualitativement
l’interaction entre sol et structure.
Les différences entre un sol homogène et un sol constitué d’une couche de sol présentant un
fort contraste de rigidité avec le substratum rocheux sont plus fondamentales. Le point clé
tient au piégeage dans la couche des ondes émises par la fondation et réfléchies à l’interface
sol substratum. Le coefficient de rigidité dynamique suit les mêmes tendances que dans le cas
homogène mais présente des oscillations associées à la fréquence de résonance de la couche.
Ces oscillations sont particulièrement marquées à faible niveau d’amortissement hystérétique
mais peuvent être négligées dès lors que l’amortissement hystérétique dépasse 7 % (Roesset,
1980). Au-delà de la fréquence de résonance de la couche, l’amortissement radiatif est proche
de celui sur sol homogène ; en revanche, il est remarquable de constater qu’en deçà de cette
fréquence l’amortissement radiatif est nul.
La généralisation du modèle de cône au cas d’une couche de sol souple reposant sur un substra-
tum rigide, présentée à la section 4.3.3.1, reproduit de manière très satisfaisante les caractéris-
tiques qui viennent d’être décrites, tout en offrant un éclairage très intéressant des phénomènes
mis en jeu. Une étude paramétrique de l’effet de cette configuration de sol sur l’interaction sol
structure est possible avec ce modèle, mais n’est pas présentée dans ce mémoire.
3.1. Calcul des impédances de fondation 139
Le premier effet de l’enfouissement est évidemment une augmentation des rigidités sta-
tiques de la fondation (selon tous ses degrés de liberté) ; des expressions analytiques de ces
rigidités statiques sont disponibles dans la littérature.
En dynamique, les valeurs numériques des coefficients de rigidité et d’amortissement dyna-
miques (normalisés par rapport à la rigidité statique adéquate) d’une fondation cylindrique,
enterrée dans un milieu homogène ou stratifié, ont été obtenues par exemple par Apsel et
Luco (1987). Une comparaison complète entre ces valeurs et celles obtenues pour un sol homo-
gène serait fastidieuse, compte tenu du nombre de paramètre, et hors de propos. Les grandes
tendances, vérifiées pour la plupart des cas pratiques, sont les suivantes :
– les coefficients de rigidité dynamique, c’est à dire les variations de la réponse élastique
du sol en fonction de la fréquence, sont sensiblement identiques à ceux de la fondation
superficielle ; ces derniers peuvent être utilisés en première approximation ;
– la différence entre la fondation enterrée et la fondation superficielle est beaucoup plus
significative en ce qui concerne les coefficients d’amortissement dynamiques. On observe
une augmentation systématique de la dissipation radiative avec un enfouissement crois-
sant atteignant par exemple pour un sol de coefficient de Poisson ν = 0.5 et un rapport
d’enfouissement e/r0 = 1 (e étant la profondeur de la fondation) : 25 % pour cH (tamis),
50 % pour cV (pompage) et 10 % pour cθ (roulis). Malgré ces variations quantitatives, il
est intéressant de constater que l’allure des courbes d’amortissement dynamique restent
qualitativement inchangée : quasi plates pour les mouvements de translation selon les-
quels la réponse du sol est sensiblement celle d’un appui visco-élastique (à l’exception des
sols peu compressibles pour le pompage) ; partant de 0 à très basse fréquence, croissant
d’abord de manière exponentielle puis plus lentement pour rejoindre un plateau à haute
fréquence, pour les mouvements de rotation. Enfin, de même que dans le cas superficiel,
le mouvement de roulis reste quelque soit la fréquence, moins dissipatif que le tamis.
Encore une fois, l’enfouissement de la fondation peut être intégré à une étude paramétrique de
l’interaction sol structure grâce aux nombreuses expressions analytiques approchées que l’on
trouve dans la littérature (Pais et Kausel, 1988, par exemple). Constatant d’une part qu’il ne
modifie pas fondamentalement la réponse du sol, d’autre part que la plupart des structures
auscultées par le laboratoire sont fondées en surface (ou ont au plus un étage enterré pour
un coefficient d’enfouissement faible de l’ordre de 1/5), nous n’avons pas tenu compte de ce
paramètre.
Les structures courantes telles que celles qui sont l’objet de cette étude possèdent en gé-
néral une fondation de forme rectangulaire. L’usage convient d’analyser de telles fondations
rectangulaires à l’aide des impédances calculées pour une fondation circulaire équivalente,
140 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
dès lors que le rapport entre leurs dimensions longitudinale et transversale n’excède pas 4.
On définit ainsi quatre rayons équivalents différents, à utiliser dans les formules établies pré-
cédemment pour une fondation circulaire (tableau 3.3), calculés de manière à retrouver les
valeurs respectivement, de la surface de la fondation rectangulaire pour les mouvements de
translation, des moments d’inertie (axial ou polaire) pour les mouvements de rotation. Ces
critères d’utilisation courante, adoptés par la plupart des codes sismiques internationaux, sont
corroborés par exemple par le travail de synthèse réalisé par Dobry et Gazetas (1986). Ils
conduisent toutefois à une sous-estimation de l’amortissement en roulis aux basses fréquences.
En effet, comme on l’a vu précédemment (figures 3.6(b) et 3.6(d)), le coefficient d’amortis-
sement cθ d’une fondation circulaire est faible aux basses fréquences : les ondes émanant de
la fondation interfèrent et se neutralisent mutuellement (le mouvement de roulis impliquant
fondamentalement une opposition de phase de part et d’autre de l’axe de rotation). Ces in-
terférences destructives disparaissent progressivement quand la fréquence augmente, les deux
extrémités de la fondation agissant de plus en plus comme des sources indépendantes, et le
coefficient d’amortissement tend vers une valeur finie à haute fréquence. Pour les fondations
rectangulaires, ce phénomène d’interférence est réduit conduisant à un coefficient d’amortis-
sement supérieur à basse et moyenne fréquence (a0 < 2) mais tendant asymptotiquement vers
celui de la fondation circulaire équivalente à haute fréquence (a0 > 3 − 4).
Les calculs d’impédance présentés dans ce qui précède sont basés sur l’hypothèse d’une
fondation agissant comme une interface parfaitement rigide entre le sol et la structure. La
prise en compte de la déformabilité de la fondation est un problème complexe qui nécessite
de recourir à des méthodes de discrétisation numérique sophistiquées. Comme dans les para-
graphes précédents, nous tentons, sur la base des résultats disponibles dans la littérature, de
savoir dans quelle mesure et dans quelles conditions la souplesse de la fondation est susceptible
d’être mobilisée et de modifier sensiblement la valeur de l’impédance.
La fondation étant en général très rigide dans son plan, les impédances de tamis dans l’hypo-
thèse d’une fondation rigide ou flexible sont similaires. La plupart des études se concentrent
sur le mouvement de roulis qui sollicite d’avantage la résistance hors plan. Les éléments mis
en jeu sont évidemment les caractéristiques de solidité de la fondation (sa résistance aux ef-
forts hors plan) mais aussi les caractéristiques de la structure même. Une structure construite
autour d’un noyau central reprenant l’essentiel des efforts constitue un cas exemplaire étudié
par Iguchi et Luco (1982). La base du noyau poinçonne la fondation qui subit dans cette zone
une rotation bien plus marquée que dans le périmètre (voir par exemple Luco et coll., 1988,
pour une mise en évidence expérimentale de ce phénomène). Dans un cas limite (fondation très
flexible), l’impédance coïncide avec celle de la portion de fondation sur laquelle repose le noyau
central et est considérablement plus faible que l’impédance de la fondation rigide (Kθ ∼ r03 ).
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 141
Deux autres configurations intéressantes car représentatives d’un certain nombre de situations
courantes ont été étudiées par Liou et Huang (1994) et Riggs et Waas (1985). Le contact entre
la structure et la fondation est assuré, pour les premiers par un mur peu épais situé sur le pé-
rimètre de la fondation (circulaire), pour les seconds par des voiles concentriques plus rigides.
Dans le premier cas et a fortiori le second, la présence du mur en périmètre suffit à assurer
une rotation d’ensemble de la fondation aux basses fréquences, c’est à dire lorsque le rayon de
la fondation est petit devant la longueur d’onde (typiquement jusqu’à a0 = 2πr0 /λS < 3 − 4).
En conclusion, il apparaît que sauf présence d’un noyau central ou d’une discontinuité mé-
canique du même type, la souplesse de la fondation peut être négligée à basse fréquence. Il
est impossible, compte tenu de la variété des configurations de murs rencontrées, de définir
avec précision l’étendue du domaine de fréquence dans lequel l’hypothèse de fondation rigide
est acceptable. Le critère intuitif de comparaison entre la longueur d’onde et le rayon de la
fondation (fondation rigide si la longueur d’onde des déformations dans le sol est très grande
devant le rayon de la fondation et inversement) peut être dépassé dans un sens ou dans l’autre
sous l’action de la structure : une répartition très irrégulière des efforts favorise la déformation
de la fondation, au contraire une répartition régulière de murs offre une grande résistance aux
efforts normaux et ainsi aux déformations hors plan de la fondation.
Au vu de ce constat et de l’impossibilité d’intégrer de manière simple la souplesse de la fonda-
tion aux modèles sol structure étudiés, ce problème n’est qu’effleuré dans la suite de ce travail :
les modes du système sol structure sont déterminés en supposant la fondation parfaitement
rigide ; dans un deuxième temps, le réalisme ou la portée générale des résultats obtenus sont
jaugés au regard de la valeur plus ou moins élevée de la fréquence adimensionnelle associée à
chacun de ces modes.
Nous tirons profit maintenant des expressions de l’impédance fournie par le modèle de
cône pour examiner quelques systèmes sol structure élémentaires, en ne considérant que les
mouvements de translation horizontale (tamis) et de rotation d’axe horizontal (roulis), couplés
par les efforts de la structure sur la fondation (en toute rigueur le couplage est également assuré
par le sol et le terme d’impédance KHθ , mais ce couplage est généralement négligeable). Les
cinématiques de pompage vertical et de torsion pourraient être traitées de la même manière,
mais sont moins facilement activées sous séisme (pour des structures régulières) et présentent
donc un intérêt plus limité.
Les expressions des fonctions d’impédance de tamis et de roulis, présentées de manière
synthétique dans le tableau 3.3, soulignent les différences de réaction du sol à ces mouvements
de la fondation. On rappelle qu’en translation la partie réelle de l’impédance est indépendante
de la fréquence, tandis que la partie imaginaire croît linéairement avec la fréquence (figure 3.5).
142 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
θ0
(Mt , JG )
Fig. 3.11 – Bloc rigide sur G H
sol souple : notations. KH
u0
CH
Kθ Cθ
Les caractéristiques du bloc rigide sont sa masse Mt , moment d’inertie massique JG par
rapport au centre de masse G, hauteur H (figure 3.11). Il repose sur une fondation rigide dont
l’impédance est donnée, en roulis, par les coefficients de ressort et d’amortisseur équivalent
Kθ et Cθ , en translation horizontale par KH et CH . L’impédance de couplage entre ces deux
mouvements est, conformément à l’usage, négligée. Les expressions de ces coefficients d’impé-
dance sont données par le modèle de cône appliqué à une fondation de rayon (équivalent) r0
à la surface d’un sol pouvant être assimilé à un demi-espace élastique homogène.
Introduisant comme pour les modèles de poutres continues (cf. 2.3) l’inertie massique de sec-
tion J, on a : JG = HJ + Mt H 2 /12.
3.2.1.1 Equations de vibration et équations modales du bloc rigide sur sol souple
domaine fréquentiel) :
8
> Mt H
>
<Mt ü0 + θ̈0 + CH u˙0 + KH u0 = 0
2
>
> MH
: t ü0 + J0 θ̈0 + Cθ θ̇0 + Kθ θ0 = 0
2
2 KH CH
ωH = et ξH = ,
Mt 2Mt ωH
Kθ Cθ
ωθ2 = et ξθ = .
J0 2J0 ωθ
Les modes propres réels (classiques) du système bloc rigide sont définis par les valeurs et vec-
teurs propres du système (3.26) non amorti, c’est à dire où tous les coefficients d’amortissement
sont considérés comme nuls. On vérifie aisément que le passage à ces coordonnées modales ne
découple pas les termes d’amortissement. Une meilleure description modale est donnée par les
deux modes complexes solutions du problème aux valeurs propres complexes intégrant direc-
tement l’amortissement. ω̃i∗ pulsation propre complexe est telle que le déterminant du système
(3.26) soit nul :
2
ωH ω̃ ∗ ωθ2 ω̃ ∗ Mt (H/2)2
1 − ∗2 1 + 2i i ξH 1 − ∗2 1 + 2i i ξθ = ∈ R+ . (3.27)
ω̃i ωH ω̃i ωθ J0
8 9 8 9
> ∗ > 1 >
< u01 >
= >
< >
=
φ̃∗1 = = 2 , (3.28)
>
:H ∗ > > ωH ω̃ ∗ >
θ ; 01
>
: ∗2 1 + 2i 1 ξH − 1>
;
2 ω̃1 ωH
Mode 1
8 9 8 9
> u ∗ > >
> 1 >
>
< 02 = < =
φ̃∗2 = = 2 . (3.29)
>
:H ∗ > > ωH ω̃ ∗ >
θ ; 02
>
: ∗2 1 + 2i 2 ξH − 1>
;
2 ω̃2 ωH
Mode 2
On rappelle que physiquement le mode complexe i = 1, 2 est un mode amorti qui oscille à la
pulsation Re(ω̃ ∗ ) et décroît exponentiellement avec le taux d’amortissement ξ˜i = Im(ω̃ ∗ )/kω̃ ∗ k.
i i i
La translation horizontale u0 et le basculement θ0 de la fondation sont déphasés, c’est à dire
qu’ils n’atteignent pas leur amplitude maximale au même instant. Nous ne revenons pas plus
en détail sur ce problème d’interprétation du mode complexe qui a été largement développé
au chapitre 2.2 sous tous ses aspects (réponse en oscillation libre, régime forcé...) mais nous
attachons maintenant à affiner l’analyse à partir des expressions des fonctions d’impédance.
Il en découle quatre propriétés remarquables des modes du bloc rigide sur sol souple :
– la fréquence adimensionnelle du mode i = 1, 2, a∗0i , ne dépend que des paramètres η, δ,
ν et C1H . Elle est donc, en particulier, indépendante de la rigidité du sol ;
– le facteur d’amortissement modal ξ˜i = Im(a∗0i )/ka∗0i k, possède de fait la même propriété ;
– puisque a∗0i ne dépend pas de la rigidité du sol, les pulsations propres varient linéairement
avec la vitesse des ondes de cisaillement βS (donc en racine de la rigidité µs ) ;
– de même que l’amortissement, les « déformées » modales (équations (3.28) et (3.29))
ne sont fonctions que de η, δ, ν et C1H , c’est à dire que pour un bloc rigide donné, les
parts relatives de la rotation (roulis) et de la translation (tamis) dans le mouvement
sont indépendantes de la rigidité du sol.
Il faut bien noter que ces propriétés ont été démontrées indépendamment de tout calcul ap-
proximatif des impédances de fondation. Il s’agit donc avec certitude de propriétés intrinsèques
du système bloc rigide sur sol souple.
Par ailleurs, les expressions ci-dessus permettent d’anticiper l’importance des différents para-
mètres. Contrairement à δ qui apparaît à la même puissance dans les expressions relatives à
la translation ou à la rotation, le paramètre d’élancement η est à une puissance trois fois plus
élevées dans les dénominateurs de ξθ et ωθ2 /ω̃i∗2 que dans ceux de ξH et ωH
2 /ω̃ ∗2 . Une variation
i
de l’élancement s’accompagne donc d’une redistribution importante de la cinématique entre
translation et rotation, affectant ainsi sensiblement les caractéristiques modales du système.
On utilise maintenant les expressions des coefficients de rigidité et d’amortissement dyna-
miques établies par le modèle de cône (tableau 3.3) pour quantifier l’influence de chacun des
paramètres sur les propriétés modales du système. On néglige systématiquement l’inertie de
section (C1H = 0).
Les équations modales sont résolues numériquement dans une gamme de variation des para-
mètres réaliste :
– coefficient de Poisson 0.1 ≤ ν ≤ 0.45,
– élancement 0.5 ≤ η ≤ 10 pour le bâti courant jusqu’à η = 20 pour les cheminées,
antennes, etc...
– rapport de densité 0.15 ≤ δ ≤ 0.25 pour le bâti courant jusqu’à δ = 0.35 pour certaines
installations industrielles.
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 147
Effet de l’élancement. La figure 3.12 illustre l’effet fondamental de l’élancement sur le pre-
mier mode. Sur la vignette (a), ont été tracées la partie réelle de la fréquence adimensionnelle
Re(a∗01 ) correspondant à la partie oscillante de la fréquence amortie (trait plein), la fréquence
adimensionnelle non-amortie, c’est à dire en l’absence d’amortissement radiatif (ligne tiretée),
ainsi que les fréquences adimensionnelles ωH r0 /βS et ωθ r0 /βS correspondant aux mouvements
de translation et de rotation pure.
On constate que les structures d’élancement η ≥ 2 ont un premier mode modérément amorti
(ξ˜1 < 25 %) et des fréquences amorties et non-amorties similaires. Conformément à l’intui-
tion, la fréquence adimensionnelle décroît vers 0 quand l’élancement croît, et converge vers
la fréquence en rotation pure pour η ≥ 3, ce qui suggère que pour ces structures élancées la
part de la translation de la fondation dans le mouvement de corps rigide du premier mode est
négligeable. L’allure du déplacement modal (figure 3.15(a)) confirme cette tendance. Simul-
tanément, le facteur d’amortissement modal décroît très vite avec l’élancement et rejoint le
facteur d’amortissement en rotation pure ξθ (vignette 3.12(b)). Cette décroissance très rapide
s’explique d’une part par la diminution de la fréquence adimensionnelle donc de la réponse
« visqueuse » d’autre part par le fait que le mouvement de roulis dissipe nettement moins
d’énergie que le mouvement de tamis, en particulier aux basses fréquences (cf. 3.1.3.4).
Inversement, aux faibles élancements, on observe la convergence de la fréquence non amortie
vers celle du mouvement de translation pure alors que la cinématique modale comporte de
moins en moins de rotation (figure 3.15(a)). La fréquence amortie montre quant à elle une
évolution en cloche sous l’effet de l’amortissement modal élevé. le mode est à peine oscillant
voire même sur-amorti (Re(a∗ ) = 0 et ξ˜1 = 1) pour un élancement approximativement infé-
01
rieur à 0.8.
Le déphasage entre rotation et translation (figure 3.16(a)), qui on le rappelle est une caractéris-
tique des systèmes amortis de façon non classique, ne suscite pas de commentaires particuliers
si ce n’est qu’il est maximal pour les structures les plus courantes (2 < η < 3).
Le deuxième mode est également sur-amorti dès lors que η . 4 − 5. ξ˜2 diminue lentement
avec l’élancement mais reste très élevé pour les valeurs courantes de η. Sa cinématique (figure
3.16(b)) correspond à une rotation par rapport à un point situé entre les côtes H/2 pour
les structures ramassées (η → 0) et 2H/3 pour les structures très élancées (η → ∞). La
translation et la rotation de la fondation sont sensiblement en (opposition de) phase (figure
3.16(b)) malgré le haut niveau d’amortissement.
Enfin, on note que la fréquence adimensionnelle reste dans les limites de validité de l’hypo-
thèse de fondation rigide discutée au paragraphe 3.1.4.4, à l’exception du deuxième mode pour
les faibles élancements. Le très haut niveau d’amortissement de ce mode, vérifié y compris aux
forts élancements, n’est cependant pas remis en cause.
importante, moins le facteur d’amortissement est élevé ; cependant, dans la gamme d’étude,
la différence n’est sensible, pour le premier comme pour le deuxième mode, que dans la bande
très étroite des structures dont l’élancement les place à la limite du sur-amortissement (figure
3.13). Les mêmes tendances peu remarquables sont observées pour le coefficient de Poisson
(figure 3.14).
5
facteur d’amortissement modal
R 2 2
1 R 1 1
e C1H = ≃
2 H 2 η
murs transversaux
y
e 2b 2 2
a 1
C1H = ≃
H η
2a
voile longitudinal y
2 2
1 a 1 1
e C1H = ≃
3 H 3 η
2a
plancher y
2 2
1 a 1 1
2b C1H = ≃
3 H 3 η
2a
Tab. 3.4 – Quelques éléments courants des structures de génie civil et les valeurs de C1H =
J/(mH 2 ) correspondantes.
150 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
5
deuxième fréquence modale
4.5 1 δ = 0.15
4 δ = 0.2
3.5 0.8 δ = 0.25
3
0.6
2.5
2
0.4
1.5
1 0.2
0.5
0 0
1 2
3 4 5 6 7 8 9 10 510 15 20 25 30
élancement η=H/r élancement η=H/r
0 0
(c) fréquence adimensionnelle (mode 2) (d) facteur d’amortissement ξ˜2 (mode 2)
Fig. 3.13 – Influence du rapport de densité δ = ρb /ρs sur les caractéristiques modales du bloc
rigide sur sol souple (ν = 0.3, C1H = 0) ; vignettes (a) et (c) : en trait plein Re(a∗0i ), en traits
tiretés a0i calculé en négligeant l’amortissement radiatif.
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 151
5
4.5 cas amorti 1
deuxième fréq. modale
Fig. 3.14 – Influence du coefficient de Poisson sur les caractéristiques modales du bloc rigide
sur sol souple (δ = 0.15, C1H = 0) ; vignettes (a) et (c) : en trait plein Re(a∗0i ), en traits tiretés
a0i calculé en négligeant l’amortissement radiatif.
152 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
10
6
z/r0
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80
déplacement modal
(a) mode 1
10
6
z/r0
0
−1 −0.8 −0.6 −0.4 −0.2 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
déplacement modal (mode 2)
(b) mode 2
Fig. 3.15 – Cinématique des modes du bloc rigide sur sol souple : amplitude des déplacements
selon les deux modes de corps rigide.
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 153
−4
x 10
déphasage rotation/translation (rad) 20
déphasage rotation/translation (rad)
0.5
0.4 15
0.3
10
0.2
0.1
5
0
−0.1 0
−0.2
−0.3 −5
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 0 20 40 60 80 100
élancement η=H/r élancement η=H/r
0 0
(a) mode 1 (b) mode 2
Fig. 3.16 – Cinématique des modes du bloc rigide sur sol souple : déphasage de la rotation
par rapport à la translation de la fondation pour les deux modes de corps rigide.
154 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
0.8 1
3.5
3
0.6
2.5
2
0.4
1.5
1 0.2
0.5
0 0
0 1 2
3 4 5 6 7 8 9 10 0 1 23 4 5 6 7 8 9 10
élancement η=H/r élancement η=H/r
0 0
(a) fréquence adimensionnelle (mode 1) (b) facteur d’amortissement ξ˜1 (mode 1)
5
facteur d’amortissement modal
deuxième fréquence modale
Fig. 3.17 – Influence de l’inertie de section (C1H ) sur les caractéristiques modales du bloc
rigide sur sol souple (ν = 0.3, δ = 0.15).
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 155
θ0
u m
k, c
Fig. 3.18 – Oscillateur à h
un degré de liberté sur sol KH
souple : notations.
CH
Kθ Cθ
u0
On considère maintenant un pendule inverse en appui sur un sol homogène par l’intemé-
diaire d’une fondation rigide et sans masse (figure 3.18). Ce second modèle introduit de la
manière la plus simple l’effet de la souplesse de la structure. Les propriétés du pendule sont
sa masse m, sa hauteur h, sa pulsation propre et son facteur d’amortissement ω1 et ξ1 qui
caractérisent ses vibrations sur base encastrée. Le système sol structure a un seul degré de
liberté car la masse (ponctuelle) n’a pas d’inertie de rotation propre.
et
2 38 9
ω12 ω̃1∗ >
61 − ∗2 1 + 2i ξ1 1 1 7> u1 >
∗ >
6 ω̃1 ω1 7>> >
>
6 2 7>< >
=
6 ωH ω̃ ∗ 7
6 1 1− 1 + 2i 1 ξH 1 7 ∗
6 ω̃1∗2 ωH
u
7 > 01 > = 0,
6 7> >
6 7> >
4 ωθ2 ω̃1∗ 5>> >
1 1 1 − ∗2 1 + 2i ξθ :hθ01 >
∗ ;
ω̃1 ωθ
(3.31)
156 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
où les paramètres,
2 KH CH
ωH = ξH =
m 2mωH
Kθ Cθ
ωθ2 = ξθ =
mh2 2mh2 ωθ
ont la même interprétation physique que dans le cas du bloc rigide, en terme de translation
et rotation « purs ».
La résolution des équations (3.30) et (3.31) (cf. section 2.2.4.4, équations (2.88) et (2.89))
confirme l’existence d’un mode unique incluant :
È
– la pulsation propre complexe ω̃1∗ = |ω̃1∗ | 1 − ξ˜12 + iξ˜1 |ω̃1∗ | telle que,
1 1 1 1 1 1 1
= 2 + 2 + 2 . (3.32)
ω̃1∗2
∗ ω̃1∗ ω̃1∗
ω1 1 + 2i ω̃1 ξ1 ωH 1 + 2i ξH
ω θ 1 + 2i ξθ
ω1 ωH ωθ
– la déformée modale,
8 9
>
> 1 >
>
>
> >
>
8 9 > >
> > >
>
∗
2 1 + 2i ω̃1 ξ
>
>
> u∗ > > >
< 1 = < ω1 ω1 1 =
2 ∗
φ̃∗1 = u∗
01 > = u∗1 ωH 1 + 2i 1 ξH ,ω̃
(3.33)
>
> > ωH >
:hθ ∗ >
; >
>
>
>
>
>
01 >
>
ω̃ ∗
>
ω1 1 >
2
ω1 1 + 2i 1
ξ
>
> >
>
: ω2 ω̃1∗ ;
θ 1 + 2i ωθ ξθ
Résonnant sur la base de ces équations et à faible amortissement, il est possible de dégager
quelques tendances de l’effet de l’interaction sol structure sur le système (cf. section 2.2.3.3).
Nous précisons maintenant ces résultats en introduisant les paramètres adimensionnels qui
gouvernent la dynamique du système.
Les équations modales (3.32) et (3.33) peuvent être reformulées de manière à exprimer
l’effet de l’interaction sol structure sur la fréquence propre (ω̃1∗ /ω1 ) et sur la déformée modale
du système sol structure, en fonction d’un nombre très limité de paramètres adimensionnels.
Utilisant en effet les expressions de l’impédance en statique (tableau 3.1), on montre que :
Ê Ê
2
ωH 8 η 2 1 cH (a∗01 , ν)
= kH (a∗01 , ν) , ξH = È ,
ω12 (2 − ν)π σ 2 δ (2 − ν)π δη kH (a∗01 , ν)
Ê Ê
ωθ2 8 1 2 1 cθ (a∗01 , ν)
= kθ (a∗01 , ν) , ξθ = È ,
ω12 3π(1 − ν) σ 2 δη 3(1 − ν)π δη 3 kθ (a∗01 , ν)
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 157
avec :
ω̃1∗ r0 σ ω̃1∗
a∗01 = = ,
βS η ω1
Effet du contraste de rigidité entre sol et structure. Le paramètre σ qui pèse (en
racine) la souplesse du sol relativement à celle de la structure, est le paramètre essentiel de
l’interaction sol structure. Le principal effet constaté est la réduction conforme à l’intuition de
la fréquence naturelle de vibration du système quand σ augmente, autrement dit quand le sol
est de plus en plus souple par rapport à la structure (figure 3.19(a)). Quelque soit la valeur
des autres paramètres, en particulier de l’élancement, cette diminution est négligeable quand
σ est inférieur à environ 0.2, significative au-delà. Pour σ > 6, la fréquence de l’oscillateur
sur sol souple (traits pleins) est très proche de celle du système où l’oscillateur est supposée
parfaitement rigide (tiretés).
Cette évolution de la fréquence propre est corrélée exactement à celle de la cinématique du
déplacement modal (figure 3.20). Pour σ < 0.2, le sol est extrêmement rigide par rapport à
la structure et les mouvements de la fondation sont négligeables relativement au déplacement
relatif de l’oscillateur. Au-delà de σ = 10, l’interaction sol structure est prépondérante et la
quasi totalité des déformations est localisée dans le sol de fondation (figure 3.20). La cinéma-
tique de la structure converge vers celle d’un pendule rigide sur sol souple. Pour les valeurs
intermédiaires de σ, le déplacement se répartit entre déplacement relatif de l’oscillateur et
158 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
1
oscillateur à 1 ddl
0.9 bloc rigide
0.8 0.5
21
0.7 53
10
0.6 η décroissant
Re(ω*1)/ω1
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 σ=ω1h/βS 10 10
(a) Fréquence de résonance.
1 η = 0.5
0.9
0.8
facteur d’amortissement
0.7
η décroissant
0.6
η=1
0.5
0.4
0.3
0.2
η=2
0.1
η=3
0 η=5
−1 0 1 2
10 10 10 10
σ=ω1h/βS
(b) Facteur d’amortissement modal.
η=1 η=2
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
σ σ
η=3 η=5
1 1
0.8 0.8
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
σ σ
η = 10 légende
déplacement total = 1
1 1
contribution
du déplacement
interne de la translation
0.8 0.8
de corps rigide
0.6 0.6
0.4 0.4
de la rotation
de corps rigide
0.2 0.2
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
σ σ = ω h/β
1 S
η=1 η=2
0.8 0.5
0.7
0.4
0.6
déphasage (rad)
déphasage (rad)
0.5 0.3
0.4
0.3 0.2
0.2
0.1
0.1
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
σ σ
η=3 η=5
0.35 0.2
0.3
0.15
0.25
déphasage (rad)
déphasage (rad)
0.2
0.1
0.15
0.1
0.05
0.05
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
σ σ
η = 10
0.07
0.06
0.05
déphasage (rad)
rotation de la fondation
0.04
déplacement relatif
0.03
0.02
0.01
0
−1 0 1 2
10 10 10 10
σ
Fig. 3.21 – Déphasage du déplacement relatif (interne) et de la rotation de corps rigide par
rapport à la translation de corps rigide de la fondation.
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 161
η=1 η=2
0.5
ξ = 0.05
1
ξ = 0.01
1
0.4
facteur d’amortissement
facteur d’amortissement
0.1
0.3
0.2
0.05
0.1
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
σ σ
η=3 η=5
0.05 0.05
0.04 0.04
facteur d’amortissement
facteur d’amortissement
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
σ σ
η=7 η = 10
0.05 0.05
0.04 0.04
facteur d’amortissement
facteur d’amortissement
0.03 0.03
0.02 0.02
0.01 0.01
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
σ σ
mouvements de corps rigide de la fondation. Comme l’indique le tracé de |u∗0 |/|hθ0∗ | (courbes
en rouge normalisées par rapport à σ → 0), la part relative de la rotation et de la translation
dans le mouvement de la fondation varie peu avec σ, dès que l’élancement est supérieur à 2.
Pour ces oscillateurs, la répartition entre rotation et translation de la fondation est donc fon-
damentalement déterminée par les caractéristiques géométriques et inertielles de la structure,
indépendamment de la souplesse du sol.
La figure 3.19(b) illustre un autre point essentiel de l’interaction sol structure : la contribu-
tion de la radiation d’énergie dans le sol au facteur d’amortissement modal du système. Pour
σ = 0, le facteur d’amortissement du système est égal à l’amortissement structurel (ici ξ1 = 0).
Pour σ → +∞, ξ˜1 tend vers le facteur d’amortissement du bloc rigide sur sol souple et est
entièrement contrôlé par l’amortissement radiatif.
Influence de l’élancement. Les grandes tendances observées pour le bloc rigide sur sol
souple restent valables pour l’oscillateur à un degré de liberté :
– l’élancement favorise la rotation de la fondation au détriment de sa translation ; la par-
ticipation de cette dernière au déplacement total de l’oscillateur est négligeable dès lors
que η est supérieur à 5 (figure 3.20) ;
– Dans la suite logique du commentaire qui précède, on observe que la contribution de
l’amortissement radiatif diminue très rapidement avec l’élancement, d’une part parce que
la rotation de la fondation dissipe beaucoup moins d’énergie que sa translation, mais
aussi parce que la fréquence adimensionnelle et donc la réponse visqueuse de la fondation
diminue quand l’élancement augmente. Elle est négligeable et sans doute indécelable in-
situ (compte tenu des incertitudes habituelles pesant sur l’amortissement structurel)
pour η > 2, alors qu’elle conduit au sur-amortissement des structures très ramassées
(η = 0.5) ;
Par ailleurs, à σ donné, l’interaction est d’autant plus forte que la structure est élancée :
diminution de fréquence (par rapport au sol infiniment rigide) supérieure et niveaux d’amor-
tissement et de déplacement de corps rigide plus proches des niveaux limites du bloc rigide sur
sol souple correspondant (figures 3.19(a), 3.19(b) et 3.20). Sur ce plan cependant l’influence
de l’élancement reste modérée.
Influence des autres paramètres. On ne revient pas ici sur le paramètre de densité et le
coefficient de Poisson. L’influence de ces paramètres est faible et de même nature que dans le
cas du bloc rigide. Reste le facteur d’amortissement structurel ξ1 compris en général entre 1 et
5 %. Ce paramètre n’interagit ni avec la diminution de fréquence ni avec le mouvement de corps
rigide de la fondation, qui caractérisent l’interaction sol structure. Son influence sur le facteur
d’amortissement du système est illustrée par la figure 3.22. Comme il a été dit précédemment,
le facteur d’amortissement du système sol structure varie entre le facteur d’amortissement
structurel, quand l’interaction sol structure est négligeable, et le facteur d’amortissement, de
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 163
nature entièrement radiatif, de l’oscillateur rigide sur sol souple. Entre ces deux cas extrêmes, la
contribution de l’amortissement structurel est d’autant plus faible que σ est grand donc que la
part de la déformation structurelle est faible. Inversement, la contribution de l’amortissement
radiatif, maximale quand la totalité de la déformation est concentrée dans le sol (σ → +∞),
est d’autant plus forte que σ est grand donc que la déformation est redistribuée depuis la
structure vers le sol. L’évolution de ξ˜1 avec le contraste de rigidité σ est la somme de ces deux
effets antagonistes :
– aux élancements faibles (η ≤ 2) la diminution de la contribution de l’amortissement
structurel est plus que compensée par la forte dissipation d’énergie radiative de la trans-
lation de la fondation et quelque soit la valeur de σ (donc quelque soit le sol), l’amortis-
sement du système sol structure est toujours supérieur à l’amortissement de la structure
seule ;
– à fort élancement (η ≥ 5), le mouvement de corps rigide, dominé par la rotation, est très
peu amorti. Au final, l’interaction sol structure se traduit toujours par une diminution
du facteur d’amortissement ;
– pour les valeurs d’élancement intermédiaires (2 < η < 5), l’interaction sol structure
conduit à une diminution du facteur d’amortissement si la structure est très amortie
(ξ1 = 5 %), à une augmentation dans le cas contraire (ξ1 = 1 %).
164 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
On étudie dans cette section l’interaction entre le sol et une structure dont le comportement
dynamique peut être modélisé par celui d’une poutre de cisaillement pur caractérisée par sa
masse linéique m, sa hauteur H, sa rigidité en cisaillement k c et son inertie massique de
section J. La fondation, rigide et superficielle, a pour rayon (équivalent) r0 . Pour les besoins
de l’analyse dimensionnelle, on introduit la densité du bâtiment ρb = m/(πr02 ).
θ0 z
u
Fig. 3.23 – Poutre de ci-
saillement sur sol souple : KH
notations.
u0
CH K Cθ
θ
Les équations modales de la poutre de cisaillement sur sol souple ont été écrites sous
forme réduite au chapitre 3.8(b) (section 2.3.3.1, équation (2.175)). La j ième pulsation propre
complexe ω̃j∗ et la déformée modale associée φ̃∗j (z) = A∗1j cos(µ∗Cj z/H) + A∗2j sin(µ∗Cj z/H) sont
telles que :
t∗c (1 − cos µ∗Cj )µ∗Cj t∗c µ∗Cj sin µ∗Cj − 1
=0 (3.34)
−µ∗ 1 + s∗ (1 − C H µ∗2 ) cos µ∗ µCj 1 + sc (1 − C1 µCj ) sin µCj
∗ ∗ H ∗2 ∗
Cj c 1 Cj Cj
∗
+s sin µ ∗ +s∗ (cos µ∗ − 1)
c Cj c Cj
et
2 38 9
t∗c (1 − cos µ∗Cj )µ∗Cj t∗c µ∗Cj sin µ∗Cj − 1 >A∗ >
6 7> 1j >
6 7< =
6 7 = 0 , (3.35)
6−µ∗ 1 + s∗ (1 − C H µ∗2 ) cos µ∗ µ∗Cj 1 + s∗c (1 − C1H µ∗2 ∗ 7> >
4 Cj ) sin µCj 5 >
Cj c 1 Cj Cj
: ∗ >;
+s∗c sin µ∗Cj +s∗c (cos µ∗Cj − 1) A2j
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 165
π ∗ ω̃j∗ H kc Hk c
µ∗Cj = δCj = È , t∗c = et s∗c = .
2 k c /m H(KH + iω̃j∗ CH ) Kθ + iω̃j∗ Cθ
Suivant la même démarche que pour l’oscillateur à un degré de liberté, on reformule les
équations modales en introduisant les expressions des rigidités statiques de la fondation KH,stat
et Kθ,stat (tableau 3.1) :
µ∗Cj κc
a∗0j = ,
η
(2 − ν)π κ2c δ 1
t∗c = , (3.36)
8 ∗
η kH (a0j , ν) + ia∗0j cH (a∗0j , ν))
3(1 − ν)π κ2c δη
s∗c = , (3.37)
8 kθ (a0j , ν) + ia∗0j cθ (a∗0j , ν))
∗
où :
– η = H/r0 , δ = ρb /ρs , sont les paramètres d’élancement, de densité, déjà introduits pour
le blocÈrigide ;
k c /m 2 ω1 H
– κc = = est le paramètre pertinent pour peser la rigidité de la structure
βS π βS
par rapport à celle du sol.
En réinjectant ces expressions dans l’équation (3.35), on exprime ainsi l’influence de l’interac-
tion sol structure sur :
– les fréquences propres sur sol souple rapportées à la fréquence fondamentale sur sol rigide
et en l’absence d’inertie de section (ω̃j∗ /ω1 = 2µ∗Cj /π),
– les déformées modales sur sol souple,
166 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
Au bilan donc, il apparaît que le mode de la structure sur base souple, quoique oscillant à une
fréquence très différente de la fréquence sur base rigide, est composé, quelque soit le niveau
d’interaction, d’un déplacement relatif de tous les points de la structure vibrant en phase et
selon une déformée remarquablement proche de la déformée sur base rigide, auquel s’ajoute le
déplacement de corps rigide imposé par les mouvements de la fondation, soit avec les notations
du chapitre 2 (section 2.3.3) :
l’élancement à faible interaction sol structure, pour les élancements forts sur toute la
gamme de variation de κc , c’est à dire quelque soit l’importance de l’interaction.
Ces propriétés du mode complexe se traduisent évidemment par un déphasage à l’intérieur
même de la structure dès lors qu’on s’intéresse au déplacement absolu (celui mesuré expé-
rimentalement). Son allure, donnée pour différentes valeurs de η aux figures 3.25, 3.26 et
3.27 montre, si on prend comme référence le déplacement en tête, un déphasage fortement
concentré à la base de la structure (plus on s’élève dans la structure, plus la rotation de corps
rigide et le déplacement relatif, tous deux quasi en phase, représentent une part importante
du déplacement total, au détriment de la translation de corps rigide fortement déphasée). Ce
résultat théorique qualitatif est systématiquement corroboré par les observations in-situ (cf.
Hans, 2002).
2 8
H1 = H M1 = mH . (3.39)
π π2
On constate que :
– Les caractéristiques modales de la poutre de cisaillement sur sol souple et du système
à un degré de liberté équivalent concordent de manière excellente tant que l’interaction
sol structure est modérée (typiquement κc < 3), soit tant que le déplacement de corps
rigide reste faible devant le déplacement interne de la structure.
– Pour les élancements moyens et forts (η > 1), la divergence entre poutre de flexion et
modèle équivalent reste très faible quelque soit le niveau d’interaction : négligeable pour
la fréquence, au plus de l’ordre de 5 % pour le facteur d’amortissement.
170 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
– Le calcul par les modes réels (équations (3.40)) donne, comme prévu au chapitre 2,
également une bonne estimation de la pulsation et de l’amortissement tant que l’inter-
action sol structure est faible ou modérée (ω̃1 /ωH ≪ 1 et ω̃1 /ωθ ≪ 1, typiquement pour
κc < 3), et/ou si ξH et ξθ sont faibles (c’est à dire si la structure est élancée). Dans le cas
où ces conditions ne sont pas remplies, l’erreur sur le facteur d’amortissement n’excède
pas 10 à 20 % à forte interaction sol structure. A l’exception du cas particulier η = 0.5,
les valeurs de fréquence sont remarquablement proches sur toute la gamme de variation
de κc et quasi indiscernables pour η ≥ 2.
Au bilan, il apparaît que l’analogie avec un modèle à un degré de liberté capte l’essentiel du
phénomène d’interaction, au voisinage du mode fondamental, entre le sol et une structure
travaillant en cisaillement, à l’exception toutefois des systèmes très fortement amortis, c’est à
dire pour les structures très faiblement élancées. Cette propriété justifie l’utilisation du modèle
à un degré de liberté dans l’étude des interactions multiples (« site-ville ») du chapitre 4, sans
perte substantielle de généralité.
D’autre part, les relations (3.40) qui introduisent une approximation supplémentaire en né-
gligeant le couplage des modes réels, apparaissent comme suffisantes dans une large gamme
de paramètres, en particulier à interaction sol structure modérée, y compris pour estimer le
facteur d’amortissement. Elles constituent des expressions simples et d’une grande utilité dans
de nombreuses situations réelles.
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 171
1
bloc rigide
0.9 poutre de cisaillement
0.5
0.8
1
2
0.7 53
10
η décroissant
0.6
1
Re(ω* )/ω
1
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
(a) Fréquence de résonance.
1 η = 0.5
0.9
η=1
facteur d’amortissement (mode 1)
0.8
0.7
η décroissant
0.6
0.5
0.4
0.3 η=2
0.2
η=3
0.1
η=5
0
−1 0 1 2
10 10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
(b) Facteur d’amortissement modal.
κc = 0 κc = 0.5 κc = 1
1 1 1
z/H
z/H
0.4 0.4 0.4
0 0 0
−0.4−0.2 00 0.5 1 −0.4−0.2 00 0.5 1 −0.4−0.2 00 0.5 1
κc = 2 κc = 5 κc = 10
1 1 1
z/H
z/H
0 0 0
−0.4−0.2 00 0.5 1 −0.4−0.2 00 0.5 1 −0.4−0.2 00 0.5 1
Fig. 3.25 – Déformée du mode fondamental de la poutre de cisaillement sur sol souple (η = 2,
δ = 0.15, ν = 1/3) – Pour chaque valeur de κc : vignette de gauche, déphasage par rapport
au sommet ; vignette de droite, amplitude du déplacement de la poutre (trait plein) et du
mouvement de corps rigide (tiretés) – comparaison avec le comportement du bloc (tiretés-
pointillés).
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 173
κ = 0.5 κ =2 κ =5
c c c
1 1 1
poutre de cisaillement
0.8 comportement rigide 0.8 0.8
z/H
z/H
0.4 0.4 0.4
0 0 0
−0.5 0 0.5
0 0.5 1 −1 0 10 0.5 1 −0.1 0 0.1
0 0.5 1
κ =7 κc = 10 κc = 30
c 1 1
1
z/H
z/H
0 0 0
−0.1 0 0.1
0 0.5 1 0 0.05 0.1
0 0.5 1 0 0.05 0.1
0 0.5 1
poutre de cisaillement
0.8 0.8 0.8
comportement rigide
z/H
z/H
0 0 0
−0.2
−0.1 00 0.5 1 −0.2
−0.1 00 0.5 1 −0.2
−0.1 00 0.5 1
κc = 2 κ =5 κ = 10
c c
1 1 1
z/H
z/H
0 0 0
−0.2
−0.1 00 0.5 1 −0.2
−0.1 00 0.5 1 −0.2
−0.1 00 0.5 1
κ =0 κ = 0.5 κ =1
c c c
z/H
z/H
0.5 0.5 0.5
0.4 0.4 0.4
0.3 0.3 0.3
0.2 0.2 0.2
0.1 0.1 0.1
z/H
z/H
Fig. 3.28 – Déplacement relatif (interne) selon le mode fondamental du système sol structure
– Pour chaque valeur de κc et de η : à gauche, déphasage par rapport à la translation (tamis)
de la fondation ; à droite, amplitude du déplacement relatif.
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 175
η = 0.5
η=1
1.4 0.8
roulis/tamis
1.2 dépl. interne/tamis
roulis/tamis (bloc rigide) 0.6
1
déphasage (rad)
déphasage (rad)
0.8 0.4
0.6
0.4 0.2
0.2
0
0
−0.2 −0.2
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κ κ
c c
η=2 η=3
0.5 0.4
0.35
0.4
0.3
déphasage (rad)
déphasage (rad)
0.3 0.25
0.2
0.2 0.15
0.1
0.1
0.05
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κ κ
c c
η=5 η = 10
0.3 0.15
0.25
déphasage (rad)
déphasage (rad)
0.2 0.1
0.15
0.1 0.05
0.05
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κ κ
c c
Fig. 3.29 – Phase du mode fondamental de la poutre de cisaillement sur sol souple (ν = 0.3,
δ = 0.15) – déphasage entre déplacement interne (relatif) en tête et translation (tamis) de
la fondation (traits pleins) ; déphasage entre rotation (roulis) et translation de la fondation
(tiretés) ; déphasage entre rotation (roulis) et translation de la fondation dans l’hypothèse
d’une poutre rigide (tiretés-pointillés).
176 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
η = 0.5 η=1
1 1
0.8 0.8
fréquence propre
fréquence propre
0.6 0.6
0.4 0.4
η=2 η=3
1 1
0.8 0.8
fréquence propre
fréquence propre
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κ κ
c c
η=5 η = 10
1 1
0.8 0.8
fréquence propre
fréquence propre
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κ κ
c c
η = 0.5 η=1
1 1
0.8 0.8
facteur d’amortissement
facteur d’amortissement
0.6 0.6
0.4 0.4
η=2 η=3
0.35
0.3
facteur d’amortissement
facteur d’amortissement
0.25
0.1
0.2
0.15
0.05
0.1
0.05
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κc κc
η=5 −3
x 10 η = 10
0.03 2.5
0.025
2
facteur d’amortissement
facteur d’amortissement
0.02
1.5
0.015
1
0.01
0.5
0.005
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κc κc
Fig. 3.31 – idem figure 3.30 pour le facteur d’amortissement modal ξ˜1 .
178 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
de cisaillement sur sol souple ; la valeur constante du facteur d’amortissement des modes de
corps rigide est représentée en tiretés noirs. Ces courbes montrent la complexité et la variété
des situations rencontrées. Quelques grandes tendances ou spécificités peuvent être dégagées :
– On observe un effet de « seuil » : les fréquences propres des modes supérieurs restent
plus ou moins inchangées tant que κc est en dessous de 6, environ ; le basculement des
fréquences sur appui rigide vers celles sur appui infiniment souple se produit dans un
gamme très étroite autour d’une valeur remarquablement peu sensible à l’élancement,
κc ≃ 7. Cette effet de seuil s’estompe légèrement mais demeure prononcé pour les struc-
tures très élancées. On vérifie, par exemple sur la figure 3.39, que cette valeur pivot varie
linéairement avec le paramètre de densité δ, comme les paramètres t∗c et s∗c traduisant
l’assouplissement du système en translation et rotation (équations (3.36) et (3.37)).
– La zone de forte variation de fréquence est associée à un pic des facteurs d’amortisse-
ment modaux (sauf pour le mode convergeant vers le deuxième mode de corps rigide).
La valeur au pic, généralement comprise entre 10 et 30 % décroît lentement avec l’ordre
du mode mais varie peu avec l’élancement de la structure. Ce résultat distingue net-
tement les modes supérieurs du mode fondamental qui, on le rappelle, génère très peu
d’amortissement radiatif aux forts élancements.
– En dehors d’un pic étroit (κc ∈ [7; 8]), la contribution de l’amortissement radiatif aux
facteurs d’amortissement des modes d’ordre supérieur ou égal à 3 est faible ou modé-
rée (< 10 %). Le mode présentant une cinématique d’ordre 2 (qui n’est pas, avec les
conventions des figures, nécessairement le deuxième mode compte tenu des éventuelles
« interversions », cf. alinéa suivant), est en revanche fortement amorti, y compris à in-
teraction modérée (κc < 3) et fort élancement (η > 3).
– Par ailleurs il est remarquable de constater que les courbes de fréquences de résonance
peuvent croître ou décroître quand κc augmente et dans certains cas se croiser. Ainsi,
d’éventuelles « interversions » de modes surviennent dès que η ≤ 5. Pour η = 2, par
exemple, la deuxième pulsation de résonance soit Re(ω̃2∗ ) croît avec κc vers la pulsa-
tion du premier mode sur appui simple, tandis que Re(ω̃3∗ ) converge vers la pulsation
(nulle) du deuxième mode (sur-amorti) de corps rigide (cf. figure 3.34(a)). Notons que
deux modes dont les courbes de fréquence sont sécantes, se différencient, au point d’in-
tersection, par leur facteur d’amortissement et leur déformée, de sorte qu’il n’y a pas
d’ambiguïté sur l’identification des modes au-delà du point d’intersection (c’est à dire
pour les valeurs supérieures de κc ).
Ces résultats montrent, une assez forte sensibilité du modèle aux paramètres, particulièrement
autour de la valeur pivot κc = 7 et pour les élancements tels que l’un, au moins, des deux modes
de corps rigide est sur-amorti. Ce manque de robustesse apparent nous conduit à revenir sur
l’hypothèse de fondation rigide qui induit un rôle prépondérant de l’amortissement aux modes
supérieurs. Il ressort de la littérature sur le sujet, dont quelques éléments ont été rapidement
180 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
µ∗Cj κc π ω̃j∗ κc
a∗0j = = ,
η 2 ω1 η
augmente avec l’ordre du mode (j) et diminue avec l’élancement. L’évolution avec κc est
sensiblement monotone croissante, depuis 0 sur sol parfaitement rigide vers les valeurs sur sol
parfaitement souple, valeurs finies dans le cas des modes de corps rigides (cf. 3.2.1), infinies
pour les modes de la poutre sur appui simple (1.1942 (ω̃j∗ /ω1 ) → 32 , 52 , 72 , . . . et κc → +∞).
Par conséquent, la pertinence de l’hypothèse de fondation rigide diminue lorsque la structure
est peu élancée, l’interaction sol structure est forte, et l’ordre du mode considéré est élevé.
Analysant plus en détail les figures 3.40(a) à 3.40(g), on aboutit aux conclusions suivantes :
12
10
8
(i=1 à 6)
6
1
Re(ω*)/ω
i
0
−1 0 1 2
10 10 κ =(2/π)ω H/β 10 10
c 1 S
(a) Pulsation propre de résonance.
1
modes de corps rigide 1 et 2
mode 1
0.9 mode 2
mode 3
0.8 mode 4
facteur d’amortissement ξi (i=1 à 6)
mode 5
0.7 mode 6
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 κ =(2/π)ω H/β 10 10
c 1 S
(b) Facteur d’amortissement modal.
12
10
8
(i=1 à 6)
6
1
Re(ω*)/ω
i
0
−1 0 1 2
10 10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
1
modes de corps rigide 1 et 2
mode 1
0.9 mode 2
mode 3
0.8 mode 4
facteur d’amortissement ξi (i=1 à 6)
mode 5
0.7 mode 6
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
12
10
8
(i=1 à 6)
6
1
Re(ω*)/ω
i
0
10
−1
10
0
κc=(2/π)ω1H/βS 1
10 10
2
1
modes de corps rigide 1 et 2
mode 1
0.9 mode 2
mode 3
0.8 mode 4
facteur d’amortissement ξi (i=1 à 6)
mode 5
0.7 mode 6
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 1 2
10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
12
10
8
(i=1 à 6)
6
1
Re(ω*)/ω
i
0
−1 0 1 2
10 10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
1
modes de corps rigide 1 et 2
mode 1
0.9 mode 2
mode 3
0.8 mode 4
facteur d’amortissement ξi (i=1 à 6)
mode 5
0.7 mode 6
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 1 2
10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
12
10
8
(i=1 à 6)
6
1
Re(ω*)/ω
i
0
−1 0 1 2
10 10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
1
modes de corps rigide 1 et 2
mode 1
0.9 mode 2
mode 3
0.8 mode 4
facteur d’amortissement ξi (i=1 à 6)
mode 5
0.7 mode 6
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
0 1 2
10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
12
10
8
(i=1 à 6)
6
1
Re(ω*)/ω
i
0
−1 0 1 2
10 10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
(a) Pulsation propre de résonance.
mode 5
0.6 mode 6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
12
10
8
(i=1 à 6)
6
1
Re(ω*)/ω
i
0
10
−1
10
0 κ =(2/π)ω H/β 1
10 10
2
c 1 S
(a) Pulsation propre de résonance.
mode 5
0.5 mode 6
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 κc=(2/π)ω1H/βS 10 10
9
δ = 0.15
8.9 δ = 0.20
δ = 0.25
8.8
8.7
8.6
1
Re(ω )/ω
5
*
8.5
8.4
8.3
8.2
8.1
8
0 1 2
10 10 10
κ =(2/π)ω H/β
c 1 S
12
10
8
(i=1 à 6)
a 0=
6
a0
2π*
1
||ω ||/ω
=2
10
π
*
i
2 a
0 =2
π/1
0
0
0 1 2
10 10 10
κ =(2/π)ω H/β
c 1 S
(a) η = 0.5.
12
10
8
(i=1 à 6)
6
1
||ω ||/ω
a0
=2
*
i
a0
π*1
4
=
0
2π
a
0 =2
2 π/1
0
0
−1 0 1 2
10 10 κ =(2/π)ω H/β 10 10
c 1 S
(b) η = 1.
Fig. 3.40 – Evolution en norme de la fréquence propre complexe des 6 premiers modes (traits
pleins) et des modes de corps rigide (tiretés) en fonction du paramètre κc . Comparaison avec
les courbes à fréquence adimensionnelle constante a0 = 2π/10, 2π et 2π ∗ 10.
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 191
12
10
8
(i=1 à 6)
a 0=
2π*
6
a0
10
1
||ω ||/ω
=2
π
*
i
a0
4
=
2π
/10
0
−1 0 1 2
10 10 10 10
κ =(2/π)ω H/β
c 1 S
(c) η = 2.
12
10
8
(i=1 à 6)
a 0=
2π*
6
a0
10
1
||ω ||/ω
=2
π
*
i
a0
4
=
2π
/10
0
−1 0 1 2
10 10 κ =(2/π)ω H/β 10 10
c 1 S
(d) η = 3.
12
10
a 0=
(i=1 à 6)
2π*
10
6
a0
1
a0
||ω ||/ω
=2
=2
π
*
i
π/1
0
0
−1 0 1 2
10 10 κ =(2/π)ω H/β 10 10
c 1 S
(e) η = 5.
12
10
8
(i=1 à 6)
a 0=
2π*
6
10
a0
1
||ω ||/ω
a0
=2
=2
*
i
π
π/1
4
0
0
−1 0 1 2
10 10 κ =(2/π)ω H/β 10 10
c 1 S
(f) η = 7.
12
10
8
||ωi ||/ω1 (i=1 à 6)
a 0=
2π*
10
6
a0
a0
=2
=2
*
π
π/1
4
0
0
−1 0 1 2
10 10 κ =(2/π)ω H/β 10 10
c 1 S
(g) η = 10.
On étudie dans cette section l’interaction entre le sol et une structure dont le comportement
dynamique peut être modélisé par celui d’une poutre de flexion pure caractérisée par sa masse
linéique m, sa hauteur H, sa rigidité en flexion k f et son inertie massique de section J. La
fondation, rigide et superficielle, a pour rayon (équivalent) r0 . On introduit, pour les besoins
de l’analyse dimensionnelle, la densité du bâtiment ρb = m/(πr02 ).
z
θ0
u0
CH K Cθ
θ
Pulsations propres complexes ω̃j∗ et déformées modales associées φ̃∗j (z) = A1j sin µ∗1j z/H +
A2j cos µ∗1j z/H + A3j sinh µ∗2j z/H + A4j cosh µ∗2j z/H , sont solutions du système d’équa-
tions réduites (section 2.3.3.2, équation (2.189)) :
− t∗ µ∗ µ∗2 t∗f µ∗2 ∗
f 1j 2j 1 1j µ2j 1
µ∗1j s∗f µ∗2 µ∗2j ∗ ∗2
− sf µ2j
1j
=0 (3.41)
− µ∗ cos µ∗ µ∗2j sin µ∗1j µ∗1j cosh µ∗2j µ1j sinh µ2j
∗ ∗
2j 1j
∗
− µ∗2
∗
1j sin µ1j − µ∗2 ∗ ∗2 ∗
1j cos µ1j µ2j sinh µ2j µ∗2
2j cosh µ 2j
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 195
et
2 38 9
> >
6 − t∗f µ∗1j µ∗2
2j 1 t∗f µ∗2 ∗
1j µ2j 1 >
7 >A1j >
>
6 7> >
6 7>> >
>
6 7> >
6 7 >
> >
>
6 µ∗1j s∗f µ∗2 µ∗2j ∗ ∗2
− sf µ2j 7 >A2j >
6 1j 7< =
6 7
6 7 = 0, (3.42)
6 7>> >
>
6 − µ∗ cos µ∗ µ∗2j sin µ∗1j µ∗1j cosh µ∗2j ∗ ∗ 7
µ1j sinh µ2j 7 >
6 2j 1j >A3j >
>
6 7> >
6 7>> >
>
6 7>> >
>
4 5> >
∗2 ∗
− µ1j sin µ1j − µ∗2 ∗ ∗2 ∗
1j cos µ1j µ2j sinh µ2j
∗2
µ cosh µ
2j
∗
:
2j ; A4j
où pour rappel :
Ï Í
2
π ∗ ω̃j∗ H 2 C1H ω̃j∗ H 2 C1H ω̃j∗ H 2
µ∗1j = δ = È 1+ È + È ,
2 1j k f /m 2 k f /m 2 k f /m
Ï Í
2
π ∗ ω̃j∗ H 2 C1H ω̃j∗ H 2 C1H ω̃j∗ H 2
µ∗2j = δ = È 1+ È − È ,
2 2j k f /m 2 k f /m 2 k f /m
kf kf
t∗f = et s∗f = .
H 3 (KH + iω̃j∗ CH ) H(Kθ + iω̃j∗ Cθ )
Par ailleurs, les fonctions d’impédances (apparaissant aux dénominateurs de t∗f et s∗f ) s’écrivent,
pour une fondation rigide et superficielle située sur un sol homogène, sous la forme :
Suivant la même démarche que dans les paragraphes précédents, on reformule les équa-
tions modales rappelées ci-dessus en fonction des paramètres adimensionnels contrôlant la
dynamique du système. Introduisant les expressions des rigidités statiques KH,stat et Kθ,stat
196 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
où on retrouve :
– les paramètres d’élancement η = H/r0 , de densité δ = ρb /ρs , et le coefficient de Poisson
ν,
– le paramètre clé pesant la rigidité de la structure par rapport à celle du sol
È
k f /m 2 2 ω1 H 2
κf = = ,
r0 βS 1.194π r0 βS
En réinjectant ces expressions dans l’équation (3.42), on exprime ainsi l’influence de l’interac-
tion sol structure sur :
– les fréquences propres sur sol souple rapportées à la fréquence fondamentale sur sol rigide
(ω̃j∗ /ω1 ),
– les déformées modales sur sol souple,
en fonction du nouveau jeu de paramètres adimensionnels κc , η, δ, C1H et ν.
L’étude paramétrique est menée numériquement grâce aux expressions des coefficients de
rigidité et d’amortissement dynamique (kα et cα , α = H ou θ) données par le modèle de cône
(tableau 3.3). Les résultats sont présentés dans les sections suivantes, à commencer par le
mode fondamental. Les modes supérieures, plus complexes, sont analysés séparément et dans
un deuxième temps. L’inertie de section est systématiquement négligée (C1H = 0).
On vérifie donc de nouveau que l’interaction sol structure n’agit pas sur la manière dont les
déformations sont réparties sur la hauteur de la structure dans le mode fondamental.
Par ailleurs, avec cette propriété du déplacement relatif, il est possible d’avoir une vision
synthétique des caractéristiques du mode complexe simplement à partir des valeurs relatives,
de la phase du mouvement relatif en un point quelconque de la structure, ainsi que de la phase
de la translation (tamis) et de la rotation (roulis) de la fondation rigide. Les résultats de ce
calcul sont donnés à la figure 3.47 pour le déplacement relatif en tête et un large panel de
valeurs de l’élancement :
– On constate, comme pour la poutre de cisaillement, qu’une avance (en général) de phase
significative par rapport à la translation de la fondation, d’une part du déplacement
relatif (traits pleins), d’autre part de la rotation de la fondation (tiretés), émerge à des
valeurs de κf pour lesquelles l’influence de l’interaction sol structure sur la pulsation, le
198 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
plus élevée (calcul non montré ici), d’autre part à la contribution plus importante de la
translation de la fondation dans le mouvement (figures 3.25, 3.26 et 3.27). L’importance
de la réponse visqueuse que traduit ce facteur d’amortissement fort, se retrouve dans les
valeurs élevées du déphasage entre tamis, roulis et déplacement relatif (figure 3.29).
On rappelle, comme il a été démontré au chapitre 2, qu’il n’y a pas d’équivalence stricte entre
les deux systèmes puisque la condition sur le déplacement relatif et les relations M1 ≈ Mt ,
M1 H1 ≈ St et M1 H12 ≈ It , ne sont vérifiées qu’approximativement. Les figures 3.49 et 3.50
permettent de juger quantitativement des configurations de paramètres pour lesquelles ces
approximations sont acceptables du point de vue des applications pratiques. Sont comparées,
les propriétés du mode fondamental :
– en traits pleins, d’un système du type poutre de flexion sur sol souple de paramètres κf ,
η, δ et ν ;
– en tiretés, d’un modèle à un degré de liberté dont les caractéristiques équivalentes,
déduites de (3.44), sont définies par les paramètres σeq = 2.5556κf /η, ηeq = 0.7265η,
δeq = 0.8439δ et ν.
– Enfin, les courbes présentées en pointillés sont des estimations basées sur les relations
3 3 3
1 1 1 1 kω̃1∗ k kω̃1∗ k kω̃1∗ k
∗ 2
≈ 2+ 2 + 2 et ξ˜1 ≈ ξ1 + ξH + ξθ , (3.45)
kω̃1 k ω1 ωH ωθ ω1 ωH ωθ
On note que les expressions de ωθ et ξθ sont très proches pour la poutre de cisaillement et la
poutre de flexion. On en déduit immédiatement que l’influence de l’interaction sol structure
(donnée par l’équation (3.46)) est similaire quelque soit le fonctionnement de la poutre, dès
que la contribution, au déplacement total, du basculement de la fondation, domine sur celle
∗ ≫ u∗ , équations (2.182) et (2.191)), c’est à dire pour les structures
de la translation (H1 θ01 01
suffisamment élancées. Dans la pratique, cette propriété est atteinte pour η ≥ 3 (section 3.2.1,
figure 3.12). Pour η = 1 ou 2 cependant, les résultats obtenus pour la poutre de cisaillement et
la poutre de flexion restent très proches (figure 3.48), du fait que ωH et ξH varient également
assez peu avec le comportement de la structure.
Ce résultat a une conséquence très intéressante : il implique que, pour un sol donné, l’effet
de l’interaction sol structure sur la fréquence propre et le facteur d’amortissement du mode
fondamental, ne dépend pas du fonctionnement en flexion ou en cisaillement de la structure,
mais seulement de ses caractéristiques géométriques (η), inertielles (δ), et du produit de sa
fréquence propre par sa hauteur (ω1 H). Il est peu douteux que cette propriété peut être
étendue à la poutre de Timoshenko, intermédiaire entre la poutre de cisaillement et la poutre
de flexion, et par conséquent à une majorité de structures régulières en élévation qui, comme
l’ont montré Boutin et Hans (2003) en théorie et dans un certain nombre de cas réels, peuvent
en général être modélisées par une poutre de Timoshenko. Ce résultat renforce l’intérêt et la
portée générale de l’étude paramétrique présentée dans ce mémoire, en justifiant a posteriori le
choix de se limiter à deux types de comportement stéréotypés (flexion et cisaillement purs). Du
point de vue pratique, il s’en suit que sauf cas particulier, l’effet de l’interaction sol structure
(sur la fréquence propre et le facteur d’amortissement modal) peut être estimé sans qu’il soit
nécessaire de déterminer avec précision le comportement de la structure étudiée mais seulement
sa fréquence fondamentale, accessible sans trop de difficultés par des mesures in-situ (cf. section
2.2.5).
202 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
1.6
corps rigide
poutre de flexion
1.4
1.2
1
1
0.5
Re(ω* )/ω
1
0.8
0.6 5 10
2 3
1
0.4
η croissant
0.2
0
−1 0 1 2
10 10 2 10 10
κf=ω1H /(βSr0)/3.5176
(a) Fréquence de résonance.
1
η = 0.5
0.9
0.8 η=1
facteur d’amortissement (mode 1)
0.7 η décroissant
0.6
0.5
0.4
0.3 η=2
0.2
η=3
0.1
η=5
0
−1 0 1 2
10 10 2 10 10
κf=ω1H /(βSr0)/3.5176
(b) Facteur d’amortissement modal.
κ = 0.1 κ = 0.5 κ =1
f f f
1 1 1
poutre de flexion
corps rigide
0.8 0.8 0.8
z/H
z/H
0.4 0.4 0.4
0 0 0
−0.4 −0.2 00 0.5 1 −0.4 −0.2 00 0.5 1 −0.5 00 0.5 1
κ =2 κ =5 κ = 10
f f f
1 1 1
z/H
z/H
0 0 0
−0.5 00 0.5 1 −0.4 −0.2 00 0.5 1 −0.4 −0.2 00 0.5 1
Fig. 3.43 – Déformée du mode fondamental de la poutre de flexion sur sol souple (η = 2,
δ = 0.15, ν = 1/3) – Pour chaque valeur de κf : vignette de gauche, déphasage par rapport
au sommet ; vignette de droite, amplitude du déplacement de la poutre (trait plein) et du
mouvement de corps rigide (tiretés) – comparaison avec le comportement du bloc (tiretés-
pointillés).
204 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
κ = 0.1 κ = 0.5 κ =1
f f f
1 1 1
poutre de flexion
corps rigide
0.8 0.8 0.8
z/H
z/H
0.4 0.4 0.4
0 0 0
−0.5 0 0 0.5 1 −1 0 0 0.5 1 −1 0 0 0.5 1
κ = 1.5 κf = 2 κf = 5
f 1 1
1
z/H
z/H
0 0 0
−0.5 0 0 0.5 1 −0.2 0 0 0.5 1 0 0.05 0 0.5 1
z/H
z/H
0 0 0
−0.2
−0.1 00 0.5 1 −0.2
−0.1 00 0.5 1 −0.2
−0.1 00 0.5 1
κf = 5 κ = 10 κ = 20
f f
1 1 1
z/H
z/H
0 0 0
−0.2
−0.1 00 0.5 1 −0.2
−0.1 00 0.5 1 −0.2
−0.1 00 0.5 1
κ =1 κ =2 κ =3
f f f
1 1 1
η=1
η=2
0.8 0.8 0.8
η=3
η=5
0.6 0.6 0.6
z/H
z/H
z/H
0.4 0.4 0.4
0 0 0
0 1 20 0.5 1 0 1 20 0.5 1 0 1 20 0.5 1
κ =5 κ = 10 κ = 20
f f f
1 1 1
z/H
z/H
0 0 0
0 1 20 0.5 1 0 1 20 0.5 1 0 1 20 0.5 1
Fig. 3.46 – Déplacement relatif (interne) selon le mode fondamental du système sol structure
– Pour chaque valeur de κf et de η : à gauche, déphasage par rapport à la translation (tamis)
de la fondation ; à droite, amplitude du déplacement relatif.
206 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
η = 0.5 η=1
3.5 2.5
roulis/tamis (corps rigide)
3 roulis/tamis
dépl. interne/tamis 2
2.5
déphasage (rad)
déphasage (rad)
1.5
2
1.5 1
1
0.5
0.5
0
0
−0.5 −0.5
−1 0 1 0 1 2
10 10 10 10 10 10
κ κ
f f
η=2 η=3
1
0.5
0.8
déphasage (rad)
déphasage (rad)
0.4
0.6
0.3
0.4
0.2
0.2
0.1
0 0
0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10
κf κf
η=5 η = 10
0.3 0.12
0.25 0.1
déphasage (rad)
déphasage (rad)
0.2 0.08
0.15 0.06
0.1 0.04
0.05 0.02
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κf κf
Fig. 3.47 – Phase du mode fondamental de la poutre de flexion sur sol souple (ν = 0.3,
δ = 0.15) – déphasage entre déplacement interne (relatif) en tête et translation (tamis) de
la fondation (traits pleins) ; déphasage entre rotation (roulis) et translation de la fondation
(tiretés) ; déphasage entre rotation (roulis) et translation de la fondation dans l’hypothèse
d’une poutre rigide (tiretés-pointillés).
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 207
1 η = 0.5
0.9 η=1
η=2
0.8 η=3
0.7 η=5
η = 10
Re(ω*1)/ω1
0.6
0.5 tiretés → cisaillement
0.4
0.3 traits pleins → flexion
0.2
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 (2/π)ω1H/βS 10 10
(a) Fréquence de résonance.
0.9
facteur d’amortissement (mode 1)
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 (2/π)ω1H/βS 10 10
(b) Facteur d’amortissement modal.
Fig. 3.48 – Comparaison de l’influence de l’interaction sol structure sur le mode fondamental
de deux structures de mêmes caractéristiques géométriques et inertielles (η et δ), de même
pulsation propre (ω1 ), mais se comportant l’une en flexion (traits pleins), l’autre en cisaillement
(tiretés) (δ = 0.15, ν = 0.3).
208 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
η = 0.5 η=1
1.6 1
1.4
0.8
1.2
fréquence propre
fréquence propre
1 0.6
0.8
0.4
0.6
0.4
0.2
0.2
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κ κ
f f
η=2 η=3
1 1
exact
1ddl équ.
0.8 1ddl équ. + modes réels 0.8
fréquence propre
fréquence propre
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κ κ
f f
η=5 η = 10
1 1
0.8 0.8
fréquence propre
fréquence propre
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κ κ
f f
η = 0.5 η=1
1 1
0.8 0.8
facteur d’amortissement
facteur d’amortissement
0.6 0.6
0.4 0.4
0.2 0.2
0 0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κ κ
f f
η=2 η=3
0.4
exact 0.14
0.35 1ddl équ.
1ddl équ. + modes réels 0.12
facteur d’amortissement
facteur d’amortissement
0.3
0.1
0.25
0.08
0.2
0.15 0.06
0.1 0.04
0.05 0.02
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κf κf
η=5 x 10
−3 η = 10
0.03 2.5
0.025
2
facteur d’amortissement
facteur d’amortissement
0.02
1.5
0.015
1
0.01
0.5
0.005
0
−1 0 1 2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10 10 10 10
κf κf
Fig. 3.50 – idem figure 3.30 pour le facteur d’amortissement modal ξ˜1 .
210 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
Dans le cas de la poutre de flexion, les propriétés modales du système sol structure varient,
selon le contraste de rigidité κf , entre les deux états limites (théoriques) suivants (cf. tableau
2.1 page 99) :
– En l’absence d’interaction avec le sol (κf → 0), les modes du système sont ceux de la
poutre sur appui parfaitement rigide (encastrement parfait dans le sol).
– Lorsque l’interaction est prépondérante, c’est à dire lorsque le sol est infiniment souple
par rapport à la structure (κf → +∞), les modes convergent vers ceux de la poutre de
flexion sur appui simple (rotation et translation horizontale libres ; les degrés de liberté
découplés des précédents, à savoir la torsion et la translation verticale, étant bloqués
par hypothèse) auxquels s’ajoutent les deux modes de corps rigide calculés au 3.2.1.
La transition entre ces deux états (c’est à dire pour les valeurs intermédiaires de κf ) est simple
et régulière si on néglige l’amortissement radiatif. Les courbes en tiretés-pointillés des figures
3.51(a) à 3.56(a) traduisent la convergence progressive, lorsque κf croît vers l’infini, des deux
premiers modes vers les deux modes de corps rigide, du troisième mode vers le premier mode
de la poutre de flexion sur appui simple, du quatrième mode vers le deuxième mode sur appui
simple, et ainsi de suite. Si on tient compte de l’amortissement radiatif prévu par le modèle
de cône, l’analyse est encore plus complexe que pour la poutre de cisaillement. Les résultats
de l’étude paramétrique traduisant l’influence de l’interaction sol structure sur les fréquences
et facteurs d’amortissement des 6 premiers modes sont présentés aux figures 3.51 à 3.56 :
– Quelque soit l’élancement, le mode fondamental converge, comme dans le cas non-amorti,
vers le premier mode de corps rigide. Dans une majorité des cas, en revanche, les modes
supérieurs ne convergent pas vers le même mode que dans le cas non-amorti mais vers
le mode d’ordre immédiatement supérieur. On peut penser, sans que cela constitue une
explication, que ce phénomène est facilité par la correspondance des fréquences des
modes sur base rigide d’ordre n et des modes sur base souple d’ordre n + 1 (en comptant
les deux modes de corps rigide).
– Notez que compte tenu de ce qui vient d’être dit, il existe nécessairement, à partir d’un
certain niveau d’interaction, un mode intercalé convergeant vers le mode sur base souple
intercepté par aucun des 6 premiers modes sur base rigide (soit le deuxième mode de
corps rigide pour η = 1 et 2, figures 3.56(a) et 3.55(a) ; respectivement les premier,
deuxième, troisième et quatrième modes de poutre sur appui simple pour η = 3, 5,
7 ou 10, figures 3.51(a) à 3.54(a)). Ce mode intercalé n’a pas pu être calculé à faible
interaction (cf. l’interruption de la courbe orange). Toutefois, extrapolant les résultats
obtenus pour d’autres modes, on peut raisonnablement affirmer qu’aux valeurs de κf
pour lesquelles le calcul n’a pas abouti, le mode « intercalé » est soit haute fréquence et
de fait en dehors du champ de l’étude, soit très fortement amorti et par conséquent de
peu d’influence sur la dynamique du système.
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 211
90
80
70
Re(ω*)/ω (i=1 à 6)
60
50
1
40
i
30
20
?
10
0
−1 0 1 2
10 10 2 10 10
κf=ω1H /(βSr0)/3.5176
(a) Pulsation propre de résonance.
1
0.9
?
facteurs d’amortissement modal ξi (i=1 à 6)
0.8
0.7
0.6
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 2 10 10
κf=ω1H /(βSr0)/3.5176
(b) Facteur d’amortissement modal.
Fig. 3.51 – Evolution de la fréquence propre (Re(ω̃i∗ )/ω1 ) et du facteur d’amortissement ξi des
6 premiers modes de la poutre de flexion sur base souple, en fonction du contraste de rigidité
entre la structure et le sol κf (η = 10, ν = 0.3, δ = 0.15, ξ1 = 0). En tiretés-pointillés dans le
cas où on néglige l’amortissement radiatif, en tiretés noirs les deux modes de corps rigide.
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 213
90
80
70
Re(ω*)/ω (i=1 à 6)
60
50
1
40
i
30
20
?
10
0
−1 0 2 1 2
10 10 κ =ω H /(β r )/3.5176 10 10
f 1 S 0
(a) Pulsation propre de résonance.
0.9
facteurs d’amortissement modal ξi (i=1 à 6)
0.8
?
0.7
0.6
modes de corps rigide 1 et 2
0.5 mode 1
mode 2
0.4 mode 3
mode 4
mode 5
0.3
mode 6
mode n°?
0.2
0.1
0
0 1 2
10 10 10
κf=ω1H2/(βSr0)/3.5176
(b) Facteur d’amortissement modal.
90
80
70
Re(ω*)/ω (i=1 à 6)
60
50
1
40
i
30
20
?
10
0
−1 0 1 2
10 10 2 10 10
κ =ω H /(β r )/3.5176
f 1 S 0
(a) Pulsation propre de résonance.
0.9
?
facteurs d’amortissement modal ξi (i=1 à 6)
0.8
0.7
0.6
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 10 10
κ =ω H2/(β r )/3.5176
f 1 S 0
(b) Facteur d’amortissement modal.
90
80
70
Re(ω*)/ω (i=1 à 6)
60
50
1
40
i
30
20
?
10
0
−1 0 1 2
10 10 2 10 10
κ =ω H /(β r )/3.5176
f 1 S 0
(a) Pulsation propre de résonance.
0.9
?
facteurs d’amortissement modal ξi (i=1 à 6)
0.8
0.7
modes de corps rigide 1 et 2
0.6 mode 1
mode 2
0.5 mode 3
mode 4
mode 5
0.4 mode 6
mode n°?
0.3
0.2
0.1
0
0 1 2
10 10 10
κf=ω1H2/(βSr0)/3.5176
(b) Facteur d’amortissement modal.
40
35
30
Re(ω*)/ω (i=1 à 6)
25
20
1
i
15
10
0 ?
−1 0 1 2
10 2 10 10 10
κ =ω H /(β r )/3.5176
f 1 S 0
(a) Pulsation propre de résonance.
1
?
0.9
facteurs d’amortissement modal ξi (i=1 à 6)
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
0.1
0
−1 0 1 2
10 10 10 10
2
κf=ω1H /(βSr0)/3.5176
(b) Facteur d’amortissement modal.
40
35
30
Re(ω*)/ω (i=1 à 6)
25
20
1
i
15
10
0 ?
−2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10
2
κf=ω1H /(βSr0)/3.5176
(a) Pulsation propre de résonance.
1
?
0.9
facteurs d’amortissement modal ξi (i=1 à 6)
0.8
0.7
0.6
modes de corps rigide 1 et 2
mode 1
0.5 mode 2
mode 3
0.4 mode 4
mode 5
0.3 mode 6
0.2
0.1
0
−2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10
2
κ =ω H /(β r )/3.5176
f 1 S 0
(b) Facteur d’amortissement modal.
90
80
a0
70
= 2π
*10
60
||ω*||/ω (i=1 à 6)
a0
=2
50
π
a0
1
=2
40
i
π/1
0
30
20
10
0
0 1 2
10 2 10 10
κf=ω1H /(βSr0)/3.5176
(a) η = 10.
?
90
80
70
60
||ω*||/ω (i=1 à 6)
a 0=
50
2π*
1
10
40
i
a0
=2
30
a0
π
=
2π
20
/10
10
0
0 1 2
10 10 10
κf=ω1H2/(βSr0)/3.5176
(b) η = 7.
Fig. 3.57 – Evolution en norme de la fréquence propre complexe des 6 premiers modes (traits
pleins) et des modes de corps rigide (tiretés) en fonction du paramètre κf . Comparaison avec
les courbes à fréquence adimensionnelle constante a0 = 2π/10, 2π et 2π ∗ 10.
3.2. Etude paramétrique de l’interaction sol structure 219
90
80
?
70
60
||ω*||/ω (i=1 à 6)
a0
a0
50
=2
=2
π
1
π*1
40
0
i
30
a0
=
2π
20
/1
0
10
0
−1 0 1 2
10 10 10 10
κ =ω H2/(β r )/3.5176
f 1 S 0
(c) η = 5.
90
80
70
60
||ω*||/ω (i=1 à 6)
a 0=
50
2π*
1
a0
10
40
=2
i
30
20
a
0 =2
π/1
10 0 ?
0
0 1 2
10 10 10
κf=ω1H2/(βSr0)/3.5176
(d) η = 3.
40
35
30
a 0 = 2π
*10
25
||ω*||/ω (i=1 à 6)
a0
20
=2
1
π
i
15
a0
=
2π
10
/10
5
?
0
−1 0 1 2
10 10 10 10
κf=ω1H2/(βSr0)/3.5176
(e) η = 2.
40
35
30
||ω*||/ω (i=1 à 6)
25
20
1
a0
i
15
a0
=2
=2
π*1
π
a0
10
=
2π
/10
5
?
0
−2 −1 0 1 2
10 10 10 10 10
κ =ω H2/(β r )/3.5176
f 1 S 0
(f) η = 1.
3.3 Conclusions
L’étude des systèmes couplant les modèles de structures les plus usuels, aux expression
des impédances fournies par le modèle de cône (Meek et Veletsos, 1974; Meek et Wolf, 1991),
a permis de dresser un tableau assez élaboré des effets de l’interaction sol structure sur la
réponse vibratoire des structures dans le cas d’un sol élastique homogène.
Les paramètres adimensionnels essentiels qui gouvernent le phénomène d’interaction sol
structure s’avèrent être en nombre très limité et faciles à estimer. Ils se résument à :
– un paramètre de comparaison (en racine) entre la rigidité du sol et de la structure
κα (α = c, f ), dont l’expression est déterminée par le comportement de la structure ;
c’est le paramètre de base de l’interaction sol structure. Selon la valeur de κα et pour
un type de structure donné, on valide l’une des hypothèses suivantes : l’interaction sol
structure est négligeable (κα faible) ; l’interaction sol structure est prépondérante et le
système se comporte comme un bloc rigide sur sol souple (κα grand) ; et pour les valeurs
intermédiaires de κ les souplesses du sol et de la structure agissent concomitamment.
– l’élancement de la structure η ;
– sa densité par rapport au sol δ ;
– le coefficient de Poisson du sol ν ;
auxquels il conviendrait d’ajouter les paramètres C1H et C2H si on avait tenu compte de l’inertie
de section et d’un comportement intermédiaire entre cisaillement et flexion purs (cf. 2.3).
Les variations des caractéristiques modales du système sol structure en fonction de ces
paramètres adimensionnels, se sont révélées plus complexes qu’on l’avait envisagé. Cependant
on distingue deux situations contrastées : d’une part le mode fondamental pour lequel le modèle
fournit des résultats robustes, fiables et potentiellement généralisables ; d’autre part les modes
supérieurs qui montrent une forte sensibilité aux paramètres, et approchent ou dépassent
les limites au-delà desquelles certaines hypothèses simplificatrices du modèle ne sont plus
pertinentes. Au regard de l’exigence de synthèse, ces deux cas sont commentés séparément.
Mode fondamental. Dans ce cas les grandes lignes de l’influence de l’interaction sol struc-
ture peuvent être dessinées. κα croissant, l’amplification de l’interaction sol structure se traduit
par une diminution de la fréquence de résonance, et l’accroissement concomitant des dépla-
cements de corps rigide et de la contribution de l’amortissement radiatif au facteur d’amor-
tissement modal. Le mode fondamental se situe, selon le niveau d’interaction, entre le mode
fondamental de la structure sur base rigide (κα → 0) et le premier mode de corps rigide sur
sol souple (κα → +∞).
Une densité forte de la structure favorise l’interaction avec le sol (baisse de fréquence,
déplacement de corps rigide) mais limite l’amortissement radiatif. Cependant ce paramètre,
variant dans un intervalle étroit pour le bâti courant (δ = 0.15 − 0.25), n’a qu’un rôle secon-
daire, tout comme le coefficient de Poisson qui ne joue qu’à la marge. On rappelle en outre
222 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
qu’une augmentation de la densité de la structure à rigidité constante (M1 ω12 constant) n’agit
pas sur l’amplitude de la diminution de fréquence et du mouvement de corps rigide, mais réduit
le facteur d’amortissement (diminution simultanée de l’amortissement structurel et radiatif).
L’élancement (η) est en revanche un paramètre décisif. Pour η ≥ 3, le mouvement de
corps rigide est très largement dominé par le basculement de la fondation qui impose sa sou-
plesse et sa dissipation d’énergie radiative. Sous l’action combinée de la baisse de la fréquence
adimensionnelle et de la participation de la translation au mouvement de corps rigide, l’amor-
tissement radiatif diminue rapidement avec l’élancement pour être négligeable, quelque soit
le niveau d’interaction, quand η ≥ 5. Pour η ≥ 2, l’amortissement radiatif reste modéré et
a peu d’effet sur la fréquence du système, mais il s’illustre par le déphasage de la déformée.
Aux élancements faibles en revanche, la translation de la fondation est significative, et, à forte
interaction, le système sol structure est fortement voire sur-amorti (η . 0.8).
L’action de l’élancement sur le niveau d’interaction varie selon le type de fonctionnement de
la structure :
– en cisaillement, l’interaction augmente légèrement avec l’élancement de la structure ;
– inversement en flexion, les structures peu élancées favorisent très nettement l’interaction
sol structure.
Pour la poutre de cisaillement comme pour la poutre de flexion, le mode fondamental sol
structure coïncide de manière remarquable, pour η ≥ 1, avec le modèle à un degré de liberté
équivalent dont les caractéristiques modales varient peu (singulièrement lorsque la translation
de corps rigide est négligeable devant la rotation) selon le comportement de la structure. Il
s’en suit qu’en première approximation, le niveau d’interaction d’une structure avec un sol
donné, ne dépend pas de son fonctionnement en flexion ou en cisaillement, mais seulement
de ses caractéristiques géométriques (η), inertielles (δ), et du produit de sa fréquence propre
par sa hauteur (ω1 H). Ce résultat important d’un point de vue pratique, vérifié pour les
comportements de structure « extrêmes », peut être extrapolé aux structures présentant un
comportement intermédiaire qui constituent la majorité des bâtiments réguliers en élévation
(Hans, 2002)..
Au vu du commentaire précédent et des figures 3.48 et 3.24, on peut affirmer sans se
préoccuper du fonctionnement de la structure, que pour 2/π(ω1 H/βS ) < 0.2 l’interaction sol
structure est négligeable, qu’inversement pour 2/π(ω1 H/βS ) > 8 l’interaction sol structure est
prépondérante et la structure se comporte comme un bloc rigide. Situons approximativement,
en guise de conclusion, les structures réelles par rapport à ces limites. Sur la base de l’esti-
mation empirique classique de la période des structures portiques, à savoir T1 ≈ H/30 (H en
mètres, T1 en secondes), on obtient 2/π(ω1 H/βS ) ≈ 120/βS . On en déduit que dans le cas des
structures portiques, l’interaction avec le sol est négligeable pour βS > 600 m/s. La condition
2/π(ω1 H/βS ) > 8 implique βS < 15 m/s, ce qui n’est pas réaliste. Pour 2/π(ω1 H/βS ) = 2,
soit βS = 60 m/s, l’interaction est très significative avec une baisse de fréquence comprise entre
3.3. Conclusions 223
Modes supérieurs. Les modes supérieurs du système sol structure se situent selon le niveau
d’interaction, entre d’une part les modes supérieurs de la structure sur base rigide (κα → 0),
d’autre part les modes non-amorti de la structure sur appui parfaitement souple et le deuxième
mode de corps rigide sur sol souple (κα → ∞).
La fréquence adimensionnelle augmente avec l’ordre du mode, diminue avec l’élancement,
et sauf cas particulier est d’autant plus forte que l’interaction sol structure est forte. Dans le
meilleur des cas, seuls les deux premiers modes admettent une fréquence adimensionnelle com-
patible avec l’hypothèse de fondation rigide, sur toute l’étendue des situations d’interaction.
Pour les modes d’ordres supérieurs, les résultats obtenus grâce aux impédances de fondation
rigide, ne sont fiables qu’à interaction faible voire modérée et montrent de manière robuste :
– un niveau d’amortissement modéré (< 20 %, supérieur à celui du mode fondamental
dans le cas d’un fonctionnement en flexion, ou en cisaillement pour les élancements forts ;
inférieur pour le fonctionnement en cisaillement et les élancements faibles), relativement
indépendant de l’élancement, et décroissant légèrement avec l’ordre du mode ;
– un effet « plateau », traduisant l’effet différé de l’interaction sol structure sur les fré-
quences de résonance des modes supérieurs.
A plus forte interaction, le modèle montre une forte sensibilité aux paramètres. Pour la poutre
de cisaillement, cette variabilité s’exprime dans un intervalle étroit de valeurs du contraste
de rigidité autour de la valeur pivot κc = 7 (pour δ = 0.15). Pour la poutre de flexion,
elle concerne un éventail plus important de niveaux d’interaction, s’élargissant avec l’ordre du
mode et la diminution de l’élancement. Dans les deux cas, il est difficile d’extraire une tendance
générale des évolutions des modes supérieurs au regard de la variété, parfois de la singularité,
des situations rencontrées. Compte tenu de l’importance des déformations de la fondation à
ces niveaux de fréquence adimensionnelle, ces résultats doivent être pris avec précaution.
224 Chapitre 3. Etude paramétrique de l’interaction sol structure
Chapitre 4
225
226 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
Les développements des chapitres précédents ont mis en évidence l’influence de l’interac-
tion avec le sol sur la dynamique d’une structure considérée implicitement comme isolée. Il est
aujourd’hui acquis que l’énergie des vibrations produite par une structure et transmise au sol,
précisément par le phénomène d’interaction sol structure, peut se propager jusqu’à des dis-
tances non négligeables (Jennings, 1970; Guéguen, 2000) et interagir avec d’autres bâtiments
voisins (Luco et Contesse, 1973; Celebi, 1993a,b; Hans et coll., 2005). Cette constatation pose
naturellement la question de l’éventualité (plus précisément de l’ordre de grandeur) du cou-
plage dynamique, s’exerçant à travers le sol, des structures constituant une ville fortement
urbanisée. Pourtant l’impact de ces interactions sur la réponse sismique des structures, parti-
culièrement dans les villes très denses fondées sur sol souple, était encore jusqu’à peu un sujet
peu étudié.
Le risque sismique dans les zones urbanisées mérite une attention particulière pour de
multiples raisons parmi lesquelles :
– la concentration de population,
– la concentration de biens, en particulier immobiliers, et d’activités humaines ayant un
impact socio-économique important,
– la présence de bâtiments stratégiques et de services publics (hôpitals, casernes de pom-
piers, centres de télécommunications, etc.).
De nombreux travaux ont été menés pour étudier la réponse sismique de sites urbains. L’ap-
proche courante consiste à supposer que le mouvement sismique en surface résulte de la source
sismique et de la structure plus ou moins complexe du sous-sol. Un des succès majeurs de ces
études a été de mettre en évidence et d’expliquer physiquement le phénomène d’amplification
par une couche de sol reposant sur un substratum rigide (Aki, 1988). Cependant, malgré le dé-
veloppement de modèles sophistiqués, incluant les effets géométrique bi ou tri-dimensionnels et
une description détaillée du sous-sol (en termes de comportement rhéologique et de distribution
spatiale des propriétés mécaniques), certaines caractéristiques spécifiques des enregistrements
sismiques restent inexpliquées. C’est le cas du séisme dévastateur de Michoacan (1985) pour
lequel la durée très importante du mouvement dans le bassin de la ville de Mexico (Singh et
Ordaz, 1993), et la présence de battements dans certains enregistrements effectués à l’intérieur
de la ville, résistent encore à une analyse classique réaliste (Chavez-Garcia et Bard, 1994).
Ces observations ont conduit Wirgin et Bard (1996) à formuler l’idée que la réponse ne
dépend pas seulement du subtratum mais aussi du « sur »stratum, c’est à dire la ville. Cette
hypothèse est suggérée par le fait :
– d’une part que la ville de Mexico est densément urbanisée ;
– d’autre part que le sous-sol, d’origine lacustre, est constitué d’une couche d’argile molle,
favorisant l’interaction sol structure, et résonant à une fréquence proche de la fréquence
fondamentale d’un grand nombre de bâtiments de grande hauteur.
Ainsi, l’énergie transmise aux bâtiments et réémise dans leur voisinage à travers les multiples
4.1. Hypothèses de base du modèle et déroulement de l’étude 227
interactions sol structure (Housner, 1957; Jennings et Bielak, 1973) et structure sol structure
(Luco et Contesse, 1973), pourrait modifier significativement le mouvement en surface libre
et allonger sa durée. Des simulations numériques réalisées sur une ville idéalisée, vue comme
une distribution périodique et unidimensionnelle d’irrégularités de surface, ont apporté une
première confirmation qualitative de cette hypothèse (Wirgin et Bard, 1996). Des calculs plus
récents, basés sur différentes descriptions de la ville (bi ou tri-dimensionnelle, périodique ou
non) et diverses méthodes (modes propres de volume, fonctions de Green, éléments finis)
donnent des résultats quantitativement plus réalistes (Clouteau et Aubry, 2001; Guéguen
et coll., 2002; Semblat et coll., 2002; Tsogka et Wirgin, 2003; Mehzer, 2004; Kham, 2004). Ils
prouvent que dans des situations spécifiques, l’effet de la ville peut être important. Cependant,
bien que certaines tendances peuvent déjà être dégagées de ces quelques cas d’étude, des
investigations systématiques couplées avec un traitement statistique des résultats devraient
être menées afin d’identifier l’influence (combinée) des nombreux paramètres impliqués dans
le phénomène.
De manière complémentaire à ces approches numériques, nous proposons une approche
simplifiée pour estimer l’influence de la ville sur le champ d’onde sismique. L’objectif de ce
travail est d’identifier les paramètres physique qui gouvernent l’effet site ville et de quantifier
l’importance du phénomène à partir de critères simples et mesurables. Cette étude ne prétend
pas fournir un modèle « exact » mais seulement des estimations. Celles-ci sont établies sur
la base d’hypothèses physiquement justifiées, grâce auxquelles le problème peut être traité de
manière analytique. L’analyse procède par changement d’échelle, depuis l’échelle du bâtiment
jusqu’à l’échelle de la ville : à partir d’une description simplifiée, à l’échelle locale, d’une zone
représentative de la ville, un comportement moyen est calculé qui caractérise l’effet global à
l’échelle de la ville. Revenant à l’échelle locale, les effets à l’intérieur de la ville sont estimés
en moyenne (dans un sens précisé dans ce qui suit).
L’essentiel de ce travail a été publié dans le BSSA (Boutin et Roussillon, 2004b).
On se concentre sur l’étude de la réponse sismique d’une ville d’urbanisation dense à une
onde SH en incidence verticale. Par souci de simplicité et de schématisation du phénomène,
on ne considère que les villes présentant une certaine invariance spatiale dans le plan et qui
peuvent en première approche être assimilées à la répétition périodique du même élément.
Cet ERB (elementary representative bloc) de surface S est typiquement de la taille du pâté
de maisons et est constitué d’un ou plusieurs bâtiments. Les implications théoriques et limi-
tations pratiques de cette hypothèse de périodicité seront discutées plus en détail par la suite.
Notons toutefois que bon nombre de quartiers de villes modernes ne diffèrent que peu de cette
représentation.
228 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
Les bâtiments qui composent l’ERB sont supposés se comporter de manière élastique,
linéaire, et l’étude est restreinte à l’influence de leur mode fondamental de vibration. On les
modélisera donc par un oscillateur à un degré de liberté équivalent (cf. chapitre 3). Le sol de
fondation homogène ou stratifié est caractérisé par ses propriétés élastiques (généralement la
rigidité µ, la masse volumique ρ et le coefficient de Poisson ν). On pourra également tenir
compte de la dissipation hystérétique d’énergie, indépendante de la fréquence, en introduisant
un facteur de qualité q dans l’expression des constantes élastiques.
Même avec une ville et un sol aussi schématiques, la résolution exacte du problème élasto-
dynamique tridimensionnel, incluant les multiples interaction sol structure et structure sol
structure, est extrêmement complexe et inaccessible par un calcul analytique. Cependant, la
complexité du problème peut être grandement réduite si le déplacement en surface varie selon
une grandeur caractéristique significativement plus grande que la taille caractéristique l de
l’ERB ; autrement dit, si au premier ordre, les variations de déplacement (ou de toute autre
grandeur du champ d’onde) sont négligeables à l’échelle de l’ERB. Cette propriété de sépa-
ration d’échelle conditionne l’"homogénéisabilité" du problème (Boutin et Roussillon, 2005;
Sanchez-Palencia, 1987). Elle est valable à des fréquences suffisamment basses pour que la
longueur d’onde λ de la solution dynamique soit considérablement plus grande que l. La suite
des développements s’inscrit systématiquement dans le cadre de cette hypothèse.
En pratique, l’intervalle de fréquence dans lequel la séparation d’échelle est effective (qui
dépend de la géométrie de la ville et des conditions de sol) ne peut être estimé que grossière-
ment. L’estimation la moins restrictive consiste à retenir les fréquences pour lesquelles on a
simplement λ > l. Dans cette hypothèse et en supposant que la longueur caractéristique de
l’ERB est de l’ordre de l = 50 m pour les zones d’urbanisation dense, on se limitera, pour les
deux cas d’étude présentés dans le tableau 4.1, à savoir un quartier de Mexico et un quartier
de Nice, aux intervalles 0 − 1.6 HZ et 0 − 4 Hz respectivement.
M Ut = U b + U s
K ,C
Γ Us
S 0
ρ
µ,q
UI eikz UR e−ikz
On applique, pour commencer, l’approche décrite précédemment au cas d’une ville mo-
nofréquentielle, c’est à dire constituée d’un seul type de bâtiment, périodique, construite sur
un demi-espace infini homogène (figure 4.1). L’ERB, de surface S, inclut un unique bâtiment
représenté par un oscillateur associant une masse M , un ressort de rigidité K, et un amortis-
seur visqueux C. Cet oscillateur est caractérisé par la fréquence de ses oscillations libres non
È √
amorties f0 = ω0 /(2π) = 1/(2π) K/M et son taux d’amortissement ξ = C/(2 KM ). Le
demi-espace infini est constitué d’un sol homogène élastique de densité ρ, rigidité (module de
230 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
On définit de même :
È
– la vitesse (des ondes de cisaillement) β = µ/ρ et la grandeur complexe correspondante,
Ê
∗ i i
β =β 1+ ≃β 1+ , (4.2)
q 2q
L’onde sismique incidente est une onde SH harmonique en incidence verticale. Compte tenu
de la linéarité du problème (conservée malgré le facteur de qualité fini), tous les éléments
oscillent à la même pulsation ω qui est celle de l’onde incidente. On définit l’axe vertical Oz,
orienté vers le bas et dont l’origine est choisie sur l’interface Γ entre le sol et la ville. Le
déplacement de l’incidence est donné par UI exp i(kz + ωt) . On introduit, comme dans le cas
classique de la surface libre, une onde réfléchie UR exp i(−kz + ωt) qui se propage vers les
z croissant. Le déplacement à l’interface site ville Γ est noté US exp(iωt), identique dans tous
les ERB en incidence verticale. En ce qui concerne les mouvements des bâtiments, Ut exp(iωt)
et Ub exp(iωt) sont respectivement le déplacement total de la masse dans le référentiel fixe, et
le déplacement relatif par rapport à la base, de telle sorte que :
Ut = U b + U S . (4.4)
Le problème est déterminé par trois équations linéaires, soit en omettant le terme exp(iωt) :
Us = U I + U R (4.6)
– l’équilibre sur la surface S de l’ERB, d’une part de la contrainte dans le sol, d’autre part
4.2. Approximation en contrainte moyenne 231
On définit encore deux quantités utiles par la suite, la fonction de transfert B(ω) et la réac-
tance F (ω), reliant respectivement le déplacement total de la masse et la force exercée par le
bâtiment, au déplacement de la base :
Ut ω 2 + 2iξωω0
B(ω) = = 2 0 , (4.8)
US ω0 + 2iξωω0 − ω 2
F (ω) = B(ω)M ω 2 . (4.9)
De (4.5), on tire :
Ub = (B(ω) − 1)US , (4.10)
et donc :
−KUb − CiωUb = −M ω 2 B(ω)US = F (ω)US . (4.11)
avec : √
i iω KM
P (ω) = 1 − σ B(ω), σ= √ . (4.13)
2q ω0 S µρ
Finalement, la résolution du système d’équations (4.6), (4.10) et (4.12) en fonction de P (ω)
(noté P ) donne :
2UI
US = , (4.14)
1+P
1−P
UR = UI , (4.15)
1+P
2B
Ut = UI , (4.16)
1+P
et
2(B − 1)
Ub = UI . (4.17)
1+P
On retrouve le cas de la réflexion totale, en l’absence d’interaction site ville, lorsque P (ω) = 0,
c’est à dire, outre le cas statique ω = 0, lorsque σ = 0. σ est le paramètre pertinent pour
évaluer l’importance du phénomène et sera systématiquement utilisé dans la suite.
232 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
Il apparaît clairement dans les résultats précédents que l’amplitude de P conditionne l’effet
de l’interaction site ville sur la réponse sismique dans le cas d’une onde SH en incidence
√
KM
verticale. P dépend linéairement (4.13) de la valeur du paramètre adimensionnel σ = √ .
S µρ
Par conséquent, la présence de la ville n’a pas d’influence sur le champ d’onde, lorsque σ tend
vers 0 c’est à dire si la ville est constituée de bâtiments légers (M → 0), souples (K → 0),
et dispersés (S → ∞), construits sur un sol rigide (µ → ∞). Inversement, l’influence de
l’interaction site ville est d’autant plus forte que la ville est densément urbanisée avec des
bâtiments lourds et rigides, et située sur un sol mou.
σ peut être estimé à partir de la formule empirique classique reliant la fréquence de résonance
des structures portiques à leur hauteur Hb :
1 Hb
= T0 ≃ . (4.18)
f0 30
On note θ = Sb /S, la densité de la ville. θ = 1/2 paraît atteignable par les villes les plus denses.
ρb est de l’ordre de 250 − 350 kg/m3 et ρ dans l’intervalle 1500 − 2500 kg/m3 . La vitesse des
ondes de cisaillement β varie entre 1500 m/s pour un substratum rocheux de bonne qualité et
50 m/s pour un sol sédimentaire très souple. En définitive σ ne semble pas pouvoir dépasser 1.
Dans la pratique, σ = 1/3 est une valeur limite plus réaliste. On obtient par exemple, à partir
des données recueillies par Guéguen et coll. (2002) dans le quartier Roma Norte de Mexico et
0
le quartier de la Gare à Nice (tableau 4.1), σMex. 0
≃ 0.25 et σNice ≃ 0.05.
Tab. 4.1 – Profil simplifié de sol et caractéristiques de la ville dans un quartier de Mexico et
un quartier de Nice.
4.2. Approximation en contrainte moyenne 233
La partie réelle de la réactance (équation (4.9)), c’est à dire la partie résistive (élastique),
non dissipative, est positive pour les fréquences inférieures à la fréquence de résonance, négative
dans le cas contraire (Strasberg et Feit, 1996). Par conséquent, en deçà de la résonance, la
ville agit comme une masse supplémentaire répartie à la surface du sol et au-delà comme un
ressort ou un amortisseur.
Réponse basse fréquence. A très basse fréquence (f ≪ f0 ), B(ω) est proche de 1 puis
F (ω) ≃ M ω 2 ; l’effet du bâtiment est celui d’une masse M qui suit les mouvements de la
surface (Ub ≃ 0). Dans ces conditions, une valeur approchée de P est donnée par :
iω i
P (ω) ∼
ω
σ
ω0
1−
2q
−−
ω
−−→ 0 (4.20)
ω0 →0 ω0 →0
On constate que l’interaction site ville disparaît aux fréquences significativement plus basses
que celle de la ville. D’autre part, en remarquant qu’avec q ≫ 1 :
√
iω KM ω M
P (ω) ω∼ σ =i √ È = 2π , (4.21)
ω0 S µρ K/M ρSλ
ω0 →0
on déduit une interprétation physique de P à basse fréquence comme le ratio (au facteur 2π
près) entre la masse de l’ERB et la masse de sol sous-jacente ramenée à une longueur d’onde λ.
Plus la fréquence est basse, plus la longueur d’onde et donc la masse de sol mise en mouvement
est grande, moins le masse de la ville est, en comparaison, significative.
K
Γ
S
UI eikz UR e−ikz
1 + 2iξ
B(ω) −−
ω
−−→ (4.26)
2iξ
ω0 →1
σ i σ
⇒ P (ω) −−
ω
−−→ (1 + 2iξ) 1 − ≃ , (4.27)
2ξ 2q 2ξ
ω0 →1
4.2. Approximation en contrainte moyenne 235
5 2
4 1.8
3 1.6 σ
2 1.4
σ
1 1.2
|US/UI|
P/i
0 1
−1 0.8
−2 0.6
−3 0.4
−4 0.2
−5 0
0 0.5 1 1.5 2 0 0.5 1 1.5 2
ω/ω0 ω/ω0
puis,
2ξ
US ∼
ω
2I
σ + 2ξ
, (4.28)
ω0 →1
i
Ut ω
∼ Ub ∼
ω
− 2I
σ + 2ξ
. (4.29)
ω0 →1 ω0 →1
La ville agit comme un milieu de grande impédance σ/(2ξ) provoquant une nette désamplifica-
tion des déplacements à l’interface sol ville ainsi que des déplacements internes et absolus des
bâtiments. L’amortissement structurel a un rôle prépondérant (équation (4.28)), en revanche
l’influence de l’amortissement matériel dans le sol est du second ordre. On verra au 4.2.3
que cette propriété tient toujours avec un sol stratifié malgré les multiples réflexions dans la
couche. La figure 4.4 présente les variations de US avec la fréquence pour des valeurs de ξ et σ
estimées à Nice et Mexico (tableau 4.1). On se limite aux plages de fréquences pour lesquelles
l’hypothèse de séparation d’échelle semble raisonnable (section 4.1). On observe que :
2
fR = f0 1 ξ = 0.01
1.5 ξ = 0.01
ξ = 0.05 ξ = 0.05
0
Us/UI
us(t)
1 Ricker spectrum
2
fR = f0 1
1.5
0
Us/UI
us(t)
0.5
Nice Nice
(half space) (half space)
0
0 1 2 3 4 0 5 10 15 20
frequency (Hz) time (s)
Fig. 4.4 – Ville monofréquentielle sur sol homogène. A gauche : spectre de réponse à une onde
SH en incidence verticale, du mouvement total en surface. A droite : réponse temporelle à
une ondelette de Ricker dont la fréquence centrale coïncide avec la fréquence de résonance des
bâtiments f0 . Les propriétés du substratum homogène sont prises égales à celles de la couche
supérieure supportant, en haut la ville de Mexico, en bas la ville de Nice.
On se propose d’étudier l’effet de l’interaction site ville dans le domaine temporel. Pour cela
on calcule la réponse temporel du système site ville soumis à une onde incidente impulsionnelle,
soit ÛI (t) = δ(t) et UI (ω) = 1. L’amortissement matériel dans le sol, dont le rôle secondaire
a été souligné, est ici négligé. On s’intéresse particulièrement à la différence des réponses en
présence (UˆS (t)) et en absence (2ÛI (t)) de la ville, notée Ûd (t). D’après l’équation (4.14), on
4.2. Approximation en contrainte moyenne 237
P σ
Ud = US − 2UI = −2UI = −2UI (−2ξω 2 + iωω0 )J(ω), (4.30)
1+P 1 + 2σξ
avec
1 ω0 ξ + σ/2
J(ω) = , Ω0 = √ , ζ=√ .
−ω 2 + 2iζωΩ0 + Ω20 1 + 2ξσ 1 + 2ξσ
ˆ
Par conséquent, dans le domaine temporel, Ûd (t) est relié à J(t), transformée de Fourier inverse
de J(ω), par :
Ûd (t) 2σ 2ξ ¨ˆ ˆ˙
=− J(t) + J(t) , (4.31)
ω0 1 + 2ξσ ω0
ˆ est donné par :
où, comme ζ est plus petit que 1 pour les valeurs usuelles de σ, J(t)
1 È
ˆ =
J(t) È sin Ω0 1 − ζ 2 t exp(−ζΩ0 t). (4.32)
Ω 1 − ζ2
D’où finalement :
On note que la présence de la ville conduit à une réponse oscillatoire amortie, différée dans
le temps et non plus instantanée comme dans le cas du champ libre. Ce délai existe même
en l’absence d’amortissement et n’est pas dû à d’éventuelles réflexions de couches puisque le
sol est homogène, mais correspond au temps de retour à l’équilibre des structures dont les
oscillations interagissent à travers le sol. La pseudo-pulsation des oscillations Ω0 est proche
mais légèrement inférieure à la pulsation propre des structures sur base rigide ω0 . Le temps
caractéristique de relaxation τ vaut 1/(ζΩ0 ), inversement proportionnel à σ et ω0 si on néglige
l’amortissement ξ. Donc à ω0 fixée, plus σ est grand, plus la décroissance des oscillations
est rapide tandis que l’amplitude initiale de la perturbation (= O(2ω0 σ)) est plus forte. La
dépendance de la réponse selon σ résulte donc d’un compromis entre durée et amplitude
de l’effet site ville. Ces conclusions restent valables dans leur totalité si on tient compte de
l’amortissement structurel dont l’effet est essentiellement (comme il apparaît clairement dans
la réponse spectrale, figure 4.4) de limiter l’amplitude de la perturbation mais aussi, comme on
peut s’y attendre avec un retour à l’équilibre plus rapide des structures, sa durée. On retrouve
ces résultats à la figure 4.5 où est représenté Ud (t) pour des valeurs réalistes de ξ et σ.
Remarque — on veillera à ne pas conclure de ce qui précède, en contradiction avec l’analyse
238 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
2.5 2.5
σ = 0.05 σ = 0.05
2 2
σ = 0.25 σ = 0.25
1.5 1.5
1 1
0.5 0.5
0 0
U (t)
U (t)
d
d
−0.5 −0.5
−1 −1
−1.5 −1.5
−2 −2
−2.5 −2.5
ξ=0.01 ξ=0.05
−3 −3
0 5 temps (s) 10 15 0 5 temps (s) 10 15
Fig. 4.5 – Perturbation de la réponse impulsionnelle de l’interface en présence d’effet site ville
(ξ = 0.01 et 0.05 ; σ = 0.05 et 0.25).
ts , choisi librement, est l’instant où le Ricker atteint sa valeur (négative) maximale. Au delà de
t = ts + tp , l’amplitude du Ricker peut être considérée comme nulle, et la ville entre en régime
(transitoire + permanent) d’oscillations libres. L’estimation de σ pour la ville de Mexico, très
dense et construite sur un sol lacustre extrêmement souple, est nettement supérieure au cas
0
de Nice σMex. 0
> σNice . En parfait accord avec l’analyse qui précède, on note que :
– la durée de la réponse (en terme de nombres d’oscillations) est plus longue dans le cas
de Nice que dans celui de Mexico ;
– En revanche, la ville de Mexico atténue plus fortement l’excitation (cf. amplitude pour
t ≃ ts ) mais les oscillations qui suivent immédiatement la fin du Ricker, quoique amorties
plus rapidement, sont plus fortes que dans le cas de Nice.
4.2. Approximation en contrainte moyenne 239
De (4.17), on tire :
1
Ub = 2UI ω 2 J(ω).
1 + 2ξσ
On en déduit la réponse impulsionnelle d’un bâtiment soumis à l’effet site ville :
(t) = − 2 b¨
U b J(t)
1 + 2ξσ
!
2Ω0 È 1 − 2ζ 2 È
= 2ζ cos Ω0 1 − ζ 2 t + È sin Ω0 1 − ζ 2 t exp(−ζΩ0 t).
1 + 2ξσ 1 − ζ2
En l’absence de ville, cette configuration induit un effet de site (Aki, 1988) : le mouvement
en surface libre est amplifié d’un facteur 2/R (en négligeant l’amortissement hystérétique,
cf. annexe A), aux fréquences propres de la couche. Sous incidence normale, la fréquence
fondamentale fl correspond à la résonance quart d’onde de la couche, à savoir fl = β1 /(4h),
tandis que les harmoniques supérieurs sont données par la relation fln = (2n − 1)fl .
En présence de la ville, effet de site et effet site ville se combinent. On écrit, pour une onde
SH en incidence verticale, la continuité du déplacement et de la contrainte, en surface et à
l’interface entre les deux couches :
où Ui+ , Ui− et ki désignent respectivement l’onde se propageant vers le haut (+), ou vers le
bas (−), ainsi que le nombre d’onde, dans la couche i = 1, 2 (cf. figure 4.6). Il s’en suit que,
pour une onde incidente d’amplitude I = U2+ exp(ik2 h), le déplacement Usl sur Γ est donné
240 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
M Ut = Ub + Usl
K ,C
Γ Usl
S 0
ρ1
µ1 , q1 U1+ eik1 z U1− e−ik1 z h
ρ2
µ2 , q2 U2+ eik2 z U2− e−ik2 z
par :
2
Usl = 2I (4.35)
(1 + R⋆ )(1 + P ) exp(ik1 h) + (1 − R⋆ )(1 − P ) exp(−ik1 h)
La ville modifie le spectre de réponse en surface libre (que l’on retrouve pour P = 0) particu-
lièrement au voisinage de la résonance des bâtiments où P (ω) atteint son amplitude maximale.
Comme pour le sol homogène, l’effet site ville est d’autant plus fort que le rapport σ/(2ξ) est
grand. A chaque pulsation propre de la couche ωln , l’amplitude du déplacement en surface
vaut :
2I
kUsl (ωln )k = ,
kR⋆ + P (ωln )k
contre kUsl (ωln )k = 2/R∗ en surface libre (c’est à dire sans ville). Dans le cas non-amorti
(qi = +∞ et ξ = 0), il est possible de démontrer analytiquement que la présence de la ville,
d’une part atténue l’effet d’amplification du mouvement sismique par la couche de sol, d’autre
part modifie les fréquences de résonance pour lesquelles l’amplification est maximale.
Ces caractéristiques de l’effet site ville apparaissent clairement sur les spectres des figures 4.7
et 4.8, calculés à partir des données de sous-sol des villes de Mexico et Nice (tableau 4.1), et
pour différentes valeurs du rapport entre la fréquence de la ville et celle de la couche de sol
0
f0 /fl . L’influence de la ville, plus forte pour Mexico que pour Nice (σMex. 0
> σNice ), se traduit
de la manière suivante :
– Dans le domaine fréquentiel, la perturbation du spectre de réponse en surface est maxi-
male quand la fréquence des bâtiments coïncide avec l’une des fréquences propres de la
couche (f0 /fl = 1, 3, etc.). On observe dans ce cas, le dédoublement du pic d’amplifi-
cation en (deux) pics d’amplitude moindre, tandis qu’à la fréquence propre considérée,
l’amplitude de la réponse spectrale est de l’ordre de 2/(R + σ/(2ξ)) au lieu de 2/R en
l’absence de ville. Si inversement la fréquence de bâtiments ne coïncide pas avec une
fréquence propre de la couche de sol (f0 /fl = 1/2, 3/2, etc.), l’interaction site ville fait
apparaître un nouveau pic, centré asymétriquement sur la fréquence des bâtiments (voir
4.2. Approximation en contrainte moyenne 241
20
ξ =0.01 f0/fl = 1/2
ξ =0.05 ξ = 0.01
15 fR = f0
without city
Ricker spectrum
1 ξ = 0.05
usl(t)
Usl
10 0
5 without city
0
0 0.5 1 1.5 0 50 100 150 200
frequency (Hz) time (s)
20
f0/fl = 1
fR = f0
15
1
usl(t)
Usl
10 0
0
0 0.5 1 1.5 0 20 40 60 80 100
frequency (Hz) time (s)
20
f0/fl = 3/2
fR = f0
15
1
usl(t)
Usl
10 0
0
0 0.5 1 1.5 0 20 40 60
frequency (Hz) time (s)
20
f0/fl = 2
fR = f0
15
1
usl(t)
Usl
10 0
0
0 0.5 1 1.5 0 10 20 30 40 50
frequency (Hz) time (s)
20
f0/fl = 3
15 fR = f0
1
usl(t)
Usl
10 0
0
0 0.5 1 1.5 0 10 20 30
frequency (Hz) time (s)
Fig. 4.7 – Villes mono-fréquentielles sur sol stratifié. Données de la ville de Mexico. De haut
en bas : f0 /fl = 1/2, 1, 3/2, 2 et 3. Pour d’autres commentaires, voir figure 4.4.
242 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
12
ξ =0.01 f0/fl = 1/2
10 ξ =0.05 ξ = 0.01
fR = f0
without city
8 Ricker spectrum
1
ξ = 0.05
usl(t)
Usl
6 0
4
without city
2
0
0 1 2 3 4 0 20 40 60 80
frequency (Hz) time (s)
12
f0/fl = 1
10 fR = f0
8
1
usl(t)
Usl
6 0
4
2
0
0 1 2 3 4 0 10 20 30 40
frequency (Hz) time (s)
12
f0/fl = 3/2
10 fR = f0
8
1
usl(t)
Usl
6 0
4
2
0
0 1 2 3 4 0 5 10 15 20 25
frequency (Hz) time (s)
12
f0/fl = 2
10 fR = f0
8
1
usl(t)
Usl
6 0
4
2
0
0 1 2 3 4 0 5 10 15 20
frequency (Hz) time (s)
12
f0/fl = 3
10 fR = f0
8
1
usl(t)
Usl
6 0
4
2
0
0 1 2 3 4 0 5 10
frequency (Hz) time (s)
Fig. 4.8 – idem figure 4.7, avec les données de la ville de Nice.
4.2. Approximation en contrainte moyenne 243
par exemple les figures 4.7 et 4.8 pour f0 /fl = 0.5), et/ou induit une modification des
fréquences dominante de la couche (figures 4.7 et 4.8 avec f0 /fl = 2 par exemple) :
Comme on l’a vu à la section 4.2.2.2, la ville se comporte en-dessous de sa fréquence de
résonance comme une masse additionnelle, ce qui provoque le décalage vers les basses
fréquence des pics d’amplification de la couche ; inversement, les pics d’amplification
situés au-dessus de la fréquence de la ville sont décalés vers les hautes fréquences sous
l’effet de la ville agissant comme une frontière élastique. Dans tous les cas, l’accroisse-
ment de l’amortissement structurel a tendance à lisser les perturbations de l’effet site
ville (comparer les courbes des figures 4.7 et 4.8 pour ξ = 0.01 et ξ = 0.05).
– La réponse temporelle à une ondelette de Ricker, dont la fréquence centrale coïncide
avec la fréquence des bâtiments (équation (4.34)) est également présentée. Le dédou-
blement des pics de résonance produit des battements dans le signal. L’importance de
ces battements est le résultat d’un compromis entre leur période et l’amplitude de la
perturbation, tous deux liées à l’écart de fréquence entre les deux pics jumeaux ; il n’est
donc pas contradictoire qu’ils apparaissent plus clairement avec les données relatives à
la ville de Nice malgré une interaction site ville moindre. Par ailleurs, un accroissement
significatif de la durée du signal est systématiquement observé, y compris pour les pics
asymétriques. Cependant, pour des mouvements sismiques à large spectre, il y a tout
lieu de penser que l’influence des bâtiments dont la fréquence est éloignée d’une fré-
quence propre de la couche de sol, sera masquée par l’effet dominant de la résonance de
couche. Par conséquent, la perturbation due à l’effet site ville est à attendre principale-
ment des bâtiments dont les fréquences sont proches des fréquences propres de la couche.
Étudiant la même configuration site ville, Guéguen, Bard et Chavez-Garcia (2002) ont
proposé un indicateur de l’importance de l’effet site ville, E, basé sur une comparaison de
l’énergie cinétique dans le sol et dans la ville, en supposant que la couche oscille essentiellement
à sa fréquence de résonance et que la fréquence des bâtiments est supérieur à celle de la couche.
Pour une ville mono-fréquentielle, E s’écrit :
2
ρb H b fl
E =θ ,
ρ h f0
La comparaison de E et σ montre que ces deux paramètres coïncident quand f0 /fl ≃ 1. Leurs
significations physiques différentes (contraste d’impédance contre ratio d’énergie cinétique)
expliquent sans doute qu’ils divergent aux autres fréquences.
244 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
Si on considère la réponse à une onde S en incidence verticale, la seule différence entre une
ville mono et multi-fréquentielle apparaît dans l’équilibre des forces (équation (4.7)) faisant
intervenir la somme des efforts transmis par chaque bâtiment n. On définit alors par analogie
avec ce qui précède la fonction PM (M pour Multi) incluant les contributions de tous les
bâtiments de l’ERB :
N √
i X iω Kn Mn
PM (ω) = 1 − σn Bn (ω) avec σn = √ .
2q n=1
ω0n S µρ
En introduisant une nouvelle fois l’équation empirique reliant la période d’une structure por-
tique à sa hauteur (Tbn ≈ Hbn /30), il vient :
θn 0
σn ≈ σ .
θ
2I 1 − PM
UsM = , URM = I ,
1 + PM 1 + PM
tandis que les déplacements interne et total sont différents pour chaque bâtiment :
2I 2I
Utn = Bn , Ubn = (Bn − 1) .
1 + PM 1 + PM
Les propriétés des Pn se cumulant dans la fonction PM , la perturbation spectrale due à l’effet
site ville s’étend sur tout l’intervalle des fréquences des bâtiments, et puisque σn < σ 0 , son
amplitude est inférieure au cas de la ville mono-fréquentielle de même σ 0 . Ce point apparaît
clairement si on compare les spectres de la figure 4.4, à ceux de la figure 4.9 obtenus pour une
ville multi-fréquentielle constituée de 5 types de bâtiments différents (f0n /fl = 1/2, 1, 3/2, 2 et
3), présents en densité égale (θn /θ = 1/5). Par conséquent, dans la gamme de fréquence de la
séparation d’échelle, la ville a plus d’influence si elle est constituée de bâtiments comparables
plutôt que de bâtiments présentant une grande dispersion de fréquence.
4.2. Approximation en contrainte moyenne 245
2
ξ = 0.01
fR = f0 1
1.5
ξ = 0.05
usM(t)
0
UsM
1
incident wave (Ricker)
0.5
Mexico Mexico
(half space) (half space)
0
0 0.5 1 1.5 0 10 20 30 40 50
frequency (Hz) time (s)
2
fR = f0 1
1.5
usM(t)
0
1
UsM
0.5
Nice Nice
(half space) (half space)
0
0 1 2 3 4 0 5 10 15 20
frequency (Hz) time (s)
Fig. 4.9 – Ville multi-fréquentielle sur substratum homogène. Ville composée de 5 types de
bâtiments, en densité égale, de fréquences de résonance f0 /2, f0 , 3f0 /2, 2f0 , 3f0 . Pour d’autres
commentaires se référer à la figure 4.4.
246 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
20
ξ = 0.01
f =f ξ = 0.01
ξ = 0.05 R l
15 without city
Ricker spectrum
1
(t)
ξ = 0.05
slM
slM
10 0
U
5 without city
Mexico Mexico
0
0 0.5 1 1.5 0 20 40 60 80 100
frequency (Hz) time (s)
12
10 f =f
R l
8
1
(t)
6 0
sM
slM
u
U
4
2
Nice Nice
0
0 1 2 3 4 0 10 20 30 40
frequency (Hz) time (s)
Fig. 4.10 – Ville multi-fréquentielle sur sol stratifié. Ville composée de 5 types de bâtiments, en
densité égale, de fréquences de résonance f0 /2, f0 , 3f0 /2, 2f0 , 3f0 . Pour d’autres commentaires
se référer à la figure 4.4.
248 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
pourrait être effectué en utilisant l’une des méthodes numériques sophistiquées mentionnées
précédemment. Nous considérons ici une approche alternative permettant d’affiner la descrip-
tion du champ d’onde tout en conservant les avantages d’un calcul analytique. L’idée directrice,
à la base de cette nouvelle approximation, consiste à définir (à partir de considérations phy-
siquement fondées) une couche limite réalisant la transition entre la distribution hétérogène
de contraintes à l’interface site ville et une répartition homogène à une certaine profondeur.
Nous utilisons à cette fin le modèle de cône qui fournit une description approchée du champ
rayonné par une fondation de surface (cf section 3.1.3).
Dans ce qui suit, le sol est supposé élastique afin d’alléger la présentation. Cependant,
ces développements sont parfaitement généralisables pour tenir compte d’un amortissement
hystérétique, en substituant simplement à la rigidité du sol µ la rigidité complexe µ(1 + i/q),
où q est le facteur de qualité.
z0 = αr0
Γ T0 ,u0 z
S(z)
u(z) = u0 uc (z)
z0 ω
u(z) = u0 uc (z) avec uc (z) = exp −ik(z − z0 ) et k = . (4.36)
z β
π
G = T0 /u0 = µS0 (ik + 1/z0 ) avec z0 /r0 = α = (2 − ν) . (4.38)
8
Notez que l’ouverture du cône est assez importante quelque soit la valeur du coefficient
de Poisson ν. Pour ν = 1/3 par exemple, α = z0 /r0 ≃ 2/3.
Wolf (1994) montre que l’hypothèse de diffusion conique des déformations est réaliste, de sorte
que l’impédance dynamique peut être estimée en négligeant la portion de sol située en dehors
de cône. La proximité des valeurs d’impédance issues du modèle de cône, avec les résultats
du calcul numérique « exact » (3.1.3.4), semble confirmer cette thèse. Par conséquent, tout
est réuni pour penser que le modèle de cône fournit une fonction de Green dont la précision
est valable pour le problème étudié, tout du moins pour les déplacements de la portion de sol
située au-dessous de la fondation. Cependant, le point faible du modèle de cône est l’absence
de description du champ d’onde à l’extérieur du cône. Pour une distribution périodique de
fondations, cette lacune est partiellement comblée grâce à la couche limite introduite à la
section suivante.
tandis que la résultante des efforts exercés sur la fondation par le champ de contrainte conique
vaut, par définition de l’impédance : T1′ = −Gu1 . Par ailleurs T1′ équilibre la force exercée par
le bâtiment sur sa fondation : T1′ = −Tb = −F (ω)(2I + u1 ) (équation (4.9)). On en déduit
l’amplitude du champ rayonné u1 , puis du déplacement total de la fondation noté USSI :
2I
USSI = . (4.39)
1 − F/G
Avec cette approximation, le mouvement en surface libre n’est pas modifié par la présence du
bâtiment : UΓ = 2I. Enfin, les déplacements, total et relatif, de l’oscillateur sont donnés par :
L’attention est maintenant portée sur le champ approché rayonné par une distribution
bidimensionnelle, périodique, de fondations superficielles identiques, soumises simultanément
à la même force harmonique T0 exp(iωt). À cette fin, on définit une couche limite adaptée à
cette distribution en créneau des contraintes en surface.
Notons que les champs de cône rayonnés par les fondations interceptent quasiment toute
la surface du substratum à une profondeur Z déterminée par l’ouverture des cônes α et la
densité urbaine θ (figure 4.12) :
2 √
z0
=θ ⇒ Z = (1/ θ − 1)αr0 . (4.40)
Z + z0
z0
u(z0 + Z) = u0 exp(−ikZ)
z0 + Z
1 z0
τ (z0 + Z) = −µ ik + u0 exp(−ikZ)
z0 + Z z0 + Z
(en z = z0 ) et permet d’équilibrer le champ total à la profondeur Z par une unique onde
S se propageant en-dessous de la couche limite vers l’infini (figure 4.12). D’un point de vue
physique, ces deux ondes additionnelles représentent le champ diffracté global, généré par les
multiples interactions entre fondations.
0
T0 ,u0 T0 ,u0 T0 ,u0 z0
Γ
u(z) u(z) Z
Du0 eik(z−z0 ) Du0 e−ik(z−z0 ) u(z)
Eu0 e−ik(z−z0 )
z
Afin de conserver des notations aussi simples que possibles, les amplitudes de tous les
champs sont normés par rapport au déplacement u0 , de sorte que :
– u0 D− exp −ik(z − z0 ) et u0 D+ exp ik(z − z0 ) désignent les ondes diffractées dans la
couche limite,
– et u0 E exp −ik(z − z0 ) l’onde propagée au-dessous de la couche limite vers l’infini.
La condition aux limites en surface (contrainte nulle en surface libre, efforts exercés par la
fondation équilibrés par l’onde de cône) impose une même amplitude pour les ondes montante
et descendante diffractées dans la couche limite : D+ = D− = D. Par ailleurs, la continuité
de la contrainte et du déplacement en z = z0 + Z se traduit par le système d’équation :
z0
exp(−ikZ) + D exp(−ikZ) + D exp(ikZ) = E exp(−ikZ) ,
z0 + Z
1 z0
− 1+ exp(−ikZ) − D exp(−ikZ) + D exp(ikZ) = −E exp(−ikZ) ,
ik(z0 + Z) z0 + Z
de solutions :
1 z0 exp(−2ikZ)
2D = exp(−2ikZ) = θ , (4.41)
ik(z0 + Z) z0 + Z ikz0
√ √ 1 + exp(−2ikZ)
1 + exp(−2ikZ) z0
E = 1+ = θ 1+ θ . (4.42)
2ik(z0 + Z) z0 + Z 2ikz0
Finalement le champ total dans la couche limite, normalisé par u0 , est la superposition du
champ de cône rayonné par chaque fondation et du champ d’interaction. Ce champ non ho-
mogène vaut donc :
8
<2D cos k(z − z ) + u (z) dans les cones,
Ü(z) = 0 c
U (4.43)
:
2D cos k(z − z0 ) hors des cones.
252 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
Au passage, on constate que tout l’intérêt de cette approche est de permettre de différencier
le déplacement à la base de chaque bâtiment, Ý
U0 = (1 + 2D), du déplacement en surface libre,
Ý
U0 = 2D.
L’« impédance périodique » reliant la force exercée sur la fondation, au déplacement effectif
de la fondation prend la forme :
T0 G
GP = = .
u0 (1 + 2D) 1 + θ exp(−2ikZ)/ikz0
Pour une ville très dense (θ → 1 ⇒ Z → 0), GP tend vers iµkS, à savoir l’impédance d’un sol
uniformément chargé, reflétant ainsi l’effet dominant des multiples interactions. Inversement,
on retrouve l’impédance d’une fondation isolée G pour les densités urbaines faibles (θ → 0).
0
z0
Γ
u(z) u(z) Z
Du0 eik(z−z0 ) Du0 e−ik(z−z0 ) u(z)
La force exercée sur la fondation par l’oscillateur soumis au déplacement de sa base vaut
T0 = F (ω)(1 + 2D + 2A)u0 . Par construction, cette force n’est équilibrée que par le champ de
cône, soit par définition de l’impédance : T0 = Gu0 . On en déduit :
1 θ exp(−2ikZ)
2A = G/F − (2D + 1) = − 1 + − 1+θ . (4.46)
ikz0 P ikz0
Revenant aux amplitudes non normées, on note I = Au0 l’amplitude de l’onde incidente et
on obtient les expressions :
– du déplacement de la fondation :
2I
Uf = u0 (1 + 2D + 2A) = (4.47)
1+Π
où :
exp(−2ikZ)
F (2D + 1) 1+θ ikz0 1
Π=− =P 1 (4.48)
G 1+ ikz0
θ
Le ratio UΓ /2I renseigne sur l’influence des bâtiments sur le mouvement en champ libre à
l’intérieur de la ville. Cet effet tend à disparaître quand Π, c’est à dire P tend vers 0 ; mais
aussi d’après (4.49), pour :
αr0 λ
kθ exp(−2ikZ)/(ikz0 )k = θ/kz0 ≪ 1 ⇒ ≪ ,
θ 2π
où λ est la longueur d’onde. Ce cas, qui correspond à la disparition du champ diffracté dans la
couche limite (D ≃ 0, cf. équation (4.41)), n’est pas compatible avec l’hypothèse de séparation
d’échelle . Inversement, aux fréquences pour lesquelles l’hypothèse de séparation d’échelle est
pertinente, θ exp[−2ikZ]
ikz0 est à valeur finie, et l’effet site ville est fort quand Π, donc P , est fort,
c’est à dire au voisinage de la fréquence de résonance des bâtiments.
Les calculs présentés à la figure 4.14 (pour la valeur représentative r0 = 10), permettent
de comparer les déplacements de la fondation d’un bâtiment isolé USSI (équation (4.39)),
et ceux du même bâtiment entouré par une ville Uf (équation (4.47)). Ils illustrent aussi la
correction introduite par la couche limite par comparaison avec l’approximation en contrainte
moyenne Us (équation (4.14)). Dans les deux cas étudiés (Nice et Mexico), le mouvement
254 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
Impédance de fondation sur sol stratifié. Soit donc une fondation rigide, circulaire de
rayon r0 , et soumise à une force horizontale harmonique T0 exp(iωt). Le sol de fondation est
constitué d’une couche de sol (milieu 1 d’épaisseur h, rigidité µ1 , densité ρ1 et coefficient
de Poisson ν1 ) et d’un substratum rocheux (milieu 2, µ2 , ρ2 , ν2 ). Meek et Wolf (1992b) pro-
posent une construction approximative du champ d’onde rayonné, basée sur le modèle de cône,
4.3. Modèle de couche limite 255
5 4
Uf
spectral response
4 UΓ uΓ
Us 3
3 USSI
2
2
uf
1 1
time response
Mexico (half space)
ξ = 0.01
0
0 0.5 1 1.5 0
frequency (Hz)
uSSI
5 -1
spectral response
4
-2
3
incident wave (Ricker)
-3
2
Mexico (ξ = 0.01)
1 -4
Mexico (half space) 0 20 40 60 80 100
ξ = 0.05 time (s)
0
0 0.5 1 1.5
frequency (Hz)
5
spectral response
4 4
3 uΓ
3
2
2
1 Nice (half space)
ξ = 0.01 uf
0 1
time response
0 1 2 3 4
frequency (Hz)
0
5
uSSI
spectral response
4 -1
3
-2
2
incident wave (Ricker)
-3
1 Nice (half space)
ξ = 0.05 Nice (ξ = 0.01)
0 -4
0 1 2 3 4 0 10 20 30 40
frequency (Hz) time (s)
100 8
Ut
spectral response
80 UtSSI 6 ut
60 Rocks
4
40
20 2
time response
Mexico (half space)
ξ = 0.01 utSSI
0
0 0.5 1 1.5 0
frequency (Hz)
25 -2
spectral response
20
-4 rigid substratum (rocks)
15
-6
10
Mexico (ξ = 0.05)
5 -8
Mexico (half space) 0 20 40 60 80 100
ξ = 0.05 time (s)
0
0 0.5 1 1.5
frequency (Hz)
100
spectral response
80 8
60
6 ut
40
4
20 Nice (half space)
ξ = 0.01
0 2
time response
0 1 2 3 4
frequency (Hz) utSSI
0
30
spectral response
-2
20
-4 rigid substratum (rocks)
10
-6
Nice (half space)
ξ = 0.05 Nice (ξ = 0.05)
0 -8
0 1 2 3 4 0 10 20 30 40
frequency (Hz) time (s)
Fig. 4.15 – Comparaison, pour un sol homogène, des réponses fréquentielles et temporelles
à une onde S en incidence verticale, d’un bâtiment en milieu urbain (Ut (ω), ut (t)), isolé en
interaction simple sol structure (UtISS (ω), utISS (t)), ou fondé au rocher. A gauche, réponse
spectrale à une onde S en incidence verticale ; à droite, réponse à un Ricker centré sur la
fréquence des bâtiments (fR = f0 ).
4.3. Modèle de couche limite 257
−z2
−z0T
−z0
T0 ,u0
Γ 0
ρ1
µ1 , q1
ρ2
µ2 , q2
z1
z
Fig. 4.16 – Fondation sur couche et substratum souples. Hypothèse cinématique de champs
coniques.
respectant les conditions aux limites de contrainte nulle en surface libre et de compatibilité
cinématique à l’interface des deux couches de sol. Il s’agit d’une superposition (en nombre in-
fini) d’ondes de cône tantôt réfléchies aux deux discontinuités ou transmises dans le milieu 2.
La première de ces ondes (indice 0) est celle émise immédiatement en dessous de la fondation
et ne "voit" pas le milieu 2 ; c’est à dire qu’elle est identique à l’onde de cône dans le cas d’un
demi-espace homogène de même caractéristique que le milieu 1 (cf. équation (4.36) transposée
avec l’origine de l’axe z à la surface) :
z0 π
u0 (z) = u0 uc,0 (z) = u0 exp(−ik1 z) où z0 = (2 − ν1 ).
z + z0 8
z0 + h
u1 (z) = u1 uc,1 (z) = u1 exp ik1 (z − h) ,
z0 + 2h − z
zT + h
uT0 (z) = uT0 uTc,0 (z) = uT0 0T exp −ik2 (z − h) ,
z0 + z
258 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
où z0T , coordonnée de l’apex du cône de l’onde transmise (cf. figure 4.16), est donnée par :
2 − ν2
z0T = (z0 + h) − h.
2 − ν1
z0
⇒ u0 exp(−ik1 h) + u1 = uT0 ,
z0 + h
– pour la contrainte de cisaillement : τmilieu1 (z = h) = τmilieu2 (z = h)
1
z0 µ2 ik2 + z0T +h T
⇒ u0 exp(−ik1 h) − u1 = u .
z0 + h µ1 ik1 + z 1+h 0
0
Étudions maintenant le respect des conditions aux limites en z = 0. Les efforts développés au
niveau de la fondation sont équilibrés par l’onde de cône d’indice 0 seule soit, comme dans le
cas du sol homogène ((4.38)) :
1
T0 = Gu0 = iµ1 k1 S0 1 + u0 .
ik1 z0
Autour de la fondation, la condition de champ libre implique une contrainte de surface nulle.
Il convient donc d’équilibrer la contrainte développée par l’onde d’indice 1 provenant de l’in-
terface par la superposition d’une nouvelle onde réfléchie (indice 2), également de type cône :
z0 + 2h
u2 (z) = u2 uc,2 (z) = u2 exp(−ik1 z),
z + z0 + 2h
z0 + h
u2 = exp(−ik1 h)u1
z0 + 2h
µ1 (ik1 + z01+h ) − µ2 (ik2 + 1
z0T +h
) z0
⇒ u2 = 1 1 exp(−i2k1 h)u0 .
µ1 (ik1 + z0 +h ) + µ2 (ik2 + z0T +h
) z0 + 2h
4.3. Modèle de couche limite 259
z0 + (2n − 2)h
propagation vers les z > 0 u2n−2 (z) = u2n−2 uc,2n−2 (z) = u2n−2 exp(−ik1 z),
z + z0 + (2n − 2)h
z0 + (2n − 1)h
propagation vers les z < 0 u2n−1 (z) = u2n−1 uc,2n−1 (z) = u2n−1 exp ik1 (z − h) ,
z0 + 2nh − z
zT +h
ondes transmises uT2n−2 (z) = uT2n−2 uTc,2n−2 (z) = uT2n−2 2n−2
T
exp −ik 2 (z − h)
z2n−2 +z
T 2 − ν2
où z2n−2 = (z0 + (2n − 1)h) − h.
2 − ν1
L’écriture des conditions aux limites donnent pour les "nième réflexions" à l’interface et en
surface :
z0 + (2n − 2)h
u2n−2 exp(−ik1 h) + u2n−1 = uT2n−2 ,
z0 + (2n − 1)h
1
z0 + (2n − 2)h µ2 ik2 + z2n−2
T +h
u2n−2 exp(−ik1 h) − u2n−1 = 1 uT2n−2 ,
z0 + (2n − 1)h µ1 ik1 + z +(2n−1)h
0
z0 + (2n − 1)h
u2n = exp(−ik1 h)u2n−1 ,
z0 + 2nh
puis :
!
n−1
Y z0
u2n (z) = αp exp(−i2nk1 h) exp(−ik1 z)u0 ,
p=0
z0 + 2nh + z
!
n−1
Y z0
u2n−1 (z) = αp exp(−i2nk1 h) exp(ik1 z)u0 .
p=0
z0 + 2nh − z
où :
1 1
µ1 (ik1 + z0 +(2p+1)h ) − µ2 (ik2 + T +h )
z2p
αp = 1 1
µ1 (ik1 + z0 +(2p+1)h ) + µ2 (ik2 + T +h )
z2p
1 2−ν1 1
µ1 (ik1 + z0 +(2p+1)h ) − µ2 (ik2 + 2−ν2 z0 +(2p+1)h )
= 1 2−ν1 1 . (4.51)
µ1 (ik1 + z0 +(2p+1)h ) + µ2 (ik2 + 2−ν2 z0 +(2p+1)h )
+∞
X
ut (z) = un (z)
n=0
"
+∞
X n−1
Y
z0
= u0 (z) + u0 αp exp ik1 (z − h)
n=1 p=0
z0 + 2nh − z
#
z0
+ exp −ik1 (z + h) exp −i(2n − 1)k1 h .
z0 + 2nh + z
L’impédance de la fondation, notée Gl (l pour layer), est donnée, dans le cas général, par :
T0 T0 u0
Gl = =
ut (z = 0) u0 ut (z = 0)
1
G iµ1 k1 S0 1 + ik1 z0
⇒ Gl = = (4.52)
P+∞ Qn−1
exp(−i2nk1 h) P+∞ Qn−1
exp(−i2nk1 h)
1+2 n=1 p=0 αp 1+2n zh
1+2 n=1 p=0 αp 1+2n zh
0 0
Pour une comparaison détaillée de ce résultat avec les calculs données par une approche
"exacte" du type éléments frontières, on pourra se reporter aux pages 184 − 185 (substratum
rocheux infiniment rigide) et 202 − 203 (sol et substratum souples) du livre de Wolf (1994).
Il en ressort pour l’essentiel une excellente concordance tant qualitative que quantitative des
ωr0
valeurs d’impédance pour les "suffisamment basses" fréquences, typiquement a0 = β1 ≤ 8
ȵ
(β1 = 1
ρ1 vitesse des ondes de cisaillement dans la couche de sol), ce qui correspond à
la majorité des applications pratiques. Malgré une forte schématisation du champ d’onde,
cette modélisation semble donc saisir l’essentiel du phénomène des réflexions multiples dans
la couche. On l’utilise dans ce qui suit pour calculer, avec une très bonne approximation, la
réponse à une onde SH incidente d’une structure isolée à la surface d’un sol stratifié.
Réponse d’une structure isolée sur un sol stratifié. La réponse à une onde SH en
incidence verticale, d’une structure isolée, placée en surface d’un sol constitué d’un substratum
rocheux recouvert d’une couche de sol plus souple, peut être aisément déterminée grâce à la
généralisation du modèle de cône présenté au paragraphe précédent.
U1+ 2 1
= = (4.53)
U2+ (1 + R⋆ ) exp(ik1 h) + (1 − R⋆ ) exp(−ik1 h) cos(k1 h) + iR sin(k1 h)
ȵ ρ
où R = 1 1
µ2 ρ 2 est le contraste d’impédance entre la couche et le substratum.
par : " #!
+∞ n−1
X Y exp(−i2nk1 h)
USSI,l = 2U1+ + u0 1 + 2 αp (4.54)
n=1 p=0
1 + 2nh/z0
L’amplitude du champ radié (normalisé par u0 dans les développements ci-dessus) se déduit de
l’équilibre dynamique de la fondation. Celle-ci étant considérée sans masse, les efforts d’inertie
F (ω)USSI,l exercés par la masse du bâtiment sont repris intégralement par le sol de fondation :
2 1
USSI,l = . I, (4.55)
1 − F/Gl cos(k1 h) + iR sin(k1 h)
où I = U2+ a été introduit par assurer la cohérence avec les notations précédemment intro-
duites. Finalement, le déplacement total de la masse de la structure et la déformation interne
sont donnés par :
A exp(ik1 h) + (A + E) exp(−ik1 h) = A+ −
2 exp(ik2 h) + A2 exp(−ik2 h),
puis, en revenant aux variables non dimensionnelles, et en considérant une onde incidente
d’amplitude u0 A+
2 = I exp(−ik2 h) :
4.3. Modèle de couche limite 263
0
z0
Γ
u(z) u(z) Z
Du0 eik1 (z−z0 ) Du0 e−ik1 (z−z0 ) u(z)
A−
2 u0 e
−ik2 (z−z0 ) A+
2 u0 e
ik2 (z−z0 )
1 + 2D + 2A
Uf l = 2I ,
A(1 + R) exp(ik1 h) + (A + E)(1 − R) exp(−ik1 h)
ou encore,
2I 2
Uf l = , (4.57)
(1 + Π) (1 + R) exp(ik1 h) + (1 + E/A)(1 − R) exp(−ik1 h)
F
UΓl = Uf l (1 − ), (4.58)
G
Les figures 4.18 et 4.19, tracées avec les données représentatives de Mexico et Nice, per-
mettent de comparer les déplacements des fondations (Uf l ) et de la surface libre (UΓl ) dans
le modèle de couche limite avec le déplacement moyen (Usl ) de l’approximation en contrainte
moyenne, et le déplacement de la fondation d’un bâtiment identique mais isolé (USSI,l ).
Comme pour le substratum homogène, on observe une grande similarité entre les approches en
264 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
contrainte moyenne et par couche limite ; Seules quelques différences émergent dans le mouve-
ment en surface libre, à haute fréquence. Les comparaisons entre la réponse des fondations en
interaction simple (bâtiment isolé) et interactions multiples (en présence de la ville) confirme
également la tendance mise en évidence dans le cas du substratum homogène, à savoir le fait
que l’interaction site ville tend à redistribuer les déformations depuis les structures vers le sol.
Cet effet est bien visible si on considère les déplacements totaux des bâtiments (figure 4.20),
en particulier lorsque leur fréquence coïncide avec celle de la couche de sol (f0 = fl ) : on note
dans ce cas un écrêtage prononcé du spectre des bâtiments de sorte que la réponse temporelle
à une ondelette de Ricker centrée en fréquence (fR = f0 ) est bien plus faible, en amplitude et
en durée, en présence qu’en absence de la ville.
Suivant la même démarche que précédemment, on construit une couche limite adaptée
aux villes multi-fréquentielles, en superposant les couches relatives à chaque type de bâtiment
constituant l’ERB.
On suppose le substratum homogène. On conserve les mêmes notations que dans le cas
de la ville mono-fréquentielle (cf 4.3.2) avec l’indice n en référence aux bâtiments de type n.
Ý
Pour chaque distribution périodique de bâtiments identiques (de type n), le champ (normé) U n
présent dans la couche limite d’épaisseur Zn est formé du champ conique et du champ diffracté
caractérisé par le coefficient Dn . Pour l’ensemble des bâtiments, on détermine le champ de
Ü sous la forme d’une combinaison linéaire des U
couche limite total V Ý :
n
N
X
Ü=
V Ýu .
U (4.60)
n 0n
n=1
Ü :
Par construction de V
– La contrainte exercée à la base d’un bâtiment n donné résulte du champ de cône seul,
tandis que le déplacement est la somme du champ de cône et des champs diffractés par
l’ensemble des bâtiments.
– En surface libre, la contrainte s’annule et le déplacement est la combinaison des champs
diffractés seuls.
Les valeurs des coefficients u0n sont fonctions de l’amplitude de l’onde S en incidence verticale
I exp(ikz) (avec l’origine de l’axe vertical sur la surface libre). Comme précédemment, une
onde réflechie d’amplitude identique, I exp(ikz), est introduite simultanément pour conserver
une contrainte nulle en surface libre. Pour un bâtiment de type n donné, l’équilibre des forces
exercées d’une part par le sol, d’autre part par la structure, sur la fondation (sans masse)
donne : !
N
X
T0n = Gn u0n = Fn 2I + u0n + 2 Dn u0n
n=1
4.3. Modèle de couche limite 265
20 ufl
Ufl f0/fl = 1/2
spectral response
UΓl fR = f0 5
time response
15 Usl uΓl
without city
10 USSI,l 0
Ricker spectrum uSSI,l
5
-5 without city
0
0 0.5 1 1.5 0 50 100 150 200
frequency (Hz) time (s)
20
f0/fl = 1
spectral response
fR = f0 5
time response
15
10 0
5
-5
0
0 0.5 1 1.5 0 20 40 60 80 100
frequency (Hz) time (s)
20
f0/fl = 3/2
spectral response
fR = f0 5
time response
15
10 0
5
-5
0
0 0.5 1 1.5 0 20 40 60
frequency (Hz) time (s)
20
f0/fl = 2
spectral response
fR = f0 5
time response
15
10 0
5
-5
0
0 0.5 1 1.5 0 10 20 30 40 50
frequency (Hz) time (s)
20
f0/fl = 3
spectral response
5
fR = f0
time response
15
10 0
5
-5
0
0 0.5 1 1.5 0 10 20 30
frequency (Hz) time (s)
Fig. 4.18 – Modèle de couche limite, ville monofréquentielle sur sol stratifié (Mexico, ξ = 0.01). Du
haut en bas : f0 /fl = 1/2, 1, 3/2, 2 et 3 ; à gauche spectres de réponse à une onde S en incidence
verticale, à droite réponse temporelle à un Ricker (fR = f0 ). Comparaison entre modèle de couche
limite (Uf l , UΓl ), approximation en contrainte moyenne (Usl ), et interaction simple (bâtiment isolé,
USSI,l ).
266 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
12 ufl
Ufl f0/fl = 1/2
10
spectral response
UΓl fR = f0 5
time response
Usl uΓl
8
without city
6 USSI,l 0
Ricker spectrum
uSSI,l
4
-5 without city
2
0
0 1 2 3 4 0 20 40 60 80
frequency (Hz) time (s)
12
f0/fl = 1
10
spectral response
fR = f0 5
time response
8
6 0
4
2 -5
0
0 1 2 3 4 0 10 20 30 40
frequency (Hz) time (s)
12
f0/fl = 3/2
10
spectral response
fR = f0 5
time response
8
6 0
4
2 -5
0
0 1 2 3 4 0 5 10 15 20 25
frequency (Hz) time (s)
12
f0/fl = 2
10
spectral response
fR = f0 5
time response
8
6 0
4
2 -5
0
0 1 2 3 4 0 5 10 15 20
frequency (Hz) time (s)
12
f0/fl = 3
10
spectral response
5
fR = f0
time response
8
6 0
4
2 -5
0
0 1 2 3 4 0 5 10
frequency (Hz) time (s)
Fig. 4.19 – idem figure 4.18 avec les données de la ville de Nice.
4.3. Modèle de couche limite 267
200 40
utl
Mexico (layer)
spectral response
f0 = fl
150 20
time response
utSSI,l
100 0
Utl
50 UtISS,l -20 no interaction
no interaction
0 -40
0 0.5 1 1.5 0 20 40 60 80 100
frequency (Hz) time (s)
40 40
Mexico (layer)
spectral response
30 f0 = 3/2 fl 20
time response
20 0
10 -20
0 -40
0 0.5 1 1.5 0 20 40 60
frequency (Hz) time (s)
150
Nice (layer) 20
spectral response
f0 = fl
time response
100 10
0
50 -10
-20
0
0 1 2 3 4 0 10 20 30 40
frequency (Hz) time (s)
30
Nice (layer) 20
spectral response
f0 = 3/2 fl
time response
20 10
0
10 -10
-20
0
0 1 2 3 4 0 5 10 15 20 25
frequency (Hz) time (s)
Fig. 4.20 – Comparaison, pour un sol stratifié, des réponses fréquentielles et temporelles d’un
bâtiment, en milieu urbain (Ut (ω), ut (t)), isolé en interaction simple sol structure (UtISS (ω),
utISS (t)), ou fondé au rocher (plus précisément en négligeant toute interaction avec le sol). A
gauche, réponse spectrale à une onde S en incidence verticale ; à droite, réponse à un Ricker
centré sur la fréquence des bâtiments (fR = f0 ). De haut en bas : f0 /fl = 1, puis 3/2. ξ = 0.05.
268 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
soit :
N
Gn X
− 1 u0n − 2 Dn u0n = 2I
Fn n=1
2I 1
u0n = ∆, avec ∆= N
. (4.61)
Gn /Fn − 1 X Dn
1−2
G /Fn − 1
n=1 n
Au bilan, le déplacement de la fondation est différent pour chaque type de bâtiment et s’écrit :
∆
Uf n = 2I , (4.62)
1 − Fn /Gn
tandis que le déplacement est déterminé de manière unique (en moyenne) en tout point de la
surface libre :
UΓM = 2I∆ . (4.63)
Sur la base de ces résultats, une étude paramétrique et quasi-analytique, incluant les mouve-
ments différentiels des bâtiments de type distinct, peut être mise en oeuvre. Le champ d’onde
Ü pourra être calculé explicitement en combinant les équations (4.60),
dans la couche limite V
(4.61), (4.43), (4.9), (4.38) et (4.41), à condition de prendre garde à l’origine de l’axe z et à
Ý . Le plus grand des Z définit
l’épaisseur de la couche limite Zn , associées à chaque champ U n n
l’épaisseur ZM de la couche limite pour la ville multi-fréquentielle. Enfin, la construction du
champ d’onde sera tout à fait achevée en introduisant les champs En réémis aux profondeurs
supérieures à Zn (cf équation (4.42) et figure 4.13). Ce calcul, sans difficulté théorique mais
fastidieux, n’est pas présenté dans ce mémoire.
Cette couche limite, adaptée aux villes multi-fréquentielles, peut également être utilisée
pour traiter le problème du sol stratifié, à condition que sa profondeur soit inférieure à celle
de la couche de sol superficielle.
Le fait que les villes sont en réalité d’extension finie n’a pas été pris en compte jusque
là. Afin d’étudier l’influence de la taille de la ville, on considère maintenant une ville carrée,
périodique, constituée de Q × Q ERB. On se place dans l’hypothèse la plus simple de la ville
4.4. Ville d’extension finie 269
αQr0
y0 = √
θ
r0 z0
Z
r
√0
θ Qr0
√
θ
Fig. 4.21 – Définition d’une couche limite pour la ville mono-fréquentielle d’extension finie.
Suivant une démarche identique aux développements précédents (section 4.3.2), on examine
pour commencer les champs coniques générés par les fondations soumises simultanément à la
même force T0 . Dans le plan situé à la profondeur Z, définie comme la profondeur de la couche
limite pour la ville infinie, le champ d’onde est quasi uniforme sur la surface Σ = Q2 S, où
déplacement et contrainte sont donnés par les équations (4.36) et (4.37). Cependant, en dehors
de Σ, le champ est nul. Par conséquent, il n’est pas possible, comme dans le cas des villes non
bornées, d’équilibrer ce champ (uniforme sur Σ, nul en dehors) par des ondes planes. Des
ondes coniques, dont les génératrices s’appuient sur Σ et dont l’apex O est situé à la hauteur
È
y0 = α Σ/π (figure 4.21) au dessus-de Σ, s’avèrent plus adaptées à la géométrie du problème :
par analogie avec le cas périodique infini, on introduit dans le cône tronqué d’épaisseur Z, deux
ondes de cône se propageant dans la direction opposée et laissant inchangée la contrainte en
surface (sur Γ). Ces deux ondes représentent le champ diffracté par les multiples interactions se
produisant dans la ville. Compte tenu des caractéristiques du modèle de cône, cette procédure
nous permet d’évaluer le champ d’onde dans et au-dessous de la ville, mais pas à l’extérieur
de celle-ci.
Comme y0 6= z0 , il est commode d’utiliser une nouvelle variable d’espace y associée à un
270 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
nouvel axe vertical, parallèle à l’ancien, mais ayant pour origine l’apex du cône défini à l’échelle
de la ville, O. En travaillant sur la géométrie du problème, et en introduisant la densité de la
ville θ (équation (4.40)), on établit les relations entre y, y0 , z, z0 et Z :
√ √
z0 θ y0 − Z Q−1+ θ
y = z + y0 − (Z + z0 ) , = , = . (4.65)
y0 Q y0 Q
Avec la variable y, les déplacements et contraintes associés aux champs coniques diffractés
(normés par u0 ) ont pour expression :
y0 y0
+ + − −
CD (y) = CD0 exp ik(y − y0 ) , CD (y) = CD0 exp −ik(y − y0 ) ,
y y
τ + (y) = µ(ik − 1/y)C + (y) , τ − (y) = −µ(ik + 1/y)C − (y) ,
τ + (y0 − Z) + τ − (y0 − Z) = 0 ,
– à la profondeur Z (y = y0 ), le champ total (normé) est équilibré par une onde conique
unique se propageant au-dessous de la couche limite (y > y0 ), notée :
y0
CE (y) = CE0 exp −ik(y − y0 ) .
y
Þ = u (z = z ) + C + (y = y − Z) + C − (y = y − Z)
U Q0 c 0 D 0 D 0
Q−1 exp(−2ikZ)
=1+θ √ √ . (4.66)
Q − 1 + θ ikz0 + θ√
Q−1+ θ
Þ avec Ý
La comparaison de U U0 = 1 + 2D = 1 + θ exp(−2ikZ)/(ikz0 ) obtenu pour une ville
Q0
infinie (équations (4.41) et (4.43) en z = z0 ), montre que ces résultats sont très proches si
√ √ √
Q − 1 ≫ θ et θ/(Q − 1 + θ) ≪ kz0 . θ étant compris entre 0 et 1, la première condition
est équivalente à Q ≫ 1. On réexprime la deuxième condition de manière plus parlante en
substituant la longueur d’onde dans le sol au nombre d’onde grâce à la relation λ = 2π/k. Il
√ √
vient, compte tenu de Q ≫ 1, Qz0 / θ ≫ λ/2π, soit αQr0 / θ = αL = O(L) ≫ λ/2π, où L
est la longueur total de la ville. Conformément à l’intuition donc, l’hypothèse de ville infinie
est acceptable à condition d’une part que le nombre de bâtiments dans les deux directions
soit très supérieur à 1, d’autre part que la dimension totale de la ville soit très supérieure
à la longueur d’onde sur 2π. En guise d’illustration, les quartiers Roma-Norte de Mexico et
Gare-Sud de Nice s’étendent sur environ 1 km2 , et 50 m×50 m semble être un bon ordre de
grandeurs des dimensions de l’ERB, de sorte que pour ces villes Q ≃ 20, largement plus grand
que 1. Par conséquent, l’hypothèse de ville infinie est raisonnable pour les fréquences telles que
le critère L ≫ λ/2π soit respecté, c’est à dire compte tenu des caractéristiques des sols dans
chacune des deux villes, pour les fréquences très supérieures à 0.01 Hz pour Mexico, 0.032 Hz
pour Nice. Les fréquences pour lesquelles l’interaction site ville est significative, situées au
voisinage de la fréquence de résonance des bâtiments, semblent assez largement respecter ce
critère. Les résultats numériques présentés à la section suivante confirment cette observation.
Enfin, il est possible de définir l’impédance GP Q reliant la force T0 au déplacement effectif
(c’est à dire total) des fondations, soit :
T0 G
GP Q = = .
u0 UQ0 Q−1 exp(−2ikZ)
1+θ √ √
Q − 1 + θ ikz0 + θ√
Q−1+ θ
On notera au passage que ce calcul d’impédance pourrait être utilisé pour un bâtiment fondé,
comme beaucoup de structures poteaux-poutres, sur un réseau de semelles superficielles.
Une fois la couche limite définie comme à la section précédente, on calcule la réponse de la
ville à une excitation de type sismique en suivant un raisonnement strictement analogue à celui
mis en oeuvre pour la ville infinie à la section 4.3.2.3. On introduit, simultanément à l’onde
incidente u0 A exp ik(z − z0 ) , une onde réfléchie de même amplitude u0 A exp −ik(z − z0 )
272 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
afin de conserver une contrainte nulle en surface. La force de réaction F (ω)(UQ0 + 2A)u0
exercée par les bâtiments soumis au déplacement d’appui (UQ0 + 2A)u0 , est équilibré par la
réaction du sol, soit par construction Gu0 . On en déduit :
Ǒ
1 θ Q−1 exp(−2ikZ)
2A = G/F − UQ0 = − 1 + − 1+θ √ √ . (4.67)
ikz0 P Q − 1 + θ ikz0 + θ√
Q−1+ θ
Revenant aux amplitudes non normées, on note I = Au0 l’amplitude de l’onde incidente et
on obtient les expressions :
– du déplacement de la fondation :
2I
Uf Q = u0 (UQ0 + 2A) = , (4.68)
1 + ΠQ
où :
Q−1√ exp(−2ikZ)
1 + θ Q−1+ θ
√
θ√
F UQ0 ikz0 + 1
Q−1+ θ
ΠQ = − =P 1 , (4.69)
G 1+ ikz0
θ
2I ΠQ
UΓ = u0 (UQ0 − 1 + 2A) = 1+ , (4.70)
1 + ΠQ 1+ θ Q−1+ θ exp(−2ikZ)
Q−1√ √
θ√
ikz0 +
Q−1+ θ
La figure 4.22 compare, en utilisant les données de Nice et Mexico, une ville infinie à une ville
d’extension finie avec successivement Q = 5, Q = 10, Q = 20. On est peu surpris, compte
tenu des ordres de grandeur donnés à la section précédente, de constater que l’effet de la ville
telle que Q = 20 est quasi semblable à celui de la ville infinie. Il est peut être plus étonnant
d’observer, que pour Q = 5, la réponse d’un bâtiment diverge considérablement de celle du
même bâtiment isolé (noter la différence d’amplitude du pic pour Uf et USSI ) malgré le petit
nombre de structures constituant la ville.
On revient ici sur les hypothèse de base qui sous-tendent l’approche mise en oeuvre ; leurs
limites de validité sont discutées brièvement.
La première restriction concerne l’intervalle de fréquence acceptable. Considérons de nou-
4.5. Limites de l’étude 273
4 4 4
Uf
UΓ
UfQ
3 3 3
spectral response
spectral response
spectral response
UΓQ
USSI
2 2 2
1 1 1
3 3 3
spectral response
spectral response
2 2 2
1 1 1
Fig. 4.22 – Comparaison de l’influence sur les déplacements en fondation et en champ libre,
d’une ville de dimension infinie (Uf , UΓ ) avec celle d’une ville de mêmes caractéristiques mais
de dimension finie (Uf Q , UΓQ ). En haut : Mexico ; en bas : Nice. De gauche à droite : Q = 5,
10 et 20.
274 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
veau la réponse d’une ville périodique infinie (de période l × l, où l est la dimension carac-
téristique de l’ERB), excitée par une une onde SH harmonique, en incidence verticale. La
périodicité de la ville implique nécessairement la périodicité (identique) des contraintes et
des déplacements à l’interface site ville Γ. Suivant le principe de Huygens-Fresnel, ces condi-
tions aux limites agissent comme une distribution bidimensionnelle périodique de sources. Par
conséquent, le champ SH rayonné par chaque source ponctuelle peut être décomposé, selon
la transformée de Fourier spatiale, en une somme discrète d’ondes plane SH sur la base des
fonctions :
exp (2iπm/l)x exp (2iπn/l)y exp ikm,n z , m, n entiers
avec,
(2πm/l)2 + (2πn/l)2 + kmn
2
= (ω/β)2 = (2πf /β)2 . (4.72)
Le champ diffracté total, superposition des champs rayonnés par chacune des sources, est donc
de la forme :
m=∞
X n=∞
X
Amn exp (2iπm/l)x exp (2iπn/l)y exp ikm,n z . (4.73)
m=−∞ n=−∞
On aboutit au même résultat et de manière plus directe, en remarquant que le champ pério-
Pm=∞ Pn=∞
dique en surface (exprimé sous la forme m=−∞ n=−∞ amn exp((2iπm/l)x) exp((2iπn/l)y))
ne peut être équilibré que par un champ d’ondes SH diffracté, présentant les mêmes nombres
d’ondes horizontaux (et discrets).
Le terme m = n = 0 dans l’expression (4.73) renvoit à une onde SH plane, homogène, en
propagation verticale. Son amplitude A00 est reliée au premier terme de la transformée de
Fourier (c’est à dire à la valeur moyenne) de la distribution de sources sur Γ. La nature des
termes supérieurs de (4.73) dépend des valeurs relatives de la taille caractéristique de l’ERB
(l) et de la longueur d’onde (λ = β/f ) :
– Si l < λ, c’est à dire aux fréquences f < β/λ pour lesquelles il y a séparation d’échelle,
alors d’après (4.72), (km,n )2 < 0 pour mn 6= 0, et les termes supérieurs correspondent
à des ondes inhomogènes s’amortissant exponentiellement en profondeur. Le champ dif-
fracté « lointain »se limite donc à l’onde SH, plane et verticale, équilibrant en moyenne
la contrainte sur Γ. Ce résultant est cohérent avec les hypothèses introduites dans ce
chapitre.
– si la séparation d’échelle n’est pas vérifiée, l > λ, un certain nombre (fini) des termes
supérieurs sont propagatifs ((km,n )2 > 0 pour mn 6= 0), et ces ondes planes homogènes
doivent être intégrées au champ diffracté lointain. Ce dernier est beaucoup plus complexe
et l’approche macroscopique est invalidée.
On remarquera que ce raisonnement, bien qu’il ne constitue pas à proprement parlé une
démonstration, justifie a posteriori l’interprétation peu restrictive de la condition de séparation
4.6. Conclusion 275
4.6 Conclusion
L’approche macroscopique présentée dans ce chapitre fournit une estimation simple, aussi
bien qualitative que quantitative, de l’effet d’une urbanisation dense sur le mouvement sis-
mique, à partir de données de base sur la ville et le sol de fondation. Les aspects fondamentaux
de l’interaction site ville, mis en évidence de manière numérique par les auteurs précédemment
cités, à savoir l’allongement de la durée du signal, des effets d’amplification/désamplification,
la présence de battements, ont été décrits de manière analytique en prenant soin d’identifier
276 Chapitre 4. Fondamentaux de l’interaction site ville
explicitement les paramètres clés du phénomène. On a montré comment l’effet site ville et
l’effet de site classique, qui sont deux phénomènes indépendants, peuvent se combiner et mo-
difier le mouvement en champ libre. L’approximation en contrainte moyenne (section 4.2) ne
donne qu’une valeur uniforme moyenne de la réponse à l’intérieur de la ville. Le modèle de
couche limite (section 4.3) fournit une estimation de la réponse des fondations, distincte pour
chaque type de bâtiments, et une valeur moyenne pour le sol en surface libre. L’influence de
la répartition des bâtiments dans l’ERB, ainsi que les fluctuations locales du mouvement en
champ libre, ne peuvent être décrites par aucune de ces deux méthodes.
Les deux cas d’étude considérés ici montrent que l’influence de la ville peut être significa-
tive pour un substratum homogène : la ville agit, au voisinage de sa fréquence de résonance,
comme un milieu de forte impédance qui provoque une nette désamplification des déplace-
ments en surface (champ libre et fondations). L’effet site ville sera cependant plus marqué
s’il coïncide avec un effet de site, particulièrement si les bâtiments et la couche de sol souple
résonnent de concert, de sorte que le pic d’amplification provoquée (en l’absence de ville) par
la mise en résonance de la couche coïncide avec la désamplification maximale induite par l’effet
d’impédance de la ville. Dans ce cas, on observe pour l’essentiel :
– une nette diminution des amplitudes maximales du mouvement en surface libre (à l’in-
térieur de la ville) et un allongement de sa durée (comparativement au mouvement en
l’absence de ville), accompagné éventuellement de battements ;
– une réduction encore plus prononcée de l’amplitude et de la durée des vibrations des
bâtiments, comparativement à la réponse de bâtiments identiques mais isolés.
Ces effets sont d’autant plus fort que le sol est souple, la ville dense, et les bâtiments lourds
et peu amortis. A noter, pour éviter tout contre-sens, que lorsque l’influence de l’effet site
ville décroît, la perturbation du mouvement en surface par les ondes provenant des fondations
diminue en amplitude, mais est en revanche présente plus longtemps dans le signal compte
tenu de ce que les vibrations des bâtiments sont moins amorties.
Pour terminer, on notera que d’autres installations humaines telles que certaines zones
industrielles comprenant des structures lourdes (entrepôts, réservoirs, etc.) sont susceptibles
de donner naissance à cet effet de « groupe ». Cette affirmation est confortée par le fait qu’un
petit nombre de structures sont suffisantes pour générer une interaction significative (section
4.4.2).
Conclusions générales
Au terme de ce travail, nous articulons nos remarques de conclusion autour des principaux
résultats issus des modélisations simplifiées des phénomènes d’interaction sol structure et site
ville, de leurs limites et prolongements éventuels.
L’étude des systèmes couplant les modèles de structures les plus usuels, aux expression
des impédances fournies par le modèle de cône (Meek et Veletsos, 1974; Meek et Wolf, 1991),
a permis de dresser un tableau assez élaboré des effets de l’interaction sol structure sur la
réponse vibratoire des structures de type courant dans le cas d’un sol élastique homogène.
Les paramètres adimensionnels essentiels qui gouvernent le phénomène d’interaction sol
structure s’avèrent être en nombre très limité et faciles à estimer. Ils se résument à :
– un paramètre de comparaison (en racine) entre la rigidité du sol et de la structure
κα (α = c, f ), dont l’expression est déterminée par le comportement de la structure ;
c’est le paramètre de base de l’interaction sol structure. Selon la valeur de κα et pour
un type de structure donné, on valide l’une des hypothèses suivantes : l’interaction sol
structure est négligeable (κα faible) ; l’interaction sol structure est prépondérante et le
système se comporte comme un bloc rigide sur sol souple (κα grand) ; et pour les valeurs
intermédiaires de κα les souplesses du sol et de la structure agissent concomitamment.
– l’élancement de la structure η ;
– sa densité par rapport au sol δ ;
– le coefficient de Poisson du sol ν ;
Les variations des caractéristiques modales du système sol structure en fonction de ces
paramètres adimensionnels, se sont révélées plus complexes qu’on l’avait envisagé. Cependant
on distingue deux situations contrastées : d’une part le mode fondamental pour lequel le
modèle fournit des estimations robustes, fiables et potentiellement généralisables ; d’autre part
les modes supérieurs qui montrent une forte sensibilité aux paramètres, et dont les résultats
doivent être interprétés avec plus de précaution.
277
278 Conclusions générales
Mode fondamental. Dans ce cas les grandes lignes de l’influence de l’interaction sol struc-
ture peuvent être dessinées. κα croissant, l’amplification de l’interaction sol structure se traduit
par une diminution de la fréquence de résonance, et l’accroissement concomitant des dépla-
cements de corps rigide et de la contribution de l’amortissement radiatif au facteur d’amor-
tissement modal. Le mode fondamental se situe, selon le niveau d’interaction, entre le mode
fondamental de la structure sur base rigide (κα → 0) et le premier mode de corps rigide sur
sol souple (κα → +∞).
Une densité forte de la structure favorise l’interaction avec le sol (baisse de fréquence,
déplacement de corps rigide) mais limite l’amortissement radiatif. Cependant ce paramètre,
variant dans un intervalle étroit pour le bâti courant (δ = 0.15 − 0.25), n’a qu’un rôle secon-
daire, tout comme le coefficient de Poisson qui ne joue qu’à la marge. On rappelle en outre
qu’une augmentation de la densité de la structure à rigidité constante (M1 ω12 constant) n’agit
pas sur l’amplitude de la diminution de fréquence et du mouvement de corps rigide, mais réduit
le facteur d’amortissement (diminution simultanée de l’amortissement structurel et radiatif).
L’élancement (η) est en revanche un paramètre décisif. Pour η ≥ 3, le mouvement de
corps rigide est très largement dominé par le basculement de la fondation qui impose sa sou-
plesse et sa dissipation d’énergie radiative. Sous l’action combinée de la baisse de la fréquence
adimensionnelle et de la participation de la translation au mouvement de corps rigide, l’amor-
tissement radiatif diminue rapidement avec l’élancement, pour être négligeable, quelque soit
le niveau d’interaction, quand η ≥ 5. Pour η ≥ 2, l’amortissement radiatif reste modéré et
a peu d’effet sur la fréquence du système, mais il s’illustre par le déphasage de la déformée.
Aux élancements faibles en revanche, la translation de la fondation est significative, et, à forte
interaction, le système sol structure est fortement voire sur-amorti (η . 0.8).
L’action de l’élancement sur le niveau d’interaction varie selon le type de fonctionnement de
la structure :
– en cisaillement, l’interaction augmente légèrement avec l’élancement de la structure ;
– inversement en flexion, les structures peu élancées favorisent très nettement l’interaction
sol structure.
Pour la poutre de cisaillement comme pour la poutre de flexion, le mode fondamental sol
structure coïncide de manière remarquable, pour η ≥ 1, avec le modèle à un degré de liberté
équivalent dont les caractéristiques modales varient peu (singulièrement lorsque la translation
de corps rigide est négligeable devant la rotation) selon le comportement de la structure. Il
s’en suit qu’en première approximation, le niveau d’interaction d’une structure avec un sol
donné, ne dépend pas de sa cinématique, mais seulement de ses caractéristiques géométriques
(η), inertielles (δ), et du produit de sa fréquence propre par sa hauteur (ω1 H). Ce résultat,
important d’un point de vue pratique, peut de toute évidence être extrapolé aux structures
présentant un comportement intermédiaire entre flexion et cisaillement purs, de type poutre de
Timoshenko, et qui constituent la majorité des bâtiments réguliers en élévation (Hans, 2002).
1. Interaction sol structure 279
ture et le sol de fondation. Cette caractérisation théorique du phénomène ouvre la voix à une
campagne de validation expérimentale, ciblant, parmi toutes les configurations sol structure,
celles qui ont un intérêt particulier : parce qu’elles présentent la présomption d’un fort niveau
d’interaction, ou permettent de tester l’une ou l’autre des hypothèses du modèle.
La question des mesures et traitements adaptés pour l’identification expérimentale du
phénomène a été posée. Les réponses apportées au chapitre 2 ont permis d’établir les relations
permettant de déterminer, à partir d’un choix de mesures et de sollicitations approprié :
– les spécificités modales complexes du système sol structure, et en particulier le déphasage
de la déformée modale qui constitue une variable de calage originale et, a priori efficace,
de l’amortissement d’origine radiative ;
– par analyse inverse, les caractéristiques propres de la structure (sur base rigide) et de la
condition d’appui (impédance du système sol-fondation).
Dans les deux cas, les approximations indispensables ont été justifiées avec rigueur.
Par ailleurs, la discussion des hypothèses du modèle de base (fondation rigide, reposant à
la surface d’un sol homogène), utilisé pour l’étude paramétrique, permet de cerner les limites
de son application à des cas réels et d’envisager, dans une certaine mesure, son adaptation à
des fins expérimentales. La décomposition algébrique de l’interaction sol structure selon ce qui
relève de la déformation interne, de la translation de corps rigide, ou de la rotation de corps
rigide (équations (2.88) et (2.90) exprimant l’équivalence approximative du mode fondamental
sol structure avec un modèle à un degré de liberté sur sol souple), est un résultat classique,
qui a été réétabli ici en prenant soin d’expliciter et d’expliquer les approximations qui le sous-
tendent. Elle pourrait s’avérer particulièrement utile pour appréhender certains phénomènes
complexes (et non pris en compte par le modèle de base) agissant sur l’un ou l’autre des termes
de la décomposition.
L’approche macroscopique présentée fournit une estimation simple, aussi bien qualitative
que quantitative, de l’effet d’une urbanisation dense sur le mouvement sismique, à partir de
données de base sur la ville et le sol de fondation. L’approximation en contrainte moyenne
(section 4.2) ne donne qu’une valeur uniforme moyenne de la réponse à l’intérieur de la ville.
Le modèle de couche limite (section 4.3) fournit une estimation de la réponse des fondations,
distincte pour chaque type de bâtiments, et une valeur moyenne pour le sol en surface libre.
L’influence de la répartition des bâtiments dans l’ERB, ainsi que les fluctuations locales du
mouvement en champ libre, ne peuvent être décrites par aucune de ces deux méthodes.
Les aspects fondamentaux de l’interaction site ville, mis en évidence de manière numé-
rique par des auteurs précédemment cités, à savoir l’allongement de la durée du signal, des
effets d’amplification/désamplification, la présence de battements, ont été décrits de manière
2. Interaction site ville 281
bâtiments) et l’amplitude de la contamination par la ville (qui paraît insuffisante pour dominer
toutes les autres sources possibles de perturbation du spectre idéalisé) sont telles que, dans
la plupart des configurations, le mouvement en surface sera selon toute vraisemblance, priori-
tairement contrôlé par l’effet de site. Cependant, dans certaines situations favorables (comme
à Mexico), l’analyse du contenu fréquentiel et de la décroissance temporelle de la queue de
signaux, enregistrés en tête de bâtiments dont la fréquence coïncide approximativement avec
celle de la couche, devrait infirmer ou confirmer l’établissement d’un effet de « groupe » à
l’intérieur de la ville.
Pour terminer, on notera que d’autres installations humaines telles que certaines zones
industrielles comprenant des structures lourdes (entrepôts, réservoirs, etc.) sont susceptibles
de donner naissance à cet effet de « groupe ». Cette affirmation est confortée par le fait qu’un
petit nombre de structures sont suffisantes pour générer une interaction significative (section
4.4.2).
Annexe A
283
284 Annexe A. Amplification des ondes sismiques par une couche molle
Γ
ρ1 h
µ1 U1+ eiωz/β1 U1− e−iωz/β1
O
ρ2
µ2 U2+ eiωz/β2 U2− e−iωz/β2
Fig. A.1 – Couche de sol souple sur substratum rocheux excitée par une onde S en incidence
verticale : notations.
On rappelle ici quelques résultats du phénomène très classique d’amplification des ondes
sismiques par une couche de sol molle. On se limite au cas le plus simple : une couche souple
reposant sur un substratum plus rigide et une onde incidente S en propagation verticale.
Les principales notations du problème sont résumés à la figure A.1. La couche de sol
d’épaisseur h (milieu 1) et le substratum (milieu 2), tous deux de comportement élastique,
sont caractérisés par leur module de cisaillement µi et densité ρi , i = 1, 2. On note βi =
È
µi /ρi la vitesse des ondes S dans chacun de ces milieux de sorte que les déplacements
transversaux engendrés respectivement par l’onde incidente, l’onde réfléchie à l’interface sol-
substratum, l’onde transmise dans la couche de sol et l’onde réfléchie en surface, sont de la
forme : U2+ eiω(t+z/β1 ) , U2− eiω(t−z/β1 ) , U1+ eiω(t+z/β2 ) et U1− eiω(t−z/β2 ) .
L’amplitude de l’onde incidente U2+ est une donné du problème tandis que U2− , U1+ et U1−
sont imposées :
On en déduit :
1 − iR tan(2πh/λ2 )
U2− /U2+ = , (A.1)
1 + iR tan(2πh/λ2 )
e2iπh/λ2
U1+ /U2+ = , (A.2)
cos(2πh/λ2 ) + iR sin(2πh/λ2 )
e−2iπh/λ2
U1− /U2+ = , (A.3)
cos(2πh/λ2 ) + iR sin(2πh/λ2 )
r
µ1 β2 µ1 ρ1
où λ2 = 2πβ2 /ω est la longueur d’onde des ondes S dans le substratum et R = = ,
µ2 β1 µ2 ρ2
le contraste d’impédance entre la couche et le substratum.
Finalement le déplacement dû au champ d’onde total vaut :
– dans le substratum,
– dans le sol,
2 cos 2π(z + h)/λ1
u1 (z, t) = U1+ eiω(t+z/β1 ) + U1− eiω(t−z/β1 ) = U1+ eiωt ,
cos(2πh/λ1 ) + iR sin(2πh/λ1 )
(A.5)
correspondant à une onde stationnaire piégée dans la couche.
On retrouve en posant R = 1 le cas du sol homogène (le substratum sans la couche supérieur),
soit Us = 2U2+ . On définit alors le facteur d’amplification de la couche Al comme le rapport
entre l’amplitude du mouvement sismique en surface, en l’absence et en présence de la couche
de sol :
1
Al = È . (A.7)
1 − (1 − R2 ) sin2 (2πh/λ1 )
Puisque dans la pratique le sol est plus souple que le substratum, R est compris entre 0 et
1 et le facteur d’amplification est toujours supérieur à 1. L’amplification est maximale à la
résonance quart d’onde de la couche, c’est à dire pour les ondes de fréquences fl telles que
286 Annexe A. Amplification des ondes sismiques par une couche molle
10 0.5
signal de référence
9
0
8
facteur d’amplification Al
−0.5
7
6 −1
0 5 10 15 20
t/tl
5 3
2
signal amplifié
4
1
3 0
−1
2
−2
1 −3
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 5 10 15 20
f/fl t/tl
Fig. A.2 – Facteur d’amplification (à gauche) et réponse de la couche (en bas à droite) à
une excitation du type Ricker (tl = 1/fl est le temps caractéristique de la couche). A titre de
comparaison, réponse en l’absence de couche (en haut à droite)
4
λl = β1 /fl = h, k ∈ N, et vaut Al,max = 1/R (figure A.2 à gauche). Conformément à
2k + 1
l’intuition, plus le contraste de rigidité entre la couche de sol et le substratum est fort plus
l’amplification est importante.
L’effet temporel de la résonance est illustré par la réponse à une onde incidente de type Ricker
R(t) dont la fréquence centrale coïncide avec la fréquence propre de la couche fl :
2 ! 2 !
t − ts t − ts
R(t) = π − 1/2 exp π avec tp = 1/fl et ts qcq. (A.8)
tp tp
La comparaison entre la réponse à la surface du sol (figure A.2 en bas à droite) et le mouve-
ment de référence, c’est à dire la réponse à la surface du substratum en l’absence de couche
de sol (figure A.2 en haut à droite), montre, outre l’amplification du mouvement maximal, un
net allongement de la durée du signal sous l’effet du piégeage des ondes dans la couche.
Pour plus de vraisemblance, on peut modifier les résultats précédents en introduisant une dis-
sipation d’énergie sous la forme d’un amortissement hystérétique. On définit alors les modules
de cisaillement complexes :
8 0.5
signal de référence
7 0
facteur d’amplification A l
6 −0.5
5 −1
0 5 10 15 20
t/tl
4 3
2
signal amplifié
3 1
0
2 −1
−2
1 −3
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 5 10 15 20
f/fl t/tl
Fig. A.3 – Idem figure A.2 en présence d’amortissement hystérétique défini par les facteurs
d’atténuation q1 = 25 dans la couche de sol et q2 = 100 dans le substratum.
etc... Les calculs précédents sont alors directement transposables à condition de raisonner dans
l’espace de Fourier. Le type de résultats obtenus est illustré à la figure A.3 pour q1 = 25 et
q2 = 100. On observe une certaine atténuation des effets de la couche précédemment décrits,
en particulier au niveau des pics de résonance secondaires. Cependant, les résultats restent
qualitativement identiques.
288 Annexe A. Amplification des ondes sismiques par une couche molle
Bibliographie
K. Aki, « Local site effects on strong ground motion », Dans Proceeding of the Earthquake
Eng. and Soil Dyn. Conference, vol. II : Recent advances in ground motion evaluation, Park
City, UT, USA, p. 103–155, 1988, ASCE.
289
290 Bibliographie
M. Celebi, « Earthquake responses of two adjacent buildings. part I : Data and analyses »,
Journal of Structural Engineering, vol. 119, p. 2461–2476, 1993a, ASCE.
F. J. Chavez-Garcia et P.-Y. Bard, « Site effects in mexico city eight years after the
september 1985 michoacan earthquake », Soil Dynamics and Earthquake Engineering, vol.
13, p. 229–247, 1994.
D. Clouteau, Interaction sol-structure, 2000, notes de cours, Paris, Ecole centrale de Paris.
G. Ehlers, « The effect of soil flexibility on vibrating systems », Beton und Eisen, vol. 41,
p. 197–203, 1942, (en Allemand).
K. A. Foss, « Coordinates which uncouple the equations of motion of damped linear dynamic
systems », Journal of Applied Mechanics, vol. 25, p. 361–364, 1958, ASME.
291
G. Gazetas et R. Dobry, « Simple radiation damping model for piles and footings »,
Journal of Engineering Mechanics, vol. 110, p. 937–956, 1984, ASCE.
P. C. Jennings, « Distant motions from a building vibration test », Bulletin of the Seismo-
logical Society of America, vol. 60, p. 2037–2043, 1970.
M. Kham, Propagation d’ondes sismiques dans les bassins sédimentaires : des effets de site à
l’interaction site-ville, thèse de doctorat, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, 2004.
G.-S. Liou et P.-H. Huang, « Effect of flexibility on impedance functions for circular
foundations », Journal of Engineering Mechanics, vol. 120, no 7, p. 1429–1446, 1994.
J. W. Meek et J. P. Wolf, « Cone models for soil layer on rigid rock », Journal of
Geotechnical Engineering, vol. 118, p. 686–703, 1992b, ASCE.
T. Nogami et Y. Lam, « Two-parameter layer model for analysis of slab on elastic foun-
dation », Journal of the Engineering Mechanics Division, vol. 113, p. 1279–1291, 1987,
ASCE.
S. K. Singh et M. Ordaz, « On the origin of the long coda observed in lake-bed strong-
motion records of mexico city », Bulletin of the Seismological Society of America, vol. 83,
p. 1298–1306, 1993.
C. Soize, « A model and numerical method in the medium frequency range for vibroacoustic
predictions using theory of structural fuzzy », Journal of the Acoustical Society of America,
vol. 94, no 2, p. 849–865, 1993.
A. Wirgin et P.-Y. Bard, « Effects of buildings on the duration and amplitude of ground
motion in mexico city », Bulletin of the Seismological Society of America, vol. 86, no 3,
p. 914–920, 1996.
J. P. Wolf, Foundation Vibration Analysis Using Simple Physical Models, Englewoods Cliffs,
Prentice-Hall, 1994, 423 p.
J. P. Wolf et J. W. Meek, « Cone model for a soil layer on flexible rock halfspace »,
Earthquake Engineering and Structural Dynamics, vol. 22, p. 185–193, 1993.
296 Bibliographie
TITRE :
RESUME :
La réévaluation sismique du bâti existant est un enjeu de sécurité majeur. Dans ce cadre a été effectuée une étude de l'interaction sol-
structure (ISS) destinée à orienter l'auscultation du bâti et être intégrée dans un premier diagnostic de vulnérabilité. Elle s'inscrit dans une
approche basée sur l'établissement de modèles simples de comportement dynamique issus de la confrontation du comportement supposé de
la structure avec des données recueillies in situ par la méthode du bruit de fond, de l'excitation harmonique ou des chocs. Le choix d'une
représentation simplifiée de l'ISS, autorisant un calcul analytique des fonctions d'impédances, a permis de déterminer, pour chacun des
modèles les plus courants de structures, les paramètres adimensionnels essentiels qui gouvernent le phénomène puis d'estimer, selon les
valeurs de ces paramètres, la nature et l'importance de l'effet de l'ISS sur les caractéristiques modales du système.
Avec le même souci de privilégier les approches analytiques ou semi-numériques, des modèles basses fréquences ont été développés pour
appréhender le phénomène d'interaction site-ville (ISV), autrement dit l'effet d'une urbanisation dense sur le champ d'onde sismique. Une
première approche macroscopique, correspondant à une homogénéisation périodique des conditions aux limites en surface, a permis
d'identifier le paramètre significatif du couplage mécanique entre le sol et la ville puis d'évaluer l'effet de l'interaction site-ville sur
l'amplitude et la durée de la réponse sismique. Une deuxième approche, basée sur une formulation simplifiée et néanmoins réaliste du
champ d'onde émis par chaque bâtiment, conduit à définir une couche limite pour décrire les interactions multiples entre sol et bâtiment.
L'estimation distincte du mouvement en champ libre ou au niveau d'une fondation est ainsi rendue possible.
MOTS-CLES :
Interaction sol-structure, interaction site-ville, étude paramétrique, vulnérabilité sismique, approche macroscopique, couche limite.
Président de jury :