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Jean Vézina, Philippe Cappeliez “prairie acadienne

et Philippe Landreville
Reg.59.95$ 9. 095$
PSYCHOLOGIE GÉRONTOLOGIQUE, 2E
ÉDITION — ÉPUISÉ
UN af:
ml

Psychologie gérontologique
2° édition

gaëtan morin
. éditeur
CHENELIÈRE ÉDUCATION
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in 2022 with funding from
Kahle/Austin Foundation

https://archive.org/details/psychologiegeron0000vezi
Jean Vézina, Philippe Cappeliez
et Philippe Landreville

Psychologie gérontologique
2° édition

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* Résidants du Canada
seulement.

5 gaëtan morin
éditeur
CHENELIÈRE ÉDUCATION
Psychologie gérontologique
2° édition REabeau de la couverture:
Le temps d’une vie
Jean Vézina, Philippe Cappeliez et Philippe Landreville Œuvre de Richard Carignan

© 2007 Les Éditions de la Chenelière inc. Né à Lachine en 1964, Richard Carignan est peintre
© 1995 gaëtan morin éditeur Itée autodidacte. Il utilise comme médium l’acrylique sur
toile, et ses œuvres se composent principalement de
Édition : Luc Tousignant personnages imaginaires plus ou moins abstraits, faits
Coordination : Frédérique Grambin de formes et de lignes entrelacées en couleurs et en
Révision linguistique : Anne-Marie Trudel textures. L'approche picturale est avant tout intuitive.
Correction d'épreuves : Sarah Bernard M. Carignan commence par une esquisse globale qui
Conception graphique et infographie : Pomme Z vit sous cette forme pendant un temps indéterminé,
puis il la reprend pour l’'amener au tableau final. Le sens
et l'impact émotionnel peuvent donc varier et évoluer
considérablement en cours de route, reflétant l'énergie
et les états d'âme du peintre.
Catalogage avant publication
de Bibliothèque et Archives nationales du Québec Les œuvres de Richard Carignan font partie de nom-
et Bibliothèque et Archives Canada breuses expositions collectives; elles sont également
présentées à la Galerie d’art du Mont-Sainte-Anne, à
Vézina, Jean, 1956- Beaupré, à la Galerie l'Harmathan, à Baie-Saint-Paul,
Psychologie gérontologique à la Galerie Saint-Dizier, dans le Vieux-Montréal, et à
la Galerie Relais des Arts, à Stanbridge Est.
2 éd.
Comprend des réf. bibliogr. et un index.
Sources des photos
ISBN 978-2-89105-957-2
Chapitre 1 : © Eric Audras/Photononstop/Alpha
1. Personnes âgées — Psychologie. 2. Vieillissement — Presse. Chapitre 2: © Hervé Gyssels/Photononstop/
Aspect psychologique. 8. Personnes âgées — Santé mentale. Alpha Presse. Chapitre 3 :© PhotoDisc/Senior
4. Personnes âgées — Psychopathologie. 5. Gérontologie. Lifestyle. Chapitre 4: © Charlie Abad/Photononstop/
. Cappeliez, Philippe, 1951- 1. Landreville, Philippe, Alpha Presse. Chapitre 5 : © PhotoDisc/Senior
1961- . Titre. Lifestyle. Chapitre 6: © W. Schmidt/Das Fotoarchiv/
Alpha Presse. Chapitre 7 : © PhotoDisc/Senior
BF724.8.V49 2007 15507 C2007-940544-4 lifestyles. Chapitre 8 : © Norbert Schaeter/CORBIS.
Chapitre 9: © PhotoDisc/Senior lifestyles.
Chapitre 10 :© PhotoDisc/Senior lifestyles.
si Le gaëtan morin Chapitre 11 : © Patrice Bériault/Alpha Presse.
éditeur Chapitre 12: © Patrice Bériault/Alpha Presse
CHENELIÈRE ÉDUCATION

7001, boul. Saint-Laurent


Dans cet ouvrage, le masculin est utilisé comme
Montréal (Québec)
représentant des deux sexes, sans discrimination à
Canada H2S 3E3 l'égard des hommes et des femmes, et dans le seul
Téléphone: 514 273-1066 but d’alléger le texte.
Télécopieur :514 276-0324
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Tous droits réservés. Plusieurs marques de commerce sont mentionnées


dans cet ouvrage. l'Editeur n'a pas établi de liste de
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préalable de l'Editeur. puisqu'elles sont nommées à titre informatif et au
profit de leur propriétaire, sans aucune intention de
ISBN 978-2-89105-957-2 porter atteinte aux droits de propriété relatifs à ces
Dépôt légal: 2° trimestre 2007 marques.
[ES
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Imprimé au Canada
DAME ET OR Tel ST 2 TTC
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada
par l'entremise du Programme d'aide au développement de l’indus-
trie de l'édition (PADIE) pour nos activités d'édition.

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d'impôt pour


l'édition de livres — Gestion SODEC.
À ma sœur Loutse,
Jean Vézina

À ma sœur Nathalie, et à mes parents Madeleine et Chartes,


Philippe Cappeliez

À Marielle et Alice,
Philippe Lanodreville
ous remercions les membres du personnel de Gaëtan Morin Éditeur/Chenelière
Éducation pour leur assistance, leur dévouement, leur professionnalisme et
surtout leur très grande patience. Un merci particulier à Frédérique Grambin, Anne-
Marie Trudel, Sarah Bernard, Jocelyne Cantin et Luc Tousignant.

Nous remercions aussi les étudiantes et étudiants de nos cours, qui ont été nos
premiers critiques et qui nous ont aidés à orienter le contenu de cette seconde
édition. Nous remercions également les évaluateurs de la première édition,
MM. Louis Bhérer, de l'Université du Québec à Montréal, Paul E. Bourque, de
l'Université de Moncton, et Steve Curadeau, de l’Université de Sherbrooke, qui
ont permis d'orienter ce livre par leurs commentaires et leurs suggestions. Des
remerciements sont aussi adressés à Guylaine Belzil, Marie-Ëve Fortin, Léonie
Jean, Annie Lavigne, Valérie Leblanc et Mélanie Montminy, pour leur aide tout
au long de la rédaction. Un merci très particulier à Mireille.
Àssorsque nous avons publié ce livre pour la première fois en 1994, mes collègues
et moi avions comme objectif de combler un manque, alors qu'il existait peu
de livres portant sur la psychologie du vieillissement à l'intention des étudiants
universitaires francophones. Depuis lors, plusieurs autres ouvrages sont apparus
sur le marché. Cette situation est heureuse, puisqu'elle témoigne du développe-
ment et de la vivacité de notre discipline en particulier et de l'engouement pour
toutes les questions relatives au vieillissement en général. Dans nos universités
respectives, nous sommes à même de constater que de plus en plus d'étudiants
au premier, deuxième et troisième cycle et de tous les horizons disciplinaires ont
le goût d'apprendre dans ce domaine et de faire carrière dans la pratique ou la
recherche. Notons entre autres, uniquement à l'Université Laval, plus de 500 étu-
diants inscrits annuellement au cours Psychologie gérontologique, en classe ou par
l'intermédiaire du Web.

Dix ans plus tard, et après avoir écoulé près de 8000 exemplaires de cet ouvrage,
le moment était venu de nous remettre à la tâche afin de fournir à nos étudiants,
et à tous ceux que la question intéresse, une nouvelle mouture du livre. Au cours
des deux dernières années, nous nous sommes donc engagés à en réécrire le contenu
de fond en comble en gardant toujours à l'esprit notre but premier : rédiger un
livre de référence bien structuré et surtout largement documenté.

Ainsi, nous croyons que cette seconde édition a gagné en clarté, en cohérence et
est encore plus intéressante que la précédente puisque son contenu s’est enrichi
de données probantes issues des dernières recherches dans le domaine. Ceux qui
connaissent la première édition sauront vite se retrouver ici puisque les thèmes
et la structure ont été conservés à l’intérieur de chaque chapitre. Enfin, le format
du volume a emprunté une silhouette plus contemporaine.

Ce livre se distingue encore des autres ouvrages parus dans ce domaine sur
plusieurs points. Il offre toujours une présentation critique des thèmes principaux
de la psychologie du vieillissement, présentation fondée sur une synthèse des
connaissances actuelles. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d'œil sur
les quelque 700 références qui ont été retenues pour écrire ce livre. Aussi sommes-
nous convaincus que cet ouvrage, qui s'adresse avant tout, mais pas exclusivement,
à des étudiants de baccalauréat ou de licence, offre un approfondissement équili-
bré pour une introduction aux grands thèmes de la psychologie du vieillissement.
VII Avant-propos

Le premier chapitre situe l'étude des processus psychologiques du vieillissement


dans le contexte global de la percée démographique actuelle et future des couches
les plus âgées de notre société. Il dresse un tableau des facteurs liés au vieil-
lissement de la population et en explore les conséquences sous une autre pers-
pective. Les attitudes entretenues envers les personnes âgées sont aussi abordées
dans ce chapitre.

Très concret, le chapitre 2 traite des influences du vieillissement sur la vision et


l'audition, deux sens indispensables à la communication avec le milieu. Ce chapitre
considère également les conséquences de ces changements liés à l’âge sur le vécu
de la personne âgée.

Le chapitre 3, quant à lui, porte entièrement sur la sexualité, un sujet plutôt négligé
dans l'étude du vieillissement psychologique et d'ailleurs peu développé dans les
ouvrages généraux sur le vieillissement. Il aborde les aspects physiologiques, psy-
chologiques et sociaux de la sexualité à l’âge adulte avancé, en milieu familial et
en centre d'hébergement.

Les chapitres 4 et 5 sont consacrés respectivement à l'intelligence et à la mémoire. Les


inquiétudes de tout un chacun concernant le devenir des fonctions intellectuelles
et mnésiques avec le vieillissement ont toujours animé les débats et suscité un
intérêt tout particulier pour ces questions de recherche. Le chapitre portant sur
l'intelligence retrace les grands moments de l’évolution des recherches sur ce
sujet et examine attentivement les facteurs concernés dans la pleine expression
de l'intelligence et les moyens pour la favoriser chez le plus grand nombre de
personnes âgées possible. Le chapitre 5 aide à décrire et à comprendre le vieillis-
sement de la mémoire dans ses formes normales et pathologiques en fonction
des théories contemporaines en psychologie cognitive.

Les chapitres suivants abordent des questions d'ordre personnel et social touchant
la personne âgée. Ainsi, le chapitre 6 commence par un tour d'horizon des dif-
férentes conceptions de la personnalité, et expose ensuite les principales pers-
pectives théoriques. Les travaux portant sur la perception subjective des
changements de la personnalité et sur la personnalité comme facteur influençant
l'évolution de la vie à l’âge adulte avancé sont aussi abordés. Le chapitre 7
touche le bien-être subjectif et en particulier ses déterminants, tandis que le chapitre
suivant porte sur des transitions fréquentes une fois rendu à la vieillesse et qui
peuvent poser un problème d'adaptation à la personne âgée. Ce chapitre examine,
entre autres, le passage à la retraite, la mort du partenaire et l'apparition des
problèmes de santé. Le chapitre 9 développe le sujet de la solitude, souvent dis-
cuté, mais étonnamment peu traité dans les ouvrages consacrés au vieillissement.
Il s'intéresse d’une manière particulière aux facteurs liés au sentiment de soli-
tude chez les aînés.
Avant-propos | IX

Enfin, les trois derniers chapitres du livre abordent chacun un aspect pathologique
du vieillissement. La dépression est traitée au chapitre 10, qui en définit les mani-
festations, la prévalence, les facteurs de risque ainsi que les traitements. Le
chapitre 11 traite du suicide, des tentatives de suicide et des idées suicidaires. On
y explique également les facteurs de risque et de protection, ainsi que la préven-
tion. Finalement, le chapitre 12 porte sur les démences en mettant un accent par-
ticulier sur la maladie d'Alzheimer et les interventions, dont celles de nature
psychologique et sociale. Il est aussi question, dans ce chapitre, du soutien aux
membres de la famille qui prennent soin de leur parent malade, un sujet contem-
porain d'intérêt majeur.

Comme pour la première édition, nous avons maintenu, tout au long du livre, une
structure uniforme. Ainsi, tous les chapitres commencent par une introduction
situant le sujet. Puisque tous les lecteurs n'ont pas nécessairement des connais-
sances de base en psychologie, il nous est apparu pertinent de revenir sommai-
rement sur les fondements du thème abordé. Le sujet est ensuite développé dans
une perspective résolument tournée vers la psychologie du vieillissement. À
tout coup, nous appuyons nos propos sur des résultats d'études les plus représen-
tatives qui soient. De plus, là où cela était approprié, nous avons inclus une sec-
tion sur les interventions ou les traitements. À la fin de chaque chapitre se
trouvent le résumé des points les plus importants et des suggestions de lecture
supplémentaires.

Finalement, les chapitres étant complets en eux-mêmes, le lecteur peut aller d'un
chapitre à l'autre sans difficulté, ce qui caractérise une fois de plus ce livre de référence.

Jean Vézina
Remerciements muse 2rétaoal te nanas 28: ie cum nc cute mers V
AVANCE PDEODOS MR EEE RIRE M 291. A... siioisscruades VII

Chapitre 1 Le vieillissement démographique ............................ 1


1.1 Les indices du vieillissement de la population .............................. 2
DAMES OND TETE DEISONNES APRÈS. Lee sonstes namomers mec die cannoauce 3
H12?"Tepourcentage dé personnes. dsées à te) à «2 0 2 nn 3
Him Ue-comparaisonintetnationalé 2 peur aus mardi nr es 4
1 va mené DU HON RSS M ec iiac ces 4
A SAC AIRES rondes 5
ER TE STE Re Re ER Pr 5
1.2 Les causes du vieillissement de la population ............................... 5
LL A OUTRE PS nn AE rl da dt don ie em NS Le 5
PTS ECO R Rr ee i ene dme 1oe b aute nie ci CT is CU Nat 6
LARMES PIS OU VIEMOSENIElIT es eur nd ee Din Pau ou Luna n ee ee aus 7
1.4 Les stéréotypes et les attitudes relatifs aux personnes âgées .................. 10
RP RILE D en S U mDie ea a à © la ta AS OURS co Cd M ee PU EN 12
DORE RCE ALES PROD he eu De RS OT sciee ei ee De Cire NS 12

Chapitre 2 Les changements sensoriels ................................. 13


Ph me ianreretiithæe rétractation EE DUT 14
AS UC TOME RO ET OO 20 A orsonauseeuesag 14
2.12 Les conséquences structurales et fonctionnelles du vieillissement . ........... 16
21 LestonseguencsDoUMapénonnensee Me asseoir 19
214% Quelques considératenspratiquesnenne LES. eu ed ananas mneges 20
2.2 audition EMA 2 La no ler Ms LR ss cunatia dass 21
22 Sem Dielleons Sr ele nt LOU uen de nest 22
222 Les conséquences structurales et fonctionnelles du vieillissement . ........... 23
2.23 Lesconséquences pourla personne âgée ....:,....,,.....,..,,.,.,,... 25
2714 OueliHeScConsidéAtiONSDIAAUES 22H cnlne 2 M8 onurnnéaenun
anse ne 26
AOL PAR E NE TR Le D ET 27
RTE EN A AO AR RE OO 28

CADRE TALA SeXUaINé Nan mom Et ARE oh sun crus r int 29


+1 Les choneementsphysiologiquess ae Al. AL... nas auradouane 30
PAL Ha sements.chez llferhhénss same. hu 44 ciunsco cena 30
PARLE CASE ChÉAlNOMNIERe Aus et. - Brera sapeume av» 32
XII Table des matières

3.2" LaMésextelle chez les ame M Re 33


3.2.1 Les facteurs associés à la sexualité à la vieillesse ......................... 35
3.3 Les croyances et les attitudes concernant la sexualité et le vieillissement ........ 38
3.4 Les rapports dans le couple avec un partenaire atteint d'une démence .......... 40
3.5 La sexualité dans un établissement de soins de longue durée ................. 40
RÉSUMÉ: I RS OR EE Ne 1 ds 0 Ce ci 42
SHNCESLLONS He LECLUTES ANS MR ON OR AS id Te name 43

Chapitre’4 L'intelligence ER Mine nn oran 45


4.1 Les définitions, les mesures et la structure de l'intelligence .................... 46
AL les deTonne MACIISERS AS RL ee tes 46
des Lesimestres de elISeNTe ns RCE REA 47
AL ASTUCE etes no en dre re 47
42 l'intelligence change-t-elle avec l'avancement en âge? ....................... 50
4.3 Les facteurs responsables des changements de l'intelligence .................. 5Z
43.1 Les hypothèses d'un facteur général .....................,..,,....4.. 59
de LÉ AUS EXDIÉAINNEN er Mec UPS A NE A ee 60
A L'ENTAMEMENtE SE: re de ne CU Sue Nr TRE 62
PCIN OR à TR EE Re RO AN TE 64
SHACCSHLONS AE lECÉUTE es dada D 0 UD ee DES 65

Chapitre 5-La mémpire 210002 na Re Le 67


5:l;-vLés procesus-dela mémoire. sé ET RE Re Te 68
Fidel e LamMemosSensonelé sa dope Re Te 68
5020 lmeMore CoUDÉMeES mesh A Re ER 69
55. amemore clones tes AR ar ee ne 70
5.2 Les effets de l'âge sur les processus de mémoire ............................ 71
21 Les ere Sur lameMOre Sens 71
5.22 Les effets sur la mémoire à court terme et la mémoire de travail ............ 71
523 lesefferssirimemorentbnetemen A 72
5.3 Les fonctions relativement préservées ..................................... 73
531. l'aNeMOIre SÉMANIqUe MAL CR 73
522 la-mémole IMC Re ee dar en 74
55:% Là MÉMONEDIDSPECNE A CRRE 74
53.4 La MéMOoIrs pPrOcÉAUAle A PNR RE 74
53,5: l'a Mnémoire AUtobIOS DIT RAR 74
5.4. l'approche Contexte AT ARR 75
5.5 La compensation des déficits mnésiques 76
RÉSUMÉ 3 as 2 a 0 dE de D CIN RE 27
Table des matières | XII

Ce 6 LA PORN 2 OMS LE. ee douvee 79


Or Ress DO nn sr eos ssssanarcacsse 80
A Er tr et RSS SENS ES 80
D#" LAPPIOCNE US SU DÉPOT ne mnt ut rs sut CLie 81
631 La stabilité des différences individuelles . ....................,.......... 81
PR ET OO IEC TDR sr alien ee an tarte de = Cie 83
ON COPIOCNC DEP IOPPENIRR eco r crc cvercuar anne ere ele 85
FEaME ACL EEE rt PIECE EC 85
DR MR IT EM ac contes ANAL RE er PR nue I 86
65. La perspecive COneuele … . :.....:.....1..4. 0e 87
6.6 Un modèle intégrateur:les six centres de la personnalité ..................... 87
6.7 La perception subjective des changements de la personnalité ................. 88
68 La personnalité et le vieillissement .................................,..... 90
DT CSM ER ONU EE ou m2 on See 0 di 90
682. LEON ONNEMENL COS 52:27 mRe inde nancrccocescst
ro iatee 90
RER Ras RTS ONE LEA ENT ee D 90
RÉ nec diet es drap eue NL, DEC DD Ce AR 91
DR IOES DEL RE s d5 e éd Ce PRES Re Prod ae mr a Ad De AE 91

CR Re RE ras raie attente ce 93


71 Les conceptions du bien-être subjectif ..............,............,...,,.... 94
22" ‘LES MONS ON PF ONE SONEUE 12 LE ON. tasses 96
73 Les variables associées au bien-être subjectif ............................... 97
D RC RUE ME 98
Ra te nan dede nel Dr ee CT Te IS RTS 98
733: Le nel SOGOÉCONOMNIUE 0... 7.20. 98
do D 5 AE Gi LUE NPA OMR En a Er et nes Se PR RES 99
Le die bee 4 À LA D ÉROE M N R A MAS rie fe An PES GPR E NNT E 99
nn UT au PARU EU Le de rade 10 at ia es 100
73.1 Les activités physiques et sociales ..................,...........,...,. 100
A M ee CET RP CES PEN TRE Re 102
73.9 La satisfaction des conditions de vie .......................,....,..... 102
74 Les théories psychosociales du vieillissement ............................... 103
etren àren rate is dun AE 104
D CEE CDN er mrsril 2h nent ess lies crponteiiantes 105

CU OMR CRI 0 D CODE 1 PROS PONPRPP EDIT TR 107


OR 7 A A Ltd ss noconausanan ss 108
811 Les conséquences de la mort du conjoint ........,.......,.,.,,..,..... 108
A ro caca crosoone 112
XIV Table des matières

8.2 .La retrarté nc. RO ES ER 114


82.1 Les conceptualisations dedaretraitent aies MR sue rrParansenel 115
8.2.2 Les conséquences de la retraite pour l'individu .......................... 117
8.3 La maladie DGIQUE LS see en ER ee Re as 119
8.3.1 La maladie physique et la santé.mentale ; sue sssussssssssutis. 11
8.3.2 Les caractéristiques de la maladie physique ............................. 124
034 LES Gractensnaues de Den 2 nues diem eus 124
RSI tn an da D US AS CU Res COS MIS UN SUN d JA 127
RSPA810 EE A PTE TE
CT RE TA MN 0e 127

Chapitre 9° LA SOINS 50... 2e anagramme 129


9.1" Les Conceptualsations de M'SOITUOR 2: mu ora ea vrac semeccsc scene 131
90 +LA DIOVAIENICE ER SOMME eee den nn ie sec ae NO 132
9.3 Les facteurs associés au sentiment de solitude .............................. 134
JET MODE NO eee name nie OM eur mt ee Une 134
LS 2 PS AA a di PR ts erPAREC A ER eee EU 136
D OR IO ER ET RTE M D Un tt a AR MARNE OA ent pese 136
dx LÉO ne Rs see Ni one Le A PEN MT NE LC ENS 137
RL CUS ON TE A ur D PE Sn 2 137
M6 Lt SMaDON TO MESIQUE LE Ses I ON ROUES RS 137
92.2 Le niveau SOCIOÉCOAOMIQUE 4.28 18 dont De er RE... 138
JR" Les sous SNS Lee nt es cr NE Sn ns 138
0 CÉtSRGE SN Eee 139
92. Fes nes dE ERA SE ES ER ER 139
RÉSROMÉ EE D a Ne ne Re Se de EE A SU RE OS 141
ESOU LOL LEAA2)A EP ET Te 141

Chapitre 10: La dépression 2.225 ee CU 143


10.1 La classification, les définitions et le tableau clinique de la dépression .......... 144
10 EL En OSEO ous a ca de 144
10 TESTÉ NMOR ae Eee CS ON RTE 144
10 t+ Le taDIEl TINIQUE La ee a ST RE 145
10.2 Les difficultés de diagnostic chez les personnes âgées ........................ 146
10.3 L'épidémiologie de la dépression ..................................... 147
10.3.1 La prévalence de la dépression majeure ............. AR LT LA As 148
10.3.2 La prévalence de la symptomatologie dépressive ........................ 150
104 :Ée dépistage de‘la'dépressiont CR EEE 151
10.5 Leéstacteurs déTISQUE ARR TRS 151
10.6 Lestraïtements .....: ORNE ROME CR 153
Table des matières | XV

Chapitre 11 Les comportements suicidaires ............................. 157


11.1 La prévalence des comportements suicidaires .............................. 158
lldafes SUCdes COMDIÉtRS AR RME A UE EUR a 158
L'AAPTES tente SUITE a M TN LES 160
ME Ses Idées SUICIQAIreS ee Le PR Ne RTE OR ce 162
11.14 Les comportements autodestructeurs indirects .......................... 163
1122: ;Les-facteurs derisque 5772. ut R N 164
112.1 Les facteurs de risque liés aux suicides complétés ........................ 164
112.2 Les facteurs de risque liés aux idées suicidaires et aux tentatives de suicide .... 167
112:54Les acteurs de DrOICUOM TD RC RE EN Me PR CT UE 167
11:3-<Les sénes avant COLTEUTS ER. 2 a PR RE 167
14 + La Dé VentOn RE ee Re Re NC n 168
RÉSUMER. LES rs nee RM, Le a 2 ve RE AR Ne 170
SUPLCSLIDNSUC IECIUTE Ra AE pans ct ER ee LT AE TE Ne 171

Chapitre 12 Les démences ............................................. 173


DA laimaladie d'ANEIMEN ANA SES NT Le POI ET ES: RU 174
12.11 La prévalence de la démence en général et de la maladie d'Alzheimer ....... 174
12, PSS SYNDICATS ME nt RE EE CR D UE STONE 175
1212 Lañtéretionides Structures cérébrales. see ARR en 175
A Leds PRE vo D NE Us TT DA 176
12.15 Les facteurs de risque et de protection et les hypothèses étiologiques ........ 178
12.2 Les autres maladies neurologiques pouvant causer la démence ............... 180
121 Led den VAUT EAN RTE à 0 RE 180
1222" MARIE, ou ne EE ER LEE 180
12 231imasdede Parkinson ER Re 181
1244 etémenced COIDS BLEUE TRE RES MR Re 181
12,3-ÆLRATOUDIE.COSNIT IÉSET AMAR RCR CEULE A EL N E E NE 181
12 ARLES NI VENTIONS EE EE ere. É CRRRE A ER net 182
124 Piles tratements-DRhämmécolosiques Le. ul MR LT PE QU 182
12.42 Les interventions psychologiques et sociales ............................ 183
ES eSOUtEN aura MIRE Ce RE. rt Ron 187
DÉS TR Re RL MR ae ee ee He OR NT AE M à ne 189
CPS PU TE ACER RO EM PE RAP OR ERP 190

BIDHODTA DRE PR RS mr le dou - cu ul El Re: dede 191


PROG TES AUTOS MNT 20 ee en ER ae eu nt PS le le 217
EUR ENT ESS LUE RIRE A REA IR ARR Re 225
d
2 Le vieillissement démographique

lusieurs raisons justifient de commencer cet ouvrage par un portrait du


vieillissement de la population. L'une d’entre elles est évidente: la muta-
tion démographique actuelle résulte en un nombre toujours grandissant
de personnes âgées. Comme nous le rappelle la Division de la population des
Nations Unies (Organisation des Nations Unies [ONU], 2002), le vieillis-
sement de la population est un phénomène sans précédent, universel, de grande
portée et durable. D'ailleurs, les préoccupations relatives au vieillissement découlent
de l'observation d'un accroissement de plus en plus important de la proportion
des personnes âgées dans notre société. Pour certains, ce constat, loin d'être ras-
surant, constitue un phénomène démographique aux effets dévastateurs (Facal,
2006), qui entraînera un ralentissement de la croissance économique et des
finances publiques (Fortin, 2006; Henripin, 1994). Nos politiques sociales et de
santé, ainsi que l'équité intergénérationnelle, seront menacées (Godbout, 2006).
Il est légitime et même nécessaire de se questionner sur les implications qu'en-
traîne cette mutation de la société sur la vie de tous les jours. Mais, au préalable,
une connaissance minimale de la situation démographique s'impose. L'origine et
l'ampleur du vieillissement de la population restent obscures pour plusieurs, alors
que les répercussions potentielles du phénomène font l'objet de vifs débats. En
outre, une connaissance inadéquate de celui-ci conduit à une représentation
erronée de la vieillesse qui peut mener à des conduites discriminatoires à l'endroit
des personnes âgées.

Ce chapitre a pour objectif de mieux faire connaître la situation démographique


en brossant un tableau succinct de la conjoncture actuelle et future, de préciser
les causes de ce vieillissement et d'aborder brièvement la question des répercus-
sions de cette métamorphose sur la société. Nous examinerons aussi le sujet des
attitudes entretenues envers les personnes âgées.

1.1 LES INDICES époque où peu de travailleurs espéraient vivre aussi


longtemps. Depuis lors, l’âge de 65 ans est devenu
DU VIEILLISSEMENT l’âge charnière qui sépare une « vieille » personne des
DE LA POPULATION autres adultes.
Toutefois, définir une personne âgée à partir de ce
Il existe trois méthodes pour estimer le vieillissement critère arbitraire n'est plus approprié: d’abord, parce
d'une population : compter le nombre de personnes que l’âge auquel un travailleur prend sa retraite varie
âgées, en estimer leur proportion par rapport au d'un individu à un autre; ensuite, parce qu'il ne suf-
reste de la population et calculer l'âge médian de fit pas d'atteindre son 65° anniversaire pour devenir
la population. subitement « vieux » ; enfin, cet Âge ne donne aucune
À l'exception du calcul de l'âge médian, ces mé- indication sur la condition physique, sociale, financière
thodes ont en commun d'utiliser l'âge chronologique et psychologique de l'individu. Malheureusement, il
de 65 ans comme point de référence du véeil âge. Si l'on n'existe aujourd'hui aucune autre norme de rem-
a recours à cet âge en particulier, c'est parce qu'il est placement satisfaisante, malgré des tentatives de
encore associé à celui où un individu prend norma- définir un aîné selon des critères biologiques, sociaux
lement sa retraite. C'est le chancelier allemand Otto ou psychologiques. Par conséquent, et en dépit de cela,
von Bismarck (1815-1898) qui a instauré, à la fin du nous considérons la personne âgée, dans cet ouvrage,
XIX® siècle, la retraite obligatoire à 65 ans, à une comme étant celle qui a atteint l’âge de 65 ans.
Chapitre 1 3

1.1.1 Le nombre de personnes âgées de 65 ans se multipliait seulement par trois pendant
cette même période.
Le nombre de Canadiens âgés s’est accru de manière Autre signe révélateur du vieillissement démogra-
importante depuis le début du xx° siècle. Lors du phique, l'effectif des personnes âgées surpassera celui
recensement de 1921, on dénombrait 420 000 per- des enfants — les moins de 14 ans — en 2011 au Québec
sonnes âgées ;en 2006, on en comptait 4,3 millions. et en 2016 au Canada (Statistique Canada, 2006b).
Durant la même période, le nombre d’aînés québé-
cois est passé de 108 000 à plus de un million. Les
démographes prévoient qu’en 2031, 9 des 39 millions
1.1.2 Le pourcentage de personnes âgées
de Canadiens seront alors âgés de plus de 65 ans, Le pourcentage de personnes âgées dans la popula-
dont près de 2 millions de Québécois (Statistique tion totale est la manière privilégiée d'exprimer le vieil-
Canada, 2005b). lissement démographique. Un coup d'œil à la
Quoique ces chiffres soient impressionnants, on ne figure 1.1 confirme la proportion croissante de per-
peut se fier uniquement à l'augmentation du nombre sonnes âgées de 65 ans et plus.
de personnes âgées pour exprimer le vieillissement En 1921, un peu moins de 5% de la population
démographique puisque cette croissance reflète aussi canadienne était âgée de plus de 65 ans. Ce pourcen-
l'augmentation naturelle de toute la population. Il tage augmente à environ 7,5% jusqu'aux années
est malgré tout intéressant d'observer que la cohorte 1950, il demeure relativement stable pendant une
des adultes âgés enregistre le plus haut taux de crois- vingtaine d'années, puis 1l amorce une ascension
sance. Ainsi, l'effectif de cette cohorte s'est multiplié rapide. En raison de ses familles composées de
par 10 de 1921 à 2006, alors que celui des moins plusieurs enfants, le Québec restera en dessous de la

30,0 % De > |

= (Canada

25,0 % Québec

20,0 %

15,0 %

Pourcentage
10,0 % —

5,0 “a

| (es [rem
où 2) CO) Où Ga oo «90° 10 |. IS 98" eo. ne 9% 2" a A AN A us ASCÈ

Année

Source: Tirée de Statistique Canada (1987, 2005b).


4 Le vieillissement démographique

tendance canadienne pendant plusieurs décennies, avec le Royaume-Uni et la France (16%), la Belgique
puis la rattrapera et la devancera au tournant du (17 %), l'Allemagne et l'Italie (19%), nous pouvons
xXI° siècle. En 2006, le pourcentage des aînés atteint conclure que le Canada et le Québec sont démo-
13,2% de la population du Canada et 14,1% de celle graphiquement un peu plus jeunes que ces pays.
du Québec. Toutefois, si les projections se confirment, seules
La figure 1.1 (page précédente) illustre également le l'Italie et l'Allemagne seront démographiquement
pourcentage anticipé de personnes âgées. On remar- plus vieilles que nous vers le milieu du siècle actuel.
que que la proportion doublera au cours des
25 prochaines années, alors qu'une personne sur
quatre sera âgée de plus de 65 ans. Cet accroissement
1.1.4 L'âge médian de la population
fulgurant s'explique par l'arrivée massive des baby- L'âge médian est l’âge qui sépare la population en
boomers à la vieillesse, soit les personnes nées entre deux groupes égaux. Les populations affichant un
1946 et 1965. âge médian de plus de 30 ans peuvent être qualifiées
de vieilles (McDaniel, 1986). L'âge médian de la
population canadienne n'a jamais été aussi élevé: il
1.1.3 Une comparaison internationale atteint maintenant 40 ans comparativement à 25 ans
Il est toujours intéressant de comparer sa situation en 1931. Autrement dit, la moitié de la population
démographique à celle d'autres pays. La figure 1.2 a maintenant plus de 40 ans. Évidemment, l’âge
met en parallèle le pourcentage actuel de la popu- médian augmentera encore pour atteindre 44 ans
lation âgée dans certains pays européens en 2006 et au Canada et 46 ans au Québec en 2031 (Statistique
le pourcentage estimé en 2060. En comparaison Canada, 2005a).

ltalie
Æ 2050
[ 2005
Allemagne

France SR
Pays

Royaume-Uni a

Québec EE
=

Canada ns |
| |
10 20 30 40
Pourcentage

Sources : Eurostat (2006); Statistique Canada (2005).


Chapitre 1 | 5

Les statistiques démographiques énoncées jusqu'à début du XX° siècle, il était rarissime de rencontrer
présent considéraient les aînés comme un seul groupe une personne âgée de plus de 80 ans, alors qu'au-
homogène. Cette façon de faire camoufle au moins jourd'’hui, c'est 1 Canadien sur 30 ;en 2031, ce sera
deux réalités. Pour les dévoiler, il est nécessaire de 1 sur 15. C'est donc dire que de plus en plus de per-
dresser un profil plus circonstancié de la population sonnes survivent, même rendues à un âge avancé.
âgée. Cet exercice nous permet alors d'établir les Ce phénomène a des conséquences importantes, car,
deux constats suivants. D'une part, le vieillissement actuellement, c'est dans cette cohorte que se mani-
de la population est un phénomène qui touche davan- festent le plus de problèmes de santé.
tage les femmes que les hommes — c'est la féminisation Après avoir démontré, à l’aide de différentes don-
de la vieillesse —, et, d'autre part, il existe un vieillis- nées, que la population est vieillissante et qu'elle le
sement à l'intérieur même du groupe des personnes demeurera, que les femmes sont surreprésentées à
âgées; on parle alors de aurvéeillissement. la vieillesse et que la population âgée est elle-même
vieillissante, nous ciblerons les mécanismes respon-
sables de cette mutation structurale de la population.
1.1.5 La féminisation de la vieillesse
La féminisation de la vieillesse se traduit par une
surreprésentation des femmes par
hommes dans cette tranche de la population. En
rapport aux
1.2 LES CAUSES DU
2006, pour 100 femmes âgées, on comptait 74 hommes VIEILLISSEMENT
âgés au Canada (Statistique Canada, 2006a). Cette DE LA POPULATION
particularité démographique est d'autant plus
manifeste que les personnes avancent en âge. Ainsi, Le vieillissement de la population canadienne s'est
après l’âge de 85 ans, on trouve 45 hommes pour amorcé dans les années 1960; il s'accélérera à compter
100 femmes. Ces chiffres laissent entrevoir que les de 2011 lorsque les premiers individus de la généra-
sexes ne sont pas «égaux » devant la mort: les hommes tion de l'après-guerre atteindront l’âge de 65 ans. Mais
décèdent en plus grand nombre et plus précocement pourquoi notre société a-t-elle basculé d'une popu-
que les femmes. lation jeune à une population de plus en plus com-
Mentionnons toutefois que si le nombre de femmes posée de personnes âgées et très âgées?
âgées surpasse celui des hommes à l'heure actuelle, Les démographes considèrent que la structure de
cette surreprésentation n'a pas toujours existé. En la population est tributaire, à divers degrés, de la
effet, de 1921 à 1956, il y avait autant, sinon plus, fluctuation de trois forces indépendantes : la morta-
d'hommes âgés que de femmes âgées. C'est vers 1960 lité, la fécondité et la migration internationale. Des
que ce rapport a basculé en faveur des femmes. trois, seules les deux premières feront l'objet d’une
Notons une deuxième observation intéressante: cet attention particulière ici, car elles sont responsables
écart s’amenuise au cours des dernières années, alors de la transition démographique, alors que la migration
que la longévité des hommes augmente. influence modestement la population canadienne
(Agossou, 2002).

1.1.6 Le survieillissement
1.2.1 La mortalité
Le survieillissement de la population âgée est un
vieillissement à l'intérieur même de la cohorte des D'aucuns seraient convaincus que le vieillissement
personnes de plus de 65 ans. Les données démo- accéléré de la population provient du fait que l’on
graphiques sont éloquentes à ce propos, bien qu'elles vit plus longtemps. Intuitivement, cela tombe sous
soient trop souvent masquées lorsqu'on considère le sens, mais ce n'est pas suffisant.
uniquement la progression, en nombre et en pour- Le Canada et le Québec sont parmi les nations
centage, des personnes âgées de plus de 65 ans ayant l'un des taux de mortalité le plus bas, et dont
comme faisant partie d’un groupe unique. Ainsi, au l'espérance de vie est l’une des plus élevées au monde.
6 Le vieillissement démographique

Ce taux a diminué de 38%, passant de 11,6 pour jeunes enfants. Par exemple, en 1926, 1 enfant sur 3
1000 habitants en 1921 à 7,3 en 2006 (Statistique décédait avant l’âge de 5 ans, comparativement à
Canada, 2005b). Au Québec, cette baisse est encore 1 enfant sur 100 en 2002 (Wilkins, 2006). On peut
plus impressionnante avec une réduction de 49% de mourir à tout Âge, mais une forte majorité des per-
la mortalité, atteignant 7,3 pour 1000 habitants en sonnes qui décèdent sont âgées de 55 ans et plus. La
2005 comparativement à 14,2 en 1921 (Berthelot, victoire sur la mort est d’ailleurs moins prononcée chez
Camirand et Tremblay, 2006). les adultes âgés (Kinsella et Philipps, 2005). Cet écart
Un autre indicateur de la mortalité est l'espérance s'explique par le fait qu'une grande partie des maladies
de vie. L’espérance de vie d'une personne, ou sa responsables des décès infantiles a pu être éliminée.
durée de vie moyenne, se définit comme étant le Inversement, les principales causes de décès chez les
nombre moyen d'années qui reste à vivre à cette personnes âgées — les affections cardiovasculaires et
personne depuis sa naissance ou à d’autres anniver- les différentes formes de cancers — ne sont pas encore
saires si les conditions de mortalité servant à son totalement supprimées. Il est tout de même intéres-
calcul ne se modifient pas. sant de souligner que l'espérance de vie, une fois
L’espérance de vie à la naissance au Canada atteint l’âge de 65 ans, est de 17 ans chez les hommes
s'est accrue de génération en génération. Ainsi, un et de 20 ans chez les femmes (Berthelot et coll., 2006).
enfant né en 1931 pouvait espérer vivre en moyenne
jusqu'à l’âge de 60 ans s'il était de sexe masculin,
1.2.2 La fécondité
et jusqu'à 62 ans s'il était de sexe féminin. En 2004,
une femme pouvait espérer vivre en moyenne 83 ans La réduction importante de la mortalité a pour effet
et un homme, 78 ans. Sur une période de 70 ans, d'augmenter les effectifs d'une population, mais en
un enfant a vu sa durée de vie moyenne augmenter réduisant surtout la mortalité infantile, la population
de 21 ans pour une fille et de 18 ans pour un garçon rajeunit. Cependant, cette baisse de mortalité chez les
(Statistique Canada, 2004a). Loin d'avoir atteint un très jeunes enfants a été accompagnée d'une diminu-
sommet, l'espérance de vie des jeunes Canadiens tion de la fécondité (Légaré, 2003). Or, les démo-
gagnera un autre cinq ans d'ici 2031. En permet- graphes sont formels: le vieillissement de la population
tant aux individus de se rendre à un Âge avancé, coïncide toujours avec une baisse prolongée de la
cet allongement de l'espérance de vie contribue au fécondité (Kinsella et Philipps, 2005).
vieillissement de la population par le haut. Après l'explosion des naissances qui a suivi la
Si l'espérance de vie atteint actuellement, tout au Seconde Guerre mondiale, l'indicateur conjoncturel
moins dans les pays développés, un niveau inégalé de fécondité n'a jamais cessé de diminuer dans la
dans l’histoire de l'humanité (l'espérance de vie majorité des pays industrialisés. Ainsi, actuellement,
moyenne au Moyen Âge ne dépassait pas 30 ans), c'est le nombre moyen d'enfants par femme gravite autour
grâce à l'effet combiné de plusieurs conditions éco- de 1,5 au Canada (Statistique Canada, 2005a) et dans
nomiques, sociales et médicales. Sous l'impulsion de l'Europe des Vingt-Cinq (Sardon, 2006). Ce faible
la prospérité économique, les conditions de vie et taux de fécondité pose problème. En effet, il se situe
d'hygiène se sont grandement améliorées. Les indi- en deçà du seuil naturel de remplacement d'une popu-
vidus ont eu accès à des aliments plus variés et de lation, soit 2,1 enfants par femme. Pour les démo-
meilleure qualité, à l'eau potable, à des habitations plus graphes, c'est ce déclin du nombre moyen de
confortables et ont profité d'un système scolaire; par naissances année après année qui finit par diminuer
ailleurs, la population a eu accès à des services de santé le nombre de jeunes enfants et, du coup, par aug-
et à des services sociaux. La mise au point de nou- menter le pourcentage des personnes âgées. On parle
veaux médicaments et de techniques médicales a alors du vieillissement de la population par la base.
aussi contribué à éliminer les causes de mortalité La diminution de la mortalité et la baisse de fécon-
périnatale et infantile. dité constituent ce que l'on nomme la transition démo-
D'ailleurs, si tous ont bénéficié d'une réduction de graphique, celle qui a mené au vieillissement de la
la mortalité, elle a surtout été profitable aux très population. À moins que l’on retrouve un taux moyen
Chapitre 1 7

de fécondité comme celui qui prévalait vers 1950, et comme l'augmentation de l’âge de la retraite, la baisse
soutenu sur une longue période, ce phénomène démo- des prestations, un rationnement des soins de santé,
graphique est inexorable. la mise à la retraite des travailleurs âgés, l’'augmenta-
On peut alors se demander quelles seront les réper- tion de la productivité, entre autres.
cussions de ce vieillissement de la population. À l'opposé de cette vision qualifiée «d'apocalyp-
tique » et dénoncée par plusieurs auteurs (Evans et
coll, 2001 ; Gee, 2000), d’autres sont au contraire plus
1.3 LES EFFETS optimistes (Lefrançois, 2004). Ils sont d'avis que cette
vision alarmiste est nettement exagérée et que la
DU VIEILLISSEMENT société s’ajustera au vieillissement de la population.
Dès le départ, précisons que notre intention n'est La principale raison de cette divergence vient sans
pas d'analyser les effets du vieillissement de la popu- aucun doute du fait que les conséquences anticipées
lation de façon détaillée, mais plutôt de jeter un du vieillissement démographique sont basées sur
regard différent sur ce qui se dit ou s'écrit habituel- des projections à long terme qui impliquent plusieurs
lement sur cette question, pour ainsi susciter la dis- paramètres. Ceux-ci doivent alors être constants.
cussion et la réflexion. Or, il est difficile de prédire le comportement de
Cet accroissement inéluctable de la population ces facteurs à long terme.
âgée laisse peu de personnes indifférentes et suscite L'une des façons simples d'effectuer des projections
même de l'inquiétude chez certaines. Selon Gee est de considérer la situation actuelle, connue, et de
(2002), le discours dominant est que cette mutation la projeter mécaniquement dans le futur (Seshamani
démographique est porteuse de mauvaises nouvelles. et Gray, 2004). Par exemple, pour savoir combien
Par exemple, avec l'arrivée massive des baby-boomers pourraient coûter les soins de santé en 2031, l’éco-
à l’âge d'or, des experts anticipent que les caisses de nomiste Pierre Fortin (2006, p. 19) répond: «[...]
retraite ne suffiront pas à soutenir financièrement avec deux fois plus d’aînés, il faudra consacrer deux
tous ces nouveaux retraités. Ils entrevoient une mon- fois plus d'argent aux soins de santé et aux services
tée vertigineuse des coûts liés au système de santé, car sociaux de ce groupe. » Toutefois, cela suppose que
plus de personnes âgées signifient une augmentation l'état de santé des aînés restera inchangé; or, rien ne
des problèmes chroniques, des consultations chez un nous assure qu'il en sera vraiment ainsi. Quand on
médecin ou un spécialiste, des examens et des ana- envisage, l'espace d’un instant, la possibilité que les
lyses, de la consommation de médicaments, plus de futures générations des personnes âgées soient en
traitements et d’hospitalisations. Ils prédisent en outre meilleure santé que celles d'aujourd'hui, une telle
la stagnation économique comme conséquence de éventualité change radicalement les répercussions
l'avancement en âge de la main-d'œuvre. La produc- probables (Evans et coll., 2001).
tivité des travailleurs âgés serait moindre, car ils s'ab- Un exemple des aléas des prédictions nous vient des
senteraient plus souvent pour des raisons de santé, ils États-Unis. En 1982, les statistiques révélaient qu'un
seraient plus souvent victimes d'accidents de travail, peu plus de sept millions d'Américains souffraient d’in-
ils résisteraient aux changements et seraient réfrac- capacités chroniques. Compte tenu du vieillissement
taires à renouveler leurs connaissances. Le vieillis- de la population, les analystes ont alors prédit qu'en
sement de la population a pour conséquence une 1999 les incapacités chroniques toucheraient neuf
diminution du nombre de jeunes travailleurs, et ceux- millions de personnes. Or, en 1999, les statistiques
ci verront leur pouvoir d'achat diminué, car leur affichent le même nombre qu'en 1982, ce qui est bien
salaire sera largement amputé pour soutenir la horde loin de la prédiction des analystes, 17 ans plus tôt
de retraités. Moins de travailleurs signifie également (Manton et Gu, 2001). Il est d’ailleurs largement
une réduction des revenus pour l'État déjà en proie démontré que les personnes âgées de 75 ans aujour-
à une augmentation des dépenses destinées à satisfaire d'hui sont en aussi bonne santé que celles âgées de
les besoins croissants des aînés. Ces experts réclament 65 ans d'hier (Evans et coll., 2001). Voici un autre
donc un train de mesures pour contrer ces effets exemple de la fragilité des prédictions faciles: plus
8 | Le vieillissement démographique

d'hommes âgés estiment leur santé fonctionnelle très décompte de ces personnes inactives aurait pour
bonne ou parfaite aujourd'hui que cinq ans aupara- effet d'augmenter dès maintenant le rapport de
vant (Conseil consultatif national sur le troisième dépendance, sans pour autant prétendre que cette
âge, 2006). En outre, lorsque les problèmes de santé situation provoque une impasse financière.
surviennent, ils apparaissent à un âge plus avancé, Une autre limitation de la formule précédente est
réduisant la morbidité à une plus courte période de qu'il s’agit d’un rapport de dépendance tronqué
temps (Fries, 1980, 1983). puisqu'elle considère uniquement les aînés dans le
Pour soutenir l'idée que la cohorte des personnes groupe des personnes dépendantes. Pour avoir une
âgées constitue un fardeau économique pour la société, idée plus juste de la charge de ces personnes sur les
on entend souvent dire qu'il y a, en ce moment, cinq contribuables, il faudrait minimalement intégrer le
travailleurs pour un retraité. Dans 50 ans, il n'en res- groupe des 0 à 14 ans dans le calcul. Le rapport de
terait plus que deux. C'est ce qu'on appelle le rapport dépendance global serait alors le suivant:
de dépendance des aînés. Pour le calculer, plusieurs [(0 à 14 ans) + (65 ans et plus)] + (15 à 64 ans).
formules existent (Gibson, 1989), mais la plus répan- La figure 1.3 illustre le rapport de dépendance
due consiste à diviser le nombre de personnes âgées des jeunes et des aînés pour les décennies à venir. On
de 65 ans et plus par le nombre de celles âgées de 15 à remarque que le rapport de dépendance des jeunes
64 ans. Ainsi, au Canada, le rapport de dépendance restera au même niveau qu'actuellement, mais qu'il y
des personnes âgées est aujourd'hui de 0,19 (4,3 mil- aura une augmentation substantielle du rapport de
lions + 22,6 millions), mais il augmentera à 0,46 en dépendance des aînés. Le rapport de dépendance
2051 (11,5 millions + 25,2 millions), autrement dit, total va s'accroître avec la poussée du nombre d'aînés.
deux travailleurs pour un retraité. Ce résultat est Toutefois, cette figure n'indique pas que le ratio total
présenté comme la preuve que les contribuables est à son niveau le plus bas. Il était autour de 0,70 au
auront à soutenir financièrement une portion de début du xx° siècle, le même qu'il devrait atteindre
plus en plus grande de pensionnés (Gee, 2002; vers 2031, au moment où l'on devrait être en pleine
Robertson, 1997). crise, selon les dires de certains. La composition du
Toutefois, le concept de rapport de dépendance a rapport sera toutefois différente. Au siècle dernier, la
fait l'objet de plusieurs critiques depuis les 30 dernières majorité des personnes dépendantes était des jeunes
années. Déjà, en 1986, McDaniel mentionnait que ce enfants, alors que celles de demain seront en majeure
ratio n'était pas un indicateur fiable de la charge que partie des personnes âgées (Gee, 2002).
représentaient les aînés. La formule usuelle considère À rapport de dépendance totale égal entre les aînés
les «15 à 64 ans » comme faisant partie de la popu- et les enfants, le rapport composé d’aînés semble plus
lation active, ou productive, c'est-à-dire celle qui dramatique. Pour quelles raisons? Certains pré-
contribue à remplir les coffres de l’État par leurs tendent que la nature de la dépendance des per-
impôts. Cette façon de circonscrire les éléments sonnes âgées est différente de celle des enfants. La
productifs de la société est douteuse. Pour s'en dépendance des jeunes serait largement assumée par
convaincre, 1l suffit de penser que ce groupe contient la famille, alors que la charge des personnes âgées
aussi des chômeurs, des bénéficiaires de l’aide sociale, échouerait entièrement à la société (Myles, 1982).
des travailleurs qui ne paient pas d'impôts parce que Cette affirmation ne fait toutefois pas l'unanimité
leur revenu est insuffisant, des travailleurs saisonniers, (Gee, 2002), puisque plusieurs services publics sont
des étudiants, ete. (Angus et Reeve, 2006). Bref, on offerts aux enfants (garderies, écoles, services hospi-
présente ce rapport comme étant le nombre de travail- taliers, etc) ; en outre, les aînés tirent certains de leurs
leurs sur le nombre de retraités, ce qui est inexact. Il revenus de contributions privées.
serait plus juste de préciser qu'il s’agit en fait du Une deuxième raison pour laquelle le rapport de
nombre de personnes en âge de travailler. L'idée est dépendance des personnes âgées apparaît plus préoc-
différente, car dans ce groupe d'individus actifs se cupant réside dans l'idée que les aînés sont plus fra-
trouvent plusieurs personnes qui sont elles-mêmes à giles, en moins bonne santé, qu'ils vivent dans des
la charge des contribuables. Curieusement, le établissements de soins prolongés et qu'il en coûte
Chapitre 1 9

(FiGuRE 1.3 L'évolution du rapport de dépendance Jes aînés (2006-20


ag

O7

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0,1

2006 2026 2031

Source : Tirée de Statistique Canada (2005a).

finalement plus cher pour les soigner. Il est vrai qu'en vivent en établissement de soins de long séjour
avançant en âge, les aînés sont plus exposés à souf- (Bourcier et Dumont, 2004).
frir de maladies chroniques et de limitations fonction- On entend souvent la phrase suivante: « Les
nelles. Pourtant, on feint d'ignorer que la majorité des dépenses en soins de santé augmentent parce que
personnes âgées sont en bonne santé. Selon les don- la population vieillit. >» Parce qu'elle est sensée, on
nées de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes ne remet Jamais cette affirmation en question.
de 2003 (Gilmour et Park, 2006), respectivement Pourtant, certaines études montrent qu'elle est fausse.
La responsabilité de cette augmentation est imputée
94% et 93% des hommes et des femmes âgés n'ont
à des facteurs comme l'inflation, l'augmentation des
aucun problème de dépendance pour les activités de
salaires du personnel, les nouvelles technologies, le
la vie de tous les jours comme prendre un bain, s'ha-
coût des nouveaux médicaments et même à une
biller, se déplacer dans la maison. Pour les activités
mauvaise gestion (Evans et coll. 2001). D'ailleurs, dans
instrumentales de la vie quotidienne comme préparer un mémoire remis à un comité sénatorial, l’Institut
les repas, s'acquitter des tâches ménagères, effectuer canadien des actuaires (2001, p. 2) concluait que «le
des transactions bancaires et faire l'épicerie, 85% des vieillissement de la population ne constitue pas la prin-
hommes et 71 % des femmes âgées déclarent n'éprou- cipale cause à l'origine de l'augmentation des coûts
ver aucun problème de dépendance (Gilmour et Park, des soins de santé ». Ce même rapport soulevait des
2006). Finalement, 7 % des Canadiens âgés (Ramage- données intéressantes, comme le fait que ce sont
Morin, 2006) et moins de 4% des aînés québécois surtout les six derniers mois de la vie d'une personne
10 | Le vieillissement démographique

qui coûtent cher, et non l'avancement en âge comme porte pour toutes les questions relatives au vieillis-
tel. En somme, le vieillissement de la population, et sement en général et aux personnes âgées en parti-
les personnes âgées, servent souvent de boucs émis- culier. Nous sommes tous personnellement concernés
saires utiles pour excuser les difficultés des finances par ce phénomène, d'une manière ou d'une autre,
publiques; cela évite aux responsables de devoir comme nous avons tous une certaine représentation
rendre des comptes. des personnes âgées.
Une troisième raison à la base de cette préoccupa- Bien souvent, nous voyons les aînés comme des per-
tion est l'idée que les aînés ne rapportent rien. Dans sonnes « dépendantes » ; selon cette conception, elles
ce type de rapport, on suppose que le transfert des ont des troubles de la mémoire, elles sont toujours
ressources se fait de manière unidirectionnelle, c'est- fatiguées, elles se déplacent lentement, éprouvent
à-dire des travailleurs vers les personnes âgées de des problèmes de santé, n'ont plus de vie sexuelle, bref,
65 ans et plus. Cette vision oublie la contribution des elles n'ont rien à faire, sauf se plaindre et maugréer.
aînés à leur famille, à leur communauté et à la société Certains sont fermement convaincus que les per-
en général. Mais, comme cette contribution n'est pas sonnes âgées ne peuvent plus apprendre, qu'elles
rémunérée, on n'en tient pas compte dans les analyses sont inflexibles et font preuve de conservatisme,
purement comptables (Vézina, 2006). Les personnes qu'elles s'intéressent à rien sauf à elles-mêmes,
âgées donnent de leur temps à des organisations n'écoutent pas ce que les autres ont à dire, parlent
bénévoles, communautaires, sportives ou politiques. constamment de leurs vieux souvenirs et de la vie
Comme d'autres contribuables, elles paient des taxes «dans leur temps ».
et des impôts. Comme d'autres consommateurs, elles La psychologie sociale a donné un nom à ces idées
paient un loyer, font leur épicerie, achètent des biens, préconçues: les stéréotypes. Ils peuvent se définir
voyagent. Elles ont aussi des loisirs et utilisent des comme l'ensemble des croyances attribuées de manière
services. Les personnes âgées aident financièrement
généralisée à tous les individus d'un même groupe
leurs enfants. Il ne faut pas négliger que les aînés,
(Hilton et Von Hippel, 1996). Les stéréotypes font
surtout les femmes, jouent un rôle d'aidant auprès de
aussi référence aux préjugés, qui sont des attitudes
leur conjoint malade, de leurs petits-enfants ou des
généralement négatives. Par définition, les stéréo-
autres membres de la famille. Mais une bonne partie
types font donc abstraction des différences indivi-
de cette contribution des aînés est difficilement comp-
duelles et considèrent toutes les personnes âgées de
tabilisée et passe inaperçue dans le calcul d’un rap-
façon identique. Une seconde particularité des stéréo-
port de dépendance.
types est leur résistance aux contradictions. Nous
En conclusion, l'exercice ici n'était pas d'analyser
sommes tellement convaincus de leur validité que les
de façon détaillée les effets du vieillissement démo-
caractéristiques ne correspondant pas aux croyances
graphique, mais plutôt de démontrer que l'état
seront systématiquement ignorées, et seules celles qui
de crise anticipé est sujet à de nombreux impon-
les confirment seront retenues. Par exemple, si un indi-
dérables et que plusieurs éléments souvent négli-
vidu a la certitude que les personnes âgées sont en
gés peuvent apporter une dimension différente à
mauvaise santé, sa rencontre avec un aîné bien por-
cette problématique.
tant sera en contradiction avec sa croyance. Plutôt que
de changer sa conception, il considérera la personne
âgée en bonne santé comme un cas d'exception, hors
1.4 LES STÉRÉOTYPES ET du commun et peu représentatif de l'ensemble des per-
LES ATTITUDES RELATIFS sonnes âgées, maintenant ainsi sa croyance.

AUX PERSONNES ÂGÉES La recherche portant sur les stéréotypes et les


attitudes envers les personnes âgées remonte aux
Nous avons démontré que le vieillissement de la travaux de Tuckman et Lorge (1953). Ces chercheurs
population est un phénomène bien ancré et qu'il nous concluaient que les stéréotypes étaient généralement
accompagnera dans les décennies à venir. Cette trans- négatifs et assez répandus dans la population.
formation sociale n'est pas étrangère à l'intérêt que l'on Toutefois, Lutsky, dans une recension des écrits en
Chapit re 11

1980, arrive à la conclusion que la population a une expériences négatives avec le corps médical. Ils ont
attitude neutre ou positive du vieillissement et des souvent eu l'impression de ne pas être importants
personnes âgées, plutôt que négative. D'autres aux yeux du personnel et de ne pas avoir été suffi-
travaux confirment la présence de stéréotypes. Il faut samment informés de leur état de santé en raison de
toutefois préciser qu'il n'existe pas un seul stéréo- leur âge.
type universel pour décrire les aînés. Les stéréotypes La recherche démontre que ces attitudes néga-
et les attitudes sont multidimensionnels, certains tives ont un effet dommageable sur l'estime de soi des
sont positifs («sages, grands-parents gâteau »), personnes âgées (Kelchner, 1999; Rodin et Langer,
d’autres ont un côté négatif («isolés, fragilisés ») ; l'un 1980) et peuvent mener à l'exclusion sociale.
et l’autre peuvent être endossés simultanément par Conscientes que les jeunes sont davantage valorisés,
une même personne. certaines personnes vieillissantes vont déployer beau-
Plusieurs recherches ont largement montré que coup d'effort pour garder une apparence jeune. Même
les préjugés envers les aînés existent autant chez les dans les médias spécialisés pour la clientèle âgée, les
professionnels — médecins, psychiatres, infirmières, aînés que l’on présente sont souvent des individus qui
travailleurs sociaux, psychologues — que chez les étu- ont su préserver une certaine Jeunesse (Henrard,
diants de ces disciplines (Kane, 2004). Par exemple, 2002).
Lee, Volans et Gregory (2003) ont demandé à de D'autres personnes âgées seraient portées à inté-
futurs psychologues les raisons de leur manque d'in- rioriser les stéréotypes et à agir en conformité avec
térêt à travailler avec une clientèle âgée. Ils ont invo- ceux-ci. Plusieurs études ont montré l'effet négatif des
qué que cela était déprimant puisque les personnes attitudes sur la longévité ou sur la performance à
âgées doivent affronter la maladie, la mort ou qu'elles exécuter des tâches de mémoire. Levy et ses colla-
sont atteintes d’une forme quelconque de démence. borateurs (2002) montrent que les aînés qui ont une
De plus, ces étudiants pensent que les traitements attitude positive envers leur propre vieillissement
auront très peu d'impacts, car les personnes âgées sont jouissent d’une espérance de vie plus longue compara-
perçues comme rigides et résistantes au changement. tivement aux aînés qui affichent une attitude négative.
Certains remettent même en question la pertinence de Des recherches ont aussi révélé que les participants
travailler avec les aînés puisqu'ils mourront sous peu. âgés exposés de manière infraliminale à des stéréo-
Comme le rapporte Kane (2004), ce genre d'atti- types négatifs montraient des performances affaiblies
tude peut mener à une forme de « nihilisme thérapeu- à des tests de mémoire (Levy, 1996). Ces études
tique », préjudiciable pour les personnes âgées, car il soulignent que les attitudes et les stéréotypes peuvent
nie la possibilité qu'elles puissent tirer profit des influencer le comportement des aînés.
interventions offertes. Cette attitude est aussi présente Une autre conséquence est que ces stéréotypes et
en médecine. ces attitudes peuvent mener à l’'âgisme. Il revient au
Ces perceptions ont écho dans les comportements gériatre Robert Butler d'avoir introduit cette expres-
du personnel qui travaille auprès des aînés (Pasupathi sion dans le vocabulaire gérontologique en 1969.
et Lockenhoff, 2002). Par exemple, le personnel L'âgisme est un terme — au même titre que le racisme
utilise parfois un langage condescendant, trop fami- ou le sexisme — qui décrit l'ensemble des attitudes
lier, infantilisant, superficiel, il articule de façon préjudiciables et les pratiques discriminatoires envers
exagérée, il parle inutilement fort, etc. Le personnel les personnes âgées. La particularité de l’âgisme est
convaincu que les aînés sont dépendants voudra les que tout le monde risque d'en être un jour victime, car
aider outre mesure, favorisant la dépendance. Il arrive tout le monde vieillit. Toutes les personnes vieillis-
souvent qu'un problème de santé soit évalué dif- santes l'ont vécu à un moment ou à un autre de leur
féremment selon qu'il survient chez un adulte ou vie. Dans une étude menée par Palmore (2001), 77 %
chez un aîné. Par exemple, si une personne âgée a un des personnes âgées de 60 ans et plus affirment avoir
oubli, celui-ci sera immédiatement attribué à son âge. été victimes d'âgisme au moins une fois.
Les participants âgés de l'étude de Minichiello, Si une personne perd son permis de conduire
Browne et Kendig (2002) disent avoir vécu des parce qu'elle a atteint un âge avancé, si elle doit
12 | Le vieillissement démographique

prendre sa retraite uniquement en raison de son paient pas et qui devraient profiter aux membres
âge, si elle ne reçoit pas un traitement ou si elle les plus productifs de la société, qu'elles n'ont plus
demeure plus longtemps que la normale sur une rien à offrir, qu'elles reçoivent plus qu'elles ne
liste d'attente à cause de son âge, cette personne est peuvent donner, que les soins devraient être limités
victime d'âgisme. Lorsqu'on affirme que les per- à l'essentiel (car, de toute façon, elles sont sur le point
sonnes âgées sont un fardeau pour la collectivité, de mourir), il s’agit là d'un discours teinté d'âgisme
qu'elles utilisent des services pour lesquels elles ne (Binstock, 2005).

° La définition d'une personne âgée basée sur e_ L'espérance de vie à la naissance atteint, en 2004,
l'âge chronologique de 65 ans est purement 78 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes.
arbitraire. e La baisse du taux de fécondité est une cause du
° En 2006, il y avait 4,3 millions de personnes vieillissement de la population.
âgées au Canada, et ce nombre atteindra près de + La question des répercussions du vieillissement
9 millions en 2031. de la population est controversée et tributaire de
e C'est la cohorte des personnes âgées de plus de nombreux impondérables.
65 ans qui enregistre la plus forte croissance. e Certains pensent que le vieillissement générera
e Une personne sur quatre sera âgée de plus de une crise, d’autres croient que des ajustements
65 ans en 2051. seront possibles.
e L'âge médian a atteint 40 ans en 2006, et il conti- + Les personnes âgées et le vieillissement sont
nuera d'augmenter. l'objet de nombreux stéréotypes et d’attitudes
° Le vieillissement de la population se caractérise négatives.
en outre par la féminisation de la vieillesse et un + L'ensemble des attitudes négatives et des
vieillissement à l'intérieur même de la popula- comportements discriminatoires envers les aînés
tion âgée. se nomme l'âgisme.

Angus, J. et Reeve, P. (2006). Ageism: A treat to «aging Lefrançois, R. (2004). Les nouvelles frontières de l'âge. Montréal:
well » in the 21S century. The Journal
of Applied Gerontology, Les Presses de l'Université de Montréal.
29, 1572160;
Statistique Canada (2007). Un portrait des aînés au Canada
Godbout, L. (2006). Age maintenant pour le Québec de demain. Des — 2006. Ottawa: Statistique Canada, n° 89-519-XIF
réflexions pour passer des manifestes aux actes. Québec: Presses au catalogue.
de l'Université Laval.

Henrard, J.C. (2002). Les défis du vieillissement, la vieillesse n'est


pas une maladie ! Paris :La Découverte.
14 | Les changements sensoriels

a seule façon d'interagir efficacement avec notre environnement est de


pouvoir détecter et interpréter adéquatement les informations sensorielles
nous parvenant et de pouvoir Y répondre correctement. Ainsi, toute
détérioration sensorielle dépassant une certaine limite risque d'entraver le fonc-
tionnement de la personne âgée. Il est bien établi que toutes les fonctions sen-
sorielles diminuent avec l'avancement en âge et que ce phénomène tend à
s'accélérer après la soixantaine (Montano, 2003). La vitesse du ralentissement
observé n'est cependant pas uniforme à l'intérieur d'une même structure sen-
sorielle, et ce ralentissement varie beaucoup d'une personne à une autre.

L'étude des changements sensoriels chez les personnes âgées s'impose. Ce sont
des problèmes chroniques, c'est-à-dire qu'ils s'installent lentement, graduellement,
mais ils sont toujours présents. Dans les années à venir, l'espérance de vie
allongée augmentera de manière substantielle le nombre de personnes âgées qui
auront probablement des difficultés à bien voir ou à bien entendre. Pour certains
aînés, ces changements sensoriels retentissent sur la capacité à effectuer des acti-
vités quotidiennes, même les plus simples, d’avoir des loisirs, d'être en relation
avec autrui, et tout cela peut altérer significativement leur qualité de vie.
Ce chapitre traitera des modifications survenant à la vision et à l'audition, des
sens qui subissent, au fl du temps, les assauts du vieillissement. Après avoir décrit
brièvement les structures visuelle et auditive, ainsi que les altérations survenant
dans chacune de ses structures, nous examinerons un certain nombre de consé-
quences qu'entraînent ces changements dans la vie de la personne âgée.

2.1 LA VISION pour lire. Ce pourcentage grimpe toutefois à


12 % pour les 75 ans et plus.
L'œil est l'organe sensoriel responsable de la vision.
Sa structure étant complexe, le vieillissement de l’une .-
ou l’autre de ses composantes pourra altérer la qua- 2.1.1 La structure de l'œil
lité de la vue. De
me
fait,USla très grande
,
majorité des Afin de mieux comprendre les troubles visuels pou-
S CNT .
troubles de la vision dérivent d'une transformation, vant apparaître à la vieillesse, il convient de décrire
. .

souvent graduelle, de la structure de l'œil. Mais des sommairement la structure de l'œil. La figure 2.1
mécanismes
A =
centraux sont aussi ESà ;
origine
= =
de certains
=
illustre
.
une coupe de l'œil
.
qui . laisse
.
voir
.
ses princi-
. .

problèmes de vision des personnes âgées. En effet, paux éléments. On y distingue le système périphérique
même lorsque la structure oculaire est intacte, elles et le système central.
peuvent eprouver des difficultés a bien percevoir. Le système périphérique se divise en deux par-

Avoir une bonne vision ne consiste pas seulement à ties : la section antérieure et la section postérieure.
bien voir, mais aussi à bien percevoir les images La section antérieure comprend, entre autres, la
offertes à l'œil. Or, la perception visuelle dépend du cornée, l'humeur aqueuse, l'iris, la pupille et le cris-
processus cognitif qui régit l'information sensorielle tallin. La section postérieure est composée du corps
atteignant l'œil. vitré et de la rétine. Pour sa part, le système central
S1 90 % des personnes âgées ont besoin de lunettes comprend le nerf optique, le chiasma optique et le
(Williams, 1995), une minorité seulement est toute- cortex occipital.
fois affectée au point que la poursuite des activités Avec l'avancement en âge, n'importe laquelle de ces
devient difficile. Ainsi, au Canada, 5 % des personnes composantes peut subir des changements qui affectent
âgées de 65 à 74 ans déclarent ne pas voir assez bien la vision, à des degrés divers. Certains de ces troubles
Chapitre 2 15

IGURE 2.1 L'œil

Rétine
Nerf optique

Muscle ciliaire

Cristallin

Iris

Pupille
/
/
Corps vitré
4 Roses Cornée

Humeur aqueuse

visuels peuvent être facilement corrigés alors que L'humeur aqueuse


d'autres ont des conséquences plus sérieuses.
Immédiatement derrière la cornée, mais devant le
cristallin et l'iris, se trouve une cavité contenant un
La cornée liquide :l'humeur aqueuse. La principale fonction de
l'humeur aqueuse est de transporter les éléments
La cornée, qui est le prolongement du tissu conjonc-
nutritifs et d'éliminer les déchets venant de la cornée
tif blanc, est une membrane transparente à travers
et du cristallin. Ceux-ci ne contiennent pas de vais-
laquelle la lumière doit passer pour pénétrer dans
seaux sanguins qui, normalement, devraient assumer
l'œil. Le tissu conjonctif sert à maintenir la forme
cette fonction (Spector, 1982).
de l'œil et à le protéger des agressions extérieures.
L'humeur aqueuse maintient aussi constante la pres-
La principale fonction de la cornée est de réfrac-
sion interne de l'œil. Une certaine pression est en effet
ter la lumière qui pénètre dans l'œil vers la rétine. C'est
nécessaire pour donner à l'œil sa tonicité, sans quoi il
pour cette raison que la courbure de la cornée est
pourrait s'affaisser. Une hausse de pression dans cette
prononcée. Les deux tiers de la réfraction totale sont
cavité cause un problème visuel très grave: le glaucome.
assurés par la cornée, et le tiers restant, par le cristallin.
Ce pouvoir de réfraction est essentiel à une bonne
vision. En effet, pour bien voir l’image de ce que l'on
regarde, celle-ci doit se placer précisément sur la L'iris et la pupille
rétine. C'est sur la rétine que se trouvent les cellules L'iris est un mince diaphragme musculaire pigmenté
qui reçoivent les stimuli; de là, ces cellules les ache- qui donne leur couleur aux yeux. Dans son centre se
minent au cortex cérébral responsable de l’interpré- trouve une ouverture: la pupille. La fonction la plus
tation de cette image, afin de lui donner un sens. connue de l'iris est de modifier la quantité de lumière
Mais pour que cette image se forme, la trajectoire de pénétrant dans l'œil. Liris se dilate dans un environ-
la lumière doit être dirigée vers la rétine; c'est ce nement pauvre en lumière et se contracte dans un
que l’on nomme la réfraction de la lumière. environnement où il y en a trop.
16 | Les changements sensoriels

Une autre fonction de l'iris est de maintenir la nécessaire à certaines activités, comme la lecture. Ils
profondeur du champ visuel à son maximum selon sont davantage concentrés dans une région de la
les conditions lumineuses environnantes. La profon- rétine ne contenant que des cônes et où la vision est
deur du champ visuel augmente quand la pupille se par conséquent la plus précise :la macule.
contracte. Parce que l'iris est avant tout un muscle, Les bâtonnets sont situés à la périphérie de la
il est vulnérable aux effets de l'avancement en âge. rétine et ils réagissent à un très faible niveau d'inten-
sité de lumière. C’est pourquoi ils jouent un rêle
essentiel dans la vision nocturne et l'orientation
Le cristallin
visuelle ; ils permettent, par exemple, de fixer un
Le cristallin se trouve immédiatement derrière l'iris et objet même si ce dernier est en mouvement.
la pupille. En raison de sa composition, de sa forme Cette brève description de la structure de l'œil
et de ses propriétés, cette structure joue un rôle de pre- nous rappelle que, avant d'atteindre les photorécep-
mier plan dans la vision. Le cristallin est une lentille teurs de la rétine et, de là, le cerveau, la lumière doit
biconvexe composée de nombreuses couches de fibres passer à travers plusieurs éléments. Une atteinte,
transparentes superposées.
même partielle, à l'intégrité de l’un ou l’autre de ces
Pour que la vision soit adéquate, l'image doit être éléments peut donc avoir une conséquence sur la
focalisée exactement sur la rétine. Pour réaliser cette
vision. Dans la prochaine section, nous décrirons
fonction, le cristallin, en plus d'être convexe, doit
comment l'avancement en âge affecte ces éléments
aussi être suffisamment élastique pour pouvoir
et, par conséquent, quelles sont les fonctions
changer sa forme et ainsi faire une mise au point pré-
visuelles altérées.
cise sur un objet à différentes distances. Ce proces-
sus se nomme l’'accommodation. Le cristallin peut
être affecté d'une maladie sérieuse: les cataractes.
2.1.2 Les conséquences structurales
et fonctionnelles du vieillissement
Le corps vitré
La cornée doit être homogène et claire pour bien
Le corps vitré est situé dans la section postérieure de
réfracter la lumière. Avec le temps, plusieurs trans-
l'œil, c'est-à-dire entre le cristallin et la rétine. Il s'agit
formations altéreront ses qualités optiques. La cornée
d'une substance gélatineuse, transparente, qui contri-
est moins lustrée, elle devient plus brumeuse et perd
bue à maintenir la forme de l'œil et à maintenir la
de sa courbure. La décoloration de la cornée a pour
rétine contre la paroi interne de l'organe. Le corps
effet de réduire la quantité de lumière qui atteindra
vitré représente les deux tiers du volume et du poids
de l'œil. Contrairement à l'humeur aqueuse, il n’est la rétine. L'image sur la rétine sera alors moins claire,
jamais remplacé tout au long de la vie. moins nette, plus diffuse.
Après la quarantaine, on peut observer, à la
périphérie de la cornée, entre l'iris et le blanc de l'œil,
La rétine la formation d'un anneau grisâtre et opaque, appelé
La rétine couvre les deux tiers de la surface interne arc sénile ou gérontoxon. L'arc sénile résulte d’une
de l'œil et est constituée de plusieurs couches de cel- accumulation de lipides. Au-delà de son aspect esthé-
lules spécialisées. Les plus importantes sont les cellules tique, l'arc sénile n’affecte pas les fonctions visuelles.
photoréceptrices. On les nomme cônes et bâtonnets L'humeur aqueuse est le siège d'une maladie for-
en raison de leur forme distinctive. C'est dans la tement associée au vieillissement: le glaucome.
rétine que les informations visuelles sont reçues et sont En 2003, un diagnostic de glaucome a été posé chez
transmises aux zones du cerveau responsables de 6% des Canadiens âgés (Millar, 2004). Le glau-
leur traitement. come est une expression générique qui désigne
Les cônes réagissent seulement en présence d’une l'ensemble de toutes les maladies oculaires carac-
forte luminosité; ils sont spécialisés dans la vision térisées par une perte du champ visuel causée par
des couleurs et la discrimination des détails fins, une augmentation de la pression intraoculaire. La
Chapitre 2 | 17

hausse de pression, généralement supérieure à 20 mil- l'intérieur du cristallin, et celles-ci dégénèrent, faute
limètres de mercure, vient d’une accumulation de de soutien nutritionnel. Comme nous l'avons vu pour
liquide dans l'œil et entraîne un dommage au nerf la cornée, cette perte de transparence rend la lumière
optique. atteignant la rétine plus diffuse. Ce changement,
Bien que le glaucome puisse frapper tous les indi- associé à la réduction de la pupille et à la décoloration
vidus, certaines personnes sont davantage à risque. de la cornée, entraîne une diminution de l’acuité
Entre autres, les personnes âgées, celles qui souffrent visuelle. Pour la compenser, les personnes âgées ont
d'hypertension oculaire ou qui ont des antécédents de donc besoin de plus de lumière. De plus, le Jaunis-
glaucome familial. Le diabète, l'hypertension artérielle sement du cristallin agit comme un filtre. Les per-
etune grande myopie sont d'autres facteurs qui aug- sonnes âgées ont alors plus de difficulté à discerner
mentent le risque de glaucome (Stuen et Faye, 2003). certaines couleurs, notamment celles qui se trouvent
Avec le vieillissement, le diamètre pupillaire est dans le spectre des basses longueurs d'onde, comme
réduit en raison d’une certaine atrophie des muscles le vert, le bleu et le violet.
de l'iris qui contrôlent la grandeur de la pupille. Cette Le cristallin subit une autre modification avec
diminution du diamètre de la pupille, associée au l'avancement en âge: il s'opacifie et, en situation
changement déjà noté à la cornée, a pour effet de extrême, cela cause les cataractes. Les cataractes
réduire la quantité de lumière qui atteint la rétine. Le sont une diminution, importante ou non, de la trans-
tiers seulement de la lumière disponible atteindrait la parence du cristallin. Elles constituent un problème
rétine d’une personne âgée de plus de 60 ans, compa- oculaire très fréquent, puisqu'elles affectent une per-
rativement à celle d'un adulte de 20 ans. Par consé- sonne âgée de 65 ans et plus sur 20 (Millar, 2004). Les
quent, l'image est moins claire, ce qui entraîne une cataractes sont la principale cause de cécité au
diminution de l’acuité visuelle. L’acuité visuelle Canada. Selon la localisation et l'étendue de l'opa-
diminue vers l’âge de 40 ans, phénomène qui s'accélère cité du cristallin, elles entraînent une baisse de
par la suite, surtout après 65 ans. l’acuité visuelle, une vision trouble, un éblouissement
Une particularité du cristallin est que ses fibres se par la lumière et une restriction du champ de vision.
développent continuellement tout au long de la vie. La cécité survient lorsque le cristallin est complè-
On pourrait penser que cette propriété est un avan- tement opaque.
tage pour les personnes âgées, mais il n’en est rien. Les conducteurs âgés se plaignent souvent qu'ils
En effet, les vieilles fibres ne sont pas éliminées, et sont facilement éblouis par les phares d'une autre
les nouvelles couches fibrillaires se superposent cons- voiture. Ils ont aussi l'impression d’avoir besoin de
tamment aux plus vieilles (Spector, 1982). Le cris- plus de temps pour retrouver une vision normale
tallin devient alors plus dense et moins élastique avec après avoir été éblouis. Ces conducteurs font ainsi
l’âge. À cela, il faut ajouter que les muscles ciliaires l'expérience de l'éblouissement par la lumière, une
à son pourtour, qui exercent une action sur le cris- situation dans laquelle la lumière réfléchie vers la
tallin lors de l’accommodation, deviennent aussi personne est trop intense, ce qui entraîne un aveugle-
moins performants. Ces effets combinés interfèrent ment temporaire. Cette situation devient plus mani-
avec le pouvoir d'accommodation lors de la vision feste vers l’âge de 40 ans et pourrait être attribuable
rapprochée. Ainsi, la majorité des personnes de plus à l'opacification du cristallin. Les photorécepteurs
de 50 ans ne voient pas clairement les objets rap- de la rétine seraient également en cause (Carter, 1982).
prochés et ont besoin de verres correcteurs pour ce Avec le temps, le corps vitré dégénère; il devient
type de vision. Cette condition se nomme la presbytie alors moins transparent, ce qui diminue aussi la quan-
due au vieillissement ou presbyopie. C'est pour tité de lumière atteignant la rétine. La composition
cette raison que l'on voit souvent, par exemple, une gélatineuse qui le caractérise se liquéfie et peut se
personne âgée tenir un Journal à bout de bras pour détacher de la paroi rétinienne. Ce détachement
le lire, si elle ne porte pas de lunettes. exerce une traction sur la rétine. Les personnes
Le cristallin perd de sa transparence avec l'âge. Les atteintes ont alors une vision troublée, notent la pré-
nouvelles cellules poussent les plus vieilles vers sence de particules qui semblent flotter à l'intérieur
18 | Les changements sensoriels

de l'œil et l'apparition d'éclairs lumineux. Ces éclairs transmise au cerveau, on pourrait penser que cela
viennent de la pression mécanique sur la rétine, alors entraîne des conséquences sérieuses. Toutefois, il
que les particules où «corps volants » sont des débris semblerait que cette diminution du nombre de cellules
qui passent dans l'axe visuel. n'affecte pas la vision outre mesure. En effet, la rétine
L'adaptation à l'obscurité, c'est-à-dire l’habileté posséderait probablement plus de cellules qu'elle n'en
à ajuster sa vision lorsqu'on se déplace d'un endroit a besoin pour fonctionner. Cependant, la perception
très éclairé vers un endroit plus sombre, est com- de la profondeur et des distances serait touchée.
promise en vieillissant. L'adaptation complète à La dégénérescence maculaire liée à l’âge constitue,
l'obscurité prend généralement 40 minutes. Avec après les cataractes, la deuxième cause de cécité chez
l'avancement en âge, le temps requis pour s'adapter les gens âgés de plus de 50 ans. Rappelons ici que la
à l'obscurité augmente (Jackson, Owsley et McGwin,
macule est une zone de la rétine contenant seulement
1999), alors que la qualité de l'adaptation décroît.
les cônes et l'endroit où la vision est la plus précise.
Les facteurs responsables de cette diminution sont
Une insuffisance vasculaire de la rétine endommage
nombreux et peuvent être le fait de la pupille, qui
les cellules, et il en résulte une diminution de l'acuité
ne laisse pas passer suffisamment de lumière, du
visuelle ;toutefois, la vision périphérique est relati-
cristallin, qui bloque partiellement la lumière, et des
photorécepteurs rétiniens, les bâtonnets, qui ne sont vement bien préservée. La personne souffrant de
plus aussi fonctionnels. dégénérescence maculaire liée à l’âge note différents
La rétine n'est pas non plus à l'abri du vieillis- symptômes: les lignes droites ondulent, les couleurs
sement. Ainsi, le nombre des photorécepteurs diminue s'affaiblissent, les mots perdent leur netteté, des points
avec l'âge. Les causes ne sont pas encore connues, noirs ou des éclairs lumineux apparaissent, et la vision
mais on suppose un manque d'apport sanguin ou est double.
une trop longue exposition à la lumière. Puisque c'est Le tableau 2.1 présente les changements visuels liés
dans la rétine que l'information visuelle est reçue et aux structures de l'œil et résultant de l'avancée en âge.

— TABLEAU 2.1 Les principaux changements visuels et leurs Conséquences fonctionnelles

STRUCTURE DE L'ŒIL CHANGEMENTS VISUELS CONSÉQUENCES FONCTIONNELLES

Cornée Aplatissement Diminution de la réfraction


Apparence brumeuse Éblouissement par la lumière
Arc sénile Diminution de l'acuité visuelle

Humeur aqueuse Augmentation de la pression intraoculaire Glaucome

Iris et pupille Réduction du diamètre Diminution de l'acuité visuelle

Cristallin Perte d'élasticité


Opacité Diminution de l'acuité visuelle
Jaunissement Éblouissement par la lumière
Presbyopie
Cataractes

Corps vitré Substance moins transparente Diffusion de la lumière


Liquéfaction «Corps volants»

Rétine Dégénérescence des photorécepteurs Diminution de l'acuité visuelle


Difficulté d'adaptation à l'obscurité
Difficulté à discerner certaines couleurs
Dégénérescence maculaire
Chapitre 2 | 19

2.1.3 Les conséquences pour (2005) ont trouvé une relation élevée entre la baisse
d'acuité visuelle et l'augmentation de la mortalité.
la personne âgée
Toutefois, le lien s'estompe, mais demeure présent, si
Dans la section précédente, la description des prin- l’on tient compte des variables confondantes.
cipaux changements visuels liés à l'avancement en âge Finalement, certaines études notent un lien même
est fondée sur des évaluations effectuées en clinique. après avoir pris en compte certaines variables confon-
Si ces évaluations indiquent la capacité visuelle des dantes. Des auteurs (Cacciatore et coll., 2004) sug-
personnes âgées, elles nous renseignent très peu sur gèrent que les personnes ayant une vision réduite
la façon dont ces changements se traduisent dans restreignent leurs activités et adoptent un mode de vie
leur quotidien, ou comment cela peut les affecter. plus sédentaire, ce qui serait néfaste pour leur santé
À ce Jour, les recherches ont largement démontré et augmenterait donc le risque de mortalité.
que les personnes âgées qui éprouvent des problèmes Par ailleurs, d'autres études indiquent que les per-
visuels disent avoir plus de difficulté à accomplir cer- sonnes âgées, en raison de leurs troubles visuels, sont
taines activités quotidiennes. Ces incapacités fonction- plus craintives et manifestent davantage d'anxiété
nelles sont l'une des principales conséquences d’une (Anderson et Palmore, 1974). Pour certains auteurs,
baisse de vision. Par exemple, dans une étude longi- comme Horowitz (2003), il ne fait aucun doute que
tudinale menée auprès de 6000 participants âgés de les problèmes visuels augmentent significativement le
70 ans et plus, ceux qui rapportent que leur vision a risque de dépression chez les personnes âgées. Près
décliné lors des dernières années sont davantage limi- du tiers des personnes âgées avec un trouble visuel
tés pour conduire, gérer leur argent, préparer les manifesteraient des symptômes dépressifs et sept
repas, utiliser le téléphone, ou encore pour prendre pour cent serait atteint de dépression majeure
leurs médicaments (Sloan et coll., 2005). D'autres limi- (Horowitz, 2003). Ces pourcentages sont nettement
tations ont été remarquées: ces personnes ont plus de supérieurs à ce que l'on retrouve dans la population
difficulté à faire leurs emplettes, à se déplacer, à lire âgée sans problème visuel. Mais, comme c'est sou-
ou à regarder la télévision. vent le cas, 1l n'y a pas de lien entre la sévérité
Une mauvaise vision est depuis longtemps recon- objective telle que mesurée par des évaluations stan-
nue comme un risque potentiel de fractures chez les dardisées de la vue et la sévérité de la dépression. À
personnes âgées. Plusieurs facteurs liés à la vision ont l'exemple de la mortalité, il faut se demander si la
été identifiés comme une diminution de l'acuité relation entre la dépression et les troubles visuels est
visuelle, de la sensibilité aux contrastes, de la percep- directe ou indirecte.
tion de la profondeur, du champ visuel ou encore de Il semblerait que cette relation ne soit pas directe.
la présence de cataractes (Ivers et coll., 2000). Certaines Les troubles visuels entraîneraient une importante
études, comme celle de De Boer et ses collabora- diminution dans les activités quotidiennes. Aussi,
teurs (2004), montrent que les personnes âgées ayant pour Horowitz (2003), la perte de la vue entraîne une
des problèmes de vision sont plus à risque de faire des peur intense associée au fait que cela se répercute sur
chutes et ainsi de subir des fractures, de la hanche en l'identité de soi. Les problèmes de vision plus que les
particulier. problèmes auditifs sont associés à la dépendance
Des études ont aussi examiné le lien entre la réduc- envers autrui. Donc, un individu âgé qui perd gra-
tion de l’acuité visuelle et la mortalité. Les résultats duellement la vue, anticipe qu'il deviendra un fardeau
à ce jour sont contradictoires d'une étude à l’autre. pour les autres et cette anticipation amène la dépres-
Certaines, comme celle de Lee et ses collaborateurs sion. Une autre explication a été avancée: les per-
(2002), trouvent effectivement une relation, mais sonnes âgées qui éprouvent des problèmes de vision
cette relation est moins importante lorsque d'autres ont simultanément d'autres problèmes chroniques
variables, comme l’âge avancé, le niveau socio- de santé. Ces derniers expliqueraient davantage l'at-
économique et la présence d'autres problèmes de teinte à leur bien-être que les troubles visuels.
santé, sont prises en considération. Par exemple, dans Une relation entre les problèmes visuels et les
une étude auprès de 14 000 participants âgés en troubles cognitifs a aussi été suggérée. Déjà, Snyder,
moyenne de 81 ans, Thiagarajan et ses collaborateurs Pyrek et Smith (1976) avaient remarqué que les
20 Les changements sensoriels

personnes âgées ayant une pauvre acuité visuelle des mots appris auparavant. Les chercheurs ont donc
obtenaient un résultat plus faible à un test de dépistage conclu que les personnes ayant des troubles de la
d'un trouble cognitif. Depuis ce temps, d'autres vue sont pénalisées dans les tests écrits.
recherches ont tenté de reproduire ces résultats. Ces constatations nous conduisent à formuler deux
Ainsi, avec des femmes âgées, une mauvaise vision commentaires avant d'aborder la section suivante.
est associée à un déclin cognitif (Lin et coll., 2004). Premièrement, un résultat à un test écrit pourrait
Dans une étude s'étalant sur sept ans, Reyes-Ortiz et sous-estimer la performance réelle d'une personne
ses collaborateurs (2005) ont trouvé que la difficulté à âgée. Deuxièmement, plusieurs résultats trouvés
voir de près au début de la recherche était associée précédemment font référence à des corrélations. Il ne
à une dégradation cognitive, et ce, même après avoir faut pas oublier qu'une corrélation entre deux variables
contrôlé pour la présence de comorbidité, l'âge, etc. ne signifie pas qu'une variable cause l’autre. Dans le
et après avoir utilisé un test qui ne nécessitait pas le cas qui nous préoccupe, trouver une relation entre
recours à la vue. Dans une autre étude longitudinale une baisse de vision et un trouble cognitif ne signifie
menée cette fois auprès de plus de 6000 personnes, rien d'autre que les deux conditions peuvent coexister.
âgées en moyenne de 81 ans, les chercheurs ont aussi
trouvé que les participants qui avaient déclaré une
baisse de vision depuis le début de l'étude manifes-
2.1.4 Quelques considérations
taient un fonctionnement cognitif diminué (Sloan pratiques
et coll., 2005). Si cette relation entre mauvaise vision et Sans l'ombre d'un doute, l'avancée en âge altère la
déclin des capacités cognitives existe vraiment, com- vision. Par conséquent, il faut offrir aux personnes
ment l’explique-t-on ? Wahl et Heyl (2003) avancent âgées un environnement qui compensera cette diminu-
que deux explications sont possibles. Une première tion. Lorsque nous côtoyons une personne âgée, nous
repose sur l'hypothèse d'une «cause commune »: le oublions facilement qu'elle n'a plus la vue dont elle
fonctionnement cognitif et les incapacités sensorielles bénéficiait étant plus jeune. Le milieu dans lequel
en général, incluant les troubles de la vue, sont causés elle évolue devrait donc être conçu de façon à com-
par la sénescence (le vieillissement) du cerveau. Une penser ses troubles de la vision, même mineurs, pour
seconde hypothèse est celle de la «privation sen- lui permettre d'optimiser son fonctionnement.
sorielle >»: les changements sensoriels découlant de Ainsi, puisque la rétine reçoit moins de lumière, il
l'avancement en âge réduiraient la quantité et la qua- faut augmenter l'intensité lumineuse (Crews, 2003).
lité des informations sensorielles. Partiellement privé Une personne âgée a besoin de trois fois plus de
de ces informations, le cerveau deviendrait anémique, lumière pour lire qu'une personne de 20 ans. Il faut
ce qui conduirait à une incapacité cognitive. s'assurer que les escaliers, les corridors et toutes les
Pour Wahl et Heyl (2003), nos connaissances ne zones importantes de son milieu de vie sont adéqua-
nous permettent pas actuellement de trancher en tement éclairés. Une pièce bien éclairée pour un
faveur de l'une ou l'autre de ces hypothèses, mais adulte est, pour une personne âgée, plus sombre.
il y a une tendance qui favorise la seconde. À ces deux Cela reste vrai pour d'autres lieux, comme la rue.
explications, une troisième ne peut être négligée. Souvent, l'éclairage des rues est davantage conçu
Celle-ci suggère que les personnes âgées aux prises pour les automobilistes, jeunes par surcroît, que pour
avec des limitations visuelles sont désavantagées lors les piétons âgés.
d'une évaluation cognitive de nature écrite. Cette Les personnes âgées sont en général vulnérables
explication est confirmée par Gussekloo et ses colla- à l'éblouissement par la lumière. Pour en atténuer
borateurs (2005). Comme bien d'autres, ces cher- les effets, Goodrich (2003) recommande le port de
cheurs ont trouvé une forte association entre les verres fumés et d’un chapeau lors des journées
incapacités visuelles de leurs sujets, âgés de plus de ensoleillées. À l'intérieur, il faut éviter de placer des
85 ans, et le fonctionnement cognitif. Cependant, ces objets ou des meubles très brillants comme des acces-
mêmes sujets ne montraient pas de trouble cognitif soires en chrome ou en plastique ainsi que des surfaces
lors des épreuves verbales, comme celle de se souvenir vitrées près d'une source de lumière. Un plancher
Chapitre 2 21

fraîchement lavé et ciré sur lequel une fenêtre laisse la presbyacousie. Les gens qui en souffrent éprouvent
passer la lumière du jour aveugle la personne âgée et surtout de la difficulté à suivre une conversation
l'empêche de bien voir les obstacles sur son chemin. puisque des sons aigus comme le «f», le «s > ou le «ch»
Il est préférable d'opter pour un recouvrement de ne sont pas compris. Les femmes et les enfants risquent
plancher non réfléchissant. d’être également moins bien compris par une personne
Le changement dans la perception de certaines âgée. Voilà d’ailleurs la première conséquence du
couleurs doit aussi être pris en considération. Par trouble auditif: en altérant la communication, il
exemple, certaines personnes âgées ont de la difficulté change le rapport avec les autres. La presbyacousie
à lire des caractères imprimés en bleu. De même, il réduit aussi la capacité à détecter, à identifier et à
serait sans doute préférable d'utiliser des picto- localiser les sons, comme celui d’une alarme (Gates
grammes très contrastés plutôt que des symboles de et Mills, 2005).
certaines couleurs ou des indications écrites. Les Au Canada, la prévalence des personnes qui souf-
livres, les étiquettes — de produits ménagers, de frent d’un trouble auditif augmente de manière impor-
médicaments — les chiffres des horloges, les numéros tante avec l'âge. Ainsi, pour les deux sexes, chez les
sur le combiné ou le clavier de téléphone et les 35 à 54 ans, moins de 3% déclarent avoir un trouble
écriteaux devraient être écrits en gros caractères. auditif, comparativement à 13% chez les 65 à 74 ans,
Par exemple, Drummond, Drummond et Dutton et à 48% pour les 85 ans et plus. Ce taux de prévalence
(2004) ont démontré que les participants âgés de est considérablement plus élevé chez les personnes
leur étude étaient incapables de lire les instructions âgées qui vivent en établissement.
sur la bouteille de leurs médicaments. Invités à choisir La prévalence dépend de plusieurs paramètres,
une fonte et une taille de caractère, les sujets ont dont la définition du trouble de l’ouïe. Si l’on inclut
choisi la fonte Arial de taille 22. À ne pas douter, nous un trouble léger, cela a forcément pour conséquence
sommes loin de la taille de caractère utilisée sur les éti- d'augmenter la prévalence. À l'inverse, ne tenir compte
quettes. Bien sûr, les personnes âgées peuvent avoir que des personnes qui éprouvent des problèmes de
recours à des aides techniques pour compenser leur surdité bilatérale a pour effet de diminuer consi-
handicap: loupes, télescopes, lunettes grossissantes. dérablement l'ampleur du problème. Il faut donc
Toutefois, ces aides sont peu utilisées. garder à l'esprit que les troubles de l'audition se
situent sur un continuum allant d’une perte auditive
légère à profonde, voire totale. Par ailleurs, la façon
2.2 L'AUDITION dont les troubles auditifs sont estimés dans les
études peut nettement influencer les taux de préva-
L’audition est la fonction qui gouverne l'habileté de lence. Dans plusieurs grandes enquêtes épidémio-
l'individu à communiquer avec autrui et à apprécier logiques, les personnes interrogées doivent juger
une grande variété de sons qui font partie de la vie elles-mêmes de leurs problèmes auditifs. Plus rares
de tous les Jours. Pour saisir toute son importance, sont les études qui ont recours à des examens
il suffit de s'arrêter un bref instant et de penser à audiométriques objectifs, mais plus lourds et plus
toutes les situations quotidiennes qui font appel à la coûteux à réaliser à grande échelle. Dans l'Enquête
fonction auditive. sur la participation et les limitations des activités,
On sait depuis fort longtemps que, dès la qua- menée en 2001 chez les Canadiens, les enquêteurs
rantaine, s’amorce une diminution graduelle de la posaient des questions comme : « Avez-vous des dif-
sensibilité auditive et de manière plus prononcée ficultés à entendre ? »; « Avez-vous de la difficulté à
pour les tonalités aiguës. On estime que le seuil audi- entendre une conversation avec une personne, trois
tif— le seuil auditif est l'intensité minimum, mesurée personnes, ou à entendre ce qui se dit lors d’une
en décibels (dB), entendue par notre oreille — aug- conversation téléphonique ? »
mente en moyenne de un décibel par année après Cette section a pour objectif de décrire les dif-
l’âge de 60 ans (Lee et coll., 2005). Cette diminution férentes structures de l'oreille et le rôle joué par
de la capacité à bien entendre les sons aigus se nomme celles-ci, d'établir les modifications structurales et
22 Les changements sensoriels

fonctionnelles liées au vieillissement ainsi que de Le système périphérique, illustré à la figure 2.2,
dresser un bref bilan des conséquences potentielles des englobe trois grandes parties: l'oreille externe, l'oreille
troubles de l'audition pour la personne âgée. moyenne et l'oreille interne. Chacune de ces parties
comprend des éléments distincts qui jouent un rôle
bien précis. Pour l'oreille externe, il y a le pavillon
2.2.1 La structure de l'oreille et le canal auditif. Le tympan, la trompe d'Eustache,
L'oreille, dans une certaine mesure, possède une les osselets et les fenêtres ronde et ovale font par-
mécanique plus complexe que celle de l'œil. Toutefois, tie de l'oreille moyenne. L'oreille interne est com-
comparativement à la vision, l'effet du vieillissement posée de la cochlée, du vestibule et des canaux
sur l’ouïe semble être mieux circonscrit. En effet, si semi-circulaires. Le système central comprend, entre
les changements de la vue impliquent un ensemble autres, le nerf cochléovestibulaire (nerf crânien VIII)
d'éléments structuraux, ceux de l'audition relèvent et le lobe temporal.
davantage des récepteurs nerveux. Deux systèmes
entrent en fonction dans l'audition :un système péri-
phérique et un système central. Les parties périphé-
riques servent à recevoir les stimuli auditifs transmis L'oreille externe
sous forme d'énergie acoustique, l'onde sonore, et à La structure la plus visible de l'oreille est le pavillon,
les convertir en énergie vibratoire. Cette dernière composé de tissu conjonctif, le cartilage, recouvert de
énergie sera elle-même transformée en influx nerveux. peau. Le pavillon remplit deux fonctions: la pre-
L'influx nerveux sera par la suite retransmis aux aires mière est de recueillir la source de l'onde sonore; la
du cortex cérébral, dans le système central, respon- seconde est de diriger celle-ci vers le conduit audi-
sable de la perception auditive. C’est dans le système tif. Celui-ci a comme principale mission de conduire
central que les sons prendront un sens intelligible et l'onde sonore jusqu'au tympan. La partie la plus
qu'ils seront interprétés comme de la parole, de la extérieure du canal auditif, celle qui est en contact
musique ou d’autres types de bruits. avec le pavillon, contient des poils et des glandes

\Ficure 2.2 l'oreille

Pavillon Osselets Canaux semi-circulaires

Nerf auditif

Cochlée

Canal auditif

Trompe d'Eustache
Chapitre 2 | 23

sébacées qui sécrètent le cérumen ou la cire. Les poils extrémité, ils réagissent plus fortement aux sons émis
et la cire jouent un rôle de protection, soit de prévenir à de basses fréquences.
l'intrusion de corps étrangers dans l’oreille moyenne Dans la prochaine section, nous examinerons les
et interne. effets du vieillissement sur l'intégrité de ces structures.
Il serait d'abord opportun de faire un court rappel du
mécanisme de l'audition. En effet, cette dernière est
L'oreille moyenne
une mécanique complexe dans laquelle les éléments
L'oreille moyenne est une cavité remplie d'air qui structuraux nommés précédemment travaillent en
transmet l'onde sonore de l'oreille externe vers l’oreille complémentarité. Sous l'effet de l'onde sonore arrivant
interne. L'oreille moyenne joue donc un rôle impor- de l'oreille externe, la membrane tympanique vibre et
tant dans l'audition. C'est en effet dans cette partie amplifie cette onde sonore; la vibration du tympan fait
de l'oreille que l’onde sonore, jusque-là véhiculée bouger les trois osselets. Cette vibration est ensuite
dans l'air, est amplifiée. Cette amplification est essen- transmise à une membrane qui sépare l'oreille
tielle car, sans elle, le son serait absorbé par le liquide moyenne de l'oreille interne: la fenêtre ovale. Le
contenu dans l'oreille interne. mouvement vibratoire de la fenêtre ovale crée alors
L'onde sonore, après avoir traversé l'oreille externe, une vague à partir du liquide contenu dans la cochlée,
rencontre une fine membrane légèrement tendue
ce qui cause un déplacement de la membrane basilaire
appelée le tympan. Attachée à la membrane tympa-
se répercutant jusqu'à la fenêtre ronde. Le mouvement
nique se trouve une chaîne mobile de trois petits os:
de la membrane basilaire stimule les récepteurs audi-
les osselets. Le premier de ces os, le marteau, est relié tifs situés dans l'organe de Corti et, de là, l’influx
au tympan; le dernier, l’étrier, communique avec la nerveux se dirige vers le nerf auditif où les informa-
fenêtre ovale; l'enclume fait la liaison entre le marteau
tions sont acheminées vers les zones cérébrales
et l'étrier. Ces trois petits os relient donc le tympan
chargées de leur interprétation. On comprend donc
à la fenêtre ovale de l'oreille interne. Puisque l'oreille
que le son, avant d'être déchiffré, passe à travers
moyenne est une cavité remplie d'air, 1l doit y avoir
plusieurs structures.
une structure qui a pour fonction de maintenir la
pression de l'oreille moyenne égale à la pression
extérieure. La trompe d’Eustache Joue ce rôle.
2.2.2 Les conséquences structurales
L'oreille interne et fonctionnelles du vieillissement
L'oreille interne est divisée en trois parties: le vestibule, Avec l'avancement en âge, le pavillon de l'oreille perd
les canaux semi-circulaires et la cochlée. C’est dans de sa flexibilité, devient légèrement plus long et plus
la cochlée que les ondes sonores sont converties en large. Le canal auditif tend à s'agrandir, la peau le
signaux électriques, tandis que les deux premières recouvrant s'amincit, et les poils épaississent. Ces
parties concernent davantage le sens de l'équilibre. La changements sont purement esthétiques et n'affectent
cochlée est un tube osseux, enroulé en spirale à la pas l'audition. Le seul changement qui peut affecter
façon d’un escargot et rempli de liquide. Une coupe l'ouïe est une accumulation de cérumen, dont la pro-
de la cochlée montre que celle-ci se compose de trois duction augmente avec l'âge (Gates et Mills, 2005).
sections: la rampe vestibulaire, la rampe tympanique La cire forme un bouchon qui empêche la transmis-
et le canal cochléaire. Dans le canal cochléaire se sion de l'onde sonore jusqu'au tympan. Cette sorte
trouve l'organe de Corti, qui contient les récepteurs de surdité est appelée surdité de conduction ou de
auditifs, les cellules ciliées, appelées ainsi en raison de transmission. Un problème de conduction survient
leur forme, et d’autres cellules de soutien. La cochlée quand l'onde sonore ne peut voyager librement à
est une structure très spécialisée. Ainsi, à la base de travers l'oreille externe ou moyenne vers l'oreille
celle-ci, les récepteurs répondent aux sons qui sont interne. La perte auditive touche les sons de basses
émis à de hautes fréquences alors que, à l'autre fréquences (graves).
24 Les changements sensoriels

La membrane tympanique devient plus mince et qui lui sont propres, mais qui diminuent la sensibi-
moins tendue avec l’âge, alors que les osselets perdent lité auditive.
leur mobilité à cause du processus de calcification. La sensibilité auditive est à l'oreille ce que l'acuité
Cette calcification diminue leur capacité à transporter visuelle est à l'œil. Elle se définit par la manière dont
efficacement l'onde sonore du tympan à la fenêtre un son émis à une fréquence donnée peut et doit être
ovale. D'un point de vue strictement fonctionnel, la entendu. Pour évaluer la sensibilité auditive, on fait
perte normale de tension de la membrane tympa- habituellement entendre à la personne des sons purs
nique et la calcification des osselets n'ont que peu d'ef- émis à des fréquences de 250, 500, 1000, 2000, 4000
fet sur l'audition de la personne âgée (Whitbourne, et 8000 hertz (Hz). Plus la fréquence d'un son est
1985). Toutefois, dans certains cas extrêmes, les deux élevée (calculée en cycles par seconde), plus le son
conditions précédentes pourraient aussi entraîner un est aigu. Ces sons de différentes fréquences sont
problème de conduction. présentés en variant l'intensité, afin de déterminer la
C'est donc au-delà de l'oreille externe et moyenne force la plus basse que la personne est en mesure d'en-
qu'il faut chercher l'origine de la presbyacousie. tendre. L'intensité, ou la force du son, est représen-
Le vieillissement produit une multitude d’altérations tée en décibels. Un résultat affichant un nombre peu
de l'oreille interne, dont une dégénérescence de l'or- élevé de décibels signifie par conséquent une
gane de Corti, une perte des neurones du chemin meilleure sensibilité auditive puisque la personne
auditif, une atrophie des vaisseaux sanguins qui peut entendre un son faible.
irriguent la cochlée et, finalement, une rigidité de la Or, au fur et à mesure que l'on vieillit, il devient
membrane basilaire (Schuknecht, 1964). Ces diverses de plus en plus difficile d'entendre les sons aigus (de
altérations aboutissent à différents types de presby- haute fréquence), comme le montre la figure 2.3.
acousie :sensorielle, neuronale, métabolique ou méca- C'est la presbyacousie.
nique. Chacune a des particularités fonctionnelles

O ————

Ë RL 30 ans

20

KIT)
30

Décibels

4 ù en qe
60 M in =

70

80 |
NE
05 0,5 1 2 3 4 6

Kilohertz
Chapitre 2 | 25

Il est reconnu que les hommes ont une perte audi- C'est dans le cerveau, le siège des fonctions cogni-
tive plus importante et plus précoce que les femmes. tives, que la parole est décodée et que les sons non
L'origine de cette différence viendrait du fait que les essentiels sont filtrés. Pour certains, l'explication de
hommes ont été davantage exposés aux bruits pendant cette compréhension de la parole altérée chez les per-
leur vie. Si l'exposition continue aux bruits n'est pas sonnes âgées, surtout dans un contexte où l'émetteur
toujours une cause directe et essentielle de la presby- parle vite ou si la conversation a lieu dans un endroit
acousie, elle pourrait à tout le moins accentuer les bruyant, viendrait d'un phénomène psychologique
déficits auditifs (Gates et Mills, 2008). Le régime qui est le ralentissement du traitement de l'informa-
alimentaire, la cigarette, la maladie, comme la pneu- tion (Salthouse, 1996).
monie et l'hypertension, l'ingestion de certains mé-
dicaments (comme les antibiotiques) et des facteurs
génétiques sont d’autres facteurs responsables de la
2.2.3 Les conséquences pour
presbyacousie. Mais le facteur principal demeure la personne âgée
la dégénérescence associée à l'avancement en âge. Puisque l'audition joue un rôle majeur dans la vie
Il faut se demander à partir de quand cette perte d'une personne, un trouble auditif devrait avoir des
progressive de l'audition devient un handicap pour les répercussions négatives, entre autres en portant
personnes âgées. Un trouble auditif n'est pas tou- atteinte à la communication avec les autres, en limi-
jours synonyme de handicap fonctionnel qui se mani- tant les activités de la personne, en l'isolant et en
feste comme un effet de la perte auditive sur la vie appauvrissant sa qualité de vie.
quotidienne de l'individu. Si les sons de hautes Ces affirmations ont été confirmées au cours des
fréquences sont moins bien entendus, cela ne devrait 30 dernières années. Strawbridge et ses collaborateurs
pas, en principe, perturber une conversation puisque (2000) rapportent que les personnes de 60 ans et
la plupart des mots se situent dans les moyennes plus qui vivent avec des troubles auditifs modérés
fréquences, entre 500 Hz et 2000 Hz (Bergman, auront de la difficulté à suivre une conversation, car
1980). Comme le montre la figure 2.3, un changement elles ne saisissent pas toujours les mots. La situation
sera cependant apparent en moyenne et à titre pu- se répète autant au téléphone que dans un endroit
rement indicatif passé l’âge de 70 ans. bruyant. Les problèmes de communication sont loin
Cependant, la compréhension de la parole est sou- d'être banals puisqu'ils entravent les relations avec les
vent plus altérée que ce qu'indique la diminution de proches. En effet, il arrive que les membres de la
la sensibilité aux sons de hautes fréquences (Moller, famille vivent beaucoup de frustration à communiquer
1983). Ce phénomène est connu sous le nom de avec la personne ayant des problèmes auditifs, car ils
régression phonétique. doivent répéter souvent, ce qui peut susciter de l’im-
Comment expliquer ce phénomène ? Premiè- patience (Desselle et Proctor, 2000). Ces problèmes
rement, pour la perception des sons purs, la per- à communiquer peuvent entraîner un retrait social de
sonne âgée est évaluée dans des conditions auditives la personne atteinte: elle a tendance à se sentir loin
optimales, c'est-à-dire sans aucune forme d'inter- des autres et se sent isolée. Auprès d’un échantillon
férence. Ces conditions ne sont pas très typiques de de plus de 3000 personnes, Kramer et ses collabora-
l’environnement quotidien. Il suffit de penser à une teurs (2002) ont trouvé que les participants à leur
conversation se déroulant dans un environnement étude qui éprouvaient un problème auditif ressenti-
bruyant tel un restaurant, une rue très passante, une raient plus de solitude.
foule; la conversation peut aussi être entrecoupée Comme dans le cas des troubles visuels, des études
de nombreuses pauses, avoir lieu entre plusieurs per- ont également relevé que les problèmes auditifs avaient
sonnes, etc. La compréhension de la parole est éga- un impact sur certaines activités quotidiennes comme
lement plus complexe que le simple exercice d'entendre faire les emplettes, préparer les repas, parler au télé-
des sons purs (Bergman, 1980). Dans ces deux cas, phone, s'occuper des finances (Dalton et coll., 2003;
soit la compréhension de la parole et des conditions Strawbridge et coll., 2000). Le fonctionnement global
auditives difficiles, le cerveau joue un rôle primordial. de la personne est aussi affecté: difficulté à marcher,
26 | Les changements sensoriels

à se lever d'une chaise ou d'un lit, à faire sa toilette 2.2.4 Quelques considérations
et à sortir. Le fait d'avoir de la difficulté à réaliser des
pratiques
activités quotidiennes dépend, entre autres, de la
gravité de l'atteinte auditive. Plus le problème est Si l’utilisation d'appareils pour contrer l'effet des
important, plus la personne sera limitée dans son troubles auditifs peut aider les personnes atteintes
environnement (Strawbridge et coll., 2000). Pour (Gates et Mills, 2005), il est important de préciser que
Dalton et ses collaborateurs, la baisse de qualité de ces appareils n'ont pas une efficacité équivalente à celle
vie observée chez les personnes âgées ayant des pro- des lunettes pour corriger la vue. En effet, les pro-
blèmes d'audition est principalement due à cette dif- thèses auditives amplifient tous les sons, incluant les
ficulté à accomplir des activités quotidiennes. sons indésirables (Desselle et Proctor, 2000). En
Depuis que Gilhome-Herbst et Humphrey (1980) outre, peu de personnes souffrant de troubles audi-
ont trouvé une relation significative entre la perte de tifs utilisent un appareil. Les raisons de cette sous-
utilisation peuvent être financières ou esthétiques, et
l'ouïe et la dépression, plusieurs recherches ont tenté
certaines personnes les trouvent inutiles (Montano,
de confirmer ce lien. Pour Strawbridge et ses collabo-
2003). Outre les appareils, il existe des aides tech-
rateurs (2000), la prévalence de problèmes de santé
niques qui permettent d'assister la personne âgée
mentale chez les personnes âgées souffrant de troubles
aux prises avec un problème auditif. Mentionnons les
d'audition était deux fois plus élevée que chez les aînés
alarmes visuelles, le sous-titrage pour malentendants,
n'ayant aucun problème auditif. Les auteurs expliquent
les téléscripteurs (système ATS), la messagerie instan-
habituellement cette relation de la manière suivante:
tanée, le courriel, etc.
un trouble de l'ouïe mènerait à une diminution de l'en-
À ces aides techniques, s'ajoute l'aide humaine.
gagement social de la personne atteinte, ce qui aurait
Lorsque nous sommes en présence d'une personne
pour effet d'affecter négativement son humeur (Lee,
âgée qui a un problème auditif, 1l est essentiel de
Smith et Kington, 1999; Lupsakko et coll., 2002).
suivre une certaine démarche qui divise la communi-
Cependant, Horowitz (2003) fait remarquer que le
cation en plusieurs éléments. Il faut d'abord considérer
lien entre problème auditif et dépression est moins élo-
la personne qui émet le message, puis l'environnement
quent que le lien entre problème visuel et dépression.
dans lequel le message est transmis et, bien entendu, la
Par ailleurs, la relation entre trouble auditif et personne qui le reçoit. Les conseils qui suivent devraient
diminution du fonctionnement cognitifa attiré l’atten- faire partie d'une routine normale de communication
tion des chercheurs (Weinstein, 2003). Les trois avec une personne qui souffre d'un trouble auditif.
hypothèses avancées dans la section précédente pour
° Choisir un endroit calme, exempt de bruits de
expliquer cette relation demeurent pertinentes. Pour
fond comme la radio, la télévision, l'aspirateur, le
Wahl et Heyl (2003), un des facteurs explicatifs pour-
climatiseur, les foules, etc.
rait être que les questions posées verbalement lors des
évaluations ne sont tout simplement pas comprises. * Attirer l'attention de la personne avant de lui parler.
D'autres observations ont été notées. Ainsi, Cooper * Parler toujours en face de la personne afin qu'elle
et ses collaborateurs (1974) remarquent qu'il y a plus puisse voir vos lèvres, vos expressions faciales et
de patients paranoïdes chez les personnes atteintes de corporelles.
trouble auditif. On trouverait chez cette population e Parler clairement et normalement.
davantage d'anxiété (Mehta et coll., 2003), un sen-
e Ne pas crier.
timent de maîtrise de soi moindre (Ormel et coll.
e Faire des phrases courtes.
1997), une estime de soi dépréciée (Gates et Mills,
2005) et un sentiment d'efficience personnelle plus + Si la personne ne comprend pas, ne pas répéter
faible (Kramer et coll., 2002). Les personnes qui exactement ce que vous venez de lui dire, mais
souffrent de problèmes auditifs évaluent plus néga- reformuler ce que vous vouliez dire d'une autre
tivement leur santé que les personnes qui ne souffrent manière.
d'aucun trouble sensoriel (Crews et Campbell, 2004). ° Etre patient.
Chapitre 2 | 27

° Ecrire le message s'il n’est toujours pas compris. personnes (Lupsakko et coll., 2002), de même que la
* Demander à la personne de dire en ses propres morbidité se traduisant par le nombre de visites médi-
mots ce qu'elle pense avoir compris pour vous cales et d’hospitalisations (Lee et coll., 2006). Dans
assurer qu'elle a bien saisi vos paroles. leur enquête réalisée auprès de plus de 5000 per-
sonnes âgées en moyenne de 78 ans, Brennan,
Nous ne pouvons clore ce chapitre sans mention-
Horowitz et Su (2005) font le constat suivant: si la
ner que les troubles visuels et auditifs ne surviennent
plupart des personnes atteintes de troubles simul-
pas toujours de manière isolée. Même si le phénomène
tanés ont plus de difficultés à accomplir les activités
des deux troubles simultanés est plutôt rare, une per-
quotidiennes comme s'habiller, marcher, aller à l'exté-
sonne vieilhissante peut les cumuler. Dans ce cas, on
rieur, faire les courses, etc., les chercheurs constatent
peut logiquement penser que les altérations fonc-
cependant que c'est le trouble de la vision qui est le
tionnelles, sociales et psychologiques dont il a été
principal responsable des problèmes éprouvés, et non
question précédemment risquent d'être accentuées.
le trouble auditif. Ce double constat est partagé par
Les rares études qui se sont penchées sur cette ques-
Horowitz (2003), pour qui les aînés avec des pro-
tion arrivent à des résultats qui peuvent surprendre.
blèmes simultanés de vision et d’audition ont plus de
La réalisation des activités de la vie quotidienne et
problèmes comparativement aux aînés aux prises
la participation sociale sont souvent plus altérées chez
avec un seul problème sensoriel, mais dont les pro-
les personnes âgées souffrant à la fois de troubles de
blèmes visuels ont un plus grand impact que les
la vue et de l'audition (Crews et Campbell, 2004).
problèmes auditifs.
Les symptômes dépressifs sont plus fréquents chez ces

+ Vers la quarantaine, la vision change. La vision les changements les plus importants survenant
peut être altérée de deux façons: par l’avan- à la vieillesse.
cement en âge et par la maladie. + Les hommes ont une diminution auditive plus
e Le vieillissement entraîne plusieurs changements précoce que celle des femmes, et la différence est
de la vision: une baisse de l’acuité visuelle, une plus marquée.
difficulté à voir de près, une difficulté à s'adapter + Le problème de la presbyacousie se situe dans
à l'obscurité, une difficulté à discerner certaines l'oreille interne.
couleurs et une sensibilité accrue à la lumière. + L'autre changement auditif d'importance est la
+ Outre ces changements liés au vieillissement nor- diminution de la capacité à comprendre la parole.
mal, des maladies oculaires peuvent survenir: + Dans ce dernier cas, on soupçonne un ralentisse-
cataracte, glaucome, dégénérescence maculaire. ment du processus de traitement de l’informa-
e Une baisse de la vue peut avoir des conséquences tion. La compréhension de la parole est un
sur l’accomplissement de certaines activités quo- processus complexe qui demande le traitement
tidiennes et sur le bien-être de la personne. de beaucoup d'informations simultanément.
e L'environnement doit être agencé de manière à ° Ilest possible de rendre la communication plus
offrir un soutien à la personne âgée aux prises facile en modifiant l'environnement de la per-
avec des limitations visuelles pour compenser la sonne atteinte d’un trouble auditif.
diminution de la vision. ° Parmi ces deux troubles, auditifs et visuels, il
+ Le changement auditif associé au vieillissement semble que ce soit le trouble visuel qui cause le
qui est le plus documenté est la presbyacousie. plus de problèmes.
+ La détérioration de la sensibilité auditive appa-
raît relativement tôt dans la vie d'une personne,
28 | Les changements sensoriels

Suggestions de lecture
Bergman, M. (1980). Agérg and the perception ofspeech. Baltimore: Sekuler, R., Kline, D. et Dismukes, K. (1982). Aging and human
University Park Press. vual function. New York: Alan R. Liss.

Gates, G. et Mills, J.H. (2008). Presbycusis. The Lancet, 366, Willot, J. (1991). Agéng and the auditory system : Anatomy, physto-
M2 0; logy and psychophyics. San Diego: Singular Publishing Group.
Chapitre

#4
‘à
30 l La sexualité

a sexualité est une composante fondamentale de l'expérience humaine.


Certains événements qui se produisent au cours de notre vie nous en rap-
pellent l'importance: les premières menstruations à la puberté, la nais-
sance des enfants à l’âge adulte et la ménopause vers le début de la cinquantaine.
Pour plusieurs personnes, sexualité et jeunesse vont de pair, et cette relation est
renforcée par l'image de la sexualité que projettent régulièrement les médias. Pour
s'en convaincre, il suffit de noter que les photographies et les films publicitaires
qui affichent une représentation explicite ou implicite de la sexualité font appel
à des mannequins jeunes et attrayants. Cependant, la sexualité n'est pas l'apanage
des jeunes. Comme plusieurs autres composantes de l'expérience humaine, elle
continue de jouer un rôle important avec l'avancement en âge. On peut penser,
par exemple, que la sexualité demeure la source d'expression d'une relation per-
sonnelle intime, même tard dans la vie, alors que fonder une famille n'est géné-
ralement plus une préoccupation centrale du couple.
Plusieurs aspects de la sexualité humaine appartiennent au champ d'études de la
psychologie du vieillissement. Ces aspects incluent, entre autres, les changements
dans l’activité sexuelle et les attitudes concernant la sexualité des personnes âgées.
Cependant, la nature de la sexualité humaine est multidimensionnelle. Outre ses
dimensions comportementale et psychosociale, la sexualité humaine englobe également une dimension
biologique. Cette dimension fondamentale doit être considérée pour une compréhension plus complète de
la relation entre le vieillissement et la sexualité.
Dans ce chapitre, nous examinerons cette relation entre vieillissement et sexualité. Après une présentation
des principaux changements physiologiques associés au vieillissement, nous examinerons les changements
dans l'activité et la satisfaction sexuelle. Nous prendrons par la suite connaissance des croyances et des atti-
tudes concernant la sexualité des personnes âgées. Nous terminerons ce chapitre par une section consacrée
aux rapports dans les couples dont un conjoint est atteint de démence et par une autre qui traitera de la
sexualité en centre d'hébergement.

3.1 LES CHANGEMENTS 3.1.1 Les changements chez la femme


PHYSIOLOGIQUES La ménopause, qui se produit habituellement vers la
fin de la quarantaine ou le début de la cinquantaine,
La plupart des changements physiologiques de nature
correspond à la cessation du cycle menstruel et
sexuelle survenant au cours du vieillissement carac-
marque la fin définitive de la période de procréation.
térisent le passage de la phase féconde à la phase
Une diminution de la durée du cycle menstruel et des
non féconde de la vie. Cette phase de transition se
irrégularités menstruelles précèdent la ménopause.
nomme climatère. Une connaissance de base de la
Durant cette période, qui s'échelonne sur environ
dimension biologique de la sexualité est très utile
10 ans, la capacité reproductive de la femme diminue
pour faciliter la compréhension des changements qui
progressivement.
surviennent avec le vieillissement. Puisqu'une présen- A LA | :
vant la ménopause, le cycle menstruel est gouverné
tation approfondie des fondements biologiques de la
par la rétroaction entre des hormones produites par
sexualité dépasse le cadre de ce manuel, les lecteurs
l'hypophyse (les hormones folliculostimulante et
qui souhaitent en savoir plus sont invités à consulter
lutéinisante) et les ovaires (les œæstrogènes et la proges-
l'ouvrage de Masters, Johnson et Kolodny (1995).
térone). Les changements dans le cycle menstruel au
Chapitre 3 | 31

cours du climatère sont associés à des modifications Il en va de même pour les organes génitaux et les
dans la production de ces hormones, notamment une autres parties du corps qui participent à la réaction
diminution de la production d'œstrogènes et de pro- sexuelle. Les manifestations de la phase de résolution
gestérone. Le déclin de la production d'œstrogènes chez la femme incluent le retour à la normale du vo-
entraîne graduellement une diminution de la stimu- lume et de la coloration du vagin et le retour du cli-
lation de la muqueuse de la cavité utérine appelée toris à sa position qui le laisse normalement exposé
endomètre. À la ménopause, la stimulation de l'en- plutôt que sous son capuchon comme c'est le cas
domètre est insuffisante, et les menstruations cessent pendant les phases précédentes.
complètement. Les changements hormonaux qui Les caractéristiques propres à chaque phase de la
accompagnent la ménopause sont aussi associés à réaction sexuelle ont été observées par Masters et
des modifications des organes génitaux. Ces modifi- Johnson (1966) dans un échantillon comptant près
cations incluent une diminution des poils pubiens, un de 700 sujets (382 femmes et 312 hommes). L'âge des
raccourcissement et une perte d'élasticité du vagin et sujets variait de 18 à 78 ans pour les femmes et de 21 à
une atrophie des grandes lèvres (Gelfand, 2000). 89 ans pour les hommes. Cet éventail a permis aux
D'autres changements surviennent dans l'apparence chercheurs d'effectuer des comparaisons entre les sujets
corporelle, comme la perte d'élasticité de la peau âgés et le reste de l'échantillon. En ce qui concerne les
ainsi que la diminution de la fermeté des seins et leur comparaisons entre les femmes, le groupe de sujets âgés
aplatissement. était composé de 61 femmes en cours de ménopause
Les changements dans les organes génitaux sont ou ménopausées, dont seulement 11 étaient âgées de
liés à des modifications de la réaction sexuelle de la 61 ans ou plus. Le petit nombre de femmes âgées et
femme âgée. Avant de décrire ces modifications, il est la sous-représentation des groupes d'âge les plus
bon de rappeler les principaux éléments de la réaction élevés imposent évidemment des limites sérieuses à
sexuelle. Masters et Johnson (1966) l'ont divisée en l'interprétation des résultats. Il apparaît, à la lecture
quatre phases: du tableau 3.1 (page suivante), que l'intensité de la
e la phase d’'excitation; réaction sexuelle est réduite chez la femme âgée.
° la phase de plateau; Parmi les changements associés à la ménopause,
s'ajoute un certain nombre de manifestations désa-
+ la phase orgasmique; gréables dont l'intensité varie considérablement d'une
+ la phase de résolution. femme à une autre. L’amincissement de la paroi vagi-
La phase d'excitation est caractérisée chez la femme nale et la diminution de la lubrification du vagin peu-
par un ensemble de réactions génitales telles que la vent entraîner des sensations d'irritation et même de
tumescence du clitoris, la lubrification vaginale, une la douleur durant le coït. L'usage d’un lubrifiant peut
extension et une distension du vagin, et une élévation alors rendre les rapports sexuels plus agréables. Les
partielle de l'utérus. Si la stimulation sexuelle continue, bouffées de chaleur affectent plusieurs femmes
les réactions enclenchées dans la phase précédente ménopausées. Il s'agit d'une sensation de chaleur dans
s'intensifient et atteignent un niveau stable durant la la partie supérieure ou l'ensemble du corps qui peut
phase de plateau. La phase orgasmique, qui corres- être accompagnée de rougeurs, de sudation et d’étour-
pond au paroxysme de la réaction sexuelle, se mani- dissements. Les sueurs nocturnes sont des bouffées
feste chez la femme par des contractions se situant dans de chaleur qui réveillent la femme durant son sommeil.
le tiers inférieur du canal vaginal et se produisant ini- Le traitement hormonal substitutif (THS), composé
tialement à des intervalles de huit dixièmes de seconde. d'œæstrogènes avec ou sans progestatif, est efficace pour
Après un certain nombre de contractions, les inter- atténuer les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes
valles deviennent plus importants, et l'intensité des et la sécheresse vaginale, mais il comporte aussi des
contractions diminue. Des contractions surviennent risques importants pour la santé (Santé Canada, 7 mai
également dans l'utérus. Pendant la phase de résolu- 2004). Ces risques ont été mis en lumière par les résul-
tion, la pression artérielle ainsi que les rythmes car- tats d'un ensemble d'études conduites aux États-Unis et
diaque et respiratoire retournent à leur état normal. connues sous le nom de Women Health Initiative (WHW).
32 | La sexualité

LUTTER ES Les caractéristiques de la réaction sexuelle liées au vieillissement

PHASE FEMME HOMME

Excitation + La lubrification vaginale et + l'érection complète du pénis nécessite plus de temps.


l'expansion du canal vaginal + l'augmentation de la tension et l'épaississement du
sont réduites et plus lentes. scrotum de même que l'élévation des testicules
sont réduits.

+ l'allongement du canal vaginal l'érection continue.


continue. l'augmentation de la taille des testicules est moins
importante.

Orgasmique + Les contractions sont plus courtes La sensation d'impuissance à contrôler l'éjaculation peut
et moins nombreuses. être raccourcie au point d'être absente ou, au contraire,
être prolongée sans être suivie par l'éjaculation.
La puissance de l'éjaculation est réduite.

Résolution + Le retour à la normale du vagin La détumescence du pénis est plus rapide.


est plus rapide. Le retour du scrotum à son état normal est plus lent.
La descente testiculaire et le retour des testicules
à leur taille normale sont plus rapides.

Source : Adapté de Masters et Johnson (1966).

La WHI comportait un essai clinique de deux types de vasomoteurs, comme les bouffées de chaleur. Autre-
THS et a permis d'observer l'incidence de ces trai- ment dit, ce résultat suggère que ce n'est pas la méno-
tements sur la fréquence de différents problèmes de pause en soi qui est associée aux symptômes dépressifs
santé chez les femmes postménopausiques. Les résul- mais plutôt certains symptômes spécifiques de la
tats ont notamment révélé les risques particulièrement ménopause. Cependant, d'autres chercheurs ont mon-
élevés associés à l'utilisation combinée d'œstrogènes tré que ce sont des symptômes différents de ceux
et d'un progestatif. Certaines des conclusions et associés au climatère, en particulier les troubles du
recommandations de Santé Canada (7 mai 2004) sur sommeil, les variations de l'humeur et les problèmes
le THS, dont les suivantes, sont basées sur les résul- de mémoire, qui sont liés aux symptômes dépressifs
tats de la WHI:
des femmes à la ménopause (Bosworth et coll., 2001).
e l’utilisation du THS, même à court terme, est liée Nicol-Smith (1996) a conclu de sa recension des écrits
à l'accroissement du risque de formation de caillots qu'il n'y a pas suffisamment de preuves pour affirmer
de sang, d'accident vasculaire cérébral et de mala- que la ménopause cause la dépression.
die coronarienne ;
° un THS devrait être suivi seulement si les symp-
tômes sont graves et si la personne est pleinement 3.1.2 Les changements chez l'homme
consciente des risques; L'homme subit également des changements physio-
° une personne qui suit un THS doit subir des éva- logiques qui ont un impact sur sa sexualité. Le vieil-
luations médicales régulières. lissement entraîne une réduction des hormones
La croyance populaire associe depuis longtemps la androgènes, notamment de la testostérone. Ce phéno-
ménopause à des difficultés psychologiques, notam- mène, appelé andropause, peut être associé à une
ment à la dépression. Bien qu'un lien ait été observé diminution du bien-être, de l'énergie et du fonction-
entre ménopause et dépression, Holte (1998) souligne nement sexuel, mais il n'est pas clair si des symptômes
que ce lien disparaît si l'on contrôle les symptômes particuliers sont attribuables à la diminution de
Chapitre 3 | 33

testostérone. L'administration thérapeutique de tes- soient collés au corps caractérisent la phase de plateau.
tostérone semble avoir certains effets bénéfiques; À la phase orgasmique, les contractions prennent naïs-
toutefois, elle comporte également des risques pour sance dans les testicules, se propagent jusqu'au pénis
la santé et ne devrait pas être prescrite de façon rou- et conduisent à l'expulsion du sperme par le méat uré-
tinière (Tan et Culberson, 2003). Bien qu'il n'y ait pas tral. L'expérience paroxystique de l'éjaculation est
d'équivalent de la ménopause chez l’homme, celui-ci précédée par une sensation d'impuissance à la contrô-
subit néanmoins un climatère associé à une réduction ler durant un instant juste avant et au début de l’éjacu-
de la quantité de spermatozoïdes viables. Ce proces- lation. L'homme a alors l'impression de «sentir venir
sus débute entre la quarantaine et la cinquantaine. l'éjaculation ». Les contractions orgasmiques mascu-
Contrairement à ce qui se produit chez la femme, il lines ont lieu à huit dixièmes de seconde d'intervalle
s’agit d'une diminution de la capacité de reproduction et diminuent graduellement en fréquence et en force
et non d'un arrêt total. Il est donc possible, même pour expulsive. La pression des deux ou trois premières
un homme très âgé, d'engendrer un enfant. contractions éjaculatoires peut expulser le sperme à
L'action de l'hormone hypophysaire HL régit la une distance de 30 à 60 centimètres de l'extrémité du
production de testostérone. Avec le vieillissement, les pénis. Pendant la phase de résolution, on observe le
cellules des testicules qui produisent la testostérone retour progressif du pénis à l’état de flaccidité, en deux
sont moins fonctionnelles, ce qui entraîne une diminu- étapes, dont la deuxième est la plus longue. On
tion du taux de testostérone circulant dans le sang. En observe également la descente des testicules dans le
réaction à cette diminution, le taux d'hormone HL scrotum et le retour à leur taille normale. Après la
augmente sans pour autant provoquer une hausse de phase de résolution, la plupart des hommes traversent

la production de testostérone. Bien que la testostérone une période réfractaire durant laquelle ils ne réa-
soit liée au désir sexuel, une plus faible production de gissent plus à la stimulation sexuelle.
cette hormone a peu d'influence sur l’activité sexuelle Masters et Johnson (1966) ont étudié les carac-
de l’homme âgé, laquelle varie en fonction de plusieurs téristiques de la réaction sexuelle de 39 hommes âgés
autres facteurs physiques, mais aussi psychologiques. de 51 à 89 ans. La moitié de ce groupe était composée
Des changements surviennent aussi dans l'appareil d'individus âgés de 61 ans ou plus. Les limites des
génital de l’homme vieillissant. On observe, entre résultats concernant les femmes âgées de cette étude
autres, une croissance du tissu conjonctif du corps s'appliquent donc également aux hommes âgés. Le
spongieux et une plus grande rigidité des artères et tableau 3.1 montre que l'ensemble des différences
observées entre les hommes âgés et les hommes plus
des veines des corps spongieux et caverneux du pénis.
Il faut rappeler que les corps spongieux et caverneux jeunes suggère une diminution de l'intensité de la
réaction sexuelle avec l'avancement en âge. Ajoutons
permettent l'érection du pénis en se gorgeant de sang
qu'il y a une différence importante dans la durée de
lorsque l’homme est suffisamment stimulé. Par consé-
la période réfractaire, qui est plus longue chez l'homme
quent, ces altérations peuvent être à l'origine de pro-
âgé. Ce dernier doit donc attendre plus longtemps
blèmes érectiles chez l'homme âgé.
avant de pouvoir traverser à nouveau les différentes
Comme chez la femme, des modifications se pro-
phases de la réaction sexuelle.
duisent dans la réaction sexuelle de l’homme vieillis-
sant. Avant d'examiner ces changements, faisons un

3.2 LA VIE SEXUELLE CHEZ


bref rappel des caractéristiques de la réaction sexuelle
masculine telle qu'observée par Masters et Johnson
(1966). À la phase d'excitation, les réactions génitales
incluent l'érection du pénis, l'augmentation de la ten-
LES AÎNÉS
sion et l’épaississement du tégument du scrotum ainsi La revue de l'Association américaine des personnes
que l'élévation des testicules. L'accroissement de la cir- retraitées, mieux connue sous l’acronyme AARP, a
conférence du pénis au niveau de la couronne du gland commandé deux études (en 1999 et en 2004) décrivant
ainsi que l'élargissement et la continuation de l'éléva- les attitudes et comportements sexuels des personnes
tion des testicules dans le scrotum jusqu'à ce qu'ils d'âge moyen et avancé (45 ans et plus). La première
34 | La sexualité

de ces études avait déjà confirmé certains aspects 1682 personnes, a confirmé l'ampleur du phénomène
connus et en avait révélé d’autres (Jacoby, 1999): (AARP, 2005): la proportion d'hommes qui ont essayé
° L'activité sexuelle est moins fréquente chez les un médicament pour améliorer leur érection a doublé
personnes les plus âgées. depuis 1999. D'autres différences ont été notées par
rapport aux résultats de la première enquête :
e La majorité des hommes et des femmes qui ont un
partenaire régulier sont suffisamment actifs pour + _La proportion de personnes cherchant de l'informa-
avoir des rapports sexuels au moins une ou deux tion au sujet de la sexualité de sources telles qu'un
fois par mois. médecin, Internet, les amis et la famille a augmenté.

° La majorité des répondants étaient extrêmement ou + Les adultes d'âge moyen et plus âgés pensent
très satisfaits de leurs rapports physiques. davantage à la sexualité.

+ Seule une faible proportion d'hommes (5,6 %) uti- e La fréquence de la pratique de l’autostimulation et
lise un nouveau traitement pour les troubles érec- du sexe oral a augmenté.
tiles. La moitié d'entre eux utilisaient le Viagra®. La satisfaction sexuelle des participants à l'étude
Toutefois, la majorité de ces hommes et leurs parte- AARP (2005) semble diminuer avec l’âge chez les
naires ont rapporté que ce médicament a rendu les deux sexes, comme l'indique la figure 3.1. Les données
rapports sexuels plus agréables. antérieures portant sur cette question sont peu nom-
Le Viagra® a été approuvé aux États-Unis en breuses et ambiguës. Starr et Weiner (1981) ont observé
1998, soit l'année précédant cette première étude. Ce que la majorité de leurs répondants masculins et
produit et d’autres pour le traitement des troubles féminins Âgés indiquaient que leur vie sexuelle était
érectiles, comme Cialis® et Levitra®, ont reçu une aussi satisfaisante ou plus satisfaisante que lorsqu'ils
grande attention des médias et ont fait l'objet de cam- étaient plus jeunes. Plus de 25 % des hommes et de
pagnes publicitaires importantes. L'enquête de 2004, 35 % des femmes ont précisé que leur vie sexuelle était
réalisée auprès d’un échantillon représentatif de meilleure maintenant. Cependant, ce n'est pas le cas

ÎcuRE 3.1 Le pourcentage de personn: de leur vie.sexuell


du, sexe et de l'âge

EM 25-20
EM 50-59
60-69

EAO—

Hommes Femmes

Source : Tirée de AARP (2005).


Chapitre 5 35

pour plusieurs personnes âgées :23 % des sujets de de facteurs influencent l’activité sexuelle et peuvent
l'échantillon total considéraient que leur vie sexuelle nous aider à comprendre pourquoi celle-ci diminue de
était pire maintenant. Les résultats plus récents sug- façon plus marquée chez certaines personnes âgées.
gèrent donc que la satisfaction, comme l’activité La plus récente enquête sur la sexualité menée par
sexuelle, tend à diminuer avec le vieillissement. l'AARP (2005) met en relief l'importance du fait d'être
Les études commandées par l’AARP font éga- un homme ou une femme et de l’âge. Les participants
lement ressortir une activité accrue de certaines pra- ont indiqué la fréquence de leurs pensées sexuelles
tiques. Il se peut que ces changements soient en partie (fantasmes, rêves érotiques, etc.). En examinant la
attribuables au fait que la population visée par ces figure 3.2, qui illustre le pourcentage de personnes qui
études incorpore graduellement des cohortes plus ont rapporté avoir de telles pensées une fois par mois

Jeunes caractérisées par une plus grande ouverture à ou davantage, nous remarquons que ce phénomène
la sexualité. Les progrès récents dans la pharma- tend à décliner avec l'avancée en âge de façon plus
cothérapie des troubles érectiles ont aussi pu contri- marquée chez les femmes. En ce qui concerne les acti-
vités sexuelles pratiquées au cours des six derniers mois
buer à accroître sensiblement les activités sexuelles des
(caresses, rapports complets, autostimulation), la
aînés au cours des dernières années.
figure 3.3 (page suivante) montre une tendance similaire.
Les différences notées en fonction du sexe et de l’âge
3.2.1 Les facteurs associés à la sexualité peuvent s'expliquer, en partie, par d’autres variables.
à la vieillesse La disponibilité d'un partenaire est associée à la fré-
quence des activités sexuelles. Comme il y a davantage
Nous avons pu constater, à la section précédente, que de veuves que de veufs, les femmes âgées sont en
les personnes âgées diminuent leur activité sexuelle quelque sorte désavantagées. De plus, les résultats de
au fil des ans. Cependant, des différences impor- l'AARP (2005) montrent que, si un partenaire n'est pas
tantes existent entre les individus. Un certain nombre disponible, les femmes rapportent être moins actives

100
Age

EM 4529
EM 50-59
60-69

EM 70 +

Hommes Femmes

Source : Tirée de AARP (2005).


36 | La sexualité

FIGURE 13

100
Âge
EM 4524
80
EM 50-59
60-69
60 LA] 70 +

40

20

Hommes Femmes

Source : Tirée de AARP (2005).

sexuellement que les hommes dans la même situation, maladies, dont celles affectant les testicules, l’hy-
comme le montre la figure 3.4. Notons que les déter- pophyse et les reins, peuvent être à l’origine d’un
minants de l’activité sexuelle des personnes âgées dérèglement de la production de testostérone ou de
diffèrent selon leur sexe. Pour les hommes, les déter- prolactine. Un apport sanguin insuffisant au pénis ou,
minants les plus importants sont le fait d’être jeune et inversement, un drainage veineux excessif de cet
plus scolarisé tandis que le fait d'être mariée est le organe peuvent également être associés à une dysfonc-
meilleur déterminant chez les femmes (Matthias et tion érectile. Les facteurs de risque d’une dysfonction
coll., 1997).
érectile d'origine vasculaire incluent l'hypertension,
Par ailleurs, l'avancement en âge est associé à une le diabète, une maladie cardiaque et l'arthrose. Divers
détérioration de la santé qui, comme le montre la fi-
problèmes de santé, dont la maladie de Parkinson, le
gure 3.5, se traduit par une activité sexuelle moins
diabète, les lésions médullaires et l'alcoolisme, peuvent
importante. Selon Schover et Jensen (1988), la rela-
occasionner des troubles de fonctionnement sexuel par
tion entre la maladie chronique et le fonctionnement
sexuel peut s'expliquer par:
le biais de mécanismes neurologiques. Ces troubles
incluent un faible désir sexuel, une dysfonction érec-
+ des facteurs physiologiques de nature hormonale,
tile, l'absence ou la diminution de la sensation orgas-
vasculaire ou neurologique;
mique et une interruption de l'émission du sperme.
e des facteurs médicamenteux; Ces mêmes problèmes peuvent aussi correspondre aux
e des facteurs émotionnels. effets de certains médicaments tels que la L-Dopa, les
Chez l'homme, une insuffisance de testostérone antihypertenseurs, les antidépresseurs tricycliques
et une surproduction de prolactine peuvent se traduire et les inhibiteurs de la monoamine-oxydase. Enfin,
par une diminution du désir sexuel, une difficulté à des réactions émotionnelles à la maladie chronique
obtenir une érection et à atteindre l'orgasme. Diverses peuvent également interférer avec le fonctionnement
Chapitre 5 | 37

100
EM Avec partenaire
E_] Sans partenaire
80

60

40

20

Hommes Femmes

Source : Tirée de AARP (2005).

Ficure 3.5 Le pourcentage de personnes ayant CES activités sexuélles a


à moins un fois-
par semaine en fonction des itydes dé vie, ('CANTEST:CSde médicam
-vet de l'état de Santé Le

Actif

Sédentaire

Pas de médicaments

Médicaments

Pas de problème de santé

Problème de santé
-
0% 50 % 100 %

Source : Tirée de AARP (2005).


38 | La sexualité

sexuel de l'homme et de la femme. Ces réactions croyances populaires suivantes ont été relevées par
émotionnelles incluent l'anxiété, la colère et la dépres- Butler, Lewis et Sunderland (1991):
sion (Schover et Jensen, 1988). e les personnes âgées n'ont pas de désirs sexuels;
Les changements hormonaux chez la femme ne pro- + elles ne pourraient pas faire l'amour même si elles
duisent pas d'effets aussi prononcés que chez l'homme. le voulaient :
Néanmoins, une production excessive de prolactine
e elles sont trop fragiles physiquement, et une rela-
est associée à différentes manifestations de dysfonc-
tion sexuelle peut leur causer de la douleur;
tion sexuelle incluant l'absence de désir, la difficulté
à devenir excitée et la difficulté à atteindre l'orgasme. * elles ne sont pas attirantes physiquement et, par
De plus, les mêmes médicaments qui entraînent des conséquent, elles ne sont pas désirables sur le plan
troubles d’érection et d'émission du sperme chez sexuel ;
l'homme peuvent empêcher une minorité de femmes e l'activité sexuelle chez les personnes âgées est hon-
d'atteindre l'orgasme. Il faut noter que les effets de teuse et perverse.
changements dans les systèmes endocrinien, vascu- Même si ces croyances populaires semblent surpre-
laire ou neurologique sur le fonctionnement sexuel nantes, nous pouvons penser qu ‘elles sont très répan-
sont moins documentés chez la femme que chez dues dans notre société. De plus, force est de reconnaître
l'homme. Il semble que ces changements n'aient que que les représentations de la sexualité des aînés dans les
peu d'effet sur le fonctionnement sexuel de la femme médias comme dans la littérature et le cinéma sont
(Schover et Jensen, 1988). encore aujourd'hui peu flatteuses (Walz, 2002).
En somme, l'âge, le sexe, la disponibilité d'un par- Nous savons que la sexualité continue d’être une
tenaire et l'état de santé physique sont tous associés composante importante de la vie à un Âge avancé
à l'activité sexuelle des personnes âgées. Mais qu'en malgré les changements sexuels qui surviennent au
est-il de la satisfaction sexuelle à un âge avancé ? cours du vieillissement. On peut donc affirmer que les
Matthias et ses collaborateurs (1997) ont trouvé que croyances populaires notées par Butler et ses colla-
les principaux déterminants de la satisfaction sexuelle borateurs (1991) sont des mythes. Cependant, même
sont d'être actif sexuellement, d'être une femme, d'avoir si ces croyances ne sont pas ancrées dans la réalité,
une bonne santé mentale et d'être autonome. Ces résul- elles peuvent réellement nuire aux personnes âgées de
tats recoupent certains résultats de l'AARP (2005) multiples façons.
voulant que les femmes, les personnes plus Jeunes, Premièrement, les personnes âgées peuvent se
celles qui ont un bon état de santé et qui sont physi- conformer aux attentes de la société et mettre fin à une
quement actives présentent une satisfaction sexuelle vie sexuelle active en pensant que ce comportement
plus élevée. n'est plus de leur âge. Deuxièmement, les individus
qui entretiennent ces fausses croyances et qui en-
tourent les personnes âgées peuvent les décourager
3.3 LES CROYANCES d'avoir une vie sexuelle active ou leur imposer des
ET LES ATTITUDES restrictions sur le plan des activités sexuelles. Par
exemple, les membres du personnel d'une résidence
CONCERNANT LA SEXUALITÉ pour personnes âgées qui considèrent que certains
ET LE VIEILLISSEMENT comportements comme la masturbation sont immo-
raux ou dangereux pour la santé peuvent adresser des
À la lumière des faits présentés dans les sections reproches aux résidents qui ont de tels compor-
précédentes, il est clair que divers aspects de la sexua- tements. Troisièmement, ces mythes peuvent renfor-
lité se modifient au cours du vieillissement. Cependant, cer une vision stéréotypée et négative des personnes
les changements sexuels qui surviennent sont souvent âgées au sein de la société et contribuer ainsi à la déva-
perçus de façon stéréotypée et extrêmement négative. lorisation du vieillissement.
Par conséquent, les personnes âgées sont parfois En raison de la nature des mythes concernant la
jugées inaptes à avoir une vie sexuelle active. Les sexualité et le vieillissement, il est pertinent de se
Chapitre 5 j 39

demander si les attitudes à l'égard de l'expression de tolérance des attitudes à l'égard de la sexualité des per-
la sexualité à la vieillesse sont généralement négatives sonnes âgées est lié à l’âge, au sexe, à l'urbanisation,
ou intolérantes. Pour obtenir une vue d'ensemble à la scolarisation et à la religion des répondants. Les
des attitudes concernant la sexualité des personnes attitudes les plus intolérantes sont exprimées par les
âgées, Dupras, Lévy et Samson (1989) ont réalisé un individus suivants:
sondage auprès d’un échantillon représentatif de l’en- + les personnes les plus âgées;
semble de la population québécoise, composé de
e les femmes;
856 répondants. De façon générale, les résultats de ces
chercheurs suggèrent que les attitudes concernant l'ac- + les personnes qui résident dans de petites villes;
tivité sexuelle des personnes âgées ne sont pas plus + les personnes les moins scolarisées;
intolérantes que celles à l'égard de la sexualité chez
+ les personnes les plus religieuses.
les adolescents. Par exemple, 55 % des sujets sont
d'accord avec la masturbation chez les femmes âgées, Les résultats de Dupras et ses collaborateurs (1989)
et 57 % expriment cette opinion à l'égard des hommes montrent que les personnes âgées, qui sont suscep-
âgés. Les mêmes répondants ne sont pas plus tolérants tibles de subir les conséquences des mythes concer-
envers ce comportement s'il est pratiqué par un ado- nant leur sexualité, sont également celles qui
lescent :le pourcentage de répondants en accord avec expriment les attitudes les plus restrictives à l'égard
la masturbation chez les adolescents et les adolescentes de leur propre sexualité. Walker et ses collabora-
dépasse à peine 60 %. Par ailleurs, plus de 80 % des teurs (1998) confirment cette observation. Leurs
répondants approuvent l'activité hétérosexuelle résultats indiquent que le personnel d'établissements

des hommes et des femmes âgés dans un contexte pour personnes âgées présentait de meilleures connais-
amoureux. À titre indicatif, ce pourcentage chute à sances et une attitude plus positive par rapport à la
44 % au sujet de l’activité hétérosexuelle des adoles- sexualité à l’âge avancé que les personnes âgées elles-
cents dans un contexte similaire. Il faut souligner mêmes. Cette relation positive entre l'âge et l'into-
que la comparaison avec les attitudes à l'égard de la lérance concernant la sexualité peut traduire un
sexualité chez les adolescents a une valeur limitée. effet de cohorte. En effet, les personnes actuellement
Puisque les personnes âgées sont des adultes, il serait les plus âgées ont vécu à une époque où les mœurs
plus adéquat de comparer leurs attitudes concernant sexuelles étaient plus conservatrices que celles
la sexualité à celles des adultes en général. En l’ab- auxquelles les cohortes plus jeunes ont été exposées.
sence d’une telle comparaison, il n’est pas possible Une meilleure connaissance de la sexualité des
de déterminer si les attitudes à l'égard de la sexua- personnes âgées peut-elle engendrer une attitude
lité chez les personnes âgées sont plus ou moins plus positive à l'égard de celle-ci? Une synthèse de
conservatrices que celles concernant la sexualité la littérature sur cette question montre que, même si
des adultes en général. les résultats de la plupart des travaux vont en ce sens,
Bien que les résultats de Dupras et ses collabora- certains travaux conduits auprès des travailleurs du
teurs (1989) soient encourageants, il n'en demeure pas domaine de la santé et des personnes âgées elles-
moins que plusieurs individus expriment des atti- mêmes ont montré une absence de relation entre les
tudes intolérantes à l'égard de l’activité sexuelle des deux et d'autres même une relation négative (Hillman
personnes âgées. Par exemple, près de 20 % des per- et Stricker, 1994). Divers facteurs, tels que la percep-
sonnes interrogées par ces chercheurs ne sont pas en tion des aînés comme grands-parents, la prise en
accord avec l’activité hétérosexuelle des hommes et compte des problèmes pratiques de l'expression de la
des femmes âgés même si cette activité a lieu dans un sexualité dans certains contextes comme un centre
contexte amoureux. Ce pourcentage relativement élevé d'hébergement et les croyances religieuses peuvent
laisse croire qu'un nombre important de personnes expliquer ces derniers résultats. La relation entre les
comprennent peut-être mal les besoins sexuels des per- connaissances et les attitudes à l'égard de la sexualité
sonnes âgées. Les résultats de Dupras et ses collabo- à la vieillesse apparaît donc complexe et doit prendre
rateurs (1989) suggèrent en outre que le degré de d'autres variables en considération.
40 | La sexualité

3.4 LES RAPPORTS DANS e Les professionnels de la santé peuvent s'informer


de la qualité des rapports au sein des couples. Ils
LE COUPLE AVEC peuvent par la suite les diriger vers un spécialiste,
UN PARTENAIRE ATTEINT au besoin.
° Les responsables de groupes de soutien pour les
D'UNE DÉMENCE aidants familiaux peuvent encourager les membres
Comme nous l'avons vu à la section 3.2, les pro- du groupe à discuter des difficultés éprouvées sur
blèmes de santé peuvent nuire aux rapports sexuels. le plan sexuel ou relationnel en général et fournir
Cet impact négatif est encore plus marqué s'il y a une de l'information au sujet des changements pou-
atteinte importante du fonctionnement cognitif, vant accompagner l'évolution de la démence.
comme dans le cas d'une démence. Les démences, e Les responsables des centres d'hébergement peuvent
dont celle de type Alzheimer, sont caractérisées par tenir compte des besoins sexuels des patients dans
un trouble de mémoire et l'altération d'autres fonc- l'aménagement physique des lieux, dans les règle-
tions cognitives telles que le langage et les fonctions ments de l'établissement, etc.
exécutives (voir Le chapitre 12 pour une description détail-
°_ Pour être plus efficaces et plus aidants, les profes-
lée des désordres cérébraux). Dans ce contexte, l’en-
sionnels de la santé peuvent s'informer (par des
semble des aspects relationnels du couple devient
ateliers, des lectures, des cours, etc.) des particu-
susceptible d'être modifié. Ces aspects incluent
larités de la sexualité chez les couples où l’un des
autant l’activité sexuelle que l'intimité et la satisfac-
conjoints souffre d'une démence.
tion conjugale.
Lactivité sexuelle des personnes atteintes de démence
peut diminuer ou, à l'inverse, augmenter considéra-
blement. Ces changements sont susceptibles d'avoir 3.5 LA SEXUALITÉ DANS
un impact sur la satisfaction dans le couple, qui peut UN ÉTABLISSEMENT DE SOINS
aussi être réduite dans le cas où le conjoint ne souhaite
pas avoir de rapports sexuels avec son conjoint malade DE LONGUE DURÉE
ou trouve difficile d'en avoir (Baikie, 2002). Une dimi- Une minorité de personnes âgées vivent en établis-
nution des manifestations d'affection et de l'activité sement de soins de longue durée. Néanmoins, le
sexuelle après le début de la maladie d'Alzheimer a été placement dans un centre d'hébergement devient une
observée par Wright (1998) chez des couples dont l’un nécessité pour bon nombre d'individus âgés en perte
des conjoints est atteint de la maladie comparati- d'autonomie. D'entrée de jeu, nous pouvons affirmer
vement à des couples en bonne santé. Cette étude que plusieurs facteurs influencent la vie sexuelle des
montre aussi que les manifestations d'affection aug- personnes âgées vivant en centre d'hébergement.
mentent après le placement du patient en centre Distinguons trois catégories principales de facteurs:
d'hébergement. Ce dernier résultat suggère que le les caractéristiques du milieu, celles du personnel et
stress de la prise en charge du patient est diminué par celles des résidents eux-mêmes.
le placement, favorisant ainsi la manifestation de l’af- Premièrement, certains aspects de la vie en éta-
fection. Néanmoins, l'expression de la sexualité en blissement peuvent être défavorables à l'expression
milieu d'hébergement présente aussi des difficultés, sexuelle des résidents âgés. D'une part, le contrôle
comme nous le verrons dans la section 3.5. exercé dans le milieu institutionnel laisse peu de place
Davies et ses collaborateurs (1998) ont fait quelques à la spontanéité et limite considérablement les occa-
suggestions pour favoriser l'acceptation et la tolérance sions d’avoir des activités sexuelles. D'autre part, le
des professionnels et des membres de la famille afin manque d'intimité inhérent à ce type d'hébergement
d'améliorer les rapports au sein des couples dont l’un constitue un obstacle majeur à l'expression de la
des conjoints est atteint de démence. sexualité. En général, les portes des chambres d’un
Chapitre 5 | 41

centre d'hébergement pour personnes âgées ne peu- qu'ils sont inappropriés. En outre, le personnel de
vent pas être verrouillées, et le personnel peut les l'établissement doit promouvoir des stratégies pour
ouvrir en tout temps pour des raisons de sécurité. considérer le besoin d'amour et d'affection du résident.
Deuxièmement, puisque le résident âgé est dépendant De telles stratégies incluent de favoriser les visites du
du personnel, ce dernier peut également avoir un conjoint, de placer un écriteau sur la porte de la
impact sur son activité sexuelle. Par exemple, la réac- chambre indiquant de ne pas déranger le résident
tion d'un membre du personnel qui surprend un rési- ou de veiller à ce que la porte reste fermée pour que
dent âgé en train de se masturber peut prendre le résident puisse satisfaire ses besoins sexuels. Les
différentes formes négatives et mener à l'inhibition auteurs indiquent aussi que le personnel doit chercher
sexuelle. Troisièmement, les problèmes de santé à créer un environnement permettant aux résidents
physique et mentale sont très répandus chez les rési- de réaliser leurs désirs tout en maintenant leur dignité
dents âgés. Pensons seulement à la démence, dont les et sans nuire aux autres. Une autre difficulté relevée
conséquences sur la sexualité ont été évoquées à la par Kamel et Hajjar (2003) est que la distinction
section 3.4. entre des comportements sexuels normaux et anor-
L'expression de la sexualité des résidents des centres maux chez les personnes atteintes de démence repré-
d'hébergement soulève des questions d'ordre pratique sente un défi important. Chez ces personnes, un
et éthique pour le personnel. Comme nous l'avons comportement perçu comme sexuel par l'entourage
mentionné précédemment, le personnel soignant peut, peut exprimer en fait un désir d'intimité ou un besoin
en raison de ses valeurs et croyances, exercer une d'être rassuré. De plus, le patient peut être confus au
influence sur l'expression de la sexualité. Un problème point où il ne se rend pas compte que son compor-
survient si cette influence a pour conséquence de tement est inapproprié dans le lieu où il se déroule.
réprimer un comportement sain. Certains sont d'avis Le résident qui se masturbe en public illustre cette
que la responsabilité d'un soignant ne lui permet situation. Finalement, le résident peut faussement en
pas de passer outre les souhaits du patient en identifier un autre ou un membre du personnel comme
matière de sexualité (Mattiasson et Hemberg, 1998). étant son conjoint.
Évidemment, cela ne signifie pas que tous ces souhaits Nous avons mentionné que l'attitude du personnel
doivent se réaliser. Par exemple, Mattiasson et soignant peut avoir une incidence sur l'expression de
Hemberg (1998) ont noté qu'une relation proche la sexualité des résidents âgés. Pour cette raison, il
avec un soignant peut favoriser l'expression de désirs semble pertinent d'améliorer les connaissances et de
sexuels de la part du résident. Dans un tel cas, les développer des attitudes plus positives chez le person-
chercheurs suggèrent que le soignant soit direct et qu'il nel des centres d'hébergement. Walker et Harrington
n'encourage pas cette situation. Cependant, il est pri- (2002) ont évalué l'impact de différents modules de
mordial que les membres du personnel reconnais- formation auprès de 109 membres du personnel
sent et respectent les besoins sexuels des résidents. de différents établissements. Les participants ont été
La question des comportements sexuels probléma- répartis en quatre groupes recevant chacun l’un des
tiques des résidents illustre une autre difficulté sou- modules. Leurs résultats sont illustrés à la figure 3.6
levée par la sexualité en milieu d'hébergement. Il s'agit (page suivante). Un score plus élevé sur la mesure
généralement de l’utilisation d'un langage sexuel- utilisée indique une meilleure connaissance et des
lement explicite, d'actes sexuels inappropriés, comme attitudes plus favorables envers la sexualité des aînés.
faire des attouchements au personnel, et de compor- On constate que trois des quatre modules ont eu un
tements sexuels implicites, par exemple, se faire voir impact positif. L'absence de groupe témoin fait en sorte
en train de regarder une revue pornographique. que les résultats doivent être interprétés avec pru-
Kamel et Hajjar (2003) soulignent que le résident qui dence. Néanmoins, ils sont similaires à ceux obtenus
manifeste de tels comportements doit être informé par d’autres chercheurs (White et Catania, 1982).
42 | La sexualité

IGURE 3.6 Les connaissances et lesatt


-:de soignants en centre d'hé

M Avant la formation
C_] Après la formation

10

Besoins sexuels Sexualité et Sexualité et Famille et


et intimité démence vieillissement préoccupations
personnelles

Source: Tirée de Walker et Harrington (2002).

La plupart des changements physiologiques de augmenté au cours des dernières années chez les
nature sexuelle qui accompagnent le vieillis- personnes d'âge moyen et avancé.
sement caractérisent le climatère. De nombreux mythes véhiculent l'idée selon
La ménopause correspond à la cessation du laquelle les personnes âgées sont asexuées, et
cycle menstruel et marque la fin de la période de plusieurs individus entretiennent des attitudes
procréation de la femme. intolérantes à l'égard de l'expression sexuelle des
Le climatère masculin est caractérisé par une personnes âgées.
diminution de la quantité de spermatozoïdes Les attitudes les plus intolérantes à l'égard de la
viables, mais l'homme vieillissant ne perd pas sa sexualité des personnes âgées sont exprimées par
capacité d'engendrer des enfants. les personnes les plus âgées, les femmes, les
La réaction sexuelle des hommes et des femmes personnes qui résident dans de petites villes,
devient moins intense en vieillissant. celles qui sont les moins scolarisées et celles qui
Le vieillissement s'accompagne d'une diminution sont les plus religieuses.
de l'activité et de la satisfaction sexuelles. Divers médicaments et problèmes de santé,
L'âge, le sexe, la disponibilité d'un partenaire et dont la démence, peuvent avoir une influence
l'état de santé physique sont liés à l'activité négative sur la sexualité des aînés.
sexuelle des personnes âgées. L'activité sexuelle des personnes âgées vivant en
Divers comportements, tels qu'utiliser des médi- centre d'hébergement varie en fonction des
caments pour contrer les troubles érectiles et caractéristiques du milieu institutionnel, du per-
chercher de l'information sur la sexualité, ont sonnel et des résidents.
Chapitre 5 | 43

Suggestions de lecture
Association américaine des personnes retraitées (AARP) Mattiasson, A.C. et Hemberg, M. (1998). Intimacy-meeting
(2005). Sexuality at miolife and beyond: 2004 update of attitudes needs and respecting privacy in the care of elderly people:
and behaviors. Washington, DC: AARP. what is a good moral attitude on the part of the nurse/carer?
Nursing Ethics, 5, 527-34.
Baikie, E. (2002). The impact of dementia on marital relation-
ships. Sexual and Relationship Therapy, 17, 289-299.
ÿ “ui

2 7 p
46 | L'intelligence

Ÿ intelligence a été l’un des premiers sujets abordés par la psychologie


gérontologique. Précisément, les chercheurs étaient curieux de savoir
ce qui arrivait à l'intelligence quand une personne devenait «vieille »
(Botwinick, 1967). La position répandue était que l'intelligence devait, comme
le reste du corps d'ailleurs, s’affaiblir avec l'avancée en âge.
Mais, d'entrée de jeu, répondre à cette question se révèle plus ardu qu'il n'y paraît,
entre autres, parce que l'intelligence est un concept complexe, difficile à définir
(Bartholomew, 2004). Qu'est-ce que l'intelligence ? De quoi est-elle composée ?
Ces questions font encore aujourd’hui l'objet de nombreuses et vives discussions.
En outre, l'intelligence demeure un sujet très délicat à traiter parce qu'il s'agit
d'une caractéristique humaine recherchée et valorisée (Bartholomew, 2004). Pour
s'en convaincre, il suffit de penser aux échanges très émotifs touchant l'intelli-
gence et les différences raciales, culturelles ou sexuelles, sans oublier l'impor-
tance respective des facteurs liés à l'hérédité et à l'environnement sur l'intelligence,
pour ne nommer que ceux-là. Dans une certaine mesure, traiter des différences
individuelles touchant l'intelligence, représentée par le quotient intellectuel
(QI), est devenu un sujet à éviter. Paradoxalement, au cours des dernières
années, d'autres concepts sont apparus et ont gagné en popularité, comme ceux
de l'intelligence émotionnelle (Goleman, 1998 ; Salovey et Mayer, 1990) et des
intelhigences multiples (Gardner, 1983, 1999).
Le paradigme psychométrique a largement dominé ce champ d'études de la psychologie, c'est-à-dire que l'on a
utilisé des tests visant à mesurer et à quantifier ce que l'on croit être l'intelligence. On a ainsi peu à peu oublié que
la métrique qui découle des tests d'intelligence n'est qu'une façon d'aborder l'intelligence, et non pas sa finalité.
Nos connaissances sur l'intelligence par rapport au vieillissement découlent largement de ce paradigme psy-
chométrique ;toutefois, il en existe d’autres (épistémologique, cognitif, etc.), mais nous ne les aborderons
pas dans ce chapitre. Ce qui nous intéresse plus particulièrement ici, c'est d'établir la façon dont se
développent les capacités intellectuelles avec l'âge.
Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, il est opportun de rappeler brièvement quelques notions liées à l'intelligence.

4.1 LES DÉFINITIONS, LES MESURES autre si l'on perçoit peu d'écart, d'où la nécessité de
recourir à des méthodes objectives d'évaluation.
ET LA STRUCTURE
DE L'INTELLIGENCE 4.1.1 Les définitions de l'intelligence
Nous avons tous une idée ou une opinion de ce qu'est
Il faut reconnaître qu'il n'existe aucune définition
l'intelligence. Régulièrement, dans nos conversations,
nous affirmons que telle personne est «intelligente », consensuelle satisfaisante sur ce qu'est l'intelligence.
«brillante », «géniale », mais nous pouvons diffici- Selon Alfred Binet (1857-1911), il s’agit d’une
lement justifier cette évaluation. Par ailleurs, il est peu capacité générale qui permet de bien comprendre, de
probable que deux individus jaugent l'intelligence bien juger et de bien raisonner. Pour David Wechsler
de quelqu'un d'autre de façon identique. En outre, s'il (1896-1981), l'auteur des tests d'intelligence pour
semble relativement facile d'affirmer que cette per- enfants et pour adultes, l'intelligence est une capacité
sonne est plus intelligente que celle-ci lorsque la dif- globale qui permet d'agir en fonction d’un but précis,
férence entre elles paraît grande, la situation est tout de penser rationnellement et de s'adapter efficacement
Chapit re À | 47

à son environnement; Lewis M. Terman (1877-1956) important, car l'intelligence a maintenant sa propre
pense plutôt que l'intelligence est la capacité de unité de mesure qui permet de la quantifier, mais
penser de manière abstraite. Cyril L. Burt (1883- aussi de situer les individus les uns par rapport aux
1971) considère l'intelligence comme étant une capa- autres quant à leur intelligence.
cité générale et innée. Plus prosaïquement, en 1923, Il revient à David Wechsler d’avoir développé un
Edwin G. Boring (1886-1968) a proposé ce qui suit: test d'intelligence spécialement pour les adultes,
« L'intelligence est ce que les tests mesurent. » l'échelle d'intelligence Wechsler, mieux connu sous
l’'acronyme anglais WAIS (Wechaler Adult Intelligence
Scale). L'échelle WAIS (appelée «la WAIS >») se divise
4.1.2 Les mesures de l'intelligence en deux parties, l’une verbale comprenant six sous-
Comme nous l'avons mentionné plus tôt, ce champ tests, et l'une de performance proposant cinq sous-tests
d'études de la psychologie a mis beaucoup d’ardeur (voir le tableau 4.1, page suivante). On attribue une note
à trouver une façon de mesurer l'intelligence. À la pour chaque partie du test.
fin du xix° siècle, Galton (1822-1911), considéré Les résultats obtenus à chacun de ces deux sous-
comme le père de l'étude des différences interindi- tests sont additionnés pour donner une note globale.
viduelles touchant l'intelligence, prône l'idée que Cette note est ensuite transformée en OI en fonction
les aptitudes intellectuelles peuvent être évaluées de l’âge, c'est-à-dire en comparant le résultat de l'indi-
par diverses mesures sensorimotrices et selon le vidu aux résultats obtenus par d'autres personnes du
temps de réaction des individus. même groupe d'âge. De cette manière, on peut déter-
En 1905, Binet et son collaborateur Théodore miner Jusquà quel point un individu s'écarte du ren-
Simon publient ce qui allait être considéré comme le dement moyen. Les échelles d'intelligence de Wechsler
premier véritable test d'intelligence et qui servira de ont un QI moyen de 100 et un écart-type de 16. Cette
modèle pour les tests à venir: l'échelle métrique façon d'étalonner le QI en fonction de l'âge est la
d'intelligence, aussi appelée «le Binet-Simon ». Cette seconde contribution importante de Wechsler au
échelle comprenait 30 questions de jugement, de développement des tests d'intelligence.
compréhension, de raisonnement et de mémoire, Il existe plusieurs autres tests d'intelligence. L'un
présentées par ordre croissant de difficulté, de manière deux, fréquemment utilisé, est la Primary Mental
que l’ensemble des enfants normaux d'un âge Abilities MA) ou test des habiletés mentales pri-
chronologique donné puisse répondre aux questions maires. Ce test, mis au point en 1941 par les psycho-
considérées comme étant adaptées à cet âge. Cette logues américains Thurstone et Thurstone, mesure
échelle permettait d'estimer l’âge mental d’un enfant. cinq habiletés mentales : la compréhension verbale,
Par exemple, si un enfant de six ans d'âge la fluidité verbale, la visualisation spatiale, l’apti-
chronologique répondait aux questions auxquelles, tude numérique et le raisonnement (vor le ta-
normalement, un enfant de cinq ans aurait répondu, bleau 4.2, page 49).
son âge mental était donc de cinq ans.
C'est au psychologue allemand Wilhelm Stern
(1871-1938) que revient le mérite d’avoir développé
4.1.3 La structure de l'intelligence
le concept de quotient intellectuel, ou QI, en 1912. La structure de l'intelligence se rapporte à la forme
La formule de Stern pour le calculer est simple: on ou aux formes que les habiletés mentales prennent et
divise l’âge mental par l’âge chronologique, et on mul- à la manière dont elles sont organisées (Sternberg,
tiplie le quotient obtenu par 100 pour obtenir un 1979). Si Binet est à l'origine du premier test d'intel-
nombre entier. Tous les enfants qui ont un âge men- ligence, on reconnaît au psychologue et statisticien bri-
tal identique à leur âge chronologique ont donc un tannique Charles Spearman (1863-1945) le mérite
quotient intellectuel de 100. Les enfants plus «brillants » d'avoir énoncé la première théorie vraiment structurée
ont un quotient supérieur à 100, alors que les enfants et opérationnelle sur l'intelligence. Cette théorie est
moins «intelligents » ont un quotient inférieur à ce celle qui a le plus marqué le champ d'études de l'in-
nombre. Ce concept du QI constitue un tournant teligence, et elle constitue la référence sur laquelle les
48 | L'intelligence

TABLEAU 4.1 L'échelle d'intelligence Wechsler pour adultes (WAIS)

SOUS-TESTS
DE L'ÉCHELLE VERBALE DESCRIPTION

Information Répondre à des questions de connaissances générales.


29 questions Exemple :Quelle est la capitale de la France?

Compréhension Connaître le comportement approprié, la façon de négocier avec l'environnement.


14 questions Exemple :Quel est l'avantage de garder son argent à la banque?

Arithmétique Résoudre mentalement des problèmes de mathématique.


14 questions Exemple :Si une voiture prend 60 minutes pour parcourir 100 km, combien de temps
prendra-t-elle pour parcourir 150 km?

Similitudes Dire en quoi deux objets se ressemblent. Exemple: En quoi une scie et un marteau
13 éléments sont-ils similaires?

Mémoire des chiffres Répéter une série de chiffres dans un certain ordre ou dans l'ordre inverse. Exemples:
(trois à neuf chiffres) Répéter la séquence suivante : 3-7-2-8-6.

Vocabulaire Définir une série de mots.


40 mots Exemple :Qu'est-ce qu'un lit?

SOUS-TESTS
DE L'ÉCHELLE
DE PERFORMANCE DESCRIPTION

Substitution Remplacer le chiffre par le symbole correspondant dans une série de chiffres à laquelle
90 éléments est associée une série de symboles (exemple: 1 =7?; 2 = +).

Images à compléter Compléter un dessin auquel il manque quelque chose.


20 images

Cubes de Kohs Reproduire l'image présentée à l'aide de cubes dont chacune des surfaces est de
(ou dessins avec blocs) couleur différente.

Arrangement d'images
10 images

Assemblage d'objets Assembler les pièces d'un casse-tête.


| (casse-tête)

autres théories se sont appuyées pour la confirmer ou qu'il nomme le facteur s. Par exemple, la capacité de
la contester. résoudre un problème d’arithmétique serait détermi-
Pour Spearman, il ne fait aucun doute que toutes les née par le facteur g, mais aussi par le facteur spécialisé
épreuves d'intelligence utilisées jusqu'à ce moment en arithmétique, le facteur s,. Cette théorie est appelée
font appel à une seule habileté commune, universelle. théorie de l'intelligence à deux facteurs. Cependant,
Il nomme cette habileté le facteur général, ou facteur g. c'est l'intelligence générale qui domine, au point que
Chaque personne possède une quantité variable de ce Spearman n hésite pas à décrire sa théorie comme
facteur selon son degré d'intelligence. À ce facteur g étant «monarchique ». Ainsi, seul le facteur g règne
s'en ajoute un autre, secondaire mais plus spécifique, sur la totalité des autres habiletés intellectuelles.
Chapitre À 49

TABLEAU 4.2 Le test des habiletés mentales primaires de Thurstone et Thurstone (PMA)

Compréhension verbale Trouver le synonyme d'un mot parmi une liste de mots.

Fluidité verbale Écrire le maximum de mots commençant par . lettre S en cinq minutes.

Visualisation spatiale Trouver la eue originale parmi six figuresgéométiques orientéess différemment

Aptitude numérique Dire si Ë réponse à des problèmes arithmétiques AC est correcte ou incorrecte.

Raisonnement Trouver la solution à des problèmes de logique. Exemple: Compléter la série de lettres
suivantes : «ABYCDY ___ _».

Pour sa part, Louis L. Thurstone (1887-1955) et de l'éducation. La G, est tributaire des influences
s'oppose à l'idée d'une seule capacité générale et éducatives et de l’acculturation. Au lieu d’être utile
démontre plutôt l'existence d'une multitude de fac- quand vient le temps d'effectuer une tâche nouvelle,
teurs: habiletés verbales, numériques et spatiales, la GÇ se manifeste dans une tâche déjà apprise. Elle
fluidité verbale, raisonnement déductif et inductif, est nécessaire au bon fonctionnement d'une personne
mémoire associative, vitesse de perception et motri- dans une culture donnée. Les sous-tests d'information
cité. Un autre modèle multifactoriel de l'intelligence et de vocabulaire de la WAIS, ou les sous-tests de
nous vient de J.P. Guilford (1897-1988) qui propose compréhension verbale ou d'aptitude numérique de la
150 habiletés théoriques de l'intelligence. PMA, sont des exemples de tâches qui interpellent l'in-
Raymond B. Cattell (1905-1998) a par la suite telligence générale cristallisée.
avancé l’idée d’un autre modèle dit «hiérarchique ». Si le psychologue allemand Baltes (1987) adopte
Ce théoricien remet lui aussi en question l'existence les deux dimensions précédentes de Cattell, il préfère
d'un seul facteur d'intelligence général. Selon Cattell, plutôt distinguer la mécanique de l'intelligence,
les diverses habiletés intellectuelles s'organisent en d'une part, et l'aspect pragmatique de l'intelligence,
plusieurs dimensions, gérées par un facteur général; d'autre part. La mécanique de l'intelligence est for-
deux de ces dimensions l'intéressent particulièrement. tement liée au fonctionnement neurophysiologique de
La première dimension est l'intelligence générale l'individu et au traitement de l'information, alors que
fluide, ou Gf, qui se rapporte au raisonnement induc- son aspect pragmatique reflète les connaissances
tif et déductif. Cette forme particulière d'intelligence acquises et illustre comment une personne s'adapte
se trouve mobilisée lorsqu'une personne doit résoudre aux diverses situations dans la vie de tous les jours.
des problèmes nouveaux ou s'adapter à des situa- R. Sternberg (1985), avec sa théorie «triarchique »,
tions qu'elle n’a jamais vécues dans le passé. Une offre une perspective plus contemporaine. Selon
tâche requérant de l'attention, la formation et l'acqui- cet auteur, l'intelligence se compose de trois aptitudes
sition de concepts ou la perception et le dégagement indépendantes :analytiques, créatives et pratiques.
de relations fait appel à la Gf. Concrètement, les Les aptitudes analytiques réfèrent beaucoup au
sous-tests de substitution et de cubes de Kohs de la jugement, à la capacité d'évaluer, de critiquer. Les
WAIS, ou les sous-tests de visualisation spatiale et de aptitudes créatives — non liées au sens artistique —
raisonnement de la PMA, sont des marqueurs de Gf. sont celles qu'une personne utilise pour développer,
La seconde dimension est l'intelligence générale imaginer ou trouver des solutions à de nouveaux
cristallisée, ou G,. À l'inverse de l'intelligence problèmes, par exemple. Les aptitudes pratiques
générale fluide, l'intelligence générale cristallisée sont sollicitées pour mettre en œuvre, appliquer ou
représente les habiletés et les connaissances particu- utiliser les connaissances et les compétences dans la
lières acquises au fil de l'apprentissage, de la pratique vie de tous les jours.
50 | L'intelligence

4.2 L'INTELLIGENCE CHANGE-T-ELLE Doppelt et Wallace remarquent que le quotient intel-


lectuel des sujets de plus de 60 ans est inférieur à celui
AVEC L'AVANCEMENT EN AGE? des plus jeunes (voir lafigure 4.1).
Plusieurs autres exemples permettent de conclure
Pour certains, il ne fait guère de doute que l'intelli-
gence change avec l'avancement en âge. Selon eux, de ces études que l'intelligence générale des per-
l'avancement en âge affecte les performances intel- sonnes âgées est nettement inférieure à celle des
lectuelles comme il le fait pour les capacités physiques, jeunes adultes.
c'est-à-dire par une diminution. Pour d’autres, affirmer Comme nous l'avons vu précédemment, les tests
que les personnes âgées sont moins intelligentes que d'intelligence se composent généralement d’un en-
les plus Jeunes relève de l'âgisme. semble de sous-tests mesurant différentes habiletés
Pour répondre à cette question, des auteurs ont intellectuelles. Il y a alors lieu de se demander si le
réalisé une série de recherches depuis le début du déclin observé est généralisé ou s'il varie selon les
xX° siècle. Les résultats, à quelques exceptions près, habiletés que sollicitent ces tests.
sont d'une concordance surprenante, dont voici Lorsque la cote globale d'un test d'intelligence est
quelques exemples marquants. délaissée au profit des résultats obtenus aux dif-
En 1920, Foster et Taylor remarquent que la cote férents sous-tests, un profil singulier se manifeste.
totale às un test d'intelligence décline de manière Ainsi, certaines habiletés intellectuelles atteignent
linéaire avec l'avancée en âge. De leur côté, Miles et leur plein potentiel vers l’âge de 20 ans, puis
Miles (1932) observent que la performance intellec- régressent avec le vieillissement; mais d’autres
tuelle croît jusqu'à l’âge de 18 ans, se stabilise quelques habiletés sont épargnées.
années et amorce ensuite une lente diminution qui va Par exemple, Jones et Conrad (1933) soulignent
s'accélérer avec l'avancement en âge. En 1965, des différences importantes en fonction des divers

IGURE 4.1 La distribution des résultats gbtenus à


au test d'intelligence Wéthsler,
pour différentes cohoïtes

(O@) |

Résultats

70

Cohorte

Source : Adaptée de Doppelt et Wallace (1955).


Chapitre 4 | 51

sous-tests. Les sous-tests « d'analogies », «de sens mais que leurs habiletés intellectuelles ne sont pas
commun » et «d'exécution numérique » révèlent la toutes affectées.
décroissance la plus précoce, tandis que les sous- En ce qui concerne cette deuxième conclusion, les
tests mesurant le vocabulaire et les connaissances résultats des diverses études présentent une cons-
générales offrent des résultats stables tout au long de tante. Les effets du vieillissement semblent épargner
la vie. Une preuve additionnelle de cette différen- la capacité à réussir les épreuves verbales des tests
ciation selon les habiletés nous vient de Doppelt et d'intelligence, contrairement à ce qui se produit pour
Wallace (1955). Ils remarquent que les scores obtenus les épreuves de performance. Botwinick (1967) qua-
aux sous-tests de la WAÏIS - comme les questions de lifie cette différence entre le «verbal » et la «perfor-
connaissances générales et de vocabulaire — atteignent mance » de profil classique du vieillissement. Ce
un sommet pour les individus dans la trentaine et profil a été si souvent reproduit que Botwinick n'hésite
que ce rendement se maintient généralement au-delà pas à affirmer qu'il s'agit sans doute du résultat le plus
de 40 ans. Le tableau est toutefois différent pour les indiscutable issu de toutes les études portant sur le
autres sous-tests — comme ceux portant sur la substi- vieillissement.
tution et la mise en ordre d'images -, alors que le résul- Cependant, il faut noter que les résultats cités
tat optimal est atteint plus tôt, soit vers la vingtaine, précédemment sont tirés d’études transversales. Une
mais où le déclin se révèle plus rapide et plus étude transversale compare plusieurs échantillons de
prononcé. La figure 4.2 illustre ce profil différentiel. participants d’âges différents évalués au même
En bref, ces études démontrent que les personnes moment. Le tableau 4.3 (page suivante) offre un exemple
plus âgées ont un OI inférieur à celui des plus jeunes, d'étude transversale, représenté par l'une ou l’autre

Ficure 4.2 La distribution des résultatsobtenus à certains sous-tests verbaux etdép fformance
du, test d'intelligence Wecbste pour diffétentes cohortes:

Vocabulaire

Résultats
s
s

Substitution *

Cohorte
|:
Source: Adaptée de Doppelt et Wallace (1955).
52 L'intelligence

colonne (par exemple: D, H, L, P). Ainsi, un obtenues entre les Jeunes adultes et les adultes âgés
chercheur qui désirerait savoir si les capacités intellec- dans les études transversales précédentes peuvent
tuelles changent avec l'âge pourrait recruter 50 sujets refléter une disparité intergénérationnelle, puisque
nés en 1920, 50 nés en 1930, 50 nés en 1940, 60 nés des participants d'âges différents sont forcément nés
en 1950, et ainsi de suite, leur faire passer un test stan- à des moments différents, plutôt que la démonstra-
dardisé d'intelligence, comparer les résultats obtenus tion claire d'une décroissance de l'intelligence avec
par ces différents groupes et évaluer comment les l'avancée en âge. Des personnes nées à différents
sujets âgés de 80 ans se comportent comparativement moments ayant été exposées à une culture, à une
à ceux de 30 ans. Ce chercheur observerait proba- histoire et à un environnement différents, 1l est impos-
blement le même profil aujourd'hui que celui révélé sible de savoir si ces facteurs, qui ne sont pas liés au
par les études menées au siècle dernier. processus du vieillissement, ont de quelque manière
Les études qui optent pour un plan transversal joué sur les résultats.
possèdent plusieurs avantages, dont leur facilité de L'étude longitudinale offre une solution de rem-
réalisation, et le fait que le nombre de participants qui placement à l'étude transversale. Les études longitu-
abandonnent — la mortalité expérimentale — est négli- dinales sont des recherches effectuées sur plusieurs
geable, car la période de recherche dure peu de temps. années avec les mêmes participants. Le tableau 4.3
À ces avantages, il faut toutefois ajouter une série illustre ce type d'étude par l’une ou l’autre rangée
de désavantages importants qui peuvent invalider (exemple: M, N, O, P). Par exemple, un chercheur
les interprétations. Une étude transversale a l'inconvé- pourrait recruter des personnes nées en 1950 et leur
nient de confondre les effets associés à l'âge avec faire passer un test standardisé d'intelligence une
ceux liés aux influences historico-culturelles des dif- première fois en 1970; les sujets ont alors 20 ans. Dix
férentes cohortes. Ainsi, lorsqu'on compare plusieurs ans plus tard, en 1980, le chercheur les évalue une
cohortes, ce sont les différences entre les groupes deuxième fois, alors qu'ils sont âgés de 30 ans, puis
d'âge plutôt que les changements liés à l’âge que l'on une troisième fois en 1990 et une dernière fois en 2000.
estime. La nuance est importante. Les différences notées chez les mêmes individus, mais
Une méthode d'étude transversale suppose que à des âges chronologiques différents, sont appelées
les participants présentent des caractéristiques simi- changements liés à l’âge ou changements onto-
laires et qu'ils se différencient uniquement par l'âge. génétiques. Les études longitudinales ont le désa-
Nous sommes loin de la réalité. Les différences vantage de prendre beaucoup de temps à réaliser,

* TABLEAU 4.3 Les plans transversaux, longitüdinaux et séquentiels utilisés dans les études

ANNÉE DE L'ÉTUDE

ANNÉE DE
NAISSANCE 1970 1990

50 ans A | 60ansB 70 ans € 80 ans D

40 ans E 50 ans F 70 ans H

30 ans 40 ans]J 60 ans L

4 20ans M x 30 ans N 50 ans P

20 ans Q

20 ans V
Chapitre 4 |] 53

elles se révèlent donc très coûteuses et, une fois âgés de 44 à 88 ans pendant 6 ans. Les sujets ont été
qu'elles sont commencées, il est difficile de tenir évalués au moyen de plusieurs tests mesurant l'intel-
compte des connaissances récentes. Pour ces raisons, ligence cristallisée et fluide, la mémoire et la vitesse
les études qui utilisent une méthode longitudinale de perception. Premier constat: le déclin de certaines
sont moins nombreuses que celles qui privilégient habiletés intellectuelles s'accélère lors du passage de
un plan transversal. l'âge adulte à un âge plus avancé, mais pas toutes.
La première véritable étude longitudinale sur le Second constat: le déclin s'accélère vers l'âge de
développement intellectuel des adultes, dont on trouve 65 ans pour l'intelligence fluide, la mémoire et la
un compte rendu exhaustif dans Cunningham et vitesse perceptive alors que l'intelligence cristallisée
Owens (1983), a été réalisée par Owens (1953, 1966). demeure stable jusqu'à 70 ans, puis elle décline.
En 1919, 363 étudiants passent un test d'intelligence Troisième constat: les habiletés intellectuelles des
comme examen d'entrée dans un collège. Trente ans hommes et des femmes diminuent au même rythme.
plus tard, on évalue de nouveau 127 de ces étudiants Une autre étude longitudinale importante, l'étude
avec le même test. Owens prédit que la performance berlinoise BASE (Berlin Aging Study :www.base-
intellectuelle des participants lors de cette seconde berlin.mpg.de) (Baltes et coll., 1999), s'étale certes sur
évaluation sera inférieure à celle de la première éva- une moins longue période que celle de Duke, soit six
luation. Or, c'est l'inverse qui se produit. ans, mais elle se distingue des autres recherches par
Une autre étude longitudinale classique, celle de le fait qu'elle étudie des sujets nettement plus âgés, de
Bayley et Oden (1955), contredit aussi les résultats 85 ans en moyenne. Les volontaires ont été sélec-
des études transversales. Les chercheurs trouvent tionnés à partir du registre civil de la ville de Berlin.
que l'intelligence des adultes augmente entre deux Au début de l'étude, l'échantillon est de 516 partici-
évaluations espacées de 12 ans. Toutefois, comme les pants répartis dans six groupes (70-74 ans; 75-79 ans;
participants sont âgés en moyenne de 60 ans lors du 80-84 ans; 85-89 ans; 90-94 ans; 95 ans et plus).
second test, il est impossible de savoir ce qui arrive Pour s'assurer d'avoir suffisamment de participants
à l'intelligence à un âge plus avancé. dans chacun des groupes, et autant d'hommes que de
Contrairement aux recherches précédentes, les femmes, les responsables de l'étude procèdent à un
études longitudinales de l'Université Duke (Duke échantillonnage stratifié en fonction de l’âge et du
Longitudinal Studies) offrent l'occasion de confronter sexe. Ainsi, chacun des groupes contient un nombre
le rendement intellectuel chez des adultes âgés sur une équivalent (n = 43) d'hommes et de femmes. Certains
longue période de temps. La première étude longitu- des participants effectuent une très grande variété
dinale a été planifiée en 1954 par E.W. Busse de d'épreuves couvrant plusieurs dimensions :sociale,
l’Université Duke; elle commence en 1966 avec psychologique, médicale et psychiatrique. Cette étude
270 volontaires âgés de 60 à 94 ans, et se termine permet donc de pousser la recherche plus loin
20 ans plus tard, en 1976, avec 44 sujets. Ces volon- que le faisaient les études précédentes en observant
taires sont évalués à l'aide d'un ensemble de tests ce qui se passe chez les «vieux », mais aussi chez les
physiques et psychologiques, dont la WAIS. «très vieux ».
En 1979, Siegler et Botwinick publient les résul- Parmi les résultats obtenus, nous pouvons retenir
tats obtenus entre la 1° et la 11° et dernière évalua- ceux-ci: les analyses transversales indiquent que
tion de cette étude. Dix-sept ans se sont écoulés entre les habiletés intellectuelles mesurées (raisonnement,
les deux évaluations. Les résultats indiquent que les vitesse perceptive, mémoire, connaissance et fluidité
adultes maintiennent leurs habiletés intellectuelles verbale) diminuent avec l’âge, mais à des degrés
en vieillissant et que, s'il y a déclin, celui-ci est mar- différents (Lindenberger et Baltes, 1997). Les
ginal et n'apparaît pas avant l’âge de 70 ans. habiletés plus «mécaniques » (les trois premières)
Désirant savoir si le déclin des habiletés intel- sont plus touchées que les habiletés « pragmatiques »
lectuelles s’accélérait au cours du passage de l'âge (les deux dernières). Les analyses longitudinales réa-
adulte moyen à l’âge adulte avancé, Finkel et ses col- lisées au bout de 6 ans, auprès de 132 sujets, révèlent
laborateurs (2003) ont suivi près de 600 participants un déclin avec l'avancement en âge pour la mémoire,
54 | L'intelligence

la vitesse perceptive et la fluidité verbale, alors que la qui ont abandonné. Dans l'étude berlinoise, les par-
connaissance demeure stable jusqu'à un âge très ticipants qui ont continué affichaient un déclin des
avancé, soit 90 ans (Singer et coll., 2003). Enfin, les capacités intellectuelles moins prononcé que ceux
résultats montrent clairement que les participants décédés en cours de route (évalués avant leur décès,
sont très hétérogènes, mais que cette hétérogénéité ne bien sûr !) (Singer et coll., 2003). Cet « abandon
dépend pas uniquement de l'âge. Par exemple, des in- sélectif »risque de mener à une sous-estimation des
dividus de plus de 90 ans affichent des performances effets de l’âge sur l'intelligence, surtout si ce sont les
intellectuelles supérieures à celles de certains individus personnes en bonne santé ou douées qui persévèrent
âgés d'environ 70 ans (Lindenberger et Baltes, 1997). (Rabbitt, Lunn et Wong, 2005).
Autre résultat intéressant de cette étude: les dif- Un autre élément à considérer dans une étude lon-
férentes aptitudes intellectuelles deviennent plus gitudinale est l'effet de la répétition: d'une fois à
homogènes quand une personne atteint un âge avancé. l’autre, les sujets passent le même test d'intelligence
Ce phénomène est connu sous le nom de dédifféren- et, du coup, ils peuvent se souvenir des questions et
ciation. Nous avons vu, dans la section portant sur mieux le réussir (Lemaire, 1999). Cela pourrait aussi
la structure de l'intelligence, que certaines théories donner la fausse impression que les performances
reconnaissent l'existence de cinq aptitudes distinctes. intellectuelles se maintiennent avec l'âge (Rabbitt et
Pour démontrer que les aptitudes sont effectivement coll., 2004).
indépendantes — c'est la différenciation —, il suffit de À ces biais, il faut ajouter que les études longitu-
les mettre en corrélation. Si elles le sont, les corréla- dinales sont aussi limitées sur un autre point: elles
tions obtenues devraient être assez faibles. C'est sou- reflètent les effets du vieillissement pour une seule
vent ce que l’on observe, mais chez les personnes cohorte d'individus. Ainsi, les résultats obtenus dans
âgées (et surtout très âgées), les corrélations entre les l'étude longitudinale de l'Université Duke dévoilent
différentes aptitudes augmentent. Ce qui fait dire à avant toute chose ce qui se passe pour une génération
certains auteurs de l'étude (Baltes et Lindenberger, née entre 1862 et 1896, mais cette étude ne nous
1997; Lindenberger et Baltes, 1997) qu'en vieillissant, indique pas si les générations suivantes ont le même
les aptitudes intellectuelles convergent vers un seul profil. En d’autres mots, il se pourrait fort bien que
facteur général d'intelligence, le facteur g. les résultats obtenus ne soient applicables qu'aux
Mais les études longitudinales ont aussi leurs biais. seuls sujets de cette cohorte. De façon évidente, il
Une critique vient du fait que le nombre de sujets existe un effet séculaire important. Les plus jeunes
tend à diminuer constamment d'une évaluation à générations ont un QI supérieur à celui des partici-
une autre. En effet, il est possible que le chercheur pants des cohortes plus âgées en général. Ce
ne puisse plus retrouver certains participants, que phénomène se nomme l'effet Flynn (Flynn, 1987).
quelques-uns soient trop malades pour poursuivre C'est pour remédier à ces lacunes que K. Warner
l'étude et que d’autres soient décédés. À l'inverse, Schaie a développé une méthode d'étude novatrice :
les personnes qui continuent à participer aux études le plan séquentiel. Ce plan et ses variantes ont pour
longitudinales sont celles qui demeurent en bonne objectif de contrôler l'influence de trois variables,
santé, vivent de manière indépendante et autonome c'est-à-dire l'effet de cohorte, l'effet de l'avancement
et dont les habiletés intellectuelles sont préservées. en âge et l'effet de la période de l'étude. Brièvement,
En outre, on sait maintenant que l'attrition n'est il s'agit d'une étude transversale (voir le tableau 45,
pas le fruit du hasard, mais qu'elle se produit de page 52, colonne À, E, D), mais répétée longitudina-
manière très sélective. Grosso modo, les participants qui lement (voir le tableau 4.5- B, E G; CC, J, K). Afin de
abandonnent ont une intelligence inférieure à celle compenser la perte des sujets d'un temps de mesure
des sujets qui persévèrent. à l’autre, on ajoute un nouvel échantillon.
Par exemple, des résultats émanant de l'étude lon- C'est ce plan que Schaie (2005) a utilisé dans son
gitudinale de l'Université Duke (Eisdorfer et Wilkie, étude connue sous le nom de Seattle Longitudinal Study.
1973) montrent que les sujets qui maintiennent leur Cette étude est sans l'ombre d'un doute la plus
participation ont un QI plus élevé par rapport à ceux ambitieuse Jamais réalisée. Elle se distingue des autres
Chapitre 4 55

études sur plusieurs points. D'abord, par le nombre de recrutement et d'évaluation. Certains participants
participants, soit près de 5000. Ensuite, en raison initiaux ont donc été suivis sur une période de 42 ans.
de la méthodologie employée, plusieurs différentes En incorporant un nouvel échantillon à chaque
cohortes sont évaluées longitudinalement (une cohorte période d'évaluation, les chercheurs pensent régler un
a même été suivie pendant 42 ans), différentes problème inhérent aux études longitudinales, soit
cohortes sont comparées transversalement, et cer- l'effet de la répétition. En outre, le fait d'inclure de
taines cohortes de participants sont aussi comparées nouvelles cohortes du même âge que celui des cohortes
avec d’autres cohortes du même groupe d'âge, mais précédentes, mais nées plus tôt, permet de départager,
nées à des moments différents. Enfin, cette étude a espèrent-ils, les effets ontogénétiques de ceux liés
utilisé la PMA de Thurstone et Thurstone. au moment choisi pour l'évaluation et les effets
En 1956, les chercheurs recrutent un premier associés aux différences de générations. Les résul-
échantillon représentatif de 500 adultes (250 hommes tats obtenus étant trop nombreux pour être présen-
et 250 femmes) âgés de 20 à 70 ans. Cet échantillon tés ici (vor Schate, 2005), nous ne décrirons que les
est découpé en sept cohortes dont les âges moyens sont plus signifiants.
respectivement de 26, 32, 39, 46, 53, 60 et 67 ans. Lors Premièrement, les analyses transversales pour les
de la seconde évaluation en 1963, Schaie et ses col- différentes habiletés tendent à reproduire les résultats
laborateurs évaluent les participants choisis en 1956, obtenus dans les études transversales précédentes,
mais recrutent de nouveaux sujets du même âge, c'est-à-dire une diminution constante avec l'avan-
donc nés plus tard, que ceux du premier échantillon cement en âge, à l'exception de la compréhension
(qui ont alors vieilli de sept ans). Ils reprennent la verbale et de l'aptitude numérique, dont le déclin est
même procédure en 1970 — en évaluant donc pour plus tardif (vosr la figure 4.5).
la troisième fois l'échantillon de 1966 et pour la La deuxième constatation digne de mention est la
deuxième fois l'échantillon de 1963 -, en 1977, 1984, variation qui existe entre les différentes cohortes
1991 et 1998, soit un total de sept périodes de évaluées par Schaie. En guise d'exemple, si la cohorte

Ficure 4.3 L'analyse transversale des aptitudes intellectuelles, et de l'intéltigence’ générale


65
Aptitude numérique
— — —- Compréhension verbale
- - - : Fluidité verbale
Générale
—-—:- Orientation spatiale
— - - Raisonnement

Résultats

Source : Adaptée de Schaie (2005).


56 É L'intelligence

la plus vieille, celle de 1956, est comparée à la cohorte la importantes entre des individus du même âge, mais
plus récente, celle de 1998, on s'aperçoit que celle de nés à des époques différentes.
1998 obtient de meilleurs résultats pour la com- Troisièmement, si les jeunes cohortes affichent
préhension verbale, l'aptitude spatiale et le raison- généralement un meilleur rendement intellectuel,
nement (voir La figure 4.4). À l'inverse, les participants on observe malgré tout un déclin avec l'avancée en
de 1956 ont un meilleur résultat que les partici- âge, mais il se produit plus tardivement. Ainsi, la
pants plus «récents > en ce qui concerne l'aptitude compréhension verbale des individus âgés en
numérique. C'est la preuve qu'il existe des variations moyenne de 81 ans équivaut au rendement des

COMPRÉHENSION VERBALE

Résultats Résultats

ORIENTATION SPATIALE

Résultats Résultats

RAISONNEMENT

Résultats

Source : Adaptée de Schaie (2005).


Chapitre 4 57

individus âgés de 60 ans, 42 ans auparavant, ce qui


révèle une augmentation du degré de performance.
Fiure 4.5. Lese chapérnge ments obsesurrvésTM:
iode de 21 ans
un
Par ailleurs, la figure 4.5 illustre les changements
significatifs liés à l’âge qui se sont produits sur une
période de 21 ans (Schaie, 2005, p. 118). Entre l’âge
de 25 ans et 46 ans, toutes les habiletés intellectuelles
et l'intelligence générale demeurent stables, à l'excep-
67-88
tion de la compréhension verbale, qui augmente signi-
ficativement. De 32 à 53 ans, aucune augmentation
ou diminution significative n'est observée. Toutefois,
on note une diminution modeste, mais significative,
à compter de 60 ans pour l'aptitude numérique et l'in- 60-81
telligence générale. Passé l’âge de 67 ans, toutes les
habiletés intellectuelles, incluant l'intelligence géné-
rale, ont subi une diminution significative.
Schaie conclut que la décroissance observée dans
les études transversales, et que plusieurs attribuent à 53-74

l’âge, reflète avant tout une différence entre les géné-


rations. Toutes les cohortes plus Jeunes ont un ren-
dement intellectuel plus élevé que celui des cohortes
plus âgées. L'ensemble des données obtenues dans
46-67
cette étude montre que les habiletés intellectuelles
Cohortes
finissent par diminuer avec l'avancement en âge. Les
résultats des études longitudinales montrent cepen-
dant une diminution plus tardive par rapport à ceux
des études transversales. Fait important à souligner, 39-60
l’âge de survenue de cette diminution et sa magnitude
varient en fonction des habiletés intellectuelles testées.
Finalement, un résultat est resté dans l'ombre: il
existe de grandes différences interindividuelles. Par
| Générale 32-53
conséquent, les résultats présentés n'illustrent qu'un
schéma moyen des changements que subit l'intelli- [] Fluidité verbale

gence avec l'avancée en âge. 1 Aptitude numérique -


Raisonnement

H Orientation spatiale 25-46


4.3 LES FACTEURS RESPONSABLES [] Compréhension verbale

DES CHANGEMENTS D
—10 SE)

DE L'INTELLIGENCE Indice de changement

On peut qualifier les études précédentes de descrip-


Source : Adaptée de Schaie (2005).
tives. En effet, certaines décrivent la façon dont les
personnes âgées se distinguent des adultes plus Jeunes;
ou comment des personnes de même âge, mais nées
à des époques différentes, se différencient les unes des
autres; où encore comment se développe l'intelli-
gence pour un même individu tout au long de sa vie.
Malgré certaines limites, malgré certains biais, ces
58 | L'intelligence

études permettent de dégager des résultats probants, elle mérite d'être nuancée, à la lumière des études
parmi lesquels le déclin progressif des habiletés intel- plus récentes qui incluent dans leur échantillon des
lectuelles avec l'avancée en âge. Ces résultats personnes souvent âgées de plus de 70 ans. Si
indiquent aussi que le point de départ de ce déclin n'est plusieurs études ont déjà montré un profil distinct
pas le même pour toutes les habiletés — certaines entre les habiletés de l'intelligence cristallisée et les
déclinent tôt et d'autres, plus tardivement — et qu'il habiletés de l'intelligence fluide, il faut rappeler que
existe une grande variabilité entre les individus, même les participants âgés étaient somme toute assez
si ceux-ci appartiennent au même groupe d'âge. Jeunes. Lorsqu'on effectue des études avec des parti-
Au-delà de cet aspect purement descriptif du cipants nettement plus âgés, comme l'étude berlinoise,
phénomène, il faut maintenant trouver les facteurs on remarque que même les habiletés cristallisées ne
responsables de ces changements. Pour plusieurs, sont pas à l'abri du vieillissement et finissent par
il s'agit évidemment de l’âge chronologique. Mais il diminuer à un âge avancé (Kaufman, 2001).
pourraity avoir d'autres explications; d'abord, le fait Voici une raison avancée pour expliquer pourquoi
que deux personnes, pourtant du même âge, n'ont pas l'intelligence cristallisée/pragmatique finit par décliner:
la même performance. Un examen des nombreux contrairement à ce que certains pensaient, cette
écrits qui ont abordé cette question laisse d'abord voir dimension de l'intelligence n'est pas entièrement
qu'une pluralité de facteurs a été avancée. De plus, indépendante de l'intelligence fluide/mécanique
ces facteurs explicatifs couvrent plusieurs aspects: (Lindenberger et Baltes, 1997). L'acquisition et l’ex-
cognitif, générationnel, psychosocial, sans oublier pression des connaissances reposeraient en partie
l'état de santé. Enfin, force est de constater que la sur les mêmes processus relevant de l'intelligence
majorité des facteurs suggérés explique les différences fluide ou, selon la perspective de Baltes, d’une archi-
observées entre les groupes d'âge, mais qu'on les tecture physiologique en bon état. Lorsque l’altéra-
propose aussi, sans trop de discernement, pour expli- tion de celle-ci dépasse un certain seuil, les habiletés
quer les changements ontogénétiques. cristallisées sont elles aussi négativement touchées
Les études révèlent souvent un résultat selon (Baltes et Singer, 2001). Mais il faut se rappeler que
lequel certaines habiletés intellectuelles se trouvent le déclin des habiletés cristallisées survient tardivement
négativement affectées par l’âge, alors que d’autres dans la vie d’une personne.
ne le sont pas. Plus précisément, les habiletés verbales Une preuve de l’interdépendance entre ces deux
et les habiletés de performance ne se comportent aspects de l'intelligence est le phénomène de la
pas de la même façon en fonction de l’âge. Un dédifférenciation observée chez les personnes
élément de réponse nous vient de la distinction âgées. Alors que chez les sujets plus jeunes la cor-
structurelle de l'intelligence présentée par Cattell rélation entre les différentes habiletés de l’intelli-
et Baltes. Rappelons que Cattell distinguait deux gence cristallisée et les habiletés de l'intelligence fluide
types d'intelligences, l'une fluide et l’autre cristallisée. reste faible — d'où la différenciation -, chez les gens
Pour sa part, Paul Baltes différenciait les aspects âgés, la corrélation est nettement plus forte. Avec
mécanique et pragmatique de l'intelligence. Si l'in- l'avancement en âge, les deux aspects de l'intelli-
telligence fluide/mécanique décline en fonction de gence s'homogénéiseraient de plus en plus. Ce
l'âge, c'est qu'elle dépend de l'intégrité du substrat résultat n'est pas seulement important au point de
biophysiologique ou neuronal. En contrepartie, l'intel- vue des connaissances relatives au développement
ligence cristallisée/pragmatique tend à augmenter de l'intelligence, mais il pourrait avoir des réper-
avec l'avancement en âge, car elle est le reflet des cussions pratiques non négligeables. En effet, s’il
connaissances et des expériences accumulées au y a dédifférenciation, cela signifie qu’à un âge donné,
cours de la vie. les facteurs qui influencent l'intelligence cristallisée/
Bien que cette distinction structurelle offre une pragmatique pourraient être identiques à ceux qui
explication attrayante, elle demeure insuffisante ou influencent l'intelligence fluide/mécanique.
Chapitre 4 59

4.3.1 Les hypothèses d'un facteur général l'épreuve de substitution indique sans équivoque
un ralentissement cognitif en fonction de l'âge.
L'hypothèse la plus en vue actuellement est qu'un seul Avec les données de l'étude BASE, Lindenberger,
facteur général explique une part importante de la Mayr et Kliegl (1993) confirment l'importance cen-
diminution des performances cognitives avec l’âge ou, trale de la vitesse de traitement de l'information. Près
pour être plus juste, des différences liées à l’âge. Pour de 43% de la variance de l'intelligence générale — com-
Salthouse (1996), ce facteur est la vitesse de traitement posée par des épreuves de connaissances, de mémoire,
de l'information. Avec l’âge, la vitesse nécessaire pour de fluidité verbale et de raisonnement — s'explique par
traiter l'information, quelle qu'elle soit, diminue; il le seul facteur vitesse, mesuré entre autres par une
s'agit du ralentissement cognitif. Pour cet auteur, épreuve de substitution. L'âge seul n’a aucun effet sur
deux mécanismes distincts, mais en interaction, les performances cognitives. On pourrait s'objecter en
seraient responsables de la relation entre la vitesse de affirmant que ce résultat n'est pas surprenant puisque
traitement de l'information et les performances intel- plusieurs tests exigent d’être exécutés rapidement, à
lectuelles. Le premier mécanisme est celui du temps l'intérieur d’une durée prédéterminée. Mais ce n'était
limité. Les opérations cognitives étant exécutées trop pas le cas dans la présente étude.
lentement, elles ne peuvent pas se réaliser en totalité Dans une méta-analyse de 91 études, Verhaeghen
dans le temps disponible. Le second mécanisme est et Salthouse (1997) montrent que la vitesse de trai-
celui de la simultanéité. La quantité d'information tement de l'information explique près de 80% de la
pouvant être traitée en même temps chez les per- variance des différences dans les habiletés cognitives.
sonnes âgées se trouve réduite. Moins d'informa- Bref, la vitesse de traitement de l'information serait
tion pouvant être traitée et plus de temps nécessaire un facteur médiateur entre l’âge et le rendement intel-
pour le faire ont pour conséquence une vitesse de lectuel. L'âge affecte la vitesse, et la vitesse de trai-
traitement diminuée. tement de l'information affecte à son tour la
Du coup, pour une personne âgée, le temps de performance intellectuelle. Ce ralentissement cogni-
tif se ferait davantage sentir dans les tâches qui sol-
traitement nécessaire à l'exécution d'une opération
licitent beaucoup la mémoire de travail et dans les
augmente (Lemaire, 1999). Selon Salthouse, figure de
tâches complexes ou nouvelles, comme c'est souvent
proue de la théorie du ralentissement cognitif, l'effet
le cas dans les épreuves de performance de la WAIS,
direct de l’âge chronologique sur les habiletés intel-
par exemple.
lectuelles devient négligeable après que l’on a isolé la
Toutefois, la majorité des études qui établissent
vitesse de traitement.
une relation entre le ralentissement cognitif et les
Le sous-test de substitution de la WAIS constitue habiletés cognitives sont de nature transversale. La
une épreuve souvent considérée comme un marqueur
force explicative de cette théorie s’estompe dans les
de la vitesse de traitement de l'information. Rappelons études longitudinales. Par exemple, Zimprich et
que, dans cette épreuve, on présente au sujet une Martin (2002) ont analysé les changements sur-
feuille sur laquelle se trouvent deux lignes : sur la venus à l'intelligence fluide et à la vitesse de trai-
première ligne, les chiffres de 1 à 9, et sur la seconde, tement de l'information après quatre ans auprès de
un symbole. La tâche consiste à remplacer le plus plus de 400 adultes nés vers les années 1930. La
grand nombre de chiffres par son symbole corres- diminution de la vitesse de traitement de l’informa-
pondant en 90 secondes. Hoyer et ses collabo- tion explique moins de 30% de la variance, ce qui
rateurs (2004) ont analysé de nouveau les résultats est nettement inférieur à ce qu'avaient trouvé
de 140 études auxquelles ont participé près de Verhaeghen et Salthouse.
4000 jeunes adultes et autant d'adultes âgés de plus Dans la même veine, les chercheurs de l'étude
de 60 ans et portant sur cette épreuve. La corrélation berlinoise suggèrent que le rendement cognitif est
négative entre l’âge chronologique et le résultat à sous l'influence d'un facteur général. Toutefois, ce
60 | L'intelligence

facteur général ne serait pas le ralentissement cogni- de fonctionnement sensoriel et les habiletés intellec-
tif, mais un élément plus fondamental, soit l'intégrité tuelles pourrait être une autre manifestation de l'ef-
physiologique. Pour ces auteurs, on peut l'estimer par fet d’un facteur commun mais, cette fois-ci, ce facteur
des mesures de fonctionnement sensoriel, comme serait la dégradation du système nerveux central.
l’acuité visuelle et auditive, qui seraient des vecteurs Avant de clore cette section, mentionnons une
biologiques du cerveau et, du coup, de son bon fonc- autre explication, qui a la particularité d'être liée à
tionnement. Au cours des dernières années, plusieurs des mécanismes cognitifs plus spécifiques. Ces dif-
recherches ont effectivement trouvé qu'une très large férents mécanismes touchent l'atteinte des fonctions
part des différences liées à l'âge s'explique par le exécutives, comme l'attention sélective, l'attention
fonctionnement sensoriel. partagée et la mémoire de travail. Avec l'avancement
Par exemple, Lindenberger et Baltes (1994) rap- en âge, plusieurs études ont en effet noté une dimi-
portent que le fonctionnement sensoriel explique plus nution de la mémoire de travail, des ressources atten-
de 90% de la variance aux diverses épreuves d'intel- tionnelles, dans la capacité à inhiber des informations
ligence chez leurs sujets âgés de plus de 70 ans, l’âge non pertinentes, ainsi que dans la flexibilité cogni-
chronologique expliquant finalement très peu les dif- tive. Ces fonctions jouent un rôle important dans n'im-
férences liées à l'âge. Salthouse et ses collaborateurs porte quelles tâches cognitives, à différents degrés
(1996) arrivent somme toute aux mêmes résultats, (Park et coll., 2001).
alors qu'une mesure d'acuité visuelle ef les épreuves
de vitesse expliquent une large part de la variance du
fonctionnement cognitif. Fait intéressant, Baltes et ses 4.3.2 Les autres explications
collaborateurs trouvent que chez les personnes très
Nous effectuerons ici un survol d’autres explications
âgées même les aspects pragmatiques de l'intelli-
avancées afin de comprendre les sources de la diminu-
gence, ou l'intelligence cristallisée, dépendent lar-
tion du rendement intellectuel avec l'âge.
gement du fonctionnement sensoriel, alors que nous
Il existe une forte croyance selon laquelle se garder
aurions pu nous attendre à une plus grande influence
actif peut prévenir le déclin cognitif (Finkel et coll.,
de variables comme le revenu, le statut social ou
même le niveau de scolarité (Lindenberger et Baltes,
2003). Par exemple, on constate assez souvent que les
1997). À la lumière de leurs résultats comparant la personnes âgées engagées socialement, en faisant du
vitesse de traitement de l'information et les fonc- bénévolat, ont conservé plus que les autres leur viva-
tions sensorielles, Anstey, Lusczk et Sanchez (2001) cité cognitive. Mais cette observation est purement de
concluent à la supériorité de ces dernières comme nature corrélationnelle. Il faut se demander si ce sont
médiateur entre l’âge et les habiletés intellectuelles, les aînés intellectuellement intacts qui s'engagent
résultats que corroborent le groupe de chercheurs dans plus d'activités ou si le fait d’être actifs préserve
dirigé par Valentiyn (2005). leur rendement cognitif. L'influence peut donc être
Les chercheurs avancent certaines raisons pour réciproque. D'ailleurs, les résultats d'études à ce sujet
expliquer le lien entre le fonctionnement sensoriel et restent contradictoires. Par exemple, Aarsten et ses
le rendement cognitif. D'abord, les personnes âgées collaborateurs (2002) n'ont découvert aucun lien
ayant des problèmes sensoriels seraient désavan- entre le fait d'être engagé dans des activités et la per-
tagées au moment de la passation d'épreuves d'intel- formance cognitive, alors que la participation sociale
ligence. Pour réussir, il faut que les stimuli visuels est associée avec la vitesse perceptive, mais non l'in-
émanant des épreuves soient bien enregistrés, comme verse (Lüvden, Ghisletta et Lindenberger, 2005). Un
il est important que la personne puisse entendre net- résultat intéressant dans l'étude menée par Aarsten
tement les consignes données par l'examinateur. Une indique que les participants ayant un bon fonction-
seconde explication serait que les examens visuels et nement cognitif préfèrent des activités exigeantes
auditifs sollicitent les mêmes processus cognitifs, sur le plan intellectuel. Ce résultat offre une direction
comme l'attention, que les épreuves d'habiletés intel- causale dans la relation entre performance intel-
lectuelles. Finalement, la relation entre des mesures lectuelle et activités.
Chapitre 4 | 61

Le lien entre le degré d'activité physique et une de cette décroissance peut être décelé plusieurs années
bonne performance cognitive semble plus probant avant sa mort.
(Renaud et Bherer, 2006), mais aussi plus ciblé Plusieurs études ont ensuite tenté de confirmer
(Colcombe et Kramer, 2003). Ainsi, les personnes cette hypothèse (pour une recension, voir Anatey, Mack
âgées qui font des exercices physiques comme la et von Sanden, 2006). Par exemple, dans une étude
marche, le jogging, la natation ou le vélo affichent de longitudinale, Berg (1987) observe que les parti-
meilleures performances dans des tâches de vitesse, cipants qui meurent entre deux évaluations montrent
de temps de réaction ou d’inhibition. Cependant, l’ef- cette chute terminale, tandis que ceux qui sont encore
fet bénéfique des activités physiques sur les autres vivants maintiennent les mêmes cotes dans la version
habiletés intellectuelles comme la mémoire demeure suédoise de la PMA à 70, 75 et 79 ans. Wilson et ses
inconnu. collaborateurs (2003) ont suivi plus de 760 personnes.
L'état de santé est un facteur souvent avancé pour De ce nombre, 120 mourront en cours d'étude. Ceux
expliquer la décroissance de l'intelligence chez les qui sont décédés avaient globalement un fonction-
personnes âgées, et surtout chez les personnes très nement cognitif inférieur à celui des survivants au
âgées. Plusieurs recherches tendent à démontrer début de l'étude. En outre, ces chercheurs ont montré
qu'il existe un fort lien entre la mauvaise santé et le un déclin cognitif marqué dans les mois précédant
fonctionnement intellectuel chez les adultes âgés. leur décès.
De façon plus particulière, les maladies cardiovas- De façon plus particulière, pour certains auteurs
culaires, incluant l'hypertension artérielle, ont (Lôvden, Ghisletta et Lindenberger, 2004; Schaie,
fréquemment été montrées du doigt comme vecteur Willis et Caskie, 2004), le déclin de l'intelligence
affectant le fonctionnement intellectuel. Une des fluide fait partie du vieillissement normal, alors que
premières recherches ayant démontré un lien négatif le déclin de l'inteligence cristallisée est annoncia-
entre la pression artérielle et la performance à cer- teur du décès. Cette mortalité pourrait se produire
tains sous-tests de la WAIS est celle de Wilkie et 7 à 14 ans après l’amorce du déclin (Schaie et coll.
Eisdorfer (1971). Plus récemment, Saxton et ses 2004). Toutefois, nombre de recherches ont montré
collaborateurs (2000) ont montré que les problèmes que plusieurs habiletés intellectuelles étaient touchées
cardiovasculaires affectent les habiletés intellectuelles, par la mort imminente, comme la mémoire épisodique,
surtout celles exigeant de la vitesse, de l'attention la fluence verbale, les habiletés visuospatiales (Small
et la mémoire de travail. Des résultats convergents et coll., 2003a). Le mécanisme sous-jacent à cette rela-
ressortent de l'étude de Elias et de ses collaborateurs tion entre le déclin cognitif et la mort imminente
(2004), alors que l'hypertension n'affecte pas les demeure largement inconnu. Toutefois, étant donné
habiletés cristallisées. que ce déclin semble relativement indépendant des
Certains résultats laissent donc supposer qu'une maladies ayant causé le décès — comme les cancers ou
mauvaise santé contribue à la décroissance de l'intel- les maladies vasculaires cérébrales -, l'explication
ligence. Inversement, pour certains auteurs, le déclin avancée serait un déclin de la vitalité biologique
de l'intelligence serait le reflet d’une maladie, d'une (Anstey et coll., 2006). Si plusieurs questions restent
mauvaise condition chronique ou d’une autre forme en souffrance, une diminution insolite du rende-
de pathologie précédant la mort (Bäckman et ment intellectuel pourrait servir à détecter des mala-
MacDonald, 2006). C'est à Kleemeier que l'on doit dies qui menacent la vie de la personne.
la première description de ce phénomène, en 1962. Un autre facteur pouvant expliquer la décrois-
Ce chercheur a montré que ceux qui mouraient au sance du rendement intellectuel serait le niveau de sco-
cours de l'étude manifestaient un déclin étrangement larisation. Il faut se rappeler qu'à l'origine, les tests
rapide de leur rendement intellectuel avant leur mort. d'intelligence ont été conçus afin de prédire le ren-
Ce déclin soudain de l'intelligence, qui semble prédire dement scolaire. En outre, une analyse des sous-
la mort, a été nommé la chute terminale. Selon tests verbaux, notamment la WAIS, indique qu'une
Kleemeier, les facteurs liés à la mort d’un individu bonne partie du matériel de ces tests fait l'objet d’un
causent la décroissance de l'intelligence, et le début apprentissage à l'école. Cette constatation a amené
62 | L'intelligence

certains auteurs à prétendre que si les jeunes adultes chez les personnes âgées est inférieur à leur capa-
ont un rendement supérieur à celui des aînés, cela peut cité réelle.
refléter une différence dans le niveau de scolarisation,
les personnes plus âgées ayant bénéficié d'une moins
longue scolarité. En général, les personnes peu sco- 4.4 L'ENTRAÎNEMENT
larisées affichent d’ailleurs un rendement intellectuel
inférieur à celui des personnes plus scolarisées Des tentatives pour changer ou améliorer l'intelligence
(Rabbitt et coll., 2004). La scolarisation semble toute- chez les personnes âgées ont vu le jour ces dernières
fois avoir un effet protecteur différentiel. Une scola- années. Une prolifération d’études dont l'objectif
rité élevée protégerait les habiletés intellectuelles commun est de démontrer que les habiletés intel-
cristallisées et la mémoire, mais elle aurait peu d’ef- lectuelles des personnes âgées peuvent être améliorées
fet sur les habiletés intellectuelles fluides et la vitesse si l'on soumet ces dernières à un entraînement appro-
(Anstey et Christensen, 2000). prié ont vu le jour au début des années 1970 et se sont
Non seulement la personne âgée pourrait être au multiphiées.
départ désavantagée par sa plus faible scolarité, Cet objectif est intéressant d'un point de vue
mais, avec le temps, elle aurait sans doute aussi théorique; en effet, si les résultats de ces études s'avé-
perdu la notion de «comment aborder une épreuve ». raient positifs, ils remettraient en question la notion
Pour la personne âgée, la situation n'est plus coutu- fortement teintée d’âgisme selon laquelle la décrois-
mière, elle ne sait pas de quoi il s'agit ni ce qu'en- sance intellectuelle est naturelle, ontogénique, et, par
traîne le fait de faillir à certaines questions du test. conséquent, ne peut être renversée. L'optimisme de
L'administration d'un test — d'intelligence de surcroît ces pionniers découle principalement de deux sources.
— peut devenir une source importante d'anxiété. La première vient de l’idée que des influences
Plusieurs pensent que, si la personne est trop anxieuse, extérieures exercent une action négative sur le ren-
elle fera des «erreurs » inopinées qui, en temps nor- dement intellectuel de la personne âgée. Par exemple,
mal, n'auraient jamais eu lieu. Cet excès d'anxiété si l'anxiété diminue le rendement intellectuel, on peut
sera nuisible au rendement de la personne âgée, qui penser qu'un entraînement à la relaxation, au yoga ou
aura faussement l'impression qu'elle n'est pas compé- à la méditation transcendantale devrait être béné-
tente. D'ailleurs, Bierman et ses collaborateurs fique. La deuxième source d'optimisme vient de ce
(2005) montrent bien qu'un certain degré d'anxiété qu'il a été suggéré, à de nombreuses reprises, que les
est nécessaire pour bien réussir, mais qu'en contre- habiletés intellectuelles encore exercées étaient celles
partie, une anxiété trop importante a une influence qui affichaient le moins de décroissance. Cette affir-
négative. mation nous amène à penser qu'exercer de nouveau
L'effet préjudiciable de l'excès de prudence est des habiletés «oubliées » devrait être profitable
un autre facteur exogène suggéré. On a prouvé que (Mehrotra, 2003). Toutefois, il est nécessaire de
l'avancement en âge est associé à une diminution de confronter ce point de vue rassurant à l’expérimen-
la prise de risque (Deakin et coll., 2004). Déjà en tation avant de conclure hâtivement qu'un entraî-
1966, Botwinick a démontré qu'en vieillissant, les nement peut procurer un effet bénéfique.
participants avaient tendance à répondre seulement Il est important de préciser que les effets bénéfiques
s'ils étaient certains de ne pas se tromper. S'abstenir d'un entraînement peuvent provenir de la motiva-
de répondre ou hésiter à le faire en cas de doute a un tion qu'ont les participants à s'investir dans ce genre
effet préjudiciable dans une tâche. Birkhill et Schaie de programme. En effet, pour les personnes âgées,
(1975) indiquent que les personnes âgées qui avaient assister à des rencontres pour maintenir leurs facultés
été encouragées à prendre un risque ont obtenu, à trois intellectuelles n'a pas comme but exclusif de trouver
des cinq sous-tests de la PMA, un rendement des outils pour les améliorer ou pour maintenir leur
supérieur à celui des personnes âgées qui n'avaient pas acquis. L'aspect social et le soutien émotionnel sont
reçu cette consigne. Ce résultat laisse supposer que tout aussi importants, car cela les amène à sortir de
le rendement intellectuel observé jusqu'à maintenant leur isolement en rencontrant de nouvelles personnes
Chapitre 4 63

et en discutant de sujets qui les intéressent (Mehrotra, étaient restés stables, pour la PMA. Ces sujets avaient
2003). Ces diverses motivations permettent même suivi l’un ou l’autre des deux programmes d'entraf-
d'améliorer leur performance, puisqu'une étude nement constitué de cinq séances de 60 minutes. Le
indique que les personnes ayant reçu un entraînement premier programme consiste à exercer les habiletés
collectif présentaient de meilleurs résultats que celles d'orientation spatiale, alors que le second exerce les
ayant uniquement bénéficié d'interventions indivi- habiletés de raisonnement. L'effet bénéfique de l'entraf-
duelles (Valentijn et coll., 2005). De plus, les per- nement s'illustre ainsi: les personnes âgées retrouvent
sonnes qui avaient participé aux interventions de le rendement qu'elles avaient 14 ans auparavant, et les
groupe ont également augmenté leur confiance quant sujets dont les habiletés intellectuelles s'étaient dété-
au fonctionnement de leur mémoire comparati- riorées ont profité du programme dans une plus large
vement à celles qui avaient assisté à des interventions mesure que les sujets restés stables.
individuelles. En conséquence, les participants «de Certains auteurs, sans remettre en question l’effi-
groupe » ressentaient moins de stress et d'anxiété par cacité des programmes d'entraînement, s'interrogent
rapport au fonctionnement de leur mémoire (Valentijn toutefois sur la véritable raison des changements
et coll., 2005). Cette confiance en sa capacité de se obtenus. Les résultats fournis par le projet ADEPT
souvenir est importante, car elle permet également de
laissent entendre que l'amélioration notée est
motiver les personnes âgées à participer à ce genre
attribuable aux effets de l'entraînement, mais d’autres
de programme (Valentijn et coll., 2005).
explications sont envisageables (Hayslip, 1989a). On
Le projet ADEPT (Adult Development and Enrichment
pourrait penser que les changements se produisent
Project), qui a débuté en 1975, représente sans doute
parce que les personnes âgées qui participent à ces
l'effort le mieux organisé pour tenter d'améliorer l'in-
entraînements deviennent tout simplement plus fami-
telligence chez les personnes âgées (Baltes et Willis,
liarisées avec un contexte d'évaluation, ou moins
1982). Le but de ce projet est de tenter de modifier,
anxieuses. Par exemple, des personnes âgées soumises
par l'exercice et l'entraînement, les habiletés intel-
à deux programmes différents, l’un consistant en un
lectuelles auxquelles fait appel l'intelligence fluide.
entraînement au raisonnement inductif et l’autre en
L'entraînement s’est naturellement tourné vers l'intel-
un entraînement visant à réduire leur anxiété, aug-
ligence fluide et ses composantes puisqu'il semble
mentent leur rendement quant aux habiletés fluides
que celle-ci soit sensible aux effets du vieillissement
(Hayslip, 1989b). Cette étude — comme d’autres,
et qu’elle est censée avoir une base biologique, donc
d’ailleurs - suggère que l’on peut recourir aujourd’hui
théoriquement non modifiable.
à une variété de méthodes afin d'améliorer les habi-
Une stratégie assez simple consiste à soumettre la
letés fluides.
personne âgée au test d'intelligence. En effet, en lui
donnant l'occasion de s'exercer, on permet à cette per- Après avoir démontré que l'entraînement peut
sonne de se familiariser avec une tâche qui pouvait être améliorer le rendement, nous devons maintenant
initialement nouvelle pour elle. Ainsi, Hofland, Willis répondre à deux questions importantes. La première
et Baltes (1981) travaillent auprès de 30 personnes est: les effets de cet entraînement se transfèrent-ils vers
dont la moyenne d'âge est de 69 ans. Ils les font les autres habiletés qui n'ont pas été soumises à l’en-
s'exercer, pendant huit séances d'une heure, à des traînement ? Dans leur étude, Baltes, Dittmann-Kohli
tâches faisant appel à l'intelligence fluide, c'est-à-dire et Kliegl (1986) démontrent que, pour une habileté
aux relations figurales et au raisonnement inductif. Les donnée, les gains sont d'autant plus petits que l’ha-
chercheurs remarquent une amélioration croissante bileté en cause s'éloigne de l'habileté exercée. Par
du rendement pour les deux habiletés cibles. Ces exemple, il ne faudrait pas penser que les gains
résultats encourageants ont, depuis ce temps, obtenu obtenus à la suite d'un entraînement au raisonnement
un écho favorable. Par exemple, Schaie et Willis inductif puissent se généraliser au vocabulaire. Ces
(1986) ont décelé, parmi les sujets de l'étude longitudi- résultats, qui ont été reproduits (Saczynski, Willis et
nale de Seattle, ceux qui s'étaient intellectuellement Schaie, 2002), signifient que chaque habileté défici-
détériorés sur une période de 14 ans et ceux qui taire doit faire l'objet d'un entraînement spécifique.
64 L'intelligence

La deuxième question à laquelle on doit répondre somme toute que très peu d'impacts sur les activités
est la suivante: les effets de cet entraînement peuvent- quotidiennes. On a expliqué ce résultat décevant par
ils aider la personne âgée dans son quotidien ? Voilà le fait que les participants ne présentaient que peu de
une question capitale, car elle concerne directement déficience dans ces sphères d'activité.
l'utilité de ces programmes. En effet, à quoi bon Une partie des participants a été soumise à un
fournir des programmes d'entraînement si l'amélio- deuxième entraînement quelques mois plus tard; cela
ration obtenue à un test d'intelligence ne se traduit pas leur a permis de maintenir leurs acquis deux ans de
par un gain dans le fonctionnement de la vie de tous plus comparativement aux personnes qui n'avaient pas
les jours? Les premiers rapports sur cette question bénéficié de ce second entraînement. Toutefois, celui-
laissent sous-entendre que les participants ne croient ci n'a pas permis aux sujets de maintenir leur
pas que cela aura un impact sur leur fonctionnement autonomie (Ball et coll., 2002). Bien que la participa-
au quotidien (Dittmann-Kobhli et coll., 1991). tion à ce programme n'ait pas eu d'influence sur les
Un programme nommé ACTIVE (Advanced activités quotidiennes, les résultats laissent entrevoir
Cognitive Training
for Independent and Vital Elderly) (Jobe la possibilité qu'il demeure toujours possible
et coll., 2001) évalue l'efficacité et la durabilité d’une d'améliorer des habiletés intellectuelles. Cela rejoint
intervention en lien avec trois types d'entraînement la pensée de Schaie et coll. (2004) qui soutiennent que
(la mémoire, le raisonnement, le processus de rapi- leurs interventions ont permis d'améliorer et de main-
dité), tout en mesurant l'impact du programme sur tenir les acquis intellectuels dans le temps pour près
certaines activités quotidiennes comme la préparation des deux tiers de leurs participants. Il faut préciser que
des repas, la conduite automobile, la gestion de sa si les personnes âgées peuvent participer à un pro-
médication ou de ses finances. Cette étude a été effec- gramme d'entraînement, elles en bénéficient moins
tuée auprès de 2802 participants, sur une période de par rapport à des sujets plus jeunes soumis au même
trois ans. On constate 87 % d'amélioration dans le pro- programme.
cessus de rapidité, 74% pour le raisonnement et 26% La généralisation des acquis demeure le maillon
pour la mémoire. Toutefois, le programme n'a eu faible de ces programmes.

e L'intelligence a toujours été un sujet controversé. À l'intérieur de la cohorte des personnes


+ Le paradigme psychométrique a longtemps âgées, il existe beaucoup de différences entre
dominé ce champ d'études. les individus.
° Ilest généralement admis que l'intelligence est + Le ralentissement cognitif, l'atteinte au système
constituée de plusieurs habiletés plus ou moins nerveux central ou les fonctions exécutives sont
indépendantes. des hypothèses d'un facteur explicatif général.
+ Les études transversales montrent que l'intelli- ° La mauvaise santé physique — particulièrement
gence décroît au début de l’âge adulte. les maladies cardiovasculaires et l'hypertension -,
+ Les études longitudinales montrent que l'intelli- une scolarité moins élevée, l'anxiété, l'excès de
gence décroît plus tard dans la vie d’un individu. prudence, le degré d'activité sont quelques-uns
+ Les études transversales estiment les différences des autres facteurs avancés pour expliquer la
d'âge, alors que les études longitudinales me- baisse du rendement intellectuel.
surent les changements dus à l’âge. e Les programmes d'entraînement aux habiletés
° Avec l'avancement en âge, on assiste au phéno- intellectuelles montrent qu'ils peuvent être
mène de la dédifférenciation. bénéfiques, mais la généralisation des acquis
+ Les cohortes nées plus récemment obtiennent demeure discutable.
généralement de meilleurs résultats que les
cohortes nées il y a plus longtemps.
Chapitre 4 65

Baltes, P.B., Mayer, K.U., Helmchen, H. et Steinhagen- Bartholomew, D.J. (2004). Measuring intelligence : Facts and
Thiessen, E. (1999). The Berlin Aging Study (BASE): Sample, fallacies. Cambridge :Cambridge University Press.
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Schaie, K.W. (2005). Developmental influences on adult intelligence :
Mayer (dir.), The Berlin Aging Study: Aging from 70 to 100. New
The Seattle Longitudinal Study. New York :Oxford University
York :Cambridge University Press.
Press.
68 La mémoire

e vieillissement de la mémoire est un sujet important en gérontologie. Il


retient aussi l’attention de la population en général. En effet, l'idée que
le vieillissement s'accompagne d'un déclin de la mémoire préoccupe les
adultes de tout âge (par exemple, Hummert et coll., 1994). Les personnes âgées
sont d’ailleurs nombreuses à se soucier de leur mémoire et à constater les pro-
blèmes qui l’affectent.
Ce chapitre traite des problèmes de mémoire associés à l’âge, à l'exclusion des
troubles plus graves manifestés dans les démences (voir Le chapitre 12). Le consen-
sus général est que le fonctionnement de la mémoire décline avec le vieillissement.
En fait, la mémoire diminue régulièrement tout au long de la vie adulte, dès l'âge
de 25 ou 30 ans; toutefois, les effets négatifs de cette altération sont le plus sou-
vent perçus seulement dans la deuxième moitié de la vie. Cela dit, la diminution
de la performance varie beaucoup selon la nature de la tâche que doit effectuer
la mémoire. Comme nous le verrons en détail, la performance dans certaines tâches
diminue considérablement, alors qu'elle reste bonne dans d’autres tâches. Les dif-
férences d'une personne à une autre sont aussi majeures.
La conclusion logique de cette forte variation de la performance mnésique selon
“ la tâche est que la mémoire ne doit pas être envisagée comme une entité mono-
lithique, mais bien comme une série de systèmes ou de processus. De prime abord, on peut considérer que
les processus de la mémoire comprennent l'acquisition (encodage), le stockage et la récupération de l'in-
formation. Nous examinerons ces processus lorsque nous aborderons la mémoire à long terme.

5.1 LES PROCESSUS au fonctionnement distinct. La mémoire à court terme

DE LA MÉMOIRE (qui inclut la mémoire de travail), dont la capacité est


limitée, sert à retenir temporairement l'information.
La mémoire à long terme se rapporte à un système
La plupart des modèles contemporains considèrent
Dr k ; QUE à capacité potentiellement illimitée disposant d’un
RS Ade Cd one stockage virtuellement permanent. Nous allons
un système de traitement de l'information composé de ne : Le
= ; Fe , © P détailler ces processus et ensuite examiner les effets
modules de traitement élémentaires organisés de façon de l'âge sur ces typ F ae
: : : : es de mémoire.
séquentielle. Si on la compare à un ordinateur, la ”
mémoire comprendrait une séquence d'étapes au
cours desquelles l'information est d'abord introduite 5.1.1 La mémoire sensorielle
. . , . . # L Li

et traitée, puis conservée temporairement; ensuite, AUS. :


de à “ La mémoire sensorielle correspond au passage de
elle est éliminée ou sauvegardée de manière plus ou te s k
l'information des sens au système nerveux central.
moins permanente.
L'information provenant des différents sens est traitée
Le modèle le plus consensuel envisage la mémoire
en parallèle par une série de registres sensoriels.
selon trois processus successifs, soit la mémoire sen- Ces registres sensoriels sont spécifiques à une moda-
sorielle, la mémoire à court terme (ou mémoire pri- lité sensorielle (vision, odorat, audition, tact, proprio-
maire) et la mémoire à long terme (ou mémoire ception). Il s'agit d’un processus essentiellement
secondaire) (Atkinson et Shiffrin, 1968). perceptuel; l'information y est traitée pendant
Il est important de remarquer que les notions de une période très brève (de l'ordre de 250 millisecondes
mémoire à court terme et de mémoire à long terme ne pour une trace visuelle) et sous une forme rudimen-
s'adressent pas à la référence temporelle de l'informa- taire. Bien qu'on puisse envisager autant de registres
tion retenue, mais bien à des processus de mémoire sensoriels que de modalités sensorielles, les modalités
Chapitre 5 | 69

visuelle et auditive sont les plus importantes pour la rapporte à Jean nécessite d'avoir gardé temporai-
communication et l'apprentissage chez l'humain. rement cette information présentée quelques secondes
La mémoire iconique désigne le processus de la auparavant. On saisit aisément que l'intégrité du fonc-
mémoire sensorielle visuelle (mage brève), et la mémoire tionnement de la mémoire à court terme est essentielle
échoïque désigne celui de la mémoire sensorielle au bon mécanisme de la mémoire et de la pensée.
auditive (écho sonore). La fonction essentielle de ces Un de ces processus de contrôle de la mémoire à
registres sensoriels est de permettre au stimulus ini- court terme est l’autorépétition, qui permet de conser-
tial d’être conservé assez longtemps pour assurer un ver la trace de l'information plus longtemps dans la
traitement subséquent de l'information. Dans la per- MCT et d'augmenter ainsi la probabilité de son trans-
ception du langage, par exemple, il est nécessaire de fert en mémoire à long terme (MLT). Répéter men-
retenir le son de chaque partie d’un mot pendant un talement un numéro de téléphone pendant que l'on
temps suffisant pour permettre de le relier aux sons referme l'annuaire téléphonique et que l’on saisit le
suivants et, finalement, de déterminer la significa- récepteur est un exemple de l’autorépétition en
tion du mot. Cette étape du traitement de l'information mémoire à court terme. L’oubli, dans la MCT, peut se
est considérée comme « précognitive » dans la mesure produire de deux manières: par la disparition gra-
où c'est l'impression littérale du stimulus sensoriel qui duelle de la trace d'information à cause du simple pas-
est retenue sans qu'il y ait traitement comme tel de sage du temps ou par l'interférence avec d’autres
l'information. L'étude de ces systèmes de stockage traces d'information concomitantes ou subséquentes.
sensoriels participe davantage du champ de la per-
ception que de celui de la mémoire.
La mémoire de travail
La mémoire de travail représente un processus spé-
5.1.2 La mémoire à court terme cifique de la MCT. Il s'agit d'un système de maintien
Après son passage dans la mémoire sensorielle, l'in- temporaire et de manipulation de l'information pen-
formation est transférée vers la deuxième composante dant l’accomplissement d'une série de tâches cogni-
du modèle, la mémoire à court terme (MCT). La tives telles que la compréhension, l'apprentissage et
MCT correspond à un système de maintien et d'orga- le raisonnement. Un exemple de tâche qui fait appel
misation de l'information qui dure environ cinq à la mémoire de travail consiste à proposer à une
secondes. La quantité d’information qui peut être personne une série de problèmes simples d’addition
retenue à cette étape est limitée, soit de l'ordre de sept de deux chiffres et de lui demander de se rappeler le
éléments. Il s’agit de l’'empan mnésique (mémoire second chiffre de chaque paire tandis qu'elle résout
immédiate), autrement dit du nombre maximum d’élé- les additions.
ments qui peuvent être retenus dans la MCT. La mémoire de travail est constituée de trois com-
Les tâches effectuées dans la MCT peuvent être posantes :un mécanisme central de contrôle («admi-
envisagées sur un continuum de passivité-activité :des nistrateur central») et deux systèmes qui lui sont
tâches passives, comme la répétition d'une liste de subordonnés («systèmes esclaves »), soit la boucle pho-
chiffres, et des tâches actives de manipulation, stoc- nologique et le registre visuospatial. La boucle
kage et transformation de contenus. Ce rôle actif de phonologique sert au traitement des informations
la MCT correspond à la notion de mémoire de tra- verbales tandis que le registre visuospatial est mobi-
vail (voir la section suivante). La MCT permet la réa- lisé pour les informations visuelles, les images men-
lisation d'opérations mentales complexes comme le tales et les positions spatiales des objets. La boucle
calcul, le raisonnement et la compréhension du lan- phonologique représente donc un système de stockage
gage. Ainsi, si quelqu'un vous dit « Tantôt, J'ai ren- temporaire des informations verbales (liées au lan-
contré Jean, notre stagiaire, à l'épicerie. Savais-tu gage), et le registre visuospatial joue le même rôle pour
que, d’après ce que m'a dit sa mère, à qui J'ai parlé les informations visuelles. L'administrateur central
plus tard, il va partir pour l'Australie en novembre ? » est un système à capacité limitée, qui est responsable
Notre capacité de comprendre que le mot «il» se de la gestion des ressources d'attention pour les deux
70 | La mémoire

sous-systèmes. Les trois composantes de la mé- de lettres) représente un niveau superficiel de trai-
moire de travail collaborent pour réaliser simulta- tement, une analyse phonologique (le son du mot)
nément des opérations de traitement et de stockage représente un niveau intermédiaire, et une analyse
temporaire de l'information (Baddeley, 1990, 1993). sémantique (la signification du mot) représente un
Il faut noter que les fonctions de l'administrateur niveau approfondi de traitement de l'information.
central sont encore mal connues, car il est difficile de Typiquement, un niveau plus approfondi de traitement
les examiner indépendamment du fonctionnement est associé à un meilleur souvenir.
des deux sous-systèmes de la mémoire de travail La technique de l'orientation représente une pro-
(Van der Linden, Colette et Benito, 1997). cédure typique de ce courant de recherche. On
donne des consignes aux sujets pour qu'ils traitent
l'information à apprendre (par exemple, une liste de
5.1.3 La mémoire à long terme mots) à différents niveaux d'approfondissement. À
La mémoire à long terme contient aussi bien les titre d'exemple, voici quatre types d'instructions
informations du passé récent, comme l'endroit où pour amener quatre groupes de sujets à traiter l'in-
vous avez rangé votre agenda, que les informations formation à différents degrés d’approfondissement :
du passé lointain, comme les événements qui ont 1) compter le nombre de lettres de chaque mot;
marqué votre première année d'école. 2) trouver un mot qui rime avec chaque mot de la
Comme nous l'avons indiqué précédemment, on liste; 3) trouver un adjectif qui qualifie adéquate-
distingue trois processus dans le fonctionnement de la ment chaque mot de la liste; et 4) former en tête
mémoire à long terme: l'encodage, le stockage et une image pour chaque mot. Ces niveaux sont présen-
la récupération. L’encodage se rapporte aux proces- tés ici en ordre croissant d'approfondissement. De
sus d'acquisition et d'organisation de l'information. Le façon évidente, les deux premiers groupes seront
stockage correspond aux processus de mise en réserve induits à se centrer sur des caractéristiques élémen-
de l'information. Cette phase n'est toutefois pas pas- taires des mots, ce qui conduira à un encodage
sive et elle comporte une consolidation de l'informa- inférieur. Le groupe 3, et surtout le groupe 4, devront
tion acquise. Finalement, la récupération est le procéder à une analyse plus approfondie de la sig-
processus permettant d'accéder à l'information emma- nification des mots pour suivre les consignes, ce qui
gasinée dans la mémoire à long terme. conduira normalement à un encodage supérieur.
L'une des meilleures manières d’encoder l’informa-
tion pour faciliter son rappel est de l’organiser, de la
L'encodage mettre en relation avec des connaissances préexis-
L’encodage correspond à la phase d'acquisition de l'in- tantes. Établissons une analogie avec un individu qui
formation, autrement dit à l'apprentissage. Nous classe soigneusement ses documents dans des dossiers
l'aborderons ici sous l'angle du traitement et de l’or- bien identifiés pour faciliter la récupération de l’infor-
ganisation de l'information, selon la théorie dévelop- mation ultérieurement. Si l'on doit mémoriser une liste
pée par Craik et Lockhart (1972). Ces auteurs se de mots, une forme d'organisation pourra consister à
sont penchés sur le rôle de l'encodage de l'informa- regrouper les mots selon certaines catégories basées
tion dans la MLT. Le postulat central de leur théorie sur la signification (mer et océan) ou sur la relation
est que la MLT est responsable du traitement appro- entre eux (violon et musique).
fondi de l'information, un processus garant d’un
apprentissage (et souvenir) durable. Selon cette
perspective, plus une information est traitée en pro- Le stockage
fondeur, mieux elle sera mémorisée. En général, le Le stockage dans la mémoire à long terme correspond
niveau le plus approfondi de traitement de l'informa- à la phase intermédiaire entre l'encodage et la
tion implique une analyse de la signification. Ainsi, si récupération, c'est-à-dire à la période de temps pen-
l’on considère la tâche de retenir une liste de mots, une dant laquelle l'information demeure en mémoire à
analyse des caractéristiques physiques (le nombre titre de trace mnésique. Mais qu'arrive-t-il à cette trace
Chapitre 5 | 71

dans le cas de l'oubli? A-t-elle disparu pour de bon par l’expérimentateur (situation de rappel indicé) se
avec le passage du temps ? Se pourrait-il qu’elle soit souviendront de beaucoup plus de mots que les sujets
encore présente, mais inaccessible, irrécupérable? qui n'auront pas obtenu cette assistance (situation de
Ce questionnement au sujet de l'absence et de l'inac- rappel libre).
cessibilité de la trace mnésique nous place devant le Ces différentes situations de rappel soulignent
fait que les processus d'encodage, de stockage et de l'importance des indices de récupération dans la faci-
récupération sont intrinsèquement liés. Toutefois, litation du souvenir. Un indice est, en fait, un élément
l'ensemble des théoriciens de la mémoire considère de la situation d’encodage qui facilite la récupération.
que l'oubli est fonction d’une incapacité à retrouver La récupération est optimale quand elle se produit
la trace mnésique, donc d’un déficit dans la récupéra- dans le même contexte que l'apprentissage (encodage),
tion, plutôt que d'une disparition pure et simple de la c'est-à-dire quand les indices procurés lors de la
trace. En effet, la plupart d’entre eux s'accordent sur récupération sont les mêmes que ceux fournis lors de
l'idée que l'information en mémoire à long terme pos- l'encodage.
sède un statut permanent et que sa perte, au sens La distinction entre reconnaissance et rappel permet
propre du terme, ne se produit que dans des cas d'isoler le rôle spécifique du processus de récupéra-
graves d’atteintes physiques au cerveau. tion. En effet, réussir à une tâche de reconnaissance,
mais échouer à une tâche de rappel, signifie que les
processus d'encodage et de stockage, nécessaires à la
La récupération reconnaissance, sont fonctionnels et que le problème
La récupération est le processus par lequel l’informa- se situe à la phase de récupération.
tion emmagasinée dans la mémoire à long terme est
réactivée dans la mémoire à court terme. On distin-
gue deux grands modes de récupération: la reconnais-
5.2 LES EFFETS DE L'ÂGE SUR
LES PROCESSUS DE MÉMOIRE
sance et le rappel. Si l’on présente à un sujet une liste
de mots en lui demandant d'y retrouver ceux qui lui
ont été présentés quelques minutes auparavant, il
s'agit d'une tâche de reconnaissance. Les mots à 5.2.1 Les effets sur la mémoire
retrouver sont effectivement présentés au sujet; il sensorielle
lui suffit de désigner correctement ceux qu'il a appris
et retenus. Dans cette situation, le soutien de l'envi- L'avancement en âge ne semble pas produire de modi-
ronnement est maximal. fication majeure dans la mémoire sensorielle. Ainsi,
En contraste avec le processus de reconnaissance, les différences associées à l'âge en ce qui concerne la
le rappel n'offre pas cette assistance pour la récupéra- mémoire iconique sont faibles.
tion de l'information. La personne doit retrouver
l'information en mémoire sans aide extérieure. Dans 5.2.2 Les effets sur la mémoire à court
l'exemple de la liste de mots à retenir, le sujet sera tout
simplement interrogé sur ceux qu'il a appris plus tôt,
terme et la mémoire de travail
sans liste pour l'aider à les retrouver. Il est clair que Il ne semble pas y avoir de déficit chez la personne
le rappel constitue une tâche cognitive plus difficile âgée en ce qui concerne la quantité d'informations qui
que celle de la reconnaissance. Dans le rappel libre, peut être stockée en mémoire à court terme. Nous
sans aucune aide, le soutien de l'environnement est avons vu que cette capacité était de l'ordre de sept élé-
minimal. Le rappel avec indices, ou rappel indicé, ments d'information. En effet, les personnes âgées
présente un degré de difficulté intermédiaire. Prenons obtiennent de bonnes performances à la tâche de
l'exemple d’une présentation à des sujets d’une liste l'empan mnésique consistant à reproduire dans l’ordre
de mots appartenant à différentes catégories (des fruits, exact de présentation une liste de plus en plus longue
des vêtements, etc.). Lors du test de rappel, les sujets de chiffres. Un autre type d'évidence témoignant
qui bénéficieront du rappel des noms des catégories d'une absence de différences associées à l’âge en ce qui
72 La mémoire

a trait à la quantité d'informations qui peut être de la difficulté à les effacer de la mémoire de travail
retenue en mémoire à court terme provient des études (Hedden et Park, 2001 ; Malmstrom et La Voie, 2002).
sur l'effet de récence. Les sujets ont tendance à
mieux se souvenir des derniers mots d’une liste, donc
de ceux qui ont été présentés récemment. Cet effet
5.2.3 Les effets sur la mémoire
est attribué au stockage à court terme. Or, on observe à long terme
ce phénomène autant chez les sujets âgés que chez De nombreuses études ont montré que les personnes
les sujets plus Jeunes. âgées présentent des déficits de l'efficacité de la
Cependant, les difficultés apparaissent lorsque la mémoire à long terme, comparativement aux sujets
tâche exige que l'information à garder en mémoire à plus jeunes. Ces déficits se manifestent non seulement
court terme soit aussi réorganisée ou qu'il y ait une dans des situations de tâches expérimentales en labo-
alternance rapide entre le maintien de l'information ratoire, mais aussi dans des situations typiques de la
et le traitement des informations subséquentes (Craik, vie courante, comme la mémoire de noms et de visages
2000). Ainsi, la personne âgée éprouve certaines dif- (Maylor, 1990), celle de thèmes musicaux d’émis-
ficultés lorsqu'elle doit conserver une information sions de télévision (Maylor, 1991), le souvenir des cir-
en mémoire tout en effectuant une autre opération sur constances de l'annonce d'événements politiques ou
l'information déjà stockée. Par exemple, la tâche sociaux importants (Cohen, Conway et Maylor, 1994).
d'empan mnésique à rebours lui posera un problème, Tout d'abord, en ce qui concerne l'encodage,
car la personne doit reproduire de mémoire une liste plusieurs recherches ont montré que les adultes âgés
de chiffres, mais dans l'ordre inverse de la présenta- tendent à traiter l'information à un degré relativement
tion. Cette tâche exige que le sujet conserve la liste en superficiel. Par exemple, lorsque des sujets âgés sont
mémoire tout en la réorganisant. invités à apprendre une liste de mots nouveaux, ils ont
Ces difficultés ont un impact dans la vie quotidienne. tendance à répéter le mot ou à penser à sa sonorité,
Ainsi, la personne âgée peut perdre le fil d'une conver- plutôt qu'à recourir à un traitement approfondi,
sation à plusieurs interlocuteurs parce qu'elle ne c'est-à-dire sémantique. Nous avons vu que ce type
parvient pas à garder en mémoire à court terme toutes de traitement superficiel handicape l'encodage et
les informations fournies. Une personne âgée peut donc la capacité de mémorisation à long terme. Dans
aussi éprouver des difficultés à répondre à un ques- le même ordre d'idées, les personnes âgées ne sont pas
tionnaire parce qu'elle ne peut à la fois retenir en portées à organiser l'information à apprendre de
mémoire les options de réponse et formuler son choix. manière efficace.
On explique cette réduction dans la capacité de Par ailleurs, plusieurs recherches ont bien montré
retenir l'information tout en en traitant de nouvelles que ces tendances à ne pas organiser l'information ou
comme la résultante d'une diminution de la vitesse de à la traiter de manière superficielle ne sont pas
traitement de l'information (Salthouse, 1996) ou inhérentes au fonctionnement mnésique de la per-
d'un déficit d'inhibition (Hasher, Zacks et May, sonne âgée. En effet, les sujets Âgés sont capables de
1999). Selon la première hypothèse, le déficit se mani- mettre en place des stratégies mnésiques plus efficaces,
feste chez la personne âgée parce qu'elle manque une fois que celles-ci leur ont été signalées. Le pro-
tout simplement de temps pour compléter les opéra- blème, c'est qu'ils ne le font pas d'eux-mêmes. Ainsi,
tions cognitives à cause du ralentissement de la vitesse lorsque l'expérimentateur fournit des conseils ou des
de traitement de l'information. La deuxième hypothèse instructions pour organiser plus efficacement l'infor-
se fonde sur l'idée qu'un bon fonctionnement de la mation, les performances dés sujets âgés s'améliorent
mémoire de travail requiert de pouvoir inhiber les nettement, et l'écart avec celles des sujets plus jeunes
informations qui ne sont pas pertinentes à la tâche, en diminue. Un exemple de telles consignes facilitatrices
leur barrant l'entrée et en les éliminant lorsqu'elles ne est de proposer au sujet de grouper certains des mots
sont plus utilisées. Comparativement aux plus jeunes, de la liste à retenir en fonction de catégories ou
les personnes âgées ont en effet tendance à activer d'ensembles logiques, par exemple, les mots se rap-
davantage d'informations non pertinentes et à avoir portant à des objets de toilette ou de bureau. Dans la
Chapitre 5 | 713

même veine, les personnes âgées peuvent tirer avan- actuelles, cet effet serait dû à la plus grande diffi-
tage de procédures mnémotechniques, comme la culté des personnes âgées à inhiber les sources d'in-
méthode des localisations. Cette méthode consiste à formations inappropriées, une théorie évoquée
imaginer les éléments à mémoriser dans un contexte précédemment.
familier, comme celui des différentes pièces de la mai- En résumé, les déficits de mémoire associés à l'âge
son. Si, par exemple, la liste de mots comprend un sont les plus marqués dans les tâches complexes qui
crocodile et un avion, la personne pourra visualiser exigent un effort cognitif, stratégique et produit par
un crocodile assis sur le divan de la pièce de séjour la personne.
et un avion dansant au plafond de la chambre. Lors
du rappel, la personne inspectera mentalement les
pièces de la maison, et les éléments seront retrouvés. 5.3 LES FONCTIONS
Les personnes âgées sont bien capables d'apprendre
ce type de stratégie et d'en bénéficier. De la même ma- RELATIVEMENT PRÉSERVÉES
nière, les sujets âgés se montrent capables de traiter
l'information de façon plus approfondie. Avec des 5.3.1 La mémoire sémantique
consignes détaillées comme celle de considérer la signi- Établissons d’abord une distinction entre mémoire
fication des mots, les performances des sujets âgés
épisodique et mémoire sémantique. On entend par
tendent à rejoindre celles des sujets plus Jeunes. mémoire épisodique la mémoire d'événements
Craik (1994, 2000) a souligné l'importance du (épisodes) qui se sont produits dans un lieu donné à
soutien procuré par le contexte environnemental un moment précis. Ces événements sont donc situés
pour expliquer le vieillissement de la mémoire. En dans un contexte spatio-temporel particulier. Par
effet, on constate que les différences attribuables à exemple, notre souvenir du cadeau de la bicyclette à
l’âge se manifestent surtout dans des tâches pour notre anniversaire de sept ans fait partie de la mémoire
lesquelles les participants doivent prendre l'initiative épisodique. Les informations sont organisées en fonc-
des opérations mentales d'encodage et de récupé- tion du moment et du contexte dans la mémoire
ration avec peu de soutien de l’environnement. C'est épisodique. La mémoire sémantique est une mémoire
éminemment le cas dans une tâche de rappel libre qui plus générale, celle des faits et des concepts, sans
requiert un effort cognitif important. Par contre, la référence aux contextes de lieu et de temps liés à
performance mnésique de la personne âgée est rela- leur acquisition. Ainsi, ce qu'on appelle la culture
tivement moins affectée dans les tâches où le contexte générale, comme notre connaissance de la capitale de
procure une aide à l'encodage et à la récupération, la France ou celle de la signification des mots du
comme dans la tâche de reconnaissance. En effet, vocabulaire, fait partie de la mémoire sémantique.
dans une telle tâche, l'effort du participant est réduit Les informations sont organisées conceptuel-
puisqu'il s’agit simplement d'indiquer, par exemple, lement dans la mémoire sémantique. En contraste
si un mot ou un stimulus a été présenté antérieu- avec les déficits associés à l’âge en ce qui a trait à la
rement. Les effets de l’âge seraient dus à une réduction mémoire épisodique (Verhaeghen, Marcoen et
dans la capacité de traiter efficacement l'information, Goossens, 1993), la mémoire sémantique semble
évidente dans les tâches exigeant un effort cognitif largement préservée à l'âge adulte avancé (Wingfield
plus important. et Kahana, 2002), comme le démontrent les tests
Une autre manifestation de difficultés de récupéra- d'amorçage verbal. Dans ces tests, la vitesse d’évo-
tion des informations avec l'avancement en âge est l'ef- cation d’un mot est évaluée dans deux conditions. Le
fet dit d'amnésie de la source, c'est-à-dire l'incapacité mot donné comme amorce peut être relié par sa signi-
de se rappeler du contexte dans lequel l'information fication au mot cible (par exemple, route — automobile)
a été reçue. Cet effet correspond à l'expérience, que ou non (par exemple, chapeau — automobile). Nor-
de nombreuses personnes âgées rapportent, de don- malement, l'amorce sémantique facilite l'évocation
ner de l'information sans pouvoir en identifier la source du mot cible (dans ce cas-ci, route — automobile). Cet
ou comment elle a été obtenue. Selon les explications effet facilitateur se manifeste au même degré (et il est
74 | La mémoire

parfois même amplifié) chez les sujets âgés com- 5.3.4 La mémoire procédurale
parativement aux sujets plus jeunes, ce qui montre
que la mémoire sémantique serait bien fonction- La mémoire procédurale concerne les habiletés
nelle. Ce genre de résultat met en évidence la capa- motrices et cognitives permettant l'exécution d’acti-
cité de la personne âgée d'activer les liens entre des vités qui ont été bien apprises, comme rouler à bicy-
mots associés à l'intérieur d'un réseau sémantique clette, jouer du piano, lire ou compter. Même si,
généralement, les personnes âgées perdent de la rapi-
enrichi par l'expérience.
dité d'exécution, elles compensent nettement ce déficit
par une expertise acquise d'une longue pratique. Cet
5.3.2 La mémoire implicite effet a été mis en évidence dans des tâches sollicitant
la mémoire procédurale, comme la dactylographie, la
Dans une tâche de mémorisation exécutée en labora-
lecture ou le jardinage (Mireles et Charness, 2002).
toire, on demande aux sujets un effort de mémoire
Ainsi, la mémoire des opérations mentales bien
conscient et intentionnel. On parle alors de mémoire
apprises et automatisées, ne requérant pas de décision
explicite. Comme nous l'avons vu, les personnes et de processus conscients de rappel, serait relati-
âgées obtiennent de moins bons résultats que les plus vement protégée des effets de l'âge.
jeunes dans ce type d'épreuves.
La coexistence de processus explicites affectés par
La mémoire implicite, par contre, fait référence
l’âge et de processus implicites préservés peut provo-
à des connaissances acquises sans conscience ni inten- quer une confusion entre des actes imaginés ou envi-
tion délibérée. Pour tester la mémoire implicite, on sagés et des actes réellement exécutés, avec des
peut, par exemple, proposer au participant une série conséquences potentiellement désastreuses. Ainsi, le
de mots, parmi lesquels figure le mot «cercle ». Après caractère familier et automatique du geste d’éteindre
un certain laps de temps, on présente le fragment le four peut amener la personne âgée à penser qu'elle
«cer. » à compléter. L'effet de la mémoire implicite l'a envisagé et donc exécuté alors qu'il n'en est rien.
dans ce cas se manifestera si le participant répond
«cercle », plutôt que «cerise » ou encore «cerf». Les
performances des sujets âgés s'avèrent presque aussi 5.3.5 La mémoire autobiographique
bonnes que celles des sujets plus jeunes dans ces
Si les personnes âgées peuvent éprouver des diffi-
épreuves qui évaluent la mémoire implicite, lorsqu'il
cultés à se rappeler leur passé récent, elles ont souvent
n y a pas d'effort conscient ou délibéré d'acquisition
l'impression que leurs souvenirs anciens sont bien
(Van der Linden et Seron, 1992).
conservés et détaillés. Cette observation courante
doit être nuancée par les évidences expérimentales qui
5.3.3 La mémoire prospective démontrent qu'avec le temps, la mémoire des évé-
nements anciens perd de son acuité et de sa richesse
La mémoire prospective correspond aux informa- en détails (Cohen, 1996).
tions ou actions à se rappeler ultérieurement, par Toutefois, le rappel de son passé personnel
exemple se souvenir d'aller chercher les enfants à (mémoire autobiographique) constitue un cas par-
l'école plus tard aujourd'hui après le travail. ticulier (Piolino, 2003). À l'âge adulte moyen et
Il semble que la mémoire prospective n'est pas avancé, les souvenirs des événements qui se sont
trop affectée par l'âge, du moins tant que la personne produits entre l’âge de 10 et 30 ans sont particuliè-
n a pas à penser à trop de choses à la fois. Les effets rement saillants en mémoire autobiographique.
de l’âge sur la mémoire prospective dépendent ainsi de Effectivement, on observe qu’à partir de la quarantaine,
la complexité des tâches à accomplir. Un autre fac- les individus démontrent un degré élevé de rappel de
teur important est le niveau d'éducation ou d'intelli- souvenirs associés à cette période de la vie (Rubin,
gence générale, la mémoire prospective étant plus Rahbhal et Poon, 1998), en particulier des événements
influencée négativement par l'âge lorsque ce niveau heureux (Berntsen et Rubin, 2002). Il s'agit d'évé-
est faible. nements typiquement considérés comme d'importants
Chapitre 5 75

jalons par la personne, comme la naissance d’un peuvent contribuer aux difficultés de mémoire ou
enfant ou les étapes initiales d’une carrière. Ce qui peuvent les atténuer.
phénomène est appelé «pic de la réminiscence » Plusieurs études appuient le lien entre meilleure
(autobiographical memory bump). On peut penser que santé et meilleure performance mnésique (par exemple,
ces souvenirs sont bien préservés parce qu'ils sont Albert et coll., 1995; Arbuckle et coll., 1992; Nilsson
intimement liés aux plans de vie et à la construction et et coll., 1997). Les activités dans lesquelles s'engage
au maintien de l'identité (Cappeliez, sous presse; la personne ont une influence importante sur l'évolu-
Conway et Pleydell-Pearce, 2000). Ces souvenirs tion de sa mémoire avec l’âge. Ainsi, un style de vie actif
bénéficient d’une élaboration plus grande lors de est associé à une meilleure mémoire (par exemple,
l'encodage et d'une intégration dans des structures Christensen et coll., 1996; Hultsch, Hammer et Small,
cognitives stables, liées aux composantes de l'identité 1993), tout comme un engagement dans des activités
qui exercent une influence pendant toute la vie. À ce intellectuelles (Arbuckle et coll., 1992). Un lien signi-
titre, ces souvenirs font l'objet d’une réactivation ficatif entre, d’une part, la participation à des acti-
fréquente en pensées et dans les conversations tout au vités de travail et de loisirs cognitifs d’un degré
long de la vie, ce qui contribue à en entretenir la substantiel de complexité et, d'autre part, le fonc-
mémoire. En effet, la fréquence de répétition et l'inté- tionnement cognitif a été démontré dans des études
rêt porté au souvenir sont déterminants pour la viva- longitudinales (Schooler et Mulatu, 2001 ; Schooler,
cité de celui-ci. Mulatu et Oates, 1999). Une méta-analyse de la lit-
térature de recherche a aussi rapporté les bienfaits de
l'exercice physique sur le fonctionnement cognitif
(Colcombe et Kramer, 2003).
5.4 L'APPROCHE Le terme «métamémoire » englobe les connais-
CONTEXTUELLE sances, les croyances et les attitudes à propos de la
mémoire (Cavanaugh, 2000; Hertzog et Hultsch,
La perspective adoptée jusqu'ici, s'appuyant sur les
2000). Ainsi, les idées que la personne entretient sur
courants contemporains de recherche, reflète une
son fonctionnement mnésique, sa confiance en la fia-
conception unidimensionnelle du vieillissement de la
bilité de sa mémoire, sa connaissance et sa pratique
mémoire comme un processus ontogénique tribu- des stratégies pour améliorer sa mémoire sont autant
taire de la dégradation des structures biologiques de questions se rapportant à la métamémoire. Une
sous-tendant la mémoire. Pour expliquer l'énorme composante importante de la métamémoire concerne
variation interindividuelle dans l’évolution de la donc l'ensemble des stratégies utilisées par la personne
mémoire au cours de la vie adulte, et pour envisager pour maîtriser et optimiser le fonctionnement de
l'adaptation cognitive (Kramer et coll., 2004; Hess, sa mémoire.
2005), il est nécessaire de compléter cette perspective Ce courant de recherche souligne qu'une partie
par une considération des facteurs contextuels. importante du déclin de la mémoire avec l’âge pour-
Une approche contextuelle du fonctionnement rait être attribuée aux croyances négatives que la
mnésique de la personne âgée est par définition multi- personne entretient à l'égard de son fonctionnement
factorielle. Certes, elle prend en considération les mnésique et, en particulier, au manque de confiance
données issues des recherches en laboratoire, mais elle en ses propres capacités (Johansson, Allen-Burge
souligne la nécessité de considérer d'autres sources de et Zarit, 1997; Jonker et coll., 1996). Beaucoup de
variation pour prédire l'adaptation cognitive de la personnes considèrent en effet que le fonctionnement
personne âgée (Hess, 2006; Kramer et coll., 2004). de la mémoire décline inévitablement avec l’avan-
L'adoption d’une approche contextuelle implique la cement en âge (Hummert et coll., 1994; McDonald-
prise en compte des caractéristiques individuelles, Müiszczak, Hertzog et Hultsch, 1995). En effet,
comme l’état de santé et le style de vie, des expériences le vieillissement s'accompagne d'une augmentation
de vie et des attitudes et croyances à l'égard du vieil- des croyances en la perte de contrôle sur le fonc-
lissement de la mémoire, en tant que facteurs qui tionnement de la mémoire (Hertzog, McGuire et
76 La mémoire

Lineweaver, 1998). Il n'est pas surprenant de cons- l'information au moyen de plusieurs modalités
tater que les personnes qui partagent fortement ce sensorielles, par exemple visuelles et auditives,
point de vue obtiennent de moins bons résultats aux représente aussi un avantage. Inciter les personnes
tests de mémoire (Riggs, Lachman et Wingfield, âgées à former des images ou des associations avec le
1997). Cette anticipation aurait un effet délétère sur nouveau contenu et à utiliser des trucs mnémo-
l'effort et sur l’utilisation de stratégies adéquates et, techniques constituent des stratégies positives.
par voie de conséquence, sur la performance mnésique Les sujets âgés peuvent être encouragés à com-
elle-même (Cavanaugh et Green, 1990; Ryan et See, penser certaines faiblesses de la mémoire en exploitant
1993). Par contre, des études longitudinales ont au mieux leurs capacités mnésiques préservées, ainsi
démontré que des croyances de meilleure maîtrise ou que leurs capacités de mémoire implicite. Ne pou-
d’autoefficacité à propos de la mémoire lors de l'éva- vant se rappeler explicitement une information, elles
luation initiale étaient associées à une meilleure peuvent se baser sur une estimation de plausibilité,
performance aux tests subséquents. De plus, les per- fondée sur leur expérience et sur leurs connais-
sonnes âgées qui croient davantage en leurs capaci- sances générales. Une suggestion pratique découlant
tés mnésiques profitent de façon accrue des activités de cette tendance est d'encourager les personnes
d'entraînement de la mémoire. âgées à faire confiance à leurs souvenirs même quand
elles ne peuvent pas en déterminer précisément
l’origine (Van der Linden et Seron, 1992).
L'encadré 5.1 présente une série de conseils à sug-
5.5 LA COMPENSATION DES gérer aux personnes âgées pour optimiser le fonction-

DÉFICITS MNÉSIQUES nement de leur mémoire.


Tenant pour acquis que les problèmes de mémoire
La «matière » à mémoriser peut différer selon sa des personnes âgées ont des causes multiples, des
richesse, son organisation et son degré de familiarité spécialistes ont proposé des programmes compo-
pour la personne. Comme nous l'avons vu au sujet de sites de «consolidation » de la mémoire. Ces pro-
la structuration de l'information à mettre en mémoire, grammes combinent diverses stratégies comme la
ces variables ont une influence importante sur l'ap- relaxation et le recours à l'imagerie mentale, ainsi
prentissage et la mémorisation. que des conseils pour faciliter l'apprentissage et la
Trois éléments doivent être considérés pour opti- récupération de l'information. Une récente étude,
miser le fonctionnement de la mémoire à un âge menée auprès d'un large échantillon de personnes
avancé: un contexte de soutien fourni lors de l'appren- âgées sur une période de deux ans (Ball et coll.
tissage et de la récupération, une élaboration optimale 2002), a évalué l'efficacité comparative d'entraîne-
du matériel à apprendre et l'exploitation au maximum ments de 10 séances hebdomadaires dans trois types
des capacités préservées. d'habiletés cognitives: mémoire, raisonnement ou
En ce qui concerne le contexte de soutien, nous vitesse de traitement. Les entraînements se basaient
avons vu que des consignes ou une assistance sur des tâches de la vie quotidienne pour chaque
favorisent un traitement approfondi des informations habileté. Par exemple, pour l'entraînement de la
à mémoriser. Plus précisément, une analyse de la mémoire, il pouvait s'agir de méthodes pour retenir
signification des éléments à apprendre et la création les idées principales et les détails d'histoires; pour
de liens entre eux aident particulièrement la per- l'entraînement du raisonnement, la résolution de pro-
formance mnésique des personnes âgées. Fournir blème appliquée à déchiffrer un horaire d'autobus;
des indices de récupération adéquats est aussi une pour l'entraînement à la vitesse de traitement, la locali-
manière de réduire l'écart entre les performances des sation rapide des informations sur un flacon de médica-
sujets plus Jeunes et celles des personnes âgées. ments. La grande majorité des participants aux
La présentation d'un matériel riche, bien organisé entraînements de raisonnement et de vitesse de trai-
et familier influence favorablement la performance tement, et le quart de ceux qui étaient soumis à l’en-
mnésique de la personne âgée. La présentation de traînement de la mémoire, ont démontré une
Chapitre 5 | 77

amélioration de leur performance à l'issue de les résultats de ces programmes sont généralement
l'intervention. Deux ans plus tard, ces gains étaient positifs, mais leur efficacité à long terme reste à
maintenus et se révélaient meilleurs chez ceux qui établir. Les études les plus prometteuses suggèrent
avaient participé à des séances de relance. d'aider la personne à élaborer ses propres stratégies
Comme l’avancent Verhaeghen, Marcoen et pour améliorer sa mémoire, avec l'avantage certain de
Goossens (1992) à l'issue d’une recension de 33 études, favoriser un sentiment d'efficacité et de maîtrise.

une bonne mémoir

1. Développez votre motivation. Si vous avez une bonne raison d'acheter du lait en écrivant le mot sur un morceau de
de vous rappeler une information, il y à plus de chance que papier, en frottant du lait sur votre main, en en buvant, en
vous vous en souveniez. Ce qui est familier et ce qui a de la imaginant le contenant dans votre réfrigérateur, etc.
signification dans nos vies est appris plus facilement et
retenu plus longtemps. 6. Entraînez-vous. Comme toute habileté, la mémoire requiert
de l'exercice. Plus vous vous exercerez, plus les techniques
2. Prenez votre temps. Accordez-vous une période de temps
deviendront faciles et meilleure sera votre mémoire.
raisonnable. Chacun d'entre nous apprend et se rappelle les
choses à un rythme différent. Se précipiter ou s'énerver aug- 7. Connaissez et tolérez vos limites. Reconnaissez les
mente l'anxiété, diminue la concentration et, par conséquent, moments de fatigue, d'anxiété ou de démoralisation qui
affaiblit la mémoire. vous affectent et ne vous attendez pas à apprendre des élé-
3. Méfiez-vous des distractions et de la surcharge. Concentrez- ments nouveaux où à vous en souvenir aussi facilement
VOUS sur ce que vous voulez apprendre ou retrouver en dans ces moments-là.
mémoire. Centrez-vous sur une chose à la fois.
8. Utilisez le soutien de vos amis et de votre famille. Faites
4. Donnez-vous vos propres instructions avant de commencer appel à d'autres personnes pour vous soutenir, pour vous
la tâche. Les instructions aident à la concentration et pré- aider et pour vous encourager. Ce faisant, vous trouverez que
parent l'esprit à la tâche. Par exemple, si vous voulez vous
votre pratique des techniques de mémorisation est plus
rappeler les points principaux d'un article, avant de commen-
agréable et plus enrichissante.
cer à le lire, demandez-vous comment vous saisirez ces
points principaux, quelle technique vous utiliserez pour vous 9. Récompensez-vous de vos efforts. Attribuez-vous le mérite
en souvenir et quels indices vous utiliserez pour amorcer de l'effort pour l'acquisition de nouvelles habiletés.
votre rappel des points en question. Reconnaissez, appréciez et récompensez vos efforts et vos
5. Utilisez tous vos sens. L'utilisation de tous les sens améliore accomplissements dans vos tentatives de consolidation de
l'enregistrement de l'information. Vous pouvez vous souvenir la mémoire.

sAPOur comprendre le fonctionnement de la mé- ° La mémoire de travail représente le processus


moire, il faut distinguer trois processus: la temporaire de maintien et d'organisation de
mémoire sensorielle, la mémoire à court terme l'information de la mémoire à court terme.
(en particulier la mémoire de travail) et la e L'avancement en âge entraîne des difficultés
mémoire à long terme. lorsqu'il faut simultanément maintenir l’informa-
e L'information provenant des sens est retenue tion en mémoire et la réorganiser ou la traiter.
très brièvement dans la mémoire sensorielle. + _Le fonctionnement de la mémoire à long terme peut
Le vieillissement ne produit pas de changement être décomposé en trois processus: l'encodage,
significatif dans ce type de mémoire. le stockage et la récupération de l'information.

>>>
78 | La mémoire

Résumé (quite)

+ Les personnes âgées déploient moins sponta- ° L'approche contextuelle met l'accent sur des
nément que les plus jeunes l'effort cognitif de bien facteurs tels que l'éducation, l'état de santé et le
encoder l'information, ce qui nuit à leur mémoire. style de vie, et sur les croyances à l'égard du vieil-
+ Les personnes âgées ont des problèmes dans la lissement de la mémoire comme déterminants
phase de récupération de l'information, surtout des changements intra-individuels et des dif-
dans les situations qui demandent un effort de férences interindividuelles dans le fonction-
rappel sans le soutien du contexte. nement de la mémoire.
e La mémoire épisodique, qui se rapporte à des évé- ° La performance mnésique des personnes âgées
nements rattachés à un contexte spatio-temporel, peut être améliorée par un contexte de soutien
est particulièrement affectée par l'avancement procuré lors de l'apprentissage et de la récupéra-
en âge, contrairement à la mémoire sémantique tion, par une élaboration optimale du matériel
qui concerne les connaissances générales indé- à apprendre et par l'exploitation des capacités
pendantes du contexte d'acquisition. mnésiques préservées.
+ Les souvenirs personnels anciens qui sont le L’encadré 5.2 résume les tâches cognitives les
mieux conservés proviennent de la période de vie plus sensibles à l'effet de l’âge, et l'encadré 5.3
de jeune adulte, un phénomène connu sous le indique les types de mémoire qui se maintiennent
nom de «pic de la réminiscence ». relativement bien avec le vieillissement.

èll'effet de l'âge
+ __Tâche qui présente du matériel non familier . Tâche où il y a rappel sans aide d'éléments qui ne sont
+ __Tâche effectuée dans des circonstances stressantes plus «en tête»: rappel libre
+ __Tâche requérant simultanément de retenir et de traiter . Tâche où le contexte procure peu de soutien pour l'en-
l'information codage et la récupération
+ Tâche exigeant d'inhiber le traitement de l'information non ° Tâche qui requiert un traitement délibéré, qui n'est pas
désirée automatique et qui exige un effort

+ _Mémoire procédurale : habiletés motrices . Mémoire implicite


+ Mémoire sémantique: connaissances bien acquises, : Mémoire prospective
vocabulaire, reconnaissance ° Mémoire autobiographique

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Se
+
"4e Se

RARE
80 | La personnalité

a personnalité change-t-elle avec l'avancement en âge? Est-il vrai, comme


beaucoup le croient, que nous devenons plus stables émotionnellement
en vieillissant ? Sommes-nous par ailleurs inéluctablement engagés sur
la voie de la rigidité d'esprit et du repli sur soi lorsque nous devenons âgés ? Ces
idées préconçues sur la personnalité des aînés sont fondées sur la théorie implicite
que l'avancement en âge est un facteur puissant de changements de personna-
lité qui touchent uniformément tous les individus. Mais qu'en est-il vraiment?
Ce chapitre débute avec la présentation de quelques points de repère historiques
et d’un tour d'horizon des différentes conceptions de la personnalité. Ensuite, il
expose les principales perspectives théoriques qui guident les recherches contem-
poraines, en les enrichissant de commentaires concernant quelques-unes des études
clés. Ainsi, nous aborderons successivement l'approche des traits de personnalité,
les théories qui mettent l'accent sur des phases de développement et les modèles
contextuels qui se centrent sur les interactions entre la personne et son milieu.
Finalement, nous examinerons les travaux portant sur la perception subjective
des changements de la personnalité et sur la personnalité comme facteur influen-
çant l'évolution de la vie à l’âge adulte avancé, en particulier la santé physique
et mentale et la longévité.

6.1 LES JALONS HISTORIQUES 6.2 LES DÉFINITIONS DE


Le champ de la psychologie du développement s’est LA PERSONNALITE
longtemps cantonné aux premières années de la vie. at : 3 |
: : , La personnalité est un terme aux acceptions bien dif-
Cette centration exclusive sur l'enfance est apparente :
; férentes, tant dans le langage courant que dans les pers-
dans les travaux d'auteurs marquants comme Freud
(1905) et Piaget (1977). L'intérêt pour le dévelop-
pectives psychologiques. Dans la vie de tous les jours,
pement psychologique à l'âge adulte a longtemps été il est courant d'attribuer l’origine d’un comportement
paralysé par cette vision que les composantes fonda- observé chez une personne à une qualité plus générale
, Lx
rentes dolls personnalité onDÉsees doi et stable reconnue chez elle ; en d’autres termes, à une

définitive tôt dans la vie et qu'elles déterminent la disposition à se comporter régulièrement de cette
nature et l'étendue des changements psychologiques M4nIere: On dira de la personne qui maintient fer-
ultérieurs, excluant de ce fait la possibilité d'une M£mMent son point de vue et change rarement d'avis
authentique évolution. qu'elle est «têtue » ou «bornée ». On qualifiera celle
Il aura fallu attendre les travaux d'auteurs, dont les qui voit la vie du bon côté de personne «optimiste ».
plus connus sont Jung (1933) et Erikson (1950), pour Les psychologues, de leur côté, entretiennent des
voir émerger des théories du développement de la per- positions divergentes en ce qui concerne la définition
sonnalité qui s'adressent à toute l'étendue de l'exis- €t la manière d'étudier la personnalité.
tence humaine. Ce progrès a dynamisé la recherche Parmi les diverses approches théoriques de la per-
contemporaine sur la personnalité à l’âge adulte sonnalité, deux courants principaux — l'approche
avancé, qui considère aujourd'hui l'influence de fac- des traits de personnalité et la perspective développe-
teurs variés comme l'hérédité, le contexte historique mentale — ont contribué davantage au progrès des
et culturel ou l'environnement social pour explorer les connaissances au sujet de la personnalité à l’âge
trajectoires de vie si notoirement individualisées. adulte avancé.
Chapitre 6 | 81

6.3 L'APPROCHE DES TRAITS 6.3.1 La stabilité des différences


individuelles
DE PERSONNALITÉ
Par définition, les traits de personnalité sont supposés
Dans l'approche des traits de personnalité, on conçoit
représenter des différences individuelles stables. Mais
la personnalité comme une structure dynamique com- que démontrent en fait les recherches longitudinales
posée de plusieurs caractéristiques (appelées traits à ce sujet? Les personnes gardent-elles leurs carac-
de personnalité) qui disposent la personne à ressentir, téristiques distinctives pendant toute leur vie? Les
à penser et à agir à sa manière propre. La personnalité traits de personnalité se modifient-ils avec l’avan-
consiste en une configuration de traits caractéristiques cement en âge ?
et stables d'un individu. On peut ainsi identifier cet À la fin des années 1970, plusieurs études longitu-
individu, le distinguer des autres personnes et même dinales conduites auprès de vastes échantillons ont
s'aventurer à prédire sa conduite. Cette perspective rapporté des résultats sur l'évolution des traits au
cours de la vie adulte. Les plus connues sont celles
correspond tout à fait à la tendance spontanée, évo-
conduites à la Duke University (Siegler, George et
quée précédemment, de décrire les caractéristiques
Okun, 1979), au National Institute of Aging
de quelqu'un au moyen d'adjectifs, par exemple (Baltimore Longitudinal Study) (Douglas et
« généreux », «consciencieux » ou «réservé ». Les Arenberg, 1978), au Veterans Administration à Boston
théoriciens des traits s'avancent même à dire que la per- (Normative Aging Study) (Costa et McCrae, 1978)
sonnalité est le reflet de prédispositions constitution- et dans le cadre de la National Health and Nutrition
nelles ou innées (McCrae, 2002). Examination Survey 1 Follow-up Study (Costa et
Ces dernières années ont vu l'émergence d'un McCrae, 1986). Certaines de ces études ont été menées
consensus sur une structure de la personnalité à cinq avec des instruments antérieurs, mais apparentés à
traits fondamentaux, the Big Five, dont le modèle est l'inventaire de personnalité NEO.
Les phénomènes de continuité et de changement
présenté au tableau 6.1 (page suivante). Un instru-
dans les traits de personnalité sont le plus souvent
ment couramment utilisé pour mesurer ces traits est
examinés par l'entremise des corrélations entre les
l'inventaire de personnalité NEO (Costa et McCrae,
scores obtenus aux tests de personnalité effectués à
1992, 1998). Ces traits sont: deux moments (corrélations test-retest). Ces corréla-
e le névrosisme (vulnérabilité émotionnelle) ; tions test-retest (ou coefficients de stabilité) indiquent
dans quelle mesure un individu donné maintient son
e l’extraversion; rang par rapport aux autres personnes sur un trait par-
ticulier. Par exemple, si une personne obtient un
e l'ouverture à l'expérience;
, _ 1} #22

même score élevé pour le trait d'extraversion aux


l'aménité;
, , °. 1
deux moments d'évaluation, la corrélation entre ces
scores sera positive et forte (chiffre qui peut varier
e le caractère consciencieux. entre 0,00 et +1,00) ; cela indique que cette personne
Ces grands traits représentent les dimensions continue de se distinguer par sa forte disposition
générales de la personnalité (par exemple, l'extraver- d'extraversion. La très grande majorité des études ont
rapporté des coefficients de corrélation élevés — de
sion); à un niveau inférieur se trouvent des traits
l’ordre de 0,70 — entre les scores obtenus aux traits
plus spécifiques (par exemple, la sociabilité dans le cas
de personnalité d'une évaluation à l'autre, pour des
de l’extraversion). Le tableau 6.1 en présente des périodes allant jusqu'à 12 ans. Les études plus longues
exemples. À leur tour, ces traits plus spécifiques sont Gusqu'à 30 ans) rapportent aussi une stabilité sub-
composés de réponses particulières (ainsi, aimer stantielle de la personnalité, avec des corrélations
prendre la parole ou diriger les autres sont des carac- médianes moins élevées, de l’ordre de 0,34 à 0,75, mais
téristiques de l'extraversion). qui restent pour la plupart supérieures à 0,50.
82 La personnalité

TABLEAU 6.1 Le modèle à cinq traits de personnalité

TRAIT DE PERSONNALITÉ DESCRIPTION FACETTES

Névrosisme Tendance à l'instabilité émotionnelle Anxiété


et à éprouver des affects négatifs Colère, hostilité
Dépression
Timidité sociale
Impulsivité
Vulnérabilité

Extraversion Préférence pour les interactions sociales Chaleur


et l'activité M Grégarité
| Assertivité
Activité
Recherche de sensations
Émotions positives

| Ouverture à l'expérience Réceptivité aux idées et sentiments, Ouverture aux rêveries


curiosité pour le monde intérieur et Ouverture à l'esthétique
extérieur à soi Ouverture aux sentiments
/| Ouverture aux actions
| Ouverture aux idées

Aménité Souci d'autrui, confiance, générosité


Droiture
Altruisme
Complaisance
Modestie
Sensibilité

Caractère consciencieux Capacité de planifier une tâche, Compétence


de l'organiser et de la mettre Ordre
à exécution Sens du devoir
Recherche de réussite
Autodiscipline
Délibération

Source :Adapté de Costa et McCrae (1992, 1998).

Ces études longitudinales sont appuyées par des En résumé, principalement depuis les années 1980,
comparaisons transversales portant sur plusieurs une quantité importante de données sont venues
groupes d'âge (de 30 à 80 ans) qui ne démontrent soutenir l'argument de la stabilité des traits de per-
que des différences minimes entre les groupes d'âge sonnalité, une thèse défendue par des auteurs comme
(MceCrae et Costa, 2003). Ce tableau de stabilité McCrae et Costa (2003). Selon cette perspective, la per-
des traits de personnalité est renforcé par des don- sonnalité serait largement fixée à partir de la trentaine
nées internationales provenant d'échantillons de per- (McCrae et Costa, 1994) et changerait très peu
sonnes allemandes, croates, italiennes, portugaises par la suite. Sur la base d’une méta-analyse portant
et coréennes âgées de 18 à 84 ans (McCrae et Costa, sur 152 études, Roberts et DelVecchio (2000) ont
1997 ; McCrae et coll., 1999). modéré cette position en avançant que la consistance
Chapitre 6 83

dans les traits de personnalité augmente de l'enfance processus intrinsèquement lié à l’âge ou est-ce le
à l’âge adulte moyen, atteignant un certain plateau un résultat d'influences culturelles ou historiques?
peu après l'âge de 50 ans. Un examen des données longitudinales portant
Les traits caractéristiques des individus changent sur les scores moyens obtenus aux tests de personna-
donc fort peu pendant la plus grande partie de la vie lité peut nous informer sur les changements qui
adulte, et cela, en dépit du fait que la plupart des indi- seraient communs au groupe de sujets en entier avec
vidus auront vécu des événements majeurs dans les l'avancement en âge. L'examen du changement dans
domaines relationnel et occupationnel, ainsi que ces scores moyens permet de déterminer s'il y a une
dans leur santé. Ainsi, les personnes qui ont affronté des augmentation ou une diminution de ce trait chez la
maladies majeures, comme un problème cardiaque ou plupart des gens pendant une période particulière
le cancer, présentent un profil de personnalité aussi de la vie. Ces changements normatifs pourraient être
stable que celles qui n’ont pas vécu de telles expé- le résultat d’un processus de maturation ou le résul-
riences (Costa, Metter et McCrae, 1994). Ces traits tat d'expériences de vie communes qui ont façonné la
continuent d'influencer les comportements à l’âge personnalité. Il est important de réaliser que de tels
adulte avancé, comme ils l'ont fait durant les phases changements absolus peuvent se produire sans affecter
de vie antérieures. la stabilité ordinale (celle du rang individuel). En
Il est important de noter que la perspective des effet, il est clair que si les scores obtenus par les indi-
traits conçoit que d’autres facteurs peuvent avoir vidus changent dans la même direction et avec la
une influence sur les comportements. En effet, si les même amplitude d'un test au suivant, la position rela-
traits de personnalité continuent d'influencer la per- tive de chacun reste la même. Prenons l'exemple de
sonne vieillissante, 1l est clair que les rôles sociaux la sociabilité. On pourrait imaginer un scénario dans
évoluent, que des événements de la vie comme la lequel la sociabilité augmenterait dans le temps pour
perte d'un être cher ou une maladie grave peuvent tous les individus dans la même mesure. Le classement
avoir une influence très importante sur la personne. des individus du plus sociable au moins sociable
Par ailleurs, il est reconnu que les comportements, qui resterait inchangé du premier au second test, ce qui
sont l'expression des traits de personnalité, se modi- serait reflété par une corrélation test-retest positive.
fient aussi avec l’âge en fonction des changements de Se fier uniquement à cette corrélation aboutirait à
rôle et des aptitudes de chacun. La capacité d'adapter l'erreur de conclure à l'absence de changement.
les comportements issus des traits de personnalité évo- Les résultats de ces recherches apparaissent consis-
lue aussi avec le temps et les expériences de vie. Par tants. En bref, l'extraversion et l'ouverture à l'expé-
exemple, une personne très consciencieuse et discipli- rience déclinent avec l’âge alors que la stabilité
née aura appris à tempérer sa tendance organisatrice émotionnelle, l'aménité et le caractère consciencieux
et contrôlante pour s'adapter à ses partenaires de vie, augmentent, et de manière similaire chez les hommes
au travail et en famille. Pour les théoriciens des traits et les femmes (Costa et coll., 1994; Helson et coll.
de personnalité, l'intérêt majeur de cette approche 2002 ;McCrae, 2002 ;McCrae et coll.,1999; Jones et
consiste à comprendre comment les dispositions de per- Meredith, 1996; Roberts, Walton et Viechtbauer,
sonnalité influencent le processus de vieillissement et 2006; Small et coll., 2003b).
façonnent le cours de la vie d’une personne. Dans le cadre d'une étude longitudinale d'une durée
de 14 années, Field et Millsap (1991) ont trouvé,
dans l’ensemble, une forte continuité dans les traits de
6.3.2 La maturation avec l'âge personnalité entre les âges de 69 et 83 ans. Les auteurs
Les données des études longitudinales sur les corré- ont cependant relevé quelques changements. Les
lations test-retest ne nous apportent qu'une réponse participants les plus âgés de l'étude manifestaient
partielle à cette question fondamentale: certains une réduction de la dimension énergétique; selon
aspects de la personnalité changent-ils avec l'âge? Par les auteurs, ce résultat reflète davantage les circons-
exemple, les personnes deviennent-elles plus rigides tances de diminution de l’activité et de déclin de la
ou plus introverties ? Dans l'affirmative, s'agit-il d'un santé qu'un changement de trait de personnalité. Les
84 | La personnalité

participants plus âgés manifestaient aussi une augmen- recours à des études longitudinales conduites avec des
tation de l’aménité, que les auteurs interprètent échantillons représentatifs à l'échelon national et au
comme une meilleure capacité d'accepter et d'intégrer sein de cultures plus diverses.
les aspects de la vie sans porter de jugement critique. Le niveau relativement élevé de satisfaction de vie
Des résultats concordants ont été obtenus dans le et de bien-être rapporté par les personnes âgées (voir
cadre d'une vaste étude transversale menée auprès le chapitre 7, qui traite du bien-être subjectif) pourrait
d'un échantillon national représentatif aux États- s'expliquer, au moins en partie, par ces changements
Unis (Markus et Lachman, 1996). Précisément, le de personnalité, en particulier par la diminution du
groupe des personnes âgées présentait les scores névrosisme (réduction des affects négatifs et des
d'aménité les plus élevés et les scores de névrosisme stratégies d'adaptation inefficaces) et par l'augmen-
et d'ouverture à l'expérience les plus faibles, compa- tation de l’aménité et du caractère consciencieux
rativement aux adultes plus Jeunes. (McCrae, 2002).
Il faut préciser que ces données proviennent Comme le concluent plusieurs auteurs (par exemple,
presque exclusivement de recherches conduites avec Caspi, Roberts et Shiner, 2006; Helson et coll., 2002),
des participants nord-américains dans la deuxième il semble que la plupart des personnes deviennent plus
moitié du XX° siècle. Il est donc difficile de déter- matures fonctionnellement avec l'avancement en âge:
miner si ces changements représentent un processus elles sont plus stables sur le plan émotionnel, en
intrinsèque au développement humain ou une réponse meilleur contrôle de leurs impulsions, plus conscien-
à ce contexte spatio-temporel particulier. Cela dit, les cieuses et soucieuses des autres (comme le reflètent
quelques études transversales rapportant des com- des degrés moins élevés de névrosisme et des degrés
paraisons transculturelles (sur plus d'une douzaine de plus élevés d'aménité et du caractère consciencieux) ;
pays) sur les différences entre groupes d'âge appuient mais elles ne sont pas nécessairement plus ouvertes
les résultats portant sur la diminution du névrosisme et créatives (comme l'indique un déclin de l'ouverture
ou de la vulnérabilité émotionnelle, de l'extraver- à l'expérience), et ce, contrairement aux attentes d'une
sion, de l'ouverture à l'expérience, et sur l'augmen- vision humaniste de la maturité. Ces changements
tation de l’'aménité et du caractère consciencieux avec transcendent le sexe, la cohorte et la nationalité.
l'avancement en âge (par exemple, Helson et Kwan, Ce portrait de la maturation de la personnalité
2000; McCrae et coll., 1999). Ainsi, une étude trans- correspond remarquablement bien à celui que la
versale menée auprès de participants des États-Unis recherche offre au sujet des modes d'adaptation et de
et de la Chine, âgés de 20 à 87 ans, a révélé une plus régulation émotionnelle privilégiés des personnes
forte tendance de contrôle et d'accent sur les règles âgées. Celles-ci seraient en effet moins portées à
ou normes chez les sujets plus âgés (Labouvie-Viefet employer des stratégies caractérisées par l’impulsi-
coll., 2000). En effet, les participants plus âgés se vité ou la projection; par contre, elles semblent plus
décrivaient comme plus optimistes, plus sérieux au enclines à recourir à des stratégies d'interprétation des
sujet des devoirs et responsabilités, plus intéressés à situations, d'évitement de conflit, d'acceptation des évé-
être en harmonie avec les autres et davantage prêts nements négatifs et d'appel aux normes et aux prin-
à accepter les règles et à s'y conformer. Les auteurs cipes (Aldwin, 1994; Brandtstädter et Greve, 1994;
soulignent que cette différence s'apparente à une Carstensen, Gross et Fung, 1997; Diehl, Coyle et
combinaison de réduction du névrosisme et d’aug- Labouvie-Vief, 1996; Heckhausen et Schulz, 1995).
mentation de l'aménité et du caractère conscien- Quelle est l'origine de ces changements ?McCrae,
cieux. Cette étude appuie aussi l’idée d'une Costa et leurs collaborateurs (1999, 2000) penchent
diminution de l'extraversion associée à l'âge. pour une prédisposition génétique, propre à notre
Considérés dans leur ensemble, de tels résultats espèce, au développement de la personnalité dans
suggèrent que ces changements sont plutôt attri- certaines directions. Cette position est battue en
buables à une vraie maturation qu'à des effets brèche par des auteurs comme Helson et ses collègues
historiques ou de cohorte. Il est certain que cette (2002), qui soulignent les influences du milieu sur la
conclusion ne peut être appuyée avec force sans le personnalité et mettent l'accent sur l'accumulation
Chapitre 6 85

d'expériences de vie et sur la réflexion, l'intégration et 6.4.1 Carl Gustav Jung


l'adaptation basées sur ces expériences. Dans une
veine similaire, Roberts et Caspi (2003) théorisent que Carl Gustav Jung (1933), collaborateur puis opposant
de Freud, fut l’un des premiers auteurs du courant
les expériences de vie liées aux rôles sociaux et les
psychanalytique à proposer que le développement
processus identitaires sont les moteurs de ces confi-
de la personnalité se poursuit toute la vie et que les
gurations de continuité et de changement des traits
changements structuraux ne sont pas limités à la
de personnalité.
période de l'enfance.
Pour conclure, selon l'approche des traits de per-
L'idée centrale de Jung est que la tension entre les
sonnalité, les personnes présentent une large four-
tendances opposées à la recherche de l'équilibre est
chette de différences individuelles, à toutes les étapes
le moteur de l'évolution de la personnalité, équilibre
de leur vie d’adulte. Ces caractéristiques individuelles
qui n'est atteint qu'en fin de vie. L'opposition entre
sont plus importantes que l'âge chronologique pour
l'orientation vers le monde extérieur et l'orientation
l'adaptation au vieillissement et le bien-être psy-
vers le monde intérieur constitue l’une de ces tensions.
chologique. L'argument des auteurs favorables à la
Pendant la phase de la jeunesse, les tâches de subvenir
perspective des traits de personnalité est que les indi-
à ses besoins par le travail et de fonder une famille s’ac-
vidus maintiennent leurs caractéristiques distinctives
compagnent d'une préoccupation pour les relations
pendant toute leur vie. Les individus créent ou
avec le monde extérieur et, conséquemment, d'une
recherchent des milieux de vie qui sont en corres-
nécessité de se conformer à un certain nombre de
pondance avec leurs traits de personnalité. À leur
règles. Pendant cette étape de la vie, les personnes
tour, ces milieux et les expériences qui s'y déroulent
tendent à adopter une perspective analytique et exté-
accentuent les traits de personnalité. Ainsi, un indi-
rieure sur les choses et sur les gens. Ces pressions issues
vidu dominant visera un poste de direction dans son du travail et de la famille s'estompent graduellement
milieu de travail, et cette expérience de dirigeant ren- dans la vie adulte en fonction des changements dans
forcera sa tendance dominatrice. En ce sens, les traits les rôles sociaux. Les individus sont alors en mesure
et les expériences de vie s’influencent mutuellement et de canaliser leur énergie vers l'exploration de leur
contribuent ensemble à l'évolution de la personnalité. monde intérieur. Ils peuvent aussi s'ouvrir à une
approche plus intuitive et personnelle des choses et
des gens, ainsi qu'à certains aspects de leur person-
6.4 L'APPROCHE nalité jusque-là négligés ou peu développés.
DÉVELOPPEMENTALE Selon Jung, une évolution vers l'intégration de ten-
dances opposées dans la personnalité se manifeste aussi
L'approche développementale tire ses racines du en ce qui a trait à la masculinité-féminité. Il considère
courant psychanalytique. Les modèles proposés ont que chaque personne porte en elle des caractéris-
en commun d'envisager le développement de la per- tiques ou des tendances masculines et féminines. Pen-
sonnalité selon un enchaînement d'étapes ou de dant la vie de jeune adulte, les traits typiquement
stades. Nous nous intéresserons ici à certaines masculins et féminins se manifestent clairement chez
théories selon lesquelles la personnalité évolue l'homme et la femme; par contre, l'avancement en âge
jusqu'en fin de vie. Ce point de vue se démarque de voit émerger un équilibre entre ces deux tendances.
celui de Freud, le fondateur de la psychanalyse; Cette évolution vers une sorte d'androgynie de la per-
Freud affirme que la structure de la personnalité est sonnalité se manifeste dans les comportements ty-
fondamentalement établie dans la petite enfance, piques des sexes masculin et féminin. Ainsi, avec
qu'elle ne subit que des remaniements par la suite et l'avancement en âge, les femmes sont plus enclines à
qu'en fait, à partir du milieu de la vie adulte, la per- laisser s'exprimer leurs comportements affirmatifs, et
sonnalité est rigidement fixée. les hommes manifestent davantage leurs émotions.
86 La personnalité

"Tasueau 6.2 Les étapes du développement du moi selon Erikson (1950)

| PHASE CRISE RÉSOLUTION POSITIVE

. Prime enfance Confiance/méfiance Espoir, motivation

. Enfance L Autonomie/doute Volonté, maîtrise de soi

. Âge du jeu Finalité, sens des objectifs

. Âge de l'école Productivité/infériorité Compétence

. Adolescence \ Ildentité/confusion Fidélité, dévotion

. Âge adulte moyen


. Âge adulte avancé

6.4.2 Erik H. Erikson moi et le désespoir. À un âge avancé, la personne est


de plus en plus consciente de l'approche inévitable de
La théorie d'Erikson (1950) est sans doute la théorie la mort, ce qui l'amène à réfléchir sur sa vie passée et
des phases du développement psychosocial la plus sur sa signification. L'issue favorable de ce stade est
connue et la plus influente. Selon cette approche, le caractérisée par l'intégrité du moi, c'est-à-dire la
développement de la personne se présente comme un capacité d'évaluer sa vie avec sérénité et humble
processus continu qui peut être divisé en une hiérar- satisfaction, la capacité d’être en paix avec soi-même.
chie séquentielle de huit stades (voir le tableau 6.2). Ce processus ouvre la voie à l'émergence de la sagesse,
Chaque stade est caractérisé par une «crise », c'est- qu'Erikson définit comme un intérêt serein et dénué
à-dire une tension entre les tendances conflictuelles, d'anxiété à l'égard de la vie, combiné à une accepta-
par exemple la bipolarité intégrité-désespoir. La réso- tion de la mort (Erikson, E.H., Erikson, J.M. et
lution de la crise dépend d'une interaction dynamique Kivnick, 1986). L'issue défavorable de ce stade
entre les ressources d'un moi édifié sur les phases consiste à envisager sa vie comme une suite de chances
précédentes et les demandes de la société et de la ratées et d'échecs, à ressentir de l'amertume et du
culture. De la résolution positive d'un stade émerge regret et à craindre la mort; en d’autres termes, à vivre
un moi consolidé, capable d'affronter les défis de un état de désespoir du moi.
l'étape suivante. Le développement se poursuit ainsi La théorie d'Erikson a été l'objet de deux critiques
tout au long de la vie, les nouvelles phases se cons- principales. La première souligne que cette théorie a
truisant sur les fondations des précédentes. Il faut pré- été élaborée sur un modèle de parcours de vie typique
ciser que, même si la théorie d'Erikson met l'accent d'individus de sexe masculin, bénéficiant d’un haut
sur un déroulement programmé et séquentiel, la possi- niveau d'éducation et vivant selon les normes de la
bilité existe de retourner à des tâches développe- culture occidentale. La théorie apporte donc une con-
mentales des stades précédents en vue de dénouer les tribution limitée à notre compréhension des tra-
crises plus adéquatement. Jectoires de développement des femmes et des
La maturité psychosociale n'est éventuellement personnes d’autres cultures. La deuxième critique
atteinte qu'en fin de vie après que tous les stades ont porte sur le fait que peu de recherches empiriques ont
abouti à une résolution positive des crises. En effet, été conduites pour évaluer cette théorie, ce qui est
à cette phase ultime de la vie, la question centrale, généralement le cas pour l’ensemble des théories
selon Erikson, concerne la tension entre l'intégrité du issues du courant psychodynamique. Les quelques
Chapitre 6 | 87

études existantes (Whitbourne et coll., 1992) ont été l'adaptation et renforcent les dispositions existantes,
menées avec des participants d'âge adulte jeune et ce qui a pour effet de diminuer la pression à l'égard
moyen; cela ne permet pas d'évaluer les composantes du changement et d’accentuer les traits de personna-
de continuité et de transition qui sont au cœur du lité et les comportements (Roberts et coll., 2004).
modèle ni les hypothèses concernant la phase de fin Il s’agit donc de prendre en compte les dispositions
de vie. Une rare étude longitudinale conduite avec des de la personnalité pour expliquer l’actualisation, la
participants initialement âgés de 55 à 74 ans et suivis nature et l'ampleur des changements de personnalité
Jusqu'à un âge très avancé (plus de 85 ans) apporte qui résulteront des confrontations avec les circons-
un soutien partiel à la position d’Erikson (Field et tances de vie. Ainsi, la tendance à établir et à main-
Millsap, 1991). Cette recherche (mentionnée dans la sec- tenir une situation de vie favorisant la stabilité de la
tion 6.5, portant aur les traits de personnalité, page 81) rap- personnalité est en elle-même une caractéristique
porte en effet une augmentation de l'aménité, que ses de personnalité. La relation inverse est aussi vraie. Par
auteurs interprètent sous l'angle du mouvement vers exemple, des personnes qui présentent un degré élevé
l'intégrité du moi, le thème du huitième stade de la d'instabilité émotionnelle (névrosisme) courent un
vie. L'absence de données longitudinales est parti- risque plus grand de vivre des événements perçus
culièrement problématique pour des théories qui comme stressants au cours de leur existence, compa-
s'attachent au développement ou au changement de rativement aux personnes ayant une personnalité
la personnalité au fil du temps. émotionnellement plus stable. À leur tour, les cir-
Malgré ces limitations, le modèle de développement constances de vie pénibles ajouteront aux difficultés
d'Erikson reste une source d'inspiration dans le d'adaptation des individus déjà vulnérables et ren-
champ de la psychologie du développement. En effet, forceront leurs tendances de personnalité.
il permet de considérer le développement jusqu'à
l’âge adulte avancé et l'influence de la société et de la
culture sur lui. 6.6 UN MODÈLE INTÉGRATEUR :
LES SIX CENTRES DE
6.5 LA PERSPECTIVE LA PERSONNALITÉ
CONTEXTUELLE Hooker et McAdams (2003) ont proposé un cadre
théorique intégrateur pour favoriser une meilleure
L'impact du milieu sur le développement de la person- compréhension de l'évolution de la personnalité tout
nalité est au cœur des préoccupations de l'approche au long de la vie. Ce modèle comporte six centres. Aux
contextuelle. Celle-ci met l'accent sur l'interaction niveaux structurels des traits de personnalité, des
entre, d’une part, les conditions sociales, culturelles patrons d'actions personnelles et des histoires de
et historiques, et, d'autre part, les caractéristiques vie correspondent, respectivement, les états, l’auto-
de la personnalité. régulation et l’autonarration.
Des événements de vie majeurs tels le mariage ou Le premier niveau est celui des traits de person-
le décès d’un être proche, tout comme les attentes de nalité. Comme nous l'avons vu à la section 6.3 (et au
la société concernant les comportements appropriés tableau 6.1, page 82), un modèle comme celui des cinq
à un certain Âge peuvent certes avoir un impact traits de base rend compte des régularités dans les
important sur l'évolution de la personnalité. Par comportements au fil des situations et du temps.
ailleurs, la personnalité exerce une influence sur le Les processus parallèles aux traits sont les états.
choix des milieux de vie, de la profession et des parte- Ces derniers correspondent à des changements à
naires sociaux et amoureux. Les gens se construisent court terme, tels que la fatigue, le degré d'énergie,
une « niche » personnelle (emplois, relations sociales, l'état émotionnel.
milieux de vie, etc.) qui correspond à leurs valeurs, Le deuxième niveau structurel est constitué des
leurs objectifs et leurs traits de personnalité. Il est fort adaptations caractéristiques, que l’on peut aussi
probable que ces liens et appartenances facilitent appeler patrons d'actions personnelles, pour souligner
88 | La personnalité

l'aspect dynamique de l'orientation vers des buts. changement de la personnalité. Plusieurs études sug-
Ces ensembles incluent les objectifs de vie, les moti- gèrent en effet que les individus ont tendance à
vations, les sois possibles et les tâches développe- adopter une perspective optimiste au sujet des chan-
mentales. Ils se situent dans des contextes particuliers gements de personnalité au cours de la vie adulte.
de temps, de lieu et de rôle social. Ils sont donc spé- Précisément, les gens croient que leur personnalité se
cifiques au contexte et plus susceptibles de changer modifie de manière positive pendant cette période de
au cours de la vie que les traits de personnalité. Les leur vie. L'étude souvent citée de Woodruff et Birren
processus parallèles aux patrons d'actions person- (1972) a mis ce phénomène en évidence dans le
nelles sont les processus d'autorégulation au service domaine de l'ajustement personnel et social. En 1944,
des objectifs de la personne. À titre d'exemple, on peut des participants âgés en moyenne de 19,5 ans avaient
mentionner les processus d'autocontrôle et d’auto- répondu à un test de personnalité. Vingt-cinq ans
efficacité. plus tard, en 1969, les participants, alors âgés en
Le troisième niveau est celui des histoires de vie. moyenne de 44,5 ans, ont de nouveau répondu au
Il s'agit de la compréhension de soi sous forme nar- même test. Il n'y avait pas de différence significative
rative. Les personnes créent leur vie comme une his- entre les scores des deux périodes de la vie, ce qui
toire qui reconstruit le passé et anticipe le futur, de suggère une absence de changement dans le degré
manière à lui insuffler un sens d'unité, de signification d'ajustement de la personnalité. Pour relever l'intérêt
et de finalité. Ces histoires de vie sont hautement du test, les participants ont été invités, à répondre au
personnelles et évoluent continuellement au cours même test, comme ils pensaient l'avoir fait en 1944.
de l'existence. Les processus de l'histoire de vie, Des différences significatives entre les vrais scores
comme les réminiscences et les récits de vie, sont de 1944 et ceux basés sur le rappel sont apparues.
rassemblés sous le vocable d'autonarration. La direction de cette différence est intéressante: les
Les auteurs précisent que ce modèle n'est pas participants ont nettement sous-estimé les scores
hiérarchique au sens où les deuxième et troisième d'ajustement personnel et social qu'ils s'étaient eux-
niveaux seraient «construits » sur le premier. Toutefois, mêmes attribués en 1944. Visiblement, ils croyaient
d'un point de vue développemental, les traits et les s'être fortement améliorés depuis le début de la vie
états se manifestent dès la prime enfance, tandis que adulte sur le plan de l'ajustement personnel et social,
les objectifs et les histoires de vie se développent plus alors que les vrais scores n'indiquaient aucune dif-
tard dans l'enfance et l'adolescence. férence significative. Ces résultats suggèrent que les
Un des principaux avantages de ce cadre théorique adultes entretiennent une théorie implicite de chan-
est son potentiel d'unifier les diverses perspectives gement de la personnalité, plus particulièrement
dans le champ complexe de la personnalité à l’âge d'amélioration de celle-ci au cours de la vie adulte. Par
adulte. Dans un article qui foisonne d'idées pour la ailleurs, on peut penser que le maintien de l'estime de
recherche dans ce domaine, Hooker et McAdams soi constitue l'un des moteurs de cette surestimation
(2003) détaillent les recherches pertinentes à cha- de l'évolution désirable de la personnalité.
cun des trois niveaux et mettent de l'avant l'impor- D'autres études plus récentes ont reproduit ces
tance de comprendre les liens entre les divers centres. résultats indiquant une propension à croire à des
changements positifs de sa propre personnalité
(Fleeson et Baltes, 1998; Fleeson et Heckhausen,
1997), la perception de tels changements jouant même
6.7 LA PERCEPTION SUBJECTIVE un rôle de prédicteur de la santé et du bien-être psy-
DES CHANGEMENTS DE chologique (Fleeson et Baltes, 1998).
LA PERSONNALITE Les théories implicites du vieillissement influencent
la perception de l'évolution de la personnalité. Dans
L'analyse de la perception subjective de l'évolution de leur recherche, McFarland, Ross et Giltrow (1992)
la personnalité à l'âge adulte apporte un éclairage ont introduit une distinction entre des attributs
intéressant sur les questions de la stabilité et du personnels que la plupart des gens considèrent
Chapitre 6 | 89

comme augmentant avec l’âge, tels que l'indépendance subjectives des participants des trois groupes d'âge ont
ou la compréhension, et des attributs communément reflété une augmentation des traits désirables et une
considérés comme diminuant avec l’âge, par exemple, diminution modérée des traits indésirables au début
la timidité ou la rapidité de la pensée. Pour les attri- de l’âge adulte (croissance), suivie d’une diminution
buts reconnus pour augmenter en vieillissant, les modérée des traits désirables et d’une petite augmen-
participants âgés ont évalué leurs scores de jeunesse tation des traits indésirables à l’âge avancé (déclin).
à des seuils nettement inférieurs à ceux que les jeunes Les participants âgés manifestaient cependant un
participants de l'étude s'attribuaient. Pour les attri- optimisme plus marqué que les plus jeunes, dans la
buts envisagés comme diminuant avec l’âge, les par- mesure où ils percevaient que la croissance conti-
ticipants âgés se sont alloués des scores de Jeunesse
nuait Jusqu'à un Âge avancé et que le déclin était
plus élevés que les jeunes sujets de l'étude. Ces effets
moins prononcé.
n'avaient rien à voir avec le caractère positif ou
De plus, il semblerait que les personnes qui mani-
négatif de l’attribut en question, ce qui indique que
festent un sentiment marqué de maîtrise interne
les résultats ne reflétaient ni une vision systéma-
adoptent une vision plus optimiste, anticipant la sta-
tiquement glorifiée de la jeunesse ni une perspective
bilité, voire l'amélioration, de la personnalité avec
exclusivement négative de la vieillesse. Les auteurs
ont conclu que les théories du vieillissement répan- le temps, alors que les personnes ayant une faible
dues dans notre culture exercent une influence perception de maîtrise personnelle s'attendent au

prépondérante sur le rappel par les personnes âgées contraire à une détérioration.
des attributs de leur personnalité de leur jeunesse et, Igier et Mullet (2003) ont aussi noté que les per-
par extension, sur la perception subjective de l'évo- sonnes de tous les groupes d'âge émettent des avis
lution de la personnalité. similaires sur les caractéristiques de personnalité
Dans la même veine, Krueger et Heckhausen (1993) qu'ils attribuent aux enfants, aux adolescents, aux
ont examiné la contribution des conceptions subjec- adultes et aux personnes âgées. Selon le modèle à
tives du développement aux jugements portés par cinq traits, les personnes très âgées se percevaient
les individus sur la stabilité et sur le changement de elles-mêmes et étaient perçues par les autres groupes
la personnalité. Les auteurs ont sélectionné 10 traits d'âge comme: consciencieuses (matures); introverties
de personnalité désirables et 10 traits indésirables de (calmes et craintives) ; agréables; et peu ouvertes
chacune des cinq grandes dimensions de personna- (principalement à cause d'un manque de confiance et
lité, soit le névrosisme, l’extraversion, l'ouverture à de vigilance). Les auteurs remarquent que ce portrait,
l'expérience, l’aménité et le caractère conscien- qui s'écarte peu de celui des personnes d'âge adulte
cieux. Par exemple, des caractéristiques descriptives moyen, reflète une perception plutôt positive des per-
comme la sociabilité et le courage constituaient, dans sonnes âgées: elles sont capables et productives. Il est
cette étude, des aspects désirables de l'extraversion,
aussi intéressant de noter qu'il correspond bien au
tandis que la crédulité et la naïveté représentaient des
profil de maturation qui ressort des résultats des
aspects indésirables de l'ouverture d'esprit. Pour cette
recherches longitudinales mentionnées précédemment.
série de 100 caractéristiques de personnalité, des parti-
En résumé, ces recherches suggèrent qu'un fort
cipants jeunes, d’autres d'âge adulte moyen et des
sujets âgés devaient indiquer dans quelle mesure consensus règne au sein des personnes adultes concer-
chaque caractéristique changeait au cours de la vie, nant la stabilité de certaines caractéristiques de per-
était désirable, décrivait leur propre personnalité sonnalité et le changement d’autres caractéristiques
et était susceptible de maîtrise personnelle. En général, au cours de la vie adulte. En général, ces attentes
les conceptions subjectives étaient plutôt optimistes. reflètent l'idée optimiste que la personnalité dans son
En effet, les traits désirables étaient jugés comme ensemble tend à s'améliorer au cours de la vie adulte.
plus caractéristiques de sa propre personne et plus sus- Les adultes s’attendent à avoir des attributs de per-
ceptibles de maîtrise personnelle que les traits indési- sonnalité plus positifs et une plus grande satisfac-
rables. Prises dans leur ensemble, les conceptions tion de vie dans le futur.
90 La personnalité

6.8 LA PERSONNALITÉ ET entre la personnalité telle qu'évaluée dans l'enfance et


la longévité. Précisément, la tendance à être fiable
LE VIEILLISSEMENT et l'absence d'impulsivité étaient des prédicteurs signi-
ficatifs de la longévité. La tendance à être conscien-
6.8.1 La santé et la longévité cieux depuis l'enfance prédisait l'adoption de
Il est désormais reconnu que les comportements comportements positifs pour la santé. Cette étude
induits par la personnalité ont un effet important sur appuie fortement l'argument selon lequel la santé
la santé. Par exemple, certains traits de personnalité psychologique influence la santé physique.
favorisent des comportements, comme fumer ou boire
avec excès, qui ont une influence néfaste sur la santé
et donc sur la longévité. 6.8.2 Le fonctionnement cognitif
À l'inverse, certaines caractéristiques de personna-
Il y a aussi de plus en plus d'évidences empiriques qui
lité se révèlent positives pour la santé. Ainsi, une
appuient l'idée que certains profils de personnalité sont
étude s'est penchée sur les différences individuelles
associés à un meilleur fonctionnement cognitif. Ainsi,
dans les trajectoires de santé auprès d’un échantillon
des données issues de l’Étude longitudinale de Seattle
de 1515 sujets de sexe masculin (Normative Aging
ont montré que les individus qui manifestaient un style
Study; Aldwin et coll., 2001). Ces personnes ont été
de personnalité flexible au milieu de la vie adulte
suivies pendant environ 20 ans à partir de l'âge de
maintenaient les meilleures performances intel-
47 ans (en moyenne). Si l'on considère la personna-
lectuelles à l’âge adulte avancé (Schaie, 1996). Ces
lité, les pires bilans de santé étaient le lot des hommes
résultats suggèrent, à l'inverse, qu'un trait de person-
qui présentaient des degrés plus élevés d'instabilité
nalité cognitif rigide résulte en un déclin plus précoce
émotionnelle (anxiété et hostilité).
du fonctionnement cognitif à l’âge adulte avancé.
Dans le même ordre d'idées, une étude conduite
Une autre étude a démontré que les personnes à la
auprès de participants âgés de 60, 80 et 100 ans a mon-
personnalité moins névrotique, telle qu'évaluée à un
tré que les variables de personnalité rendaient compte
âge plus Jeune, étaient les plus susceptibles de présen-
d'environ un tiers de la variance dans les indices du
ter les meilleures performances intellectuelles aux
bien-être psychologique, ce qui est notable (Adkins,
tests d'intelligence et de mémoire à l’âge adulte avancé
Martin et Poon, 1996). Chez les centenaires, un
(Arbuckle et coll., 1992).
meilleur bien-être psychologique était associé à une
tension faible, c'est-à-dire à une nature tranquille,
relaxe et non anxieuse, combinée à l’extraversion,
6.8.3 La sagesse
un trait de personnalité qui, comme nous l'avons vu,
se traduit par la sociabilité et la recherche des contacts La sagesse a été définie comme la connaissance
sociaux (Adkins et coll., 1996). experte des aspects pragmatiques de la vie permet-
La fameuse étude entreprise en 1922 par Terman tant une compréhension intime et un jugement de
(Terman Life Cycle Study of Children with High haut niveau en ce qui a trait aux questions complexes
Ability; Terman et Oden, 1947) apporte une confir- et incertaines de la condition humaine (Baltes, Smith et
mation supplémentaire du rôle puissant joué par les Staudinger, 1992). Certains traits de personnalité sont
dispositions de personnalité dans la santé. Les parti- de bons prédicteurs de la sagesse. Ainsi, Staudinger,
cipants de cette étude ont été suivis tous les 5 à 10 ans Lopez et Baltes (1997) ont rapporté que les indi-
sur une période de 70 ans depuis les années 1920, ce vidus qui possèdent des traits d'ouverture à l'expé-
qui a permis un examen longitudinal des relations rience et aux questions de nature psychologique
entre caractéristiques de personnalité et état de santé démontrent des degrés élevés de performance indica-
(Friedman et coll., 1995). Un lien clair est apparu tifs de sagesse.
Chapitre 6 | 91

+ Les psychologues ont adopté des positions diver- °_ Pour comprendre l’évolution de la personnalité,
gentes dans l'étude de la personnalité à l’âge l'approche contextuelle souligne l'interaction
adulte, chacun ayant sa méthode propre d’'inves- entre, d'une part, les conditions sociales, cultu-
tigation et son présupposé de base. relles et historiques, et, d'autre part, les carac-
+ Les traits de personnalité restent remarquable- téristiques de personnalité.
ment stables au cours de la vie adulte, ce qui se e Un modèle intégrateur propose d'envisager la
reflète dans le maintien des caractéristiques dis- personnalité selon six foyers: trois niveaux
tinctives des individus. (traits, patrons d'actions personnelles, histoire
e Certains traits évoluent cependant avec de vie) et trois processus associés à ces niveaux
l'avancement en âge. Ainsi, une maturité fonc- (respectivement: états, autorégulation et
tionnelle, constituée d’une meilleure stabilité autonarration).
émotionnelle, d’une meilleure maîtrise des + Les personnes ont tendance à croire que
impulsions, d’une plus grande fiabilité et d’un leur personnalité change davantage qu'elle
souci accru des autres, semble se profiler avec ne le fait en réalité. Cette perception sub-
le vieillissement. jective du changement reflète habituelle-
° Jung affirme que l’évolution caractéristique, à ment une vision optimiste d'amélioration de
l'étape de la vieillesse, consiste en une tendance la personnalité.
à s'intéresser au monde intérieur et à un équi- e La personnalité exerce une forte influence sur
libre entre la masculinité et la féminité présentes la santé, la longévité, le fonctionnement cogni-
chez tous les individus. tif et l'acquisition de la sagesse.

Suggestions de lectur
Bertrand, R.M. et Lachman, M.E. (2003). Personality devel- Roberts, B.W., Robins, R.W,, Trzesniewski, K.H. et Caspi, A.
opment in adulthood and old age. Dans R.M. Lerner, M.A. (2004). Personality trait development in adulthood. Dans
Easterbrooks et J. Mistry (dir.), Handbook ofPsychology: Vol. 6, J.T. Mortimer et M.J. Shanahan (dir.), Handbook of the Life
Developmental Psychology (p. 463-485). New York: John Wiley Course (p. 579-595). New York: Springer.
& Sons.
Vandenplas-Holper, C. (2003). Ze développement psychologique
Caspi, À., Roberts, B.W. et Shiner, R.L. (2005). Personality à l'âge adulte et pendant la vieillesse. Paris: Presses universitaires
development: Stability and change. Annual Review of de France.
Psychology, 56, 453-484.

Fontaine, R. (1999). Manuel de psychologie du vieillissement.


Paris: Dunod.
esS S S È S
94 | Le bien-être subjectif

a majorité des personnes se représente la « vieillesse » comme devant être


une période maussade, malheureuse, alors que les aînés n'occupent plus
un rôle social leur permettant de donner un sens à leur vie. En outre, il
est fréquent d'entendre que l'avancement en âge a des conséquences négatives:
diminution des capacités intellectuelles et physiques, perte d'autonomie et
d'indépendance, relations sociales moins nombreuses, finances précaires privant
les aînés d'activités sociales et de loisirs enrichissantes ou distrayantes. Ce triste
scénario semble donc condamner les personnes âgées à être malheureuses, réduites
au souvenir de certaines périodes de leur vie passée, sans doute plus heureuses.
Toutefois, la réalité semble bien différente. Par exemple, 80% des 1000 Québécois
âgés de 55 ans et plus sondés en 2006 se disent heureux (Ipsos Descarie, 2006).
Selon les résultats de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes
— 2002, 89% des aînés se disent salsfaits où très satisfaits de leur vie (Statistique
Canada, 2004b). Contrairement aux idées préconçues, il est en outre solidement
établi que le bien-être ne diminue pas avec l'avancement en âge. Certaines études
montrent même que la cohorte des aînés est souvent celle qui est globalement la
plus heureuse (Helliwell et Putnam, 2004; Mroczek et Kolarz, 1998).
Cette disparité entre la situation de vie des personnes âgées et le fait qu'elles soient
malgré tout satisfaites de leur existence se nomme paradoxe du bien-être
(Kunzmann, Little et Smith, 2000; Mroczek et Kolarz, 1998). Depuis plus de
50 ans, les chercheurs en gérontologie sociale tentent de comprendre et d’expli-
quer comment la majorité des aînés gardent un bon moral malgré les nom-
breuses infortunes qui parsèment leur vie. À cet égard, des chercheurs de l'étude BASE (voir Le chapitre )
avancent une idée alternative intéressante. Ainsi, ce paradoxe relèverait davantage du mythe que de la réa-
lité puisque la situation de vie des personnes âgées en général ne serait pas aussi sombre qu'on le dit
(Kunzmann et coll., 2000; Smith et coll., 1999).

Ce chapitre est divisé en quatre sections. Nous présenterons d’abord le concept du bien-être subjectif.
Puis, nous décrirons brièvement la façon de mesurer le bien-être et d'autres concepts apparentés. Par
la suite, nous aborderons les déterminants au bien-être des personnes âgées, avant de faire un rapide tour
d'horizon de quelques théories explicatives.

7.1 LES CONCEPTIONS ne reflète certes pas l'importance du bien-être dans


l'expérience humaine ni même sa reconnaissance
DU BIEN-ETRE SUBJECTIF en psychologie: des pionniers tels que Fechner et plus
Les manuels de base en psychologie générale accor- tard Freud ont traité du principe du plaisirs de la ten-
dent généralement peu d'attention à l'expérience dance à rechercher le plaisir et à éviter la souffrance.
du bien-être et à ses déterminants. En comparaison, Pour Kahneman, Diener et Schwarz (1999), le
nos connaissances sur la mémoire, l'intelligence et retard dans le développement d’une psychologie
la personnalité sont beaucoup plus développées. En résolument tournée vers le bien-être reflète la dif-
outre, on accorde un intérêt plus grand aux problèmes ficulté des chercheurs intéressés par ce domaine à
de santé mentale, comme la dépression et l'anxiété, trouver leur place au sein des grands courants behavio-
qui génèrent une souffrance intense. Cette situation ristes et cognitivistes qui ont marqué la psychologie
Chapitre 7 : 95

du xXX° siècle. Pourtant, la recherche sur le bien- déterminante. On peut, en effet, percevoir un pro-
être a toujours été active et animée par des courants blème de santé comme une source de détresse et de
de pensée diversifiés. préoccupation qui réduisent la satisfaction de vie.
En 1984, Ed Diener, une figure incontournable Mais le même problème de santé peut être perçu
dans ce domaine, a noté l'existence de trois principaux comme un défi ou un moindre mal comparativement
groupes de définitions du bien-être. Selon les défini- à d’autres situations tragiques, comme la perte d’un
tions normatives, le bien-être ne correspond pas à un enfant. Cette dimension cognitive aide à comprendre
état, mais est plutôt fonction d’un critère externe. pourquoi, comme nous le verrons plus loin, les circons-
Les théories de l’activité et du désengagement (vor la tances objectives de la vie sont plus faiblement liées
section 7.4) sont des exemples de modèles qui au bien-être subjectif que le jugement que l’on porte
conçoivent le bien-être en fonction d’un critère externe sur ces circonstances.
puisqu'elles font référence à une norme comportemen- En contrepartie, la problématique du #éen-être
tale concernant l'intégration sociale. Selon le deuxième dubjectif occupe depuis longtemps une place de premier
groupe de définitions, le bien-être est plutôt lié au suc- plan dans la recherche auprès des aînés (Diener,
cès tel que déterminé par des critères personnels. La Scollon et Lucas, 2004). Reflet de l’évolution de ce
satisfaction des objectifs de carrière d’un individu concept, on a utilisé plusieurs expressions de manière
en est un exemple. Enfin, le troisième groupe de défi- interchangeable dans les écrits gérontologiques pour
nitions considère le bien-être comme le résultat de la désigner le bien-être :le moral, la satisfaction face à
prépondérance des expériences affectives positives sur la vie ou le bonheur.
l'ensemble des expériences affectives. Cette diversité lexicale reflète les différentes
Plus récemment, Kahneman et ses collaborateurs conceptions du bien-être véhiculées au cours de l’his-
(1999) ont proposé une intégration du savoir sur le toire (Kozma, Stones et McNeil, 1991). Par exemple,
bonheur dans l'espoir de jeter les bases de ce qu'ils le terme satisfaction a été utilisé dès le XV° siècle dans
appellent une paychologie hédoniste. Réunissant dif- les écrits portant sur la qualité de vie. À cette époque,
férentes perspectives, comme le contexte social et les il référait à la satisfaction des désirs personnels. En
déterminants biologiques du bonheur, les auteurs comparaison, le terme moral est entré en usage dans
proposent une intégration du savoir actuel sur le la langue anglaise au XIX° siècle pour désigner le
sujet. Ils offrent un résumé des différents niveaux bien-être en relation à un code de conduite normatif.
d'analyse de la qualité de vie qui reflète bien la com- Il importe aussi de mentionner que dans ce mou-
plexité du phénomène. Ces cinq niveaux conceptuel, vement positiviste (où l'on constate la préférence de
qui vont du stade molaire au stade moléculaire, sont: ne pas se centrer exclusivement sur les aspects néga-
1) le contexte social et culturel (par exemple, les dif- tifs du vieillissement, au point de les considérer comme
férentes perspectives de ce qui constitue une «bonne des archétypes de l'avancée en âge), plusieurs autres
vie » et les caractéristiques objectives telles que le «métaconcepts » ont émergé au cours des dernières
taux de criminalité et la pauvreté); 2) le bien-être années. Parmi eux, le plus connu est sans doute le
subjectif, lequel sous-entend une composante de concept de vieillissement réussi (auccessful aging)
jugement et de comparaison avec des idéaux, des attribué à R.J. Havighurst (1961) et repris par Rowe
aspirations, d'autres personnes et son propre passé; et Kahn (1987, 1998) ainsi que par Ryff (1989b)
3) l'humeur typique d'une personne, qui varie d’un (voir Aguerre et Bouffard, 2005, pour une description
individu à un autre; 4) l’état affectif d'une personne de ce concept). On peut également mentionner les
à un moment précis; et 5) les influences biologiques concepts du vieillissement optimal (optimal aging), du
comme celles des hormones et des neurotransmetteurs. bien-vieillir (agéng well), du vieillissement actif et de
Pour Schwarz et Strack (1999), l'évaluation de la qualité de vie (quality of life). Leur dénominateur
son bien-être par l'individu est un Jugement formé sur commun est d'établir de quelles façons un individu
le moment, forcément influencé par des déterminants doit s'adapter au processus du vieillissement.
contextuels. La façon de considérer l'information dis- Ces concepts sont-ils synonymes du bien-être
ponible au moment de cette évaluation est également subjectif abordé dans ce chapitre ? Rien n’est moins
96 | Le bien-être subjectif

certain. Si qualité de vie et bien-être sont des expres- 72 LES MESURES


sions équivalentes dans l'esprit de George (2006),
pour d'autres, ces concepts relèvent d'un ordre DU BIEN-ÊTRE SUBJECTIF
supérieur au bien-être subjectif, et ce dernier en cons- Dans leurs études, certains chercheurs ont mesuré le
tituerait seulement un fragment. Par exemple, la bien-être subjectif en demandant à des participants
satisfaction à l'égard de la vie est considérée comme de répondre à une seule question. Par exemple, Glenn
une composante importante de la vieillesse réussie et McLanahan (1981) leur ont posé la question sui-
(Baltes et Baltes, 1990) et de la qualité de vie qui, selon vante : « Dans l'ensemble, diriez-vous que vous êtes
Lawton (1991), inclut également les caractéristiques heureux, très heureux ou pas très heureux ces jours-
objectives de l'environnement, la compétence et la ci? » Si une seule question peut facilement s'insérer
perception de la qualité de vie. Les personnes âgées dans un questionnaire, une entrevue ou une enquête
elles-mêmes considèrent que certains aspects typiques d'envergure, cette technique apporte peu d'informa-
du bien-être, tels qu'avoir une attitude psychologique tion et ne présente pas les qualités métriques des
positive, sont importants pour jouir d'une bonne instruments plus élaborés (Bouffard et Lapierre,
qualité de vie (Gabriel et Bowling, 2004). Le flou 1992)
conceptuel entourant ces notions est une raison évo- Les instruments de mesure du bien-être subjectif
quée pour expliquer l'absence d'accord entre les comprenant plusieurs questions sont d’ailleurs plus
auteurs. Pour ajouter à la confusion, la notion de souvent utilisés dans les recherches menées auprès des
bien-être est utilisée dans plusieurs autres disciplines, personnes âgées. Il existe de nombreux instruments,
comme les sciences économiques et médicales, qui lui et une présentation exhaustive dépasserait le cadre de
attribuent souvent un autre sens. Finalement, on ce chapitre. Nous nous limiterons donc à décrire
trouve une autre expression dans les écrits sur ce brièvement cinq instruments parmi les plus connus.
sujet, celle de bien-être psychologique. Selon Ryff Il s'agit de l’Index de satisfaction de vie (Life
(1989a), le bien-être psychologique comprend les Satisfaction Index, LSI; Neugarten, Havighurst et
six dimensions suivantes: l'acceptation de soi, la Tobin, 1961), du Philadelphia Gertatric Center Morale
croissance personnelle, le sens à la vie, les relations Scale (PGC; Lawton, 1972, 1975), de l’Inventaire
positives avec autrui, la perception de maîtrise de des affects positifs et négatifs (Pouitive and Negative
son environnement et l'autonomie. Affect Schedule, PANAS; Watson, Clark et Tellegen,
Dans ce chapitre, nous utilisons une définition 1988), de l'Échelle d'équilibre affectif (4ffect Balance
plus restreinte. Ainsi, le bien-être subjectif est défini Scale, ABS ;Bradburn, 1969; Bradburn et Caplovitz,
comme étant «l'évaluation d'une personne de sa 1965) et du #emorial University of Newfoundland Scale
propre vie» (Diener et coll., 2004). À cet égard, ofHappiness (MUNSH ; Kozma et Stones, 1980).
l'expression dten-être subjectif ne fait donc pas appel La première version du LSI (LSI-A) a été dévelop-
à des experts qui Jugeraient pour un individu de la pée par Neugarten et ses collaborateurs en 1961;
qualité de sa condition. Au contraire, elle met l'accent elle reflète une conception multidimensionnelle du
sur l'évaluation de l'individu de sa propre vie, et cette bien-être, soit l'enthousiasme, la persévérance, la
évaluation inclut une composante cognitive et deux congruence entre les buts visés et les buts atteints, le
composantes affectives (Diener et coll., 1999, 2004). concept de soi et l'humeur. Cet instrument se compose
L'aspect cognitif englobe la satisfaction de la per- de 20 énoncés, 12 positifs et 8 négatifs, pour lesquels
sonne envers sa vie en général ou dans des domaines le sujet indique son accord ou son désaccord. «Je suis
particuliers comme la santé, l'habitat, les finances, tout aussi heureux que lorsque j'étais plus jeune »
etc. Les composantes affectives concernent la est un exemple dénoncé. Les versions subséquentes
fréquence, plus élevée, d'émotions positives par rap- du LSI (LSI-B; LSI-Z) constituent des variations
port à la fréquence d'émotions négatives. Ces notions quant au format du questionnaire. Par exemple, le
nous indiquent que le bien-être subjectif est donc un LSI-Z contient 13 des 20 énoncés originaux, et le sujet
concept multidimensionnel. répond sur une échelle en cinq points allant de
Chapitre 7 | 97

totalement d'accord à totalement en désaccord (W ood, au bien-être. La seconde approche, illustrée par un
Wylie et Sheafor, 1969). instrument tel que l’ABS, met plutôt l'accent sur les
Comme le LSI, la PGC est le résultat d'une concep- sentiments positifs et négatifs sans tenir compte
tion multidimensionnelle du bien-être. Selon Lawton des aspects de la vie qui y sont rattachés. Le MUNSH
(1972), un bon moral se traduit, entre autres, par un a été conçu pour unifier ces deux approches; 1l com-
sentiment de satisfaction personnelle, un sentiment bine les qualités de ses prédécesseurs en un seul
d'appartenance au milieu environnant ainsi que par instrument de mesure du bien-être subjectif. En fait,
l'acceptation de ce que l’on ne peut changer. Cette il a été construit en regroupant des énoncés du PGC,
échelle compte 17 énoncés; en voici deux exemples: du LSI-Z et de l’ABS. Le sujet indique par oui ou non
«J'ai autant d’entrain que lorsque j'étais plus jeune » si chacun des 10 premiers énoncés décrit un sentiment
et «J'ai plusieurs raisons d'être triste.» La plupart ressenti au cours du dernier mois et si chacun des
des énoncés demandent de répondre par oui ou non, 14 énoncés restants décrit comment 1l se sent généra-
et les énoncés restants offrent un autre choix de lement. Une version abrégée du MUNSHI, le Short
réponse tel que «satisfait > ou «non satisfait ». Happiness and Affect Research Protocol (SHARP ; Stones
L'Inventaire des affects positifs et négatifs se com- et coll., 1996), est disponible.
pose de 10 affects positifs (intéressé, passionné, fort, Les qualités psychométriques des versions
enthousiaste, fier, alerte, inspiré, déterminé, attentif françaises de ces différents instruments de mesure du
et actif) et de 10 affects négatifs (inquiet, contrarié, bien-être subjectif sont connues. Bouffard et Lapierre
coupable, effrayé, hostile, irrité, honteux, nerveux, (1997) en ont fait une synthèse, et chaque instrument
agité et craintif). Les participants sont invités à éva- est présenté en annexe de leur article. Ils font remar-
luer ces éléments sur une échelle de 1 à 5, selon l'in- quer que si, dans l’ensemble, les autoévaluations du
tensité de leur émotion, où 1 signifie «très peu ou pas bonheur sont fiables et valides, cette conclusion ne fait
du tout » et où 5 signifie «énormément ». pas l'unanimité. Veenhoven (1997) a aussi discuté de
Pour les concepteurs de l'Échelle d'équilibre affec- la validité et de la fiabilité des mesures du bien-être
tif, le bien-être est fonction du rapport entre l'état ainsi que des biais possibles de son évaluation.
affectif positif et l’état affectif négatif, lesquels sont
indépendants l’un de l’autre. Selon cette perspective,
le degré de bien-être est élevé si l’affect positif pré- 7.3 LES VARIABLES ASSOCIÉES
domine sur l'affect négatif, tandis que l'inverse se
traduit par un faible degré de bien-être. Cette échelle AU BIEN-ÊTRE SUBJECTIF
contient 10 questions évaluant les réactions de l'indi- Les chercheurs se préoccupent de savoir ce qui con-
vidu aux événements des dernières semaines. La tribue au bien-être des personnes âgées depuis près
moitié des questions est formulée de telle sorte qu'elles d'un demi-siècle, autant pour enrichir nos connais-
reflètent l’affect positif (« Vous êtes-vous senti emballé sances que pour orienter la pratique. Savoir que le
ou intéressé [par quelque chose] ? »), et l'autre moitié bien-être des aînés serait positivement influencé par
représente l'affect négatif («Vous êtes-vous senti le revenu, par exemple, pourrait modifier les pro-
ennuyé [par quelque chose]? »). Chaque question grammes de soutien au revenu. Il faut cependant
demande une réponse basée sur une échelle de dire que, malgré une abondante littérature, malgré le
trois points: souvent, quelques fois ou jamais. Trois fait que plusieurs variables ont été mises en corrélation
résultats peuvent être obtenus: un pour l’affect posi- avec le sentiment de bien-être, beaucoup de travail
Hé un pour l'affect négatif et un pour le rapport entre reste à faire. D'une part, parce que le pouvoir expli-
les états affectifs positif et négatif. catif de ces variables demeure très faible et, d'autre
On peut distinguer deux principales approches part, parce que les études sont presque en totalité de
du bien-être subjectif qui ont influencé l'élaboration nature transversale et corrélationnelle. Il serait ici
des instruments de mesure (Kozma, Stones et Reker, trop long de passer en revue l’ensemble des variables
1997). Le LSI et la PGC découlent d'une première étudiées ; nous rapporterons uniquement les ten-
approche visant à cerner les domaines de vie associés dances lourdes.
98 | Le bien-être subjectif

1.3.1 l'âge s'opèrent sur une très longue période, laissant suffi-
samment de temps aux personnes pour sy adapter.
Comme nous l'avons mentionné en début de chapitre, Il semble donc que l'avancée en âge ne peut expli-
plusieurs personnes ont la certitude que le sentiment quer à elle seule une diminution du bien-être lorsque
de bien-être diminue avec l'avancée en âge compte celle-ci survient chez les aînés. Toutefois, de plus
tenu de la diminution des relations sociales et de la récentes études montrent un degré de bien-être
dégradation de la santé qui accompagnent forcément plus faible chez les octogénaires que chez les sexagé-
le vieillissement. Cette certitude a été cependant naires (Smith et coll., 2002). Cette diminution du
contredite à plus d'une occasion. Ainsi, dans l'Enquête bien-être à un âge très avancé s'expliquerait entre
sur la santé dans les collectivités canadiennes — 2002 autres par les limitations fonctionnelles, notamment
(Statistique Canada, 2004b), 89% des personnes visuelle et auditive, la perte de mobilité et d'apti-
âgées de plus de 65 ans se disent satisfaites ou très satis- tudes à poursuivre les activités de la vie quotidiennes
faites de la vie, contre 85% chez les 25-64 ans et (Kunzmann et coll., 2000).
84% chez les 15-24 ans. L'écart n'est peut-être pas
suffisant pour conclure que les aînés sont nettement
plus satisfaits que les autres groupes d'âge, mais ces 7.3.2 Le sexe
résultats infirment à tout le moins l'idée que la satis- Le bien-être subjectif varie-t-1l selon que l'on est une
faction face à la vie serait moindre chez les aînés. femme ou un homme âgé ? Il semble que non, malgré
Ces résultats confirment ceux de plusieurs autres des différences reconnues entre les sexes concernant
études sur le sujet qui montrent que le bien-être sub- le statut matrimonial, le revenu, l'état de santé ou les
jectif est relativement stable tout au long de la vie relations sociales. Dans leur étude, Bourque et ses col-
adulte (Fujita et Diener, 2005) et qu'une diminution laborateurs (2005) n'observent aucune différence
importante du sentiment de bien-être en fonction de sur la satisfaction à l'égard de la vie entre les
l’âge calendaire est rarement observée (Diener et coll., 419 hommes et 539 femmes, âgés en moyenne de
1999 ; Helliwell et Putnam, 2004). Ainsi, dans l'étude 73 ans. Toutefois, les chercheurs observent, entre les
de Mroczek et Kolarz (1998), qui a regroupé près de genres, des différences importantes sur les variables
2700 participants âgés de 25 à 74 ans, les chercheurs qui contribuent à la satisfaction. Windle et Woods
ont découvert plus d’affects positifs et moins d'affects (2004) ont réalisé une étude avec des participants plus
négatifs chez les personnes âgées. Il convient donc de âgés (78 ans en moyenne), et aucune différence n'a
revoir l'image de la personne âgée forcément mal- été non plus retrouvée entre les hommes et les femmes.
heureuse en raison de son âge. Smith et ses collaborateurs (2002) notent que les
Pour Fujita et Diener, entre autres, la satisfaction hommes rapportent plus de satisfaction à l'égard de
serait un trait stable dans la population en général, car la vie et de leur propre vieillissement que les femmes.
elle est largement déterminée par la personnalité (voir Dans leur méta-analyse, Pinquart et Sôrensen (2001a)
le chapitre 6) et l'hérédité. Ces auteurs avancent l'idée ont montré que si les femmes éprouvent un sentiment
que la satisfaction de vie peut s'accroître ou diminuer de bien-être inférieur à celui des hommes, la différence
devant des expériences positives ou négatives, mais entre les deux sexes reste toutefois négligeable. De
qu'elle retourne naturellement à son niveau initial à plus, si l'on tient compte des différences entre hommes
plus ou moins longue échéance. À noter que, dans leur et femmes quant au veuvage, à la santé et au niveau
étude visant à vérifier cette assertion, la satisfaction socioéconomique, ce lien s’affaiblit davantage. En
à l'égard de la vie est moins stable que ce qu'ils somme, comme pour l'âge, la relation entre le genre
avaient prévu. Pour Diener et ses collaborateurs et le bien-être est faible et indirecte.
(1999), la stabilité du bien-être reflète aussi la capa-
cité des individus à s'adapter à leurs conditions de vie
changeantes. Pour d'autres, les conditions de vie des
1.3.3 Le niveau socioéconomique
personnes âgées ne sont pas aussi pénibles qu'on le Comme on pouvait s'y attendre, la scolarité et le revenu
dit. Sans compter que plusieurs changements sont deux variables qui ont été mises en relation avec
Chapitre 7 | 99

le bien-être subjectif. Selon une autre méta-analyse qui a trait à la qualité de vie en général. Le premier,
réalisée par Pinquart et Sürensen (2000), il existerait appelé relations sociales, désigne l'habileté à établir
un lien positif entre ces variables et le bien-être. des relations personnelles ainsi qu'à tolérer les autres
Même si le revenu s'avère plus fortement lié au bien- et à leur faire confiance. Le second se manifeste par
être que la scolarité, il influence faiblement le sen- un intérêt dans les défis et la résolution de problèmes
timent de bien-être (Diener et coll., 1999; Helliwell et porte le nom de penuée originale.
et Putnam, 2004). Ces variables expliqueraient à La nature du lien entre la personnalité et le bien-
peine 4% de la variance du bien-être subjectif. être des aînés varie en fonction des différentes
variables de personnalité. Dans l'étude de Hagberg
et ses collaborateurs (2002), les relations entre les
7.3.4 Le statut matrimonial variables sont généralement positives (par exemple,
Plusieurs études ont montré que les personnes âgées un degré plus élevé de stabilité émotionnelle est
mariées manifestent un plus haut degré de bien-être associé à un degré plus élevé de bien-être psycho-
que les personnes non mariées (Diener et coll., 1999; logique). Cependant, une relation négative a été
Helliwell et Putnam, 2004; Smith et coll., 1999). Dans trouvée entre la pensée originale et la qualité de vie.
une étude longitudinale s'étalant sur une période Comment expliquer le lien entre la personnalité et
de huit ans, Bennett (2005) souligne que les personnes le bien-être des aînés ? En fait, plusieurs explications
âgées veuves, ou qui le sont devenues, manifestaient sont possibles, comme l'ont souligné Hagberg et ses
un degré de bien-être inférieur à celui des aînés collaborateurs. Certains aspects de la personnalité,
encore mariés. Toutefois, la relation entre ces deux comme la stabilité émotionnelle, peuvent prédisposer
variables demeure très faible (Diener et coll., 1999); l'individu à se sentir bien en agissant comme un filtre
la satisfaction matrimoniale affecterait davantage qui colore l'interprétation des événements de la vie.
le bien-être (O’Rourke, 2005). Pour d’autres traits de personnalité, le lien avec le
Parmi les personnes âgées qui ont perdu leur bien-être peut dépendre du contexte. Ainsi, la relation
conjoint, les veufs éprouvent un sentiment de bien-être négative entre la pensée originale et la qualité de vie
moindre que celui des veuves dans les premiers peut s'expliquer du fait que les défis sont réduits
moments du deuil. Cette disparité entre les veufs et après la retraite et que la société ne sollicite pas les
les veuves n’existerait presque plus après deux ans de ressources associées à ce trait chez les individus âgés.
veuvage (Nieboer, Lindenberg et Ormel, 1999). Les travaux de Wallace, Bisconti et Bergeman
(2001) illustrent d'une autre façon l'importance du
contexte dans l'association de la personnalité avec le
7.3.5 La personnalité bien-être à la vieillesse. Leur étude visait plus parti-
La relation entre le bien-être et certains traits de culhièrement à comprendre la contribution du sou-
personnalité a aussi fait l'objet de recherches. Par tien social et de la «robustesse » (hardiness), un aspect
exemple, Hagberg, Hagberg et Saveman (2002) ont de la personnalité pouvant aider à faire face à des
documenté les liens entre différentes dimensions de expériences de vie difficiles et à les surmonter. Les
la personnalité et la qualité de vie, dont le bien-être individus présentant une grande robustesse consi-
psychologique. L'analyse des données visait, entre dèrent le changement comme une occasion de crois-
autres, à déterminer les variables de personnalité qui sance personnelle, ils se valorisent (et ils valorisent leurs
discriminent le mieux les participants dont le sen- activités) et se perçoivent en contrôle de leur propre
timent de bien-être est élevé de ceux chez qui il est destinée. Comme l'illustre la figure 7.1 (page suivante),
faible. Parmi les huit traits de personnalité étudiés, un les résultats de cette étude suggèrent que la robustesse
seul s'avère utile pour distinguer ces groupes. Il s'agit relie en partie le soutien social au bien-être à la façon
de la stabilité émotionnelle caractérisée par l'absence d'in- d'un intermédiaire. Il se peut que le fait de disposer
quiétude et de tensions nerveuses. Deux autres aspects de plus de soutien social contribue à la robustesse des
de la personnalité, en plus de la stabilité émotionnelle, aînés ou que les personnes les plus robustes utilisent
contribuent à la discrimination des participants en ce davantage les ressources de leur réseau social.
100 Le bien-être subjectif

, la roBltesse

Robustesse

Soutien Satisfaction à l'égard


————
————————
——+#
social de la vie

Source : Wallace et coll. (2001).

Rappelons (vor le chapitre 6) que la vision contem- précédente était associée à un plus faible sentiment de
poraine de la personnalité estime qu'elle est com- bien-être. Cependant, le bien-être subjectif n'était
posée de cinq traits fondamentaux: le névrosisme, pas en relation avec d'autres événements majeurs
l'extraversion, l'ouverture à l'expérience, l'aménité et comme la retraite ou un changement de travail. Ces
le caractère consciencieux. Ainsi, les recherches ont résultats mettent en lumière que l'ampleur de l'impact
régulièrement mis en évidence le fait que les per- négatif sur le bien-être varie selon le stresseur. Les
sonnes extraverties manifestent davantage de bien-être stresseurs qui ont l'impact le plus marqué sont pro-
et présentent un meilleur moral que les introverties bablement ceux dont les conséquences sont les plus
ou que celles affichant un haut degré de névrosisme nuisibles ou qui sont perçus comme tels. Ce dernier
(Diener et coll., 1999). point est important, car, comme l'ont souligné Kahana
et ses collaborateurs (1995), la présence de différents
stresseurs affecte le bien-être subjectif des personnes
7.3.6 Les stresseurs âgées indirectement à partir de l'évaluation subjective
On distingue habituellement deux types de stres- qu'elles font de la situation. Au moment de cette éva-
seurs : les événements majeurs et les stresseurs luation, les individus considèrent les impacts actuels
chroniques. Les événements majeurs surviennent à un ou potentiels d'un événement sur différents aspects de
moment précis et marquent un point tournant dans leur vie (par exemple, la santé, les rapports sociaux
l'existence d'un individu. La retraite et le décès du et les activités). Ainsi, une même situation peut affecter
conjoint constituent des exemples d'événements différemment le bien-être subjectifde différentes per-
majeurs qui surviennent typiquement à la vieillesse sonnes suivant l'évaluation que chacune en fait.
(voir le chapitre 8). En comparaison, les stresseurs
chroniques sont persistants ou récurrents. Il s'avère
parfois plus difficile de déterminer le moment exact
7.3.1 Les activités physiques et sociales
où ils ont commencé. Les difficultés financières, les Se garder actif le plus longtemps possible est un
conflits avec des membres de la famille et certains conseil souvent donné afin de bien vieillir. Cette idée
problèmes de santé, comme la douleur accompagnant est d’ailleurs centrale dans la théorie de l'activité de
l’arthrite, peuvent être considérés comme des stres- Havighurst et Albrecht (1953). Ces activités peuvent
seurs chroniques. prendre plusieurs formes, notamment l'activité
Certains stresseurs sont associés à un degré plus physique et sociale.
faible de bien-être subjectif. Balaswamy et Richardson Les résultats d’une méta-analyse montrent que les
(2001) ont étudié la relation entre certains événements gens âgés qui participent à des programmes d’entraf-
de la vie et le sentiment de bien-être chez 200 veufs nement à l'activité physique ressentent modestement
et veuves âgés. L'hospitalisation au cours de l’année plus de bien-être comparativement à ceux qui n'en
Chapitre 7 101

font pas (Netz et coll., 2005). Les travaux de Johnson Cependant, d’autres chercheurs n'ont pas trouvé
et ses collaborateurs (2003) illustrent ce type d'étude. d'impact aussi clair et ont fait valoir qu'une fréquence
Leurs participants présentaient des limitations fonc- et une durée minimales du programme d'activité
tionnelles importantes et bénéficiaient donc de services physique peuvent être nécessaires pour que celui-ci
de maintien à domicile. Les participants assignés au produise des résultats significatifs (Stoll et Alfermann,
groupe expérimental ont été invités par des tra- 2002). Il faut également noter que le simple fait d'être
vailleurs offrant ces services à effectuer un ensemble actif sur le plan physique n'est pas nécessairement
de 10 exercices simples (par exemple, marcher associé à un degré de bien-être plus élevé, car l’accom-
d'une pièce à une autre, s'élever sur les orteils et plissement d'activités qui ne sont pas désirées n'est pas
lever une jambe) durant les visites régulières. Après lié au sentiment de bien-être chez les personnes âgées
quatre mois d'intervention, les participants du groupe (Reich, Zautra et Hill, 1987). La relation entre l'ac-
expérimental ayant suivi le programme ont démon- tivité physique et le bien-être est aussi fonction de l'in-
tré des améliorations statistiquement significatives térêt de la personne pour l’activité en question.
quant à différents indices physiques (par exemple, la L'activité sociale est également associée au bien-
mobilité et l'endurance) et psychologiques, tandis être subjectif des personnes âgées. Pinquart et
que ceux d'un groupe témoin se sont détériorés à Sôrensen (2000) dégagent des résultats intéressants
plusieurs égards. La figure 7.2 montre que les parti- à cet égard. Premièrement, le réseau social des aînés
cipants du groupe qui a reçu l'intervention ont mani- montre un lien positif, quoique faible, avec le bien-être.
festé une amélioration dans leur confiance en leur Deuxièmement, ce lien varie selon qu'il s’agit de rap-
équilibre et dans leur bien-être, contrairement aux par- ports avec les enfants de la personne âgée ou avec ses
ticipants de l’autre groupe. amis. Si le bien-être en général est plus fortement

+Ficure 72 Le changement sur différentsy dices psychologiques en fonftffon


#
-de;la participation à un prog ame, d'actité physique

10 — BH Confiance équilibre (activités de base)


Groupe expérimental E Confiance équilibre (activités complexes)
[] Bien-être

Groupe témoin

Source: Johnson et coll. (2003).


102 Le bien-être subjectif

associé aux rapports avec les amis qu'avec les enfants, santé perçue, c'est-à-dire la façon dont les gens éva-
la satisfaction face à la vie, un autre indicateur du bien- luent leur propre santé, est plus en relation avec le
être, est plus fortement liée à la qualité des rapports bien-être subjectif des personnes âgées que leur état
avec les enfants qu'avec la qualité des amitiés. Ce de santé objectif tel qu'évalué par leur médecin, par
dernier résultat met encore une fois en relief l'impor- exemple (Okun et coll., 1984). Smith et ses colla-
tance de la qualité du capital social, notamment avec borateurs (2002) ont recruté des participants âgés
les amis (Helliwell et Putnam, 2004), plutôt que la de 70 à 100 ans dont ils ont évalué la santé de dif-
quantité des rapports. Ce résultat s'inscrit en droite férentes manières. Ils ont trouvé que le nombre de
ligne avec la théorie de la sélectivité socioémotion- maladies est faiblement associé au bien-être subjec-
nelle de Carstensen (1991). Selon cette théorie, les tif comparativement à la perception subjective de la
personnes, en vieillissant, effectuent une sélection santé et à la santé fonctionnelle reflétée, par exemple,
dans leur réseau social afin de garder seulement les par les problèmes de vision ou de mobilité. En fait,
individus qui leur apportent le plus de bien-être. la perception subjective de la santé s'est avérée être
Bien que les activités «informelles » soient liées l'indicateur de santé le plus fortement associé avec
au bien-être subjectifdes aînés, les caractéristiques du la plupart des indices de bien-être subjectif.
réseau social, particulièrement le soutien, sont plus
fortement corrélées avec le bien-être que la fréquence
des activités (Litwin, 2000). Le soutien social peut 7.3.9 La satisfaction des conditions de vie
contribuer directement au sentiment de bien-être,
La catégorie de la satisfaction des conditions de vie
mais il peut aussi avoir un effet protecteur en amor-
désigne les conditions de vie de l'individu, mais telles
tissant l'impact de situations difficiles comme le décès
qu'il les perçoit. Il s’agit plus précisément de l'éva-
d'un proche ou la détérioration de l'état de santé.
luation subjective de variables comme la santé, le
Dans le but de vérifier l'hypothèse voulant que ce
logement, le revenu, la vie conjugale ou le travail. De
ne soit pas l'activité en tant que telle qui est centrale,
façon générale, la satisfaction personnelle à l'égard de
mais davantage la qualité des relations sociales qui
influencent le bien-être des aînés, Litwin et Shiovitz- chacune de ces variables est positivement et plus
Ezra (2006) ont interrogé 1330 retraités. Ils ont
fortement liée au bien-être subjectif que leur carac-
comparé trois types d'activités. Les contacts avec les tère objectif. Par exemple, Smith et ses collabora-
enfants, les voisins et les amis sont considérés comme teurs ont comparé les problèmes d'acuité auditive
des activités «informelles ». Fréquenter des centres et visuelle, le nombre de maladies, le revenu et le
pour les aînés ou des lieux religieux, faire du nombre de connaissances avec leur correspondance
bénévolat ou suivre des cours sont des activités subjective comme l'évaluation personnelle de la vision
formelles. Les activités effectuées en solitaire sont ou de l'audition, la santé perçue, la satisfaction quant
celles de lire (incluant les journaux), d'écouter la au revenu et la satisfaction à l'égard des relations
radio et de regarder la télévision. Les chercheurs sociales. Les domaines objectifs expliquent 10% de
ont trouvé que les activités «informelles » affectent la variance du bien-être, alors que l'aspect subjectif
positivement le bien-être, mais par l'intermédiaire des en explique 40%.
liens sociaux qui y sont tissés. Comment expliquer cette prédominance des fac-
Bref, ce n'est pas ce que les personnes âgées font teurs subjectifs ?Une explication serait que la satis-
qui est important pour leur bien-être, mais plutôt faction des conditions de vie reflète mieux l'expérience
avec qui elles le font. personnelle de ces conditions. En ce qui concerne spé-
cifiquement la perception subjective de la santé, celle-
ci reflète l'expérience des conséquences des problèmes
7.3.8 L'état de santé
de santé avec des dimensions comme la douleur, l'in-
Il ne fait guère de doute que la santé est un déter- capacité, la menace pour la vie, les effets secondaires
minant majeur au bien-être des personnes âgées. des traitements, etc. Cette expérience, personnelle,
Toutefois, la majorité des études trouve que la n'est donc pas captée par le simple décompte du
Chapitre 7 103

nombre de maladies ou par un autre indice objectif de personne toutes les responsabilités sociales qu'elle
la santé (Diener et coll., 1999). lui avait confiées dans le passé (Guillemard et
Une autre explication serait que la satisfaction des Lenoir, 1974). En outre, le désengagement serait un
conditions de vie et le bien-être subjectif partagent une processus universel, présent dans toutes les sociétés,
dimension cognitive commune telle que les normes même si l'amorce et l'évolution du processus lui-même
personnelles de comparaison (Finkenaueur et peuvent varier d'une culture à une autre.
Baumeister, 1997). Celles-ci peuvent influencer de Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce
façon similaire l'évaluation des conditions de vie et du processus serait bénéfique autant pour la personne
bien-être. que pour la société. Les gens âgés seraient satisfaits
d’être enfin libérés de leurs rôles et de leurs respon-
sabilités, et ce désengagement permettrait alors à la
7.4 LES THÉORIES société de transférer les rôles laissés vacants aux

PSYCHOSOCIALES plus jeunes.


Cette théorie a été constamment critiquée, entre
DU VIEILLISSEMENT autres parce qu'elle défiait l’idée jusqu'alors implicite
que l’activité était vitale au bien-être des personnes
L'une des caractéristiques des théories psycho-
âgées.
sociales du vieillissement a été de mettre l'accent
En réaction à cette théorie, la théorie de l’acti-
sur l'adaptation de l'individu devant les pertes asso-
vité (Havighurst et Albrecht, 1953) a été formalisée.
ciées à la vieillesse. Certains de ces auteurs perçoivent
la vieillesse comme un problème, et la question est Elle mentionne que si la personne qui avance en âge
de savoir comment une personne âgée peut s'y veut garder une image positive d'elle-même et être
adapter. À cet égard, une perspective résolument fonc-
heureuse, elle doit s'engager dans des activités et par-
tionnaliste sous-tend ces théories. Depuis la fin des ticiper à la vie sociétale. Cette théorie affirme que la
années 1950, plusieurs théories ont été développées satisfaction à la vie est liée au concept de soi qui
et ont marqué le champ de la gérontologie sociale. dépend, en bonne partie, de l'image que les autres se
Dans cette section, nous décrirons brièvement font de nous. Cette reconnaissance est essentiellement
quelques-unes de ces théories qui tentent d'expliquer comblée par les rôles sociaux de l'individu. Les aînés
comment les aînés peuvent s'adapter à leur situation doivent donc chercher à maintenir leurs rôles et à
et garder un bon moral. Bien que certaines théories trouver des substituts aux rôles sociaux qui leur ont

ne se concentrent pas directement sur le bien-être, été enlevés par la mise à la retraite, par exemple.
mais sur la vieillesse réussie, elles nous aident à Plutôt que de considérer la période de la retraite
comprendre comment le bien-être peut se maintenir comme une cassure par rapport aux périodes précé-
à un âge avancé. dentes, la théorie de la continuité (Atchley, 1989,
À la fin des années 1950, à la suite des résultats 1999) mentionne que les habitudes et les préférences
d'une étude étalée sur une période de cinq ans auprès forgées à l’âge adulte se prolongent à la vieillesse. Les
de 275 personnes âgées de 50 à 90 ans, un groupe de individus ne changeraient pas de façon si importante
chercheurs de l'Université de Chicago a développé en vieillissant. Le sentiment de bien-être est alors
la première théorie en gérontologie sociale, la théorie déterminé par un style de vie conforme à ce qu'il
du désengagement (Cumming et Henry, 1961). était à l’âge adulte.
Selon elle, en avançant en âge, les gens délaissent Atchley distingue trois degrés de continuité. Trop
naturellement leurs rôles sociaux, diminuent leurs peu de continuité signifie pour la personne une
activités et interagissent moins fréquemment avec imprévisibilité par rapport à sa vie adulte antérieure ;
les autres, afin de se recentrer sur eux-mêmes. il y a alors discontinuité. La continuité équilibrée
Cette théorie mentionne que ce désengagement signifie que les changements se produisent à un
est mutuel entre la personne et la société. D'un rythme qui est en accord avec les préférences de la
côté, la personne âgée se retire de la société et, de personne et avec ses capacités de s'adapter aux exi-
l’autre, la société reprend progressivement à cette gences sociales. Enfin, trop de continuité crée un
104 Le bien-être subjectif

mal-être chez l'individu, car la diversité est insuffisante moins susceptibles d’être retenues. L'oplimiwation
pour enrichir sa vie. survient lorsque les aînés investissent les ressources
Contrairement à plusieurs auteurs qui considèrent nécessaires pour accomplir adéquatement ce qui a été
le vieillissement comme une période empreinte uni- sélectionné. Finalement, la compensation correspond
quement de pertes, Paul et Margret Baltes (1990) aux moyens compensatoires utilisés pour maintenir
avancent une autre opinion. Pour ces chercheurs un degré de fonctionnement, malgré des ressources
allemands, à toutes les étapes de l'existence coexistent limitées. Les exemples les plus classiques sont l’em-
des gains et des pertes. Ils admettent cependant qu'à ploi de verres correcteurs pour compenser la diminu-
un âge avancé, les pertes tendent à excéder les gains. tion de l’acuité visuelle, le recours à des stratégies
Néanmoins, comme nous l'avons vu précédemment, mnémotechniques pour compenser les pertes de
la majorité des personnes âgées sont satisfaites de mémoire ou demander de l’aide.
leur vie et ressentent du bien-être. Pour arriver à Dans la même veine, mais en s’orientant davantage
maintenir ces états malgré des ressources diminuées,
sur les relations sociales, Carstensen (1991) a déve-
les personnes âgées auraient recours au processus
loppé la théorie de la sélectivité socioémotionnelle.
d'optimisation sélective avec compensation ou SOC
Selon cette théorie, il y a deux sources de motivation
(sélection-optimisation-compensation; voir Freund
à entretenir des relations sociales. L'une sert à l'acqui-
et Baltes, 2003, pour une description en français). Le
sition de connaissances ou de recherche de l'informa-
couple Baltes propose ces mécanismes par lesquels les
aînés réduisent leurs activités en fonction des res- tion et l’autre sert à la régulation des émotions.
sources résiduelles. Avec l'avancement en âge, les personnes prennent

Selon ce modèle, confrontées aux diminutions de conscience des limites de leur durée de vie. Par consé-
leurs ressources psychologiques, biologiques et quent, elles sont plus motivées à entretenir des rela-
sociales, les personnes âgées sélectionnent parmi une tions sociales qu'à acquérir des connaissances. Cette
gamme d'activités, de tâches ou d'objectifs ceux théorie prédit que les aînés vont mettre de côté les rela-
qui sont les plus importants pour leur bien-être et qui tions sociales les moins importantes dans le but d'in-
préservent au mieux leurs ressources résiduelles. Les vestir le temps qui leur reste à des relations plus
activités plus difficiles et moins importantes sont intimes, source de bien-être durable.

e La disparité entre la situation de vie des per- + L'âge chronologique n'est pas directement cor-
sonnes âgées et le fait qu'elles soient malgré rélé avec le bien-être. On peut toutefois observer
tout satisfaites à l'égard de leur vie est connue une diminution du sentiment de bien-être avec
sous le nom du paradoxe du bien-être. le grand âge.
e Le bien-être est un concept multidimensionnel ° [ln y aurait pas de différence entre les hommes
comprenant une évaluation cognitive et affective. et les femmes quant au degré de bien-être
° Plusieurs concepts apparentés existent, sans éprouvé une fois certaines autres variables
que l'on sache clairement s'ils sont équivalents. contrôlées.
° Plusieurs instruments ont été développés et peu- ° Le revenu et la scolarité sont faiblement en rela-
vent être utilisés. tion avec le bien-être.
° Un effort considérable a été déployé depuis les ° Les gens mariés sont plus satisfaits en regard de
années 1950 afin de trouver les déterminants au la vie que les personnes non mariées.
bien-être subjectif.
>>>
Chapitre 7 105

Résumé (uuite)

+ Certains traits de personnalité sont liés au bien- e À l'opposé, la théorie de l’activité mentionne
être des personnes âgées. qu'il faut impérativement se garder actif, même
+ Les activités physiques sont liées, mais fai- avec l'avancement en âge.
blement, au bien-être alors que, parmi les acti- e La théorie de la continuité préconise davantage
vités sociales, ce sont davantage les activités la recherche d’un équilibre de manière que les
«informelles » qui influencent positivement le changements se produisent en fonction des
bien-être. capacités d'adaptation de la personne âgée.
° Sur le plan de la santé, c'est la santé perçue qui ° Les théories SOC et de la sélectivité socioémo-
est fortement en relation avec le bien-être. tionnelle mentionnent que les personnes âgées
+ La théorie du désengagement considère que le font des choix, sélectionnent ce qui ce est bon
désengagement est sain pour la personne âgée pour elles et délaissent ce qui est nuisible à leur
et qu'il est inévitable, mutuel et universel. bien-être.

Bouffard, L. et Lapierre, S. (1997). La mesure du bonheur. Schwarz, N. et Strack, F. (1999). Reports of subjective well-
Revue québécoise de psychologie, 18, 271-310. being: Judgemental processes and their methodological
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Diener, E., Scollon, N.C. et Lucas, R.E. (2004). The evol-
(dir.), Well-being : The Foundations of Hedonic Psychology
ving concept of subjective well-being: the multifaceted
(p. 61-84). New York: Russell Sage Foundation.
nature of happiness. Advances in Cell Aging and Gerontology,
15, 487-219;
Freund, À. et Baltes, P.B. (2003). Pour un développement
et un vieillissement réussis: sélection, optimisation et
compensation. Revue québécoise de psychologie, 24, 27-52.
apitre

SE
©
108 Les transitions

out au long de son existence, l'individu est confronté, qu'il le veuille ou non,
à des changements importants qui sollicitent ses capacités d'adaptation.
Ces changements sont nombreux et partagent deux points communs :
ils peuvent entraîner une modification dans les rôles sociaux et ils peuvent être
conceptualisés comme des événements majeurs de l'existence. Alors que le pre-
mier point touche davantage l'aspect sociologique, le second concerne plutôt
le paradigme de stress. Selon ce paradigme, les événements, qu'ils soient posi-
tifs ou négatifs, sont considérés comme des « stresseurs » puisqu'ils rompent
un équilibre et, par conséquent, posent un problème d'adaptation.
Avec l'avancement en âge, plusieurs événements surviennent. Parmi ceux-ci, trois
retiennent notre attention. Il s’agit de la mort du conjoint, de la retraite et de la
maladie physique. Ces événements constituent des transitions importantes qui
peuvent bouleverser profondément la vie des personnes âgées.

8.1 LA MORT DU CONJOINT nouvelle identité et à adopter un nouveau style de vie.


La perte du conjoint n'implique pas seulement la
La mort du conjoint est l'événement qui requiert le transition de la vie à deux au veuvage, mais signifie
plus d'adaptation si l'on se fie à la position qu'il également la fin d'une longue relation symbiotique,
occupe sur la majorité des échelles des événements de c'est-à-dire une relation dans laquelle les personnes
vie, notamment sur l'échelle d'évaluation de la réadap- âgées ont tendance à se parfaire et à s’entraider. Ce
tation sociale élaborée par Holmes et Rahe en 1967 qui était possible à deux devient, pour certaines per-
(voir le tableau 8.1). Cet événement majeur de l’exis- sonnes, irréalisable maintenant qu'elles sont seules. Il
tence est d'autant plus important à étudier que toutes n'est donc pas étonnant que les personnes interrogées
les personnes qui ont un conjoint devronty faire face par Holmes et Rahe (1967) aient perçu la mort du
un Jour ou l’autre. Cette affirmation s'applique d’une conjoint comme le plus important des stresseurs.
manière toute particulière aux personnes âgées et, plus C'est pourquoi les chercheurs ont voulu déterminer
spécialement, aux femmes âgées. l'existence et la nature des effets préjudiciables de
Conformément au modèle de stress, un examen cet événement.
attentif des recherches suggère que la mort du conjoint Nous avons tous eu l'occasion d'entendre dire, ou
peut, dans certaines conditions, entraîner des même de remarquer, que la personne plongée dans le
conséquences préjudiciables. La section suivante a deuil de son partenaire décédait elle aussi peu de
pour objectif d'examiner quelques-unes de ces consé- temps après la mort de la personne aimée. Cette mort,
quences ainsi que les facteurs susceptibles d'influencer que l'on décrivait comme prématurée, a souvent été
l'adaptation du conjoint survivant à sa situation. imputée au choc émotionnel ou au chagrin qui accom-
pagnait la perte. Mais, dans les faits, cette observa-
8.1.1 Les conséquences de la mort tion anecdotique sur un rique accru de mortalité est-elle
réellement fondée ?
du conjoint
Plusieurs recherches ont tenté de répondre à cette
La mort du conjoint amorce une période de transi- question, mais la tâche n’est pas facile, car les
tion importante pendant laquelle les capacités d'adap- chercheurs se heurtent à plusieurs obstacles métho-
tation de la personne sont mises à l'épreuve (George, dologiques. Prenons l'exemple d’un couple âgé qui
1980; Hansson et Stroebe, 2006). À la suite de cet a un accident de voiture ;le mari meurt sur le coup,
événement, la personne nouvellement en deuil devra et la femme succombe à ces blessures quelques
apprendre à endosser un nouveau rôle, à se définir une semaines plus tard. Si l’on ne prend pas soin de
Chapitre 8 109

= TABLEAU 8.1 l'échelle d'évaluation de la réadaptation sociale de Holmes et nane

. VALEUR DE CHANGEMENT .
RANG AAA TENL DE LA VIE
Mort du conjoint
_ Divorce
A Séparation conjugale
Emprisonnement
M Mort d'un parent proche
À Blessure ou maladie personnelle
| Mariage
Renvoi professionnel
Réconciliation conjugale
Retraïite
Maladie d'un membre de la famille
| Grossesse

Réadaptation professionnelle
Changement dans les revenus
Mort d'un ami intime
Changement d'orientation professionnelle
Changement dans le nombre de discussions avec lecon) joint
Hypothèque de plus de 10 000 $
Saisie d'hypothèque ou emprunt
Changement dans les responsabilités professionnelles
Départ d'un fils ou d'une fille du foyer familial
_ Difficultés avec la belle-famille
_ Haut fait personnel

| Entrée à l'école ouu sortiede l'école


“Changement: PE les conditions de vie

Difficultés avec le patron


Changement dans les heures ou lesconditions detravail
Changement de résidence
Changement d'école
Changement de loisirs
Changement d'activités religieuses
Changement d'activités socle |

Changement dans le nombre des réunions de famille


Changement d'habitudes alimentaires
Vacances
Noël
Infractions mineures à la loi
110 Les transitions

vérifier la cause exacte de son décès, on pourra fau- voulant que les aînés endeuillés soient plus à risque
tivement conclure que la femme est ici décédée en de mortalité que les gens mariés a été confirmé dans
réaction à la mort de son mari, alors que tous deux une méta-analyse de 53 études (Manzoli et coll.
ont été victimes du même accident. Cet exemple 2007). Les endeuillés auraient 10% plus de chance de
illustre qu'il peut être compliqué d'établir avec certi- décéder que les personnes mariées.
tude une relation claire entre le deuil conjugal et le La disparition du conjoint exercerait une action
taux de mortalité, puisque les chercheurs contrôlent négative sur la santé physique, tant objective que
rarement l'influence d’autres variables. Stroebe et subjective. Par exemple, les résultats d'une étude
Stroebe (1987) ajoutent que les deux partenaires de Thompson et de ses collaborateurs (1984), réa-
peuvent être du même âge, résider dans un même lisée auprès de 212 hommes et femmes en deuil de
milieu physique et social, être en présence des leur conjoint depuis deux mois, montrent que les
mêmes facteurs environnementaux, partager sujets développent de nouvelles maladies physiques,
les mêmes conditions de vie et adhérer à un mode connaissent une aggravation de leurs maladies,
de vie commun. Or, si ces variables ont concouru prennent plus de médicaments et évaluent plus
à la mort d’un des conjoints, 1l ne faut pas exclure négativement leur état de santé.
la possibilité que ces mêmes variables, communes Comme plusieurs études l'ont démontré, il est
aux deux partenaires, occasionnent la mort de l’autre fréquent de remarquer une dégradation de la santé
conjoint. Ces variables pourraient alors expliquer, physique dans les semaines ou les mois suivant la
mieux que l'hypothèse du «choc émotionnel », le décès mort du conjoint, mais les conséquences à plus long
prématuré de l’autre conjoint. terme sont minimes (Stroebe et coll., 2006). La rai-
Néanmoins, certains travaux montrent que le taux son pour laquelle les personnes récemment en deuil
de mortalité des endeuillés excède celui des gens ont davantage de problèmes de santé serait liée au
mariés au cours des premiers mois de veuvage, et ce, fonctionnement du système immunitaire, qui s’affai-
autant chez les veuves (Cox et Ford, 1964) que chez blirait après le décès du partenaire (Schleifer et coll.
les veufs (Young, Benjamin et Wallis, 1963) ; toute- 1983). On a aussi remarqué que l'impact du veuvage
fois, d'autres chercheurs ne remarquent aucune dif- sur la santé physique devenait négligeable une fois
férence (Clayton, 1974). Helsing et Szklo (1981) que l’on a contrôlé l’état de santé du partenaire sur-
trouvent un taux de mortalité plus élevé chez les vivant avant le décès. En effet, bien avant le décès
veufs que chez les veuves, celles-ci ayant un taux du conjoint, la santé de son partenaire est déjà sou-
comparable à celui des femmes mariées. Selon cer- vent déficiente. Cet état de santé appauvri serait la
taines indications, la première année serait parti- conséquence du stress d’avoir eu à prendre soin
culièrement difficile. Résultat qui pourrait surprendre, d'un conjoint malade (Hansson et Stroebe, 2006).
les moins de 65 ans seraient le groupe le plus à risque Un des résultats les plus communément observés
(Hansson et Stroebe, 2006; Stroebe et Stroebe, 1993). est que les personnes en deuil de leur partenaire
Dans le but de découvrir si les veufs et les veuves présentent une humeur dépressive (Lee et DeMaris,
belges couraient un plus grand risque de décès que 2007; Wilcox et coll., 2003), ainsi qu'un syndrome
les personnes mariées, une étude (Lusyne et Page, dépressif (Turvey et coll., 1999). Par exemple, Byrne
2002) a comparé les taux de mortalité de près de et Raphael (1999), dans leur étude longitudinale, ont
200 000 endeuillés avec ceux d'un nombre égal trouvé que 12,3% des veufs satisfaisaient aux critères
de personnes mariées. De cette étude, trois résultats de dépression du Manuel diagnostique et statistique des
émergent (voir la figure 8.1). Le premier est que les troubles mentaux (DSM-III-R) six semaines après la
endeuillés courent un risque de mortalité plus élevé mort de leur conjoint. Les endeuillés manifestent des
que les personnes mariées dans les trois années qui symptômes comme une humeur triste, de l’insatisfac-
suivent le décès. Les veufs sont aussi plus à risque que tion, des pleurs, de l’autoaccusation, des troubles du
les veuves. Enfin, les hommes et les femmes âgés de sommeil, de la fatigue, une perte d’appétit, entre
moins de 65 ans courent un risque plus grand que les autres. Ces symptômes sont analogues à ceux mani-
personnes de 65 ans et plus. Le résultat général festés au cours d’un épisode de dépression. Toutefois,
Chapitre & 111

Le risque relatif de mor


talité

EM H<65 ans [L_JH>65 ans


EI F<65 ans EN F>65 ans

relatif
Risque


1 année 2° année 3° année Total

Année

Source : Tirée de Lusyne et Page (2002).

si les personnes âgées en deuil de leur conjoint présen- tissement psychomoteur majeur, alors cette situation
tent des symptômes pouvant être associés à la dépres- est anormale.
sion, ces symptômes constituent-ils un véritable La transition entre la vie à deux et le veuvage
épisode dépressif? Deux raisons militent pour la affecte également le niveau de bten-être. Gallagher
négative. D'une part, comme nous le verrons au et ses collaborateurs (1983) relèvent que les personnes
chapitre 10, la présence de symptômes de dépression âgées en deuil depuis en moyenne deux mois
n'est pas une condition suffisante pour considérer éprouvent plus de détresse psychologique et que
une personne comme cliniquement dépressive. ce résultat demeure significatif même après avoir
D'autre part, selon l'American Psychiatric Association, contrôlé l'influence des variables sociodémo-
un deuil qui se déroule normalement s'accompagne graphiques. Le sentiment de bien-être est moindre
naturellement de ces symptômes. En revanche, si la chez les personnes âgées veuves comparativement
personne en deuil se sent indigne de vivre, se sent à celui des aînés encore mariés (Bennett, 2005).
coupable, a des hallucinations et si l’on constate une Toutefois, Vézina et Voyer (1991) n'observent aucune
limitation fonctionnelle de longue durée et un ralen- différence significative entre les veuves et les femmes
112 Les transitions

mariées après 18 mois. Ces derniers résultats laissent de l'étude belge présentée à la section précédente
entendre que la détresse est présente dans les pre- vont dans le même sens. Ces résultats sont en contra-
miers mois du deuil, mais qu'elle diminuerait par la diction avec l'idée souvent véhiculée que ce sont les
suite. Toutefois, le risque de se suicider demeure aînés qui devraient être les plus éprouvés par le décès
très élevé chez les personnes qui ont perdu leur par- du conjoint.
tenaire au cours des 12 derniers mois. Dans leur étude Trois explications sont possibles. Premièrement,
portant sur toute la population du Danemark âgée chez les jeunes adultes, la mort du conjoint est
de plus de 50 ans, Erlangsen et ses collaborateurs rarement un événement «attendu ». Deuxièmement,
(2004) observent que les endeuillés courent un cet événement survient au moment où les Jeunes
risque de six à neuf fois plus grand de suicide dans adultes doivent assumer plusieurs rôles, dont les
la première année que les gens mariés, les veufs responsabilités occupationnelles et familiales, notam-
courant un plus grand risque que les veuves. ment la charge de jeunes enfants. La troisième expli-
Les résultats précédents pourraient laisser croire cation découle de la possibilité que les personnes
que cette transition a des effets délétères généra- âgées soient plus résilientes qu'on ne l’a cru Jusqu'ici.
lisés. Il est maintenant reconnu que la façon dont Dans les écrits, on commence à reconnaître que la
les individus réagissent au deuil de leur partenaire capacité d'adaptation des aînés devant l’adversité a été
peut prendre plusieurs trajectoires (Bonanno et largement sous-estimée (Hansson et Stroebe, 2006).
Kaltman, 2001). La majorité des personnes s'adap- Comme nous l'avons vu dans la section précé-
teront après quelques mois à cette situation mais, dente, plusieurs recherches transversales ont souligné
pour d'autres, la situation restera difficile même l'existence d'une différence liée au sexe. D'après
sur une très longue période (Stroebe et coll., 2006). Stroebe, Stroebe et Schut (2001), il ne fait aucun
Afin de comprendre ces différences individuelles, doute que les veufs éprouvent plus de difficultés à
plusieurs facteurs ont été explorés. C'est l'objet de s'adapter que les veuves. Plusieurs explications ont
la prochaine section. été avancées, certaines s'appuyant sur les rôles tra-
ditionnels des hommes âgés. Les veufs seraient plus
vulnérables parce qu'ils affrontent des sources de
8.1.2 Les facteurs de risque difficultés additionnelles qui viendraient se super-
Les écrits dénombrent plusieurs facteurs qui peuvent poser au stress d’avoir perdu leur conjointe. Par
aider l'adaptation à cette transition ou y nuire. exemple, les hommes sont amenés à assumer des
Examiner simultanément le rôle de tous ces facteurs tâches domestiques comme celles de préparer les
est une tâche ardue. Voilà pourquoi plusieurs travaux repas, de faire la lessive ou l'entretien ménager, des
ont été restreints à l'évaluation de la pertinence de tâches qui, dans le passé, étaient accomplies par la
quelques-uns de ces facteurs. Cette façon de procéder, conjointe et auxquelles leur rôle traditionnel ne les
si elle s'avère pratique, empêche cependant d'estimer a pas préparés. Par ailleurs, cette différence selon
lequel de ces facteurs est le plus important pour expli- le sexe serait liée à l'absence de soutien, l'homme per-
quer les différences individuelles (Stroebe et coll. dant, avec la mort de sa partenaire, son confident
2006). Parmi les facteurs sociodémographiques exami- le plus intime. En outre, le veuf ne trouverait pas
nés, mentionnons l'âge et le sexe. un groupe de référence sur lequel s'appuyer, puisque
On entend souvent affirmer que les personnes la plupart des autres hommes sont encore mariés
âgées, en raison de leur âge, devraient être plus vul- (Hansson et Stroebe, 2006). La veuve âgée pour-
nérables aux situations stressantes que les adultes rait, quant à elle, se fier à des amies également
plus Jeunes. Cette affirmation n'est cependant pas veuves qui lui procureraient soutien et réconfort
totalement soutenue par les recherches. Par exemple, (Matthews, 1987). Puisque les hommes s’attendent
après avoir comparé de jeunes adultes, des adultes à mourir avant leur conjointe, ils seraient moins
d âge mûr et des personnes âgées, Ball (1977} a bien préparés à cet événement, alors que le fait de
observé que ce sont les jeunes adultes qui présentaient devenir veuve serait pour la femme un événement
la réaction émotionnelle la plus intense. Les résultats plus prévisible. Finalement, les femmes s'adapteraient
Chapitre # 113

mieux que les hommes, car elles maintiendraient Carr et ses collaborateurs (2001) n'ont pas observé
des relations sociales avec les membres de la famille que le décès soudain était associé à des effets délétères
et les amis, tout en faisant partie d'organisations chez les endeuillés âgés. Cette explication serait
formelles (Philblad et Adams, 1972). donc moins pertinente pour les personnes âgées
Toutefois, ces résultats favorables à une meilleure étant donné que la mort du partenaire n'est jamais
adaptation des femmes sont contredits par certains tout à fait inattendue. De plus, il existe certaines évi-
travaux qui ne montrent pas de différence. Par dences (par exemple, Lee et DeMaris, 2007) voulant
exemple, Nieboer, Lindenberg et Ormel (1999) ont qu'une trop longue anticipation puisse même nuire
remarqué que les veufs éprouvent effectivement un à l'adaptation, notamment en augmentant l'anxiété
sentiment de bien-être moindre que celui des veuves (Carr et coll., 2001). Ces résultats peuvent s'expli-
dans les premiers moments du deuil, mais que cette quer par le fait que prendre soin d’une personne
disparité s'estomperait après deux ans de veuvage. malade exige beaucoup de temps et d'énergie, ce
Finalement, certains experts soutiennent qu'il y a entre qui éprouve sans doute l’aidant lui-même fragile.
les sexes plus de similitudes que de différences Ce dernier, trop occupé à s'occuper de l’autre, pour-
(Gallagher et coll., 1983), les veuves et les veufs rait ainsi négliger sa propre santé (Schulz et coll.
réagissant tous deux négativement à la perte de leur 2003). Bref, une trop longue anticipation s'avé-
partenaire, mais chacun à sa façon. rerait nuisible pour la personne, autant qu'une mort
Certains auteurs suggèrent que les personnes qui non annoncée.
réagissent plus négativement à la perte conjugale Pour certains auteurs, les conséquences négatives
possèdent certains traits de personnalité distinctifs ne seraient pas liées directement à la perte conjugale
comme le manque de confiance en soi et une faible elle-même, mais plutôt aux changements suivant cette
estime de soi. Ainsi, ce ne serait pas tellement l’appari- perte, ce que Stroebe et ses collaborateurs (2006)
tion d'un événement de l'existence qui serait nuisible, nomment des stresseurs secondaires. La perte du
mais plutôt l'absence de confiance en la possibilité de conjoint n'entraîne pas seulement la transition de la
maîtriser l'événement. Les personnes âgées qui ont un vie à deux au veuvage, mais elle met fin à une longue
contrôle externe, c'est-à-dire qui croient que ce qui relation de soutien mutuel, caractérisé par le fait
leur arrive est sous l'influence du destin plutôt que que les personnes âgées ont tendance à se compléter.
sous leur propre influence et qui ont vécu une mort La mort de l’un des partenaires briserait alors cette
soudaine de leur conjoint, risquent d’avoir une adap- belle complémentarité. Par conséquent, certaines
tation difficile (Stroebe, Stroebe et Domittner, 1988). personnes âgées pourraient se heurter à des tâches qui
La perception de contrôle est effectivement une variable étaient régulièrement accomplies par le conjoint dis-
psychologique liée à la satisfaction de la vie auprès paru. Ces tâches, qui peuvent paraître assez simples,
des veuves (O'Rourke, 2004). L'eutime de sot est éga- éprouveraient indûment la personne déjà affligée
lement une variable associée à l'adaptation. Une d'avoir perdu un être cher, faute de soutien ou de
faible estime de soi avant la mort du conjoint prédis- compétence pour les accomplir.
poserait aux difficultés d'adaptation à la suite de cet De même, on peut considérer que ce n’est pas la
événement (Lund et coll., 1985-1986). perte objective qui est importante, mais plutôt la siégni-
On présume que les circonstances entourant le fication de cette expérience pour la personne (Stroebe
décès ont des effets différentiels. Toutefois, les don- et coll., 2006). Lazarus et Folkman (1984) rappellent
nées probantes à cet effet sont rares. La mort à la qu'un événement, même la mort du conjoint, n’a
suite d’une longue maladie, par exemple, permettrait pas la même signification pour tous. Ainsi, les per-
d'anticiper l'inéluctable, favoriserait la préparation sonnes qui considèrent cet événement comme une
et ainsi une meilleure adaptation ;inversement, une menace et qui anticipent d'autres problèmes pré-
mort subite, sans avertissement, entraînerait des sentent un risque plus élevé de subir des conséquences
conséquences plus fâcheuses. Ball (1977) avait déjà négatives comparativement à celles qui voient, dans
observé que la mort soudaine du conjoint était asso- la mort de leur conjoint, un défi à surmonter. La rela-
ciée à une réaction plus intense. Dans leur étude, tion entre la perte du conjoint et les conséquences
114 Les transitions

physiques ou psychologiques est également fonc- 8.2 LA RETRAITE


tion des wtratégies utilisées pour faire face à cette
situation. Ces stratégies peuvent prendre différentes La retraite comme institution est une création très
formes. Ainsi, une personne peut réagir en action récente. Rappelons qu’à l'époque préindustrielle les
et en pensée afin de rendre la situation plus tolérable. individus devaient, pour leur survie et celle de leur
Certains auteurs sont convaincus que la façon de famille, travailler jusqu’à la mort ou jusqu'à ce qu'ils
composer avec la perte du conjoint influe sur la ne soient plus physiquement aptes à le faire;
santé physique et mentale. Toutefois, les moyens ils étaient ensuite pris en charge par la famille ou
qu'emploient les personnes en deuil pour vivre cette des organismes de charité. Cette mise à la retraite,
situation commencent à peine à attirer l'attention des forcée par les incapacités, annonçait une période
chercheurs. Gass (1987) mentionne que «se garder dans laquelle l'individu était pauvre et en mauvaise
active » est une des stratégies utilisées par les veuves santé. En raison, toutefois, d'une espérance de vie
pour apprivoiser efficacement le veuvage, alors que plus brève, la retraite était plutôt chose exception-
le recours aux médicaments ou à l'alcool est Jugé nelle. Il faut attendre la fin du xIX° siècle pour que
soient réunies les conditions nécessaires à l'établis-
comme une stratégie moins efficace.
sement de la retraite. L'industrialisation impulse une
La variable protectrice la plus souvent citée dans
productivité accrue qui procure la prospérité éco-
les écrits demeure la présence d'un soutien social.
nomique. Cette industrialisation se traduit également
Dans des situations difficiles, comme la perte du
par le recours à la machinerie et à l'établissement d'une
conjoint, les personnes qui peuvent compter sur
nouvelle organisation du travail qui provoque d'im-
l'appui des autres (amis, familles) seraient moins
portantes mises à pied chez les travailleurs plus
vulnérables. C'est d'ailleurs sur ce présupposé que
âgés. Devant l'aggravation de la pauvreté, fortement
se fondent les groupes d'entraide. Le soutien social
répandue parmi ces derniers, le chancelier allemand
est un concept qui englobe deux éléments, l'un de
Otto von Bismarck instaure, en 1889, le premier
nature quantitative et l’autre de nature plus quali-
programme public de pensions pour les travailleurs
tative. Le premier fait référence à la structure du
âgés de plus de 65 ans en réponse aux pressions
réseau social et concerne le nombre de confidents,
populaires amenées par les syndicats naissants
d'intimes, d'amis ou d'organisations qui sont en
(Markides et Cooper, 1987). Si le geste de Bismarck
mesure d'offrir leur aide. Dans ce sens, le réseau reste paraît méritoire à première vue, seule une poignée
avant tout un indicateur de disponibilité de soutien. de travailleurs pouvaient toutefois espérer vivre
Le soutien de nature qualitative qui peut être obtenu assez longtemps pour vraiment en bénéficier. Cette
de ce réseau peut prendre diverses formes. Ainsi, il idée d'établir un programme d'assistance aux tra-
peut s'agir d'offrir une aide matérielle, financière ou vailleurs forcés de quitter leur emploi s'étend par
émotionnelle, de donner de l'information ou des la suite aux autres pays européens. Il faut patien-
conseils sur la façon de composer avec la situation. ter jusqu aux années 1930 pour voir s'implanter
Il est de plus en plus démontré que le soutien social modestement des programmes de pensions en
joue un rôle important dans l'adaptation à la perte Amérique du Nord.
du conjoint, bien que la taille du réseau paraisse Une espérance de vie allongée, la volonté sincère
moins importante que sa qualité (Bass et Bowman, d'éliminer l'indigence chez les travailleurs forcés de
1990). renoncer à leur emploi et la possibilité de réduire
Même si les travaux de recherche montrent qu'une le chômage chez les jeunes en retirant des travailleurs
variété de facteurs peut influencer la réaction de la âgés devenus trop gênants sont des raisons qui ont
personne âgée endeuillée, il apparaît prématuré d’af- favorisé l'établissement et la diffusion de la retraite.
firmer avec certitude lequel de ces facteurs joue le En effet, elle devient une façon de rationaliser le
rôle le plus important. Nous pouvons cependant monde du travail en retirant les travailleurs jugés
avancer qu'aucun nest à lui seul suffisant pour les moins performants pour les remplacer par des
favoriser l'adaptation à cette transition importante. employés plus jeunes et plus rapides.
Chapitre $ 115

C'est après la Seconde Guerre mondiale que la 8.2.1 Les conceptualisations de la retraite
pleine matérialisation de la retraite se réalise. Les
pressions déjà présentes pour mettre à la retraite La retraite est conceptualisée de plusieurs façons.
Selon les perspectives théoriques, on la voit comme
les travailleurs vieillissants s’intensifient afin de per-
un événement, un rôle, une période de crise
mettre aux Jeunes soldats de retour du front de se
ou un processus.
trouver un emploi. Si bien qu'aujourd'hui la retraite
En tant qu'événement, la mise à la retraite se souligne
est la règle plutôt que l'exception, alors que par le
par une cérémonie où le nouveau retraité est l'objet
passé c'était davantage l'inverse qui prévalait. Non
d'une fête, formelle ou non. Cette cérémonie cons-
seulement la retraite est maintenant chose courante,
titue une sorte de rite de passage entre la fin de
mais on observe une tendance à la prendre bien l'emploi et le commencement de la retraite (Atchley,
avant l’âge normal d'admissibilité aux pensions. En 1985). La retraite peut aussi être conceptualisée
2001, l’âge moyen de la retraite au Canada est de comme une crie (Guillemard, 1977) qui souligne le
62 ans pour les hommes et de 59 ans pour les femmes. changement majeur qui survient dans la vie d’un
En outre, 43% des Canadiens se retirent avant l’âge individu. Vue sous cet angle, la retraite est trou-
de 60 ans, 31 % prennent leur retraite entre l’âge de blante parce qu'elle signifie plusieurs pertes. Parmi
60 et de 64 ans, 19% entre 65 et 69 ans et 7 % après celles-ci, 1l faut mentionner la diminution du revenu,
l’âge de 70 ans (Denton et Kusch, 2006). Ce fort pour- de l’activité, la perte du statut social, d’un environ-
centage de prise de la retraite avant l’âge «normal » nement familier, d'un groupe social, d’un horaire
de 65 ans reflète également une tendance chez de Sstrictieté.
nombreux employeurs à inciter leurs employés les Nous pouvons aussi considérer la retraite comme
plus âgés à quitter leur emploi. Toutefois, il est un moment de la vie où la personne doit remplir un
attendu que, dans les prochaines années, les gens pren- rôle social, qui implique des droits et des devoirs.
dront leur retraite à un âge plus avancé. D'une part, Toutefois, les gérontologues se sont longtemps
pour faire face à l'arrivée des baby-boomers à la penchés sur l'existence véritable de ce rôle. Rosow
retraite, plusieurs pays ont augmenté, ou songent à (1974) mentionne que la retraite marque le début
le faire, l’âge d'admissibilité à une rente de retraite. d'une période sans rôle précis (roleless role), ce qui
D'autre part, en raison de la baisse importante de force les adultes âgés à créer leur propre rôle puisque
la natalité, on anticipe une pénurie de la main- le leur n’est pas socialement défini. Les droits des
d'œuvre dans certains secteurs d'activité. Les tra- retraités incluent le droit au soutien financier même
vailleurs sur le point de prendre leur retraite si la personne n'occupe pas d'emploi, le droit de ne
pas être stigmatisé par le fait d'être sans emploi, le
pourraient être encouragés à rester sur le marché
droit d'occuper ses temps libres comme bon lui
du travail un peu plus longtemps.
semble. Parmi les devoirs, mentionnons celui d’as-
Depuis les années 1950, de nombreuses recherches
sumer ses propres responsabilités et d'éviter d’être
ont tenté de déterminer si la transition travail-
dépendant d'autrui financièrement (Atchley, 2000).
retraite pouvait avoir des conséquences négatives.
Pour Atchley (2000), la retraite est en fait un
Nous avons tous en mémoire l'image d'un travailleur process comportant sept phases, deux situées avant
en bonne santé, ayant gagné sa vie âprement et la retraite et cinq après l'événement de la retraite. Si
planifié sa retraite avec soin, tomber gravement ce processus s'entame dès que la personne commence
malade ou mourir après l'avoir prise. Nous pouvons à songer à la retraite, il demeure impossible d’as-
nous demander si ce phénomène est le fruit du socier chacune de ces phases à un moment précis de
hasard, un cas anecdotique ou la démonstration l'existence. De plus, tous les individus ne vivront pas
éloquente que cette transition est un événement ces étapes. Certains accéderont à la retraite à la fin du
nuisible à la santé. processus, alors que d’autres, selon leur situation,
Mais avant de répondre à cette question, voyons termineront leur cheminement de façon plus hâtive
brièvement comment la retraite est conceptualisée. (voir lafigure 8.2, page suivante).
116 Les transitions

La phase de la préretraite se subdivise en deux rapproché de la retraite, il amorce un processus lui


sous-phases. La première est une phaue éloignée où la permettant de se préparer à la séparation du travail
retraite apparaît comme une étape positive, mais et des situations sociales qui sont associées à ce
encore lointaine qui surviendra un jour. La seconde milieu. Les personnes commencent à percevoir des
est une phaue rapprochée où la personne fixe une date différences subtiles dans la façon dont les autres
précise pour le moment de son passage à la retraite. les perçoivent. Les fantasmes concernant la vie à
Lorsque l'individu se situe dans un espace de temps la retraite se développent. Ces images peuvent

Ficure 8.2 Les phases hypothétiques de.la retraite,selonr Atchley

Préretraite

Phase éloignée

Phase rapprochée

Retraite

Lune de miel

Désenchantement

Réorientation

Stabilité

Fin

Source : Atchley (1976).


Chapitre & 117

s avérer justes ou erronées. Lorsque ces représen- La phase de la stabilité à la retraite est parti-
tations sont exactes, elles permettent de faciliter culièrement importante. Si la vie d'une personne
la transition au moment du passage à la retraite; retraitée s'avère satisfaisante, les probabilités que celle-
mais, si elles sont erronées, elles engendrent des ci se stabilise et s'engage dans le quotidien sont alors
attentes qui ne pourront être comblées, créant très élevées. La routine permet aux individus de
ainsi de l'insatisfaction. faire face aux changements ou aux imprévus qui
Au moment où arrive la retraite, la personne peut peuvent survenir dans le quotidien, puisqu'ils
se trouver dans une phase qu'Atchley appelle lune acquièrent un ensemble de critères leur permettant
de miel. Comme son nom le laisse supposer, cette d'effectuer un choix. Cela ne veut pas dire que la
étape se décrit comme une période euphorique où vie de retraité soit calme et peu mouvementée. Au
le nouveau retraité tente d'accomplir tout ce qu'il contraire, elle peut être très active, mais d'une
n'a Jamais eu le temps de faire. Cependant, ce ne sont manière prévisible qui est satisfaisante. Certaines per-
sonnes atteindront la stabilité immédiatement après
pas tous les retraités qui traversent ce stade. Cela
la lune de miel, alors que d’autres y parviendront
s'explique par le fait qu'une orientation positive
après une difficile restructuration.
envers la retraite et une situation financière permet-
La fin de la retraite correspond à deux situations
tant à la personne de s'offrir les types d'activité
précises. Une première survient lorsque la retraite
qu'elle désire sont nécessaires. La lune de miel ne
n'est plus ce que l'individu désire. Il envisage alors
peut toutefois se prolonger indéfiniment; ainsi, tôt
un retour au travail. La deuxième situation se présente
ou tard, le rythme de vie de la personne devra se sta-
lorsque la maladie ou une incapacité physique
biliser à l'intérieur d'une routine, qui lui procure de
empêche l'individu de vaquer à ses occupations Jour-
la satisfaction. Les retraités satisfaits sont ceux qui
nalières. La dépendance s'installe alors, et il lui
avaient déjà fait des choix d'activités plus tôt dans devient impossible de remplir adéquatement son
leur vie (Atchley, 2000). rôle de retraité, qui exige une certaine autosuffi-
Cependant, pour certains individus, la lune de sance et une gestion responsable et personnelle de
miel sera suivie par une période de déenchantement, ses affaires.
lorsque la retraite ne se déroule pas comme ils
l'avaient anticipée. Comme nous l'avons souligné,
une évaluation erronée de ce que sera la vie à la 8.2.2 Les conséquences de la retraite
retraite peut être à la base de ce désenchantement. pour l'individu
Plus l'évaluation est irréaliste, plus le vide et le
Nous venons de voir que la retraite peut être concep-
sentiment d'échec seront grands. Ce qui se présente
tualisée de plusieurs façons. Mais la perception
comme particulièrement pénible est l'écroulement
répandue est que la retraite demeure un événement
des structures de choix, qui exige une restruc- négatif de l'existence. De nombreuses études ont
turation de ces dernières afin qu'elles soient plus d'ailleurs comme postulat que la retraite est une
appropriées. transition importante qui devrait, selon toute vraisem-
La phase de réortentation survient en général chez blance, engendrer des problèmes de santé et, du
les personnes qui sont désillusionnées par rapport coup, nuire au bien-être. Nous avons presque tous
à leur vie à la retraite. À l'intérieur de cette phase, en tête l’image d'une personne en bonne santé qui
le retraité effectue une évaluation de la situation a gagné sa vie âprement, d'un travailleur qui a plani-
en utilisant les expériences passées pour se former fié sa retraite avec attention, et qui est ensuite tombé
progressivement une vision plus réaliste de la vie, malade et est mort peu de temps après l'avoir prise.
tout en tenant compte des ressources disponibles. Il ne fait aucun doute que cette vision a contribué
C'est à cette étape que les gens évaluent de nou- à l'idée qu'être retraité a un impact négatif sur l'indi-
velles possibilités d'engagement, puisque la majorité vidu. Mais qu'en est-il réellement?
désire demeurer active et prendre part à la vie qui Depuis l'étude réalisée par Myers (1954), qui
les entoure. avait démontré que la mortalité augmentait dans les
118 Les transitions

deux années suivant la mise à la retraite et diminuait la National Longitudinal Survey of the Labor Market
par la suite, plusieurs autres recherches ont tenté de Experience of Mature Men (MLS), Crowley (1986)
confirmer l'incidence de la retraite sur le taux de mor- a découvert que la retraite n'était pas liée à un
talité. Toutefois, ces tentatives sont restées vaines bien-être négatif. Dans une autre étude longitu-
dans l’ensemble, puisque les recherches n'ont pas dinale menée auprès de 6246 participants, 8 %
clairement démontré l'existence d'une relation entre des retraités affirment que la retraite est insatis-
l'augmentation de la mortalité et la retraite. faisante, mais la majorité soutient que cette pé-
Le seul véritable déterminant de la mortalité est riode est plus satisfaisante que la précédente. Les
l'état de santé. Plutôt que d'être la conséquence personnes en mauvaise santé trouvent la retraite
de la mise à la retraite, une mortalité plus élevée après moins satisfaisante (Bender, 2004). Desrochers,
la retraite s'explique généralement par une mau- Lapierre et Alain (2002) arrivent à la même conclu-
vaise santé précédant celle-ci et qui, dans bien des sion: les retraités participant à leur étude se disent
cas, motivait d’ailleurs le travailleur à quitter le satisfaits de leur vie, ils sont heureux d'être à la
marché du travail. retraite et manifestent un haut niveau de bien-
Les chercheurs ont aussi voulu savoir si la retraite être psychologique. Pour leur part, Reitzer, Mutran
était associée à l'apparition de problèmes de santé. et Fernandez (1996) trouvent que la retraite n'a
À ce sujet, les études montrent généralement que la aucun effet préjudiciable sur la dépression ou l'estime
détérioration de la santé physique est davantage de soi. Plus récemment, Drentea (2002) arrive à
associée à l'avancement en âge qu'au fait d'être à la la même conclusion.
retraite. À l’aide des données émanant de l'étude Les données accumulées sur plus de 50 ans sont
longitudinale Normative Aging Study, les chercheurs solides et confirment que cette transition n'a pas
Ekerdt et Bossé ont voulu vérifier l'effet de la retraite en général d'effets négatifs. Si l’on en trouve, ils
sur l'état de santé. Bien qu'ils notent une augmen- s'expliquent par des facteurs concomitants. On
tation des troubles somatiques sur une période de peut se demander pour quelles raisons cette vision
trois à cinq ans, ils n’observent aucune différence négative de la retraite persiste. En d’autres mots,
entre les hommes qui ont pris leur retraite et ceux pourquoi le mythe de la retraite comme événement
qui ont continué de travailler (Ekerdt et coll., 1983a). nuisible de l'existence maintient-il sa crédibilité
Fait intéressant à souligner, non seulement les alors que les résultats vont généralement dans le
recherches sont incapables d'établir un lien entre la sens contraire (Bossé, 1998) ? Plusieurs explications
retraite, la mortalité ou la morbidité, mais certaines ont été avancées.
études ont montré que la transition à la retraite pou- Au départ, il faut s'interroger sur la pertinence
vait au contraire avoir un effet salutaire. Ekerdt, de qualifier la retraite d'événement stressant. L'étude
Bossé et LoCastro (1983b) ont demandé à leurs canadienne de Matthews et de ses collaborateurs
participants récemment retraités s'ils croyaient que (1982) a été l’une des premières à vouloir répondre
la retraite avait eu un effet sur leur santé. Ils ont trouvé à cette question. Si l’on examine l'échelle d’évalua-
que 50% des retraités ne manifestaient aucun effet tion de la réadaptation sociale de Holmes et Rahe
négatif, que 38% affirmaient qu'elle avait eu un (1967), la retraite se classe au 10° rang, parmi
effet bénéfique sur leur santé, alors que seulement 43 événements (vor le tableau 8.1, page 109). Cela
1% mentionnait que la retraite avait eu un effet constitue déjà une indication que d’autres évé-
nuisible. L'effet positif de la retraite sur la santé nements plus stressants marquent la vie des indi-
s'explique par l'abandon d'un travail parfois insa- vidus. Cependant, puisqu'un nombre très restreint
tisfaisant, exigeant sur le plan physique, au profit de participants à l'étude de Holmes et Rahe étaient
d'un style de vie plus sain et moins pénible. à la retraite, on peut se demander quel aurait été
La recherche sur les effets de la retraite s'est éga- le rang occupé par la retraite si l’on avait interrogé
lement étendue à d'autres sphères, dont le #ten-être des retraités. C'est précisément ce qu'ont fait
psychologique. Encore une fois, les effets sont moins Matthews et ses collaborateurs. Résultat ? Les
importants que prévu. En utilisant les données de retraités ont décalé la retraite au 28° rang. Dans
Chapitre 8 119

la même veine, Bossé et ses collaborateurs (1991) récentes montrent en effet que ceux qui ont pris leur
ont demandé aux participants s'ils considéraient la retraite plusieurs années avant l’âge officiel et ceux
retraite comme un événement stressant. Près de 70% qui ont été forcés de la prendre courent plus de
d’entre eux ont affirmé que la retraite n’était pas risque de subir des effets négatifs. Par exemple,
stressante, et ils l'ont classée au 30° rang dans une Szinovacz et Davey (2004) trouvent que ces deux
liste contenant 31 autres stresseurs. Ces résultats catégories de retraités manifestent plus de symptômes
ébranlent donc la conviction voulant que la retraite de la dépression que ceux demeurés au travail.
soit un événement stressant. Généralement, les individus qui ont pris leur retraite
L'une des raisons à la base de cette conviction est très tôt ont perdu leur emploi ou ont dû quitter
l'idée jugée cohérente et intuitivement correcte que leur travail pour des raisons de mauvaise santé
la transition à la retraite peut nuire à la santé physique ou mentale. Il arrive souvent que les
(MacBride, 1976). La seconde raison tient à l’idée femmes soient obligées de prendre leur retraite
selon laquelle le travail est le facteur fondamental pour pleinement assumer leur rôle d’aidante en
de l'intégration sociale et que c'est à partir de ce fac- prenant soin de leur conjoint malade ou d'un autre
teur que la plupart des individus construisent et membre de la famille. En outre, comme elles oc-
renforcent leurs sentiments de valeur et d'identité cupent encore des emplois moins bien rémunérés
personnelles. Il devient raisonnable de croire que le et parce qu'elles ont été sur le marché du travail
fait d’être privé de travail en raison de la mise à la moins longtemps, elles sont plus à risque d’avoir
retraite ne peut qu'entraîner des conséquences des problèmes financiers à la retraite. Malheu-
néfastes pour l'individu. Cette perception négative reusement, on connaît très peu les effets de la
de la retraite correspond à l'idéologie qui confère au retraite sur les femmes.
travail plusieurs vertus (Bossé, 1998). La retraite serait
une transition importante, car le travailleur fait plus
que perdre un emploi: il perdrait sa routine, ses
repères, dans lesquels toute sa vie et celle de sa
8.3 LA MALADIE PHYSIQUE
famille étaient structurées. Cette position était peut- Le risque d’être atteint d'une maladie physique aug-
être vraie à une certaine époque, mais aujourd'hui mente inévitablement avec le vieillissement. Comme
le travail ne constitue plus la seule source d'identi- le montre la figure 8.3 (page suivante), le pourcen-
fication personnelle, car les individus développent tage de personnes qui décrivent leur état de santé
un réseau social extérieur au milieu de travail. Le comme excellent décline graduellement et atteint
travailleur affirme son identité et son estime person- son plus bas niveau chez les personnes âgées de
nelle dans d’autres lieux d'activité. On peut alors 85 ans et plus.
penser à un nouveau rôle joué dans la famille ou à On observe exactement le phénomène inverse
toute autre activité non liée au monde du travail. chez les personnes qui rapportent que leur état de
Une autre explication viendrait des conditions santé est mauvais. Pourtant, ce ne sont pas toutes
outrageusement pénibles qu'ont eu à subir les pre- les personnes âgées qui ont un mauvais état de santé,
mières générations de retraités. On se souvient que au contraire :la majorité d’entre elles décrivent leur
les programmes d'assistance ont tardé à se maté- état de santé comme bon ou mieux. Bien que les pro-
rialiser et que, par la suite, ils offraient un soutien grès de la médecine aient permis de diminuer consi-
financier limité. Devant cette réalité, il n'était donc dérablement le risque de mortalité associé aux
pas surprenant que la majorité des travailleurs maladies aiguës, elles ont aussi augmenté l'espé-
appréhendent la mise à la retraite, car elle était rance de vie et la vulnérabilité à diverses affections
annonciatrice de conditions de vie très pénibles. On chroniques telles que l'arthrose, le diabète, le cancer,
a sans doute conservé cette image élégiaque dans une l'hypertension et les maladies cardiaques. Les mala-
certaine mesure. dies aiguës et les maladies chroniques se distinguent
Cela ne signifie pas pour autant que la retraite selon leur survenue, leur durée et leurs conséquences
soit bien vécue par tout le monde. Plusieurs études à long terme (vorr le tableau 8.2, page 121).
120 Les transitions

L'augmentation des problèmes de santé physique nourrir et se laver). Elle se traduit aussi par l'accroisse-
avec l’âge se manifeste par une dépendance accrue ment de l’utilisation des ressources de santé et de
envers d'autres personnes pour l’'accomplissement la consommation de médicaments. Dans les deux cas,
des tâches domestiques telles que faire les courses on constate une utilisation plus importante par les
et entretenir la maison et, dans certains cas, des cohortes les plus âgées. Les données de Statistique
activités de la vie quotidienne (par exemple, se Canada (1999) indiquent que c'est seulement chez

25e

20
Pourcentage

Excellent Très bon Bon Médiocre Mauvais

Évaluation de la santé

Source : Tirée de Statistique Canada (1999).


Chapitre 8 121

TABLEAU 8.2 Les caractéristiques et les exemples de maladies aiguës.et chroniques

MALADIE AIGUË MALADIE CHRONIQUE

Caractéristiques Survenue rapide Évolution lente


Durée temporaire Permanente
Mort ou guérison en peu de temps Soins prolongés nécessaires

infarctus Arthrite
Accident vasculaire cérébral Diabète
Influenza Hypertension

les personnes âgées de 65 ans et plus que l’on observe une prévalence de troubles affectifs plus élevée. De
un nombre de départs de l'hôpital similaire à celui plus, ils soulignent que la dépression peut égale-
noté durant la première année de vie d’un enfant (voir ment avoir un impact sur les problèmes de santé
la figure 8.4, page suivante). physique, notamment en amplifiant l'intensité des
Avant l’âge de 65 ans, ce taux est beaucoup plus symptômes, en contribuant aux limitations fonc-
faible. En fait, on observe le taux le plus élevé d’hos- tionnelles, en réduisant la prise en charge du patient
pitalisation à partir de 75 ans. De plus, la durée par lui-même et en diminuant l’adhérence au trai-
moyenne des séjours à l'hôpital s’allonge en fonc- tement médical. Bien que moins documenté, un lien
tion du vieillissement: 6 jours ou moins chez les entre la maladie et les troubles anxieux a également
personnes de moins de 36 ans, 7 jours chez celles été rapporté (Harter, Conway et Merikangas, 2003).
de 35 à 44 ans, 9 jours chez les personnes de 46 à La perception de la santé est un facteur parti-
64 ans et 17 jours chez celles de 65 ans et plus. Au culièrement important dans la relation entre la ma-
chapitre des médicaments, la figure 8.5 (page 125) ladie physique et la santé mentale. Des données
met en évidence que la proportion d'individus qui recueillies à deux occasions séparées par un intervalle
consomment deux médicaments ou davantage est net- de 9 à 12 mois ont permis à Cappeliez et ses colla-
tement plus élevée chez les personnes les plus âgées. borateurs (2004) d'étudier l'influence de la santé
subjective sur les symptômes dépressifs et anxieux
de leurs participants âgés. Les résultats montrent
8.3.1 La maladie physique qu'une moins bonne santé perçue mesurée initia-
et la santé mentale lement prédit ces symptômes au moment du second
Comme tous les stresseurs, la maladie physique temps de mesure même en tenant compte de la santé
requiert un ajustement plus ou moins important du objective. En outre, leurs résultats indiquent que cette
patient et de ses proches. Or, il s'agit d'un proces- relation est à double sens puisque les symptômes
sus difficile, comme en atteste le lien important entre dépressifs et anxieux prédisent aussi la perception
les problèmes de santé physique et certaines mani- subjective de la santé mesurée ultérieurement.
festations de troubles de santé mentale. La relation Les études épidémiologiques révèlent un risque
entre la dépression et la maladie chronique est bien accru de troubles de santé mentale chez les personnes
documentée. Dans une recension des écrits sur ce ayant une maladie physique. Par exemple, les taux
sujet, Katon et Ciechanowski (2002) font remarquer de dépression majeure sont les suivants: de 2 à 5%
que les personnes ayant un problème de santé tel que chez les personnes vivant dans la communauté; de 5
le diabète, une maladie cardiaque ou un trouble à 10% pour les personnes recevant des soins de
d’obstruction pulmonaire chronique présentent santé de première ligne; et de 6 à 14% chez les
122 Les transitions

FIGURE 8.4 Les départs de l'hôpitalkpour100 000


selon l'âge en 1996-1997

Moins de 1 an

là 4ans

14 ans

15 à 19 ans

|
Age 20 à 24 ans

35 à 44 ans

45 à 64 ans

65 à 7/4 ans

75 ans et plus

| |
Se 10 000 20 000 30 000 40 000 50 000

Nombre de personnes

Source : Tirée de Statistique Canada (1999).


Chapitre 8 123

“4
Ficure 8.5 La proportion de personnes-qui consomment un ou| plusiedrà médicai ef s ;
jat (TETE) selon l'âge en ; 9 ‘

EC] 2 médicaments où plus


EM 1 médicament

Pourcentage

25 à 54 ans 55 à 64 ans 65 à 74 ans 75 à 84 ans 85 ans et plus

FE Groupe d'âge

Source : Tirée de Statistique Canada (1999).


124 Les transitions

personnes hospitalisées (Katon et Ciechanowski, exemple, la neuropathie diabétique) et les douleurs


2002). Cependant, on remarque qu'une minorité au dos constituent les principales sources de douleur
seulement de patients présentent ce trouble. Si, pour chez les personnes vivant dans la communauté et en
certains patients, l'adaptation à la maladie est diffi- centre d'hébergement (Bachino et coll., 2001). Les
cile et qu'on observe une diminution du bien-être, personnes qui ont de la douleur présentent plus de
voire des problèmes de santé mentale, il semble limitations fonctionnelles, de fatigue, de troubles
donc que certains patients s'adaptent mieux à la du sommeil et de symptômes dépressifs (Jacobsson
maladie. Pour comprendre les différences entre les et coll., 2003).
individus quant à l'adaptation à la maladie physique, La maladie physique, et particulièrement la mala-
il faut tenir compte des caractéristiques de cette die chronique, est souvent à l’origine d’une ou de
dernière et de celles des personnes. plusieurs éncapacités qui peuvent limiter les activités
du malade. La Classification internationale du fonc-
tionnement, du handicap et de la santé proposée par
8.3.2 Les caractéristiques l'Organisation mondiale de la santé (OMS) consi-
de la maladie physique dère qu'un handicap résulte d’une interaction entre
Plusieurs caractéristiques de la maladie physique un problème de nature physique et l'environnement

peuvent être liées à l'adaptation de la personne de la personne (OMS, 2001). Par exemple, un han-
atteinte. Parmi celles-ci, mentionnons les changements dicap visuel peut résulter du fait qu'une personne
biologiques, la douleur et l'incapacité. ayant un problème visuel ne peut pas se servir d'un
Les changements biologiques occasionnés par la téléphone ordinaire dont le clavier comporte des
maladie peuvent jouer un rôle dans l'origine de cer- caractères très petits. La proportion de personnes

tains troubles de santé mentale, notamment dans la qui rapportent une incapacité ou un handicap est
dépression. Celle-ci peut avoir une cause physique nettement plus importante après l’âge de 56 ans, et
dans les cas, entre autres, d'endocrinopathies, tels elle continue de croître par la suite (vorr la figure 8.6).
que les troubles de la glande thyroïde, et les affec- Un lien entre l'incapacité et la dépression chez les per-
tions neurologiques, comme la maladie de Parkinson. sonnes âgées a été démontré par Oldehinkel et ses
De 25% à 40% des patients atteints de la maladie collaborateurs (2001), qui ont aussi noté que le risque
de Parkinson présentent de la dépression. Bien que accru de dépression associé avec l'incapacité est
les mécanismes responsables de la relation entre plus important chez les personnes ayant un niveau
cette maladie et la dépression ne soient pas entiè- élevé de névrosisme. L'incapacité peut diminuer le
rement élucidés, il pourrait s'agir de déficits de cer- bien-être en contribuant au sentiment de perte, en
tains neurotransmetteurs ou de pertes neuronales dans limitant l'accès à certaines activités agréables et
des régions spécifiques du cerveau (Okun et Watts, valorisantes et en diminuant l'estime de soi.
2002). Des dommages au cerveau ou des altérations
fonctionnelles dans les systèmes de neurotransmis-
sion ont été invoqués pour expliquer le lien entre les
8.3.3 Les caractéristiques de la personne
facteurs de risque de maladie vasculaire cérébrale La perception qu'a l'individu de sa condition et de
(par exemple, le diabète et l'hypertension) et la ses ressources, que Lazarus et Folkman (1984)
dépression (Lyness et Caine, 2000). appellent les évaluations cognitives, de même que les
Près de la moitié des personnes âgées ressentent stratégies qu'il déploie pour y faire face jouent un rôle
de la douleur (Jacobsson et coll., 2003), et ce taux central dans l'adaptation à la maladie. La personne
varie de 49% à 83% chez celles vivant en centre atteinte d'une maladie peut interpréter cette dernière
d'hébergement ou dans un établissement de soins de différentes façons. Par exemple, l’arthrite et ses
de longue durée (Fox, Raina et Jadad, 1999). Les conséquences peuvent être perçues à des degrés
troubles musculosquelettiques (par exemple, l'ostéo- divers comme une menace, une perte ou un défi. Cette
arthrite, l'arthrite rhumatoïde, l'ostéoporose et les interprétation de la maladie constitue ce que Lazarus
fractures), les troubles neuropathologiques (par et Folkman appellent l'évaluation cognitive primaire.
Chapitre # 125

50

N (@a nr
Pourcentage

25 à 54 ans 55 à 64 ans 65 à /4 ans 75 à 84 ans 85 ans et plus

re Groupe d'âge

Source : Tirée de Statistique Canada (1999).

L'évaluation cognitive secondaire désigne le Jugement médical, essayer de voir le bon côté des choses et
que porte l'individu sur les ressources dont il dis- suivre les directives du médecin sont des exemples
pose pour composer avec sa maladie. Ainsi, il peut de stratégies d'adaptation à la maladie.
se croire incapable d'appliquer avec succès certaines Le lien entre les évaluations cognitives, les stra-
stratégies, comme celle de changer ses habitudes de vie tégies et le fonctionnement psychologique est 1llus-
pour prévenir un infarctus. Les stratégies de gestion tré par les résultats de Turner, Ersek et Kemp (2005).
de la maladie correspondent aux pensées et aux Ceux-ci ont trouvé que plus la croyance en l’effica-
comportements utilisés pour gérer la maladie cité personnelle à gérer la douleur est forte chez les
physique, c'est-à-dire modifier les situations problé- personnes âgées, moins elles présentent de sen-
matiques qui en découlent ou les émotions suscitées timents dépressifs. Ils ont également trouvé que l'ef-
par les évaluations cognitives. Chercher un avis ficacité personnelle est associée à une plus grande
126 Les transitions

utilisation de certaines stratégies, comme faire de d'Erikson (1950) fournit aussi un éclairage intéres-
l'exercice, hées à un meilleur fonctionnement psy- sant sur leurs résultats. Dans ce modèle, les crises
chologique. Ces résultats suggèrent que le lien entre de générativité/stagnation et d'intégrité du moi/
les évaluations cognitives et le fonctionnement désespoir correspondent à l’âge adulte moyen et
s'explique en partie du fait que le choix des straté- avancé, respectivement. Dans le premier cas, la
gies de gestion de la maladie dépend des évalua- résolution de la crise passe par la productivité, alors
tions cognitives. Il est important de noter que la que la renonciation est essentielle à la résolution
perception de la maladie et la façon de composer avec de la seconde crise. Dans ce contexte, on peut
celle-ci ne sont pas toujours associées à un meilleur comprendre pourquoi les jeunes adultes ont davan-
fonctionnement. Dans certains cas, elles peuvent tage recours à des stratégies actives pour la gestion
mêmey nuire. Par exemple, percevoir l’arthrite rhu- de la maladie tandis que leurs aînés recherchent
matoïde comme stressante et exprimer ouvertement plutôt un sens à celle-ci.
ses émotions associées à cette maladie sont liés à Leventhal, Nerenz et Steele (1984) ont souligné
plus de difficultés d'adaptation (Curtis et coll., 2005). l'importance des représentations de la maladie dans
Si certaines réactions peuvent être normales et l'adaptation à celle-ci. Dans leur modèle, les façons
aidantes à court terme, elles peuvent nuire à l'adap- selon lesquelles la personne atteinte se représente sa
tation nécessaire à long terme pour vivre avec une maladie peuvent être regroupées en cinq composantes
maladie chronique. ou dimensions: l'identité de la maladie (par exemple,
L'importance des différents mécanismes d'adap-
le diagnostic et les symptômes associés) ; sa cause; sa
tation à la maladie varie en fonction de l’âge. Scioli
durée (selon qu'elle est aiguë ou chronique); ses
et ses collaborateurs (2000) ont interrogé des adultes
conséquences; et le degré auquel elle peut être
de 25 à 40 ans et des aînés de 65 à 87 ans au
maîtrisée ou traitée. Ces croyances sont liées à la
sujet de leur façon d'affronter les problèmes de
façon selon laquelle un patient réagit à sa maladie (par
santé. Chez les personnes plus jeunes, le recours à
exemple, la recherche d'aide et l'adhérence au trai-
davantage de stratégies est associé à un sentiment
tement) de même qu'à son adaptation psychologique
de bien-être plus élevé, ce qui n'est pas le cas chez
à celle-ci (Cameron et Moss-Morris, 2004).
les personnes âgées. Par ailleurs, le fait de donner
L'accompagnement au moment des consulta-
un sens aux problèmes de santé est associé à un
meilleur bien-être seulement chez les personnes tions chez le médecin, la préparation des repas, les
âgées. Ces différences peuvent être interprétées en visites à l'hôpital et la manifestation d'affection sont
fonction du processus de développement. Des ten- autant de facettes du soutien que peuvent procurer
tatives plus actives d'adaptation à la maladie chez le conjoint, les enfants et les amis à la personne aux
les jeunes adultes peuvent s'expliquer du fait que la prises avec une maladie physique. Le soutien social
maladie a des répercussions importantes dans est un autre facteur potentiellement lié à l’adapta-
différentes sphères de la vie telles que le travail et tion de la personne atteinte d'une maladie physique.
la vie familiale. De plus, une maladie grave sur- Jang et ses collaborateurs (2002) ont trouvé qu'une
venant au début de l'âge adulte est relativement satisfaction élevée à l'égard du soutien social de
rare et donc imprévue. Les conséquences de la mala- même qu'un fort sentiment de maîtrise sur sa vie
die sont ainsi plus menaçantes. En comparaison, la atténuent l'influence de l'incapacité sur la dépres-
maladie est plus prévisible à un âge avancé. Si, en sion. De même, un rôle bénéfique du soutien social
outre, la vie de travailleur est terminée et si les sur l'adaptation aux problèmes visuels des aînés a
enfants sont autonomes, les enjeux d’une invalidité été documenté par Mellvane et Reinhardt (2001):
prolongée ou d'une maladie fatale sont possiblement les personnes qui disposent d'un soutien qualitati-
moins menaçants pour une personne âgée que pour vement élevé (perçu comme aidant) des amis et
un jeune adulte. Scioli et ses collaborateurs (2000) quantitativement élevé (un réseau social étendu) de
font remarquer que le modèle du développement la famille s'adaptent mieux à la perte de la vision.
Chapitre 8 127

+ La mort du conjoint représente le plus impor- + La croyance selon laquelle la retraite provoque
tant des stresseurs. un décès prématuré, est associée à la morbidité
e Cet événement touche d’une façon toute par- ou affecte le bien-être n’a jamais été confirmée
ticulière les personnes âgées, et surtout les à ce Jour.
femmes âgées. e La majorité des retraités ne considèrent pas la
+ Les veuves et les veufs courent un risque de retraite comme un événement stressant.
mortalité plus élevé que les personnes mariées. e Les travailleurs qui ont été dans l'obligation de
+ Les adultes de moins de 65 ans qui ont perdu prendre leur retraite ou qui l'ont prise très tôt
leur conjoint courent cependant un risque plus en subissent les contrecoups.
grand que les plus de 65 ans. e Le risque d’être atteint d'une maladie physique
e Les hommes seraient plus vulnérables à la augmente avec le vieillissement.
transition du décès du conjoint que les femmes. e La maladie chronique est plus fréquente à la
° Être en deuil aurait des retentissements sur vieillesse et est caractérisée par une évolution
la santé physique et mentale. lente et par la nécessité de soins prolongés.
e La plupart des conséquences néfastes du deuil e L'impact de la maladie physique sur le fonction-
ne durent pas, sauf pour une minorité de nement psychologique est lié aux changements
personnes. biologiques, à la douleur et à l'incapacité qui
+ La retraite est une invention sociale récente. en découlent.
+ L'âge moyen de la retraite au Canada est de + Les évaluations cognitives, les stratégies de
62 ans (en 2001), mais il pourrait augmenter gestion de la maladie, les représentations de la
au cours des prochaines années. maladie et le soutien social sont également
e La retraite peut être vue comme un événe- associés à l'adaptation psychologique à la ma-
ment, un rôle social, une crise ou un processus. ladie physique.

Suggestions de lecture
Cameron, L.D. et Moss-Morris, R. (2004). IlIness-related Hansson, R.O. et Stroebe, M.S. (2006). Bereavement in late
cognition and behaviour. Dans A. Kaptein et J. Weinman life. Coping, adaptation, and developmental influences. Washington,
(dir.), Health Psychology (p. 84-110), Malden, MA : Blackwell. DC: American Psychological Association.

Carver, C.S. et Scheier, M.F. (2002). Coping processes and Stroebe, M.S., Hansson, R.O., Stroebe, W. et Schut, H.
adjustment to chronic illness. Dans A.J. Christensen et (2001). Handbook of bereavement research : Consequences, coping
M.H. Antoni (dir.), Chronic Physical Disorders : Behavioral and care. Washington, DC: American Psychological
Medicine sPerspective (p. 46-68). Malden, MA : Blackwell. Association.
130 La solitude

ne personne âgée physiquement diminuée, isolée, délaissée par ses


enfants, ses petits-enfants, ses proches et ses amis: voilà une image réma-
nente dans l'esprit de plusieurs. Socialement mise sur la touche, mar-
ginalisée, n'ayant plus personne à qui se confier, elle affronte la solitude qui
meublerait alors son quotidien. Le phénomène de l'isolement social et de la soli-
tude est assimilé avec l'avancée en âge. Cette représentation de la vieillesse peut
entre autres prendre sa source dans l'état matrimonial et la situation domestique
des personnes âgées. Comme l'illustre le tableau 9.1, nous savons qu'en 2004,
42% des Canadiens âgés de plus de 65 ans n'étaient pas mariés et qu'au-delà
de un million d'aînés (27%) demeuraient seuls ou vivaient dans un établissement de
soins (7,4%) en 2001. Ne pas avoir de conjoint, vivre seul ou en établissement
seraient forcément des conditions favorisant l'isolement social chez les aînés et,
du même coup, la solitude.

” TaABLEAU 9.1 L'état matrimonial et la situation domestique


des Canadiens âgés

ÉTAT MATRIMONIALA NOMBRE POURCENTAGE

Mariés

Célibataires

Veufs 8/76 466 30,29%

Divorcés 721122 5,92 %

SITUATION DOMESTIQUES

Demeurant seuls HN 1040 713 27,00%

Vivant dans un établissement de soins L. 286 297 740%

Sources : À: Statistique Canada (20040);


8: Statistique Canada (2001).

C'est souvent sur la base de ces constatations que certaines personnes affirment que la solitude des aînés
est un problème social répandu et important; il est d'autant plus sérieux que nombre d'études récentes ont
mis en évidence les conséquences néfastes de la solitude sur la santé et le bien-être des personnes âgées.
Elle a été ainsi associée à la mort prématurée, à une plus grande utilisation des services de santé, à un risque
accru de placement en long séjour et à la symptomatologie dépressive (Alpass et Neville, 2003; Cacioppo
et coll., 2006; Geller et coll., 1999; Penninx et coll., 1997; Russell et coll., 1997). Devant ce tableau pour
le moins négatif, l'Organisation mondiale de la santé (2002) a jugé pertinent d'inclure la réduction des risques
de solitude dans son plus récent cadre d'orientation afin d'améliorer le bien-être des personnes âgées.
Ce chapitre a pour objectif de situer et de comprendre la problématique de la solitude chez les aînés. Pour
ce faire, nous aborderons la prévalence de ce phénomène et les principaux facteurs de vulnérabilité. Puis,
nous présenterons une brève description des moyens pouvant être mis en œuvre pour surmonter ce
problème. Mais d'abord, il faut définir ce qu'est la solitude.
Chapitre 9 131

9.1 LES CONCEPTUALISATIONS humains qu'une personne peut avoir. Elle correspond
plutôt à la perception d'une déficience de son réseau
DE LA SOLITUDE de relations sociales (Andersson, 1993). En somme,
La solitude n’est pas un construit facile à cerner, bien un individu peut ressentir de la solitude même s’il est
que nous sachions tous intuitivement ce qu'elle est entouré de plusieurs personnes. D'autre part, la soli-
(Peplau et Perlman, 1982). Comme le soulignent tude est ressentie comme une expérience très néga-
Victor et ses collaborateurs (2005), il importe toute- tive, pénible à vivre, qui s'accompagne souvent
fois de ne pas la confondre, comme c’est souvent le cas, d'émotions sombres comme la mauvaise humeur,
avec d’autres concepts apparentés, mais différents. Ces l'anxiété, l'ennui, la tristesse, etc.
concepts sont l'isolement social, vivre seul et être Reflétant ces conceptions, Peplau et Perlman
seul. Il arrive que ces expressions soient encore (1982) définissent la solitude comme une expérience
aujourd'hui utilisées l’une pour l’autre. déplaisante qui apparaît lorsque le réseau social de la
Bien qu'il n'existe pas de consensus sur le sujet, personne est déficient ou perçu comme déficient sur
l'isolement social renvoie souvent au nombre de les plans qualitatif et quantitatif. Pour sa part,
contacts sociaux et à l'intégration d'une personne à un Andersson (1993, p. 282-285) la définit comme «un
réseau social (par exemple, la famille, les amis, les col- état durable de détresse émotive qui surgit quand
lègues), alors que vivre seul réfère tout simplement une personne se sent aliénée, incomprise, ou rejetée
à la taille du ménage. Pour des raisons de commodité, par d’autres, ou manque des partenaires sociaux
il arrive couramment que l'on utilise la situation appropriés pour des activités, en particulier pour les
domestique «vivre seul >» comme un indicateur d'iso- activités qui fournissent un sens à l'intégration sociale
lement social d’un individu (par exemple, Tomaka, et des occasions pour l'intimité émotionnelle ». La
Thompson et Palacios, 2006), ce qui est une erreur. personne ressent de la solitude lorsque survient un
Parce que la solitude est plus fréquente chez les gens déséquilibre entre les relations sociales réelles et les
vivant seuls, on en vient à penser que tous ceux qui relations sociales désirées.
habitent seuls souffrent de solitude. Ce n'est pourtant Ces définitions de la solitude sont résolument
pas le cas (Andersson, 1998). La condition «être cognitives. Donc, même si, objectivement, la per-
seul » fait plutôt référence au temps passé seul. On sonne âgée n'a pas de raisons de se sentir seule, elle
estime que les Canadiens âgés de plus de 15 ans pourra ressentir de la solitude si ses relations sociales
passent en moyenne six heures par jour seuls (en demeurent en deçà de ce qu'elle souhaite ou si ces
excluant les périodes de sommeil et celles consacrées dernières ne comblent pas entièrement ses besoins. À
à l'hygiène) (Clark, 2002). Ainsi, même si plusieurs cet égard, il serait sans doute plus approprié de par-
membres d'une famille se trouvent au même moment ler de sentiment de solitude. Cela aurait également
à la maison, chacun peut s'occuper seul à une activité. l'avantage de différencier ce sentiment d'une autre
On peut définir la solitude de plusieurs façons forme de solitude: la solitude existentielle.
(Victor et coll., 2000), comme en fait foi la collection Pour Moustakas (1961), de l'école existentielle, une
de définitions recensées par Peplau et Perlman (1982, forme particulière de solitude est saine: il s'agit de
p. 4). Toutefois, bien que ces définitions forment un l'expérience qu'a l'humain d’être profondément seul
ensemble hétéroclite, reflet des diverses perspectives devant les grandes questions de la vie (par exemple,
théoriques qui se sont intéressées à cette question — la naissance, la mort). Cette solitude permet de
psychodynamique, humaniste, existentielle, cogni- développer son identité et d'établir un contact réel
tive ou interactionniste —, elles partagent certains avec l'autre. Toutefois, ce type de solitude rejoint
points communs. l'expérience humaine négative décrite par la majorité
D'une part, les auteurs s'entendent généralement des experts de cette question.
pour affirmer que la solitude constitue avant tout Pour sa part, Weiss (1982, 1987) propose une typo-
une expérience subjective ; par conséquent, elle ne se rap- logie comprenant deux formes spécifiques de solitude.
porte en aucune façon au nombre objectif de contacts Le premier type résulte de l'isolement social et est
132 La solitude

ressenti dans les situations d'absence d'appartenance lissement. À chaque occasion, on a sondé près de
à un groupe social qui permettrait à la personne 4000 personnes. Ainsi, les enquêteurs ont demandé
de partager des affinités ou des intérêts communs, ou aux participants s'ils croyaient que la solitude cons-
d'une insatisfaction à l'égard du groupe social dont la tituait un problème sérieux pour les personnes âgées;
personne fait partie. Ce type de solitude risque de sur- ils ont aussi demandé à ces dernières si la solitude
venir lorsque la personne est coupée de son réseau était un problème pour elles. La quasi-totalité des
social naturel. Dans le cas des personnes âgées, répondants de tous âges croit que la solitude devient
plusieurs situations ou obstacles peuvent engendrer effectivement un sérieux problème à cette période de
cette solitude :un déménagement, la peur de sortir l'existence. Quarante pour cent des personnes âgées
si le quartier est peu sûr, la crainte de chuter si les elles-mêmes partagent cette idée, alors que la soli-
trottoirs sont mal entretenus, enneigés ou glacés, tude touche moins de 20% d'entre elles, selon les
le mauvais éclairage des rues, l'absence de moyens résultats du sondage. Ces chiffres montrent bien
de transport, l'absence de services de proximité ou que la croyance voulant que la solitude soit un pro-
la vie en milieu rural. À cette liste, nous pouvons blème intrinsèque à la vieillesse demeure répan-
ajouter les mésententes familiales, l'éloignement de due. Même si cette croyance est moins généralisée
la famille, la ghettoïsation des aînés et les problèmes chez les personnes âgées, plusieurs croient que la
de mobilité. solitude constitue néanmoins un problème, mais
Le second type de solitude provient de l'isolement «pour les autres ».
affectif et survient en l'absence d’une figure d'atta- Qu'en est-il dans les faits? Le tableau 9.2 illustre
chement, c'est-à-dire une personne rassurante qui la prévalence du sentiment de solitude obtenue dans
procure confort et soutien à l'aîné. Le sentiment de certaines études.
vide caractérise en partie ce type de solitude. L'examen de ce tableau permet d'établir certains
L'exemple le plus criant est la personne âgée qui constats. Contrairement à la croyance populaire, le
vient de perdre son conjoint ou un confident. Sans sentiment de solitude n'est pas un phénomène qui
égard au type, la solitude peut être une condition touche l'ensemble des personnes âgées. En Grande-
passagère ou, au contraire, devenir chronique. Bretagne (Fidler, 1976) et en Suède (Berg et coll.
Le chercheur québécois Delisle (1987, 2005) a 1981), c'est 7 % des personnes âgées qui disent se sen-
développé une typologie encore plus complexe. Selon tir toujours seules. Dans une enquête par question-
cet auteur, la solitude peut prendre plusieurs formes. naire à laquelle ont répondu plus de 4000 Finlandais
Conformément à sa définition de la solitude — un état âgés de plus de 75 ans, 5% des répondants affirment
ou une situation de la personne séparée physiquement, se sentir seuls souvent ou toujours (Savikko et coll.
mentalement, socialement ou affectivement de ses 2005). Dans l'étude longitudinale sur le vieillissement
semblables —, il suggère que la solitude peut être réalisée en Angleterre (Englwh Longitudinal Study of
physique, temporelle ou mentale. Ageing) auprès de 9000 participants âgés de plus de
50 ans, plus de 70% des répondants rapportent ne
Jamais se sentir seuls (Demakakos, Nunn et Nazroo,
9.2 LA PRÉVALENCE 2006). Les études qui obtiennent des taux plus élevés
DE LA SOLITUDE ont généralement été réalisées auprès de personnes
très Âgées (plus de 80 ans) ou vivant exclusivement
Il est manifestement très tentant d'affirmer que toutes en milieu rural (par exemple, Bowling et coll., 1989;
les personnes âgées vivent l'expérience de la soli- Dugan et Kivett, 1994). On peut remarquer que la
tude. D'ailleurs, les aînés eux-mêmes partagent cette prévalence varie très peu entre les pays qui partagent
idée fort répandue dans la population. Par exemple, des caractéristiques communes, car on sait main-
aux États-Unis, le National Council on the Aging tenant que la culture influence la prévalence du sen-
(NCOA, 2002) a commandé à trois reprises, en 1974, timent de solitude. Plus de personnes ressentiront de
en 1981 et en 2000, des sondages visant à mieux la solitude dans les pays familialismes, comparati-
saisir les croyances et les mythes entourant le vieil- vement aux pays valorisant l'individualisme.
Ë hapitre 9 133

D Tasseau 9.2 La prévalence du sentiment de solitude chez les personnes âgées


selon quelques études

RAREMENT
AUTEURS ANNÉE TOUJOURS (elUTKe11]1 20) OÙ JAMAIS

Berg et coll. 81 %

PRE et coll. 52%

En Clifford

PEAR et Kivett

Fidler

Holdéh et coll.

Huysman et de Klerk

È Mullins, SEPT et Andersson

tie et coll.

Sheldon

SEL

Tunstall

Victor et coll.

Wenger et Burholt

Autre constat intéressant :malgré des transforma- Ils concluent que la cohorte actuelle des personnes
tions sociales importantes, l'ampleur du problème âgées ne rapporte pas plus ni moins de solitude que
n'a pas varié au cours des 60 dernières années. Par les cohortes précédentes (Victor et coll., 2002).
exemple, 8% des répondants de l'étude de Sheldon Toutefois, il ne faut pas perdre de vue qu'un aîné
en 1948 affirmaient se sentir toujours seuls, contre 7 % sur trois (30%) dit se sentir seul «quelquefois » ou
dans une récente étude (Victor et coll. 2005). Ses «souvent ». À cet égard, il est donc permis d'affirmer
mêmes auteurs ont d'ailleurs voulu savoir si la présente que la solitude affecte une portion importante de la
cohorte de personnes âgées allait rapporter un taux cohorte des personnes âgées.
de solitude plus élevé que celui des cohortes précé- Est-ce à dire que, dans la population, la cohorte
dentes. Afin de répondre à cette question, les cher- des aînés est celle qui éprouve le plus la solitude?
cheurs ont comparé les résultats obtenus dans les études Nous ne pouvons tirer cette conclusion, d'autant
réalisées en Angleterre après la Seconde Guerre mon- plus que peu d'études transversales ayant comparé
diale avec les résultats de leur propre étude. Ils ont les aînés avec les autres groupes d'âge fouillent la
alors remarqué que toutes les études indiquent que la question. Il s'agit d’ailleurs d’une lacune dans le cor-
majorité des participants âgés ne se sentent pas seuls. pus de nos connaissances.
134 La solitude

Aux États-Unis, plus de 2000 personnes âgées aujourd'hui à une pléthore de facteurs, plus de 40,
de 18 à 89 ans ont répondu à un questionnaire sans que l’on réussisse à départager les plus impor-
publié dans trois quotidiens dominicaux (Revenson tants. En outre, la majorité des études privilégient
et Johnson, 1984). Les auteurs ont constaté que l'approche de la mesure du sentiment de solitude
les personnes âgées se sentaient moins seules que les par une seule question comme « Souffrez-vous de
plus jeunes ou que les adultes d'âge moyen. De fait, la solitude ? » ou « Diriez-vous que vous vous sentez
quelques études tendent à démontrer que la solitude seuls rarement, quelquefois, souvent ou toujours »
est plus fréquente chez les adolescents (Jylhä, plutôt que de s'appuyer sur des questionnaires
2004; Rokach, 2000). À la lumière de ces résul- éprouvés comme l'échelle de solitude UCLA (Russell,
tats, il faut remettre en question l'affirmation selon 1996) ou l'échelle de solitude de De Jong Gierveld
laquelle la solitude est une condition intrinsèque (de Jong Gierveld et Van Tilburg, 1999). Finalement,
du vieillissement. les recherches sont souvent athéoriques, bien que
Quelques mises en garde s'imposent toutefois. Perlman et Peplau aient formulé un modèle fondé
D'une part, 1l faut en effet déplorer que ce champ sur le « décalage » (dscrepancy model) en 1984.
d'études ne dispose pas de suffisamment d'études
épidémiologiques d'envergure ni d'études de nature
longitudinale. Ces recherches sont essentielles, car 9.3.1 Le modèle théorique
elles permettraient d'obtenir un aperçu plus juste Dans le modèle théorique (voir la figure 9.1), les
de l'étendue réelle du problème. D'autre part, les auteurs prennent soin d'établir une distinction entre
études précédentes ont souvent été réalisées auprès les facteurs prédisposants, c'est-à-dire ceux qui
de participants âgés volontaires, en bonne santé, en rendent les personnes vulnérables à la solitude, et
mesure de répondre aux questions de manière auto- les facteurs précipitants, soit ceux qui déclenchent
nome et qui résidaient encore chez eux. Il est donc la solitude.
légitime de se demander quelle envergure pourrait Les facteurs prédisposants sont: 1) les carac-
prendre le problème si les études incluaient les per- téristiques de l'individu, comme la timidité, le fait
sonnes qui ne partagent pas ces caractéristiques. d'avoir peu d'habiletés sociales ou de ne pas être
Bien que la solitude ne soit pas une expérience qui suffisamment affirmatif; 2) les caractéristiques de
accompagne à coup sûr l'avancement en âge, il s'agit la situation, comme de vivre isolé; et 3) les valeurs
d'une réalité très concrète pour plusieurs aînés. La culturelles, comme l'individualisme.
prochaine section tentera de déterminer les facteurs Les facteurs précipitants peuvent être une rup-
de risque associés à ce sentiment. ture amoureuse, le déménagement dans une autre
ville, la retraite, l'hospitalisation, la maladie ou tout
autre facteur qui change radicalement le tissu social
9.3 LES FACTEURS ASSOCIÉS AU d'une personne. Les facteurs précipitants créent alors

SENTIMENT DE SOLITUDE un déséquilibre entre les besoins ou les désirs de


relations d'une personne et ses relations sociales
Depuis les années 1970, on a mené un nombre actuelles.
important d'études en psychologie afin de cerner Ce qui particularise le modèle théorique de Peplau
les facteurs les plus associés au sentiment de solitude. et Perlman, c'est le rôle joué par le processus cogni-
Un coup d'œil critique sur l'ensemble de ces études tif qui intervient entre les déficits sociaux et l'expé-
nous permet d'affirmer que ce domaine est riche en rience de la solitude. En outre, selon ce modèle, ce à
recherches, mais assez pauvre en résultats probants. quoi la personne attribue sa solitude ainsi que le sen-
Il est en effet navrant de constater que ces études timent de contrôle sur sa situation sont des éléments
sont, dans l'ensemble, de nature corrélationnelle, pouvant influer sur l'intensité de la solitude. Par
c'est-à-dire qu'elles tentent seulement d'établir si exemple, l'intensité du sentiment de solitude sera
une variable donnée est en relation avec le senti- plus élevée si la personne s’attribue l'entière respon-
ment de solitude. Cette façon de procéder mène sabilité de sa condition ou si elle croit qu'il est vain
Chapitre 9 135

Facteurs prédisposants
+ Relations parents/enfants

+ Caractéristiques de la personne
+ Caractéristiques de la situation
* Normes et valeurs culturelles

Facteurs
précipitants

Besoin ou désirs de Relations sociales


relations sociales actuelles

ou ro ER

Déséquilibre entre
les besoins ou désirs
et la situation
actuelle

Cognitions et
attributions

Expérience
de solitude

Réaction et
adaptation (coping)

esnn | Là Lu civil
Source : Perlman (1988).
136 La solitude

de tenter de remédier à la situation, que celle-ci ne À la lumière de certaines études, on constate que
changera jamais. Les facteurs de risque ou de vul- le sentiment de solitude n’est pas uniformément dis-
nérabilité sont nombreux et touchent les sphères tribué à l'intérieur de la cohorte des aînés. Les per-
démographique, sociale et celle de la santé. sonnes âgées de plus de 80 ans seraient davantage
vulnérables à la solitude que les aînés plus jeunes.
Dean (1962) a été l’un des premiers chercheurs à avoir
9.3.2 L'âge observé ce phénomène, alors que 53% des participants
Les chercheurs se sont bien sûr demandé si l'âge de son étude, âgés de plus de 80 ans, affirmaient
était en soi un facteur de vulnérabilité, avec en toile ressentir de la solitude, comparativement à seulement
de fond l'idée que la solitude devait forcément aug- 29% pour les 70 à 79 ans. Plusieurs recherches
menter avec le vieillissement. Cette idée s'appuie sur récentes confirment que la solitude est plus fréquente
certains arguments: l’âge avancé est associé au veuvage, chez les gens très âgés (Demakakos et coll., 2006;
aux décès des amis proches et à l'éloignement tant Dykstra, Van Tilburg et de Jong Gierveld, 2005;
physique que psychologique des enfants; la perte Savikko et coll., 2005). Dans leur méta-analyse,
des rôles sociaux à la suite de certains événements Pinquart et Sürensen (2003b) confirment l'existence
comme la retraite ou consécutive à des problèmes de d'une tranche d'âge charnière qui se situe autour de
santé a pour effet de limiter les possibilités d'établir 80 ans. Cette recrudescence de la solitude à un âge très
ou de maintenir des contacts sociaux satisfaisants. avancé s'expliquerait par la plus grande présence
Toutefois, de l'avis de plusieurs experts, la solitude d'incapacités physiques, un appauvrissement du
est un état psychologique présent à tout âge, et réseau social, la probabilité accrue de perdre son
l'avancée en Âge ne paraît pas être une condition conjoint et des difficultés de transport. Cette donnée
suffisante pour l'engendrer. Cette affirmation est n'est pas sans intérêt, considérant l'augmentation
appuyée par plusieurs études qui ne font état d'aucune anticipée du nombre de personnes très âgées dans les
relation entre l'avancement en âge et la solitude. Au années à venir (voir le chapitre 1).
contraire, il existerait une relation inverse entre l'âge Ces données font donc pencher les chercheurs
et la solitude, alors que celle-ci serait plus fréquente vers une relation entre l’âge et la solitude en forme de
chez les adolescents (Andersson, 1993). C'est ainsi que U, alors que la solitude toucherait davantage les
79% des personnes de 18 ans et moins disent se sen- jeunes et les personnes très âgées (Pinquart et
tir seules quelquefois ou souvent, comparativement Sôrensen, 2001c).
à 59% pour les personnes de 45 à 54 ans et à 37%
pour celles âgées de plus 50 ans (Parlee, 1979).
9.3.3 Le sexe
Voici l'une des explications à ces résultats qui vont
à contre-courant: en vieillissant, les personnes ont des Selon la grande majorité des études réalisées sur le
attentes plus réalistes par rapport à leurs relations sujet, plus de femmes que d'hommes se sentent seules.
sociales, alors que les jeunes ont au contraire des Par exemple, Jylhä (2004) a constaté qu'être une
attentes trop élevées, voire idéalistes (Peplau et coll. femme augmente le risque de souffrir de solitude
1982). Une autre explication serait que les aînés en dans une proportion de plus de 76%. Considérant la
général sont réticents à avouer ressentir la solitude féminisation de la vieillesse, cette observation devient
(Peplau et coll., 1982), d'où une sous-estimation du capitale. Cependant, ce résultat maintes fois retrouvé
nombre de personnes qui en souffrent. Toutefois, dans les recherches pourrait être médiatisé par
certaines recherches soulignent une variable explica- d’autres facteurs comme la sécurité financière, l'état
tive intéressante. En vieillissant, les personnes matrimonial ou l'âge avancé. Rappelons que près de
deviendraient plus sélectives dans le choix de leurs 50% des femmes âgées sont veuves et que leur
relations (Carstensen, 1991), et ce qui importe n'est espérance de vie est supérieure à celle des hommes.
pas tant la grandeur du réseau social (Green et coll. Une autre explication plausible découle du fait que les
2001) que la qualité des relations qu'on y trouve femmes portent peut-être une attention plus par-
(Pinquart et Sôrensen, 2003b). ticulière à leurs relations sociales, qu’elles ont des
Chapitre 9 137

attentes plus grandes et que d'en être privées ou réseau social développé autour du couple comme une
insatisfaites les rend plus vulnérables à la solitude unité. La dislocation du couple par la mort d’un des
(Pinquart et Sôrensen, 2003b). Finalement, il se peut conjoints retentit sur la structure relationnelle. Comme
que les femmes avouent plus facilement que les le démontrent Dykstra et de Jong Gierveld (2004),
hommes leur sentiment de solitude, un tel comporte- les veufs souffrent de solitude sociale, alors que les
ment pouvant être perçu comme une marque de fai- veuves ressentent davantage de solitude affective.
blesse pour les hommes âgés. La durée du veuvage est aussi une variable impor-
tante. Plusieurs recherches ont montré que l'intensité
de la solitude diminuait avec le temps (Savikko et coll.
9.3.4 L'état civil 2005).
Les études ont régulièrement montré qu'il existe
une relation entre l'état civil et la solitude. Ainsi,
les personnes âgées mariées déclarent vivre moins
9.3.6 La situation domestique
de solitude que les personnes âgées non mariées Le fait de vivre seul est un facteur qui a aussi attiré
(Demakakos et coll., 2006; Dykstra et de Jong l'attention des chercheurs. Comme nous l'avons déjà
Gierveld, 2004; Holmén et coll., 1992; Jylhä, 2004; mentionné, cette situation domestique sert souvent,
Savikko et coll., 2005; Victor et coll., 2005). Ce à tort, d'indicateur de l'isolement social. Quoi qu'il en
résultat atteste la fonction prophylactique du mariage soit, la moitié des personnes âgées participant à
(incluant le fait de vivre avec un conjoint). Par l'étude de Jylhä (2004) disent ressentir de la solitude,
exemple, dans leur étude menée auprès de 1000 par- comparativement à 19% pour celles qui ne vivent pas
ticipants âgés de plus de 65 ans, Victor et coll. seules. Bien que le fait de vivre seul soit manifestement
(2005) trouvent que 78% des gens mariés affirment un facteur de risque, les experts affirment que cette
ne jamais se sentir seuls alors que ce pourcentage condition n'est pas suffisante pour conclure à un lien
baisse à 46% pour les personnes célibataires et direct entre celle-ci et le sentiment de solitude.
divorcées et à 28 % pour les personnes veuves. Plus rares, certaines études ont estimé la solitude
S'il semble que le fait d'avoir un conjoint protège des personnes âgées selon que celles-ci habitaient ou
les personnes âgées de la solitude, cela n'exclut pas la non dans une ville. À ce jour, les résultats sont contra-
possibilité que l’un des partenaires puisse se sentir seul dictoires. Ainsi, Mullins et Elston (1996) n'ont pas
à l'intérieur de la relation. La satisfaction conjugale trouvé de différence entre les participants qui vivaient
devient donc une variable à considérer. Parmi les en milieu urbain ou rural. Réalisée auprès de
personnes âgées mariées, plus la satisfaction conjugale 1800 Manitobains, l'étude de Havens et coll. (2004)
est faible, plus la solitude est élevée ou fréquente ne révèle aucune différence entre les participants des
(Demakakos et coll., 2006). deux milieux. Par contre, les taux de prévalence
trouvés par Bowling et coll. (1989) ainsi que par
Dugan et Kivett (1994) pour des personnes vivant
9.3.5 Le veuvage en milieu rural sont trois fois supérieurs à ceux que
Il est maintenant bien établi que la situation de veu- l’on observe normalement.
vage est un déterminant majeur du sentiment de soli- Constat assez surprenant, peu d'études ont com-
tude. Lopata (1969) avait déjà constaté que ce paré la solitude entre les personnes vivant à domicile
sentiment représentait un problème sérieux pour la et celles résidant dans un centre de long séjour. Les
moitié des personnes veuves de son étude. Dans une résultats indiquent que le sentiment de solitude est
étude plus récente, Victor et ses collaborateurs (2005) plus présent chez ces dernières (par exemple, Holmén
ont obtenu des chiffres similaires: 73% des veufs ont et coll., 1992). Comme nous l'avons mentionné en
répondu par l’affirmative à la question suivante: introduction, le sentiment de solitude est un détermi-
« Vous sentez-vous seul? » En outre, le veuvage n'est nant qui mène à la décision de vivre dans un centre
pas seulement associé à la perte du partenaire, mais d'hébergement. Par conséquent, si la solitude est
il entraîne aussi, dans plusieurs cas, la perte d'un plus fréquente chez les personnes âgées vivant en
138 La solitude

établissement, cela ne voudrait pas dire qu'elle en de ses enfants soit davantage vulnérable au senti-
est directement la cause. En outre, les gens admis dans ment de solitude semble indiscutable (Townsend,
ce type d'établissement sont généralement plus vieux 1973). Pourtant, les résultats des études à ce sujet ne
et plus fragiles sur le plan physique et cognitif. Tous sont pas si limpides.
ces facteurs ont pu contribuer à leur sentiment en Certaines études montrent que la fréquence des
amont de leur entrée en résidence. contacts est un important déterminant au sentiment
Une autre variable semble jouer un rôle important; de solitude; les personnes qui ont au moins un ou deux
ce n'est pas le milieu en soi, mais la satisfaction à contacts par semaine avec leurs enfants se sentent
l'égard du milieu (Berg et coll., 1981) : plus les per- moins seules comparativement à celles qui ont moins
sonnes âgées sont satisfaites de leur milieu de vie, de contacts (par exemple, Demakakos et coll., 2006).
moins elles ressentent de solitude. Pour leur part, De leur côté, Berg et ses collaborateurs (1981) ont
Perlman, Gerson et Spinner (1978) mentionnent que observé une relation entre les contacts avec les enfants
les personnes âgées qui ont déménagé contre leur et la solitude, mais seulement pour les hommes âgés,
gré souffrent davantage de la solitude. Ce dernier alors que Dykstra et de Jong Gierveld (2004) trou-
résultat laisse suggérer que le degré de contrôle vent que cette relation est valable uniquement pour
qu'une personne âgée peut exercer sur sa vie est un les femmes âgées. Par ailleurs, il y a autant d'études
facteur à considérer. qui relèvent l'absence de relation entre les contacts avec
les enfants et le sentiment de solitude (par exemple,
Mullins et Mushel, 1992). De tels résultats pour-
9.3.7 Le niveau socioéconomique raient s'expliquer par le fait que ces études ont
Les deux indicateurs du niveau socioéconomique les considéré seulement les contacts directs, de personne
plus fréquemment utilisés sont l'éducation et le revenu. à personne, une méthode peut-être trop restrictive. Les
Plusieurs études montrent que la solitude affecte contacts par téléphone procureraient autant de béné-
davantage les personnes âgées les moins scolarisées fices (Demakakos et coll., 2006).
(par exemple, Dykstra et de Jong Gierveld, 1999; Ne pas avoir d'amis est un facteur de risque
Savikko et coll., 2005) et que l'ampleur du sentiment reconnu et associé à la solitude. Arling (1976), dans
de solitude serait inversement proportionnelle au une étude menée auprès de 409 veuves âgées, re-
niveau de revenu (par exemple, Demakakos et coll. marque que ce sont les contacts avec les amis et les
2006; Savikko et coll., 20085). Dans l'étude longitu- voisins, et non ceux avec les membres de la famille,
dinale anglaise portant sur le vieillissement, les par- qui sont liés à une baisse de la solitude. De Grâce,
ticipants les moins riches rapportent un taux deux fois Joshi et Beaupré (1987) constatent que le fait d’avoir
plus élevé de solitude (Demakakos et coll., 2006). peu d'amis, peu d'amis intimes et peu de contacts
Cette relation s'explique par le fait que les personnes avec les amis est en lien avec une augmentation de la
âgées plus scolarisées ou qui possèdent de meilleures solitude. Dans leur étude menée sur les personnes
ressources financières ont plus d'occasions de s'en- âgées canadiennes séjournant occasionnellement en
gager dans des activités sociales diversifiées et enri- Floride, Mullins et ses collaborateurs (1989) obser-
chissantes. Entre un faible niveau d'éducation et un vent que les personnes qui souffrent le plus de soli-
faible revenu, c'est ce dernier facteur qui est le plus tude sont celles qui ont le moins d'amis. Perlman et
en relation avec le sentiment de solitude (Pinquart et ses collaborateurs (1978) constatent que la solitude
Sürensen, 2003b). est plus associée aux contacts avec les amis qu'aux
relations avec les enfants et qu’elle n’est pas du tout
liée aux contacts avec les autres parents. Mullins et
9.3.8 Les sources des contacts
Mushel (1992) ne trouvent aucune relation entre la
On peut légitimement se demander ce qui contri- solitude et le contact avec les enfants, mais plutôt
bue le plus à la solitude chez les personnes âgées: qu'elle est en relation avec les amis. Réalisée auprès
le manque de contacts avec les enfants ou l'absence de 1725 personnes âgées de plus de 75 ans aux Pays-
d'amis proches. L'idée qu'une personne âgée séparée Bas, une étude montre qu'un participant sur deux qui
Chapitre 9 139

déclare ne pas avoir d'amis vit de la solitude (Holmén ont moins le désir de s'engager dans des activités
et coll., 1992). Des études plus récentes ont aussi sociales avec leurs proches ou leurs amis. On peut
montré un lien direct entre l'absence d'amis et le sen- aussi penser que leur mauvais état de santé les amène
timent de solitude (Demakakos et coll., 2006; Savikko à rechercher de l’aide, mais que celle-ci n’est ni acces-
et coll., 2005). Dans leur méta-analyse, Pinquart et sible ni satisfaisante. En outre, une personne âgée en
Sôrensen (2003b) ont même estimé que, somme toute, mauvaise santé n’est plus en mesure d'apprécier ses
les contacts avec les amis sont, de façon évidente, plus relations sociales; puisqu'il s'agit d'une évaluation
déterminants que les contacts avec les enfants. Par- subjective de l’état de santé, il se pourrait qu'elle soit
dessus tout, c'est la présence d’un confident qui serait davantage le reflet d'une insatisfaction générale.
un facteur déterminant dans le sentiment de solitude Les incapacités physiques qui réduisent la mobi-
(Bowling et coll., 1989). lité et l'autonomie dans la réalisation des tâches de la
Pourquoi la présence des amis est-elle plus impor- vie courante ont été fréquemment cernées comme
tante que celle des enfants dans la vie des personnes facteurs de vulnérabilité (Havens et coll., 2004;
âgées ? Selon Pinquart et Sürensen (2003b), l’une des Penninx et coll., 1999b; Savikko et coll., 2005), de
raisons serait que les relations avec la famille sont sou- même que les problèmes de vision et d'audition
vent obligatoires, alors que les contacts avec les amis (Barron et coll., 1994 ;Kramer et coll., 2002; Savikko
demeurent libres. Il faut comprendre que l'intimité et et coll., 2005; Victor et coll., 2005).
la réciprocité des liens sont des facteurs vitaux pour Après avoir examiné certains facteurs liés à la soli-
le bien-être des adultes âgés. Or, il semble que, sur le tude, penchons-nous sur la façon de prévenir ou de
plan familial, 1l n'y ait pas la même réciprocité qu'en diminuer ce sentiment chez les personnes âgées.
amitié, celle-ci en offrant davantage. Les parents ou
les enfants ont un style de vie, des valeurs et des
champs d'intérêt différents qui provoquent un fossé
générationnel important et, en conséquence, des
9.4 LES TYPES D'INTERVENTIONS
échanges peu gratifiants. L'impact de programmes de visites à domicile a fait
l'objet de quelques études dont les résultats sont per-
tinents pour la réduction de la solitude chez les aînés.
9.3.9 L'état de santé Mulligan et Bennett (1977-1978) ont décrit un pro-
Bien sûr, la mauvaise santé physique comme facteur gramme de 12 visites à domicile d’une durée de une
de vulnérabilité au sentiment de solitude a été lar- heure chacune, toutes les deux semaines. Des béné-
gement analysée. On rapporte que les contacts sociaux voles faisaient ces visites. On a évalué ce programme
sont facilités par une bonne santé physique, un bon en comparant un groupe de sujets ayant été visités sur
degré d'indépendance et d'autonomie et par des une base régulière à un groupe témoin n'ayant reçu
habiletés sensorielles, notamment une audition et une des visites qu'au début et à la fin de l'intervention. Les
vision préservées. En corollaire, une mauvaise santé, résultats indiquent que les sujets du groupe ayant par-
une perte d'autonomie ou des déficiences sensorielles ticipé au programme démontraient une amélioration
importantes constituent des éléments de fardeau pour supérieure quant à de l'entretien de leur domicile et
l'entourage et nuisent à la réciprocité des échanges qui à leur état mental après l'intervention. De plus, une
deviennent alors plus asymétriques. La mauvaise relance menée six mois après la fin de celle-ci a per-
santé constitue un obstacle à la poursuite d'activités mis de constater qu'une proportion plus élevée de
qui pourraient aider à combattre la solitude. participants au programme demeuraient toujours à
L'évaluation subjective de la santé est un facteur leur domicile et que ce groupe présentait un degré
souvent mis en relation avec la solitude. Généralement, plus faible d'isolement social.
on note plus de solitude chez les personnes âgées qui Les effets des visites à domicile sur la solitude
considèrent leur santé comme étant précaire (Mullins semblent être fonction du rôle exercé par le visiteur.
et coll., 1991 ; Savikko et coll., 2005; Victor et coll., Martin et Kiely (1983) ont comparé un groupe de
2005). Les aînés qui s'estiment en mauvaise santé sujets recevant les visites d'un bénévole jouant le rôle
140 La solitude

de visiteur amical à un groupe dans lequel le bénévole à ce type de programme rapportent se sentir moins
jumelait les rôles de visiteur amical et d'intermédiaire seuls, plus autonomes et plus en sécurité (King, 1991).
à court terme. Ce dernier rôle consistait à favoriser Comme le téléphone, Internet (incluant le courrier
les liens entre les personnes âgées et les ressources électronique) permet d'entrer en relation avec
offertes dans leur quartier. Les résultats suggèrent que d'autres personnes en évitant de se déplacer. Il peut
les personnes âgées qui reçoivent les visites d'un servir à trouver des individus ou des groupes qui
bénévole qui assume le rôle d'intermédiaire en plus ont des champs d'intérêt particuliers, à communi-
de celui de visiteur amical présentent une diminution quer avec des amis ou des membres de la famille
plus importante de l'isolement et de la solitude com- et même à faire des rencontres. Cet outil présente
parativement à celles qui reçoivent un visiteur ami- donc un potentiel intéressant pour permettre aux
cal seulement. On peut penser que les rapports avec personnes âgées de maintenir ou d'accroître leur
un intermédiaire à court terme contribuent au réseau social et donc de réduire leur sentiment de
développement du réseau social de la personne âgée solitude. White et ses collaborateurs (2002) ont
en favorisant l'utilisation qu'elle peut faire des assigné au hasard 100 personnes âgées à deux
ressources communautaires. groupes: l’un a reçu une formation et un accès à
L'impact de visites qui incluent la présence d'un ani- Internet, et l'autre était en attente de les recevoir.
Au terme de l'intervention, la majorité (60 %) des
mal de compagnie (zoothérapie) sur la solitude des
personnes âgées vivant en centre d'hébergement a fait
personnes du premier groupe ont rapporté utiliser
Internet au moins une fois par semaine. Par ailleurs,
l'objet d'une étude de Banks et Banks (2002). Des
on a observé une tendance non significative à la
résidants ne souffrant pas de problèmes cognitifs ont
réduction des sentiments dépressifs et de solitude
été assignés à l’un de trois groupes: sans zoothérapie,
dans ce groupe.
avec zoothérapie une fois par semaine et avec
Un groupe d'entraide peut aussi réunir plusieurs
zoothérapie trois fois par semaine. Les participants qui
personnes partageant une situation difficile commune.
expérimentaient la zoothérapie recevaient la visite
Il permet en principe de briser l'isolement des indi-
d'un chien accompagné d'un thérapeute. Les visites
vidus, de favoriser le soutien, de diffuser des infor-
étaient individuelles, et le thérapeute interagissait
mations utiles et de partager l'expérience de chacun.
le moins possible avec le résidant. On a évalué les par-
Des groupes d'entraide existent pour différentes
ticipants avant le début de l'intervention et six
populations, notamment pour les personnes souf-
semaines plus tard. L'analyse des données a révélé que
frant de problèmes de santé tels que le cancer et la
la participation à la zoothérapie était associée à un
maladie d'Alzheimer. La difficulté à se déplacer
degré de solitude plus faible après l'intervention,
peut toutefois constituer un obstacle pour la par-
sans toutefois montrer de différence selon que l'in-
ticipation de plusieurs personnes âgées à un groupe
tervention avait eu lieu une ou trois fois par semaine. d'entraide; le recours au téléphone peut s'avérer utile
Les programmes de sécurisation téléphonique cons- dans ce contexte. D'ailleurs, une majorité d'aidants
tituent une façon pratique et économique d'aider la familiaux de personnes âgées ayant des problèmes
personne âgée à maintenir des rapports quotidiens de santé chronique rapportent que l'isolement social
avec un autre individu. Ces programmes visent et la solitude sont des problèmes importants et qu'ils
généralement à offrir de l'aide en cas d'urgence aux utiliseraient volontiers un service de soutien télé-
personnes âgées vivant seules. Les participants com- phonique (Ploeg et coll. 2001). Stewart et coll.
muniquent quotidiennement avec un bénévole pour (2001) ont évalué l'utilité d'un groupe s'adressant
l'informer que tout va bien. Si un participant ne télé- spécifiquement aux aînés souffrant d'incapacités et
phone pas, il reçoit alors un appel ou la visite d'un dont les membres communiquent entre eux par télé-
proche. Bien que les participants ne soient pas phone. L'analyse du contenu de rencontres de ce
encouragés à converser longuement avec le bénévole, groupe d'entraide de même que d'entrevues avec
il semble que les rapports entre eux demeurent les personnes qui y ont participé a révélé une réduc-
généralement cordiaux. D'ailleurs, des participants
[æ, tion du besoin de soutien, une diminution de la
Chapitre 9 141

solitude et une amélioration de la capacité de faire bien aux besoins de la personne visée. Pour un indi-
face aux difficultés. vidu donné, un contact régulier avec un animal de
En somme, différentes interventions peuvent aider compagnie peut apporter une aide tandis qu'un
à réduire le sentiment de solitude des aînés. Comme autre peut préférer ou retirer davantage de l'intégra-
les besoins de rapports sociaux sont propres à chacun, tion à un groupe de personnes qui partagent des
il est important que l'intervention retenue réponde préoccupations semblables aux siennes.

+ Le sentiment de solitude est une expérience + Le veuvage est un facteur de vulnérabilité.


subjective qui correspond à une perception + Habituellement, les femmes se disent plus seules
d’une déficience de son réseau relationnel. que les hommes.
+ [lest important de ne pas confondre isolement + Une évaluation négative de sa santé et des inca-
social, vivre seul et être seul avec le sentiment pacités physiques sont liées à la solitude.
de solitude.
e Un faible revenu est associé au sentiment de
+ La solitude chez les aînés est considérée comme
solitude.
un problème social important.
+ Les relations avec les amis, mais surtout avoir
+ La majorité des personnes âgées ne souffrent pas
de solitude. un confident, protègent contre la solitude.
+ _La solitude semble toutefois être plus fréquente Différentes interventions, incluant les pro-
chez les personnes très âgées. grammes de visite à domicile, la zoothérapie et
+ Les personnes âgées mariées ressentent moins les groupes d'entraide, peuvent aider à réduire
de solitude que les personnes âgées non mariées. le sentiment de solitude des aînés.

Suggestions de lecture
Andersson, L. (1998). Loneliness research and interventions: Pinquart, M. et Sôrensen, S. (2001). Influences on loneliness
A review ofthe literature. Aging and Mental Health, 2, 264-274. in older adults: À meta-analysis. Basic and Applied Social
Psychology, 25, 245-266.
Cattan, M., White, M., Bond, J. et Learmouth, A. (2005).
Preventing social isolation and loneliness among older people:
À systematic review of health promotion interventions. Ageing
e? Society, 25, 41-67.
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#
” M :

Chapitre
10
EESe
4”
144 La dépression

Ÿ avancement en âge s'accompagne de certaines vicissitudes comme


une fragilisation de l'état de santé, des changements dans l'apparence
physique, une diminution de l’acuité des différents sens, la mise à la
retraite, le départ des enfants, la mort du conjoint et de certains proches. Dès
lors, il ne faut pas se surprendre si certains affirment que vieillissement et dépres-
sion vont de pair. Alors que le public, les décideurs et les chercheurs portent
beaucoup d'attention aux démences en raison de leurs effets pernicieux, il
faut se rendre compte que la dépression chez les personnes vieillissantes ne
suscite pas le même engouement, malgré des conséquences tout aussi néfastes.
On admet aujourd'hui que les manifestations de la dépression sont souvent
méconnues ou incorrectement interprétées surtout lorsqu'elles surviennent chez
les personnes de plus de 65 ans. Pour ces raisons, la personne âgée dépressive
risque de ne pas bénéficier d'un traitement ou celui-ci peut être inapproprié. Étant
donné que la dépression entraîne plusieurs conséquences négatives (Cappeliez,
2006), dont le décès prématuré et même le suicide, l'importance de son dépistage
apparaît évidente.
L'objectif de ce chapitre est, dans un premier temps, de classer les types de
dépression et de la définir ainsi que d'établir les critères de diagnostic, de sou-
ligner les difficultés éprouvées lors de son dépistage, de faire le point sur sa pré-
valence, de décrire quelques instruments d'évaluation communément utilisés
et de faire un bref survol des facteurs de risque associés à ce trouble. Nous abor-
derons ensuite les possibilités d'intervention auprès des personnes âgées qui
souffrent de dépression.

10.1 LA CLASSIFICATION, CIM-10° révision (Classification internationale des


maladies, des troubles mentaux et comportementaux,
LES DÉFINITIONS ET www.who.int/classification/icd). En Amérique, le
LE TABLEAU CLINIQUE système de classification utilisé est le Manuel diagnos-

DE LA DÉPRESSION tique et statistique des troubles mentaux de l'American


Psychiatric Association (APA), connu sous le nom de
D'abord, il importe de spécifier ce que nous entendons Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders
par dépression. Ici, la dépression ne fait pas référence (DSA). Selon le texte révisé de la quatrième édition
à la tristesse, au mal-être, au fait d'être découragé ou (DSMH-IV-TR: APA, 2000), il existe plusieurs types de
abattu ou à la «déprime » momentanée, mais plutôt dépression. On peut différencier la dépression
à un trouble affectif assez grave pour qu'il boule- majeure, la dysthymie et le trouble dépressif non
verse la qualité de la vie de la personne touchée et celle spécifique. À cette liste, l'APA propose d'inclure, à
de son entourage. titre expérimental, la dépression mineure. Certains
auteurs parlent de dépression sous-syndromale ou
sous-clinique pour décrire cette condition.
10.1.1 La classification
Pour nous aider à départager un changement d’hu-
10.1.2 Les définitions
meur normal d'un changement cliniquement signifi-
catif, on doit recourir à des systèmes de classification. La dépression majeure peut se définir comme étant
Un de ces systèmes nous vient de l'Organisation la présence quotidienne d'une humeur dépressive ou
mondiale de la santé (OMS), qui a développé la d'une perte d'intérêt ou de plaisir pour presque toutes
Chapitre 10 145

les activités normales ;elle s'accompagne d'au moins intéressées à la dépression majeure, le présent chapitre
quatre autres symptômes parmi les suivants: une se centrera sur ce trouble. Nous aborderons aussi la
baisse d'énergie, un changement dans la qualité du dépression mineure, étant donné que de plus en plus
sommeil ou dans l'appétit, une difficulté à se concen- d'études récentes en font mention.
trer, une culpabilité injustifiée, des idées suicidaires.
Les symptômes doivent impérativement se mani-
fester depuis au moins deux semaines et affecter le 10.1.3 Le tableau clinique
fonctionnement professionnel, social et familial de la Avant d'affirmer qu'une personne âgée est dépressive,
personne. Le qualificatif «majeure » n’est pas une il faut s'assurer qu'elle manifeste un ensemble de
indication de l'intensité du trouble. En effet, le degré symptômes associés à ce trouble. L’encadré 10.1
de gravité de la dépression majeure peut être léger, résume les critères pour établir le diagnostic d’un
modéré ou important. De plus, la dépression peut épisode de dépression majeure selon le DSH-IV
varier dans le temps, se manifestant de façon épiso- Dans la dépression majeure, le premier symptôme
dique, récurrente ou chronique. En ce qui concerne est l'humeur dépressive ou la perte de plaisir pour les
la définition de la dépression mineure, le DS pro- activités usuelles. La personne peut alors se plaindre
pose pour l'instant les mêmes paramètres diagnos- d'être triste, découragée ou déprimée, ou encore que
tiques que ceux de l'épisode de dépression majeure. plus rien ne l'intéresse, même des activités qui lui
La seule différence réside dans le nombre réduit de procuraient, il n'y a pas si longtemps, de la satisfac-
symptômes, entre deux et quatre, mais au moins un tion. Mais la simple présence de ces symptômes n'est
de ces symptômes devrait être l'humeur dépressive ou pas suffisante pour établir un diagnostic de dépres-
la perte de plaisir. La dysthymie est définie comme sion. Il faut qu'ils se manifestent presque tous les
un syndrome dépressif, mais dont les symptômes, jours pendant au moins deux semaines. En outre,
moins sévères, persistent depuis au moins deux ans. quatre autres symptômes parmi ceux présentés à
Cependant, puisque les recherches concernant le l'encadré 10.1 doivent apparaître presque tous les
vieillissement et la dépression se sont surtout Jours également.

ENCADRÉ 10.1 © Lescritères de diagnostic: la dépression majeure:


Fe D. + a ;

A. Cinq ou plus des symptômes suivants doivent avoir été 7) Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité exces-
présents pendant une même période d'une durée de sive ou inappropriée presque tous les jours.
deux semaines et avoir représenté un changement par 8) Diminution de l'aptitude à penser ou à se concentrer
rapport au fonctionnement antérieur; au moins un des ou indécision presque tous les jours.
symptômes est soit une humeur dépressive, soit une
9) Pensées de mort récurrentes, idées suicidaires récur-
perte d'intérêt ou de plaisir.
rentes sans plan précis ou tentative de suicide où plan
1) Humeur dépressive présente pratiquement toute la précis pour se suicider.
journée, presque tous les jours.
B. Les symptômes ne répondent pas aux critères de l'épisode
2) Diminution marquée de l'intérêt ou du plaisir pour toutes mixte.
ou presque toutes les activités pratiquement toute la
C. Les symptômes induisent une souffrance cliniquement
journée, presque tous les jours.
significative ou une altération du fonctionnement social,
3) Perte où gain de poids important en l'absence de professionnel ou dans d'autres domaines importants.
régime.
D. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets phy-
4) Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours. siologiques directs d'une substance où d'une affection
5) Agitation ou ralentissement psychomoteur presque médicale générale.
tous les jours. E. Les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un deuil.
6) Fatigue ou perte d'énergie presque tous les jours.

Source : Adapté de American Psychiatric Association, DSM-IV (2000).


146 La dépression

Une personne dépressive peut perdre l'appétit, ce plusieurs écueils afin de différencier le vrai trouble
qui se traduit par une baisse de poids involontaire, de l'humeur des changements normaux du vieillis-
mais considérable. Plus rarement, certaines personnes sement ou de ceux appartenant à d’autres pathologies.
mangent davantage, mais sans en retirer beaucoup Parmi ces difficultés, soulignons que certains symp-
de plaisir. Un trouble du sommeil peut aussi sur- tômes de la dépression se manifestent aussi dans
venir. La personne a de la difficulté à s'endormir, se d'autres syndromes pathologiques; que certaines
réveille au milieu de la nuit, mais plus couramment elle maladies et certains médicaments reproduisent des
se réveille très tôt le matin et se sent encore fatiguée. symptômes de dépression; que la dépression se
Certaines personnes dépressives manifestent de l'hy- présente concurremment avec l'anxiété ou des mala-
persomnie, c'est-à-dire qu'elles dorment plus qu'il dies physiques; que les actuelles personnes âgées
n'est nécessaire. Parfois, l'activité motrice se trouve sont peu enclines à verbaliser leur humeur dépressive.
aussi perturbée et se caractérise par une lenteur À ce tableau, ajoutons la tendance à croire encore
généralisée. La démarche, le processus de pensée, le aujourd’hui que les symptômes de la dépression sont
temps de réaction sont lents, la voix devient monotone. normaux et justifiables à l'étape de la vieillesse
À l'inverse, certaines personnes manifestent une (Burroughs et coll., 2006).
grande agitation. Elles se frottent les mains sans arrêt Un coup d'œil attentif à l'encadré 10.1 (page précédente)
ou elles ne tiennent plus en place. Une personne nous indique que plusieurs des symptômes énumérés
dépressive peut aussi se plaindre de manquer d'éner- peuvent être liés au processus du vieillissement, en
gie, d'avoir de la difficulté à penser et à se concentrer, dehors de toute pathologie. Ainsi, certaines personnes
ce qui se traduit par l'inachèvement des tâches mêmes âgées se plaignent d’avoir de la difficulté à s'endormir
les plus simples. Elle se sent résignée, indigne, déses- et de s'éveiller souvent la nuit ou encore très tôt le matin.
pérée, voire coupable. Enfin, des pensées liées à la Puisqu'elles ont moins d'énergie qu'avant, elles se fati-
mort peuvent l'envahir; elle songe à s'enlever la vie guent plus rapidement et mettent plus de temps à
ou à faire des tentatives de suicide. récupérer. Une baisse d'acuité visuelle ou auditive peut
rendre leur participation aux activités moins satisfai-
santes. Le fait de vivre seul ou de subir un chan-
10.2 LES DIFFICULTÉS gement du goût rend la nourriture moins appétissante,
DE DIAGNOSTIC CHEZ l'envie de manger diminue, ce qui entraînera une
perte de poids. Finalement, il est courant que certaines
LES PERSONNES ÂGÉES personnes âgées se plaignent de troubles de mémoire.
Si la sémiologie de la dépression majeure paraît bien Ne soupçonnant pas sa condition, acceptant elle
circonscrite, aucun des deux systèmes de classifi- aussi qu'il soit normal à son âge de se sentir déprimée
cation — CIM et DSH-IV - ne propose des critères ou faisant partie d'une génération peu habituée à
diagnostiques spécifiques aux personnes âgées. Pour exprimer sa détresse, la personne âgée ne parlera pas
certains auteurs (Jeste et coll., 1999; Jeste, Blazer et de son humeur dysphorique (O'Connor, Rosewarne
First, 2005), cela pose problème, car la dépression et Bruce, 2001). Devant le médecin généraliste, proba-
s'exprimerait différemment chez les personnes âgées blement le seul professionnel qu'elle consultera, elle
comparativement aux adultes plus jeunes (Alexopoulos se plaindra plutôt de certains problèmes somatiques
et Apfeldortf, 2004). Du coup, plusieurs aînés dépres- comme la constipation, les douleurs abdominales, la
sifs ne seraient pas reconnus. Ces auteurs appellent flatulence, l'insomnie ou la fatigue extrême (Blazer,
à une nomenclature particulière, mais cette proposi- 1989). Lorsque la dépression est ainsi camouflée
tion ne fait cependant pas l'unanimité. derrière d'autres symptômes, on parle de dépression
Néanmoins, il ne fait guère de doute qu'établir un masquée. Si ce type de dépression ne représente pas
diagnostic précis de la dépression chez les personnes une catégorie diagnostique officielle, elle a le mérite
âgées n'est pas une tâche facile. Le clinicien, qu'il soit de souligner que l'expression de la dépression peut
médecin généraliste, géropsychiatre ou psychologue être différente chez les aînés par rapport aux
spécialisé en vieillissement, doit réussir à surmonter plus Jeunes.
Chapitre 10 147

Lorsque la personne âgée dépressive met de forme de démence. Il est maintenant de plus en plus
l'avant les symptômes de troubles de la mémoire et reconnu que la dépression représente un facteur de
de difficulté à maintenir sa concentration, il y a un risque pour le développement d'un syndrome démen-
danger de conclure fautivement qu’elle souffre de tiel (Jorm, 2001).
démence. On parle alors de pseudodémence dépres- Finalement, pour compléter le tableau des diffi-
sive. Comme pour la dépression masquée, ce concept cultés liées à l'établissement d’un bon diagnostic, il
n'a pas de statut officiel. La pseudodémence pourrait arrive que certains médicaments (par exemple, la
se définir comme un état de dépression qui entraîne levodopa, les corticostéroïdes), certaines maladies
des perturbations cognitives chez une personne non physiques (par exemple, la maladie de Parkinson,
démente (Lévesque, Roux et Lauzon, 1990). Ces l'hypothyroïdie), des carences nutritionnelles (par
deux syndromes peuvent toutefois coexister: une exemple, en vitamine B,,) ou certaines dépendances
personne âgée démente peut aussi être dépressive, (par exemple, l'alcoolisme) produisent des symp-
et une personne dépressive peut présenter des signes tômes analogues à ceux de la dépression, mais sans
avant-coureurs d'un trouble démentiel. Puisque le que la personne soit dépressive. On s’en rend compte,
pronostic et le traitement diffèrent pour les deux par exemple, lorsqu'on retire le médicament
types de trouble, il est essentiel de poser le dia- soupçonné d'être responsable des symptômes de la
gnostic approprié. dépression et que l’on constate une amélioration
Wells (1979) offre quelques indices pour aider à spontanée des symptômes. Et pour complexifier le
distinguer une personne âgée pseudodémente d'une tableau, ajoutons que la présence d’une véritable
personne réellement démente. Dans le cas de la dépression peut exacerber des problèmes de santé déjà
pseudodémence, le moment de l'apparition des symp- présents, alors que la dépression peut avoir été causée
tômes peut être précisé, et ceux-ci arrivent brus- par ces mêmes problèmes de santé.
quement, souvent à la suite d'un événement particulier. Tout cela a pour effet de détourner l'attention des
La progression des symptômes est souvent rapide, proches, des professionnels de la santé et de la per-
alors qu'elle demeure plutôt lente et progressive sonne âgée elle-même; ils attribueront alors les symp-
dans les cas de démence. La personne pseudodémente tômes à un trouble cognitif ou à une maladie physique
a généralement une histoire passée de trouble affec- plutôt qu'à la dépression. Plusieurs études confir-
tif. La personne démente éprouve des troubles de ment que le diagnostic de dépression est établi chez
mémoire, tandis que la personne pseudodémente se une minorité de personnes âgées (Volkers et coll.
plaint d'en avoir. Lors d'une évaluation, la personne 2004). Ce constat prouve la nécessité de mieux for-
pseudodémente ne répond pas ou répond invaria- mer les professionnels qui côtoient les aînés.
blement «Je ne sais pas», alors que la personne
démente tente au contraire de dissimuler ses déficits
en répondant de manière approximative. Celle-ci
déploie beaucoup d'efforts pour accomplir la tâche 10.3 L'ÉPIDÉMIOLOGIE
qu'on lui propose; inversement, la personne pseu-
dodémente ne fait rien du tout, se montre passive,
DE LA DÉPRESSION
dit qu'elle ne pourra pas y arriver, que cela ne sert À une certaine époque, certains auteurs avançaient
à rien, etc. La performance des personnes dites que la dépression affectait plus de la moitié des per-
pseudodémentes fluctue selon leur humeur, ce qui sonnes âgées (par exemple, Pfeiffer et Busse, 1973).
n'est pas le cas pour un syndrome démentiel. Cette affirmation n'étonnait personne, car on perce-
Devant un cas incertain, on recommande généra- vait la vieillesse comme une expérience «intrinsè-
lement d'établir un diagnostic provisoire de dépres- quement déprimante », selon l'expression de Cappeliez
sion et de traiter la personne âgée en conséquence. À (1988). Cependant, cette estimation découlait d'ob-
la suite d'un traitement approprié, les symptômes servations cliniques. Il faut attendre le milieu des
cognitifs devraient être atténués. Dans le cas contraire, années 1980 pour voir apparaître des études épidé-
cela pourrait indiquer que la personne amorce une miologiques pouvant faire la lumière sur l'étendue
148 La dépression

de la dépression dans cette population. Ces études symptômes analogues à ceux de la dépression, mais
nous permettent de cerner les facteurs associés à la sans en souffrir. La prévalence obtenue risque d'être
présence de dépression, entre autres de déterminer élevée. Avec la méthode des entretiens, l'individu
si l'avancement en Âge constitue effectivement un fac- doit satisfaire à des critères d'inclusion très stricts. Par
teur de risque. En d’autres termes, quel est le pour- exemple, si l'enquêteur soupçonne qu'un symptôme
centage d'individus âgés dans la population qui somatique peut découler d’une affection physique —
souffre de dépression et comment ce pourcentage se une situation fréquente chez une personne âgée -, on
compare-t-1l à celui des adultes plus jeunes ? ne tiendra pas compte de ce cas dans les calculs de pré-
Avant de répondre à ces questions, quelques pré- valence. Celle-ci sera donc plus basse.
cisions s'imposent. Bien que les études de prévalence
poursuivent le même but, elles sont très hétérogènes,
ce qui rend leur comparaison difficile. Par exemple,
10.3.1 La prévalence de
certaines études épidémiologiques utilisent les critères la dépression majeure
venant de la CIM, alors que d'autres s'appuient sur En examinant les taux de prévalence de la dépression
ceux du DSM. Même si les deux systèmes de classi- majeure obtenus à la suite d'études épidémiologiques
fication partagent de nombreux points en commun, (voir le tableau 10.1), nous pouvons noter qu'ils
la prévalence obtenue ne sera pas la même. Dans la dépassent rarement 3% chez les personnes âgées
même veine, les différentes versions du DS (111; vivant dans la communauté. Prenons, par exemple,
III-R; IV) fourniront des taux de prévalence légè- l'Enquête sur la santé dans les collectivités cana-
rement différents. diennes, Santé mentale et bien-être (ESCC:
Une autre différence importante vient dans la Statistique Canada, 2002). Cette enquête a été réali-
méthode utilisée pour reconnaître la dépression. sée auprès de 30 000 Canadiens âgés de plus de
Cappeliez (2006) distingue deux méthodes. La pre- 15 ans et vivant dans leur domicile. Le CIDI a servi
mière, basée sur l'entretien diagnostique standardisé, à établir le diagnostic selon les critères du DSM-IV
est réalisée par un spécialiste ou par un enquêteur spé- Le taux de prévalence de la dépression au cours des
cialement entraîné à cette fin. Plusieurs instruments 12 derniers mois pour les personnes de 65 ans et plus
diagnostics standardisés ont été développés ces est de 1,9%. D'autres études ont obtenu des résultats
dernières années. Parmi les plus connus, mentionnons assez comparables. Notez que les études, surtout
la Diagnostic Interview Schedule (DIS), qui s'appuie sur européennes, qui utilisent le Geriatric Mental Status
les critères diagnostiques du DS/1-II] et IV, ou encore obtiennent des taux supérieurs à 10%. Il semble que
la Structured Clinical Interview for DSM Diagnoses (SCID) cet instrument soit plus inclusif que ceux construits
développée selon les définitions du DS1-ITI-R. à partir des classifications reconnues comme le DSM
L'OMS a pour sa part conçu ses propres outils, la ou la CIM (Newman, Sheldon et Bland, 1999). On
Composite International Diagnostic Interview (CID) et observe aussi des taux élevés lorsque le recrutement
sa version abrégée (CIDI-SF), afin de respecter les a lieu dans les milieux cliniques (par exemple, Licht-
critères de la CIM-10, mais aussi ceux du DSYT. Strunk et coll., 2005).
La seconde méthode utilise des inventaires de Ces faibles taux ont de quoi surprendre. D'abord,
symptômes dépressifs. La plus utilisée dans les études en raison de l'image négative que plusieurs ont de cette
de prévalence est la CES-D (Center for Epidemiologie période de la vie qu'est la vieillesse, on s'attend à des
Studies Depression Scale, Radloff, 1977). Les inven- pourcentages beaucoup plus élevés. La deuxième
taires estiment la prévalence des symptômes dépressifs, surprise vient du fait que non seulement ces taux
alors que les entretiens déterminent ou non la présence sont bas, mais que le groupe des personnes âgées
du syrdrome dépressif. La distinction est importante. présente le taux le moins élevé dans la population. Par
Avec la méthode des inventaires, un individu peut exemple, dans l'étude ESCC, la prévalence de dépres-
présenter plusieurs symptômes sans être dépressif sion majeure atteint 6,4% chez les 15-24 ans et 5,0%
pour autant. Une personne âgée, en raison de son âge chez les 25-64, contre 1,9% chez les 65 ans et plus.
ou de son état de santé, pourrait donc manifester des L'étude ECA-NIMH (Epidemiologic Catchment
Chapitre 10 149

TaBiEau 10.1 La prévalence de la dépression chez les personnes âgées


NOMBRE DE _ INSTRUMENT DE RÉSULTATS
AUTEURS ANNÉE PERSONNES ÂGÉES MESURE UTILISÉ el: EU)
Beekman et coll.

Blazer, George et Hughes

Butterworth et coll. hommes


femmes

Copeland et coll.

Copeland et coll.

Licht-Strunk et coll.

Myers et coll.

Newman, Bland et Orn

_ Ostbye et col.

| Schoevers et coll.

| Statistique Canada

Steffens et coll. 2,7 hommes


4,4 femmes

Weissman et coll. (#2

Area Study — National Institute of Mental Health) a 1994), les personnes âgées réussiraient à déjouer
trouvé un profil semblable aux États-Unis. En général, les enquêteurs. Puisque ces enquêtes se font sur
la prévalence de dépression à l’âge avancé est de une base volontaire, les personnes dépressives
deux à trois fois moins importante que celle observée refuseraient d'y participer. Enfin, en excluant les
chez les adultes plus Jeunes. personnes âgées qui vivent dans les établissements,
Puisque ces résultats vont à l'encontre des prévi- les études épidémiologiques ignorent plusieurs aînés
sions, ils ont été sérieusement remis en question souffrant de dépression majeure.
(par exemple, Snowdon, 1990, 2001). On a accusé Bien que les explications précédentes semblent
ces études de souffrir de nombreux biais. Parmi plausibles, il faudrait qu'elles soient confirmées. En
ceux-ci, mentionnons les suivants. Les instruments outre, même si elles s'avéraient fondées, certains
standardisés utilisés dans ces études rejettent les symp- auteurs doutent qu'elles puissent combler l'écart entre
tômes somatiques qui peuvent être attribués à des le taux obtenu et le taux prévu (Gallo, 1995). Par
problèmes de santé (Jorm, 2000). Puisque les per- exemple, Heithoff (1995) a recodé les données de
sonnes âgées « somatisent » leur dépression, elles ne l'étude ECA-NIMH aux États-Unis de sorte que les
sont donc pas reconnues. En outre, les enquêteurs symptômes somatiques initialement attribués à la ma-
auraient tendance à imputer les symptômes à d'autres ladie physique comptent pour le diagnostic de la
troubles, notamment les troubles démentiels. En dépression. Même après ce recodage, la prévalence de
n’admettant pas leur trouble de l'humeur (Henderson, la dépression chez les sujets aînés n'avait pas changé.
150 La dépression

En contrepartie, il faut aussi envisager d’autres qui vivent à un âge avancé soient celles qui ont le
hypothèses. Ainsi, selon l'une d'elles, la dépression mieux réussi à traverser le temps et les épreuves, ce
serait peut-être moins fréquente dans ce groupe qui les rendrait plus résilientes.
d'âge parce que les personnes dépressives sont Notons cependant que, si le taux de prévalence
décédées avant d'atteindre l'âge avancé. Une autre dans la communauté est bas, il augmente considé-
hypothèse avance que si la dépression majeure est rablement dans les milieux de soins primaires et les
moins élevée chez les personnes âgées, c'est parce centres d'hébergement. Dans ces cas, la proportion
qu'elles sont tout simplement moins à risque de l'être. de personnes âgées atteintes de dépression majeure
Il se peut que, comparativement aux adultes plus varie généralement de 10 à 30%.
jeunes, les aînés éprouvent, en fin de compte, moins
de difficultés économiques, professionnelles, sociales
ou familiales. Henderson et ses collaborateurs (1998) 10.3.2 La prévalence de
ont d’ailleurs montré que les personnes âgées de plus la symptomatologie dépressive
de 65 ans affrontaient moins d'événements de vie
pénibles, étaient moins souvent à court d'argent, Contrairement au faible taux de prévalence de la
séparées ou divorcées. Il se peut également qu'il dépression majeure, celui associé à la prévalence de
s'agisse d'un effet de cohorte. Les cohortes plus jeunes la symptomatologie dépressive se révèle nettement
seraient plus vulnérables à la dépression que les plus plus élevé (voir le tableau 10.2) ; il se situe en
vieilles. Une hypothèse que semblent confirmer les moyenne à 15% pour les personnes âgées vivant
premiers résultats émanant de la National Comorbidity dans la communauté.
Survey Replication (Kessler et coll., 2003), enquête Pour plusieurs auteurs, la symptomatologie dépres-
réalisée auprès de 9000 Américains âgés de 18 ans et sive équivaut au concept de dépression mineure. Il est
plus. Finalement, il est possible que les personnes important de préciser qu'il n'existe pas encore de

TABLEAU 10.2 La prévalence de la symptomatologie dépressive

NOMBRE DE INSTRUMENT DE RÉSULTATS


AUTEURS ANNÉE PERSONNES ÂGÉES MESURE UTILISÉ + OBTENUS (%)

Beekman et coll.

Berkman et coll.

Blazer et coll.

Blazer et Williams

Eaton et Kessler

Feinson et Thoits

Frerichs, Aneshensel et Clark

Fuhrer et coll.

Licht-Strunk et coll.

4: Murrell, Himmelfard et Wright >

M Ried et Planas
Chapitre 10 151

consensus quant à son opérationnalisation (Jeste et attribuer une cote: 0 = Jamais, très rarement (moins
coll., 2006; Koenig et Blazer, 1996). Pour Beekman d'un jour); 1 = occasionnellement (1 à 2 jours);
et ses collaborateurs (1995), un résultat supérieur à 2 = assez souvent (3 à 4 jours); 3 = fréquemment
16 sur la CES-D est synonyme de dépression mineure. (6 à 7 jours). Le score varie de 0 à 60. Un score égal
Toutefois, rien n'indique que cela corresponde effec- ou supérieur à 16 dénote un cas posuible de dépression.
tivement à ce concept (Rowe et Rapaport, 2006). L'Inventaire de dépression de Beck est largement
Licht-Strunk et ses collaborateurs (2005) ont déter- utilisé en recherche et en clinique. Il contient 21 caté-
miné les cas de dépression mineure selon les deux gories de symptômes. Chacune de ces catégories
critères suivants: obtenir un résultat positif à une contient quatre choix de réponses cotées de 0 à 3. La
échelle autoévaluative de la dépression, tout en ne somme des cotes des réponses varie de 0 à 63. Un
respectant pas les critères de dépression majeure sur score inférieur à 10 signifie une absence de dépres-
un instrument standardisé. Encore ici, rien ne nous sion; de 11 à 16, la présence d'une dépression légère;
assure que l'on cerne la dépression mineure. au-delà de 16, une dépression modérée à grave
Quoi qu'il en soit, plusieurs études réalisées ces (Vézina et coll., 1991).
dernières années ont démontré que la présence de
Yesavage et ses collaborateurs (1983) ont
symptômes dépressifs significatifs constitue, entre
développé une échelle spécialement conçue pour une
autres, un facteur de risque d'évoluer vers une dépres-
population âgée:l'Échelle de dépression gériatrique.
sion majeure (Chopra et coll., 2005) et est associée à
Cette échelle autoévaluative contient 30 questions.
une mortalité prématurée (Penninx et coll., 1999a).
Pour chacune des questions, le répondant doit indi-
Si nous avons longuement insisté sur les résultats
quer par oui ou non si l'énoncé correspond à l'état
des études épidémiologiques, c'est qu'ils illustrent
dans lequel il était la semaine précédente. Vingt de ces
très bien la difficulté de reconnaître la dépression
questions indiquent la présence de dépression lorsque
chez les personnes âgées. Pourtant, comme nous le
le sujet répond positivement (par exemple, « Avez-
verrons dans la prochaine section, il existe des moyens
vous abandonné un grand nombre d'activités ? »), et
de la dépister.
10 questions indiquent la présence de dépression
lorsque la réponse est négative (par exemple, « Êtes-

10.4 LE DÉPISTAGE vous fondamentalement satisfait de la vie que vous


menez ? »). Le résultat varie de 0 à 30. Un résultat
DE LA DÉPRESSION entre 11 et 20 indique la présence d’une dépression
légère et, au-delà de 21, une dépression modérée à
Les études démontrent largement que les aînés
grave. Il existe également une version abrégée de
dépressifs sont mal reconnus. Un dépistage adéquat
cette échelle qui contient 15 questions.
s'impose donc afin de leur offrir un traitement appro-
prié. Pour ce faire, les inventaires de la dépression
se révèlent pratiques. Bien que ces inventaires ne
puissent pas servir à établir un diagnostic formel, 10.5 LES FACTEURS
ils sont néanmoins utiles pour repérer la personne DE RISQUE
qui présente une intensité anormalement élevée de
symptômes. La majorité des questionnaires demandent Un nombre important de recherches ont été menées
quelques minutes pour y répondre. au cours des 25 dernières années afin de cerner les fac-
Parmi les plus connus, mentionnons la CES-D, teurs le plus souvent associés à la présence de la
l'Inventaire de dépression de Beck (1DB) et l'Échelle dépression chez les personnes âgées. Les facteurs
de dépression gériatrique (EDG). trouvés sont multiples et couvrent aussi bien les
On utilise surtout la CES-D dans les études sphères médicobiologique et psychologique que
épidémiologiques. Elle comprend 20 éléments répar- sociale. Comme ils sont rarement étudiés simulta-
tis sur une échelle de quatre niveaux de fréquence au nément, il est encore aujourd’hui difficile de mettre en
cours de la dernière semaine et auxquels 1l faut évidence un facteur plus qu'un autre.
152 La dépression

La majorité de ces études sont de nature descrip- sont intéressées à la prévalence de la dépression chez
tive, transversale ou rétrospective. Bien qu'intéres- les personnes très âgées (plus de 80 ans). L'incidence
santes, elles présentent toutefois des faiblesses de dépression est plus grande chez ces personnes
méthodologiques, dont il faut tenir compte dans l'in- comparativement aux «jeunes vieux » (Beekman et
terprétation des résultats. Par exemple, si une étude coll., 1995; Jorm, 2000; Roberts et coll., 1997).
n'utilise pas de groupe témoin approprié, il deviendra Il faut dire qu'une personne âgée en bonne santé
difficile de déterminer si le facteur de risque cerné, par n'a pas de raison de sombrer dans la dépression uni-
exemple le fait de vivre seul, est plus présent chez les quement parce qu'elle est vieille. Mais comme nous
personnes âgées dépressives que chez celles qui ne le le rappelle Cappeliez (2006), plus une personne avance
sont pas. Autre problème méthodologique: il faut en âge, plus elle risque de voir ses proches souffrir
démontrer qu'un facteur donné était présent avant de maladies débilitantes, de cancer et même d'être
l'apparition de la dépression (Bruce, 2002). Pour témoin de leur décès. Elle peut elle-même éprouver
certains facteurs, comme le sexe, cela ne pose pas vrai- des problèmes chroniques de santé. Ces événements
ment de difficulté, mais la situation peut être bien dif- de la vie, plus que l’âge avancé, constituent des expé-
férente en ce qui concerne d’autres facteurs. Pour riences stressantes qui peuvent être à l'origine de
résoudre ce problème de causalité, il faudrait recourir la dépression.
à des études prospectives, mais elles sont beaucoup Ainsi, les personnes âgées qui ont perdu leur
plus rares. Pour l'instant, dire qu'un facteur est asso- conjoint sont plus vulnérables que les autres (Mojtabaï
cié à la dépression, plutôt que d'affirmer qu'il la et Olfson, 2004; Turvey et coll., 1999). On reconnaît
cause, est une attitude plus prudente. le veuvage comme étant un stresseur important qui
Les experts affirment que la dépression survenant contribue à l'apparition de la dépression. Cette tran-
pour la première fois après l'âge de 60 ans n'a pas de sition serait toutefois plus difficile pour les hommes
déterminant génétique (Krishnan, 2002). Par contre, âgés, surtout au cours des premiers mois suivant
le résultat le plus probant des études est de révéler qu'à le décès.
tous les âges, la dépression touche davantage les La survenue d'un épisode de dépression est souvent
femmes que les hommes (Blazer et Hybels, 2005). Si, associée à des problèmes de santé chroniques
pour certains auteurs, cette vulnérabilité reste plus (Krishnan, 2002). La dépression et la maladie entre-
apparente que réelle — les femmes hésiteraient moins tiennent une relation complexe, souvent difficile à
que les hommes à verbaliser leur détresse -, il n'en déchiffrer. Ainsi, la dépression peut amplifier les
demeure pas moins que deux fois plus de femmes troubles somatiques, comme elle peut avoir un effet
âgées que d'hommes âgés souffrent de dépression négatif sur les saines habitudes de vie. La personne
majeure. Il faut observer que cette différence entre les dépressive fume davantage, consomme plus d'alcool,
sexes est fortement liée à l'âge. Avec l'avancement en se nourrit moins bien, fait moins d'activités, ne prend
âge, la dépression diminue pour les deux sexes, mais pas ses médicaments, etc. Voilà autant de compor-
cette diminution est plus marquée chez la femme que tements susceptibles de provoquer l'apparition de
chez l'homme âgé. nouveaux problèmes de santé ou d’exacerber des
Par ailleurs, plusieurs études ont mis en évidence problèmes existants. Certaines maladies ou certains
que les personnes âgées non mariées, séparées ou médicaments induisent parfois la dépression. Les
divorcées étaient plus à risque que les personnes problèmes de santé et la dépression peuvent également
âgées mariées (Mojtabai et Olfson, 2004; Ostbye et coïncider sans être forcément en relation. On a
coll., 2005). Quelques études ont également montré associé plusieurs problèmes de santé au trouble
une incidence de la dépression plus élevée chez les per- dépressif, notamment l’insomnie persistante, les
sonnes âgées ayant un faible niveau de scolarité et de troubles cognitifs — comme la maladie d'Alzheimer -,
revenu (Djernes, 2006). le cancer, les maladies respiratoires, cardiaques et
L'âge avancé ne constitue pas en soi un facteur de vasculaires cérébrales.
risque reconnu (Henderson et coll., 1998; Roberts et La présence d'une dépression majeure après un
coll., 1997). Quoique plus rares, certaines études se accident vasculaire cérébral (AVO) est très fréquente,
Chapitre 10 153

touchant en moyenne 22 % des patients (Robinson, psychothérapie. En outre, seulement 29% des per-
2004). Plusieurs études récentes ont en outre montré sonnes de ce groupe avaient reçu un traitement poten-
une singularité chez les personnes qui dévelop- tiellement efficace correspondant à un minimum
paient pour la première fois une dépression après de deux mois d'administration d'antidépresseurs ou de
l'âge de 60 ans. Divers examens du cerveau par quatre rencontres de counseling ou de psycho-
neuro-imagerie ont permis d'observer des lésions thérapie. Ironiquement, la pharmacothérapie était le
ischémiques de type « AVC silencieux », c'est-à-dire traitement le plus répandu, bien que davantage de
ne présentant aucun dommage apparent, chez cer- participants de l'étude aient indiqué une préférence
taines personnes âgées. Ces caractéristiques ont pour le counseling (51%) comparativement aux
donné naissance à l'hypothèse d’un type particulier médicaments (38%). Les personnes âgées consi-
de trouble dépressif: la dépression vasculaire dèrent même la psychothérapie plus acceptable que
(Alexopoulos et coll., 1997). les médicaments antidépresseurs (Landreville et coll.
Pour certains auteurs, il existerait un dénominateur 2001). On note donc un décalage important entre les
commun entre l'ensemble de ces affections médicales préférences des personnes âgées dépressives et le
et la dépression. Pour Blazer et Hybels (2005), ce type de traitement qu'elles reçoivent.
dénominateur résiderait dans le handicap fonctionnel Il existe différentes formes de traitement de la
suivant la maladie plutôt que la maladie comme telle. dépression. Sur la base des connaissances actuelles,
D'autres vont plus loin, en affirmant que le facteur le National Institute of Health des États-Unis consi-
déterminant repose sur la perception qu'a la per- dère comme traitements efficaces et sécuritaires de la
sonne âgée de ses limitations (Murphy, 1982). Elle dépression à la vieillesse les médicaments antidé-
risque d’être plus dépressive si elle évalue que ses presseurs, la psychothérapie brève et standardisée,
problèmes de santé nuisent à son autonomie. comme les approches cognitive-comportementale et
Ce point est important, car il souligne que cer- interpersonnelle, et la sismothérapie (Lebowitz
taines personnes sont plus vulnérables que d’autres et coll., 1997; Schneider et coll., 1994). De plus, on
devant des problèmes ou des stresseurs communs. recommande un traitement à long terme pouvant
Même si l'incidence de la dépression est plus élevée aller jusqu'à 6 mois, dans les cas d'un premier épisode,
dans une situation de veuvage ou à la suite d’un pro- ou jusqu'à 12 mois dans les cas d’un trouble récurrent.
blème de santé, par exemple, la majorité des personnes Baldwin et ses collaborateurs (2002) ont précisé la
s'en tirent toutefois sans conséquences néfastes. On modalité de traitement appropriée pour chaque forme
avance l'idée que certains traits de personnalité, entre de dépression observée chez les personnes âgées,
autres, pourraient expliquer pourquoi les individus comme la dépression psychotique (antidépresseur
réagissent différemment. Ainsi, les personnes présen- combiné à un antipsychotique ou sismothérapie), la
tant un haut niveau de névrosisme seraient plus vul- dépression sévère non psychotique (antidépresseur et
nérables à la dépression (Cappeliez, 2006). psychothérapie) et l'épisode dépressif modéré (anti-
dépresseur ou psychothérapie). À l'initiative de la
Coalition canadienne pour la santé mentale des aînés
(Canadian Coalition for Seniors’ Mental Health,
10.6 LES TRAITEMENTS 2006), des lignes directrices détaillées pour l’éva-
La plupart des personnes âgées souffrant de dépres- luation et le traitement des différentes formes de
sion ne sont pas traitées. Pour celles qui le sont, les dépression ont été formulées au Canada.
médicaments antidépresseurs constituent la voie la Les principaux groupes de médicaments anti-
plus répandue. Unützer et ses collaborateurs (2003) dépresseurs sont les tricycliques, les inhibiteurs de
ont trouvé que moins de la moitié (46%) de 1801 per- la monoamine-oxydase et les inhibiteurs sélectifs
sonnes âgées dépressives avaient reçu un traitement de la recapture de sérotonine. Ces trois familles de
au cours des trois derniers mois. Parmi ce groupe, molécules augmentent la quantité de certains neuro-
42% avaient reçu un antidépresseur, alors que seu- transmetteurs dans le cerveau. Les inhibiteurs sélec-
lement 8% avaient bénéficié du counseling ou d'une tifs de la recapture de sérotonine, développés plus
154 La dépression

récemment, dominent le traitement pharmacologique des questions pour amener le patient à revoir sa
de la dépression gériatrique (Unützer et coll., 2003). perception des choses. Ainsi, le patient apprend à:
Ils sont aussi efficaces que les deux autres groupes de ° reconnaître les situations qui suscitent chez lui
médicaments antidépresseurs ;on les préfère à cause des sentiments dépressifs ;
de leurs effets secondaires moins nombreux et moins e déceler les pensées qui correspondent à son inter-
importants (National Institute of Mental Health, prétation de ces situations;
2003). Ces effets secondaires incluent les maux de tête,
° examiner la validité de ces pensées;
la nausée, la nervosité, l'insomnie, l'agitation et les
problèmes sexuels (National Institute of Mental e substituer des interprétations plus réalistes à ses
Health, 2000). pensées qui sont excessivement négatives.
Ce traitement intègre aussi une composante com-
portementale dont les techniques visent à modifier les
10.6.1 Les psychothérapies pratiques et les habitudes de vie qui contribuent aux
Diverses méta-analyses confirment l'efficacité de la sentiments dépressifs. Par exemple, puisque les per-
psychothérapie pour le traitement de la dépression sonnes dépressives tendent à être inactives et à
chez les personnes âgées (Bohlmeïjer, Smit et Cuiypers, délaisser les activités qui pourraient améliorer leur
2003; Cuipers, 1998; Engels et Vermey, 1997; humeur, on amène le patient à planifier ses activités
Mackin et Areän, 2005; Pinquart et Sürensen, 2001b; et à intégrer des occupations agréables à son horaire.
Zalaquett et Sterns, 2006). Ce type de traitement
La thérapie interpersonnelle (Klerman et coll.,
1984) vise à améliorer le fonctionnement social du
cible les façons de penser et les comportements qui
contribuent au maintien de l'état dépressif. Le fait
patient. Elle cible quatre domaines:
qu'elles n'aient pas d'effets secondaires indésirables + les réactions de deuil (le patient est encouragé à
constitue un atout majeur pour le traitement de la compenser sa perte en s'engageant dans d'autres
dépression chez les personnes âgées qui souffrent relations sociales ;on favorise le processus de deuil) ;
déjà de problèmes de santé. Autre avantage: il est pos- e les conflits interpersonnels (le patient utilise des
sible d'offrir différents formats de traitement psy- stratégies pour résoudre les conflits ou pour mettre
chologique (par exemple, la thérapie individuelle ou fin à des relations négatives);
de groupe et la bibliothérapie) qui répondent aux + _les transitions de rôles (le patient développe un sen-
besoins et préférences propres à chaque patient timent de maîtrise dans ses nouveaux rôles) ;
(Vézina et coll., 2000; Guirguis et Cappeliez, 1999). + l'isolement social (le patient utilise des stratégies
Cependant, les psychothérapies requièrent une par- pour réduire l'isolement social et il développe des
ticipation active du patient dans son propre traitement. relations sociales positives).
Cela peut s'avérer particulièrement difficile pour les
La rétrospective de vie a pour objectif d'amener le
personnes dépressives qui ont très peu d'énergie ou
patient à faire un retour sur son histoire personnelle
qui manquent de motivation.
pour lui permettre d'intégrer ses expériences de vie.
La thérapie cognitive-comportementale, la thérapie
On vise à faciliter l'acceptation du vécu personnel avec
interpersonnelle et la rétrospective de vie ont reçu ses réalisations et ses échecs, à favoriser une résolu-
une attention particulière comme traitements psycho- tion de conflits résiduels et à encourager la pour-
logiques de la dépression chez les personnes âgées suite d'objectifs qui donnent un sens à l'existence
(Mackin et Areän, 2006). La thérapie cognitive- (Cappeliez et Watt, 2003; Watt et Cappeliez, 1996).
comportementale développée par Beck et ses par- Découlant des écrits de Butler (1974), la rétrospec-
tenaires (1979) constitue une fusion des deux tive de vie a initialement été utilisée auprès d'échan-
approches. La composante cognitive se base sur le tillons non cliniques de personnes âgées. On y a de
postulat que la dépression est le résultat d'un trai- plus en plus recours avec des échantillons cliniques
tement fautifet négatif de la réalité. Elle fait appel comme ceux composés de personnes âgées souffrant
à une méthode, dite socratique, qui consiste à poser de dépression.
Chapitre 10 155

Une approche particulière de psychothérapie pas équivalentes, et les approches cognitive et com-
est-elle supérieure aux autres pour le traitement de portementale seules ou combinées semblent avoir
la dépression gériatrique ? Une étude qui a comparé un impact plus important sur les symptômes dépres-
directement les approches cognitive, comportemen- sifs des personnes âgées. Toutefois, d’autres facteurs,
tale et psychodynamique brève n'a trouvé aucune dont le format de la psychothérapie, la durée du trai-
différence quant à l'amélioration observée au terme tement et les caractéristiques du patient, ont éga-
du traitement (Thompson, Gallagher et Breckenridge, lement une influence sur le résultat du traitement.
1987) ou aux suivis effectués un an et deux ans La combinaison d’une psychothérapie avec un
plus tard (Gallagher-Thompson, Hanley-Peterson médicament antidépresseur apparaît particulièrement
et Thompson, 1990). Cependant, les méta-analyses efficace pour le traitement de la dépression. Little et
des différentes études dans ce domaine montrent des ses collaborateurs (1998) ont trouvé que moins de
résultats différents. Engels et Vermey (1997) ont 20% de 159 personnes âgées souffrant de dépression
trouvé que les approches cognitive et compor- récurrente traitées avec une combinaison de thérapie
tementale ont un effet plus important lorsqu'elles interpersonnelle et de nortriptyline (un antidépresseur
sont utilisées seules que lorsqu'elles sont combinées tricyclique) ont résisté au traitement. La résistance au
et qu'elles se révèlent plus efficaces que la rétro- traitement était définie comme une absence de réponse
spective de vie et l'expression de la colère. À l'in- durant la phase aiguë du traitement (14-26 semaines)
verse, Cuipers (1998) a rapporté que l'effet de la ou une rechute durant la phase de continuation
thérapie cognitive-comportementale est plus im- (16 semaines). À plus long terme, lorsqu'un traitement
portant que celui de l'approche comportementale de maintien a été institué auprès des personnes qui ont
seule ou d’autres approches. De même, Pinquart bien répondu au traitement, la combinaison de la
et Sôrensen (2001b) ont indiqué que la thérapie thérapie interpersonnelle avec la nortriptyline a
cognitive-comportementale obtient des résultats montré un taux de récurrence plus faible qu'avec
supérieurs à la moyenne sur les mesures de dépres- l'utilisation d'un placebo ou qu'avec chaque forme de
sion. Les différentes approches ne semblent donc traitement utilisé seul (voir la figure 10.7).

FIGURE 10.1 Le taux de récurrencede la dépression (%)selon. la condtion


- de traitement de mäintie :

EM \otiptyline + TI

Pipe) EM Nortriptyline
LEZ] TI + placebo
RS) [_] Placebo

TI = thérapie interpersonnelle

Source : Tirée de Reynolds et coll. (1999).


156 La dépression

+ La dépression chez les personnes âgées est un de la monoamine-oxydase et les inhibiteurs sélec-
problème important. tifs de la recapture de sérotonine. Ces derniers
e Le dépistage de la dépression pose de sérieuses sont les plus utilisés dans le traitement de la
difficultés. dépression gériatrique.
+ Plusieurs symptômes de la dépression peuvent Contrairement aux antidépresseurs, la psy-
être et sont confondus avec le vieillissement chothérapie n’a pas d'effets secondaires indési-
normal, la maladie ou la démence. rables. Cependant, les patients dépressifs qui ont
+ Approximativement 15 % des personnes peu d'énergie ou qui sont peu motivés peuvent
âgées évaluées à l’aide d'échelles de dépres- trouver difficile de participer activement à une
sion manifestent des symptômes de dépression psychothérapie.
importants. Diverses méta-analyses confirment que la psy-
° Moins de 3% des personnes âgées vivant dans chothérapie est efficace pour le traitement de la
la communauté souffrent de dépression majeure dépression chez les personnes âgées.
selon les entretiens standardisés. La thérapie cognitive-comportementale, la
e La prévalence de la dépression est plus élevée thérapie interpersonnelle et la rétrospective de
chez les femmes âgées que chez les hommes vie ont reçu une attention particulière comme
âgés. traitements psychologiques de la dépression
° Parmi les facteurs de risque les plus probants, chez les personnes âgées.
mentionnons le sexe féminin, le veuvage, les Les approches cognitive et comportementale
handicaps fonctionnels. seules ou combinées ont un impact plus impor-
+ La plupart des personnes âgées souffrant de tant sur les symptômes dépressifs des personnes
dépression ne sont pas traitées. Pour celles qui âgées que les autres approches.
le sont, les médicaments antidépresseurs consti- La combinaison d’une psychothérapie avec un
tuent le traitement le plus répandu. médicament antidépresseur apparaît parti-
e Les principaux médicaments antidépresseurs sont culièrement efficace pour le traitement de la
les antidépresseurs tricycliques, les inhibiteurs dépression.

Baldwin, R.C., Chiu, E., Katona, C. et Graham, N. (2002). Roose, S.P. et Sackeim, H.A. (2004). ZLate-life depression.
Guidelines on depression in older people: Practicing the evidence. Oxford : Oxford University Press.
London, UK: Martin Dunitz.
Ho FSU Vézina,J.,Landreville, P, Bizzini, L. et Soucy, P. (2000). Les
Canadian Coalition for Seniors’ Mental Health (CCSMH) dépressions. Dans P. Cappeliez, P. Landreville et J. Vézina
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Cappeliez, P. (2006). La dépression. Dans P. Voyer (dir.), Soins
infirnuers aux aînés en perte d'autonomie (p. 147-156). Montréal:
Éditions du Renouveau pédagogique.
158 Les comportements suicidaires

ien qu'il s'agisse d’un problème majeur de santé publique, nous pou-
vons affirmer que le suicide chez les personnes âgées ne semble pas
être une source de préoccupation. En effet, l'attention du public, des
décideurs, des chercheurs ou des intervenants se tourne surtout vers le sui-
cide des plus jeunes. Ce désintéressement s'explique de plusieurs façons. Alors
que le décès par suicide chez les jeunes est considéré comme une véritable tragédie
humaine et un signe évident de l'échec de la société à les comprendre, pour
plusieurs, le suicide devient plus acceptable lorsqu'il survient chez les personnes
plus âgées : leur mort se rapproche de toute façon, elles ont « fait leur temps »
ou elles ne sont plus productives -parce qu'elles ont quitté le marché du tra-
vail. La société a donc tendance à accepter le suicide comme faisant partie du
vieillissement. Cette attitude, que l'on peut qualifier d'âgiste, banalise le suicide
chez les personnes âgées et, du coup, elle renforce l’idée que certaines d’entre
elles sont devenues inutiles. En outre, nous devons sérieusement remettre en
question la croyance selon laquelle la mort par suicide chez les personnes
âgées est certainement « rationnelle », c'est-à-dire qu'elles avaient sans doute
des raisons légitimes de commettre ce geste.
Paradoxalement, les écrits sur le suicide des personnes âgées abondent,
même si peu de recherches ont été menées sur le sujet. En fait, la littérature
sur le suicide gériatrique se caractérise par de nombreuses redites. Cette
pauvreté de recherches, en particulier les études à cas témoins ou basées sur
l’autopsie psychologique, nuit énormément à la compréhension du phénomène
que l'on sait pourtant complexe.
Ce chapitre a pour objectif de dresser un bilan de la situation concernant
la prévalence des comportements suicidaires et des facteurs de risque chez
les aînés. Il propose aussi des moyens à mettre en œuvre pour prévenir le
suicide dans cette population.

11.1 LA PRÉVALENCE de suicide, tous âges confondus, a légèrement fléchi,


à quelques exceptions, dans les pays membres de
DES COMPORTEMENTS l'Organisation de coopération et de développement
SUICIDAIRES économiques (OCDE, 2005). De 1980 à 2000,
toujours selon les données compilées par cette orga-
Nous considérons ici que les comportements sui- nisation, la mortalité par suicide a diminué de
cidaires se composent de trois entités distinctes, manière importante chez les personnes âgées (voir
mais interreliées : les suicides complétés, les tenta- la figure 11.7).
tives de suicide et les idées suicidaires. On note aussi cette tendance à la baisse du taux de
suicide chez les aînés dans l'étude de Pritchard et
11.1.1 Les suicides complétés Hansen (2005). Ces auteurs ont comparé et analysé
les taux de suicide pour différents pays de 1979 à
Il est hasardeux de comparer la prévalence du 1999: l'Australie, le Canada, l'Angleterre, le pays de
suicide d'un pays à un autre, car les méthodes de Galles, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas,
détermination des causes du décès ne sont pas iden- l'Espagne, l'Italie et les États-Unis. Les auteurs ont
tiques. Néanmoins, nous constatons avec intérêt constaté que le décès par suicide diminue dans tous
qu'au cours des 20 dernières années le taux moyen les pays, sauf en Espagne, pour les hommes âgés de
Chapitre 11 159

RE T1.1 La comparaison des tau uicide pour l’ensembl


de LÉSETON RELT:

Années

30 EM 1980
EM 1998

25

10

0 fe
0-14 ans 15-24 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65-74 ans 75 ans et plus

_—
n#
Age

Source : Tirée de OCDE (2005).

65 à 74 ans; ils ont aussi observé que cette baisse est industrialisés, les personnes âgées — et particulièrement
plus marquée au Canada, en Allemagne et en France. celles de plus de 76 ans — affichent le plus haut taux
Pour les hommes de 75 ans et plus, les résultats sont de suicide dans la population (Szanto et coll., 2002).
similaires, soit une baisse du taux de suicide, sauf en Ainsi, à l'exception du Canada et du Royaume-Uni, le
Espagne et en Italie où l'on remarque une augmen- taux du suicide atteint un sommet chez les personnes
tation. La même tendance sur 20 ans se répète chez de plus de 76 ans (vor la figure 11.2, page suivante).
les femmes âgées de 65 à 74 ans et chez le groupe de Au Canada, le suicide occupe le 11° rang des prin-
75 ans et plus. Pour les experts de l'OCDE, cette cipales causes de décès, loin derrière les cancers et les
baisse témoigne d'une amélioration du mieux-être maladies du cœur. Les dernières statistiques cana-
général des personnes âgées. diennes établissent que le taux standardisé pour
Cette diminution ne doit cependant pas occulter le 100 000 personnes était de 12,6 pour les 60 à 74 ans
fait que la mort par suicide demeure élevée chez les et de 12,3 pour les 75 ans et plus. La fréquence du
personnes âgées et que, dans la majorité des pays suicide est la plus élevée chez les personnes âgées
160 Les comportements suicidaires

Gure 11.2 La comparaison internatignale des taux.de suicide: pour les différents
_ L} groupes d'âge

45

40 — n
Belgique
lei
:
—— Canada Le
sien Sn = Face PA

— — Grande-Bretagne F4
——
— -: ltalie Fe > > # &
50 États-Unis

5-14 ans 15-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65-74 ans 75 ans
a et plus
Age À
L—

Source : Tirée de Organisation mondiale de la santé (2005).

de 20 à 59 ans, et plus particulièrement de 30 à tout au long de la vie, et la vieillesse ne fait pas excep-
44 ans (vorr la figure 11.5). tion. La figure 11.3 (pour le Canada) et la figure 11.4
Comme nous l'avons déjà mentionné, la mortalité (pour le Québec) illustrent bien cette situation. Au
par suicide a diminué au Canada. Toutefois, relevons Canada, les hommes âgés de 60 à 74 ans sont quatre
deux exceptions: de 1979 à 1998, chez les 10 à 14 ans, fois plus susceptibles que les femmes du même âge
le taux de suicide a doublé, alors qu'il a augmenté de (rapport de 21:5) de se suicider, et cinq fois plus chez
8% chez les plus de 75 ans. les 75 ans et plus. La principale raison invoquée pour
Il est important de préciser que le Québec se dis- expliquer cette différence vient des moyens utilisés
tingue du reste du Canada et des autres pays indus-
pour s'enlever délibérément la vie. Les hommes
trialisés à cet égard. Sur le plan national, c'est au
choisiraient des méthodes plus létales, comme l'usage
Québec que le taux de suicide est le plus élevé, et
d'une arme à feu, alors que les femmes préféreraient
le Québec fait piètre figure sur le plan international.
l'empoisonnement.
Les Québécois de 35 à 49 ans affichent le plus haut
taux de suicide. Pour les 65 à 69 ans, le taux stan-
dardisé est de 17 pour 100 000 personnes (votr la fi- 1.1.2 Les tentatives de suicide
gure 11.4, page 162).
Ce que les données précédentes ne dévoilent pas, Les comportements suicidaires englobent aussi les ten-
c'est l'énorme différence qui existe entre les hommes tatives de suicide (ou les parasuicides). Si les données
et les femmes. Quel que soit le pays, les hommes sont épidémiologiques concernant le suicide complété foi-
toujours plus nombreux à s'enlever la vie que les sonnent, il en est autrement pour les tentatives de sui-
femmes. De plus, cette surmortalité masculine perdure cide. Plus difficiles à recueillir, les données s'y
Chapitre 11 161

.Ficure 11.3 Les taux de suicide pour les.différents.groupes d'âge


au Canada

[7] Sexes réunis


EM -ommes
25
EM Femmes

20

10-14 ans 15-19 ans 20-29 ans 30-44 ans 45-59 ans 60-74 ans 75 ans
: et plus
Age

Source : Tirée de Langlois et Morrison (2002).

rapportant sont sujettes à caution. Celles dont nous et coll., 1994). Des données colligées par Langlois et
disposons peuvent malgré tout nous aider à établir Morrison (2002) au Canada confirment cette ten-
certains constats prudents. dance générale des personnes âgées à faire moins de
Si les hommes se suicident davantage que les tentatives (vosr la figure 11.5, page 165). Enfin, selon un
femmes, celles-ci font plus de tentatives. Les DÊIE dernier constat, après l’âge de 65 ans, la différence
sonnes âgées se distinguent aussi des plus jeunes sur entre les hommes et les femmes s'évanouit quant
ce point. Les écrits sur le sujet mentionnent réguliè- aux parasuicides.
rement que le ratio tentatives de suicide/suicides Loin d'être anodine, cette différence liée à l'âge
complétés diminue de manière spectaculaire avec est lourde de sens. Elle laisse croire que la tenta-
l'avancement en âge (O'Connell et coll., 2004; tive de suicide est mortelle dès le premier essai chez
St-Laurent et Bouchard, 2004). Dans la population la population âgée. Ainsi, Salib et Green (2003)
en général, 1l y aurait 20 tentatives pour 1 suicide ont trouvé que 80 % des suicidés âgés avait réussi
complété, alors que chez les personnes âgées, ce rap- leur suicide dès leur première tentative. Cela peut
port serait de 4 tentatives pour 1 suicide (McIntosh venir du fait que ces personnes sont physiquement
162 Les comportements suicidaires

Eure fl 4 Les taux de suicide peur! ifférents,groupes d'âge.


- au Québec : K

[_] Sexes réunis


45 EH Hommes
BE Femmes
40 —

55

30

&
5 DE

20

15 5

|5 + E E
. |

o [ss Î L. :
10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 35-39 40-44 45-49 50-54 55-59 60-64 65-69 70-74 75-79 80-84 85-89 90 ans
ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans ans et plus
Age

Source : Tirée de St-Laurent et Bouchard (2004).

plus fragiles, ce qui ne leur permettrait pas de liés au suicide. Malheureusement, la question des
survivre le temps d'être secourues. Du coup, nous pensées suicidaires chez les personnes âgées est peu
pouvons supposer qu'elles sont moins ambivalentes, connue, même si l'on admet généralement que ces
plus déterminées quant à leur intention; elles ont idées constituent un facteur prédictif aux tentatives
longuement réfléchi avant de passer à l'acte et elles futures et aux suicides complétés dans la population
prennent des moyens plus draconiens (Szanto et coll. en général (Kuo, Gallo et Tien, 2001).
2002). Le peu d’information que nous possédons laisse
Il est alors important de savoir reconnaître les per- croire que ce genre de pensées n'est pas très fréquent
sonnes âgées à risque avant que ne se développe la chez les aînés. L'Enquête sociale et de santé réalisée
crise suicidaire. au Québec en 1998 montre d’ailleurs que la présence
d'idées suicidaires au cours des 12 derniers mois
varie inversement en fonction de l’âge des répondants.
11.1.3 Les idées suicidaires
Chez les personnes de 15 à 24 ans, 7 % rapportent
Les idées suicidaires ou le fait de penser à s'enlever la avoir sérieusement pensé au suicide au cours des
vie constituent une troisième facette des comportements 12 derniers mois contre seulement 0,5% chez les plus
Chapitre 11 163

.Ficure 11.5 Les taux de tentativesde suicide poutres différents groupe


Canada
#

250
[_] Sexes réunis
EM Hommes
EM Femmes
200

150

Taux

100

50

0 eee ot
10-14 ans 15-19 ans 20-29 ans 30-44 ans 45-59 ans 60-74 ans 75 ans
“ et plus
Age
|

Source : Tirée de Langlois et Morrison (2002).

de 65 ans (Institut de la statistique du Québec, subtiles, mais dont la finalité demeure la même, soit
2001). Une question demeure cependant en sus- d'en finir prématurément avec la vie. La différence
pens: est-ce à dire que les personnes âgées ont effec- entre un comportement autodestructeur direct (le
tivement moins de pensées suicidaires ou qu'elles les suicide) et un comportement autodestructeur indirect
dévoilent moins ? est que, dans ce dernier cas, la conséquence — la
mort — n'est pas immédiate. Par exemple, la personne
âgée décide de se laisser mourir en refusant de
11.1.4 Les comportements
prendre ses médicaments ou en cessant de s’ali-
autodestructeurs indirects menter convenablement.
Un dernier aspect à considérer, propre aux per- Ces comportements seraient particulièrement
sonnes âgées, concerne les comportements auto- communs dans les centres d'hébergement alors que
destructeurs indirects (Szanto et coll., 2002). En les moyens «traditionnels » pour s’enlever la vie ne
effet, certaines personnes âgées, principalement sont pas à portée de main. En outre, Osgood, Brant
celles qui résident dans des centres d'hébergement, et Lipman (1991) estiment le taux de suicide dans ces
auraient recours à des méthodes nettement plus résidences à près de 80 cas pour 100 000 personnes.
164 Les comportements suicidaires

Pour leur part, Kastenbaum et Mishara (1971) confir- risque, car elles peuvent aussi se retrouver chez les
ment l'importance de ce problème chez les personnes aînés qui n'ont pas l'intention de s'enlever la vie.
âgées vivant en établissement de longue durée en Les chercheurs ont donc recours aux études à
indiquant que 44% des hommes et 22% des femmes cas-témoins. Brièvement, une étude à cas-témoins
manifestaient ces comportements. consiste à jumeler, pour chaque personne suicidée,
La prochaine section aborde les facteurs de risque un individu (témoin) le plus semblable possible au
associés aux comportements suicidaires. suicidé :par exemple, être du même âge et du même
sexe, être issu du même milieu socioéconomique, etc.
Il est recommandé d’avoir de deux à quatre témoins
pour chaque cas. En comparant l'information sur
11.2 LES FACTEURS DE RISQUE les cas de suicidés avec celle venant des témoins, les
Au cours des 30 dernières années, des chercheurs ont chercheurs peuvent alors dégager les facteurs sur
réalisé des études afin de mieux comprendre le sui- lesquels les suicidés se démarquent de la population
cide gériatrique. Certaines de ces études ont dressé en général.
le profil des suicidés âgés à partir de l'information offi- Quelques précisions s'imposent toutefois. D'abord,
ciellement recueillie au cours de l'enquête suivant le si les études à cas-témoins permettent de circonscrire
décès (par exemple, Bennett et Collins, 2001 ; Quan certains facteurs de risque, elles ne peuvent établir un
et Arboleda-Florez, 1999). Ces études, sans être lien de causalité direct. Ensuite, ces études font la
dénuées d'intérêt, n'offrent pas d'explications étio- lumière sur des facteurs propres aux individus, comme
logiques ni ne permettent d'aller au-delà du contenu l'état de santé physique ou la santé mentale. Elles ne
permettent pas de cerner des facteurs de nature plus
des dossiers officiels.
macroscopique, comme les attitudes associées à
Le problème est donc d'obtenir une information
l'âgisme dont pourraient être victimes les personnes
pertinente alors que la personne la plus apte à la
âgées. En outre, ces études, qui ne sont pas suffi-
fournir est morte. Les chercheurs ont alors recours à
samment nombreuses chez les personnes âgées,
une méthode particulière :l'autopsie psychologique.
arrivent à des résultats contradictoires découlant
Cette méthode a pour but de réunir le maximum de
généralement de différences méthodologiques. Éga-
renseignements sur les circonstances du suicide et lement, certains facteurs retrouvés dans les écrits
d'établir les caractéristiques médicales, psychologiques découlent du sens commun et non pas des recherches.
et sociales du suicidé (Inserm, 2005). Pour ce faire, Finalement, il se dégage un consensus selon lequel
on invite les personnes qui ont bien connu le suicidé le suicide résulte rarement d'un seul facteur. En effet,
(son conjoint, ses enfants, sa fratrie, ses amis, ses les experts avancent que la mort par suicide est la
connaissances, son médecin) à participer à un entre- conjugaison de facteurs de risque, de vulnérabilités
tien. On complète généralement l'entretien par des personnelles et d'éléments déclencheurs.
questionnaires soumis aux participants ;ils servent à
estimer l'état de santé du suicidé, ses traits de person-
nalité, la présence de troubles mentaux, la survenue 1.2.1 Les facteurs de risque liés
d'événements de vie stressants (mise à la retraire, aux suicides complétés
hospitalisation, décès d'un être cher), etc. Pour certains, le fait d'être âgé constitue en soi un
Toutefois, si l'on désire cerner et comprendre les agent «suicidogène ». Force est de constater que,
facteurs de risque, on doit comparer les données dans plusieurs pays, ce sont les personnes âgées qui
recueillies grâce à cette méthode à celles d'une popu- se suicident le plus. Nous avons déjà mis en évidence
lation témoin. Par exemple, si les entretiens nous le fait que les hommes âgés se suicident davantage que
apprennent que les suicidés éprouvaient des pro- les femmes.
blèmes de santé chroniques, qu'ils étaient à la retraite Il est reconnu que des idées suicidaires peuvent
et qu'ils n'étaient pas mariés, cela ne signifie pas que laisser présager un geste fatal. En effet, à la suite d'auto-
ces caractéristiques représentent des facteurs de psies psychologiques, Waern et ses collaborateurs
Chapitre 11 165

(1999) ont trouvé que la majorité des personnes dans les écrits. Si, pour certains auteurs, la mauvaise
âgées suédoises qui s'étaient suicidées avaient exprimé santé est indubitablement une source de stress qui
leurs intentions à un proche. Un résultat similaire a contribue directement au suicide chez les gens âgés,
été noté au Québec, alors que 72% des proches ont pour d’autres, la relation demeure plus équivoque,
affirmé que le suicidé avait exprimé l'intention de voire inexistante. En fait, il s'agirait d'une contribu-
s'enlever la vie au cours des six mois précédant son tion indirecte, car la dépression serait un agent média-
décès (Préville et coll., 2005a). Notons d'ailleurs que teur entre les problèmes de santé et le suicide
les études soulèvent régulièrement le fait que plusieurs (O'Connell et coll., 2004).
suicidés âgés ont consulté un professionnel de la Turvey et ses collaborateurs (2002) soulignent que
santé peu de temps avant de s’enlever la vie (Juurlink les suicidés âgés éprouvaient davantage de problèmes
et coll., 2004; Rubenowitz et coll., 2001 ; Préville et de santé chronique que les aînés d’un groupe témoin.
coll., 2005a). Une étude canadienne révèle que le nombre de mala-
Les tentatives précédentes de suicide constituent dies chroniques est proportionnel au risque suicidaire
un autre facteur de risque. Il faut cependant garder (Juurlink et coll., 2004). La gravité des problèmes de
à l'esprit que la majorité des personnes âgées qui se santé est liée au suicide, mais seulement pour les
sont suicidées n'avaient Jamais fait de tentatives aupa- hommes âgés (Waern et coll., 2002). Pour sa part,
ravant. Néanmoins, plusieurs études ont montré que dans une étude de type cas-témoins, Beautrais (2002)
celles qui tentent de s'enlever la vie risquent de répéter rapporte que le nombre de suicidés âgés qui éprou-
leur geste, avec succès (Chiu et coll., 2004; vaient des problèmes de santé est égal à celui des
Rubenowitz et coll., 2001 ; Tsoh et coll., 2005). Cela témoins qui en souffraient aussi. Rubenowitz et ses
est particulièrement vrai pour les femmes âgées (Salib collaborateurs (2001) abondent dans le même sens à
et Green, 2003). ce sujet: ils ne rapportent aucune différence entre les
La présence d’un trouble de l'humeur (voir Le suicidés âgés et les personnes âgées témoins. Dans une
chapitre 10) reste sans aucun doute la donnée la plus autre étude à cas-témoins avec autopsie psy-
probante découlant de l’ensemble des recherches. chologique, les personnes âgées mortes par suicide ne
Par exemple, dans une étude basée sur l’autopsie sont pas différentes des témoins âgés en regard du
psychologique, Conwell et ses collaborateurs (1996) nombre de leurs problèmes de santé chronique
indiquent que 55 % des personnes âgées qui s'étaient (Préville et coll., 2005b).
donné la mort avaient reçu un diagnostic de dépres- Certaines études ont adopté une approche dif-
sion majeure. Selon une étude québécoise, 34% des férente :au lieu de considérer l’état de santé général,
personnes âgées suicidées souffraient d'une dépres- elles ont tenté d'établir un lien entre certaines maladies
sion majeure (Préville et coll., 2006b), alors que et le décès par suicide. Les troubles de la vision
l'étude de Beautrais (2002), en Nouvelle-Zélande, (Waern et coll., 2002) — particulièrement chez les
révèle une proportion de 75 %. 75 ans et plus (Waern et coll., 2003) -, les problèmes
Les suicidés âgés se démarquent également des d'arthrite et le cancer (Quan et coll., 2002; Tsoh et
autres aînés par la présence de dépression mineure coll., 2005; Waern et coll., 2002, 2003) sont notam-
et de symptômes de dépression. Après avoir suivi ment associés au suicide gériatrique. L'étude de
des individus pendant 10 ans, Turvey et ses collabo- Turvey et de ses collaborateurs (2002) a révélé deux
rateurs (2002) constatent que les personnes âgées fois plus de cas de cancer parmi les suicidés âgés
qui se sont suicidées au cours de cette période mani- comparativement aux participants témoins, mais cette
festaient davantage de symptômes de dépression que différence n’est cependant pas statistiquement signi-
celles d’un groupe témoin. La dépression mineure ficative. Une douleur modérée ou importante est
semble donc aussi représenter un facteur prédictif de aussi ressortie comme facteur de risque dans cer-
suicide (Conwell et coll., 1996; Waern, Rubenowitz taines études récentes (Juurlink et coll., 2004; Tsoh
et Wilhelmson, 2003). et coll., 2005).
Naturellement, l'état de santé physique des per- Souvent, les écrits mentionnent aussi les limitations
sonnes âgées est un facteur de risque souvent cité fonctionnelles comme facteur de risque. Dans ce
166 Les comportements suicidaires

cas, la personne âgée doit obtenir une assistance pour personnes âgées sont toutes exposées à ces événements
effectuer ses activités quotidiennes: ménage, prépa- de vie, mais toutes ne se suicident pas!
ration des repas, soins d'hygiène, courses, etc. Les résultats d'études à ce propos sont discor-
L'incontinence semble être la composante la plus dants. Par exemple, certaines démontrent que davan-
dérangeante des limitations fonctionnelles, car elle est tage de suicidés âgés éprouvaient des difficultés
la plus liée au suicide chez les personnes âgées financières (Duberstein et coll., 2004a; Rubenowitz
(Bennett et Collins, 2001; Juurlink et coll., 2004; et coll., 2001 ; Waern et coll., 2003) et relationnelles
Waern et coll., 2003). Toutefois, certaines études (Beautrais, 2002 ; Duberstein et coll., 2004a; Waern
(Préville et coll., 2005b ; Turvey et coll., 2002) n'ont et coll., 2003); ces résultats ne figurent pas dans
pu établir un lien entre les limitations fonctionnelles l'étude de Préville et de ses collaborateurs (2005b).
et le décès par suicide. Alors que certaines études montrent que plus de sui-
On connaît peu d'éléments portant sur la compo- cidés âgés vivaient seuls au moment du décès compa-
sante héréditaire du suicide chez les personnes âgées. rativement aux témoins (Harwood et coll., 2000;
Il semble qu'une prédisposition génétique soit moins Préville et coll., 2006b), d’autres ne rapportent pas une
probable chez elles. Néanmoins, une histoire de sui- telle différence (Beautrais, 2002 ;Rubenowitz et coll.
cide dans une famille doit être considérée comme un 2001 ; Waern et coll., 2003).
risque pour les personnes âgées de cette famille On interprète souvent ces résultats comme une
(Bennett et Collins, 2001 ; Szanto et coll., 2002). évidence selon laquelle les personnes âgées décédées
Les chercheurs qui privilégient les déterminants par suicide vivaient isolées et devaient souffrir de
neurobiologiques orientent leurs recherches vers solitude. Notons que vivre seul, être socialement isolé
deux pistes. La première piste de recherche concerne (ou être seul) et ressentir de la solitude sont trois
une hyperactivité de l'axe hypothalamo-pituitaire- concepts différents. Une personne âgée peut vivre
surrénalien, et la seconde piste touche le dysfonc- seule, mais avoir un réseau social satisfaisant. Par
tionnement du système sérotoninergique (Steffens ailleurs, une personne peut avoir des amis, mais
et Blazer, 1999). Les études neurochimiques des per- ressentir malgré tout de la solitude.
sonnes qui ont tenté de s'enlever la vie par une mé- Toutefois, plusieurs études ont établi une caractéris-
thode violente ont révélé une réduction de l'activité tique prédictive : les suicidés âgés avaient peu d'inter-
sérotoninergique dans le cerveau (Conwell, 1994). On action sociale, étaient socialement moins engagés
a retrouvé ces résultats dans les examens des cerveaux (Beautrais, 2002; Duberstein et coll., 2004b ; Préville
de personnes suicidées. Toutefois, la relation exacte et coll., 2005b) et n'avaient souvent personne à qui se
entre l'activité sérotoninergique et le suicide n'est confier (Turvey et coll., 2002).
pas encore élucidée; il n'y a pas non plus d'évidence Dans cette lignée, sans dégager un consensus,
claire que le système sérotoninergique change avec plusieurs études tendent à démontrer que les per-
l'avancement en âge (Steffens et Blazer, 1999). sonnes âgées qui ne sont pas mariées — veuves, divor-
Outre la maladie, les chercheurs ont aussi avancé cées et, dans une moindre mesure, célibataires — sont
que certains événements de la vie devraient être asso- plus à risque (Conwell, Duberstein et Caine, 2002;
ciés au suicide chez les personnes âgées. La littérature Duberstein et coll., 2004a, 2004b; Turvey et coll.
gérontologique a d'ailleurs longtemps été dominée par 2002). L'effet délétère de la perte du conjoint se ferait
un paradigme de «pertes ». Avec l'avancée en âge surtout sentir chez les hommes âgés, alors que le
surviennent des ruptures: les enfants partent de la taux de suicide est de 5 à 10 fois plus élevé que chez
maison, la personne d'un certain âge quitte le marché les femmes âgées veuves. Selon MacMahon et Pugh
du travail pour prendre sa retraite, sa santé n'est (1985), le risque culminerait surtout au cours de la
plus aussi bonne qu'auparavant et elle voit mourir des première année de veuvage.
êtres chers (des amis, des membres de sa famille et Quoique peu nombreuses, des études montrent
même son conjoint) ; ainsi, les aînés se retrouvent que les personnes âgées mortes par suicide présentent
de plus en plus seuls. Mais qu'en est-il vraiment du des traits de personnalité distinctifs. Ainsi, les suicidés
ben entre ces « pertes » et le suicide ? Après tout, les âgés avaient une personnalité rigide, étaient peu
Chapitre 11 167

ouverts aux expériences nouvelles (Duberstein, stratégies d'adaptation pour faire face aux différents
Conwell et Caine, 1994), n'étaient pas extravertis deuils que le vieillissement apporte (O'Connell et
(Duberstein et coll., 2000), affichaient des intérêts per- coll., 2004).
sonnels limités, présentaient un haut degré de névro- Vivre avec un de ses enfants constitue aussi un fac-
sisme, c'est-à-dire une disposition à avoir des affects teur de protection, surtout chez les personnes plus
négatifs comme la tristesse et l'anxiété, ainsi qu'une âgées (75 ans et plus). L'enfant apporte aux aînés une
personnalité «anancastique » ou, en d’autres mots, sécurité, un soutien pour maintenir leur autonomie et
obsessionnelle-compulsive (Harwood et coll., 2001). des contacts relationnels (Tsoh et coll., 2005 ;Waern
et coll., 2003). Certains traits de personnalité aident
aussi à faire face aux changements qu'entraîne le
11.2.2 Les facteurs de risque liés
vieillissement. Une personne qui démontre une ouver-
aux idées suicidaires et ture d'esprit et une flexibilité devant les expériences
aux tentatives de suicide de la vie devrait mieux s'adapter aux différentes cir-
Les recherches tentant de circonscrire les facteurs
constances qui se présenteront à elle (Heisel et
associés aux idées suicidaires et aux tentatives de Duberstein, 2008 ;O'Connell et coll., 2004; Turvey
suicide sont moins nombreuses que les précédentes.
et coll., 2002). D'ailleurs, tout au long de sa vie, la per-
On relève toutefois qu'être une femme, avoir une sonne âgée a été confrontée à diverses difficultés, et
santé fragile, souffrir de problèmes de vision, ne pas
cette expérience peut devenir un facteur de protec-
bénéficier de soutien social, éprouver des problèmes tion. Les croyances religieuses et une perception
relationnels et financiers sont des facteurs prédictifs d'une vie satisfaisante sont aussi des éléments
chez les personnes âgées (Yip et coll., 2003). Pour leur favorisant la santé mentale des aînés (Heïsel et
part, Duberstein et ses collaborateurs (2000) notent Duberstein, 2005 ;O’Connell et coll., 2004).
une relation entre l'absence d'ouverture d'esprit, le
névrosisme et les idées suicidaires. La dépression
compte aussi parmi les facteurs prédictifs des idéations 11.3 LES SIGNES
suicidaires (Alexopoulos et coll., 1999; Yip et coll.
2003).
AVANT-COUREURS
Par ailleurs, les facteurs de risque liés aux tenta- Nous avons déjà mentionné que les personnes âgées
tives de suicide et cernés à ce jour seraient les idéa- faisaient moins de tentatives de suicide que celles
tions suicidaires, un faible degré d’extraversion des générations plus jeunes. Cela confirme la néces-
(Duberstein et coll., 2000), des tentatives antérieures, sité de reconnaître le plus rapidement possible l'aîné
des incapacités fonctionnelles (Tsoh et coll., 2005) et qui a l'intention de s'enlever la vie, car les chances
la douleur (Lamprecht et coll., 2005; Tsoh et coll. de pouvoir intervenir une seconde fois sont très
2005). faibles. Ceux qui sont en contact direct avec les
personnes âgées Jouent donc un rôle très impor-
tant pour repérer les aînés qui auraient des inten-
11.2.3 Les facteurs de protection tions suicidaires.
À contrario aux facteurs de risque, il existerait des Une personne âgée qui présente des symptômes
conditions qui protégeraient les aînés des compor- de dépression devrait recevoir une attention parti-
tements suicidaires. Par exemple, être marié permet- culière. D'ailleurs, nous avons suffisamment insisté,
trait de jouir d'une meilleure situation financière. dans le chapitre précédent, sur la difficulté de
Également, les gens mariés auraient une meilleure dépister la dépression pour nous convaincre de ne
hygiène de vie, c'est-à-dire qu'ils fumeraient et pas attendre la confirmation du diagnostic avant
boiraient moins que les personnes non mariées. Il d'agir en conséquence. Les membres de la famille
semble qu'avoir une relation maritale satisfaisante et les professionnels devraient être attentifs aux
permet de maintenir une meilleure santé, mais aussi symptômes de dépression, d'anxiété, d’agitation,
d'obtenirdu soutien et de bénéficier de meilleures de frustration et d'impatience chez un aîné.
168 Les comportements suicidaires

Le tableau 11.1 fait mention de certains indices ver- société en général (Fortin et coll., 2001; Pearson et
baux, directs et indirects, ainsi que des indices com- Brown, 2000; Roff, 2001).
portementaux avant-coureurs qui peuvent éveiller Il y a lieu de sensibiliser la population âgée elle-
l'attention de quiconque désire prévenir le suicide même au suicide gériatrique, de modifier ses percep-
chez les aînés. tions à l'égard des troubles de santé mentale comme
la dépression et d'encourager les aînés à consulter ou
à parler de leurs difficultés avec leurs proches tout en
11.4 LA PRÉVENTION évitant de s'isoler. L’entourage des personnes âgées
(conjoint, enfants, fratrie, etc.) et les professionnels
Les connaissances sur la prévention du suicide en fin de la santé devraient également être sensibilisés aux
de vie et sur le traitement d'une personne âgée sui- signes précurseurs du suicide gériatrique et aux mani-
cidaire sont peu développées. La plupart des auteurs festations d'un trouble dépressif. Il faut souligner
ayant écrit sur ce sujet ont suggéré des lignes direc- l'importance de leur présence auprès des personnes
trices générales en vue de la prévention du suicide âgées à risque et s'assurer que ces dernières bénéfi-
gériatrique. Ainsi, diverses actions peuvent être entre- cient des ressources et interventions favorisant leur
prises auprès des aînés, de leur entourage et dans la bien-être. Finalement, dans la société en général, il est

TABLEAU 11.1 Les indices verbaux et comportementaux avant-coureurs

D ITe ANA AT TL
TT e NS INDICES VERBAUX INDIRECTS INDICES COMPORTEMENTAUX

«Je vais me tuer.» «Je suis fatigué de la vie.» Acheter une arme à feu.

«Je vais me suicider.» «Je suis fatigué de tout ça.» Entreposer des médicaments.

«Je vais mettre fin à tout ça.» | «Je n'ai pas de raison Mettre ses affaires personnelles en ordre.
de continuer.»
«Je veux en finir, disparaître.» Distribuer son argent ou ses effets personnels.
«Vous seriez mieux sans moi.»
Adopter des comportements étranges. Par
: «Je me sens inutile.» exemple, sortir à une heure inhabituelle ou
changer subitement de comportements,
«La vie n'a plus aucun sens.» comme pleurer, lancer des objets.

«Vous n'aurez pas besoin Se montrer soudainement intéressé par la


de prendre soin de moi religion où, au contraire, perdre cet intérêt.
M plus longtemps.»
Manifester des comportements préjudiciables
«Bientôt, je ne serai plus ici.» à sa santé (refuser de s'alimenter, ne pas suivre
son régime médicamenteux, augmenter sa
«La vie ne m'apporte plus consommation d'alcool, etc.).
aucun plaisir.»
Changer son apparence physique.

Avoir des comportements désorganisés :ne plus


s'habiller, se lever à des heures inhabituelles et
ne plus entretenir sa demeure.

Changer dans ses relations avec les autres:


s'isoler où devenir plus impatient et irritable.
Chapitre 11 169

primordial d’enrayer l'idée que la dépression et le social, une infirmière ou un psychologue) travail-
suicide font partie des phénomènes normaux du lant conjointement avec le médecin. Le rôle prin-
processus du vieillissement. Une sensibilisation à cipal du gestionnaire était de suivre des lignes
l'importance du bien-être des personnes âgées et de directrices préétablies concernant le traitement de
l'apport que celles-ci continuent de fournir à la société la dépression afin de déterminer l'intervention la
(par exemple, par la transmission de la culture et plus appropriée pour chaque participant. Les par-
l'éducation des enfants) est souhaitable. ticipants du groupe témoin recevaient les soins
On connaît l'importance de la dépression comme habituels de leur médecin sans nécessairement
facteur de risque du suicide chez les aînés. Il est bénéficier de traitement pour la dépression. L'état
logique de penser que la prévention du suicide géria- dépressif des participants du groupe expérimental
trique devrait passer par le dépistage et le traitement s'est davantage amélioré que celui des personnes
de la dépression. Les résultats de l'étude PROSPECT du groupe témoin. Comme l'illustre la figure 11.6,
(Prevention of Suicide in Primary Care Elderly : Collaborative le pourcentage de personnes présentant des idées
Trial), conduite par Bruce et ses collaborateurs (2004), suicidaires a diminué plus rapidement chez les
indiquent qu'il s'agit d'une voie prometteuse. participants du groupe expérimental que chez ceux
Ces chercheurs ont déterminé l'impact d’une du groupe témoin : à quatre mois, cette diminution
intervention sur les idées suicidaires et la dépres- était de 13 points dans le groupe expérimental,
sion de personnes âgées ayant consulté des services comparativement à 3 points dans le groupe témoin.
de soins de santé de première ligne. On a soumis De plus, parmi les participants qui présentaient
ces personnes à un dépistage de la dépression. Les initialement des pensées suicidaires, on a observé
personnes dépressives ont par la suite été réparties une résorption plus rapide de celles-ci dans le
aléatoirement en deux groupes :un groupe expéri- groupe expérimental, la différence entre les groupes
mental et un groupe témoin. Chaque participant étant statistiquement significative après huit mois
du groupe expérimental était supervisé par un ges- (voir la figure 11.7, page suivante).
tionnaire de soins (par exemple, un travailleur

Icure 11.6 LePéurcentage de personnes présentant desidéessuicidäifes : 4


: selon (à groupe et lé Qu

40 — =
EM \iveau de base

30 cr 48 mois
mois
EI 12 mois

Groupe expérimental Groupe témoin

Source : Tirée de Bruce et coll. (2004).


170 Les comportements suicidaires

JGuRE 11.7 Le pourcentage de personnes présentant des idées suicidä ñ


-. selon le groupe et lé tempSdeimesuret
à à

100

EM 4 mois
80 8 mois
EL] 12 mois

60

5
40

20

O
Groupe expérimental Groupe témoin

Source : Tirée de Bruce et coll. (2004).

De toute évidence, le suicide chez les personnes Parmi les nombreux facteurs prédictifs, souffrir
âgées n'est pas une préoccupation sociale. d'un trouble de l'humeur, ne pas avoir de
On remarque une baisse du taux de suicide confidents et ne pas être marié sont souvent
chez les personnes âgées, mais ce taux demeure invoqués.
encore élevé dans plusieurs pays. Les connaissances sur la prévention du sui-
Au Canada, le taux standardisé pour 100 000 per- cide en fin de vie et sur le traitement d’une
sonnes est de 12,6 pour les 60 à 74 ans et de
personne âgée suicidaire sont peu dévelop-
12,3 pour les 75 ans et plus.
pées. La plupart des auteurs ayant écrit sur ce
Les hommes se suicident davantage que les
sujet ont suggéré des lignes directrices générales
femmes.
en vue de la prévention.
Les femmes font davantage de tentatives de sui-
cide que les hommes, mais cette tendance La prévention du suicide chez les personnes
s'estompe à l'âge avancé. âgées passe par diverses actions auprès des per-
La majorité des personnes âgées réussiraient sonnes âgées elles-mêmes, de leur entourage et
leur suicide dès la première tentative. dans la société en général.
Pour déterminer les facteurs de risque, les Le traitement de la dépression est associé à une
chercheurs font des études à cas-témoins avec diminution plus rapide des idées suicidaires
autopsie psychologique. chez les aînés.
Chapitre 11 171

Bruce, M.L., Ten Have, TR:., Reynolds IL C.F, Katz, II, O'Connell, H., Chin, A.-Y., Cunningham, C. et Lawlor, A.B.
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www.ccsmh.ca
174 Les démences

u’est-ce que la démence ? Il s’agit du déclin progressif du fonctionnement


cognitif d’une personne à un point tel qu’elle perd la capacité d’ac-
complir les activités courantes de la vie quotidienne et d'entretenir des
relations sociales.
Bien que les manifestations et l'évolution de la démence varient d’un individu
à l'autre, typiquement, le déclin cognitif se manifeste d'abord au regard de la
mémoire, la personne perdant régulièrement la faculté de se souvenir des évé-
nements récents. Elle peut ainsi oublier les endroits où les objets familiers ont
été placés. À cette phase de la maladie, la personne est relativement peu préoccupée
par ses trous de mémoire, et il lui arrive même de les nier. La performance au
travail et l'intérêt dans les activités quotidiennes, comme la lecture, diminuent.
Ensuite se produisent des détériorations dans la pensée abstraite et dans le
jugement. La personne adopte des comportements inappropriés et elle manifeste
des difficultés dans la communication de ses pensées. Le repli social, initialement
causé par la gêne sociale, et plus tard dans l'évolution du désordre par la perte
d'intérêt, se manifeste couramment. La personne éprouve de sérieuses diffi-
cultés à s'orienter dans l’espace et dans le temps. À un stade plus avancé, la déso-
rientation s'étend aux individus, et la personne ne reconnaît plus ses proches. Des
souvenirs personnels normalement bien ancrés sont désormais affectés: les
noms, les endroits familiers, les dates de naissance, etc. L'individu perd aussi
graduellement le contrôle de ses impulsions. À un stade ultérieur, il nécessite des
soins très attentifs, car 1l éprouve des difficultés à s'alimenter, à s'habiller et à s'oc-
cuper de son hygiène personnelle. L'incontinence, les propos incohérents et les troubles du sommeil se mani-
festent lorsque la maladie atteint un stade avancé. Le souci de la sécurité de la personne démente exige alors
une supervision vigilante. Dans la phase terminale, les comportements deviennent erratiques, l'autonomie
a complètement disparu, y compris la capacité de communiquer verbalement.
La démence peut être causée par une série de maladies qui affectent le système nerveux central. La mala-
die d'Alzheimer (MA) est la forme la plus courante de démence, représentant environ 65% de toutes les
démences au Canada (Canadian Study of Health and Aging [CSHA] Working Group, 1994a). Parmi
les autres démences importantes, mentionnons la démence vasculaire, la démence à corps de Lewy et la
maladie de Pick. Le présent chapitre se concentre surtout sur la maladie d'Alzheimer.

12.1 LA MALADIE D'ALZHEIMER des cas de démence sera de trois à quatre fois plus
élevé dans les pays en voie de développement, comme
12.1.1 La prévalence de la démence en les . ue dt latine et la Chine, que dans les
Re _… ; ays développés.
général et de la maladie d'Alzheimer °"”Selon les PEdonnées d’une étude épidémiologique
On estime qu'environ 24 millions de personnes dans canadienne, 8% des personnes âgées de plus de 65 ans,
le monde souffraient de démence en 2005; ce chiffre soit une personne sur 13, sont atteintes de démence,
devrait doubler tous les 20 ans, atteignant 42 millions toutes causes confondues, le taux spécifique de la
en 2020 et 81 millions en 2040, en supposant que la MA étant de 5,1 % (CSHA Working Group, 1994a).
mortalité reste la même et qu'aucune stratégie efficace La moitié de ces personnes résident dans des établis-
de prévention ou de cure n'est mise en œuvre (Ferri sements. Par ailleurs, 16% des Canadiens âgés de
et coll., 2005). On prédit que le taux d'augmentation 65 ans ou plus présentent un symptôme moins grave
Chapitre 12 175

appelé «trouble cognitif léger » (voir la section 12.5, et la personne éprouve de la difficulté à travailler.
s

page 181). L'âge constituant le facteur principal de L'étape suivante est caractérisée par l'agitation, les
risque, le nombre de personnes affectées par la MA idées délirantes de préjudice ou de persécution, la
augmentera avec le vieillissement de la population. En confusion des identités des personnes, ainsi que l'in-
effet, dans le groupe des personnes âgées de plus de continence et la perte des habiletés de communication.
85 ans, une sur trois est atteinte de la MA. Une étude Les symptômes affectifs incluent l'humeur labile ou
européenne rapporte des taux similaires, avec des l'absence de tonalité émotive et des changements de
estimations de prévalence des démences, toutes causes personnalité tels que la résurgence de traits prémor-
confondues, à 6,4% pour la population de plus de bides ou l’exagération de caractéristiques parti-
65 ans et à 4,4% pour la MA en particulier (Lobo et culières. Plus tard dans l'évolution de la maladie se
coll., 2000). produit typiquement une perte de contrôle des émo-
On s'attend donc à ce que l'incidence de la MA et tions, avec une variabilité extrême ou une absence de
des autres formes d'atteinte cognitive s'élève fortement réponse émotionnelle. Les autres troubles du compor-
dans toutes les sociétés, incluant le Canada, où le tement associés à la démence sont l'agressivité ver-
progrès économique et social conduit à une aug- bale ou physique, l'errance, le repli sur soi, l'anxiété,
mentation de la durée de vie. Or, les coûts associés les troubles du sommeil et de l'appétit, les phobies
à la MA sont énormes. Aux coûts en soins de santé et les peurs. Ces problèmes causent de sérieuses dif-
s'ajoutent les coûts humains plus ou moins quanti- ficultés aux aidants familiaux, et leur aggravation pré-
fiables chez la famille et les soignants (par exemple, cipite le placement de la personne malade en centre
interruption de carrière, perte de revenus, dépression, d'hébergement.
stress, maladie) (vor la section 12.4.5, page 187).
12.1.3 L'altération des structures
12.1.2 Les symptômes cérébrales
Aloïs Alzheimer (1864-1915), un neurologue alle- Deux phénomènes caractérisent la MA : une accumu-
mand, fut le premier à faire le lien entre les chan- lation de dégénérescences neurofibrillaires et une
gements des structures typiques de la maladie et les accumulation de plaques séniles dans le cerveau. La
symptômes. Une de ses patientes était décédée à cause de ces altérations du cerveau dans la MA
l’âge de 51 ans après avoir souffert d’une détériora- demeure inconnue. Plusieurs hypothèses ont été
tion de son fonctionnement mental, caractérisé par avancées et elles font l'objet de recherches actives.
la confusion et la perte de mémoire. À l’autopsie de Mais on ignore encore si ces altérations sont une
cette patiente, Alzheimer trouva une organisation cause ou un effet de la maladie. En outre, l'ampleur
anormale de cellules nerveuses dans son cerveau de ces modifications neuropathologiques et le degré
(les dégénérescences neurofibrillaires et les plaques d'atteinte cognitive sont médiocrement liés chez les
séniles, dont il sera question plus loin). Dans un personnes très âgées. Ainsi, on a constaté, parmi des
article publié en 1907, il émit l'hypothèse que ces struc- sujets centenaires, que plusieurs d'entre eux ne présen-
tures anormales étaient responsables de la maladie. taient pas d'atteinte cognitive malgré des altérations
La MA est un trouble neurologique qui se mani- étendues ; inversement, d’autres manifestaient de
feste par la détérioration progressive et irréversible sérieuses atteintes cognitives en l'absence d'anomalies
des fonctions cognitives, telles que la mémoire et la neuropathologiques marquées.
pensée, et des fonctions motrices. Cette maladie a Les dégénérescences neurofibrillaires, disséminées
un début insidieux et présente une évolution variable dans le cortex, sont constituées de réseaux de fibrilles
selon les individus. La première phase de la maladie en dégénérescence, entortillées les unes sur les autres
se caractérise par une perte de mémoire progressive. et formant des paires de filaments. Ces dégénéres-
Ensuite, on observe des symptômes de détérioration cences s'accumulent à l'intérieur du corps cellulaire
intellectuelle et de confusion (orientation, concen- de certains neurones et en viennent à remplacer les
tration, mémoire). Les déficits sont alors manifestes, composantes cellulaires neuronales normales. Leur
176 Les démences

abondance est positivement corrélée aux déficits communique aux patients et à leurs proches, c'est un
cognitifs et à la perte neuronale. On sait maintenant diagnostic plausible de MA, à la suite de l'élimination
que ces dégénérescences sont constituées d'une pro- des autres possibilités. Seul un examen anatomo-
téine appelée tau. Cette protéine jouerait un rôle pathologique peut confirmer le diagnostic de la mala-
dans le maintien de la stabilité des microtubules qui die, et cet examen n'est possible qu'après le décès de
forment la structure interne de soutien des axones et la personne malade.
qui canalisent le transport des éléments nutritifs dans Aux États-Unis, un groupe de travail formé de
l'axone. Dans la MA, cette protéine tau perdrait sa représentants du National Institute of Neurological
capacité de soutenir les microtubules. L'effondrement and Communicative Disorders and Stroke (NINCDS)
du système de transport dans le neurone conduirait et de l’Alzheimer's Disease and Related Disorders
ultimement à la mort de celui-ci. Association (ADRDA) a élaboré des critères détaillés
Les plaques séniles sont des structures sphériques pour le diagnostic de la MA. Ces critères, présentés
composées principalement de matériel protéique dans l’encadré 12.1, proposent différents degrés de
entouré de divers débris de neurones en décomposi- certitude pour le diagnostic de la maladie d'Alzheimer
tion. Une protéine, la bêta-amyloïde, a été trouvée (McKahn et coll., 1984). Les critères diagnostiques
dans les noyaux des plaques séniles et des dégénéres- pour la démence de type Alzheimer tels que dévelop-
cences neurofibrillaires. Chez une personne atteinte pés par l'American Psychiatric Association (2003) sont
de la MA, cette protéine aurait tendance à former ces présentés dans l'encadré 12.2 (page 176).
plaques insolubles qui ne peuvent être éliminées ou La grande variabilité des déficits cognitifs et des
recyclées. Les recherches sur la synthèse de l’'amyloïde troubles du comportement dans la MA a amené les
ont permis l'identification de la protéine qui conduit chercheurs à mettre au point des outils pour pré-
à la formation de l'amyloïde. Cette protéine est codée ciser le degré des déficits et de l'incapacité fonction-
par un gène situé sur le chromosome 21, qui joue un nelle. Dans cette veine, Reisberg, Ferris et Franssen
rôle particulier dans l'étiologie de certaines formes de (1985) ont décrit des phases évolutives de la maladie
la maladie d'Alzheimer. en se basant sur ses manifestations cliniques (voir le
Normalement, le développement des plaques tableau 12.1, page 179).
séniles et des dégénérescences neurofbrillaires se Dans la plupart des cas, l'évaluation d’une per-
produit tôt dans la maladie, allant jusqu'à précéder de sonne âgée qui se plaint de problèmes cognitifs com-
10 à 20 ans l'apparition des symptômes de déclin porte deux étapes. Dans un premier temps, il importe
cognitif. On pense que ces derniers se manifestent d'évaluer la gravité de ces difficultés et de déter-
lorsque ces altérations du fonctionnement cérébral miner si elles satisfont aux critères d'une démence. À
atteignent un seuil critique dans certaines aires du cet effet, on utilise couramment un outil de dépistage
cerveau qui jouent un rôle clé dans le fonctionnement appelé «échelle de statut mental » pour procéder à
cognitif, en particulier dans l’hippocampe et les zones un examen; par exemple, l'échelle de statut mental
adjacentes (structures cérébrales qui interviennent de Folstein — Mini Mental State (MMS) — (Folstein,
dans les processus de mémoire). Folstein et McHugh, 1975) ou l'échelle de statut
mental modifiée - Modified Mini Mental State (3 MS)
— (Teng et Chui, 1987; version française: Hébert,
12.1.4 Le diagnostic
Bravo et Girouard, 1992, 1993). Cet examen inclut
L’American Psychiatrie Association (2003) a publié l'évaluation de l'orientation, de la mémoire récente,
des critères diagnostiques pour les différents types de de l'attention et du calcul, du langage et de la représen-
démence dans son manuel diagnostique des troubles tation spatiale. Lorsqu'il interprète les résultats, le
mentaux couramment utilisé dans le domaine de la chinicien doit absolument tenir compte de variables
santé mentale, le DSH-IV-TR. telles que l'âge et le niveau d'éducation du répondant,
Le diagnostic de la MA s'effectue seulement par qui peuvent fortement influencer les résultats.
exclusion parce qu'il n'existe pas de test ou d'indica- À eux seuls, les résultats d'un test de dépistage ne
teur clinique spécifique à ce trouble. En fait, ce qu'on permettent pas de poser un diagnostic de démence ni
Chapitre 12 177

ENcaoré 12.1 Les critères de diagnostic-de la maladie ‘Alzheimer (N NÉDS-AD


Les critères pour un diagnostic de maladie 3. Une histoire familiale de désordres similaires, particulièrement
d'Alzheimer probable s'ils sont confirmés par une évaluation neurologique.
1. Une démence identifiée au moyen de l'examen clinique, 4. Des résultats d'examens de laboratoire indiquant: liquide
documentée par un test standard de fonctionnement céphalo-rachidien normal, profil normal à l'électro-
cognitif (par exemple, échelle de statut mental de Folstein) encéphalogramme, évidence d'une atrophie cérébrale au
et confirmée par des tests neuropsychologiques. tomodensitomètre avec progression mise en évidence
2. Des déficits dans au moins deux domaines du fonction- au cours d'examens répétés.
nement cognitif, par exemple la compréhension des mots
Les autres manifestations consistantes
et la capacité d'accomplir une tâche.
avec la maladie d'Alzheimer
3. Une détérioration progressive de la mémoire et des autres
1. Des plateaux dans la progression de la maladie.
fonctions cognitives.
2. Un profil normal pour l'âge, au tomodensitomètre.
4. Une absence de trouble de la conscience.
3. Des symptômes associés :dépression, insomnie, inconti-
5. Un déclenchement des symptômes entre 40 et 90 ans,
nence, idées délirantes, hallucinations, désordres sexuels,
plus typiquement après 65 ans.
perte de poids et explosions verbales, émotionnelles et
6. Une absence de troubles systémiques ou d'autres mala- physiques.
dies cérébrales qui pourraient rendre compte des déficits
4. D'autres anormalités neurologiques, surtout si elles sont
de la mémoire et des fonctions cognitives.
présentes à un stade avancé, incluant la rigidité muscu-
Les éléments étayant un diagnostic de maladie laire et une démarche traînante.
d'Alzheimer probable
Les signes qui réduisent la probabilité
1. Une détérioration progressive de fonctions cognitives par- d'une maladie d'Alzheimer
ticulières, comme le langage (aphasie), les habiletés mo-
1. Un déclenchement soudain des symptômes.
trices (apraxie) et la perception (agnosie).
2. Des symptômes précoces comme des crises d'épilepsie,
2. Une détérioration des activités de la vie quotidienne et
des troubles de la marche et une perte de la vision et de
des comportements.
la coordination.

Source : McKahn et coll. (1984).

d'en déterminer l'étiologie, le cas échéant. Le diag- type d'évaluation contribue de manière importante
nostic de la MA sur la base de critères comme ceux au diagnostic différentiel des différentes formes de
du NINCDS-ADRDA nécessite une évaluation démence, ainsi qu'à la reconnaissance précoce des
médicale et neuropsychologique détaillée, qui doit personnes à risque de développer la MA. Outre son
aussi prendre en compte l'information provenant des intérêt pour le diagnostic, ce bilan constitue la base
observations des proches, du fonctionnement dans les à partir de laquelle on peut développer un pro-
activités de la vie quotidienne et des données de gramme de prise en charge des déficits comportemen-
neuro-imagerie et génétiques. Une évaluation neuro- taux et cognitifs (vosr les sections « Le contrôle des troubles
psychologique plus approfondie comporte une comportementaux », page 185, et « La prise en charge des
analyse fonctionnelle des différentes activités men- déficits cognitifs », page 186). En effet, la mise en place
tales, ce qui permet d'établir le bilan du fonction- de stratégies de rééducation cognitive chez les patients
nement cognitif. Ce bilan comprend un examen des atteints de la maladie d'Alzheimer repose sur une
fonctions de langage comme la compréhension, un description précise des capacités affectées et des
examen des fonctions cognitives au moyen d'épreuves capacités préservées du patient, basée sur une éva-
d'identification d'objets, des fonctions praxiques et luation neuropsychologique détaillée (Van der
des capacités mnésiques (Ceccaldi et coll., 1991). Ce Linden, Belleville et Juillerat, 2000).
178 Les démences

icaDRÉ 12.2 Les critères diagnostique


CPE AI
À. Apparition de déficits cognitifs multiples: D. Les déficits cognitifs des critères A1 et A2 ne sont pas dus:
1. Une altération de la mémoire (altération de la capa- 1. à d'autres affections du système nerveux central qui
cité à apprendre des informations nouvelles ou à se peuvent entraîner des déficits progressifs de la mémoire
rappeler les informations apprises antérieurement). et du fonctionnement cognitif (par exemple, maladie
2. Une (ou plusieurs) des perturbations cognitives suivantes: cérébro-vasculaire, maladie de Parkinson, maladie de
Huntington) ;
a) aphasie (perturbation du langage);
2. à des affections générales pouvant entraîner une
b) apraxie (altération de la capacité à réaliser une acti-
démence (par exemple, hypothyroïdie, infection par
vité motrice malgré des fonctions motrices intactes);
le VIH);
c) agnosie (impossibilité de reconnaître ou d'identifier
3. à des affections induites par une substance.
des objets malgré des fonctions sensorielles intactes);
d) perturbation des fonctions exécutives (faire des pro- E. Les déficits ne surviennent pas de façon exclusive au
jets, organiser, ordonner dans le temps, avoir une cours de l'évolution d'un delirium*.
pensée abstraite).
F. La perturbation n'est pas mieux expliquée par un trouble
B. Les déficits cognitifs des critères A1 et A2 sont tous les de l'axe | (par exemple, trouble dépressif majeur,
deux à l'origine d'une altération significative du fonction- schizophrénie).
nement social ou professionnel et représentent un déclin
significatif par rapport au niveau de fonctionnement * Le delirium est caractérisé par une perturbation de la conscience,
antérieur. accompagnée de modifications du fonctionnement cognitif, qui
s'installe en un temps très court et qui est une conséquence phy-
C. L'évolution de la maladie est caractérisée par un début pro- siologique directe, par exemple, d'une affection médicale générale,
d'une intoxication ou de l'utilisation d'un médicament.
gressif et un déclin cognitif continu.

Source :American Psychiatric Association (2003).

12.1.5 Les facteurs de risque et de tous les cas de MA et ils se limiteraient aux formes
de protection et les hypothèses à déclenchement précoce (avant 65 ans).
Une mutation du gène de l’apolipoprotéine sur le
étiologiques
chromosome 19 a été mise de l'avant comme autre
La maladie d'Alzheimer est une pathologie multi- facteur de susceptibilité génétique à la MA. L'apolipo-
factorielle ;elle fait donc intervenir plusieurs facteurs protéine est une protéine qui intervient dans le trans-
combinés. port du cholestérol, avec trois formes possibles
L'âge constitue certes le facteur de risque majeur. d’allèles: E2 (rare), E3 (la plus fréquente) et EA.
En effet, après 65 ans, la prévalence de la MA double
Les porteurs de l'ApoE4 présentent un risque accru
environ tous les cinq ans (Ferri et coll., 2005).
— de quatre à huit fois - de développer la MA.
Une histoire familiale de MA constitue un second
L’ApoËEA produirait une accélération de la formation
facteur de risque (CSHA, 1994b). Les mécanismes de
d'amyloïde et de plaques séniles.
transmission génétique dans les cas familiaux de MA
sont encore mal connus. Une transmission de type Un faible niveau d'éducation constitue un autre fac-
autosomique dominante, mettant en cause des muta- teur de risque (CSHA, 1994b). Une personne de
tions de gènes aux chromosomes 1, 14 et 21, a été plus de 75 ans ayant un niveau de scolarité inférieur
découverte. Ce type de transmission génétique signi- à cinq années présenterait le double du risque de
fie qu'un enfant né d'un parent porteur d’une de ces démence qu'une personne de cet Âge ayant un mini-
mutations a 50% de risque de porter la même muta- mum de huit années de scolarité. Toutefois, il faut rap-
tion. Toutefois, ces cas ne représentent que 5 à 10% peler le biais possible pour ce facteur, car le dépistage
Chapitre 12 179

TABLEAU 12.1 L'évaluation fonctionnelle de la maladie d'Alzheimer

STADE FONCTIONNEMENT COGNITIF ÉVOLUTION CLINIQUE SYMPTÔMES

Absence de déclin cognitif Adulte normal Pas de troubles manifestes ni de plaintes.

Déclin cognitif très léger Adulte âgé normal À Difficultés à trouver les mots justes.
} Oublis bénins. La personne se plaint
qu'elle perd la mémoire, mais les tests
de mémoire sont normaux.

Déclin cognitif léger À Démence débutante


l'entourage prend conscience des déficits.
Les difficultés sont évidentes dans les
situations non familières. La personne
| commence à être handicapée dans la vie
# quotidienne et adopte une attitude
| de déni.
Déclin cognitif moyen Démence légère Besoin d'assistance pour accomplir des
| tâches comme la planification d'un repas
ou la gestion du budget domestique. La
personne n'est plus capable de voyager
} seule et ne se rappelle plus les faits
courants. La capacité d'apprentissage
décline fortement, mais la reconnaissance
des personnes et des lieux familiers
est préservée.

Déclin cognitif moyennement Démence moyenne incapacité de vivre seul. La personne perd
grave l'orientation dans l'espace et le temps.
Elle ne reconnaît plus que les personnes
proches. Elle peut effectuer sa toilette
personnelle et manger, mais elle a

Déclin cognitif grave Démence grave


besoin d'aide pour se vêtir, s'alimenter
et pour faire sa toilette. Elle souffre
d'incontinence urinaire et fécale. Elle
reconnaît sporadiquement les proches.
La mémoire est très parcellaire. || ÿ a
apparition d'anxiété, d'illusions et
de fluctuations de l'humeur.

Déclin cognitif très grave Démence profonde Capacité de s'exprimer réduite à quelques
mots intelligibles. La personne perd la
capacité de se déplacer et présente une
rigidité motrice. Tous les comportements
deviennent incohérents.

Source : Adapté de Reisberg et coll. (1985).


180 Les démences

des démences utilise très souvent des instruments d'autres agents (par exemple, les vitamines C et E
fortement liés au niveau d'études. à doses élevées, le ginkgo biloba, les bioflavonoïdes)
Les femmes semblent plus à risque que les hommes est encore à l'étude.
de développer la MA. Leur plus grande longévité ne
semble pas expliquer entièrement cette susceptibilité
accrue. De nombreuses études qui ont découvert ce 12.2 LES AUTRES MALADIES
lien avaient utilisé des échantillons de femmes présen-
tant un faible niveau d'éducation, ce qui pourrait NEUROLOGIQUES POUVANT
constituer le facteur déterminant. Par ailleurs, on a for- CAUSER LA DEMENCE
mulé une hypothèse basée sur le lien entre la diminu-
tion de l’æstrogène et la réduction de l'activité 12.2.1 La démence vasculaire
cholinergique, conduisant au déclin du fonction-
nement cognitif. Après la maladie d'Alzheimer, la démence vasculaire
Avoir subi un traumatisme crânien se révèle une est la deuxième forme de démence au chapitre de la
autre source de risque de souffrir de la MA (CSHA, prévalence; elle représente environ 20% de tous les
1994b), qu'il s'agisse d'un épisode unique suivi de cas de démence. Le déclin du fonctionnement cogni-
perte de conscience ou de blessures répétées, comme tif est causé par la détérioration des vaisseaux sanguins
dans le cas des boxeurs. Ces atteintes au cerveau qui approvisionnent le cerveau en oxygène et en élé-
produisent des plaques diffuses similaires à celles ments nutritifs. La démence vasculaire peut se déclarer
découvertes dans le cerveau des patients atteints de subitement après un accident vasculaire cérébral,
la MA. mais la forme la plus commune se développe après une
L'hypertension systolique et l'athérosclérose série d'infarctus cérébraux de moindre envergure.
constitueraient d'autres facteurs de risque de la MA Ces incidents vasculaires mineurs ne produisent pas
chez les personnes très âgées, encore attribuables à d'effets manifestes immédiatement, mais les dom-
la production de plaques amyloïdes diffuses. Les fac- mages cérébraux répétés en viennent à causer la
teurs de risque vasculaires font l'objet d'un débat où détérioration du fonctionnement cognitif.
certains acteurs vont jusqu'à définir la MA comme une L'altération des fonctions cognitives (par exemple,
maladie vasculaire (De la Torre, 2002). le langage, la vision ou la mémoire) dépend de la
Par ailleurs, certains facteurs de protection contre localisation, du nombre et de l'étendue des infarctus
la MA ont aussi été avancés, par exemple, le niveau cérébraux. Comparativement à la MA, le dévelop-
d'éducation. L'interprétation de ce résultat est com- pement de la démence vasculaire est plus rapide et il
plexe. Voici une explication possible: le risque de suit une évolution par paliers, avec des périodes de sta-
MA serait réduit chez les personnes ayant un niveau bilisation suivies de phases de détérioration. La
d'éducation élevé parce qu'elles ont tendance à s’'en- dépression et les idées délirantes sont aussi plus com-
gager dans des activités plus stimulantes sur le plan munes dans la démence vasculaire.
cognitif que les personnes de faible niveau d'éduca- Les facteurs de risque connus sont l’âge (avoir
tion (Wilson et Bennett, 2003). Ces personnes plus plus de 66 ans), l'hypertension, les cardiopathies et
actives sur le plan cognitif arriveraient à l’âge avancé le diabète (Hébert et coll., 2000). Notons que la
avec de meilleures ressources cognitives (une plus démence vasculaire peut souvent coexister avec la MA
grande densité de synapses dans certaines aires du et intensifier la gravité des symptômes.
néocortex) ; de plus, ces ressources seraient moins sus-
ceptibles de décliner, offrant ainsi une plus grande
résistance à la MA.
12.2.2 La maladie de Pick
Les médicaments anti-inflammatoires non La maladie de Pick, aussi appelée démence fron-
stéroïdiens, comme ceux utilisés pour le traitement totemporale, est caractérisée par une détérioration des
de l'arthrite, semblent diminuer le risque de souf- cellules cérébrales dans les lobes frontaux et tempo-
frir de la MA (CSHA, 1994b). Le rôle protecteur raux, qui se manifeste par des déficits progressifs
Chapitre 12 181

dans le comportement, le Jugement et la parole. Ainsi, du langage et une altération du raisonnement.


les personnes atteintes de cette maladie peuvent Toutefois, cette démence progresse habituellement
devenir apathiques et repliées sur elles-mêmes, ou plus rapidement que la maladie d'Alzheimer, avec
encore perdre leurs inhibitions ou leur capacité des épisodes de confusion et d’hallucinations que l’on
d'élocution. Les fonctions exécutives (la capacité n'observe généralement pas dans cette dernière. Elle
de planifier, d'amorcer et de réguler les comporte- s'accompagne aussi de déficits typiques de la maladie
ments) se trouvent particulièrement affectées. À la de Parkinson (par exemple, des tremblements, une
différence des manifestations de la MA, l'orientation raideur musculaire). On ignore encore la cause de
dans l’espace et le temps, ainsi que la mémoire, sont cette démence. Il n'existe aucun traitement curatif,
souvent préservées, tout au moins Jusqu'à un stade bien que certains symptômes puissent être soignés
avancé de la maladie lorsqu'un déclin plus global (hallucinations, dépression).
s'installe. Il n'existe aucun traitement ni moyen de
ralentir la maladie.
12.3 LE TROUBLE COGNITIF LÉGER
12.2.3 La maladie de Parkinson Retarder l'apparition de la démence, ne serait-ce que
Alors que la MA est le prototype d'une neuropatholo- de quelques années, réduit considérablement le
gie corticale, la maladie de Parkinson représente une fardeau économique et humain associé à la MA. Il est
neuropathologie sous-corticale, où 1l y a perte de cel- donc crucial de pouvoir dépister précocement les
lules dans des structures sous-corticales, en l’occur- personnes à risque de développer la maladie pour
rence le corps strié. Les personnes affligées de la tenter d'en ralentir le processus pathologique.
maladie de Parkinson manifestent un ensemble de Il est encore ardu de différencier les changements
troubles de la motricité tels que des tremblements, pathologiques qui évolueront vers la démence des
un ralentissement des mouvements, des difficultés changements cognitifs associés au vieillissement dit
d'élocution, de la raideur musculaire et des pro- normal. Une vaste littérature de recherche se penche
blèmes d'équilibre. La démence peut survenir à un sur la détermination de critères qui permettraient de
stade avancé de cette maladie, et certaines personnes reconnaître les personnes manifestant des déficits
souffrant de la MA présentent aussi des symptômes cognitifs annonciateurs de démence. Une absence
de la maladie de Parkinson. Une anomalie du chromo- d'accord sur ces critères rend les résultats des études
some 2 a été trouvée comme lien génétique possible difficiles à interpréter (Blanchet et coll., 2002).
qui conduirait au dysfonctionnement du système Toutefois, ces dernières années, un consensus a
de transmission dopaminergique responsable du émergé autour de la notion de «trouble cognitif léger »
contrôle des mouvements. Aucune cure n'existe pour (TCL) (Derouesné, 2002; Zaudig, 2002). Les critères
la maladie de Parkinson, mais des médicaments associés au TCL sont: 1) une plainte de difficultés de
(comme le L-dopa), qui suppléent au déficit en mémoire corroborées par un proche; 2) une effi-
dopamine, ont une efficacité relative dans le trai- cience cognitive globale normale ;3) des activités de
tement des symptômes moteurs. la vie quotidienne normales ; 4) un déficit dans les
performances mnésiques comparativement aux
normes de l’âge et du niveau d'éducation; et 5) une
12.2.4 La démence à corps de Lewy absence de démence.
La démence à corps de Lewy est une maladie progres- La prévalence du TCL s'élève à 16,8% chez les
sive responsable de 15 à 20% des démences chez les Canadiens de 65 ans et plus, soit plus du double de
personnes âgées. Elle se caractérise par la présence la prévalence de toutes les démences combinées (8%)
dans le cerveau de structures neuronales anormales, dans ce groupe d'âge (Conseil consultatif national sur
appelées «corps de Lewy », du nom de leur décou- le troisième âge [CCNTA], 2004). Les personnes qui
vreur. Certains symptômes s'apparentent à ceux de présentent un tel trouble sont trois fois plus nom-
la MA, comme la perte progressive de la mémoire et breuses à vivre dans des établissements de soins de
182 Les démences

longue durée que celles qui ne souffrent d'aucun lignes directrices supplémentaires en ce qui a trait
déficit cognitif. à l'évaluation et au traitement des troubles de l'humeur
Il est difficile de prédire une évolution du TCL vers et des symptômes comportementaux associés à
la démence. En effet, les recherches portant sur le la démence.
TCL se basent sur des critères différents, ce qui com-
plique la prédiction d'une incidence de démence
(Blanchet et coll., 2002). L'intérêt du concept de TCL
12.4.1 Les traitements pharmacologiques
réside dans le potentiel qu'il offre de reconnaître pré- Si aucun traitement ne permet de guérir la MA à
cocement les personnes qui finiront par souffrir de la l'heure actuelle, certains médicaments ont été mis au
démence pour retarder, voire prévenir, le déclen- point en vue d'en retarder la progression ou d'en dimi-
chement de la maladie et pour comprendre comment nuer les symptômes.
et pourquoi la maladie se développe (CCNTA, 2004). Les premiers médicaments proposés pour le trai-
Cela dit, un concept comme le TCL ne peut décrire tement des symptômes cognitifs de la MA ont été
les processus d'un déclin cognitif avec l'avancée en développés sur la base de l'hypothèse cholinergique.
âge, car les causes des déficits cognitifs chez les per-- En effet, de nombreuses études appuient la notion
sonnes âgées sont nombreuses et interactives, et on d'un dérangement majeur du système de transmission
ne peut les réduire à une seule entité nosologique cholinergique dans cette maladie. Les neurones cho-
(Artero et Ritchie, 2002). linergiques sont localisés dans le tronc cérébral, à
partir duquel ils envoient des projections vers l'hippo-
campe et d’autres zones du cortex cérébral reconnues
12.4 LES INTERVENTIONS pour leur implication dans les processus de mémoire.
Dans la maladie d'Alzheimer, on a observé une perte
Une stratégie nationale de lutte contre la MA et les
importante de terminaisons nerveuses cholinergiques
démences apparentées a été proposée au Canada
(CCNTA, 2004). Les objectifs de cette stratégie sont:
corticales, associée à une lésion des neurones cho-
linergiques des noyaux de la base.
e de réduire la prévalence de la MA et des démences
Une manière d'augmenter l'activité cholinergique
apparentées ;
est d’entraver la dégradation de l'acétylcholine en
e de réduire le fardeau économique de la MA et des inhibant les enzymes (cholinestérases) qui en sont
démences apparentées; responsables. Ainsi, le premier médicament intro-
+ d'élaborer des stratégies de prévention fondées duit spécifiquement pour traiter les symptômes cogni-
sur des preuves, d'améliorer le diagnostic précoce de tifs de la MA a été un inhibiteur de la cholinestérase,
toutes les démences ainsi que l'accès et la qualité la tacrine, dans les années 1990 (Qizilbash et coll.
du traitement et des soins de soutien offerts à tous 2005). La tacrine a ensuite été remplacée par trois
les Canadiens touchés par la MA et les démences médicaments qui agissent de la même façon: le
apparentées (patients, familles et soignants). donépézil, la rivastigmine et la galantamine.
Il n'existe pas encore de cure pour la MA. L'ap- Des études contrôlées à double insu comprenant
proche de soins recommandée consiste en une com- une comparaison avec une condition placebo ont
binaison de traitements pharmacologiques et démontré que ces trois derniers médicaments sont effi-
d'interventions psychosociales et éducationnelles. caces pour des patients présentant une démence
Des lignes directrices destinées aux médecins de légère à modérée. Ils produisent une amélioration du
première ligne visant le dépistage, l'évaluation et la fonctionnement cognitif (mémoire, langage et orien-
prise en charge des patients déments ont été émises tation), de l’'accomplissement des activités de la vie
à l'issue de la Conférence canadienne de consensus sur quotidienne et de l'impression clinique globale (Jones,
la démence (Patterson et coll., 1999). Plus récemment, 2002 ; Takeda et coll., 2006).
sous l'égide de la Coalition canadienne pour la santé Toutefois, ces médicaments ne fonctionnent pas pour
mentale des personnes âgées (Canadian Coalition tous les patients. La variabilité de la réponse reste très
for Seniors’ Mental Health, 2006), on a formulé des grande, certains patients manifestant une amélioration,
Chapit re 12 183

d’autres non, d’autres encore présentant une dété- spécifiquement des antidépresseurs (inhibiteurs sélec-
rioration. En général, environ 40% des patients tifs de la recapture de la sérotonine, tricycliques),
répondent favorablement au traitement (Jones, 2002). des anxiolytiques (benzodiazépines) et des neurolep-
L'efficacité de ces médicaments sur une période tiques (Sink, Holden et Yaffe, 2006).
supérieure à 12 mois n'a pas été clairement démon-
trée (Takeda et coll., 2006).
Plus récemment encore, l'intérêt s’est porté sur la
12.4.2 Les interventions psychologiques
mémantine comme agent thérapeutique dans la MA. et sociales
Ce produit exerce son action sur le glutamate, un La maladie d'Alzheimer est dévastatrice. Les per-
neurotransmetteur du cortex cérébral, et en particulier sonnes atteintes et leurs familles ont besoin d'aide pour
des cellules pyramidales, dont la perte corrèle avec la composer avec les graves problèmes de fonction-
gravité des déficits cognitifs (Sastre, Sherriff et nement que cause la maladie sur tous les plans.
McShane, 2005). L’encadré 12.3 dresse une liste des cibles des interven-
D'autres approches, de type préventif, font l'ob- tions à envisager pour atténuer les effets de la maladie.
Jet de recherches actives. L’accumulation de radicaux
libres contribue à la dégénérescence des neurones du
cerveau. Les antioxydants pourraient réduire ces
dommages et ralentir la progression de la MA. La ENcanré 12.3 Les cibles des interventions
bioflavonoïde est une forme d’antioxydant que l'on
retrouve naturellement dans divers aliments et bois- + _Aménager le milieu (environnement prothétique).
sons comme le vin, les fruits et les légumes. Parmi + Entretenir la communication et la relation avec le milieu.
leurs propriétés complexes, la vitamine E et le ginkgo +__Stimuler et dynamiser (orientation à la réalité, ergothérapie,
biloba possèdent une telle activité antioxydante. exercices physiques, réminiscences).
Le cerveau développe une réponse inflamma- + _Contrôler les troubles comportementaux.
toire lorsque la MA s'installe, et cette inflammation + _ Traiter la dépression.
amplifie probablement le processus de dégénéres- + _Maintenir l'autonomie (continence, hygiène personnelle,
cence neuronale. Comme nous l'avons vu précé- alimentation, orientation).
demment, certaines recherches associent l’utilisation + Réhabiliter le fonctionnement cognitif (mémoire, langage).
d’anti-inflammatoires non stéroïdiens à une réduc- + _Soutenir les aidants familiaux et professionnels.
tion du risque de MA. Pour cette raison, ces médica-
ments font l’objet d'essais thérapeutiques.
On a déjà cru aux effets potentiellement béné-
fiques de l'æstrogène pour la réduction du déclin
cognitif. Toutefois, les données de recherches récentes L'aménagement du milieu
indiquent que l'administration d'hormones comme Les personnes aux prises avec des capacités cognitives
l’æstrogène, au contraire, augmente le risque de réduites éprouvent des difficultés à s'adapter à leur
démence (Shumaker et coll., 2003). milieu physique et social, alors que les échanges avec
Les recherches se concentrent aujourd’hui sur le milieu jouent un rôle important dans la détermina-
une variété d’autres agents tels que les acides gras tion de leur bien-être psychologique. L'objectif des
oméga-3, les anticholestérolémiants (statines) et la aménagements du milieu résidentiel est de minimiser
vitamine B,,;elles portent aussi sur la mise au point les conséquences négatives des déficits cognitifs tout
d’un vaccin qui augmenterait la réponse immuni- en utilisant au mieux les capacités préservées. On peut
taire contre les effets de la bêta-amyloïde. penser en effet que les personnes atteintes de démence
Les psychotropes sont la classe de médicaments n'utilisent pas leurs pleines capacités dans de nom-
typiquement utilisés pour traiter les symptômes se- breuses situations, simplement parce que le milieu
condaires de la MA, comme l'agitation, les idées déli- n'est pas organisé pour compenser les déficits ni pour
rantes, l’insomnie ou la dépression. Il s'agit plus solliciter l'utilisation optimale des capacités résiduelles.
184 Les démences

En milieu institutionnel, des unités de vie de taille Les activités réalisées en petit groupe incluent géné-
réduite et qui se rapprochent de celles d’un milieu ralement des exercices physiques, de l’activité musi-
familial (chambre personnalisée, cuisine, salle à cale, de l'artisanat et des discussions. Au cours de ces
manger, participation à la préparation des repas, etc.) activités, on stimule les divers sens de la personne par
réduisent l'agitation et la dépression et favorisent les des expériences visuelles, auditives, gustatives et
interactions sociales;à l'opposé, le bruit et les distrac- tactiles. Les aidants encouragent l'indépendance et les
tions sont néfastes (Calkins, 2001). Le Conseil consul- choix dans les limites des habiletés des patients. Ce
tatif national sur le troisième âge a d'ailleurs formulé type de programme de stimulation sensorielle contri-
des recommandations au sujet de l'hébergement des bue à améliorer le fonctionnement social et la parti-
personnes souffrant de démence (CCNTA, 2004). cipation aux activités.
L'évolution des technologies informatiques offre L'«orientation à la réalité » a été l'une des pre-
de nouvelles possibilités d'aménagement du milieu mières approches psychologiques proposées pour
pour assister les personnes atteintes de démence, en améliorer le fonctionnement des personnes âgées
résidence ou au domicile, et pour satisfaire leurs besoins souffrant de démence et hébergées en établissement
de base (Lawton, 2001). De nombreuses initiatives de de soins (Taulbee et Folsom, 1966). L'objectif est de
recherche tendent à mettre au point des «maisons procurer à la personne une meilleure compréhen-
intelligentes » (Cash, 2003). Le « Gloucester Smart sion de son environnement, ce qui devrait résulter en
House » (Chapman, 2001) est un exemple de ces pro- une amélioration du sentiment de contrôle sur le
jets, où l’on a conçu des appareils pour aider la per- milieu et de l'estime de soi. Dans la forme la plus
sonne à garder le contrôle de son milieu. Entre autres, élaborée de cette intervention, le personnel commu-
un moniteur de cuisinière détecte la chaleur et la nique, sur une base continue, de l'information
fumée, l'éteint automatiquement et envoie un message courante à la personne dans toutes les situations,
téléphonique pour rapporter la situation à un endroit fournissant un commentaire factuel sur ce qui se
prédéterminé ;un détecteur de pression sous les pieds passe à ce moment, rappelant au patient le temps, le
du lit est activé lorsque la personne quitte le lit et illu- lieu et l'identité des personnes présentes. On a aussi
mine le chemin jusqu'à la toilette; un moniteur du recours à des signaux et à des rappels visuels, comme
degré et de la température de l'eau dans la baignoire des tableaux indiquant des renseignements de base sur
les limitent et activent un avertissement vocal. Le la date et le jour de la semaine, les lieux, les activités.
progrès dans l'aménagement des lieux de vie pour les On encourage le personnel à utiliser des phrases
personnes atteintes de démence, à domicile ou en courtes, à stimuler les réponses, à fournir des indices
établissement de soins, est lié au développement de la pour faciliter le rappel, ainsi que des commentaires sur
recherche sur les capacités cognitives, perceptuelles les événements. En plus de ce programme continu,
et psychomotrices des personnes souffrant de démence des réunions en petits groupes peuvent être mises sur
(Charness et Holley, 2001). pied, avec quelques patients et quelques soignants ;
elles sont centrées sur des discussions à propos des
événements courants avec des indicateurs ou des ta-
L'entretien de la communication
bleaux comme aide-mémoire. Cette approche requiert
et de la relation avec le milieu une démarche personnalisée, qui tient compte de la
Certains programmes d'intervention, comme les pro- personnalité, des capacités cognitives résiduelles,
grammes d'activités et la thérapie par le milieu, sont des besoins et des préférences de chaque patient. Si
organisés pour favoriser la stimulation et les contacts l'approche d'orientation à la réalité, dans sa forme
sociaux de la personne atteinte. Les programmes continue, obtient des résultats positifs sur le plan
d’activités-stimulation visent à contrecarrer la priva- cognitif et comportemental, probablement à cause de
tion sensorielle et la monotonie du milieu institutionnel l'augmentation des interactions sociales, on a mis
en le rendant plus stimulant; on souhaite ainsi aug- en doute le maintien de ces gains après l'intervention
menter l'éveil, la participation, l'orientation à la réa- (Spector et coll., 2000). Ces dernières années, d'autres
lité et les relations avec les pairs et avec le personnel. approches comme la thérapie de validation et la
Chapitre 12 185

rééducation cognitive ont supplanté ce type d'inter- La thérapie de la réminiscence menée auprès des
vention. personnes âgées souffrant de démence consiste à dis-
La thérapie de la validation a été développée par cuter avec une autre personne ou en groupe de ses
Naomi Feil dans les années 1960; elle avait constaté, activités et expériences passées, particulièrement des
dans son travail auprès des personnes souffrant de la moments heureux et agréables. Par ces activités, on
MA, l'importance de reconnaître l'authenticité des sen- vise à soutenir l'estime de soi et l'identité, à réduire
timents de la personne malade et son univers émotion- la détresse et à promouvoir les contacts sociaux. Le
nel propre. La validation exige non seulement de format typique de thérapie avec des patients atteints
démontrer de l'empathie pour la personne handi- de démence inclut des séances brèves en petits
capée par ses déficits cognitifs, mais aussi de s’in- groupes, organisées autour d'un thème particulier
téresser à son histoire personnelle et de bien connaître (par exemple, les fêtes de famille) ;on a alors recours
sa famille. Les principes de la thérapie de la valida- à des supports multisensoriels comme des photos
tion sont les suivants (Feil, 1999, 2005): 1) nous d'événements de famille, des objets anciens familiers,
pouvons tous voir et entendre avec notre esprit ; une musique préférée (Goldberg, 2001). Le rôle de
2) lorsque la vision, l'audition et la mémoire des faits l'intervenant est d'amorcer le souvenir par des ques-
récents défaillent, la personne très âgée peut retourner tions, d'écouter, de faciliter la communication et,
dans son passé pour échapper à la solitude; 3) les êtres généralement, d'adopter une attitude de soutien. Il
humains ont plusieurs niveaux de conscience; 4) des semble que ce type d'intervention puisse améliorer le
émotions similaires s’attirent. Une émotion ressentie moral des personnes âgées vivant en établissement,
dans le présent peut déclencher une émotion simi- ainsi que leur fonctionnement cognitif et comporte-
laire vécue dans le passé; 5) la personne très âgée mental en général (Woods et coll., 2005). Lorsque les
utilise souvent des objets ou des personnes du présent aidants naturels participent à l'intervention, ils rap-
comme substituts (symboles) de personnes du passé. portent une réduction de leur sentiment de fardeau.
Une main peut devenir un bébé. Un soignant peut Par ailleurs, les interventions de réminiscence ont
devenir un substitut de la mère; 6) la personne très aussi un effet positif sur le personnel soignant en
âgée, dans sa sagesse, retourne au passé pour se établissement, et en particulier sur la qualité de leurs
guérir elle-même; 7) les sentiments refoulés font soins, parce qu'elles leur permettent de découvrir la
souffrir; et 8) les sentiments, quand ils sont validés, personne derrière la démence à travers son histoire per-
sont soulagés. sonnelle (Woods et McKiernan, 1995).
Sur la base de ces principes, la thérapie de la vali-
dation propose une série de techniques en fonction de
différentes phases de fonctionnement: phase de déso-
Le contrôle des troubles comportementaux
rientation, phase de confusion par rapport au temps, Même si la maladie affecte négativement les capacités
phase de mouvements répétitifs et phase végétative d'apprentissage, le milieu continue d'exercer une
(Feil, 1999, 2005). L'objectif de la thérapie de la influence importante sur les comportements. Certains
validation est de maintenir la communication, verbale comportements que l’on veut promouvoir chez le
ou non verbale, malgré la détérioration physique et patient dément (par exemple, continence, soins per-
cognitive, et de permettre à la personne souffrant de sonnels) (Ylieff, 2000) et ceux que l’on souhaite réduire
démence de terminer sa vie dans la dignité. Du côté (par exemple, errance, agressivité) (Landreville,
du personnel soignant et des aidants familiaux, elle Vézina et Gosselin, 2000) peuvent être pris comme
cherche à entretenir le moral et à favoriser la satis- cibles de l'intervention. La pertinence d'intervenir
faction dans le soin aux patients. Jusqu'à présent, sur ces problèmes de comportement s'explique par le
les évidences attestant l'efficacité de la thérapie de fait qu'ils constituent la source principale du fardeau
validation ne sont pas conclusives. On peut combiner des aidants familiaux et, par voie de conséquence,
cette thérapie à la stimulation cognitive et per- un des motifs les plus fréquents du placement en éta-
ceptuelle dans un programme de prise en charge blissement. De plus, les comportements agressifs
globale (Wenisch et coll., 2005). verbaux ou physiques des personnes atteintes de
186 Les démences

démence en milieu d'hébergement de longue durée Une proportion importante de patients atteints
représentent une cause de détresse psychologique d'Alzheimer manifeste des symptômes de dépression,
et d'épuisement professionnel chez les soignants en particulier lors des phases initiales de la maladie.
professionnels. En plus de représenter une source additionnelle
Dans un programme de gestion du comportement, d'invalidité, la dépression aggrave les troubles
on vise à modifier la fréquence, l'intensité, la durée ou comportementaux. Des symptômes dépressifs chez
la localisation d'un ou de plusieurs comportements ces patients contribuent à alourdir le fardeau des
problématiques, en variant systématiquement les aidants familiaux et à provoquer l’état dépressif
stimuli antécédents et les conséquences. La première chez eux aussi. Une intervention visant à soulager
étape consiste en une analyse neuropsychologique la dépression peut donc s'avérer utile, non seulement

détaillée des capacités cognitives préservées et des pour réduire l'incapacité fonctionnelle des patients,
déficits cognitifs particuliers du patient. Cette éva- mais aussi pour améliorer la qualité de vie des aidants
luation est suivie de l'analyse fonctionnelle du compor- familiaux.
tement, qui inclut une observation systématique du Des interventions cognitivo-comportementales ont
comportement cible, un examen des composantes été adaptées pour traiter la dépression chez des
du comportement problème et des événements qui le
patients présentant des déficits cognitifs (Teri et
précèdent (déclencheurs) et de ses conséquences.
Gallagher-Thompson, 1991). La composante cogni-
Des échelles d'évaluation des comportements peuvent tive de l'intervention vise à aider les personnes à
se révéler utiles. Certaines ont été traduites en français contrôler leurs pensées négatives et à développer des
et présentent une bonne validité et fidélité (Deslauriers perspectives plus constructives sur les situations. La
et coll., 2001; Landreville et coll., sous presse). composante comportementale de l'intervention a pour
objectif d'augmenter les activités plaisantes (Teri et
Ensuite, on élabore soigneusement un plan d'interven-
coll., 1997). Cette intervention comportementale
tion; les contingences qui contrôlent le comportement
inclut souvent la collaboration de l’aidant familial
sont manipulées (renforcées ou retirées) de manière
qui a pour rôle de coordonner les activités du patient,
à augmenter ou à diminuer le comportement cible,
d'inciter et de renforcer sa participation. Gagnon et
selon le cas. Le renforcement positif, tel qu'un sourire
Rousseau (2005) ont fait une synthèse des connais-
ou un compliment, sert à consolider le comportement.
sances actuelles sur l'évaluation et le traitement de la
Ainsi, dans le cadre de l'intervention sur les compor-
dépression associée à une démence.
tements agressifs, le renforcement différentiel peut être
utilisé (Vézina et Belzil, 2006). Il s'agit de récompen-
ser les comportements désirables dans le but de dimi- La prise en charge des déficits cognitifs
nuer les comportements indésirables. L'évaluation des Les approches de stimulation cognitive, comme celle
résultats et l'ajustement des procédures en conséquence de l'orientation à la réalité (voir la section « L'entretien
terminent le programme de gestion du comportement. de la communication et de la relation avec le milieu »,
À ce sujet, il est intéressant de consulter des sources page 184), consistent à solliciter la participation de la
supplémentaires — les chapitres de Landreville, Vézina personne atteinte de démence dans des activités en vue
et Bédard (2005); Landreville et coll. (2000) ;Vézina et d'améliorer son fonctionnement cognitif et social
Belzil (2006); Ylieff (2000) — qui comportent des d'une manière générale. Les interventions de réédu-
exposés plus détaillés des déterminants et de l’éva- cation cognitive sont plus ciblées, s'adressant à des
luation de ces comportements, ainsi que des tech- difficultés cognitives particulières reconnues comme
niques comportementales utilisées pour les modifier. incapacitantes par la personne souffrant de démence
De nombreux cas cliniques témoignent de l'intérêt de ou par un aidant familial.
ces interventions et confirment leur succès; en outre, La mise au point d'une intervention de rééduca-
quelques études contrôlées en démontrent l'efficacité, tion cognitive nécessite une évaluation détaillée des
en particulier dans la réduction de certains compor- composantes déficitaires et des composantes pré-
tements comme l'incontinence et l’errance. servées du fonctionnement cognitif de la personne.
Chapitre 12 187

Pour bien guider l'intervention, cette évaluation personnes en début de démence seraient capables
neuropsychologique doit aussi comprendre une éva- d'apprendre ou de réapprendre de l'information per-
luation de l'étendue du handicap, c'est-à-dire des tinente pour elles, puis d'appliquer ces connaissances
conséquences de ces déficits dans la vie quotidienne. au contexte de la vie quotidienne et de mettre en
Les interventions individualisées de rééducation cogni- place des stratégies compensatoires, comme l’utilisa-
tive s'adressent directement aux difficultés les plus tion d'un aide-mémoire. On pourrait aussi offrir ce
pertinentes pour la personne atteinte de démence et type d'interventions aux personnes qui présentent
pour les personnes de son entourage. un TCL pour les aider à composer avec leur handi-
Bien que les interventions de rééducation cognitive cap cognitif (Van der Linden, Juillerat et Delbeuck,
puissent en principe s'appliquer à une variété de défi- 2004).
cits cognitifs, ce sont surtout les difficultés mnésiques
qui ont été ciblées Jusqu'ici. Si les personnes atteintes
de la MA présentent de sérieux troubles de la mémoire
La personne au centre des soins
épisodique, d’autres capacités comme la mémoire L'approche centrée sur la personne (person-centered
sémantique et la mémoire procédurale sont bien care) est une philosophie de soin de la personne
préservées dans les phases initiales de la maladie. démente qui se démarque d'une gestion purement
On peut donc envisager des interventions qui misent médicale et comportementale des symptômes de la
sur ces aptitudes pour améliorer le fonctionnement maladie (Kitwood, 1993). Comme la définit Brooker
cognitif. Plusieurs raisons justifient une telle interven- (2004), elle comporte quatre éléments fondamen-
tion. Les difficultés de mémoire nuisent à l'estime de taux: 1) valoriser la personne souffrant de démence
soi, provoquent le repli sur soi, la dépression, l'anxiété et ceux qui prennent soin d'elle; 2) la traiter comme
et l'abandon des activités, toutes des conséquences qui une personne à part entière; 3) envisager le monde
augmentent le degré d'incapacité. Des interventions selon sa perspective; et 4) promouvoir un environ-
de rééducation de la mémoire offrent donc le poten- nement social positif favorisant son bien-être. Selon
tiel d'améliorer le bien-être du patient et des membres cette approche, la démence n'est pas une simple
de sa famille, tout en diminuant l'impact des problèmes dégradation du cerveau. La personne atteinte de
secondaires à la démence. démence demeure unique dans sa personnalité, son
Selon Van der Linden et ses collègues (2000), trois histoire personnelle, ses expériences de vie, ses res-
stratégies principales peuvent être adoptées: 1) faci- sources adaptatives et ses relations, toutes des carac-
liter temporairement l'encodage ou la récupération téristiques individuelles dont il faut tenir compte pour
d’une information en tirant parti des facteurs d'opti- la soigner dans une perspective holistique et dans le
misation (par exemple, le codage moteur ou multi- cadre d’un dispositif pluridisciplinaire (Ploton, 1991).
modal de l'information plutôt que simplement verbal; Dans son application concrète, l'approche centrée
le procédé d'imagerie simplifiée) ; 2) apprendre au sur la personne vise à évaluer et à satisfaire les besoins
patient de nouvelles connaissances en exploitant ses particuliers de la personne dans une démarche indi-
capacités mnésiques préservées (par exemple, la vidualisée attentive aux besoins psychologiques que
mémoire procédurale; des aptitudes personnelles sont l'attachement, l'inclusion et l'identité. À ce titre,
dans des domaines de forte expertise comme la elle intègre plusieurs des composantes des interven-
musique) ; et 3) entraîner la personne à utiliser des tions mentionnées précédemment, entre autres la
supports physiques ou des aides externes pour pallier thérapie de la validation et la rééducation cognitive
les fonctions déficitaires (par exemple, un aide- (Woods, 2001).
mémoire). Pour réussir l'intervention, il est capital
qu'un proche y soit activement impliqué.
12.4.3 Le soutien aux aidants familiaux
Les recherches sur l'utilité de ces interventions
présentent un tableau relativement positif, bien que Contrairement à une idée répandue, bon nombre de
les études de qualité restent peu nombreuses (Clare personnes atteintes de démence vivent dans leur
et Woods, 2004). Dans une certaine mesure, les domicile au sein de la communauté, et non dans des
188 Les démences

centres d'hébergement. Cela signifie que les membres de qualité, Thompson et Spilsbury (2002) n'ont pu
de la famille, souvent les épouses et les filles, sont les tirer de conclusion quant à l'efficacité des programmes
personnes responsables du soin. Elles portent un d'intervention pour les aidants familiaux, étant donné
lourd fardeau sur les plans émotionnel et physique, les difficultés de rassembler des données fiables,
qui vient parfois s'ajouter à leurs propres problèmes valides et comparables au sein d’un domaine carac-
de santé (Lévesque et Lauzon, 2000; Pinquart et térisé par la grande hétérogénéité des programmes et
Sürensen, 2003a ;Vézina, Ducharme et Landreville, de leurs objectifs (Lévesque et Lauzon, 2000; Zarit
2005). Les symptômes dépressifs et les troubles et Leitsch, 2001). Toutefois, il semble que les inter-
dépressifs sont particulièrement élevés chez les aidants ventions psychosociales individualisées et flexibles,
familiaux de patients atteints de démence (Cuipers, qui procurent un soutien à long terme, soient les plus
2005). Pour ces raisons, la situation des aidants fami- prometteuses quant à l'efficacité (Mittelman, 2005).
laux a fait l'objet de recherches intensives, parti- Dans ce domaine de recherche, les problèmes
culièrement au cours des deux dernières décennies méthodologiques se révèlent nombreux et complexes:
(Ducharme, 2006 ; Vézina et coll., 2005). absence de cadre théorique pour guider l'intervention,
La gamme d'interventions proposées pour soulager programme d'intervention trop vaste et pas assez
ce fardeau est vaste, allant de l'application de nouvelles intensif, hétérogénéité et nombre insuffisant de par-
technologies pour assister les aidants dans leur domi- ticipants, absence de prise en considération des com-
cile, jusqu'aux services de répit et aux groupes de sou- portements dysfonctionnels de la personne souffrant
tien (Lévesque et Lauzon, 2000). Les chapitres locaux de démence et de la signification de ces compor-
de la Société Alzheimer les répertorient et orientent tements pour les aidants familiaux. Pour pallier ces
les personnes qui en ont besoin vers les ressources défauts, un programme novateur a été mis sur pied
d'aide les plus appropriées dans la communauté. (Vézina et coll., 2005). Ce programme, basé sur le
Les interventions psychosociales pour les aidants modèle de Lazarus et Folkman (1984), met l'accent
familiaux couvrent habituellement quatre domaines: sur l'évaluation des événements et sur les stratégies
1) les évaluations des aidants, en particulier en ce qui adaptatives pour la compréhension de l'adaptation aux
concerne leur compréhension de la maladie, des pro- sources de stress. La première partie du programme
blèmes comportementaux et des incapacités; 2) les a pour objectif principal d'apprendre aux aidants à dis-
habiletés d'encadrement des comportements inap- tinguer les aspects modifiables des situations problé-
propriés du parent malade et les stratégies d'adapta- matiques de ceux qui ne le sont pas. Dans la deuxième
tion à l'égard des autres sources de stress (approche partie, les aidants apprennent à utiliser des stratégies
psychoéducative) ; 3) le soutien émotionnel et les de résolution de problèmes pour composer avec les
conflits personnels; et 4) les ressources dans la com- aspects modifiables et des stratégies de recadrage
munauté (formelles et informelles). des pensées pour composer avec les aspects non modi-
On note de maigres résultats en ce qui a trait à l'effi- fiables. Les résultats préliminaires sont prometteurs
cacité des interventions pour les aidants familiaux. (Hébert et coll., 2003).
Alors que les groupes de soutien visent à améliorer le Les multiples causes de la maladie, ses symptômes
bien-être des aidants, la majorité des études n'enre- nombreux et changeants, les intrications relation-
gistrent aucun changement (Vézina et coll., 2005). Les nelles du système conjugal et familial représentent un
résultats des études portant sur les interventions à grand défi pour l'aidant professionnel qui souhaite
caractère essentiellement psychoéducatif sont aussi intervenir le plus efficacement possible dans le respect
mitigés (Vézina et coll., 2005). À l'issue d’une revue des deux parties, la personne malade et ses proches
de seulement six études qui respectaient leurs critères (Gaucher, Ribes et Darnaud, 2004).
Chapitre 12 189

+ _La démence se caractérise par une perte progres- e Aucun traitement spécifique et efficace n'existe
sive de la mémoire et des autres fonctions cogni- actuellement pour soigner la MA. Une com-
tives, comme le jugement et la pensée abstraite, binaison d'interventions pharmacologiques et
au point que la personne démente est incapable psychosociales vise à aider le patient, les pro-
de vivre de façon autonome et qu'elle perd la fessionnels de la santé et les aidants familiaux
capacité de communiquer avec autrui. à composer avec la maladie.
La démence afflige 8% des personnes âgées de Les traitements pharmacologiques tentent de
plus de 65 ans au Canada. Plus de la moitié des ralentir le déclin cognitif et de diminuer les
personnes atteintes souffrent de la maladie symptômes comportementaux.
d'Alzheimer. L'aménagement du milieu physique et social,
Les cerveaux des personnes atteintes de la MA l'entretien de la communication et de la relation
présentent des changements caractéristiques : (stimulation cognitive et sociale, orientation vers
dégénérescences neurofibrillaires, plaques la réalité, validation, réminiscence), le contrôle
séniles, surproduction d'amyloïde. Ces modifi- des troubles comportementaux et la rééducation
cations sont présentes dans des zones du cerveau cognitive sont parmi les programmes les plus
qui jouent un rôle critique dans le fonction- fréquemment utilisés dans l'intervention auprès
nement cognitif. des patients souffrant de démence.
L'âge est le facteur de risque le plus évident L'approche centrée sur la personne est une
pour la MA, la prévalence doublant tous les philosophie intégrative de soins caractérisée par
5 ans après l’âge de 65 ans. une démarche individualisée attentive aux
Dans l’état actuel des connaissances, les autres besoins psychologiques que sont l'attachement,
facteurs de risque pour la MA sont: présenter l'inclusion et l'identité de la personne souffrant
une histoire familiale de démence, détenir un de démence.
faible niveau de scolarité, être de sexe féminin, Le soutien aux membres de la famille qui prennent
avoir subi un traumatisme crânien, souffrir d’hy- soin de leur parent malade et qui en portent le
pertension systolique. fardeau constitue une composante essentielle
D'autres troubles neurologiques pouvant causer des interventions dans le cadre de la MA.
la démence sont: la démence vasculaire, la mala- Les interventions les plus prometteuses pour
die de Pick, la maladie de Parkinson, la démence assister les aidants familiaux mettent l'accent
à corps de Lewy. sur l'apprentissage de stratégies comportemen-
La présence d’un trouble cognitif léger pourrait tales et cognitives pour composer avec le stress
augmenter le risque de déclenchement ultérieur et les comportements dysfonctionnels associés
d'une démence. à la démence.
190 Les démences

Suggestions de lecture
Aging and Mental Health (2001). The contextual world of Landreville, P., Rousseau, F, Vézina, J. et Voyer, P. (dir.).
the person with Alzheimer's disease :Social and behavioural (2005). Symptômes comportementaux et psychologiques de la
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Brouillet, D. et Syssau, A. (2005). La maladie d'Alcheimer: Qizilbash, N., Schneider, L.S., Chui, H., Tariot, P., Brodaty,
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Index des auteurs
Baddeley, A.D., 70 Bierman, E.J.M., 62

Aarsten, M.J., 60 Baikie, E., 40 Binet, AÀ., 46-47

Adams, D.L., 113 Balaswamy, S., 100 Binstock, R.H., 12

Adkins, G., 90 Baldwin, R.C., 153 Birkhill, WR., 62


Agossou, D., 5 Ball F, 112-113 Birren, J.E., 88
Aguerre, C., 95 Ball, K., 64, 76 Bisconti, I.L:, 99
Alain, M., 118 Baltes, M.M., 96, 104 Blanchet, S., 181
Albert, M.S., 75 Baltes, P.B., 49, 53-54, 58, 60, 63, 88, Bland, R., 149
90, %6, 104
Albrecht, R., 100, 103 Bland, R.C., 148
Baltimore Longitudinal Study, 81
Aldwin, C.M., 84, 90 Blazer, D.G., 146, 149-153, 166
Banks, M.R., 140
Alexopoulos, G.S., 146, 153, 167 Bohlmeïjer, E., 154
Banks, W.A., 140
Alfermann, D., 101 Bonanno, G.A., 112
Barron (CR. 169
Allen-Burge, R., 75 Boring, E.G., 47
Bartholomew, D.J., 46
Alpass, FM. 130 Bossé, R., 118-119
BASE (Berlin Aging Studies), 53-64,
Alzheimer's Disease and Related Boston Normative Aging Study, 81, 90
58-59, 94
Disorders Association (ADRDA), Bosworth, H.B., 32
176-1777 Bass, D.M., 114
Botwinick, J., 46, 51, 53, 62
Alzheimer, A., 175 Baumeister, R., 103
Bouchard, C., 161-162
American Psychiatric Association Bayley, N., 53
Bouffard, L., 95-97
(APA), 111, 144, 176 Beaupré C., 138
Bourcier, L., 9
Anderson, B., 19 Beautrais, A.L., 165-166
Andersson, L., 131, 133, 136 Beck, AT, 154 Bourque, P., 98
Bowling, A., 96
Aneshensel, C.S., 150 Bédard, A., 186
Angus, J., 8 Beekman, A.T., 149-152 Bowling, A\P,152,133, 137, 139

Anstey, K.J., 60-61 Belleville, S., 177 Bowman, K., 114

Apfeldorf, W., 146 Belzil, G., 186 Bradburn, N.M., 96

Arboleda-Florez, J., 164 Bender, K.A., 118 Brandtstädter, J., 84

Arbuckle, T.Y., 75, 90 Benito, P.A., 70 Brant, B.A., 163

Areän, P.A., 154 Benjamin, B., 110 Bravo, G., 176

Arenberg, D. 81 Bennett, D.A., 180 Breckenridge, J.S., 155


Arling, G., 138 Bennett, K.M., 99 Brennan, M., 27

Artero, S., 182 Bennett, R., 139 Brooker, D., 187

Association américaine des personnes Bennett, T.A., 164, 166 Brown, G.K., 168
retraitées (AARP), 33-38 Berg, S., 61, 132-133, 138 Browne, J., 11
Atchley, R.C., 103, 115-117 Bergeman, C.S., 99 Bruce, A., 146
Atkinson, R.C., 68 Bergman, M., 25 Bruce, M.L., 152, 169-170
Berkman, L.F,, 150 Burholt, V., 133
Berntsen, D., 74 Burroughs, H., 146
Bachino, C., 124 Berthelot, M., 6 Burt, C.L., 47
Bäckman, L., 61 Bherer, L., 61 Busse, E.W., 53, 147
218 Index des auteurs

Butler, R., 11, 154 mentale des aînés, 153 DeMaris, A., 110, 113
Butler, R.N., 38 Cohen, G., 72, 74 Denton, M. 115
Butterworth, P., 149 Colcombe, S., 61, 75 Derouesné, C., 181
Byrne, G.J.A., 110 Colette, F., 70 Deslauriers, S., 186
Collins, A.K., 164, 166 Desrochers, C., 118
Conrad, H.S., 50 Desselle, D.D., 25-26
Cacciatore, F, 19 Conseil consultatif national sur Diehl, M., 84
le troisième âge, 8
Cacioppo, J.T., 130 Diener, E., 94-96, 98-100
Conway, K.P, 121
Caine, E.D., 124, 166-167 Dittmann-Kobhli, F., 63-64
Conway, M.A., 72, 75
Calkins, M.P., 184 Djernes, J.K., 152
Cameron, L.D., 126
Conwell, Y., 165-167
Domittner, G., 113
Camirand, J., 6 Cooper, A.F, 26
Doppelt, J.E., 50-61
Campbell, A., 26-27 Cooper, C.L., 114
Douglas, K., 81
Canadian Coalition for Seniors’ Copeland, J., 149
Drentea, P,, 119
Mental Health, 182 Costa, PT, 81-83
Drummond, R.S., 21
Caplovitz, D., 96 CO PR 0
Drummond, S.R., 21
Cappeliez, P., 76, 121, 144, 147-148, Coyle, N., 84
152-154 Duberstein, P.R., 166-167
Crak, FLM, 70, 72-73
Cr DS Ducharme, F., 188
Crews, E.J., 20, 26-27
Carstensen, L.L., 84, 102, 104, 136 Dupan, E,133,137
Crowley, J.E., 118
Carter JU? Duke University, 53-54, 81
CSHA Working Group, 174, 178, 180
Cash, M., 184 Dumont, C., 9
Cuipers, P., 154-155, 188
Caskie, G.I.L., 61 Dupras, À, 39
Culberson, J.W., 33
Caspi, A., 84-85 Dutton, G.N. 21
Cumming, E., 103
Catania, J'A,, 41 Dykstra, P.A., 136-138
Cunningham, WR., 53
Cattell, R.B., 49, 58
Curtis, R°, 126
Cavanaugh, J.C., 75-76
CCNTA, 182, 184
Eaton, W.W., 150
Ceccaldi, M., 177
Dalton, S.D., 25-26 ECA-NIMH, 149
Chapman, A., 184
Darnaud, T., 188 Eisdorfer, C., 54
Charness, N., 74
Chr PI 4165 Davey, À. 119 Ekerdt, D.J., 118

Chopra, M.P, 151 Davies, H.D., 40 Elias, M.F, 61


Christensen, H., 75 De Boer, MR, 19 Élston, CH, 177
Chu RC AG De Grâce, G.-R., 138 Engels, G.I., 154-155
Ciechanowski, P., 121, 124 De Jong Gierveld, J., 134, 136-138 English Longitudinal Study of Aging,
Clare 12,187 De la Torre, J.C., 180 132

Clark, 1 A7296 Deakin, J., 62 Erikson, E.H., 80, 86-87, 126


Clark VA 150 Dean, L.R., 136 Erikson, J.M., 86

Clark, W., 131 Delbeuck, X., 187 Erlangsen, A., 112


Cl PAS T0 Delisle, M.-A., 132 Ersek, M., 125
Clifford, D., 133 DelVecchio, W.F,, 82 Eurostat, 4
Coalition canadienne pour la santé Demakakos, P., 132, 136-139 Evans, GR,7,9
Index des auteurs 219

Gardner, H., 46 Hansson, R.O,. 110, 112


Gass, K.A., 114 Harrington, D., 41-42
Pacal, J,, 2
Gates, G., 21, 23, 25-26 Harter, M.C., 121
Faye, E.E., 17
Gaucher, J., 188 Harwood, D., 166-167
Feil, N., 185
Gee, E.M. 7-8 Hasher, L., 72
Feinson, M., 150
Gelfand, M.M,., 31 Élévens Bb 71157169
Fernandez, M.E., 118
Geller, J., 130 Havighurst, R.J., 95-96, 100, 103
Ferri, C.P., 174
George, L.K., 81, 96, 149 Hayslip, B., 63
Ferris, S.H., 176
Gerson, A.C., 138 Hébert, R., 17, 180, 188
Fidler, J., 132-133
Ghisletta, P., 60-61 Heckhausen, J., 84, 88-89
Field, D., 83, 87
Gibson, D.E., 8 Hedden, T,, 72
Finkel, D., 53, 60
Gilhome-Herbst, K., 26 Heisel, J.M., 167
Finkenaueur, C., 103
Gilmour, H., 9 Heithoff, K., 149
First, M., 146
Giltrow, M., 88 Helliwell, J.F., 94, 98-99, 102
Fleeson, W., 88
Girouard, D., 176 Helsing, K.J., 110
Flynn, JR. 54
Glenn, N.D., 9% Helson, R., 83-84
Folkman, S., 113, 124, 188
Godbout, L., 2 Hemberg, M., 41
Folsom, J.C., 184
Goldberg, A., 185 Henderson, A.S., 149-150, 152
Folstein, M.F, 176
Goleman, D., 46 Henrard, J.C., 11
Folstein, S.E., 176
Goodrich, L.G., 20 Henripin, J., 2
Ford, J.R,, 110
Goossens, L., 73, 77 Henry, W.E,., 103
Fortin, A., 168
Gosselin, N., 185 Hertzog, C., 75
Horn P 2 7
Foster, J.C., 50
Grave Hess, AM, 76

Fox, P.L., 124 Green, E.E,., 76 Heyl, V., 20, 26


Franssen, E., 176 Green, L., 161, 165 SU cf atbhil

Frerichs, R.R., 150 Green, L.R., 136 Hillman, J.L., 39


Freud, S., 80, 85, 94 Gregory, N. 11 Hilton, J.L., 10
Freund, A., 104 Greve, W., 84 Himmelfard, S., 150
Friedman, H.S., 90 Gross, J.J., 84 Hofland, B.F, 63
Fries, J.F,, 8 Creer Holden, K.F,, 183
Fuhrer, R., 150 Guilford, J.P., 49 Holley, P., 184
Fuyita, F,, 98 Guillemard, A.-M., 103, 115 Holmén, K., 133, 139
Fung, H.H., 84 Guirguis, M., 154 Holmes, T.H., 108-109, 118
Gussekloo, J., 20 Holte, A., 32
Hooker, K., 87-88

Gabriel, Z., 96 Horowitz, À., 19, 26-27

Gagnon, N,., 186 Hagberg, B., 99 Hoyer, W.J., 59


Gallagher, D., 1565 Hagberg, M., 99 Hughes, D.C., 149
Gallagher, D.E., 111, 113 Hayar, R.R., 41 Hultsch, D.F, 75
Gallagher-Thompson, D., 155, 186 Hammer, M., 75 Hummert, M.L., 68, 75
Gallo, J.J., 149, 162 Hanley-Peterson, P., 155 Humphrey, C., 26

Galton, EF, 47 Hansen, L., 158 Hybels, C.F., 152-153


220 Index des auteurs

Katon, W., 121, 124 Les DM, 27


Kaufman, A.S., 58 Lee, G.R., 110, 113
Igier, V., 89
Kelchner, S.E., 11 ee Ko ul
Inserm, 164
Kemp, C., 126 Lee, P., 26
Institut canadien des actuaires, 9
Kendig, H., 11 Lefrançois, R., 7
Institut de la statistique du Québec,
Kessler, L.G., 150 Légaré, J., 6
163
Kiely, M.C., 139 Leitsch, S.A., 188
Ipsos Descarie, 94
King, H., 140 Lemaire, P., 54, 59
Ivers, OR, 19
Kington, R., 26 Lenoir, R., 103
Kinsella, K., 6 Leventhal, H., 126
Kitwood, T., 187 Lévesque, L., 147, 188
Jackson, G.R., 18
Kivett, V.R., 133, 137 Levy, R.B. 11
Jacoby, S., 34
Kivnick, H.Q., 86 Lévy, J,,11,39
Jadad, A.R,, 124
Kleemeier, R.W., 61 Lewis, M.I., 38
Jakobsson, U., 124
Klerman, G., 154 Licht-Strunk, E., 148-151
Jang, Y., 126
Kliegl, R., 59, 63 Pin, WE,20
Jensen, S.B., 36, 38
Koenig, H.G., 151 Lindenberg, S., 99, 113
Jeste, D.V., 146, 151
Kolarz, C.M., 94, 98 Lindenberger, U., 53-54, 58-61
Jobe, J.B., 64
Kolodny, R.C., 30 Lineweaver, T.T., 76
Johansson, B., 75
Kozma, AÀ., 95-97 Lipman, À., 163
Johnson, C.S.J., 101
Johnson, J.L., 134
Kramer, A.F, 61, 75 Little, J.T., 155

Johnson, V.E., 30-33


Kramer, SE, 25,139 Little, T.D., 94

Jones, C.J., 83
Krishnan, K.R.R., 152 Litwin, H., 102

Jones, H.E. 50 Krueger, J., 89 Cobo Aire

Jones, R.W., 182 Kunzmann, U., 94, 98 LoCastro, JS. 118

Jonker, C., 75 Kuo, W.-H., 162 Lockenhoff, C., 11


Jorm, A, 147, 149, 152 Kusch, K., 115 Lockhart, R:S., 70
Joshi, P,1138 Kwan, V.S.Y., 84 Lopata, H.A., 137
Juillerat, A.-M., 177, 187 Lopez, DE, 90
Jung, C.G., 80, 85 Lorge, I., 10
Juurlink, N.D., 165-166 Labouvie-Vief, G., 84 Lôüvden, M., 60-61
Jylhä, M. 133-134, 136-137 Lachman, M.E,, 76, 84 Encas 1R 15295

Lamprecht, H.C., 167 Lunn, M. 54

Landreville, P., 153, 185-186, 188 Lupsakko, T., 26-27

Kahana, E., 100 Langer, E, 11 Lusczk, M.A., 60

Kahana, M.J., 73 Langlois, S., 161, 163 Lusyne, P., 110-111

Kabn R°E.,96 Lapierre, S., 96-97, 118 Lutsky, NS, 10

Kahneman, D., 94-95 Lauzon, S., 147, 188 Lyness, J.M., 124

Kaltman, S., 112 LaVoie, D.J., 72


Kamel, H.K., 41 Lawton, M.P,, 96-97, 184
Kane, MN. 11 Lazarus, R.S., 113, 124, 188 MacBride, A., 119
Kastenbaum, R., 164 Lebowitz, B.D., 153 MacDonald, S., 61
Index des auteurs 221

Mack, B.J. 61 Millar, W.J., 16-17 Nilsson, L.-G., 75


Mackin, R.S., 154 Mülls, JE, 21 232526 Ninn,S:, 432
MacMahon, B., 166 Müillsap, R.E., 83, 87
Malmstrom, T., 72 Minichiello, V., 11
Manton, K., 7 Mireles, D.E., 74 O'Connell, H., 161, 165, 167
Manzoli, L., 110 Mishara, B., 164 O'Connor, D.W., 146
Marcoen, À., 73, 77 Mittelman, M., 188 O'’Rourke, N., 99, 113
Markides, K.S., 114 Mojtabai, R., 152 Oates, G., 75
Markus, H.R., 84 Moller, B.M., 25 Oden, M.H., 53, 90
Martin, L., 139 Montano, J.J., 14, 26 Okun, M.A., 81, 102
Martin, M., 59 Morrison, P., 161, 163 Okun, M.S., 124
Martin, P.,, 90 Moss-Morris, R., 126 Oldehinkel, A.J., 124
Masters, W.H., 30-33 Moustakas, C.E., 131 Olfson, M., 152
Matthews, A.M., 112, 118 Mroczek, D.K., 94, 98 ONU, voir Organisation des Nations
Matthias, R.E., 36, 38 Mulatu, M.S., 75 Unies (ONU)

Mattiasson, A.C., 41 Mullet, E., 89 Organisation de coopération et de


Mulligan, M.A., 139 développement économiques
May, C.P, 72
(OCDE), 158-159
Mayer, J.D., 46 Mullins, L.C., 133, 137-139
Organisation des Nations Unies
Maylor, E.A., 72 Murphy, E., 153
(ONU), 2
Mayr, U., 59 Murrell, S.A., 150
Organisation mondiale de la santé
McAdams, D.P., 87-88 Mushel, M., 138 (OMS), 124, 130, 144, 148, 160
McCrae, R.R., 81-84 Mutran, E.J., 118 Ormel, J., 26, 99, 113
McDaniel, S.A., 4 Myers, J.K., 149 Orn, HT, 149
McDonald-Miszczak, L., 75 Myers, RJyII7 Osgood, N.J. 163
McFarland, C., 88 Myles, J.F,, 8 Ostbye, T., 149, 152
McGuire, C.L., 75 Owens, W.A., 53
McGwin, G., 18 Ovwsley, C., 18
McHugh, PR. 176 National Council on the Aging
Mcellvane, J.M., 126 (NCOA), 132
National Institute of Aging, 81
Mclntosh, J.L., 161 Page, H., 110-111
National Institute of Mental Health,
McKahn, G., 176-177 Palacios, R., 131
149, 153-154
McKiernan, F,, 185 Palmore, E., 11, 19
National Institute of Neurological and
McLanahan, S., 96 Communicative Disorders and Park, 10:72
McNeil, J.K., 95 Stroke (NINCDS), 176-177 Park, D.C., 60
McShane, R., 183 Nazroo, J., 132 Park, 419
Mehrotra, C., 62-63 Nerenz, D.R., 126 Parlee, M.B., 136
Mehta, K.M,., 26 Netz, Y., 101 Pasupathi, M. 11
Meredith, W., 83 Neugarten, B.L., 96 Patterson, C., 182
Merikangas, K.R., 121 Neville, S., 130 Pearson, J.L., 168
Metter, E.J., 83 Newman, S.C., 148-149 Penninx, B.W., 130, 139, 151
Miles, C.C., 50 Nicol-Smith, L., 32 Peplau, L.A., 131, 134, 136
Miles, WR,, 50 Nieboer, A., 99, 113 Perlman, D., 131, 134-135, 138
222 Index des auteurs

Pfeiffer, E., 147 Ribes, G., 188 Schooler, C., 75


Bhilblad, CT, 113 Richardson, V.E., 100 Schover, L.R., 36, 38
Philipps, DR. 6 Ried, D., 150 Schuknecht, H.F, 24
Piaget, J., 80 Riges, K.M., 76 Schulz, R., 84, 113
Pinquart, M., 98-99, 101, 136-139, Ritchie, K., 182 Scout
154-155, 188 Roberts, B.W., 82-85, 87 Schwarz, N., 94-95
Piolino, P., 74 Roberts, R.E., 152 Scioh, À., 126
PAnas, L:.G:, 150 Robertson, AÀ., 8 Scollon, N.C., 95
Pleydell-Pearce, C.W., 75 Robinson, R.G., 153 Seattle Longitudinal Study, 54-57, 63
Ploeg, J., 140 Rodin, J., 11 See, S.K., 76
Ploton, L., 187 Roff, S., 168 Seron, X., 74, 76
Poon, L.W., 74, 90 Rokach, A., 134 Seshamani, M., 7
Préville, M., 165-166 Rosewarne, R., 146 Shéafor, B,, 97
Pritchard, C., 158 Rosow, I., 115 Sheldon, C.T., 148
Proctor, KL, 25-26 Ross, M., 88 Sheldon, J.H., 133
Pugh, T.F, 166 Rousseau, F., 186 Sheppard, H.L., 133
Putnam, R.D., 94, 98-99, 102 Roux, C., 147 Sherriff, F., 183
Pyrek, J., 19 Rowe, J.W., 95 Shiffrin, R.M., 68
Rowe, S.L., 151 Shiner, R.L., 84
Rubenowitz, E., 165-166 Shiovitz-Ezra, S., 102
Qizilbash, N., 182 Rubin, D.C., 74 Shumaker, S.A., 183

Quan, H., 164 Russell, D.W., 130, 134 Siegler, L.C., 53, 81
Ryan, E.B., 76 Simon, T., 47

Ryff, C.D., 96 Singer, T., 54, 58


Sink, K.M., 183
Rabbitt, P., 54, 62
Sloan, F.A., 19-20
Radloff, L., 148
Small, B.J., 61, 75,83
Rahe, R.H., 108-109, 118 Saczynski, J.S., 63
Smit, F,, 154
Rahhal, T.A., 74 Sahb, E., 161, 165
Smith, J., 90, 94, 98-99, 102
Raina, P., 124 Salovey, P., 46
Srnuth, FC 19
Ramage-Morin, P.L., 9 Salthouse, T.A., 25, 59-60, 72
Smith, P.J., 26
Rapaport, M. 151 Samson, J.M., 39
Snowdon, J., 149
Raphael, B., 110 Sanchez, L., 60
Snyder, L.H., 19
Reeve, P., 8 Santé Canada, 31-32
Sôrensen, S., 98-99, 101, 136-139,
Reich, J.W., 101 Sardon, J.-P, 6
154-155, 188
Reinhardt, J.P., 126 Sastre, A.A., 183
Spearman, C., 47-48
Reisberg, B., 176, 179 Saveman, B.I., 99
Spector, À.,:15, 17
Reitzer, D.C., 118 Savikko, N., 132-133, 136-139 Spilsbury, K., 188
Reker, G.T., 97 Saxton, J., 61
Spinner, B., 138
Renaud, M. 61 Schaie, K.W., 54-55, 57, 61-64, 90 St-Laurent, D., 161-162
Revenson, T.A., 134 Schleifer, S.J., 110 Starr, B.D., 34
Reyes-Ortiz, C.A., 20 Schneider, L.S., 153 Statistique Canada, 3-6, 94, 98, 120,
Reynolds, C.F.,, 155 Schoevers, R.A., 149 122-123, 125, 148, 149
Index des auteurs 223

Staudinger, U.M., 90 Turner, J.A., 125 Wenger, G.C., 133


Steele, D.J., 126 Turvey, C.L., 110, 152, 165-166 Wenisch, E., 185
Steffens, D.C., 149, 166 Werner-Wahl, H., 20, 26
Stern, W., 47 Whitbourne, S.K., 24, 87
Sternberg, R.J., 47, 49 White, C.B., 41
Unützer, J., 153-154
Sterns, A.N., 154 White, H., 140
Stewart, M., 140
Wilcox, S., 110
Stoll, O. 101
Valentijn, S., 60, 63 Wilhelmson, K., 165
Stones, M.J., 95-97
Van der Linden, M., 70, 74, 76, 177, Wilkie, F., 54
Strack, F, 95
187 Wilkins, K., 6
Strawbridge, W.J., 25-26
Van Tilburg, T., 134, 136 Williams, C.D., 150
Stricker, G., 39
Veenhoven, R., 97 Williams, M.E., 14
Stroebe, M.S., 110, 112-113
Verhaeghen, P., 59, 73, 77 Willis, S.L., 61, 63
Stroebe, W., 110, 112-113
Vermey, M., 154-155 Wilson, R.S., 61, 180
Stuen, 17
Veterans Administration à Boston, 81 Windle, G., 98
Sunderland, T., 38
Vézina, J., 10, 111, 151, 154, 185- Wingfield, AÀ., 73, 76
Szanto, K., 162-163, 166
186, 188
Szinovacz, M.E., 119 Women's Health Initiative (WHI),
Victor CSI 155401867159 31-32
Szklo, M. 110
Viechtbauer, W., 83 Wong, D., 54
Voléns Raul Wood, V., 97
Volkers, A.C., 147
Woodruff, D.S., 88
Takeda, A., 182-183 Von Hippel, W., 10
Woods, B., 185
Tan RS 05 Von Sanden, C., 61
Woods, R.T., 98, 187
Taulbee, L.A., 184 Voyer, L., 111
Wright, K., 150
Taylor, G.A., 50
Wright, L.K., 40
Tellegen, A., 96
Teng, E.L., 176 Wylie, M.L., 97
Waern, M., 164-167
Teri, L., 186
Walker, B.L., 39, 41-42
Terman, L.M., 47, 90
Wallace, K.A., 99-100
Thiagarajan, M., 19 Yaffe, K., 183
Wallace, W.L., 50-561
Thoits, P.A., 150 Yesavage, J.A., 151
Wallis, C., 110
Thompson, C., 188 Nip, 1602
Walton, K.E., 83
Thompson, L.W., 110, 155 Ylieff, M., 185-186
Thompson, S., 131 Walz, T., 38
Young, M. 110
Thurstone, L.L., 47, 49, 55 Watson, D., 9%

Tien, A.Y., 162 Watt, L.M. 154

Tobin, S.S., 96 Watts, R.L., 124


Wechsler, D., 46-47 Zacks RD, 72
Tomaka, J., 131
Townsend, P., 133, 138 Weiner, M.B., 34 Zalaquett, V.P., 154

Tremblay, R., 6 Weinstein, E.B., 26 Zarit, S.H,75, 188

Tsoh, J., 165, 167 Weiss, R.S., 131 Zaudig, M., 181
Tuckman, J., 10 Weissman, M.M., 149 Zautra, AJ, 101
Tunstall, J., 133 Wells, C.E., 147 Zimprich, D., 59
Index des sujets
Androgynie, 85 Besoin(s)
Andropause, 32 de rapports sociaux, 141
Acceptation de soi, 96
sexuels, 40-42
Accident vasculaire cérébral Animal de compagnie, 141
Bibliothérapie, 154
(AVC), 152 Antidépresseurs, 153-155, 183
Accommodation, 16-17 Antioxydant, 183 Bien-être, 84, 94, 111
paradoxe du, 94
Activité(s) Anxiété, 19, 26, 38, 62-63, 90, 94,
psychologique, 88, 90, 96, 99, 118
formelles, 102 115,146, 167,175,187
subjectif, 94
informelles, 102 Anxiolytiques, 183 activités physiques et sociales et,
physique, 61, 100-101
Apolipoprotéine, 178 100-102
sérotoninergique, 166
Appareils auditifs, 26 âge et, 98
sexuelle, voir Sexualité
définitions du, 95
sociale, 101-102 Approche centrée sur la personne,
état de santé et, 102
Acuité 187
mesures du, 96-97
auditive, 60 Aptitudes niveau socioéconomique et, 98-99
diminution de |, 146 intellectuelles, 47, 54-55 personnalité et, 99-100
visuelle, 60 physiques, 98 recherche sur le, 94-96
diminution de 1, 17-19, 104, 146 Arc sénile, 16 satisfaction des conditions
Adaptation Arthrite, 100, 124, 165 de vie et, 102-103
à la maladie, 124, 126 rhumatoïde, 124, 126 sexe et, 98
physique, 124 statut matrimonial et, 99
Arthrose, 119
cognitive, 75 stresseurs et, 100
Athérosclérose, 180
difficultés d’ 126 Bien-vieillir, 95
Attentes face à la retraite, 117
Administrateur central, 69-70 Bioflavonoïdes, 180, 183
Attitude (s)
Adult Development and Enrichment Bonheur, 95
âgiste, voir Âgisme
Project, 63
concernant la sexualité, 38-39, Boucle phonologique, 69
Advanced Cognitive Training
for 41-42
Independent and Vital Elderly Bouffées de chaleur, 31-32
envers les personnes âgées, 10-11
(ACTIVE), 64 positive, 96
Affections neurologiques, 124 Attrition, 54
Âge Audition, 21-22, 139, voir aussi Calaification, 24
bien-être subjectif et |, 98 Oreille
chronologique, 2 Canal
troubles d, 21-23, 25-26, 102, auditif, 22-23
intelligence et |, 50-57 125-126, 139
médian de la population, 4-5 cochléaire, 23
vieillissement et, 23-27
mental, 47 Canaux semi-circulaires, 22-23
Autonarration, 87
sentiment de solitude et 1, 136 Cancer, 61, 119, 140, 152, 159, 165
Autonomie, 96, 139, 153, 167
Âgisme, 11-12, 50, 62, 158, 164 Caractère consciencieux, 81-84, 89,
Autopsie psychologique, 164-165
Agitation, 167 100
Autorégulation, 87
Agressivité, 175, 185 Cardiopathie, 180
Autorépétition, 69
Aidants familiaux, 140, 187-188 Carences nutritionnelles, 147
Autostimulation, 34-35, 39
Alarmes visuelles, 26 Cas-témoins, 164-165
Alcool, 114, 152, 167
Cataractes, 16-17, 19
Alcoolisme, 36, 147
Cellule(s)
Aménité, 8, 82-84, 87, 89, 100 Baby-boomers, 7, 118 cihées, 23
Amnésie de la source, 73 Bâtonnets, 16, 18 photoréceptrices, 16, 18
226 Index des sujets

Center for Epidemiologic Studies Concentration, manque de, 147 Démence, 144, 174-176, voir aussi
Depression Scale (CES-D), Maladie(s) d'Alzheimer, voir aussi
Conditions de vie, 119
148, 151 Maladie(s) de Parkinson, voir aussi
Cônes, 16, 18 Maladie(s) de Pick
Centre d'hébergement, 124, 137,
140, 163 Confiance en soi, 113 à corps de Lewy, 174, 181
de longue durée, 40-42 Conflits interpersonnels, 100, 154 frontotemporale, 180
sexualité dans un, 40-42 intervention pour le traitement de
Constipation, 146 la, 182-188
Cérumen, 23
Contacts, sentiment de solitude et, sexualité et, 40-42
Changements 138-139 symptômes de, 147
de l'intelligence, 57-62 vasculaire, 174, 180
Continuité équilibrée, 103
de la personnalité, 88-89
Contrôle Dépendance, 19, 117, 147
liés à l'âge, 52
ontogénétiques, 52, 58 degré de, 138 Dépression, 19, 26, 32, 38, 94, 110,
physiologiques, 30-33 des troubles comportementaux, 118, 121, 124, 126, 144, 167, 181,
sensoriels, 14 185-186 183-184, 186-187
auditifs, 23-27 externe, 113 dépistage de la, 151-152, 169
visuels, 16-21 perception de, 99, 113 diagnostic de la, 145-147
sexuels, 38 sentiment de, 134 épidémiologie de la, 147-151
Cornée, 14-18 facteurs de risque de la, 151-153
Chiasma optique, 14
majeure, 144-145, 148-151, 165
Choc émotionnel, 110 ee oc masquée, 146
Chute terminale, 61 Corrélations test-retest, 81, 83 mineure, 144-145, 150-151, 165
Cialis, 34 Cortex occipital, 14 psychotique, 153
récurrence de la, 155
Classification internationale des Corticostéroïdes, 147
sévère non psychotique, 153
maladies, des troubles mentaux Counseling, 153 sous-syndronale, 144
et comportementaux (CIM), 144,
Courrier électronique, 26, 140 symptômes de, 27, 32, 111, 119,
146, 148
121, 124, 145-147, 151, 155, 165,
Classification internationale du Cristallin, 14-18
167, 186, 188
fonctionnement, du handicap Croissance personnelle, 96 systèmes de classification de la, 144
et de la santé, 124 taux de, 121
Croyances
Climatère, 30, 32-33 concernant la sexualité, 38 traitements de la, 153-155, 169
Cochlée, 22-24 négatives, 75 vasculaire, 153
religieuses, 167 Désengagement, 103
Coefficient de stabilité, 81
Cycle menstruel, 30-31 Désespoir, 86
Colère, 38
Communication, problèmes de, 25 Détresse psychologique, 111-112

Compensation, 104 Deuil, 154


conjugal, 110-112
Comportements Décès, voir Mortalité
agressifs, 185-186 Développement
Dédifférenciation, 58
autodestructeurs de la personnalité, 85-87
directs, 164
Déficiences sensorielles, 139 du moi selon Erikson, 86-87
indirects, 163-164 Déficit(s) Diabète, 17, 36, 119, 121, 124, 180
physiques, 185 auditifs, 25
Diagnostic and Statistical Manual of
sexuels, 41 cognitifs, 186-187
Mental Disorders (DSM), 144-145,
suicidaires, voir Idées suicidaires, d'inhibition, 72 148
voir Suicide mnésiques, 76-77
DSM-III, 148
troubles de, 175-176, 185-186 sociaux, 134
verbaux, 185 DSM-III-R, 110, 148
Dégénérescence(s)
Composite International Diagnostic maculaire, 18 DSM-IV-TR, 144, 146, 148, 176, 178
Interview (CIDI), 148 neurofibrillaires, 175 Diagnostic de la dépression, 145-147
CIDI-SE, 148 Degré de contrôle, 138 Diagnostic Interview Schedule (DIS), 148
Index des sujets 227

Différenciation, 54 Entraînement

Difficultés d'adaptation, 126 de la mémoire, 72-73, 77


intellectuel, 62-64 Facteur
Diminution de l'’acuité
Entretien diagnostique standardisé, 148 général, 48
auditive, 21, 23, 25, 146
s, 48
visuelle, 17-19, 104, 146 Épisode dépressif modéré, 153
Fatigue, 124
Donépézil, 182 Errance, 185-186 extrême, 146
Douleur, 124, 167 Espérance de vie, 6, 11, 114, 119 Fécondité, 6-7
au dos, 124
Estime de soi, 26, 88, 113, 118, 124, Fémimsation de la vieillesse, 5
gestion de la, 125
184-185, 187 Femme(s)
DSM, voir Diagnostic and Statistical
Établissement de longue durée, voir adaptation à la mort du conjoint
Manual of Mental Disorders (DSM)
Centre d'hébergement de chez les, 112-113
Durée du veuvage, 137 longue durée bien-être subjectif chez les, 98
changements physiologiques chez
Dysfonction érectile, voir État
Problème(s) érectiles la, 30-32
affectif, 95
dépression chez les, 152
Dysthymie, 144-145 négatif, 97
maladie d'Alzheimer chez la, 180
positif, 97
retraite chez les, 115
civil, sentiment de solitude et, 137
sentiment de solitude chez les,
de santé, 61, 110, 118, 120, voir
136-137
aussi Santé
Éblouissement par la lumière, sexualité pour la, 35-36, 38
bien-être subjectif et, 102
17-18, 20 suicide chez les, 160-161, 165
sentiment de solitude et, 139
Échelle Fenêtre ovale, 23-24
Éthique, 4]
d'équilibre affectif (ABS), 96-97 Fonctionnement cognitif, 90
d'évaluation de la réadaptation Étrier, 23
Frustration, 167
sociale, 108-109, 118 Étude(s)
d'intelligence Weschler, 47-51, 53, à cas-témoins, 164-165
59,.61 épidémiologiques, 160
de dépression gériatrique (EDG), de la dépression, 147-151 Galantamine, 182
151 longitudinales, 52-55, 57, 61, 63,
de solitude Geriatric Mental Status, 148
75-76, 81, 83-84, 87, 99, 110,
de De Jong Gierveld, 134 MS 152 158 Gérontoxon, 16
UCLA, 134 PROSPECP 169 Gestion
de statut mental, 176 transversales, 51-55, 57, 84 de la douleur, 125
de Folstein, 176 de la maladie, 1265
Évaluation(s)
diagnostic DSM-IV-TR, 176, 178
cognitives, 124, 126 Glaucome, 15-17
diagnostic NINCDS-ADRDA,
primaires, 124 Glutamate, 183
176-177
secondaires, 124
modifiée, 176 Groupe
de la santé mentale, 176-179
métrique d'intelligence, 47 d'entraide, 114, 140
du bien-être, 95
Effet de discussion, 184
neuropsychologique, 177
de répétition, 54-55 de soutien, 40, 188
subjective de la santé, 139
Flynn, 54 thérapie de, 154
Événements majeurs, 100
ontogénétiques, 55 Ghettoïsation des aînés, 132
Excès de prudence, 62
Efficacité personnelle, 125
Exclusion sociale, 11
Effort cognitif, 73
Expérience(s)
Empan mnésique, 69, 72 Habiletés
affectives, 95
cristallisées, 61
Enclume, 23 ouverture à l, 81-84, 89-90, 100
intellectuelles, 49-51, 53-54,
Encodage, 70-72, 75 Extraversion, 81-84, 89-90, 100 57-62, 64
Endomètre, 31 degré d, 167 fluides, 62-63
228 Index des sujets

sensorielles, 139 Incapacité(s), 124-125 pour le traitement de la démence,


sociales, 134 fonctionnelles, 19, 167 182-188
physiques, 117, 136, 139 pour prévenir la solitude, 139-141
Hallucinations, 181
visuelles,
20 psychosociales, 188
Handicap visuel, 124
Incontinence,
166, 186 Invalidité prolongée, 126
Hérédité, 178
Indépendance,
139 Inventaire(s)
bien-être et, 98
de la dépression, 151
Index de satisfaction de vie (LS),
Histoires de vie, 87-88 de Beck (IDB), 151
96-97
Homme(s) de personnalité NEO, 81
Indice, 71 de symptômes dépressifs, 148
adaptation à la mort de la conjointe
chez les, 112-113 Individualisme, 134 des affects positifs et négatifs
bien-être subjectif chez les, 98 Infarctus, 125 (PANAS), 96-97
changements physiologiques chez |, cérébral, 180 Iris, 14-16, 18
12299
Inhibiteurs Isolement, 140
dépression chez les, 152
de la monoamine-oxydase, 153 affectif, 132
maladie d'Alzheimer chez |, 180
sélectifs de la recapture de social, 130-132, 140, 154
retraite chez les, 115
sérotonine, 153
sentiment de solitude chez les,
IMG 167 Inhibition, déficit d' 72
sexualité chez l’, 35-36, 38 Insatisfaction
Lésions médullaires, 36
suicide chez les, 160-161 face à la retraite, 117-118
sociale, 132, 139 Levitra, 34
Hormone(s)
androgènes, 32 Insomnie, 146, 152, 154, 183 Levodopa, 147
folliculostimulantes, 30 Instabilité émotionnelle, 87, 90 Limitations fonctionnelles, 98, 101,
hypophysaire HL, 33 PI IG 6ATG
Intégration sociale, 95
lutéinisante, 30 auditives, 98
æœstrogènes, 30-31 Intégrité visuelles, 98
progestérone, 30-31 du moi, 86-87
Lobe temporal, 22
testostérone, 32-33, 36 physiologique, 60
Longévité, 90
Hostilité, 90 Intelligence, 46
âge et |, 50-57
Humeur
changements de 1, 57-62
aqueuse, 14-15, 18
cristallisée, 49, 58, 60-61
dépressive, 110 Macule, 16, 18
définitions de |, 46-47
dysphorique, 146 Maladie(s), 102-103, 174
émotionnelle, 46
typique, 95 aiguës, 119, 121
entraînement de |, 62-64
Hypersomnie, 146 fluide, 49, 58, 63 cardiaques, 119, 121, 152, 159
Hypertension, 25, 119, 124, 180 générale, 55, 57, 59 cardiovasculaires, 61
artérielle, 61 cristallisée, 49 chroniques, 36, 119, 121, 124, 126,
oculaire, 17 fluide, 49 165
systolique, 180 mécanique, 49, 58 d'Alzheimer, 40, 140, 152, 174-180,
mesures de |, 47 183, 185-186, voir aussi Démence
Hypophyse, 30
multiples, 46 de Parkinson, 36, 124, 147,
Hypothèse cholinergique, 182 pragmatique, 49, 58 180-181, voir aussi Démence
Hypothyroïdie, 147 structure de |, 47-49 de Pick, 174, 180-181, voir aussi
tests d, 46-51, 53-55, 57, 59, 61-64 Démence
fatale, 126
Intensité
grave, 126
de la réaction sexuelle, 31
Idées suicidaires, 145, 162-163, 167, du son, 24
physiques, 110, 119-124
169-170, voir aussi Suicide caractéristiques des, 124-126
Internet, 140
respiratoires, 152
Identité, 185 Intervention(s) vasculaire, 61, 180
Impatience, 167 à la rééducation cognitive, 186-187 cérébrale, 61, 124, 152
Index des sujets | 229

Manque de concentration, 147 Méthode Niveau


Manuel diagnostique et statistique d'autopsie psychologique, 164-165 de scolarisation, 61-62, 178, 180
des troubles mentaux (DS/), d'étude du plan séquentiel, 54 socioéconomique
110, 144-146, 148, 176, 178 d'études longitudinales, 52-65, 57, bien-être subjectif et, 98-99
61, 63, 75-76, 81, 83-84, 87 sentiment de solitude et, 138
Marteau, 23
d'études transversales, 51-55, 57, Normes)
Masturbation, 39 84 comportementale, 95
de l'entretien diagnostique personnelles de comparaison, 103
Maturation, processus de, 83-85, 89
standardisé, 148
Maturité psychosociale, 86 de l'inventaire de symptômes
Nortriptyline, 155
Mécanique de l'intelligence, 49, 58 dépressifs, 148
des localisations, 73
Mécanisme central de contrôle, 69
socratique, 154
Médicaments, 25, 36-38, 110, 114, Œil, 14, voir aussi Vision
Milieu d'hébergement de longue
120, 123, 146-147, 152 structure de |, 14-16
durée, 186
anti-inflammatoires non stéroïdiens, Onde sonore, 24
180, 183 Mini Mental State (MMS), 176
antidépresseurs, 153-155, 183 Optimisation, 104
Modalités sensorielles, 68-69
pour traiter la démence, 181-183
sélective avec compensation
Modèle (SOC), 104
Mémantine, 183 à cinq traits de personnalité, 81-82
Oreille, voir aussi Audition
Membrane du sentiment de solitude, 134-136
externe, 22-24
basilaire, 23-24 Modified Mini Mental State (3 MS), 176 interne, 22-24
tympanique, 24 moyenne, 22-24
Mœurs sexuelles, 39
Mémoire, 68 structure de |, 22-23
Moral, 95, 97
à court terme (MCT), 68-72 Organe(s)
à long terme (MLT), 68-71 Morbidité, 118
de Corti, 23-24
autobiographique, 74-75 Mortalité, 5-6 génitaux,81
de travail, 69-72 d'un enfant, 95
Orientation à la réalité, 184, 186
échoïque, 69 d'un proche, 102
entraînement de la, 77 du conjoint, 100, 108, 137 Osselets, 22-24
épisodique, 61, 73, 187 conséquences de la, 108, 110-112 Ostéoporose, 124
iconique, 69 facteurs de risque suite à la,
Ouie 22,26
implicite, 74, 76 112-114
perte de, 104, 175 non annoncée, 113 Ouverture à l'expérience, 81-84,
principes de base pour favoriser par suicide, voir Suicide 89-90, 100
une bonne, 77 prématurée, 161 Ovaires, 30
procédurale, 74, 187 taux de, 5-6, 110, 118
processus de la, 68-77 Muscle ciliaire, 15
prospective, 74
Myopie, 17
sémantique, 73-74, 187 Paradigme
sensorielle, 68-69, 71 de stress, 108
tests de, 76 psychométrique, 46
troubles de, 40
Nerf Paradoxe du bien-être, 94
vieillissement et, 71-77
auditif, 22-23 Parasuicides, 160-161
Memorial University of Newfoundland
cochléovestibulaire, 22
Scale ofHappiness (MUNSH), 96-97 Participation sociale, 27
optique, 14-16, 17
Ménopause, 30-32 Patrons d'actions personnelles, 87-88
Neuropathie diabétique, 124
Menstruations, 30-31 Pavillon, 22-23
Névrosisme, 81-82, 84, 87, 89, 100,
Pensée(s)
Messagerie instantanée, 26 124, 153, 167
originale, 99
Mesures du bien-être subjectif, 96-97 Nihilisme thérapeutique, 11
sexuelles, 35
Métamémoire, 75 NINCDS-ADRDA, 176-177 suicidaires, voir Idées suicidaires
230 Index des sujets

Perception Pictogrammes, 2] d'activité physique, 101


de contrôle, 99, 113 d'activités-stimulation, 184
Placebo, 155, 182
de la maladie, 126 de gestion du comportement, 186
Plan séquentiel, 54 de sécurisation téléphonique, 140
de la santé, 121, 124
de maîtrise de son environnement, 9% Plaques séniles, 175-176
Projet ADEPT, 63
subjective de la santé, 102 Pneumonie, 25
Prolactine, 36, 38
Personnalité, 80, 87 Population
Protéine
approche âge médian de la, 4-5
bêta-amyloïde, 176
des traits de, 81-85 vieillissement de la, 2-12
œstrogène, 180, 183
développementale de la, 85-87 causes du, 2-12
tau, 176
bien-être
Pragmatique de l'intelligence, 49
subjectif et, 99-100 Prudence, 62
Préjugés envers les personnes âgées,
changements de la, 88-89 Pseudodémence dépressive, 147
définitions de la, 80 10-11
Psychothérapie, 153-155
flexible, 90 Presbyacousie, 21, 24-25
brève, 153
obsessionnelle-compulsive, 167 mécanique, 24
standardisée, 153
tests de, 81, 83 métabolique, 24
traits de, 87-90, 99-100, 113, neuronale, 24 Psychotropes, 183
166-167 sensorielle, 24 Pupille, 14-15, 17-18
vieillissement et, 90 Presbytie, 17
Personnes âgées Prévention du suicide, 168-170
attitudes relatives aux, 10-11
Primary Mental Abilities MA), 47,
définition du concept de, 2 Qualité
49,55, 57, 61-63
nombre de, 3 de vie, 95-96, 99
pourcentage de, 3-4 Privation sensorielle, 20 des relations, 102, 136
stéréotypes sur les, 10-12 Problèmet(s), voir aussi Trouble(s) Quotient intellectuel (QI), 46-47,
Perte auditifs, voir Trouble(s) auditifs 51, 54
auditive, voir Trouble(s) auditifs d'acuité visuelle, voir Trouble(s) de
d'autonomie, 139 la vision
de la vision, voir Trouble(s) de la de communication, 25
vision de mobilité, 102, 132
Ralentissement cognitif, 59
de mémoire, 104, 175 de santé, 95, 100, 117-118, 136,
140, 152, 165, voir aussi Santé Rampe
de mobilité, 98
chroniques, 140, 152, 164-165 tympanique, 23
d'un enfant, 95
mentale, 94, 119, 121, 123 vestibulaire, 23
du conjoint, voir Mortalité du
conjoint, voir Veuvage physiques, 119-121 Rappel, 71
érectiles, 33-36, 38 indicé, 71
Peurs, 175
sexuels, 36, 38, 154 libre, 71, 73
Pharmacothérapie, 153 somatiques, 118, 146 visuel, 184
Phases de la réaction sexuelle Procédures mnémotechniques, 73 Rapport de dépendance des aînés,
d'excitation, 31-33 Processus 8-10
de plateau, 31-32 d'accommodation, 16-17 Réactions
de résolution, 31-33 d'encodage, 70-72, 75 de deuil, 154
orgasmique, 31-33 d'optimisation sélective avec sexuelles, 31-33
Phases hypothétiques de la retraite, compensation (SOC), 104
Récepteurs
ARS de la mémoire, 68-77
auditifs, 23
de maturation, 83, 89
Philadelphia Geriatrie Center Morale visuels, voir Photorécepteurs
de récupération, 70-71
Scale (PGO), 96-97
de stockage, 70-71 Reconnaissance, 71
Phobies, 175 Récupération, 70-71
Profil classique du vieillissement, 51
Photorécepteurs, 16, 18 Rééducation cognitive, 186-187
Programme
Pic de la réminiscence, 75 ACTIVE, 64 Réfraction de la lumière, 15
Index des sujets | 231

Régime alimentaire, 25 O2 US conceptualisation de la, 131-132


Registre(s) bien-être et, 102-103 existentielle, 131
sensoriels, 68-69 personnelle, 97 intervention pour prévenir la,
visuospatial, 69 sexuelle, 34-35, 38 139-141
Scolarisation, niveau de, 61-62, 178, prévalence de la, 132-134
Régression phonétique, 25
180 sociale, 137
Relations
Sédentarité, 19, 37, 154 Sons, 23-24
avec les enfants, 138
de basses fréquences, 23
sociales, 96, 98-99, 102, 104, 113, Sélectivité socioémotionnelle, 102, 104
131, 134, 136, 139, 154, 167 Sens à la vie, 96 Sous-titrage pour malentendants, 26
désirées, 131
Sensibilité auditive, 24 Soutien
réelles, 131 aux aidants familiaux, 187-188
Sentiment(s)
Rendement cognitif, 60 groupe de, 40, 188
d'appartenance, 97
Renforcement mutuel, 113
d'efficience personnelle, 26
différenciel, 186 perçu, 126
d'identité, 119
positif, 186 social, 99-100, 102, 114, 126, 167
de bien-être, voir Bien-être
téléphonique, 140
Repli sur soi, 187 de contrôle, 134
de maîtrise de soi, 26 Stabilité
Représentation
de maîtrise sur sa vie, 126 de la personnalité, 88-89
de la maladie, 126
de solitude, 131-133, voir aussi des traits de personnalité, 82
sexuelle des aînés, 38
Solitude émotionnelle, 83, 99
Réseau social, 101-102, 114, 119, 126, âge et, 136 Statut matrimonial, bien-être subjectif
131-132, 137, 140, 166 contacts et, 138-139 et, 99
Responsabilités sociales, 103 état civil et, 137
état de santé et, 139 Stéréotypes, 10, 38
Ressources communautaires, 140 envers les personnes âgées, 10-12
facteurs associés au, 134-139
Rétine, 14-18
niveau socioéconomique et, 138 Stimulation sexuelle, 31
Retrait social, 25 sexe et, 136-137
Stockage, 70-71
Retraite, 100, 103, 114-115, 134, 136 situation domestique et, 137-138
concept de, 115-117 veuvage et, 137 Stratégies
conséquences de la, 117-119 de valeur, 119 de gestion de la maladie, 128-126
dépressifs, 125, 154 mnémotechniques, 104
Rétrospective de vie, 154 mnésiques, 72
Service
Revenu, 102
de maintien à domicile, 101 Stress, 63, 112, 165
Rivastigmine, 182 de soutien téléphonique, 140 paradigme de, 108
Rôles sociaux, 103, 115, 136 Seuil auditif, 21 Stresseurs, 100, 108, 121
Sexualité, 30 chroniques, 100
chez les aînés, 33-42 secondaires, 113
croyances et attitudes concernant Structured Clinical Interview
for DMS
Sagesse, 86, 90 la, 38-39 Diagnoses (SCID), 148
Santé, 88, 90, voir aussi État de santé, démence et, 40-42
Style de vie, 118
voir aussi Problème(s) de santé Short Happiness and Affect Research
mentale, 121-124 Protocol (S ÉLAIRIP), 97
Sueurs nocturnes, 31
perçue, 102, 121 Suicide, 158, voir aussi Idées
Sismothérapie, 153
physique, 110 suicidaires
subjective, 121 Situation domestique, sentiment de
complété, 158-160, 164-167
solitude et, 137-138
Satisfaction facteurs de risque du, 164-167
à l'égard du milieu, 138 Sociabilité, 83, 90 hérédité et, 166
à l'égard du soutien social, 126 Solitude, 25, 130, 166, voir aussi prévention du, 168-170
conjugale, 40, 99, 137 Sentiment(s) de solitude, voir risques de, 112
des objectifs de carrière, 95 aussi Vivre seul signes avant-coureurs du, 167-168
face à la vie, 84, 95-96, 98, 100, affective, 137 tentatives de, 146, 160-162, 167
232 Index des sujets

Surdité de la sélectivité socioémotionnelle, dépressif, 152-153, 168, 188


bilatérale, 21 102 non spécifique, 144
de conduction, 23 des phases du développement du sommeil, 124, 146, 175
psychosocial, 86-87 musculosquelettiques, 124
Survieillissement, 5
du désengagement, 103 neuropathologiques, 124
Symptomatologie dépressive, 150-151 psychosociales du vieillissement, Tympan, 22-24
Symptômes 103-104
d'anxiété, 121 Thérapie
de démence, 147 cognitive-comportementale,
de dépression, 27, 32, 111, 119, 154-155 Valeurs culturelles, 134
121, 124, 145-147, 151, 155,165, de groupe, 154
167, 186, 188 de la réminiscence, 185 Vestibule, 23
somatiques, 149 de la validation, 185, 187 Veuvage, 98-99, 108, 110-114, 136,
Syndrome individuelle, 154 152-153, 166
démentiel, 147 interpersonnelle, 154-155 sentiment de solitude et, 137
dépressif, 148 Trace mnésique, 70-71 Viagra, 34
Système Traitement(s) Vie sexuelle, voir Sexualité
ANS 20 de l'information, 70, 72
central, 14 Vieillissement
hormonal substitutif (THS), 31
de classification audition et, 23-27
pharmacologiques, 182-183
CIM, 144, 146, 148 de la population, 2-12
Traits causes du, 5-7
DSM, 144-146, 148
de personnalité, 81-85, 87-90, effets du, 7-10
de neurotransmission, 124
99-100, 113, 166-167 intelligence et, 50-57
périphérique, 14
fondamentaux, 81-82 mémoire et, /1-77
sérotoninergique, 166
prémorbides, 175 optimal, 95
Transition, 108 personnalité et, 90
de rôles, 154 réussi, 95, 103
démographique, 5 sexualité et, 33-42
Tabagisme, 25, 152, 167
mort du conjoint et, 108-114 théories psychosociales du,
Taux vers la retraite, 114-119 103-104
d'hormone HL, 33 vision et, 16-21
Traumatisme crânien, 180
de dépression, 121
Tricycliques, 153, 155 Vision, 14, 139, voir aussi Œil
de fécondité, 5-6
troubles de la, 27, 102, 124, 126,
de mortalité, 5-6, 110, 118 Tristesse, 167
139, 165, 167
de suicide, 158-163
Trompe d'Eustache, 22-23 vieillissement et, 16-21
Téléscripteurs, 26 Trouble(s), voir aussi Problème(s) Visites à domicile, 139-140
Tendance à être consciencieux, 90 affectifs, 121
anxieux, 12] Vitesse de traitement de l'information,
Tentatives de suicide, 146, 160-162, 72
167
anciens 21-2925 8102
125-126, 139 Vivre seul, 131, 137, 146, 152, 166,
Tests cognitifs, 19-20, 152 voir aussi Solitude
d'habileté mentales primaires, 47, légers, 175, 181-182
49, 55, 57, 61-63 Vulnérabilité émotionnelle, 81, 84
d'obstruction pulmonaire, 121
d'intelligence, 46-51, 53-565, 57, 59, de comportements, 175-176,
61-64 185-186
de mémoire, 76 de l'humeur, 145-146, 165
de personnalité, 81, 83 de la glande thyroïde, 124 Wéschler Adult Intelligence Scale
Théorie(s) de la motricité, 181 (WAIS), 47-51, 53, 59, 61
de l'activité, 103 de la vision, 27, 102, 124, 126, 139,
de l'intelligence à deux facteurs, 165, 167
47-48 de mémoire, 40, 146-147
de la continuité, 103 démentiels, 149 Zoothérapie, 140
Jean Vézina, Ph. D. est professeur
Psychologie gérontologique titulaireà l'École de psychologie de
l'Université Laval, après avoir été
professeur à l'Université de Moncton
2®° édition de 1984 à 1986. Il s'intéresse au
vieillissement depuis près de 25 ans.
Premier directeur de l'Institut sur
Devant l'augmentation et la vivacité des études récentes en le vieillissement et la participation sociale de l'Université
gérontologie ainsi que l'engouement que suscitent auprès Laval, il a été responsable de l’Axe des soignants naturels
du grand public les questions relatives au vieillissement en et professionnels du Réseau québécois de recherche sur
général, il devient impératif de proposer une synthèse des le vieillissement. Ses recherches portent avant tout sur les
connaissances actuelles dans le domaine. problèmes de comportements des personnes atteintes
de la maladie d'Alzheimer, ainsi que sur l'élaboration de
Entièrement revu et mis à Jour, le présent ouvrage a pour programmes à l'intention des proches aidants. Il est coauteur
“objectif d'initier l'étudiant aux principaux thèmes de la psy- du livre Psychologie clinique de la personne âgée (2000) et de
chologie gérontologique: le vieillissement démographique Symptômes comportementaux et paychologiques de la démence :
et les stéréotypes relatifs aux personnes âgées, les pro- une approche interdtsciplinaire (2005).
cessus sensoriels — notamment la vision et l'audition —, la
sexualité, l'intelligence, la mémoire, la personnalité, le bien- Philippe Cappeliez, Ph. D. est
être subjectif, les transitions importantes — la retraite, la professeurà l'École de psychologie
mort du conjoint ou la maladie —, la solitude, de même que de l'Université d'Ottawa. Il a obtenu
certains aspects pathologiques, tels que la dépression, le son doctorat en psychologie clinique
suicide et les syndromes organiques cérébraux. à l'Université McGill (1981), puis
a amorcé sa carrière à l'Université
Le lecteur y trouvera de nombreuses caractéristiques qui
d'Ottawa en 1984, où il enseigne
stimuleront | apprentissage. en psychologie gérontologique et en psychologie clinique.
Ses recherches portent sur les traitements psychologiques
9 Le langage utilisé est clair et accessible, peu importe le
pour les personnes âgées dépressives, sur les fonctions des
niveau de connaissance de l'étudiant en psychologie.
réminiscences dans l'adaptationà l'âge adulte avancé, ainsi
0 Chaque thème s'appuie sur des données probantes issues que sur les relations entre la dépression et la santé physique.
des dernières recherches dans le domaine. Il a publié une centaine de travaux sous forme de livres,
dont Psychologie cliniquede la personne âgée (2000), de chapitres
® Les chapitres sont indépendants les uns des autres; de livres et d'articles scientifiques, el près de deux cents
l'étudiant peut ainsi aller de l’un à l’autre sans difficulté. communications à des congrès, conférences et ateliers.

® Plusieurs tableaux et figures appuient le texte et facili-


tent la compréhension. Philippe Landrevilie, Ph. D,
est professeur titulaireà |’Léohs-de
(] Un résumé et des suggestions de lecture complémentaire psychologie de l'Université Laval.
sont proposés àN la fin de chaque chapitre. Il a d'abord occupé un poste de
professeur au Département de psy-
6 Enfin, l'ouvrage est assorti d'une abondante bibliographie
chologie de l'Université du Québec
(environ 700 titres) et de deux index. à Trois-Rivières de 1991 à 1995.
Tout en ayant le mérite de répondre aux besoins des étu- Il est membre du Réseau québécois de recherche sur le
diants dont la formation requiert une connaissance du phéno-
vieillissement, du Centre de recherche du Centre hospitalier
affilié universitaire de Québec et de l'Unité de recherche
mène du vieillissement, que ce soit dans le domaine de la
en gériatrie de |’Universite Lane des recherches
psychologie, du service social ou des sciences infirmières,
sur l'origine, l'évaluation et le traitement des symptômes
le contenu de cette nouvelle édition demeure accessible à comportementaux et psychologiques de la démence, ainsi
un large public, not:mment aux professionnels œuvrant que sur la dépression chez les personnes âgées. Il participe
auprès des personnes âgées ou à quiconque ayant un intérêt à la formation professionnelle et à l'encadrement clinique
pour le sujet. des étudiants travaillant auprès d’une clientèle4
âgée.

ISBN 978-2-89105-957-2
KS gaëtan morin
éditeur
CHENELIÈRE ÉDUCATION wwyw.cheneliere.ca 782891 059572

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