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Caractérisation des propriétés

des aérogels

par Jean PHALIPPOU


Professeur à l’École polytechnique universitaire de Montpellier
Laboratoire des verres-UMR 5587 – Montpellier
et Laurent KOCON
Ingénieur de l’École nationale supérieure de physique de Grenoble
Ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique (CEA)

1. Texture des aérogels ............................................................................... J 2 231 — 3


1.1 Densité et porosité....................................................................................... — 3
1.2 Surface spécifique et distribution poreuse................................................ — 3
2. Structure des aérogels ........................................................................... — 5
2.1 Spectroscopies............................................................................................. — 5
2.2 Diffusion centrale des rayonnements ........................................................ — 6
3. Propriétés optiques ................................................................................. — 8
3.1 Transparence................................................................................................ — 8
3.2 Indice de réfraction et dispersion............................................................... — 8
4. Propriétés mécaniques ........................................................................... — 9
4.1 Propriétés acoustiques et vitesse du son .................................................. — 9
4.2 Modules élastiques et contraintes de rupture........................................... — 10
4.3 Ténacité et propagation subcritique de fissure ......................................... — 11
5. Propriétés thermiques ............................................................................ — 12
5.1 Techniques de mesure................................................................................. — 12
5.2 Conductivité thermique (solide, gaz, radiation) ........................................ — 12
5.2.1 Composante solide............................................................................. — 13
5.2.2 Composante radiative ........................................................................ — 13
5.2.3 Composante gazeuse ......................................................................... — 14
5.3 Conductivité thermique des aérogels de silice et des aérogels
organiques ................................................................................................... — 15
Références bibliographiques ......................................................................... — 16

’attrait de la texture particulière des aérogels incite la communauté scientifi-


L que à les décliner dans une grande variété de compositions pour des applica-
tions qui touchent à des domaines aussi différents que peuvent l’être l’isolation
thermique, l’électrochimie, la catalyse, la détection de particules ou l’acoustique.
Le tableau A dresse donc une liste non exhaustive des aérogels élaborés à ce
jour avec leurs applications et des références bibliographiques. Ces derniers
sont classés en cinq catégories :
— les aérogels d’oxyde simple qui sont les plus communs ;
— les aérogels d’oxyde mixte ou d’ordre supérieur ;
— les aérogels organiques ;
— les aérogels hybrides organiques/minéraux ou à base de métalloïdes ;
— les aérogels dopés, essentiellement par des atomes métalliques.

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(0)

Tableau A – Liste non exhaustive d’aérogels de différentes compositions


Composition Applications Réf. biblio. Composition Applications Réf. biblio.
Aérogels d’oxyde simple Aérogels organiques
Al2O3 Catalyse [14] [15] [16] [17] Agar-agar [15]
Cr2O3 [18] [19] Albumine [15]
Fe2O3 [15] Caoutchouc [15]
MgO [14] Précurseur de type [34] [35] [36] [33]
hydroxybenzène :
MoO2 Catalyseur pour [14] [20] Résorcinol/
des systèmes formaldéhyde (RF)
électrochimiques Phloroglucinol/
SiO2 Isolant thermique [14] [21] [15] formaldéhyde (PF)
Détecteur Cerenkov
Support catalyseur
SnO2 [15] Mélamine/ [37]
formaldéhyde (MF)
TiO2 Catalyse [14] Aérogel de type Isolation thermique [39] [38]
polyisocyanate
UO3 [22] Phénolique/furfural [40]
V2 O5 [23] Divinylbenzène Isolation thermique [41]
WO3 [15] PVC (chlorure [42]
de polyvinyl)
ZrO2 [14] [24] Autres
Aérogels d’oxydes mixtes et multiples BN (nitrure de bore) [43]
Al2O3/MgO [14] [25] Hybride [44]
organique/inorganique
Fe2O3/Al2O3 Catalyse [26] Carbone [45] [46]
Fe2O3/SiO2 Catalyse [26] Aérogels dopés par des atomes métalliques
Forstérite (Mg2SiO4) [27] Al2O3 dopé Ni Catalyse [14]
x LiO2-(1−x) B2O3 [28] Al2O3 dopé Cu Catalyse [14]
MgxFe2−2xO3−2x [29] MoO2 dopé Ni Catalyse [14]
pour système
électrochimique
Mullite [30] Carbone dopé Cu [21]
NiO/Al2O3 Catalyse [14] RF et carbone [22]
dopé Pt, Pd et Ag
NiO/Al2O3/SiO2 Catalyse [14]
Pb(Zr0,53Ti0,47)O3 (PZT) Transducteur [31]
ultrasonore
SiO2/Al2O3 Catalyseur [32]
pour cracking
TiO2/MgO Catalyse [14] [25]
ZrO2/MgO Catalyse [14] [25]

Dans la suite de ce dossier, sont traitées quelques propriétés des aérogels,


qu’ils soient de type organique ou plus particulièrement de silice (oxyde simple),
ces derniers ayant été les plus étudiés jusqu’à nos jours.

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1. Texture des aérogels

Volume absorbé (cm3/g)


Les aérogels présentent, par rapport aux xérogels classiques, un
volume poreux nettement plus important. Cependant, bien que leur 0,3
surface spécifique soit grande, elle n’est pas très différente de celle
du même gel séché de manière conventionnelle. La mesure des 0,15
caractéristiques texturales des aérogels demande une bonne
connaissance des modifications pouvant être induites par les techni-
ques de mesure. Il faut en effet avoir toujours présentes à l’esprit les 0
faibles valeurs des modules élastiques et la faible perméabilité des 0 0,1 0,2 0,3 0,4 p /p0
gels (cf. [J 2 230] § 3.1).
L'aérogel concerné est préparé en milieu neutre
et présente une densité de 0,186

1.1 Densité et porosité Figure 1 – Courbe d’adsorption d’azote à partir de laquelle


est calculée la surface spécifique

■ Densité
1.2 Surface spécifique et distribution
La densité des aérogels est facilement obtenue par pesée
d’échantillons monolithiques de dimensions connues. poreuse
■ La densité des aérogels de silice peut varier entre 3 × 10−3 pour les
plus légers à 9 × 10−1 pour les plus denses. ■ Surface spécifique
Les aérogels denses sont élaborés en minimisant la quantité de La surface développée par les aérogels est généralement rappor-
solvant. Le liquide est initialement hétérogène car les solvants utili- tée au gramme de matière. Cette surface spécifique est de plusieurs
sés, tétraméthoxysilane (TMOS) et H2O sont immiscibles. La techni- centaines de mètres carrés. Elle varie suivant les conditions de pré-
que consiste à disperser mécaniquement (agitation vigoureuse ou paration mais est comparable à celle du gel séché classiquement.
ultrasons) le TMOS dans l’eau d’hydrolyse. La solution devient Cela signifie que la densification due au retrait de séchage affecte
homogène grâce à l’alcool libéré lors de l’étape d’hydrolyse et dans faiblement la surface développée. Pour les aérogels de silice séchés
lequel les deux liquides TMOS et H2O sont miscibles. en milieu alcoolique, la surface spécifique est inférieure à celle du
Signalons que, quelquefois, la mesure du volume de l’aérogel se xérogel correspondant. Lors de l’étape de chauffage du gel, le phé-
fait à l’aide d’un volumètre à mercure. Cette mesure n’est pas très nomène de dissolution - redéposition est la cause de l’élimination
précise et ne s’applique qu’à des échantillons relativement denses des micropores (taille inférieure à 2 nm).
ne se déformant pas sous l’effet du poids de la colonne de mercure. La détermination de la surface spécifique s’effectue à partir du
● Pour les aérogels organiques, la densité est habituellement de volume d’azote adsorbé en surface. Cette expérience est réalisée de
l’ordre de 0,1 à 0,2 [1]. Des aérogels de densité égale à 13 × 10−3 ont manière isotherme à − 195 ˚C en fonction de la pression relative p/p0
cependant été obtenus par une méthode de gélification en deux éta- en azote. La surface spécifique est calculée à partir des valeurs des
pes [2]. volumes de gaz adsorbé dans le domaine de pression relative com-
● La densité du squelette solide, en raison de la porosité totale- pris entre 0 et 0,3 (figure 1).
ment ouverte, est évaluée par pycnométrie à hélium. Cette méthode
consiste à évaluer le volume occupé par la phase solide dans un La surface spécifique des matériaux poreux s’obtient aussi par
récipient dont le volume vide est parfaitement défini. L’hélium est un des techniques de diffusion centrale des rayonnements (X ou neu-
gaz qui, à température ambiante, ne s’adsorbe pas sur une surface trons). L’intensité diffusée aux faibles angles dépend de la
solide. En raison du grand volume occupé et du faible poids des concentration en unités diffusantes et du contraste entre le vide
aérogels, la mesure est plus avantageusement réalisée à l’aide d’un (pore) et la matière. La variation du vecteur d’onde q (Å−1) :
appareil d’adsorption d’azote dont la cellule de mesure a été modi-
q = 4π θ
fiée pour accueillir un échantillon de grand volume. Dans le cas des ------- sin --- (3)
aérogels de silice et après estimation du volume perdu au col des λ 2
particules, la densité de squelette est de l’ordre de 2 [3]. Cette valeur
est proche de celle de la silice amorphe (2,2). avec λ longueur d’onde incidente,

■ Porosité θ angle de diffusion ;


L’expression du volume de l’aérogel VT en fonction du volume permet d’explorer les détails de plus en plus fins au fur et à mesure
solide VS et du volume poreux VP conduit à : de l’augmentation du vecteur d’onde. Pour des vecteurs inférieurs à
0,1 Å−1, on peut considérer que l’information obtenue a trait à la sur-
V T = VS + VP (1) face. Pour les aérogels usuels de densité supérieure à 0,05, dans ce
Soit, en divisant par VT et en introduisant les masses volumiques domaine de longueur d’onde, l’intensité diffusée I(q) varie selon la
respectives de l’aérogel ρa et du squelette solide ρS : loi de Porod :
ρ I (q) ∝ q−4 (4)
1 = -----a- + P (2)
ρS
Cette loi indique la présence d’une interface nette entre le vide et
P est la porosité du gel, rapport du volume poreux au volume total. la partie solide.
Pour les aérogels les plus légers, de densité 5 × 10−3, la porosité La surface par unité de volume SV est estimée à partir de la relation :
est de l’ordre de 99,75 % et pour les aérogels usuels (de densité 0,1),
la porosité est de l’ordre de 95 %. L’aérogel de silice est souvent K 1
---- = ---------------------------- SV (5)
comparé à de la fumée solidifiée. Q πf S ( 1 – f S )
Pour les aérogels organiques de type résorcinol-formaldéhyde, la
densité du squelette, de l’ordre de 1,8, dépend des précurseurs avec K = lim q 4 I ( q ) (6)
organiques utilisés pour réaliser la synthèse. q→∞

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fS = VS /VT est la fraction volumique de la phase solide et Q l’inva-


riant de Porod :

Volume absorbé (cm3/g)



4
Q = q 2 I ( q ) dq (7)
0 70 h
3
La surface spécifique est déduite de la surface par unité de
volume et de la masse volumique par : 2
S
S sp = ------V- (8) 19 h
ρa 1

Le tableau 1 présente les résultats obtenus par ces deux tech- 0


niques (adsorption d’azote (BET) et diffusion centrale des rayons X 0,85 0,9 0,95 1 p /p0
(SAXS)) pour deux aérogels de silice [4]. (0)
Aérogel de module de compression volumique de 45 MPa
Durée de l'expérience : 19 et 70 h
Tableau 1 – Comparaison des surfaces spécifiques
obtenues par diffusion centrale des rayons X (SAXS) a
et par adsorption d’azote (BET)

Volume absorbé (cm3/g)


Aérogel Ssp SAXS Ssp BET
Densité
de silice (m2/g) (m2/g) 4

no 1 0,186 426 406


3
no 2 0,24 411 380
2
En raison de l’erreur expérimentale (10 % pour le BET et 6 % pour
SAXS), les valeurs trouvées peuvent être considérées comme étant 1
identiques.
■ Distribution poreuse 0
0,85 0,9 0,95 1 p /p0
La très faible perméabilité des aérogels indique que les pores de
ces matériaux ont des tailles vraisemblablement inférieures à Aérogel de module de compression volumique de 3,4 MPa
50 nm. On peut dire que l’on a affaire à des matériaux méso et Durée de l'expérience : 140 h
microporeux. Il n’y a pas de macropores dont la dimension serait
supérieure à 50-100 nm. La technique d’adsorption - désorption b
d’azote peut donc théoriquement permettre d’évaluer la distribution
en taille des pores. Cette distribution est calculée à partir de la loi de Figure 2 – Évolution du volume adsorbé par un aérogel du côté
Kelvin qui relie la pression relative au rayon de pore. Le calcul se fait des hautes pressions relatives
aussi bien lors de l’adsorption que de la désorption en faisant inter-
venir la présence d’une couche d’azote adsorbée dont l’épaisseur Il est évident que la contraction volumique macroscopique
varie avec la pression relative. Le domaine de pression relative s’accompagne d’une réduction de la dimension des pores. La distri-
d’intérêt est compris entre 0,8 et 1. bution poreuse calculée sera elle aussi largement erronée.
Dans le cas des aérogels, le volume adsorbé total est nettement Lors de la désorption, la contraction est plus importante que lors de
inférieur à celui calculé à partir des densités apparentes et de la den- l’adsorption. En conséquence, la distribution poreuse calculée à la
sité de squelette (tableau 2). (0) désorption sera déplacée vers les faibles valeurs de la taille des pores,
comparativement à la distribution calculée lors de l’adsorption.
Tableau 2 – Comparaison des volumes poreux calculés Le rayon réel d’un pore R est relié au rayon déterminé à l’aide de
à partir des densités mesurées par adsorption d’azote l’isotherme, R′ , par la relation :

Aérogel VP calculé VP adsorbé (N2) V ads


Densité R = R′ ------------
- (9)
de silice (cm3/g) (cm3/g) V ads′
no 1 0,186 4,92 3,55 avec ′
V ads volume poreux spécifique de l’aérogel dans son
no 2 0,24 3,71 2,87 état contracté,
Vads volume poreux spécifique de l’aérogel qui serait
Ce désaccord, initialement attribué à la présence de macropores, dans son état relaxé, c’est-à-dire non soumis à
est essentiellement corrélé au module élastique de l’aérogel. Sous une contrainte.
l’effet de la condensation capillaire des molécules d’azote dans les L’effet de relaxation a été mis en évidence en modifiant le temps
pores, l’aérogel se contracte. L’ampleur de la contraction dépend nécessaire pour l’acquisition des données d’un isotherme. La
des propriétés mécaniques de l’aérogel et du rayon de courbure du figure 2 [6] met en évidence le fait que la remontée du volume
ménisque liquide-vapeur. adsorbé apparaissait à des pressions relatives p/p0 d’autant plus fai-
Cet effet est mis en évidence par suivi optique [5] ou mécanique bles que la durée de l’expérience est grande. Pour une expérience
[6] des dimensions de l’échantillon lors de l’expérience d’adsorption d’une durée de 19 h, un faible plateau apparaît pour 1,5 cm3/g à
- désorption isotherme d’azote. Le retrait volumique peut atteindre environ p/p0 = 0,98. Pour une expérience de 70 h, le plateau est situé
des valeurs voisines de 50 % pour un aérogel ayant un module de à 3,4 cm3/g, la relaxation du réseau s’est largement établie. La pré-
compression volumique de 2 MPa. sence d’un plateau indique que l’aérogel est relativement rigide.

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Volume poreux (cm3/g · nm) ∆V /V0 (%)

12
2
10

1,2 8
6
0,4 4
2
6 10 14 18 22 26 30
Diamètre moyen (nm) 0
0 1 2 3 4 5 6
Figure 3 – Distribution poreuse d’un aérogel de densité 0,36. p (MPa)
Le volume mesuré est égal au volume poreux calculé a partie réversible (domaine élastique)
∆V /V0 (%)
Pour les échantillons de plus faible module de compression volumi-
que, le plateau est remplacé par une remontée du volume adsorbé 60
lorsqu’on approche de p/p0 = 1 (figure 2 b), c’est-à-dire lorsque les 50
contraintes diminuent. En effet, lorsque p/p0 → 1, le ménisque
liquide - vapeur a un rayon de courbure théoriquement infini (inter- 40
face plane). 30
La figure 3 montre la distribution poreuse d’un aérogel partielle- 20
ment densifié par chauffage. L’aérogel de densité 0,36 a un module ∆V /V0 irréversible
10
de compression volumique de 50 MPa, le volume poreux mesuré
par adsorption d’azote est identique à celui calculé à partir des 0
densités. La distribution est centrée autour d’une taille moyenne de 0 10 20 30 40 p (MPa)
22,3 nm, confirmant que ces matériaux sont mésoporeux.
b partie irréversible
L’analyse de la texture des aérogels de silice par microscopie élec-
tronique en transmission est délicate en raison de la faible quantité Figure 4 – Contraction volumique suivant la valeur de la contrainte
de matière. D’autre part, l’interaction entre les électrons et le solide imposée
diélectriquement isolant entraîne des modifications texturales
importantes. L’échantillon ayant tendance à fritter sous l’impact du
faisceau, des précautions spéciales doivent être prises [7]. Pour les
aérogels organiques, des méthodes de réplique par pulvérisation 2. Structure des aérogels
d’un mélange Pt-C ont été proposées [8].

La structure des aérogels de silice a été étudiée par diverses tech-


Les aérogels sont des matériaux ultraporeux si l’on regarde le niques qui donnent des informations à des échelles différentes.
volume total des pores. Ils sont mésoporeux si l’on regarde la
taille des pores. Cette dernière propriété conduit au fait que les
aérogels sont des matériaux très peu perméables.
2.1 Spectroscopies
La technique de porosimétrie au mercure est une technique habi- Les spectroscopies classiques infrarouge et Raman renseignent
tuellement utilisée pour accéder à la distribution poreuse. On rap- sur la nature des entités atomiques constitutives du gel.
pelle que le mercure étant un liquide non mouillant, il faut exercer
une pression pour le faire pénétrer dans un pore d’un matériau ini- ■ Le spectre infrarouge d’un aérogel est extrêmement simple à réa-
tialement sous vide. Plus la pression est élevée et plus faible est la liser. Étant donné la faible quantité de matière, un échantillon
dimension des pores envahis par le mercure. Cette technique ne d’épaisseur inférieure au millimètre permet de réaliser des expé-
peut s’appliquer aux aérogels pour la détermination de la distribu- riences en transmission.
tion poreuse. En effet, pour les pressions les plus faibles Les spectres IR obtenus sont identiques à ceux de la silice vitreuse
(figure 4 a), le réseau solide subit une contraction volumique. Cette en ce qui concerne les vibrations Si ⎯ O . Des entités chimiques
contraction est aisément mesurable. Le matériau retrouve ses Si ⎯ OH et Si ⎯ OR (où R = CH3, C2H5...) sont présentes à la surface
dimensions originelles lorsque la pression est relâchée. C’est une du gel.
méthode inhabituelle permettant la détermination du module de
compression volumique K : La vibration des groupes O ⎯ H est située à 3 740 cm−1 pour les
silanols libres. Entre 3 600 et 3 660 cm−1, on remarque une bande
d’absorption qui est la superposition des vibrations associées à des
dP
K = – V ------- (10) silanols internes et celle des silanols de surface liés par liaison
-
dV hydrogène à l’eau ou à l’alcool résiduel. Entre 3 500 et 3 400 cm−1
apparaît un important massif mal défini correspondant aux vibra-
en tout point de la courbe (figure 4 a). Pour des pressions plus éle- tions OH de l’eau adsorbée en surface. Les groupes Si ⎯ OR dont
vées (figure 4 b), l’aérogel n’est plus élastique. Après relâchement les bandes d’absorption sont situées à 2 980 et 2 840 cm−1 provien-
de la pression, l’aérogel a subi une contraction volumique irréversi- nent, dans le cas du séchage supercritique à l’alcool, de la réaction
ble. Il a été densifié à température ambiante. Cette irréversibilité est d’estérification. Cependant, le spectre IR d’un aérogel obtenu en
due à la réactivité de surface de la phase solide qui permet une aug- séchage supercritique au CO2 et qui donc présente une forte teneur
mentation de la connectivité du réseau [9]. en eau en raison de son hydrophilie, fait apparaître ces mêmes

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courbe lg I(q) en fonction de lg q représente les divers domaines


Transmission

pouvant être observés dans le cas des aérogels (figure 7).


Lorsqu’on explore les grandes échelles (q faible), l’aérogel appa-
Méthanol raît comme étant homogène et l’intensité diffusée est constante. Les
Épaisseur aérogels de silice de très faible densité présentent une géométrie
des échantillons fractale qui se traduit par le fait que, en deçà d’une longueur de cor-
0,82 mm rélation ξ, le matériau n’apparaît plus homogène. On considère, en
première approximation, que la longueur de corrélation peut être
assimilée à la taille moyenne des amas qui s’accolent les uns aux
autres pour édifier le matériau macroscopiquement homogène.
Dans le domaine fractal, l’aérogel est self-similaire et sa géomé-
trie est conservée par dilatation d’échelle. Cette propriété est sché-
CO2 0,36 mm matiquement représentée sur le graphe.
La borne inférieure du domaine fractal correspond à la taille de la
particule élémentaire a, à partir de laquelle l’édifice structural du gel
a été formé.
4 000 3 000 2 000 1 000
Dans ce domaine d’échelle compris entre a et ξ où le matériau est
(cm–1)
fractal, l’intensité diffusée obéit à la loi de puissance :
Spectres déplacés sur l'échelle des transmissions pour raison de clarté
I ( q ) ∝ q –Df (11)
Figure 5 – Comparaison des spectres infrarouges en transmission de
deux aérogels de densité 0,45, séchés en présence de méthanol avec Df dimension fractale de volume.
et de CO2
La mesure de l’étendue du domaine fractal nécessite l’évaluation
de la taille des particules et de la valeur de la longueur de corréla-
tion. La longueur de corrélation est obtenue en ajustant la courbe
I (unités arbitraires)

D1
expérimentale avec l’équation théorique [11] de l’intensité diffusée
décrivant tout à la fois le domaine homogène (régime de Guinier) et
le régime fractal. La longueur de corrélation correspond au change-
ment entre ces deux régimes.
La dimension de la particule élémentaire est estimée à partir du
changement de régime entre le domaine fractal et le domaine de vec-
teur d’onde correspondant aux détails de la surface des particules.
D2 2 800 3 000
Pour des vecteurs d’onde encore plus élevés, la pente de la courbe
renseigne sur la morphologie de la surface. D’une manière générale :

I ( q ) ∝ q DS – 6 (12)
avec DS dimension fractale de la surface.
0 300 600 900 1 200 (cm–1)
Pour un matériau biphasique, présentant une surface lisse, DS est
Figure 6 – Spectre de diffusion Raman d’un aérogel de densité 0,36 égal à 2 et l’on retrouve la loi de Porod (équation (4)).
■ Cette analyse a été appliquée aux aérogels de silice présentant
bandes dont l’intensité est cependant beaucoup plus faible des structures différentes suivant les conditions de catalyse. Les
(figure 5). Cela indique que la réaction d’hydrolyse des groupes structures extrêmes correspondent aux aérogels synthétisés en
Si ⎯ OR du précurseur organométallique est incomplète. milieu acide et basique. Seuls les aérogels de très faible densité
peuvent présenter une géométrie fractale.
■ Les spectres Raman des aérogels ne diffèrent du spectre de la silice
que par la présence des bandes de diffusion dues aux hydroxyles et Pour les gels acides, la figure 8 montre que le domaine de fracta-
aux résidus organiques. Les bandes D1 et D2, respectivement situées lité augmente lorsque la densité apparente des échantillons dimi-
à 490 et 610 cm−1, appelées « bandes de défaut », sont aussi nue. Il s’étend sur pratiquement deux ordres de grandeur pour le
présentes dans le spectre des aérogels (figure 6). Elles dénotent la plus léger. La dimension fractale, déduite de la pente de la courbe,
présence d’anneaux de tétraèdres de [SiO4] à la surface du solide. reste constante dans la série et égale à 2,2. La taille des particules
L’intensité de la bande de diffusion D2, correspondant à un anneau de est voisine de 0,8 à 1 nm. On remarque que, dans le domaine de
trois tétraèdres [SiO4], est très dépendante de la teneur en Porod, la pente − 3 indique que la surface des particules est
hydroxyles du gel. Elle est associée à la condensation de deux rugueuse. Mentionnons qu’un traitement thermique à très faible
groupes silanols vicinaux. Son intensité varie en fonction du traite- température (250 à 300 ˚C) a pour effet d’éliminer la rugosité de sur-
ment de déshydratation que l’on fait subir à l’aérogel [10]. face [12]. La pente prend alors la valeur de − 4.
Dans le cas de la catalyse basique, il faut élaborer des aérogels de
Au-delà des proches voisins, la texture des aérogels a été étudiée très faible densité pour clairement définir un domaine fractal
essentiellement par les techniques de diffusion centrale. (figure 9). L’étendue de ce domaine reste plus restreint que pour les
aérogels acides. La dimension fractale de volume est alors de 1,8.
Les aérogels basiques sont édifiés à partir de particules dont la taille
2.2 Diffusion centrale des rayonnements est comprise entre 2 et 3 nm. Ces particules, de taille plus impor-
tante, présentent une surface lisse, ce que traduit la valeur de la
pente égale à − 4, mesurée dans le domaine de Porod.
■ La diffusion centrale des rayonnements permet d’explorer les Des mesures analogues, réalisées sur des aérogels organiques de
détails de la structure depuis l’échelle atomique jusqu’à des échelles résorcinol-formaldéhyde, ne montrent pas une géométrie fractale ;
de plusieurs milliers d’angströms. Typiquement, une courbe de dif- la porosité résulte, plus probablement, d’une séparation de phase
fusion centrale est représentée sur une échelle logarithmique. La qui se produit à l’échelle nanométrique dans la solution initiale [13].

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lg I (q )
Milieu
homogène Amas fractal

Réseau fractal

Particule
élémentaire
1/ξ
Surface

Pente = – Df

Arrangement
Arrengement
atomique
1/a

I intensité diffusée Pente = Df – 6


q vecteur d'onde
ξ longueur de corrélation
Df dimension fractale de volume
a taille de la particule élémentaire

lg q

Figure 7 – Représentation schématique d’un spectre de diffusion centrale I(q) = f(q) en coordonnées logarithmiques d’un matériau présentant une
géométrie fractale

I (q) I (q) Densité apparente


Densité 0,0,19
apparente
107 0,1 107
0,03
0,12
106 106 – 1,8
0,065
0,19
105 105
0,26
104 – 2,2 104 0,18
0,35 0,22
103 103 –4
1/ξ 1/ξ
102 102
–3 1/a
10 1/a 10

1 1
0,001 0,01 0,1 q (A–1) 0,001 0,01 0,1 q (A–1)

Figure 8 – Mise en évidence par diffusion centrale des neutrons Figure 9 – Diffusion centrale des neutrons d’aérogels basiques
d’une géométrie fractale pour les aérogels de silice élaborés en en fonction de la densité apparente
milieu acide, en fonction de la densité apparente

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3. Propriétés optiques

Transmission (%)
Les aérogels issus de réticulations organiques sont, pour la plu- 80
part, opaques. Seuls les aérogels de résorcinol formaldéhyde, de
très faible densité, de couleur rouge, sont légèrement transparents.
Les gels de mélamine formaldéhyde sont transparents mais l’éva- 60
cuation du solvant, lors de l’étape de séchage, a pour conséquence
d’entraîner leur opacité.
Seuls les aérogels de silice, en raison de leur transparence, sont 40
susceptibles de présenter des propriétés optiques d’intérêt dans le
domaine du visible.
20

3.1 Transparence
0
500 1000 1500 2000 2500
λ (nm)
Un matériau transparent est un matériau qui transmet la lumière.
Pour une bonne transmission, il faut, d’une part, que le matériau ne Aérogel obtenu par un séchage supercritique en milieu alcoolique
soit pas absorbant dans le domaine spectral considéré et, d’autre Aérogel obtenu par un séchage supercritique en milieu CO2
part, que la diffusion soit faible. Étant donné la faible densité des
aérogels, l’indice est relativement faible et l’on peut, en première
approximation, négliger les pertes optiques par réflexion. Figure 10 – Spectre de transmission de deux aérogels de 3 mm
d’épaisseur, issus d’un même gel
L’absorption de la silice amorphe et dense dans le visible est fai-
ble. Le verre de silice est un verre utilisé en instrumentation optique.
La silice est l’élément constitutif essentiel des fibres optiques utili-
sées dans les télécommunications. Son indice de réfraction est d’onde à la puissance − 4. Cette légère diffusion se traduit par une
parmi les plus faibles des verres d’oxydes. Il est de 1,4585. légère coloration bleue lorsque l’aérogel est observé à 90˚ de la
lumière incidente et par une légère coloration jaune lorsque il est
Dans les aérogels de silice, on peut dire que seule la diffusion observé directement en transmission.
limite la transmission de la lumière.
La transparence des aérogels est directement liée aux conditions
de synthèse du gel. L’étape de séchage supercritique joue un rôle Une application directement liée à la transparence des
mineur puisqu’un gel de silice séché en milieu alcoolique ou à l’aide aérogels est la capture des poussières cosmiques. L’analyse des
du CO2 présente quasiment la même transmission dans le domaine poussières cosmiques a été facilitée par la mise en œuvre
du visible (figure 10) [49]. La transparence dépend essentiellement d’aérogels permettant de capter individuellement les particules.
du pH de l’eau d’hydrolyse de la solution d’alcoxysilane initiale. Les Embarqués dans un véhicule spatial, les aérogels sont déployés
gels synthétisés en milieu acide ou neutre sont relativement peu ou découverts lors de la phase de la capture. La particule
transparents. En milieu basique, après séchage supercritique, entrant dans l’aérogel est ralentie par la matière, puis finale-
l’aérogel présente une bonne transparence. La catalyse basique ment piégée. Plusieurs aérogels de densités différentes sont
favorise l’étape de condensation. Les particules primaires sont de utilisés. La profondeur de pénétration de la particule dans
plus grande taille et la taille moyenne des pores est plus élevée que l’aérogel permet de calculer la vitesse initiale de la particule.
dans le cas des gels acides. Pour obtenir des aérogels de silice trans- Étant donné que l’aérogel est transparent, la trajectoire de la
parents, l’hydrolyse des alcoxydes de silicium est généralement réa- particule est aisément visualisée. La particule est ainsi récupé-
lisée au moyen de solutions aqueuses ammoniaquées. On obtient rée de manière individuelle, caractérisée et chimiquement
un résultat identique avec des solutions aqueuses d’acide fluorhy- analysée.
drique. Bien qu’il s’agisse d’un acide, la solution se comporte plutôt La transparence, alliée aux propriétés d’isolation thermique,
comme une base. Les ions fluorures F− agissent d’une manière iden- est recherchée pour diminuer au maximum les pertes thermi-
tique à celle des ions OH−. ques au niveau des vitrages. Isolant thermique très efficace,
l’aérogel, s’il est transparent, permet l’absorption des rayonne-
Cependant, la diffusion de la lumière dépend beaucoup de la ments extérieurs par les objets situés à l’intérieur d’une pièce.
densité. Les aérogels basiques, de densité comprise entre 0,05 et Les rayonnements IR émis par ces objets sont réfléchis par des
0,3, transmettent bien la lumière incidente. Pour des densités vitres contenant l’aérogel. L’aérogel produit ainsi un effet de
inférieures, on constate une opacification qui augmente lorsque la serre particulièrement efficace. Cette propriété peut être aussi
densité décroît. Pour synthétiser des aérogels de silice de très faible amplifiée si l’on place après l’aérogel un mur ou revêtement
densité, d < 0,01, transparents, un procédé tout particulier est utilisé. noir très absorbant dans le visible. De ce fait, la chaleur réémise
Il consiste à former le gel en deux étapes successives. La première se propage préférentiellement à l’intérieur de la pièce.
est une étape d’hydrolyse acide réalisée avec une quantité substœ-
chiométrique d’eau, et la seconde est l’étape de condensation
réalisée en milieu basique. La gélification s’opère dans un milieu
autre que l’alcool, produit chimique de la réaction qui interdit une
hydrolyse complète des alcoxysilanes (tétraméthoxy ou tétraéthoxy 3.2 Indice de réfraction et dispersion
silanes). Le procédé en double étape permet l’obtention d’aérogels
très transparents comme l’indique la figure 11. En outre, la diminu-
tion de la densité s’accompagne alors d’une augmentation de Dans le domaine visible, les aérogels transparents ont un indice
transmission [50]. de réfraction particulièrement faible en raison de leur grande poro-
La diminution de la transmission lorsque la longueur d’onde sité. La mesure de l’indice de réfraction est réalisée suivant la
décroît et tend vers le rayonnement UV est due à la diffusion. La dif- méthode de l’angle minimal de déviation d’un faisceau lumineux
fusion est de type Rayleigh. L’intensité varie comme la longueur (généralement à une longueur d’onde de 632,8 nm) par un prisme

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vL (m/s)
Transmission (%)

140
100

80

60 100

40

20
60

0
200 400 600 800 λ (nm)

Aérogel de densité 0,04 obtenu par hydrolyse en milieu basique 20


Aérogel de densité 0,04 obtenu par le procédé de double catalyse 0 200 400 600 800 1000
Aérogel de densité 0,004 obtenu par le procédé de double catalyse P (mbar)

Figure 11 – Transmission UV – visible d’aérogels d’épaisseur 2,5 cm Figure 12 – Évolution de la vitesse du son, mesurée dans l’air,
d’un aérogel de très faible densité (5 × 10−3) en fonction
de la pression résiduelle [54]
découpé ou même directement mis en forme lors de la prise du gel.
La précision sur l’indice est de l’ordre de 10−3. Les mesures condui-
sent à une relation empirique entre l’indice n et la densité apparente
de l’aérogel da [51]. La détermination des propriétés élastiques des aérogels est réa-
lisée soit par des techniques dynamiques, soit par des techniques
n ≈ 1 + [0,210 ± 0,002]da statiques.
Étant donné la très faible valeur de l’indice de réfraction, dans le
domaine du visible, cet indice est pratiquement indépendant de la
longueur d’onde λ. La dispersion, entre 337 et 633 nm [52] est de : 4.1 Propriétés acoustiques et vitesse
∆n
du son
------- ≈ [ 3 ,0 ± 0 ,5 ] 10 –6 nm –1
∆λ
La propagation des ondes sonores dans un milieu isotrope con-
duit à la détermination des constantes élastiques C11 et C44 à partir
La possibilité de réaliser un milieu transparent d’indice ajus- des vitesses de propagation respectives des ondes longitudinales vL
table trouve son application dans les détecteurs Cherenkov. et transverses vT et de la connaissance de la masse volumique
L’effet Cherenkov est l’émission d’une onde lumineuse cohé- apparente :
rente. Cet effet apparaît lorsqu’une particule relativiste char-
gée (pions, kaons ou protons) se propage dans un milieu à une C 11 = v L2 ρ a C 44 = v T2 ρ a
vitesse supérieure à celle de la lumière dans ce même milieu.
Cet effet est analogue à l’onde de choc créée par le passage du
mur du son. Le moment des particules est calculé par la cour- Ces mesures sont réalisées par la méthode du pulse écho dans le
bure de la trace dans le champ magnétique. La vitesse de la domaine du mégahertz où l’onde est générée par un matériau pié-
particule est directement reliée à l’angle du cône que forme la zoélectrique. La diffusion Rayleigh Brillouin permet d’accéder aux
lumière émise. Il suffit de disposer plusieurs aérogels de den- mêmes vitesses. Il est cependant nécessaire d’avoir un aérogel
sités différentes pour discriminer chacune des particules, transparent, la résolution du spectromètre ne permettant pas les
l’effet Cherenkov n’apparaissant que pour les particules de mesures dans les aérogels dont la densité est inférieure à 0,10 −
vitesse adéquate. 0,15.
Un compteur Cherenkov solide comme l’aérogel est plus Concernant les méthodes ultrasonores (domaine du mégahertz),
commode que les chambres à gaz pressurisé auparavant utili- la longueur d’onde acoustique est de l’ordre du millimètre. Puisque
sées [53]. la taille moyenne des pores (≈ 10 à 20 nm) est très inférieure à la lon-
gueur d’onde acoustique, on peut assimiler l’aérogel à un milieu
continu. Les vitesses du son mesurées sont comprises entre 50 et
300 m/s, c’est-à-dire inférieures à celle du son dans l’air. Ces faibles
valeurs sont associées à la texture particulière des aérogels quelle
4. Propriétés mécaniques que soit leur nature (silice, mélamine-formaldéhyde, résorcinol-for-
maldéhyde) [54]. Le gaz envahissant la porosité de l’aérogel joue un
rôle mineur sur la vitesse pour les aérogels usuels. Cependant, pour
L’utilisation, la manutention et la mise en place d’un matériau sont les aérogels de silice de densité inférieure à 0,02, la vitesse du son
facilitées si l’on connaît préalablement ses propriétés mécaniques devient dépendante de la nature et de la pression du gaz [55]. La
dites d’usage. Il faut aussi quelquefois usiner le matériau pour lui figure 12 montre l’évolution de la vitesse des ondes longitudinales
donner sa forme définitive. À côté de ses propriétés, il est aussi vL en fonction de la pression d’air résiduel. L’étude a été réalisée sur
nécessaire de connaître sa réactivité vis-à-vis du milieu naturel et, un aérogel de densité égale à 0,0053 qui est parmi les plus faibles
dans le cas des aérogels de silice, sa réactivité vis-à-vis de l’eau que l’on puisse produire. La vitesse dépend entre autres de la den-
contenue dans l’atmosphère environnante. sité du gaz [54] envahissant les pores.

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La vitesse du son est une mesure relativement précise. Elle a per-


mis de mettre en évidence un phénomène très particulier associé à

E (MPa)
la texture des aérogels. La vitesse des ondes longitudinales décroît
lorsque les aérogels sont comprimés uniaxialement. Ce phéno- 103
mène, totalement réversible est, en fait, une non-linéarité élastique. II
Cet effet est contraire à celui observé dans les milieux denses où la
vitesse augmente en fonction de la contrainte uniaxiale imposée.
Également observé dans les aérogels organiques, de carbone ou de
silice, certains auteurs [56] avancent l’hypothèse qu’il serait dû à des 102 I
déformations de flexion des liens associant les nanostructures du
squelette solide. Ainsi, malgré l’augmentation locale de densité, il y
aurait diminution de la rigidité du composé.
1
En raison de la faible vitesse du son, il a été envisagé d’utiliser
les aérogels de silice comme ligne de retard acoustique. Le 0,1 0,2 0,3
retard serait d’environ 1 ms pour 10 cm d’aérogel. ρa (g/cm3)
Une autre application potentielle concerne l’amélioration des
télémètres pour appareil photographique. Le milieu aérogel, en
raison de sa faible densité et de la faible vitesse du son, permet- Figure 13 – Module d’Young de deux séries d’aérogels (I et II) mesurés
trait un meilleur ajustement d’impédance acoustique entre l’air en flexion trois points pour des temps de vieillissement respectifs
et le transducteur ultrasonore. Cependant, le problème majeur (de gauche à droite) : 1, 6, 10, 15 et 75 jours
est de trouver l’agent de couplage adéquat car les aérogels ne
peuvent être mis au contact de liquides (colles) sans détériora-
tion de leur texture.

σf (MPa)
4.2 Modules élastiques et contraintes 1
de rupture II

I
Les mesures statiques relativement classiques permettent d’esti-
mer tout à la fois les modules élastiques et les résistances (ou con- 10-1
traintes limites) à la rupture. Bien que des mesures de compression
soient reportées dans la littérature [57], les mesures les plus nom-
breuses sont les mesures de flexion, en raison du caractère fragile
des aérogels. Le comportement des aérogels en flexion est parfaite- 10-2
ment élastique. L’aérogel se rompt brutalement lorsque, dans le
domaine élastique, la contrainte atteint la contrainte limite. La frac- 0,1 0,2 0,3
ture est conchoïdale, en tout point analogue à celle d’un verre. Cer- ρa (g/cm3)
tains aérogels de très faible densité (da < 0,01) peuvent se déformer
sous l’effet de leur propre poids. Dans ce cas, les techniques ultraso-
nores déjà décrites sont préférées.
Figure 14 – Contrainte limite à la rupture en flexion pour deux séries
Les propriétés mécaniques d’un aérogel sont dépendantes des d’échantillons (I et II) de temps de vieillissement croissants : 1, 6, 10,
traitements que subit le gel préalablement au séchage supercriti- 15 et 75 jours
que. Le gel est un milieu évolutif dans le temps. Le retrait dû à la
synérèse, la poursuite des réactions de polycondensation et les phé-
nomènes de dissolution – redéposition entraînent une augmenta- dispersion des valeurs. Les valeurs reportées sont les moyennes
tion des propriétés mécaniques de la phase solide. Le vieillissement des essais portant sur 10 échantillons. Bien que les contraintes à
du gel est la cause du renforcement du réseau et, en conséquence, rupture soient elles-mêmes très faibles et inférieures à 1 MPa, pour
les propriétés mécaniques de l’aérogel seront dépendantes du les échantillons de très faible densité, la déformation limite avant
temps de vieillissement. rupture peut être considérable.
Ainsi les modules d’Young et la résistance à la rupture d’aérogels
Exemple : un aérogel de silice obtenu en condition neutre, de den-
de même densité dépendent du temps de vieillissement du gel préa-
sité 0,12 a une déformation limite à rupture de l’ordre de 2,5 %, ce qui
lable au séchage supercritique. L’extraction du solvant localisé dans
est très inhabituel dans les matériaux inorganiques.
les pores stoppe l’étape de vieillissement.
Les figures 13 et 14 montrent l’évolution respective des modu- D’une manière générale, après la prise, le gel est vieilli pendant
les d’Young et de la contrainte à la rupture d’aérogels neutres une semaine avant d’être transformé en aérogel. Les modules élas-
obtenus après vieillissement du gel pendant des temps croissants . tiques et les contraintes limites à la rupture sont donnés pour ce
Les gels élaborés en milieu neutre ont été volontairement choisis temps de vieillissement et les résultats peuvent être valablement
car le vieillissement a un effet beaucoup plus conséquent que sur comparés.
les gels basiques. Les deux séries d’aérogels présentent des La comparaison entre les aérogels neutres et basiques (figure 15)
densités initiales différentes. Elles augmentent avec le vieillisse- montre que ces derniers ont des modules d’Young plus faibles à
ment en raison des phénomènes de retrait et de synérèse évoqués masses volumiques égales. Cela conduit à dire que la connectivité
précédemment. du réseau solide est plus faible dans les aérogels basiques. Ils sont
Les modules des aérogels sont très faibles et restent inférieurs à constitués par des particules plus grosses et la taille moyenne des
1 GPa. Les contraintes limites à rupture présentent les caracté- pores est relativement élevée comparativement aux aérogels
ristiques communes aux matériaux fragiles. On observe une forte neutres. Comme le montre la figure 15, la variation des modules

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4.3 Ténacité et propagation subcritique


E (MPa)
de fissure

Les aérogels étant fragiles, très poreux et développant une


grande surface spécifique, pour toute application, il est indispensa-
102 ble de connaître leur comportement dans les conditions de contrain-
tes mécaniques et d’environnement sous lesquelles ils auront à
fonctionner.
Pour les matériaux fragiles et, par conséquent, pour les aérogels,
la contrainte limite à la rupture n’est pas un paramètre intrinsèque
10 au matériau. La grandeur intrinsèque qui rend compte de la résis-
tance à la rupture du matériau est le facteur d’intensité de la con-
trainte critique en mode ouvrant, appelé aussi ténacité KIC. Cette
propriété, dépendant de la contrainte, inclut la longueur de fissure
présente dans le matériau.

1 La ténacité des aérogels de silice est mesurée de manière simple


par la méthode de l’éprouvette entaillée. La forme de l’échantillon,
0,1 0,2 0,4 0,6
une éprouvette prismatique à base rectangulaire, est obtenue par
ρa (g/cm3) formation du gel dans un récipient de forme et dimensions choisies.
Réaliser une entaille à l’aide d’une scie de 50 µm d’épaisseur est
Figure 15 – Module d’Young des aérogels neutres  et basiques O relativement aisé. L’expérience est conduite avec une vitesse de des-
en fonction de la masse volumique cente de traverse de l’ordre de quelques cm/min et sous atmos-
phère sèche. Dans de telles conditions, la fracture survient lorsque
la contrainte appliquée est telle que KIC est atteint sans modification
élastiques avec la densité peut se mettre sous la forme d’une loi de la longueur de fissure pendant l’essai [60].
d’échelle :
La ténacité des aérogels dépend de la masse volumique et ne
E ∝ ρ aβ semble pas dépendre de la catalyse initiale du gel (figure 17). Les
valeurs des ténacités sont comprises entre 1 et 10 kPa ⋅ m , c’est-à-
où l’exposant β compris entre 3,6 et 3,7, est directement obtenu par dire des valeurs très inférieures à celle de la silice massive (0,6 à
la pente des droites. La valeur de cet exposant a été traitée en terme 0 ,7 MPa ⋅ m ), ce qui démontre l’extrême fragilité du matériau.
de propriété de structure hiérarchique [58] ou de milieu percolant Lorsqu’un aérogel est placé dans une atmosphère avec laquelle il
[59]. Les mesures de contraintes à rupture en flexion σf (moyenne peut réagir, en fonction du temps, on assiste à une propagation
sur 10 échantillons) sont peu dépendantes de la catalyse initiale lente de fissure. Cet effet est bien connu dans les céramiques poly-
(figure 16). La contrainte suit, là encore, une loi d’échelle en cristallines et dans les verres. On dit qu’il y a propagation subcriti-
fonction de la masse volumique apparente : que de la fissure dans la mesure où cette propagation apparaît pour
des facteurs d’intensité de contrainte bien inférieurs au facteur
σ f ∝ ρ aγ d’intensité de contrainte critique.

L’exposant γ est compris entre 2,5 et 2,6. Un phénomène de corrosion chimique amplifié par la contrainte
de tension induite au niveau du fond de fissure est responsable de
l’avancée de la fissure dans le temps. La connaissance de l’avancée
lente de la fissure est indispensable si l’on veut estimer « a priori »
le temps de vie d’un aérogel sous une contrainte et une atmosphère
donnée.
σf (MPa)
KIC (kPa.m1/2)

1
10

10-1
1

10-2

10-1

0,1 0,2 0,4 0,6 0,1 0,2 0,3


ρa (g/cm3)
ρa (g/cm3)

Figure 16 – Contrainte limite à la rupture en flexion d’aérogels Figure 17 – Ténacité des aérogels neutres  et basiques O
neutres  et basiques O en fonction de la masse volumique en fonction de la masse volumique

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vf (m/s)
5. Propriétés thermiques
c
b' Parmi les propriétés thermiques des aérogels, la plus spécifique
est celle qui exprime le caractère d’isolant thermique. En effet, du
fait de leur texture (porosité submicronique, faible densité et réseau
10-3 constitué pour la plupart d’une agglomération de particules), les
aérogels présentent des conductivités très faibles pouvant être infé-
rieures à la conductivité de l’air. Le matériau est alors considéré
comme un superisolant [BE 9 861], réf. [63].
b
10-5
a'
5.1 Techniques de mesure

10-7 Les techniques de mesure de la conductivité thermique des


aérogels sont multiples [R 2 850], réf. [64] et peuvent s’effectuer en
régime stationnaire, quasi établi ou transitoire. Nous en rappelons
a les principes généraux ci-après.
La méthode dite des plaques gardées en régime stationnaire con-
10-9
siste à placer l’échantillon entre deux plaques et à mesurer ou impo-
0,5 1 1,5
ser leur température ainsi que le flux de chaleur qui traverse le
KI (kPa.m1/2) matériau. La connaissance de ces trois paramètres permet alors de
déterminer la conductivité.
La méthode flash mesure en régime transitoire la diffusivité du
Figure 18 – Vitesse de propagation de fissure vf en fonction matériau suite à une excitation lumineuse. La conductivité thermi-
du facteur d’intensité de contrainte pour un aérogel hydrophobe  que se déduit alors en appliquant la relation suivante :
et pour un aérogel oxydé O
λ = ρa Cp a (13)
avec λ (W · m−1 · K−1) conductivité thermique,
Les mesures d’avancée de fissure dans les aérogels basiques ρa (kg/m3) masse volumique apparente,
transparents ont été réalisées en utilisant la méthode DCDC (double
a (m2 · s−1) diffusivité thermique,
cleavage drilled compression). La ténacité de ces aérogels, de den-
sité égale à 0,22, est d’environ 3 ,5 kPa ⋅ m . Les longueurs de fissu- Cp (J · kg−1 · K−1) capacité thermique massique à
res ont été mesurées optiquement, les échantillons étant dans une pression constante.
enceinte dont le degré hygrométrique, contrôlé par une solution L’emploi d’une source de chaleur lumineuse (flash) rend cette
saturée de NaHSO4-H2O, est de 50 % [61]. La vitesse de propagation technique délicate lorsque le matériau est transparent, voire translu-
de fissure vf dépend de la nature de la surface de l’aérogel cide. C’est pourquoi, elle sera souvent délaissée au profit de la tech-
(figure 18). La vitesse de fissure est plus faible pour les aérogels nique du fil chaud qui s’effectue en régime quasi-établi et qui est
hydrophobes tels qu’ils sont obtenus après un séchage supercriti- plus adaptée à la mesure de conductivité de matériaux fortement
que à l’alcool et dont la surface a été estérifiée. L’analyse des poreux comme les poudres ou les aérogels. Son principe est décrit
mécanismes de fissuration est généralement faite à l’aide de la dans le dossier [R 2 850], réf. [64]. Il consiste à établir à l’aide d’un fil
pente de la droite ln vf ∝ KI. La pente bc (ou b′c ) est égale à 35. Cette résistif une puissance thermique constante et à suivre l’évolution
valeur est identique à celle trouvée dans la silice dense. Dans ce temporelle de la température. L’exploitation du thermogramme
domaine, le mécanisme de corrosion sous contrainte est relative- ainsi réalisé permet de déterminer la conductivité du matériau. Tou-
ment classique et correspond à une chimisorption dissociative des tefois, lorsque cette dernière est très faible (λ ≤ 0,01 W · m−1 · K−1 à
molécules d’eau sur le réseau de silice [62]. Le parallélisme des droi- 300 K sous vide), les pertes de chaleur axiales ainsi que les erreurs
tes (ab) correspondant aux aérogels hydrophobes et des droites générées par l’existence inévitable entre le fil chaud et le matériau
d’une interface ne peuvent plus être négligées [65].
( a′b′ ) correspondant aux mêmes aérogels rendus hydrophiles par
un traitement d’oxydation thermique à 300 ˚C indique que le
mécanisme de corrosion est identique dans les deux cas. Ce
mécanisme est néanmoins différent du précédent (bc ou b′c ) puis- 5.2 Conductivité thermique (solide, gaz,
que la pente des courbes est alors voisine de 13, c’est-à-dire prati-
quement deux fois inférieure à la précédente. Pour des vitesses de
radiation)
propagation de fissure faibles, l’attaque du réseau de silice ne
nécessite pas l’arrivée de molécules d’eau. L’eau moléculaire est La conductivité thermique apparente d’un aérogel est issue de la
adsorbée à la surface de l’aérogel en raison de la présence de grou- contribution de trois modes de transport différents, solide, gazeux et
pes silanols. La fissuration est assurée par un transfert de protons radiatif. S’il est aisé d’identifier la contribution gazeuse, la contribu-
depuis la surface de l’aérogel jusqu’au fond de la fissure microsco- tion radiative est en toute rigueur couplée à la composante solide
pique. L’hydrophobie a pour seule conséquence de diminuer le [66]. Toutefois, en tolérant des erreurs, évaluées par certains auteurs
nombre de molécules d’eau adsorbée et donc de diminuer globale- à moins de 5 % [67] sur l’estimation des flux de chaleur pour des
ment la vitesse de propagation de fissure. Des expériences réalisées aérogels de silice, une première approche peut consister à décor-
sous air sec donnent des résultats identiques. L’espèce corrosive est réler les composantes radiative et solide. La conductivité du
l’eau adsorbée en surface. La forte porosité et la grande surface spé- matériau s’écrit alors comme la somme de la conductivité due au
cifique font des aérogels des matériaux inusuels dans la mesure où solide (λs), de celle due au gaz contenu dans le matériau (λg) et de
la fissuration est facilitée par des espèces corrosives déjà présentes celle due aux radiations (λr). Différents modèles permettant d’esti-
en surface du réseau solide. mer la contribution de chacune de ces composantes sont proposés

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ci-après. Bien qu’approximatifs, ils permettent d’apprécier les évolu-


tions des modes de conductivité en fonction de paramètres textu-

λs x 1000 (W.m-1.K-1)
raux simplifiés (taille moyenne de pore) ou macroscopiques
(surface spécifique, masse volumique apparente). D’autres lois de 10
Silice
comportement plus adaptées à la spécificité de chacun des maté-
8
riaux ainsi que des valeurs expérimentales seront présentées dans
le paragraphe 5.3. 6 MF

4 RF
5.2.1 Composante solide
2
La contribution du réseau solide (squelette) de l’aérogel à la con- 0
ductivité globale peut être donnée par l’expression suivante [68] : 0 50 100 150 200 250
ρa (kg/m3)
ρ a vλ s
λ s = ---------------- (14)
ρs vs Figure 19 – Variation de la conductivité thermique solide en fonction
de la masse volumique d’aérogels de silice (SiO2) et d’aérogels
−1 −1
avec λs (W · m ·K ) contribution du réseau solide de organiques de type RF ou de type MF [68]
l’aérogel à la conductivité,
λs0 (W · m−1 · K−1) conductivité du matériau massif,
5.2.2 Composante radiative
ρa (kg/m3) masse volumique apparente de
l’aérogel,
Le modèle de Rosseland décrit avec une approche simplificatrice
ρs (kg/m3) masse volumique du matériau le phénomène de conduction radiatif dans les matériaux. Il consiste
constituant le squelette, à considérer le matériau comme une plaque infinie d’épaisseur e
v (m/s) vitesse du son (onde longitudinale) avec les hypothèses suivantes :
dans l’aérogel, — le matériau est optiquement épais, c’est-à-dire que l’épaisseur
vs (m/s) vitesse du son (onde longitudinale) de l’isolant est bien supérieure au libre parcours des photons ;
dans le matériau massif. — le phénomène de diffusion du rayonnement thermique est iso-
trope dans tout le volume du matériau ;
La vitesse du son dépendant de la densité des aérogels, des lois — l’émission et la réflexion aux interfaces présentent une symé-
de comportement ont été établies : trie azimutale.
Pour des aérogels de masse volumique comprise entre 20 kg/m3 Dans ces conditions et loin des interfaces, le transfert radiatif peut
et 100 kg/m3 : être traité suivant un formalisme similaire à celui de la loi de
Fourier :
v ≈ k ρa (λs / ρsvs)1/2 (15)

Pour des aérogels de masse volumique supérieure à 100 kg/m3 : q = λ r ∇T (17)

v ≈ k′ ( ρ a ⁄ ρ s ) 0 ,88 v s (16) avec λr (W · m−1 · K−1) composante radiative de la conductivité,


q (W · m−2) densité de flux de chaleur,
Les valeurs de conductivité λs0 et de masse volumique ρs du
matériau massif ainsi que des coefficients k et k′ sont données dans ∇T le gradient de température.
le tableau 3. La variation de conductivité due au réseau solide de La conductivité thermique de rayonnement dans le cas d’un maté-
l’aérogel λs en fonction de la masse volumique est plus importante riau gris (matériau dont les propriétés radiatives ne dépendent pas
pour les aérogels de silice que pour les aérogels organiques de type de la longueur d’onde dans le domaine optique considéré) peut être
résorcinol-formaldéhyde (RF) ou mélamine-formaldéhyde (MF) déterminée par la relation suivante [BE 9 860], réf. [69] :
(figure 19).
16n 2 σT 3
(0)

λ r = ------------------------ (18)
Tableau 3 – Paramètres permettant le calcul 3β R ( T )
de la conductivité thermique solide λs
avec n indice de réfraction ( –∼ 1 pour les aérogels),
de différents aérogels [68] et valeur de γ
σ constante de Stefan-Boltzmann
Composition λs0 ρs k k′ γ ( = 5 ,67 ⋅ 10 –8 W ⋅ m –2 ⋅ K –4 ),
(W · m−1 · K−1) (kg/m3) βR(T) coefficient d’extinction moyen de Rosseland à la
température considérée.
SiO2 1,34 2 200 4 080 0,39 ∝ 0 ,6
βR se déduit du spectre d’absorption du matériau poreux [68]. Il
Résorcinol-for- 0,18 1 300 7 350 0,47 ∝ 0 ,6 peut s’exprimer en fonction du coefficient d’extinction du matériau
maldéhyde (RF) constituant le squelette de l’aérogel à la même température β sR ( T ) ,
Mélamine-for- 0,22 1 340 8 890 0,57 ∝1 de la masse volumique de ce matériau ρs et de la masse volumique
maldéhyde (MF) apparente de l’aérogel considéré ρa suivant la relation :
Carbone 4,18 1 450 10 900 1,37 ∝1
ρ a β sR ( T )
γ paramètre représentatif de la morphologie du réseau constituant β R ( T ) = ---------------------- = β sR ( T ) ( 1 – P ) (19)
l’aérogel (cf. § 5.2.3) ρs

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avec β sR ( T ) (m−1) coefficient d’extinction moyen de Rosseland


du matériau constituant le squelette de

λ x 1000 (W.m-1.K-1)
l’aerogel,
P porosité de l’aérogel. 14

Le tableau 4 donne les valeurs de ⁄ ρ s à 300 K pour des β sR 12


aérogels de différentes compositions chimiques.
(0)

10

Tableau 4 – Coefficient d’extinction spécifique moyen 8


de Rosseland A = β sR ⁄ ρ s à 300 K
6
pour différents aérogels [68] 0,1 1 10 100 1000
P (mbar)
A
Composition
(m2/kg)
Figure 20 – Influence de la pression sur la conductivité thermique
SiO2 22,7 d’aérogels de RF de masse volumique 185 kg/m3 à température
ambiante [70]
SiO2 opacifié 84,2
TiO2 32,6
ZrO2 38,9 λg0 (W · m−1 · K−1)conductivité du gaz dans un état non
confiné à la température et à la pression
Carbone > 1 000
considérée,
Résorcinol-formaldéhyde (RF) 50,1
P porosité,
Mélamine-formaldéhyde (MF) 47,2
α constante dépendant de la nature gaz
Polyuréthane 47,6 (α ≈ 2 pour l’air),
Polystyrène 47,8 Kn nombre de Knudsen, rapport entre le
libre parcours moyen des molécules de
gaz à la température et à la pression
considérées lg et une dimension linéaire
5.2.3 Composante gazeuse
représentative de l’espace de
confinement d.
Les paramètres les plus souvent étudiés pour apprécier la contri-
bution gazeuse à la conductivité globale des aérogels sont la pres- La théorie cinétique des gaz permet d’exprimer lg en fonction de
sion du gaz contenu dans l’aérogel pour une texture de matériau la température T, de la pression p et du diamètre de la molécule de
donnée ou réciproquement la texture à pression donnée. Ce sont en gaz dm. La relation est donnée par l’expression :
effet les deux principaux facteurs susceptibles de faire varier de
façon significative la composante gazeuse de la conductivité kT
gazeuse. l g = ------------------------ (21)
2 πd m 2 p
La figure 20 montre les effets de la pression du gaz sur la conduc-
tivité thermique totale à l’ambiante d’un aérogel organique [70] et
avec k constante de Boltzmann.
révèle ainsi l’efficacité du confinement puisque la conductivité ther-
mique due au gaz est estimée à 0,007 W · m−1 · K−1 au lieu de Dans le cas des aérogels, d est souvent de l’ordre, voir inférieur,
0,026 W · m−1 · K−1 en milieu non confiné hors convection. Elle cor- du libre parcours moyen des molécules lg, Kn est alors ≥ 1 et le
respond ainsi, dans ce cas, à 50 % de la conductivité totale à tempé- régime du flux gazeux est appelé régime de Knudsen. Toute la diffi-
rature ambiante de l’aérogel, ce qui justifie en particulier les culté réside dans l’évaluation de ce paramètre d qui est souvent
différentes études menées pour exprimer la composante gazeuse en associé à la taille moyenne du pore dans l’aérogel. Des hypothèses
fonction des paramètres texturaux accessibles et mesurables de sur la texture (réseau constitué de sphères de matière de diamètre
l’aérogel (taille moyenne de pore, surface spécifique). Pour cela, il Φ0 toutes identiques et en contact s’organisant en chapelet plus ou
faut déterminer l’incidence du confinement sur le libre parcours moins ordonné) permettent d’exprimer cette taille moyenne de
moyen des molécules gazeuses. Deux approches conduisant à des pores en fonction de paramètres tels que la masse volumique de
expressions différentes sont proposées ci-après. l’aérogel ρ, la densité du squelette, le diamètre des sphères Φ0 et γ
un paramètre représentatif de la morphologie du réseau constituant
■ La première, suivant un modèle classique de théorie cinétique l’aérogel [68]. Ainsi pour ce modèle, dans le cas où la taille des par-
des gaz fait intervenir le nombre de Knudsen Kn et relie la conducti- ticules Φ0 est petite devant celle du pore, la taille moyenne du pore
vité gazeuse en milieu confiné à celle du gaz libre hors convection. apparaît comme proportionnelle à ρ−γ.
Elle implique pour la détermination du nombre de Knudsen, de défi-
nir une dimension linéaire caractéristique de l’état de confinement Par exemple, dans le cas d’un système simpliste ordonné où les
du gaz : chapelets sont parfaitement alignés sur les arêtes de longueur b d’un
cube, et sont constitués par un assemblage jointif de particules dont le
diamètre Φ0 est très inférieur à b, la taille moyenne des pores d consi-
⎛ ρ⎞ dérée comme étant égale à b peut être déterminée par la relation
λ g0 ⎜ 1 – -----⎟
⎝ ρ s⎠ λ g0 P suivante :
λ g = ------------------------------ = ---------------------- (20)
1 + αKn 1 + αKn d ≈ [ πΦ 02 ρ s ⁄ 2 ] 1 / 2 [ ρ ] –γ (22)

avec λg (W · m−1 · K−1) conductivité gazeuse dans l’aérogel, avec γ = 1/2

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λ x 1000 (W.m-1.K-1)
λg x 1000 (W.m-1.K-1)

18 160 SiO2 sans opacifiant

15 120
12
80
9
6 40 SiO2 avec opacifiant
3 Silice optimisé
RF 0
0
0 50 100 150 200 250 300 350 300 400 500 600
T (K)
ρa (kg/m3)
Figure 22 – Conductivité thermique calculé d’aérogels de silice
avec un taux de charge en opacifiant (carbone) optimisé [74]
Figure 21 – Variation de la conductivité thermique gazeuse d’aérogel
de silice et de RF en fonction de la masse volumique (modèle proposé
par L.W. Hrubesh et W. Pekala [68]) et comparaison avec des mesures
expérimentales sur des aérogels de R/C (précurseur résorcinol/ 5.3 Conductivité thermique des aérogels
catalyseur) de 300 [70] de silice et des aérogels organiques

Le tableau 3 donne les valeurs de γ pour les familles d’aérogels En fonction de la composition des aérogels, la contribution des
les plus connues. Signalons que celles correspondant aux aérogels différents modes de transport de la chaleur à la conductivité du
de silice et de RF sont proches du modèle proposé ci-avant. Des matériau évolue. Ainsi, pour les aérogels de silice, la composante
valeurs de γ se rapprochant de l’unité sont interprétées comme étant radiative peut ne plus être négligeable lors d’un fonctionnement à
représentatives d’une structure plus désordonnée. une température supérieure à l’ambiante et nécessite l’emploi
d’opacifiant dont la nature dépend du domaine de température
L’application des relations (20), (21) et (22) aux aérogels de silice recherché pour l’application.
et de RF montre l’influence de la masse volumique de l’aérogel sur ■ Aérogels de silice
sa conductivité par voie gazeuse (figure 21).
Les aérogels de silice présentent la particularité d’être relative-
Plus la densité diminue et plus la contribution de la conductivité ment transparents dans une plage de longueur d’onde comprise
gazeuse augmente, ce qui s’explique aisément par l’augmentation entre 3 et 4 µm en valeur inférieure [66] [67] et entre 5 et 8 µm en
de la taille des pores. Ces courbes théoriques sont comparées à des valeur supérieure [66] [67] [72]. Ils sont donc peu performants dès
que la température augmente. Par exemple pour des aérogels de
résultats expérimentaux issus d’aérogels organiques de type RF
silice de densité 0,13, la conductivité radiative présente une
[70]. La forme de la courbe semble bien conservée mais ne coïncide dépendance en température en Ta (a = 5,6). De fait, les valeurs de
pas avec celles calculées précédemment. Les écarts constatés tant conductivité radiative sont très faibles et valent 0,001 W · m−1 · K−1
au niveau de la densité que des valeurs de conductivité montrent et environ 0,002 W · m−1 · K−1 respectivement à 250 et 280 K, alors
que ce modèle tend à sous-estimer la dimension caractéristique de qu’elles atteignent 0,025 W · m−1 · K−1 à 450 K [67]. Une solution
confinement ainsi que la contribution des pores de plus grande pour limiter la dégradation des propriétés de conduction thermique
taille. due à la composante radiative à haute température est d’ajouter au
sein de l’aérogel des opacifiants qui se présentent sous la forme de
■ Une seconde approche [71] consiste à calculer la conductivité à particules minérales ou de carbone. Ces dernières dispersées dans
partir des mécanismes de transport dans les matériaux poreux l’aérogel modifient le spectre d’absorption de l’aérogel en augmen-
plutôt que d’essayer de déterminer une dimension caractéristique tant son opacité dans l’infrarouge. Le choix de l’opacifiant dépend
de confinement d. L’expression de la conductivité par voie gazeuse du domaine d’application.
ne fait alors intervenir que les paramètres texturaux suivants : Ainsi, sous air et à basse température (T ≤ 300 ˚C), le carbone qui
porosité, surface spécifique, masse volumique du poreux et du présente un coefficient d’extinction plus élevé que celui des oxydes
squelette. (tableau 4) est généralement utilisé en tant qu’opacifiant [73]. Une
modélisation de l’influence du taux de carbone dans les aérogels de
La conductivité gazeuse de l’air dans l’aérogel peut alors être esti- silice [74] montre qu’il est possible d’optimiser le taux de charge
mée au moyen de la relation suivante en W · m−1 · K−1. pour obtenir un minimum de conductivité. En effet, si le carbone
provoque une diminution conséquente de la conductivité radiative,
il augmente par ailleurs la conductivité solide du matériau du fait de
60 ,22 ⋅ 10 –4 pT –0 ,5 P son caractère conducteur électrique. La figure 22 représente la con-
λ g = ---------------------------------------------------------------------------------- (23) ductivité thermique d’aérogels dopés en fonction de la température.
0 ,25Spρ a P –1 + 4 ,01 ⋅ 10 9 pT –1 Ces valeurs sont calculées pour des taux de dopant optimisés qui
valent 8 %, 18 %, 28 % et 38 % respectivement pour des températu-
avec P porosité, res de 300 K, 400 K, 500 K et 600 K. On notera que ce taux optimisé
augmente linéairement avec la température [73].
p (MPa) pression, Pour des applications jusqu’à 600 ˚C, l’emploi de charges minéra-
les est fortement recommandé. Le tableau 5 donne les valeurs du
T (K) température, coefficient d’extinction spécifique moyen de Rosseland à 500 ˚C
d’aérogels de silice contenant des quantités différentes d’opaci-
2/kg)
Sp (m surface spécifique. fiants de nature variée [75].

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(0)

Tableau 5 – Coefficient d’extinction spécifique moyen


de Rosseland A = β sR ⁄ ρ s d’aérogels de silice

λ x 1000 (W.m-1.K-1)
avec opacifiants à 500 ˚C [75] 22
RF : R/C = 50
20
Fraction Masse volumique
Diamètre moyen A 200
volumique de l’aérogel 18 300
des particules
de la (m2/kg) Polyuréthane
charge
(µm) (kg/m3) 16

14
10 % TiO2 3,5 170 17
12
20 % TiO2 3,5 220 40
10
30 % TiO2 3,5 200 60
0 50 100 150 200 250 300
20 % Fe3O4 5 180 56 ρa (kg/m3)

20 % B4C 4,5 250 48


20 % SiC 1,5 240 15
Figure 23 – Variation de la conductivité thermique d’aérogels
organiques de type RF ou de type polyuréthane pour différentes
conditions de synthèse [70] [76] à température ambiante
■ Aérogels organiques
et sous air
Potentiellement, en raison de leur faible conductivité intrinsèque
« solide » (tableau 3) et de leurs coefficients d’extinction plus élevés
(tableau 4), ils devraient présenter de très faibles conductivités ther- masse volumique, tandis que la seconde décroît du fait de la dimi-
miques. La figure 23 donne la variation de la conductivité thermi- nution de taille des pores.
que apparente en fonction de la densité pour différentes conditions Pour les aérogels de RF, une loi de comportement de la conducti-
de synthèse d’aérogels de type résorcinol/formaldéhyde [70] et pour vité thermique solide λs en fonction de la masse volumique a été
une seconde famille d’aérogels [76]. Elle met en évidence pour les établie. Elle est similaire à celle des aérogels de silice opacifiés
gels de type RF l’existence d’une valeur minimale pour la conducti- ( λ s ∝ ρ ab ) . L’exposant b varie entre 1,2 et 1,5 suivant la valeur du
vité. Ce minimum est dû aux évolutions contraires des conductivités rapport molaire R/C entre le précurseur (résorcinol) et le catalyseur
solide et gazeuse avec la densité. La première augmente avec la (Na2CO3) [70].

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08/09/2008

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