Vous êtes sur la page 1sur 12

Dossier délivré pour

Madame, Monsieur
08/09/2008

Procédés d’émulsification
Mécanismes de formation des émulsions
par Jean-Paul CANSELIER
Ingénieur ENSCT, Docteur d’État
Maître de conférences à l’INP de Toulouse (ENSIACET)
et Martine POUX
Ingénieur ENSCT, Docteur de l’INPT, HDR
Ingénieur de recherche à l’INP de Toulouse
Laboratoire de Génie chimique UMR CNRS 5503 INPT/UPS,
École nationale supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques, Toulouse
(ENSIACET)

1. Les émulsions : formulation et caractérisation .............................. J 2 152 – 2


1.1 Classification. Composition ........................................................................ — 2
1.2 Importance industrielle. Secteurs d’application ....................................... — 2
1.3 Processus d’évolution au cours du temps................................................. — 2
1.4 Caractérisation d’une émulsion.................................................................. — 4
2. Mécanismes intervenant au cours de l’émulsification.................. — 6
2.1 Énergie mise en jeu ..................................................................................... — 6
2.2 Mécanismes de formation de gouttes ....................................................... — 7
2.3 Mécanismes de rupture de gouttes ........................................................... — 7
2.4 Effet de l’émulsifiant.................................................................................... — 10
2.5 Aspects cinétiques....................................................................................... — 11

Références bibliographiques ......................................................................... — 11

Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 2 154

es émulsions sont des mélanges diphasiques liquide-liquide dont les pro-


L priétés (type, viscosité, granulométrie, stabilité) dépendent à la fois de la
composition (formulation), de la température et du mode de fabrication (pro-
cédé). Après quelques rappels sur la formulation et la caractérisation des émul-
sions, cet article présente les mécanismes intervenant au cours de
l’émulsification.
L’article suivant [J 2 153] décrira les principaux procédés industriels de prépa-
ration, leur technologie et l’appareillage nécessaire.
Pour plus de détails sur les phénomènes d’émulsification, consulter la référence [1] :
« Émulsification. Élaboration et étude des émulsions », dans ce traité.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur J 2 152 − 1

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION ___________________________________________________________________________________________________________

1. Les émulsions : formulation que des phases et les proportions d’ingrédients dans chacune des
phases [1] [6] [7]. Nous ne considérerons que le premier d’entre eux.
et caractérisation Un empilement aléatoire de sphères dures identiques (système
monodispersé) correspond à une fraction volumique de phase dis-
persée φ de 0,64 [8]. Lorsque l’on atteint la densité maximale
d’empilement, que les sphères soient disposées selon un arrange-
On peut définir une émulsion comme une dispersion de gout- ment hexagonal compact (motif à deux couches selon ABAB...) ou
telettes d’un liquide A dans une phase liquide continue B [1]. selon un arrangement cubique compact (motif à trois couches
Les émulsions, instables thermodynamiquement, possèdent un ABCABC...), φ admet comme limite 0,74, chaque sphère étant entou-
minimum de stabilité cinétique, assurée le plus souvent par rée de 12 voisines [9]. En pratique, dans les émulsions, φ peut être
l’addition d’agents tensioactifs, de solides finement divisés [2], bien supérieur à cette dernière valeur pour deux raisons : la
de polymères ou de macromolécules biologiques (émulsifiants). déformabilité des gouttelettes (pouvant adopter une structure poly-
édrique comme dans une mousse), puisque la phase dispersée est
fluide, et la polydispersité du système (distribution plus ou moins
large de la taille des gouttes), ce qui permet aux gouttes les plus
La production d’émulsion (ou émulsification) s’accompagne d’un petites de remplir une partie de l’espace laissé libre par les plus
accroissement considérable de l’aire interfaciale et nécessite un grosses.
apport d’énergie, fournie, par exemple, par agitation mécanique. La
fabrication des émulsions doit prendre en compte les variables de
composition ou de formulation proprement dites (nature et propor-
tion des phases, choix et quantités d’additifs, en particulier émulsi-
fiants) et les conditions dans lesquelles ces émulsions sont 1.2 Importance industrielle. Secteurs
produites (température...) : ces paramètres conditionnent le type de d’application
l’émulsion. D’autre part, les variables de procédé, relatives à la tech-
nique d’émulsification, déterminent en grande partie la qualité de
l’émulsion (finesse, stabilité). Les domaines où l’on rencontre des émulsions sont extrêmement
nombreux. Premièrement, malgré leur caractère métastable, il
existe des émulsions naturelles : c’est le cas du lait (émulsion de
type H/E stabilisée par des glycoprotéines) et du latex d’hévéa,
1.1 Classification. Composition consistant en gouttelettes de phase organique (hydrocarbures et
composés fonctionnalisés) dispersés dans l’eau. Deuxièmement,
des émulsions interviennent temporairement dans certaines étapes
L’absence de miscibilité de deux liquides, ou leur miscibilité très d’un procédé industriel : extraction liquide-liquide, polymérisation
limitée, nécessaire à la formation d’une émulsion, provient d’une dif- en émulsion... Troisièmement, certaines émulsions sont indésira-
férence de nature entre les interactions majoritairement responsables bles, comme celles qui se forment lors de l’exploitation des gise-
de leur cohésion respective. Pour que deux liquides A et B se ments pétroliers (émulsions E/H, que l’on cherche à casser). Mais les
mélangent dans des proportions données, il faut que leur enthalpie émulsions formulées constituent principalement des produits finis
libre de mélange soit négative : ou bien la somme des énergies ou produits d’usage courant dans des secteurs d’application
d’interaction A-B est supérieure à la somme des énergies domestiques ou industriels très variés [10] [11] [12] dont les princi-
d’interaction A-A et B-B (hE < 0), ou bien la valeur faiblement positive paux sont rassemblés dans le tableau 1.
de hE est compensée par le terme entropique, toujours positif et de
signe contraire. La théorie des solutions régulières et les paramètres
de solubilité associés à cette théorie fournissent une description
quantitative correcte du comportement des mélanges liquides, 1.3 Processus d’évolution au cours
pourvu que les interactions entre dipôles et les phénomènes d’asso- du temps
ciation (A-A, B-B ou A-B) ne soient pas trop importants [3]. Les deux
types extrêmes de liquides sont représentés par les « huiles » (liqui-
des apolaires), dont la cohésion est due uniquement aux forces de
Au cours du temps, une émulsion évolue fatalement vers la sépa-
dispersion et les liquides constitués de molécules fortement asso-
ration des phases. Les mécanismes de déstabilisation d’une émul-
ciées, par exemple par des liaisons hydrogène, dont le représentant le
sion peuvent être répartis en deux catégories :
plus important est l’eau. Les émulsions simples (une phase dispersée
dans une phase continue) sont donc de type huile dans l’eau (H/E) ou — la première regroupe les phénomènes de migration de particu-
eau dans l’huile (E/H), l’inversion de phases étant d’ailleurs possible les et met en jeu des phénomènes réversibles ;
dans certaines conditions. Les émulsions doubles (ou émulsions mul-
— la seconde concerne la variation de taille des particules, con-
tiples) consistent en une émulsion simple dispersée à son tour dans
sistant en des processus irréversibles (figure 1).
une phase continue externe. Elles sont du type E/H/E ou H/E/H. (0)

La phase aqueuse (ou assimilée) peut contenir des électrolytes,


des composés organiques plus ou moins solubles (hydrophiles)...
La phase organique est constituée au sens large par une huile d’ori- 1.3.1 Migration des particules : floculation,
gine « minérale » (hydrocarbure, mélange d’hydrocarbures, dérivés crémage, sédimentation
halogénés ou autres composés « synthétiques » non ou peu polai-
res et très peu miscibles à l’eau), végétale ou animale, ou encore par
Sous l’influence de l’agitation thermique (mouvement brownien),
une huile de silicone. Dans les émulsions commerciales, la phase
la migration des particules commence par une association de gout-
« huile » consiste fréquemment en un mélange de substances.
telettes (floculation) et, selon les masses volumiques relatives des
Quant à l’interface, elle consiste le plus souvent en une monocouche
phases, aboutit le plus souvent à un crémage (ascension de la phase
d’émulsifiant adsorbée, mais elle peut aussi renfermer des cristaux
dispersée) ou à une sédimentation (chute de la phase dispersée) :
liquides lyotropes, de fines particules solides ou même des électro-
elle peut alors se traduire respectivement par un éclaircissement de
lytes inorganiques [4] [5].
la partie inférieure ou de la partie supérieure de l’échantillon. C’est
Comme pour les systèmes de Winsor [1], les aspects quantitatifs aussi une séparation de l’émulsion par décantation en deux nouvel-
de la composition des émulsions comprennent le rapport volumi- les émulsions : l’une plus riche en phase dispersée que l’émulsion

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
J 2 152 − 2 © Techniques de l’Ingénieur

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
___________________________________________________________________________________________________________ PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION

Tableau 1 – Principaux secteurs d’application utilisant des émulsions


Secteur d’application Exemples
Alimentation Vinaigrette domestique : E/H ; stabilisée : H/E, dm (diamètre moyen des gouttelettes) ≈ 20 µm
Mayonnaise (très faible volume de phase aqueuse continue et tensioactifs : lécithines du jaune d’œuf) :
H/E, dm = 3 à 100 µm selon nature de l’émulsifieur et vitesse d’agitation [13] [14]
Beurre et margarines : émulsions figées E/H ; crèmes glacées : émulsions H/E aérées (« foisonnées »)
[15] [16] [17]
Cosmétique Shampooings (phase huileuse : alcools gras C16-C40, huile de ricin hydrogénée, dérivés de la lanoline...),
crèmes, lotions [18] [19]
Produits d’entretien Cires nettoyantes [11]
Pharmacie, médecine Pommades, crèmes, lotions, vaccins... [20] [21]
Biotechnologie, traitement des eaux Destruction des mousses [69]
Textile Dégraissage, ensimage, apprêtage, encollage, impression, imperméabilisation
Tannerie, mégisserie Nourriture, habillage, huilage, imperméabilisation du cuir
Papeterie Couchage, désaération des pâtes, désencrage
Peintures Émulsions alkyde [22], émulsions-suspensions (suspo-émulsions)
Pigments Formulations pour broyage, dispersion
Phytosanitaire Concentrés émulsionnables de pesticides, fongicides... [23] [24]
Minéralurgie Attaque des minerais, broyage humide, flottation
Lubrifiants Produits pour décapage, dégraissage, fluides de coupe pour usinage [25] [70]
Pétrole Boues de forage
Revêtements routiers Émulsions de bitume [26] [71]
Carburants « Aquazole » (émulsion d’eau dans du gazole) [27] [28]
Explosifs Émulsion E/H mélangée à un gel aqueux (mines, etc.) [9] [29]

initiale, l’autre plus pauvre. La vitesse de migration des gouttelettes


est régie par la loi de Stokes pour les dispersions diluées [1] :

v = 2 ∆ρ gr 2 (1)
--- ------------------
9 ηc

avec v vitesse de migration de la goutte (m · s−1), Crémage Inversion


de phases
g accélération due à la pesanteur (m · s−2),
∆ρ différence entre les masses volumiques des
phases (kg · m−3),
r rayon de la goutte (m),
ηc viscosité dynamique de la phase continue Floculation Mûrissement
(Pa · s). d'Ostwald

Dans le cas des émulsions concentrées, la vitesse v (crémage ou


sédimentation) est modifiée par les interactions entre gouttelettes et
donc liée à la fraction volumique φ [30] :

4 ,6 φ
1 + -------------------3- Sédimentation Coalescence
2 ∆ρ gr 2 (1 – φ)
v = -------------------- ----------------------------------- (2)
9 ηc ( 1 – φ )
Figure 1 – Phénomènes intervenant dans la déstabilisation
des émulsions (d’après B. Abismail et coll. [67])
Pour une fraction volumique donnée, les techniques de préven-
tion de la migration des particules qui peuvent être envisagées
sont :
1.3.2 Variation de taille des particules
— le rapprochement des masses volumiques des deux phases :
∆ρ ≈ 0 (qui sont généralement fixées) ;
(changement du nombre de particules)
— l’addition d’épaississants (ηc croît, donc v décroît) « non
1.3.2.1 Mûrissement d’Ostwald
newtoniens » comme l’hydroxyéthylcellulose et les polysacchari-
des. On peut aussi jouer sur le diamètre (les petites gouttes migrent Le mûrissement d’Ostwald est un processus irréversible mettant
moins vite que les grosses) ; cela va dépendre de la technique en jeu la diffusion de molécules de la phase dispersée à travers la
d’émulsification. phase continue. Il tire son origine de la solubilité non nulle de la pre-

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur J 2 152 − 3

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION ___________________________________________________________________________________________________________

mière dans la seconde et du fait que la pression de Laplace (cf. § — une faible viscosité de la phase continue ;
2.1.2) est plus grande dans les petites gouttes, ce qui explique un — une taille moyenne des gouttelettes assez élevée.
potentiel chimique plus élevé et un flux de matière tendant à vider
Une large distribution de tailles de gouttes (DTG) est défavorable
les petites gouttes au profit des plus grosses. Selon la relation de
à cause du mûrissement d’Ostwald (3). Une solubilité peu élevée de
Lifshitz-Slezov :
l’émulsifiant dans la phase continue ne permet pas de disposer
8 γ V m SD d’une « réserve » de ce composé (cf. règle de Bancroft, § 1.4.1). La
dr 3 (3) floculation, partant la coalescence, sont facilitées par :
--------- = ------------------------
dt 9RT
— un film interfacial mécaniquement peu résistant et peu élasti-
avec r rayon de la goutte (m), que (effet Gibbs-Marangoni contrarié), l’élasticité pouvant même
être pénalisée par un excès d’émulsifiant ;
t temps (s),
— des interactions coulombiennes répulsives peu marquées (fai-
R constante molaire des gaz (J · K−1), ble valeur du potentiel ζ, au niveau de la surface de cisaillement) ;
T température (K), — des interactions attractives de Van der Waals fortes.
Vm volume molaire de la phase dispersée (m3 · mol−1), Enfin, une tension interfaciale élevée ou, au contraire, très basse
entraîne une démixtion rapide : on sait que, comme les systèmes
D coefficient de diffusion (m2 · s−1), sans émulsifiant, les systèmes triphasiques du type Winsor III, à
S solubilité de la phase dispersée dans le milieu phase microémulsion médiane, décantent rapidement [1].
continu (mol · m−3) ;
Une élévation de température conduira souvent à la rupture de
dans un système donné à température fixée : l’émulsion. En effet :
— le rapport des tailles de particules au diamètre moyen reste — l’agitation thermique multiplie les collisions, rendant plus pro-
constant ; bables les occasions de coalescence ;
— la vitesse de grossissement des gouttes (en volume) est cons- — l’agent émulsifiant risque d’être désactivé (stabilité thermique
tante (fonction de la tension interfaciale, du volume molaire du com- insuffisante) ;
posé dispersé, de la solubilité et du coefficient de diffusion de la — la viscosité diminue ;
phase dispersée dans la phase continue) [31]. — si les masses volumiques des phases ont été ajustées à une
certaine température, une variation de ce paramètre ne peut qu’en
1.3.2.2 Coalescence accroître l’écart.
La coalescence est la formation de grosses gouttes par rapproche- Selon la théorie DLVO (Deryagin-Landau-Verwey-Overbeek) [33]
ment et fusion de gouttelettes due à l’instabilité de l’interface. L’évo- [34], l’énergie totale d’interaction entre deux particules colloïdales
lution de l’état initial métastable de l’émulsion vers son état final, lyophobes est la somme de l’énergie coulombienne répulsive et de
énergétiquement stable, peut être caractérisée par une cinétique de l’énergie attractive due aux forces de Van der Waals. Les émulsions
coalescence. Celle-ci dépend des interactions entre les gouttes, qui seront d’autant plus stables que cette résultante sera élevée.
s’expliquent elles-mêmes par l’existence d’une barrière électrique et/ Quant à la rupture d’une émulsion, elle fait intervenir des moyens
ou stérique. La hauteur de la barrière d’énergie s’opposant à la coa- chimiques, électriques ou mécaniques [25] [35].
lescence, par conséquent la stabilité cinétique de l’émulsion, dépend
en grande partie de la qualité de la protection colloïdale des goutte-
lettes. D’une part, dans l’eau, ces dernières sont souvent chargées
électriquement, notamment grâce à l’adsorption de tensioactifs ioni- 1.4 Caractérisation d’une émulsion
ques, et se repoussent donc mutuellement (stabilisation électrostati-
que). D’autre part, en milieu non polaire, des forces répulsives
s’exercent également entre gouttelettes d’eau recouvertes de ten- Trois critères principaux permettent de caractériser une émulsion :
sioactif orientant leur chaîne hydrophobe vers la phase continue ; — la nature des deux phases, continue et dispersée ;
ces forces répulsives ont une portée plus grande dans le cas de — la taille et la distribution de taille des gouttes (granulométrie) ;
macromolécules adsorbées. Les copolymères séquencés, composés
— la rhéologie.
de deux sous-chaînes d’affinités différentes, sont particulièrement
efficaces, mais encore peu utilisés industriellement : une partie
(l’ancre) s’adsorbe sur la gouttelette et laisse l’autre (la bouée) libre
de se dérouler dans le solvant et de protéger ainsi la gouttelette [32].
1.4.1 Identification de la phase continue
La taille des gouttes étant d’un ordre de grandeur nettement supé-
Le test consistant à déterminer la nature de la phase continue
rieur à celui des molécules d’émulsifiant, la courbure spontanée du
(type de l’émulsion H/E ou E/H) a une grande importance car le type
film interfacial, liée à la structure moléculaire de l’émulsifiant, ne
d’émulsion peut changer, non seulement en fonction de la composi-
devrait guère influer sur la coalescence. Cependant l’existence
tion du mélange (nature et proportions des ingrédients, par exem-
d’une barrière énergétique due à l’énergie de courbure contribuera
ple degré de salinité), mais aussi en fonction du protocole de
à retarder la coalescence [1].
préparation (température, ordre d’addition des phases...). Les trois
tests cités par l’AFNOR [36] sont fondés respectivement sur :
1.3.3 Facteurs de déstabilisation a - la coloration de l’une des phases : par exemple, l’addition d’un
colorant hydrosoluble permet d’identifier la phase aqueuse ;
En résumé, la stabilité d’une émulsion est favorisée par une com- b - la dilution : l’addition d’eau montre si la phase continue est
binaison de facteurs incluant des critères purement géométriques, aqueuse ou huileuse ;
des propriétés physiques de chacune des phases, des propriétés de c - la conductimétrie : la conductivité des émulsions H/E étant net-
l’émulsifiant et les performances du procédé. Certains facteurs de tement (au moins 1 000 fois) plus élevée que celle des émulsions E/H,
déstabilisation sont liés à la migration des gouttelettes c’est la méthode la plus fiable. En supposant des gouttes sphériques
[équations (1) et (2)] : et une fraction volumique de phase dispersée pas trop élevée, on
— une proportion élevée de phase dispersée (mais la valeur de φ peut appliquer la formule de Maxwell [34]. Pour rendre plus nette la
peut être imposée) ; variation de conductivité, il est cependant conseillé d’ajouter un élec-
— une grande différence de masses volumiques entre les phases ; trolyte à la phase aqueuse et d’extrapoler à salinité nulle.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
J 2 152 − 4 © Techniques de l’Ingénieur

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
___________________________________________________________________________________________________________ PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION

Par ailleurs, si l’on connaît la nature de l’émulsifiant, la règle de 1.4.2.3 Modèles de distribution. Corrélations
Bancroft constitue un guide simple, mais non infaillible : la phase con-
tinue est celle dans laquelle l’émulsifiant est le plus soluble [2] [34]. Les principales corrélations permettant le calcul du diamètre
moyen des gouttes dans les systèmes liquide-liquide agités ont déjà
fait l’objet d’une mise au point [43]. Pour des raisons de commodité
les corrélations sont exprimées en fonction de d32. La relation entre
1.4.2 Taille des gouttes et distribution de taille le rapport du diamètre de Sauter (d32) au diamètre de l’agitateur (D)
des gouttes et la fraction volumique de phase dispersée (φ) est souvent de forme
affine (1 + Cst · φ) avec Cst > 0 (cf. article [J 2 153] § 3.1.3).
1.4.2.1 Notion de diamètre moyen
Les expressions de la DTG les plus fréquemment rencontrées
On sait maintenant réaliser des émulsions monodispersées, soit dans la littérature pour des dispersions macroscopiques sont nor-
par un procédé voisin de la cristallisation fractionnée [37], soit par mées en volume autour du diamètre de Sauter [43] [44]. En revan-
cisaillement d’une émulsion grossière polydispersée en milieu vis- che, lorsqu’on s’intéresse aux milieux colloïdaux ou finement
coélastique [38]. Mais, en général, dans une émulsion, les gouttelet- dispersés, la distribution normale est difficilement applicable, les
tes de phase dispersée n’ont pas une taille unique. Pour caractériser distributions réelles, non symétriques, s’étalant souvent vers les
une émulsion il est donc nécessaire de déterminer la distribution de grands diamètres. C’est pourquoi, tant en émulsification sous agita-
taille des gouttes (DTG). Cependant, on préfère souvent choisir une tion mécanique (régime turbulent isotrope) [45], que dans le cas des
seule valeur représentative : le diamètre moyen. À partir de la DTG, émulsions visqueuses préparées dans un moulin colloïdal [46], on
il est possible de définir plusieurs moyennes. Comme en extraction considère de préférence une distribution log-normale (histogramme
liquide-liquide, le paramètre important est ici l’aire interfaciale A. de fréquences) [34] :
Dans le cas où la fraction volumique est bien inférieure à 0,74, l’hypo-
thèse de la sphéricité des gouttes est en principe vérifiée, et on a : 1 1 ln d – ln d moy 2
 ( ln d ) = ---------------------- exp – ---  ------------------------------------- (7)
ln σ 2 π 2  ln σ 
A = 4π ∑ n i r i2 = π ∑ n i d i2 (4)
i i avec  probabilité (exprimée en fraction volumique) de
avec A aire interfaciale (m2), rencontrer une goutte de diamètre di,
n nombre de gouttes, σ écart-type moyen géométrique,
r rayon de la goutte (m), d diamètre de la goutte (m),
d diamètre de la goutte (m) ; dmoy diamètre moyen (m).
et le volume des gouttes est : La polydispersité est définie comme le rapport de la largeur de la
distribution σ au diamètre moyen dmoy. Une émulsion peut être
4 π considérée comme monodispersée si ce rapport (σ/dmoy) ne
V = --- π
3 ∑ n i r i3 = ---
6 ∑ n i d i3 (5) dépasse pas 0,1.
i i

avec V volume des gouttes (m3).


1.4.3 Viscosité
Le diamètre de Sauter d32 est défini comme suit :
D’une manière très générale, la viscosité des émulsions dépend
∑ n i d i3 des paramètres suivants :
i V (6)
d 32 = --------------------- = 6 ---- — la fraction volumique de phase dispersée φ, nominale pour les
∑ ni di2 A
émulsions diluées, effective pour les milieux concentrées ;
i
— la taille des gouttelettes et la DTG ;
Facile à obtenir par granulométrie, le diamètre de Sauter permet — la tension interfaciale eau/huile ;
donc de calculer directement la surface spécifique A/V (en m2/m3) — la viscosité de la phase continue et, à un degré moindre, celle
d’une phase dispersée. de la phase dispersée ;
— la rhéologie interfaciale.
1.4.2.2 Détermination expérimentale Le cas le plus simple est celui des dispersions diluées ( φ  0 ,02 ) ,
comprenant les émulsions dont la viscosité est donnée par la loi
La taille moyenne des gouttes ainsi que la distribution de taille des
limite d’Einstein [47] :
gouttes (histogramme de répartition des diamètres de gouttes, DTG)
sont accessibles à l’aide de différentes techniques instrumentales tel- ηr = 1 + (5/2)φ (8)
les que la granulométrie laser ou la microscopie [39]. Deux émul-
sions de même composition peuvent avoir des comportements avec ηr viscosité relative (rapport de la viscosité de la
différents dus à leurs DTG. L’analyse granulométrique peut expliquer dispersion à celle de phase continue),
le comportement rhéologique et la stabilité d’une émulsion. L’incon-
φ fraction volumique de la phase dispersée.
vénient majeur de cette technique d’analyse, utilisant la diffraction
de la lumière, est la nécessité d’une dilution par la phase continue Cette relation est valable dans les conditions suivantes :
(on suppose que la taille des gouttes et la DTG de l’émulsion restent — φ est très faible : il n’y a pas d’interaction entre gouttelettes,
les mêmes après dilution, ce qui constitue une hypothèse parfois c’est-à-dire que les forces de répulsion (double couche électrique) et
hardie). En revanche, le granulomètre à ultrasons (UltraSizer SV de les forces d’attraction (de Van der Waals) sont négligeables ;
Malvern) permet de travailler directement sur l’émulsion, même con- — les gouttelettes sont des sphères rigides et ne se déforment
centrée, à condition toutefois que l’on dispose de plusieurs centaines pas ;
de millilitres d’échantillon [40], ce qui peut être prohibitif. Signalons
— l’épaisseur δ de la couche stabilisante, si elle existe, est très fai-
en outre que le Turbiscan MA2000 (Formulaction), et surtout le Tur-
ble devant le rayon des gouttelettes.
biscan « on-line », qui mesurent l’intensité rétrodiffusée par un
milieu dispersé, peuvent fournir une valeur du diamètre moyen des Si les conditions énoncées ci-dessus ne sont pas respectées, les
gouttelettes d’une émulsion concentrée [41] [42]. interactions entre gouttelettes doivent être considérées. Une forme

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur J 2 152 − 5

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION ___________________________________________________________________________________________________________

polynomiale empirique permet d’exprimer la viscosité d’émulsions Cependant, comme le suggère le sens commun, le régime turbu-
plus concentrées : lent est le plus souvent mis à profit. Dans ce qui suit, nous allons
exposer et expliquer les relations établies dans la littérature lorsque
ηr = 1 + aφ + bφ2 + cφ3 + ... (9) l’énergie est fournie par agitation mécanique.
avec b théoriquement égal à 14,1 selon Guth, Gold et
Simha (résultats cités dans [2]), mais compris
entre 3 et 6 d’après l’expérience,
2.1 Énergie mise en jeu
a toujours de l’ordre de 2,5 comme dans la formule
d’Einstein (8),
c peu souvent déterminé (8,78 cité par un auteur). Excepté dans certains cas où l’on observe une émulsification
Généralement, les émulsions les plus fines sont les plus visqueu- spontanée, l’obtention d’un mélange métastable, tel qu’un système
ses et, à φ constant, les émulsions sont d’autant plus visqueuses comprenant au minimum de l’huile, de l’eau, et un émulsifiant,
qu’elles sont moins polydispersées. Les émulsions concentrées nécessite un apport extérieur d’énergie. L’un des paramètres impor-
manifestent en général un comportement non newtonien (notam- tants qui permet de contrôler la qualité d’une émulsion est la distri-
ment rhéofluidifiant à faible gradient de vitesse et rhéoépaississant bution de taille des gouttes. Le plus difficile est de faire des gouttes
à gradient de vitesse élevé), qui peut aussi présenter un seuil suffisamment fines : le phénomène déterminant est donc la rupture
d’écoulement et même dépendre du temps (thixotropie) [1]. des gouttes et il convient d’éviter le plus possible le phénomène de
coalescence.
Les émulsions très concentrées (φ > 0,70-0,74) possèdent les pro-
priétés d’un solide élastique à faible contrainte et deviennent des
fluides rhéofluidifiants viscoélastiques au-delà d’une contrainte cri-
tique. La caractérisation expérimentale de tels systèmes n’est pas à
2.1.1 Énergie libre superficielle
l’abri d’artéfacts divers. Parmi les centaines de relations publiées
exprimant la viscosité des émulsions, nous citons l’une des plus L’état initial présentant une interface plane entre les deux liquides,
simples et des plus pratiques, faisant intervenir φ100 (fraction volu- la variation d’énergie libre due à la formation des gouttes (phéno-
mique de phase dispersée pour laquelle ηr = 100) [48] : mène global intervenant dans le processus d’émulsification)
s’exprime comme suit :
φ 2 ,49
----------
φ 100 ∆G form = γ ∆A − T∆Sconfig (11)
η r = 1 + -------------------------------- (10)
φ
1 ,187 – ---------- ∆A
φ 100 avec variation d’aire interfaciale,
γ tension interfaciale (N · m−1),
avec ηr viscosité relative,
φ fraction volumique, T∆Sconfig terme d’entropie configurationnelle.
φ100 fraction volumique de phase dispersée pour ηr = 100. Ce dernier terme, positif (accroissement d’entropie par dispersion
Pour plus de détails, nous renvoyons le lecteur à des mises au d’une des phases sous forme de gouttelettes), est négligeable
point récentes [47] [49] [50]. devant γ ∆A, et ∆Gform est donc positif. On retrouve le cas de l’émul-
sification spontanée pour une valeur critique (très faible) de la ten-
sion interfaciale (γ = T∆Sconfig/∆A). Dans la plupart des cas, les
émulsions ne sont donc stables que cinétiquement. Dans la prati-
que, cette énergie nécessaire à la création d’interface ne représente
2. Mécanismes qu’une fraction négligeable de l’énergie mise en œuvre.
intervenant au cours Exemple numérique : énergie mise en jeu dans les procédés
d’émulsification
de l’émulsification Pour une fraction volumique d’huile φ de 0,1 et des gouttes de dia-
mètre 1 µm dans l’eau, la surface spécifique A (assimilée à ∆A), est de
3 × 105 m−1. Si la tension interfaciale est de 10 mN/m (valeur proche
Si les mécanismes de l’émulsification ne sont pas encore parfaite- d’un maximum pour γ), l’accroissement d’énergie libre superficielle
ment éclaircis, nous sommes loin du temps où un apothicaire ano- (γA) nécessaire pour créer cette surface est égale à 3 kJ/m3. Il est diffi-
nyme affirmait qu’on devait toujours agiter une émulsion dans le cile d’évaluer précisément l’énergie consommée pour vaincre les for-
sens inverse des aiguilles d’une montre, dissuadant alors ses con- ces inertielles et les forces visqueuses. En pratique toutefois, on peut
frères de recruter des assistants gauchers [51] ! Les processus élé- estimer avoir besoin de 3 MJ/m3 pour obtenir l’émulsion décrite ci-des-
mentaires d’émulsification comprennent au moins deux étapes : la sus. La contribution du terme ∆Gform (≈ γ ∆A) à l’énergie réellement
formation de gouttes relativement grosses, incluant la formation ini- apportée pour réaliser une émulsion n’est donc que de l’ordre de
tiale de films ou de cylindres fluides et leur rupture due à des insta- 0,1 %. Quant à la contribution du terme entropique, qui s’écrit [5] :
bilités de type Rayleigh-Taylor et/ou Kelvin-Helmholtz (cf. § 2.2.2),
puis la rupture de ces gouttes en objets plus petits. T∆Sconfig = − NkBT[lnφ + [(1 − φ)/φ]ln(1 − φ)]
Du point de vue hydrodynamique, l’émulsification peut être con- à 300 K, avec 2,4 × 1016 gouttes/m3, elle est égale à 0,3 mJ/m3, soit
duite en régime laminaire ou en régime turbulent [52] [53]. 1 ⁄ 10 000 000 e de l’énergie thermodynamique et 1/10 000 000 000e
L’émulsification en régime laminaire utilise, notamment, l’écoule- de l’énergie totale consommée !
ment forcé à travers un capillaire ou le mouvement oscillatoire
d’une lame de verre [38]. L’émulsification par cisaillement doux en
régime laminaire est possible lorsque les deux phases sont suffi- 2.1.2 Pression de Laplace
samment visqueuses et que la fraction volumique de phase disper-
sée est élevée : l’énergie consommée est faible, la DTG très étroite,
mais ce procédé requiert un temps d’émulsification pouvant attein- Avant rupture, une goutte passe par une étape de déformation, à
dre plusieurs heures. laquelle s’oppose l’énergie due à la pression de Laplace pL. Cette

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
J 2 152 − 6 © Techniques de l’Ingénieur

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
___________________________________________________________________________________________________________ PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION

dernière représente la différence de pression entre la partie convexe lèlement à l’interface, est sensible à la viscosité et aux gradients de
et la partie concave de l’interface de la goutte : tension interfaciale. Il est probable que la formation des gouttes à
partir d’une interface plane résulte d’une combinaison de tous ces
mécanismes.
p L = γ  ----
1 + 1 (12)
 r - r-----
1 2

avec pL pression de Laplace (Pa), 2.2.3 Rupture d’un cylindre liquide


γ tension interfaciale (N · m–1),
r1 et r2 rayons de courbure principaux de la goutte (m). En cours d’émulsification, des filets cylindriques peuvent être pré-
Dans le cas d’une sphère de rayon r, l’expression (12) s’écrit : sents, soit par suite de la formation de « pointes » produites par des
instabilités interfaciales, soit par injection d’un jet de liquide dans la
pL = 2γ /r (13) phase continue, soit encore par étirement d’une grosse goutte. Il
Exemple : ainsi pour un rayon de goutte de 0,2 µm et une valeur de existe une longueur d’onde optimale pour laquelle les déformations
γ de 10 mN/m, la pression de Laplace est égale à 1 bar. axisymétriques d’un cylindre stationnaire conduisent à sa rupture
en gouttes accompagnées de gouttelettes satellites. Le cas du jet
n’est pas fondamentalement différent de celui du cylindre station-
naire sauf si sa vitesse est très faible ou très grande : à très faible
2.1.3 Dissipation visqueuse
vitesse, les gouttes se détachent directement de l’orifice tandis que,
à vitesse élevée, le filet de liquide étant soumis à des déformations
En fait, l’énergie fournie par le système de dispersion est répartie sinusoïdales, des gouttes plus petites sont formées en un temps
en dissipation visqueuse (le cisaillement local, associé à un gradient plus court. Lorsque le jet devient turbulent, la distribution de taille
de vitesse, nécessaire pour la fragmentation des gouttes, s’accom- des gouttes peut être très étendue ; on peut cependant calculer un
pagne du frottement des veines liquides) et en énergie réellement diamètre moyen dépendant des viscosités et des masses volumi-
utilisée pour la fragmentation, qui comprend l’énergie d’accroisse- ques des deux phases ainsi que de la vitesse du jet. Si le filet est issu
ment de l’aire interfaciale et l’énergie de déformation des gouttes, d’une grosse goutte, les gouttelettes résultantes seront d’autant
due à la viscosité de la phase dispersée, à la viscosité interfaciale et plus petites que l’étirement sera important. En écoulement lami-
à la pression de Laplace. Finalement, la plus grande partie de l’éner- naire, le phénomène est relativement simple et gouverné par deux
gie fournie au système est dissipée sous forme de chaleur [1]. types de forces (celle associée à la pression de Laplace, qui
s’oppose à la déformation, l’autre associée à la contrainte de
cisaillement, qui provoque la déformation), dont le rapport est
appelé nombre de Weber We. Ce nombre adimensionnel s’exprime
2.2 Mécanismes de formation de gouttes comme suit :

We = ηcGr/γ (14)
2.2.1 Formation d’un film
avec G gradient de vitesse (m · s−1),
Le processus d’émulsification débute par la formation d’un film
de ce qui deviendra la phase continue autour de la future phase dis-
r rayon de la goutte (m),
persée. En l’absence d’émulsifiant, ce film est extrêmement insta-
ble. La grandeur physique importante est ici l’élasticité de Gibbs ou γ tension interfaciale (N · m–1),
module de dilatation de surface, lié au gradient de tension interfa-
ciale (E = dγ /d(ln A)). Si le film est mince, la concentration en émulsi- ηc viscosité de la phase continue (Pa · s).
fiant (par exemple : tensioactif) est déterminante : elle ne doit pas
être trop faible sous peine d’épuisement rapide de sa présence dans ηcG représente la contrainte exercée sur une goutte dans l’écoule-
le film. En revanche, avec une quantité suffisante de tensioactif, la ment laminaire. Un nombre de Weber suffisamment élevé permettra
partie du film la plus mince ayant l’élasticité la plus élevée, elle pré- la rupture du cylindre par les forces visqueuses [54].
sentera une plus grande résistance à l’étirement, ce qui entraîne une
stabilisation [52].

2.2.2 Rupture d’une interface plane 2.3 Mécanismes de rupture de gouttes

Les principaux mécanismes connus amenant la rupture d’une


interface plane sont la turbulence, les ondulations capillaires, les 2.3.1 Forces visqueuses, forces inertielles
instabilités de Rayleigh-Taylor et de Kelvin-Helmholtz. En régime
turbulent, des différences de pression générées par les tourbillons
peuvent surpasser la pression de Laplace, d’autant plus que la ten- La rupture des gouttes est principalement due au cisaillement.
sion interfaciale est plus faible [54]. D’autre part, une perturbation Deux types de forces contribuent à la déformation et à la rupture des
de l’interface peut provoquer l’apparition d’ondes capillaires, liées gouttelettes : les forces visqueuses qui génèrent des contraintes
aux forces interfaciales : la viscosité du liquide et la présence de ten- tangentielles ou perpendiculaires à la surface de la goutte et les for-
sioactif favorisent leur amortissement, mais une valeur locale faible ces inertielles qui génèrent des différences de pression. Les premiè-
de γ peut augmenter l’amplitude de l’onde et amener la formation res sont prédominantes en écoulement laminaire, tandis que les
de gouttelettes. L’instabilité de Rayleigh-Taylor se produit lorsque secondes interviennent majoritairement en écoulement turbulent,
l’interface est accélérée perpendiculairement à son plan et dirigée sans que l’on puisse pour autant négliger les forces visqueuses [54].
de la phase légère vers la phase lourde : même pour γ très faible, ce Au cours de l’émulsification, les phénomènes de rupture et de coa-
type d’instabilité ne semble permettre que la formation de gouttes lescence se déroulent simultanément. Au bout d’un temps suffisam-
relativement grosses, ce qui laisse planer un doute sur sa contribu- ment long, un équilibre dynamique s’établit entre ces phénomènes.
tion à l’émulsification. L’instabilité de Kelvin-Helmholtz, observée Cherchons la relation entre l’énergie fournie et le diamètre d des
quand les deux phases se déplacent à des vitesses différentes paral- gouttes de l’émulsion.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur J 2 152 − 7

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION ___________________________________________________________________________________________________________

Type d'écoulement
Cisaillement simple G→0

G élevé
Cisaillement simple ηd /ηc faible

G élevé
Cisaillement simple η d /η c  1

Hyperbolique plan ηd /ηc faible

Hyperbolique plan ηd /ηc élevé


Figure 2 – Éclatement des gouttes
G : gradient de vitesse dans différentes conditions
(d’après F.D. Rumscheidt et S.G. Mason [68])

2.3.2 Écoulement laminaire : nombre de Weber,


notion de diamètre maximal stable Wec

En écoulement laminaire, une gouttelette finira par se rompre si 10


son nombre de Weber dépasse une valeur critique Wec. Dans des
conditions données, cela implique un rayon critique rcr ou un dia-
mètre maximal dmax, au-delà duquel la gouttelette se brise. Wec 8
dépend principalement du type d’écoulement (cisaillement simple,
hyperbolique plan, extensionnel axisymétrique) et du rapport des
viscosités ηd/ηc. Selon les conditions, la rupture des gouttes pré- 6
sente des allures différentes, schématisées figure 2. On s’aperçoit
qu’une gouttelette ne se divise pas nécessairement en deux : dans
certains cas, des gouttelettes beaucoup plus petites peuvent s’en 4
détacher (cisaillement simple avec G assez élevé, ηd/ηc faible, ou
régime hyperbolique plan avec ηd /ηc faible) ; en cisaillement sim-
ple, avec un rapport de viscosités de l’ordre de l’unité ou en régime 2
hyperbolique plan avec ηd /ηc plus élevé, la gouttelette s’étire en un
filament que l’instabilité de Rayleigh-Taylor peut briser (cf. § 2.2.2).
La courbe de Grace [55] (figure 3) montre que, en cisaillement sim- 0
ple, Wec est de l’ordre de 1 pour ηd/ηc inférieur ou légèrement supé- 10–3 10–2 10–1 1 10
rieur à 1, mais qu’on ne peut plus rompre les gouttes lorsque la η d /η c
Courbe continue : mélangeur statique (cf. [J 2153] [55]
phase dispersée devient relativement visqueuse (ηd/ηc > 4). Cela est
en revanche possible dans les autres régimes (hyperbolique plan et Points expérimentaux : moulin colloïdal (cf. [J 2153] [56]
extensionnel) pour lesquels Wec est nettement plus faible. À titre
d’exemple, l’évolution de Wec dans un moulin colloïdal Figure 3 – Nombre de Weber critique en fonction du rapport
(cf. article [J 2 153]) suit de près la courbe de Grace [56]. des viscosités (d’après H. Schubert et H. Armbruster [56])

Le nombre de Weber critique de la gouttelette Wepc peut s’expri-


2.3.3 Écoulement turbulent : expression de dmax mer en fonction d’un autre groupe adimensionnel (groupe de visco-
en fonction des paramètres de l’agitation sité), selon [57] :

La concurrence entre les deux phénomènes de rupture et de coa- ηd


lescence amène à définir deux limites de stabilité au diamètre des We pc = C 1 1 + C 2 -----------------------------------
- (16)
gouttelettes : le diamètre maximal dmax au-dessous duquel les con- ( ρ d γ d max ) 1 / 2
traintes de déformation n’agissent plus, et le diamètre minimal dmin
le plus petit possible en présence de coalescence. avec ηd viscosité de la phase dispersée (Pa · s),
ρd masse volumique de la goutte (kg · m−3),
Le bilan des forces par unité de surface agissant sur la gouttelette
pour la déformer ou la briser fait intervenir une force externe τ et dmax diamètre maximal stable de la goutte (m),
deux forces internes : celle associée à la tension superficielle (de γ tension interfaciale (N · m−1),
l’ordre de γ/r) et la force visqueuse, de l’ordre de grandeur de : C1 , C 2 constantes.
ηd Avec deux hypothèses :
τ  1/2
------  ----- (15) — la dispersion est diluée,
d  ρ d-
— la présence des gouttelettes n’influe pas sur la phase continue,
avec τ force externe par unité de surface (N · m−2), on peut admettre le schéma suivant en fonction du temps : en début
d diamètre de la goutte (m), de processus, l’énergie fournie a effectivement pour origine les trois
forces mentionnées ci-dessus, tandis que, lorsque le régime station-
ηd viscosité de la phase dispersée (Pa · s), naire est atteint, toute l’énergie (particulièrement celle associée aux
ρd masse volumique de la goutte (kg · m−3). forces visqueuses) est dissipée sous forme de chaleur.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
J 2 152 − 8 © Techniques de l’Ingénieur

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
___________________________________________________________________________________________________________ PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION

Si l’écoulement est turbulent (fluctuations chaotiques des vitesses Si l’on tient compte de la relation (23), la relation (22) peut aussi
locales autour de valeurs moyennes), les forces inertielles mais s’exprimer en fonction des paramètres liés à l’agitation mécanique :
aussi parfois les forces visqueuses peuvent participer simultané-
ment au processus de rupture d’une gouttelette. En régime turbu- d max d 32
lent homogène et isotrope, on distingue deux cas, selon que les ------------- = C 7 We –3 / 5 ou bien -------- = C 7′ We –3 / 5 (24)
premières ou les secondes sont prédominantes. D D

2.3.3.1 Domaine subinertiel ρc N 2 D 3


et We = --------------------- (25)
Si dmax se situe entre les échelles de macroturbulence et de micro- γ
2
ρ c Gd
turbulence de Kolmogoroff (avec Re p = ----------------
- > 5, nombre de Rey- avec We nombre de Weber d’agitation,
ηc
nolds particulaire), les forces visqueuses sont négligeables et la N vitesse de rotation de l’agitateur (s−1),
stabilité de la goutte est liée aux forces de déformation et aux forces D diamètre de l’agitateur (m),
superficielles. Le nombre de Weber (Wep) d’une goutte en mouvement
est alors le rapport de son énergie cinétique due aux fluctuations tur- γ tension interfaciale (N · m),
bulentes (forces de déformation) (εc = ρc∆u2δ3) à l’énergie liée à la ten-
ρc masse volumique de la phase continue (kg · m−3),
sion interfaciale (εs = γd 2), soit :
d32 diamètre de Sauter (m),
Wep = εc/εs = ρc∆u2δ3/γd 2 (17)
dmax diamètre maximal de la goutte (m),
∆u = C3(εδ/ρc)1/3 (18)
C7, C 7′ constantes.
avec ∆u fluctuation de vitesse (m · s−1),
Exemple : calcul de dmax dans un cas typique (régime laminaire
ε puissance dissipée par unité de volume et régime turbulent)
(« densité énergétique ») (W · m−3),
εs énergie liée à la tension interfaciale (J), ■ Régime laminaire
εc énergie cinétique (J), Le nombre de Weber a pour expression (relation (14)) : We = ηcGr/γ.
ρc masse volumique de la phase continue (kg · m−3), Le diamètre maximal dmax au-dessous duquel on ne peut plus briser
d diamètre de la goutte (m), une gouttelette est atteint pour la valeur critique Wec ; on a donc :
γ tension interfaciale (N · m−1), dmax = 2Wecγ /(ηcG) (26)
δ dimension des grands tourbillons (m),
En prenant comme exemple un système eau/huile minérale, avec :
C3 constante.
Pour des valeurs inférieures à Wepc [57], pour lequel la force de ηc = 100 mPa · s et ηd = 1 mPa · s
déformation est supérieure à la force superficielle, la goutte con- Wec ≈ 2 (lu sur la courbe de Grace)
somme de l’énergie sans se casser. La rupture d’une goutte se pro-
duit lorsque le nombre de Weber atteint la valeur Wepc, pour un et en appliquant un gradient de vitesse de l’ordre de 105 s−1, il vient :
diamètre de goutte égal à dmax. En assimilant l’échelle des gros — en l’absence de tensioactif (γ = 50 mN/m) : dmax = 20 µm ; on
tourbillons (δ) à dmax : obtient une émulsion assez grossière donc peu stable ;
— en présence de tensioactif (γ = 1 mN/m) : dmax = 0,4 µm (émul-
We p ( d = dmax ) = We pc = ρ c1 / 3 ε 2 / 3 d max
5/3 ⁄ γ (19) sion stable).
■ Régime turbulent
d max = ( We pc ) 3 / 5 γ 3 / 5 ε –2 / 5 ρ c–1 / 5 = C 4 γ 3 / 5 ε –2 / 5 ρ c–1 / 5 (20)
Le nombre de Weber est tel que (relation (20)) :
dmax est d’ailleurs proportionnel à d32 (d32 = Kdmax) [58] [59]. La
constante K, comprise entre 0,38 et 0,70 [43], augmente avec la vis- d max = ( We pc ) 3 / 5 γ 3 / 5 ε –2 / 5 ρ c–1 / 5
cosité [60] [61].
Le nombre de Weber critique de la gouttelette étant de l’ordre de
Dans le cas où d atteint dmax en régime subinertiel (forces vis-
l’unité, si la densité de puissance est de 30 MW/m3 (3 MJ/m3 dissipés
queuses négligeables devant les autres forces), le terme en C2 de
en 0,1 s), on trouve pour une huile de masse volumique 0,8 g/cm3 :
(16) est négligeable devant 1 et, d’après (19), on retrouve le résultat
de Hinze [57] : — en l’absence de tensioactif (γ = 50 mN/m) : dmax = 45 µm (émul-
sion instable) ;
ρ c1 / 3 ε 2 / 3 d max 5/3 — en présence de tensioactif (γ = 1 mN/m) : dmax = 4 µm (émulsion
----------------------------------- = C 5 (21) peu stable).
γ
D’après la relation ci-dessus, la viscosité de la phase continue
1/5 n’affecte pas la taille des gouttelettes. En fait, si le nombre de Rey-
 ρc ε 
2
ou : d max = C 4 (22) nolds de la goutte est très faible (Rep < 1), les fluctuations de pression
 ----------
-
γ3 (forces inertielles) ne sont pas les seules à contribuer à la rupture ; les
forces de cisaillement (visqueuses) peuvent jouer un rôle, en particu-
De plus, dans une cuve agitée, pour Re supérieur à 104, Rushton lier en présence d’un émulsifiant s’adsorbant lentement. On a alors, à
et coll. [63] ont trouvé : la limite [53] :
ε = C6 N 3 D 2 (23)
d max = C γ ε –1 / 2 η c–1 / 2
avec N vitesse de rotation de l’agitateur (s−1),
ce qui conduit à des tailles de gouttelettes inférieures, mais à une DTG
D diamètre de l’agitateur (m), plus étalée. Dans l’ensemble, la viscosité de la phase continue n’influe
C6 constante. guère en régime turbulent.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur J 2 152 − 9

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION ___________________________________________________________________________________________________________

2.3.3.2 Domaine de dissipation visqueuse 2.4 Effet de l’émulsifiant


Alors que, dans le domaine subinertiel, d est proportionnel à γ3/5,
dans le cas où les forces visqueuses sont prédominantes, d est
approximativement proportionnel à γ. En effet, dmin est alors de Nous avons envisagé précédemment (§ 2.1) les paramètres éner-
l’ordre de l’échelle de microturbulence de Kolmogoroff et la rupture gétiques à considérer lors de la formation d’une émulsion (variation
est provoquée par la dissipation visqueuse de l’énergie cinétique d’énergie libre superficielle ou énergie libre de formation, pression
turbulente. Wep s’écrit à nouveau suivant la relation (14), et comme de Laplace...). En fait, il est pratiquement impossible d’obtenir une
G est proportionnel à (ε/ηc)1/2, il vient : émulsion stable à partir de deux liquides purs. Ce n’est qu’à très fai-
ble fraction volumique de phase dispersée que des émulsions H/E
dmin ∝ (γ2/εηc)1/2 (27) stables sans additif ont pu être obtenues (par sonication) [65]. Géné-
ralement, seule l’addition d’un ou de plusieurs émulsifiants (ten-
avec dmin diamètre minimal de la goutte (m),
sioactifs, par exemple) permet d’augmenter la stabilité cinétique
γ tension interfaciale (N · m−1), d’une émulsion de composition donnée.
ε puissance dissipée par unité de volume
(« densité énergétique ») (W · m−3),
ηc viscosité de la phase continue (Pa · s). 2.4.1 Abaissement de la tension interfaciale
En exprimant la puissance moyenne dissipée par unité de volume
dans une cuve munie d’un agitateur de diamètre D tournant à une Les émulsifiants efficaces abaissent la tension interfaciale γ eau/
vitesse N, on arrive à l’expression adimensionnelle : huile de 30-50 mN/m à quelques mN/m ou même à quelques µN/m, en
présence d’un cotensioactif. Cela a pour effet, non seulement de dimi-
d min Re 1 / 2 nuer l’énergie nécessaire pour accroître l’aire interfaciale γ∆A, dont la
------------ ≈ -------------- (28) contribution relative est négligeable, mais surtout de réduire l’énergie
D We correspondant à la pression de Laplace (2γ/r). Cependant de nombreux
avec We nombre de Weber d’agitation, processus à l’œuvre dans l’émulsification prennent moins de 0,1 ms,
les propriétés superficielles dynamiques du système ne sont pas con-
Re nombre de Reynolds. nues et, durant l’émulsification, la tension interfaciale effective est pro-
Finalement, les corrélations donnant la valeur de dmin ou dmax bablement à mi-chemin de γ0 (tension interfaciale initiale, c’est-à-dire
s’écrivent généralement sous la forme suivante : au moment de la mise en contact des phases) et de γ à l’équilibre. Lors-
que la quantité de tensioactif est insuffisante pour couvrir l’interface, γ
dmin ou max/D = C8WeaReb (29) est plus proche de γ0. Lors de l’utilisation de mélanges d’émulsifiants
ou en présence d’impuretés, la couche adsorbée est enrichie en com-
posés aux propriétés tensioactives les plus fortes. Cependant, lorsque
2.3.4 Cavitation l’aire interfaciale est élevée, les constituants minoritaires sont très vite
épuisés. L’élasticité de Gibbs E décroît au cours de l’émulsification.
Ce phénomène [64] intervient principalement dans les techniques
d’émulsification par ultrasons (sonication), par utilisation d’un
homogénéiseur haute pression et, à un moindre degré, par agitation 2.4.2 Gradients de tension interfaciale
mécanique vigoureuse (appareils à rotor-stator). La perturbation
subie par le milieu induit en un point une alternance de compres-
sions et de dépressions. Dans les zones de dépression, des bulles, Un gradient de tension interfaciale prend naissance lors de l’écoule-
stables ou transitoires, renfermant du gaz dissous et/ou de la vapeur ment du liquide le long de l’interface. La contrainte tangentielle − dγ/dz
de la phase continue, naissent à partir de nucleus (microbulles de (par exemple 104 Pa) et la vitesse ne sont plus continues quand on tra-
gaz présentes dans le liquide ou à la surface de poussières ou de verse l’interface ; la circulation interne dans la goutte est gênée ou
parois). Le seuil de cavitation dépend de la pureté du liquide ; il aug- même empêchée, ce qui facilite la déformation et la rupture des gout-
mente avec la viscosité et la tension superficielle de celui-ci. Notons tes. L’instabilité interfaciale facilite l’émulsification, de même que la
que la profondeur de pénétration du phénomène de cavitation dans distorsion de l’interface sous l’effet Marangoni, tendant à « déchirer »
le liquide est limitée. les gouttes.
Les bulles implosant près d’une interface (solide-liquide ou
liquide-liquide) se déforment et génèrent un jet dont l’impact induit
des effets mécaniques : érosion de la surface, cassure de l’interface, 2.4.3 Taille des gouttelettes
augmentation des transferts par mélange du liquide près de l’inter-
face. Des effets thermiques résultent aussi de la compression quasi
adiabatique des bulles lors de leur implosion : pression et tempéra- La valeur effective de la tension interfaciale durant la rupture des
ture dans la bulle atteignent des valeurs très élevées qui engendrent gouttelettes, mais non celle de γ à l’équilibre, affecte la taille de ces
la rupture de liaisons moléculaires et la formation de radicaux libres dernières. Une augmentation de la concentration en émulsifiant
fortement réactifs. provoque généralement une diminution de la taille des gouttelettes,
Dans les systèmes soniqués liquide-liquide, on considère la cavi- mais le paramètre pertinent est la concentration résiduelle en émul-
tation comme le mécanisme essentiel de dissipation de la puis- sifiant dans la phase continue, rarement déterminée, et non sa con-
sance, responsable par conséquent de la rupture des gouttelettes. centration totale. De plus, les tensioactifs appartenant à différentes
Cette rupture semble d’ailleurs s’effectuer selon un processus ana- classes (anioniques, non ioniques...), ou même à l’intérieur d’une
logue à celui mis en jeu en régime turbulent. La cavitation est par- classe donnée, et, a fortiori, les cristaux liquides lyotropes, les
tiellement supprimée par l’augmentation de la pression polymères et les particules solides présentent des comportements
hydrostatique. La densité énergétique apparaît comme le paramètre spécifiques. Rappelons notamment que l’adsorption des polymères
clé : lorsque celle-ci est constante, on ne constate pas d’effet de la est pratiquement irréversible, et que les particules solides, comme
pression hydrostatique sur le résultat de l’émulsification, en particu- les polymères, peuvent permettre la formation, et parfois la stabili-
lier sur la taille des gouttes. sation, d’agrégats de gouttelettes.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
J 2 152 − 10 © Techniques de l’Ingénieur

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
___________________________________________________________________________________________________________ PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION

2.4.4 Ralentissement de la coalescence l’émulsification devrait être complète en une seconde environ. Or,
pratiquement, cela demande plutôt une minute ou davantage. En
Les émulsions relativement stables renferment une quantité de fait, certains appareillages, tels que les moulins colloïdaux, les
tensioactif bien supérieure à celle nécessaire pour tapisser l’inter- homogénéiseurs haute pression, les sonotrodes et les agitateurs
face. À condition que l’excès de tensioactif soit dissous dans la rotor-stator à grande vitesse, sont capables de briser de petites
phase continue, la coalescence des nouvelles gouttes est ralentie gouttes très rapidement ; mais ils ne conviennent pas pour les pre-
grâce à la présence de ce tensioactif (effet Marangoni) qui réagit à la miers stades de l’émulsification. Au contraire, les mélangeurs met-
déplétion entre les gouttes. Au contraire, si le tensioactif est dans la tent en jeu des processus beaucoup plus lents. Une
phase dispersée, aucun gradient de tension interfaciale E n’apparaît préémulsification du mélange peut donc être avantageuse, en per-
et l’écoulement ne se produit pas. Ce pourrait être l’explication de la mettant d’obtenir une taille de gouttelettes plus petite et une distri-
vieille règle de Bancroft [2]. Les films (multicouches) de cristaux bution plus étroite.
liquides lamellaires et les polymères s’opposent à la coalescence du
fait de la réduction des interactions attractives de Van der Waals De plus, on peut considérer la valeur finale de la taille des gouttes
entre gouttelettes. comme le résultat d’un équilibre dynamique entre rupture et coales-
cence. La probabilité des collisions étant plus élevée, la vitesse de
coalescence augmenterait comme le carré du nombre de gouttes n,
avec une constante de vitesse K2 :
2.5 Aspects cinétiques
dn/dt = K1n − K2n2 (30)
2.5.1 Temps caractéristiques
avec n nombre de gouttes,
Trois temps caractéristiques sont impliqués dans le processus
K1 , K2 constantes.
d’émulsification : le temps de déformation (ou de relaxation suivant
une petite déformation de la gouttelette) τdef, le temps d’adsorption
Toutefois, les « constantes » Ki devraient être tributaires de d. En
τads, nécessaire au transport du tensioactif (par convection) vers la
réalité, on constate seulement une lente augmentation de d avec la
nouvelle interface et le temps moyen s’écoulant entre deux colli-
réduction de la concentration en émulsifiant ou avec la diminution
sions τcol.
de la vitesse d’agitation. L’augmentation de d au cours du temps
τdef est généralement de l’ordre de 0,01 à 0,1 ms, excepté pour de après passage par une valeur minimale est souvent le signe d’une
grosses gouttes (r ≈ 1 mm) en régime turbulent, où il peut atteindre dégradation de l’émulsifiant (cas d’un tensioactif protéinique, par
10 ms. exemple). Finalement, le phénomène de coalescence semble sur-
τads augmente de 10−4 ms en écoulement laminaire à 0,5 ms en tout important pour les gouttelettes fraîchement formées (couche
écoulement turbulent pour de grosses gouttes, et de 0,1 ms (lami- d’adsorption incomplète). Il est difficile à quantifier car il dépend
naire) à environ 6 ms (turbulent) pour une gouttelette de diamètre aussi de la nature de l’émulsifiant [52].
critique.
Dans l’ensemble, le temps d’émulsification dépend des variables
Quant à τcol, il varie de 5 × 10−4 ms en régime turbulent à quelques
de procédé ainsi que de la nature et de la proportion de tensioactif.
dixièmes de milliseconde en régime laminaire [52].
Par exemple, en ce qui concerne l’équilibre dynamique rupture-coa-
lescence au cours de l’émulsification, on a montré récemment que la
distribution finale de tailles de gouttes reflète totalement l’efficacité
2.5.2 Vitesse de formation de l’émulsion : équilibre
de l’émulseur seulement à concentration élevée en tensioactif [66].
dynamique entre rupture et coalescence

Le temps nécessaire à la rupture est de l’ordre de τdef : ainsi, bien Les auteurs remercient Mme A.M. Wilhelm ainsi que MM. B. Abismaïl et
B. Letellier pour leur contribution à cet article.
que de nombreuses ruptures successives doivent se produire,

Références bibliographiques

[1] BROCHETTE (P.). – Émulsification : élabora- [J 2 157], Techniques de l’Ingénieur, Traité [11] JOHNSON (J.C.). – Emulsifiers and emulsi-
tion et étude des émulsions. [J 2 150], Tech- Génie des procédés (2001). fying techniques. Noyes Data Corp., Park
niques de l’Ingénieur, traité Génie des Ridge, NJ (1979).
Procédés (1999). [7] SALAGER (J.L.), ANTÓN (R.), ANDÉREZ
[12] MOLLET (H.) et GRUBENMANN (A.). – For-
[2] BECHER (P.). – Emulsions : theory and prac- (J.M.) et AUBRY (J.M.). – Formulation des
mulation technology : Emulsions, suspen-
tice. 2e éd. Reinhold Publishing Corp., New émulsions par la méthode du HLD. Techni-
sions, solid forms. Wiley-VCH, Weinheim
York (1965). ques de l’Ingénieur, Traité Génie des procé-
(2001).
dés (à paraître).
[3] SHINODA (K.). – Principles of solution and [13] POUX (M.), LE SAUZE (N.), ALBAN (B.), XUE-
solubility. Marcel Dekker, New York (1978). [8] BIBETTE (J.) et LEAL CALDERON (F.). – Sur- REB (C.) et CANSELIER (J.P.). – Les procédés
[4] FRIBERG (S.) et JONES (S.). – Emulsions. factant-stabilized emulsions. Current opinion d’émulsification : présentation et comparai-
Dans Kirk-Othmer Encyclopedia of Chemical in Coll. Interf. Sci., 1, p. 746-751 (1996). son de différents systèmes. 3e Congrès Mon-
Technology, 4e éd., éd. Kroschwitz (J.I.), 9, dial de l’Émulsion, Lyon, Actes sur CD-ROM
p. 393-413, J. Wiley & Sons, New York (1994). [9] HARGITTAI (I.) et HARGITTAI (M.). – Sym- (24-27 sept. 2002).
metry through the eye of a chemist. 458 p.,
[5] HUNTER (R.J.). – Foundations of colloid [14] THIS (H.). – Communication personnelle.
VCH Verlagsgesellschaft mBh, Weinheim
science. Vol. II, Clarendon Press, Oxford [15] KROG (N.J.), RIISOM (T.H.) et LARSSON (K.).
(1986).
(1989). – Applications in the food industry : I. Dans :
[6] SALAGER (J.L.), ANTÓN (R.), ANDÉREZ [10] PORÉ (J.). – Les dispersions aqueuses : sus- Encyclopedia of Emulsion Technology,
(J.M.) et AUBRY (J.M.). – Formulation des pensions, émulsions, mousses. Société des P. Becher éd., vol. 2, p. 321-365, Marcel Dek-
microémulsions par la méthode du HLD. Publications « Le Cuir », Paris (1976). ker, New York (1985).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur J 2 152 − 11

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008
Dossier délivré pour
Madame, Monsieur
08/09/2008
PROCÉDÉS D’ÉMULSIFICATION ___________________________________________________________________________________________________________

[16] JAYNES (E.N.). – Applications in the food [35] MENON (V.P.) et WASAN (D.T.). – Demulsifi- [53] WALSTRA (P.). – Principles of emulsion for-
industry : II. id., p. 367-384. cation. Dans : Encyclopedia of Emulsion mation. Chem. Eng. Sci., 48, no 2, p. 333-349
[17] DALGLEISH (D.G.). – Food emulsions. Dans : Technology, P. Becher éd., vol. 2, p. 1-75, Mar- (1993).
Emulsions and Emulsion Stability, Surfactant cel Dekker, New York (1985). [54] DALMAZZONE (C.). – Génération mécanique
Science Series, 61, éd. J. Sjöblom, p. 287- [36] AFNOR. – Recueil de normes françaises : des émulsions. Oil and Gas Science and
326, Marcel Dekker, New York (1996). agents de surface, détergents, savons Paris - Technology – Rev. IFP 55, no 3, p. 281-305
[18] BREUER (M.M.). – Cosmetic emulsions. La Défense (1986). http://www.afnor.fr. (2000).
Dans : Encyclopedia of Emulsion Technology, [37] BIBETTE (J.). – Depletion interaction and [55] GRACE (H.P.). – Dispersion phenomena in
P. Becher éd., vol. 2, p. 385-424, Marcel Dek- fractional crystallization for polydisperse high viscosity immiscible fluid systems and
ker, New York (1985). emulsion purification. J. Colloid Interface application of static mixers as dispersion
[19] RIEGER (M.M.) et RHEIN (L.D.) éd. – Surfac- Sci., 147, p. 474-478 (1991). devices in such systems. Chem. Eng. Comm.
tants in cosmetics. Surfactant Science Series, [38] MASON (T.G.) et BIBETTE (J.). – Emulsifica- 14, p. 225-227 (1982).
68, Marcel Dekker, New York (1997). tion in viscoelastic media. Phys. Rev. Lett., [56] SCHUBERT (H.) et ARMBRUSTER (H.). – Prin-
[20] DAVIS (S.S.), HADGRAFT (J.) et PALIN (K.J.). 77, no 16, p. 3481-3484 (1996). zipien der Herstellung und stabilität von
– Medical and pharmaceutical applications of [39] TROTTIER (R.) et KYE (B.). – Size measure- emulsionen. Chem. Ing. Tech. 61, p. 701-711
emulsions. Dans : Encyclopedia of Emulsion ment of particles. Dans Kirk-Othmer Encyclo- (1989).
Technology, P. Becher éd., vol. 2, p. 159-238, pedia of Chemical Technology, 4e éd., éd. [57] HINZE (J.O.). – Fundamentals of the hydrody-
Marcel Dekker, New York (1985). Kroschwitz (J.I.), 22, p. 2565-278, J. Wiley & namics mechanism of splitting in dispersion
[21] KAUFMAN (R.J.). – Clinical development of Sons, New York (1997). processes. AlChE J. 1, no 3, p. 289-295 (1955).
perfluorocarbon-based emulsions as red cell [40] http://www.malvern.co.uk [58] VERMEULEN (T.), WILLIAMS (G.M.) et LAN-
substitutes. Dans : Emulsions and Emulsion GLOIS (G.E.). – Interfacial area in liquid-liquid
[41] MENGUAL (O.), MEUNIER (G.), CAYRÉ (I.),
Stability, Surfactant Science Series, 61, éd. and gas-liquid agitation. Chem. Eng. Progr.
PUECH (K.) et SNABRE (P.). – Turbiscan
J. Sjöblom, p. 343-367, Marcel Dekker, New 51, p. 85F-95F (1955).
MA2000 : multiple light scattering measure-
York (1996). [59] DAVIES (J.T.). – A physical interpretation of
ment for concentrated emulsion and suspen-
[22] BERGENSTÅHL (B.) et ÔSTBERG (G.). – sion instability analysis. Talanta, 50, p. 445- drop sizes in homogenizers and agitated
Alkyd emulsions : instability and drying pro- 456 (1999). tanks including the dispersions of viscous
perties. Dans : Emulsions and Emulsion Sta- oils. Chem. Eng. Sci. 42, no 7, p. 1671-1676
[42] MENGUAL (O.), MEUNIER (G.) et SNABRE
bility, Surfactant Science Series, 61, éd. (1987).
(P.). – Optical characterization of concentra-
J. Sjöblom, p. 327-341, Marcel Dekker, New [60] CALABRESE (R.), CHANG (T.P.) et DANG (P.T.).
ted dispersions : application to on-line pro-
York (1996). – Drop breakup in turbulent stirred-tank con-
cess monitoring and control. Récents
[23] BECHER (D.Z.). – Applications in agriculture. Progrès en Génie des Procédés, 13 no 69, tactors. Partie I. AlChE J. 32, no 4, p. 657-666
Dans : Encyclopedia of Emulsion Technology, p. 395-402 (1999). (1986).
P. Becher éd., vol. 2, p. 239-320, Marcel Dek- [61] CALABRESE (R.V.), WANG (C.Y.) et BRYER
[43] ZHOU (G.) et KRESTA (S.M.). – Correlation of
ker, New York (1985). (N.P.). – id., part III. AlChE J. 32, no 4, p. 677-
mean drop size and minimum drop size with
[24] MULQUEEN (P.J.). – Surfactants for agroche- the turbulence energy dissipation and the 681 (1986).
mical formulations. Dans : Industrial Applica- flow in an agitated tank. Chem. Eng. Sci., 53, [62] CHEN (H.S.) et MIDDLEMAN (S.). – Drop size
tions of Surfactants, éd. D.R. Karsa, vol. 2, no 11, p. 2063-2079 (1998). distribution in agitated liquid-liquid systems.
p. 276-302, The Royal Society of Chemistry, AlChE J. 13, no 5, p. 989-995 (1967).
[44] ABISMAÎL (B.). – Comparaison de procédés
Cambridge (1990).
d’émulsification par agitation mécanique et [63] RUSHTON (J.H.), COSTICH (E.W.) et EVE-
[25] ZHU (S.C.), YANG (C.Z.), AURELLE (Y.), CAN- par ultrasons de puissance. Thèse. Institut RETT (H.J.). – Power characteristics of mixing
SELIER (J.P.) et COTTERET (J.). – Cutting oils : national polytechnique de Toulouse (1999). impellers. Chem. Eng. Progr. 46, p. 395
disposal procedures and search for less-pol- (1950).
[45] MENDIBOURE (B.), GRACIAA (A.), LACHAISE
luting formulations. XXVI Jornadas del
(J.), MARION (G.), BOURREL (M.) et SALA- [64] GOGATE (P.R.) et PANDIT (A.B.). – Hydrody-
Comité Español de la Detergencia, Barcelone
GER (J.L.). – Influence of the intensity of namic cavitation reactors : a state of the art
22-24 mars 1995, Actes, éd. CED, p. 191-208,
Barcelone (1995).
mixing on the droplet size distribution of review. Rev. Chem. Eng. 17, no 1, p. 1-85
emulsions : theory and experiment. Progr. (2001).
[26] BOURREL (M.) et VERZARO (F.). – Colloid Polym. Sci., 84, p. 338-341 (1991).
Mécanismes de rupture des émulsions de [65] REDDY (S.R.) et FOGLER (H.S.). – Emulsion
[46] DICHARRY (C.), MENDIBOURE (B.), MARION stability of acoustically formed emulsions. J.
bitume routier. Act. Chim., no 2-3, p. 42-48
(G.), SALAGER (J.L.) et LACHAISE (J.). – Con- Phys. Chem. 84, p. 1570-1575 (1980).
(1996).
tribution to the modelization of the emulsifi-
[27] BROCART (B.), TANGUY (P.A.), MAGNIN (C.) [66] TAISNE (L.). – Échanges d’huile entre gouttes
cation in a colloid mill. Progr. Colloid Polym.
et BOUSQUET (J.). – Design of inline emulsi- d’émulsion. Thèse. Université de Paris-6
Sci., 98, p. 169-172 (1995).
fication process for water-in-oil emulsions. J. (1997).
[47] TADROS (Th.F.). – Fundamental principles of
Disp. Sci. Technol., 23, no 1-3, p. 45-53 (2002). [67] ABISMAIL (B.), CANSELIER (J.P.), WILHELM
emulsion rheology and their applications.
[28] http://www.aquazole.com (A.M.), DELMAS (H.) et GOURDON (C.). –
Colloids Surf., A : Physicochem. and Eng.
Emulsification by ultrasound : drop size dis-
[29] BAMPFIELD (H.A.) et COOPER (J.). – Emul- Aspects, 91, p. 39-55 (1994).
tribution and stability. Ultrasonics Sonoche-
sion Explosives. Dans : Encyclopedia of [48] PAL (R.) et RHODES (E.). – Viscosity/concen- mistry, 6, p. 75-83 (1999).
Emulsion Technology, P. Becher éd., vol. 3, tration relationships for emulsions.
p. 281-306, Marcel Dekker, New York (1988). [68] RUMSCHEIDT (F.D.) et MASON (S.G.). – J.
J. Rheology, 33, p. 1021-1045 (1989).
Colloid Interface Sci. 16, p. 238 (1961).
[30] MILLS (P.) et SNABRE (P.). – Europhys. Lett., [49] SHERMAN (P.). – Rheological properties of
25, no 9, p. 651-656 (1995). emulsions. Dans : Encyclopedia of Emulsion
[31] FRIBERG (S.E.) et YANG (J.). – Emulsion sta- Technology, P. Becher éd., vol. 1, p. 405-435,
bility. Dans Emulsions and Emulsion Stabi- Marcel Dekker, New York (1983). Dans les Techniques de l’Ingénieur
lity, Surfactant Science Series, vol. 61, éd. En plus des références [1], [6] et [7], on pourra
[50] BARNES (H.A.). – Rheology of emulsions – a
J. Sjöblom, p. 1-40, Marcel Dekker, New York review. Colloids Surf., A : Physicochem. and consulter :
(1996). Eng. Aspects, 91, p. 89-95 (1994).
[32] DI MEGLIO (J.M.). – Les états de la matière. [51] MOILLET (J.L.). – Emulsions in retrospect [69] BERGERON (V.). – Antimousses et agents
Nathan, Paris (1998). and prospect. Dans : Theory and practice of démoussants. Mise en œuvre industrielle.
[33] SHAW (D.J.). – Colloid and surface chemis- emulsion technology, A.L. Smith éd., p. 1-11, [J 2 206]. Traité Génie des procédés (2003).
try. 4e éd., Butterworth-Heinemann, Oxford Academic Press, Londres (1976). [70] BROQUERIE (B.). – Fluides de coupe.
(1992). [52] WALSTRA (P.). – Formation of emulsions. [BM 7 064] [BM 7 065]. Traité Génie
[34] ADAMSON (A.W.). – Physical chemistry of Dans : Encyclopedia of Emulsion Technology, mécanique (2001).
surfaces. 5e éd., Wiley & Sons, New York P. Becher éd., vol. 1, p. 57-127, Marcel Dekker, [71] BERTHIER (J.). – Granulats et liants routiers.
(1990). New York (1983). [C 903]. Traité Construction (1992).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
J 2 152 − 12 © Techniques de l’Ingénieur

Dossier délivré pour


Madame, Monsieur
08/09/2008

Vous aimerez peut-être aussi