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Université Mohamed Seddik Benyahia (Jijel)

Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie


Département des Sciences de la Terre et de l’Univers

Tomographie électrique

Introduction

La tomographie électrique est une amélioration d’un sondage électrique classique, on superpose sur un même
profil des informations mesurées à partir de dispositif de longueur différentes. Les études d’imagerie électrique
sont maintenant largement utilisées pour modéliser les coupes géologiques la ou le sondage électrique verticale
n’est plus adapté, une des limitations des sondages électriques vient du fait qu'ils ne prennent pas en compte les
variations latérales de la résistivité du sous-sol. Les méthodes d'imagerie électrique 2D et 3D furent mises au
point dans le but de mettre en évidence les variations latérales et verticales des résistivités en fonction de la
profondeur afin d'obtenir un modèle représentatif du sous-sol, cette méthode utilise un grand nombre
d’électrodes connectés à un câble multiconducteurs et alignés selon un profil prédéfini.
La tomographie électrique permet de déterminer la variation de lithologie dans le sol qui est caractérisé par une
variété de résistivités propre à chaque formation, la tomographie électrique peut être utilisée pour de
nombreuses applications :
- En hydrogéologie, cette méthode peut s’appliquer afin de délimiter l’épaisseur d’un aquifère.
- En milieu côtier, la tomographie électrique permet d’identifier la contamination des aquifères par l’eau salée.
Du fait du contrastes marqués dans les propriétés électriques des matériaux géologiques, de l’eau douce ou de
l’eau salée, la tomographie électrique s’avère particulièrement adaptée a l’observation du biseau salé dans les
aquifères côtiers.
- dans le domaine de l’environnement, cette méthode peut être utilisée pour la caractérisation des gisements afin
d’obtenir des renseignements sur la dissémination du minerai, ainsi que sa distribution.
Il convient d’ajouter que la tomographie électrique est affectée par les principes d’équivalence et de
suppression :
- une couche conductrice mince située entre deux terrains résistifs n’est définie que par le rapport
épaisseur/résistivité.
- une couche résistante mince située entre deux terrains conducteurs n’est définie que par le rapport
épaisseur/conductivité.
- une couche, même épaisse, mais de résistivité intermédiaire entre les résistivités des couches qui l’encadrent,
peut passer inaperçue.

Figure : électrode et ordinateur d’acquisition en


A) Tomographie 2D tomographie 2D
A-1 / Mise en œuvre d’une tomographie électrique
Une acquisition 2D utilise en général un grand nombre d'électrodes connectées à un câble multiconducteurs et
placées selon un profil. Un ordinateur portable, dans lequel est programmée la séquence de mesures (ou un
résistivimètre possédant un disque dur), est relié à une boite de commutation et sélectionne automatiquement
les électrodes utilisées pour l'injection du courant et la mesure du potentiel. Chaque électrode possède en effet
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une adresse numérique unique dans le dispositif, ce qui lui permet d'être identifiée par l'ordinateur. La séquence
de mesure est généralement créée sous forme de fichier texte dans lequel est contenu diverses informations telle
que le type de dispositif utilisé. Les câbles multiconducteurs sont reliés à la boite de commutation. Un contact
galvanique est assuré avec le sol au moyen de piquets métalliques (acier inoxydable) ou encore d'électrodes
spéciales éliminant la polarisation spontanée. Un espacement constant est généralement utilisé d'une électrode à
l'autre. Lorsqu'on lance l'acquisition, le programme sélectionne automatiquement les électrodes utilisées pour
l'injection du courant et la mesure du potentiel. La mesure est ensuite stockée dans la mémoire de l'ordinateur
(ou du résistivimètre).

Figure : arrangement d’électrode pour une tomographie électrique 2D

A-2 / construction d’une pseudo-section et inversion des mesures


Le dispositif de mesure le plus fréquemment utilisé en tomographie électrique est le dispositif Wenner. Avec
ce dispositif, les résistivités apparentes sont moins affectées par les variations latérales superficielles. Pour ce
dispositif, l’écartement entre électrodes est constant (distance a), La tomographie électrique de surface permet
d'obtenir une "image électrique" du sous-sol, c'est-à-dire une coupe de la résistivité en fonction de la profondeur
en mesurant le profil de résistance pour différentes combinaisons d’électrodes de courant et de potentiel. La
première étape dans l’interprétation des données en tomographie électrique consiste à construire une pseudo-
section. Celle-ci est obtenue en reportant la valeur de la résistivité apparente mesurée au centre du dispositif et à
une profondeur dépendant de l’écartement entre les électrodes. Cette représentation conduit à une image pour
laquelle les valeurs de résistivité et celles de profondeur ne sont pas correctes.
la profondeur d’investigation est estimée égale à la moitié du plus grand écartement utilisé entre deux
électrodes successives mais elle peut varier suivant la nature des terrains et leur résistivité. L’écartement entre
électrodes détermine donc la profondeur d’investigation ainsi que les résolutions horizontale et verticale. Par
rapport aux autres configurations, le dispositif Wenner rend les structures plus facilement reconnaissables sur la
pseudo-section, le dispositif est constitué de 4 câbles comportant 16 sorties espacées de maximum 5 mètres sur
lesquelles se branchent les électrodes. Le dispositif compte donc 64 électrodes dont l'écartement maximum
(AM=MN=NB=a) est égal à 20 fois l’espacement minimum. Par conséquent, la profondeur d’investigation
maximale est de 10 fois l’espacement minimum, soit de 50mètres si les électrodes sont espacées de 5 mètres. La
longueur maximale d’un profil simple est égale à 63 fois l’espacement minimal mais peut être prolongée en
répétant les mesures après déplacement d’un des câbles.

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Figure : Principe d’acquisition des résistivités électriques, par la méthode de tomographie électrique

Figure : Principe de construction d’une pseudo-section [d’après Baker]

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Afin d'obtenir une image quantitative représentant les variations de
résistivité réelle (et non apparente) en fonction de la vraie
profondeur, il est nécessaire d’inverser la pseudo-section.
Cette inversion des données est réalisée suivant un processus
itératif qui tente de minimiser l’écart entre la pseudo-section
mesurée et une pseudo-section recalculée à partir d’un modèle de
résistivité électrique. Ce modèle est modifié à chaque itération
jusqu’à ce que les données mesurées et calculées atteignent une
concordance acceptable ou jusqu’à ce qu’aucune nouvelle
amélioration ne soit possible.

Figure : Inversion par méthode itérative


A-3/ Choix et structure du logiciel (Res2Dinv)
L’outil d’inversion utilisé dans les travaux de tomographie électrique est le logiciel Res2Dinv. Ce programme
utilise la méthode d’inversion des moindres carrés pour produire un modèle 2D de la subsurface à partir de la
résistivité apparente. Le logiciel Res2Dinv nous offre deux approches de discrétisation possible, l’approche par
la méthode des différences finies et l’approche par la méthode des éléments finis.

Figure : Maillage de la pseudo-section.

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A-4/ Représentation d’une pseudo-section
Les données mesurées ρa sont présentées en sections de contour ou de couleur l’axe vertical est une pseudo
profondeur proportionnelle a l’écartement des électrodes. La mesure est reportée au point :
D’abscisse = milieu du dispositif utilisé, d’ordonnée = pseudo-profondeur.

Figure : Image d’une pseudo-section

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A-5/ Résultats des données en tomographie électrique

Figure : Exemple de tomographie électrique 2 D

Le résultat de l'inversion n'est pas unique. Cette non-unicité a plusieurs causes. La première vient du fait que les
données sont souvent entachées d'erreurs et que cette erreur se propage tout au long du processus. La seconde
est que le formalisme mathématique ne décrit pas parfaitement le phénomène réel. De plus, lorsque l'on utilise
une minimisation par moindres carrés, l'unicité de la solution dépendra également d'éventuels extrema
secondaires de ce critère (le minimum n'est peut être pas unique).
Les résultats en tomographie 2D sont généralement présentés sous forme de pseudo-coupes du sous-sol.
B) Tomographie 3D
B-1 / Introduction
Etant donné que les structures géologiques sont en 3D dans la nature, un véritable dispositif 3D devrait donner
de meilleurs résultats. Ce type d'acquisition n'a néanmoins pas encore atteint un niveau de développement
équivalent à celui de la 2D. Une acquisition 3D demande en effet plus de données et coûte donc plus cher. Il y a
toutefois deux principales évolutions qui tendent actuellement à rendre les études 3D possibles. Il s'agit de
l'apparition récente des résistivimètres multicanaux qui permettent d'effectuer plusieurs mesures à la fois ainsi
que de l'évolution rapide du matériel informatique rendant possible le traitement (inversion) d'un nombre
important de données en un temps raisonnable.
B-2 / Mise en œuvre de tomographie 3D
La procédure décrite pour les acquisitions 2D reste valable en 3D. Les électrodes sont par contre habituellement
arrangées selon un carré ou un rectangle. La forme de la grille peut donc varier selon celle du corps à étudier.
L'inter électrode est également identique selon les axes x et y du dispositif. On utilise essentiellement des
dispositifs Pôle-Pôle, Pôle-Dipôle et Dipôle-Dipôle en tomographie de surface 3D. Les autres dispositifs ont en
effet une faible couverture de données vers les bords de la grille
.

Figure : Dispositif d’acquisition pour une tomographie électrique 3D

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B-3 / conclusion pour la tomographie 3D
Pour de petites grilles (maillage inférieure à 10m par 10m), vous pouvez utiliser un dispositif Pôle-Pôle car il
présente une grande possibilité de combinaisons et une bonne couverture horizontale (beaucoup de points en
profondeur). Il est toutefois sensible au bruit et a une faible résolution.
Etant moins sensible au bruit et présentant une meilleure résolution, le dispositif Pôle-Dipôle peut être utilisé
pour des grilles plus grandes.
Un dispositif Dipôle-Dipôle doit être réservé aux grilles de grandes tailles (maillage supérieur à 13m par 13m)
de par sa faible couverture horizontale par rapport à un Pôle-Pôle. Une combinaison de Dipôle-Dipôle et Pôle-
Dipôle (haute résolution) permet d'améliorer la qualité du résultat.
Sensibilité du dispositif
La fonction de sensibilité permet de se rendre compte de l'influence d'un volume unitaire sur la mesure de la
différence de potentiel. Le schéma ci-dessous représente les valeurs de cette fonction pour différents dispositifs
(Wenner, Wenner-Schlumberger et Dipôle-Dipôle), On constate immédiatement que les valeurs de cette
fonction diffèrent selon les dispositifs. Ils vont donc chacun avoir leurs caractéristiques propres. Ceci est surtout
valable à grande distance des électrodes. La différence de forme de cette fonction nous permettra de mieux
apprécier la réponse des différents dispositifs aux différents types de structures.

Figure : La sensibilité pour les différents dispositifs.

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Apports et limites de la tomographie électrique

Apports

- Flexibilité des géométries possibles,


- Bonne résolution des terrains superficiels,
- Reconnaissances hydrogéologiques : lithologie, fracturation, géométrie et extension de l’aquifère, porosité,
qualité des eaux et circulation d’eaux.

Limites

- Le principe de suppression intervient pour des couches minces profondes dont les résistivités sont peu
différentes des couches voisines qui, au delà de certaine limites, elles ne sont plus détectable.
- Les sondages exécutés sur des couches non parallèles ou de trop fortes variations latérales de faciès peuvent
fournir des interprétations erronées,
- Mise en œuvre assez lourde,
- Difficulté d’injection du courant dans les terrains très sec,
- Interprétation délicate sans donnée de puis ou de forage,
- Influence importante des hétérogénéités des résistivités en surface,
- Temps de mesure important si la longueur des lignes est importante.

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