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Perturbations dans les mesures : les couplages et leurs effets, étude de cas

concrets, remèdes

I. INTRODUCTION.

Les plus gros soucis que devra affronter le spécialiste en mesures lors de la mise au
point de manips ou de bancs de mesures viendront des nombreuses perturbations extérieures
qui affecteront le résultat.

L'objet de ce cours est de répertorier les principaux modes de perturbations électriques


; pour chacun de ces modes, on donnera une définition théorique (donc assez large), et pour ne
pas rester dans le flou, on passera tout de suite à un exemple concret, représentatif de ce qu'on
trouve fréquemment dans la pratique de la mesure.

Il ne faudra bien entendu pas se borner à cet exemple, et garder à l'esprit qu'il est
seulement représentatif d'une famille de perturbations.

Ce cours est très simplifié. En effet, on rentre dans le domaine plutôt complexe de la
Compatibilité ÉlectroMagnétique (CEM) des équipements électriques. Ce domaine est assez
mal maîtrisé, car jusqu'à présent, il est resté confiné dans des domaines pointus (spatial,
militaire, radiodiffusion...).

L'émergence de nouvelles normes en matière de CEM visant à réduire les parasites


émis par les équipements électriques augmente actuellement de façon considérable le champ
d'action de cette discipline.

Il n'est pas question dans ce cours de rentrer dans le détail des notions complexes de
ce domaine ; le but est juste de sensibiliser de futurs spécialistes en mesure aux plus gros
problèmes qu'ils devront affronter, et leur permettre :

 d'éviter les pièges les plus grossiers.


 de " flairer " les pièges plus subtils ; il feront alors appel à un spécialiste de la
CEM qui les aidera à mettre le montage de mesure au point. Quelquefois, des
conseils simples suffiront.

II. NOTIONS DE COUPLAGE ÉLECTRIQUE.

Pour qu'il y ait couplage, il faut au moins deux équipements en présence : un qui va
générer des signaux parasites (le coupable), et un autre qui va subir la perturbation (la victime).

Dans notre cas, le coupable pourra être quelconque (alimentation, ventilateur,


ordinateur, câble véhiculant des forts courants pulsés...), et la victime sera l'ensemble composé
du système à mesurer, de l'équipement de mesure, et bien sûr, encore et toujours des câbles.

A noter que dans le cas d'un banc de mesure complexe, certaines parties de ce banc
peuvent devenir des coupables pour d'autres parties qui en seront victimes...

Le couplage est la liaison physique (au sens de phénomène physique) qui va permettre
au coupable de polluer la victime.

Les six modes de couplage recensés sont les suivants :


 couplage par impédance commune
 couplage par diaphonie inductive
 couplage par diaphonie capacitive

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 couplage carte à châssis
 couplage de champ à fil
 couplage de champ à boucle

Les quatre premiers sont des couplages par conduction (à travers une résistance, une
inductance, une mutuelle inductance, un condensateur, ces éléments étant parasites), et les deux
derniers, des couplages par rayonnement de champs électromagnétique.

Nous allons voir ces six couplages en détail et étudier des exemples concrets pour
chacun d'eux.

III. COUPLAGE PAR IMPÉDANCE COMMUNE.

Quand on rencontre des problèmes de parasitage des mesures, on va souvent chercher


des explications compliquées mettant en cause des champs électromagnétiques ou pis, des
démons inconnus...

Très souvent, nous sommes seulement ( ! ) victimes de couplage par impédance


commune.

A. DÉFINITION.

Dans une boucle de mesure, on a un couplage par impédance commune lorsqu'une


impédance parasite faisant partie de la boucle est parcourue par un courant étranger à la boucle
de mesure. La chute de tension créée par ce courant dans l'impédance parasite va s'ajouter à la
tension à mesurer et la fausser.

En général, l'impédance parasite sera résistive (99% des cas), et parfois inductive. Les
inductances parasites des câbles étant faibles, le phénomène sera gênant en HF et lors de
commutation rapide de courants importants.

Le couplage par inductance est plus problématique pour le concepteur de circuits


électroniques rapides que pour le spécialiste en mesures.

B. EXEMPLES.

Les cas les plus critiques seront toujours les mesures de signaux de faible niveau : le
niveau relatif des perturbations devient alors gênant pour qu'on puisse garantir la précision.
Nous allons donc insister sur ces cas.

1. Cas d'école.

Dans la littérature, ce mode de couplage est présenté de la façon théorique suivante :

Fig. 1. Couplage par impédance commune.

Considérons une impédance Zm aux bornes de laquelle on désire mesurer une tension Vr.

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Cet élément à mesurer est relié à un amplificateur de mesure de gain Av par 2 fils, dont
l'un présente une impédance parasite Zp.

La boucle de mesure, schématisée figure 1 comprend l'impédance aux bornes de


laquelle on mesure une tension, l'entrée de l'ampli d'instrumentation, et les fils aller (point
chaud) et retour (masse) du câble.

Dans le cas où l'impédance Zm est interconnectée avec d'autres éléments (circuit


électronique), ainsi que l'ampli de mesure (par exemple à un oscilloscope), il peut exister un
courant parasite Ip indépendant de la mesure et circulant dans le fil d'impédance Zp liant
l'élément à mesurer à l'amplificateur.

Le courant de mesure proprement dit est conditionné par l'impédance d'entrée de


l'ampli, qui est (sauf en HF) en général très élevée (> 1M ) pour ne justement pas perturber
l'élément à mesurer. Ce courant étant infime, on va le négliger.

Nous étudierons dans les exemples suivants d'où peut provenir le courant Ip. Pour
l'instant, on va admettre qu'il existe et analyser les perturbations induites.

Si on applique la loi d'ohm dans la boucle de mesure, on trouve une tension à l'entrée
de l'ampli égale à :

En effet, l'entrée de l'ampli " voit " tout ce qui compose la boucle de mesure, à savoir
la tension à mesurer plus la chute de tension dans l'impédance parasite Zp.

 Application numérique.

Si le signal Vr est de l'ordre de 100mV (ce qui est déjà, en mesure, une valeur
" importante "), Ip = 1A et Zp = Rp = 10m , le signal d'erreur représentera 10% du signal à
mesurer... et le résultat sera inexploitable !

 Cause fondamentale.

Le point de départ de toutes ces perturbations est une remise en cause d'un postulat de
l'électronique théorique : la masse n'est pas une véritable équipotentielle , surtout lorsqu'on
a plusieurs équipements interconnectés. C'est le problème de base de la CEM, et c'est dû à un
phénomène non pris en compte dans les cours d'électronique de base : tout conducteur, quel
qu'il soit, présente une impédance à ses bornes. C'est donc vrai pour toutes les liaisons, et en
particulier celles entre masses.

 Dépasser la mise en équation.

Ces éléments théoriques ne sont pas suffisants pour permettre au néophyte de les
mettre en évidence sur une manip, et de voir les branchements et mécanismes concrets qui
ramènent à ce cas d'école.

Passons donc au concret : nous allons voir sur 3 cas extrêmement répandus en mesure
le mécanisme de couplage par impédance commune.

2. Exemple de mesure de courant à l'aide d'un shunt.

L'illustration la plus proche du cas théorique précédent est la mesure d'un courant à
l'aide d'un shunt sur un équipement électronique.

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 Description du montage.

Le montage est composé des éléments suivants :

 un montage électronique comprenant le shunt de mesure d'un courant, un des


pôles du shunt étant relié à la masse du montage électronique.
 une alimentation stabilisée fournissant l'énergie au montage électronique.
 un oscilloscope permettant de visualiser et mesurer le courant du montage
électronique.
 un câble coaxial liant le montage à l'oscilloscope.

Le montage réel sera le suivant :

Fig. 2. Mesure sur shunt.

Il est très important de noter que chaque appareil possède sa masse électrique, que ces
masses sont reliées entre elles par les câbles de liaison, et que les masses de l'alimentation et de
l'oscilloscope sont reliées à la terre.

A ce titre, dans tous les laboratoires, les prises de courant sont toutes équipées de terre,
et tous les appareils électriques et électroniques d'alimentation, de génération et transformation
de signaux, et ceux de mesure sont équipés de prises de terre, ceci afin de mettre ces appareils
à un potentiel très voisin de celui des humains qui les utilisent : on évite ainsi les chocs
électriques et on assure la sécurité des personnes qui manipulent.

Le respect de ces règles est obligatoire, et les circuits de mise à la terre sont
régulièrement contrôlés.

 Schéma équivalent.

Fig. 3. Schéma de câblage équivalent.

A partir du schéma de branchement, on va bâtir le schéma électrique équivalent en


tenant compte des impédances parasites des câbles (Fig. 3.).

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Dans ce schéma, nous n'avons mentionné que les résistances parasites. Le
raisonnement serait strictement le même si on incluait les selfs parasites.

Si dans un premier temps on supprime l'oscilloscope, le fonctionnement est le suivant


: tout le courant Is circulant dans le shunt est fourni par le pôle + de l'alimentation et revient par
le pôle - de cette alimentation, ainsi que les autres courants circulant dans le module
électronique.

La prise de terre sert uniquement à mettre le montage au potentiel de la terre : aucun


courant ne circule dans cette connexion (sauf gros problème !).

Si maintenant on rajoute l'oscilloscope avec sa prise de terre, et le câble de liaison avec


le montage électronique, la règle précédente reste valable : aucun courant ne " disparaît " dans
la terre. Par contre, le courant Is circulant dans le shunt a maintenant 2 circuits possibles pour
retourner vers l'alimentation :

 le circuit direct prévu à cet effet, à savoir le câble de masse reliant


l'alimentation au montage (courant I1).
 un circuit parasite, composé du fil de masse du câble de mesure, du fil de terre
reliant l'oscilloscope au secteur, et du fil de terre reliant le secteur à
l'alimentation (courant I2).
Les courants I1 et I2 peuvent être aisément calculés par la loi du diviseur de courant :

On retrouve ici le cas d'école, avec l'impédance parasite qui est Rcbl et le courant
parasite I2 circulant dans la boucle de mesure. On en déduit alors facilement la valeur du signal
d'erreur Verr :

Ces équations sont données à titre indicatif : dans la pratique, on ne connait pas les
impédances parasites avec précision, ni surtout les résistances de contact des câbles aux
borniers. On ne saura donc pas faire un calcul précis. On se bornera à estimer un ordre de
grandeur de l'erreur qu'on corrèlera à l'aide de la mesure d'une pièce étalon pour voir si on ne
fait pas fausse route dans le diagnostic des sources d'erreur de la mesure.
 Discussion.
Ce cas typique (et surtout ses variantes) se présente assez souvent ; il permet de faire
le lien avec le cas d'école, et surtout, de voir le mécanisme de bouclage des courants par des
circuits dérivés, et donc d'interpréter la présence d'un courant parasite dans la boucle de mesure
(le diagnostic étant fait, il sera plus facile d'éliminer ce courant ou ses conséquences).
Il faut noter un aspect extrêmement vicieux du phénomène de " parasitage " de la
mesure dans ce cas particulier : le signal d'erreur a exactement la même forme que le signal
utile ; il ne va affecter que son amplitude, et le résultat de mesure paraîtra " propre ". Il sera
alors difficile de détecter l'erreur si on ne connaît pas exactement le résultat attendu (on a intérêt
dans ce cas à mesurer une pièce étalon pour valider la mesure).
Le piège est plus grossier et facilement détectable quand le courant parasite n'est pas
celui qu'on désire mesurer : l'oscilloscope montre alors un " vrai " bruit.
La principale parade existant pour contrer la circulation de ces courants parasites
consiste à faire une mesure différentielle : ceci fera l'objet d'un cours spécifique.

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Remarque : ce type de perturbation se rencontre plus généralement pour toute mesure
faite en mode commun (mesure d'un point chaud par rapport à la masse).
Il est clair que si dans l'exemple précédent le shunt était flottant (aucun pôle à la
masse), il serait hors de question de faire une mesure de mode commun en mettant un des pôles
du shunt directement à la masse de l'oscilloscope par exemple : on court-circuiterait une partie
du montage électronique, avec tous les dégâts que cela peut engendrer. Dans ce cas, la mesure
en différentiel est impérative.
 Extension à d'autres cas.
En pratique, les mesures sur shunt sont (presque) toujours faites en mode différentiel :
il n'y aura donc pas de problème dans ce cas.
Par contre, il est plus fréquent qu'on ait à mesurer une faible tension par rapport à la
masse sur une carte électronique où circulent des forts courants. Les perturbations seront
strictement les mêmes : les forts courants auront souvent (au moins) deux chemins possibles
pour retourner au pôle - de l'alimentation, et un de ces chemins est en général le fil de masse du
câble de mesure.
Si les courants sont pulsés (présence d'une alimentation à découpage par exemple), il
faudra prendre en compte les inductances parasites pour expliquer des surtensions brèves mais
parfois de forte amplitude au moment des commutations du courant parasite. Ces surtensions
peuvent être dangereuses pour certains équipements de mesure fragiles.
3. Mesure simultanée d'une tension et d'un courant par sonde.
Cet exemple particulier va nous montrer que même si la sonde de mesure est " isolée "
du montage à mesurer, on peut avoir des couplages parasites venant fausser les résultats.
 Description du montage.
On se propose de mesurer un courant sur un montage électronique par l'intermédiaire
d'une sonde de courant, ainsi qu'une tension (sonde reliée à l'oscilloscope).
Pour ce faire, on dispose :

 d'un montage électronique.


 d'une alimentation stabilisée fournissant l'énergie au montage.
 d'un oscilloscope.
 d'une sonde d'oscilloscope standard.
 d'une sonde de courant et de son amplificateur, celui-ci délivrant une tension
proportionnelle au courant mesuré. Cette tension doit être analysée à
l'oscilloscope positionné sur le calibre 10mV/div (faible signal).

Fig. 4. Mesure de courant par sonde.

Le principe de la sonde de courant est basé sur des phénomènes de couplage par
mutuelle induction (transformateur de courant) ou sur l'effet hall, celui-ci permettant de mesurer
des courants continus. Dans tous les cas, il n'y a pas besoin de couper le circuit pour mesurer le
courant comme dans le cas d'un shunt. La sonde de courant se présente sous forme d'une pince
entourant le câble où circule le courant à mesurer : il y a donc isolation parfaite entre la sonde
et le circuit à mesurer.

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 Schéma équivalent

Fig. 5. Schéma équivalent

Si on fait le schéma équivalent du montage comme dans l'exemple précédent, on


pourra constater les choses suivantes : si on mesure uniquement le courant, la sonde de tension
étant débranchée, il n'y a aucun problème. Dès que l'on rajoute la sonde de tension, et surtout,
sa connexion de masse sur le montage, on ouvre la voie à deux chemins parasites pour le courant
de retour du montage électronique : un va transiter par le câble de masse de la sonde de tension,
l'autre par le câble de masse liant l'ampli de sonde de courant à l'oscilloscope. On pollue d'un
seul coup deux signaux !
4. Application à la mesure de faibles résistances : mesure 4 points.
Une mesure de résistance est faite selon le principe suivant : on injecte un courant
calibré dans la résistance à mesurer, et on mesure la chute de tension induite aux bornes de cette
résistance.
Dans ce cas, l'instrument de mesure (un multimètre) va comporter à la fois le
générateur de courant et le voltmètre (qui est, rappelons le, l'instrument de mesure de base).
Dans les multimètre à bon marché, il n'y a que deux bornes de sortie permettant de
faire cette mesure : les cordons de mesure vont donc servir à véhiculer le courant et recueillir
la tension.

Fig. 6. Principe de mesure d'une résistance.


Or, ces câbles, ainsi que leur contact avec le composant à mesurer sont résistifs. Le
courant de mesure va donc provoquer des chutes de tension parasites dans ces résistances, et au
lieu de mesurer Rtest, on va mesurer Rtest + Rcord1 + Rcord2 :

Fig. 7. Perturbation de la mesure de résistance.


Le phénomène sera plus gênant pour les mesures de faibles résistances, car les
résistances parasites ont une valeur sensiblement constante : plus la résistance mesurée a une
valeur élevée, plus l'erreur sera faible.
Là encore, on est en présence de couplage par impédance commune. D'aucun
objecteront que le courant " parasite " est le courant de mesure. En fait, on peut considérer que
l'instrument de mesure est le voltmètre, et qu'il est perturbé par le courant I qui est pour lui un
courant parasite !

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La parade à cet inconvénient consiste à faire une mesure dite " 4 points " : on amène
le courant de mesure et on lit la tension avec deux jeux de câbles différents. On lit alors vraiment
la valeur de la résistance à mesurer :

Fig. 8. Mesure de résistance " 4 points "


Les multimètres de précision possèdent 4 bornes de sortie pour la mesure 4 fils :
 2 bornes notées " force " qui injectent le courant.
 2 bornes notées " sense " qui mesurent la tension.
Attention à la précision ! 1k n'est pas une faible valeur, certes, mais si on veut mesurer
une telle résistance avec une précision de 1 pour 10000, il faudra passer par une mesure 4 points,
alors que ce ne sera pas nécessaire pour mesurer 100 à 1%. Tout est relatif !
5. Conclusions.
Ces petits exemples de tous les jours ont permis de mettre en évidence les mécanismes
de couplage par impédance commune. Les éléments essentiels à retenir sont :
 les " équipotentielles " ne sont jamais parfaites.
 il convient de bien faire le schéma équivalent de tout le montage, en prenant
en compte tous les chemins possibles (mises à la terre, mises à la masse
multiples...) pour arriver à détecter les problèmes et y remédier.
 on aura d'autant plus de problèmes qu'un des appareils consommera ou
générera des forts courants.
 il faut se rappeler qu'un câble de masse supplémentaire mal placé sur un
montage de mesure peut fausser toutes les mesures : il faut réfléchir à deux fois
avant de modifier quelque chose qui marche !
ces exemples illustrent l'ampleur des problèmes potentiels qui se posent lors de la
conception d'un banc de mesure automatisé, réalisant la commande, la mesure et le traitement
d'un grand nombre de paramètres, et comprenant plusieurs appareils interconnectés !
C. REMÈDES.
Il n'y a pas de remède miracle universel et possédant toutes les qualités. Très souvent,
un simple toilettage du montage suffira (câblage rationnel des appareils, pas de câbles superflus,
câbles courts...).
Ensuite, en fonction des résultats désirés et des moyens disponibles, on pourra piocher
dans les méthodes proposées ci dessous.
1. " Flottement " d'un appareil.
Nous avons vu que la source de tous nos problèmes venait souvent de couplages dûs
aux liaisons à la terre des divers appareils interconnectés.
Pour éviter ces problèmes à peu de frais, on peut être tentés de couper ces liaisons avec
la terre.
Mais alors, attention ! ! ! Ce genre de manipulation peut être extrêmement dangereux,
et ne devra pas être fait à la légère. Dans tous les cas, il faudra qu'il subsiste au moins un appareil
à la terre pour assurer la sécurité des personnes qui vont manipuler les appareils.
Il faudra que toutes les liaisons entre appareils restent en place (et notamment les
masses).

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De plus, on risque de se retrouver avec des couplages autres (carte à châssis par
exemple) qui ruineront les gains obtenus, surtout s'il existe des courants ou tensions HF dans le
montage. Cette méthode est donc fortement déconseillée dans la plupart des cas.
Tout au plus, dans certaines manips, on pourra désolidariser l'alimentation stabilisée
de la terre. Certaines alimentations possèdent d'ailleurs des bornes de masse et de terre séparées
en face avant. On pourra ou non les relier en fonction des besoins. On constatera alors le résultat
sur l'oscilloscope : si le flottement donne de bons résultats, on laissera tel quel, sinon, on
remettra la connexion de terre.
Cette méthode peut être efficace dans les exemples de mesure sur shunt ou avec la
sonde de courant cités plus haut. A proscrire si les tensions mises en jeu sont élevées !
Il est très déconseillé de flotter des oscilloscopes : certains sont alors dangereux. De
plus, les potentiels atteints par le châssis peuvent l'endommager.
2. Mesure en différentiel.
C'est une méthode quasi universelle pour la résolution de ce genre de problème. Nous
allons l'étudier en détail au chapitre suivant : " L'amplificateur d'instrumentation ".
Elle n'est pas utilisée systématiquement, car elle est plus complexe à mettre en œuvre
et plus chère qu'une mesure simple par rapport à la masse.
De plus, les amplificateurs différentiels ont aussi des limitations qui empêchent leur
utilisation partout.
3. Amplification " à la source ".
Si on conçoit soi-même la carte électronique dont on veut mesurer un faible signal, il
est possible d'amplifier ce signal sur la carte même. Dans ce cas, la réjection du signal d'erreur
sera multipliée par le gain de l'amplificateur.
Par exemple, si on a un signal utile de 100mV et un signal d'erreur de 10mV dû au
câblage, un ampli de gain 10 va permettre de monter la tension utile à 1V, et le signal d'erreur
ne fera plus que 1% du signal utile au lieu de 10%. L'ampli " local " étant référencé à la masse
du montage, il n'y a pas de problème local de couplage par impédance commune (à condition
que le routage du montage électronique soit fait convenablement !).
Le câble de mesure va alors véhiculer un signal de fort niveau et à basse impédance,
donc " robuste ".
Cette méthode peut être très bon marché et efficace. Elle évite une mesure en
différentiel, plus lourde à mettre en œuvre et plus chère.

IV. COUPLAGE PAR DIAPHONIE INDUCTIVE.


A. DÉFINITION.

Tout courant variable circulant dans un conducteur va créer un champ magnétique


autour de lui. La variation de flux ainsi produite va créer des tensions induites parasites dans
les boucles formées par les câbles conducteurs contigus au câble perturbateur.
En pratique, cela revient à considérer la mutuelle inductance entre le câble perturbateur
et le câble victime.
Parmi les perturbateurs, on fera attention aux câbles d'alimentation des convertisseurs
statiques, des moteurs électriques, des relais, et aussi aux câbles véhiculant des signaux logiques
à front raide.
En mesure, on aura des problèmes avec les convertisseurs statiques, et aussi avec des
câbles en nappe dans le cas de bancs informatisés : ces câbles sont pratiques pour véhiculer
beaucoup de signaux sans avoir une forêt de fils, mais ils posent des gros problèmes de
diaphonie.

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B. REMÈDES.
Les remèdes peuvent être simples :

 dans la mesure du possible, on éloignera les câbles à courants pulsés (dI/dt


élevés) des câbles véhiculant des signaux faible niveau à mesurer.
 surtout, il faudra se garder de faire courir le câble source et le câble victime
parallèlement sur une grande distance.
 Si le câble source et le câble victime doivent se croiser, il faudra le faire à angle
droit (couplage nul, même si les deux câbles se touchent).
 on évitera de faire circuler dans un câble en nappe des signaux logiques (fort
dI/dt) et des signaux analogiques bas niveau.
 afin de réduire la boucle formée par les conducteurs aller et retour d'un signal
bas niveau, on rapprochera ces deux fils au maximum.
 dans la mesure du possible, on torsadera ces deux câbles : le champ
perturbateur va créer des effets qui vont s'annuler grâce à l'inversion des câbles
induite par le torsadage.

V. COUPLAGE PAR DIAPHONIE CAPACITIVE

Ce phénomène est dû au fait que deux conducteurs en regard et séparés par un


diélectrique (l'air, ou un isolant quelconque) forment une capacité qui va les relier.

A. DÉFINITION.

Le couplage par diaphonie capacitive est créé par variation de tension entre deux
conducteurs en regard. La capacité parasite formée par les deux conducteurs va présenter une
impédance faible en HF à cette variation de ddp et permettre le passage d'un courant parasite.

Remarque : la différence essentielle qu'il y a avec la diaphonie inductive est que la


diaphonie capacitive est provoquée par une variation de tension (champ électrique), alors
que la diaphonie inductive est provoquée par une variation de courant (champ magnétique).

B. EXEMPLES.
1. Isolation galvanique.

Une méthode a été beaucoup utilisée pendant l'âge d'or de l'électronique analogique
pour résoudre les problèmes de couplage par impédance commune : c'est l'isolation galvanique,
réalisée notamment à l'aide de transformateurs d'isolement, et plus récemment, par des
isolateurs opto-électroniques.
Les différents éléments d'un système électronique étant isolés, il n'y a plus de chemin
pour les courants parasites.

Fig. 9. Isolation galvanique en HF.


Ce remède était valable à une certaine époque, lorsqu'on travaillait principalement
avec des fréquences relativement faibles, et que la commutation en était à ses balbutiements.

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Aujourd'hui, les choses ont changé : les fréquences de travail sont très élevées, on a de
plus en plus de signaux logiques très rapides (on dépasse le GHz pour les processeurs), et la
commutation est entrée en force dans l'électronique de puissance.
Il y a donc de plus en plus de signaux HF dans les circuits électroniques actuels, qui
vont mettre en défaut les composants d'isolation galvanique. En effet, ceux-ci présentent entre
les deux parties isolées des capacités parasites non négligeables : de quelques pF pour les
composants optiques à quelques dizaines de pF pour les transformateurs.
Si le secondaire du transformateur d'isolement est soumis à des variations rapides de
tension de mode commun, les capacités parasites vont réinjecter ces signaux au primaire, et
pourront perturber par conduction tout le circuit électronique qui y est relié.
La figure 9 est une illustration d'isolation galvanique par transformateur. On y
remarque deux masses : ces deux masses sont bien évidemment séparées, sinon, l'isolation
galvanique n'aurait pas de sens ! Ce sont des masses locales. Si une ddp apparaît entre ces deux
masses (tension de mode commun Vmc), les capacités parasites Cp2 et Cp2 laisseront passer les
composantes HF de cette tension, introduisant une tension de mode commun sur le circuit
amont qui peut perturber ce circuit et les appareils qui y sont reliés.
Il faut noter que les capacités parasites Cp1 et Cp2 n'existent pas physiquement telles
quelles : la capacité parasite est en fait répartie uniformément sur tout le bobinage. Les deux
capacités discrètes indiquées sur le schéma sont des capacités équivalentes permettant de
raisonner et de faire des calculs simples.

2. Routage des circuits imprimés.

Dans les interfaces de mesure, on trouve presque toujours des signaux analogiques,
souvent bas niveau et/ou à haute impédance voisinant avec des signaux logiques rapides.

Fig. 10. Câblage d'une carte mixte.


Il ne faudra jamais perdre de vue que si deux de ces pistes sur un tel circuit imprimé
sont routées parallèlement et à faible distance l'une de l'autre, elles vont être reliées par une
capacité parasite non négligeable. Le signal analogique pourra alors être pollué par les
variations rapides de potentiel inhérentes aux signaux logiques.
Prenons l'exemple de la figure 10 : un capteur est relié à une carte électronique ; il est
équivalent à un générateur de tension Ec en série avec une résistance Rc. Sur la carte
électronique, le signal est conditionné par un amplificateur à haute impédance d'entrée
(amplificateur opérationnel ou d'instrumentation par exemple).
L'entrée du capteur est voisine d'une entrée logique, et les pistes cheminent
parallèlement sur quelques centimètres : il en résulte une capacité parasite Cp reliant ces deux
pistes.

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Pour la suite, on va supposer que le signal logique est délivré par un générateur de
tension à impédance interne faible qu'on va donc négliger.
On va considérer aussi que ce signal logique de tension Vl est périodique : il est alors
possible de le décomposer en une série de Fourier :

La pulsation du fondamental est , et correspond à une fréquence fo. En théorie, la


série est infinie ; en pratique, au-delà d'une certaine fréquence, les composantes Vil sont
négligeables.
Le schéma équivalent de ce montage électronique est le suivant :

Fig. 11. Schéma équivalent.


La tension à l'entrée de l'amplificateur est égale à :

Dans cette équation, ZCp représente l'impédance complexe de la capacité Cp, et est
égale à :

La pulsation i, égale à i , est celle de l'harmonique i des composantes de Fourier du


signal logique (les harmoniques d'ordre élevé sont les plus perturbantes), et la pulsation c celle
du signal délivré par le capteur.
On voit clairement (deuxième terme de l'équation [7]) que le terme perturbateur est
proportionnel au pont diviseur formé par la capacité parasite d'une part, et l'impédance
équivalente de Thévenin vue du point perturbé de la piste sensible.
Ici, cette impédance équivalente est égale à l'impédance interne du capteur en parallèle
avec l'impédance d'entrée de l'ampli, qui est en général très grande.
Plus l'impédance de la capacité sera faible, plus grande sera la perturbation. C'est aux
fréquences élevées qu'on aura le plus de problèmes (c'est le cas des harmoniques des signaux
logiques).
On pourra noter au passage que la capacité parasite diminue l'impédance sous laquelle
le capteur " voit " le circuit d'entrée (premier terme de l'équation [7]). Il faudra prendre ce
phénomène en compte si le capteur délivre des composantes à haute fréquence ( c élevée).
On peut tirer deux conclusions de ce rapide calcul :
On a intérêt à diminuer autant que faire se peut les capacités de couplages en évitant
de faire cheminer des pistes sensibles en parallèle avec des pistes perturbantes. Il convient de
noter ici que si l'impédance de la source perturbatrice est non nulle, elle se rajoute à l'impédance
de la capacité parasite, ce qui a un effet bénéfique. En pratique, il ne faut pas rêver, les
impédances de source des perturbateurs sont souvent faibles...
Les circuits à haute impédance d'entrée sont particulièrement sensibles aux couplages
capacitifs. On sera en permanence pris entre deux impératifs : avoir un ampli à forte impédance

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d'entrée pour ne pas perturber le capteur, et limiter au maximum l'effet des couplages capacitifs
parasites, donc, avoir une faible impédance d'entrée...
Il y aura donc toujours un compromis à faire. En pratique, on choisira l'impédance
d'entrée la plus basse possible qui soit compatible avec les impératifs de précision de mesure
qu'on s'est fixés.
Si les signaux délivrés par le capteur sont à basse fréquence, un filtre passe bas disposé
à l'entrée de l'amplificateur permettra de résoudre à bon compte certains problèmes de diaphonie
avec des signaux logiques.
3. Câble en nappe.
Comme dans le cas de la diaphonie inductive, les signaux fragiles circulant dans un
câble en nappe vont être pollués par les variations relatives de potentiel qui existent sur les
câbles contigus, et ceci via les capacités parasites existant fatalement entre ces câbles.
Même remède : ne pas faire circuler des signaux " fragiles " à côté de signaux à fort dV/dt.
C. CONCLUSION.
Le couplage capacitif sera perturbant uniquement lorsque le montage de mesure sera
entouré de matériel fonctionnant à haute fréquence.
Ce cas sera malheureusement courant, car la logique est présente quasiment partout,
et les fronts raides des signaux logiques sont générateurs de parasites HF.
Les principaux remèdes sont la séparation des câbles perturbateurs et perturbés, faire
des circuits d'interface à la plus basse impédance possible, et en dernier recours, filtrer.
Une autre conclusion remarquable est qu'un isolement galvanique ne protège pas des
perturbations de mode commun HF.

VI. COUPLAGE CARTE À CHÂSSIS.

Ce mode de couplage va affecter prioritairement des équipements isolés de leur châssis


(le boîtier protégeant l'équipement considéré) soumis à des tensions de mode commun HF
élevées. Il est finalement un cas particulier de la diaphonie capacitive.

A. DÉFINITION.
Le couplage carte à châssis a lieu lorsqu'une carte électronique est isolée du boîtier qui
l'enveloppe, et qu'il existe une différence de potentiel variable entre la masse de cette carte et
le châssis (variation de tension de mode commun).
Il existe des capacités parasites entre la carte et le châssis. Si le potentiel entre la carte
et le châssis est variable, ces capacités vont former un chemin de passage pour des courants
parasites.

B. EFFETS PRODUITS ET REMÈDES.

Il est nécessaire ici de parler de ce mode de couplage, car, comme il a été dit
précédemment, on peut être tentés de " flotter " certains équipements pour couper des chemins
conducteurs parasites et éviter ainsi les couplages par impédance commune.
Il faut savoir que quand on fait cela, on s'expose à un autre couplage parasite qui est le
couplage carte à châssis.
Ce type de couplage sera évidemment important si les équipements concernés sont le
siège de courants ou tensions HF.
Sur des équipements uniquement BF, on pourra flotter des cartes électroniques sans
problèmes.

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Si on a des composantes HF, il faudra empêcher le flottement des potentiels en reliant
la masse de la carte à son châssis. On évitera alors les couplages par impédance commune en
utilisant des liaisons différentielles entre les différentes cartes ou appareils.

VII. COUPLAGE CHAMP À FIL.


A. DÉFINITION.
Tout câble conducteur plongé dans un champ électrique variable va être le siège d'un
courant de conduction induit par le champ électrique. Ce phénomène sera significatif
uniquement en HF.
B. EXEMPLES.
L'exemple le plus simple, bien que n'ayant rien à voir avec la mesure, est celui de
l'antenne de voiture pour autoradio. Cette antenne n'est qu'un vulgaire bout de ferraille qui va
collecter les champs électriques HF émis par les stations de radiodiffusion, et transformer ces
champs en courant conduit qui va être acheminé vers l'entrée de l'autoradio pour y être traité.
En pratique, l'espace qui nous entoure est entièrement baigné d'ondes radioélectriques :
émetteurs radio, TV, talkies walkies, téléphones portables, ainsi que des parasites d'origine
industrielle véhiculés par les lignes électriques du secteur qui se comportent alors comme des
émetteurs.
Il ne faut pas oublier non plus les montages électroniques générant des composantes
HF rayonnées : ordinateurs, variateurs à triacs, alimentations à découpage...
Ces champs sont inévitables, et il va falloir s'en protéger !
C. REMÈDES

 Des manips propres !


Première règle simple : pas de fils qui traînent ! C'est facile à dire, c'est peu souvent
bien réalisé.
Sur une manip, on enlèvera tous les cordons non branchés aux deux extrémités. Un
cordon qui pend, connecté à une de ses extrémités à un montage de mesure se comporte de la
même manière qu'une antenne d'autoradio, et va capter tous les champs parasites qui traînent,
les transformer en courant et les injecter par conduction dans le montage.
Dès qu'on a des signaux bruités lors d'une mesure, la première chose à faire avant
d'investiguer plus loin est de rationaliser le câblage, mettre les câbles les plus courts possibles,
et éviter les fils inutiles qui traînent.
 Éviter les sources de perturbation.
Il n'est évidemment pas question de saboter les émetteurs de radiodiffusion pour faire
une manip tranquille, mais bien d'éviter, à l'intérieur du labo toutes les sources rayonnantes
qu'on maîtrise et dont on peut se passer.
Exemples :

 une lampe halogène munie de son variateur à triac est à proscrire.


 on éteindra les équipements informatiques inutiles à la manip.
 on évitera (si possible) de faire dans un même labo une manip perturbante
(électronique de puissance, convertisseur à découpage de gros calibre) et une manip
sensible.
 on blindera (si possible) les équipements perturbants, et on évitera là aussi les fils qui
pendent (ils forment de beaux émetteurs). A titre indicatif, les ordinateurs
d'aujourd'hui sont blindés, et sont donc moins perturbants qu'à l'âge d'or de
l'informatique familiale (1985) où ils étaient simplement habillés de plastique non
métallisé. Il était tout bonnement impossible d'écouter la radio (même en FM) à côté.

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 Blindage des câbles.

Une des principales parades au couplage champ à fil consiste à blinder les fils
véhiculant des signaux sensibles.

C'est pour cette raison que les câbles de liaison des appareils de mesure sont blindés :
le fil " chaud " est gainé par une tresse de cuivre qui l'enveloppe complètement. Cette tresse est
reliée à la masse des appareils, et donc, est (presque !) une équipotentielle. Cette tresse reliée à
un potentiel fixe sert ainsi d'écran électrostatique vis à vis du fil " chaud ", et empêche les
champs électriques rayonnés de l'atteindre.

VIII. COUPLAGE CHAMP À BOUCLE.


A. DÉFINITION.
Tout champ magnétique variable créé une ddp induite dans une boucle conductrice. Il
en résulte un courant parasite circulant dans cette boucle.
Les boucles sont nombreuses dans les circuits électroniques. On appelle boucle de
masse toute boucle conductrice formée par les conducteurs aller et retour d'un signal, à savoir
le fil " chaud " et le fil de masse. La figure 12 représente par exemple un capteur relié à une
carte amplificatrice.
La boucle sensible comprendra les câbles aller et retour allant du capteur à la carte,
ainsi que les pistes et impédances présentes sur la carte.

Fig. 12. Boucle de masse perturbée.

B. REMÈDES.

Les boucles de masse étant par définition inévitables, il faudra limiter au maximum les
perturbations. On pourra entres autres :
 réduire le plus possible la surface de ces boucles en faisant en sorte que les fils
aller et retour d'une boucle soient câblés au plus près l'un de l'autre.
Pour des câbles non blindés, le torsadage est efficace.

IX. DÉMODULATION DE COURANTS HF.

Nous allons terminer ce chapitre sur les perturbations par un phénomène fréquemment
rencontré et dénommé familièrement " ronflette " par les professionnels.
Ce phénomène est caractérisé par la présence d'un signal vaguement sinusoïdal de
fréquence 50Hz se superposant aux signaux à mesurer.
Le premier réflexe consiste donc à accuser le secteur. C'est vrai, mais indirectement.
Il est en fait issu des couplages précédemment cités. Mais, nous avons vu que ces
couplages étaient surtout gênants avec des perturbations HF. Hors, le secteur est à très basse

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fréquence, et il est hors de question de penser une seconde qu'il puisse traverser de façon
significative les quelques picofarads d'un isolement galvanique par exemple.
En réalité, les champs électromagnétiques créés par le secteur modulent les champs
HF issus de diverses sources.
Ces champs HF polluent facilement le montage à mesurer (même basse fréquence) par
tous les modes de couplage vus précédemment.
Ils vont alors toujours trouver un démodulateur parasite complaisant : il suffit d'une
diode (ou la jonction d'un transistor) et d'un condensateur pour démoduler les signaux HF et en
retirer la composante BF (le secteur) qui les modulait.
On se retrouve ainsi indirectement avec des tension parasites à la fréquence secteur
dans les montages.
Un exemple bien connu est le cas des amplificateurs Hifi qui captent la radio sans
tuner ! C'est économique, mais gênant quand ces signaux se superposent à un signal musical
différent.
Ce dernier exemple montre que même avec des montages " normalement " BF, on peut
avoir des problèmes secondaires induits par des composantes HF !
Même pour ces montages, on prendra donc des précautions pour limiter l'influence des
courants et tension HF, et restreindre au maximum tous les modes de couplage.

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