MECANIQUES DES SOLS

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Chapitre V : Calcul des distributions de contrainte sur un écran

Chapitre V. Calcul des distributions de contraint sur un écran

Table des matières

1 Généralités ...................................................................................................................................................... 2
2 Equilibres limites de poussée et butée ........................................................................................................... 3
2.1 Sol au repos ........................................................................................................................................... 3
2.2 Equilibre limite de poussée ................................................................................................................... 4
2.3 Equilibre de butée ................................................................................................................................. 5
2.4 Mobilisation des équilibres de poussée et de butée ............................................................................. 6
3 Calculs des coefficients de poussée et de butée d’un sol pesant ................................................................... 7
3.1 Méthode de RANKINE (1857) ................................................................................................................ 7
3.1.1 La poussée d’un sol pulvérulent ........................................................................................................ 8
3.1.2 La poussée d’un sol cohérant .......................................................................................................... 10
3.1.3 La poussée passive .......................................................................................................................... 14
3.1.4 La théorie de Rankine- Terrain incliné............................................................................................. 17
3.2 La théorie de Coulomb ........................................................................................................................ 18
3.3 Méthode de Boussinesq ...................................................................................................................... 21
3.3.1 Généralisation –Equilibre de Boussinesq ........................................................................................ 22
3.4 Calculs pratiques des coefficients de poussée et de butée ................................................................. 26
3.5 Influence du frottement sol-écran ...................................................................................................... 28

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Calcul des distributions de contrainte sur un écran

1 Généralités
Tous les ouvrages de soutènement qui doivent résister à la pression latérale des terres
nécessitent la détermination de la répartition des contraintes auxquelles ils sont soumis ou qu'ils
mobilisent.
Ces ouvrages de soutènement concernent les murs (mur-poids, murs cantilevers, murs
cellulaires..) et les écrans (parois moulées, parois berlinoises et dérivées, rideaux de
palplanches...).
Suivant le problème traité, on fera un calcul à la rupture (sol dans un comportement rigide-
plastique) ou un calcul en déplacement (sol dans un comportement élasto-plastique, ou autre...).
Les méthodes de calcul des murs de soutènement sont du type calcul à la rupture en adoptant
une loi de comportement rigide-plastique.
Les méthodes de calcul des écrans sont globalement, actuellement, de trois types :

 Sans interaction avec la structure, le sol est considéré à l'état d'équilibre limite. Ces
méthodes supposent un comportement rigide-plastique, du sol. Ce sont les plus
anciennes, elles s'appliquent assez bien aux calculs des rideaux de palplanches. Elles
ont une solution analytique dans les cas simples.

 Avec interaction avec la paroi et les tirants ou butons. Le sol est alors modélisé, à
l'interface du sol et de l'écran par des ressorts et des patins (méthodes aux coefficients
de réaction). Cette méthode a été particulièrement développée en France, parallèlement
au pressiomètre. Elle est encore beaucoup utilisée pour le calcul des parois, mais
nécessite l'emploi d'un logiciel et d'un micro-ordinateur.

 La méthode des éléments finis permet d'étudier la paroi comme une partie de l'ensemble
constitué par le sol, la paroi et les tirants d'ancrage ou les butons. Si le problème est bien
résolu mathématiquement, l'état des connaissances est moins avancé concernant les lois
de comportement du sol et surtout les éléments d'interface entre les tirants d'ancrage et
le sol. Le calcul est généralement effectué en déformation plane, ce qui suppose de

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trouver une équivalence entre les nappes de tirants et des plaques continues. Cette
méthode complète est de plus en plus utilisée dans les grands projets. Elle nécessite
évidemment l’emploi d’un micro-ordinateur. Le calage des paramètres des lois de
comportement nécessite encore un étalonnage à partir des retours de chantier (mesures
de déplacement et de sollicitations dans les ouvrages).

2 Equilibres limites de poussée et butée

On détermine les actions du sol sur un écran quand le sol est à la rupture. Suivant les
déplacements relatifs entre le sol et l’écran, le sol se trouvera en équilibre de poussée (état
actif) ou de butée (état passif).

2.1 Sol au repos

Dans un dépôt de sol, la pression verticale tend à déformer le sol horizontalement. Cependant,
comme les éléments de sol sont confinés entre les éléments voisins, la déformation horizontale
est limitée et il se crée une contrainte horizontale. La valeur de cette contrainte dépend de la
capacité du sol à se déformer horizontalement, donc du type de sol. Le rapport entre la
contrainte horizontale et la contrainte verticale s’exprime au moyen du coefficient de pression
des terres au repos K0.

 h'
K0  Eq. 1
 V'

Le coefficient K0 dépend de la nature du sol et il est difficile à évaluer.

Les valeurs ci-après peuvent être retenues comme ordre de grandeur :
o Sable K0=0.5
o Argile K0=0.7
o Argile très molle, vase K0=1

Pour les sols pulvérulents et les sols fins normalement consolidés on pourra utiliser la formule
simplifiée de JAKY :
K 0  1  sin  ' Eq. 2

S’il existe un talus de pente , la valeur du coefficient des terres au repos, avec la même
définition sera :

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K 0   K 0 1  sin   Eq. 3

Remarque

Par rapport aux sols normalement consolidés la valeur de o augmente pour les sols surconsolidés,

d’autant plus que le coefficient de surconsolidation Roc est important :

 
K 0  1  sin  ' ROC
0 .5
Eq. 4

 P'
avec : ROC  ' (σP : contrainte préconsolidation)
V

2.2 Equilibre limite de poussée

Le sol pousse sur l'écran et le met en poussée. Le sol se déplacera jusqu'à ce que la contrainte

initiale ’ ho diminue, le sol se décomprime, pour atteindre une valeur limite ’a (équilibre actif

ou inférieur) inférieure à ’ho. Par rapport à l’état initial, la contrainte ’V0 étant constante, la

contrainte horizontale ’ho diminue jusqu’à ce que le cercle de Mohr devienne tangent à la

droite de Mohr-Coulomb pour une valeur de ’ hf = ’a ( Figure 1). Le sol est à l’état de poussée

; la contrainte de poussée est reliée à la contrainte verticale ’Vo, dans le cas d’un écran vertical
sans frottement sol-écran, par le coefficient de poussée Ka (a comme actif).
 a'  K a V' Eq. 5

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Remblai de sol de Remblai de sol de

Direction du
poids volumique  poids volumique 
déplacement

σv σv

σh σh σhf σhf

σv σv

Avant déplacement Après déplacement

τ'


Rupture en poussée

σ'
σ´hf=σ´a σ´hi σ´v

Figure 1. Poussée active d’un sol pulvérulent sur un mur de soutènement

2.3 Equilibre de butée

L'écran pousse sur le sol et le met en butée. Le sol se déplacera jusqu'à ce que la contrainte
initiale σ’ho augmente, le sol se comprime, pour atteindre une valeur limite σ’p (équilibre passif
ou supérieur) supérieure à σ’ho. Par rapport à l’état initial, la contrainte σ’Vo étant constante, la
contrainte horizontale σ’ho augmente jusqu’à ce que le cercle de Mohr devienne tangent à la
droite de Mohr-Coulomb pour une valeur de σ’ho (Figure 2). Le sol est à l’état de butée la
contrainte de butée est reliée à la contrainte verticale σ’Vo, dans le cas d’un écran vertical sans
frottement sol-écran, par le coefficient de butée Kp (p comme passif).
 P'  K P V' Eq. 6

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Remblai de sol de Remblai de sol de

Direction du
poids volumique  poids volumique 
déplacement

σv σv

σh σh σhf σhf

σv σv

Avant déplacement Après déplacement

τ'
Rupture en butée

σ´v σ'
σ´hi σ´hf= σ´p

Figure 2. Poussée passive d’un sol pulvérulent sur un mur de soutènement

2.4 Mobilisation des équilibres de poussée et de butée

Pour qu’il y ait équilibre de poussée ou de butée, il faut qu’il y a, grossit déplacements (figure
ci-dessous), grossièrement de l’ordre de H/1000 pour mobiliser la poussée et supérieur à H/100
pour mobiliser la butée.

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Remblai de sol de
K
poids volumique 
Butée
Direction du Direction du Kp
déplacement déplacement Déformation plastique

Poussée Butée K=K0δ

K0
Poussée
Ka
Déformation plastique
δ (déplacement)
Avant déplacement δa=H/1000 δp=H/100

Figure 3. Déplacements nécessaires à la mobilisation des états limites de poussée et butée

Exemple d’application
 1000cm
 a  1000  a  1cm  Rupture en décompression
H  10m   
  1000cm  p  10cm  Rupture en compression
 p
100

3 Calculs des coefficients de poussée et de butée d’un sol pesant

Plusieurs théories permettent de calculer les coefficients de poussée et de butée d’un sol
pesant, c’est à dire du sol lui-même. On mentionne les principales par ordre chronologique.
S’agissant de l’action des grains ou particules de terrain les coefficients de poussée et butée
s’appliquent aux contraintes effectives. Il est donc indispensable de déterminer les
contraintes effectives σ’= σ-u (Terzaghi) avant de calculer les poussées et butées. On décrit
les méthodes de Rankine, Coulomb et Boussinesq.

3.1 Méthode de RANKINE (1857)

En plus des hypothèses suivantes :

 Sol semi-infini, homogène, isotrope,

 Condition de déformation plane,

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 Critère de rupture de MOHR-COULOMB

 Massif à surface libre plane,

RANKINE (1857) avait rajouté l'hypothèse que la présence d'un écran ne modifie pas la
répartition des contraintes dans le massif. Avec cette hypothèse, on peut déterminer la
répartition des contraintes de poussée (ou de butée) dans le cas d'un sol pesant non surchargé.
3.1.1 La poussée d’un sol pulvérulent

La Figure 4 illustre le cercle de Mohr représentant les contraintes dans le sol en état d’équilibre
de poussée. L’enveloppe de rupture est déterminée à l’aide de l’équation suivante :
 '   ' tan  ' Eq. 7

τ'


Rupture en poussée

Rayon
 σ'
O σ´h=σ´a A σ´v
  '  ' h 
AB  Le rayon   V 
B  2 
Rayon
   '  ' h 
OA  Le centre   V 
O Centre A  2 
Figure 4. Poussée active d’un sol pulvérulent sur un mur de soutènement- théorie de Rankine
Comme nous l’avons vu précédemment, le rapport entre les contraintes horizontales et
verticales est exprimé par le coefficient de poussée du sol Ka :
h
Ka    h  K a V
V
Pour déterminer ce coefficient, il faut établir la relation entre σh, σV et . Pour un sol
pulvérulent dans des conditions de rupture, nous pouvons démontrer que (figure ci-dessus) :

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  'V  ' h 
 
sin  
' Le rayon 

2   sin  '    'V  ' h 

Le centre   'V  ' h    '  '
   V h 
 2 
Si l’on isole σh , on obtient

 1  sin  
 ' h   'V  
1  sin  
  
Ka

 1  sin    
K a     tan 2  45   Eq. 8
 1  sin    2

A la rupture, la contrainte horizontale porte le nom de pression active σa : c’est la pression

minimale que peut exercer un sol sur un mur.
 a  K a V
En exprimant σ V à l’aide du poids volumique (  V  h ), on obtient :

 a  K a h
S’il n’y a pas de surcharge à la surface du sol, la contrainte horizontale à cet endroit est nulle.
La poussée active totale Pa, c’est-à-dire la force totale créée par un remblai homogène de poids
volumique , est égale à la surface du triangle des contraintes (Figure 5).

h  0

Pa
h
3

 h  max  K a    h

Figure 5. Diagramme des contraintes et poussée active

L’aire du triangle est égale à la poussée active :
 h  max  h Ka   h  h   h2
Pa    Pa  K a  Eq. 9
2 2 2

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3.1.2 La poussée d’un sol cohérant

3.1.2.1 Cas du sol purement cohérant

Ce cas concerne les sols argileux ou limoneux saturés non drainés dans la phase « court
terme » d’un projet. On rappelle qu’on travaille à court terme, en contrainte totale. Les
résultats sont illustrés (Figure 6).
 a   V 0  2Cu Eq. 10

 P   V 0  2Cu Eq. 11

Cu: Cohésion non drainée (court terme)

u  0

Cu

a  h0 V 0 P

 2Cu 2Cu
Figure 6. Cercles de Mohr de poussée et buté pour un sol purement cohérant
3.1.2.2 Cas du sol frottant et cohérant

La Figure 7 illustre le cercle de Mohr représentant les contraintes après le déplacement d’un
mur. L’enveloppe de rupture est déterminée à l’aide de l’équation de la résistance au
cisaillement des sols cohérents.
 '  C '   ' tan  '

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τ'
φ´
Rupture en poussée

Rayon
φ´ C’
O σ'
σ´h=σ´a A σ´v
C'
tan  '

B
  '  ' h 
AB  Le rayon   V 
Rayon  2 
φ´
O
  'V  ' h 
A
C'
C '
  'V  'h  OA    
tan  '   tan  '  2 
 2 
Figure 7. Poussée active d’un sol cohérant sur un mur de soutènement- théorie de Rankine

La relation entre σh, σV dépend donc de l’angle de frottement interne () et d’un paramètre
supplémentaire, la cohésion du matériau (C’). On peut l’établir à partir de l’équation définie
précédemment :
  V'   h' 
 
 
sin  
'  2 
C '
  V   h'
'

  
tan  '  2 
En isolant σh, on obtient

 1  sin  '   cos  ' 

 h'   V'  
' 
 2c  
' 
 1  sin    1  sin  
Or comme,

cos  ' 1  sin  '


1  sin  ' 1  sin  '
L’équation devient :

 1  sin  '  1  sin  '

 h'   V'    2 c
1  sin  '  1  sin  '

Ka

Sachant que

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1  sin  '
Ka    h'   V' K a  2C K a
1  sin  '

En calculant la contrainte verticale avec le poids volumique, on obtient :

 h'  hK a  2C K a Eq. 12

3.1.2.3 Sol cohérant- hauteur maximale d’excavation

C’est la cohésion qui explique la tenue verticale de paroi de fouilles en absence d’étayage. En
effet dans le cas poussée active, l’équation ci-dessous et Figure 8 montrent que la cohésion
provoque une traction dans la zone h  hc, qui se traduira par une fissure de traction dans le
terrain derrière le mur (Le mur se décolle du terrain). En d’autre termes, le terrain est auto-
stable sur la hauteur hc. La profondeur de la fissure de traction est obtenue en substituant σh=0
dans l’équation précédente.

hc

H + =

 h  K ah  2c k a  h  K ah  2C K a
cohésion
Figure 8. La hauteur maximale pour excaver un matériau cohérant sans soutènement

2C
 h'  0  hc  Eq. 13
 Ka

A titre d’exemple, pour = 18 kN/m3 , C’=20kPa, et ’=15°, on trouve hc = 2.9m. En d’autres

termes, une face verticale de 2.9m et de hauteur sans aucun soutènement est à la limite de
l’équilibre dans ce cas.
3.1.2.4 Influence d’une surcharge uniforme q en surface
Les contraintes verticales dans le massif à l’arrière de l’écran sont, dans le cas d’une surcharge
q agissant à la surface du terrain et en absence d’eau (u=0)
 V   V'  h  q

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Ce qui conduit aux équations suivantes pour la poussée active (sol cohérant) :
 h'  h  q K a  2C ' K a
Nous pouvons aussi trouver la profondeur de la fissuration de traction avec
2C '
  0  h  q K a  2C
q
' '
K a  0  hC   Eq. 14
 Ka 
h

3.1.2.5 Influence d’une nappe d’eau statique derrière l’écran

La présence de l’eau doit être introduite dans le calcul par les deux valeurs suivantes :

 La poussée d’Archimède agissant sur les grains minéraux du sol conduit à diminuer la
pression des terres par rapport au cas sans eau. Ainsi la contrainte effective horizontale
σh est à considérer dans l’équation, le poids volumique apparent humide  du sol devient
= sat -w , soit le poids volumique apparent déjaugé
 La présence hydrostatique σ hw est celui qui correspond à la présence hydrostatique dans
un réservoir sans sol avec w.
La poussée totale est égale à la somme des poussées dues à ces deux types de contraintes.
 h'  h sat   w K a  h w Eq. 15

Ce paragraphe se rapporte au cas d’un écran sans drainage, dans laquelle la nappe est au repas,
par exemple un rideau de palplanches étanche soutenant une paroi de fouille en absence
d’écoulement. En général, lorsqu’il s’agit de mur de soutènement, ces derniers sont conçus avec
une chemise de drainage à l’amont et, ainsi, la poussée hydrostatique n’existe pas.
3.1.2.6 Influence de la stratigraphie
Dans le cas de terrains hétérogènes stratifiés, la contrainte horizontale présente des sautes aux
limites des couches, selon la théorie de Rankine, puisque les coefficients de poussée / butée
changent de valeur d’une couche à l’autre, les angles de frottement étant différents (Figure 9).

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1 Gravier
K a1

Limite de coche

2 Argile
K a2 > K a1

Figure 9. Saut de poussée à l’interface entre deux couches

3.1.3 La poussée passive

3.1.3.1 La poussée passive d’un sol pulvérulent

La Figure 10 illustre le cercle de Mohr représentant les contraintes dans le cas de butée.

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τ'
Rupture en butée

B

Rayon

 A
σ'
O σ´v σ´h=σ´p

B
  '  'V 
AB  Le rayon   h 
Rayon
 2 

  '  ' h 
O Centre A OA  Le centre   V 
 2 
Figure 10. Poussée passive d’un sol pulvérulent sur un mur de soutènement- théorie de
Rankine

3.1.3.2 La poussée passive d’un sol pulvérulent

On peut l’établir à partir de l’équation définie précédemment :

  '  'V 
sin  '   h 
  'V  ' h 
Si l’on isole σh, on obtient

 1  sin  
 ' h   'V  
1  sin  
  
KP

 1  sin    
K P     tan 2  45   Eq. 16
 1  sin    2

La contrainte horizontale est désignée comme la pression passive σp à la rupture :

 p  K P V

En exprimant σ V à l’aide du poids volumique (  V  h ), on obtient :

 P  K P h Eq. 17

Si un mur exerçait sur un sol une pression horizontale égale ou supérieure à la pression passive
(σp), il y aurait la rupture et le sol aurait tendance à sortir du dépôt dans la direction opposée à

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la poussée du mur. La poussée passive totale Pp à laquelle résisterait un remblai homogène de

poids volumique  serait égale à la surface du triangle représentant les contraintes. L’aire du
triangle est égale à la poussée Passive (Figure 11) :
h  0

PP
h
3

 h  max  K P    h
Figure 11. Diagramme des contraintes et poussée passive

 h  max  h KP   h h   h2
PP    PP  K P  Eq. 18
2 2 2

3.1.3.3 La poussée passive d’un sol cohérant

Comme la résistance au cisaillement des sols cohérents dépend aussi de la cohésion,
l’expression de la poussée passive inclut le paramètre C. Nous avons constaté que :
  h'   V' 
 
 
sin  
'  2 
C '
  V   h'
'

  
tan  '  2 
En isolant σh, on obtient

 1  sin  '  1  sin  '

  
'
 '
  2c
1  sin  '  1  sin  '
h V
 
KP

Sachant que
1  sin  '
KP    h'   V' K P  2C K P
1  sin  '

En calculant la contrainte verticale avec le poids volumique, on obtient :

1  sin  '
KP    h'  hK P  2C K P Eq. 19
1  sin  '

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3.1.4 La théorie de Rankine- Terrain incliné

Dans le cas des terrains inclinés l’équation de Rankine devient :

H 

H
3

Figure 12. Théorie de Rankine, terrain incliné

cos   cos 2   cos 2 

k a  cos   Eq. 20
cos   cos 2   cos 2 

Figure 13. Théorie de Rankine, terrain incliné, poussée active

cos   cos 2   cos 2 

k P  cos   Eq. 21
cos   cos 2   cos 2 

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Figure 14. Théorie de Rankine, terrain incliné, poussée passive

3.2 La théorie de Coulomb

Charles Augustin Coulomb (1736 - 1806) a été d’abord un ingénieur du génie militaire avant
de devenir plus tard un physicien encore plus célèbre par ses mémoires sur l’électricité et le
magnétisme entre 1785 et 1791.
Son premier ouvrage important fut, en tant que « Lieutenant en Premier du Génie », la
construction de 1764 à 1772 à la Martinique du fort Bourbon. A son retour en métropole en
1773 il publie à l’Académie des Sciences un important mémoire de mécanique appliquée
intitulé : Sur une application des règles de Maximis & Minimis à quelques Problèmes de
Statique, relatifs à l’Architecture (Par M. COULOMB, Ingénieur du Roi). Ce mémoire est
destiné à déterminer, autant que le mélange du Calcul  de la Physique peut le permettre,
l’influence du frottement & de la cohésion, dans quelques problèmes de Statique. Après avoir
expérimenté la résistance des piliers de maçonnerie en pierres, il étudie la pression des terres et
des revêtements.
COULOMB suppose que la surface de rupture est plane (coin de Coulomb), mais souligne bien
la simplicité des résultats que donne cette supposition, la facilité de leur application à la
pratique, le désir d’être utile & entendu des Artistes, font les raisons qui nous ont décidé.
Coulomb calcule la poussée P par rapport à un plan quelconque et détermine par les règles de
maximis & de minimis sa valeur maximum Pa.
Soit un mur vertical soutenant un massif de sol sans cohésion avec un terre-plein horizontal
(Figure 15).

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h tan (90°- α)

Prisme de sol Plan de rupture

h R
w
Pa
a a
Pa 
R Dynamique des forces
α

Figure 15. Equilibre du coin de Coulomb

On fait l’hypothèse que la contrainte de cisaillement =σtan est complètement mobilisée le

long de ce plan. Le coin de Coulomb se comporte de façon rigide-plastique, ce qui n’est pas le
cas généralement, surtout si le mur (ou l’écran) est de grande hauteur. La réaction totale du sol
R sur lequel frotte le coin de Coulomb est donc inclinée de l’angle  sur la normale au plan de
rupture. Le principe consiste simplement à écrire l’équilibre des forces en présence R, W et Pa ;
W étant le poids du prisme de sol et Pa la poussée du sol incliné de a sur la normale au mur.
En application de la méthode de Coulomb, on calcule la poussée en supposant a=0. Selon les
lois de la statique, à l’équilibre (soit juste avant la rupture), on aura :




F h  0  Pa  R sin(   )  0




F V  0  W  R cos(   )  0

Sachant que :
W
R
cos(   )

On, peut exprimer Pa en fonction W :

19
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sin(   )
Pa  W
cos(   )
Puisque, en poussée active, les contraintes horizontale et verticale correspondent
respectivement à σ h et à σV,

  45 
2
L’équation devient :
 
Pa  W tan 45  
 2
Comme le poids du prisme de sol égal au produit de son poids volumique, on obtient, par l’unité
de largeur :
h  h  tan(90    )
W 
2
h 2  
W  tan 45  
2  2
On peut obtenir Pa de la façon suivante :
h 2  
Pa  tan 2  45  
2  2
Sachant que :
h h h 2
PV   V   h  
2 2 2
On trouve
 
K a  tan 2  45  
 2
La théorie de Coulomb attribue au frottement entre l’écran et le sol un angle de frottement.
Poncelet à généralisé la méthode de Coulomb à un écran incliné de  et à un sol surmonté d’un
talus d’angle . Nous pouvons déterminer le coefficient de poussée Ka comme :

20
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A

O Plan de rupture
Ecran



l
a 
Pa
B

Figure 16. Equilibre d’un coin quelconque

cos 2    
Ka  Eq. 22
sin    a   sin(   ) 
2

cos(    a )  1  
 cos   a   cos    

1
Pa  Ka   l 2 Eq. 23
2

 1 sin( a   ) cos(    ) 
 a    a cot  tan(   )   Eq. 24
 cos(   ) sin(   ) cos( a   ) 

Cette méthode est utilisée essentiellement pour estimer la poussée active. Elle peut se décliner
pour la butée mais conduit à des valeurs en général trop fortes.
La méthode de Coulomb donne des résultats acceptables pour le calcul de la poussée de sols
sans cohésion, spécialement si ,  et  sont positifs. Par contre, elle n’indique pas la répartition
des contraintes le long de l’écran.

3.3 Méthode de Boussinesq

La théorie de Rankine ne permet pas de prendre en compte le frottement qui existe entre le sol
et le mur. Ainsi, par exemple dans le cas d’un massif à surface horizontale et d’un mur à paroi
verticale, la théorie de Rankine suppose que le frottement entre le mur et le sol est nul, ce qui
suppose que le mur est parfaitement lisse.

21
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BOUSSINESQ (1882) a amélioré la théorie de RANKINE en prenant l'interaction réelle entre

le sol et l'écran, c'est-à-dire en choisissant la valeur de l'angle de frottement  sol-écran.
Dans cet équilibre, BOUSSINESQ considère une première zone où on a l'équilibre de
RANKINE se raccordant à une seconde zone où il tient compte des conditions aux limites sur
l'écran (Figure 17).

Equilibre de Rankine

Equilibre de Boussinesq

Figure 17. Équilibres de Boussinesq et de Rankine

3.3.1 Généralisation –Equilibre de Boussinesq

BOUSSINESQ garde les résultats de RANKINE concernant la répartition des contraintes sur
l'écran :
- l'obliquité des contraintes est constante le long de l'écran OB, elle est choisie et fixée
à a ;
- la répartition des contraintes sur l'écran est triangulaire :
Pa  K a    l

A

O
Pa

l


B
Figure 18.Digramme de poussée sur l’écran l

22
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3.3.1.1 Effet d’une surcharge

La contrainte de poussée Paq, uniformément répartie sur l’écran et due à la surcharge verticale q
s’écrit comme suit :
Paq  K aq  q

Avec :
K a
K aq 
Cos(    )
De même la butée est donnée par équation ci-dessous :
PPq  K aq  q Eq. 25

Avec :
K P
K Pq  Eq. 26
Cos(    )

En fin, les résultantes dues aux surcharges sont données par :

Qa  Paq  L Eq. 27

q A
A

 

O O
=0 (non pesant) =0 (non pesant)


L σaq

 
B B

Figure 19.Effet d’une surcharge sur l’écran

3.3.1.2 Effet de cohésion

3.3.1.2.1 Théorème des états correspondants

La Figure 20a représente la courbe intrinsèque d’un sol cohérant. (c0, 0) avec deux cercles
de Mohr. C1 correspondant à un point en équilibre surabondant, c’est-à-dire pour lequel le cercle

23
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de Mohr n’est pas en contact avec la courbe intrinsèque et C2 correspondant à un point en

équilibre limite.
La Figure 20b représente la courbe intrinsèque d’un sol pulvérulent (c=0) de même angle de
frottement interne que le sol précédent. Les cercles C1 et C2 ont subi une translation égale à
C/tan . L’état du sol vis-à-vis de la rupture est identique dans les deux cas. Opérer une
translation de C/tan  sur un cercle de Mohr quelconque revient à appliquer une contrainte
normale supplémentaire d’intensité égale à C/tan  sur chaque facette de chaque point, quelle
que soit sa direction. Donc, nous pouvons conclure que un milieu cohérant peut être transformé
en un milieu pulvérulent, de même angle de frottement interne, en appliquant au pourtour du
massif une pression hydrostatique d’intensité égale à C/tan .


C2

C1


O σ

a)

 C
C
tan 
tan  C2

C1


O σ

b)

Figure 20. Illustration du théorème des états correspondants

L’écran est donc soumis à deux actions :
 Une action correspondant à la pression C/tan  sur OB
 Une action indirecte qui est l’influence sur l’écran OB de la surcharge C/tan  s’exerçant
sur la surface libre OA. La poussée et la buttée sur l’écran due à la surcharge sur OA
est obtenue à partir de la méthode exposée au paragraphe précèdent.
L’influence de la cohésion correspond à la somme de ces deux contraintes. L’influence de
la cohésion en un point quelconque de l’écran se traduit par les formules suivantes :

24
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En poussée :
Pac   K aC  C Eq. 28

Avec

 1 
  K aq 
K aC   Cos  Eq. 29
 tan  
 
 

Et en butée :

Ppc  K pC  C Eq. 30

 1 
 K pq  
K pC  Cos  Eq. 31
 tan  
 
 
C
tan  A
A

 
O O
C,  C=0, 

C
tan 


B
B

Milieu pulvérulent équivalent

Figure 21. Application du théorème des états correspondants

Lorsqu’un milieu est à la fois pesant, surchargé et cohérant, les efforts dus aux différents
sollicitations sont superposées. C’est à dire :
En poussée :
Pa  K a    l  K aq  q  K aC  C Eq. 32

En buttée :

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Pp  K p    z  K pq  q  K pC  C Eq. 33

3.4 Calculs pratiques des coefficients de poussée et de butée

Dans le cas général, seules les tables de Caquot, Kérisel et Absi donnent une valeur correcte
des coefficients de poussée et de butée.
Les tables donnent les coefficients de poussée et de butée du sol lui-même (pesant) et des
surcharges semi-infinies qui se transmettent à travers le massif de sol (milieu non pesant)
uniquement pour un sol frottant (sans cohésion) : avec les notations et conventions de signes :
C’: Cohésion effective
Cu : Cohésion non drainée
Ka : Coefficient de poussée d’un massif pesant, avec obliquité 
Kaq: Coefficient de poussée due à une surcharge, avec obliquité 
Kp : Coefficient de butée d’un massif pesant, avec obliquité 
Kpq : Coefficient de butée due à une surcharge, avec obliquité 
L : Distance d’un point M de l’écran au sommet O
Pa : Contrainte de poussée d’obliquité 
Pp : Contrainte de butée d’obliquité 
q : Surcharge uniforme agissant à l’obliquité α
α : Obliquité de la surcharge q
u : Pression interstitielle
 : Inclinaison de la surface libre OA par rapport à l’horizontale
 : Obliquité de la contrainte de poussée ou de butée par rapport à la normale à l’écran
’ : Angle de frottement
 : Angle de l’écran OB avec la verticale
 : Poids volumique d’un sol saturé
w: Poids volumique de l’eau
Les orientations positives de α, et  sont celles indiquées sur la figure ci-dessous

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q α A


l
P
 

B
z

Figure 22. Convention de signes pour les tables de poussée-butée

La contrainte de poussée pa agissant sur l’écran à une distance l du sommet o est donnée par :
Pa  K a    l

La force de poussée résultante Pa pour une tranche d’épaisseur unité, a pour valeur :

1
Pa  Ka   l 2
2
Les tableaux ci-dessous donnent deux exemples des tables de Caquot- Kérisel- Absi pour un
sol pesant.

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Chapitre V. Calcul des distributions de contraint sur un écran

Figure 23.Exemples des tables de Caquot-Kerisel-Absi pour un milieu pesant

3.5 Influence du frottement sol-écran

Si on veut prendre en compte le frottement du sol sur les parois, on constate une inclinaison des
efforts de poussée et de butée. L’angle de frottement entre le sol et l’écran dépend pour sa valeur
de la rugosité de l’écran par rapport aux particules de sol et pour son signe du sens du
déplacement relatif entre le sol et l’écran. En l’absence de déplacement entre le sol et l’écran a
= 0.
Par exemple quand on remblaie derrière un mur de soutènement correctement fondé, c’est le
remblai qui tasse par rapport au mur, l’angle a, de poussée, est donc positif, avec le cisaillement
 dirigé vers le bas. (En poussée le sol a tendance à descendre).
a est évidemment limité par ’, au maximum il dépassera rarement +2/3’, la valeur a= 0 est
sécuritaire.
Par contre, quand on déblaie une fouille, devant un écran, le sol excavé décomprime le sol en
fond de fouille qui a tendance à se soulever, l’angle de frottement p, de butée, est négatif, avec
le cisaillement dirigé vers le haut (Figure 24). On prendra généralement comme valeur ’ p =
-2/3’.

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Chapitre V. Calcul des distributions de contraint sur un écran

État de Poussée

Pa
a

État de butée
P
Pp
Figure 24. Cas de l’écran avec frottement

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