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COURS
DROIT BANCAIRE
INTRODUCTION 6
1. LA DÉFINITION DU DROIT BANCAIRE 6
2. LES CARACTÉRISTIQUES DU DROIT BANCAIRE 6
3. L’HISTOIRE DU DROIT BANCAIRE 7
4. LES SOURCES DU DROIT BANCAIRE 7
THÈME I: LA PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES ÉTABLISSEMENTS DE CRÉDIT 9
CHAPITRE 1: L’AGRÉMENT BANCAIRE 10
SECTION 1: L’OCTROI DE L’AGRÉMENT BANCAIRE 10
§ 1: LES CONDITIONS D’OBTENTION DE L’AGRÉMENT 10
§ 2: LA DÉLIVRANCE DE L’AGRÉMENT 10
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§ 2: LA CONNAISSANCE DU CLIENT 25
§ 3: L’OBLIGATION D’INFORMATION 26
§2: LES OBLIGATIONS PESANT SUR LES BANQUES LORSQUE LE COMPTE EST JUGÉ INACTIF 34
§ 2: LE RETRAIT DU CONSENTEMENT 36
§ 3: L’AUTHENTIFICATION FORTE 36
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§ 2: LE RECOURS AU SCORING 45
§ 2: LA RUPTURE JUSTIFIÉE 49
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§ 2: LE SOUTIEN ABUSIF 58
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§ 2: LA DÉFAILLANCE DE L’EMPRUNTEUR 72
§ 3: LE DÉLAI DE PRESCRIPTION 73
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INTRODUCTION
1. LA DÉFINITION DU DROIT BANCAIRE
Le droit bancaire est, d’une façon générale, l’ensemble des règles concernant les opérations
des banques, mais aussi ceux qui les accomplissement à titre professionnel.
- Un droit issu d’un droit commercial. En effet, à l’origine, le droit bancaire était
inclus dans le droit commercial. Ce n’est, petit à petit, qu’il a acquis son autonomie, qui est
incontestable aujourd’hui. Une illustration est le fait qu’on a des textes propres, qui
dérogent à certaines dispositions du droit commercial. Toutefois, ce lien entre les deux
droits existent toujours aujourd’hui : on va trouver dans les codes de commerce certaines
dispositions qui demeurent utiles dans la matière.
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- Un droit technique. C’est un droit qui n’est toujours facilement accessible pour les
grands publics. Certaines questions sont parfois complexes.
Les lois de 13 et 14 Juin 1941 représentent les deux grands textes qui, pour la première fois,
vont venir encadrer l’activité du banquier. Avant, on avait certains instruments qui régulaient, par
exemple, le chèque. Il fallait toutefois attendre jusqu’à 1941 pour avoir un encadrement de cette
activité de banquier.
Ensuite, la deuxième grande réforme est la loi de 24 Janvier 1984 (la loi bancaire) est venue
totalement moderniser l’activité du banquier. On a ensuite connu beaucoup des évolutions. Depuis
1984, les évolutions connaissent deux sens: on cherche à renforcer le contrôle de l’activité
bancaire et sa surveillance, notamment suite à la crise économique de 2008, et à accorder une
place importante, qui était prise progressivement, au droit européen à la matière. Le dernier a
cherché à encadrer un grand nombre des questions. Avec cette originalité, le législateur européen a
uniformisé un grand nombre d’encadrement juridique au sein des pays de l’UE. Par exemple,
sur les crédits à la consommation ou les crédits immobiliers, on a aujourd’hui une législation
commune dans l’ensemble de l’UE.
- La loi. Beaucoup des textes législatifs sont réunis dans le code monétaire et
financier. On trouvera également des lois importantes intéressant le droit bancaire dans le
code civil (les informations sur les prêts et les dépôts) et le code de commerce. Un autre
code qui a pris beaucoup d’importance dans le droit bancaire est le code de la
consommation. On trouvera des dispositions qui concernent précisément deux formes de
crédits très encadrées: d’une part, le crédit à la consommation et d’autre part, le crédit
immobilier. Ils sont très encadrés parce qu’ils s’adressent aux consommateurs.
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- Les sources européennes. C’est ainsi que très souvent, on trouve à l’origine de la
loi, un texte européen, une directive. On assiste à une convergence entre le droit bancaire
français et les autres droits bancaires de l’UE. On cherche également à unifier également les
moyens de protection.
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T H È M E I : L A P R É S E N TAT I O N G É N É R A L E D E S
ÉTABLISSEMENTS DE CRÉDIT
L’article L511-1 du code monétaire et financier indique que: “Les établissements de crédit
sont les entreprises dont l'activité consiste, pour leur propre compte et à titre de profession
habituelle, à recevoir des fonds remboursables du public et à octroyer des crédits.”
1. Les banques;
2. Les banques mutualistes ou coopératives;
3. Les caisses de crédit municipales;
4. Les établissements de crédit spécialisées.
Il existe à coté des établissements de crédit d’autres types d’établissements qu’il ne faut pas
confondre.
- Les sociétés de financement. Elles sont définies par l’article L511-1 alinéa II. Elles
sont des personnes morales qui ne peuvent qu’accorder des crédits. Elles n’ont pas donc la
double faculté. Elles ne sont pas autonomes, elles appartiennent à un groupe d’établissement
de crédit.
- Les établissements de paiement. Elles sont définies par l’article L522-1 du code
monétaire et financier: “Les établissements de paiement sont des personnes morales, autres
que les établissements de crédit, les établissements de monnaie électronique et les
personnes mentionnées au II de l'article L. 521-1, qui fournissent à titre de profession
habituelle les services de paiement.”
Pour pouvoir devenir un établissement de crédit, une personne morale devra obtenir un
agrément bancaire, qui est, en gros, un permis d’exercer qui lui permettra d’accéder à ce que l’on
appelle le monopole bancaire.
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L’octroi de l’agrément est réalisé par la banque centrale européenne depuis 2014. Toutefois, elle le
fait uniquement sous proposition de superviseurs bancaires nationales. Ceci veut dire, en France,
elle le fait sous proposition de l’ACPR, la dernière étant chargée de réaliser toute une série de
vérification pour qu’il puisse y avoir une délivrance de l’agrément.
Il faudra être une personne morale qui a la forme d’une société de capitaux. Il faudra donc
encourager la forme sociale de la société anonyme (SA). L’ACPR va réaliser une série de contrôles.
- Le contrôle financier. Pour pouvoir être agréer, les établissements de crédit doivent
disposer d’un capital libéré d’un certain montant. Dans la plupart des cas, ce montant est à 5
000 000 d’euros.
§ 2: LA DÉLIVRANCE DE L’AGRÉMENT
Lorsque l’ACPR a fait tous ses contrôles dans un délai minimum de 6 mois, il proposera à la
BCE un projet d’une décision d’octroi de l’agrément. En revanche, si la vérification n’est pas
bonne, l’ACPR ne donnera pas la proposition à la BCE.
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S’il y a retrait de l’agrément, l’établissement en question n’a plus le droit d’exercer les
opérations de la banque. D’une manière plus stricte, si le retrait est prononcé en titre de sanction,
ceci va entrainer la liquidation de l’établissement en question, c.à.d. l’établissement va
disparaitre complètement. Cependant, c’est très rare que le retrait de l’agrément est prononcé à titre
de sanction. En revanche, il arrive plus fréquemment que les établissements en question rendent leur
agrément. Il se peut avoir lieu parce que l’agrément ne leur est plus utile ou parce que beaucoup
des établissements fusionnent. S’il y a fusion-acquisition, l’établissement fusionné rend son
agrément parce qu’il n’en aura plus besoin.
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Il est prévu par l’article L511-5 du CMF. Seuls certains établissements qui ont été agréé dans
ce sens sont autorisés à réaliser des opérations de banque. Les opérations de banque ont une
incidence sur l’économie. On veut donc que ceux qui peuvent les accomplir soient suffisamment
solides afin de ne pas faire l’objet de difficultés.
La notion d’opération de crédit renvoie à l’article L.313-1 du CMF. Cet article, lorsqu’il
parle des opérations de crédit, parle uniquement des opérations à titre onéreux. Les crédits
protégés par le monopole ne sont que des crédits accordés avec une demande d’intérêts, les
crédits gratuits n’étant pas concernés.
Le monopole bancaire va protéger les établissements de crédit, mais aussi les sociétés de
financement. Cette solution est de bon sens, puisqu’on a vu précédemment que les sociétés de
financement sont compétentes pour délivrer des crédits. C’est donc un monopole partagé entre les
établissements de crédit et les sociétés de financement.
Le résultat donc de l’arrêt reproduit ci-dessus est que l’habitude ne se présente que s’il y a au moins
deux bénéficiaires de crédit différents.
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La notion de réception de fonds du public est très extensive. Il peut s’agir de dépôts, et
même plus large que cela. En effet, selon la législation, on peut également envisager la
souscription d’obligation émise par les établissements de crédits.
La notion d’habitude est requise. Il faut donc qu’il y ait plusieurs réceptions du fonds du
public pour qu’une atteinte au monopole bancaire soit caractérisée.
Cour de cassation, chambre criminelle, 9 Septembre 2020: On rappelle cette exigence en terme
d’habitude.
L’alinéa en question vise aussi la fourniture des services bancaires du paiement. Ce cas-
là n’a plus du tout d’importance aujourd’hui. En effet, les services bancaires du paiement est une
notion résiduelle qui ne comprend désormais que les chèques.
- Les dérogations concernant les seules opérations du crédit. Il faut citer les
articles L.511-6 et L.511-7 qui envisagent toute une série de cas dans lesquels des personnes
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qui ne sont pas des établissements de crédits ou des sociétés de financement peuvent
accorder des crédits à titre habituel.
Il est prévu, par exemple, que certaines associations peuvent consentir des crédits à leurs
adhérents dans une finalité sociale.
Autre exemple est qu’on connait en France le financement participatif (crowd funding),
qui est le cas lorsque le public participe au financement d’un certain activité par le biais
d’Internet. Ce financement peut se faire sous forme de don, prêts sans intérêts et enfin,
par l’intermédiaire de prêts avec intérêts. Cette exception est strictement encadrée par le
droit français: on limite le montant accordé par les particuliers à 2 000 euros par unité.
La loi de 6 Août 2015 prévoit que les sociétés, qui ont entre elles des relations d’affaires,
peuvent se prêter de l’argent. L’objectif étant que les grosses sociétés de prêter l’argent aux
petites sociétés, permettant aux sociétés d’avoir accès au crédit sans passer par un
établissement bancaire. Ce crédit inter-entreprise étant dérogatoire au monopole bancaire,
on doit respecter un grand nombre de conditions. Toutefois, la loi de 22 Mai 2019 (la loi
PACTE) cherche à élargir certaines de ces conditions visées.
- Des crédits accordés d’une demande d’intérêt. Si le crédit est gratuit, le monopole
bancaire ne joue pas.
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Cour de cassation, Assemblée Plénière, 4 Mars 2005: la Cour de cassation se prononce dans le
même sens que la première Chambre civile: la convention ne doit pas être annulée. Le monopole
bancaire est là pour protéger l’activité bancaire et non pas nécessairement le client. Cette solution
a été confirmée à multiples reprises. En revanche, si on observe la jurisprudence qui conserve la
validité des conventions, le prêteur en question est un établissement de crédit étranger qui n’avait
pas le droit d’exercer en France. On ne sait pas si la solution serait-elle la même si le prêteur est un
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particulier et non pas un établissement de crédit étranger. La Cour de cassation ne s’est pas
prononcée clairement sur la matière. Il y a donc toujours une petite incertitude.
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Cette règle a normalement deux objectifs. Traditionnellement, on voit cette règle comme une
protection du client. Elle permet au client d’échapper à la curiosité de son banquier. Ce n’est pas
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toutefois la finalité principale, la dernière étant de protéger les établissements de crédit qui
pourraient être engagés contre eux dans les cas où un client ne sera pas content d’une opération
passée qui lui est préjudiciable.
Cependant, ce principe n’est pas pour autant absolu, il connait également des exceptions.
L’exception principale est le principe de vigilance du banquier. La vigilance est l’obligation pour
le banquier dans toute une série de cas de faire des vérifications. Si ces vérifications permettent de
démontrer une difficulté, on demandera au banquier d’adapter sa conduite, en ne passant l’opération
en question par exemple ou en informant convenablement son client. Il convient d’observer dans
quels cas la vigilance peut jouer.
Un autre exemple est le cas de l’article R131-44 du code monétaire et financier: “Tout
banquier doit interroger la Banque de France avant de procéder à la première délivrance de
formules de chèques à un nouveau titulaire de compte.”
Un dernier exemple est que tout banquier fait peser sur lui une obligation de vigilance en
matière de lutte contre le blanchiment d’argent et financement du terrorisme. Une série
d’articles (L561-5 et suivants) du CMF prévoit à la charge du banquier toute une série de
vérifications, tant au moment de l’entrée en relation avec le client, que au cours de cette relation.
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On veut que le banquier soit à même de détecter, qu’à l’origine des fonds sous les yeux, une
infraction pénale. Autrement dit, on veut qu’il soit capable de détecter le risque de blanchiment
ou le risque de terrorisme.
Cette vigilance aura des degrés différents selon les cas sous les yeux. Dans des hypothèses,
on se suffira avec une vigilance allégée, alors qu’il y a des cas de vigilance renforcée (lorsque le
client est une personne politiquement exposée) et des cas de vigilance standard. Lorsqu’un
établissement de crédit ne vient pas à respecter cette obligation de vigilance, l’établissement va
encourir des sanctions, qui proviendront de l’ACPR. Cette obligation ne cesse de renforcer à cause
également de l’UE, qui émet une nouvelle directive tous les 5 ans en matière lutte contre le
blanchiment et le financement du terrorisme. Cela était le cas d’une ordonnance de 12 Février 2020
qui renforçait l’état du droit dans la matière.
On doit se demander sur la notion d’une anomalie apparente. C’est le cas de toute
situation qui sort de l’ordinaire. On demande donc au banquier qu’il doit constater obligatoirement.
La doctrine fait une distinction classique entre l’anomalie matérielle et l’anomalie intellectuelle.
La première est celle qui est apparente sur un titre ou sur un titre de document, alors que la
dernière est celle qui résulte des circonstances de fait de l’opération, par exemple dans le cas d’un
compte qui fait très peu d’opérations ou ne fait pas de tout d’opérations et tout d’un coup elle
commence à faire pleins d’opérations de grand montant. En présence donc d’une telle anomalie, on
se demande au banquier de faire des recherches supplémentaires. En revanche, si le banquier ne
fait rien, on va lui reprocher ceci et retenir sa responsabilité.
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banquier ne le fait pas notamment et n’insère pas dans le contrat une clause qui lui impose d’être
vigilant.
Pour conclure à ce chapitre, il faut toujours rappeler que le devoir de vigilance n’est que
l’exception au principe de non-ingérence. Ceci indique que s’il n’y a pas une règle contractuelle ou
la loi et la jurisprudence ne le prévoit pas, on appliquera le principe de non-ingérence. Certes, il y a
des nombreux cas de principe de vigilance, mais le principe demeure toutefois le principe de non-
ingérence du banquier.
Le créancier du secret bancaire est bien évidemment le client de la banque. Cette obligation
au secret ne disparait pas avec la cessation des relations contractuelles avec le client. Le client,
qui ne l’est plus, demeure protégé par le secret bancaire. Le secret perdure tant que l’intérêt
légitime perdure. Ainsi, même si le client décède, le secret bancaire persistera toujours. Ce secret
n’a pas seulement pour but de protéger le client, mais également le tiers.
Le secret ne concerne pas toutes les informations détenues par un banquier. En effet,
l’information ne sera protégée par le secret bancaire que si certaines conditions sont réunies, qui
viennent un peu de la jurisprudence et surtout de la doctrine. L’information doit être accédée par le
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banquier lui-même en tant que professionnel de la banque. Il faut qu’elle soit également ignorée
du public et suffisamment précise. Une information générale n’est pas couverte par le secret
bancaire. Des informations couvertes par le secret peuvent échapper au secret si le créancier le
souhaite. Il peut également aggraver le secret par demander qu’une information générale soit
protégée par le secret bancaire si le client le demande.
L’ACPR peut prononcer finalement des sanctions disciplinaires, puisqu’une de ses fonctions
est la protection du client.
§ 1 : L E S D É R O G AT I O N S T E N D A N T À L A P R É S E RVAT I O N
D’INTÉRÊTS PRIVÉS
- L’autorisation du client. C’est une disposition qui découle de la jurisprudence, qui
a été ajouté à la loi en 2008, plus précisément l’article L.511-3 du CMF. L’article nous dit
bien que la demande d’autorisation du client doit être expresse pour révéler les informations
couvertes par le secret professionnel.
- Les héritiers réservataires. Lorsque le client décède, le secret bancaire peut être
levé au bénéfice des héritiers réservataires, qui ont droit obligatoirement à une certaine
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partie du patrimoine du décédé. Ainsi, les derniers doivent s’assurer qu’on n’a pas porté
atteinte à la réserve propriétaire. Pour cela, on leur admet ce droit d’enlever le secret
professionnel.
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Par principe, le banquier bénéficie d’une liberté d’accepter ou refuser l’ouverture d’un
compte des dépôts. Ainsi, le banquier est libre de choisir son cocontractant. Les contrats bancaires
sont très marqués par le lien intuitu personae, c.à.d. la prise en considération de l’identité de la
personne.
- Le mineur. Le mineur fait l’objet d’une incapacité de jouissance. Donc, ce sont ses
parents qui vont pouvoir effectuer des actes dans son nom. Traditionnellement, on va devoir
faire des distinctions sur les actes. Chacun des parents peuvent faire, seul, les actes
d’administration, ceux correspondant aux opérations de la gestion normale d’un
patrimoine sans y porter atteinte, et les actes conservatoires, qui tend à préserver un
droit. Ces actes se distinguent de l’acte de disposition, qui, lui, modifie la composition
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d’un patrimoine par le transfert d’un droit réel ou par la souscription d’un engagement
juridique important. Pour cela, au cas de dernier, il faut l’accord des deux parents sauf si
l’autorité parentale est exercée par un des deux. Certains actes jugés plus grave encore
nécessiteront l’accord du juge de tutelle, par exemple l’acte d’emprunter au nom de leur
enfant.
L’annexe I d’un décret du 22 Décembre 2008 nous rappelle que l’ouverture d’un tout
premier compte de dépôt est un acte d’administration. Or, l’ouverture d’un nouveau
compte est un acte de disposition. La jurisprudence considère que les mineurs peuvent
passer seuls des actes d’administration, si ceux-ci ne lui sont pas donc lésionnaires. Cela
veut dire que l’ouverture d’un premier compte de dépôt est fait par un enfant mineur. Or, les
banques ont pris l’habitude d’exiger l’intervention du/des représentants légaux.
§ 2: LA CONNAISSANCE DU CLIENT
Il faut noter que la connaissance du client est une notion très importante en droit bancaire.
En effet, il est attendu du banquier de réaliser un grand nombre de vérifications à chaque fois
qu’une relation d’affaires débute. Lors de l’entrée en relation professionnelle, le banquier va
demander toute une série de justificatifs parce que la loi l’exige. Cet encadrement juridique se
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trouvera dans le CMF, notamment les articles L561-5 et suivants. Il s’agit plus précisément des
dispositions qui cherchent à lutter contre le blanchiment d’argent et contre le financement du
terrorisme.
§ 3: L’OBLIGATION D’INFORMATION
On demande au banquier de fournir au client quelques informations jugées essentielles.
Cette information est de plus en plus encadrée, notamment le cas de l’article R.312-1 du CMF: “Les
établissements de crédit sont tenus de porter à la connaissance de leur clientèle et du public les
conditions générales de banque qu'ils pratiquent pour les opérations qu'ils effectuent.”
L’obligation d’information ne cesse pas d’évoluer. L’article L.312-1-1 du CMF nous parle
des conditions générales, qui sont les rémunérations que la banquier demande à son client pour le
service qu’il lui rend. La présentation de ces conditions générales est formelle et identique
aujourd’hui parce qu’elle est très encadrée aujourd’hui par le législateur français. Certes les prix ne
sont pas les mêmes, mais on se trouve que ces conditions générales sont très identiques, par
exemple dans l’ordonnancement.
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- Les modifications de la convention du compte des dépôts. Il n’est pas rare qu’il y
ait une modification de la convention du compte, notamment dans la tarification. Il faut
fournir une notification au client au plus tard 2 mois avant la date d’entrée en vigueur de
la modification. Soit le client est d’accord et il notifie son banquier, sauf que le banquier
se doit de déclarer que le client est réputé avoir accepté la modification s’il ne
communique pas sa réponse, soit le client n’accepte pas une telle modification. Il aura été
informé aussi que s’il n’accepte pas une telle modification, la banque est libre de mettre en
cause la convention en question.
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faire ouvrir un dans un établissement de crédit. Ce droit aujourd’hui s’étend à toute personne
physique de nationalité française, résidant hors de France et dépourvue de tout compte de dépôt en
France. Enfin, depuis une ordonnance de 22 Décembre 2016, ce droit au compte a été étendu à
toute personne physique résidant sur le territoire d’un autre Etat membre de l’UE n’agissant pas
pour des besoins professionnels et dépourvus de tout compte de dépôt en France.
Le compte en question ne peut s’agir que des comptes des dépôts. Toute une procédure a été
prévue dans la matière, qui se retrouve à l’article L.312-1 du CMF. Il s’agira d’une personne qui
fera l’objet d’un refus d’ouverture du compte et qu’elle se soit fait remettre alors, sans délai, une
attestation du refus d’ouverture du compte. À ce moment-là, la personne pourra saisir la Banque
de France afin que celle-ci ordonne à un établissement de son choix de lui ouvrir obligatoirement
un compte de dépôts. Cette procédure est fréquemment utilisée en pratique, arrivant à 51 000 en
France dans les temps récents. La banque donc procède à l’ouverture du compte de façon
obligatoire. La banque en question demandera à la personne toute une série de justificatifs et
lorsque les dernières sont remises, l’établissement aura 3 jours ouvrées (3 jours de travail) pour
procéder à la procédure en question. S’il tarde, le banquier sera fautif.
Ce droit s’est affiné sur l’impulsion de droit de l’UE. En effet, une directive de 23 Juillet
2014 vient approfondir ce droit en compte à l’ensemble des pays de l’UE.
Les banques doivent respecter strictement le droit au compte, à défaut de quoi, elles seront
sanctionnées. On peut s’assurer la responsabilité civile du banquier si le manquement a résulté
d’un préjudice. Une autre sanction est de la part de l’ACPR, qui a déjà sanctionné des
établissements qui ne respectent pas ces exigences.
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Une fois ouvert, le compte est tenu par le banquier et va enregistrer des mouvements, qui vont
entrainer une rémunération au bénéfice de l’établissement des crédits.
L’article L.312-2 du CMF nous rappelle que les fonds remis par les clients peuvent être
utilisés par l’établissement du crédit teneur du compte dans son propre intérêt, sans préciser pour
quel emploi. Lorsqu’il y a des dépôts faits en banque, les établissements concernés bénéficient
d’une liberté totale pour utiliser, comme elle l’entend, des fonds utilisés. Lorsque des fonds sont
déposés sur le compte, la banque inscrit une créance sur le compte du client que le client peut la
récupérer à tout moment. Or, l’argent même est utilisé par la banque elle-même qui peut le prêter à
un autre client ou l’investir sur le marché financier.
Les établissements de crédit sont tenus d’adhérer à un fonds de garantie de dépôt, qu’on
appelle le fonds de garantie de dépôts et de résolutions. C’est un fonds de garantie qui interviendra
lorsque la banque a une difficulté financière et n’est pas en mesure de restituer au client les fonds
préalablement déposées. Ainsi, les clients déposés sont sûrs de recevoir une somme maximale de
100 000 euros, en fonction du montant déposé.
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reprochera le client d’avoir tardé, avant de constater certaines opérations douteuses, alors
que ces dernières figuraient sur les relevés de compte.
§ 1: LES INTÉRÊTS
On prévoit quelques effets concernant les intérêts de la banque et notamment les comptes de dépôts,
notamment la situation du solde créditeur et la situation du solde débiteur.
- Solde créditeur. Le solde créditeur des comptes de dépôts ne pouvaient pas donner
lieu à des intérêts en faveur des clients. L’ancien article L312-3 du CMF interdisait la
rémunération des déposants. Cette règle a été critiquée et plus particulièrement, le Conseil
d’Etat a été amené à poser une question préjudicielle en faveur de la CJCE. On se demande
si la législation française portait atteinte à la liberté d’établissement.
CJUE, 5 Octobre 2004: La législation française porte au principe de la liberté
d’établissement, prévue par l’article 43 du Traité instituant la Communauté Européenne.
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L’ancien article L312-3 du CMF a été abrogé. Depuis lors, les banques peuvent décider
rémunérer les clients qui viennent déposer des argents sur leur compte de dépôts.
- Solde débiteur. Le solde débiteur d’un compte de dépôt est une forme de crédit. En
conséquence, la banque qui laisse le compte être en position débitrice aura droit à une
rémunération prenant la forme d’intérêts. Cette rémunération n’est pas automatique. Il
résulte de l’article 1907 alinéa 2 du code civil que le taux d’intérêt conventionnel ne peut
être exigé que s’il a été prévu par écrit. À défaut, il n’y aura pas d’intérêt. Le droit au taux
d’intérêt est très encadré en France. L’article L.314-5 du code de la consommation vise le
taux effectif global. Le taux effectif global est un taux d’intérêt tout compris, c.à.d. c’est un
taux d’intérêt qui sera calculé à la vue de l’ensemble des dépenses mises à la charge du
client s’il souhaite obtenir son crédit. Ceci doit être mentionné par un écrit dans toute
convention de prêt. Depuis une ordonnance de 17 Juillet 2009, le banquier prêteur encourra
la déchéance de droit aux intérêts modulables par le juge en fonction de plusieurs critères
et notamment, le préjudice subi par le client. La banque, lorsqu’elle impose des intérêts,
n’est pas totalement libre concernant la détermination du montant. Si le crédit concerne un
particulier, le cas de la convention de dépôt, le montant de l’intérêt demandé ne pourra pas
dépasser un certain seuil, ce que nous appelle le seuil de l’usure.
Les banques sont normalement libres pour déterminer les frais et les commissions. Elles
sont aussi tenues de faire de la publicité autour de leurs tarifs. Le droit n’est pas resté étranger à
l’augmentation constante des frais et commissions de la part des banques françaises.
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d’une banque et l’autre. Un comparateur de tarifs bancaires a été créé en 2016. La loi de 26
Juillet 2013 indique que lorsqu’un client a des frais bancaires qui sont relatifs à des
incidents de paiement sur son compte de dépôts, la banque doit informer le client de ses
frais au minimum 14 jours avant de prélever les frais en question.
• L’instauration de la gratuité. Elle joue une exception par exemple quant aux
services bancaires de base. Un autre exemple est l’hypothèse de la mobilité
bancaire. Elle résulte l’article L.312-1-7 du CMF, qui invoque la possibilité au
client de changer d’établissement.
- L’encadrement des clients fragiles. C’est la loi de 26 Juillet 2013 qui est à l‘origine
de cette création. C’est un client qui est face à une fragilité et qui répond à certains critères
dégagés par les lois et les règlements. Depuis le 1er Novembre 2020, un client qui a eu 5
incidents de paiement sur son compte en un mois est un client fragile pour les 3 mois qui
viennent. Ils bénéficient d’un encadrement encore plus favorable concernant certains frais et
commissions. Ainsi, un client fragile, dans certaines circonstances ne pourra pas se voir
imposer des frais d’incidents de paiement dépassant 20 euros par mois. Il s’avéra d’un client
fragile qui a décidé de bénéficier de la procédure prévue en France pour ce client fragile. Le
client fragile, lorsqu’il bénéficie de cette procédure, se voit imposer contre lui un nombre
d’interdictions, notamment avoir un découvert autorisé.
Le client ne reste pas prisonnier de son compte. Si on fait un parcours de droit français, la
clôture du compte peut parfaitement résulter de la volonté des parties, mais aussi de certaines
circonstances.
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On utilise une autre technique de paiement, qui s’agit de prélèvement. C’est le fait pour une
personne de permettre au bénéficiaire d’un paiement de se faire payer directement par la banque du
débiteur lorsque ce bénéficiaire dispose d’une créance sur ce débiteur.
§ 1: LE CONSENTEMENT DU PAYEUR
Pour qu’une opération puisse être payée, le consentement du payeur est exigée. Ce
consentement va témoigner de la volonté de l’intéressé d’autoriser l’opération en question.
L’opération de paiement trouve toujours son origine dans un ordre de paiement. Le donneur d’ordre
de paiement va dépendre des circonstances, comme en témoigne l’article L.133-3.II du CMF:
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§ 2: LE RETRAIT DU CONSENTEMENT
L’article L.133-7 du CMF nous énonce que le consentement peut être retiré par le payeur,
tant que l’ordre de paiement n’a pas acquis un caractère d’irrévocabilité. L’ordre de paiement
devient irrévocable, selon l’article L.133-8, lorsque le prestataire du service du paiement du payeur
l’a reçu. Cette solution est intéressante surtout pour les cas des prélèvements. En matière de
prélèvements, l’ordre arrive plus tard et donc la possibilité de révocation est toujours possible.
§ 3: L’AUTHENTIFICATION FORTE
On constate que les opération passées à distance font l’objet de fraude. En effet, le paiement
sur Internet donne lieu parfois à des cas d’escroquerie. Donc, on a voulu sécuriser le paiement à
distance. Les banques ont prévu des outils à la matière. Depuis quelques années en France, pour les
opérations d’achat sur Internet, on leur demande de respecter le code d’authentification.
Toutefois, on estime que c’est insuffisant. En effet, le DSP2 est venue prévoir des exigences
plus fortes. L’article L.133-4 du CMF nous énonce que l’authentification forte est celle d’un payeur
qui va peser sur l’utilisation de deux éléments au moins, qui appartiendront à 2 de 3 catégories
suivantes:
- La catégorie connaissance, quelque chose que seul l’intéresse connaissait;
- La catégorie possession, quelque chose que seul l’utilisateur possède;
- La catégorie inhérence, quelque chose que l’utilisateur l’est.
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En cas de manquement à ces dispositions, il se peut qu’il y ait des sanctions pour les
prestataires de services de paiement. Cependant, l’authentification forte n’est pas exigée dans tous
les cas. Un règlement délégué du 27 Novembre 2017 vient prévoir toute une série de cas dans
lesquels l’authentification forte n’est pas exigée, comme l’opération de paiement à faible valeur.
Cette authentification forte aurait du entrer en vigueur le 14 Septembre 2019, sauf que beaucoup des
commerçants et banques n’étaient pas prêts. Donc, elle est repoussée jusqu’au 31 Décembre 2020.
L’article L133-10 du CMF prévoit l’hypothèse particulière qui prévoit le refus d’exécuter
d’un ordre de paiement par un PSP. Ce refus devra être notifié à l’utilisateur du service du paiement
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et dans certains cas, il devra être motivé. À chaque fois que l’intéressé estimera être devant une
opération illicite, il est en mesure de refuser.
Elle a été créée par le DSP1 et renforcée par le DSP2. On présente trois cas, même si on va
se limiter à seulement deux cas.
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- Un petit rappel sur le monopole bancaire. C’est le fait que seuls les établissements
agréés peuvent réaliser des opérations de banque. Plus précisément, en matière de crédit,
l’article L.511-5 du CMF prévoit qu’il est interdit à toute personne d’effectuer des
opérations de crédit à titre habituel, autres que les établissements de crédit et les sociétés de
financement. Si cette règle n’est pas respectée, l’auteur des faits encoure, si c’est une
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personne physique, 3 ans d’emprisonnement et 375 000 euros d’amende. S’il s’agit d’une
personne morale, l’amende sera multipliée par 5, soit 1 875 000 d’euros d’amende. Ce
monopole bancaire, notamment en matière de crédit, connait toute une série d’exceptions en
bénéfice de certaines associations, entreprises et le grand public.
Le crédit peut prendre des formes diverses. Les auteurs font souvent des distinctions entre
les crédits, comme la distinction entre les crédits à court terme, à moyen terme et à long terme. Très
souvent, on fait la distinction sur la remise des fonds. Autrement dit, on arrive à distinguer entre les
crédits où il y a une mise à disposition immédiate sur les fonds ou une mise à disposition future sur
les fonds, le dernier est le cas où on met le compte sur la position débitrice. Dans d’autres cas, il y a
mise à disposition éventuelle, c.à.d. la banque ne remettra les fonds que si certains évènements se
sont produits, lorsque par exemple, la banque se porte caution de son client. C’est uniquement
lorsque le client est défaillant où la banque délivrera les fonds.
Le contrat est soumis à des règles générales qu’on trouvera au code civil, notamment les
règles de l’article 1128. C’est un article qui prévoit 3 conditions essentielles pour la validité d’une
convention: le consentement des parties, la capacité à contracter et le contenu licite et certain.
Concernant le contenu licite et certain, on n’a pas un problème particulier. Toutefois, on peut
rencontrer des problèmes concernant les deux autres points.
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articles 1145 et 1146 du code civil. Donc, il nous semble que ce sont ses parents qui doivent
se contracter en son nom. Toutefois, il y a un régime dérogatoire dans cette matière.
L’article 387-3 du code civil prévoit que pour certaines opérations, les parents doivent
obtenir en plus l’accord du juge des tutelles. Il en va justement ainsi pour le fait de
contracter un emprunt au nom du mineur. On ne veut pas qu’on mette l’enfant dans des
difficultés pour que les parents font résoudre eux-mêmes leurs problèmes. Si les enfants
réussissent à obtenir un crédit, une opération sera nulle et chacune des parties doivent se
restituer ce qu’elle a reçu de l’autre: c’est le principe de la restitution réciproque. L’article
1352-4 du code civil constitue toutefois une exception: le mineur ne devra restituer que les
sommes qu’il a conservées. S’il a obtenu un crédit et il a tout dépensé, il n’a à restituer rien.
Quant au cas du majeur protégé, il faut rappeler qu’un crédit est un acte de disposition. On
va faire toujours une distinction entre le majeur sous tutelle et le majeur sous curatelle. Le
majeur sous tutelle ne peut pas conclure cet acte, c.à.d. qu’il incombe au tuteur d’accomplir
cet acte avec l’autorisation du juge des tutelles ou le conseil de famille. À défaut de
respecter ce formalisme, la nullité sera encourue. L’article 1352-4 du code civil s’applique
également dans ce cas. En revanche, concernant le majeur sous curatelle, le majeur sous
curatelle ne peut pas conclure cet acte qu’avec le double accord du majeur sous curatelle
ainsi que le curateur. Toutefois, la nullité n’est pas automatique. Si le crédit est passé par le
majeur protégé seul, la jurisprudence et la loi nous indiquent que la nullité ne sera encourue
que si l’acte occasionne un préjudice pour le majeur sous curatelle. C’est l’article 455.II du
code civil qui prévoit cette disposition. L’article 1352-4 du code civil doit aussi pouvoir
s’appliquer ici parce qu’il fait référence au majeur protégé en général.
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cassation, le contrat de crédit, lorsqu’il est accordé par un professionnel du crédit, n’est plus
un contrat réel, mais un contrat consensuel, c.à.d. un contrat formé à partir de l’échange des
consentements. Donc, dès qu’on a une offre et une acceptation, le contrat est formé et le
banquier sera obligé d’accorder les fonds.
Une deuxième exception est une règle unique qui a pour particularité de s’adresser à
l’ensemble des crédits. Cette règle concerne le taux effectif global (TEG). Le TEG est un taux
calculé en prenant l’ensemble des dépenses occasionnées par un crédit. Concernant ce TEG,
l’article L.314-5 du code de la consommation nous énonce que le TEG est mentionné dans tout
écrit constatant un contrat de prêt. On estimait initialement que cette règle ne concernait que les
prêts aux consommateurs, mais la jurisprudence élargit cette notion pour concerner tout crédit,
c.à.d. les crédits au consommateurs, aux professionnels ou aux personnes morales de droit public.
Cour de cassation, Assemblée Plénière, 9 Octobre 2006, Affaire Adidas: Le banquier n’est pas tenu
d’accorder des crédits, bénéficiant d’un pouvoir souverain dans la matière. Il n’a même pas à
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motiver sa décision de ne pas accorder des crédits. C’est la même solution de la Chambre
commerciale dans l’arrêt de 25 Novembre 2017, qui réitère les mots de l’Assemblée Plénière.
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entreprise se voit refuser un crédit, cette entreprise peut demander à la banque des
explications sur sa notation. Pour cela, l’entreprise va comprendre pourquoi son dossier
était insuffisant. Donc, l’entreprise demande à la banque de s’expliquer, ainsi elle lui
demande de motiver sa décision.
Dans certains cas, la mission de la banque est entendue très strictement par la loi,
notamment dans la matière des crédits à la consommation ou celle des crédits immobiliers. En effet,
dans ces deux cas, l’analyse de l’insolvabilité est envisagée explicitement par les textes. Si le
banquier ne respecte pas ces règles, il sera sanctionné d’un point de vue civil par la déchéance de
son droit aux intérêts.
§ 2: LE RECOURS AU SCORING
Cette technique de scoring est un traitement automatisé qui, sur la base des calculs
statistiques et de probabilité, va attribuer des points et des notes au client en fonction des réponses
qu’il aura donné à certaines questions. On va évaluer et apprécier son risque de défaillance. C’est
ce traitement qui va pouvoir distinguer entre les bons clients et les mauvais clients, qui peuvent ou
ne peuvent pas rembourser leurs crédits, respectivement.
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Les banques vont donc exploiter des données personnelles. Par conséquent, la CNIL a son
mot à dire dans la matière. C’est ainsi que la CNIL encadre et surveille le scoring à chaque fois que
l’emprunteur est un consommateur. Elle a notamment, par une recommandation de 9 Juillet 2008,
régie strictement le scoring pour le consommateur.
Une opération de crédit n’est pas une donation. Si on met des fonds à la disposition de
client, c’est pour que ce dernier s’engage en retour à rembourser ce capital, généralement par
fraction déterminée. Ce remboursement du capital sera accompagné traditionnellement d’intérêts.
Ce remboursement se réalise en fonction du crédit. En fonction de la technique de crédit utilisé, le
remboursement ne sera pas le même.
Lorsque le crédit aura été consenti aux deux époux, ils sont co-emprunteurs solidaires et
donc, la banque peut demander remboursement à n’importe quel époux de deux. La solidarité des
époux de l’article 220 du code civil ne s’applique pas dans cette matière. Il prend soin d’écarter le
cas des crédits, même s’il y a une exception qui très étroite.
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procédure qui permet au juge du tribunal judiciaire, compte tenu de la situation du débiteur,
de lui accorder des reports d’échéance ou un rééchelonnement de sa dette, et ce dans la
limite de 2 ans. Si une procédure de surendettement ou une procédure collective est
ouverte, des reports d’échéance peuvent être aussi accordés.
Le crédit est normalement un contrat à durée déterminée. Néanmoins, il existe des crédits
à durée indéterminée. En vertu des articles 1210 et 1211 du Code Civil, chacun des parties peut
mettre un terme de façon unilatérale avec pour seule obligation de respecter un délai de préavis
pour les contrats à durée indéterminée.
Concernant les crédits aux entreprises, lorsque le banquier décide de rompre le crédit à
durée indéterminée, on a eu peur qu’il peut causer une perte à l’entreprise. Pour cela, depuis la loi
de 1984, on a une règle protectrice de rupture de crédits à durée indéterminée accordés aux
entreprises, présente aujourd’hui dans l’article L.313-12 du CMF.
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§ 1: LE FORMALISME REQUIS
L’article L.313-12 du CMF nous énonce 3 exigences qui pèsent sur le banquier s’il veut
rompre le contrat.
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banque sera obligée de maintenir le crédit pour un délai de 60 jours. Dans la convention, on
peut prévoir un délai supérieur à 60 jours.
- Les explications quant à la rupture. La loi de 19 Octobre 2009 prévoit que lorsque
l’entreprise le demande à la banque, cette dernière sera obligée d’expliquer la raison de la
rupture. Autrement dit, la banque motivera la rupture du contrat.
§ 1: LA RUPTURE ABUSIVE
C’est le cas lorsque le formalisme n’est pas respecté. La plupart de temps, c’est le cas
lorsque le délai de préavis n’est pas respecté. Dans ce cas, la banque risque de voir la nullité du
concours et donc, le banquier restera toujours prêteur de l’entreprise. Cette sanction reste rarement
utilisée. En revanche, une seconde sanction est le versement des dommages-intérêts. Il va falloir
donc démontrer le préjudice ainsi que le lien de causalité entre ce préjudice subi du fait de ne pas
respecter le délai de préavis et la faute, qui est le fait de ne pas respecter le délai de préavis. Cette
démonstration n’est pas toujours facile à faire et donc, il y a des nombreux cas où il y a un partage
de responsabilité.
§ 2: LA RUPTURE JUSTIFIÉE
Lorsque la banque a bien respecté ses obligations, la rupture peut prendre effet à la fin du
délai de préavis ou à la réception à la notification de la rupture si nous sommes dans un des
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deux cas où il n’y a pas un délai de préavis. Durant la période de préavis, le banquier sera obligé
de respecter le crédit. Il ne peut que refuser des paiements si ceux-ci viennent à dépasser le
montant du découvert autorisé.
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Les banques sont libres dans la matière, sachant que toutefois il y a un certain nombre des
exceptions, notamment le taux d’usure et l’obligation de mentionner le taux d’intérêt par écrit.
L’article L.314-5 du code de la consommation nous dit que le TEG est mentionné dans tout
écrit, constatant un contrat de prêt. Pour bien comprendre cette règle, il y a certains points à aborder.
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TAEG n’est pas exactement le même que pour le TEG. La jurisprudence venait éclairer
quelques distinctions entre les frais qui entreraient dans le TEG, mais non dans le TAEG.
Cette mention se traduit par papier ou électronique. Autre qu’elle soit lisible, les parties
disposent d’une liberté dans cette matière. Il incombe à la banque de prouver la présence de cette
mention.
Une question se pose dans un cas particulier. Le crédit à taux variable est un crédit dont le
taux va augmenter ou baisser en fonction d’un indice, c.à.d. en fonction d’un critère de référence.
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Dans ce cas, les banques étaient initialement d’informer le client de chaque évolution qui aura lieu.
Une raison de perturbation pour le banquier, la Cour de cassation a pris l’occasion de se prononcer
sur la matière.
Cour de cassation, 1ère Chambre civile, 20 Décembre 2007: À chaque fois que le TEG a évolué
résultant d’un indice objectif, la banque n’est pas obligé de communiquer aux clients d’informer
les clients de chaque évolution.
Cour de cassation, 1 Juillet 2015: Le juge constate que l’indice en question est un indice qui aurait
pu être modifié par la banque et donc, ce n’est pas un indice objectif.
Depuis 2019, on crée une sanction unique qui va s’appliquer, peu importe le crédit est la
déchéance du droit aux intérêts modulable par le juge en fonction de plusieurs critères et
notamment le préjudice subi par le client. Cette nouvelle sanction normalement ne peut s’appliquer
qu’aux crédits conclus depuis le 18 juillet 2019, pour tous ceux qui ont été conclus avant on
applique les sanctions antérieures, partant du principe de la non-rétroactivité de la loi.
Cour de cassation, 1ère Chambre civile, 10 Juin 2020: La Cour de cassation encourage le juge à
appliquer cette sanction pour des conventions antérieures à 2019. Une solution juridiquement très
critiquable, la tendance de la première Chambre civile était de limiter le nombre de contentieux
dans la matière.
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- Les limites jurisprudentielles. La première limite est venue dire que si l’erreur du
TEG se révélait être en faveur du client, celui-ci ne peut plus agir en justice.
La deuxième limite est dégagée par la première Chambre civile de la Cour de cassation à
partir d’Octobre 2014.
Cour de cassation, 1ère Chambre civile, 1 Octobre 2014: Elle est venue dire qu’à chaque
fois l’erreur du TEG est inférieur à 0.1%, il n’est plus possible pour l’emprunteur d’agir
en justice. Les seules actions possibles sont donc les cas où la différence entre le TEG est
supérieure à 0.1%. Cette solution a été réitérée plusieurs fois par la première Chambre
civile, ainsi que par la Chambre commerciale. Cette solution est fortement critiquable,
puisqu’elle se fonde sur un texte qui n’est pas applicable. Elle s’est fondée sur le point D de
l’annexe 1 de l’ancien article R.313-1 du code de la consommation qui nous dit: “le résultat
du calcul est exprimé avec une exactitude d’une décimale. Si le chiffre de la décimale
suivant est supérieur ou égal à 5, le chiffre de la première décimal sera augmenté de 1.”
Donc, on fait dire à cet article ce qu’elle ne dit pas, mais cette solution arrange tout le
monde. Si elle devait évoluer, elle serait sous l’impulsion de la CJUE, puisque ce texte
trouve son origine dans une règle européenne. D’où, on peut saisir la CJUE d’une question
préjudicielle, ce qui a été le cas déjà. La CJUE n’a pas pu se prononcer jusqu’au ici, puisque
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les banques abandonnent les poursuites contre le débiteur afin de ne pas avoir une
jurisprudence européenne non-conforme avec leur demande.
L’usure est le profit retiré d’un prêt au dessus d’un seuil déterminé que l’on va appeler ici
le seuil de l’usure. Il n’est pas jugé admissible par une disposition légale. Depuis longtemps, on
n’admet pas le prêt usuraire. On n’admet pas le prêt présentant un taux d’intérêt trop élevé.
Les cas d’exclusion sont plutôt énoncées par la loi. La loi de 1er Août 2003 et la loi de 2
Août 2005 sont à l’origine de l’article L.314-9 du code de la consommation, qui indique que les
prêts accordés aux personnes physiques ou morales à finalité professionnelle ne sont pas soumis
aux règles d’usure. On veut encourager les banques à prêter aux entreprises. Une critique est que la
banque va profiter d’une telle règle pour faire des abus, mais ce n’est pas le cas depuis l’entrée en
vigueur de cette loi. Egalement, les règles relatives à l’usure est écartée mais non pas totalement,
notamment dans le cas des crédits prenant la forme d’un découvert accordés aux personnes
physiques ou morales dans une finalité professionnelle, selon les articles L.313-5-1 et L.313-5-2 du
CMF.
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ordinateurs sont connectés à la Banque de France. La Banque de France va faire une enquête auprès
des banques pour pouvoir calculer ce seuil.
L’article L.341-50 vise deux ans d’emprisonnement et une amende de 300 000 euros pour
la personne physique. En revanche, la personne morale est sanctionnée d’une amende multipliée
par 5. Ces sanctions sont devenues traditionnellement très rares aujourd’hui.
Cette sanction civile va jouer dans trois cas: lorsque l’auteur des faits aura été sanctionné
également pénalement, lorsque l’infraction pénale n’aura pas pu être retenue parce que l’élément
intentionnel n’est pas caractérisé et lorsqu’il y a un crédit par découvert accordé à une
personne physique ou morale dans une finalité professionnelle.
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Ces deux hypothèses sont créées par la jurisprudence pour sanctionner le banquier ayant
accordé des crédits disproportionnés aux entreprises. Cette règle jurisprudentielle a été remise en
cause par la loi.
§ 1: UN CRÉDIT RUINEUX
C’est un crédit dont le coût est insupportable pour l’équilibre de la trésorerie de la société. Il
est incompatible avec toute perspective de la rentabilité. On reproche donc au prêteur le fait d’avoir
permis à son client le fait de permettre de s’endetter d’une manière très forte, c.à.d. de lui accorder
un crédit disproportionné. Il ne faut pas donc démontrer que l’emprunteur soit dans une situation
irrémédiablement compromise pendant l’octroi du crédit. Il faut toutefois démontrer que ce soit ce
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crédit qui a entrainé les difficultés pour l’entreprise. Autrement dit, il faut donc démontrer que si
le banquier a fait preuve d’une diligence normale, il n’aurait pu ignorer que l’opération était vouée
à l’échec dans l’état de la situation de l’entreprise.
Cour de cassation, Chambre commerciale, 8 Juillet 2003: Un banquier avait financé l’acquisition
d’un fonds de commerce alors que le commerçant ne disposait d’aucune liquidité et n’avait aucun
déficit structuré.
§ 2: LE SOUTIEN ABUSIF
C’est une notion prétorienne qui va permettre de sanctionner la faute du banquier qui va
apporter ou maintenir un crédit à une entreprise, dont la banque savait ou ne pouvait ignorer était
dans une situation irrémédiablement compromise. Pour que la faute du banquier soit retenue, il
faut qu’il a su ou qu’il ne pouvait ignorer que l’entreprise était dans une telle situation.
Pour prouver une telle situation, les juges vont regarder les documents auxquels pouvait
avoir accès le banquier au moment où il a accordé le crédit. Si la situation délicate était manifeste
due aux documents qu’il aurait pu voir, donc le banquier sera fautif. L’entreprise en question, pour
avoir des crédits, vont jusqu’à produire des documents falsifiés pour tromper les banquiers. Les
juges vont regarder ces documents et s’ils sont de bonne qualité, le banquier ne sera pas fautif. En
revanche, si le faux est très mal fait et le banquier est face à une anomalie apparente, on va
retenir la responsabilité du banquier.
Lorsque la banque est ainsi fautive, le préjudice dépendra des circonstances de fait. La
jurisprudence dans ces dernières années, a tendance à déterminer le préjudice de la manière suivant:
l’aggravance de l’insuffisance de l’actif. On va voir la situation de l’entreprise avant l’octroi de
crédit et au moment où le juge statue, le préjudice sera la différence entre ces deux situations.
La publicité, qui existait aux décisions du soutien abusif, a eu des répercussions à l’octroi
des crédits. Les banques, craignant de voir la responsabilité civile engagée, ont décidé de ne pas
accorder des crédits à des entreprises commençant à connaitre des difficultés. Le législateur a eu
donc l’occasion d’intervenir pour rassurer les banques.
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Tout d’abord, il ne parle pas de façon précise de la banque, le banquier et les établissements
de crédits, mais le créancier en entier. Il peut s’agir donc d’un prêt inter-entreprise, par exemple.
Également, la notion de concours est encore plus large.
Depuis les années, on a eu toute une série de précisions jurisprudentielles. L’article ne peut
être utilisé que si une procédure collective, postérieure au 1er Janvier 2006, est ouverte. On parle
ainsi de la période suspecte, de façon entre la cessation de paiement jusqu’à l’ouverture de la
liquidation. En revanche, cet article ne s’applique pas sur les actions fondées sur le devoir de mise
en garde du bénéficiaire du crédit ou de la caution.
Cour de cassation, Chambre commerciale, 23 Septembre 2020: cet article ne s’applique non plus
aux actions fondées sur une rupture de crédit fautive.
Il s’agit donc d’un principe protecteur du créancier, l’objectif étant d’inciter les banques à
prêter aux entreprises, même celles en difficulté.
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Cour de cassation, Chambre commerciale, 27 Mars 2012: les créanciers ne peuvent être
tenus pour responsables des préjudices survenus du fait des concours consentis que si ces
concours sont en même fautifs. La Cour de cassation fait donc trancher en faveur du
second courant doctrinal. La Cour de cassation nous indique que les trois exceptions ne
sont donc que des causes de déchéance d’irresponsabilité. Ainsi, cette solution est plus
logique dans le contexte, puisqu’il sera plus difficile d’engager la responsabilité d’un
créancier. Il faut prouver un des trois situations, ainsi qu’une faute de la part du créancier.
Pour cela, c’est très rare qu’un créancier soit condamné pour accorder un crédit à une
entreprise qui a fait l’objet par la suite d’une procédure collective.
Cour de cassation, Chambre commerciale, 10 Janvier 2018: cette décision concernait plus
particulièrement un fournisseur de l’entreprise. Les juges ont démontré une immixtion
caractérisée dans la gestion du débiteur et qu’il avait accordé un crédit ruineux. Donc, on a
pu engager sa responsabilité.
Mettre en garde est le fait de prévenir d’un danger. En l’appliquant du droit du crédit, c’est
le fait pour le prêteur d’avertir son client des risques de l’opérations envisagée. La jurisprudence a
reconnu, d’une façon progressive, ce devoir de mise en garde qui pèse sur le banquier.
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informations sur la situation financière de son client ou sur l’opération que ce même client
l’ignore. Or, cette dernière hypothèse ne s’est jamais ignorée. On voit donc qu’il n’y avait pas une
uniformisation entre les deux chambres de la cour de cassation.
Cour de cassation, 1ère Chambre civile, 12 Juillet 2005: Il y avait 3 arrêts rendus dans ce jour,
notamment l’arrêt Jauleski qui était plus important que les autres deux. On considère que la banque
n’a pas respecté le devoir de conseil, mais la cour de cassation change de fondement, se fondant sur
le devoir de la mise en garde. Le couple était non-averti en matière de crédit, consentant un crédit
particulièrement dangereux. Donc, la banque aurait dû les mettre en garde sur le danger de ce crédit
souhaité. Dans les deux autres arrêts, il paraissait que les emprunteurs étaient compétents en matière
de crédit, c.à.d. qu’ils étaient avertis en matière de crédit.
Cour de cassation, Chambre commerciale, 3 Mai 2006: la Chambre commerciale a, à son tour,
confirmé la même solution par 3 arrêts rendus à ce jour.
Cour de cassation, Chambre mixte, 29 Juin 2007: Elle reprend exactement la même solution. Le
fait que la chambre mixte l’a reprise de la même façon signifie que c’est une solution uniforme au
sein de toutes les chambres de Cour de cassation.
On se demande sur le sort du devoir de conseil du prêteur, ce que la cour de cassation vient
clarifier plus tard.
Cour de cassation, Chambre commerciale, 13 Janvier 2015: Le banquier prêteur n’est pas tenu, par
principe, à un devoir de conseil. Cependant, si la banque décide tout de même de son propre chef de
conseiller son client et ce conseil se révèle préjudiciable, elle pourra avoir sa responsabilité
engagée.
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différents. Tout d’abord, en matière de mise en garde, il va devoir se demander si le crédit est risqué
ou non pour son client. Si oui, le banquier doit faire des nouvelles vérifications: il doit démontrer si
le client est averti ou non, c.à.d. s’il a des connaissances en matière de crédit. S’il est averti, il
s’arrête là sans être tenu à un devoir de mise en garde.
En revanche, si le crédit est risqué et le débiteur est averti, le banquier est tenu de cette
obligation et il va donc devoir communiquer à l’emprunteur les risques de cette opération.
Lorsque le banquier est en mesure de respecter le devoir de mise en garde, on ne peut rien reprocher
au banquier même si le client se révèle plutôt insolvable. Dans le cas où le banquier doit mettre en
garde le client et il ne l’a pas fait ou il n’est pas en mesure de le prouver, sa responsabilité civile
pourra être engagée. Concrètement, on lui demandera de verser des dommages-intérêts à
l’emprunteur, celui-ci voyant indemniser son préjudice.
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sa situation financière, on ne peut pas reprocher à la banque son manquement son devoir de
mise en garde. En raison de son mensonge, il empêche de voir si le crédit sera risqué ou
non.
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L.316-12 du code de la consommation. Cet article nous dit que le prêteur est face à un crédit
présentant des risques spécifiques de l’emprunteur, il doit mettre en garde ce dernier contre les
risques en question. Il s’agit donc d’une obligation légale de mise en garde.
Il ne saurait pour autant confondre cette obligation légale de mise en garde, mais aussi le
devoir jurisprudentiel de mise en garde. Concernant le devoir jurisprudentiel, ce devoir ne profite
qu’à l’emprunteur non-averti alors que l’obligation légale s’adresse à tout emprunteur de crédit
immobilier. Une deuxième différence est la sanction applicable. Pour le devoir de mise en garde
jurisprudentiel, la sanction est le versement des dommages-intérêts. En revanche, pour
l’obligation légale, la sanction sera la déchéance des intérêts dans la limite de 30% des intérêts.
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2020-2021
S E C T I O N 1 : L E S O P É R AT I O N S I N C L U S E S D A N S L E C H A M P
D’APPLICATION
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2020-2021
S E C T I O N 2 : L E S O P É R AT I O N S E X C L U E S D A N S L E C H A M P
D’APPLICATION
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Lorsqu’on le regarde l’état de droit français, depuis l’ordonnance de 2016, on peut constater
que les principales phases de la vie du crédit sont aujourd’hui encadrées. Il en va d’abord ainsi pour
la phase pré-contractuelle, de même pour la phase de la conclusion du contrat et enfin l’exécution
du contrat.
§ 1: L’ENCADREMENT DE LA PUBLICITÉ
Avant la réforme de 2016, on avait connu cet encadrement, renforcée par cette réforme. La
dernière va venir nous préciser quelles sont les informations qui doivent apparaitre, celles qui
doivent apparaitre en grand et celles qui sont interdites, par exemple l’assimilation des
mensualités à des loyers. Il ne faut pas également publier des informations qui vont naitre chez les
consommateurs des fausses sur le cout du crédit.
§ 2 : L’ O B L I G A T I O N D E D É L I V R E R U N E F I C H E P R É -
CONTRACTUELLES D’INFORMATION
Le client de banque ne lit pas toujours les offres de crédit. Le législateur européen prévoit
que l’emprunteur doit ainsi recevoir, au minimum au jour de l’offre, une fiche d’information qui
va regrouper les mentions essentielles de son crédit. On parle ainsi de la fiche d’information
standardisée européenne (FISE). L’idée est que le client, en lisant rapidement cette fiche,
comprenne les obligations qui pèsent sur lui. Si le banquier vient à manquer à cette situation, il va
encourir des sanctions qui est la déchéance des intérêts modulable par le juge. Cette disposition
est également rétroactive. Le banquier reproduit deux exemplaires qu’il va conserver et donner un
aux clients, sachant que le client signe les deux. Si jamais il y a contentieux dans la matière, le
banquier peut sortir l’exemplaire signé par le client et conservé par le banquier. Ces dispositions
sont prévues pour l’article L.313-7 du code de la consommation.
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explications adéquates concernant le crédit qu’il va consentir. Donc, il lui présente ce qui se passera
s’il sera défaillant ainsi que les caractéristiques générales du crédit consenti. S’il vient à ne pas
respecter cette obligation, la sanction sera la déchéance des intérêts modulable par le juge,
sachant que la déchéance ne pourra pas dépasser 30% des intérêts. On peut se demander si la
sanction est dissuasive et proportionnée, selon les règles conformes au législateur européen.
La charge de la preuve pèse sur le banquier, qui la fournit par écrit. Sinon, il incombera à lui
de le prouver autrement, lui rendant certaines difficultés en matière de preuve.
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vérifie que le marché bancaire n’est pas en crise, le dernier impose que la règle de 33% soit
obligatoirement respectée.
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Jusqu’à 2016, l’acceptation doit se faire par courrier. D’après l’article L.313-34, on dit que
l’acceptation est donnée par lettre ou selon tout autre moyen convenu entre les parties, de nature à
rendre certaine la date d’acceptation par l’emprunteur.
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Cour de cassation, 1ère chambre civile, 16 décembre 1992: Lorsque le juge décide de
prononcer la nullité ou la résolution d’un contrat principal, cela va entrainer
automatiquement la nullité ou la résolution du contrat de crédit. On peut rattacher cette
solution à la condition résolutoire reproduite ci-dessus.
§ 1: LE REMBOURSEMENT ANTICIPÉ
Depuis la loi de 13 Juillet 1979, l’emprunteur a la possibilité de rembourser son crédit d’une
façon anticipée, quand il le souhaite. Cette règle est prévue aujourd’hui dans l’article L.313-37 du
code de la consommation. Si cette liberté est prévue en cas de crédit immobilier, la banque peut
parfaitement interdire les remboursements égaux ou inférieurs à 10% du montant initial du
prêt, si ceci est prévu par la convention.
Cependant, l’ordonnance de 2016 vient indiquer que lorsqu’un client vient rembourser par
anticipation, la banque doit venir lui préciser combien ceci va lui coûter exactement. La banque a
le droit de mettre en place une indemnité, même s’il y a des cas légaux où la banque ne peut pas
demander cette indemnité.
§ 2: LA DÉFAILLANCE DE L’EMPRUNTEUR
L’emprunteur peut, dans ce cas, renégocier avec la banque afin d’arriver à un compromis.
Sinon, il peut demander au juge civil un délai de grâce, qui peut la reporter jusqu’à 2 ans. Si les
deux options ne se réalisent pas, le prêteur peut demander des intérêts plus élevés ou remettre en
cause le contrat. Elle va donc demander immédiatement le remboursement des intérêts échus, du
capital restant dû, ainsi qu’une indemnité. Il faut parfaitement noter qu’on n’est pas en matière de
contentieux et donc, la banque ne peut pas effectuer des saisies, qui sont possibles uniquement par
les décisions d’un juge.
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§ 3: LE DÉLAI DE PRESCRIPTION
L’action de l’emprunteur contre le prêteur. On applique le délai de prescription de droit
commun de 5 ans, selon l’article L.110-4 du code de commerce.
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