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LE MOI CORPOREL : MENSONGES ET VÉRITÉS

Hélène Suarez-Labat

Presses Universitaires de France | « Revue française de psychanalyse »

2015/1 Vol. 79 | pages 172 à 184


ISSN 0035-2942
ISBN 9782130651345
DOI 10.3917/rfp.791.0172
Article disponible en ligne à l'adresse :
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Le Moi corporel : mensonges et vérités

Hélène Suarez Labat* 5

La fée le regardait et riait : pourquoi riez-


vous ? lui demanda le pantin, tout confus
et soucieux à cause de ce nez qui grandit à
vue d’œil. Je ris des mensonges que tu fais.
Comment savez-vous que ce sont des men­-
songes ? On reconnaît tout de suite les mensonges
mon enfant, parce qu’il y en a de deux sortes :
il y a les mensonges qui ont des jambes courtes,
et les mensonges qui ont le nez long ; les tiens,
justement, sont de ceux qui ont le nez long.
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Carlo Collodi, Pinocchio.

Nour, dix ans : « Voici la vérité la plus meilleure, j’ai jamais dit de men-
songe, maintenant c’est fini le bras ; donne-moi ton pied que je le mange… je
blague ! ». Nour agite ses bras, cligne des yeux, s’évade dans des répétitions
motrices, traces d’anciennes stéréotypies. Elle revient vers l’analyste : « C’est
écrit sur mon visage quand je fais le pitre ? ». Elle court se cacher derrière le
fauteuil, l’analyste entend : « N’oublie pas que je ne dis pas de mensonge ! »
L’analyste : « Pourquoi tu joues à cacher tes yeux quand tu dis cela ? » Nour :
« Je me cache parce que je dis la vérité. » Nour sort de sa cachette : « T’as
vu que mes yeux riaient ? » Les interrogations de Nour autour de vérités
et mensonges se sont exprimées verbalement après des années d’un long et
intense travail transférentiel et contre-transférentiel centré sur la contenance
de l’excitation ravageuse. Le moi corporel, véritable plaque tournante des
introjections des assemblages pulsionnels (Freud, 1905, 1915), fut longtemps
soumis à de fréquents recours à des mécanismes de protection du moi, (Freud
1920 ;Tustin, 1972 ; Haag, 1980) comme le démantèlement des sensoriali-
tés (Tustin, 1984 ; Meltzer, 1980), mises en pièces détachées de l’attention
(Tustin, 1984 ; Meltzer, 1980).

*  Psychanalyste (SPP), Psychologue clinicienne à L’Institut Claparede, Docteur en psychologie cli-


nique et psychopathologie, membre associé du Laboratoire PCPP (EA 156), Universite Paris Descartes.
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La séquence clinique avec Nour pose au moins deux questions : les enfants
ayant éprouvé les états autistiques sont-ils en mesure, au fil de leurs dégagements,
d’investir, de comprendre, de penser le sens du mensonge ? Puis, que nous en­
seigne la psychopathologie autistique, comme miroir grossissant, des fonctions
de l’introjection et de la projection comme fondatrices des mouvements identi-
taires et identificatoires dans la première enfance ? (Heimann, 1952) 
En revenant vers la première question, l’on peut considérer combien les
travaux des éthologues Premack, Woodruff (1978) concernant leurs réflexions
sur l’anticipation, ont permis à Meltzoff, S. Baron Cohen, A. Leslie, U. Frith
(1985) de confronter la compréhension de la pensée de l’autre chez l’enfant
autiste, comment pouvait-il projeter, construire, développer la croyance en
l’autre ? De quelles natures étaient leurs capacités leur permettant d’accéder
aux états mentaux concourant à l’intentionnalité, au sentiment d’altérité ?
Ainsi est née la Théorie de l’Esprit, censée se construire, dans le dévelop-
pement ordinaire, au sein d’un espace commun privilégié se déployant depuis
la petite enfance (Frith, 2010).
À partir des recherches actuelles en sciences cognitives qui remettent
en question l’universalité de la théorie de l’esprit, les fonctions d’attention
conjointe, du regard et les capacités d’imitation sont reconnues comme enga-
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gées sur des modes très hétérogènes dans l’autisme.
Il nous semble pertinent de solliciter l’éclairage de l’investigation psycha-
nalytique portant sur les différentes voies empruntées par l’enfant autiste dans
ses constructions psychiques pour accéder au mensonge. En effet, l’avènement
du mensonge, chez Nour, dix ans, ayant bénéficié parmi d’autres traitements,
d’une psychothérapie à trois séances par semaine pendant plusieurs années,
nous semble indissociable de l’évolution de la processualité transférentielle.
Les variations contre-transférentielles participent à rendre plus lisibles les
modalités d’intrications de la sensorialité, des affects et de leurs représen-
tations, lesquels fabriquent l’ancrage du moi corporel et des processus de pen-
sée (Freud, 1911). La métapsychologie des espaces (Donnet, Green, 1973 ;
Green, 1980, 1982) est revisitée à l’occasion de l’avènement du mensonge
dans l’après-coup d’expériences traumatiques.

Le petit d’homme et le mensonge


Depuis l’Antiquité, les philosophes conçoivent le mensonge chez l’enfant
comme faisant partie du développement maturatif apparaissant à l’âge de rai-
son. Dans une étude traitant du discours sur le mensonge, de Platon à Saint-
Augustin, P. Sarr (2010) présente les définitions et distinctions que Stobée
et Nigidius donnent du mensonge : « Mentir » et « Dire un mensonge » ne
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relèvent pas de la même intentionnalité. Nigidius précise : « Entre dire un


mensonge et mentir, il y a une grande différence : c’est que celui qui ment
ne se trompe pas, il veut tromper ; celui qui dit un mensonge est lui-même
trompé ».Platon dans La République distingue deux façons de mentir ; le men-
songe véritable qui installe l’ignorance dans l’âme de celui que l’on trompe,
l’erreur, et le mensonge en paroles qui ne portent pas préjudice à autrui, réser-
vés aux gouvernants pour protéger la cité, que ce soit à l’égard des ennemis
ou des citoyens. Il qualifie le mensonge « D’imitation d’une affection de
l’âme » qui connaît des vertus protectrices pour préserver la différenciation
des espaces.
Ainsi différentes qualités de mensonges vont être mentionnées par les phi-
losophes au fil des siècles, donnant droit aux notions de bien et de mal, de vrai
et de faux, de vérité et de mensonge, d’imposture et de parjure (Derrida, 2012).
S. Chapellon (2013) rappelle dans sa thèse « Le besoin de mentir », une lit-
térature psychanalytique restreinte concernant le mensonge. Sans entrée dans
le Vocabulaire de la psychanalyse (Laplanche et Pontalis), il figure cependant
dans le Dictionnaire international de la Psychanalyse où Sophie Mijolla-Mellor
(2002, p. 1045-1046) souligne que les premières considérations psychanaly-
tiques concernant le mensonge se trouvent dans l’Esquisse (1895). Le proton-
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pseudos, le premier mensonge hystérique révèle la complexité des relations
entre traumatismes, déplaisir, traces mnémoniques, perception et refoulement.
Pourquoi faire référence à l’hystérie lorsqu’il s’agit de décrypter les déga-
gements des états autistiques et l’avènement du mensonge ? En fait, il s’agit
de remarquer combien Freud dans L’Esquisse s’est appliqué à discuter, partant
de l’hystérie, les relations entre perceptions sensorielles et constructions du
moi, conscience de la qualité de la perception et le mécanisme de l’attention
psychique qui en découle, relations en cause dans l’autisme qui connaissent
des destins différents.
On retrouve dans l’index thématique de Freud (Delrieu, 2008, p. 775),
deux autres entrées concernant le mensonge. Celle de 1909 issue des débats
de la Société psychanalytique de Vienne : « Il ne va pas du tout de soi pour
l’enfant de mentir ; il va de soi pour l’enfant de dire la vérité ». Puis celle
de 1913 : « Deux mensonges d’enfants » qui sont l’analyse de trois men-
songes de fillettes aux prises avec l’amour caché pour le père (Chervet,
1992).
A. Freud s’interroge : « À quel âge et à quel stade de développement, la
falsification de la vérité commence-t-elle à mériter le nom de mensonge ? »
À partir de quand cette falsification prend-elle valeur de symptôme, avec la
nuance particulière d’une déviation vis-à-vis des normes sociales ? Pour le
petit enfant, pense-t-elle, il est normal de se détourner d’impressions pénibles
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en se tournant vers des impressions plus agréables, de les ignorer ou de les


nier. Elle souligne les similitudes entre ces mécanismes de défense primitifs,
orientés contre l’éprouvé de déplaisir et la façon dont l’enfant plus âgé ou
l’adulte déforment les faits objectifs (A. Freud, 1965, p. 91).
La confrontation au principe de réalité, au principe de jugement, l’avan-
cée de la construction du moi corporel, la qualité de l’intégration du sur-moi
sont autant de fonctions à apprécier par le psychanalyste d’enfant avant d’uti-
liser le terme de mensonge. A. Freud précise que, si certains enfants peuvent
continuer à mentir en toute innocence, d’autres peuvent régressivement, face à
des frustrations ou déceptions vives, se réfugier dans le fantasme (pseudologia
fantastica) en prenant leurs désirs pour des réalités. L’on voit se dessiner les
voies de la psychose.
D’autres, ayant un moi mieux développé, sont confrontés à la peur de
l’autorité, la crainte de la punition, ils ont alors recours au mensonge délin-
quant qui perdure toute la vie.
Winnicott s’est penché sur le mensonge délinquant et ses espaces de diffé-
rentes façons : il l’observe dans La tendance antisociale (1956) dont il relève
la polysémie, elle se trouve chez tous les individus, à tous les âges dans l’évo-
lution ordinaire. Quand la quête de l’objet et la destruction sont au centre de
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ces naufragés du corps maternel, le mensonge et le vol en sont les principales
manifestations. L’enfant qui vole un objet ne cherche pas l’objet volé, mais
cherche la mère sur laquelle il a des droits, mentionne Winnicott qui revient
deux ans plus tard dans La capacité à être seul sur la difficulté de l’enfant aux
prises avec la tendance antisociale, victime de la quantité d’excitation qu’il
ne peut réguler, entraînant l’absence de satisfaction dans le jeu « parce que
celui-ci entraîne une excitation physique » (Winnicott, 1958, p.  212) mais
aussi liée à « l’incapacité d’être seul en présence d’un autre », de jouer avec
l’autre. Les intégrations des espaces intermédiaires, des phénomènes transi-
tionnels requièrent la capacité d’organiser les formes et leurs kinesthésies,
soumises à l’interdit du toucher (Anzieu, 1985) comme première forme de
limites du moi, permettant l’introjection du dedans et du dehors. P. Aulagnier
entrevoit la découverte du mensonge chez l’enfant comme un droit au secret
pour pouvoir penser, il ouvre les portes à « une deuxième découverte fonda-
mentale pour sa structuration : la possibilité de pouvoir cacher à l’autre et aux
autres une partie de ses pensées, de pouvoir penser ce que l’autre ne sait pas
qu’on pense et ce qu’il ne voudrait pas que l’on pense » (Aulagnier, 1986,
p. 311).
La découverte du mensonge parental à propos des origines, la fable de la
cigogne joue un rôle déterminant pour la pensée de l’enfant, la pensée paren-
tale peut désormais revêtir un mensonge.
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Avant le mensonge, la construction du Moi corporel

La clinique des autismes nous apprend combien la construction du moi


corporel, quand elle fait défaut, entrave gravement les capacités d’introjection
et de projection et de fait l’accès aux processus de pensée. Pour accéder à la
capacité de mentir, il faut à l’enfant établir des assises narcissiques suffisam-
ment solides pour que son corps ne le trahisse pas, soit en se dérobant tonique-
ment, soit dans la non construction du réflexe de fouissement, des postures de
relations (Asperger, 1944), ou bien d’autres sentiers habités par l’excitation.
J. De Ajuriaguerra a introduit le dialogue tonique comme l’autre incarné dans
le corps, « Notre corps n’est rien sans le corps de l’autre […], c’est avec l’autre
qu’il se voit et se construit » (Ajuriaguerra, 2010, p. 128). A. Bullinger (2004)
situe, dans le développement normal, l’image corporelle comme procurant un
sentiment d’unicité à partir d’une mobilisation tonico-émotionnelle qui crée
un sentiment de limite avec une stabilisation qui ne peut être possible que si
des structures représentatives de type spatial se construisent. La construction
de l’axe corporel, qui se fait à partir de l’érotisme oral lié à la zone orale, est
une première plaque tournante essentielle pour la construction de soi. Ces cli-
niciens du développement ont approfondi les travaux de Freud qui n’a cessé
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de s’atteler à sa tâche d’entrepreneur pour saisir dans ses moindres recoins
comment le pays intérieur se construisait. Après L’Esquisse, le moi corporel
prend un premier rôle dans le théâtre privé du sexuel infantile, si les Trois
essais sur les théories sexuelles révèlent le développement et les différents
assemblages des pulsions sexuelles à partir de différentes sources (Freud,
1905, p.  95), Le Mot d’esprit, rédigé la même année, présente un moi cor-
porel habité par les sources du comique dont une des variétés, le comique de
gestes, a comme ramifications le comique des formes du corps et des traits du
visage, ceux-ci étant conçus comme résultat d’un mouvement excessif et inu-
tile. L’imitation y est reconnue comme le meilleur art de l’enfant et le mobile
qui le pousse à la plupart des jeux, comme à l’expression des émotions par les
mimiques… Freud commente : « Je peux imaginer que l’innervation du corps
consensuelle au contenu du représenté a été le commencement et l’origine de
la mimique produite à des fins de communication » (Freud, 1905c, p.  342).
Au-delà du principe de plaisir (1920) revisite les notions de quantité et de
qualité sur lesquelles nous reviendrons. Enfin, dans Le moi et le ça (Freud,
1923, p. 271), le moi se voit « chargé de fonctions importantes, en vertu de
sa relation au système perception, il établit l’ordonnancement temporel des
processus psychiques, et il soumet ceux-ci à l’épreuve de réalité. En inter-
calant les processus de pensée, il parviendra à différer les décharges motrices
et il domine les accès à la motilité ».Un peu plus loin : « Le moi évolue de la
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perception des pulsions à la maîtrise des pulsions, de l’obéissance aux pulsions


à l’inhibition des pulsions. Dans cette action, l’idéal du moi, qui est d’ailleurs
en partie une formation réactionnelle contre les processus pulsionnels du ça,
intervient pour une forte part. » Ces deux citations récapitulent l’évolution de
la construction du moi, elles viennent donner de l’étoffe au patron que Freud
a forgé du Moi corporel, des attributions et des instances avec lesquelles il
compose. Freud compare le moi dans sa relation au ça à la relation du cavalier
avec son cheval dont il doit contrôler la force, à ceci près que le moi, lui,
emprunte cette force au ça.
Quand la référence au corps propre est introduite par Freud, il insiste sur
sa surface dont peuvent provenir simultanément des perceptions externes et
internes jusqu’à sa formulation, si souvent citée : « Le moi est avant tout un
moi corporel, il n’est pas seulement un être de surface, mais il est lui-même
la projection d’une surface » qu’il complète en 1927 en note de bas de page :
« C.-à-d. : le moi est finalement dérivé de sensations corporelles, principa-
lement de celles qui ont leur source dans la surface du corps. Il peut ainsi
être considéré comme une projection mentale de la surface du corps, et de
plus, comme nous l’avons vu plus haut, il représente la surface de l’appa-
reil mental » (ibid., p. 238). Les liens entre investissement d’objet et identifi-
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cation seraient simultanés : « Aux toutes premières origines, à la phase orale
primitive de l’individu, investissement et identification ne peuvent guère être
distinguées l’un de l’autre. » L’importance de l’emprise orale sur l’objet est
confirmée dans une note de bas de page : « Les conséquences qui sont attri-
buées ici à l’emprise orale sur l’objet valent effectivement aussi pour le choix
d’objet sexuel ultérieur. » (ibid., p. 241). Freud réaffirme que le moi corporel
est fait d’investissement et d’identification qui sont liés d’emblée dans l’auto-
érotisme oral. Ce que nous allons retrouver pour en suivre le cheminement
et ses prolongements dans la clinique infantile post-freudienne. Car, pour
accéder au mensonge, il faut trouver des voies d’irrigation transférentielles de
l’excitation…

Nour : la découverte de la vérité et du mensonge

Elle a dix ans aujourd’hui. Elle avait trois ans et demi lorsque je l’ai ren-
contrée avec ses parents affligés et démunis devant le retrait de la communica-
tion, les stéréotypies dans lesquelles elle pouvait se réfugier fréquemment. Le
langage était apparu malgré tout, la communication qu’elle pouvait déployer
par intermittence était soumise à une excitation très difficilement contrôlable.
Lors des premières années du traitement, l’épreuve de passage des seuils de
porte, les transitions étaient un véritable supplice, la projection de l’espace
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était terriblement fragmentée, trouée faute d’articulations, d’identifications


intracorporelles (Haag, 2001). Lorsqu’elle arrivait dans le bureau, Nour vidait
la caisse à jouets pour se mettre dedans. Cette action se répétait inlassable-
ment : se mettre dedans et tomber… Ce mouvement témoignait déjà d’une
étape de construction du moi corporel ayant une représentation d’un contenant
potentiel, d’un dedans, d’un dehors dans lequel on tombait. Les mouvements
symbiotiques étaient très intenses, centrés sur une partie du corps de l’ana-
lyste, le bras, ainsi que sur l’architecture de la pièce, représentant le corps du
cadre, les ouvertures et fermetures du bureau, fenêtre et portes.
Dans une précédente contribution (Suarez Labat, 2012) j’ai présenté les
différentes interprétations, qu’elles soient verbales ou théâtralisées par le jeu,
concernant les fixations corporelles symbiotiques de Nour projetées sur le
corps de l’analyste, précisant les non intégrations du regard et du transitionnel.
La référence au cadre, gardien du sensoriel et des limites avait permis de sou-
tenir Nour dans la construction des espaces, le regard a trouvé avec le temps un
ancrage corporel et psychique qui permet de conserver l’autre en soi.
Avant que le mensonge ne fasse son apparition, Nour a traversé plusieurs
étapes de la construction de son moi corporel pour atteindre une certaine stabi-
lité dans l’investissement de ses identifications, de ses processus de pensée.
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L’introjection des assemblages pulsionnels, s’est révélée au fil du temps par
les investissements des formes géométriques au propre et au figuré dans le
transfert, stabilité et constance des formes des mises en relation, témoin des
premières constructions du Moi corporel et du non-moi comme le rappelait
(Tustin, 1989, p. 98) : « Les formes géométriques structurent spécifiquement
les sensations venues du toucher et de la vue en perceptions et en concepts
ainsi mis en rapport avec les propriétés de l’espace. » La recherche de vérité,
de ses différentes formes dans l’intimité du transfert s’est construite dès le
début de nos rencontres par la constante sollicitation du pare-excitations chez
l’analyste, chez Nour mais aussi du corps commun parental auquel elle était
collée dans une identification adhésive massive.
Nour est maintenant intéressée par la communication verbale des conflits
qu’elle dépasse néanmoins difficilement par moment. Elle arrive à sa séance
pour me raconter ses préoccupations surtout avec ses amies dans la cour de
récréation, les expressions figurées qu’elle ne comprend pas toujours, plus
récemment le problème de la vérité… puis est venu celui du mensonge presque
simultanément. Par ailleurs, l’idéal du moi s’est développé très rapidement,
devenant plus lisible avec le mouvement suivant « Penser dans sa tête », mou-
vement contre lequel elle pouvait lutter avec ténacité comme : lire à voix haute
dans le métro, dans la salle d’attente, la recherche de la coexcitation demeu-
rant active.
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Les intégrations des connaissances se sont développées à bonne allure,


soutenues par une psycho-pédagogue quotidiennement. Nour retient, raconte
et restitue avec une certaine fluidité qui peut se figer par le surgissement
d’une grande fatigue. L’espace et la temporalité ont pris de nouveaux habits,
Nour a appris l’heure en quelques semaines, chantant à tue-tête « les petites
joies quotidiennes ». Parallèlement, elle continue à parler toute seule, à mar-
monner, lorsque je commente ses petits replis, elle répond : « Tu mens ».
Elle m’a questionnée : « C’est quoi honnête et malhonnête ?, être sincère ? »
Elle en a parlé avec ses parents : « Sincère c’est avec le cœur, on le pense
vraiment et quand on est malhonnête, est-ce que l’on peut s’excuser avec
le cœur ? » Tous ces développements ont amené un cortège d’expressions
de mimiques qui n’existaient pas auparavant, en imitation probablement
avec d’autres enfants mais aussi une nouvelle façon de communiquer avec
l’analyste à partir de l’expression du mensonge pendant les séances. Comme
le formule Bion, il faut au mensonge un penseur pour penser (Bion, 1970,
p. 175). Nour avait auparavant des pseudos mimiques, traces de regard péri-
phérique qui pouvaient la saisir dans des moments de vertige ou de désorga-
nisation de la pensée. Le jeu peu développé jusqu’alors s’est installé autour
de mentir, dans un jeu direct avec moi puis jouer à mentir avec des objets
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de sa boîte, des jeux de société, une nouvelle qualité de personnification a
émergé (Klein, 1929).

Jouer à mentir
Un jour, Nour arrive en retard à sa séance, elle me dit qu’ « elle n’est pas
en retard, qu’elle dit toujours la vérité », elle scrute mon visage, énonce : « Il
faut croire ce que je dis. » Elle va se réfugier près du lampadaire pour trou-
ver un appui corporel. Elle poursuit : « Ça se voit que je mens ? Ça se lit sur
mon visage ? Ça s’écrit sur mon visage, ça veut dire quoi ? » Moi : « Ce sont
des expressions figurées, écrire, lire sur le visage, mais je me demande si tu
penses que je peux savoir ce que tu penses dans ta tête. » Nour, songeuse, le
regard fixé sur le côté : « Ah ! Tu vois quand ma tête dit le contraire de ce que
je dis ?  Non, ça tu vois pas, toi tu réfléchis avec les pompiers sérieux ». Elle
s’excite, devient maniaque, « mi, mi, mimi », elle s’excite avec le prénom du
médecin consultant avec qui elle me marie dans la séance, son regard est très
excité.
Nour peut accéder à jouer à mentir mais dès que la bisexualité psychique
pas suffisamment intégrée est trop sollicitée, elle devient maniaque en cher-
chant des gardiens des limites qu’elle trouve avec le cadre dont je suis la gar-
dienne en lien avec le médecin consultant.
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La répétition de jouer à mentir s’est déployée simultanément à partir des


impressions sensorielles qu’elle ressentait sur son visage et les reflets que j’en
percevais : est-ce que ses joues la trahissaient, ses yeux riaient, son nez pou-
vait pousser comme Pinocchio si elle disait des gros mensonges ? Un tête à
tête retrouvé dans l’après coup.
Elle allait se cacher derrière le fauteuil pour ne pas que je vois ses yeux
qui pouvaient tomber tellement ils mentaient. Elle pouvait surgir de derrière
le fauteuil en déclarant que son visage ne bougeait pas, d’ailleurs, elle ne me
regardait pas, même pas mon bras, elle s’empêchait de sourire pour ne pas que
je voie qu’elle mentait. Quelques semaines ont passé, Nour déclare : « Mais
mentir c’est un jeu ! Moi, je dis des mensonges qui se transforment en vérité,
je dis la vérité, tu me crois ? » Le regard est beaucoup plus intégré, elle me
regarde les yeux dans les yeux, à bonne distance.
« Je vais t’expliquer des exemples de vérité et de mensonge… Si je gra-
pille quelque chose et que maman me demande si c’est moi, je dis, oui maman
c’est moi. Là c’est la vérité. »
Pour le mensonge, si jamais maman me dit : « As-tu mangé ta pomme ?,
je dis, oui je l’ai mangée, c’était délicieux. Alors tu sais [Nour se met à rire,
elle se reprend] t’as vu mes yeux comment ils sourient ? Eh bien je faisais du
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spectacle… mes joues commençaient à sourire, alors c’est ça le mensonge
tu comprends ? Avec toi, j’ai toujours été sérieuse, Oh là ! là ! Mes joues me
trahissent ! »
Bion souligne combien le psychanalyste est constamment confronté à la
distinction entre vérité et mensonge, il peut apporter quelque chose qui est
inconnue au philosophe de la science parce que le psychanalyste a l’expé-
rience de la dynamique de la compréhension erronée (Bion, 1974, p.  167).
Nour s’appuie sur l’invariance (Bion, 1965) du cadre porté et investi par l’ana-
lyste pour jouer à mentir en éprouvant l’espace potentiel transitionnel qui per-
met le déroulement de l’action de jouer à… « On aurait dit que… » s’annonce
à partir du jeu de la compréhension erronée. L’utilisation du comique de gestes
est investie pour répéter des expériences sensorielles, les yeux ou les joues
qui tombent, les yeux très excités qui n’ont pas trouvés de véritable pare-
excitations dans le passé. La qualité de la construction du regard est aussi ici
en jeu, elle inclut dès le début l’autre qui est surface de réception et de ren-
voi, les boucles rythmiques relationnelles (Haag, 2006) sont sinistrés chez les
enfants autistes.
Dans Au-delà du principe de plaisir illustré par l’observation de Freud
du jeu de l’enfant et ses répétitions à l’abri du pare-excitations, une identité
d’impression, le toujours pareil, le même, prévaut pour éprouver l’identité de
répétition. Il faut que ce soit toujours la même histoire, l’enfant corrige si le
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narrateur introduit une petite différence, il doit raconter toujours de la même


façon l’histoire pour en éprouver les bienfaits identitaires.
L’enfant autiste peut s’enfermer dans une compulsion de répétition tyran-
nique au service de l’immuable qui ne fabrique pas de synthèse entre iden-
tité d’impression et identité de répétition. Freud précise : « Répéter, retrouver
l’identique constitue en soi une source de plaisir. » La compulsion de répé-
tition connaît des destins différents selon la qualité de la liaison des pulsions.
Les processus primaires font partie du début de la vie, ils n’en existent pas
d’autres, Freud postule que si le principe de plaisir n’est pas à l’œuvre en eux,
il ne pourrait pas s’établir pour les processus ultérieurs. Il fait référence à la
signification des sensations de plaisir et déplaisir pour lesquelles l’ignorance
reste de mise : « Il s’agit de la région de la vie psychique la plus obscure et
la moins accessible » (op. cit., p. 44). Voilà une piste de réflexion qui pourrait
faire l’objet de discussions avec les chercheurs en Théorie de l’Esprit.
En guise de conclusion, afin d’examiner la clinique de l’organisation
des processus de l’âme –  dont le mensonge fait partie  – au sein du moi qui
commande les accès à la motilité, à la décharge de l’excitation, Freud énonce
dans La Négation concernant l’établissement de la fonction du jugement pré-
alable au mensonge :
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La fonction de jugement doit aboutir à deux décisions : prononcer qu’une propriété est ou
n’est pas à une chose, concéder ou contester à une représentation l’existence dans la réa-
lité. La propriété dont il doit être décidé peut avoir été originellement bonne ou mauvaise,
exprimé dans le langage des motions pulsionnelles les plus anciennes, les motions orales ;
cela je veux le manger ou bien je veux le cracher et en poussant plus en avant le transfert
[de sens] : cela je veux l’introduire en moi et cela l’exclure de moi. Donc : ça doit être en
moi ou bien en dehors de moi (Freud, [1925h] 1992, p. 136-137).
Cette présentation des différentes strates d’introjection de la négation
comme mouvement fondateur de la différenciation des espaces–  prendre
ou rejeter, cracher  – revêt diverses significations. Ces strates ramènent aux
constructions des modalités de plaisir-déplaisir avec le concours des extré-
mités sensorielles comme guides. Freud se demande où le moi a-t-il bien pu
apprendre la technique qu’il applique aux processus de pensée. Il répond :
« Cela s’est produit à l’extrémité sensorielle de l’appareil animique, au niveau
des perceptions des sens. En effet, selon notre hypothèse, la perception n’est
pas un processus purement passif. »
Effectivement, les sensations sont bel et bien engagées dès le début, mais
elles sont dédiées à l’enregistrement des impressions – il le précise un peu plus
loin  – elles ne procèdent pas dès le début à « l’opposition entre subjectif et
objectif [qui] n’existe pas ».C’est l’accès à l’hallucination négative qui permet
d’établir l’opposition entre subjectif et objectif : est-ce bien ce que j’ai perdu
que je retrouve dans la perception-même ?
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La différenciation des espaces s’établit par le jeu entre l’affirmation et la


négation de ce qui vient du moi corporel de l’autre et de soi, puis de l’écart
qu’il permet, pour que la négation devienne utilisable. Construire l’amour de
la vérité ensemble, c’est être comme l’autre ? Est-ce cela jouer à mentir ? Le
miroir grossissant du processus de transformations à l’œuvre dans la construc-
tion du jeu chez une enfant post-autiste illustre les potentialités du développe-
ment d’une théorie de l’esprit et ses associations intimes avec le moi corporel.
L’investigation psychanalytique nous permet d’observer, de mesurer la cons-
truction ou la non construction des espaces, qui sont véhiculées par les réim-
pressions, rééditions du transfert, voir des répétitions qui sont vouées à laisser
les défenses intactes, à demeurer dans le corps commun sans tiers utilisable.
Nour : « Quand j’oublie mes Majuscules je suis très en colère, ça c’est la
vérité, c’est pas des mensonges ! » Nour convoque l’image verbale motrice
pour exprimer et partager une forme dans laquelle se délègue l’altérité (Kahn,
2001, p. 1071), la majuscule représente la limite intégrée, qui requiert identité
d’impression, identité de répétition, une vraie liberté de penser une vérité, qui
n’a pas besoin de se dire sauf pour en partager la sincérité avec le tiers.
Hélène Suarez Labat
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6 rue Leibnitz
75018 Paris
suarezlabath@hotmail.com

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