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Composants

If(av) = valeur moyenne du courant


dans la diode.
Diodes rapides : If(rms) = valeur efficace du courant
dans la diode.
Les paramètres Eo et Ro sont
conduction et donnés à température de jonction
élevée (en général Tj = 100 °C) de
manière à se rapprocher le plus
possible des conditions d'utilisation
blocage réelles. On sait que les semi-
conducteurs sont très sensibles à la
température. Le paramètre Eo pré­
sente un coefficient de température
négatif (environ —2 mV/°) alors que
par J. REDOUTEY et J.M. PETER (*
) celui de Ro est positif.

La plupart des circuits de conversion d'énergie utili­ Commutation au blocage [1]


sés en électronique de puissance font appel à une
Lorsqu'on applique brusquement
ou plusieurs diodes qui jouent le rôle de commuta­ une tension inverse aux bornes
teur. Le transistor étant un commutateur rapide, H d'une diode en conduction, on
est indispensable de lui associer une diode rapide. constate qu'elle ne se bloque pas
-------------- ----------------- -... ... -. -.. -.. -...-.. -.. -.... -...........-....... - instantanément. Il s'écoule en effet
un certain temps avant qu'elle ne re­
trouve son pouvoir de blocage, c'est
le temps de recouvrement inverse
trr. Durant la majeure partie de ce
temps, la diode peut être considé­
Quelques rappels — la somme des résistances d'ac­ rée comme un court-circuit en in­
cès à la jonction. verse. Ce phénomène est dû à la
concernant les diodes
Le constructeur donne dans la no­ présence d'une certaine quantité de
Une diode de puissance est caracté­ tice une courbe d'évolution de la charges emmagasinées dans la
risée au premier ordre par la tension chute de tension directe VF en fonc­ diode durant la conduction, cette
inverse qu'elle peut supporter en ré­ tion du courant dans la diode. Cette charge appelée charge stockée
gime répétitif VRRM et par sa chute courbe donne une bonne précision s'écrit :
de tension à l'état passant VF. mais n'est pas très commode d'em­ t : Durée de vie
ploi pour le calcul des pertes de des porteurs minoritaires.
conduction. Pour cette raison, on Qs = tIf
Tension de blocage inverse préfère utiliser dans ce cas un sché­ lF : Courant direct traversant la
Lorsqu'une diode est polarisée en ma équivalent de la diode constitué diode.
inverse, il s'établit dans le matériau d'une force contre électromotrice
un champ électrique dont la valeur Eo en série avec une résistance Ro Pendant la commutation, une partie
est maximale à la jonction. Si l'on (figure 1). de ces charges disparaît spontané­
augmente la tension inverse, le ment par recombinaison à l'intérieur
VF = E0' + Ro If du matériau. L'autre partie, appelée
champ augmente et lorsqu'il atteint
la valeur critique il se produit un ef­ charge recouvrée QR est évacuée
fet d'avalanche qui peut conduire à Pertes de conduction par le courant inverse circulant dans
la destruction du composant. Le la diode. C'est celle-ci qui produit le
Pd = Eq If(av) + RO If2(Rms> courant inverse de recouvrement
constructeur spécifie donc la ten­
sion d'utilisation maximale VRRm à
une valeur inférieure à la tension
d'avalanche. L'utilisateur devra veil­
ler à ce que la tension inverse appli­
quée à la diode dans le circuit ne dé­
passe jamais la valeur spécifiée.

Chute de tension directe


A l'état passant, la chute de tension
dans une diode est due à deux fac­
teurs :
— la hauteur de la barrière de
potentiel,

(*) Thomson-CSF Division Semiconduc­


teurs Laboratoire d'applications d'Aix-
en-Provence.
N° 486 - Août-Septembre 1983 - TLE 63
sion inverse élevée et une faible 1N 3879) avec conditions de mesure
chute de tension. La réalisation de suivantes :
chaque diode rapide est donc un
compromis. — courant direct lF = 1 A,
Le tableau de la figure 4 montre les — blocage à — 15A/pis avec une
caractéristiques comparées de quel­ tension inverse VR = —30 V.
ques diodes pour lesquelles on a Cette méthode ne correspond pas à
choisi des compromis différents sui­ la réalité des applications.
vant la tension inverse choisie. Une autre méthode lF = 0,50 A, lR =
Un premier progrès dû à l'utilisation — 1 A, est apparue ensuite. Cette
de technologie épitaxiée a permis méthode a encore moins de sens
Fig. 3. - Le constructeur de diode rapide de repousser les limites du compro­ car la diode est mesurée dans des
doit faire un compromis entre trois mis pour les diodes « basse ten­ conditions totalement différentes de
caractéristiques qui sont en contradic­
tion. sion » (< 200 V). On a pu ainsi réali­ celles que l'on peut rencontrer dans
ser les séries de diodes « haut ren­ les circuits. Mais il y a plus grave,
dement », FRED, qui, tout en étant ces deux méthodes donnent des ré­
très rapides, ont une chute de ten­ sultats totalement différents. La fi­
sion très faible, voisine des limites gure 5 montre qu'une même diode
théoriques du silicium (0,85 V à ln, peut être classée «100 ns» ou
ainsi que toutes ses conséquences. 0,65 V à ln/4). « 45 ns » suivant le procédé de me­
Si la vitesse de variation du courant sure.
diF/dt pendant la commutation est En 1982, des nouvelles technologies
extrêmement grande, la recombinai­ ont été appliquées aux diodes de En 1983, ces méthodes doivent être
son interne est négligeable et la tension inverse 400 V. Ceci a encore considérées comme un héritage du
charge recouvrée est très voisine de permis de repousser les limites du passé. Les nouvelles diodes rapides
la charge stockée. compromis, et dans ce cas, on a pri­ de Thomson-CSF seront caractéri­
vilégié la rapidité. Les diodes 400 V sées et spécifiées au courant nomi­
Le phénomène de recouvrement in­ de la nouvelle série « SUPER- nal et avec une vitesse de décrois­
verse peut être décomposé en deux SWITCH 2 » sont deux fois plus ra­ sance du courant diF/dt réaliste.
phases (fig. 2). Lorsqu'on ferme l'in­ pides que les séries précédentes et (Pour les diodes plus anciennes, il
terrupteur K, le courant direct s'an­ elles conservent un recouvrement existe néanmoins des courbes per­
nule et il s'établit un courant inverse très progressif. mettant au concepteur de calculer
Ir. La vitesse de variation du courant ses circuits.)
diF/dt est imposée par le commuta­ Les grandeurs qui intéressent le cir-
teur K ou plus généralement par le
circuit extérieur. A l'instant t2 le cou­ cuiteur sont :
Caractérisation
rant inverse passe par son maxi­ — le courant inverse IRm,
mum IrM. A cet instant la majorité Les constructeurs ont pris l'habitude
de caractériser la rapidité des — le temps t|RM (cas des diodes de
de la charge recouvrée a été éva­ diodes par une très ancienne mé­ récupération,
cuée et la diode commence à re­ thode dite «trr JEDEC » (méthode
trouver son pouvoir de blocage. — la charge recouvrée QR (cas des
Pendant cette première phase qui déposée en 1969 pour les diodes diodes de redressement).
s'étend de t0 à t2 la charge QR a été
évacuée. La charge Q2 est évacuée
pendant la deuxième phase qui
s'étend de t2 à t3. Elle est en général Grandeurs utiles (1)
Tension Trr
faible et se localise dans la partie de Type Catégorie max. Catalogue
la zone centrale qui n'est pas occu­ (V) (ns) •rm Or
pée par la charge d'espace. (A) (pc)
On distinguera deux types de diodes Ht rendement 200 35 1,25 0,025
selon l'allure de remontée du cou­ BYW81 FRED
rant de recouvrement :
— les diodes à remontée brutale BYX61 Très rapide 400 100 2,5 0,12
(snap off),
BYX62 Rapide 600 200 8 1,3
— les diodes à remontée progres­
sive (soft recovery), BYX66 H.T. 1 000 500 16 8

Les diodes rapides BYW88 Ordinaire 1 200 non spéc. 38 23


On appelle diode rapide, une diode Nouvelle technologie 1982/1983
présentant une charge recouvrée ré­
duite par rapport à une diode ordi­ BYT12 Superswitch 2 400 50 1,1 0,025
naire. Autrement dit, une diode ra­
pide est une diode à blocage rapide. BYT61 Rapide H.T. 1 000 200 9 1,3

Les compromis Figure 4.


La physique du solide impose de sé­ Caractéristiques principales de plusieurs diodes toutes de calibre io = 12 A.
rieuses limitations au constructeur Conditions de mesure pour IrM et Qc : If = 12
dIF/dt------ 60 A /|xs, T| = 25 <>C.
de diodes rapides (fig. 3). Il n'est pas Les diodes de technologies anciennes sont dans des cases hachurées.
possible d'avoir simultanément une Les nouvelles diodes « SYT » représentent un net progrès.
grande rapidité, une tenue en ten­
64 TLE - Août-Septembre 1983 - N°486
Composants —
Comportement des diodes rapides Qr : charge recouvrée,
dans les circuits © Pc = QR x VR x f
Selon la fonction remplie dans un VR : tension inverse réappliquée,
circuit et donc selon l'environne­ f : fréquence de commutation.
ment, une diode rapide peut avoir
un comportement différent. Dans la
pratique, on doit considérer deux En résumé
applications importantes : Lorsqu'une diode rapide doit être
— les applications de type « redres­ utilisée dans une fonction de redres­
sement », sement, les critères principaux du
choix de la rapidité sont :
— les applications de type « roue
libre ». — une rapidité suffisante pour assu­
rer des pertes faibles (donc une fai­
Ces deux cas sont assez différents ble charge recouvrée QR),
et selon qu'il s'agit de l'un ou de
l'autre type, les critères de choix de — un recouvrement progressif,
la diode la mieux adaptée ne sont (donc un diR/dt faible pour limiter Fig. 5. - Corrélation entre le temps de
pas les mêmes. les surtensions). recouvrement trr mesuré par la méthode
classique (JEDEC IN3879) introduite
en 1969) et d’autres méthodes commer­
ciales introduites par la suite. Une
Les diodes rapides utilisées même diode peut être caractérisée
Les diodes rapides utilisées « 100 ns », « 70 ns » ou « 45 ns » suivant
en redressement en « roue libre » la méthode de mesure.
C'est le cas général des diodes de C'est le cas des diodes de roue libre
sortie des convertisseurs à transis­ dans les hacheurs.
tors. Le fonctionnement de la diode
dans ce cas peut se ramener à celui Le fonctionnement peut se ramener
du schéma équivalent de la figure 7. au circuit équivalent de la figure 7 ;
Lorsqu'on ferme l'interrupteur K, le on suppose l'inductance parasite
courant dans la diode décroît avec négligeable.
une pente, Lorsque l'on ferme le transistor K, le
diF = _Vr courant qui traversait la diode dé­
croît avec une vitesse diF/dt qui est
dt L imposée par le commutateur. A
imposée par l'inductance L en série l'instant t1f le courant s'annule.
avec la diode. Pendant le temps tlRM = t2 — tb un
Dans la pratique cette inductance courant inverse circule dans la
représente la somme de l'induc­ diode jusqu'à évacuation totale de
tance de fuite des transformateurs, la charge recouvrée QR. A l'instant
de l'inductance parasite du câblage, t2, le courant de recouvrement in­
etc. et elle ne peut jamais être négli­ verse passe par son maximum lRM. Fig. 6. - Variation des principaux paramètres
gée dans la fonction de redresse­ avec les conditions d’utilisation.
Il est important de noter que l'inté­
ment. gralité du courant de recouvrement
La première phase du recouvrement traverse le transistor K et la source,
inverse est tout à fait classique ce qui a pour conséquence immé­ 1) Il n'y a pas de surtension au blo­
(fig. 7). Entre les instants t! et t2, le diate : cage de la diode.
courant de recouvrement évacue la — une surcharge en courant du 2) Les pertes de commutation dans
charge QR. A l'instant t2, le courant transistor à la mise en conduction à la diode sont données non pas par
de recouvrement inverse passe par la fermeture, la formule 1 mais par une expres­
son maximum lRM. La pente diF/dt sion différente :
du courant s'annule et la tension — des pertes très importantes dans
aux bornes de la diode est égale à la le transistor K. Q2 : charge recouvrée pendant la re­
tension VR de la source. Durant la Il y a une grande différence entre le montée du courant (fig. 8),
seconde phase qui s'étend entre t2 fonctionnement. © Pc = Q2 x VR x f
et t3, la diode impose la vitesse de VR : tension de la source
En redressement, où la vitesse de fréquence de commutation.
remontée diR/dt. décroissance du courant est fixée
Il en résulte une surtension AV = Ls par l'inductance série Ls qui restitue Q2 est en général faible devant WR.
diR/dt qui prend naissance dans l'in­ l'énergie qu'elle a emmagasinée au Il ne faut pas oublier que si les
ductance Ls et s'ajoute à la tension moment du blocage sous forme de pertes dans la diode peuvent dans
VR. La diode est alors soumise à une surtension. ce cas paraître faibles, les pertes
tension inverse, VRM = VR + AV. En roue libre, où la vitesse de dé­ dans le transistor sont très élevées.
Pour limiter la surtension, on veillera croissance du courant dans la diode [3].
à n'utiliser dans ce type de circuit est fixée par le transistor qui dissipe
que des diodes rapides à recouvre­ de l'énergie pendant toute cette En résumé
ment progressif, car dans ce type de phase. Lorsqu'une diode rapide est utilisée
diode la vitesse de remontée dlR/dt On peut en tirer les conclusions sui­ en « roue libre », le critère principal
est plus faible. vantes dans le cas du fonctionne­ est la rapidité. On devra donc choi­
On démontre [1] que dans ce circui ment en « roue libre » associé à un sir la diode la plus rapide dans la
les pertes de commutation au re­ transistor ; (on suppose négligea­ gamme existante compatible avec
couvrement peuvent s'écrire : bles les inductances parasites). le circuit.
N° 486 - Août-Septembre 1983 - TLE 65
■—> Composants

ORTHWEST
NSTRUMENT Systems

Fig. 7. - Comparaison du fonctionnement en « roue libre » en haut et en « redressement » en bas.


Dans le fonctionnement en roue libre, l’énergie perdue dans la diode Q2 Vr est faible mais l’énergie
perdue dans le transistor est considérable : I — Vr idt. Dans le fonctionnement en redressement,
J to
l’énergie perdue dans la diode Qr Vr est plus importante et il y a une surtension de commutation.

Conclusion
Bibliographie
Dans un circuit de commutation mo­ [1] Le transistor de puissance dans
derne, le choix de la diode rapide son environnement. Publication
est aussi important que celui du Thomson CSF - DSD. Chapitres XIV
transistor. et XV de ce livre.
— La présence de charge recouvrée [2] Faut-il utiliser des diodes rapides
au moment du blocage entraîne de dans les hacheurs basse fréquence à
nombreuses perturbations dans les transistor. Thomson CSF - DSD -
circuits. Note d'information technique n° 80-7.
[3] C. Fraire. De la compréhension à
Dans le cas des circuits de roue li­ la réduction des pertes. Chapitre II de
bre, il faut utiliser la diode la plus ra­ ce livre.
pide, compatible avec le circuit pour [4] K. Rischmüller. Hâve a doser look
minimiser les pertes dans le transis­ to switching losses. PCI Proceeding
tor. Sept. 1982.
Dans le cas des circuits de redresse­
ment, il faut utiliser des diodes ra­
pides à recouvrement progressif
pour limiter les surtensions et les
parasites. Toute l’Electronique
— Les lois de la physique imposent
au constructeur de faire un compro­
mis pour réaliser une diode rapide.
Un pas en avant a été effectué en UNE VERITABLE
1982 avec la mise au point de diodes
très rapides 400 V. De nouveaux pro­ BIBLIOTHEQUE
grès sont attendus ces prochaines
années pour les séries « Super-
TECHNIQUE
switch 2 » 800 V. , D . ... „
J.R. etJ.M.P.
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