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La Revue de médecine interne 40 (2019) 491–500

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Article original

Traitement du PTI et de l’AHAI au cours du DICV : revue systématique


de la littérature
Treatment of ITP and AIHA in CVID: A systematic literature review
V. Lacombe a , P. Lozac’h a , C. Orvain b , C. Lavigne a,c , C. Miot c,d,e , I. Pellier c,d , G. Urbanski a,c,∗

a
Service de médecine interne et maladies vasculaires, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49000 Angers, France
b
Service des maladies du sang, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49000 Angers, France
c
Centre de référence des déficits immunitaires primitifs CEREDIH, CHU d’Angers, site constitutif Angers, 4, rue Larrey, 49000 Angers, France
d
Service d’immunologie-hématologie et oncologie pédiatriques, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49000 Angers, France
e
Laboratoire d’immunologie et allergologie, CHU d’Angers, 4, rue Larrey, 49000 Angers, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : Introduction. – Dix à 15 % des déficits immunitaires communs variables (DICV) se compliquent d’anémie
Disponible sur Internet le 14 mai 2019 hémolytique auto-immune (AHAI) et de purpura thrombopénique immunologique (PTI). Leur traitement
repose sur des immunosuppresseurs, générant certaines réticences dans le DICV. Notre objectif était
Mots clés : d’évaluer leur rapport bénéfices-risques chez ces patients immunodéprimés.
Déficit immunitaire commun variable Méthodes. – Nous avons réalisé une revue systématique de la littérature (base bibliographique MEDLINE),
Cytopénies auto-immunes identifiant 17 articles détaillant le traitement d’AHAI et/ou de PTI chez les patients atteints de DICV.
Thrombopénie immunologique
Résultats. – Le risque infectieux majoré sous corticoïdes ne remet pas en question leur place en
Anémie hémolytique auto-immune
première ligne dans le PTI et l’AHAI du DICV. Les immunoglobulines à forte dose restent à réser-
ver aux PTI à risque hémorragique important. En deuxième ligne, le rituximab semble efficace avec
un risque infectieux moindre que la splénectomie. Les immunosuppresseurs (azathioprine, métho-
trexate, mycophénolate, cyclophosphamide, vincristine, ciclosporine) sont d’efficacité inconstante et
souvent compliqués d’infections sévères, ne se justifiant que pour les cas réfractaires et en cortico-
épargne. Dapsone, danazol et immunoglobulines anti-D ont un rapport bénéfices-risques défavorable.
La place des agonistes du récepteur de la thrombopoïétine reste à définir. L’instauration systématique
d’immunoglobulines substitutives aux traitements à effet immunosuppresseurs (hors courte corticothé-
rapie) ou à la splénectomie apparaît essentielle pour limiter le risque infectieux, y compris en l’absence
d’infections préalables.
Conclusion. – La présence d’un DICV ne doit pas faire renoncer à la corticothérapie en première inten-
tion et au rituximab en seconde intention en traitement des AHAI et PTI, mais doit faire adjoindre une
substitution en immunoglobulines. La splénectomie semble à réserver en troisième intention.
© 2019 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS.
Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Keywords: Introduction. – Ten to 15% of common variable immunodeficiencies (CVID) develop auto-immune hemo-
Common variable immunodeficiency lytic anemia (AIHA) and immune thrombocytopenia (ITP). Treatment is based on immunosuppressants,
Auto-immune cytopenias which produce blocking effects in the CVID. Our objective was to assess their risk-benefit ratio in these
Immune thrombocytopenia immunocompromised patients.
Auto-immune hemolytic anemia

∗ Auteur correspondant. Service de médecine interne et maladies vasculaires, centre de référence des déficits immunitaires primitifs CEREDIH, CHU d’Angers, site constitutif
Angers, 4, rue Larrey, 49000 Angers, France.
Adresse e-mail : urbanskigeoffrey@gmail.com (G. Urbanski).

https://doi.org/10.1016/j.revmed.2019.02.006
0248-8663/© 2019 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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Methods. – We identified 17 articles detailing the treatment of AIHA and/or ITP in patients suffering from
CVID through a systematic review of the MEDLINE database.
Results. – The increased infectious risk with corticosteroids does not call into question their place in the
first line of treatment of ITP and AIHA in CVID. High-doses immunoglobulin therapy remain reserved for
ITP with a high risk of bleeding. In second-line treatment, rituximab appears to be effective, with a lower
infectious risk than the splenectomy. Immunosuppressants (azathioprine, methotrexate, mycophenolate,
cyclophosphamide, vincristine, ciclosporine) are moderately effective and often lead to severe infections,
meaning that their use is justified only in resistant cases and steroid-sparing. Dapsone, danazol and anti-D
immunoglobulins have an unfavorable risk-benefit ratio. The place of TPO receptor agonists is still to be
defined. The establishment of immunoglobulin replacement in the place of immunosuppressants (except
for short-term corticotherapy) or splenectomy appears to be essential to limit the risk of infections,
including in the absence of previous infections.
Conclusion. – The presence of CVID does not mean that it is necessary to give up on corticosteroids as a
first-line treatment and rituximab as a second-line treatment for AIHA and ITP, but it should be in addition
to immunoglobulin replacement. A splenectomy should be reserved as a third-line treatment.
© 2019 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS. All
rights reserved.

1. Introduction Les objectifs de notre revue systématique sont de décrire


l’efficacité et la tolérance, notamment infectieuse, des différents
Le déficit immunitaire commun variable (DICV) est le plus fré- traitements du PTI et de l’AHAI au cours du DICV.
quent déficit immunitaire primitif (DIP) symptomatique, avec une
prévalence de 1/30 000 [1]. Il affecte autant hommes que femmes et 2. Méthodes
se révèle généralement entre les deuxième et quatrième décennies
[2]. Selon l’European Society for Immunodeficiencies, son diagnos- 2.1. Stratégie de recherche
tic repose sur une diminution significative des immunoglobulines
(Ig) G ± IgA et/ou IgM chez un patient de plus de quatre ans associée La revue systématique de la littérature a été réalisée confor-
à une réponse vaccinale altérée, un défaut d’isohémagglutinines mément aux recommandations PRISMA. Nous avons extrait de la
et/ou un déficit de lymphocytes B mémoires switchés, après élimi- base MEDLINE les articles abordant le traitement de l’AHAI, du PTI
nation des autres causes d’hypogammaglobulinémie [3]. Le DICV ou du syndrome d’Evans au cours du DICV entre 1951 et 2017.
s’exprime principalement par des infections, mais peuvent exister Les NAI n’étaient pas étudiées. Trois termes du thésaurus MeSH
des atteintes granulomatoseuses, une hyperplasie lymphoïde folli- étaient reliés par le connecteur booléen « AND » selon toutes les
culaire et des manifestations auto-immunes (MAI), notamment des combinaisons possibles. Le premier terme désignait la CAI (« auto-
cytopénies auto-immunes (CAI). immune cytopenia », « auto-immune hemolytic anemia », « AHA »,
Dans les cohortes de patients DICV, la fréquence des MAI est « AIHA », « immune thrombocytopenic purpura », « immune throm-
estimée à 17 % au diagnostic et de 22 à 26 % durant le suivi [2,4]. bocytopenia », « auto-immune-thrombocytopenia », « idiopathic
Dans 2,3 % des cas, l’auto-immunité constitue la seule manifes- thrombocytopenic purpura », « ITP » ou « Evans syndrome »), le
tation au diagnostic. Ces patients semblent présenter une baisse deuxième terme les traitements, et le troisième terme correspon-
plus importante des lymphocytes B mémoires switchés que les dait au « common variable immunodeficiency » ou « CVID ». Les
malades avec DICV sans MAI, et une diminution du taux de lympho- termes utilisés pour les traitements étaient : « treatment », « corti-
cytes T régulateurs [5]. Si de nombreuses maladies auto-immunes costeroids », « corticoids », « corticotherapy », « immunoglobulins »,
sont rencontrées au cours du DICV, les CAI en représentent 2/3 « anti-D », « immunosuppressant », « mycophenolate mofetil »,
[4,6]. La thrombopénie immunologique ou purpura thrombopé- « azathioprine », « cyclophosphamide », « ciclosporin », « danazol »,
nique immunologique (PTI) affecte 8 % des patients avec DICV et « dapsone », « hydroxychloroquine », « sirolimus », « rituximab »,
l’anémie hémolytique auto-immune (AHAI) 5 % [7]. « thrombopoietin receptor agonist » et « splenectomy ».
Le traitement des CAI repose sur l’emploi d’agents altérant
les réponses immunitaires, générant certaines réticences chez des 2.2. Sélection des articles
patients immunodéprimés. Pour guider le traitement des AHAI
et PTI au cours du DICV, plusieurs sociétés savantes ont émis Les articles étaient sélectionnés lorsqu’un objectif primaire ou
des recommandations. L’American Society of Hematology (ASH) secondaire portait sur l’efficacité ou la tolérance de traitements
avait proposé, pour ces deux CAI, le recours aux corticoïdes, aux d’une AHAI ou d’un PTI dans le DICV. Les articles hors contexte de
immunoglobulines intraveineuses (IgIV) à dose immunomodula- DICV ou ne détaillant pas les traitements des CAI étaient exclus.
trice ou aux immunoglobulines anti-Rhésus (anti-D) en première Devant la difficulté à différencier une hypogammaglobulinémie
intention, puis au mycophenolate mofetil (MMF), au rituximab et secondaire au rituximab d’un DICV, nous avons exclu les cas avec un
à la splénectomie en deuxième intention [8,9]. Ces recomman- diagnostic de DICV porté après ce traitement [14]. Les cas rappor-
dations de 2011 n’intégraient pas les agonistes du récepteur de tant un déficit spécifique (comme LRBA ou CTLA-4) ou un diagnostic
la thrombopoïétine, aujourd’hui proposés en deuxième intention différentiel (autre DIP) ont été exclus. Les études, de langue anglaise
dans le PTI [10,11]. En France, le recours aux IgIV à dose immu- et française, étaient incluses sans limite d’âge.
nomodulatrice n’est pas recommandé dans l’AHAI, contrairement Les articles étaient inclus indépendamment du niveau de
au PTI, y compris dans le contexte spécifique de DICV [12,13]. preuve, mais le type d’étude et la rigueur méthodologique étaient
Aucune société savante ne propose de hiérarchisation des thé- considérés dans l’analyse des résultats. Les critères de réponse
rapeutiques au sein de chaque ligne, faute d’étude spécifique au thérapeutique étaient laissés à l’appréciation des auteurs, mais
DICV. considérés dans l’interprétation des résultats.
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Fig. 1. Diagramme de flux de la sélection des articles de la revue de la littérature.

3. Résultats Pour l’AHAI, dans la série française de Sève et al., aucun des
18 patients n’avait reçu d’IgIV seules [16]. Deux patients étaient
3.1. Description des résultats de la recherche traités par l’association IgIV-corticoïdes, permettant des RC. Les
deux patients présenteront une rechute, traitée identiquement,
La recherche a recensé 63 références (Fig. 1). Quarante-six avec la même efficacité. Un seul cas d’AHAI avec DICV rapportait
articles étaient exclus : 33 ne traitant pas du sujet, 9 ne détaillant une amélioration sous IgIV forte dose, mais suivait une corticothé-
pas le traitement des CAI, 2 rapportant des cas dont la suspicion rapie préalable, interrompue à leur introduction [17].
de DICV suivait un traitement par rituximab, et 2 avec d’autres
diagnostics de DIP.
Les caractéristiques des 17 articles retenus sont détaillées dans 3.2.2. Immunoglobulines intraveineuses ou sous-cutanées à dose
le Tableau 1. Cinq concernaient des populations pédiatriques, substitutive
6 adultes et 6 mixtes. Treize articles traitaient de PTI, 7 d’AHAI, Certains auteurs soutiennent qu’adjoindre une substitution en
et 6 de syndrome d’Evans. La revue de la littérature confirmait immunoglobulines au traitement standard de la CAI permettrait
l’absence d’étude prospective, et recensait 7 cohortes rétrospec- d’en accroître l’efficacité. Martinez-Valdez et al. rapportaient 3 cas
tives et 10 rapports de cas (un cas pour 6 articles, plusieurs pour d’enfants présentant un syndrome d’Evans avec DICV, diagnosti-
4), décrivant au total 157 patients (78 PTI, 38 AHAI, 41 syndromes qué plusieurs années après la CAI [18]. Ils avaient bénéficié de
d’Evans). Aucune étude ne portait sur l’hydroxychloroquine ou le plusieurs lignes thérapeutiques (corticothérapie, rituximab, splé-
sirolimus dans le cadre du DICV. nectomie et/ou MMF), sans rémission prolongée. Chez ces patients,
Les critères retenus par les auteurs des cohortes rétrospec- l’introduction d’IgIV à dose substitutive (0, 4 g/kg/4 semaines) au
tives pour définir une réponse partielle (RP) ou complète (RC) sont diagnostic de DICV permettait la rémission de la CAI, sans rechute
détaillés dans le Tableau 1. avec 4 ans de suivi. L’intérêt d’une substitution en immunoglobu-
Le Tableau 2 synthétise les données d’efficacité et de sécurité des lines par voie sous-cutanée (IgSC) a été décrit par Pedini et al. chez
traitements issues des 6 cohortes rétrospectives de notre revue. Les 4 adultes avec DICV souffrant de PTI (3 cas) ou d’AHAI (1 cas) per-
données issues de cas rapportés n’y sont pas présentées en raison mettant une rémission des CAI, un sevrage des corticoïdes pour les
des biais de sélection. PTI et une épargne cortisonique pour l’AHAI [19]. Cependant, dans
la cohorte rétrospective de Gobert et al. sur le rituximab en traite-
ment des CAI dans le DICV, la mise en place d’immunoglobulines
3.2. Immunoglobulines polyvalentes substitutives en association au rituximab n’augmentait pas le taux
de réponse (p = 0,66) [20].
3.2.1. Immunoglobulines intraveineuses à dose D’autres auteurs, comme Wang et al., soutiennent que les immu-
immunomodulatrice noglobulines permettraient de prévenir le développement des CAI
Les immunoglobulines à forte dose sont parfois préférées à au cours du DICV. Dans leur cohorte rétrospective de 35 patients
la corticothérapie en 1re intention en traitement du PTI dans le avec CAI et DICV, 30/35 (86 %) patients avaient développé une CAI
DICV, malgré un coût supérieur, ce produit ne majorant pas le avant ou au diagnostic de DICV, avant la substitution en immu-
risque infectieux et corrigeant le déficit humoral. Dans la cohorte noglobulines, contre 5/35 patients (14 %) sous immunoglobulines
rétrospective de Michel et al. sur 21 patients avec PTI et DICV, substitutives durant le suivi, laissant envisager leur intérêt en pré-
4 étaient traités par IgIV forte dose seules, en première ou deuxième vention des CAI [21]. Cette hypothèse est limitée par le fait que la
intention [15]. Chez ces 4 patients, étaient observées 1 RC sans CAI est un mode de révélation fréquent du DICV. Dans une cohorte
rechute, 1 RP avec rechute nécessitant d’autres traitements, 1 échec prospective sur l’évolution clinico-biologique de 224 patients avec
et 1 intolérance (céphalées, flush et fièvre) nécessitant l’arrêt du DICV, les auteurs constataient une réduction de l’apparition des
traitement. Dans cette même étude, 4 patients étaient traités par CAI au cours du suivi et l’expliquaient par le traitement efficace
l’association corticoïdes-IgIV forte dose, avec 1 RC, 1 RP et 2 échecs. des CAI avant ou au diagnostic de DICV [2]. Dans l’étude de Sève
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Tableau 1
Caractéristiques des études retenues pour la revue systématique.

Traitements Population Type d’étude n CAI Définition de la


réponse

Leickly et al., 1987 [17] IgIV forte dose Adulte Cas 1 AHAI –
Saulsbury et al., 1991 [32] Danazol Adulte Cas 1 PTI –
Longhurst et al., 2002 [24] Anti-D Adultes Cas 3 PTI –
Wakim et al., 2004 [25] Rituximab Enfant Cas 1 AHAI –
Michel et al., 2004 [15] IgIV substitutives, IgIV Adultes Cohorte rétrospective 21 PTI RP : Pq × 2 et > 50 G/L
forte dose, corticothérapie, RC : Pq > 150 G/L
splénectomie,
azathioprine,
cyclophosphamide,
dapsone, danazol
Carbone et al., 2005 [27] Rituximab Adulte Cas 1 PTI –
Wang et al., 2005 [21] IgIV substitutives, IgIV Enfants Cohorte rétrospective 35 PTI (15) Pour tous : R = Pas de
forte dose, corticothérapie, (14) AHAI (9) nécessité de traitement
anti-D, splénectomie. Adulte (21) Evans (11) ultérieur
El-Shanawany et al., 2007 Rituximab Adulte Cas 1 PTI –
[28]
Kim et al., 2007 [26] Rituximab Enfants Cohorte rétrospective 2 PTI R : Pq > 50 G/L
(8 CAI pédiatriques au
cours de DIP variés)
Sève et al., 2008 [16] IgIV forte dose, Enfants (7) Cohorte rétrospective 18 AHAI RP : Hb entre 9 et
corticothérapie, Adultes 11 g/dL
splénectomie, (11) RC : Hb > 11 g/dL
azathioprine,
cyclophosphamide,
ciclosporine
Gobert et al., 2011 [20] IgIV substitutives, Enfants (4) Cohorte rétrospective 33 PTI (22) RP : Pq × 2 et > 30 G/L
rituximab Adultes (29) RC : Pq > 100 G/L
AHAI (5) RP : Hb + 2 g/dL
et ≥ 10 g/dL
RC : Hb ≥ 12 g/dL sans
signe biologique
d’hémolyse
Evans (6)
Wong et al., 2013 [23] IgIV substitutive, Enfants Cohorte rétrospective 23 PTI (11) Pour tous :
splénectomie (11) AHAI (5) R = jugement du
Adultes Evans (7) clinicien, pas de
(12) nécessité d’un
traitement ultérieur
(ou au maximum une
corticothérapie faible
dose) et pas de
rechutes itératives
Pituch-Noworolska et al., IgIV substitutives, Enfants Cohorte rétrospective 7 PTI (6) R : absence de rechute
2015 [22] corticothérapie, IgIV forte Evans (1) R : absence de rechute
dose
Carrabba et al., 2016 [31] ARTPO Adulte Cas 1 PTI –
Bucciol et al., 2017 [29] MMF Enfants Cas 2 PTI (1) –
Martinez-Valdez et al., IgIV substitutives, Enfants Cas 3 Evans –
2017 [17] corticothérapie,
splénectomie rituximab,
MMF
Pedini et al., 2017 [19] IgSC facilitées substititives Adultes Cas 4 PTI (3) –
AHAI (1)

AHAI : anémie hémolytique auto-immune ; anti-D : immunoglobulines anti-Rhésus ; ARTPO : agonistes du récepteur de la thrombopoïétine ; CAI : cytopénies auto-immunes ;
DIP : déficit immunitaire primaire ; Evans : syndrome d’Evans ; Hb : taux d’hémoglobine (en g/dL) ; IgSC : immunoglobilines sous-cutanées ; IgIV : immunoglobulines
intraveineuses ; MMF : mycophénolate mofétil ; n : nombre de sujets ; Pq : taux de plaquettes (en G/L) ; PTI : purpura thrombopénique immunologique ; R : réponse (sans
précision, partielle ou complète) ; RC : réponse complète ; RP : réponse partielle ; × 2 : doublement de la valeur initiale.

et al., la fréquence des AHAI apparues après le diagnostic de DICV les immunoglobulines substitutives semblent réduire le risque
chez les patients sous immunoglobulines substitutives (0,15/an) d’infections sévères sous rituximab (20 % contre 31 % sans substi-
apparaissait similaire aux patients non substitués (0,17/an, p = 0,61) tution) [20] et après splénectomie (2/3 des infections surviennent
[16]. Des conclusions similaires furent portées par Michel et al. chez les patients non substitués) [23], suggérant leur intérêt en
dans le PTI [15]. De même, dans la cohorte rétrospective de Pituch- association à ces traitements même en l’absence d’infection préa-
Noworolska et al. rapportant 7 cas pédiatriques, la substitution en lable.
immunoglobulines ne semblait pas limiter les récurrences de PTI
[22].
Une substitution en immunoglobulines est habituellement ins- 3.2.3. Immunoglobulines anti-Rhésus (anti-D)
taurée suite aux infections sévères et/ou répétées. Cependant, En 2002 en Angleterre, Longhurst et al. rapportaient 3 cas de
leur intérêt dans la prévention infectieuse sous traitement immu- PTI réfractaires dans un contexte de DICV traités par anti-D, avec
nosuppresseur dans le DICV est relevé par plusieurs études : une efficacité transitoire, y compris chez un patient splénectomisé
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Tableau 2
Efficacité et sécurité des principaux traitements au cours des cohortes rétrospectives.

PTI

n Réponse (RC ou RP) Echec Rechute

Corticoïdes (seuls) Michel et al. [21] 11 10 (1 RC, 9 RP) 1 6


Wang et al. [19] 5 5 0 1
Total 16 94 % (15/16) 6 % (1/16) 47 % (7/15)
IgIV forte dose (seules) Michel et al. [21] 4 2 (1 RC, 1 RP) 2 1
Total 4 50 % (2/4) 50 % (2/4) 50 % (1/2)
Corticoïdes + IgIV forte Michel et al. [21] 4 2 (1 RC, 1 RP) 2 2
dose Wang et al. [19] 1 1 0 0
Total 5 60 % (3/5) 40 % (2/5) 67 % (2/3)
Anti-D Wang et al. [19] 1 1 0 0
Total 1 100% (1/1) 0% (0/1) 0% (0/1)
Splénectomie Michel et al. [21] 4 2 (2 RC, 0 RP) 2 0
Wang et al. [19] 4 3 1 0
Wong et al. [22] 11 7 4 3
Total 19 63 % (12/19) 37 % (7/19) 25 % (3/12)
Rituximab Gobert et al. [18] 22 19 (18 RC, 1 RP) 3 5
Kim et al. [26] 2 2 0 0
Total 24 88 % (21/24) 12 % (3/24) 24 % (5/21)
Immuno-suppresseurs Michel et al. [21] 5 3 (0 RC, 3 RP) 2 2
(AZA, CIC, CYC, VCR) Total 5 60 % (3/5) 40 % (2/5) 67 % (2/3)
Danazol Michel et al. [21] 2 1 (0 RC, 1 RP) 1 1
Total 2 50 % (1/2) 50 % (1/2) 100 % (1/1)
Dapsone Michel et al. [21] 1 1 (0 RC, 1 RP) 0 0
Total 1 100 % (1/1) 0 % (0/1) 0 % (0/1)

AHAI

n Réponse (RC ou RP) Echec Rechute

Seve et al. [20] 16 13 (13 RC, 0 RP) 3 7


Wang et al. [19] 7 6 1 1
Total 23 83 % (19/23) 17 % (4/23) 42 % (8/19)
Corticoïdes + IgIV forte Seve et al. [20] 2 2 (2 RC, 0 RP) 0 2
dose Total 2 100 % (2/2) 0 % (0/2) 100 % (2/2)
Splénectomie Seve et al. [20] 7 7 (6 RC, 1 RP) 0 4
Wang et al. [19] 2 1 1 0
Wong et al. [22] 5 3 2 2
Total 14 79 % (11/14) 21 % (3/14) 55 % (6/11)
Rituximab Gobert et al. [18] 5 4 (4 RC, 1 RP) 1 2
Total 5 80 % (4/5) 20 % (1/5) 50 % (2/4)
Immuno-suppresseurs Seve et al. [20] 5 5 (5 RC, 0 RP) 0 4
(AZA, CIC, CYC, VCR)
Total 5 100 % (5/5) 0 (0/5) 80 % (4/5)

Syndrome d’Evans

n Réponse (RC ou RP) Echec Rechute

Corticoïdes (seuls) Wang et al. [19] 10 10 0 7


Total 10 100 % (10/10) 0 % (0/10) 70 % (7/10)
Corticoïdes + IgIV forte Wang et al. [19] 1 1 0 1
dose Total 1 100 % (1/1) 0 % (0/1) 100 % (1/1)
Splénectomie Wang et al. [19] 5 4 1 4
Wong et al. [22] 7 7 0 3
Total 12 92 % (11/12) 8 % (1/12) 64 % (7/11)
Rituximab Gobert et al. [18] 7 6 (3 RC, 3 RP) 1 3
Total 7 86 % (6/7) 14 % (1/7) 50 % (3/6)
Danazol Michel et al. [21] 2 2 0 2
Total 2 100 % (2/2) 0 % (0/2) 100 % (2/2)

Complications

n Infections sévères Décès (infections) Autres Si autre, précision

Corticoïdes (seuls) Michel et al. [21] 11 3 1 0


Seve et al. [20] 16 0 0 0
Total 27 11 % (3/27) 4 % (1/27) 0
IgIV forte dose (seules) Michel et al. [21] 4 0 0 1 Céphalées, flush,
fièvre
Total 4 0 % (0/4) 0 % (0/4) 25 % (1/4)
Corticoïdes + IgIV forte Michel et al. [21] 4 0 0 0
dose Seve et al. [20] 2 0 0 0
Total 6 0 % (0/6) 0 % (0/6) 0 % (0/6)
Anti-D Wang et al. [19] 1 0 0 0
Total 1 0 % (0/1) 0 % (0/1) 0 % (0/1)
496 V. Lacombe et al. / La Revue de médecine interne 40 (2019) 491–500

Tableau 2 (Suite)

Complications

n Infections sévères Décès (infections) Autres Si autre, précision

Splénectomie Michel et al. [21] 4 1 0 0


Seve et al. [20] 7 5 0 0
Wong et al. [22] 23 15 4 2 Abcès
sous-diaphragmatique
et thrombose porte
Total 34 62 % (21/34) 12 % (4/34) 9 % (2/23)
Rituximab Gobert et al. [18] 34 8 2 0
Kim et al. [26] 2 0 0 0
Total 36 22 % (8/36) 6 % (2/36) 0 % (0/36)
Immuno-suppresseurs Michel et al. [21] 5 2 1 1 Neuropathie
(AZA, CIC, CYC, VCR) périphérique (VCR)
Seve et al. [20] 5 3 2 1 Aplasie médullaire
(CYC)
Total 10 50 % (5/10) 30 % (3/10) 20 % (2/10)
Danazol Michel et al. [21] 4 0 0 2 Hépatites
Total 4 0 % (0/4) 0 % (0/4) 50 % (2/4)
Dapsone Michel et al. [21] 1 0 0 1 Hémolyse
Total 1 0 % (0/1) 0 % (0/1) 100 % (1/1)

La notion de réponse complète ou partielle n’est détaillée que si l’étude dont sont extraites les données distinguait ces situations. Un même patient peut être comptabilisé-
plusieurs fois s’il a recu différentes lignes de traitements successives. AHAI : anémie hémolytiqueauto-immune ; anti-D : immunoglobulines anti-rhésus ; AZA : azathioprine ;
CIC : ciclosporine ; CYC : cyclophosphamide ; IgIV : immunoglobulines intraveineuses ; n : nombre de sujets ; PTI : purpura thrombopénique immunologique ; RC : réponse
complète ; RP : réponse partielle ; VCR : vincristine.

[24]. Les 3 patients présentaient une hémolyse avec perte de 1,3 à Dans la série de Michel et al., la splénectomie en traitement du
6,2 g/dL d’hémoglobinémie. PTI chez 4/21 patients, conduisait à 2 RC et 2 échecs [15]. Dans la
cohorte de Sève et al., la splénectomie en traitement de l’AHAI chez
3.3. Corticothérapie 7/18 patients, permettait 4 RC sans rechute (57 %), 2 RC avec rechute
(28 %) et 1 RP (14 %) [20].
Concernant le PTI, dans la cohorte de Michel et al., une cor- Deux des 45 patients de la cohorte de Wong et al.
ticothérapie seule était instaurée chez 11/21 patients avec une présentaient des complications postopératoires : un abcès sous-
efficacité de 91 % : 1 RC, 9 RP et un seul échec [15]. Parmi les diaphragmatique et une thrombose porte [23]. Soixante pour cent
10 répondeurs : 4 n’ont pas rechuté, 3 ont présenté des rechutes des patients splénectomisés (hors indication lymphome) avaient
cortico-sensibles et 3 nécessitaient d’autres thérapeutiques. Dans présenté une infection : 8 méningites bactériennes, 1 bactériémie
la cohorte rétrospective de Wang et al. (35 patients avec CAI parmi à pneumocoque, 6 réactivations CMV, 5 infections fongiques pro-
326 cas de DICV), 5/15 PTI étaient traités par corticothérapie seule, fondes, 1 méningo-encéphalite à Enterovirus, 1 arthrite septique,
permettant une rémission prolongée sans traitement ultérieur pour 1 péritonite à Enterococcus, 1 bactériémie à Proteus mirabilis et
80 % d’entre eux [21]. 1 pneumonie à Escherichia coli. Les infections à germes encapsulés
Pour l’AHAI, les corticoïdes étaient utilisés chez 18 patients de la survenaient dans 80 % des cas dans les 3 années suivant la splé-
cohorte de Sève et al., seuls pour 16 cas et en association à des IgIV nectomie, 66 % des patients ne recevant pas d’immunoglobulines
à dose immunomodulatrice pour 2 [16]. Une RC était observée dans substitutives. Dans la cohorte de Sève et al., 5/12 patients splénec-
15/18 cas (83 %) et un échec dans 3/18 cas. Six des 15 répondeurs tomisés ont présenté une infection à germe encapsulé, malgré une
ne rechutaient pas, 4 présentaient une rechute cortico-sensible antibioprophylaxie chez tous ces patients et une substitution en
et 5 nécessitaient un autre traitement pour rechute ou cortico- immunoglobulines pour 4/5 patients.
dépendance.
Dans l’étude de Michel et al., 3/16 (18 %) patients présentaient 3.5. Rituximab (anticorps monoclonal anti-CD20)
des infections sévères sous corticoïdes seuls : bactériémie à Staphy-
lococcus aureus résistant à la méticilline, bactériémie à Salmonella La première utilisation chez un enfant porteur de DICV
sp, et pour le même patient une aspergillose pulmonaire et une était décrite en 2004 pour une AHAI avec corticodépen-
pneumopathie à Pseudomonas aeruginosa [15]. Ce dernier patient, dance > 0,5 mg/kg/j de prednisolone et inefficacité du méthotrexate
insuffisant respiratoire chronique, décédait d’une pneumopathie à et de la splénectomie [25]. Le rituximab (375 mg/m2 /semaine
P. aeruginosa sous 5 mg/j de prednisone. En revanche, Sève et al. durant 4 semaines) permettait un sevrage des corticoïdes. Une
ne décrivaient aucune infection sévère pour les 18 patients sous rechute à 5 mois était contrôlée par 2 perfusions de rituximab.
corticoïdes [16]. Après 16 mois de recul la RC était maintenue sans complication
infectieuse. Kim et al. rapportaient également une efficacité du
3.4. Splénectomie rituximab chez deux enfants atteints de PTI au cours d’un DICV
[26]. De façon similaire, une efficacité a été rapportée chez des cas
En 2012, Wong et al. rapportaient rétrospectivement le deve- adultes atteints de PTI [27,28].
nir de 45 patients splénectomisés dans le cadre du DICV, dont En 2011, Gobert et al. présentaient une série rétrospective de
24 pour traiter une CAI [23]. Dix-huit patients (75 %) étaient répon- patients avec DICV et traités par rituximab pour PTI (n = 22), AHAI
deurs (7/11 pour le PTI, 3/5 pour l’AHAI, 7/7 pour le syndrome (n = 5) ou syndrome d’Evans (n = 7) [20]. Chez les adultes, après un
d’Evans). Parmi eux, 44 % rechutaient avec un recul de 7 ans. délai médian de 4 semaines, une RC était obtenue dans 80 % des
V. Lacombe et al. / La Revue de médecine interne 40 (2019) 491–500 497

cas pour les PTI (16/20) et les AHAI (4/5), mais seulement pour 3.8. Autres traitements (danazol, dapsone, hydroxychloroquine)
1/5 syndromes d’Evans, avec dans ce cas 3/5 RP. Tous les enfants
(2 PTI et 2 syndromes d’Evans) présentaient une RC. Au total, une RC Pour ces traitements, les données dans le cadre du DICV sont
ou RP était obtenue dans 87 % des CAI, maintenue plus de 12 mois anecdotiques et nous ne pouvons qu’évoquer les rares patients issus
dans 58 % des cas. Parmi les rechutes, un nouveau traitement par des différentes cohortes. Dans le PTI, l’utilisation de danazol était
rituximab permettait une rémission dans 6/7 cas. Aucun élément rapportée chez 3 patients, avec 2 RP transitoires [15] et une RP
ne permettait de prédire la réponse. soutenue [32]. Chez l’un d’eux, ce traitement fut interrompu en
Concernant la tolérance dans cette étude, 8/34 patients (24 %) raison d’une hépatite toxique. Dans l’AHAI, 2 patients de la cohorte
présentaient une infection sévère après la perfusion de rituximab, de Michel et al. bénéficiaient de danazol, ne permettant qu’une RP
dont 5 (15 %) dans la première année : pneumonie à pneumocoque transitoire chez le premier et compliqué d’une hépatite toxique
ou sans documentation bactériologique, septicémie à Stenotropho- chez le second [15].
monas maltophilia, aspergillose et méningite sans documentation Une RP était rapportée sous dapsone chez 1 patient, finalement
microbiologique. Les patients sous immunoglobulines substitu- suspendue en raison d’une hémolyse [15].
tives semblaient présenter moins d’infections sévères (20 % contre Aucune donnée n’est disponible sur l’hydroxychloroquine en
31 %, p = 0,68), sans différence significative. Deux patients décé- traitement des CAI au cours du DICV.
daient pendant le suivi : le premier d’une aspergillose pulmonaire
après une polychimiothérapie pour un lymphome, et le second, 4. Discussion
splénectomisé, d’une pneumonie à pneumocoque.
Par leur effet immunosuppresseur, le rapport bénéfices-risques
3.6. Immunosuppresseurs (azathioprine, méthotrexate, des traitements utilisés dans les CAI peut être différent dans le
mycophénolate mofétil, cyclophosphamide, vincristine, DICV. À notre connaissance, aucune étude n’a spécifiquement com-
ciclosporine) paré l’efficacité et la tolérance de ces traitements entre patients
avec et sans DICV, et aucune étude prospective n’a comparé dif-
Les données sur ces immunosuppresseurs dans le contexte du férentes stratégies thérapeutiques dans le contexte de DICV. Ceci
DICV sont limitées. Ces traitements sont utilisés en deuxième, voire explique l’absence de hiérarchisation des traitements de deuxième
troisième intention, souvent en association aux corticoïdes en cas ligne dans les recommandations de l’ASH et de l’Haute Autorité de
de rechute ou cortico-dépendance ou dans des cas multiréfrac- santé (HAS), et l’absence de consensus entre les différentes recom-
taires. mandations. Pour ces raisons, cette revue de la littérature permet
Dans la cohorte de PTI de Michel et al., 5/21 patients béné- de mieux appréhender le rapport bénéfices-risques des traitements
ficiaient d’un immunosuppresseur [15] : 2 par azathioprine et des CAI dans le contexte du DICV et d’établir, au sein de chaque
corticoïdes (1 échec et 1 RP), 1 par cyclophosphamide intravei- ligne de traitement, une certaine hiérarchie basée sur les données
neux puis azathioprine en relais (RP) et 2 par vincristine (1 échec actuellement disponibles.
et 1 RP). Un patient présentait une bactériémie à Enterobacter sp.
sous azathioprine et un autre une neuropathie périphérique sous 4.1. Prévention infectieuse : immunoglobulines substitutives
vincristine.
Dans la cohorte d’AHAI de Sève et al., 5/18 patients bénéficiaient Plusieurs études semblent concordantes sur la réduction
d’un immunosuppresseur [16] : 3 par azathioprine (3 RC, mais tran- du risque infectieux grâce aux immunoglobulines substitutives
sitoires), 1 par cyclophosphamide (RC), et 1 par ciclosporine (RC). lorsqu’un traitement à effet immunosuppresseur est introduit pour
Concernant la tolérance, 3/5 patients (2 sous azathioprine et 1 sous une CAI au cours du DICV. Ainsi leur introduction semble justifiée
ciclosporine) présentaient des infections sévères (encéphalite, fon- même en l’absence d’événement infectieux préalable. Leur effet
gémie à Candida, bactériémie à E. coli et pneumocystose), et le bénéfique sur l’évolution de la CAI reste cependant incertain.
cyclophosphamide étaient responsable d’une toxicité médullaire Une récente étude rétrospective ne trouvait pas de différence
imposant son arrêt. dans le risque de récurrence de PTI au cours du DICV entre les
Bucciol et al. rapportaient 2 cas pédiatriques avec CAI (1 PTI formes intraveineuses et sous-cutanées [33].
et 1 syndrome d’Evans) et DICV compliqué d’une granulomatose
lymphomatoïde pulmonaire traitée par MMF [29], traitement de 4.2. Traitements de première ligne
deuxième ligne dans cette pathologie selon la British Lung Fonda-
tion/United Kingdom Primary Immunodeficiency Network en cas Dans l’AHAI, l’efficacité des corticoïdes semble similaire à celle
d’échec de la corticothérapie ou de contre-indication [30]. Le trai- observée hors DICV alors que l’efficacité des IgIV à forte dose est
tement était efficace à la fois sur la pathologie interstitielle et sur trop faible pour les recommander en première intention, contrai-
les CAI. Aucun événement indésirable infectieux ou néoplasique rement aux recommandations de l’ASH. Leur utilisation n’est pas
n’était rapporté après 6 et 8 ans de recul chez ces 2 patients, par recommandée en France, y compris en cas de DICV [12].
ailleurs substitués en immunoglobulines. Dans le PTI, comme chez l’immunocompétent, seuls les patients
présentant un taux de plaquettes inférieur à 30 G/L ou avec un
3.7. Agonistes du récepteur de la thrombopoïétine (ARTPO) risque hémorragique accru doivent être traités. Les corticoïdes
apparaissent très efficaces dans le PTI au cours du DICV pour per-
Une seule utilisation d’eltrombopag dans ce contexte est rap- mettre une rémission (80 %, toutes prolongées, dans l’étude de
portée dans la littérature [31]. Les auteurs décrivaient le cas d’une Wang, et 91 % dans l’étude de Michel dont 40 % de réponses pro-
adulte ne répondant pas à l’association corticothérapie et IgIV longées) et le plus souvent efficaces en cas de rechute.
à dose immunomodulatrice. La patiente refusant le rituximab, Le risque infectieux sous corticothérapie chez les patients
l’eltrombopag était instauré, permettant un sevrage progressif de atteints de DICV semble acceptable puisque seules 2 infections
la corticothérapie. La patiente n’a présenté aucun effet indésirable, sévères sont décrites parmi les 34 patients sous corticoïdes forte
notamment vasculaire ou hépatique, durant les 20 mois de suivi. dose à la phase aiguë dans les études de Michel et al. (PTI) et Sève
498 V. Lacombe et al. / La Revue de médecine interne 40 (2019) 491–500

et al. (AHAI), soit 6 % d’infections sévères. En raison de cette sécurité satisfaisant, alors qu’en cas d’inefficacité de la splénectomie (58 %
des corticoïdes, du coût et de la faible disponibilité des IgIV dont selon l’étude de Wong), le risque infectieux du nouveau traitement
l’efficacité n’est pas supérieure aux corticoïdes, l’utilisation des sera cumulatif. Même en l’absence d’étude comparant directement
IgIV à dose immunomodulatrice dans le PTI devrait répondre aux ces deux stratégies, le rituximab semble préférable à la splénecto-
mêmes indications que chez l’immunocompétent, à savoir en situa- mie dans le cadre du DICV.
tion à fort risque hémorragique ou éventuellement en association Les autres immunosuppresseurs sont associés à un risque
aux corticoïdes en cas de rechute précoce après une corticothérapie infectieux important. Leurs efficacités semblent inférieures à la
seule. splénectomie et au rituximab dans le PTI et la réponse dans l’AHAI
Même si de nouveau autorisées aux États-Unis, les anti-D dans est quasi-constamment transitoire. Leur utilisation est réservée
le PTI du DICV ne nous semblent pas justifiées en première ligne en 3e intention, dans un contexte de cortico-épargne, de contre-
en raison du risque d’hémolyse, corrélé à la dose. Leur utilisation, indication aux autres thérapeutiques ou lorsqu’il existe une autre
hors AMM, devrait se restreindre aux contre-indications des autres indication à leur introduction.
traitements et sous étroite surveillance de l’hémogramme comme Même si le danazol et la dapsone ne semblent pas moins effi-
le propose l’HAS. caces dans le DICV, les rares données montrent un risque non
négligeable respectivement d’hépatite et d’hémolyse, imposant
4.3. Traitements de deuxième et troisième lignes une surveillance biologique. L’absence de majoration du risque
infectieux ne suffit donc pas à les privilégier.
La splénectomie est efficace dans les CAI du DICV, avec 75 % de Ne majorant pas le risque infectieux, les ARTPO pourraient avoir
répondeurs dans l’étude de Wong et al. Mais au prix d’un risque une place intéressante dans le traitement du PTI au cours du DICV,
infectieux important. Ces auteurs rapportaient 22 % d’infections mais peu de données sont disponibles. Leur utilisation en pédiatrie
sévères dont 4 décès suite à une infection opportuniste sur les est limitée par la suspicion de myélofibrose secondaire iatrogène
40 patients, contre 5 % d’infections sévères habituellement décrits [37]. L’acquisition de données d’efficacité et de tolérance à long
dans les PTI splénectomisés sans DICV [34,35]. L’efficacité de terme permettra de préciser leur place dans l’arsenal thérapeu-
l’antibioprophylaxie est possiblement moins bonne au cours du tique.
DICV (5 infections à germes encapsulés sur 12 patients malgré Enfin, nous mentionnerons simplement la transplantation de
l’antibioprophylaxie dans l’étude de Sève), mais une prolongation cellules souches, exceptionnellement proposée en cas de DICV avec
au-delà des durées recommandés (2 ans chez l’adulte, 5 ans chez complications sévères, qui s’est avérée efficace dans des cas de
l’enfant) est discutable chez ces patients à risque. CAI avec DICV, avec toutefois une mortalité importante liée à la
En 2016, le rituximab a obtenu une recommandation temporaire procédure [38].
d’utilisation (RTU) chez les patients adultes et enfants atteints de
PTI sévère et réfractaire [12], et dans l’AHAI en deuxième ligne, 4.4. Limites
avant la splénectomie [13]. Cependant, du fait de la déplétion
lymphocytaire B, il peut être responsable d’une baisse des gam- Notre revue ne repose que sur des cohortes rétrospectives ou
maglobulines, entraînant certaines réticences chez des patients des cas rapportés dont le niveau de preuve est faible. Nous n’avons
présentant un déficit immunitaire humoral. Dans l’étude de Gobert, pu utiliser les données de cohortes prospectives de patients présen-
le rituximab est particulièrement efficace (87 % de RC ou RP toutes tant un DICV, car les traitements n’y étaient pas détaillés. Plusieurs
CAI confondues, 58 % de réponse soutenue plus de 12 mois), autant cohortes rétrospectives citées reposent sur des appels à obser-
pour le PTI que l’AHAI. Le taux de nouvelle réponse en cas de vations avec un risque de biais déclaratif. Nous n’excluons pas
rechutes semble intéressant (86 %). Le rituximab entraîne cepen- que quelques patients aient pu être rapportés plusieurs fois parmi
dant un risque infectieux plus important dans le DICV que chez les 157 cas décrits dans cette revue, notamment dans les séries
l’immunocompétent avec 23 % d’infections sévères dans la série de françaises.
Gobert (DICV) contre 3 % dans une cohorte prospective axée sur L’hypogammaglobulinémie, comme définie dans le DICV, n’en
l’efficacité et la tolérance du rituximab dans le PTI sans DICV [36]. Il est pas spécifique et nous ne pouvons exclure qu’existent au sein
existe également un risque de non-reconstitution lymphocytaire B de notre revue des patients avec des déficits monogéniques, LRBA
à long terme, possiblement plus important chez les patients ayant ou CTLA-4 par exemple, dont la sanction thérapeutique est spéci-
un DICV. Son rapport bénéfices-risques reste cependant favorable, fique [39]. Les cas des mutations CTLA-4 et LRBA constituaient, à
surtout en association aux immunoglobulines substitutives pour notre sens, un cadre très particulier et bénéficient d’une littérature
limiter le risque infectieux, permettant de le proposer en cas de CAI dédiée, raison pour laquelle ces notions ne sont pas abordées.
chronique ou de rechute après échec d’un traitement de première Enfin, nous rappelons l’importance dans l’interprétation de
intention. l’efficacité des traitements de première ligne que l’évolution du PTI
Aucune étude n’a comparé le rituximab et la splénectomie en peut être spontanément favorable, même si cela concerne plus les
2e intention en traitement des CAI dans le DICV. Wong et al. rap- formes primaires que secondaires, dans lesquelles le PTI est plus
portaient 75 % d’efficacité de la splénectomie dans les CAI contre souvent chronique [40].
87 % pour le rituximab dans l’étude de Gobert et al., alors que les
critères d’efficacité étaient plus stricts dans cette dernière. Concer- 5. Conclusion
nant la tolérance, la splénectomie est responsable de 10 % de décès
par infections opportunistes dans l’étude de Wong contre 6 % sous Le niveau de preuve des études portant sur les traitements
rituximab dans l’étude de Gobert. De plus la splénectomie a le de l’AHAI et/ou du PTI dans le DICV est faible. Aucune étude ne
désavantage d’être irréversible, associée à un sur-risque infectieux comparant directement les bénéfices et risques des traitements,
persistant et à des complications peropératoires (risque hémor- il n’apparaît pas légitime d’établir un algorithme précis, mais
ragique chez les patients thrombopéniques), postopératoires et plusieurs éléments sont à souligner. En première intention, les cor-
thrombotiques. Par ailleurs, en cas de rechute après rituximab, ticoïdes gardent toute leur place dans le PTI aigu et l’AHAI des
le traitement peut être renouvelé avec un taux de réponse DICV au vu des données d’efficacité et de tolérance. Les IgIV à dose
V. Lacombe et al. / La Revue de médecine interne 40 (2019) 491–500 499

immunomodulatrice constituent une alternative en première ligne [7] Azizi G, Abolhassani H, Asgardoon MH, Alinia T, Yazdani R, Mohammadi J, et al.
dans le PTI, à réserver aux cas de corticorésistance ou de risque Autoimmunity in common variable immunodeficiency: epidemiology, patho-
physiology and management. Expert Rev Clin Immunol 2017;13:101–15.
hémorragique, mais ne sont pas suffisamment efficaces dans [8] Neunert C, Lim W, Crowther M, Cohen A, Solberg Jr L, Crowther MA, et al. The
l’AHAI. En seconde ligne, le rituximab semble plus efficace et mieux american society of hematology 2011 evidence-based practice guideline for
toléré sur le plan infectieux que la splénectomie, acte irréver- immune thrombocytopenia. Blood 2011;117:4190–207.
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intention, sous réserve de l’absence d’étude comparant ces deux http://dx.doi.org/10.3389/fimmu.2012.00189 [eCollection 2012].
stratégies thérapeutiques. Les immunosuppresseurs, peu efficaces [10] Neunert CE, Cooper N. Evidence-based management of immune thrombocy-
topenia: ASH guideline update. Hematology Am Soc Hematol Educ Program
et majorant fortement le risque infectieux, ne devraient être réser-
2018;2018:568–75.
vés qu’aux situations de corticodépendance, en cas d’échec du [11] Lambert MP, Gernsheimer TB. Clinical updates in adult immune thrombocyto-
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Les anti-D présentent un rapport bénéfices-risques défavorable et
thrombopénique immunologique de l’enfant et de l’adulte; 2017.
doivent être discutées en 4e intention dans le PTI. La place des [13] Michel M, Aladjidi N. Protocole national de diagnostic et de soin, anémie hémo-
ARTPO reste à définir, mais constitue une piste intéressante, ne lytique auto-immune de l’adulte et de l’enfant; 2017.
majorant pas le risque infectieux. Enfin, en prévention du risque [14] Levy R, Mahévas M, Galicier L, Boutboul D, Moroch J, Loustau V, et al. Pro-
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infectieux en cas de traitement prolongé d’une CAI, il semble rituximab treatment for immune thrombocytopenia. Report of 3 cases and
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