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(Platon, 2015). (p.34)
Il suppose deux êtres pourvus de quatre membres, ronds comme des sphères et
partagent le même corps, ce qui annule la dualité et renforce l’unité, sources de
force et de supériorité. Pour les punir de leur insolence et les affaiblir, Zeus a
divisé ces êtres en deux parties.
Enfin Jupiter, ayant trouvé, non sans peine, un expédient, prit la parole : « Je crois,
dit-il, tenir le moyen de conserver les hommes tout en mettant un terme à leur licence :
c’est de les rendre plus faibles. Je vais immédiatement les couper en deux l’un après
l’autre ; nous obtiendrons ainsi le double résultat de les affaiblir et de tirer d’eux
davantage, puisqu’ils seront plus nombreux. Ils marcheront droit sur deux jambes.
S’ils continuent à se montrer insolents et ne veulent pas se tenir en repos, je les
couperai encore une fois en deux, et les réduirai à marcher sur une jambe à cloche-pied.
« Ayant ainsi parlé, il coupa les hommes en deux, comme on coupe des alizés pour les
sécher ou comme on coupe un œuf avec un cheveu ».2
A l’aide d’Apollon, ces êtres sont raffinés et ajustés mais, ils apportaient
toujours des plis dans le ventre et au nombril comme trace de ce châtiment .Dès
lors, le sentiment de l’incomplétude et la recherche de l’autre partie perdue sont
devenues une recherche haletante pour ces êtres.
Or quand le corps eut été ainsi divisé, chacun, regrettant sa moitié, allait à elle ; et,
s’embrassant et s’enlaçant les uns les autres avec le désir de se fondre ensemble, les
hommes mouraient de faim de d’inaction, parce qu’ils ne voulaient rien faire les uns sans
les autres ; et quand une moitié était morte et que l’autre survivait, celle-ci en cherchait
une autre et s’enlaçait à elle, soit que ce fût une moitié de femme entière, (ce qu’on
appelle une femme aujourd’hui), soit que ce fût une moitié d’homme, et la race
s’éteignait.3
Alors Zeus, touché de pitié, imagine un autre expédient : Il plaça donc les
organes sur le devant et par là fit que les hommes engendrèrent les uns dans les
autres, c’est-à-dire le mâle dans la femelle. Cette disposition était à deux fins : si
l’étreinte avait lieu entre un homme et une femme, ils enfanteraient pour
perpétuer la race et, si elle avait lieu entre un mâle et un mâle, la satiété les
séparerait pour un temps, ils se mettraient au travail et pourvoiraient à tous
les besoins de l’existence. Et c’est par là que va naitre l’amour entre les
hommes. Cette recherche de l’autre moitié a pris donc trois dimensions : Tous
les hommes qui sont une moitié de ce composé des deux sexes que l’on
appelait alors androgyne aiment les femmes, et c’est de là que viennent la
plupart des hommes adultères ; de même toutes les femmes qui aiment les
hommes et pratiquent l’adultère appartiennent aussi à cette espèce. Mais toutes
celles qui sont une moitié de femme ne prêtent aucune attention aux
hommes, elles préfèrent s’adresser aux femmes et c’est de cette espèce que
viennent les tribades. Ceux qui sont une moitié de mâle s’attachent aux mâles.
Cette autre moitié n’est peut être pas un double parfait, mais elle réfère aux
limites corporelles, à la question de la complétude, la culpabilité relative à la
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(Platon, 2015). (p.38)
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(Platon, 2015). (p.40)
transgression et au châtiment qui lui était infligé et au retour nostalgique à
l’amour et l’attachement affective auxquels réfère la figure du double.
b) Les divinités jumelles
Il est évident que la philosophie est née du passage du mythos au logos, cela
veut dire que dès lors la pensée mythique fut remplacée par la pensée
rationnelle. L’esprit humain se placerait dans une conception abstraite, tout
comme le passage de l’enfance à l’âge adulte. Etudier le double et le
dédoublement d’un angle philosophique c’est s’interroger sur l’identité, la
personnalité et repenser le sujet. Cette dualité qu’on peut déduire du double
trouve ses origines philosophiques dans la doctrine du dualisme est fondatrice
dans l’ancienne philosophie, elle remonte à Socrate et revient aux débats
philosophiques modernes. Elle signifie tout simplement le fait évident de
connaitre par opposition ; le bien ainsi se définit par opposition au mal, le
bonheur au malheur ou d’autres exemples de couples opposés. L’existence de
l’un des couples opposés n’est admissible que par l’existence de son contraire.
Les objets et les concepts n’existent qu’à travers les relations qu’ils
maintiennent avec les autres sinon ils seront vides de sens. Cette doctrine qui
admet deux principes ou réalités irréductibles et indépendants ne signifie pas
qu’ils sont mis cote à cote. Le lien qui les unit est indestructible. Leur originalité
qu’ils sont à la fois complémentaires, indissociables mais aussi en conflit
permanent. Les couples d’opposés ne peuvent se passer l’un de l’autre tout en
cherchant à se détruire réciproquement, sans jamais parvenir à le faire vraiment.
Si l’un d’entre eux pouvait être isolé, il serait sans vie ne tirant sa substance que
de la possibilité de tisser des liens avec ce qui, paradoxalement veut sa mort. . Il
n’y a pas de divorce possible entre eux. Ce n’est pas non plus le ménage à trois.
Ils s’auto-suffisent sans qu’il soit nécessaire de faire intervenir une troisième
entité qui les réunirait. En réalité, on ne distingue généralement que l’un ou c’est
l’autre, celui qui se présente devant nous, ou celui qui est absent et continue
d’être son opposé.
Pour nous qui n’avons que le pouvoir de distinguer, c’est l’un OU c’est l’autre. En fait
c’est aussi l’un ET l’autre, à la fois, simultanément. Là, nous sommes bloqués par notre
raisonnement discursif. Pour ne pouvoir enregistrer les évènements que successivement,
on ne peut admettre qu’un objet soit à la fois noir et blanc. La doctrine chinoise du Tao4
avait cependant bien compris que le Yin et le Yang pouvaient être séparés mais aussi
confondus. Le global existe au même titre que l’individuel.5
Le dualisme est souvent considéré comme une faiblesse dans un système
philosophique, parce qu’il semble prouver l’incapacité de penser la relation
entre les deux termes opposés. Mais cette difficulté peut être aussi comprise
comme l’humble aveu de la finitude des limites de la connaissance humaine.
Ainsi le problème du dualisme de l’âme et du corps chez Descartes a été l’objet
de nombreuses critiques sans pour autant trouver de solution satisfaisante
comme en témoigne les débats qui se déroulent encore au cours du siècle
précédent. Il est bien conçu qu’en philosophie de l'esprit, le dualisme est l'idée
que l'esprit et la matière (ou le corps) sont deux réalités complètement
différentes : l'esprit n'est pas une réalité matérielle, ou n'est pas une propriété
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PHILOS. Dans la Chine ancienne, principe transcendant et immanent d'où procède toute vie, qui est à l'origine
de plusieurs religions, entre autres du taoïsme et du confucianisme. Il s'agit de vivre « naturellement » à un
double point de vue: il faut adapter sa vie aux saisons, mais aussi suivre le tao, c'est-à-dire le droit chemin, en
accord avec la loi divine de la nature. https://www.cnrtl.fr/definition/TAO
5
(PÉTREMENT, s. d.)
simplement physique de la matière, ou ne peut être décrit comme une réalité
matérielle. La question qui se pose alors cette réalité qui n’est pas simplement
physique ou matérielle est-elle l’origine de l’unité d’un sujet ou l’origine de sa
duplication ?
d) Identité, personnalité et sujet dans la philosophie
L’identité
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Chebili, S. (2008). La personnalité : Un abord philosophique. L’information psychiatrique, 84(3),
213-218. Cairn.info.
appellent le « je », autrement dit le soi-sujet, ou encore le soi minimal ( minimal self) ou le
soi ontologique (onthological self).7
Il est évident donc que l’identité personnelle se constitue à travers deux
mécanismes ; un postulat de comportements de l’individu dans un
environnement donné et une stabilité de ces comportements dans le temps. Le
cas échéant il est question de parler des altérations et des troubles dans la
personnalité. Mais avant d’entamer ce point, il serait nécessaire d’exposer
quelques réflexions sur la personnalité.
La personnalité
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PHILOSOPHIE ET ESTHÉTIQUE DU DÉDOUBLEMENT. (Samedi 7 mars de 18 h à 22 h). Maison
populaire.
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Lamy, julien. (2021). L’expérience de la pensée et le dédoublement de soi. 88/89, 19-23.
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Lamy, julien. (2021). L’expérience de la pensée et le dédoublement de soi. 88/89, 19-23.
Cette réflexion pousse à aller plus loin, parler à soi même n’admet pas
seulement la fusion de « deux en un », mais plutôt d’une bipolarisation du sujet.
Admettons que le dialogue avec soi annule la solitude, donc le fait de penser est
une manière de multiplication de soi. Cela explique que dans la même unité du
soi, le sujet peut devenir autre, un double.
A ce propos du double, la pesée de Nietzche s’articule autour cette question.
« Ce Même qui est l’Autre, cet Autre qui est le Même ».15Pour élucider cette
pensée, il a utilisé son propre double Zarathoustra16 à travers duquel il explique
cette hallucination du soi qui se multiplie. A l’instar de Nietzche, Gaston
Bachelard a élaboré sa réflexion sur « l’être double » en deux principaux
ouvrages17. Bachelard renoue avec l’idée de la pensée comme dialogue avec soi,
mais son originalité c’est qu’il s’agit d’un dialogue entre « un homme et une
femme parlent dans la solitude de notre être »18 ou « plus on descend dans les
profondeurs de l’être parlant, plus simplement l’altérité essentielle de tout être se
désigne comme l’altérité du masculin et du féminin »19. Selon la réflexion
bachelardienne un dialogue entre masculin et féminin s’établit dans le
psychisme de chaque sujet que se soit homme ou femme, cela l’expliquait par la
nature double de l’homme. Une idée qui remonte à l’explication mythologique
de la nature humaine. Il pense alors que chaque être humain est altéré par cette
double présence de féminin et de masculin en lui, surtout au moment de solitude
ou de rêverie. Il précise aussi que « Tout psychisme se caractérise par une
dialectique interne, une division intime, à partir d’un dédoublement de soi en
être réel et en être idéalisant – que nous révèle le langage sans censure que
constitue la parole poétique. » 20 Bachelard relie la réflexion consciente au
langage poétique, pour souligner « une transformation de soi » par laquelle le
sujet pensant accède à un monde idéalisé. En d’autres termes, le langage
poétique de la rêverie fait accéder le rêveur à un autre monde alors, il se double
alors, un qui est ce monde de réel et l’autre qui a accédé au monde de
l’imaginaire, de la rêverie.
15
Monique Broc-, L. (s. d.). Nietzsche et la pensée du Double. Université Pierre Mendès France Grenoble
16
Ainsi parlait Zarathoustra, Frédéric Nietzche,(1883-1885).
17
Bachelard G., chapitre II : « Rêveries sur la rêverie. Animus – Anima », in La poétique de la rêverie, PUF,
Paris, 1960, 5e édition « Quadrige ».
Bachelard G., Le rationalisme appliqué, PUF, Paris, 1949, 3e édition « Quadrige », 1998
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Bachelard G., La poétique de la rêverie. Cité dans Lamy, julien. (2021). L’expérience de la pensée et le
dédoublement de soi. 88/89, 19-23.
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Bachelard G., La poétique de la rêverie Cité dans Lamy, julien. (2021). L’expérience de la pensée et le
dédoublement de soi. 88/89, 19-23.
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Lamy, julien. (2021). L’expérience de la pensée et le dédoublement de soi. 88/89, 19-23.