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Revue française de Gestion industrielle

N° 3 - 1988

LE SYST ÈME SMED


LES CHANGEMENTS RAPIDES D'OUTILS
par Philippe DUCOM et Isabelle MONEYRON
École des Mines de Paris

-
L ’ article proposé ci apr è s est un travail de deux élè ves - ingé nieurs de
l ’ Ecole des Mines de Paris, mené dans le cadre de l ’ enseignement " Systèmes de
production" de deuxi ème année profess é par Hugues MOLET, Vice- Pr é sident de
....
l ’ A F G I Cet article s ' appuie essentiellement sur l ' ouvrage de S SHINGO .
" Système SMED, une r é volution en gestion de production" , il le ré sume et donne
des applications significatives de la mé thode .
1 - POURQUOI LE SMED ?

Dans tous les domaines , le march é é volue vers une demande de plus en plus
.
diversifi ée Quel que soit le produit, le consommateur souhaite se voir proposer
un choix entre plusieurs modè les , la quantit é de chaque modè le diminuant ainsi
.
iné vitablement Cette nouvelle donnée doit venir s ' inscrire dans un système
industriel , cr éé à l ' origine pour de tr è s grandes s é ries , qu ' il faut donc
modifier pour le rendre capable de r é pondre sans gaspillage aux variations du
marché .
C ' est dans cet esprit que fut pr éconisé e la mé thode de gestion en flux
tendus ( juste à temps , Kanban ...
) , qui pr é conise d ' ajuster en permanence la
production à la demande , quitte à ne faire que de petits lots Ces principes , . .
parfaitement appliqué s , conduiraient é videmment à une situation de " z é ro stock " -
Malheureusement , les changements d ' outils et r é glages n écessaires au d ébut
de chaque nouveau lot sont g én éralement longs ( plusieurs heures ) et compliqué s
.
( né cessitant des ouvriers hautement qualifi é s ) En effet , ces changements ayant,
jusqu ' à pr é sent , eu lieu avec une faible fr é quence du fait de la grande taille
des lots, ne se posaient pas en probl ème et n ' ont donc jamais é t é é tudi é s en vue
.
d ' amé liorations é ventuelles Progressivement , leur lourdeur a fini par para î tre
normale , puis iné vitable .
Revue franç aise de Gestion industrielle 0242- 9780 /88 /03 17 12 /$ 3.20/ © Gauthier - Villars
!
ü
li!

18 Revue franç aise de Gestion industrielle

C ' est pourquoi les industriels ont pré f ér é traditionnellement une production
-
par lots importants , puisqu ' avec ceux ci , on observe une diminution de l ' effet
relatif des temps de ré glage par rapport aux temps de production effective, comme
le montre le tableau suivant :

Temps de
1 ' opération
Temps de Taille principale Temps d ' opération
de r é glage du lot par pi è ce

8 h lOOp 1 mn 5,8 mn

8 h 1 OOOp 1 mn 1,48 mn

8 h 10 OOOp 1 mn 1,048 mn

Une telle production augmente les stocks , et on calcule donc la taille du


“ lotéconomique " , permettant de minimiser la somme des coû ts de changement de
production et de stockage ( voir figure 1) .
L ' " idée r é volutionnaire de SHINGO ” * a é t é de s ' attaquer aux temps de
i; changement d ' outils , habituellement considéré s comme une fatalit é, afin de les
réduire à des temps à un chiffre ( en minutes ) :
S
!! î ....
S M E D = Single -Minute Exchange of Die

* D è s lors, on comprend que le concept de lot é conomique n ' a plus de raison


d ' ê tre : avec de faibles co û ts de ré glage, les coOts de stockage deviennent
pr é pondérants , et le " lot économique " est celui qui r épond à une demande du
moment, et n ' a .
donc pas à ê tre stock é, ( voir figure 2 )

Le syst ème SMED ne s ' applique pas aux commandes uniques, mais aux commandes
r é pé titives, en s é parant des lots qui , jusque-là rassembl és en un seul ,
j entraî naient un gaspillage en faisant produire trop ou trop tSt .
il
i
2 - THEORIE DE DEVELOPPEMENT DU SMED

Le SMED, bas é avant tout sur le bon sens , consiste à chercher POURQUOI les
choses sont faites afin de changer le COMMENT elles sont faites Il comporte .
!! quatre grandes é tapes :

i. - éé tape
-
tape 0 : observer ce qui se passe
1 : s éparer les r églages internes et externes
! - é tape 2 : transformer des r é glages internes en r é glages externes
- étape 3 : rationaliser les r églages et fixations.
2.1 - ETAPE 0 : OBSERVER CE QUI SE PASSE

Un changement d ' outil comporte plusieurs types d ' opérations , que l ' on peut
s éparer en quatre phases :
'

Note de la r é daction : Taylor pr é conisait dé jà de travailler sur la réduction


des temps de changement d ' outils en 1900 !
Le système SM ED 19

TAILLE DE LA SERIE ECONOMIQUE

Coûts

Coû t des stocks

Lot é conomique Taille des lots

Figure I

Coû ts

n P

Effets du
reglage

\ Coût des stocks

Lot économique Taille des lots

Figure 2
M

20 Revue française de Gestion industrielle

.
2.1 1 - Phase de pr éparation

Elle comprend le rassemblement de toutes les pi è ces et outillages utiles sur


les lieux du r é glage ainsi que leur v érification .
. - Phase
2.1 2 effective de changement

Elle comprend le démontage apr è s la fin du dernier lot et le montage pour le


lot suivant des pi è ces et outillages .
.
2.1 3 Phase de r é glage

Elle comprend toutes les mesures et calibrages auxquels on doit proc éder :

- centrage, r é glage des cotes , mesure de température, de pression etc ...

.
2.1 4 - Phase d ' ajustements

Dans cette phase, des ajustements sont faits par approximations successives
.
apr è s l ' usinage de pi è ces d ' essai Plus la pr écision des mesures et r églages
.
faits pendant la phase pr é c é dente est grande , plus faciles sont les ajustements

! Les parts de temps respectives de ces diff érentes phases sont , dans un
; r é glage classique :
!!: !
1i ; - phase
phase 1 : 30 %
!; : - 2 : 5 %
- phase 3 : 15 %
- phase 4 : 50 %

L ' é tape pr é liminaire du SMED a pour but de dé terminer avec pr écision le


il:
,,
temps pris par chacune des opé rations du r é glage que Ton veut amé liorer Pour .
cela, il faut ê tre pr é sent dans l ' atelier lors d ' un changement d ' outil afin de
l ' observer et de le chronomé trer .
Une mé thode tr è s efficace consiste à filmer en vidé o l ' opération compl è te,
puis de projeter le film aux opérateurs dè s que le r églage est terminé Cela leur.
permet de constater qu ' une amé lioration est utile, d ' exprimer leur point de vue,
et les amè ne souvent à trouver des idées astucieuses .
2.2 - ETAPE 1 : SEPARER LES REGLAGES INTERNES ET EXTERNES

-.
Les Aigtagu intzAnu sont ceux qui ne peuvent ê tre faits que lorsque la
machine est arr ê t é e

il .
Les ti& gZage i zxteAnu sont ceux qui peuvent ê tre faits lorsque la machine
est en marche, tels que : apporter le nouvel outil de son lieu de stockage, y
rapporter l ' ancien outil , chercher le matériel nécessaire pour fixer l ' outil ,
etc...
Ces concepts , à la base du SMED, sont né s en 1950 à l ' usine Mazda à
.
Hiroshima De grosses presses de moulage y cr é aient un goulot d ' é tranglement .
Lors d ' un changement de moule, et pendant l ' arr ê t de la machine, SHINGO observa
que les ouvriers couraient de tous cSt é s à la recherche d ' un boulon manquant pour
.
fixer le nouveau moule Il a donc é tabli comme proc é dure externe, à effectuer
avant l ' arrê t de la machine , la v érification que tous les boulons sont pr ê ts pour
.
le réglage à ’ venir Le simple fait de trier et ranger les boulons utiles a
.
augment é la productivité de 50 % et fait dispara î tre le goulot d ' é tranglement

I
Le système S MED 21

La premi ère étape du SMED consiste donc tout d abord à identifier


r é glage est interne ou externe, puis à effectuer les' si un
r é glages
l ' arrê t de la machine Autrement dit, il s ' agit simplement deexternes
. avant
changement d ' outil . préparer son

Une bonne mé thode pour s ' assurer que les r é glages externes sont r
faits pendant que la machine est en marche consiste à utiliser une checké ellement
toutes les pi è ces et phases né cessaires au changement d outil A list de
. ,
-
' cet
l ' utilisation d ' une table de vérification peut s avérer tr è s utile C effet
'
table sur laquelle sont dessiné s toutes les pi è ces et outillages né ' .
est une
.
réglage Les pi è ces correspondantes sont pos ées avant le début du récessaires au
glage sur le
.
dessin qui les repr é sente C ' est un contrBle visuel extr êmement efficace
convient aussi de s ' assurer du bon état de marche de tout ce matériel , avant Il .
1 ' arr ê t de la machine .
Cette premi ère é tape ne modifie donc en rien le mé canisme de changement de
l ' outil , et ne fait qu ' en ordonnancer les taches diff é remment .
Ce n ' est qu ' à
partir de l ' é tape suivante que l ' on voit de r éelles transformations appara î tre .
2.3 - ETAPE 2 : TRANSFORMER DES REGLAGES INTERNES EN REGLAGES EXTERNES

C ' est en 1957, sur le chantier naval Mitsubishi à Hiroshima, que SHINGO a
pour la premi è re fois appliqué cette idé e , sans toutefois
. en r é
l ' importance Etudiant la productivité d ' une rectifieuse, il avait remarqualiser
le centrage des pi è ces à usiner é tait fait sur la table de la rectifieuse é que
.
ellermëme Il eut donc l ' idée d ' installer une seconde table de rectifieuse
d ' y faire s é parément les opé rations de r é glage, pendant le fonctionne afin
ment de la
machine .
Il ne formalisa le concept de transformation des r é glages internes en
ré glages externes qu ' en 1969, lors d ' une visite à l usine Toyota , où il
' proposa
le même type d ' installation sur une grosse presse .
Par dé finition, un r églage interne ne peut ê tre effectué que lorsque la
.
machine est arr ê t ée Né anmoins , si Ton ne considère que la partie v éritablemen
fonctionnelle de la machine ( par exemple les v é rins dans une presse ) , alorst
nombre de r é glages qui é taient internes par rapport à la machine toute enti è re
deviennent externes par rapport à son " coeur
” .
La deuxi ème é tape du SMED consiste à transformer ces r é glages là en ré glages
.
externes par rapport à la machine enti ère Pour appliquer cette é tape, il faut -
donc repé rer tout d ' abord la partie fonctionnelle de la machine , puis ses organes
.
concerné s par le changement En effet , on peut parfois les dé doubler, permettant
ainsi au r é glage de se faire à cBt é de la machine , alors que celle-ci est en
marche .
2.4 - ETAPE 3 : RATIONALISER REGLAGES ET FIXATIONS

Cette é tape concerne principalement les réglages internes qui n ont pas pu
ê tre transformé s en r é glages externes , puisque ce sont eux qui dé '
terminent le
temps d ' arr ê t de la machine
rationalisation :
. De nombreuses techniques concourent à leur

. -
2.4 1 Synchronisation des t âches

Les opé rations sur les grosses machines né cessitent de travailler à la fois
- .
à l ' avant et à l ' arrière de celle ci Dans ce cas , faire ex écuter le changement
en parall è le par deux ouvriers supprime les dé placements inutiles , et acc élè re le
rr .*

22 Revue française de Gestion industrielle

.
travail L à o ù un ouvrier seul met 30 mn, deux ouvriers mettront moins de la
.
moiti é du temps, soit environ 10 mn
Avec le syst ème SMED, le changement doit ê tre rapide et simple l ' assistance,
peut donc être faite par n ' importe quel ouvrier non qualifi é , qui ne devra pour
.
cela quitter son poste que quelques minutes Il est donc aisé de sejfaire aider
par quelqu ' un profitant d ' un moment de calme ou par l ' opérateur d ' une machine
.
automatique On peut aussi envisager d ' affecter à temps complet une personne à
l ' aide aux changements d ' outils .
Dans tous les cas , il est essentiel de veiller à la sécurité des opé rateurs ,
et il faut donc mettre au point des mé canismes de synchronisation emp êchant la ;

mise en marche de la machine si l ' ouvrier à l ' arri ère n ' a pas ( par exemple )
baissé une manette .
. - Elimination des ajustements
2.4 2
Dans une opé ration classique de changement d ' outils , la phase d ' ajustements
.
prend de 50 à 70 % du temps de r é glage interne C ' est é norme ! En effet, il
s ' agit d ' amener l ' outil dans sa position de travail , par approximations
successives ( essai , correction , essai , ) ... .
D ' une fa ç on gé nérale, sur les moyens mé caniques , les positionnements sont en
.
nombres illimité s et les déplacements se font en continu Or, dans la pratique,
.
quelques positions seulement sont utilis é es Il suffit donc de les rep érer et de
mettre au point des syst èmes permettant de les retrouver directement Pour cela , .
on peut utiliser cales , gabarits, micro - rupteurs , etc ...
En particulier , il peut ê tre int éressant de conserver la derni ère pi è ce d ' un
lot pour s ' en servir comme gabarit au début du prochain lot identique Ainsi , on .
ne fait l' ajustement qu ' une fois pour toutes : à la premi ère pi è ce du premier
ï lot.
!: . - Utilisation des serrages fonctionnels
2.4 3
Un serrage fonctionnel est un système de fixation maintenant des objets en
.
place avec un minimum d ' effort Par minimum d ' effort , il faut comprendre :

- ne maintenir l ' objet que dans les - directions suivant lesquelles il sera
sollicit é lors de l ' opération de production,

- dans chaque direction , ne pas fixer l ' objet plus qu ' il n ' est né cessaire .
Les mé thodes classiques de fixation, vis , é crou, boulons, ne sont pas du
tout des serrages fonctionnels .
Si le boulon a 15 filets, il ne peut ê tre serr é que si l ' écrou a fait 15
:|

''
.
tours En réalit é, ce n ' est que le dernier tour qui serre le boulon, et le
.
premier qui le desserre Les 14 autres tours ne servent à rien De plus , les .
ü. ! 1!
frottements dOs aux 15 filets viennent s ' opposer à l ' effort de serrage .
i:
Les écrous posent un autre probl ème : celui de leur mise en place à
l ' extr émit é de la tige filet é e , qui ne se fait correctement que si les deux
.
pi è ces sont parfaitement dans l ' axe Cette phase fait g énéralement perdre
beaucoup de temps , et de plus elle contribue notablement à la dé t é rioration des
.
filetages Il faudrait donc pouvoir retirer la pi è ce sans retirer l ' écrou, ce qui
semble paradoxal , le r 61 e de l ' é crou é tant bel et bien de maintenir la pi èce en
!: place !

3
Le système SM ED 23

Or , les opérations d ' un serrage classique sont :

- débloquer et enlever l ' é crou,


- enlever la rondelle ,
- enlever la pi èce,
- placer la rondelle
- remettre l ' é crou et le rebloquer .
On constate que la fixation est assurée, non par l ' écrou, mais par la
.
rondelle La solution consisterait donc à pouvoir la retirer , sans retirer
l ' é crou, ce qui est possible avec une rondelle en U .
Cet aspect de la mé thode est celui qui s ' apparente le plus à un catalogue de
" petits trucs pratiques " , permettant de gagner quelques secondes sur chaque
.
manoeuvre , et ainsi de passer sous la barre des 10 mn Mais i l est essentiel de
bien comprendre que le gain apport é par la mise en place de ces techniques n est
'
appréciable que si les étapes préc é dentes du SMED ont dé jà été r éalisé es : à quoi
bon gagner 3 minutes si le changement dure 8 heures ?

3 - APPLICATIONS

C ' est essentiellement dans l ' industrie automobile , sur des machines de type
" presse " ou " usinage " , que le SMED a ét é mis au point. C ' est pourquoi la mé thode
est encore peu dé veloppé e dans les autres secteurs technologiques ( chimie ,
production .
..
textile, etc. ) , les industriels objectant qu ' elle n ' est pas adapt é e à leur

Les quelques exemples qui suivent ont pour but de montrer que le SMED est,
non pas une liste de solutions universelles toutes faites , mais une v éritable
mé thode d ' analyse et de r é solution des probl èmes de changement d outils ,
applicable à tout type de production On verra que chacune des é tapes ' de SMED
.
peut se traduire par des modifications paraissant tr è s diff é rentes selon les
machines , avec pourtant toujours le même concept à la base .

3.1 - ILLUSTRATION DE LA PREMIERE PHASE

Cet exemple se rapporte à l ' é tape 0 : l ' observation du r é glage avant


.
amé lioration L ' ensemble des opérations observ é es pendant cette é tape, ainsi que
leurs temps respectifs, peuvent ê tre r épertori é s dans un tableau où l ' on peut
aussi faire appara î tre les premi è res idé es de modification .
S I:

24 Revue française de Gestion industrielle

EXEMPLE DE TABLEAU RECAPITULATIF

Etapes de la procédure Temps Observations



( par ordre ) né cessaire
( sec )

desserrer 2 vis 36 é liminer les vis, utiliser


1 des mé thodes instantané es ,
simplifier
2 extraire le porte-outil 15

placer le nouveau 15 ( idem 2 )


3
-
porte outi 1
32 ( idem 1)
4 serrer 2 vis

5 mise en marche 20

6 enlever une pi è ce , mesurer 18 passer en ré glage externe

7 desserrer C 28

ajuster avec la poigné e B 32 mé thode par contact


8
: i; 18
9 serrer C

10 mise en marche 20

enlever la pi èce , mesurer 17 passer en r églage externe


11
: ré pé ter 5 - 11 665 utiliser des gabarits
12 intermé diaires

iil
13 mesurer la profondeur 24
avec D
mise en marche 20
Ü 14
15 enlever la piè ce, mesurer 12
i 1
16 marche en continu

! TOTAL 973 = 16 min . 13 sec .


.
ü
de faire un diagramme
Une fois ce tableau dress é, il peut ê tre inté ressant
1
de Pareto des temps en fonction des opérations
, qui
. Sur un
permet
tel
de
diagramme , on place
bien voir à laquelle
ce
Ü
les opérations par dur é es dé croissan tes
( ou auxquelles ) il sera le plus profitabl e de s ’ attaquer en premier lieu .
:

i!
1:' ! i
ï
iUÜ
Le système SMED 25

EXEMPLE DE DIAGRAMME DE PARETO

Temps

s
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50 -<sÜ
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3.2 - ILLUSTRATION DE LA SECONDE PHASE

Cet exemple se rapporte à la s é paration des r é glages internes et externes .


Sur le diagramme de Pareto pr é c é dent, qui concernait une cha î ne d ' usinage de
carters , on remarque que le transport de gabarit ( ici , gabarit est le nom de
l ' outil à changer ) é tait l ' op ération qui prenait le plus de temps En effet, son
dé roulement é tait le suivant :
.
- sortir le gabarit de la machine ,
- 1 ' attacher à un palan,
- le transporter jusqu ' à son lieu de stockage ,
- apporter le nouveau gabarit ,
- le placer
dé tacher du palan,
- le dans la machine.
Le transport se faisait en ré glage interne, ce qui obligeait la machine à
Stre arr êtée tr è s longtemps , d ' autant plus qu ' il n ' y avait qu ' un seul palan pour
.
tout l ' atelier , et qu ' il fallait donc l ' attendre De plus , ce syst ème é tait
dangereux , car les gabarits passaient au - dessus d ' autres machines pendant le
transport .
La solution choisie pour ré soudre ce probl ème de s é curit é fut l ' installation
de convoyeurs à rouleaux :

De plus, les opérations de transport des deux gabarits ( l ' ancien et le


nouveau ) furent transformées en r é glages externes : le nouveau gabarit est
maintenant apport é avant l ' arr ê t de la machine , l ' ancien ramené apr è s que la
machine ait redémarr é .
Enfin, les mouvements d ’ arriv é e et de mise en place des gabarits ont é t é
encha î né s , de mani ère à simplifier la proc édure d ' échange .
jiS .
26 Revue française de Gestion industrielle

3.3 - ILLUSTRATION DE LA TROISIEME PHASE

Ces exemples se rapportent à la transformation de r é glages internes en


r é glages externes .
i . - Applications aux presses à mouler
3.3 1

Les presses à mouler ne fonctionnent correctement que lorsque les moules


sont à une certaine température. Le changement de moules se fait habituellement
!'

comme suit :

- les moules froids sont fix é s sur la machine,

- ils sont port é s graduellement à la bonne température par des injections


successives , les pi èces produites ainsi ( appel ées pi èces " d ' essai " ) é tant
dé fectueuses .
En proc é dant de cette mani ère, le chauffage du moule est un r é glage interne,
.
qui de plus consomme de la mati ère en pure perte Il est assez facile d ' en faire
un ré glage externe, simplement en pr échauffant les moules avant de les mettre en
.
place Plusieurs techniques ont é t é mises au point dans diff é rents ateliers :

- poser les moules sur une é tuve,


-- faire circuler de l ' eau chaude dans leur circuit de refroidissement.
les pr é chauffer électriquement ,

Outré le gain de temps qu ' il occasionne, le pr é chauffage permet d ' obtenir


!; des pi èces bonnes dè s le début. La modification est donc doublement inté ressante.

. - Application au moulage sous vide


3.3 2

Le moulage de plastique sous vide né cessite, normalement, 4 é tapes :

-- pomper
faire joindre la partie mobile d ' un moule à sa partie fixe,
l air pour faire le vide dans le moule,
'
- injecter la r é sine,
- ouvrir le moule et retirer le produit fini .
Le moulage n ' est de bonne qualit é que si un vide presque parfait est é tabli
.
dans le moule Beaucoup de temps est donc consacr é à la deuxi ème phase de
l ' opé ration , non pas seulement lors du changement de moule , mais pour chacune des
pi èces à mouler .
i:
Sur ce genre d ' exemple, on a beaucoup de mal à voir, à priori, comment
pourrait s ' appliquer la méthode de SHINGO .
ü Cependant, en analysant le probl ème , on constate que seule la pompe à vide
.
travaille pendant la phase qui nous int éresse Pendant ce temps , le moule, qui
peut ê tre considé r é comme le " corps " de la machine , ne fait que subir le pompage .
On souhaite donc transformer celui -ci en une opération externe, c ' est à dire --
faire le vide pendant l ' injection de la r é sine ! Cela para î t absurde , et
pourtant, une solution a é t é trouv ée : elle consiste à installer une cuve à vide
! .
d ' environ 1000 fois le volume du moule Lorsque le moule et la cuve seront
connecté s , la pression dans le moule sera diminuée d ' environ 1000 fois en 1
! .
seconde L ' opération interne de la pompe à vide sera donc réduite à l ' extraction
de l ' air restant , apr ès quoi elle refera le vide dans la cuve , en r é glage externe
!;
;!
cette fois .
!(
il :
. il .
il !! s
.
Le syst ème SM ED 27

3.4 - ILLUSTRATION DE LA DERNIERE PHASE

Ces exemples se rapportent à la rationalisation des r é glages et fixations .


. -
3.4 1 Elimination des ajustements
On a dé j à vu comment repé rer des positions à l aide de micro rupteurs Dans

d ' autres situations , ce sont d ' autres syst èmes permettant - .
le r é glage désir é que Ton utilisera, mais la philosophie' reste toujours la
d obtenir directement
même : cr é er une discontinuit é dans l ' ensemble de tous les positionnements
possibles, en ne sé lectionnant que ceux dont on a besoin .
Dans ce but , de nombreuses possibilit és sont offertes :

- syst èmes de cales de toutes sortes ,

- matérialisation et visualisation d ' axes de réglages jusqu ' alors virtuels,


- mais
standardisation d ' une partie du syst ème afin de ne pas changer l ' outil ,
ne changer que la fonction, ( SHINGO appelle cette mé thode le syst ème
du PPCM, plus petit commun multiple ) .
.
3.4 2 - Serrages fonctionnels

Le grand classique du SMED est le " serrage en un seul tour .


" Il existe dé jà
beaucoup de solutions à ce probl ème, de nombreux opé rateurs y ayant exerc é leur
.
imagination de par le monde Nous ne citerons ici que deux exemples .
Une variante de la rondelle en U, tout à fait dans le même esprit, est la
technique des trous " en boutonni è re " , particuli è rement adapt é e aux pi èces
circulaires né cessitant plusieurs points d ' ancrage le long de leur circonf érence .

Attacher
et enlever ici

Plus originale est la mé thode des filets entaill é s, gr âce à laquelle on peut
retirer compl è tement l ' écrou d ' un long filetage, sans pour autrant devoir lui
faire effectuer plus d ' 1/ 3 de tour .
! !

28 Revue française de Gestion industrielle

4 - CONCLUSIONS

4.1 - DES GAINS DE TEMPS SPECTACULAIRES

Sur des exemples chiffr é s datant de 1975, on constate une r é duction moyenne
!
.
à l/ 20 ème des temps d ' origine Le syst ème s ' é tant amélior é au cours de ces
derni ères années , on obtient aujourd ' hui des temps de Tordre de l/ 40ëme des
temps d ' origine .

4.2 - MEILLEURE GESTION DE LA PRODUCTION

E Ü: On constate par ailleurs que l ' application de la mé thode entra î ne de


! ii nombreux effets dans son sillage :
: ÜM
! ;i:l
• I.
- l ' augmentation de la flexibilit é de la production :
Ü'i •

La r éduction des temps de r églage facilite les changements de produits ,


permettant ainsi de ré pondre rapidement aux changements de la demande On .
li augmente ainsi considérablement la flexibilit é de la production .
- -
le z éro stock :
! !| On peut donc avoir une production r éellement diversifi ée par petits lots ,
permettant d ' alimenter les commandes " au jour le jour ", donc d ' atteindre
-
le " z éro stock " .
- l ' amélioration de la qualit é

Les conditions opératoires é tant r é gl é es d ' avance, on élimine de


nombreuses erreurs dfles au r é glage, et la qualit é s ' en trouve amélior é e .
- l ' augmentation de la s é curité

Les r é glages se trouvant simplifi é s , ils permettent un accroissement des


Ü conditions de sécurité .
Le SMED s ' inscrit donc parfaitement dans la ligné e des mé thodes de
i .
.
production modernes Il participe à l ' é laboration d ' un contexte permettant à ces
mé thodes de s ' appliquer dans de bonnes conditions .
!

4.3 - EFFET DYNAMISANT


! j;
Ü .
u:
i
L ' effet le plus inattendu du SMED est son impact psychologique En effet, en .
balayant les vieilles croyances concernant l ' aspect inévitable et irr éductible
des temps de ré glage, il démontre que " rien n ' est impossible " .
.
:
Dans les entreprises ayant appliqué la mé thode, on a constat é un changement
.
dans les attitudes Les r é unions sont devenues plus constructives et plus
rapides , chacun ayant une d é termination à trouver des moyens de faire avancer les
fii .
choses A ce titre, l ' exemple de la soci é t é Kyoei Kogyo est frappant , puisque le
nombre de propositions d ' amé liorations par Tes groupes d ' atelier y a é t é
multipli é par quatre depuis l ' inauguration de la mé thode .

'i
!

lii: j

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