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Journal

d’une enfant pendant la Grande Guerre – www.styloplumeblog.fr

Le journal d’une enfant pendant la


Grande Guerre : Rose
De Thierry Aprile

Année 1914


1er juillet :

J’ai neuf ans aujourd’hui et j’ai décidé de commencer à écrire mon journal. Ma maitresse du CP m’a expliqué
que la meilleure façon de se préparer à la dictée et à la rédaction du certificat d’études était d’écrire un peu
tous les jours. Je vais essayer.

2 juillet :

Il faut d’abord que je me présente même si je sais que je serai sans doute la seule à lire ce journal. Je
m’appelle Rose. J’ai un frère ainé, Jean, et un petit frère, René. Nous habitons à Lens dans une rue où les
maisons sont toutes pareilles. Notre maison, comme les autres, appartient à la compagnie des mines de
Lens, où papa travaille comme employé aux écritures. Maman est née dans une ferme de Meurchin à une
dizaine de kilomètres de Lens. Nous y allons quelquefois pour voir nos grands-mères. La maman de papa
habite avec nous. Avec le certificat d’étude, je pourrai peut-être travailler dans un bureau comme papa.
Maman me dit que quand je serai grande, je me marierai et qu’il faudra que je m’occupe de la maison et des
enfants, comme elle. Mais j’ai bien vu qu’il y avait des femmes qui travaillaient avec papa. Tante Jeanne, la
sœur de maman travaille elle aussi. Alors pourquoi pas moi ?

1er aout :

Papa est rentré soucieux de son travail. Au lieu de venir nous embrasser, il s’est assis en silence. Quand toute
la famille a été réunie, il a dit d’un air grave, que cette fois, rien ne pourrait arrêter la guerre. Tout le monde
s’est mis à parler en même temps, papa, maman, Jean, Mamie. J’ai entendu des noms que je note ici :
Sarajevo, Jean Jaurès, Kaiser. Je vais essayer de savoir ce qu’ils veulent dire.

2 aout :

A 3 heures et demi, les cloches se sont mises à sonner à toute volée. Maman a dit : « C’est le tocsin, il se
passe quelque chose de grave. » Je suis allée avec elle à la mairie et nous avons vu affiché l’ordre de
mobilisation générale. Quand nous sommes rentrées, papa était déjà là. Il tenait une feuille de route que le
postier venait d’apporter. Il doit se rendre dimanche à Béthune pour rejoindre son régiment.


3 aout :

Dans le journal, j’ai lu : « La mobilisation n’est pas la guerre. » Maman a dit à papa que peut être, il n’y aurait
pas la guerre, mais il s’est retourné en haussant les épaules. J’ai osé lui demander pourquoi il fallait faire la
guerre. Il m’a répondu en me regardant droit dans les yeux que personne ne pouvait vraiment l’expliquer,
mais qu’il fallait faire son devoir.
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4 aout :

L’Allemagne nous a déclaré la guerre hier ! L’après-midi, papa a mis ses habits du dimanche, il a pris la valise
que maman a préparée, et nous l’avons accompagné à la gare. Sur le chemin, nous avons croisé de
nombreuses familles comme nous, et certains papas étaient déjà en uniforme. Il y avait une foule immense
sur le quai, du bruit, puis, quand le train est parti, plus rien qu’un grand silence.

C’est notre première soirée sans papa, je n’arrive pas bien à savoir pourquoi il y a la guerre. Jean est le seul
qui ne semble pas triste, il m’explique que nous sommes avec les Russes et les Anglais contre les Autrichiens
et surtout les Allemands. Maman a rajouté que chaque armée avait des armes tellement puissantes que la
guerre ne devrait pas durer longtemps. Cela m’a un peu rassurée.

5 aout :

Papa m’a bien recommandé de bien lire le journal tous les jours pour trouver les réponses à mes questions.
L’Angleterre a déclaré la guerre à l’Allemagne. D’après Jean, c’est une bonne chose car les troupes anglaises
sont accompagnées de fakir des Indes. Ceux-ci peuvent traverser des barbelés sans se blesser, et même
manger des balles allemandes. Tout ça me parait bien étrange. Le problème avec Jean c’est qu’on ne sait
jamais s’il dit la vérité.

6 aout :

Les Allemands ont envahi la Belgique ! Ils n’avaient pas le droit ! Ils avaient promis de ne pas le faire. Mamie
s’est mise à pleurer : « ils vont revenir ces maudits boches. » En 1870, quand les allemands se sont installés
dans notre région, ils ont agi comme de vrais sauvages. » [...]

9 aout :

Le journal raconte qu’en Belgique, les allemands bombardent des écoles, distribuent des bonbons
empoisonnés et coupent les mains des enfants.

Les gendarmes sont venus confisquer les pigeons qu’élevait notre voisin. Ils ont expliqué que les pigeons
sont des espions très efficaces et qu’ils peuvent transmettre des messages sur des centaines de kilomètres.
[...] Maman est revenue de la mairie avec de bonnes nouvelles : le gouvernement va donner des allocations
aux femmes devenues « chefs de famille » parce que leurs maris sont à la guerre. Maman dit qu’on devrait
pouvoir tenir jusqu’au retour de papa. Sinon, il faudra bien qu’elle trouve du travail.

12 aout :

Pauvre maman : elle doit s’occuper de tout ! Je l’aide autant que je peux. Mais Jean, pour la faire enrager,
se plaint toute la journée d’être trop jeune pour s’engager et aller « défendre la civilisation contre les
barbares » comme il dit. Mamie qui d’ordinaire ne cesse de donner des ordres à tout le monde, prie toute
la journée le chapelet à la main. Tante Jeanne est venue nous voir, elle a demandé à Jean d’arrêter ses
discours et d’aider la famille au lieu de faire le fanfaron. Elle a bien raison !!

18 aout :

Maman nous défend de sortir, mais pendant qu’elle était partie faire les courses, je suis allée faire un tour.
Je suis passée devant mon école : elle est transformée en infirmerie. Dans la cour attendaient des hommes
blessés, les uns assis sur de la paille, d’autres sur des brancards. J’ai cru voir papa, mais ce n’était pas lui.
Voilà presque deux semaines qu’il est parti et que nous ne savons toujours rien. [...]
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12 septembre :

Ce matin vers 7 heures, un bruit horrible nous a réveillés. A la place de la maison d’en face, il n’y a plus qu’un
mur, le reste s’est écroulé.

4 octobre :

Jean m’a réveillée la nuit dernière et nous avons vu par la fenêtre glisser comme des ombres des cavaliers
armés de lances. Ils avançaient sans bruit dans les rues désertes. Plus tard dans la matinée, des soldats
allemands sont venus. Ils cognaient à toutes les portes. Si personne ne répondait, ils entraient dans les
maisons et les magasins et ressortaient les bras chargés de toutes sortes de choses.

14 octobre :
J’écris de Paris ! Après l’arrivée des boches, maman et tante Jeanne ont décidé que nous devions partir.
Maman a rassemblé des vêtements et tout ce qui avait de la valeur : les couverts en argent et les bijoux.
Nous avons rejoint la colonne de réfugiés belges, une famille a bien voulu prendre mamie et René dans sa
charrette. Nous avons dormi dans des maisons abandonnées et sommes arrivés épuisés chez grande-tante
Louise.

17 octobre :

Je me suis promenée avec Jean dans Paris : on croise une foule de gens ! Les rues sont encombrées de plein
de véhicules et la Seine est si large que l’on voit à peine les gens de l’autre rive.

27 octobre :

Nous voici installés dans
une nouvelle maison, dans le département du Gers
bien loin de Lens et de Paris.
Cette fois, nous avons pu prendre le train, rempli
de réfugiés comme nous.
Nous ne pouvions pas rester à
Paris, il n’y avait pas
assez de place chez Louise alors elle nous a recommandés auprès d’une amie qui
pouvait nous accueillir. Pendant que maman allait nous enregistrer à la mairie, la vieille dame qui nous reçoit,
Mme Lambadère, nous a aidés à nous installer dans sa magnifique maison. Elle a réservé tout un étage rien
que pour nous : nous avons chacun une chambre !

28 octobre :

Le facteur nous a amené les premières nouvelles de papa. Je sens bien qu’il essaie de nous rassurer.

30 octobre :

J’ai dormi jusqu’à midi. Mme de Laubadère m’a donné des petits ciseaux pour cueillir les dernières grappes
de raisin. René, pendant ce temps-là, a passé des heures à regarder la file des petits canards qui marchent
derrière leur mère.

1er novembre :
Premier jour d’école ! La classe ressemble à celle de Lens. La maitresse m’a présentée en disant que j’étais
une réfugiée, évacuée du Nord de la France. Ma voisine, Victorine, a l’air gentille. Elle est aussi brune que je
suis blonde. A la récréation, j’ai rencontré ses amies du village. J’ai vraiment du mal à comprendre ce qu’elles
disent avec leur accent. Seule Victorine fait l’effort de parler plus lentement.

12 novembre :

J’ai les résultats de ma première composition. La maitresse nous a demandé de conjuguer le verbe "souscrire
" à tous les temps et à tous les modes. Pas une faute ! Papa serait fier de moi. Une collecte de linge et
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d’argent pour les blessés est organisée par l’institutrice. Nous sommes chargés, Victorine et moi, d’aller de
maison en maison pour ramasser les dons.

7 décembre :

Victorine est venue me chercher ce matin pour aller « rabasser ». Nous sommes parties dans la forêt avec
sa truie qui fouille le sol du groin pour déterrer les truffes. Avant la guerre, on pouvait vendre les truffes 30F
le kilo, mais maintenant, les riches, ils ne peuvent plus payer si cher, c’est à peine si on en retire 40 sous.

25 décembre :
C’est notre premier Noel loin de chez nous et de papa. A la messe, le curé nous a demandé de prier pour nos
soldats. J’ai pleuré en silence mais je crois que personne ne m’a vue.







































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Questionnaire – Partie 1914




1. Comment s’appelle la petite fille qui écrit ce journal intime ?

q Renée q Jeanne q Rose q Jean Jaurès


2. Quel âge a-t-elle ? Fais une phrase.

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3. Comment s’appelle ses frères ?

q Jean et René q Jean et Paul q Paul et René

4. Où habite-t-elle ?

q A Meurchin q A Lens q A Paris

5. Que fait sa maman dans la vie ? Quel est son travail ?

q Employée aux écritures q Mère au foyer q Secrétaire


6. Quels sont les noms qu’elle a entendu lors d’une conversation ? Fais une phrase.

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7. Où doit se rendre son papa dimanche et pourquoi ? Fais une phrase.

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8. A quelle date l’Allemagne a-t-elle déclarée la guerre à la France ?

q Le 2 aout 1914 q Le 3 aout 1914 q Le 4 aout 1914


9. Qui sont les alliés des Français ?

q Les Autrichiens et les Allemands q Les Russes et les Anglais

10. Que font les Allemands dans les écoles Belges ?

q Ils bombardent les écoles, distribuent des bonbons empoisonnés et coupent les mains des enfants.

q Ils enseignent les mathématiques, le français et le sport.

q Ils ne font rien de spécial.

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11. Pourquoi a-t-on confisqué les pigeons du voisin ? Fais une phrase.

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12. Quelle est la bonne nouvelle que la maman apprend le 9 aout 1914 ? Fais une phrase.

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13. En quoi est transformée l’école de Rose ?

q En hôpital q En infirmerie q En cabinet médical


14. Que faisaient les Allemands si personne ne répondait lorsqu’ils cognaient aux portes ?

q Ils n’entraient pas. q Ils entraient et ressortaient les bras chargés.


15. Où est la petite fille le 14 octobre 1914 ?

q A Chartres q A Paris q A Lens

16. Dans quel département ont-ils déménagés après être allés à Paris ?

q En Alsace q En Seine et Marne q Dans le Gers


17. Quand reçoivent-ils les premières nouvelles de papa ?

q Le 28 octobre 1912 q Le 28 octobre 1913 q Le 28 octobre 1914


18. Comment s’appelle la camarade de Rose à l’école ? Fais une phrase.

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19. Combien se vendait le kilo de truffes avant la guerre ?

q 30€ q 30F q 15F q 15€


20. Est-ce que Rose a pleuré à la messe ? Pourquoi ? Fais une phrase.

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Le journal d’une enfant pendant la


Grande Guerre : Rose
De Thierry Aprile

Année 1915
14 février :

Enfin des nouvelles de papa !

« Chers tous,

Nous n’avons pas bougé depuis des semaines. Vous n’avez pas idée du vacarme que font les obus. Nous,
on bombarde les boches avec de gros canons cachés dans le village voisin. A trois kilomètres du village,
c’est la ligne de front. Nos tranchées sont à peines à deux cent mètres de celles des boches. De là, c’est
bien facile de leur tirer dessus. Malheur à celui qui se relève au mauvais moment !

Je vous embrasse bien fort.

Votre papa »

3 mars :

Je me suis habituée à ma nouvelle école. Après l’école, je fais toutes les commissions pour la maison : je
passe à l’épicerie et je vais tirer de l’eau au puits. Quand le soleil est couché, je vais chercher de l’herbe pour
les lapins, puis je retourne chercher de l’eau fraîche pour le souper.
Victorine m’a appris le gavage du
canard. [...]Cela fait grossir son foie avec lequel on fera un très bon pâté.

9 mai :

Le journal raconte que les boches ont coulé un paquebot américain, le Lusitania. Avec Victorine nous avons
essayé d’écrire une prière pour tous ces pauvres gens noyés dans l’océan.

1er juillet :

C’est mon anniversaire, j’ai dix ans !!

9 septembre :

Je n’ai pas eu le temps d’écrire pendant tout ce temps ! Durant deux semaines, avec tous les habitant du
village, nous avons moissonné le blé dans les champs. On nous a donné des faucilles, mais il faut rester
accroupi pendant des heures. Heureusement, des ouvriers espagnols sont venus nous aider.

17 septembre :

Aujourd’hui, le photographe s’est arrêté sur la place du village. Maman nous y a emmenés, vêtus de nos
habits du dimanche. Jean a pris une pose de soldat. Nous enverrons ces photos à papa pour qu’il voie comme
nous avons grandi. On dit que les soldats vont avoir des permissions mais on ne sait pas encore quand papa
reviendra.
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22 septembre :

Mme de Laubadère est très gentille. C’est vrai que notre compagnie la distrait et lui permet de ne pas trop
penser à ses deux grands fils partis à la guerre et dont elle n’a pas de nouvelles. Elle nous aide beaucoup,
mais maman dit qu’on ne peut pas vivre aux crochets des autres. Nos économies ont fondu : maman a
vendu les bijoux et les couverts.
Qu’elle est courageuse, maman! Tous les après– midi, elle s’en va soigner
les blessés convalescents dans l’infirmerie du château. Tante Jeanne fait preuve aussi d’une grande énergie.
Elle a trouvé du travail à Toulouse : elle fabrique de la poudre qu’elle met dans des obus.

25 septembre :

Le conseil municipal a voté les crédits nécessaires à l’achat de vêtements chauds pour l’hiver de nos soldats.
Pour nous occuper, nous récupérons tous les morceaux de toile que l’on peut ramasser pour en faire de la
charpie qui servir à faire des pansements. Jean n’est pas content. Car il trouve que ce n’est pas un travail de
garçon.

26 septembre :

A la mairie, on affiche la liste des
« Morts au champ d’honneur », où
« Des portés disparus ». Elle ne cesse
de s’allonger. René me demande où sont partis tous ces soldats. Je ne sais pas quoi lui répondre.

29 septembre :

Nous avons fait un gros colis à envoyer à papa : des boites de pâté, des confiseries, du tabac, de caleçons
longs, une chemise ne flanelle pour avoir chaud. Maman a rajouté des figues séchées. Elles sont sûre qu’il
n’en a jamais mangé et que cela lui fera plaisir.

30 septembre :

Cela fait presque une année que nous sommes arrivés ici : je dois faire des efforts pour me souvenir de notre
vie à Lens, tellement elle me semble loin. Je porte maintenant des sabots qu’un voisin m’a fabriqué pour ne
pas user mes souliers. Au début, cela grattait un peu, mais je me suis habituée. Quand il fait froid, on met de
la paille dedans. Victorine m’a expliqué que la guerre avait aussi changé bien des choses dans le village. Il n’y
a plus beaucoup d’hommes, presque que des femmes, des vieux et des enfants. Beaucoup de chevaux ont
été réquisitionnés pour l’armée, il n’en reste plus que quelques-uns pour tirer les charrues quand vient le
temps des labours. Les chasseurs sont partis, et la forêt est pleine d’écureuils et de lièvres. Jean y passe son
temps depuis qu’il a appris à poser des collets pour les attraper. Maman a peur qu’il ne se trouve nez à nez
avec un sanglier

1er octobre 1915

C’est ma deuxième rentrée des classes, l’institutrice, Mlle Clément, est nouvelle. Son fiancé est mort, et
depuis, elle s’habille tout en noir. Pourtant dans le village, on dit que c’est « une veuve blanche » car elle n’a
pas eu le temps de se marier. Elle nous fait un peu peur. Dès le premier jour, elle nous a demandé
d’apprendre tous les couplets, et pas seulement le refrain, de la Marseillaise, notre hymne national.

3 octobre 15

Aujourd’hui, c’est jour de marché, tout le monde va encore se disputer. Quelquefois, les marchands
mouillent le lait, c’est-à-dire qu’ils le coupent avec de l’eau, et la farine est toute grise, remplie de son.

Quand même, nous avons bien de la chance : nous n’avons ni trop froid, ni trop faim. Mon cousin Charles,
qui est resté à Lens, est plus à plaindre. Il parait qu’ils sont obligés de manger des boites de viandes que leur
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donne la Croix-Rouge, et qu’ils font de la farine avec toutes les graines qu’ils peuvent ramasser, moulues
dans le café. Et ils n’ont plus de charbon pour se chauffer.

7 octobre 15

Le journal dit que cet été, les députés ont voté une loi pour permettre à des soldats de revenir travailler près
de leurs familles. Maman m’a expliqué » que l’on avait besoin des gens qui savaient fabriquer des armes.
Papa n’est pas concerné, car, lui, il travaillait dans un bureau.

14 octobre 15

Quelle horreur ! La maitresse nous a appris qu’une infirmière anglaise, Miss Cavell, qui s’occupait des blessés,
avait été fusillée par les boches à Bruxelles !

15 novembre 15

Jean est content : il a reçu un nouvel épisode de son héros Marcel Dunot, le roi des boxeurs, l’homme dont
les balles ne voulaient pas, le
« Tombeur de boches ». Il a trouvé dans le village des amis de son âge, et il
traîne souvent avec eux au lieu d’aider à la maison.

24 novembre 15

Mlle Clément nous a demandé d’apprendre un poème de Victor Hugo, Gloire à notre France éternelle. Il me
fait pleurer mais je le trouve très beau. Le voici :

« Gloire à notre France éternelle ! Gloire à ceux qui sont morts pour elle ! Aux martyrs ! aux vaillants ! aux
forts ! À ceux qu'enflamme leur exemple, Qui veulent place dans le temple,
Et qui mourront comme ils sont
morts ! »

Je suis toujours triste quand je pense à papa. Pourtant dans sa dernière lettre, il nous a raconté qu’il avait
des bons copains qui lui donnent du courage quand il faut se battre et l’aident à lutter contre le cafard
pendant les longs moments d’attente.

15 décembre 15

Mlle Clément a raison, il faut être digne de nos soldats qui défendent la patrie. Aujourd’hui, la phrase de
morale était « le travail c’est du patriotisme, la paresse, c’est de la lâcheté » et hier : « faires ses devoirs,
c’est faire son devoir ».














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Questionnaire – Partie 1915


1. A quelle date, Rose reçoit-elle une lettre de son père ?

q Le 14 mars 1915 q Le 14 février 1915 q Le 16 mars 1915

2. Que fait Rose après l’école ? Fais une phrase.

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3. Quel âge a Rose le 30 juillet 1915 ?

q 8 ans q 9 ans q 10 ans

4. Quel travail fait Tante Jeanne ?

q Elle fabrique du pain. q Elle fabrique des canons. q Elle fabrique de la poudre à obus.

5. Que trouve-t-on dans le colis pour papa le 29 septembre 1915 ?

q De la tisane, du café, des chaussettes, des raviolis, des orangettes.
q Des boites de pâté, des confiseries, du tabac, des caleçons longs, une chemise, des figues séchées.
q Des boites de thon, des bonbons, des cigarettes, des t-shirts, des oranges.

6. Que porte Rose pour ne pas user ses souliers ? Fais une phrase.

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7. Que met-elle dedans pour ne pas avoir froid ?

q Du coton q de la paille q du foin

8. Que veut dire l’expression « Mouiller le lait » ?

q Remplir la farine avec du son q couper le lait avec de l’eau q ne plus vendre de lait

9. Le 1er octobre, Rose parle de sa nouvelle institutrice, comment s’appelle-t-elle ?
q Mademoiselle Virginie q Mademoiselle Clément q Mademoiselle Claire

10. Quelles sont les deux phrases de morale dont parle Rose ?

q Le travail c’est du patriotisme, la paresse, c’est de la lâcheté.
q Lire le journal permet d’avoir des nouvelles.
q Faire son jardin, permet de se nourrir gratuitement.
q Faire ses devoirs, c’est faire son devoir.



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Le journal d’une enfant pendant la


Grande Guerre : Rose
De Thierry Aprile

Année 1916

3 janvier 1916

La mairie a décidé d’une nouvelle réquisition de chevaux. J’accompagne Victorine qui amène se vielle jument
chez le maréchal-Ferrant sur la place. Heureusement, comme sa jument boite parce qu’elle est trop vieille
on l’a refusée. Elle restera avec nous.

3 février 1916

Cher journal, je te délaisse beaucoup, mais tu sais, j’ai tant à faire à la maison. Le soir, quand René est couché
et que tout le monde dort, je lis les livres que me prête la maitresse, les contes d’Alphonse Daudet et de
Maupassant, les romans d’Alexandre Dumas et de Victor Hugo, mon préféré.

20 février 2016

Cette fois, c’est le chien qui gardait la ferme de Victorine qui a été réquisitionné. J’ai lu dans le journal que
l’on se servait beaucoup des chiens : pour les brancards, monter la garde, ou transmettre des messages. J’ai
accompagné mon amie jusqu’à la mairie avec son animal. Puis on a vu toutes ces pauvres bêtes tenues en
laisse. Certaines hurlaient. Je n’arrive pas à consoler Victorine. Son chien avait le même âge qu’elle.
Maintenant, elle va avoir peur la nuit, toute seule avec sa mère dans la grande ferme.

Dans le colis que nous avons envoyé à papa, j’ai mis une écharpe que j’ai réussi à tricoter toute seule, et une
lettre où je lui ai raconté l’école, la maitresse et l’histoire du chien de Victorine.

10 mars 1916

Papa nous a répondu. Il m’a expliqué que les chiens étaient de bons compagnons pour les soldats. Le sien
l’aide pour chasser les rats dans les tranchées. Pauvre papa ! La vie n’est pas facile pour lui. Il a écrit une
phrase qui montre bien qu’il est malheureux : « Qui peut être satisfait d’être sale, pas rasé, pouilleux, avec
des habits déchirés que nous devons garder parfois deux semaines ». J’espère qu’il aura bientôt une
permission.

15 mars 1916

Le journal dit qu’une grande bataille est engagée autour de Verdun. Il parle de lieux comme si on pouvait les
connaitre : le mort-homme, le bois des corbeaux, la côte 304, Douaumont....Peut-être papa est-il dans cette
bataille, mais il n’a pas le droit de nous le dire.

12 avril 1916

Mlle Clément nous a fait recopier l’appel du 10 avril du général Pétain :
« Le 9 avril est une journée glorieuse
pour nos armes. Les assauts furieux des soldats du Kronprinz ont été partout brisés. Fantassins, artilleurs,
sapeurs, aviateurs...ont rivalisé d’héroïsme. Honneur à tous ! Les allemands attaqueront sans doute encore.
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Que chacun travaille et veille pour obtenir le même succès qu’hier. Courage... on les aura !»

C’est dommage que Mlle Clément parte bientôt pour une autre école. Elle sait nous donner de l’espoir.

12 juillet 1916

Pour mon anniversaire, papa m’a envoyé une lettre :

« Ma Rose,

Je sais que tu aides bien ta maman et que tu réussis à l’école. Ne t’inquiète pas pour moi. Avec les copains
on s’est construit une petite cabane en récupérant du matériel dans les maisons détruites du village voisin.
Elle a une porte, des fenêtres et une cheminée. On a aussi une table et des chaises. Puisque tu aimes bien
les mots en voici de nouveaux. Dans nos tranchées nous avons construit des abris que l’on appelle des «
gourbis » qui est un mot arabe. Pour manger il y a du singe (des boites de viande), du rata (du riz au bœuf).
On boit du pinard (du vin) ou de la gnôle (alcool). Et puis bien sûr, il y a les totos, des poux par dizaines...

Je t’embrasse bien fort, ma Rose, passe un bon anniversaire avec ta maman et tes frères.

Ton papa »

14 juillet 1916

Maman a bien voulu nous emmenés au château, Victorine et moi. Maintenant, il est complètement
transformé en hôpital. Il y a une série de baraques de chaque côté des allées. Des bonnes sœurs en cornettes
vont et viennent sans arrêt. Maman nous a présentées à la marquise. Victorine et moi, nous avons pensé la
même chose. Dans les livres, les marquises ont des robes à panier, mais cette marquise-là était habillée
d’une simple robe noire. Elle est « marraine de guerre », c’est-à-dire qu’elle écrit à des soldats pour les
réconforter.


23 juillet 1916

Un cinéma ambulant s’est arrêté sur la place du village. Nous avons vu les Actualités : des aviateurs, des
villages en ruine, et une cérémonie de remise de décoration à un régiment.

26 juillet 1916

Nous avons rencontré des jeunes filles d’une école religieuse de Toulouse qui viennent au château pendant
les vacances pour se rendre utiles et aider les blessés. Elles nous ont raconté leur vie dans leur pensionnat,
où il n’y a que des filles. Elles portent un uniforme et leurs institutrices sont toutes des religieuses. On leur
apprend les arts ménagers et l’obéissance. Au moment de partir elles nous ont donné à chacune une image
de la Sainte Vierge avec une prière écrite au dos.

5 aout 1916

Le temps des moissons est revenu. Cette année, il y a encore des ouvriers espagnols qui sont venus pour
nous aider. L’été est bien chaud et difficile à supporter.

3 septembre 1916

Papa est avec nous ! Quand il est arrivé, je ne l’ai pas reconnu, son uniforme était recouvert de boue. René
a crié en le voyant et il est parti se cacher. Papa a passé toute sa matinée à se laver, et nous a lavé ses affaires.
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Son uniforme a fini par reprendre sa couleur bleue foncée. Lorsqu’il a été propre, papa nous a serré chacun
sur son cœur de longues minutes.

4 septembre 1916

Maman est toute souriante. Cela fait bien longtemps que je ne l’ai pas vue comme cela, presque deux
longues années ! Papa nous gronde, pour rire, de trop le gâter.


5 septembre 1916

Papa nous fait raconter notre nouvelle vie ; Il a du mal à cacher son inquiétude. Il sourit, mais il semble
ailleurs, perdu dans ses pensées. Pendant qu’il faisait une sieste dans le jardin, je l’ai observé longtemps. Je
voulais imprimer son visage dans ma mémoire

6 septembre 1916

Jean pose sans arrêt des questions sur la guerre, mais ce que papa lui répond est assez loin de ce qu’il avait
imaginé. Il raconte comment les petits gradés,

Les « galonnards », ne cessent de tracasser les soldats du rang.
Un jour pendant une séance d’entrainement,
des soldats à bout de force sont tombés sur le bas-côté de la route. Le colonel a trouvé l’explication : « les
sacs sont trop lourds ! ». Il a fait sortir de tous les sacs ce qui n’était pas réglementaire : les chaussures, les
gants, les cache-nez... amoureusement tricotés. Et il a ordonné qu’on y mette le feu.

Je crois que papa a voulu donner une leçon à Jean et lui montrer que la guerre n’est pas un jeu.

10 septembre 1916

Ce matin, le jour venait à peine de se lever, quand j’ai entendu du bruit. Par la fenêtre, j’ai vu papa quitter
la maison à grandes enjambées. Je suis descendue dans la cuisine, et j’y ai trouvé maman qui pleurait
doucement. D’après le journal, les soldats du front ont sept jours de permission tous les quatre mois. Il
faudra patienter encore.

1 er octobre 1916

Encore une nouvelle maitresse ! Elle s’appelle Mlle Paulhan. Elle a décidé d’inscrire le nom des morts et des
prisonniers du village sur un tableau orné de drapeaux et de guirlandes de gui. Comme j’ai une belle écriture,
Mlle Paulhan m’a chargé d’écrire ne grand sur le tableau : « Pour la patrie, ayons toujours la haine de
l’allemand. »

3 novembre 1916

La victoire de Verdun n’a rien changé : la guerre continue encore et toujours. L’hiver est très rude, la
cheminée n’arrive pas à réchauffer la maison. Il faut économiser les bûches car beaucoup de bois est
réquisitionné pour l’armée.


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Questionnaire – Partie 1916



1. Pourquoi Rose n’écrit-elle plus souvent dans son journal ? Fais une phrase.

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2. Après les chevaux, quels sont les animaux réquisitionnés ?

q Les chats q Les poules q Les bœufs q Les chiens

3. Qu’a mis Rose dans le colis pour son papa ? Fais une phrase.

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4. Pourquoi le père de Rose est-il triste ? Recopie la phrase qui t’a aidé.

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5. Comment s’appelle l’institutrice ?

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6. Que veut dire « pinard » ?

q Alcool q Vin q Bière

7. En quoi a été transformé le château ? Fais une phrase.

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8. Que signifie être marraine de guerre ?

q Avoir à sa charge un enfant. q Ecrire à des soldats. q Ecrire à des enfants de soldats.

9. Quand est-ce que papa est revenu ?

q Le 3 septembre 2016 q Le 3 septembre 1916 q Le 5 aout 1916

10. Combien de temps est parti papa ?

q Presque un an q Presque deux ans q Presque trois ans

11. Qu’a fait le colonel avec les chaussures, les gants et les cache-nez ? Fais une phrase.

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12. Comment s’appelle la nouvelle maitresse ?

q Madame Pluhac q Madame Paulhan q Madame Poulhan

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Le journal d’une enfant pendant la


Grande Guerre : Rose
De Thierry Aprile

Année 1917

14 janvier 17

De nouveaux blessés viennent d’arriver. Maman m’a dit que j’étais assez grande maintenant pour supporter
la vision de tous ces soldats. Ce dimanche, je l’ai accompagné au château. Nos pauvres soldats sont en piteux
état : certains n’ont plus de jambes, plus de bras, d’autres ont le visage affreusement déformé. On les appelle
« les gueules cassées ». Je dois leur apporter de l’eau et tout ce dont ils peuvent avoir besoin. En quittant le
château, maman est devenue toute pâle et elle s’est évanouie. Aussitôt les infirmières se sont précipitées
vers elle.

15 janvier 17

Maman m’a dit son secret : elle est enceinte de quatre mois. Voilà pourquoi elle a l’air si fatigué ! René est
assez content d’avoir une petite sœur ou un petit frère, mais nous n’arrivons pas vraiment à être joyeux.
Nous ne voyons pas la fin de cette horrible guerre.

11 février 17

Papa est ravi de la nouvelle. Il est très fier de voir la famille s’agrandir.

12 juin 17

Louise est née ! Ces dernières semaines, maman était trop fatiguée pour se lever. Les sœurs de l’hôpital
l’ont bien aidée.
Moi, je n’ai pas eu une minute pour écrire dans ce journal. J’ai dû m’occuper de René, de
la maison, sans oublier mon travail scolaire. Je n’ai plus de forces. Ce printemps, au début du mois d’avril,
les Américains ont déclaré la guerre aux Allemands, ils vont venir combattre à nos côtés.

23 juin 17

Papa ne reviendra plus! Nous étions à table ce soir quand le garde champêtre et le maire ont frappé à la
porte. Dès qu’ils sont rentrés, tout le monde a compris. Maman est devenue toute blanche et je l’ai entendu
dire entre ses dents : « Cette fois c’est notre tour. » Je ne pourrai jamais oublier les mots du maire : « tué au
combat, mort au champ d’honneur ». Quand ils sont partis, maman nous a demandé d’aller dans notre
chambre, j’ai entendu mamie pleurer en essayant d’étouffer ses pleurs.


26 juin 17

Maman a le visage fermé. Elle ne quitte pas Louise qu’elle serre sur son cœur. Personne ne parle, même pas
René. Je n’arrive pas à pleurer. Je n’arrive pas à me faire à cette idée : papa ne reviendra plus.


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1er juillet 17

Hier, le facteur est venu nous apporté une boite avec les effets personnels de papa : sa montre, son alliance,
sa plaque militaire et un paquet de lettres que nous lui avions envoyées, entourées d’un ruban, toutes
cornées, tachées et froissées à force d’être lues.

15 juillet 17

Quand je suis revenue des champs avec un Jean, maman était assise dans la cuisine, endormie. Une lettre
était tombée de sa main. Une lettre de papa, sa dernière...

« Chers tous

Ma section est revenue en première ligne. Verdun ne me fait pas oublier ceux qui me sont chers, c’est pour
vous que je combats mes chéris. Ici, Jean, ne crois pas ceux qui te parlent de gloire et d’héroïsme, les
journaux sont pleins de mensonges. La vérité, c’est que nous avons souvent peur. Rose, je sais que je peux
compter sur toi. René soit bien sage

J’ai hâte de voir notre petite Louise.

Et toi ma femme, je pense à toi toujours car je sais que tu m’aimes.

A ton fidèle amour, mon cœur réponds de même.

Votre papa »

2 novembre 17

Aujourd’hui, il n’y pas d’école : c’est le jour des morts. Tante Jeanne est arrivée de Toulouse pour se reposer.
Elle nous a parlé de son travail. Elle est munitionnettes : elle fabrique de la poudre à canon. Les contremaitres
ne font pas de cadeau. Ils n’arrêtent pas de répéter aux ouvrières : « une minute perdue, un mort de plus au
front ».

Pourtant, un jour, toutes les femmes ont fait la grève pour réclamer de quoi pouvoir manger à leur faim.
On
les a appelées « les folles de la poudrerie », mais elles ont tenu bon, et elles ont gagné. Leur salaire est passé
de 6 francs à 12 francs. Juste de quoi manger et se loger, tellement les prix ont augmenté.

17 novembre 17

Jean est fou : il veut s’engager dans l’aviation pour tuer les boches qui nous ont pris papa. Maman ne veut
pas en entendre parler.


20 novembre 17

Maman m’a envoyée chercher Jean qui traine de plus en plus au café avec les soldats revenus du front. Ils
sont dans un triste état !
Quand je suis arrivée, l’un d’eux, amputé d’une jambe et passablement saoul, le
prenait à partie : « j’en ai vu arrivé des bleus comme toi, il ne leur a pas fallu deux jours pour déchanter ! Et
tout cela pour qui ? Pour des embusqués ! Ne vois-tu pas qu’on va tous crever jusqu’au dernier ! »
Jean est
reparti avec moi tout penaud, sans dire un mot. En arrivant, il s’est enfermé dans sa chambre. J’ai bien
compris qu’il ne savait plus quoi penser.


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23 novembre 17

J’ai lu le journal le discours de Clémenceau, « le Tigre », le nouveau président du Conseil. J’en recopie la fin
: « un jour, de Paris au plus humble village, des rafales d’acclamations accueilleront nos étendards
vainqueurs, tordus dans le sang, dans les larmes, déchirés par les obus, sublime évocation de nos grands
morts. »
J’espère qu’il a raison, et que ce jour viendra. Cela fait déjà cinq mois que nous avons appris la
disparition de papa.


25 novembre 17

Charles, mon cousin, est arrivé avec sa mère et son petit frère Louis. Ils n’ont pas quitté Lens depuis le début
de la guerre. Ils nous ont raconté leur vie dans la ville occupée par les Allemands. Leur maison et toutes
celles de la rue ont été détruites. Tout le monde vit dans les caves. Une ou deux heures par jour, les enfants
ont le droit de sortir pour se dégourdir. Il n’y a que très peu de choses à manger. De temps en temps, ils
reçoivent des colis de nourriture de la Croix-Rouge, mais le pain hollandais est plus dur qu’une brique !

Un jour, les Allemands ont bien voulu qu’ils partent. En pleine nuit, ils ont embarqué dans un train de
marchandises vers la Belgique, puis ils ont traversé l’Allemagne, la Suisse, et sont arrivés en France à Évian,
au bord d’un lac magnifique. Une fanfare les attendait à la gare. A l’hôtel, leur lit était recouvert d’un énorme
duvet de plumes...La belle vie ! En revanche, à Lens, il parait que les Allemands ont tout pris et tout cassé.
Je me demande ce que nous allons retrouver de notre belle maison.

25 décembre 17

Depuis que Charles est arrivé, il y a de la vie à la maison : c’est un vrai moulin à paroles ! Il a déjà repris des
couleurs et des forces et il s’est fait rapidement des amis. A l’école, la maitresse a beaucoup de mal à le faire
se tenir tranquille. D’ailleurs, beaucoup d’enfants ne vont plus aux cours et trainent dans le village.

























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Questionnaire – Partie 1917


1. Comment appelle-t-on les soldats aux visages déformés ?

q Les gueules cassées q Les dévisagés q Les gueules déformées


2. Quel est le secret de maman ? Fais une phrase.

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3. Comment s’appelle le bébé ?

q Emilie q Sophie q Carine q Louise


4. Pourquoi papa ne reviendra plus ? Fais une phrase.

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5. Pourquoi il n’y a pas école le 2 novembre 1917 ?

q C’est l’enterrement de papa. q C’est la fin de la guerre. q C’est la fête des morts.


6. Quel métier veut faire Jean ?

q Soldats q Aviateur q Boulanger


7. Dans quelle partie de la maison vivent Charles, Louis et leur mère à Lens ?

q Dans les chambres q Dans les greniers q Dans les caves


8. Que veut dire l’expression « Etre un moulin à paroles » ?

q Parler peu q parler vite q parler beaucoup











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Le journal d’une enfant pendant la


Grande Guerre : Rose
De Thierry Aprile

Années 1918 à 1920

3 mars 18


Le journal dit que les Russes arrêtent la guerre !

Leur nouveau chef Lénine, a signé l’armistice de Brest-Litovsk avec les boches, ils vont pouvoir se retourner
contre nous ! Mais, attention, l’armistice ce n’est pas la paix, c’est juste l’arrêt des combats.

21 mars 18


Les boches sont repartis à l’attaque de la Picardie ! Paris est bombardée par un formidable canon, la « grosse
Bertha », installé dans une forêt à plus de 100 kilomètres. Depuis la fin du mois de janvier, le pain est rationné
dans la capitale.

24 mars 18

Jean est parti ce matin rejoindre son régiment. J’ai promis à maman de bien travailler pour avoir le certificat
d’études et pouvoir l’aider s’il arrivait malheur.

3 juin 18


Le jour du Vendredi saint, les boches ont lancé une bombe pendant l’office sur l’église Saint-Gervais à Paris
: 100 morts ! Depuis deux jours, tout le monde a reçu une carte d’alimentation : il faut la présenter à
l’épicerie. Dans deux semaines, c’est le certificat d’études, je suis fin prête !

18 juin 18


La maitresse nous a amenés à la ville pour le certificat. Le matin, dictée et composition française : « un colis
a été préparé pour être expédié à un jeune soldat de vingt ans qui vient d’être décoré. Vous êtes chargé
d’annoncer l’envoi du colis et d’adresser au nom de tous les félicitations au jeune brave. » Puis arithmétique.
L’après-midi, les épreuves orales. On a eu les résultats, je suis reçue !

1er juillet 18


La guerre ne finira donc jamais ! J’ai treize ans aujourd’hui. Maman ne parle plus depuis presque un an,
maman pleure souvent : la guerre lui a déjà pris un mari, et en plus elle a vu partir un fils.
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15 septembre 18

Il a fait très chaud tout l’été, et beaucoup de vieilles personnes sont à bout de forces. Les journaux parlent
d’une épidémie de grippe « espagnole ». Je ne sais pas bien ce que c’est, mais je crois que c’est une maladie
très grave.

10 novembre 18


Le Kaiser Guillaume a abdiqué, il n’est plus empereur.

12 novembre 18

LA GUERRE EST FINIE ! Hier, la nouvelle a éclaté comme une bombe, les cloches ont sonné à toute volée.
Tout le monde s’est retrouvé dans la rue : on riait, on chantait ! Le maire a quand même interdit les bals par
égards pour nos morts. La onzième heure du onzième jour du onzième mois : L’ARMISTICE ! après 1562 jours
de guerre !

14 novembre 18


Il parait qu’à Paris, la foule a envahi la rue pendant presque trois jours pour fêter la victoire. Maman a décidé
que nous allions rentrer chez nous. Nous partons demain, sans savoir ce qui reste de notre maison. Avec
Victorine, nous avons passé l’après-midi à nous promener dans le village. Nous avons réussi à ne pas pleurer.

25 décembre 18


Nous avons dû nous arrêter à Paris : il n’y a toujours pas de train pour Lens. Ma grand-mère a organisé un
banquet mais nous sommes encore un peu tristes car Jean n’est pas revenu du front. J’ai vu hier dans la rue
une femme très élégante. Elle portait une robe courte et un drôle de chapeau, comme une cloche sur la tête.
Tout le monde la regardait, mais elle ne semblait pas s’en apercevoir.

13 mars 19


Jean a été démobilisé le 15 février, il est maintenant avec nous à Paris. Maintenant il n’est plus comme avant.

7 avril 19


Il y avait hier une manifestation contre l’acquittement de Raoul Vilain, l’homme qui a tué Jean Jaurès. Je me
souviens que papa m’en avait parlé, il y a déjà cinq ans ...

28 juin 19


Cinq ans jour pour jour après l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, la paix a été signée à
Versailles. Les boches ont dû nous rendre l’Alsace et la Lorraine et ils n’ont plus qu’une toute petite armée.
Ils doivent donner du charbon et beaucoup d’argent, et même les secrets de fabrication de médicaments,
comme l’aspirine. Il parait qu’ils ne sont pas contents.
De toute façon ils n’auront jamais fini de payer tout
ce qu’ils nous ont fait ! Sans compter tous ces morts qui ne reviendrons plus.
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3 novembre 20


Nous sommes enfin de retour de à Lens. Nous avons retrouvé notre maison et notre ville presque totalement
détruites, comme toute la région. Nous habitons dans des baraquements provisoires depuis déjà bien
longtemps !

Maman touche une pension de veuve de guerre. Jean a trouvé un travail d’employé aux écritures aux mines
de Lens, comme papa. Et moi, je voudrais me présenter au concours pour devenir institutrice.

Nous nous écrivons souvent avec Victorine. Son père est revenu de Salonique, sur le front de l’Orient, mais
il a été gazé et a attrapé le paludisme. Il a de très fortes fièvres qui l’obligent à se coucher pendant des jours.
Victorine doit aider sa mère et s’occuper de la ferme. Elle ne pourra pas devenir infirmière comme elle le
voulait.

11 novembre 20


Un soldat inconnu a été enterré sous l’Arc de triomphe. Peut-être s’est-il battu avec papa ?
Pauvre papa,
René ne semble pas se souvenir de lui et Louise ne l’a jamais connu.

15 novembre 20


La société des Nations s’est réunie à Genève. C’est le président américain Wilson qui en a eu l’idée. Elle
rassemble les diplomates de tous les pays qui doivent empêcher une nouvelle guerre. Pour l’instant, il n’y a
pas d’Allemands, mais ils viendront sans doute bientôt. Peut-être que cette guerre sera bien la dernière, la
« der des ders » comme dit Jean.


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Questionnaire – Partie 1918/1920


1. Qu’est-ce que l’armistice ?

q La fin de la guerre. q L’arrêt des combats. q La paix


2. Comment s’appelle le gros canon ?

q La grosse Sarah q La grosse Clara q La grosse Bertha


3. Combien y-a-t-il eu de morts lors de l’explosion de l’église de Saint Gervais à Paris ?

q 1000 morts q 2000 morts q 100 morts q 200 morts


4. Rose a-t-elle eu son certificat d’études ?

q Oui q Non

5. Quel âge à Rose le 1er juillet 1918 ?

q 11 ans q 12 ans q 13 ans q 14 ans


6. A quelle date la guerre est-elle finie ?

q Le 12 novembre 1917 q Le 12 novembre 1918 q Le 11 novembre 1918


7. Combien de jours a duré la guerre ?

q 2000 jours q 1765 jours q 1562 jours q 11987 jours


8. Que veut dire cette phrase : « Les boches ont dû nous rendre l’Alsace et la Lorraine » ?

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9. Qui a été enterré sous l’arc de Triomphe ? Fais une phrase.

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