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UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES

FACULTÉ DES SCIENCES

Symétrie et Brisure de Symétrie dans quelques Problèmes


Elliptiques
Thèse présentée en vue de l’obtention du grade de Docteur en Sciences

Olaf Torné

Thèse examinée par le Jury composé de :

Luis Caffarelli University of Texas at Austin, USA


Isabelle Catto Université de Paris IX – Dauphine, France
Mabel Cuesta Université du Littoral, France
Paul Godin Université Libre de Bruxelles
Jean-Pierre Gossez (président du Jury) Université Libre de Bruxelles
Enrique Lami Dozo (promoteur) Université Libre de Bruxelles
Michel Willem Université Catholique de Louvain

ANNÉE ACADÉMIQUE 2004-2005


Remerciements
C’est un grand plaisir de très chaleureusement remercier Enrique Lami Dozo d’avoir encadré ce travail de
recherche. Je suis très heureux d’avoir bénéficié tant de ses compétences de mathématicien que de ses
qualités humaines. Je lui serai toujours fort reconnaissant de m’avoir offert l’inestimable opportunité
d’accéder au monde de la recherche.

Les travaux contenus dans le chapitre 5 furent réalisés durant le dernier trimestre 2004 dans le cadre d’un
groupe de travail dirigé par Michel Willem. Je témoigne de ma reconnaissance envers ce dernier pour avoir
suggéré les problèmes considérés au chapitre 5 et d’avoir appuyé avec intérêt le développement de ces
travaux.

J’ai l’honneur de remercier les professeurs Paul Godin et Jean-Pierre Gossez de m’avoir accueilli dans le
service d’analyse de l’ULB et, en particulier, je remercie ce dernier de s’être toujours intéressé à mes
travaux.

Les travaux du chapitre 4 ont bénéficié de plusieurs discussions avec Paul Sintzoff, Nicolas Tacheny et
Christophe Troestler.

Je suis reconnaissant envers mes parents, Linda Keep et Jean Torné, de s’être toujours préoccupés de mon
éducation et de m’avoir transmis le goût d’apprendre. Je rends grâce à ma mère d’avoir rendu possible la
poursuite de mes études.

Je remercie Arianne Torné de m’avoir aidé à mettre en forme certaines parties du document.

Enfin, c’est un très grand honneur de remercier les membres du Jury d’avoir accepté d’examiner ce travail.
Table des matières

1 Introduction 5
1.1 Introduction (en français) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Summary (in English) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.1 Trace constant in a ball . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.2 Successful generalisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.3 A model superlinear elliptic equation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.4 Numerical computations for nodal solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

I Minimiseurs dans l’inégalité de trace de Sobolev 11


2 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule 13
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Minimiseurs radiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.3 Minimiseurs nonradiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.4 Le cas N = 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

3 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p=2 27


3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
3.2 Minimiseurs radiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.3 Minimiseurs nonradiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.4 Le cas N = 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.5 Calculs numériques dans le cas N =2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.5.1 Méthode numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.5.2 Exemples numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

4 Minimiseurs pour la constante de trace dans d’autres domaines 47


4.1 Résultats analytiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
4.2 Exemples numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

II Solutions nodales d’équations semilinéaires elliptiques 53


5 Caractère nonradial des solutions à énergie minimale 55
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
5.2 Démonstration du résultat principal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
5.3 Le problème de Neumann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
5.4 Calculs numériques en dimension N = 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
5.5 Calculs numériques en dimension N = 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

6 Etude numérique de la meilleure constante de Poincaré-Wirtinger 65


6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
6.2 Exemples numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4 TABLE DES MATIÈRES

A Symétrie foliée de Schwarz 69

B Résultats connus sur la symétrie des minimiseurs 71

C Résultats connus sur la constante de trace critique 73


Chapitre 1

Introduction

1.1 Introduction (en français)

La première partie de ce travail concerne les propriétés de symétrie de minimiseurs dans la ca-
ractérisation variationnelle de la meilleure constante de trace, dans des domaines symétriques.

Soit Bρ la boule de rayon ρ centrée à l’origine dans RN avec N ≥ 2. Soit 1 < p < ∞ fixé et soit
1 < q ≤ p∗ où p∗ est l’exposant critique de trace. La meilleure constante de trace de Sobolev est
donnée par

|∇u|p + |u|p dx
R

Sq (ρ) = inf p/q . (1.1)
u∈W 1,p (Bρ )
R
q
|u| dσ
∂Bρ

Si 1 < q < p∗ il est standard de montrer que cet infimum est atteint par une fonction u de signe
constant et que tout multiple de u est aussi un minimiseur.

Puisque le problème de minimisation (1.1) est invariant par rotation, il est naturel de se demander
si u est une fonction radiale.

Le caractère radial ou nonradial d’un minimiseur est déterminé par les paramètres ρ et q. Dans
le chapitre 2 nous montrons que si q est suffisamment petit, alors tout minimiseur pour Sq (ρ) est
radial, tandis que si q est suffisamment grand, ou bien si ρ est suffisamment grand, alors il n’existe
aucun minimiseur radial pour Sq (ρ). Un des résultats principaux du chapitre 2 est une estimation
quantitative de la valeur seuil de q au-delà de laquelle aucun minimiseur n’est radial.

Dans le chapitre 3 nous étudions le caractère radial ou nonradial des minimiseurs pour Sq (ρ) dans
le cas particulier où p = 2. Sous cette hypothèse nous pouvons améliorer sensiblement plusieurs
des résultats obtenus dans le cas général 1 < p < ∞.

Lorsque Bρ est remplaçé par un domaine symétrique Ω, nous pouvons de nouveau nous demander
si les minimiseurs pour la meilleure constante de trace, Sq (Ω), possèdent toutes les propriétés de
symétrie de Ω. Cette question est abordée dans le chapitre 4, où nous présentons des conditions
suffisantes pour que tout minimiseur pour Sq (Ω) possède les mêmes symétries que Ω.
6 Introduction

Dans la deuxième partie de ce travail nous considérons les propriétés de symétrie des solutions
nodales minimales de quelques problèmes semilinéaires elliptiques.

p−1
Dans le chapitre 5 nous considérons l’équation −∆u = u+ − uq−1
− dans un disque, avec une
condition aux limites homogène de Dirichlet ou de Neumann. Nous démontrons une condition
suffisante sur les paramètres 2 < p, q < 2∗ pour qu’aucune solution nodale minimale ne soit
radiale.

Dans le chapitre 6 nous présentons une étude numérique des minimiseurs pour la meilleure
constante de Poincaré-Wirtinger dans un disque. Nos résultats numériques montrent qu’un tel
minimiseur peut être soit impair, soit non impair, selon la valeur d’un paramètre de ce problème.

Dans ce travail nous avons, de manière générale, commencé par faire une étude analytique la plus
complète possible des problèmes considérés. Cependant, lorsqu’il nous a été impossible de progres-
ser de manière rigoureuse, nous avons systématiquement eu recours à des méthodes numériques.
Ainsi, nous espérons que les nombreux graphiques et données quantitatives que nous présentons
aideront le lecteur à développer une certaine intuition des problèmes en question et que ces calculs
pourront le convaincre de la probable véracité de certaines affirmations que nous n’avons pas pu
établir de manière rigoureuse.

1.2 Summary (in English)

1.2.1 Trace constant in a ball

Let Bρ denote the ball of radius ρ > 0 centered at the origin in RN with N ≥ 2. Let 1 < q ≤ 2∗
where 2∗ is the critical trace exponent. The best constant in the Sobolev trace inequality is given
by
|∇u|2 + u2 dx
R

Sq (ρ) = inf 2/q . (1.2)
u∈H 1 (Bρ ) R

|u|q dσ
∂Bρ

If 1 < q ≤ 2∗ this infimum is achieved by a function u which has definite sign and any nonzero
multiple of u is again a minimiser. The proof that the minimum is achieved is standard in the
subcritical case and follows from [1] in the critical case (see Annexe C).

Let u > 0 be a minimiser for (1.2). Since the minimisation problem is invariant under any rotation
it is natural to ask if u is a radial function.

If q = 2 then S2 (ρ) = λ1 (ρ) is the first eigenvalue in the Steklov type problem

∆u = u in Bρ ,
∂u (1.3)
∂ν = λu on ∂Bρ .

There exists an eigenfunction u0 associated to λ1 (ρ) which is unique upto a constant factor. Any
minimiser for S2 (ρ) is a multiple of u0 .

Let q 6= 2 and let u be a minimiser for Sq (ρ). We can assume that u is positive and normalised in
such a way that
R  q2 −1
Sq (ρ) ∂Bρ uq dσ = 1. (1.4)
1.2 Summary (in English) 7

The function u is then a solution of the boundary value problem



 ∆u = u in Bρ ,
u > 0 in Bρ , (1.5)
 ∂u q−1
∂ν = u on ∂Bρ .

Our first result gives some sufficient conditions for there to exist a radial minimiser for (1.2).

Theorem 1.
1. Let 1 < q < 2 be fixed. Then any solution of (1.5) is a multiple of u0 . In particular, any
minimiser for Sq (ρ) is a multiple of u0 .
2. Let ρ > 0 be fixed. There exists δ(ρ) > 0 such that if 1 < q < 2 + δ then any minimiser for
Sq (ρ) is a multiple of u0 .
3. Let 2 < q ≤ 2∗ be fixed. There exists ε(q) such that if 0 < ρ < ε then any minimiser for
Sq (ρ) is a multiple of u0 .

The authors of [13] partially obtained statements 1 and 3 above. However following their ideas we
were able to obtain the slightly stronger results stated in the theorem. For further details, theorem
1 above should be compared with theorem 30 in Annexe B. Lastly, let us note that statement 2
above is completely new.

In some cases we can show that there does not exist a radial minimiser for Sq (ρ). Define
 
1 λ1 (ρ)
Q(ρ) = 1 + 1 − (N − 1) .
λ1 (ρ)2 ρ

Theorem 2.
1. Let ρ > 0 be fixed. If q > Q(ρ) then there does not exist a radial minimiser for Sq (ρ).
2. Let 2 < q ≤ 2∗ be fixed. If ρ > 0 is large enough, then q > Q(ρ) and there does not exist a
radial minimiser for Sq (ρ).

As noted in [13] the loss of radial symmetry in large balls can be deduced from the results of
[10] who have studied the asymptotic behavior of minimisers for the trace constant in expanding
smooth domains. Our proof of loss of radial symmetry for large balls is different since it is based
on an analysis of the function Q(ρ). Although this approach is restricted to the case of the ball,
it nevertheless has a number of advantages : It is simpler and can easily be extended to the case
where H 1 is replaced by W 1,p . Moreover, it yields an estimate for the threshold value of ρ leading
to a loss of radial symmetry.

In the case N = 1 we define a minimisation problem analogous to (1.2) and replace the notion of
radial function by that of even function. We can then show that Q(ρ) is the exact threshold for
loss of radial symmetry. More precisely, if 1 < q ≤ Q(ρ) then any minimiser is a multiple of u0 ,
whereas if Q(ρ) < q < ∞ then there does not exist an even minimiser.

In the case N = 2 we have verified numerically that Q(ρ) is the exact threshold for loss of radial
symmetry, for a large sample of values of ρ. The method reduces to computing an approximation
of Sq (ρ) for prescribed values of q and ρ. This is achieved by discretising H 1 (Bρ ) and solving the
resulting finite dimensional minimisation problem.
8 Introduction

1.2.2 Successful generalisations

Let us fix 1 < p < ∞ and consider the more general trace constant
|∇u|p + |u|p dx
R

Sq (ρ) = inf p/q ,
u∈W 1,p (Bρ )
R
q
|u| dσ
∂Bρ

where 1 < q < p∗ and p∗ is the critical trace exponent. In this case we can obtain an analogous
result to the first statement of theorem 1. We also prove a similar result to theorem 2.

Next we introduce a new parameter λ satisfying −∞ < λ < λ1 (ρ) and consider the minimisation
problem
|∇v|2 + v 2 dx − λ ∂Bρ v 2 dσ
R R
λ Bρ
Sq (ρ) = inf 2/q .
v∈H 1 (Bρ )
R
q
|v| dσ
∂Bρ

We obtain analogous results to theorems 1 and 2 and, moreover, we show that λ plays a similar
role to q and ρ in determining whether or not a minimiser is radial.

Lastly, let Ω be a bounded domain with a Lipschitz continuous boundary and consider the problem
|∇v|2 + v 2 dx
R
µΩ
Sq (µΩ) = inf 2/q ,
v∈H 1 (µΩ) R

q
|v| dσ
∂µΩ

where µ > 0 is an expansion/contraction parameter. Assuming that Ω has certain symmetries,


we are interested in studying to what extent these symmetries are reflected in the minimisers for
Sq (µΩ). With respect to symmetry, we obtain an analogous result to theorem 1 above. With respect
to loss of symmetry, we present some numerical examples which show that if q or µ is sufficiently
large then a minimiser for Sq (µΩ) does not necessarily enjoy all of the symmetry properties of Ω.

1.2.3 A model superlinear elliptic equation

Let B denote the unit ball in RN with N ≥ 2. Let 2 < q < 2∗ , where 2∗ is the usual critical
Sobolev exponent, and consider
−∆u = |u|q−2 u in B,

(1.6)
u = 0 on ∂B.
We are interested in sign changing solutions of (1.6). Define the functional
Z Z
1 1
ϕ (u) = |∇u|2 dx − |u|q dx, (1.7)
2 B q B
and the nodal Nehari set
M = u ∈ H01 (B) ; u± 6= 0, hϕ0 (u± ) , u± i = 0 .


It is shown in [4] that ϕ achieves it’s minimum over M and that any minimiser is a solution of
(1.6). Such a solution is called a minimal nodal solution.

Let u be a minimal nodal solution of (1.6). It is shown in [4] that u has foliated Schwarz symmetry
and it has been conjectured that u must be odd. To our knowledge this conjecture remains open
and it has been suggested that one should prove the weaker claim that u is nonradial. In this
direction we have the following result.
1.2 Summary (in English) 9

Theorem 3. If q is sufficiently near to 2 then any minimal nodal solution of (1.6) is nonradial.
p−1 q−1
Let us remark that in this work we consider the more general equation −∆u = u+ − u− and
we also consider the case of the homogeneous Neumann boundary condition.

1.2.4 Numerical computations for nodal solutions

In the case N = 2 a number of authors have obtained numerical solutions of problem (1.6). We
also carried out such computations and found that the minimal nodal solutions are odd functions.

In the case N = 3 we have obtained numerical results which suggest that theorem 3 holds for the
whole range 2 < q < 2∗ , and not merely for q near to 2.

The results above are related to the conjecture that minimal nodal solutions of (1.6) are odd
functions. Now let us give an example of a different problem involving sign-changing solutions,
but for which numerical computations suggest that the solution is not odd.

Let B denote the unit ball in RN with N ≥ 1 and let 1 < q < 2∗ . The best constant in the
Poincaré-Wirtinger inequality is given by
Z Z Z 
Wq = inf |∇u|2 dx; u ∈ H 1 (B), |u|q dx = 1, u dx = 0 . (1.8)
B B B

If q = 2 then W2 = ν2 is the second Neumann eigenvalue and a minimiser u for W2 is an


eigenfunction associated to ν2 . It is well known that u is an odd function. A natural question is
whether a minimiser for Wq is odd when q 6= 2.

This problem has received considerable attention in the case N = 1. It is shown that if 1 < q ≤ 5
then any minimiser is odd, whereas if 6 < q < ∞ then there is no odd minimiser. The most complete
statement in this direction can be found in [14] in the more general setting where H 1 (−1, 1) is
replaced by W 1,p (−1, 1).

We investigate this problem numerically in the case N = 2 and observe a similar effect to the
one-dimensional case. We compute the threshold for loss of oddness to be q = 4 or thereabouts.
10 Introduction
Première partie

Minimiseurs dans l’inégalité de


trace de Sobolev
Chapitre 2

Minimiseurs pour la constante de


trace dans une boule

2.1 Introduction

Soit Bρ la boule de rayon ρ centrée à l’origine dans RN avec N ≥ 2. Soit 1 < p < ∞ fixé et notons
p∗ l’exposant critique de trace défini par p∗ = p(N − 1)/(N − p) si p < N et p∗ = ∞ si p ≥ N .
Soit 1 < q ≤ p∗ . L’inégalité de trace affirme qu’il existe une constante C dépendant de q et de ρ
telle que
Z !p/q Z
q
C |u| dσ ≤ |∇u|p + |u|p dx ∀u ∈ W 1,p (Bρ ). (2.1)
∂Bρ Bρ

La meilleure constante est donnée par


|∇u|p + |u|p dx
R

Sq (ρ) = inf p/q . (2.2)
u∈W 1,p (Bρ )
R
|u|q dσ
∂Bρ

Si 1 < q < p∗ il est standard de montrer que cet infimum est atteint par une fonction u de signe
constant et que tout multiple de u est aussi un minimiseur.

Si q = p alors Sp (ρ) = λ1 (ρ) est la première valeur propre dans le problème de type Steklov
∆p u = |u|p−2 u dans Bρ ,

(2.3)
|∇u|p−2 ∂u
∂ν = λ|u|
p−2
u sur ∂Bρ .
Tout minimiseur pour Sp (ρ) est une fonction propre associée à λ1 (ρ) et réciproquement toute
fonction propre non nulle associée à λ1 (ρ) est un minimiseur pour Sp (ρ). De plus, il est démontré
dans [16] que la première valeur propre λ1 (ρ) est simple. Notons u0 la fonction propre associée,
normalisée pour que u0 (0) = 1. Puisque u0 est unique et que le problème (2.2) est invariant par
rotation, il est clair que c’est une fonction radiale.

Si q 6= p alors nous pouvons supposer que u est positive et normalisée de sorte que
Z ! pq −1
Sq (ρ) uq dσ = 1. (2.4)
∂Bρ
14 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule

La fonction u est alors une solution du problème aux limites



 ∆p u = up−1 in Bρ ,
u > 0 in Bρ , (2.5)
|∇u|p−2 ∂u
∂ν = u
q−1
on ∂Bρ .

Etant donné les symétries du problème de minimisation (2.2), il est naturel de se demander si u est
une fonction radiale. Dans le cas où p = 2 et N ≥ 2 certains résultats ont été obtenus par M. del
Pino et C. Florès dans [10] ainsi que par J. Fernandez Bonder, E. Lami Dozo et J. Rossi dans [13].
L’annexe C contient un exposé de ces résultats. Dans ce travail nous avons considéré la question
du caractère radial des minimiseurs pour Sq (ρ) dans le cadre général où 1 < p < +∞. Nous avons
étendu certaines des affirmations connues pour le cas p = 2, et nous donnons de nouvelles preuves
pour certaines d’entre elles. Nous proposons également des résultats qui sont nouveaux même dans
le cas p = 2. Notons aussi que le chapitre 3 est entièrement consacré au cas p = 2 et contient
également plusieurs résultats originaux.
Théorème 4. Soient ρ > 0 et 1 < p < +∞ fixés.
1. S’il existe un minimiseur radial pour Sq (ρ) alors c’est un multiple de u0 .
2. Supposons qu’il existe un minimiseur radial pour Sq0 (ρ). Alors tout minimiseur pour Sq (ρ),
avec 1 < q < q0 , est un multiple de u0 .
3. Si 1 < q < p alors la solution de (2.5) est unique et c’est un multiple de u0 . En particulier,
tout minimiseur pour Sq (ρ) est un multiple de u0 .
La deuxième et la troisième affirmation du théorème 4 sont partiellement connues dans le cas
p = 2. En effet, dans [13] il est prouvé que si q ≤ q0 ou si q ≤ p = 2 alors il existe un minimiseur
radial pour Sq (ρ). La deuxième affirmation du théorème 4 dit que, dans ce cas, tout minimiseur
est radial et, de plus, ce minimiseur est donné par un multiple d’une fonction fixée u0 . De plus, il
y a unicité dans le problème aux limites associé lorsque 1 < q < p.

Dans certaines conditions la symétrie radiale se perd si q ou ρ sont suffisamment grands. Définissons
la fonction ρ 7→ Q(ρ) par
 
1 λ1 (ρ)
Q(ρ) = 1 + 1 − (N − 1) . (2.6)
λ1 (ρ)p/(p−1) ρ
Théorème 5. Soit 1 < p < +∞ fixé.
1. Soit ρ > 0. Si Q(ρ) < q ≤ p∗ alors il n’existe aucun minimiseur radial pour Sq (ρ).
2. Soit p < q ≤ p∗ . Il existe R(q) tel que pour tout ρ > R(q) on a q > Q(ρ). Dans ce cas, il
n’existe aucun minimiseur radial pour Sq (ρ).
La première affirmation du théorème 5 est nouvelle même dans le cas p = 2. De plus, bien
qu’il existe plusieurs études sur la brisure de symétrie dans les problèmes variationnels, il est
inhabituel d’avoir des résultats quantitatifs en dimension supérieure comme la première affirmation
du théorème 5. La deuxième affirmation du théorème 5 est nouvelle dans le cas p 6= 2. Cependant
la brisure de symétrie dans les grandes boules découle de [10] dans le cas p = 2. Ces auteurs
considèrent le cadre plus général d’un domaine régulier subissant une dilatation et ils montrent
que tout minimiseur présente un pique en un point de la frontière lorsque le paramètre gouvernant
la dilatation est suffisamment grand.

Si ρ est suffisamment petit alors Q(ρ) > p∗ et la première affirmation du théorème ne s’applique
pas. Ceci est en accord avec le résultat de [13] qui dit que lorsque p = 2 et N ≥ 3 il existe R > 0
tel que pour tout 0 < ρ < R et pour tout 2 < q ≤ 2∗ , tout minimiseur est radial (voir aussi le
théorème 16).
2.2 Minimiseurs radiaux 15

Lorsqu’un minimiseur associé à Sq (ρ) n’est pas radial, l’on peut tout de même affirmer une cer-
taine symétrie. En effet, la technique de symétrisation foliée de Schwarz s’applique directement
à ce problème. En particulier nous retrouvons le résultat de del Pino et Flores concernant la
concentration de la solution sur la frontière.

D’après ce qui précède on peut définir une fonction Q̃(ρ) telle que

q ≤ Q̃(ρ) ⇒ Tout minimiseur associé à Sq (ρ) est un multiple de u0


(2.7)
q > Q̃(ρ) ⇒ Il n’existe aucun minimiseur radial pour Sq (ρ)

Il est clair que p ≤ Q̃(ρ) ≤ Q(ρ) et il est naturel de se demander si Q̃(ρ) = Q(ρ). En d’autres
termes, nous demandons si la réciproque de la première affirmation du théorème 5 est vraie. Cette
question reste sans réponse à ce jour, mais nous pouvons démontrer les propriétés suivantes :
1. Si N = 1 et p = 2 alors Q̃ = Q.
2. Si N = 2 et p = 2 alors lim Q̃(ρ) = lim Q(ρ).
ρ→0 ρ→0

3. Pour tout N et p nous avons lim Q̃(ρ) = lim Q(ρ) = p.


ρ→+∞ ρ→+∞

Dans la section 2.3 nous étudions en plus de détail Q(ρ) et nous démontrons les affirmations (2)
et (3) ci-dessus. Nous décrivons aussi une méthode numérique pour calculer Q(ρ). Des exemples
de tracés de Q(ρ) sont donnés plus loin dans les figures 3.1 et 3.2. L’affirmation (1) ci-dessus est
démontré au chapitre 3 et nous y présentons aussi des résultats numériques confirmant que Q = Q̃
lorsque N = 2 et p = 2.

Dans le cas de la dimension N = 1 nous pouvons définir un problème de minimisation ana-


logue au problème (2.2) et obtenir des résultats similaires au théorèmes 4 et 5 concernant les
propriétés de symétrie des minimiseurs. Dans deux cas particuliers, dont celui où p = 2, nous
pouvons démontrer que Q̃ = Q. En dehors de ces cas particuliers nous présentons deux techniques
numériques différentes permettant de vérifier que Q(ρ) est optimal.

2.2 Minimiseurs radiaux

Dans cette section nous démontrons le théorème 4 ainsi que la proposition suivante, utile dans la
suite.

Proposition 6. Soient N ≥ 2 et 1 < p < ∞ fixés. Il existe une fonction positive et radiale u0
telle que
∆p u0 = u0p−1 dans RN .

De plus u0 est unique à un facteur constant près et pour tout ρ > 0 la restriction de u0 à Bρ est
la première fonction propre du problème (2.3).

Démonstration. Nous construisons u0 telle que u0 (0) = 1. Soit α > 0 et soit Bα la boule de rayon α
p−1
centrée à l’origine. Soit uα une solution du problème de Dirichlet ∆p uα = uα dans Bα et uα ≡ 1
sur ∂Bα . Cette fonction uα est unique par la théorie de régularité et le principe de comparaison
(voir [15] et [9]). Pour tout α > 0 nous définissons la restriction de u0 à Bα par u0 = uαu(0)
α
. En
utilisant le principe de comparaison comme ci-dessus l’on peut vérifier que u0 est bien défini et
possède les propriétés anoncées.
16 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule

Démonstration du théorème 4. Première affirmation. Soit un minimiseur radial v pour Sq (ρ). Soit
u0 comme dans la proposition 6 et fixons a > 0 tel que v ≡ au0 sur ∂Bρ . Les fonctions v et au0
satisfont toutes les deux l’équation ∆p w = wp−1 dans Bρ , donc v ≡ au0 dans Bρ par le principe
de comparaison de Damascelli [9].

Deuxième affirmation. Soit 1 < q < q0 et soit v un minimiseur non négatif pour Sq (ρ). Il s’agit de
montrer que v est un multiple de u0 . Si v est constant sur ∂Bρ alors v est un multiple de u0 par le
même argument que ci-dessus. Supposons maintenant que v n’est pas constante sur la frontière.
Pour simplifier on note B = Bρ . Il découle de l’inégalité de Hölder stricte que
Z p/q Z p/q0
p p
q q − q0 q0
v dσ < |∂B| v dσ .
∂B ∂B

Maintenant, par hypothèse il existe un minimiseur radial pour Sq0 (ρ). Donc d’après la première
affirmation de ce théorème, u0 est un minimiseur pour Sq0 (ρ). En utilisant l’équation précédente
nous obtenons la contradiction suivante,
kvkpW 1,p p
− qp kvkpW 1,p
R p/q0 < |∂B| q 0
R p/q
∂B
v q0 dσ ∂B
v q dσ
p/q
uq dσ kvkpW 1,p
R
∂B
= R p/q0 R p/q
∂B
uq0 dσ ∂B
v q dσ

kukpW 1,p
≤ ,
q0 dσ p/q0
R 
∂B
u
où la dernière inégalité découle de ce que v est un minimiseur pour Sq (ρ). Donc tout minimiseur
v pour Sq (ρ) est radial. Par la première affirmation de ce théorème v est un multiple de u0 .

Troisième affirmation. Soit 1 < q < p et supposons qu’il existe deux solutions u et v de (2.5).
Par le résultat de régularité de [15] et le principe du maximum de [20] on a u, v > 0 dans B̄ρ . En
utilisant d’abord l’identité de Picone (voir [2]) puis la formulation faible de (2.5) nous avons
Z Z  p 
u
0 ≤ |∇u|p dx − |∇v|p−2 ∇v∇ p−1
dx
Bρ Bρ v

up up
Z Z Z Z
p q p−1
= − u dx + u dσ + v dx − v q−1 dσ
Bρ ∂Bρ Bρ v p−1 ∂Bρ v p−1
Z Z
q
= u dσ − v q−p up dσ
∂Bρ ∂Bρ
Z
up uq−p − v q−p dσ.

=
∂Bρ

Il est clair que nous pouvons échanger u et v dans cette équation. En combinant l’inégalité ainsi
obtenue avec l’inégalité ci-dessus nous obtenons
Z
(up − v p ) uq−p − v q−p dσ.

0≤
∂Bρ

Puisque 1 ≤ q < p, l’integrand ci-dessus est négatif ou nul et donc u ≡ v sur ∂Bρ . Par l’unicité
de la solution du problème de Dirichlet pour l’équation ∆p w = wp−1 , nous avons u ≡ v dans Bρ .
Puisque cette solution est unique, elle est radiale. Cette solution est donc un multiple de u0 par
la première affirmation du théorème.
2.3 Minimiseurs nonradiaux 17

2.3 Minimiseurs nonradiaux

Dans cette section nous démontrons le théorème 5 et nous décrivons quelques propriétés de λ1 (ρ)
et de Q(ρ).
Lemme 7. Soit λ1 (ρ) = Sp (ρ) la première valeur propre du problème de type Steklov (2.3). Alors
la fonction ρ 7→ λ1 (ρ) est solution de l’équation différentielle ordinaire

p/(p−1) λ1
λ01 = 1 − (p − 1)λ1 − (N − 1) (2.8)
ρ
avec la condition initiale λ1 (0) = 0.

Démonstration. Soit u0 comme avant, la fonction radiale telle que ∆p u0 = up−1 0 dans RN et
u0 (0) = 1. Pour tout ρ > 0 la fonction u0 restreinte à Bρ est une fonction propre associée à λ1 (ρ)
(voir proposition 6). Par la condition aux limites satisfaite par une fonction propre l’on a
u00 (ρ)p−1
λ1 (ρ) = ∀ρ > 0. (2.9)
u0 (ρ)p−1
D’autre part, l’équation différentielle satisfaite par u0 s’écrit en coordonnées polaires,
p−2 0 0
 
ρN −1 |u00 | u0 = ρN −1 up−10 ∀ρ > 0. (2.10)

En dérivant (2.9) par rapport à ρ et en utilisant (2.10) on obtient l’équation annoncée. Maintenant,
en choisissant u ≡ 1 comme fonction test dans (2.2) on obtient
Bρ ρ
λ1 (ρ) ≡ Sp (ρ) ≤ = , (2.11)
∂Bρ N
donc λ1 (ρ) → 0 quand ρ → 0.

Remarquons que l’on peut résoudre numériquement l’équation (2.8) puis utiliser la formule (2.6)
pour évaluer Q(ρ). Des exemples de tracés de Q sont donnés dans les figures ... et ...
Lemme 8. Soit λ1 (ρ) = Sp (ρ) la première valeur propre du problème de type Steklov (2.3). Alors
la fonction ρ → λ1 (ρ) est strictement croissante et
  p−1
1 p
lim λ1 (ρ) = .
ρ→∞ p−1

Démonstration. Tout minimiseur pour Sp (ρ) est un multiple de u0 et est donc radial. Donc par la
première affirmation du théorème 5, qui sera démontrée indépendamment du présent lemme, l’on
p/(p−1)
a p ≤ Q(ρ) pour tout ρ > 0. En utilisant (2.6) et (2.8) on a λ01 (ρ) = (Q(ρ) − p) λ1 (ρ) et
0
donc λ1 (ρ) > 0 pour tout ρ > 0. Il découle alors de (2.8) que la fonction λ1 (ρ) est bornée par une
p
constante positive. Par conséquent λ01 (ρ) → 0 quand ρ → +∞. Donc limρ→∞ λ1 (ρ) p−1 = p−1 1
.

Théorème 9. La courbe Q(ρ) définie par (2.6) possède le comportement asymptotique suivant :

lim Q(ρ) = +∞ et lim Q(ρ) = p.


ρ→0 ρ→+∞

Démonstration. Par les lemmes 7 et 8 nous avons limρ→0 λ1 (ρ) = 0 et limρ→∞ λ1 (ρ) = 1/(p −
p−1
1) p . En utilisant ces propriétés dans la définition de Q on obtient le comportement asymptotique
annoncé.
18 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule

Soit Q̃(ρ) défini par (2.7). Puisque p < Q̃(ρ) ≤ Q(ρ) pour tout ρ > 0, le théorème 9 implique que

lim Q(ρ) = lim Q̃(ρ).


ρ→+∞ ρ→+∞

D’autre part, lorsque p = 2 et N = 2 les résultats de [13] impliquent que limρ→0 Q̃(ρ) = +∞ donc

lim Q(ρ) = lim Q̃(ρ),


ρ→0 ρ→0

au moins dans ce cas particulier.

Maintenant nous démontrons le théorème 5.

Démonstration du théorème 5. Première affirmation. Soit ρ > 0 fixé et u0 la solution radiale de


∆p u0 = up−10 dans RN telle que u0 ≡ 1 sur ∂Bρ (voir proposition 6). D’après le théorème 4 il suffit
de vérifier que u0 n’est pas un minimiseur pour Sq (ρ) quand q > Q(ρ). Nous écrivons u à la place
de u0 pour simplifier les notations. Pour tout t ∈ R et x ∈ RN , notons xt = (x1 − t, x2 , . . . , xN ).
Soit la fonction
|∇u(xt )|p + u(xt )p dx
R
B
Φ(t) = ρ p/q .
R
u(xt )q dσ
∂Bρ

Alors,
R − pq −1
0 t q
Φ (t) = p ∂Bρ
u(x ) dσ ·
h R t 2 t p
 R 
− Bρ 12 |∇u(xt )|p−2 ∂|∇u(x
∂x1
)|
+ 1 ∂u(x )
p ∂x1 dx ∂Bρ
u(xt )q dσ
R  R i
1 ∂u(xt )q
+ Bρ
|∇u(xt )|p + u(xt )p dx q ∂Bρ ∂x1 dσ .

Le premier et le dernier integrand dans les crochets sont des fonctions impaires de x quand t = 0,
donc Φ0 (0) = 0. En utilisant que u ≡ 1 sur ∂Bρ , ainsi que le théorème de la divergence, on a

− p −1
  2

p−2 ∂|∇u| 1 ∂up
Φ00 (0) = p (|∂Bρ |) q ∂ 1
R
|∂Bρ | Bρ ∂x 1 2 |∇u| ∂x1 + p ∂x1 dx

∂ 2 uq
− 1q kukp1,p
R
∂Bρ ∂x21

  2

1 ∂up
= C |∂Bρ | ∂Bρ 12 |∇u|p−2 ∂|∇u|
R
∂x1 + p ∂x1 ν1 dσ

 2 
∂2u
−kukp1,p ∂u
R
∂Bρ
(q − 1) ∂x1 + ∂x21
dσ ,

où ν = (ν1 , . . . , νN ) est la normale extérieure et C est une constante positive. Maintenant, puisque
u est radiale nous pouvons écrire

kukp1,p
!
2
|∂Bρ | 1 ∂up
Z Z
00 1 p−2 ∂|∇u| 2
Φ (0) = C |∇u| + dσ − (q − 1)|∇u| + ∆u dσ .
N ∂Bρ 2 ∂ν p ∂ν N ∂Bρ

Par définition la fonction u = u(r) satisfait


0
rN −1 |u0 |p−2 u0 = rN −1 up−1 ∀r > 0. (2.12)
2.4 Le cas N = 1 19

D’autre part, d’après la proposition 6 la fonction u est une fonction propre associée à λ1 (r) dans
B(r) pour tout r > 0. La condition aux limites satisfaite par une fonction propre implique

u0 (r)p−1 = λ1 (r)u(r)p−1 ∀ r > 0. (2.13)

En utilisant (2.12) et (2.13) on obtient


1/(p−1)
∂|∇u|2 1 ∂up
 
1 λ λ1 1/(p−1)
|∇u|p−2 + = 1 1 − (N − 1) + λ1 (2.14)
2 ∂ν p ∂ν p−1 ρ
et
  1/(p−1)
2 2/(p−1) 1 λ1 λ1
(q − 1)|∇u| + ∆u = λ1 + p−2 1 − (N − 1) + (N − 1) (2.15)
p−1 ρ ρ
(p − 1)λ1

sur ∂Bρ . Nous avons aussi que


kukp1,p = λ1 |∂Bρ |. (2.16)
0
En combinant ces équations nous obtenons Φ (0) = 0 et
 
λ1 (ρ)
Φ00 (0) = C 1 − (N − 1) − (q − 1)λ1 (ρ)p/(p−1) ,
ρ

où C est une constante positive. Si q > Q(ρ) alors Φ00 (0) < 0 et t = 0 est un maximum local pour
Φ. Donc u = u0 n’est pas un minimiseur.

Deuxième affirmation. Soit p < q < p∗ . Si ρ > 0 est suffisamment grand alors q > Q(ρ) par le
théorème 9 et on applique la première affirmation.

Les minimiseurs nonradiaux peuvent tout de même posséder certaines propriétés de symétrie. En
effet, les estimations standard pour la symétrie foliée de Schwarz qui sont rappelées dans l’annexe
A impliquent le résultat suivant.
Proposition 10. Soient ρ > 0 et 1 < q < p∗ . Alors il existe un minimiseur pour Sq (ρ) possédant
la symétrie foliée de Schwarz.

2.4 Le cas N = 1

Dans le cas de la dimension N = 1 nous pouvons définir un problème de minimisation analogue au


problème (2.2) et obtenir des résultats similaires aux théorèmes 4 et 5 concernant les propriétés de
symétrie des minimiseurs. Dans certains cas particuliers nous pouvons démontrer que la fonction
Q(ρ) définie par (2.6), avec N = 1, est le seuil exact pour la brisure de symétrie. En dehors de
ces cas particuliers nous présentons deux techniques numériques différentes permettant de vérifier
que Q(ρ) est optimal.

Soit ρ > 0 fixé. La meilleure constante dans l’inégalité de trace est définie par
Rρ 0 p
−ρ
|u | + |u|p dx
Sq (ρ) = inf . (2.17)
u∈W 1,p (−ρ,ρ) (|u(−ρ)|q + |u(ρ)|q )p/q

De la même façon que dans la proposition


0 6, l’on peut démontrer qu’il existe une unique fonction
u0 > 0 paire satisfaisant |u00 |p−2 u00 = up−1
0 sur R et telle que u0 (−ρ) = u0 (ρ) = 1.
20 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule

Si 1 < q ≤ p, l’on montre, comme dans le théorème 4, que tout minimiseur pour Sq (ρ) est un
multiple de u0 .

Si q 6= p, soit v un minimiseur pour (2.17). Nous pouvons supposer que v ≥ 0 et que v est
p
−1
normalisé de façon à ce que Sq (ρ) (v(−ρ)q + v(ρ)q ) q = 1. Alors la fonction v est de classe
C 1 ([−ρ, ρ]) ∩ C 2 ({v 0 6= 0}) et elle est une solution classique du problème
 0
 |v 0 |p−2 v 0 = v p−1 dans ] − ρ, ρ[,
v > 0 dans ] − ρ, ρ[, (2.18)
 0 p−2 0
|v | v (±ρ) = ±v(±ρ)q−1 ,

au sens que |v 0 |p−2 v 0 ∈ C 1 ([−ρ, ρ]).

Posons λ1 (ρ) = Sp (ρ) et définissons la fonction

1
Q(ρ) = 1 + .
λ1 (ρ)p/(p−1)

Notre objectif dans cette section est d’étudier numériquement et, lorsque cela est possible, analy-
tiquement, l’affirmation suivante :

1 < q ≤ Q(ρ) ⇒ tout minimiseur pour Sq (ρ) est un multiple de u0 ,


(2.19)
Q(ρ) < q < ∞ ⇒ il n’existe aucun minimiseur pair pour Sq (ρ).

Nous proposons deux méthodes numériques différentes permettant de vérifier l’affirmation (2.19),
et nous la démontrons rigoureusement dans deux cas particuliers.

Proposition 11. La fonction ρ 7→ Q(ρ) est strictement décroissante. De plus,

lim Q(ρ) = +∞ et lim Q(ρ) = p.


ρ→0 ρ→+∞

Démonstration. Nous avons


dQ p −p dλ1
(ρ) = − λ1 (ρ) p−1 −1 (ρ).
dρ p−1 dρ

Or, de la même façon que dans le lemme 8, l’on montre que λ01 (ρ) > 0. Donc Q est strictement
décroissante. Le comportement asymptotique de Q s’établit de la même façon que dans le théorème
9.

D’après la proposition 11 nous pouvons définir

R(q) = Q−1 (q), (2.20)

pour tout p < q < ∞. L’affirmation (2.19) s’énonce de manière équivalente comme suit : Soit q > p
fixé. Alors
0 < ρ ≤ R(q) ⇒ tout minimiseur pour Sq (ρ) est un multiple de u0 ,
(2.21)
R(q) < ρ < ∞ ⇒ il n’existe aucun minimiseur pair pour Sq (ρ).

Nous pouvons démontrer l’affirmation (2.21) dans deux cas particuliers : Pour tout 2 < q < ∞
lorsque p = 2, et pour q = p2 lorsque 1 < p < ∞.
2.4 Le cas N = 1 21

Le cas p = 2 est traité au chapitre 3. Considérons à présent le cas général 1 < p < ∞. De la même
façon que dans le théorème 5 l’on peut démontrer qu’il n’existe aucun minimiseur pair si q > Q(ρ)
(ou de manière équivalente si ρ > R(q)). S’il existe un minimiseur pair pour Sq (ρ), alors, de la
même façon que dans le théorème 4, l’on peut montrer que ce minimiseur est un multiple de u0 .
Il s’agit donc de démontrer que si 1 < q ≤ Q(ρ), alors tout minimiseur pour Sq (ρ) est pair.

Soit p < q < ∞ fixé et supposons qu’il n’existe aucun minimiseur pair pour Sq (ρ). Soit v ≥ 0 un
minimiseur pour Sq (ρ). Si v(−ρ) = v(ρ) alors l’on peut montrer que v est pair, comme dans la
proposition 14 ci-dessous. Nous supposons donc v(−ρ) > v(ρ). Puisque tout multiple non nul de
v est de nouveau un minimiseur nous pouvons supposer v(−ρ) = 1 et v(ρ) = a pour un certain
0 < a < 1. La fonction v satisfait l’équation
0
|v 0 |p−2 v 0 = |v|p−2 v on ] − ρ, ρ[. (2.22)

En multipliant les deux membres par v 0 et en intégrant nous obtenons


0 0
(p − 1) (|v 0 |p ) = (|v|p ) ,

et donc
(p − 1) (|v 0 (ρ)|p − |v 0 (−ρ)|p ) = |v(ρ)|p − |v(−ρ)|p . (2.23)
D’autre part, v satisfait les conditions aux limites suivantes,
p
p−1 −1
(−v 0 (−ρ)) = Sq (1 + aq ) q ,
(2.24)
p
−1
v 0 (ρ)p−1 = Sq (1 + aq ) q aq−1 .

En insérant (2.24) dans (2.23) nous obtenons


0
(p − 1)Sq (ρ)p = f (a)
p
où p0 = p−1 et où f est définie par

1 − tp p
1− p
f (t) = q−1 (1 + tq ) p−1 ( q)
. (2.25)
p p−1
1−t
Maintenant puisque tout minimiseur pair pour Sq (ρ) est un multiple de u0 il s’ensuit que l’infimum
(2.17) restreint aux fonctions paires, soit Sqpair (ρ), est donné par
p
Sqpair (ρ) = 21− q λ1 (ρ) .

Puisque nous avons supposé Sq (ρ) < Sqpair (ρ), nous avons
0 p
p0 0
(p − 1)2p (1− q ) λ1 (ρ) > (p − 1)Sq (ρ)p = f (a).

Supposons maintenant que la fonction f soit décroissante sur l’intervalle ]0, 1[. Alors
0 p
p0 0 0 p p−1
(p − 1)2p (1− q ) λ1 (ρ) > (p − 1)Sq (ρ)p = f (a) > lim f (t) = 2p (1− q )
t→1 q−1

Cela implique
1
q >1+ = Q(ρ).
λ1 (ρ)p/(p−1)
Le raisonnement ci-dessus entrainerait donc (2.19), ou de manière équivalent (2.21), si seulement
nous pouvions démontrer que f est décroissante.
22 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule

Malheureusement nous ne sommes pas parvenus à démontrer de manière générale que f est
décroissante. Cependant, nous avons dessiné numériquement le graphique de f (t) pour divers choix
convenables des paramètres, à savoir 1 < p < ∞ et p < q < ∞, et nous avons toujours constaté
que f est effectivement décroissante. Dans la figure (2.1) nous montrons quelques graphiques de
f pour différentes valeurs de p et q.

Dans le cas particulier q = p2 nous pouvons tout de même démontrer que f est décroissante.
Proposition 12. Soient 1 < p < ∞ et p < q < ∞. Soit la fonction t 7→ f (t) définie sur ]0, 1[ par
(2.25). Si q = p2 alors f est strictement décroissante.
Avant de démontrer cette proposition, écrivons formellement sa conclusion.
Corollaire 13. Soit 1 < p < ∞. Soit R(q) défini par (2.20). Si 0 < ρ ≤ R(p2 ) alors tout
minimiseur pour Sp2 (ρ) est un multiple de u0 , tandis que si ρ > R(p2 ), alors il n’existe aucun
minimiseur pair pour Sp2 (ρ).

Démonstration de la proposition 12. Nous avons


p2 −q
df tp−1 (1 + tq ) q−pq p h p(−1+q)
(t) = 2 1 + t−p+ −1+p +q (−1 + p) − p
dt
 p(−1+q)

−1 + t −1+p (−1 + p)

p(−2+p+q) p(−1+q)
+tq (1 − q) + t−p+ −1+p (p − q) + t−p+ −1+p (−1 + q)
i
+t−p+q (−p + q)

Appelons le terme entre crochets g(t). Il s’agit de montrer que g(t) < 0 sur l’intervalle ]0, 1[.
Puisque g(0) = 1 − p < 0 et g(1) = 0, il suffit de montrer que g est une fonction croissante sur
l’intervalle en question. Nous avons

−p+q
dg −(1+p−q)  2 t −1+p p(p − q)(−1 + q)
(t) = t (p − q) −
dt −1 + p

−2p+p2 +q
t −1+p p(p − q)(−1 + q)
+ − tp (−1 + q)q
−1 + p

p(−1+q)
p2 + q − 2pq 

−t −1+p

Appelons le terme entre crochets h(t). Il s’agit de montrer que h(t) > 0 sur l’intervalle ]0, 1[.
Puisque h(0) = (p − q)2 et h(1) = 0, il suffit de montrer que h est une fonction décroissante sur
l’intervalle en question. On a
"
2
dh ( 1−2p+q
) (p − q) p2 −q
(t) = p(−1 + q)t −1+p 2 − t −1+p q
dt (−1 + p)
 #
tp (p − q) −2p + p2 + q tq p2 + q − 2pq
+ −
(−1 + p)2 −1 + p

Si nous remplaçons q = p2 dans l’équation ci-dessus nous obtenons


dh  2

(t) = −2 tp − tp p2
dt
2.4 Le cas N = 1 23

Cette dernière expression est négative sur l’intervalle ]0, 1[.

Maintenant nous présentons une deuxième technique numérique permettant de vérifier (2.19).

Proposition 14. Soit v une solution de (2.18). Alors il existe α ∈ R et t ∈ ]−ρ, ρ[ tels que
v(x) = αu0 (x − t) pour tout x ∈ ]−ρ, ρ[. En particulier tout minimiseur pour (2.17) est le translaté
d’un multiple de u0 .

Démonstration. Soit v une solution de (2.18). Supposons v(−ρ) = v(ρ) = α. La fonction αu0 est
solution du problème de Dirichlet suivant, ainsi que l’est v.
 0
|w0 |p−2 w0 = wp−1 dans ] − ρ, ρ[,
w(−ρ) = w(ρ) = α.

Par unicité de la solution l’on a v ≡ αu0 . Supposons maintenant que v(−ρ) > v(ρ). Par le principe
du maximum, la fonction v n’atteint pas son minimum en x = ρ, donc il existe x0 ∈ ]−ρ, ρ[ tel
v(ρ)
que v(x0 ) = v(ρ). Maintenant si t = x02+ρ et α = u0 (x 0 −t)
alors αu0 (x0 − t) = αu0 (ρ − t) = v(ρ).
Les fonctions αu0 (x − t) et v sont toutes deux solution de
 0
|w0 |p−2 w0 = wp−1 dans ]x0 , ρ[
w(x0 ) = w(ρ) = v(ρ)

donc v(x) = αu0 (x − t) dans ]x0 , ρ[. Nous en déduisons que v(x) = αu0 (x − t0 ) partout. D’après
la condition aux limites satisfaite par v, il est clair que t0 ∈ ]−ρ, ρ[.

Nous pouvons utiliser la proposition 14 pour calculer la valeur seuil de q au-dessus de laquelle il
y a perte de symétrie.

En effet, soit 1 < p < ∞ fixé et soit p ≤ q < ∞. Soit enfin une solution v de (2.18). Il existe
α, t ∈ R, dépendant de q, tels que v(x) = αu0 (x − t), pour tout x. D’après la condition aux limites
apparaissant dans (2.18) nous avons

|u00 (ρ − t)|p−2 u00 (ρ − t) −|u00 (−ρ − t)|p−2 u00 (−ρ − t)


q−1
= ,
u0 (ρ − t) u0 (−ρ − t)q−1

dont nous déduisons que


 
u00 (ρ−t)p−1
ln p−1
(−u00 (−ρ−t))
q =1+   . (2.26)
ln uu00(−ρ−t)
(ρ−t)

Maintenant nous définissons une fonction q(t) grâce au second membre de (2.26). Nous avons donc
la réciproque de la proposition 14 : pour tout t ∈ ]−ρ, ρ[ il existe un α ∈ R tel que αu0 (x − t) est
une solution de (2.18) avec q = q(t) donné par (2.26).

En tracant le graphique de q(t), comme dans la figure 2.1 nous pouvons visualiser l’ensemble des
solutions de (2.18) en termes de q. Dans les graphiques de la figure 2.1 nous constatons la chose
suivante : Si q > q(0), alors le problème (2.18) admet exactement trois solutions, à savoir βu0 ,
αu0 (x − t) et αu0 (−x − t) où α, β et t dépendent de q. Si q ≤ q(0), alors le problème (2.18) admet
comme unique solution un multiple approprié de u0 .
24 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule

Dès lors il est clair, numériquement, que la valeur critique de q conduisant à une perte de symétrie
est q(0) où q(t) est donné par (2.26). Nous pouvons calculer la valeur de q(0) comme suit :
 
u00 (ρ−t)p−1
ln p−1
(−u00 (−ρ−t))
q(0) = lim 1 +  
t→0
ln uu00(−ρ−t)
(ρ−t)

 
u00 (ρ−t)p−1
ln p−1
(−u00 (ρ+t))
= lim 1 +  
t→0
ln uu00 (ρ−t)
(ρ+t)

u000 (ρ)u0 (ρ)


= 1 + (p − 1) ,
u00 (ρ)
0
où nous avons employé la règle de l’Hospital. Maintenant, u0 satisfait l’équation |u00 |p−2 u00 =
up−1
0 sur ]−ρ, ρ[ ainsi que la condition aux limites u00 (ρ)p−1 = λ1 (ρ)u0 (ρ)p−1 . Par conséquent

1
q(0) = 1 + = Q(ρ).
λ1 (ρ)p/(p−1)
2.4 Le cas N = 1 25

Fig. 2.1 – Graphes de f (t) avec p = 3.5, q = 3.6 et p = 5.5, q = 15 respectivement.


26 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule

Fig. 2.2 – Graphes de q(t) avec p = 3, ρ = 1 et p = 1.5, ρ = 4 respectivement.


Chapitre 3

Minimiseurs pour la constante de


trace dans une boule avec p = 2

3.1 Introduction

Soit ρ > 0 fixé et Bρ la boule de rayon ρ centrée à l’origine dans RN avec N ≥ 2. Soit 1 < q ≤ 2∗
où 2∗ est l’exposant critique de trace défini par 2∗ = 2(N − 1)/(N − 2) si N > 2 et 2∗ = ∞ si
N = 2. Soit enfin −∞ < λ < λ1 (ρ) où λ1 (ρ) est la première valeur propre dans le problème de
type Steklov défini par (3.2) ci-dessous (voir aussi (2.3) avec p = 2). Considérons le problème de
minimisation
|∇v|2 + v 2 dx − λ ∂Bρ v 2 dσ
R R
λ Bρ
Sq (ρ) = inf 2/q . (3.1)
v∈H 1 (Bρ )
R
|v|q dσ
∂Bρ

Lorsque 1 < q < 2∗ il est standard de montrer que l’infimum est atteint. Dans le cas q = 2∗
Adimurthi et Yadava ont obtenu certains résultats concernant l’existence de minimiseurs dans
[1]. Ceux-ci montrent que si 0 ≤ λ < λ1 (ρ) alors il existe toujours un minimiseur, tandis que si
−∞ < λ < 0 alors il existe un minimiseur dès que ρ est suffisamment petit. L’annexe C contient
un exposé plus détaillé de ce résultat. Si l’infimum (3.1) est atteint par une fonction u, alors nous
savons que u est de signe constant et que tout multiple de u est aussi un minimiseur. Notons enfin
que si λ = 0 alors Sq0 (ρ) est la meilleure constante dans l’inégalité de trace définie par (2.1) avec
p = 2.

Si q = 2 alors S2λ (ρ) = λ1 (ρ) − λ où λ1 (ρ) est la première valeur propre dans le problème de type
Steklov

∆u = u dans Bρ ,
∂u (3.2)
∂ν = λu sur ∂Bρ .

Tout minimiseur pour S2λ (ρ) est une fonction propre associée à λ1 (ρ) et réciproquement toute
fonction propre non nulle associée à λ1 (ρ) est un minimiseur pour S2λ (ρ). La valeur propre λ1 (ρ)
est simple et la fonction propre associée u0 , normalisée pour que u0 (0) = 1, est radiale. A titre de
remarque notons que u0 est connu explicitement : Il s’agit d’un multiple de la fonction de Bessel
modifiée du premier type et d’ordre N2 − 1.
28 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p = 2

Si q 6= 2 alors nous pouvons supposer que la fonction u est positive et normalisée de sorte que
Z ! q2 −1
Sqλ (ρ) uq dσ = 1. (3.3)
∂Bρ

Dans ce cas u est une solution du problème aux limites



 ∆u = u dans Bρ ,
u>0 dans Bρ , (3.4)
 ∂u q−1
∂ν = λu + u sur ∂Bρ .

Etant donné les symétries du problème de minimisation (3.1), il est naturel de se demander si u est
une fonction radiale. Dans le cas où λ = 0 et N ≥ 2 certains résultats existent dans la littérature
(voir l’annexe B pour un exposé détaillé).

Nous considérons le cas plus général où −∞ < λ < λ1 (ρ). Cependant, la plupart de nos résultats
sont nouveaux, même dans le cas λ = 0. De plus nous proposons des preuves originales pour
certaines des propriétés connues dans le cas λ = 0. Par analogie avec le théorème 4 nous avons le
résultat suivant.
Théorème 15. Soit ρ > 0 fixé.
1. S’il existe un minimiseur radial pour Sqλ (ρ) alors c’est un multiple de u0 .
2. Soient 1 < q0 ≤ 2∗ et −∞ < λ0 < λ1 (ρ) fixés et supposons qu’il existe un minimiseur radial
pour Sqλ00 (ρ). Soient q et λ tels qu’au moins une des conditions suivantes est satisfaite :
(a) 1 < q < q0 et λ0 ≤ λ < λ1 (ρ)
(b) 1 < q ≤ q0 et λ0 < λ < λ1 (ρ)
Alors tout minimiseur pour Sqλ (ρ) est un multiple de u0 .
3. Soit −∞ < λ < λ1 (ρ). Si 1 < q < 2 alors la solution de (3.4) est unique et c’est un multiple
de u0 . En particulier, tout minimiseur pour Sqλ (ρ) est un multiple de u0 .
La deuxième et la troisième affirmation du théorème 15 sont partiellement connues dans le cas
λ = 0. En effet, il est démontré dans [13] que si q ≤ q0 ou si q ≤ 2 alors il existe un minimiseur
radial pour Sq0 (ρ). L’annexe B contient un exposé plus détaillé de ce résultat.

D’après la troisième affirmation du théorème 15 nous pouvons nous limiter au cas q > 2 dans la
suite.

Avant d’énoncer le résultat principal de ce chapitre, nous rappelons quelques propriétés de λ1 (ρ).
D’après le lemme 8 la fonction ρ 7→ λ1 (ρ) est strictement croissante sur l’intervalle ]0, ∞[ et
limρ→∞ λ1 (ρ) = 1. Par conséquent, pour tout −∞ < λ < 1 on peut définir

ρ0 (λ) = inf {ρ > 0; λ < λ1 (ρ) } . (3.5)

Si λ > 0, alors on a λ = λ1 (ρ0 (λ)) et en particulier Sqλ (ρ0 (λ)) = 0. Si −∞ < λ ≤ 0, alors ρ0 (λ) = 0.
Notons enfin que λ < λ1 (ρ) pour tout ρ > ρ0 (λ).

Le résultat suivant complémente le théorème 15 ci-dessus (voir aussi le théorème 4).


Théorème 16.
1. Fixons 2 < q ≤ 2∗ si N ≥ 3 (ou 2 < q < ∞ si N = 2), et fixons −∞ < λ < 1. Il existe
δ1 (q, λ) tel que si ρ0 (λ) < ρ < ρ0 (λ) + δ1 , alors tout minimiseur pour Sqλ (ρ) est un multiple
de u0 .
3.1 Introduction 29

2. Fixons 2 < q ≤ 2∗ si N ≥ 3 (ou 2 < q < ∞ si N = 2), et fixons ρ > 0. Il existe δ2 (q, ρ) tel
que si λ1 (ρ) − δ2 < λ < λ1 (ρ), alors tout minimiseur pour Sqλ (ρ) est un multiple de u0 .
3. Soient ρ > 0 et −∞ < λ < λ1 (ρ) fixés. Il existe δ3 (ρ, λ) tel que si 2 < q < 2 + δ3 , alors tout
minimiseur pour Sqλ (ρ) est un multiple de u0 .
Remarquons que nous envisageons le cas des exposants critiques dans le théorème 16. L’existence
de minimiseurs pour S2λ∗ (ρ) est prouvé sous certaines hypothèses par Adimurthi et Yadava dans
[1]. Les auteurs de [13] obtiennent également l’existence de minimiseurs pour le problème critique
mais dans des conditions moins générales. Nous évoquons ces travaux avec plus de détails dans
l’annexe B et nous utilisons explicitement les résultats de Adimurthi et Yadava dans la suite.

La première affirmation du théorème 16 a été obtenue dans [13] pour le cas sous-critique avec
λ = 0, en utilisant le théorème de fonctions implicites. Nous utilisons également le théorème des
fonctions implicites pour démontrer le théorème 16, mais en l’applicant à une fonction différente
de celle qui apparaı̂t dans [13]. Notre approche s’adapte assez facilement pour traiter aussi la
deuxième et la troisième affirmation ainsi que le cas de l’exposant critique.

Dans certaines conditions la symétrie radiale se perd si q ou ρ est suffisamment grand, ou si λ est
suffisamment petit.
Théorème 17. Soient ρ > 0, −∞ < λ < λ1 (ρ) et 2 < q ≤ 2∗ fixés. Si
λ1 (ρ)
1 − (N − 1) − (q − 1)λ21 (ρ) + (q − 2)λ1 (ρ)λ < 0 (3.6)
ρ
alors il n’existe aucun minimiseur radial pour Sqλ (ρ).
Nous pouvons utiliser (3.6) pour écrire des estimations quantitatives sur les valeurs de q et de λ
conduisant à une perte de symétrie, en isolant l’un ou l’autre de ces paramètres dans (3.6). Par
exemple si q > Q(ρ, λ), où
 
1 1 N −1
Q(ρ, λ) = 1 + − −λ ,
λ1 (ρ) − λ λ1 (ρ) ρ
alors il n’existe aucun minimiseur radial pour Sqλ (ρ). Nous déduirons de (3.6) que les minimiseurs
pour Sqλ (ρ) peuvent être nonradiaux si ρ ou bien q est suffisamment grand, ou si λ est suffisamment
petit. En particulier nous pouvons en déduire l’existence, ou non, d’une borne inférieure pour les
nombres δi apparaissant dans le théorème 16. Cette analyse est faite dans la proposition 19 ci-
dessous. Notons enfin que dans le cas λ = 0, la perte de symétrie dans les grandes boules découle
de [10].

Dans le cas N = 1 nous pouvons définir un problème de minimisation analogue à (3.1) par
R ρ 02 
λ −ρ
u + u2 dx − λ u(−ρ)2 + u(ρ)2
Sq (ρ) = inf 2/q
.
u∈H 1 (−ρ,ρ) (|u(−ρ)|q + |u(ρ)|q )
Comme dans le cas N ≥ 2, on suppose ρ > 0, 1 < q < ∞ et −∞ < λ < λ1 (ρ) où λ1 (ρ) = S20 (ρ).
La notion de fonction radiale est remplacée par celle de fonction paire. De la même façon que dans
le théorème 17, on peut montrer que si q > Q(ρ, λ), où
 
1 1
Q (ρ, λ) = 1 + −λ , (3.7)
λ1 (ρ) − λ λ1 (ρ)
alors il n’existe aucun minimiseur pair pour Sqλ (ρ). En fait, en dimension N = 1 la réciproque du
théorème 17 est également vraie.
Proposition 18. Supposons N = 1. Soient ρ > 0, 1 < q < ∞ et −∞ < λ < λ1 (ρ). Alors il existe
un minimiseur pair pour Sqλ (ρ) si et seulement si q ≤ Q (ρ, λ). De plus s’il existe un minimiseur
pair, alors c’est un multiple de u0 .
30 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p = 2

3.2 Minimiseurs radiaux

Dans cette section nous démontrons les théorèmes 15 et 16.

Démonstration du théorème 15. Première affirmation. Soit v un minimiseur radial pour Sqλ (ρ). Il
existe a > 0 tel que v ≡ au0 sur ∂Bρ . Puisque v et au0 satisfont tous deux ∆w = w dans Bρ , on
a v ≡ au0 dans Bρ par le principe de comparaison classique.

Deuxième affirmation. Soit v un minimiseur non négatif pour Sqλ (ρ). Si v est constant sur ∂Bρ
alors v est un multiple de u0 par le même raisonnement que ci-dessus. Supposons que v n’est
pas constant sur la frontière. Si 1 < q ≤ q0 alors le même raisonnement que dans la preuve du
théorème 4 montre que

|∇u0 |2 + u20 dx − λ0 ∂Bρ u20 dσ |∇v|2 + v 2 dx − λ0 ∂Bρ v 2 dσ


R R R R
Bρ Bρ
R 2/q ≤ R 2/q , (3.8)
|u |q dσ |v|q dσ
∂Bρ 0 ∂Bρ

avec inégalité stricte si 1 < q < q0 .

D’autre part, puisque v n’est pas constante sur la frontière il découle de l’inégalité stricte de Hölder
que
Z Z !2/q
2 1− q2 q
v dσ < |∂Bρ | v dσ
∂Bρ ∂Bρ

!2/q
u20 dσ
R Z
∂Bρ q
= v dσ .
uq0 dσ
R
∂Bρ ∂Bρ

et donc
(λ0 − λ) ∂Bρ v 2 dσ (λ0 − λ) ∂Bρ u20 dσ
R R
R 2/q ≥ R 2/q , (3.9)
q dσ q
∂Bρ
v u
∂Bρ 0

si λ0 ≤ λ. De plus, l’inégalité (3.9) est stricte si λ0 < λ. Par hypothèse on a soit 1 < q < q0 et
λ0 ≤ λ < λ1 (ρ), soit 1 < q ≤ q0 et λ0 < λ < λ1 (ρ). Par conséquent, au moins une des inégalités
(3.8) ou (3.9) est stricte et en les additionnant l’on a

|∇u0 |2 + u20 dx − λ ∂Bρ u20 dσ |∇v|2 + v 2 dx − λ ∂Bρ v 2 dσ


R R R R
Bρ Bρ
R 2/q < R 2/q .
|u |q dσ |v|q dσ
∂Bρ 0 ∂Bρ

Donc v ne peut pas être un minimiseur pour Sqλ (ρ), ce qui est une contradiction.

Troisième affirmation. La démonstration est similaire à la celle de la troisième affirmation du


théorème 4.

Démonstration du théorème 16. Première affirmation. Soient −∞ < λ < 1 et 1 < q ≤ 2∗ fixés.
Soit ρ0 (λ) donné par (3.5). Supposons d’abord N ≥ 3. Il suffit alors de considérer le cas q = 2∗ .
En effet, supposons que la première affirmation du théorème soit vraie lorsque q = 2∗ . Cela veut
dire qu’il existe δ1 > 0 tel que tout minimiseur pour S2λ∗ (ρ) est un multiple de u0 pour tout
ρ0 < ρ < ρ0 + δ1 . Maintenant par le théorème 15 tout minimiseur pour Sqλ (ρ) est un multiple de
u0 pour tout ρ0 < ρ < ρ0 + δ1 et pour tout 1 < q ≤ 2∗ .
3.2 Minimiseurs radiaux 31

Notons que l’existence de minimiseurs pour S2λ∗ (ρ) a été étudiée par Adimurthi et Yadava dans
[1]. Dans le présent contexte nous utilisons le théorème 34 de l’annexe C qui dit que si ρ > ρ0 (λ)
est suffisamment proche de ρ0 (λ), alors il existe un minimiseur pour S2λ∗ (ρ).

Soit maintenant une suite vρ de minimiseurs positifs réalisant S2λ∗ (ρ) avec ρ → ρ0 . On a S2λ∗ (ρ) →
S2λ∗ (ρ0 ) = 0. En tant que minimiseurs les fonctions vρ satisfont l’équation
! 22 −1
Z Z Z ∗ Z
∇vρ ∇ϕ + vρ ϕ dx − λ vρ ϕ dσ − S2λ∗ (ρ) vρ2∗ dσ vρ2∗ −1 ϕ dσ = 0
Bρ ∂Bρ ∂Bρ ∂Bρ

pour tout ϕ ∈ H 1 (Bρ ). Nous changeons d’échelle en posant uρ (x) = vρ (ρx) et nous notons B la
boule unité. Les fonctions uρ satisfont l’équation
Z Z Z Z
∇uρ ∇ϕ dx = −ρ2 uρ ϕ dx + λρ uρ ϕ dσ + S2λ∗ (ρ) u2ρ∗ −1 ϕ dσ (3.10)
B B ∂B ∂B
1
u2ρ∗ dσ = 1. En
R
pour tout ϕ ∈ H (B), où on suppose que uρ est normalisé de sorte que ∂B
choisissant ϕ = uρ comme fonction test dans (3.10) on a
Z Z Z
|∇uρ |2 dx = −ρ2 u2ρ dx + λρ u2ρ dσ + S2λ∗ (ρ)
B B ∂B
Z
(3.11)
≤ λρ u2ρ dσ + S2λ∗ (ρ)
∂B

≤ cste.

Donc kuρ kH 1 (B) ≤ cste et modulo l’extraction d’une suite partielle on a

uρ * ũ dans H 1 (B) et L2∗ (∂B)


(3.12)
uρ → ũ dans L2 (B) et L2 (∂B)
0
Considérons le membre de droite dans (3.10). Notons Ψ1 (uρ ) ∈ H 1 (B) l’opérateur défini par
Z Z
hΨ1 (uρ ), ϕi = −ρ2 uρ ϕ dx + λρ uρ ϕ dσ ∀ϕ ∈ H 1 (B)
B ∂B
0
et Ψ2 (uρ ) ∈ H 1 (B) l’opérateur défini par
Z
hΨ2 (uρ ), ϕi = S2λ∗ (ρ) u2ρ∗ −1 ϕ dσ ∀ϕ ∈ H 1 (B).
∂B

Il est clair que Ψ1 (uρ ) → Ψ1 (ũ) dans (H 1 (B))0 et, puisque uρ est bornée dans L2∗ (∂B) et S2λ∗ (ρ) →
0, on a Ψ2 (uρ ) → 0 dans (H 1 (B))0 .

Nous avons besoin du lemme 1 de [19] : Soit l ∈ (H 1 (B))R0 tel que hl, αi = 0 pour toute fonction
constante α. Alors il existe un unique w ∈ H 1 (B) tel que B w dx = 0 et −∆w = l dans (H 1 (B))0 .
De plus w, que nous notons w = (−∆)−1 (l), dépend de l de manière continue.

1
R
Notons αρ = |B| u dx. Alors d’après (3.10) nous avons −∆(uρ − αρ ) = Ψ1 (uρ ) + Ψ2 (uρ ). Donc,
B ρ
d’après ce qui précède, nous avons uρ −αρ → (−∆)−1 (Ψ1 (ũ)) au sens de la norme H 1 (B). Puisque
uρ est bornée dans H 1 (B), la suite αρ est bornée et, à une suite partielle près, αρ → α pour un
α ∈ R. Donc, uρ → α(−∆)−1 (Ψ1 (ũ)). D’après cela et (3.12) nous avons donc

uρ → ũ au sens H 1 (B), (3.13)


32 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p = 2

où ũ satisfait Z Z Z
∇ũ∇ϕ dx = −ρ2 ũϕ dx + λρ ũϕ dσ ∀ϕ ∈ H 1 (B), (3.14)
B B ∂B

et ∂B ũ2∗ dσ = 1. Si −∞ < λ ≤ 0 alors ρ0 = 0 et donc ũ ≡ |∂B|11/2∗ . Si 0 < λ < 1 alors en revenant


R

à la boule de rayon ρ on voit que ṽ(x) ≡ ũ(x/ρ) est une fonction propre associée à λ1 (ρ0 ). Par
conséquent, ũ(x/ρ) est le multiple de u0 satisfaisant la normalisation ∂B ũ2∗ dσ = 1. En d’autres
R

termes, ũ est le multiple de u0 tel que ũ ≡ |∂B|11/2∗ sur ∂B.

Le raisonnement ci-dessus s’applique de la même manière si l’on remplace la suite de départ uρ


par une quelconque suite partielle contenue dans uρ . Par conséquent, on peut conclure que la suite
de départ converge elle-même vers ũ au sens de la norme H 1 (Bρ ).

Maintenant considérons la fonction

F : H 1 (B) × R × R → H 1 (B)0 × R : (u, t, ρ) 7→ (F1 (u, t, ρ), F2 (u, t, ρ))

où Z Z Z
< F1 (u, t, ρ), ϕ >= 2
∇u∇ϕ + ρ uϕ dx − ρλ uϕ dσ − t |u|2∗ −2 uϕ dσ
B ∂B ∂B

pour tout ϕ ∈ H 1 (B), et Z


F2 (u, t, ρ) = |u|2∗ dσ − 1.
∂B
Alors F (ũ, 0, ρ0 ) = 0.

Soit (v, s) ∈ H 1 (B) × R et considérons la dérivée de F par rapport à (u, t) au point (ũ, 0, ρ0 ) dans
la direction (v, s) :
Z Z
∂F1 2
h (ũ,0,ρ0 ) (v, s), ϕi = ∇v∇ϕ + ρ 0 vϕ dx − λρ 0 vϕ dσ
∂(u, t) B ∂B
Z
q−1
−s|∂B|− q ϕ dσ ∀ϕ ∈ H 1 (B)
∂B
Z
∂F2 q−1
(ũ,0,ρ0 ) (v, s) = q|∂B|− q v dσ
∂(u, t) ∂B

Soit (φ, α) ∈ H 1 (B)0 × R et considérons le problème de minimisation


Z Z
1 λ1 (ρ0 ) ρ0
inf |∇v|2 + ρ20 v 2 dx − v 2 dσ − hφ, vi,
v∈X 2 B 2 ∂B
 Z 
1
X = v ∈ H (B); v dσ = 0 .
∂B

L’infimum est atteint par une fonction v0 ∈ X satisfaisant


Z Z Z
∇v0 ∇ϕ + ρ20 v0 ϕ dx − λ1 (ρ0 ) ρ0 v0 ϕ dσ − hφ, ϕi = η ϕ dσ
B ∂B ∂B

pour tout ϕ ∈ H 1 (B), où η est un multiplicateur de Lagrange. En posant


α 2∗ −1
v = v0 + ũ et s = η|∂B| 2∗
2∗
nous avons
∂F1
h (ũ,0,ρ0 ) (v, s), ϕi = hφ, ϕi
∂(u, t)
3.2 Minimiseurs radiaux 33

et
∂F2
(ũ,0,ρ0 ) (v, s) = α.
∂(u, t)
Cela montre que ∂F/∂(u, t)|(ũ,0,ρ0 ) est surjectif. Nous pouvons vérifier facilement qu’il est injectif.

Par le théorème des fonctions implicites il existe un voisinage V de (ũ, 0, ρ0 ) dans H 1 (B) × R × R
tel que pour chaque ρ > ρ0 (λ) suffisamment proche de ρ0 , il existe un unique point (u, t, ρ) ∈ V
tel que F (u, t, ρ) = 0.

Reprenons maintenant la suite uρ ci-dessus. D’après ce qui précède on a


uρ , S2λ∗ (ρ), ρ → (ũ, 0, ρ0 ) dans H 1 (B) × R × R


lorsque ρ → ρ0 , et
F uρ , S2λ∗ (ρ), ρ = 0.


Par la propriété d’unicité garantie par le théorème des fonctions implicites, ainsi que l’invariance
de F par rotation, on a que uρ est radial pour ρ suffisamment proche de ρ0 . En revenant à Bρ
par un changement d’échelle on voit que toute fonction vρ réalisant S2λ∗ (ρ) est radiale pour ρ
suffisamment proche de ρ0 . Par le théorème 15, la fonction vρ est alors un multiple de u0 .

Deuxième affirmation. Soient ρ > 0 et 2 < q ≤ 2∗ fixés. Comme ci-dessus nous pouvons supposer
q = 2∗ sans perte de généralité. Considérons une suite ui de minimiseurs positifs réalisant S2λ∗i (ρ)
avec λi → λ1 (ρ). Les fonctions ui satisfont l’équation
Z Z Z
∇ui ∇ϕ + ui ϕ dx = λi ui ϕ dσ + S2λ∗i (ρ) u2i ∗ −1 ϕ dσ (3.15)
Bρ ∂Bρ ∂Bρ

pour tout ϕ ∈ H 1 (B), où nous supposons que ui est normalisé de sorte que u2i ∗ dσ = 1. En
R
∂B
choisissant ϕ = ui comme fonction test dans (3.15) on a
Z Z
2 2
|∇ui | + ui dx = λi u2i dσ + S2λ∗i (ρ). (3.16)
B ∂B

Puisque S2λ∗i (ρ) → S2λ∗1 (ρ) = 0, la suite ui est bornée dans H 1 (Bρ ). Modulo l’extraction d’une suite
partielle on a
ui * ũ dans H 1 (Bρ ) et L2∗ (∂B ρ ),
(3.17)
ui → ũ dans L2 (Bρ ) et L2 (∂B ρ ) et p.p. dans Bρ ,
pour une fonction ũ dans H 1 (Bρ ). Par le même genre de raisonnement que ci-dessus, portant cette
fois sur (3.15) au-lieu de (3.10), on a ui → ũ au sens de la norme H 1 (Bρ ). En passant à la limite
dans (3.15) nous avons que ũ satisfait
Z Z
∇ũ∇ϕ + ũϕ dx = λ1 ũϕ dσ
Bρ ∂B ρ

pour tout ϕ ∈ H 1 (B). Par conséquent, ũ = u0 , la fonction propre associée à λ1 (ρ) et normalisée
pour que u0 ≡ |∂Bρ1|1/2∗ sur ∂Bρ .

Le raisonnement ci-dessus s’applique de la même manière si l’on remplace la suite de départ ui


par une quelconque suite partielle contenue dans ui . Par conséquent on peut conclure que la suite
de départ converge elle-même vers u0 au sens de la norme H 1 (Bρ ).

Définissons la fonction
F : H 1 (Bρ ) × R × R → H 1 (Bρ )0 × R : (u, λ, t) 7→ (F1 (u, λ, t), F2 (u, λ, t))
34 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p = 2

où Z Z Z
< F1 (u, λ, t), ϕ >= ∇u∇ϕ + uϕ dx − λ uϕ dσ − t |u|2∗ −2 uϕ dσ
Bρ ∂Bρ ∂Bρ

pour tout ϕ ∈ H 1 (Bρ ), et Z


F2 (u, λ, t) = |u|2∗ dσ − 1.
∂Bρ

Alors F (u0 , λ1 , 0) = 0.

Soit (v, s) ∈ H 1 (B) × R et considérons la dérivée de F par rapport à (u, t) dans la direction (v, s) :
Z Z Z
∂F1 − 2∗2−1
h (u ,λ ,0) (v, s), ϕi = ∇v∇ϕ + vϕ dx − λ 1 (ρ) vϕ dσ − s|∂B| ∗ ϕ dσ
∂(u, t) 0 1 Bρ ∂B ∂Bρ

∀ϕ ∈ H 1 (Bρ )
Z
∂F2 − 2∗2−1
(u0 ,λ1 ,0) (v, s) = 2∗ |∂Bρ | ∗ v dσ
∂(u, t) ∂Bρ

Soit (φ, α) ∈ H 1 (B)0 × R. L’infimum


Z Z
1 λ1
inf |∇v|2 + v 2 dx − (ρ) v 2 dσ − hφ, vi,
v∈X 2 B 2 ∂B
ρ ρ

où ( Z )
X= v ∈ H 1 (Bρ ); v dσ = 0 ,
∂Bρ

est atteint par une fonction v0 ∈ X satisfaisant


Z Z Z
∇v0 ∇ϕ + v0 ϕ dx − λ1 (ρ) v0 ϕ dσ − hφ, ϕi = η ϕ dσ ∀ϕ ∈ H 1 (Bρ )
Bρ ∂B ρ ∂Bρ

où η est un multiplicateur de Lagrange. En posant


α 2∗ −1
v = v0 + u0 et s = η|∂B| 2∗
2∗ |∂B|1/2∗
nous avons
∂F1
h (u ,λ ,0) (v, s), ϕi = hφ, ϕi,
∂(u, t) 0 1

∂F2
(u ,λ ,0) (v, s) = α.
∂(u, t) 0 1
Cela montre que ∂F/∂(u, t)|(u0 ,λ1 ,0) est surjectif. Nous pouvons vérifier facilement qu’il est injectif.

Par le théorème des fonctions implicites il existe un voisinage V de (u0 , λ1 , 0) dans H 1 (Bρ ) ×R ×R
tel que pour chaque λ suffisamment proche de λ1 il existe un unique point (u, λ, t) ∈ V tel que
F (u, λ, t) = 0.

Reprenons maintenant la suite ui ci-dessus. D’après ce qui précède on a


 
ui , λi , S2λ∗i → (u0 , λ1 , 0) dans H 1 (Bρ ) × R × R

lorsque λi → λ1 , et  
F ui , λi , S2λ∗i = 0.
3.3 Minimiseurs nonradiaux 35

Par la propriété d’unicité garantie par le théorème des fonctions implicites, ainsi que l’invariance
de F par rotation, on a que ui est radial pour λi suffisamment proche de λ1 .

Troisième affirmation. Soient ρ > 0 et −∞ < λ < λ1 (ρ) fixés. Considérons une suite ui de
minimiseurs positifs réalisant Sqλi (ρ) avec qi → 2 et normalisés pour que ∂B uqi i dσ = 1. Il est
R

facile de vérifier que Sqλi (ρ) → S2λ (ρ) = λ1 (ρ) − λ et que ui → u0 dans H 1 (Bρ ) où u0 est normalisé
pour que u0 ≡ |∂Bρ1|1/2 sur ∂Bρ .

Considérons la fonction

F : H 1 (Bρ ) × R × R → H 1 (Bρ )0 × R : (u, t, q) 7→ (F1 (u, t, q), F2 (u, t, q))

où Z Z Z
< F1 (u, t, q), ϕ >= ∇u∇ϕ + uϕ dx − λ uϕ dσ − t |u|q−2 uϕ dσ
Bρ ∂Bρ ∂Bρ
1
pour tout ϕ ∈ H (Bρ ), et où
Z
F2 (u, t, q) = |u|q dσ − |∂Bρ |.
∂Bρ

Alors F (u0 , λ1 − λ, 2) = 0.

En utilisant le théorème des fonctions implicites comme au point précédent, on montre qu’il existe
un voisinage V de (u0 , λ1 − λ, 2) dans H 1 (Bρ ) × R × R tel que pour chaque q suffisamment proche
de 2, il existe un unique point (u, t, q) ∈ V tel que F (u, t, q) = 0.

Reprenons la suite ui ci-dessus. D’après ce qui précède, on a

ui , Sqλi , qi → (u0 , λ1 − λ, 2) dans H 1 (Bρ ) × R × R




lorsque qi → 2 et
F ui , Sqλi , qi = 0.


Par la propriété d’unicité garantie par le théorème des fonctions implicites, ainsi que l’invariance
de F par rotation, on a que ui est radial pour qi suffisamment proche de 2.

3.3 Minimiseurs nonradiaux

Dans cette section nous démontrons d’abord le théorème 17. Ensuite nous analysons les nombres
δi qui apparaissent dans le théorème 16. Pour terminer, nous énonçons un résultat de symétrie
partielle pour les minimiseurs nonradiaux.

Démonstration du théorème 17. Soit ρ > 0 fixé et u0 la solution radiale de ∆u0 = u0 dans RN
telle que u0 ≡ 1 sur ∂Bρ . Il suffit de vérifier que u0 n’est pas un minimiseur pour Sq (ρ) quand
l’inégalité (3.6) est satisfaite. Pour tout t ∈ R et x ∈ RN , notons xt = (x1 − t, x2 , . . . , xN ). Soit la
fonction
|∇u0 (xt )|2 + u0 (xt )2 dx − λ ∂Bρ u(xt )2 dσ
R R

Φ(t) = R 2/q .
t q
u (x ) dσ
∂Bρ 0
36 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p = 2

De la même façon que dans la démonstration du théorème 5, nous pouvons montrer que Φ0 (0) = 0
et  
N −1
Φ00 (0) = C 1 − λ1 (ρ) − (q − 1)λ21 (ρ) + (q − 2)λ1 (ρ)λ ,
ρ
où C est une constante positive. Si Φ00 (0) < 0 alors t = 0 est un maximum local de Φ. Par
conséquent u0 n’est pas un minimiseur pour Sqλ (ρ).

Posons  
1 1 N −1
Q(ρ, λ) = 1 + − −λ (3.18)
λ1 (ρ) − λ λ1 (ρ) ρ
et  
−1 λ1 (ρ)
Λ(ρ, q) = 1 − (N − 1) − (q − 1)λ21 (ρ) . (3.19)
(q − 2)λ1 (ρ) ρ
L’inégalité (3.6) est équivalente à q > Q(ρ, λ) et à λ < Λ(ρ, q). Le comportement asymptotique de
Q et de Λ lorsque ρ → 0 ou ρ → +∞ peut se déduire des limites suivantes,

lim λ1 (ρ) = 0 et lim λ1 (ρ) = 1,


ρ→0 ρ→+∞

qui elles-mêmes sont prouvées dans les lemmes 7 et 8. Nous pouvons utiliser ces informations pour
analyser les nombres δ1 , δ2 et δ3 qui apparaissent dans le théorème 16.
Proposition 19. Soient δ1 (q, λ), δ2 (ρ, q) et δ3 (ρ, λ) définis dans le théorème 16. Alors nous avons
les propriétés suivantes :
1. Considérons δ1 (q, λ).
(a) Soit −∞ < λ < 1 fixé.
i. Si N = 2, alors inf δ1 (q, λ) = 0.
2<q<∞

ii. Si N ≥ 3, alors inf δ1 (q, λ) > 0.


2<q≤2∗

(b) Soit 2 < q ≤ 2∗ fixé si N ≥ 3, et 2 < q < ∞ fixé si N = 2. Alors inf δ1 (q, λ) = 0.
−∞<λ<0
2. Considérons δ2 (q, ρ).
(a) Soit ρ > 0 fixé.
i. Si N = 2, alors inf δ2 (q, ρ) = 0.
2<q<∞

ii. Si N ≥ 3, alors inf δ2 (q, ρ) > 0.


2<q≤2∗

(b) Soit 2 < q ≤ 2∗ fixé si N ≥ 3, et 2 < q < ∞ fixé si N = 2. Alors inf δ2 (ρ, q) = 0.
ρ>0

3. Considérons δ3 (ρ, λ).


(a) Soit ρ > 0 fixé. Alors inf δ3 (ρ, λ) = 0.
−∞<λ<λ1 (ρ)

(b) Soit 0 < λ < 1 fixé. Alors inf δ3 (ρ, λ) = 0.


ρ0 (λ)<ρ<∞

Démonstration. Nous ne prouvons que les affirmations concernant δ1 (q, λ) car les autres se démontrent
de manière similaire.

1.a.i. Soit −∞ < λ < 1 fixé et supposons qu’il existe δ avec 0 < δ < δ1 (q, λ) pour tout q > 2. Soit
ρ tel que ρ0 (λ) < ρ < ρ0 (λ) + δ. Pour tout 2 < q < ∞ nous avons ρ0 < ρ < ρ0 + δ1 (q, λ). Donc,
par la définition de δ1 , il existe un minimiseur radial pour Sqλ (ρ) pour tout 2 < q < ∞. Or si nous
choisissons q > Q(ρ, λ), alors le théorème 17 implique qu’il n’existe aucun minimiseur radial pour
Sqλ (ρ), ce qui est une contradiction.
3.4 Le cas N = 1 37

1.a.ii. Soit −∞ < λ < 1 fixé et soit δ1 (2∗ , λ) > 0. D’après le théorème 15, on a δ1 (q, λ) ≥
δ1 (2∗ , λ) > 0 pour tout 2 < q < 2∗ .

1.b. Soit q fixé et considérons −∞ < λ < 0. Puisque λ < 0, on a ρ0 (λ) = 0. Maintenant, fixons
ρ > 0. Si −∞ < λ < Λ(q, ρ), alors il n’existe aucun minimiseur radial pour Sqλ (ρ). En utilisant ce
fait, ainsi qu’un raisonnement similaire que celui du point 1.a.i, on obtient inf −∞<λ<0 δ1 (q, λ) = 0
comme souhaité.
Pour terminer, notons que les minimiseurs nonradiaux possèdent tout de même certaines propriétés
de symétrie.
Proposition 20. Soient ρ > 0, −∞ < λ < λ1 (ρ) et 1 < q ≤ 2∗ . Alors tout minimiseur pour
Sqλ (ρ) possède la symétrie foliée de Schwarz.

Démonstration. Supposons qu’il existe un minimiseur u pour Sqλ (ρ). Fixons P ∈ ∂Bρ . D’après
les estimations rappelées dans l’annexe A, la symétrisation foliée de Schwarz de u par rapport
au point P , notée uP , est également un minimiseur pour Sqλ (ρ). D’après le théorème 29, u et uP
coı̈ncident sur ∂Bρ à une rotation près. Par conséquent u ≡ uP à une rotation près.

3.4 Le cas N = 1

Dans cette section nous démontrons la proposition 18 qui dit que la fonction Q(ρ, λ), définie par
(3.7), determine le seuil exacte pour la brisure de symétrie dans le cas N = 1.
Démonstration de la proposition 18. Supposons d’abord que q > Q(ρ, λ). Alors un raisonnement
analogue à la démonstration du théorème 17 montre qu’il n’existe aucun minimiseur pair pour
Sqλ (ρ).

Démontrons à présent l’implication en sens inverse. Soit v > 0 un minimiseur pour Sqλ (ρ) et
supposons que v n’est pas pair. La fonction v satisfait l’équation v 00 = v dans ]−ρ, ρ[, donc elle
possède la forme v(x) = Aex + Be−x avec A, B ∈ R. Si v(−ρ) = v(ρ) il est facile de voir que v est
pair, donc nous supposons, sans perte de généralité, que v(−ρ) > v(ρ). Puisque tout multiple de v
est encore un minimiseur on peut supposer que v(−ρ) = 1 et v(ρ) = a pour un certain 0 < a < 1.
Il s’ensuit que v est donnée par
1
aeρ − e−ρ ex + eρ − ae−ρ e−x
  
v(x) = (3.20)
e2ρ − e−2ρ
En tant que minimiseur v satisfait les conditions aux limites
2
−1
v 0 (ρ) = λa + Sqλ (ρ) (1 + aq ) q aq−1

et 2
−1
−v 0 (−ρ) = λ + Sqλ (ρ) (1 + aq ) q .
En considérant le logarithme du quotient de ces équation, on obtient
 0 
v (ρ)−λa
ln −v 0 (−ρ)−λ
q =1+ . (3.21)
ln a
Définissons la fonction h(t) par  
tM −1
ln −t+M
h(t) = 1 + , (3.22)
ln t
38 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p = 2

où
e2ρ + e−2ρ − λ e2ρ − e−2ρ

M= .
2
En remplaçant (3.20) dans (3.21), on peut vérifier que q = h(a) et il est clair que l’on doit avoir
1 1
a ∈] M , 1[. Nous allons montrer que h(t) > Q(ρ, λ) pour tout t ∈] M , 1[. Par un calcul direct on a

(M 2 − 1)t
 
1
h0 (t) = − (h(t) − 1) . (3.23)
t ln t (−t + M )(tM − 1)
sinh ρ M +1 1
D’autre part, puisque λ1 (ρ) = cosh ρ on a Q(ρ, λ) = 1 + M −1 . Maintenant, soit t0 ∈] M , 1[ et
supposons que h(t0 ) < Q (ρ, λ). Alors

(M 2 − 1)t0 (M 2 − 1)t0 M +1
− (h(t0 ) − 1) > − .
(−t0 + M )(t0 M − 1) (−t0 + M )(t0 M − 1) M − 1
1
Puisque −∞ < λ < λ1 (ρ), on a M > 1. Puisque M < t0 < 1, on peut vérifier que (−t0 +
M )(t0 M − 1) > 0. Par conséquent,

(M 2 − 1)t0 M +1
− > 0. (3.24)
(−t0 + M )(t0 M − 1) M − 1

Par (3.23) et (3.24) on a h0 (t0 ) < 0, donc il existe δ > 0 tel que h(t) < Q(ρ, λ) et h0 (t) < 0 pour
tout t ∈]t0 , t0 + δ[. En répétant l’argument précédent on obtient que h0 (t) < 0 sur l’intervalle ]t0 , 1[
et h(1) < Q(ρ, λ). Or, en utilisant (3.22) et la règle de l’Hôpital, on a
M +1
lim h(t) = 1 + = Q (ρ, λ) ,
t→1 M −1
1
ce qui est une contradiction. Par conséquent h(t) > Q(ρ, λ) pour tout t ∈] M , 1[ et en particulier
q = h(a) ≥ Q (ρ, λ).

3.5 Calculs numériques dans le cas N = 2

Dans cette section nous présentons des calculs numériques qui indiquent que la réciproque du
théorème 17 est vraie dans le cas N = 2. En d’autres termes nous vérifions par approximation
numérique que Q(ρ, λ), défini par (3.18), est le seuil exact pour la perte de symétrie radiale, dans
le cas N = 2.

3.5.1 Méthode numérique

Soient ρ > 0 et −∞ < λ < λ1 (ρ) fixés et considérons le problème de minimisation (3.1). D’après
ce qui précède on peut définir Q̃(ρ, λ) tel que

q ≤ Q̃(ρ, λ) ⇒ Tout minimiseur associé à Sqλ (ρ) est un multiple de u0 .

q > Q̃(ρ, λ) ⇒ Il n’existe aucun minimiseur radial pour Sqλ (ρ).

Le théorème 17 fournit une estimation de Q̃(ρ, λ) par le haut puisque l’on a 2 < Q̃(ρ, λ) < Q(ρ, λ)
pour tout ρ > 0 et pour tout −∞ < λ < λ1 (ρ). Par ailleurs, on a démontré les propriétés suivantes :
1. Si N = 1 alors Q̃ = Q.
3.5 Calculs numériques dans le cas N = 2 39

2. limρ→∞ Q̃(ρ, λ) = limρ→∞ Q(ρ, λ) = 2.


3. limλ→−∞ Q̃(ρ, λ) = limλ→−∞ Q(ρ, λ) = 2
Etant donné ces propriétés, l’on peut se demander si Q̃ = Q dans d’autres cas que N = 1. Cette
question est sans réponse à notre connaissance, mais nous avons vérifié numériquement que Q̃ = Q
dans le cas N = 2. La méthode que nous présentons est valable en toute dimension et certaines
étapes sont également valables pour le cas de l’inégalité de trace générale, 1 < p < ∞, traité au
chapitre 2.

Notons Sqλ,rad (ρ) l’infimum (3.1) pris sur les fonctions radiales. Par la définition de Q̃(ρ, λ) nous
avons
q ≤ Q̃(ρ, λ) ⇔ Sqλ,rad (ρ) = Sqλ (ρ).
D’autre part Q̃(ρ, λ) ≤ Q(ρ, λ), donc
λ,rad λ
Q(ρ, λ) = Q̃(ρ, λ) ⇔ SQ(ρ,λ) (ρ) = SQ(ρ,λ) (ρ).
λ,rad λ
Il s’agit donc de vérifier numériquement l’égalité SQ(ρ,λ) (ρ) = SQ(ρ,λ) (ρ) pour un grand échantillon
de valeurs admissibles de ρ et λ.

Pour calculer Q(ρ, λ), il suffit de pouvoir calculer λ1 (ρ). Dans le cas p = 2 considéré dans ce
chapitre, le spectre de type Steklov est connu explicitement et nous avons
0
1 − N/2 IN/2−1 (ρ)
λ1 (ρ) = + ,
ρ IN/2−1 (ρ)

où IN/2−1 est la fonction de Bessel modifiée du premier type d’ordre N/2 − 1. Notons que dans le
cas général 1 < p < ∞, considéré au chapitre 2, nous pouvons résoudre numériquement l’équation
(2.8) pour obtenir une approximation de λ1 (ρ).

Pour calculer l’infimum sur les fonctions radiales, remarquons que u0 est un minimiseur pour
Sqλ,rad (ρ). Par conséquent,

ku0 k21,2 − λku0 k2L2 (∂Bρ ) ku0 k2L2 (∂Bρ ) 2


Sqλ,rad (ρ) = = S2λ (ρ) = (λ1 (ρ) − λ)|∂Bρ |1− q .
ku0 k2Lq (∂Bρ ) ku0 k2Lq (∂Bρ )

Considérons maintenant le calcul de Sqλ (ρ). L’ensemble des valeurs propres et fonctions propres
du problème de type Steklov (3.2) est donné par
N
 
x
ukj (x) = |x|1− 2 Ik+ N −1 (|x|)Ykj |x|
2

(3.25)
0
1−N/2 Ik+N/2−1 (ρ)
λk = ρ + Ik+N/2−1 (ρ)

où Iν est la fonction de Bessel modifiée du premier type et d’ordre ν et les Ykj sont les harmoniques
sphériques d’ordre k indicées par j. Les fonctions ukj constituent une base de H 1 (Bρ ). Notons Vn
le sous-espace de H 1 (Bρ ) engendré par les n premières fonctions propres dans (3.25). Soit
(Z Z Z )
Sn = inf |∇v|2 + v 2 dx − λ v 2 dσ; v ∈ Vn , |v|q dσ = 1 . (3.26)
Bρ ∂B ρ ∂Bρ
S∞
Puisque V = n=1 Vn est dense dans H 1 (Bρ ) on a Sn & Sqλ (ρ) lorsque n → +∞. De plus si Sn est
atteint par un ∈ Vn alors il existe une suite partielle uni telle que uni → u où u est un minimiseur
pour Sq (ρ).
40 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p = 2

3.5.2 Exemples numériques

Nous considérons d’abord le cas λ = 0 qui correspond au problème de trace proprement dit. Nous
utilisons les notations du chapitre 2. Puisque N = 2 la fonction Q(ρ) est donnée par
 
1 λ1 (ρ)
Q(ρ) = 1 + 1− .
λ1 (ρ)2 ρ

Le graphe de Q est tracé dans la figure 3.1. Dans le tableau 3.1 nous avons calculé Q−1 (q) pour
différentes valeurs de q.

q Q−1 (q) q Q−1 (q) q Q−1 (q)


2.1 3.13294 6 0.687132 18 0.350864
2.2 2.43356 7 0.617889 19 0.340538
2.3 2.09141 8 0.566124 20 0.331073
2.4 1.87244 9 0.52553 30 0.266086
2.5 1.71484 10 0.492587 40 0.22867
2.6 1.59357 11 0.465157 50 0.203597
2.7 1.49611 12 0.441855 60 0.185298
2.8 1.41536 13 0.421739 70 0.171185
2.9 1.3469 14 0.404144 80 0.159873
3 1.28782 15 0.388582 90 0.150543
4 0.948234 16 0.374691 100 0.142676
5 0.786665 17 0.362191 110 0.135926

Tab. 3.1 – Valeurs de Q−1 (ρ).

Soit 2 < q < ∞ et soit ρ∗ = Q−1 (q). Dans le tableau 3.2 nous avons calculé Sqrad (ρ) et Sq (ρ) pour
ρ = 0.95ρ∗ , ρ = ρ∗ et ρ = 1.05ρ∗ . On observe Sq (ρ∗ ) = Sqrad (ρ∗ ) pour toutes les valeurs de q dans
cet échantillon. Cela implique Q̃(ρ∗ ) = Q(ρ∗ ) pour toutes les valeurs de ρ∗ dans l’échantillon.

q = 2.1 q = 2.4
ρ∗ = 3.13294 ρ∗ = 1.87244

ρ Sqrad (ρ) Sq (ρ) ρ Sqrad (ρ) Sq (ρ)


2.97629 0.92916 0.92916 1.77881 0.98372 0.98372
3.13294 0.94426 0.94426 1.87244 1.01898 1.01898
3.28958 0.95796 0.95701 1.96606 1.05231 1.04915

q = 2.7 q=3
ρ∗ = 1.49611 ρ∗ = 1.28782

ρ Sqrad (ρ) Sq (ρ) ρ Sqrad (ρ) Sq (ρ)


1.42130 1.01623 1.01623 1.22342 1.02620 1.02620
1.49611 1.06399 1.06399 1.28782 1.08238 1.08238
1.57091 1.11013 1.10566 1.35221 1.13742 1.13211
3.5 Calculs numériques dans le cas N = 2 41

q=6 q=9
ρ∗ = 0.68713 ρ∗ = 0.52553

ρ Sqrad (ρ) Sq (ρ) ρ Sqrad (ρ) Sq (ρ)


0.65277 0.79469 0.79469 0.49925 0.58920 0.58920
0.68713 0.86108 0.86108 0.52553 0.64340 0.64340
0.72148 0.92891 0.92295 0.55180 0.69935 0.69475

q = 12 q = 15
ρ∗ = 0.44185 ρ∗ = 0.38858

ρ Sqrad (ρ) Sq (ρ) ρ Sqrad (ρ) Sq (ρ)


0.41975 0.46083 0.46083 0.36915 0.37630 0.37630
0.44185 0.50512 0.50512 0.38858 0.41338 0.41338
0.46394 0.55106 0.54755 0.40800 0.45193 0.44907

q = 18 q = 30
ρ∗ = 0.35086 ρ∗ = 0.26608

ρ Sqrad (ρ) Sq (ρ) ρ Sqrad (ρ) Sq (ρ)


0.33331 0.31711 0.31711 0.25277 0.19309 0.19309
0.35086 0.34887 0.34887 0.26608 0.21304 0.21304
0.36840 0.38196 0.37981 0.27938 0.23390 0.23290

Tab. 3.2: Comparaison de Sqrad (ρ) et Sq (ρ).

Nous procédons de manière similaire pour analyser le cas λ 6= 0. Soient 2 < q < ∞ et −∞ < λ < 1.
Soit ρ∗ tel que Q(ρ∗ , λ) = q. Dans le tableau 3.3 nous observons Sqλ (ρ∗ ) = Sqλ,rad (ρ∗ ), et donc
Q̃(ρ∗ , λ) = Q(ρ∗ , λ).

q = 3.0 q = 7.5
λ = 0.5 λ = −1.5
ρ∗ = 2.09525 ρ∗ = 0.11630

ρ Sqλ, rad (ρ) Sqλ (ρ) ρ Sqλ, rad (ρ) Sqλ (ρ)
1.99048 0.45543 0.45543 0.11048 1.18990 1.18990
2.09525 0.50249 0.50249 0.11630 1.23786 1.23786
2.20001 0.54726 0.54231 0.12211 1.28529 1.28271

Tab. 3.3 – Comparaison de Sqλ (ρ) et Sqλ, rad (ρ).

Dans les figures 3.5, 3.6 et 3.7 nous avons tracé des graphes de minimiseurs pour Sqλ (ρ) avec λ = 0.
D’après la proposition 20 ces minimiseurs possèdent la symétrie foliée de Schwarz. D’autre part,
le principe du maximum et la condition aux limites satisfaite par un minimiseur impliquent que
celui-ci atteint son maximum sur ∂Bρ et son minimum à l’intérieur de Bρ . Nous observons toutes
ces propriétés dans les figures en question.
42 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p = 2

Fig. 3.1 – Q(ρ) avec N = 2 et p = 2.

Fig. 3.2 – Q(ρ) avec N = 17 et p = 12.46.


3.5 Calculs numériques dans le cas N = 2 43

Fig. 3.3 – ρ 7→ Λ(ρ, q) avec N = 2 et q = 3. La courbe en noir correspond à ρ 7→ λ1 (ρ).

Fig. 3.4 – ρ 7→ Q(ρ, λ) avec N = 2 et λ = 0.5. La ligne verticale correspond à ρ0 (λ).


44 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p = 2

Fig. 3.5 – Minimiseur pour S2 (1) et ses courbes de niveau.


3.5 Calculs numériques dans le cas N = 2 45

Fig. 3.6 – Minimiseur pour S3 (1.3) et ses courbes de niveau.


46 Minimiseurs pour la constante de trace dans une boule avec p = 2

Fig. 3.7 – Minimiseur pour S3 (1.35) et ses courbes de niveau.


Chapitre 4

Minimiseurs pour la constante de


trace dans d’autres domaines

4.1 Résultats analytiques

Soit Ω un domaine borné de RN avec N ≥ 2 et supposons que ∂Ω est Lipschitzien. Soit 1 < q ≤ 2∗
où 2∗ est l’exposant critique de trace défini par 2∗ = 2(N − 1)/(N − 2) si N ≥ 3 et 2∗ = ∞ si
N = 2. La meilleure constante dans l’inégalité de trace est donnée par

|∇v|2 + v 2 dx
R

Sq (Ω) = inf1 R 2/q . (4.1)
v∈H (Ω) |v|q dσ
∂Ω

Cet infimum est atteint par une fonction u de signe constant et tout multiple de u est aussi un
minimiseur. La preuve que l’infimum est atteint est standard dans le cas 1 < q < 2∗ et elle est due
à [1] dans le cas critique (voir l’annexe C).

Si q = 2, alors S2 (Ω) = λ1 (Ω) est la première valeur propre dans le problème de type Steklov
défini par

∆u = u in Ω,
∂u (4.2)
∂ν = λu on ∂Ω.

Tout minimiseur pour S2 (Ω) est une fonction propre associée à λ1 (Ω) et, réciproquement, toute
fonction propre non nulle associée à λ1 (Ω) est un minimiseur pour S2 (Ω). De plus la fonction
propre associée à λ1 (Ω) est unique à un facteur constant près.

Soit q 6= 2 et soit u un minimiseur pour Sq (Ω). Nous pouvons supposer que u est positif et
normalisé pour que
Z  q2 −1
q
Sq (Ω) u dσ = 1. (4.3)
∂Ω

La fonction u est alors une solution du problème aux limites



∆u = u dans Ω,
∂u q−1 (4.4)
∂ν = u sur ∂Ω.
48 Minimiseurs pour la constante de trace dans d’autres domaines

Considérons maintenant µΩ, une contraction ou une dilatation du domaine gouverné par un pa-
ramètre µ > 0. Supposons que Ω possède certaines symétries. Nous voulons savoir dans quelle
mesure ces symétries sont reflétées dans les minimiseurs pour Sq (µΩ).

Une démonstration très similaire à celle du théorème 16 donne lieu au résultat suivant.

Théorème 21. Soit Ω comme ci-dessus.


1. Il existe δ1 (Ω) > 0 tel que si 1 < q < 2 + δ1 , alors il existe un minimiseur unique à un
facteur constant près pour Sq (Ω).
2. Soit 1 < q ≤ 2∗ fixé et considerons une transformation µΩ du domaine, avec µ > 0. Il existe
δ2 (q, Ω) > 0 tel que si 0 < µ < δ2 , alors il existe un minimiseur unique à un facteur constant
près pour Sq (Ω). De plus, si 1 < q ≤ 2, alors δ2 (q, Ω) = ∞.

L’unicité, dans le cas où q appartient à un voisinage de 2, ou bien dans le cas où µ est proche de
zéro, se démontre en utilisant le théorème des fonctions implicites de la même façon que dans la
démonstration du théorème 16. L’unicité, dans le cas 1 < q < 2, quelque soit µ > 0, se démontre
en utilisant l’identité de Picone de la même façon que dans la démonstration de la troisième
affirmation du théorème 15.

Il découle du théorème 21 que si q (ou µ) est suffisamment petit, alors tout minimiseur pour
Sq (Ω) (ou Sq (µΩ)) hérite de toutes les propriétés de symétrie de Ω. Plus précisément nous avons
le corollaire suivant.

Corollaire 22. Soit Ω, comme ci-dessus, et supposons de plus que Ω est invariant sous l’action
d’un sous groupe G ⊂ O(N ).
1. Soit δ1 (Ω) comme dans le théorème 21 et soit 1 < q < 2 + δ1 . Si u est un minimiseur pour
Sq (Ω), alors u(x) = u(gx) pour tout g ∈ G.
2. Soit 1 < q ≤ 2∗ et soit δ2 (q, Ω) comme dans le théorème 21. Soit 0 < µ < δ2 . Si u est un
minimiseur pour Sq (µΩ), alors u(x) = u(gx) pour tout g ∈ G.

Dans certaines situations, le résultat suivant peut entraı̂ner une perte de symétrie pour les mini-
miseurs de Sq (µΩ), lorsque µ est suffisamment grand.

Théorème 23 (del Pino - Florès [10]). Soit Ω un domaine borné et régulier de RN avec N ≥ 3.
Soit 2 < q < 2∗ et notons uµ un minimiseur pour Sq (µΩ) normalisé pour que kuµ k = 1. Notons
yµ un point où uµ atteint son maximum. Pour toute suite µn → ∞, il existe une suite partielle,
encore notée µn , telle que
1. ∂Ω 3 µ−1
n yµn → x0 où x0 ∈ ∂Ω est un point où la courbure moyenne est maximale.

2. supy∈µΩ |uµn (y) − w (Q(y − yµ )) | → 0 où Q est une rotation fixée et w est un minimiseur
pour la meilleure constante de trace critique dans RN
+.

lorsque n → ∞.

Soit uµ comme dans le théorème 23. On ramène uµ à une fonction définie dans Ω en posant
vµ (x) ≡ uµ (µ−1 y). La deuxième affirmation du théorème implique que vµ developpe un unique
pique en un point de ∂Ω lorsque µ est suffisament grand. Ce point est centré autour d’un point
de ∂Ω où la courbure moyenne est maximale.

Pour certains choix de Ω, ce phénomène de concentration implique qu’un minimiseur ne possède


pas toutes les symétries de Ω. Par exemple, supposons que Ω possède exactement deux points où
la courbure moyenne est maximale et que nous pouvons envoyer ces points l’un sur l’autre par une
isométrie g qui conserve Ω. Alors si les conditions du théorème 23 sont satisfaites, il est clair que
lorsque µ est suffisament grand il n’existe aucun minimiseur u pour Sq (µΩ) qui satisfait u ◦ g = u.
4.2 Exemples numériques 49

4.2 Exemples numériques

Nous présentons des graphiques de minimiseurs pour Sq (µΩ) pour divers choix de Ω.

Disque. Le cas du disque est examiné en plus de détails au chapitre 3. Des exemples numériques
sont donnés dans les figures 3.5, 3.6 et 3.7. Dans ces graphiques nous observons que le point où le
minimiseur atteint son minimum se déplace vers la frontière lorsque ρ ou q grandit.

Triangle équilatéral. Dans la figure 4.1 ci-dessous nous proposons des graphes de minimiseurs
pour Sq (µΩ) où Ω est un triangle équilatéral unité. Nous observons que le minimiseur atteint son
maximum en un sommet du triangle. Lorsque le minimiseur ne possède pas toutes les symétries
du triangle, il admet tout de même un axe de symétrie et le point où il atteint son maximum est
unique. Comme dans le cas du disque nous observons que le point où le minimiseur atteint son
minimum se déplace vers la frontière lorsque µ ou q grandit.

Carré. Dans la figure 4.2 ci-dessous nous proposons des graphes de minimiseurs pour Sq (µΩ) où
Ω est un carré unité. Nous observons des propriétés similaires au cas du triangle. Le minimiseur
atteint son maximum en un sommet du carré. Lorsque le minimiseur ne possède pas toutes les
symétries du carré, il admet tout de même un axe de symétrie et le point où il atteint son maximum
est unique. Comme dans le cas du disque nous observons que le point où le minimiseur atteint son
minimum se déplace vers la frontière lorsque µ ou q grandit.

Nos calculs numériques pour les domaines polygonaux ont été effectués selon une méthode similaire
à celle décrite dans le chapitre 3 pour le disque. La seule différence est que dans le cas des domaines
polygonaux nous avons disrétisé H 1 (Ω) à l’aide d’une base d’éléments finis.
50 Minimiseurs pour la constante de trace dans d’autres domaines

Fig. 4.1 – Minimiseurs pour Sq (Ω) où Ω est un triange équilatéral unité. De haut en bas : µ = 1
et q = 2, µ = 5 et q = 2.1, µ = 1.5 et q = 4.7
4.2 Exemples numériques 51

Fig. 4.2 – Minimiseurs pour Sq (Ω) où Ω est un carré unité. De haut en bas : µ = 3 et q = 2.07,
µ = 5 et q = 2.07, µ = 5 et q = 2.1
52 Minimiseurs pour la constante de trace dans d’autres domaines
Deuxième partie

Solutions nodales d’équations


semilinéaires elliptiques
Chapitre 5

Etude du caractère nonradial des


solutions à énergie minimale dans
un problème semilinéaire

5.1 Introduction

Soit B la boule unité dans RN avec N ≥ 2. Considérons le problème


p−1
− uq−1

−∆u = u+ − dans B,
(5.1)
u = 0 on ∂B,

où 2 < p, q < 2∗ et 2∗ est l’exposant critique de Sobolev usuel. Lorsque q = p cette equation se
réduit à −∆u = |u|p−2 u qui est l’équation modèle dans de nombreuses études sur les problèmes
elliptiques. Nous sommes intéressés par les solutions nodales minimales de (5.1).

Les auteurs de [4] ont démontré l’existence de solutions nodales minimales pour des équations
assez générales −∆u = f (x, u) dans des domaines bornés réguliers (voir aussi l’article [3] et sa
bibliographie). Dans le cas particulier du problème (5.1) ces solutions nodales sont obtenues de la
manière suivante. Soit la fonctionnelle
Z Z Z
1 1 1
ϕ (u) = |∇u|2 dx − up+ dx − uq dx (5.2)
2 B p B q B −

définie sur H01 (B). Une fonction u est solution de (5.1) si et seulement si u est un point critique
de ϕ. Soit

M = u ∈ H01 (B) ; u+ 6= 0, u− 6= 0, hϕ0 (u+ ) , u+ i = hϕ0 (u− ) , u− i = 0 ,




l’ensemble de Nehari nodal. Il est démontré dans [4] et [3] que

β = inf ϕ (u) (5.3)


u∈M

est atteint et, de plus, tout minimiseur u ∈ M est un point critique de ϕ possèdant exactement
deux domaines nodaux. Une telle solution u est appelée solution nodale minimale de (5.1).
56 Caractère nonradial des solutions à énergie minimale

Les propriétés de symétrie des solutions nodales minimales ont été étudiées dans [4]. Les auteurs
montrent que les solutions nodales minimales de −∆u = f (x, u) dans un domaine radial avec une
nonlinéarité assez générale f (x, u) possèdent la symétrie foliée de Schwarz. A titre de remarque,
nous montrons dans la proposition 27 ci-dessous que, dans le cas particulier du problème (5.1),
l’existence de solutions minimales possédant cette symétrie découle d’une nouvelle caractérisation
de β et des estimations standards pour la symétrisation foliée de Schwarz.

Une question intéressante est d’obtenir plus d’informations sur la forme des domaines nodaux des
solutions nodales minimales. Soit A l’ensemble des couples (ω, ω̃), où ω et ω̃ sont des ouverts non
vides disjoints contenus dans B. Nous avons la caractérisation
p q
p−2 q−2
β = min 2p Sp (ω) p−2 + 2q Sq (ω̃)
q−2 , (5.4)
(ω,ω̃)∈A

où Sp (ω), donné par l’équation (5.5) ci-dessous, est la meilleure constante de Sobolev pour l’injec-
tion H01 (ω) ,→ Lp (ω). De plus le minimum dans (5.4) est atteint si et seulement si ω et ω̃ sont les
domaines nodaux d’un minimiseur u de β. Nous rappelons la preuve de cette formule plus loin.

Le problème de décrire la forme des domaines nodaux des solutions nodales minimales est donc
équivalent à trouver une paire de domaines ω et ω̃ minimisant (5.4). Deux structures naturelles
ont été suggérées. Considérons d’abord
βrad = inf ϕ (u)
u∈Mrad

où Mrad est le sous ensemble de M constitué des fonctions radiales. L’on peut montrer que βrad
est atteint par une solution radiale v de (5.1) qui possède exactement deux domaines nodaux
(voir [4]). Les domaines nodaux de v sont une boule et un anneau. Maintenant soient B ± =
{x ∈ B; ±xN > 0 } des demi-boules et notons Mh le sous ensemble de M formé des fonctions qui
sont positives dans B + et negatives dans B − . L’infimum de ϕ sur Mh , noté βh , est atteint et nous
avons p q
βh = p−2 + p−2
2p Sp (B ) + q−2 − q−2
2q Sq (B ) .
Lorsque q = p et B est remplacé par un anneau il est démontré dans [4] que β ≤ βh < βrad si p est
suffisament proche de 2∗ . Nous voulons étudier ce type d’inégalité dans le cas du problème (5.1).
Théorème 24. Soient βh et βrad come ci-dessus.
1. Supposons N ≥ 2. Si p est suffisament proche de 2 et si q est suffisament proche de p alors
βh < βrad . En particulier si q = p est proche de 2 alors la conclusion est vraie.
2. Supposons N ≥ 3. Soit p fixé avec 2 < p < 2∗ . Si q est suffisament proche de 2 ou si q est
suffisament proche de 2∗ alors βrad < βh .
Une propriété similaire à la deuxième affirmation est vraie lorsque q est fixé et p varie.
Un résultat similaire au théorème 24 est vrai lorsque la condition de Dirichlet dans (5.1) est
remplacée par une condition de Neumann homogène ∂u ∂ν = 0. Le problème de Neumann est étudié
en plus de détails dans la section 5.3.

5.2 Démonstration du résultat principal

Afin de démontrer le théorème 24 nous rappelons quelques caractérisations des minima considérés.
Introduisons d’abord quelques notations. Soit ω ⊂ B un ouvert non vide contenu dans B et notons
|∇u|2 dx
R
ω
Sp (ω) = inf1 R 2 (5.5)
u∈H0 (ω)
ω
|u|p dx p
5.2 Démonstration du résultat principal 57

la meilleure constante de Sobolev pour l’injection H01 (ω) ,→ Lp (ω) avec 2 ≤ p ≤ 2∗ . Lorsque ω est
un domaine radial nous notons Sprad (ω) l’infimum (5.5) pris sur les fonctions radiales. Notons que
si ω est une boule alors Sprad (ω) = Sp (ω) tandis que si ω est un anneau alors ce n’est pas toujours
vrai. Notons A l’ensemble des couples (ω, ω̃) où ω et ω̃ sont des ouverts non vides disjoints contenus
dans B. Soit r ∈ ]0, 1[. Notons Br la boule ouverte de rayon r centrée à l’origine et Ar = B \ B̄r
l’anneau de rayon extérieur unité et de rayon intérieur r.
Proposition 25. Soit 2 < p, q < 2∗ . Alors nous avons les caractérisations suivantes.
p q
p−2 q−2
β = min 2p Sp (ω) p−2 + 2q Sq (ω̃)
q−2 , (5.6)
(ω,ω̃)∈A
p q
p−2 + p−2 q−2 − q−2
βh = 2p Sp (B ) + 2q Sq (B ) , (5.7)
n p q
p−2 q−2 rad
βrad = min min 2p Sp (Br )
p−2 + 2q Sq (Ar )
q−2 ;
0<r<1
p−2 rad p
q−2 q
o (5.8)
2p Sp (Ar ) + 2q Sq (Br ) .
p−2 q−2

De plus le minimum dans (5.6) est atteint si et seulement si ω et ω̃ sont les domaines nodaux
d’un minimiseur u pour β. De même les minima dans (5.8) sont atteints, et ce uniquement par
les domaines nodaux d’un minimiseur pour βrad .

Démonstration. Nous prouvons seulement (5.6) car (5.7) et (5.8) se démontrent de manière simi-
laire. Il est facile de vérifier que β défini par (5.3) possède la caractérisation
β = min c (ω) + c (ω̃) , (5.9)
(ω,ω̃)∈A

où
c (ω) = inf ϕ (u)
u∈N (ω)

et
N (ω) = u ∈ H01 (ω) ; u > 0, hϕ0 (u) , ui = 0


pour tout ouvert non vide ω ⊂ B. De plus le minimum dans (5.9) est atteint si et seulement si ω
et ω̃ sont les domaines nodaux d’un minimiseur u de β. Remarquons que N (ω) est une variété de
Nehari. L’on sait que
p q
p−2 q−2
c (ω) = 2p Sp (ω) p−2 et c (ω̃) = 2q Sq (ω̃) q−2 .
La formule annoncée en découle.

Nous utilisons le lemme suivant dans le preuve du théorème 24 (ce lemme nous a été communiqué
par Michel Willem).
Lemme 26. Soit 1 < p < 2∗ et soient Br et Ar comme ci-dessus avec 0 < r < 1. Alors
lim Sprad (Ar ) = Sp (B) .
r→0

Démonstration. Soit u un minimiseur pour Sp (B). L’on sait que u est une fonction radiale. Soit
v ∈ C ∞ (R) tel que 0 ≤ v ≤ 1, v(r) = 0 pour 0 ≤ r ≤ 1 et v (r) = 1 pour r ≥ 2. Définissons
∂u ∂u
un (x) = v (n|x|) u (x) pour x ∈ B. Nous avons un → u et vn (n|x|) ∂x k
→ ∂xk
dans L2 (B) pour
tout 1 ≤ k ≤ N . D’autre part, par l’inégalité de Hardy nous avons
u (x)
nu (x) v 0 (n|x|) = n|x|v 0 (n|x|)
|x|

u (x)
≤ 2|v 0 |∞ ∈ L2 (B) .
|x|
58 Caractère nonradial des solutions à énergie minimale

Donc nv 0 (n|x|) u (x) → 0 dans L2 (B). Il s’ensuit que un → u dans H01 (B).

1
Maintenant Sp (B) < Sprad (Ar ) car Ar B pour tout 0 < r < 1. D’autre part si r = n alors

|∇un |2 dx
R
rad
Sp (Ar ) ≤ RB 2/p
up dx
B n
2/p
|∇un |2 dx/ upn dx
R R
et B B
→ Sp (B) lorsque n → ∞.

Démonstration du théorème 24. Première affirmation. Soit λr la deuxième valeur propre radiale
du Laplacien et soient Br0 et Ar0 les domaines nodaux d’une fonction propre associée. Alors l’on
sait que λr = S2 (Br0 ) = S2 (Ar0 ). Soit λ2 (B) la seconde valeur propre du Laplacien. Nous savons
que les domaines nodaux d’une fonction propre associée sont exactement deux demi-boules, donc
λ2 (B) = S2 (B + ) = S2 (B − ). Puisque λ2 (B) < λr nous avons S2 (Br0 ) > S2 (B + ) et S2 (Ar0 ) >
S2 (B − ). Considérons d’abord l’inégalité S2 (Br0 ) > S2 (B + ). Par continuité il existe δ > 0 et c > 1
tels que Sp (Br0 ) > cSp (B + ) pour tout p ∈ [2, 2 + δ]. Donc si δ > 0 est suffisament petit nous
avons   p
Sp (Br0 ) p−2
> 2 , ∀p ∈ ]2, 2 + δ] .
Sp (B + )
De façon similaire,
 p
 p−2
Sp (Ar0 )
> 2, ∀p ∈ ]2, 2 + δ] .
Sp (B − )
En utilisant S2 (B + ) = S2 (B − ) nous avons
p p p
p−2 p−2 + p−2 p−2 − p−2
2p Sp (Br0 )
p−2 > 2p Sp (B ) + 2p Sp (B ) , ∀p ∈ ]2, 2 + δ] .

Maintenant par continuité,


p p q
p−2 p−2 + p−2 q−2 − q−2
2p Sp (Br0 ) > 2p Sp (B ) + 2q Sq (B ) ,
p−2

pour tout p ∈ ]2, 2 + δ] et pour tout q ∈ [p − δp , p + δp ] pour un 0 < δp < δ qui dépend de p.
Puisque Sp (Br ) > Sp (Br0 ) lorsque r < r0 , nous avons
p q p
inf p−2 Sp (Br ) p−2 + q−2
2q Sq (Ar )
q−2 > p−2
2p Sp (Br0 )
p−2
0<r<r0 2p

p q
p−2 + p−2 q−2 − q−2
> 2p Sp (B ) + 2q Sq (B ) ,

pour tout p ∈ ]2, 2 + δ] et pour tout q ∈ [p − δp , p + δp ].

De manière similaire, en utilisant le fait que S2 (Ar ) > S2 (Ar0 ) lorsque r > r0 , nous pouvons
obtenir que
p q p q
inf p−2 Sp (Br ) p−2 + q−2
2q Sq (Ar )
q−2 > p−2 + p−2
2p Sp (B ) + q−2 − q−2
2q Sq (B ) ,
r0 <r<1 2p

pour tout p ∈ ]2, 2 + δ] et pour tout q ∈ [p − δp , p + δp ]. En combinant ces inégalités nous obtenons
p q p q
inf p−2 Sp (Br ) p−2 + q−2
2q Sq (Ar )
q−2 > p−2 + p−2
2p Sp (B ) + q−2 − q−2
2q Sq (B )
0<r<1 2p

= βh ,

pour tout p ∈ ]2, 2 + δ] et pour tout q ∈ [p − δp , p + δp ]. Il est clair que nous pouvons échanger p
et q dans cet inégalité. Cela prouve la première affirmation.
5.2 Démonstration du résultat principal 59

Deuxième affirmation. Soit p fixé avec 2 < p < 2∗ . Nous considérons d’abord le cas où q est proche
de 2. Nous avons
S2 (B + ) > S2 (B) = λ1 (B) = j 2N −1,1 ,
2

où λ1 (B) est la première valeur propre du Laplacien, et j N −1,1 est le premier zero de la fonction
2
2
de Bessel du premier type et d’ordre N2 − 1. D’après [17] nous avons S2 (B) > j0,12
+ N2 − 1 > 1.
Par continuité il existe δ > 0 et c > 1 tels que

Sq (B + ) > cSq (Br ) > 1, (5.10)

pour un r > 0 fixé suffisament proche de 1 et pour tout q ∈ [2, 2 + δ]. Posons maintenant
p
p

α = p−2 S rad
(A ) p−2
− p−2
S (B − p−2
) .

2p p r 2p p

Il découle de (5.10) que si δ > 0 est suffisament petit alors


q q
2q
Sq (B + ) q−2 > Sq (Br ) q−2 + α q−2 ,

pour tout q ∈ ]2, 2 + δ]. Donc


q p
q−2 + q−2 p−2 − p−2
βh = 2q Sq (B ) + 2p Sp (B )

q p
q−2 p−2 rad
> 2q Sq (Br )
q−2 + 2p Sp (Ar )
p−2

≥ βrad .

Considérons à présent le cas où q est proche de 2∗ . Puisque B + B nous avons Sp (B + ) > Sp (B).
Par le lemme 26 nous avons limr→0 Sprad (Ar ) = Sp (B), donc nous pouvons fixer r > 0 petit tel
que p p
p−2 + p−2
2p Sp (B ) > p−2 rad
2p Sp (Ar )
p−2 .

D’autre part q q
q−2 N q−2 N
1 − q−2 1
2q Sq (Br )
q−2 → NS
2 et 2q Sq (B ) → NS
2 ,

lorsque q → 2 , où S est la constante de Sobolev critique. Par conséquent, si q est suffisament
proche de 2∗ alors
p q
βh = p−2 + p−2
2p Sp (B ) + q−2 − q−2
2q Sq (B )

2p q
p−2 rad q−2
> p Sp (Ar )
p−2 + 2q Sq (Br )
q−2

≥ βrad .

Pour terminer cette section nous présentons une nouvelle caractérisation de β et nous en déduisons
l’existence de minimiseurs possèdant la symétrie foliée de Schwarz.
Proposition 27. Soit β défini par (5.3). Notons
Z p
 p−2 Z q
 q−2
p−2 2 q−2 2
ϕ̃(v) = |∇v+ | dx + |∇v− | dx
2p Ω 2q Ω

et  Z Z 
1 p q
Σ = v ∈ H0 (Ω), v+ dx = 1, v− dx = 1
Ω Ω
60 Caractère nonradial des solutions à énergie minimale

Alors nous avons la caractérisation


β = inf ϕ̃(v) (5.11)
v∈Σ
u+ u−
De plus, si u est un minimiseur pour (5.3) alors v ≡ ku+ kp −
est un minimiseur pour
ku− kq
R  1
2 p−2
(5.11). Réciproquement, si v est un minimiseur pour (5.11) alors u ≡ Ω
|∇v+ | v+ −
R  1
2 q−2

|∇v− | v− est un minimiseur pour (5.3).

Démonstration. Notons µ l’infimum apparaissant dans le membre de droite de (5.11). Si u ∈ M


alors v ≡ kuu++kp − kuu−−kq appartient à Σ. On peut vérifier directement que ϕ̃(v) = ϕ(u) donc µ ≤ β.
 1  1
D’autre part, si v ∈ Σ alors u ≡ Ω |∇v+ |2 p−2 v+ − Ω |∇v− |2 q−2 v− appartient à M. On peut
R R

vérifier directement que ϕ(u) = ϕ̃(v) donc β ≤ µ. Les autres affirmations découlent de ce qui
précède.

Soit u un minimiseur pour (5.3) et v = kuu++kp − kuu−−kq le minimiseur correspondant pour (5.11).
On a ϕ(u) = ϕ̃(v). Soit P un point de ∂B et −P le point antipode. On a
   
vP = kuu++kp − kuu−−kq .
P −P

D’après les estimations d’énergie pour la symétrisation foliée de Schwarz rappelées dans l’annexe
A, il est clair que ϕ̃(vP ) ≤ ϕ̃(v). D’autre part, ϕ(uP ) = ϕ̃(vP ). Donc uP est un minimiseur pour
(5.3).

Remarquons que le résultat de [4] est plus fort que ce qui précède puisqu’il affirme que tout
minimiseur pour β possède la symétrie foliée de Schwarz.

5.3 Le problème de Neumann

Dans cette section nous considérons le problème

−∆u = up−1 − uq−1



+ − dans B,
∂u (5.12)
∂ν = 0 on ∂B.

Supposons que la fonctionnelle ϕ donnée par (5.2) soit définie sur H 1 (B) et soit

H = u ∈ H 1 (B) ; u+ 6= 0, u− 6= 0, hϕ0 (u+ ) , u+ i = hϕ0 (u− ) , u− i = 0 .




Comme dans le cas de la condition de Dirichlet on peut montrer que

η = inf ϕ (u) (5.13)


u∈H

est atteint. De plus, la méthode décrite dans la proposition 3.1 de [4] s’adapte au problème de
Neumann et nous avons que tout minimiseur u ∈ H est un point critique de ϕ possèdant exactement
deux domaines nodaux. Une telle fonction u est appelée solution nodale minimale de (5.12). Comme
ci-dessus nous pouvons définir des quantités ηrad et ηh comme étant l’infimum de ϕ sur les sous
ensembles de H formés respectivement des fonctions radiales et des fonctions qui sont positives
dans B + et negatives dans B − . Soit ω ⊂ B un ouvert non vide borné et définissons

|∇u|2 dx
R
ω
νp (ω) = inf1 2 , (5.14)
u∈H∗ (ω)
R
ω
|u|p dx p
5.4 Calculs numériques en dimension N = 2 61

où H∗1 (ω) est le sous espace de H 1 (B) constitué des fonctions qui sont nulles dans B\ ω̄. Nous avons
νp (B) = 0 tandis que si B \ ω̄ est non vide alors une inégalité de type Poincaré pour les fonctions
dans H∗1 (ω) implique que νp est atteint par un u ∈ H∗1 (ω) et que νp > 0. Lorsque ω est un domaine
radial nous notons νprad (ω) l’infimum (5.14) pris sur les fonctions radiales. Remarquons que pour
0 < r < 1, νp (Br ) = Sp (Br ). Comme dans la proposition 25 nous avons les caractérisations
suivantes. p q
ηh = p−2 + p−2
2p νp (B ) + q−2 − q−2
2q νq (B ) , (5.15)
n p q
ηrad = min min p−2 2p νp (Br )
p−2 + q−2 ν rad (A ) q−2 ;
2q q r
0<r<1
p−2 rad p q
o (5.16)
p−2 + q−2 ν (B ) q−2
2p νp (Ar ) 2q q r .

Théorème 28. Soient ηh et ηrad comme ci-dessus.


1. Supposons N ≥ 2. Si p est suffisament proche de 2 et si q est suffisament proche de p alors
ηh < ηrad . En particulier si q = p est proche de 2 alors la conclusion est vraie.
2. Supposons N ≥ 3. Soit p fixé avec 2 < p < 2∗ . Si q est suffisament proche de 2 alors
ηrad < ηh .
Une propriété similaire à la deuxième affirmation est vraie lorsque q est fixé et p varie.

Démonstration. La preuve de la première affirmation dans le théorème 28 est similaire à la preuve


de la première affirmation dans le théorème 24 donc nous ne l’écrivons pas. Considérons la deuxième
affirmation. En utilisant un argument similaire à celui du lemme 26 nous pouvons montrer que
limr→0 ν2rad (Ar ) = ν2 (B) = 0. Nous pouvons donc fixer r > 0 petit tel que ν2rad (Ar ) < 1. D’autre
part ν2 (B + ) est la première valeur propre non nulle du Laplacien avec une condition aux limites
0 0
de Neumann homogène et l’on sait que ν2 (B + ) = jN/2,1 > 1, où jN/2,1 est le premier zero de la
dérivée de la fonction de Bessel du premier type et d’ordre N/2. Par continuité, il existe 0 < ε < 1
et δ > 0 tels que
νqrad (Ar ) < 1 − ε et νq B + > 1 + ε,

(5.17)
pour tout q ∈ [2, 2 + δ]. Maintenant soit 2 < p < ∞ fixé et soit
p
p

α = p−2 ν (B ) p−2
− p−2
ν (B − p−2
) .

2p p r 2p p

Par (5.17) nous pouvons prendre δ > 0 petit tel que


q q
2q
νq (B + ) q−2 > νqrad (Ar ) q−2 + q−2 α,

pour tout q ∈ ]2, 2 + δ]. Nous obtenons alors ηh > ηrad en suivant la même démarche que dans la
preuve du théorème 24.

5.4 Calculs numériques en dimension N = 2

Plusieurs méthodes sont proposées dans la littérature pour calculer numériquement des solutions
de (5.1). Par ”solution numérique” l’on entend la chose suivante : Si V ⊂ H01 (Ω) est un sous espace
de dimension finie, alors v ∈ V est appelé ”solution numérique” de (5.1) si ϕ0 (v) = 0 dans V . La
majorité des résultats numériques présentés dans la littérature ne concernent pas le cas du disque,
cependant les auteurs de [6] ont obtenu une solution nodale de (5.1) avec q = p = 3 dans le disque
par la méthode HLA. Les auteurs de [8] ont obtenu des solutions radiales de (5.1) dans le disque.
L’on peut vérifier que ces dernières ne sont pas à énergie minimale selon une technique similaire
à celle décrite dans la section 5.5.

Dans la figure 5.1 ci-dessous nous présentons quelques graphiques de minimiseurs issus de nos
propres calculs numériques.
62 Caractère nonradial des solutions à énergie minimale

Fig. 5.1 – N = 2. Solutions de (5.1) avec q = p = 4 et q = p = 7 respectivement.


5.5 Calculs numériques en dimension N = 3 63

5.5 Calculs numériques en dimension N = 3

Dans ce qui suit nous supposons q = p. Par le théorème 24 nous avons βh < βrad si p est suffisament
proche de 2. Il est naturel de se demander si βh < βrad pour tout 2 < p < 2∗ . Nous vérifions cette
affirmation numériquement en dimension N = 3.

D’abord nous obtenons une approximation de βrad . Soit a > 0 et soit ua une solution du problème
de Cauchy
 −u00 (r) = N r−1 u0 (r) + |u(r)|p−2 u(r) sur ]0, 1[

u(0) = a
 0
u (0) = 0
Nous pouvons déterminer a pour que ua possède exactement deux domaines nodaux et pour que
ua (1) = 0. Si v est un minimiseur pour βrad alors ua et v sont deux solutions radiales du problème
aux limites (5.1) possédant exactement deux domaines nodaux. Par le résultat d’unicité de [18]
nous avons ua ≡ v. Nous pouvons donc calculer βrad = ϕ (ua ).

Une borne supérieure pour βh est donnée par β̃ = ϕ (f ) pour tout choix de f ∈ Mh . Lorsque
2 < p ≤ 4.5 nous prenons f comme étant une deuxième fonction propre du Laplacien avec condition
de Dirichlet homogène. Lorsque 4.5 < p < 2∗ = 6, soit λ > 0 et posons
( −1/2 −1/2
v (|x|) = λ + |x|2 − (λ + 1/4) pour 0 < |x| < 1/2 .
v (|x|) = 0 pour |x| > 1/2

Nous pouvons translater v pour que son support soit dans B + et prendre f comme étant un
multiple convenable de l’extension impaire de v à B. Le tableau 5.1 contient des données qui
indiquent que βh < β̃ < βrad pour un large échantillon de valeurs de p. Pour calculer β̃ dans les
trois dernières colonnes nous avons choisi λ = 10−2 , 10−3 et 10−5 respectivement.

p 2.5 3.5 4.5 5.5 5.7 5.9


βrad 1.2 e 7 912.4 96.54 21.97 15.98 11.03
β̃ 5.1 e 5 313.2 73.63 17.61 12.61 9.898

Tab. 5.1 – βrad et β̃ avec N = 3.


64 Caractère nonradial des solutions à énergie minimale
Chapitre 6

Etude numérique de la meilleure


constante de Poincaré-Wirtinger

6.1 Introduction

Soit B la boule unité dans RN avec N ≥ 1. Soit 1 < q < 2∗ où 2∗ est l’exposant critique de
Sobolev usuel. La meilleure constante dans l’inégalité de Poincaré-Wirtinger est définie par
Z Z Z 
Wq = inf |∇u|2 dx; u ∈ H 1 (B), |u|q dx = 1, u dx = 0 . (6.1)
B B B

L’infimum est atteint par une fonction u qui est solution du problème aux limites
−∆u = Wq |u|q−2 u + η dans B,

∂u (6.2)
∂n = 0 on ∂B,
où η est un multiplicateur de Lagrange. Notons que si u est impair alors η = 0. Nous sommes
intéressés par étudier numériquement les propriétés de symétrie de u, et en particulier son éventuel
caractère impair.

Si q = 2 alors W2 = ν2 est la deuxième valeur propre du Laplacien avec la condition de Neumann


homogène. Tout minimiseur pour W2 est une fonction propre associée à ν2 et, réciproquement,
toute fonction propre associée à ν2 , qui est normalisée convenablement, est un minimiseur pour
W2 . De plus, si u est un minimiseur pour W2 alors c’est une fonction impaire et η = 0 dans (6.2).

Dans le cas N = 1 plusieurs auteurs on étudié les propriétés de symétrie des minimisers pour
Wq dans le cadre plus général où H 1 (−1, 1) est remplacé par W 1,p (−1, 1) avec 1 < p < ∞. Dans
le cas W 1,2 (−1, 1) = H 1 (−1, 1) considéré ici, les résultats suivants sont connus . Dans [14] il est
démontré que tout minimiseur est impair si 1 < q ≤ 5. Par contre dans [5] il est démontré qu’il
n’existe aucun minimiseur impair si 6 < q < 2∗ = +∞. La situation pour 5 < q ≤ 6 semble
ouverte.

Dans le cas N = 2 nous avons calculé des minimiseurs pour Wq et nous observons un phénomène
de brisure de symétrie similaire à celui qui existe lorsque N = 1 : Lorsque q est suffisamment petit,
les minimiseurs que nous obtenons sont impairs, tandis que si q est suffisamment grand alors les
minimiseurs obtenus ne sont pas impairs.
66 Etude numérique de la meilleure constante de Poincaré-Wirtinger

Décrivons brièvement la méthode numérique. Puisque W2 = ν2 , il est naturel de discretiser (6.1)


en remplacant H 1 (B) par un espace de dimension finie engendré par des fonctions propres du
Laplacien avec une condition de Neumann homogène. Une base complète de fonctions propres est
donnée par 
0
 cos mθ
Jm jn,m r m = 0, 1, 2, . . . ; n = 1, 2, . . . (6.3)
sin mθ
Dans cette base une fonction satisfait la seconde contrainte apparaissant dans (6.1) si et seulement
si sa coordonnée correspondant à la fonction propre triviale est nulle. Nous sommes alors en
présence d’un problème de minimisation par rapport à une seule contrainte. Nous avons calculé
ce minimum à l’aide d’une routine de la librairie Nag.

Remarquons enfin que ce problème de minimisation sous contrainte peut être reformulé de façon
à rentrer dans le cadre d’application de l’algorithme du mountain pass (MPA) introduit par Y. S.
Choi et P. J. McKenna dans [7]. En effet, chercher un minimiseur de (6.1) est équivalent à chercher
un minimiseur pour le problème
ω = inf ϕ(u) (6.4)
u∈N

où Z Z
1 1
ϕ(u) = |∇u|2 dx − |u|q dx,
2 B q ∂B
et où  Z 
1 0
N = u ∈ H (B); u dx = 0, hϕ (u), ui = 0
B

est la variété de Nehari correspondante. On peut appliquer le MPA à (6.4).

6.2 Exemples numériques

Nos expériences montrent que la valeur seuil de q au-dessus de laquelle les minimiseurs cessent
d’être impairs est égale à, ou proche de, q = 4. Dans le tableau 6.1 nous donnons une description
quantitative de quelques minimiseurs et dans la figure 6.1 nous traçons des exemples de graphes.

q Wq forme η max de u min de u (m,n)


2.0 ν2 impair 0 0.950 -0.950 /
3.0 4.144 impair 0 1.127 -1.127 (5,5)
3.5 4.286 impair 0 1.182 -1.182 (5,5)
4.0 4.34 impair 0 1.222 -1.222 (6,6)
4.1 4.34 non impair -0.39 1.41 -1.01 (10,4)
4.5 4.25 non impair -0.78 1.60 -0.732 (10,4)
5.0 4.06 non impair -0.87 1.65 -0.602 (10,4)
5.5 3.85 non impair -0.87 1.65 -0.53 (10,4)

Tab. 6.1 – Quelques minimiseurs pour Wq . La dernière colonne indique le nombre d’éléments
utilisés dans la discrétisation.
6.2 Exemples numériques 67

Fig. 6.1 – Minimiseurs pour Wq avec q = 4.0 et q = 6.5 respectivement.


68 Etude numérique de la meilleure constante de Poincaré-Wirtinger
Annexe A

Symétrie foliée de Schwarz

Dans cet annexe nous rappelons la définition et certaines estimations standards pour la symétrisation
foliée de Schwarz.

Soit r > 0 et soit Br la boule de rayon r centrée à l’origine dans RN , avec N ≥ 2. Soit S N −1 ⊂ RN
la sphère unité et soit P ∈ S N −1 fixé. La symétrisation AP d’un sous ensemble fermé A ⊂ ∂Br
est définie comme étant la boule géodésique fermée contenue dans ∂Br et centrée en rP , telle que
dσ(AP ) = dσ(A). Ici dσ dénote la mesure usuelle sur ∂Bρ .

Soit u une fonction continue à valeurs réels définie dans B = B1 . La symétrisation foliée de Schwarz
de u, par rapport au point P , est notée uP et est définie par la condition
P
{uP ≥ t} ∩ ∂Br = ({u ≥ t} ∩ ∂Br ) ∀0 < r ≤ 1, ∀t ∈ R.
Si u = uP , alors l’on dit que u possède la symétrie foliée de Schwarz par rapport au point P . Une
telle fonction ne dépend que de deux variables : la variable radiale r, et la coordonnée sphérique
θ correspondant à la distance géodésique au point P sur S N −1 . De plus, si r > 0 est fixé alors
θ 7→ u(r, θ) est non croissante sur l’intervalle ]0, π[.

Soient P et u comme ci-dessus et soit 1 ≤ q < ∞. Alors


kuP kLq (B) = kukLq (B)
et
kuP kLq (∂B) = kukLq (∂B) .
1
Si, de plus, u est de classe C , alors
Z Z
|∇uP |q dx ≤ |∇u|q dx. (A.1)
B B

Malheureusement aucun résultat général concernant une éventuelle inégalité stricte dans (A.1) ne
semble être démontré à ce jour. Cependant dans le cas particulier q = 2 nous avons le résultat
suivant.
Théorème 29 (Denzler [11]). Soient P et u comme ci-dessus. Supposons
Z Z
|∇uP |2 dx = |∇u|2 dx.
B B

Alors, pour tout 0 < r < 1, uP et u coincident sur ∂Br à une rotation près, qui peut dépendre de
r.
70 Symétrie foliée de Schwarz
Annexe B

Résultats connus concernant les


propriétés de symétrie des
minimiseurs pour la constante de
trace

Soit Ω un domaine borné et régulier contenu dans RN avec N ≥ 2. Soit 1 < q ≤ 2∗ où 2∗ est
l’exposant critique de trace défini par 2∗ = 2(N − 1)/(N − 2), si N ≥ 3 et 2∗ = ∞, si N = 2. La
meilleure constante dans l’inégalité de trace est donnée par

|∇v|2 + v 2 dx
R

Sq (Ω) = inf1 . (B.1)
q dσ 2/q
v∈H (Ω)
R 
∂Ω
|v|

Si 1 < q < 2∗ il est standard de montrer que cet infimum est atteint par une fonction u de signe
constant et que tout multiple de u est aussi un minimiseur.

J. Fernández Bonder, E. Lami Dozo et J. D. Rossi ont étudié les propriétés de symétrie des
minimiseurs pour (B.1) lorsque Ω = Bρ est la boule de rayon ρ > 0.
Théorème 30 (Fernández Bonder - Lami Dozo - Rossi [13]).
1. Supposons N ≥ 2 et soit 1 < q ≤ 2. Alors pour tout ρ > 0 il existe un minimiseur radial
pour Sq (Bρ ).
2. Supposons N ≥ 2 et soit 2 < q < 2∗ . Alors il existe ρ0 (q) > 0 tel que pour tout 0 < ρ < ρ0 , il
existe un minimiseur radial pour Sq (Bρ ). De plus, ce minimiseur est unique à une constante
multiplicative près. Dans le cas N ≥ 3, ρ0 peut être choisi indépendamment de q.
3. Supposons N ≥ 3 et soit q = 2∗ . Alors il existe ρ0 tel que pour tout 0 < ρ < ρ0 , il existe un
minimiseur radial pour Sq (Bρ ).
La première affirmation découle du théorème 31 ci-dessous. La deuxième affirmation est démontrée
à l’aide du théorème des fonctions implicites. La preuve de la troisième affirmation fait intervenir
une borne inférieure pour le rayon critique ρ0 (q) apparaissant dans la deuxième affirmation.

Les auteurs de [13] ont également obtenu des informations concernant la dépendence du caractère
radial des minimiseurs en le paramètre q.
72 Résultats connus sur la symétrie des minimiseurs

Théorème 31 (Fernández Bonder - Lami Dozo - Rossi [13]). Supposons qu’il existe un
minimiseur radial u pour Sq0 (Bρ ) et soit 1 < q ≤ q0 . Alors il existe un minimiseur radial pour
Sq (Bρ ) qui, de plus, est un multiple de u. En particulier, pour tout 1 < q ≤ 2 il existe un
minimiseur radial pour Sq (Bρ ).
M. del Pino et C. Florès ont étudié les propriétés des minimiseurs de Sq (µΩ) avec 2 < q < 2∗ , où
µΩ est une dilatation du domaine Ω gouverné par un paramètre µ → ∞.
Théorème 32 (del Pino - Florès [10]). Soit Ω comme ci-dessus avec N ≥ 3. Soit 2 < q < 2∗
et notons uµ un minimiseur pour Sq (µΩ), normalisé pour que kuµ k = 1. Notons yµ un point où
uµ atteint son maximum. Pour toute suite µn → ∞ il existe une suite partielle, encore notée µn ,
telle que
1. ∂Ω 3 µ−1
n yµn → x0 où x0 ∈ ∂Ω est un point où la courbure moyenne est maximale,
2. supy∈µΩ |uµn (y) − w (Q(y − yµ )) | → 0 où Q est une rotation fixée et w est un minimiseur
pour la meilleure constante de trace critique dans RN
+,
lorsque n → ∞.

Soit uµ comme dans le théorème 32. On ramène uµ à une fonction définie dans Ω en posant
vµ (x) ≡ uµ (µ−1 y). La deuxième affirmation du théorème implique que vµ developpe un unique
pique en un point de ∂Ω lorsque µ est suffisament grand. Ce point est centré autour d’un point
de ∂Ω où la courbure moyenne est maximale.

Le théorème 32 peut conduire à une perte de symétrie pour les minimiseurs de Sq (µΩ). Par
exemple, si Ω = Bρ alors il n’existe aucun minimiseur radial dès que ρ > 0 est suffisament grand.
Annexe C

Résultats connus concernant


l’existence de minimiseurs pour la
constante de trace critique

Soit Ω un domaine borné de RN avec N ≥ 3 et supposons que ∂Ω est Lipschitzien. Soit 1 < q ≤
2∗ ≡ 2(N − 1)/(N − 2) et considérons le problème de minimisation

|∇v|2 + v 2 dx − λ ∂Ω v 2 dσ
R R
λ Ω
Sq (Ω) = inf1 R 2/q . (C.1)
v∈H (Ω) |v|q dσ
∂Ω

S’il existe un minimiseur v, il est standard de montrer que v est de signe constant et que tout
multiple non nul de v est encore un minimiseur. On peut supposer que le minimiseur v est positif,
et il est alors solution du problème aux limites

 ∆u = u dans Ω,
u>0 dans Ω, (C.2)
 ∂u q−1
∂ν = λu + u sur ∂Ω.

Si 1 < q < 2∗ alors l’injection H 1 (Ω) ,→ Lq (∂Ω) est compacte et il est standard de montrer que
l’infimum (C.1) est atteint. Si q = 2∗ alors l’injection en question n’est pas compacte et l’exis-
tence d’un minimiseur pour (C.1) est une question non triviale. Dans le cas λ = 0, J. Fernandez
Bonder, E. Lami Dozo et J.D. Rossi ont obtenu, dans [13], des résultats partiels concernant l’exis-
tence de minimiseurs dans le cas critique. Cependant, le résultat le plus complet est dû, à notre
connaissance, à Adimurthi et Yadava, dans [1]. Ces auteurs introduisent la condition géométrique
suivante : On dit que (gc) est satisfait au point x0 ∈ ∂Ω s’il existe un voisinage U (x0 ) tel que
Ω ∩ U (x0 ) est contenu dans le demi-espace délimité par le plan tangent à ∂Ω au point x0 . Il
s’agit donc d’un point où toutes les courbures principales sont positives. Maintenant, notons S la
meilleure constante de trace de Sobolev pour le demi-espace, soit
(Z Z )
2 1 N 2∗

S = inf |∇u| dx; u ∈ H R+ , |u| dx = 1 .
RN
+ RN −1

La valeur de S ainsi que la forme des minimiseurs ont été obtenues explicitement par Escobar
dans [12] mais nous n’en avons pas besoin de ce qui suit. Le résultat suivant permet de démontrer
l’existence de minimiseurs pour (C.1) dans certaines conditions.
74 Résultats connus sur la constante de trace critique

Lemme 33 (Adimurthi-Yadava [1]). Soit Ω un domaine borné de RN avec N ≥ 3. Supposons


∂Ω ∈ C 4 et notons H la courbure moyenne du bord. Soit x0 ∈ ∂Ω un point vérifiant la condition
géométrique (gc) ci-dessus. Si λ > −H(x0 ) alors S2λ∗ (Ω) < S.
Soit λ1 (Ω) = S20 (Ω) la première valeur propre dans le problème de type Steklov défini par

∆u = u dans Ω
∂u .
∂ν = λu sur ∂Ω

Si −∞ < λ < λ1 (Ω) alors la fonctionnelle J, définie par


Z Z
J(v) = |∇v|2 + v 2 dx − λ v 2 dσ,
Ω ∂Ω

1
est coércitive sur H (Ω).

Le lemme 33 permet de démontrer l’existence de minimiseurs pour (C.1) avec q = 2∗ en appliquant


une méthode classique développée par Yamabe, Aubin et Trudinger. En effet, supposons que
−∞ < λ < λ1 (Ω) et que les hypothèses du lemme 33 sont satisfaites. Considérons une suite
qi → 2∗ et ui une suite de minimiseurs pour Sqλi (Ω), normalisés pour que kui kLqi (∂Ω) = 1. Si
S2λ∗ (Ω) < S, comme dans le lemme 33, alors on peut démontrer que la suite ui contient une suite
partielle, encore notée ui , telle que ui → u dans H 1 (Ω). La limite u est un minimiseur pour S2∗ (Ω).
A titre de remarque, notons que cette démarche fait notamment intervenir l’inégalité
Z 2/2∗ Z Z
2∗ 2
|u| dσ ≤S |∇u| dx + C u2 dx.
∂Ω Ω Ω

Dans ce travail, et plus particulièrement dans les chapitres 3 et 4, nous sommes intéressés par
l’existence de minimiseurs pour S2λ∗ (µΩ) où µ > 0 est un paramètre de contraction ou de dilata-
tion du domaine. En remarquant qu’une contraction du domaine revient à accroı̂tre la courbure
moyenne du bord là où elle est positive, on obtient le résultat suivant par application de ce qui
précède.
Théorème 34. Soit Ω un domaine borné de RN avec N ≥ 3. Supposons ∂Ω ∈ C 4 et notons
H la courbure moyenne du bord. Soit x0 ∈ ∂Ω un point vérifiant la condition géométrique (gc)
ci-dessus. Soit µ > 0, un paramètre de contraction ou de dilatation du domaine.
1. Soit 0 ≤ λ < λ1 (µΩ). Alors il existe un minimiseur pour S2λ∗ (Ω).
2. Soit −∞ < λ < 0. Il existe µ0 (λ) > 0 tel que si 0 < µ < µ0 alors il existe un minimiseur
pour S2λ∗ (µΩ).
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