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2022

CPGE
Mathématiques 1
M.P-Meknès 2ième M.P
Système différentiel linéaire d’ordre 1

I Systèmes différentiels linéaires


Dans la suite, K désigne R ou C et I désigne un intervalle de R. Une fois de plus, on confondra un vecteur
de Kn et la colonne de ses coordonnées dans la base canonique.  
x1 (t)
On rappelle qu’une application vectorielle X : t 7−→ X (t) =  ...  est dérivable (resp. de classe C p )
 

xn (t)
sur I si, et seulement si, ses fonctions coordonnées le sont aussi, et dans ce cas
 0 
x1 (t)
∀t ∈ I, X 0 (t) =  ... 
 

x0n (t)

Définition 1. Système différentiel linéaire d’ordre 1

◦ On appelle système différentiel linéaire d’ordre 1, d’inconnue l’application X : I −→ Kn , une


équation de la forme
( E) : X 0 (t) = A(t) X (t) + B(t)
où A : I −→ Mn (K) et B : I −→ Kn sont des applications continues sur I.
◦ Une application Ψ est une solution de ( E) sur I si et seulement si Ψ est une application de I dans
Kn , dérivable sur I et telle que Ψ0 (t) = A(t)Ψ(t) + B(t) ; ∀t ∈ I.
◦ Le système homogène associée à ( E) est ( H ) : X 0 (t) = A(t).X (t).

Théorème 1. Théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire


Soient A : I −→ Mn (K) et B : I −→ Kn des applications continues. Pour tout (t0 , X0 ) ∈ I × Kn , le
problème de Cauchy  0
X = A(t) X + B(t) ; t ∈ I
X (t0 ) = X0
admet une unique solution sur I .

Théorème 2. Structure de l’ensemble des solutions

→ L’ensemble S I ( H ) des solutions sur I du système homogène ( H ) X 0 = A(t).X est un sous-espace


vectoriel de C 1 ( I, Kn ), de dimension n .
→ Pour tout t0 ∈ I, l’application S I ( H ) −→ Kn est un isomorphisme d’espaces vectoriels.
X 7−→ X (t0 )
→ Les solutions de ( E) sont de la forme X = XH + X p où XH solution de H et X p une solution
particulière de ( E).

Mr. FARESS Moussa 1/4 M.P. 22-23


II Un extrait de concours CCP
Soit I un intervalle réel non réduit à un point et A : I → Mn (C) une fonction continue. Dans ce
problème, on s’intéresse au système différentiel

X 0 (t) = A(t) X (t) ( E)

où X : I → Cn est une application de classe C 1 .


Q 1. Qu’affirme le théorème de Cauchy-Lipschitz linéaire quant à la structure de l’ensemble des solutions
de ( E) ?
Q 2. Vecteurs propres communs
On suppose qu’il existe un vecteur non nul V ∈ Cn et une fonction continue λ : I → C tels que pour
tout t ∈ I on ait
A ( t )V = λ ( t )V
Montrer que la fonction
X : t ∈ I 7 → α ( t ) V ∈ Cn
est solution de ( E) si et seulement si la fonction α est solution d’une équation différentielle linéaire
du premier ordre que l’on précisera et pour laquelle on donnera une expression des solutions.
Q 3. Un premier exemple
On suppose pour cette question que n = 2. Soient a et b deux complexes tels que a − 1 − b 6= 0. On
suppose que, pour tout t ∈ I = R, on a
 
a 1−a
A(t) =
b 1−b

Déterminer une base de l’espace vectoriel des solutions de ( E).


Q 4. Un deuxième exemple
On suppose également pour cette question que n = 2. Soient µ une constante complexe et a, b des
fonctions continues de I dans C, la fonction b ne s’annulant jamais sur I. On suppose que pour tout
réel t ∈ I, on a  
a(t) µb(t)
A(t) =
b(t) a(t) + (µ − 1)b(t)
(a) Traiter le cas particulier où µ = 1.
(b) Montrer qu’il existe deux vecteurs non nuls V1 et V2 dans C2 et deux fonctions continues λ1 et
λ2 de I dans C tels que pour tout t ∈ I on ait

A(t)V1 = λ1 (t)V1 et A(t)V2 = λ2 (t)V2

Remarque : ainsi posée, la question me semble très bizarrre, même si elle n’est pas fausse. Elle est à mettre
en lien avec la suivante.
(c) Donner une condition nécessaire et suffisante portant sur µ pour que l’on ait :

∀t ∈ I, λ1 (t) 6= λ2 (t)

On supposera cette condition vérifiée pour la question suivante.


(d) Déterminer une base de l’espace vectoriel des solutions de ( E).

M.P. 22-23 2/4 Système différentiel linéaire


III Un corrigé d’extrait de concours CCP
Q 1. Le théorème indique que l’ensemble des solutions de ( E) sur I est un C-espace vectoriel de dimension
n.
Q 2. Posons X : t 7→ α (t)V et raisonnons par conditions nécessaires puis suffisantes.
- Si X est solution de ( E) alors, en considérant une coordoonnée non nulle de V (qui existe car
Xi (t)
V 6= 0 comme vecteur propre), disons Vi , on a α (t) = et α est donc dérivable. De plus,
Vi
X 0 (t) = α 0 (t)V et A(t) X (t) = λ (t)α (t) X (t) et donc

∀t ∈ I, α 0 (t) = λ (t)α (t) (1)

- Réciproquement, si α est solution de (1) alors X est dérivable et le même calcul montre que c’est
une solution de ( E).
Z t
D’après le théorème fondamental si t0 ∈ I, la fonction t 7→ λ (u) du est une primitive sur l’intervalle
t0
I de la fonction continue λ. Et d’après le cours, l’ensemble des solutions de (1) sur I est
 Rt 
λ (u) du
Vect t 7→ e t0
   
1 1
Q 3. On remarque que A(t) = , ce qui donne un premier vecteur propre pour A. Comme la
1 1
trace de A(t) vaut a + 1 − b, SI il y a une second valeur propre, c’est a − b. En cherchant un élément du
noyau de A − ( a − b) I 2 , on est amenés
à trouver que ( a − 1, b) est vecteur propre associé à la valeur
1 a−1
propre a − b. Comme = b − a + 1 6= 0 par hypothèse, nos deux vecteurs propres sont in-
1 b
dépendants. La question précédente indique (on choisit t0 = 0 et l’intégrale se calcule immédiatement
puisque λ (t) est une constante) que
   
1 a−1
X : t 7→ et et Y : t 7→ e(a−b)t
1 b

sont deux solutions de ( E). L’indépendance des vecteurs propres donne l’indépendance des fonctions
et, par dimension ( X, Y ) est une base de l’espace des solutions de ( E) sur R.
Q 4. (a) Dans le cas µ = 1, (1, 1) et (1, −1) sont vecteurs propres de A(t) associés aux valeurs propres
a(t) + b(t) et a(t) − b(t). Ces deux vecteurs propres sont indépendants. En choisissant t0 ∈ I et
en utilisant I.2 on obtient deux solutions de ( E) qui sont indépendantes car les vecteurs propres
le sont. Par dimension, l’ensemble des solutions de ( E) sur I est
    
Rt
t0 ( a ( u )+b ( u )) du
1 Rt
t0 ( a ( u )− b ( u )) du
1
Vect t 7→ e , t 7→ e
1 −1

(b) Le polynôme caractéristique de A(t) est

χt (λ ) = λ 2 − (2a(t) + (µ − 1)b(t))λ − ( a(t)2 + (µ − 1) a(t)b(t) − µb(t)2 )

Le discriminant de χt vaut (après calcul simple)

∆t = (µ + 1)2 b(t)2

- Si µ 6= −1 alors χt admet deux racines distinctes. A(t) admet donc deux valeurs propres
distinctes
2a(t) + (µ − 1)b(t) − (µ + 1)b(t)
λ1 (t) = = a(t) − b(t)
2
2a(t) + (µ − 1)b(t) + (µ + 1)b(t)
λ2 (t) = = a(t) + µb(t)
2
Mr. FARESS Moussa 3/4 M.P. 22-23
 
1
Connaissant les valeurs propres, il est facile de deviner des vecteurs propres. V2 =
1
 
µ
est vecteur propre associé à a(t) + µ et V1 = est vecteur propre associé à a(t) − b(t).
−1
V1 et V2 sont constants et λ1 , λ2 sont des fonctions continues.
- Si µ = −1 alors χt = (λ − a + b)2 . A(t) possède une unique valeur propre. On vérifie que
V2 est toujours vecteur propre associé à la valeur propre a(t) − b(t). On ne peut trouver un
second vecteur propre indépendant. On pourrait bien sûr conclure en V1 = 2V2 et λ1 = λ2
mais ceci ne semble pas trop dans l’esprit du problème. On peut penser qu’il y a un bug ou
un autre (mais lequel ?) dans l’énoncé.
(c) Si ∀t ∈ I, λ1 (t) 6= λ2 (t) alors, en prenant un t particulier (qui existe car I n’est pas vide) et comme
b(t) 6= 0, on a µ 6= −1. Réciproquement, comme b ne s’annule pas, λ1 (t) est toujours différent de
λ2 (t) quand λ 6= −1. La condition nécessaire et suffisante cherchée est donc

µ 6= −1

(d) Dans le cas µ 6= −1, le calcul fait en 4.2 et 2 donnent deux solutions indépendantes de ( E). Par
dimension ((V1 , V2 ) est libre) on obtient une base formée de
   
Rt
t0 ( a ( u )− b ( u )) du
µ Rt
t0 ( a ( u )+µb ( u )) du
1
t 7→ e et t 7→ e
−1 1

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