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Analyse Numérique

Le support de cours est sur le site web:

http://fsb.nexgate.ch/Cours-Analyse-Numerique1/

CHAPITRE 1:
ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

Pr. Youssef EL FOUTAYENI / Pr. Khalid ADNAOUI


ANALYSE NUMÉRIQUE
CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

INTRODUCTION :
L'existence, le nombre et le calcul des racines réelles ou complexes de l'équation
f(x)=0 posent des problèmes qui ne sont pas toujours résolus par des méthodes
générales lorsque f est une application continue quelconque de ℝ dans ℝ.

Quand f est une fonction polynôme P, on a de nombreux résultats sur l'existence,


le nombre et la nature des racines de l'équation P(x)=0, mais leur expression
n'est pas en général connue, et leur valeur numérique est impossible à atteindre
par une formule.

Il faut donc recourir aux méthodes numériques permettant d'isoler et


d'approcher les racines de toute équation f(x)=0. Nous présentons plusieurs
techniques d'approximations, chacune ayant ses avantages et ses inconvénients.
Nous nous limitons à la recherche des racines réelles de f(x) = 0. Nous supposons
que nous cherchons une racine de f(x) = 0 sur un intervalle ]a,b[ et que α est
unique sur cet intervalle. On dit que α est séparée.

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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

RAPPELS :
THÉORÈME DES VALEURS INTERMÉDIAIRES:
Si f(a) et f(b) ne sont pas de même signe, il existe au moins un réel c compris
entre a et b tel que f(c)=0.

REMARQUE :
Si de plus f est une fonction strictement monotone sur [a,b], alors le réel c est unique.

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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

EXEMPLES :
(1) Montrer que l’équation x3-5=0 admet une solution unique dans l’intervalle ]1,2[.
(2) Montrer que l’équation x3-3x-1=0 admet une solution α dans l’intervalle ]-1,1[.
(3) Séparer les racines de l’équation x3-3x-1=0.

SOLUTIONS :
(1) Soit f la fonction définie sur [1,2] par f(x)=x3-5.
(a) La fonction f est continue sur [1,2],
(b) f(1)f(2)<0, (f(1)=-4 et f(2)=3)
(c) La fonction f est strictement croissante sur ]1,2[,
donc il existe une solution unique 𝜶 ∈]𝟏, 𝟐[.

(2) Soit f la fonction définie sur [-1,1] par f(x)=x3-3x-1.


(a) La fonction f est continue sur [-1,1],
(b) f(-1)f(1)<0, (f(-1)=1 et f(1)=-3)
donc il existe une solution α∈]-1,1[.

(3) Soit f la fonction définie sur ℝ par f(x)=x3-3x-1.


On a f’(x)=3(x2-1).
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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

MÉTHODE DE DICHOTOMIE : (ou de bissection)


Supposons qu’il existe un unique réel α dans l'intervalle [a,b] tel que f(α)=0.
Supposons également que f(a)f(b)≤0.
L'idée est alors d'évaluer ce que vaut f au milieu de [a,b], i.e., c=(a+b)/2, et de distinguer les
trois cas suivants :
(1) Si f(c)=0, alors, α=c (2) (3)
(on a une solution exacte) Si f(a)f(c)<0, alors, α∈]a,c[ Si f(c)f(b)<0, alors, α∈]c,b[
Ainsi, dans les deux derniers cas, on a trouvé un intervalle de longueur moitié dans lequel
est située la racine α.
On recommence alors avec cet intervalle, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on trouve une
approximation qui nous convienne.

Formellement, on définit les suites (an), (bn) et (cn) en posant cn=(an+bn)/2 et


 a0 = a b0 = b
 
an +1 = an si f (an ) f (cn )  0 bn +1 = cn si f (an ) f (cn )  0
a = c si f (a ) f (c )  0 b = b si f (a ) f (c )  0
 n +1 n n n  n +1 n n n

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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

MÉTHODE DE DICHOTOMIE : (ou de bissection)


THÉORÈME: La suite (𝐶𝑛 )𝑛𝜖𝐼𝑁 construite par la méthode de dichotomie converge vers 𝛼:
Pour que cette suite approche 𝛼 à 𝜀 près, on doit avoir :

|𝒃 − 𝒂|
𝒏 ≥ 𝐥𝐧( )/𝐥𝐧(𝟐)
𝜺
REMARQUE:
La deuxième partie du théorème permet d'avoir une idée du nombre d’itérations nécessaires
pour avoir la racine à 𝜀 près.

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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

MÉTHODE DE DICHOTOMIE : EXEMPLE :


(1) Séparer les racines de l’équation x3-3x-1=0.
(2) Déterminer une approximation de la plus grande racine α par la méthode de
dichotomie après 5 itérations.
MÉTHODE DE DICHOTOMIE/SOLUTION :
(1) L’exemple précédent : -2<β<-1<γ<1<α<2 .
(2)
n an c bn f(a) f(c) f(b)
0 1,00 1,50 2,00 -3,00 -2,13 1,00
1 1,50 1,75 2,00 -2,13 -0,89 1,00
2 1,75 1,88 2,00 -0,89 -0,03 1,00
3 1,88 1,94 2,00 -0,03 0,46 1,00
4 1,88 1,91 1,94 -0,03 0,21 0,46
5 1,88 1,89 1,91 -0,03 0,09 0,21

Une approximation de α par la méthode de dichotomie est : α≃1.89

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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

MÉTHODE DE POINT FIXE: (ou APPROXIMATIONS SUCCESSIVES)


L’équation f(x)=0 peut être mise sous la forme x=F(x).
Par exemple, si x>4/3, l’équation x2−6x+8=0 est équivalente à :
x2 + 8
(1) x = F1 ( x) = 6 x − 8 , (2) x = F2 ( x) = , (3) x = F3 ( x) = x 2 - 5x + 8
6
n xn/F1 xn/F2 xn/F3 n xn/F1 xn/F2 xn/F3
0 3,5 2,5 3,50 11 3,97 2,00 2,17
1 3,61 2,37 2,75 12 3,98 2,00 1,86
2 3,69 2,27 1,81 13 3,99 2,16
3 3,76 2,19 2,22 14 3,99 1,87
4 3,82 2,13 1,83 15 3,99 2,15
5 3,86 2,09 2,20 16 3,99 1,87
6 3,89 2,06 1,84 17 4,00 2,14
7 3,92 2,04 2,19 18 1,88
8 3,94 2,02 1,85 19 2,14
9 3,95 2,01 2,18 20 1,88
10 3,97 2,00 1,86 21 2,13
On remarque que les deux premières suites sont convergentes, alors que la troisième
diverge. 7
ANALYSE NUMÉRIQUE
CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

MÉTHODE DE POINT FIXE: (ou APPROXIMATIONS SUCCESSIVES)


Précisons les conditions que doit satisfaire la fonction F pour que la suite (xn), définie par x0
donné et xn+1=F(xn), converge vers la racine de f.

Définition :
Une fonction F est dite contractante (resp. strictement contractante) sur un intervalle
[a,b], s’il existe k∈[0,1] (resp. ]0,1[) tel que ∀x1,x2∈ [a,b] on a : |F(x1) − F(x2)|≤k|x1 − x2|.

Théorème : (Existence, unicité et convergence)


Toute fonction [a,b]-->[a,b] strictement contractante sur [a,b] admet un point fixe unique
sur cet intervalle.

Théorème :
Soit F une fonction strictement contractante sur [a,b] tel que F(α)=α∈[a,b].
La suite (xn), définie par x0∈ [a,b] et xn+1=F(xn), converge vers α la racine de f.

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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

Remarque :
Une hypothèse plus forte sur F et plus facile à vérifier, à savoir |F’(x)|≤k sur ]a,b[, conduit à
la même conclusion que le théorème. En effet, par le théorème des accroissements finis, on
retrouve la condition ∀x1,x2∈ [a,b] on a : |F(x1) − F(x2)|≤k|x1 − x2|.

MÉTHODE DE POINT FIXE : EXEMPLE


(1) Résoudre l’équation x2−6x+8=0.

(2) On considère la fonction F1 définie par F1 ( x) = 6 x − 8


(a) Montrer F1([3,5])⪽[3,5].
(b) Montrer que la fonction F1 est strictement contractante sur [3,5].
(b) En déduire que la suite (xn), définie par x0 =3.5 et xn+1=F1 (xn), converge vers 4.
x2 + 8
(3) On considère la fonction F2 par F2 ( x) =
6
(a) Montrer que la fonction F2 n’est pas strictement contractante sur [3,5].
(b) Montrer F2([1,3])⪽[1,3].
(c) Montrer que la fonction F2 est strictement contractante sur ]1,3[.
(d) En déduire que la suite (yn), définie par y0 =2.5 et yn+1=F2 (yn), converge vers 2.

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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

MÉTHODE DE NEWTON: (ou NEWTON-RAPHSON)


On va chercher à construire une bonne approximation d'un zéro α de la fonction f (que l’on
suppose de classe C2) en considérant son développement de Taylor au premier ordre :
f(x)≃f(x0)+(x-x0)f’(x0).
Pour cela, partant d'un point x0 que l'on choisit de préférence proche de α, on approche la
fonction au premier ordre, autrement dit, on la considère à peu près égale à sa tangente en
ce point 0≃f(x0)+(x-x0)f’(x0).
Formellement, on part d'un point x0 appartenant à l'ensemble de définition de f et on
construit par récurrence la suite : xn+1=xn-f(xn)/f’(xn).

Remarque :
Si le zéro α est isolé, alors il existe un voisinage de α tel que pour toutes les valeurs de
départ x0 dans ce voisinage, la suite (xn) va converger vers α.
De plus, si f'(α) est non nul, alors la convergence est quadratique, ce qui signifie
intuitivement que le nombre de chiffres corrects est approximativement doublé à chaque
étape.

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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

Théorème :
La suite (xn), définie par x0∈ [a,b] et xn+1=xn-f(xn)/f’(xn), converge vers α la racine de f.
De plus, si f'(α) est non nul, alors la convergence est quadratique,

Démonstration :
La formule de Taylor-Lagrange s'écrit : 0=f(α)=f(x)+(α-x)f’(x)+1/2(α-x)2f’’(ξ) avec ξ entre x
et α.
La méthode de Newton fournit au bout d'une itération :
xn+1-α=xn-f(xn)/f’(xn)-α=1/2(xn-α)2f’’(ξ)/f’(xn).
Ce qui donne
|xn+1-α|≤C|xn-α|2 avec C=M/(2m), m=min (f’) et M=max (f’’).
Finalement : C xn −   (C x0 −  )2
n

Et par conséquent, la suite (xn) vers α, et la convergence de (xn) est quadratique, à condition
que |x0-α|<1/C.

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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

MÉTHODE DE NEWTON: EXEMPLE


Soit à résoudre f(x)=x2−6x+8=0.
En appliquant la méthode de Newton : xn+1=(x2n-8)/(2xn-6), on trouve le résultat suivant:

n xn xn
0 4,50 1,50
1 4,08 1,92
2 4,00 2,00

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CHAPITRE ① ÉQUATIONS NON LINÉAIRES

MÉTHODE DE LA SÉCANTE:
La méthode de la sécante est une méthode dérivée de celle de Newton où l'on remplace
f’(xn), par [f(xn)-f(xn-1)]/[xn-xn-1].
On obtient la relation de récurrence : xn+1=xn-f(xn) [xn-xn-1]/[f(xn)-f(xn-1)].

L'initialisation nécessite deux points x0 et x1, proches, si possible, de la solution recherchée.

MÉTHODE DE LA SÉCANTE: EXEMPLE


Soit à résoudre f(x)=x2−6x+8=0.
En appliquant la méthode de la sécante: xn+1=(xnxn-1-8)/(xn+xn-1-6), on trouve le résultat
suivant: n xn xn
0 3,00 1,00
1 5,00 3,00
2 3,50 2,50
3 3,80 1,00
4 4,08 2,20
5 3,99 2,07
6 4,00 1,99
7 4,00 2,00
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