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L'ART

DE MAGNÉTISER
MAGNÉTISME ANIMAL

SOUS LE POINT DE VUE THÉOBIOUE, PRATIQUE ET THÉBAPEUTIQOE ,

Pu CH. IiAFONTAINE.

SECONDE ÉDITION CONSIDÉRABLEMENT AUGMENTÉE

PARIS.
GERMER BAILI.IËRE. LIBHAIBE-tDI I EUR

XUE DE L'tïOLE-DE-lillICIRE iT.


,

1852.
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PREFACE

DE

LA PREMIÈRE ÉDITION,

Le magnétisme vital, considéré sous


le rapport dical,
mé-

offre un assez vaste champ aux recherches,

qu'il suffise de Féludier point de


pour sous ce vue.

Cependant je ne qu'on doive le circonscrire


pense pas

dans ces
limites. Ce sujet touche à ce qu'il a
de plus
y

élevé dans le monde. Les dogmes religieux, la philo-


VI PRÉFACE.

Sophie, rhistoire,la morale, sont intimement liés à

Fétude du magnétisme. Je ne me suis point senti de

force à le traiter sous ces différentes faces, et j'ai


laissé le soin de remplir cette tache immense à de

plus savants que moi. Je n'ai voulu voir dans le gnétisme


ma-

que le côté essentiellement utile, sa priété


pro-

curative, et alors je Tai étudié principalement


sous ce point de vue. C'est le fruit de mes travaux,

le résultat de mes observations consciencieuses que

je consigne dans cet ouvrage, espérant que ceux qui


se livreront à l'étude du magnétisme en pourront
tirer quelque lumière.

Mon but est que les médecins s'emparent du gnétisme


ma-

s'en servir dans tous les cas où il peut


pour

leur venir en aide ;


les quelques maladies dont j'ai
donné l'historique,
prouveront assez que son cité
effica-

curative est incontestable.

L'emploi du magnétisme vital sera un bienfait pour

l'humanité. Aussi le jour où le magnétisme sera mis


ad-

et adopté par les Corps Savants, le jour où, connu


re-

comme science, il sera enseigné dans^nos


Écoles de Médecine, le but que je poursuis depuis
PRÉFACE. vn

douze ans sera atteint, et alors je serai trop heureux

si mes
efforts ont contribué.
y

15 mars 1847.

Nota. Cette seconde édition est augmentée do tre


chapi-
— -

lY intitalé analogie du fluide magnétique animal avec

le fluide magnétique minéral et de plusieurs faits importants


,

nouTellement recueillis.

1er JQÎQ 1852.


L'ART

DE MAGNÉTISER

CHAPITRE PREMIER.

DD MAGNÉTISME DEPUIS MESMER JI7SQU*A NOS lOCBS.

Mesmer fat le premier qui prononça les mots ma*

gnélisme animal et qui en présenta les effets en

public.
Depuis la plus haute antiquitéle magnétisme était

connu mais il n'était exercé les prêtres de


» que par
chaque religion; étant les seuls instruits» ils joi-
gnaient
à Texercice de leur sacerdoce la pratique de
la médecine.

C'est ainsi nous trouvons Fimposition des


que
mains dans tous les pays et chez tous les peuples où
nous voyons des guérisons opérées des attouche-^
par
chements sur les malades.

Les py thonisses les les oracles étaient


«
augures ,

des somnambules d'une grande lucidité» et Ton s'en

servait pour maintenir les masse» çt commander aux

peuples.
1
2 L'ART DE MAGNÉTISER. ^

Mesmer, jeune et enthousiaste, adopta le tisme


magné-
et voulut en doter rhumanité entière. -

Il exposa sa brillante théorie du fluide universel ;

qui pénètreet embrasse tout dans un mouvement ternatif


al-

et perpétuel, ressemblant h celui du flux et i/

du reflux de la mer : principegénéral répand» djal3^


f

toute la nature, et auquel il rattachait ^


rinfluèHÔç^;*cïti.
soleil, de la lune, des astres, de tous les, cprps '-.

coexistants. "-( •

Il s'appuyaitsur Descartes et Newton, qui avaient •

soupçonné l'existence de ce fluide universel. ;"••;,


Le plein de Descartes, sa matière subtilç, V.s^
tourbillons
,
la manière dont il explique divers phé^
nomènes de la nature, disaient qu'ilallait ^ gi^aSiils.; .

pas vers la sublime découverte du magnétisme.*| ": j^

^Newton, dans divers endroits de son système,*


s'en rapproche de loin et commence à lui rendre ;;
hommage.
« Ce serait ici le lieu, dit-il (1),d'ajouterquelque
» chose sur cette très
espèce d'esprit subtil qui pénè-
» tre à travers tous les corps solides,et qiiiesf ca-
» ché dans leur substance : c^est par la force et l'ac-

» tion de cet espritque les particulesdes corps s'at-

» tirent mutuellement aux plus petitesdistances ^

)" et qu'ellescohérent lorsqu'ellessont contigùës:


» c'est par lui que les corps agissentà
électriques de

)) plus grandes distances, tant pour attirer que pour


» repousser les corpuscules voisins, et c'est encore

f.

i±) A lafindesoQ troisième livre dos principes malbématiques


de la philosophienaiurelie.
DU MAGNÉTISME DBPUIS MESMER. ^

de cet espritque la lumière émane,


»
par le moyen
i" se réfléchit,s'infléchit, se réfracte et échaufife les
» corps; toutes les sensations sont excitées,et les

I» membres des animaux sont mus, quand leur vo*

9 lonté Fordonne, par les vibrations de cette subs-

» tance spiritueuse
qui se propage des organes exté-

» rieurs des sens par les filets solides des nerfs jns-*
u qu'au cerveau et enfin du cerveau dans les mus«
,

]) clés; mais les choses ne peuvent s'expliquer


en peu
» de mots, et on n'a pas faitencore un nombre su^*
y" sant d'expériencespour pouvoir détern^iner exacte*
» ment les lois selon lesquellesagit cet esprituni*
9 verseL »

Ainsi parlaitNewton.
Mesmer a fait des expérienceset a cru trouver dans

I9 nature la théorie de la nature même et il a dit s


,

(( Tout est simple ,


tout est uniforme dans la na-*

» ture; elle produit toujours les plus grands effetd

» avec le moins de dépense possible; elle ajoute


» unité à unité; il n'y a qu'une vie, qu'une santé,
» qu'une maladie par conséquent qu'un remède, p
,

Avec une théorie pareille avec une pratique tourée


en-
,

d'nn peu de merveilleux, Mesmer étonna


et souleva toutes les passionspour et contre lui.
Les gens du monde se prononcèrent en sa faveur;
mais les académies qui se trouvaient froissées se dé-'
clarèrent contre lui, proclamèrent que le magnétis-'
me ne pouvait exister et que Mesmer était un char^
,

latan; elles allèreat même


jusqu'àexpulser dç \e\if
sein lés membres qui adoptèrentle magnétisme*
4 L'ART DE MAGNÉTISER.

Mesmer avait évité de présenter le me»


somnambulis-

quoiqu'ille connût, et ce fut M. le marquas


de Puységur qui sembla le trouver le premier.
Mesmer fit des cours; ses élèves se répandirent
par toute la France; le magnétisme fut connu promp-
tement, grâce aux guérisonsqu'ilopérait,mais la ré-
volution

vint arrêter sa marche.

Il reparut vers 1813. L'abbé Faria et Deleuze fi*

rent du magnétisme en famille; et, en 1818, on fit

des expériencesdans les hôpitaux de Paris; mais les

magnétiseurs d'alors n'avaient pas le courage de leur

conviction : c'était dans l'ombre que les adeptesse crutaient


re-

et ces réunions magnétiques étaient peu


,

nombreuses.

Vint le rapport de 1826, qui sembla porter le der-


nier

coup à la découverte mesmérienne; mais qui au

contraire donna de l'énergie


aux adeptes.
Onnedoit pas s'étonner de roppositionque tra
rencon-

et que rencontre encore Pemploi du magnétisme ;


il n'est pas une seule découverte qui n'ait eu ses

détracteurs;c'est ainsi que la plupartdes hommes de

génie qui ont enrichi la science se sont vu traiter

de charlatans, d'imposteurs ,
ont été persécutéset
quelquefoismis à mort.

L'inventeur de l'eau-de-vie fut brûlé comme cier;


sor-

Salomon de Caux qui découvrit la vapeur fut

enfermé dans la maison des fous ;


Galilée fut traîné

la corde au cou sur la place publique pour y faire


amende honorable. Enfin Fancienne faculté de decine
mé-
,

de Paris s'opposa formellement à ce que la


DU MAGNÉTISME DEPUIS MESMER. "

chimie fût enseignée en France, comme étant pour


bonnes causes et considérations défendue par arrêt du

parlement.
Le magnétisme a subi le sort de toutes les grandes
et sublimes vérités ; il a été l'objetde Tenthousiasme
des uns et de la réprobationdes autres. Plus ses fets
ef-

étaient extraordinaires évidents irrécusables


, , ,

plus les partisans étaient en butte à Finjure et aux

persécutions.
Il y eut cependant des hommes consciencieux et

reconnus comme tels qui bravèrent cette tion


opposi-
,

systématique; le sarcasme et le ridicule ne leur

furent point épargnés. Heureusement Topinion pu*


blique ce juge souverain se déclara pour eux et
, ,

pour le magnétisme. Quelques savants ne dédaigne-


rent pas d'étudier cet agent mystérieux révélé par
Mesmer j et^bientôt ,
grâce à la persistancedes uns et

à la bonne foi des autres les effets qui.paraissaient


"

les plus extraordinaires, examinés sérieusement et

sans prévention rentrèrent dans le cercle des faits


,

naturels ; enfin le principe magnétique devint pour


bien des gens ce qu^ilest véritablement un fait phy-
sique.
,

Aujourd'hui, le magnétisme a grandi, et il n'est

pas une ville en France qui ne compte plusieursma-


gnétiseurs;

des guérisons de toutes sortes se sont

opérées,des théories plus ou moins claires ont paru,


des pratiquesplus ou moins bonnes sont venues à

Tappui ; et de ce concours d'efforts la vérité sortira

une et entière* Dix ans avant la publicationde ce


« L ART DE MAGNÉTISER.

dit que pour


livre,j'avais 18B0 les académies çaises
fran-
,

auraient adopté le magnétisme dans sa que


prati-
; malheureusement la révolution de février est
,

tetiue entraver toutes les améliorations projetées.


Cependant aujourd'huije le répèteavec plus de titude
cer-

: oui les académies seront débordées par les


,

faits
,
et le temps n'est pas loin où Fopinion publique
fera justicede ce mauvais vouloir qui tend à ver
entra-

toutes les grandes découvertes.


Le magnétisme est arrivé à ce pointquHl mence
com-

à être une science : la pratiquedégagée de tous

les accessoires, la théorie simplifiée,


ont rendu sible
pos-
l'emploidu principemesmérien comme moyen
thérapeutique,et c'est sousce point de vue qu'ilfaut le

considérer, car c'est là son véritable but.

CHAPITRE il.

ÉTTAT ACtlTXt I"Ù KAGlftÉtlSW.

Un grand nombre de magnétiseurspratiquentau-


jourd'hui: quelques-uns sont instruits ; d'autres ne

sont que des machines dont il faut se défier car ne


, ,

connaissant pas la force dont ils se servent, ils peu-


vent

,
en la dirigeantmal produire des accidents.
,

C'est un abus qui a nui et qui nuit encore au

magnétisme; aussi nous appelons de tous nos vœux

le jour où pour être magnétiseur il faudra avoir


, «
ÉTAT ACTUEL DU MAGNÉTISME. 7

duiti quelques cours dans nos écoles de médecine, où


bientôt une chaire spécialesera créée.

Nous possédons une innombrable quantitéde nambules


som-

qui donnent des consultations à heure

fixe.

Jusqu'à ce jour le publicn'a vu et considéré le gnétisme


ma-

que dans une de ses phases le somnam-


5

bulisme.

En effet
,
c'est un des phénomènes qui frïppe le
plus rimagination des masses. Mais est-il d'une

grande utilité? non, dans Tétat actuel des choses. La

lucidité du somnambule ne dépendant pas ment


entière-

du magnétiseur, il existe une foule de motifs

pour que le somnambule le plus clairvoyantne le

soit plus lorsque vous le consultez.

Dans des mains exercées le magnétisme employé


,

directement a beaucoup moins d'inconvénients que


le recours au somnambulisme^ Le magnétisme peut
donc s'appliqueravec sécurité; toujours il soulagera,
et souvent, très souvent il guérira.C'est en le consi-
dérant

comme un moyen thérapeutique en nistrant


l'admi-
,

avec sagesse, avec précaution ; c'est en vant


sui-

dans les yeux, sur le visage et sur tout le corps

du malade les sensations et les effets qu'il produit,


que l'on évitera presque toujours les accidents.

Ce n'est pas seulement en provoquant une cation


modifi-

nerveuse, c'est en calculant Faction suivant

les besoins du corps, du tempérament et surtout de

l'état du malade c'est en connaissant à fond la force


,

dont on disposeet toutes les phases de Faction ma-


« X'ART DE MAGNÉTISEB.

poétique que Ton parviendra à opérer des guérisons


complètes,et cela sur des malades réputésincurables^
Je n'ai jamais produit le plus petitaccident,et pendant
ce-

il en est de bien graves que la négligenceou


rignorance de certaines règles peuvent ment
infaillible-

provoquer.
Je n'exagèrepoint en disant que des accidents rieux
sé-

et graves peuvent être le résultat d'une tisation


magné-
mal entendue» car c'est la folie»la paralysie»
les convulsions
,
l'épilepsiela léthai^ieet
»
même la

mort instantanée; j'aivu plusieursfois tous ces acci*

dents excepté la mort ; et toutes les fois que j'aiété


appelé» j'aiété assez heureux pour réparer le mal

qui avait été produit.


Je ne prétendspas dire que le magnétisme puisse
guérirtoutes les maladies; non sans doute» ce n'est

pointune panacée universelle ,


mais c'est un moyen
puissantavec lequel on obtient des cures des plus
remarquables» et avec lequelon soulagepresque jours
tou-

est employé
lorsqu'il avec discernement.

Après avoir reconnu la puissance du magnétisme


comme moyen curatif
,
je l'ai étudié spécialement
sous ce point de vue. Alors a commencé pour moi

une série d'expériencessur toutes personnes rentes;


diffé-

je n'ai pas voulu m'arrêter à expérimenter


sur les somnambules seulement
»
jel'ai fait sur des
individus de toutes classes en bonne santé ou en
,

état de maladie et dans divers pays. J'ai cherché


,

tous les phénomènes cités dans les ouvrages de gnétisme


ma-

j'en ai rencontré d'autres dont ils ne font


,
ÉTAT ACTUEL DU MAGNÉTISME. 9

pas mention; j'aimultiplié, répété sans cesse les périences


ex-

me défiant constamment du hasard, et


,

prenant toutes les précautions pour ne pas être

dupe. C'est enfin par une recherche opiniâtre un


,

travail de tous les jours de tous les instants pendant


,

plusieurs années , que j'aiacquis cette expérience


pratiquequi me permet d'opérer des guérisonsdans
des cas désespérés.
Beaucoup d'ouvrages ont paru sur le magnétisme ;

il en est peu qui soient réellement instructifs ; ques-uns


quel-
ne sont que des compilations; cela vient
pro-
de ce que les auteurs avaient peu pratiqué,peu
expérimenté; ici la grande pratique est ble
indispensa-
: il faut qu'un fait se reproduise fréquemment,
qu'ilse présentesur un grand nombre de personnes

pour qu'on puissetirer des conséquences positiveset


les déduire avec une apparence de raison : car vent
sou-

une seconde expériencevient démentir une mière


pre-
et renverse tout l'échafaudageque l'on s'était

plu à construire.

Aujourd'hui le magnétisme est dans toutes les bou-


ches;

il est connu, il est répandu partout, non-seule-

lement en France, mais dans tous les pays du

monde.

Le magnétisme a fait un pas immense; tout le

monde s'en préocupe et en voici une preuve cente.


ré-
,

Pendant mon séjourà Toulon


,
le clergé de toutes

les paroissess'est réuni, et m'a fait demander une

séance expérimentale, que je lui ai donnée le 26


10 L'ART DE MAGNÉTISER .

juin 1881. Ici ce n'est point un prêtre isolé,c'est tout

le clergé d'une ville importante ,


qui veut voir et

toucher par lui-même, afin de se rendre un compte


exact
,
et pouvoir juger avec connaissance de cause.

Les expériences toutes physiques ont vivement

frappé ces messieurs; tous les faits ayant été bien

constatés F opinion générale a été qu'iln'y avait


,

rien de surnaturel que l'on pût attribuer soit à Tes-

pritdu mal, soit a la divinité,et si chez quelques


hommes il y a doute encore, ce n'est plus qu'un
reste de préjugé dont ils ne peuvent se défaire tout

d'un coup.
Cette opinion d'une partiesi importante et si éclai-
rée

du clergé, est bonne à constater. C'est un fait

grave et qui nous annonce une ère nouvelle pour le


,

magnétisme.
L'Angleterrea pris le pas sur nous; depuis quel-
ques
années on a fondé à Londres un hôpitalpour
soumettre les malades au traitement magnétique et

faire les opérations chirurgicales pendant le sommeil^


c'est-a-dire sans dfow/eur. Avant 1841 oh n'avait fait

d'expériencesmagnétiques dans aucune ville des

trois royaumes, excepté à Londres où M, le baron

Du Potet avait paru et montré quelques faits;il m'a


fallu répandre la lumière dans chaque ville en y don-
nant

des séances publiques, en faisant des ces


expérien-
qui frappèrentvivement les espritssérieux ; en

guérissantdes malades dans les hôpitaux. Aussi puis


de-

mon voyage les journaux anglaisretentissent de

guérisons sans nombre à l'aide du magnétisme, et


.
12 L ART D£ MAGNÉTISER.

)) veiller remploi ainsi que cela se pratique dans


,

» les pays du Nord. »

CHAPITRE m.

THEORIE DU MAG!f£TISlIB.

Tous les phénomènes qui se présententsous Tin-

fluence du magnétisme soient


qu'ils de Tordre sique
phy-
,

ou de Tordre psycholo^que; qu'ilssoient duits


pro-
sur la matière ou sur la partieimmatérielle ^

Vâme, tous ont une seule et unique cause toute que


physi-
le fluide vital qui a pour principele fluide uni-
versel*
y ,

que tout homme possède en plus ou en moins,


et qui, sous l'empire de la volonté, peut être émis

au dehors, et envahir tous les corps vivants ou

inertes.

ta volonté n'est là qu'un accessoire comme en

tout acte de Thomme.

Tous les effets sont la conséquence de Tenvahisse-

ment, de la saturation de tous les corps par le fluide

vital.

Voilà ma théorie, elle est simple et dégagée de

tout surnaturel ; je crois être dans le vrai et pouvoir


le prouver.

Tous les magnétiseursqui ont écrit jusqu'àce jour,


ont donné aux effets magnétiques deux causes distinct

tes :

Le fluidey et la volonté.
THÉORIE DU MAGNÉTISME. 13

Ils ont attribué à la volonté la plus grande force,et


ont prétendu qtfelle avait une action positivesur le

sujet,ou la personne qu'on magnétise.


C'est à cette volonté ( qu'ilstraduisent quelquefois
par les mots: V intention ou la pensée), qu'ilsassi-
gnent

le premier dans les phénomènes du gnétisme.


ma-
rang

Ici je me trouve complètement en désaccord avec

les chefs de Técole mesméricnne.

Je suis convaincu qu'il n'existe qu'une seule et

unique cause, une cause toute physique, le fluide


nerveux ou vital.

Ecoutons Van Helmont médecin réformateur et


,

auteur de plusieursouvrages remarquables; il prati-


qua
avec un très grand succès la médecine occulte
,

et fit des cures surprenantes.


c" Le magnétisme, disait-il à cette époque (1630),
» agitpartout et n'a rien de nouveau que le nom. Il

» n'est un paradoxe que pour ceux qui rient de tout

y" et qui attribuent à Satan ce qu'ils ne peuvent ex-

» pliquer.
» On donne le nom de magnétisme à l'influence

» occulte que les corps exercent à distance les uns

"» sur les autres soit par attraction soit par impul-
, ,

» sion. Le moyen ou véhicule de cette influence est un

» e^pnïélhéré, pur, vital, magnale magnum ^


qui
» pénètre tous les corps et agite la masse des hu-

» meurs. Il est le modérateur du monde, parce qu'il


i" établit une correspondance entre toutes ses parties
» et toutes les forces dont elles sont douées.
1* L'ART DE MAGNÉTISER.

» Nous pouvons attacher à un corps toutes les

» forces dont nous sommes doués lui communiquer


,

» aussi certaines propriétés et nous en servir com-


,

» me d'un intermédiaire pour opérer des effets sa-

y" lutaires.

» Il y a dans Phomme une énergietelle que par


, ,

» sa seule volonté et son imagination, il peut agir


» hors de lui, et imprimer une vertu et exercer une

» influence durable sur un objetéloigné.

» La volonté est la première des puissances;


I) Fâmeest douée d'une force plastiquequi, lors-

7" qu'ellea produit (au dehors) une substance, lui

» imprime une force et peut renvoyer au loin et la

Il dirigerpar la volonté.

D Cette force inOnie dans le Créateur, est limitée

» dans la créature et peut par conséquent être


, , ,

» plus ou moins arrêtée par les obstacles ;


les idées

$ ainsi revêtues d'une substance, agissentphysique-


}} ment sur les êtres vivants par l'intermédiaire du

9 principe vital. Elles agissent plus ou moins sui-

» vaut de
l'énergie la volonté qui les envoie
,
et leur

» action peut être arrêtée par la résistance de celui

p qui la reçoit.^ ( Van Helmmt


,
de magnetiea vu-

luerum curatione. De $j/mpathelicismediciSi 1621.)

Je suis donc d'accord avec Van Helmont, lorsque


je viens dire que la volonté n'est là qu'un accessoire

comme en toute chose et qu'il n'y a qu'une seule


,

cause toute physique le fluide.


,

Cette cause invisible comme l'air ,


comme la cha-
,
THÉORIE DU tMAGNÉTISME. 15

leur, l'électricité,
les gaz, impalpable comme la lu-
mière,

fut appelée fluide magnétique i^nis


magnétis-
me
y

Q^nimal pour le distinguerdu minéral et des flui-


des;
»

enfin aujourd'huion rappelle mieux me


magnétis-
vital par considération du rôle important qu'il
,

joue dans l'organisme : mieux vaudrait peut-être


rappeler /?wide universel^ puisqu'ilse retrouve dans

tout et qu'ilanime tout. Ainsi se rapprocherait-on


d'Hîppocrate qui professaitun principe intérieur,
occulte, universel.
Lorsque la chaleur la lumière Félectricité et les
, ,

autres fluides qui ne sont que les modifications d'un


,

mêoie principe,se dégagent au contact des corps, à

leur frottement à leur affinité : 1° dans la membrane


,

interne du larynx ,
la trachée, les bronches et les

cellules des poumons , par l'air qui y pénètre inces-


samment

et cède son oxîgène au sang noir, qui vient

y puiser sa vie et sa chaleur après l'avoir cédée au

corps et qui y retourne ; 2°


dans la membrane du

pharynx, l'œsophage,l'estomac, etc., par Tair, les ali-


ments,

les boissons;3' dans l'endosmose ou l'électricité

intra-capillaire
etc.
,
Cette chaleur
5
cette électricité,
ces fluides impondérables, ainsi développés,se mettent
trans-

à l'appareil
nerveux et de là au cerveau
, ^

lequelpar innervation le transmet a tous les tissus.

Et pour preuve c'est qu'en faisant passer un courant


,

électriquele long du nerf principald'un membre paré


sé-

du corps on détermine la contraction de toutes


,

les fibres musculaires de ce membre qui reçoivent


des filetsde ce même nerf.
16 L'ART DE MAGNÉTISER.

L'homme ne peut donc exister que par le dëgs^e-


ment continu de calorique, d'électricité et des tres
au-
,

fluides mystérieux qui résultent des mouvements

de ses partiesmoléculaires des affinités chimiques


,

qui s'opèrenten lui.

Que le calorique, le fluide électriquemodifié ,


ou

tout autre agent impondérable, entretienne la vie«


dit un physiologistecélèbre autrement qu'en met-
,

tant en jeu la contractibilité dans la substance ner«

veuse et dans les molécules fluides qui sont en tact


con-

avec elle,c'est ce que nous pouvons soupçonner.


Il se passe peut-être là, sur ce théâtre primitifdes
scènes delà vie, des phénomènes d'affinités,des
transformations du fluide propre à la substance veuse
ner-

s'ilen existe; comme ils'en passe dans le sang,


,

qui la traverse pour la nourrir et lui donner des

moyens d'action.

H. Dutrochet a fait des expériencesdesquellesil ré-


sulte

qu'ilexiste dans les corps vivants une électri*»

cité intra-capillaire
à laquelleon doit attribuer les
,

mouvements des fluides dans ces corps. Le contact des

liquidesélectrise les solides et la sensibilité oi^ani-


,

que des solides vivants est cette propriétéde recevoir

agent de la
l'électricité, vie organique ou végétative.
C'est le fluide vital ayant pour principele fluide
universel annoncé par Mesmer, décrit par Van Hel-

mont, pressentiet désignépar Newton, sous le nom

i''esprittrès subtil,pénétrantà travers tous les coi^

solides,et caché dans leur substance.

C'est ce fluide qui présideà tous les actes de la vie.


THÊORK DU MAGNÉTISME. 17

aux phénomènes mystérieuxde l'attraction des sexes

et de la reproduction : nul doute que les médicaments

n'agissentque par ce principe.Pourquoi, de même

que les minéraux, qui se décomposent, qui se forment

sous son influence,ainsi que les végétaux qui crois-


sent

avec rapiditésous son courant, les animaux se"-

raient-ils soustraits à son action?

Aujourd'hui tous les savants ont reconnu que


l'homme possède une atmosphère particulière,pre-
nant
son principedans le fluide universel, modifié par
notre organisme. Or, nous ne voulons pas d'autres

preuves de l'existence du fluidenerveux ou vital.

Sous l'empire de la volonté, ilsemble qu'ilse fasse»


au cerveau, un travail analogue à celui qui se passe
dans les poumons sur l'air inspiré, et que le fluide

universel éprouvant une transformation perd quel-


ques-unes
de ses propriétés,
pour en acquérird'autres
essentiellement vitales en passant par le système ner-
veux

avant d'être émis au dehors.

Le cerveau, la moelle épinière,et les nerfs qui se


distribuent dans tout le corps, sont arrosés de toute

part par un sang artériel abondant, qui y produit le


fluide vital dont ces organes sont les dépositaireset
les conducteurs.

C'est ce fluide vital ou nerveux qui est ment


essentielle-

nécessaire à la de communiquer
vie,qu'ils'agit
à un corps étranger, pour produire les phénomènes
connus sous le nom de magnétisme animal.

Les extrémité» des nerfs aboutissent ou à la sur«

face extérieur^,ou aun; muscles,ou aux vaisseaux, ou


18 L'ART DE MAGNÉTISER.

aux viscères. A la surface ils se terminent par des

organes disposéspour recevoir et transmettre nablement


conve-

aux centres nerveux l'action des corps térieurs.


ex-

C'est à l'aide de ce système tout particulier,que ,

sous Fempire de la volonté, nous pouvons tre


transmet-

le fluide nerveux ou vital. Les nerfs nous servent

de conducteur, d'abord chez nous, pour l'émettre,


ensuite chez le magnétisé, pour le recevoir et le muniquer
com-

aux centres nerveux.

La volonté, je pense, est la concentration des idées

intellectuelles sur une seule; elle agitsur les paux


princi-
centres nerveux du magnétiseur,sur le cerveau

surtout et elle provoque l'émission du fluide vital


,

en plus ou moins grande quantité. Ce fluide se munique


com-

au système nerveux du patient,l'envahit,


Tengourdit et développe ces effets que l'on remarque

généralement chez les personnes magnétisées.


Les phénomènes du magnétisme sont donc la séquence
con-

de Tenvahissement du système nerveux du

magnétisé par le fluide nerveux du magnétiseur; la

cause est unique, physique,et toute matérielle. C'est

le fluidevital.
La volonté que vous dépensez n'agîtque sur vous-

même, en produisant une sécrétion plus active au

cerveau et des contractions aux plexus : de là l'émis-


sion

d^une plus grande quantitéde fluide et plus d'in-


tensité

dans l'action.

Plus cette volonté est exprimée avec fermeté, pliis


rémission se fait abondante et intense.
20 L'ART DE MAGNÉTISER.

Gardez*vous de croire toutefois que la puissance


magnétique soit le résultat de la force musculaire !

pour être puissant magnétiseur» il faut une certa ne

constitution physique , que ne pourront suppléer ni


la vigueur corporelleni la fermeté de caractère. J'ai

vu des hommes à stature herculéenne, à Tàme ment


forte-

trempée ne produire aucun effet magnétique


,

ou très peu. J'ai vu au contraire des personnes


» y

dont la force physique semble nulle mais dont le


,

système nerveux est d'une sensibilité et d'un pement


dévelop-
très grands , obtenir des effets presque tantanés.
ins-

Cela vient de ce que le système nerveux joue ici


un grand rôle, et pour produire la sécrétion de soql

propre fluide et pour rémettre au dehors.

Les sensations, les effets qu'éprouvent les sujets


avant d'être entièrement endormis sont une nouvelle

preuve de ce que j'avance.Les sensations et les pre-


miers
effets sont tout physiques.Ecoutez les sonnes
per-
magnétisées pour la première fois ; toutes
,

elles déclarent sentir une titillation dans les pouces


,

puis une sensation qui parcourt les bras monte à la


,

tête, se manifeste sur tout le corps sensation qu'elles


,

comparent à celle produite par de légères étincelles

électriques;cette sensation, augmentant d'intensité,


devient un engourdissement des membres et du veau;
cer-

quelques sujetsse disent entourés d'une vapeur


plus ou moins brillante : ils la sentent progresser, les

envahir intérieurement, etles envelopper au dehors,

s'emparerde tout leur corps, le paralyser


entièrement.
THÉORIE DU MAGNÉTISME. 21

Les effetssont également physiques : c*est une teur,


moi-

une transpiration
qui souvent est très dante
abon-

,
puis une paralysiedes muscles et des nerfs des

paupières, une contraction des mâchoires et enfin


i

une paralysiegénérale.Les sujetsrestent cloués sur

un fauteuil sans qu'illeur soit possiblede faire un

mouyement, parler ou ouvrir les yeux, bien qu'ils


ne dorment pas et qu'ilsaient la conscience de leur

état.

Un dernier effet physiqueest celui de Yinsensibi-

lité, qui permet de faire des cales.


opérationschirurgi-

Vous avez encore^ comme preuve de V action sique


phy-
du fluidey l'effet partialsur un membre. Vous

pouvez, sans magnétiser entièrement, en attaquant


certains muscles mettre un membre dans un état
,

de roideur musculaire de paralysie d'insensibilité.


) ,

Cet effet peut être obtenu sur une personne qui rait
n'au-

jamais été magnétisée : il lui laissera toute sa berté


li-

d'espritet le libre mouvement de ses autres

membres. Vous aussi déterminer des blements,


trem-
pouvez
des mouvements convulsifs dans un bre
mem-

et toujours dans les mêmes conditions, en


agissantpour la première fois sur un sujet.
La sensation qu'iléprouve d'abord dans le membre

est semblable au fourmillement, puisa un sement,


engourdis-
et tout-à-coup il ne sent plus le membre.

Ici se trouve la preuve positiveque votre volonté

n'a pointagi sur le sujet. Il est dans son état normal ^

jouissantde toutes ses facultés intellectuelles et phy-


» L ART BE XAGNËTI8E1I.

âques; seulement il n'a plus d'action sur un de ses

membres^ qui, enveloppé et saturé du fluide que


vous avez communiqué ,
est ^tièrement paralyséet
dominé par votre action.

Une autre preuve la volonté du magnétiseur


que
n^agitpas sur le magnétisé et que le fluidephysique
est la seule cause des effets qui se déclarent, c^estque
pour détruire ces effets pour faire cesser l'état ma-
gnétique
,

il faut démagnétiser il faut dégager le jet,


su-
9 ,

ou la partiede son corps, de ce fluide que vous lui

avez transmis : et par cela seul que vous voudrez que


le membre ou le magnétisélui-même soit remis dans
^

son état normal cela ne sera pas ; il vous faut agir


,

physiquement; et si vous ne le faites pas


,
ou que vous

le fassiez légèrement il en résulte souvent des laises


ma-
,

qui peuvent dégénérer en accidents graves.

Lorsque vous magnétisezun malade, qu'ily a chefs


lui équilibrerompu, que la circulation ne sa fait pa$,

croyez-vous qu'avec votre volonté vous puissiezréta-


l"lirrétat normal? Je la répète,il vous £siutintroduire
le fluide vital que vous possédez,envahir lesoi^anas
du malade qui ne fonctionnent pas ou qui fonction-
nent
mal, les émuler et leur donner la force qui
kur manque pour fonctionner et rétablir la circula-
lion interrompue.
Un autre fait qui nous démontre que la volonté
tf est pour rien dans la cause des phénomènes du gnétisme,
ma-

c'est celui qui s'offre lorsquevous essayez


de magnétiser une personne devant plusieursté-
THËOBIE DU MAGNÉTISME. »

moins; il arrive souvent alors que vous ne produisez


rien sur la personne que vous magnéiiseE malgré la
,

volmUé que vous y mettez ,


tandis qu'à côté de votre

sujet,ou derrière lui, une tierce personne qui n'a ja*


mais été magnétisée succombe attirant à elle tout le
,

fluide par la dispositionde son système nerveux, plus


en rapport avec le vôtre que la première personne et
,

malgré les effoirts de 'colonie que vous faites pour ^sàr

dormir celle-ci.

Lorsque vous magnétisez un sourd -muet et que


,

sans le magnâ;iser entièrement, vous dirigez votre


fluide vers les organes de l'ouïe, et qu'après une demi-

heure, vous avez réveillé la sensibilité de manière

qu'ilperçoive un son c'est encore un résultat tenant


appar-
,

au fluide physique, et auquel votre volonté

n'a d'autre part que d'avoir provoqué chez vous une

sécrétion assez forte pour mettre en mouvement tout

votre système nerveux et produire ime émission de


,

fluide plus intense.

Les partisansde la volonté semblent s'appuyersur


un autre exemple pour défendre leur cause. qu'un
Lors-

magnétiseur endort à distance sans faire de


,

mouv^nent, un suj^ qu'ila l'habitude démagnétiser,


ou même qu'ilmagnétise pour la première fois dn
,

s^ait porté à croire que la volonté agit seule : mais

il n'en est ri^a : le magnétiseur, en se concentrant

en lui-même, provoque rémission du fluide qui ysl

frapper le sujet ,
et l'endort. Là
,
comme partout, il
y a une simple sécrétion et une projection physique
du fluide nerveux ou vital.
» L*ART DE IIAGNËTISBR.

Voici encore un fait à Tappui de Faction physique.


Lorsque vous magnétisez un paralytiqueentièrement
perclusde ses jambes ,
qui ne peut non-seulement

marcher, mais qui ne peut même se soutenir dont


,

les jambes fléchissent quand on cherche à le tenir

debout : cet homme, lorsquMlest endormi et amené

à l'étatde somnambule, marche, et a la libre sance


jouis-
de ses jambes, comme s'il n'était pas paralysé.
J'ai vu des paralytiquesqui ne pouvaient ée tenir
sou-

rester pendant l'état de somnambulisme une


,

demi-heure sur la pointe des pieds danser et sauter


, ,

et qui au réveil sont complètement incapablesde se

tenir debout, ceci ne peut être l'effetde votre volonté,


ce ne peut être que le résultat d'une force qui a été

communiquée à tout l'organisme^et la conséquence


d'un envahissement complet par le fluide nerveux;

puisque aussitôt que vous avez fait cesser l'état de

somnambulisme et que vous avez réveillé et dégagé


9

le sujet,l'état de faiblesse reparaîtentièrement.


Autre preuve que la volonté n'agitpas sur le sujet.
Magnétisezun objetquelconque ,
un anneau
,
un teau
gâ-
un mouchoir, donnez -le à une tierce personne,
,

qui se chargera pendant votre absence et quand elle

le jugera convenable ,
de le remettre à une personne

magnétisée souvent ,
et ignorant que l'objetest gnétisé;
ma-

la somnambule tombera endormie.


Il n'est pas possibled'admettre que la volonté du

magnétiseur ait été communiquée à un corps inerte

et tout matériel et que ce corps ait pu la communi-


quer
,

lui-même à un être vivant.


THÉORIE DU MAGNÉTISME. 25

11 faut bien reconnaître que l'action est toute sique,


phy-
et que le fluide dont Fobjet a été saturé par
vous a été soutiré par la somnambule dont le tème
sys-
nerveux est dans une dispositionparticulière ,

et en rapport avec celui du magnétiseur.


Des expériencesd'un autre ordre
)
sur des ments
instru-

de physique,m'ont également donné la preuve

de Faction physique,et m'ont fait voir que la volonté

n'y était que comme accessoire ou plutôt comme


,

stimulant de l'homme sur lui-même» et non comme

agent moral ou rudiment de la pensée transmis à

un corps étranger.
Ainsi pour moi, la cause de tous les phénomènes
connus sous le nom de magnétisme animxil est sivement
exclu-

physique : "est le fluide nerveux prenant


son principe dans le fluide universel comme l'a

avancé Mesmer, et modifié par le mécanisme de notre

machine animale.

En admettant pour seule et unique cause des eff^ets

magnétiques le fluide nerveux ou vital que tout

homme possède en plus ou moins grande quantité,


vous arrivez à considérer les effets du magnétisme
comme des effets simples et naturels» dérivant d'une

cause naturelle organique et vous dégagez ainsi le


, ,

magnétisme de tout ce merveilleux dont il était touré


en-

et qui lui a fait tant de tort jusqu'àce jour.


Rien n'est donc plus simple ni plus naturel que les

effets magnétiques : rien n'est plus simple ni plus


naturel que leur cause : le fluide. Ils sont tellement

simples et naturels, qu'ilsse présententsans excep-


» L'ART DE MAGNÉTISER.

tion dbiez rhomme. Le sommeil naturel* le som«

aambultsme dans le sommeil naturel la vue sans le


»

secours des yeux dans le somnambulisme natui^


»

le pouvoir d'agir»de se mouvoir dans cet état; rin-


sensibilité dans la transpositiondes
Tépilepsie^ s^ds

dans rhystérieet la catalepsienaturelle,la vue à dis-


tance»

le pouvoir d'indiquer Fépoque d'une crise

dans ces deux maladies etc., etc.; tous ces faits qui
«

se passent chez rhomme dans son état normal de

santé et de maladie, se repréi^ntent aussi chess les

personnes magnétisées.
Il n'y a donc rien d'extraordinaire ni de main
surhu-

dans tout ce qui se passe dans le ms^elisme. La

cause unique est le fluide nerveux ou vitai porte


n'im-
«

le nom que vous voudrez lui donner.

CHAPITRE IV.

ANALOGIE DU FLUIDE MAGNÉTIQUE ANIMAL ATBG LE FLUIDIt

MAGNÉTIQUE MINÉRAL.

Plusieurs magnétiseurs ont constaté d'une manière

positive,l'existence du fluide magnétique animal;


aujourd'hui tout le monde l'adm^; des bules
somnam-

ont le voir renfermé dans des fioles, et


pu
rindiquer comme une vapeur lumineuse. Je l'ai

observé de la même manière^ et de plus, j'aipu le

démontrer encore sur des gens du monde, des in-


88 L'ART DE MAGNÉTISER.

de
perceptible la main ou des doigts,s'est servi,d'une
autre méthode; pendant qu'une personne tenait le

fil du pendule , il posaitses doigtssur ceux de cette

personne et alors il obtenait le même résultat.


,

Cette expérience n'était pas plus exacte que les

premières, et ne pouvait être convaincante, car il y

a toujours chez l'homme une espèce de petittrem-


blement

causé par la circulation du sang


,
et qui sous

l'empirede Tidée connue


,
vient en aide à rience,
l'expé-
et M. Loubert pouvait dans cette position
être le plus fort puisqu'ildevait y mettre plus de
volonté et par conséquent avoir plus de blement.
trem-

Il n'est qu'une seule manière concluante de faire

cette expérience ,
c'est celle que j'aiindiquée pour
l'anneau.

Il faut faire tenir le fil par une personne, puis,


sans lui donner connaissance du mouvement que
vous voulez imprimer, vous vous mettez derrière elle

et vous dirigezavec force un courant ; de cette nière,


ma-

c'est l'impulsiondonnée à la boule par le fluide


qui la fait aller à droite, à gauche etc., et souvent
même, contrairement à la volonté et au dés(r de la

personne qui la soutient.

Voulant arriver à prouver d'une manière péremp-


toire,non seulement Texistence, la force, la sance
puis-
du fluide magnétique animal, mais encore, soq

analogie avec le fluide magnétique minéral, avec quel


le-

il ne présentaitplus de similitude par les attracn


tiens que j'obtenais
sur le corps vivant j'aipens!^
,
ANALOGIE DU FLUIDE MAGNÉTIQUE, ktg. 29

qu^îldevait aussi avoir une action sur la matière ;

j'aifait dès 1840, des expériencessur Taiguillesta-


tique

d'un galvanomètre, et j'aipu alors constater

l'action du fluide magnétique animal est la mê-


me
que
sur aimantée
l'aiguille que celle du fluide tique
magné-
minéral.

Ainsi un barreau de fer aimanté attire l'aiguille


et

la fait dévier; présenté par l'autre pôle, il la

repousse.
Le fluide vital produit le même effet, et qui plus

est, on n'a pas besoin de changer les pôles pour tenir


ob-

les deux effets ; le même pôle d'un barreau de

fer doux peut attirer et repousser il sui"t


Taiguille,
de le magnétiser différemment.
Beaucoup d'autres expériencesde ce genre, soit sur

des matières inertes,tels que des instruments de sique,


phy-
soit sur desanimaux, soit sur des êtres humains,

m'ont prouvé d'une manière irréfragable,


l'analogie
des propriétésdes deux fluides magnétique minéral et

vital.

Voici les expériencesque je puisaujourd'huilivrer


au public.
Prenez un barreau de fer doux, ayez le soin de le
tenir toujoursdans une positionhorizontale; sans y
toucher, vous le magnétisez par des passes, et en le

présentant, vous le voyez attirer Taiguilledu côté où

vous le présentez.
Sans changer sa position,vous le magnétisez dans
un autre sens, et alors il repousse l'aiguille
qui par-*
court 10, 15, 20 degrés et quelquefois
plus,
» L'ART BB MAGNÉTISER.

Si vous le magnétisez une troisième fois,(Fuae


manière différente et toujours sans y toucher ni
,

sans changer sa positionhorizontale, tous le rendez

neutre ; Taiguitiereste sans remuer.

Je fais plus; je prends un barreau de fer aimanté

qui attire vivement Taiguille


; je le magnétise^tau-

jourssans y toucher» et je le rends neutre.

Ainsi,le fluide vital détruit même la force attracti-


ve

du fluide magnétique minéral.

Voici maintenant une expérience sur l'eau, qui ra


au-

tout à rheure la même propriété que le fer.

Pr^aez uu verre
,
remplissez-le d'eau ordinaire ou

mieux d'eau distillée;


saisissez les fils ocKiducteurs du

galvanomètre aux endroits où ils sont recouverts de

scHCy de sorte que vos doigtsne puissentles oxyder;


plongez les bouts dans Tean; Taiguille
ne remue pas,
et ne va ni à droite ni à gauche ; cela fait relirez les
,

bouts.

Maintenant magnétisez Feau sans y toucher, par


quelques passes au-dessus et autour du verre ; puis^
lorsque vous croirez Feau saturée de fiuide, plongez
de nouveau les bouts des fils conducteurs; vous voyez
alors Taiguille
parcourirsur le cadran 10, 15, 20 de-
grés

et quelquefoisplus.
Pour qu'aucune objectionne soit faîte, pas même

celle de Toxydation des bouts des conducteurs par

Feau, mettez-les en platineet vous aurez les mêmes

résultats.

Ce sont ces annoncées


expériences,que j'avais cou-

joinctementavec M. Tbilorier ,.
et pour Fexamen ^
f
ANALOGIE DU FLUIDE IfAGNfiTIQUB, btc. 31

quellesT Académie des sciences nomma le 10 jain


^

1844, nne commission composéedeMM. Penei/fa^,


Dutrocbet ,
Becquerel , Chevreul ,
Regnault et Ma-

gendie.
H. Thilorier avait été guéripar moi de sa surdité ;
me Toyant souvent faire ces expériences,il me posa,
pro-
par reconnaissance,de mettre son nom avec le
mien au bas d'une lettre que nous adressâmes ea

cmnmun à TAcadémie des sciences,et qui fut lue par


M. Flourens, dans la séance du 10 juin,où spontané-
ment
on nomma une commission.

Certes, je n'aurais pointobtenu pareilrésultat,


un

m je n'avais consenti à m'adjoindreM. Thilorier;les

à cette
mfflignétiseurs époque,pas plusqu'aujourd'hui,
n'étaient pointen odeur de sainteté à l'Académie.

Malheureusement, M. Thilorier qui n'était pas ma*

mais
gnétiseur, un savant chimiste, gâtatout. Tracas-
cé, tourmenté par les membres de TAcadémie, ildé-
sira
faire seul une expérienceque je lui abandcomai
corame vaiant de lui ; il la fitmal devant M. Arago,
et qui plus est dans des circonstances impossibles.
Je ne voulus pointprésenteralors les autres
expé-
riences
; les commissaires étant trop prévenus j'at-
tendis.

Aujourd'huique je les ai répétéesbien des fois,et

que je suis certain de pouvoirlever toutes les tions,


objec-
jeleslivre au non-seulement
public, pourprou-
ver l'existence et la puissancedu fluide magnétique
animal, autrement dit, le fluidevital, son analogie
dans certains de ses effetsavec le fluide magnétique
32 L ART DE MAGNÉTISER.

minéral ; mais encore comme preuves à Pappuî de la

théorie que j'aiavancée qu'iln'y a pour les mènes


phéno-
magnétiques qu'une seule cause physique,
naturelle, le fluide vital enfin, et que la volonté n'est

là qu'un accessoire comme elle est en tout.

Ici vous ne pourrez pas me dire que la vojonté


,

a pu agir autrement que sur moi-même, et qu'elle


peut non-seulement être communiquée à ce barreau

ou à l'eau mais encore que cette eau que ce ceau


mor-
, ,

de fer, ont pu la transmettre à l'aiguille.


Non il faut bien le reconnaître, ce n'est point la
,

volonté qui agit sur le fer, sur l'eau, sur l'aiguille,


c'est le fluidevital dont vous avez saturé le fer ou Teau,

qui réagitsur l'aiguille,


et votre volonté n'a d'action

que sur vous-même ,


en provoquant une émission

plus grande selon que cette volonté s'exerce avec


,

plus de fermeté ;
le fluide agit sur dans
l'aiguille le

sens de votre action et non d'aprèsvotre volonté; —

pour preuve, vous pourrez avoir la volonté d'attirer

l'aiguille tout en agissant comme il le faut pour


, , ,

produire un effet de répulsion, et, malgré votre

volonté d'attirer l'aiguille


sera repoussée.
,

Il n^est donc point nécessaire au magnétisme


d'avoir telle ou telle volonté pour obtenir tel ou tel

résultat ; il n'est donc point nécessaire d'avoir des


intentions bienveillantes ou malveillantes, morales

ou immorales pour produire de bons ou de mauvais

résultats;le fluide n'est donc point empreint de tels

ou tels sentiments que le magnétiseur éprouve


comme on le dit partout.
ANALOGIE DU FLUIDE MAGNÉTIQUE, etc. 33

Non, îlsuffit de savoir agiret dirigerle fluide,dé


modérer ou d'activer Faction, là est toute la science.

Je preuds comme preuve de ce que j'avance, un


fait sur lequel M. l'abbé Loubert s'appuiepour montrer
dé-

le contraire comment l'action de Tâme,


9

le sentiment dont on est empreint moral ou ral


immo-
,

agit sur le sujet.


,

Je cite M. Loubert textuellement :

« Le Docteur Filassier prit un jour pour sujet


» d'expérimentation un interne des hôpitaux ad-
,

» versaire spirituelde la doctrine du magnétisme ,


et

» il produisitles phénomènes qu'ildécrit de la ma-

» nière suivante : Je le magnétisai, dit M, Filassier,


» pendant vingt minutes. D'abord il éprouva desi
,

7" pendiculations,des bâillements, ses paupières se


» fermèrent
,
les muscles de son corps se relâchèrent,
» sa respirationdevint ronflante, sa figurese gon«

» fia; puis, quelque temps après, éclatèrent un

» rire sardonique des sanglots d'une nature telle


,

» qa'un des spectateurs et moi nous crûmes un ins-

» tant que le patientvoulait se moquer de nous ;

)) mais nous fûmes cruellement détrompés. Sa peau

» se couvrit d'une sueur froide et visqueuse, son

y" pouls devint on ne peut plus fréquent, petit et


» irrégulier;sa figures'allongea s'altéra profondé-
,

3) ment et devint bleue ; sa tète et son corps se ren-

» versèrent en arrière par des mouvements téta-

» niques; la respiration râleuse ,


comme celle des

» mourants s'accompagna de hoquets convulsifs


, ,

» de gémissements. Qu'on juge de ma perplexité


a» vmr m magnétiser.

» dans ce moment affreux! Non, je ne puis dire tout

» ce que j'aisouffert ! Je magnétisaispour la pre«

» mière fois ,
et ne savais quel remède aj^rter au

» mal involontaire que j'avaisproduit;je suspendis


» mon action ; les phénomènes s'accrurent au point
n de me faire trembler. Entre mille penséesqui se

n croisèrent alors dans ma tête, celle de continuer

» avec plus de vigueur encore Faction que j'avais


n commencé à exercer, se présenta plus forte que
9 toute autre. Je redoublai donc d'énergie et de vo-

n lonté; les phénomènes indiqués s'abimèreat dans

» un coUapsus profond. Je posai ma victime sur un

D lit et j'attendis
avec anxiété les mains placées
, »

» dans les siennes ,


ce qui devait en résulter. L'acca*

» blement dura un quart-d'heure; mon ami revint

p peu à peu à lui-même» et ses premiers mots furent :

» Tu m'ds fait horriblement mal; jamais je n'ai tant

» souffertde ma vie; n'imparte jilya eu des effetsex-


» traordinaires il faut que tu recommences. Je fus
,

9 stupéfait, et je refusai; il insista avec tant de

)» force, que je dus céder. Mais obéissant alors à la

y^ fatigue,suite des violents efforts que j'avaisfaits ,


» et plusencore à la raison qui me disait d'employer
» un procédé différent du premier , j'étendis
ma vo-

» lonté avec moins de dureté; je conduisis mes

D mains avec plus de lenteur, de calme et de dou«

» ceur; il s'était en outre développé en moi une

9 bienveillance craintive et une tendre sollicitude

I) pour un ami que j'avaisfait souffrir,et à qui je


» voulais épargnerde nouvelles souffrances;
ses pau*
36 TART DE MAGNÉTISER.

par flots et par secousses enyahir le système nerveux


du sujet,et par conséquent porter un trouble dans la

circulation,et provoquer un malaise; mais s'il avait

continué sans interruption; il aurait,sans aucun

doute, produit un effet complet le sommeil tique


magné-
,

et cela est si vrai que lorsqu'ilredoubla nergie


d'é-
, ,

et de volonté les phénomènes cessèrent et uu


,

accablement, une torpeur se déclarèrent : si au lieu

de garder les mains du sujetdans les siennes, il eut

continué je le répète,il eut eu du sommeil tique.


magné-
,

Lorsqu'ilrecommença le Docteur Filassier était


,

fatigué; il employa d'autres procédés; il étendit les

mains avec calme, il agit sans force, avec lenteur,


alors Fenvahissement se fit doucement il n'y eut
,

plus de secousses violentes, comme celles qui


avaient été produites par les violents effortsqu'il
avait faits d'abord.

Les différents phénomènes qui se présentèrent ne


sont donc dûs qu'aux deux actions différentes;aux
divers procédés employés par M. Filassier. Il nous

est impossiblede voir là autre chose


,
et on ne peut
point attribuer la différence dans les phénomènes ,

aux sentiments divers qui animèrent M. Filassier.

Je le répète,il n'est point nécessaire d'avoir des

intentions plus ou moins bienveillantes lorsqu^on


magnétise ; c'est surtout la manière d'agir de ger
diri-
,

le fluide de motiver ou d'activer son action sur


,

tel ou tel organe; le fluide en s'infiltrant dans le sys*

tèrae nerveux ,
ne peut point communiquer les sen-
ANALOGIE DU FLUIDE MAGNÉTIQUE, etc. 37

timentsdu magnétiseur; non^ ceci est impossible,


mais ce qui peut arriver, et ce qui probablement
a donné lieu à cette opinionj c'est lorsque le patient
est en état de somnambulisme et de clairvoyance et
,

qu'il peut voir la pensée du magnétiseur.Si, en effet,


les pensées du magnétiseur sont peu bienveillantes

ou immorales, elles peuvent porter le trouble dans

Tesprit du patient ,
et réagir de cette façon sur le

physique. C'est un résultat de Tétat de clairvoyance^


mais non point un effet du fluide.

Après avoir acquis la preuve que les effets du

fluide vital sur Taiguilleaimantée sont les mêmes

que ceux du fluide magnétique minéral, j'aicherché


à faire sur les êtres vivants des expériencesqui cidassent
coïn-

complètement avec celles faites avec l'air


mant.

Ainsi du galvanomètre
l'aiguille est suspendue par
un fil de cocon non tordu.

Voulant mettre une jeune fille dans les mêmes

conditions, je l'ai attachée par le milieu du corps,


avec une corde en filosèle non tordue, et je l'ai pendue
sus-

horizontalement après l'avoir ment


préalable-
,

mise dans un état de catalepsieentière.


Lorsqu'ily a eu immobilité complète j'aiagi sur
,

la tête et les épaules ; bientôt le corps s'est mis en

mouvement, et a suivi l'impulsionque je lui donnais;


la jeune filledécrivait un quart une moitié de cle,
cer-
,

selon que j'employaisplus ou moins de force.

Pour que cette expérience réussisse ainsi que les


cel-

dont je vais parler il faut que la catalepsiesoit très


S8 L ART DE MAGNÉTISER.

forte et qu'ily ait raideur cadavérique;aussitôt qu6


les muscles du cou se détendent un peu, le ment
mouve-

de rotation s'arrête.

J'ai donc ici, sur un être vivant,le même effet que

sur l'aiguille,
puisque la position est toutà-fait la

même.

Ayant observé qu'en mettant un morceau de fer

dans le plateau d'une balance, et en chargeant Tautre


plateaud'un poids égal, de manière qu'ily ait parfait
équilibre, si je présentaisun aimant au-dessus du fer,

sans y toucher, le plateau sur lequel étaient les poids


descendait, et le plateau sur lequel était le fer, s'élô-
vait, comme si le fer fût devenu plus léger.Une vait
pou-

cependant y avoir diminution de poids,puisque


je ne touchais pas, et que le fer restait dans la même

position; mais le plateau montait par la force

attractive de Faimant sur le morceau de fer.

J'essayaicette expérience sur une jeune fille,et


après ravoir mise en catalepsiecomme dans périence
l'ex-

précédente,je la posai debout sur le pla*


teau d'une balance ; je chargeai l'autre plateau de

manière à avoir un équilibreparfait puis montant


, ,

sur une table afin de dominer et de pouvoir agir sur


à moi
la tête, j'attirai fortement, et bientôt le plateau
sur lequel élait le sujets'éleva comme avait fait celui

du fer par l'aimant.

J'ai répétécette expérience,la jeune fille étant cou*

chée horizontalement, puis en la faisant asseoir,mais


en la paralysanttoujours complètement, de sorte qu'il
n'y ait pas de mouvement- Cette e^^périence
a été
PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 89

répétée sur des bascules, et j^aitoujourseu le même

r"ultat : élévation du plateau sur lequel est placé là


sujet par la force dTattraction du fluide vital.
J'ai fait encore une autre expérience: après avoir^
comme dans les deux autres, produit utt état cada«

vérique, j'aiplacé le haut de la tête d'une jeune fille


sur le bord d'une chaise, de sorte qu'ily eût à peine
la moitié de la tête qui touchât; puis l'extrémité

des talons sur une autre chaise. Quoiqu'iln'y eût que


ces deux points d'appui j'aiagi fortement sur les
,

pieds, et tout-à-coupils se sont élevés ensen^le, le

corps n'ayantd'autre appui que le haut de la tête.

Toutes ces expériences m'ont donc donné la

preuve que les deux fluides magnétiques minéral et

animal ont les mêmes propriétés, produisent les

mêmes effets,et que puisqu'ily a analogie dans les

effets» ils doivent avoir le même principeet la même

analogiedans leur nature.

Cependant le fluide magnétique animal doit avoir

une certaine dans


supériorité sa composition,puis-
qu'il
peut détruire» annihiler Teffet du magnétisme
minéraL

"«*Iiim_i "!i»fc^-^ ii«


?? im I
?iJiJ^^

CHAPITRE JV .

PRATIQUE DU MAGNÉTISHE.

Pour produire les phénomènes magnétiques, il

n'est pas nécessaire de croire au magnétisme; ilsuffit

d'agircomme ^ on y croyait,La cause étant une


40 L*ART DE MAGNËTISER.

propriétéphysique de rhomme, elle agitpour ainsi

dire à son insu : il suffit d'un éclair de volonté pour


la mettre en mouvement. C'est ce qui explique com-
ment

des incrédules ont souvent produit les phéno-


mènes;
de même que pour être magnétisé,il n^est pas
nécessaire de croire et de vouloir l'être,comme l'ont

écrit plusieursmagnétiseurs.
Bien plus,je préfèremagnétiser les personnes qui
mettent de la résistance ; elles se fatiguent et elles
,

succombent plus promptement au moindre effet

qu'ellesressentent.
Du moment où nous admettons que la cause des

effets magnétiques est toute physique, que c'est le

fluide vital; que nous ne reconnaissons la volonté

que comme un accessoire nécessaire dans toutes les

actiotis de l'homme, et qu'ellen'est ici que pour tenir


ob-

la sécrétion et l'émission du fluide^la pratique


devient excessivement simple.
Il ne s'agiten effet que d'envahir le système veux
ner-

du sujetpar le fluide du^agnétiseur.


Plusieurs modes sont suivis jusqu'àce jour ; M. le

baron Du Potet, que je considère très compétent en

cette matière, emploie les passes à distance, sans tact


con-

aucun, en dirigeantle fluide avec la main sur

telle ou telle partiedu corps. Lorsqu'ilveut endormir,


il fait en ligne droite des passes du sommet de la tête

à répigastre,dirigeantces de haut en bas et de


passes
bas en haut» au risque de faire remonter le fluide.

Celte manière de procéder peut être bonne ; pendant


ce-

je lui trouve des inconvénients. En se livrant


PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 41

seulement à des passes sans préalablement avoir


mis en rapport les deux systèmes nerveux le
par
contact, je trouve que Tenvabissement est plus super-
ficiel,
moins complet, et par conséquent les résultats

doivent être moins grands.


Deleuze tient les pouces pendant quelques minutes

seulement, puis il fait des passes sans attendre la

fermeture des yeux. De cette manière il n'obtient

qu^un état superficiel,


et Deleuze nous le prouve lui-

même, en nous disant qu'il n'a jamais produit


rinsensibilité,
et, qui plus est, qu'illa croit reuse.
dange-
(1)
Eh bien ! je déclare, que pour moi, je ne crois pas

au sommeil magnétique quand il n'y a pas insensibi-


lité;

je ne dis pas insensibilité complète, mais il me

faut une modification assez marquée dans la sensi-


bilité

; car l'insensibilité de même que le sommeil


,

magnétique, sont la conséquence de Tenvahissement

du système nerveux du sujet par le fluide vital du

magnétiseur.
Je préfère la méthode que j'emploie,et avec elle

on peut produire les phénomènes, sans provoquer


d'accidents graves, et s'ils se présentent on peut les
éviter et les détruire. Je puis affirmer qu'en agissant
comme je l'indique,je n'ai jamais produit le plus
petitaccident dans toute ma carrière magnétique.
Avant de commencer, il faut prier les personnes

présentes de s^asseoir et de garder le silence,afin que

(1) Deleuze; Instruction pratique sur le magnétisme animal. Nou-

Telle éditioD 1850. 1 vol. iD-12.


49 L'ART DE HAGNÊTISËlt.

rattention du sujetet du magnétiseur ne soit point


troublée*

II est essentiel,pendant l'opération,


que le tiseur
magné-
soit fort attentif,qu'ilsuive bien toutes les sen^

sations qui se peignent sur le visage du magnétisé «

et tous ses mouvements, s'il en fait.

La personne qui devra être magnétisée,et que pellerai


j'ap-
sujet ou patient^ s'asseoira^mettra les mains

sur les genoux, et tiendra les jambes dans leur posi^


tion naturelle et sans les croiser.

Le magnétiseur prendra un siègeun peu pludélevé


pour pouvoir atteindre facilement et sans fatiguelé
sommet de la tête du sujet;il se placera en face, ayant
les jambes de celui-ci entre les siennes sans y toucher.
Si le sujetest couché, le magnétiseur se tiendra de^

bout près du lit.

Le magnétiseur touchera l'eictrémité des pouces du

sujetavec l'extrémité des siens;ce contact des pou-


ces
mettra en rapport direct le cerveau du tiseur
magné-
avec le cerveau du sujet: les filets nerveux de

celui-ci formant un prolongement aux nerfs du

magnétiseur serviront de conducteur au fluide, 6t


rendront plus prompt et plus complet l'envahissement
du système nerveux du magnétisé.
Le magnétiseur en commençant» se concentrera

en lui-même, et réunira toute sa volonté sur une

seule idécj celle d'agirsur le sujet.


Le magnétiseur fixera les yeux du sujet»qui de
son côté fera tout son possiblepour regarder le ma-
gnétiseur.
44 LART D£ MAGNÉTISER.

de cette manière s'accumulerait au cerveau. Le gnétiseur


ma-

fera aussi quelques passes en imposant les

mains au-dessus du cervelet et en descendant rière


der-

les oreilles et les épaules pour revenir sur les

bras.

Depuis le commencement de l'opérationjusqu'à


la fin, le magnétiseur ne s'occupera que de ce qu'il
veut produire, afin que, parla concentration de sa

volonté il provoque la sécrétion et rémission du


,

fluide.

Le magnétiseur reconnaîtra le sommeil magnétique


à une impassibilitécadavérique du visage, et au

manque total de déglutition.


Si, après un certain temps de cet état, le sujet
faisait une grande inspirationressemblant à un pir
sou-

le somnambulisme se déclarerait et le tiseur


magné-
, ,

pourrait alors adresser quelques questions.


Cependant si après une heure et demie de tisation
magné-
,

rinspirationne se fait pas et qu'ily ait ap-


parence
, ,

de sommeil le magnétiseur peut adresser


,

une questiontelle que : Dormez-vous?

Si le sujetest seulement dans un état sement


d'engourdis-
ou de sommeil naturel il se réveillera et
,

répondra négativement; il faudra alors cesser Topé-


ration pour ce jour, et dégager fortement; car il

pourra arriver
, que le sujet ne soit point endormi ,

et que cependant, il ne puisse ouvrir les yeux.

Mais si le sujet est plongé dans le sommeil gnétique


ma-

sommeil profond dont aucun bruit cune


au-
, , ,

sensation ne peuvent le faire sortir le sujet


y
PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 45

restera muet, car il n'entendra pas. Si le magnétiseur


n^est pas trop fatigué,il continuera à magnétiser pour
arriver au somnambulisme sinon il réveillera.
,

Mais si le sujeta passé par le sommeil magnétique,


et est arrivé au somnambulisme sans qu'ily ait eu
,

inspiration, ce qui arrive quelquefois» alors le jet


su-

répondra affirmativement : Oui, je dors. Le gnétiseur


ma-

pourra continuer les questions.


Pour réveiller, le magnétiseur fera quelques pas-
ses
des épaules aux pieds puis il fera
,
vivement et en

y mettant un peu de force physique des passes


,

courtes et transversales devant les yeux et la figure ,

jusqu'àce que le sujet donne signe par un ment


mouve-

qu'il revient à lui. Il exécutera ensuite les

mêmes passes courtes et transversales,non-seule-


ment

devant les
yeux et la figure,mais encore vant
de-

la poitrineet le corps ; le sujetdevra alors être

éveillé, mais non encore dans son état normal. Le

magaétiseur pourra souffler avec -force sur les yeux

du sujet.Il poura toucher les sourcils depuis leur


naissance
,
et les paupièresafin de dégager ment
entière-

les yeux. Enfin il faudra continuer,sans rêter


s'ar-

,
les passes courtes et transversales,même sur

les jambes, jusqu'aumoment où le sujetsera tement


complè-
dégagé.
Il est fort essentiel de bien dégager après avoir

réveillé car il peut arriver que le sujet qui sent


,

seulement un engourdissement dans les jambes ou

dans la tête et qui ne se laisse pas débarrasser tièrement


en-
,

,
éprouve pendant le reste de la journée un
U LART DB MAGNÉTISER.

mal de tête une lassitude un malaise général qui


, ,

pourraitquelquefoisdégénérer en accidents graves.


Si, pendant la magnétisation, le sujeta la ration
respi-
génée« et qu'ellele devienne de plus en plus ,

il faut exécuter de légèrespasses transversales de**

vaut répigastre; ces passes seront faites vivement

afin de dégager le fluide qui s'accumule sur les

plexus.
Si le sujetsuffoquait il ,
faudrait mettre les doigts
d'une main sur Tépigastre les y laisser afin pêcher
d'em-
, ,

les contractions du diaphragme ; et les doigts


de l'autre main a la naissance du cou en les descen-
dant
,

sur la trachée-artère et les bronches afin de


,
*

rétablir la circulation.

Si le sujet avait des mouvements convulsifs il


,

faudrait appuyer le bout des doigtssur Tépigastre et


les retirer vivement, comme pour dégager; puis
faire rapidement quelques passes transversales vant
de-

répigastre.
Si après avoir endormi on ne pouvait pas veiller,
ré-
, ,

ce qui arrive quelquefois aux personnes qui


débutent dans le magnétisme il est important de ne
,

pas s'effrayer,
et de garder tout son sang-froid.Le
magnétiseur doit être bien convaincu que s'il a eu

le pouvoir d'endormir, il a le pouvoir de réveiller.

Il faut être calme car si le magnétiseur se trouble


, ,

il perd toute sa puissance et alors il peut survenir de

graves accidents.

Que le magnétiseur se repose un instant; qtfil


trempe les mains dans l'eau fraîche
.
et après les
PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 47

avoir essuyées, que dans le plus grand calme il exé^


,

Gute les passes indiquéesplus haut, et il réveillera.

Par cette méthode je demande le contact lable


préa-
des pouces, contrairement à plusieui'smagné-
tiseurs
dont je reconnais le savoir. Mais j*insiste
avec

d'autant plus de force et de raison sur ce procédé ,

que l'action par le contact des pouces n'en est que


plus puissante et plus complète , que l'envahissement
du système nerveux est plus direct est plus inté--
»

rieur puisque que ce sont les nerfs même du sujet


9

qui servent de conducteurs aux fluides jusqu'aux


centres nerveux, qui sont mis en rapport exact par
ce moyen avec ceux du magnétiseur.

On comprend, on doit comprendre que Fenvahi"-

sèment de Forganisme du patient doit être d'autant

plus prompt et plus entier que Faction est plus tinue


con-

et plus dircte; c'est un réservoir dont la sou*

pape est ouverte et dont le contenu parcourt les naux


ca-

qui lui sont ouverts intérieurement. Bien ne

se perd rien ne peut se perdre; le fluide suit le tra-


jet
,

des nerfs,comme le fluide électriquesuit le filde

fer qui lui sert de conducteur dans le télégraphe


électrique.
Les efiSetsviennent à l'appuide ce que j'avance, la

torpeur, l'engourdissement,la paralysie,l'insensi-


bilité

,
le sommeil, se présententbien plus souvent

et d'une manière bien plus complète, plus exacte et

plus prompte; dans le même laps de temps, en gnétisant


ma-

une personne pour la première fois vous


,

aurez un envahissement intérieur^complet de ror--


48 L'ART DE MAGNÉTISER.

ganisme du sujet»tandis qu'avec la méthode des

seulement vous n'obtiendrez que des effets


passes ,

superficiels.
Avec le contact des pouces vous agissezprompte-
ment et sans secousses, vous ne produisez pas branlement
d'é-

subit : votre action est continue et douce;


elle s'infiltre insensiblement.

Quanta la fascination, elle est utile quoiqu'on la

blâme, elle frappe Timagination et prédisposele sys-


tème
nerveux à recevoir le fluide qui lui est com*

muniqué. |
Je maintiens donc que la méthode du contact des

pouces, et des passes ensuite, à distance de ques


quel-
centimètres
,
est la plus rationnelle et la plus
efficace.

Voici quelques indications pour produire les prin-


cipaux
effets du magnétisme.
Clôture des yeux.

Tenir les pouces et fixer les yeux pendant quel-


ques
minutes.

Bien-être.

Tenir les pouces fixer les yeux jusqu'à ce qu'ils


,

soient fermés, prendre les mains du sujetdans les

siennes, et rester ainsi pendant quelque temps.


Transpiration.
Tenir les pouces, fixer les yeux, et lorsqu'ils
sont

fermés magnétiser fortement par des passes.


,

Spasmes.
Tenir les pouces, fixer les yeux, pendant quel-
PRATIQUE DU MAGNËTISUE. 4»

ques minutes ; présenterles doigtsen pointesdevant


restoD^c.
Tremblement convulsif.
Tenir les pouces, fixer les yeux, présenterla
pointe des doigtsvers le membre sur lequelon veut

agir.
Insensibilité partielleou entière.

Fixer les yeux, tenir les pouœs dix minutes en«

core après que les yeux sont fermés, puis faire


quelques grandes passes.
Paralysie partielleou entière.
Fixer les yeux tenir les pouces dix minutes core
en-
,

après que les yeux sont fermés, exécuter quel-?


ques grandes passes sur les membres.

Catalepsiepartielle.
Toucher le muscle extenseur du membre jusqu^à
ce que vous sentiez une secousse qui vous annonce

qu'ilse raidit, puis faire quelques passes sur le

même membre en donnant fortement.

Catalepsieentière.
Après avoir cataleptiséles quatre membres» onpro^
duit la catalepsie
entière en attaquant le cerveau for^

tement par quelques passes courtes jusqu'àFestomac.


C'est surtout le cervelet qu'ilTant attaquer ainsi

que la colonne vertébrale.

Pour détruire cet effet,il suffît de presser le dia-

phragme en donnant avec force du fluide,puis dé-


gager

vivement par quelquepasses transversales.

Somnolence.

Fixer les yeux ; tenir les pouce^i^même quand les


4
10 L'ART DB liAONfiTISBR.

yeux sont fermés pendant quelques minutes faire


»

plusieurs passes du sommet de la tète au bas du

tronc.

Attraetim.

Lancer avec force sur la tête et les épaulesun jet


de fluide avec violence en présentant les doigts,puis
refermer les doigtset les rapprocher de vous-même

comme s'il y avait des ficelles qui de votre corps se

dirigeraient
vers le sujetet que vous retireriez à vous.

Quelques fois c'est Fépigastrequ'ilfaut attaquer.


Sommeil.

(Gomme il est indiqué plus haut.)


Sommeil à distance.

Se concentrer fortement afin que l'émission du

fluide se fasse avec violence,présenterles doigts du


côté où vous supposez le sujet,ou croiser les bras,le
fluide s'échappepar tout le corps et va le
frapper jet
su-

vers lequel vous le dirigez.


Paralysie de$ sens.

Chaînez fortement le sens que vous voulez

paralyser.
Localisation de la sensibilité.

Chargez un membre pour le paralyser et lorsqu'il


,

est insensible, dégagez la partieque vous voulez dre


ren-

sensible, par quelques passes faites vivement

d'une main.

Somnambulisme magnétique.

Lorsqu'ily a sommeil chargez un peu le cerveau


,

en imposantles mains au-dessus et les y laissant une


1» L'ART DE HAGNËTISER.

gîssentsi fortement sur le physique n'ont point été


mises en jeu ; elles n'influent néophyte
que quand le

a réfléchi sur Fétrangeté du phénomène qu^ila fait


naître ; alors commence à s'altérer la régularitéde

l'instrument qu'ilarait formé. :h

Je n'accepte point ces explicationsje croîs , que la

cause est beaucoup plus simple ,


qu'elleest toute

physique et ne dépend nullement de la disposition


morale comme on vient de le dire.
t

Les élèves magnétiseurs, ou même les personnes


qui n'ont aucune connaissance des lois du tisme
magné-
,
produisent facilement les premières fois le

somnambulisme ; c'est la vérité : mais tout ment


simple-
parce que leur action vierge est forte ;
leur

fluide nerveux est plus dense et plus compacte que


celui des personnes qui ont- magnétisé pendant plu-
sieurs
mois, plusieursannées, et qui n'ont pointune
constitution toute particulière,
une santé robuste à

l'épreuvedes fatigueset des excès.

La magnétisationfatiguebeaucoup ; c'est une dé«

pense vitale et toute physique que Ton fait.


L'homme qui veut être puissantmagnétiseur,doit
suivre un régime hygiénique tout particulier,
et il

doit surtout s'abstenir des des


plaisirs sens. Le vide

et la fatiguequi résultent de ces excès, sont tout-à-

fait semblables h ceux qu'éprouve le magnétiseur^


après une longue et laborieuse magnétisation;c'est
une dépense nécessaire à sa propre existence qu'il
vient de faire et qui est augmentée par la fatigue
,

piorale;résultantd« h tension de la volonté pour


PRATIQUE DU MAGNÉTISME. fiS

émettre avec plus de force, et en plus grande quan-*


tité le fluide qui est en lui.
j

Je n'admets point que les élèves produisent {dus


facilement le somnambulisme que le magnétiseur
possèdenon-seulement
expérimenté. Ge\ui-ci la force

comme les élèves^ lorsquMl est d'une constitution

convenable ,
mais il sait comment agir ,
comment

diriger son action. Sans faire une dépense aussi

grande, il produira le somnambulisme beaucoup


plus facilement, beaucoup plus souvent, et beaucoup
plus promptement que Télève qui ignore,et n'a pour

lui que sa force toute nouvelle.

Aussi voyons-nous toujours les élèves bien plus


,

fatiguésaprès avoir produit le somnambulisme que le

magnétiseur consommé. Celui-ci après avoir envahi

le système nerveux du sujet,a su dirigerson action

sur tel ou tel oi^ane, pour arriver au résultat, tan«


dis que Félève a donné généralement tout ce qu'il
avait en lui.

Le somnambulisme est le résultat d'un procédé ou

d'un mode que nous connaissons; par conséquent


nous le produisons quand nous vouions, ep sant
magnéti-
de telle ou telle manière.

Pour moi j'aitoujoursproduitle somnambulisme


,

toutes les fois que je l'ai voulu et je ne m'avance pas


,

trop, en m'engageant à l'obtenir dans une tion


propor-
de huit sur dix.

Maisy je le répète ,
le magnétiseur fatiguemême
l)eaucoupplus qu'on ne le pense. Il faut pour voir
pou-
faire sa professiondu magnétisme jouir d'une
,
M LART DE MAGNÉTISER.

constitution et d'une santé à part; il faut être doué

d'un système nerveux tout particulier,


pour être en

6(at de magnétiser dix» douze, et quinze personnes


par jour,et pour pouvoir faire autant de bien à la der-
nière

qu'à la première.
Dans Tantiquité les effets étaient beaucoup plus
,

puissants,les guérisons bien plus promptes, et cela

par deux raisons : les prêtres de l'antiquité


vivaient

dans le sanctuaire du temple loin des passions et


,

et dans une vie austère de concentration; ils devaient


donc être beaucoup plus aptes à produire les effets

magnétiques; leur vie n'était pointjetéeau vent, ils

n'usaient pas leurs organes dans le tourbillon des

plaisirscomme on fait aujourd'hui ils possédaient


,

toute leur force virile,etne la dépensaientpas en excès,


en émotion de tout genre. Aussi les voyons-nous faire

des guérisonsinstantanées; il leur suffisait d'imposer


les mains, de toucher le malade et ils le guérissaient.
Les effets étaient plus brillants;leurs prophétesses,
leurs pythonisses,leurs oracles, n'étaient jamais ins-
truits

de ce quilsfaisaient ou disaient et par conséquent


leur lucidité n'était point détraquée comme l'estcelle

des somnambules de nos jours,auxquelles on raconte


tout ce qu'ellesfont et disent pendant leur nambulisme.
som-

Les magnétiseurs ont écrit et écrivent encore jourd'hui,


au-

que les phénomènes de la lucidité et du

somnambulisme se déclarent plus brillants et plus


souvent sur les êtres les plus simples,les plus voisins
de la nature, les moins civilisés;
je ne partage pas
SOMNAUBULISMB. «S

cette opinion.J'ai toujours trouvé un fiomnambulisme

plus brillant»une lucidité bien plus remarquable ches


les personnes du monde qui joignaientà une tion
éduca-

distinguéeune intelligence
supérieureet un prit
es-

cultivé. Je pourrais citer quelques noms bien

connus dans le monde aristocratique


et scientifique
i

comme preuve de ce que j'avance*

CHAPITRE VI.

SOMNAMBULISMB.

De tous les phénomènes que la pratiquedu magné-


tisme
offre à la curiosité publique»le plus intéressant
et le plus connu, mais le moins compris, est sans tredit
con-

le somnambulisme magnétique.
Nous allons exposer aussi succinctement que sible»
pos-
les divers points de vue sous lesquelson a jus*
qu'à ce jour envisagéle somnambulisme et les cations
expli-
qu'on donne généralement de ce phénomène
magnétique.
ti C'est un état mitoyen entre la veille et le meil,
som-

qui participede tous les deux, et produit aussi


un grand nombre de phénomènes qui n'appartiennent
ni à l'un ni à l'autre»

» Le sujetréduit à Fétat de somnambulisme tend


n'en-

rien de ce qui se à côlé de lui immobile


passe :

au milieu des plus grands mouvements, il semble


~

«6 L'ART DE MAGNÉTISER.

séparé de la nature entière pour ne conserver de


,

communication qu'aveccelui qui Fa mis dans cet état.

» Celui-ci a acquis (par le seul fait de la tisation)


magné-
un rapport m/îm" avec le sujet;àTaided^une
ei^ëce de levier invisible ille fait mouvoir à son gré ;
(et telle est la force de son empire que ment
non-seule-
,

ils'en fait entendre en lui parlant et par signes


f ^

mais encore par la seule pensée ; et ce qu'ily a de

plus étrange,c'est que le magnétiseur peut niquer


commu-

$a propriété à d'autres personnes^ par le

contact ; et
dès ce moment la communication se tinue
con-

entre le somnambule et son nouveau directeur.

» Il semble que chez le sujetmis en lisme,


somnambu-

il se fait une désorganisationqui rompt libre


l'équi-
de ses sens; de manière que les uns éprouvent
une dégradation extrême, lorsque certains autres ac«

quièrentun degré prodigieuxde subtilité.

» Ainsi chez quelques-unsVouie se perd ou blit,


s'affai-

lorsque la vue devient d'une pénétrationprodi-


gieuse
: chez d'autres,la privationdelà t^ue etdelWee

est compensée par une délicatesse incroyabledu tm-

cher ou du goût.
i" Chez plusieurs un sixième sens semble se rer
décla-

par une extension extrémq de la faculté intellec-


tuelle,

qui surpasse la portée ordinaire de l'esprit


humain.

» En un mot les phénomènes que présentel'état


de somnambulisme, offrent chaque jour de nouveaux

sujetsd'étonnement, pour ceux même auxquelsils


devraient être le plus familiers.
SOHNAMBULISME. »

D Qu'est ce que c'est que le somnambulisme? c'est

pour les uns» une exaltation de Vâme^ pour les autres

c'est un sixième sens, pour ceux-ci c'est une extension

des facultés psychiques,pour ceux-là c'est une exal-

taiibn nerveuse, pour d'autres enfin c'est un espritqui


TOUS anime, un ange qui vous guide» un démon dont

TOHs êtes possédéy et qui vous fait parler, agir et


voir. »

C'est ainsi qu'on explique généralementle nambulisme;


som-

quant à moi je ne le comprends pas tièrement


en-

de cette manière et les diverses théories


,

qu'on a émises a ce sujetne sauraient me satisfaire;


il y a dans le somnambulisme une pensée bien plus
élevée, une pensée toute divine ! c'est-à-dire Dieu se

révélant à l'homme.

Pour comprendre et pour expliquer le bulisme,


somnam-

il faudrait savoir ce qu'estTâme; or les dis-


cussions

sur la nature de l'âme ont de tous temps ou-

Tert un vaste champ aux folies humaines.

7Aa{é5 prétendaitque l'âme se mouvait elle-même;


Pyihagore soutenait qu'elleétait une ombre pourvue
de cette faculté de se mouvoir en soi-même.
Platon la définit une substance spirituelle,
se mou-
vant

par un nombre harmonique.


Âristote armé de son mot havhdiTeà^entéléchie nous

parle de l'accord des sentiments ensemble, Heraclite

la croit une exhalaison Empédocle un composé des


;

éléments; Démocrite^ Leucide, Epicure, un mélange


de je ne sais quoi de feu
,
de je ne sais quoi d'air, de
je ne sais quoi de vent, et d'un autre élément qui n'a
68 L'ART DE MAGNÉTISER.

pas de nom. AnoxagorCt Anaximène, Arehélaiis^la


composaient d'air subtil ; Hyppone, d^eau ; Xénophon^
d'eau et déterre; Boece^ de feu etd'air; Parménide^de
feu et de terre. Cur/ta^ la plaçaittout simplement dans

le sang; Hippocrale ne voyaiten elle qu'un espritré-


pcfndttdans tout le corps; Marc-Autonin la prenait
pour du vent; et Gritolaûs» tranchant ce qu'ilne pou*
vait dénouer, la supposaitune cinquième substance.

Ne croirait* on pas en voyant ce chaos de définitions

bizarres et contradictoires,
que tous ces grands génies
de se jouaientde
l'antiquité la majesté de leur sujet?
Les rêveries des anciens ne jettentdonc aucun jour
véritable et satisfaisant sur la nature de l'âme. reusement
Malheu-

en lisant nos philosophes modernes nous

ne sommes pas plus éclairés sur cette matière.

Plus on étudie les secrets de l'âme plus on est


,

confondu par le cachet de grandeur que lui imprima


l'Eternel. Emprisonnée dans un corps de bouci mise
sou-

aux arrogants besoin de cet esclave dominateur,


cette âme a calculé les distances des astres, découvert

les lois qui régissentl'univers, forcé Dieu dans les

retranchements de son immensité.

A de
l'exception deux ou trois peuplades sauvages
réduites à l'instinct des brutes, toutes les nations ont

reconnu dans l'homme une subi^tanceindépendante


du corps, et source de la volonté et de l'intelligence.
11 a fallu le travail des siècles et les lumières d'une

religiondégagée des sens pour faire entrer Thomme

plus avant dans les mystères de son âme, que quité


l'anti-

n'avait fait qu'effleurer.


m L ART DE MAGNÉTISER*

Cime d^radation par la perte ou la mutilation des

organes dont celui-ci est pourvu.


Ainsi la de rame
spiritualité n'est pas une opinion
qui ait besoin de preuves
,
mais le résultat simple et

naturel d'une analyse exacte de nos idées et de nos


,

facultés.

Quand l'homme meurt, il ne meurt pas tout entier;


la plus noble partie de lui-même survit à Fautre :

Pâme est immortelle.


On le prouve par la nature de cette substance.
L'âme étant simple»n'ayantpas de parties,ne peut
pas pérircomme les corps par corruptionet par solution.
dis-

Néanmoins tout en reconnaissant la de


spiritualité
Fàme la différence de nature qui existe entre elle et
,

le corps auquel elle est unie on ne peut nier sa pendance


dé-
,

étroite des organes.

C'est Descartes qui le premier a établi d'une ma*

nière claire et la distinction


satisfaisante^ entre Tes-

prit et la matière ; qui a démêlé ce qui jusqu'à lui


avait été confondu. Mais nous ne suivrons pas ce phi«
losophe dans ses raisonnements qui peut-êtrese*
raient déplacésdans cet ouvrage.
L'harmonie entre l'âme et le corps doit être faite
par-
il faut que le cerveau si nécessaire aux tions
opéra-
,

de l'âme ait atteint la perfectionqui lui est

propre. Car si l'âme a des propriétés qui lui sont

propres le corps lui sert d'instrument. On dra


compren-
I

pourquoi une chute sur la tête une fièvre céré-


brale
,

peuyeiit déranger )ejsfçicultés


intellectuelles »
JSOMNAMBULISME. ,
61

rame n'est point altérée par le mauvais état de Tins-

trument, mais elle est condamnée à Tinertie, Fhar-


monie étant rompue.
L'âme et le corps ont une vie qui leur est propre*,
et qui parfaitementharmonisée constitue la vie male
nor-

de riiomme. Le corps tout matériel a besoin de

repos, qu'iltrouve dans cette espèce d'engourdisse-


ment
qui est le sommeil mais Pâme veille pendant
,

ce temps, et dégagée en quelque sorte des liens qui


la retiennent ,
elle vit de sa propre vie, et jouiten^
tièrement des facultés qui lui sont propres. C'est ainsi

que dans cet état de repos ,


le corps agitmachinale-
ment

sans le secours des sens etsansavoir conscience

de ce qu'ilfait et
,
qui plus est, sans aucune nance
souve-

lorsque la vie commune est rétablie.

Les phénomènes de l'éthérisation qui ont quelque


analogieavec ceux du magnétisme, et qu'il n'est pas

possiblede traiter de chimères sont avec ces mêmes


,
?c

phénomènes incontestablement la preuve la plus


frappantede la dualité du dynamisme humain c'est-
,

à-dire de l'existence des deux principes actifs du

corps vivant et pensant de la cause vitale et de la


,

cause intellectuelle.

J'ai vu plusieurssujets
^
qui subissaient ^influence

des vapeurs éthérées et d'autres l'influence magué^


^

tique,continuer à répondre aux questionsque je leur


adressais et me rendre un compte exact de leurs im-
pressions

du moment, tandis qu'ilsparaissaient


ne se

ressentir en rien des graves opérationschirurgicales


qu'on pratiquait
sur eux. Le mouvement et le sentie
6i LARD DB MAGNÉTISER.

ment étaient entièrement abolis dans leur organisme ,.

tandis que n'avait


l'intelligence rien perdu de son

activité;Fespritveillait,mais le corps était plongé


dans une torpeur absolue.
Dans le somnambulisme magnétique» toutes les

sensations participentd^un autre mode d'existence

que dans Tetat normal. La circulation nerveuse ayant


été envahie par le fluide vital,il en résulte la forma-
tion
d'une affectibilité extraordinaire
,
et des tions
sensa-

inconnues. Il est reconnu que dans cet état


, ,

les fecultés intellectuelles sont plus grandes chez


l'homme quQ dans son état norn(ial cela s'explique
,

en ce sens qu'ellesne sont point obscurcies par fluence


l'in-

matérielle.

Lorsque par l'action magnétique on envahit ganisme


l'or-

d'un individu; lorsque le système entier est

saturé de fluide nerveux, très subtil il est vrai, mais


cependant matériel; lorsque la matière est rendue

inerte et que la vie du corps est annihilée, l'âme se

trouve en quelque sorte dégagée de la vie commune


,

pour vivre de sa propre vie. Ses facultés toutes térielles^


imma-

apparaissent d'autant plus brillantes que


l'anéantissement de la matière est plus complet.
Le sommeil produit sous l'influence magnétique
est beaucoup plus profond que le sommeil naturel,
puisque lesplusgrands bruits,les plus vives douleurs

ne peuvent le détruire;l'âme jouitalors plus plètement


com-

de toutes ses facultés, elle s'appartient


plus
entièrement; aussi dans Tétat appelé somnambulisme

magnétique apparait-elle
avec
i
son auréole divine,et
SOMNAMBULISME. 63

s'élaBce-t-^elle dans rimmensitë, ({u'elleparooart


d'^un bond ; pour elle point de distances,point d^obs-
tacles, point de murailles;son essence divine pénètre
tout et partout; il n'est point de corps dont elle ne

pui^e voir l'intérieur ; il n'est point de pensée si fondément


pro-
enfouie, qu'ellene puisse connaître, il

n^est point d'effetsdont elle ne puisse apprécier la


cause.

Il est une phase dans le somnambulisme encore

plus élevée c'est Yextase. Ici Tâme semble avoir


,

quittéentièrement le corps, et, s'élevant dans les ré-


gions

divines, elle est en contemplationou en prières


devant Dieu lui-même.

J'ai rencontré plusieursfois l'état cC extase ment


propre-
dit ; rien au monde de plus saisissant : la nambule
som-

a une physionomie toute particulière ,


elle

devient belle, belle d'une beauté que l'on ne peut primer


ex-

; son air est inspiré sa figureest resplendis^


,

santé d'une joieintérieure ; on sent l'intime convie*

tion qu'elleest en face de choses sublimes qu'il ne


nous est pas permis de voir à nous pauvres mortels
,

restés sur la terre. Elle semble vouloir s'élancer dans

l'immensité; ses pieds touchent à peine la terre; ses

sont démesurément ouverts et tournés vers le


yeux
ciel et il tombe de ses lèvres des mots entrecoupés;
elle se trouve dans l'immensité; elle voit des flots

de lumière qui F inondent ,elleentend des flots d^har-

monie qui la ravissent et l'enlèvent; la divinité lui

apparaîtdans toute sa splendeur.


Je crois que si un tel état se prolongeait,peut*ôtre
64 TART DE MAGNÉTISER.

n'aarîons-nous plus qu'un cadavre ; Tâme se serait

envolée vers Dieu.

Dans cet état d'extase,le magnétiseur n'est même

pas entendu et à peine est-il senti en agissantforte-


ment

sur le somnambule.

On peut provoquer l'extase sur certains bules;


somnam-

mais lorsqu'elle
se présente d'elle-même elle
»

est bien plus parfaite.


Par la musique on produitégalement un état qui
a quelque analogieavec Textase
,
mais qui cependant
n'est point le véritable état extatique.Une musique
relipeuse sérieuse provoque des attitudes lité,
d'humi-
y ,

de prière,d'élévation vers Dieu.

Certains somnambules sous l'influence d'une mu*


,

siquegaie ,
dansante éprouvent le désir de danser,
,

mais la majeure partie des somnambules semblent

résister à cette provocation et ils expriment leur


,

contrariété par des mouvements d'impatienceet de

colère qui pourraientdégénérer en convulsions.

Tous les somnambules soumis à l'influence de la


,

musique, quelleque soit leur position l'assassin,la


,

fille perdue, comme l'être le plus vertueux, sent


fléchis-

devant une musique sérieuse ou religieuse,


bent
tom-

à genoux et se mettent en chez


prières; tous il

y a élévation Le
contemplationreligieuse. somnam*
,

bulisme magnétique est si je puis me servir de cette


,

expression la preuve matérielle de Vexistence de


,

Vàme et de sa spiritualité.
Cette phase du magnétisme si belle si immense
, ^

peut être provoquéefa^cilement


; nous connaissons le
SOMNAMBULISUE. 65

mécanisme pour la produire" mais nous ne savons

point la diriger^nous ignorons les lois qui président


à ce phénomène. Cependant nous avons remarqué
qu'à son début et lorsqueles premiers symptômes
,

se déclarent sur un sujet, Tétat somnambulique est

beaucoup plus complet; cette faculté de parcourir les


espaces de voir à travers les corps est bien plus
, ,

puissante.Il semble que» lorsque le somnambulisme


est provoqué souvent les liens du corps et de Pâme
,

soient moins relâchés ; il semble que l'influence térielle


ma-

se fasse sentir entrave les facultés de Fâme


, ,

et établisse un état de relation entre le somnambu-


lisme

et l'état normal-

Une des causes de cette perturbation c'est la dé-


plorable
,

habitude qu'on a d'instruire le sujetde l'état

dans lequelil s'est trouvé de ce qu'ila fait vu ou


, ,

dit. Il s'en impressionne et peu à peu il s'applique


,

à effacer l'espècede solution de continuité qui doit

exister entre Fétat normal et l'état somnambulique.


Il est encore une autre cause de la dégénérescence
du sonmabulisme : souvent un sujetest magnétisépar
plusieurspersonnes; dans ce cas» l'envahissement du

système nerveux est moins complet,l'anéaiftissement


de la vie matérielle est moins entier et par conséquent
l'âme est moins dégagée. Elle ne voit plus comme
auparavant ; souvent même, dominée par la matière,
elle est presque rejetéedans la vie commune ; c'est

alors que, subissant l'influence matérielle Fâme ne


,

pluset qu'ellea
s'appartient tous les défauts inhérents

à la vie normale.

5
66 L'ART ÉfE MAGNËTISËR.

Il est encore iihe troisîèttié cause :


c'est Phabitudé

-i^lcieùseque font
plusieursitiagnétisdurs contracter

^ leui*ssdniÀaibbules,
en accusant chez eux tin point
de Vision physique,soit àii front, sdit ^ùt* la huqtië,
doit strestdmac, soit aùboùt des doigts.Cette habitude
reposé Sut ûné de Féiat somtiàttt-
fausse appréciatiott

buliquë ; il n'existe cUei le somnambule auculi siège


de visioii spétidl
;
Fâme étant en quelque àôrté déga-
gëë dès liens de la itiàtière,
la Vue n'a plus d'insirû-
tilithëtit dans l^organisme
et réside siir tous les

horizohs dU Ce qu'oiiappelletransposition
siijet. des

sens est tme chimère en magnétisme.


Cet usage de localiser la vue fait subir à l'âme l^ih*
fluence de la matière et détruit la pureté de la clair-,
toyahfcè.
C'efetà peu pthsl'état
de tous les personnes qui, par
^tat,
Sbht alises datis le somnambulisme et qui dônhehi;
dès consultations du matin au soir. C^èst d'autant plus
jlrobabië, des
que la plujE"ai't individus qui les endor-
Aient ignorententièrement les lois qui présidentau
,

ihdgiiétisrne.
Souvent Fétàt dil somnambule est si péiiélevé,
tttt'iln'a que la sensation dés doiiléurs qu'éprouvé
le tnaladë qui vientle consulter;qiielquefois
il peut

%it les du malade,


oi^gânès sans pouvoir voir les re-

iilèdésconvenables pour amener une guérisoh.


Dans cet état de choses, le somnambulisme, tique
pra-
conimë il Test aujourd'hui dévient plutôt
,

pernicieux qu'utile.
Ceci est d'autant plus vrai,que le publicne voit le
68 L'ART DE MAGNÉTISER.

La Somnolence ou torpeur ;
L'Attraction ;

Le Sommeil ;

Le Sommeil à distance.

Pendant le sommeil tous ces effets sont plus com-


plets

;
il faut y ajouter:
La Localisation de la sensibilité
;
La Transmission de sensation;
Le Somnambulisme naturel;
Le Somnambulisme magnétique.
Les effets psychologiques qui se présententdans le

somnambulisme sont :

La Transmission de pensée;
La Vue sans le secours des yeux à travers les corps

opaques;
L'Extase sous l'influence de la musique;
L'Extase.

Tous les effets physiologiques se retrouvent plus


complets, plus entiers,dans la phase du somnambu-
lisme,qui est en quelque sorte la veille dans le som«

meil.

Il en est encore d'autres qui se présententdans les

traitements des maladies ; nous en parleronsultérieu-


rement.

Tous ces effets peuvent se présenter réunis sur un

sujetque l'on magnétise pour la première fois,cepen-


dant
cela arrive rarement.

Les effets physiologiquesse rencontrent ment,


séparé-
presque tous, dès la première fois, lorsqu^on
les cherche.
EFFETS GÉNÉRAUX DD MAGNÉTISME. 69

Il est encore quelques autres effets particuliers,


et

qui rentrent plutôtdans un cercle d'expérimentation


sur des sujetsmagnétisésfréquemment. Ce sont :

Le Sommeil produit par des objetsmagnétisés;


L'Influence salutaire de l'eau magnétisée;
Le Sommeil produitsans volonté et à distance;
Le Sommeil produit sur une tierce personne, dant
pen-

qu^on magnétise un sujet;


La Soustraction du fluide et la saturation d'une

tierce personne au réveil d'un sujet;


Le Cercle magique;
L'Anneau ou pendule ;
La Chaîne ;
Le Sommeil seul ;

La Paralysiependant le chant, pendant la marche;


Enfin les e£Eets sur les animaux, sur les idiots.

Je vais citer quelques faits produits sur des sonnes


per-
magnétiséesune seule fois. J^espère prouver
j)ar là que tout le monde peut magnétiser,avec plus
ou moins de force, et que les effets sont bien le résul-
tat

d^un fluide communiqué.

Clôture des yeux.

En séance publique,M. HollinSf professeurdistin-


gué

de l'un des collègesde Leîcester, se proposa pour


être magnétisé.
En quelques minutes il eut les yeux fermés, sans

pouvoir les ouvrir.

Le docteur Gaimer à Nantes, qui avait des bourdon-


7ft l,ART BS IIAQIÎ^TISW.
les omllçp, vouiuf sairqir%\ U mm^
ppim^lHs dftlfâ
$î^m6 agirait
sur lui,
En ài% minutes je lui fermai les yei|xsap£|qu'ilpùl
les ouvrir î et les bourdonnements des oreille^ dis-
parurent

pour vingt-quatreHeures.
J'obtins cet effet en touphqtntles pQiices seulenont
ç| §fi ^unt le§ yev?^,

SpiuunM.

Ce fut à Londres, dans une séance publique; que


M. Baggalay^ élève de l'univei^itéda Cambridge, fut
magnétisé ; en quelques minutes ses yQUK se {ermè*
,

rent et il fut plongé dans un état de torpe^ir qui était


interrompu par des mouvements spasmodiques ; tout-
à-coup il ouvrait les yenx» sambl^it sur le point d'é-
touffer,

faisaitdes mouvements dii haut dn corpsi seu*

lement, puisil retombait dans une toipeur jH^ofonde.


le n^ême résultat sur
4 Uverpool j'obtins l'éditeiif
4l)^Umdctr^ et snr nn phann^f ien.

Paralysie entière.

A Tours, dans le salon de M. Marne, M. Laurent,


éditeur dn jonmftl ^Indre-et^Un^re, §§ mit à m^ position
dis-
Il fut promptement n^agnéti^; ses yeux se

fermèrent, malgré les violents efforts qu'il fltpouf


les ouvrir. S'apercevantalors qu'ilne pouvait f^re
un mouvement^ et qu'ilne pouvait pas même parler,
il s'i^raya;sa respirationdevint gênée, oppjRes-
EFFETS Q£N£R^|JX DQ MAC^IÏ^TISME. 71

fsée: je 1^ dégageai;il m^ dit alors qu'ilaVQftp^t


tous ses efforts pour me donner un coup de pfed pt
,

ppur parler pi^is qu'ilétait paralyséçomplèterjfient


,

et n'avait p^ lever le piejide terre, U était dans


c[u'il
une colère extrême de se sei|tir
au pouvoir d'pfj
autre.

Il avait senti courir dans ses l^ras et sur tout spi|


de petitessecousses semblables k celles d'unjg
corps ^

étincelle électrique,
qui produisaient
un engpurdisse-
ment complet.
Dans la même ville ,
M. Seri
,
négociant »
fut mi§
dans le même état chez M. BelluQtte, avocat. Lorsqujs
je lui eus dégagé les mâchoires il s'éçrja : Oh! ç^e^
,

horrible et délicieux! Il ne voulut jamaisnous pliquer


ex-

le véritable sens de son exclamation malgré


»

toute l'insistance qu'y mit M. Renard


,
le proviseur
du collège.
A Londres, le docteur Maya, l'un des chirurgiei)^
les de
plus distingués cette ville,me proposa, devant

plusieur"membres du parlement et quelques savants^


de magnétiser son domestique ; j'acceptai.
On le fit entrer et s'asseoir, sans le prévenirde cp
qu'on voulait lui faire.

Âpres vingtminutes, le croyant magnétisé,je li)i


adressai une question; mais il ne me répondit pas.
Le docteur crut que c'était parce qu'ilne comprenait
pas le français;mais à la question qu'illui fit, il ne

reçut pas de réponse.


Ce garçon était devenu statue, mais il ne dormait

pas; il entendait, mais il ne pouvait parler, ni mou-


72 L'ART DE MAGNÉTISER.

voir un bras une jambe ni même un doigt; il était


^ ,

entièrement paralysé.
Je lui dégageailes yeux et les mâchoires afin qu'il
,

pût répondre, mais en laissant paralysé tout le reste


du corps. Alors il put nous dire qu'iln'avait pas mi,
dor-

et qu'ayantété plusieurs fois sur le point de céder

au sommeil, les quelques paroles quel'on échangeait


de temps en temps quoique à voix basse l'en avait
, ,

constamment empêché. Plusieurs fois il avait voulu

nous le dire, et il n'avait jamais pu parler; il avait

voulu aussi se lever et s'enfuir, mais cela lui avait été

également impossible: maintenant il faisait tous ses

efforts pour lever les mains et il ne le pouvait pas.


,

Le docteur Mayo lui ordonna impérativement de

se lever; il fit un violent effort, mais il ne bougea


pas. Sa figure exprimait la frayeur. Je lui dégageai
une main, puis un pied; alors il commença à sourire.

Je lui prisle bras que j'avaisdégagé je le cataleptî-


,

sai et le piquai sans qu'il le sentît; les traits de sa

bouleversèrent
figure][se la frayeur se répandit sur
,

toute sa physionomie : je le dégageai complètement.


Lorsqu'il put remuer, il pritla fuite en s'écriant:

Tis the devil that man! c'est le diable que cet

homme !

Il ne reparut plus le soir pour faire son service

et le docteur ne put jamais le décider à revenir au

salon.

Quelques jours après je sonnai ,


à la porte du teur;
doc-

ce fui ce domestique qui vint m'ouvrir; mais


^
EFFETS GÊKËRAUX DD MAGNÉTISME. 73

aussitôt qu'ilm'aperçut, il se sauva me laissant là


, ,

sans me répondre.
Il nous avait accusé la sensation du fluide en'petites
secousses, dans tout le corps. Pour produire cet effet,
j^avais tenu les pouces pendant vingt minutes sans

faire aucune passe ,


et J'avaisobtenu l'envahisse-

ment complet de l'organisme.

Paralysieentière,les yeux ouverts.

En juin 1840, je me trouvais au Mans; je revenais


avec le docteur Fisson de visiter une de ses malades ;
nous rencontrâmes sur la place un ami du docteur,
un ancien commandant fort incrédule; il nous santa,
plai-
nous fit sa profession de foi négative, et^
bien plus il me défia de le magnétiser : j^acceptai
, ,

et nous allâmes chez le docteur, avec trois autres sonnes


per-
qui s'étaient jointesà nous.

Je le fis asseoir je commençai, et dix minutes


y

après il était magnétisé.


Pendant ce temps on avait préparé des biscuits et

des verres de madère. Comme le commandant avait

les yeux ouverts


,
le docteur pensa que je n'avais pas
réussi il m'engagea à cesser. Je me levai aussitôt,
9

et prenant un verre sur la table je l'offris au mandant


com-
, ,

en lui disant : Tenez, monsieur, ceci est

meilleur pour vous que le magnétisme. Mais le com-

mandant ne réponditpas ,
et garda sa positiond'im-
moblité entière les deux bras appuyés sur les bras
,

du fauteuil et les yeux fixes.


,

— Eh bien, commandant, vous voilà au repos? est-


74 L'ART DE UAGNËTISER.

ce que vous ne voulez pas }}oireà ma santé? lui dit


madame Fisson.

Pas de réponse : le commandant était muet.

Je lui mis }e verre entre les (Joigts


et le pouce de

la main entr'ouverte; il resta dans son immobilité

sans pouvqir serrer les doigts pour tenir le verre 5


il était paralysécomplètement, il avait les yeux verts,
ou-

sans dormir; il voyait, entendait, et ne vait


pou-

parler, ni ipéine tpurner Tgeil à droite et à

gauche.
Après quelques instants je lui rendis la parole,
et il s'en servît aussitôt d'une manière un peu gique.
éner-

« — Je crois en vérité que le m'a magné-


i....f....
» tisé! je ne puis remuer, et tout-à-Pheure je ne

y" pouvais parier! »

Tout le monde éclata : on le plaisanta


et il s'avoua

vaincu. Il me pria de lui dégager au moins un bras


afin de pouvoir prendre un verre de madère. J'y con-
sentis

j mais au moment où il porta le verre à ses

lèvres, je paralysaide nouveau le bras


,
et il resta le

verre près des lèvres sans pouvoir boire.

« — C'est le supplicede Tantale ! s'écria-t-îl; lais-

» sez-moi boire ce vin je vous en prie! »


,

Je le dégageai entièrement^alors il se tâta pour


s'assurer s'il avait bien l'usagede tous ses membres

et s'il ne faisait pas un songe ;


mais nos rires et nos

plaisanteries
le persuadèrent facilement qu'ilétait
bien éveillé.

Il nous dit qu'àpeine lui avais-je


touché les pouces,
76 L'ART DE MAGNÉTISER.

dans le salon de madame Burton devant une quantaine


cin-
,

de personnes sur une jeune personne


, ,

miss Crowe qui fut mise exactement dans le même


,

état.

Son père qui ne pouvait pas croire qu'ellefût ralysée


pa-
et qu'ellepût parler vint la prendre par la
,

main pour la faire lever ;


mais il trouva la main si

froide et si mouillée intérieurement qu'il la laissa


,

tomber immédiatement et regarda sa fille d'un air

tout effrayé.
Je dégageaimiss Crowq^^ et quelques
instants après elle dansait. Je n'ai produit cet effet

que sur les quatre personnes que je viens de citer.

Catalepsiepartielle. —
Insensibilité.

Le docteur Lévisson
,
dans une séance publique, à
Birmingham voulut bien risquerune jambe mais
, ,

rien de peu réussir; cependant j'ycon-


plus.J'espérais
sentis^et sans magnétisergénéralement le docteur, je
m'occupai de Tune de ses jambes. Après quatre ou

cinq minutes, elle était tendue horizontalement, cata-

leptisée
et rendue insensible. On la piqua et le docteur

n'éprouva pas de douleur ; il lui semblait ne plus avoir


cette jambe.
Le Midland CountiesHerald, du 4 novembre 1841,
en rend compte de la manière suivante :

« La jambe du docteur Lévisson fut rendue catalep-


» tique et resta suspendue en l'air,malgré tous ses

)" ainsi
efforts, que ceux de plusieurs docteurs de ses

y" aroîs, qui essayèrent,mais en vain, de faire tou-


EFFETS GÉNÉRAUX DD MAGNÉTISME. 77

» cher le pied à terre. La jambe étant tellement raide

» qu'un monsieur demanda s'il n'y avait pas quelque


» chose dessous pour la soutenir; la réponse fut celle
» qu'on devait d'une
attendre, lorsqu'ils'agit per-

}" sonne si bien connue et si respectableque l'est le

» docteur Lévisson. )"

Pendant toute l'opération


le docteur avait éprouvé
une singulièresensation au cerveau dont il n'a pu

se rendre compte.
Depuis, j'aiproduit cet effet sur beaucoup de per-
sonnes^
entr'autres sur M. Skareatine, chargé d'af-

fdres de Russie, à Naples, et devant MM. les ambas*

sadeurs de Russie, d'Espagne, d'Angleterre, de

France, etc. Sa jambe fut priseet tendue^ et je pus lui

enfoncer des aiguillessans qu'iléprouvât la plus pe-


tite
sensation.

A Nantes, dans une séance publique donnée à

l'Hôtel-de-Ville, M. Ernest Merson^ propriétairedu


Journal de VOuest, était sur Testrade; je lui pris les
ses se fermèrent sans qu'ilpût les ou*
pouces, yeux
vrir ; il me pria de cessser, mais je ne l'écoutai pas. Je

lui pris un bras que je plaçai horizontalement, puis


une jambe, et je le laissai dans cette positionpendant
vingtminutes : je pus lui enfoncer des épinglesdans
le bras et dans la jambe sans qu'iléprouvât la dre
moin-

sensation; il ne pouvaitbaisser ni sa jambe ni son

bras^et il continuait à me prier de le lui rendre, ce

que je fis après une demi-heure à son grand tement


conten-

et à celui de l'assemblée qui ne pouvaitcroire


ce qu'ellevoyait.
78 LARt DE MAGî^ÉflSÈR.

Ëti mars 1^41,dans le bateau du journalle Pilote


ânCâlvàdoSt dëràntMlMt. Coiirly,Sëmînel, rédacteur^
du jDllhialï èècoildàirë de
Ràisîii, doyen de l*É(ît)lé
médecine, tieitrâiidjdoyen delà Faculté des Lettrés,
et pluëieulsautres pérsonriesi ]é ihà^iiétlsâl
M. Rai-
sin

fils,âgé de quarante ans et forténiefat constitué.

En quelques minutés II ëùt les jr^tiifermés ; je


produisis de la parâlyâiedanl^ lé^ braë et datls lés

jambes et une insensibilité assez grande jpoûr que céâ

messieurs pussent lui enfoncer des épinglessans qu'il


accusât dé douleur.

Après avoir été dégagé, il se dans


t"h)niefiàit la
cbambr^ M. Seminel» aveé qui il était très lié,le santait
plai-
en marchant devant lui;M. Raisin leva là jam«
be pour lui donner un coup de pied;Tayaut manqué,
il voulut lui en donner un second ; mais lorsqu'il
Tbttlut lever le pied,il resta doué au parquet; j'avais
paralyséla jànibe en apercevaht premier môti- son

tement. Un moment après,je le cloUai à la cheminée


contre laquelle
il s'appuyait»

Ces deux expérienceslui donnèrent Un choc assez

Violent pour provoquer un ttialàisesubit;il n'y avait

que peu d'instants qu'il


avait déjeunéet il eut un étouf-
fement et un spasme ; mais en deux minutes je le
calmai et je le remiâ dans un tel état de santé qu'ilse
sentait assez d'appétitpour aller dîner.

Je produisis le même effet sur M. Rahbône à

Birmingham.
Pour obtenir cet effet dé catalepsieet lité,
d'insensibi-
ilsuffitd'attaquer
le muscle extenseur, le deltoïde
EFFETS GÉNÉRAUX DU MAGNÉTISME. 79

par exemple, en le touchant avec le doigt sur le


l'épau-
et en lançant avec force le fluide, puis on exécute
,

quelques passés pour envahir tout le bras, et bientôt

le membre se trouve cataleptisé.


J'ai produitassez souvent cet effet,c'est un sant
puis-
moyen de conviction et c'est surtout une preuve
bien positiveque le fluide est la seule cause des nomènes,
phé-
et que îa volonté n'agitpas sur le sujet
puisqu'iljouitde toutes ses facultés intellectuelles.
LMnsensibilité existe toujoursdans l'état catalepti-

forme ou raideur musculaire.

Somnolence. — Paralysie. —
Insensibilité. — Catalep^e entière.

Sensation.

La somnolence se produit rarement seule ; pres-


que
toujourselle est accompagnée de quelques-uns
des phénomènes dont je viens de parleret qui sont

plus complets sans l'être autant que dans Tétât de


sommeil. Cependant il arrive quelquefois
qu'ilne se

présenteaucun autre effet.


À Birmingham en 1841» en séance publique i

Jabet, attorney, voulut


fit. être magnétisé.
Je lui prisles pouces» et en peu de minutes il fut

jetédans un état de somnolence ;


les
je.lui cataleptisai
bras en croix,puis les jambes horizontalement, je le
laissai dans cette positiondouloureuse et fatiganteen
apparence pendant vingt minutes ; je le piquai sans
qu'il
donnât signe de sensation.

Je le dégageai,et lorsqu'il
fut remis dans son état
80 L'ART DE MAGNÉTISER.

normal^ il fit au public,qui le lui demanda, le récit

de ce qu'ilavait éprouvé.
Le journalde Birmingham du 24 octobre reproduit
ainsi ses paroles :
« A peine M. Lafontaine m'eut pris les pouces^
j) que j'éprouvaiun engourdissement, puis des pe-
» tites secousses semblables à des étincelles électrî-

» ques qui parcouraient mes bras, s'emparaientde


» tout mon corps et y produisaientun engourdisse-
» ment total qui n'était pas désagréable;puis un be-

» soin de sommeil, que le plus petitbruit venait dé-

» truire, ce qui me contrariait beaucoup. Lorsque je


» revenais à moi, il m'était impossible d'ouvrir les

y" yeux, ni de remuer les bras ni les jambes, quoi-


» que je ne fusse pas insensible à ce qui se passaitau-
» tour de moi. »

A la demande s'il avait senti les piqûres d'épingle,


il répondit :
« Que non-seulment il ne les avait pas senties
,

7) mais qu'ilne savait pas avoir les jambes et les bras

» dans la positionoù il les avait trouvés. »

En le laissé
dégageant j'avais subsister la catalepsie
dans les bras et les jambes, afin de prouver que le

fluide pouvaitagir partiellementsur un membre lors

même que le reste du corps est démagnétisé ; et cette

preuve, je le répète,vient à l'appuide la nature toute

physique du principemagnétique.
En août 1842, à Glascow en Ecosse, dans une ce
séan-

publique,M. Anderson bien connu dans la ville


,

pour s'occuper de science,fut magnétisé et mis dans


EFFETS GÉNÉRAUX DU MAGNÉTISME. 8i

un état de somnolence, de d'insensibilité,


paralysie^
de catalepsie.
Je vais le laisser parlerlui-même dans

une lettre publiéepar V Argus du 4 août Qournal de

Glasoow.)
Après quelques réflexions généralessurlemagné-^
tisme, il dit :

« Le magnétisme m'était complètement étranger ,

» et aussi impatient d'être


j'étais oonvaincu que qui
3» que ce soit dans la ville.

» M'étant as»s vis-à-vis de M. Lafontaine il me


t

}) pritles pouces et nous nous regardâmes fixement.


7" Après dix minutes, j'éprouvai
distinctementquel*
3» que chose,des sensations dans les poignetsmontant

» jusqu'aux coudes ,
semblables aux sensations gal-
» vaniques de l'argentet du zinc mis en rapport sur

» la lai^e; dans le front de légèressecousses, un

9 engourdissement dans tout le corps; ma tête tom-

» bait en arrière sans que j'eussele pouvoir de la


,

» tenir droite ; larespiration devint embarrassée, la

» vue voilée et confuse ; aprèsquinze minutes les pau-

» pièresse fermèrent,et , malgré mes efforts,je ne


» pus les ouvrir.
» Cependant je restais sensible à ce qui se passait
» autour de moi quoique enveloppé d'un tissu
,

» transparent qui devenait à chaque instant plus


» épais; je ne pouvais en constater mais
l'épaisseur^
» il me pardssaitplus légeret moins épaisquand il

» était éloigné
de moi. C'était un véritable tissu fi-

i" breux les fibres ressemblant à du verre filé; de


,

» plus les fibresn'étaient pas parallèlesmais s'en-


, "

6
m UABT DB MAGNtTISSR.

^ tœlâçaientà tQiut les angles;dans cette envdoppè


^ favai»toujûi)ii»i»acoiiQâissaiiûôju8qu^à
i)n certain

« pdiat 6^ l^élm iiearaux» sans désir de commu"-*


,

» niquer avec le monde extérieur »


et pour q[aelgtte8
» fan
iilDtoals fw quittetout à lait. Je ne »aia eom-

» bien de temps je restai dans cet état, mais qaeAqaes

9 passes ma dégagèrentcomplàtement.
9 Lorsque je fus tout à fait remis M. Lafontaine
,

s m^étendit un bras sur lequd en quelques secondes


$ je n'^ivalsplus de. pouvoir, et ce bras était telle -

»
,
ment roidei qu'ila fallu toute laforce d'un hompie
m {iQurle
remuer un peu; plusieurspectateursessayè-
» rent la force de cette roideur ,
et reconnurent

» qu'elleétait indépendante de ma volonté.

» Je pe puis décrire la sensation asses nouvelle

n que j'éprouvaien voyant un de mes membres rë^


,

n sister et à mes efforts et à ceux despersonnespré^


» sentes, pendant que je r^ste de mon individu était

a libre d^agir» de sentir, de penser, de réfléchir,


m cQmmeà Pordinaire. C'e^t vraiment magique. »

Dana une séance puUique, à Paris, rue Duphot^


je produisisle même effet sur madame Pinte dont

le mari est h'foaé à Pontoise. Ses bras furent catalep*


tisés et rendus insensibles pendant la somnolence
,

et i|sgardèrentcet état d- insensibilité au réveil.

Dans une autre séance k assistaitM.


laquelle Franck

Carré, pr^siierpréaidentde la cour royalede Rouen,


avec beaucoup d'illustres personnages, je produisis^
sur M. Blanc, qui était connu par vin^t personnes
dans la salle
"
la somnolence
,
la paralysie Finsensi- ,
8» L'ART DE MAGNÉTISER.

de tous les auteur^, ne pourra détruire cet état;il faut


qu'ily ait action physique pour détruire Faction dont

la cause est toute physique.


Un fait arrivé dernièrement à un magnétiseurtrès-
expérimenté, mais grand apôtre delà volonté, comme
cause des effets magnétiques, est venu, probable*
ment sans le vouloir, à Fappui de la théorie que j'ai
avancée.
Il avait endormi un jeune homme quil magnétise
quelquefois
;
il lui avait apparemment communiqué
une plus grande quantitédu fluide : au bout de ques
quel-
minutes il voulut le réveiller,mais il ne put

y parvenir.Le magnétiseur se retira alors dans une

chambre voisine» en disant qu'ilest des cas où il faut


du sujetpour
s'éloigner obtenir la cessation des effets

magnétiques.
Ceci est une erreur profonde. En s'éloignant»le

magnétiseur commettait une grave imprudence; car,


pendant son absence »
des convulsions pouvaient se
déclarer ou bien il pouvait y avoir paralysie au veil.
ré-

Sous aucun prétexte,le magnétiseurne doit quitter


la personne qu'ila jetéedans le sommeil magnétique.
Avec de vives passes transversales devant le visage
et la poitrine, et en soufflant froid sur les yeux le
,

réveil est et si malgré


infaillible; cela le sujetest core
en-

saturé de fluide,il suffît alors au magnétiseur de


tremper ses mains dans Peau froide avant d'agir,
pour obtenir le dégagement complet.
Du reste
,
ce petitaccident a fait revenir un peu
EFFETS GÉNÉRAUX DU MAGNÉTISME. S5

le susdit magnétiseur sur ses théories : car il profita


de cette occasion pour déclarer que quelquefoisla vo

Umté ne suffisait
pas pour réveiller.

Non, la volonté ne suffit pas, n'agitque


puisqu'elle
sur vous et non sur le sujet. Soyez donc bien con-

Taîncu que ,
puisque vous avez transmis une portion
de vous-même, quelque subtile qu'ellesoit,elle est térielle;
ma-

que Teffet que vous avez produitest physiqueet


le résultat d'une cause physique ; il vous faut donc une

action physique,tant pour détruire l'effet produit que

pour dégager le corps que vous avez envahi du fluide

magnétique*
Dans une séance publique à Manchester, devant

douze cents personnes, après avoir essayésur deux

personnes, sanspouvoir réussir,jevisM. Lynnills'ap*


procher de l'estrade.

Je vais laisser parlerle Guardian de Manchester, du


13 novembre 1841.

« M. G.-P. Lynnillde Manchester, l'un des direc-


» recteurs de l'Âthénée, qui nous a autorisé à donner

son nom comme un sûr de lever tous les


]"
moyen
y" doutes ou de disipertous les soupçons s'offrit
,

» pour qu^on le magnétisât.


» Tous ceux qui connaissent M. Lynnill savent
» qu'ilest incapable du moindre compérage, et sa

» réputationy qui est celle d'une personne instruite

» et savante, ne pouvait laisser supposer qu'aucun


D des effets qu'ildit avoir éprouvés aient été produits
n) par une imaginationsuperstitieuse
ou ignorante.
» M. Lynnillétait incrédule, maïs il tut son opi-
86 L'ART DE HAGNÊTISSR.

» nion jusqu'àce que ses propres lumières Faii

s» à former un jugement.
» M. Lynnill attendit avec patience le résultat.

» M. Lafontaine, qui était très fatigué,commença


» sans grand espoir de réussir,mais en di:iL^u onze

» minutes, il parvint à lui fermer les yeux et à pro-

2" voquer un état de somnolence et d'insensibilité par-

}) tielle,puis de demi-catalepsie;ainsi les jambes


» placéeshorizontalement, au lieu de tomber immé^

)" diatement à terre comme le feraient les jambes


a» d'une personne endormie naturellement, se baissè-

» rent peu à peu. Le sommeil se déclara; il était si


» profond^ que ni les piqûres d'épingle,ni TaclicNti

» de lui lever les jambes et de les laisser tomber

» n*ont pu réveiller le sujet.


» M. Lafontaine alors
cataleptisa les deux jambes,
y^ puis il tira des qui ne
ooipsules produisirentpas la
» pluspetitecontraction de paupièresj ily avait para-

» lysiede l'ouïe. Le flacon d'ammoniaque ne produi-


» sit aucun effet sur l'odorat. M« Lynnillétait comme
y» mort et ne donnait aucun signede sensation* i"

A son réveil)
produitpar M. Lafontaine,M. Lynnill
regardaautour de lui avec étonnement; mais en peu
de temps il fut remis, et ildécrivit ses sensations àpea
près de la manière suivante :

a Je n'étais pas d'diK"rd insensible caitièrement,


)i mais il me semblait iaire un rêve, La première
j» sensation qui fut quatre à cinq minutes après le
» commencement de l'opération,fut une titilla-

» tion dans les pouces, dans les bras, puisdans tout


EFFETS GÉNÉRAUX DU UAGNÉTISME. 91

% le corps. Cette sensation augmenta jusqu'àce que


% la somnolence s'étendit sur moi, puis le sommeil.

» J'étms entouré d'une atmosphère dont la sensation

» était celle de l'eau enveloppantentièrement le corps


» d'un plongeur dans la mer; je ne perdaispas tout

» à fait le sentiment de mon e:iistence : cependant,j'é-


9 tais pour ainsi dire mort pour tout ce qui m'en«-

» tonrait, mais j'avaisla consdence qu'ilse passait


m quelque chose autour de moi dont je ne pouvais me
» rendre compte.
» Lorsque M. Lafontaine pritla jambe gauchey
me

» je sentis une titillationparcourir toute ma jambe


• (c'était celle sur laquelleon avait fait le premier
n essai de catalepsie),mm ce fut la dernière sensa^^

% tion que j'aieéprouvéej je m'endonnis profob*^


3 dânent jusqu'au moment où Ton me rév^Ua;

9 J'ignoresi on m'a piqué»


» M. Lynnillajoutaqu'iln'avait aucun goût dans

» la bouche, et qu'iln'éprouvait rien après l'opé^


» ratimi, si ce n'est un l^er tremblement, effet na-

» tnrel de toute secousse dans le système nerveui» xr

Dans la séance publiquedu 1 3 novembre à Mandies^

ter, les
j'obtins mêmes effets sur une autre personne
et malgré tout le bruit que pouvdent faire quinee
œnts personnes réunies et presque tout» incrédulas;
levais encore laisser parler le Qmrdim dé Mm^

chnkr du 17 novembre 1841.

« M. Higginsj bien connu et demeurant ici,s'df-


» frit pour être magnétisé. Il était dix heures une

1» minute et demie lorsque l'opération


commença ; à
88 L ART DE MAGNÉTISER.

» dix heures quatre minutes les yeux se fermèreht;


» un, bruit qui se fit dans la salle les lui fitouvrir ;

» .^pendant on voyaitque c'était avec difficulté.Dix

)i minutes et demie après le commencement de ro-

» :pérationles
yeux se fermèrent de nouveau, et après
m ^quelquespasses il fut dans le sommeil le plus
» complet.
» M. Lafontaine fixa les deux jambes Tune après
» Fautre dans une positionhorizontale;puisle bras
» droit en lignedroite,élevé à quelque distance du

Il bras du fauteuil.

)" Dans cette position ridicule et fatigante ,

"» M. Higginsresta assis, les yeux fermés, la figure


» .pluspâle que d'habitude, mais en toute apparence
» profondément endormi. L'effet que ceci produisit
i" sur l'auditoire jusque-là entièrement incrédule

» (à en jugerpar lesexpressionsde doute exprimées

» tout haut)était tout à fait Topposé de celui produit

» sur M. Hi^ins.
» La curiosité avide des spectateurs,le cou tendu,
?" le corps en regardfixé sur le sujet,le si-
avant, le
» lence le pluscomplet,changèrentTaspectde Tas-

y" semblée jusqu'alors si incrédule et si bruyante.

» Onconstata Tinsensibilité par des piqûresd'épin*

^. gle, par des coups de pistolet tirés près de ses

:U
» orallles,:
par de Tammoniaque liquideconcentrée
f;| » qu^on lui fit respirer.
Il ne d(»ina pas signede sen- .

» sation pendant ces diverse expériences.


?i

M. Lafontaine le réveilla à l'instant et comme

» par un coup de baguettemagique.M. Hi^ins ou-


.••.-1

i
EFFETS GËNËRAUX DU MAGNÉTISME. 89

» vrit les yeux^ mais les applaudissementsimmenses


ji des spectateurs, Féclat des lumières et le nombre

» des personnes qui Fentourèrent avec empresse-


» ment, furent un choc trop violent système pour le

ji nerveux encore sous l'impressionmagnétique ; il


}i eut une légère attaque de nerfs, qui fut aussitôt

B calmée par M. Lafontaine. »

Les médecins présents,en lui touchant les mains,


les trouvèrent glacées et tout le corps brûlant et

en transpiration.
Les jambes et les bras furent ^ale-
nsent démagnétisés et rendus à leur premier état de

il donna
Itexibilité; ainsi le détail de ses sensations :

ce Après une ou deux minutes, je sentis une titilla-

B tien me parcourir les bras et le corps, et lorsque


3» M. Lafontaine me fitdes passes je perdisconnais*
,

» sance tout d'un coup, et je ne sais rien de ce qui


n s'est passé depuis.Tétais incrédule lorsque je me
» suis assis. Je n'avais jamais vu magnétiser. »

Le docteur Robert
y
chirurgienà l'hospicede Beau-

jon, voulut se convaincre ; il vint chez moi avec une

jeune dame de sa clientèle


,
dans laquelleil avait
toute confiance : en quelques minutes elle fiitendor*

mie rendue à Fétat de


d'insensibilité, catalepsie,
,

dans les bras et les jambes. Le docteur la piqua lui


,

fit respirerdu soufre de l'ammoniaque lui tira des


, ,

coups de pistolet;rien n'émut la dame, et son meil


som-

fut complet. Le docteur sortit convaincu que le

magnatisme pouvait être de quelque utilité,


Le docteur Elkinghton, sceptiquedéterminé ,
lut
vou-

dans m]ie séance publiqueêtre magnétisé.Quoique


très*fatigué
par diverses expériences je oomméiiçaii ,

En quelques minutes j'obtinsun clignraaaitd'yelix^


un engourdissement dont il se débarrassa en se muant
re-

sur le fauteuil ; je doublai d'efforts et bientôt


"

les efiEdtsreparurent plus positifs


que d^abord; il se

démena comme un possédé eut des mouvements


«

convulsifs,me fitdes grimaces sauta à un pied da


t

fauteuil puis tout-à-coup il tomba complètement dormi.


en-
,

Alors je cataleptisai
une de ses jambes et Tuif

de ses bras» puis je les piquai sans qu^il donn"l


signe de sensation* Gomme il avait montré une crédulit
in-

offensante^ je voulus maiintenir la catalepsUl


au réveil^afin qu'ilne put rien nier. Je le réveillai

avec précaution et jeparvins à mon but» Lorsqu'ilfut


réveillé» le docteur Partridge lui dit :

-- £h bien docteuri vous avez dormi ?


»

— Non
y
non »
s'écria-t-il
»
je n'ai pas dormié
Ces paroles furent accueillies par les bruyants
éclats de rire de l'assemblée
,
qui avait suivi la lutte

dans le plus profond silence«

"— Et votre bras? et votre jambe? lui répliqua le


docteur Palmer«

— [Ohl^ • •• «
»

La figure du docteur Elkingbton exprima la plutf


II essaya de^batssersa jambe
graoïddstupçfacAioni M

son bras« mais il ne put; il employa son autre main^


mais ce fut impossible»
Il convint alors qu'ilétait vaincu; il indiquases
sensations qui étaient une titillation dans les bras et
I

dans tout le corps, sensaticms qu'il comparait aui


92 LART DE MAGNÉTISER.

fluence magnétique se déclare comme dans le sotn*


,

meil naturel.

On confond souvent cet état avec le somnambulisme

magnétique^ dont il diflère par plusieurspoints.Ain-


si

,
dans celui-ci ,
le somnambule est toujours dahs
la dépendance du magnétiseur et sous son influence

active, obligéde répondre à ses questions,d'agirse-


lon

sa volonté et il ne peut s'ysoustraire par aucun


»

moyen.
Au contraire, dans le somnambulisme naturelj le

somnambule secoue le joug ; et c'est à peine s'il s'a-


perçoit
de l'action du magnétiseur; encore est-ce

pour le braver et n'en faire qu'à sa tète : c'est tout

au réunissant
plussi le miiinétiseur, toutes ses forces,
peut le dompter un peu par moments, et le réveiller

quand illeveuC
J'ai produit cet état à Tours sur une jeune femme.
Pendant son somnambulisme elle avait les yeux verts,
ou-

fixes,ne me répondaitpas quand jene la touchais

pas, et encore me fallait-il agir fortement. Elle vait


sui-

le cours de ses idées et continuait seule une versation


con-

commencée dans l'état de veille,discutant,

et même disputant,
ne voulant jamais qu'on l'éveillât,
et repoussant toujours l'influence que je cherchais à
prendre.
A Bagneux, je trouvai un maçon nommé Michdy
qui,dans cet état, dansait toujours,tout en restant

sur la chaise : ses pieds faisaient les pas d'une tredanse.


con-

Il causait continuellement avec sa danseuse

Imaginaire, chantant,se Hyrs^ntà


ricint^ une intarris-
EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME. 93

rable gaieté.
Je pouvais facilement le faire parler.
mais il m'échappait aussitôt.

Il était tout à fait insensible,non-seulement du

corps, mais des sens; les expériencesque nous fîmes

sur lui, chez le docteur Labbé^ nous le prouvèrent.


A Londres, une qui
jeune fille, avait été tisée
magné-
par M. Du Potet et par le docteur EUiotson, fut

jetée par moi dans le somnambulisme naturel dant


pen-
une séance publique.Elle était,dans cet état,tout
à fait indépendante de moi, et Tinsensibilité était

complète comme dans le somnambulisme magnétique.


Elle s'occupaitbeaucoup d'une autre personne qui
était endormie, et faisait a elle seule une longue con-
versation.

Lorsque je voulus réveiller elle s'y opposa d*a*


,

bord avec force ; elle me prenaitpour un de ses rents


pa-
qui voulait la sermonner ; elle courut se gier
réfu-

au milieu du public,et ce fut avec peine que je


parvinsà la réveiller.

Somnambulisme magnétique.

Le somnambulisme magnétique est la veille dans le

sommeil ; c'est rame dégagée de la matière et sant


jouis-
de Elle
sesfacultéspropres. semble indépendante
du corps, tout toujours par fil; mais
en y tenant un

les liens sont relâchés par Tanéantissement de la tière.


ma-

Pendant cette phase^ tous les phénomènes dont


H I,ART OS MAaN$TISER.

nom avons parléapparaissent


avec plua d'exactitude.
si cela est possible.
n est encore d'autres phénomènes physiologiques
quiue se trouvent que dans cet état,ou du moins il
est très rare de les rencontrer dans la somnolence
ou le sommeil.

Ces effets sont :

La Localisation de la sensibilité;
La Transmission de sensation ;

La Sensation ou appréciationdes objetsmagné-^


tisés;
La Vue du fluide vital j

L'Attraction entière.

Ici,je suis obligé,pour la plupart de ces de


effets,
les prendre sur des personnes magnétiséesplusieurs
(bis; cependant ilquelques-unsque j-airen-
en est contrés

en magnétisantpour la première fois,comme


on le verra dans le cours de ce chapitre.

Localisation de la seasibilité.

Je n^ai rencontré qu'une seule personitesur laquelle


j'aieobtenu dès la première fois la localisation de la
sensibilité.

Miss Sarah Gregorffy k Scheffield,


me présenta cet
effet,magnétisée devant plusieursmédecins dans un

salon.

Je pus rendre insensible le bras" laisser Pavant-bras

sensible,et produire Finsensibilité de la main. Ainsi,


jepiquaislekasiellene
sentait pasî jepiquaisFavant-
EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME. 9S

bras, elle donnait sîgaede sensation,


et en piquantla
main Finscnsibilité
j^obtenais la plus complète.Je pus
chaQg#i*ces effets k Tolcmtë c^est4i-dire déterminer
,

la teasibilitë du bras, l'insen^ilité dans Tavant-


bras ,
quand la main au contraire restait sensiUe.

le n'ai magnétisé cette jeune personne que ôettQ


sralefoiSf
J'ai obtenu cet effet sur beaucoup de persohneS|
mais ms^étisées fréquemment, et pour Fobtenir, il

suffit de charger avec force la partieque l'on veut

rendre insensible et de dégager,par de légèrespasses


^ves, la partieà laquelleon veut rendre la sensi-*

biUté.

Transmission de sensation.

Je n*ai obtenu cet effet qu^une fois encore sur une

personne magnétiséepour la premièrefois.


Ce fut h Leed? en Angleterre, sur un négociant
^. Olâenbùurg),en séance publique.
En dix minutes jeFavaisendormi, et quelquesins-
tants

après il était arrivé au somnambulisme.


Je plaçaià côté de lui le sujetdont je me servais
habituellement, je lui mis une des mains dans celle

^e M. Oldenbourg.
Voulant montrer Finscnsibilité sur les deux sonnes,
per-
je piquaiM. Oldenbourg, qui ne donna pas

signe de sensation.

Je piquaiensuite mon sujetsmiss Mary : elle n'ac-


cusa

pas de sensation, mais M. Oldenbourg se récria


96 L'ART DE MAGNÉTISER.

sur ce qu'on lui faisait mal et qu'ilne voulait pas être

piqué.
Cependant Mary ne sentait rien lorsqu'on piquait
M. Oldenbourg; lui seul avait la transmission de sen«

sation.

Je répétaiplusieursfois cette expérience,et toutes

les fois que je piquaiMary^ M. Oldenbourg se gnît;


plai-
et lorsqueje le piquailui-même, il n'accusa mais
ja-
de sensation.

Clarisse Nau^ une de mes somnambules, me senta


pré-
cet effet d'une manière bien exacte. Dans une

petiteséance à Tours, M. Renard, le *pro viseur du

collège,voulant faire cette expérienced'une manière

concluante, me pria de descendre dans la cour de

rhôtel. Un docteur descendit avec moi, et me pinça,


me tira les cheveux, les oreilles,me piqua les bes,
jam-
et il eut l'idée de me mettre le doigt dans la

bouche, ce qui me causa presque un vomissement.

Pendant ce temps Clarisse Nau éprouvait toutes les

sensations et à chaque endroit où Ton me faisait

souffrir.

Ces transmissions de sensations se présententchez


les somnambules qui donnent des consultations ; sou*

vent elles ne voient pas les organes mais


affectés^ elles

sentent les douleurs que le malade y éprouve, et cela

par le seul contact.

J'ai vu une somnambule se gratter tout le corps et

y accuser des démangeaisons atroces qui étaient pro-


duites

par le contact seul des cheveux d'un malade.

La personne avait des dartres vives sur toute la surr


EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME. 97

fâce du corps. Dans un cas comme celui-ci,il faut,


avant de réveiller la somnambule, bien la dégager des
effluves contenus dans les cheveux et lui rendre le
calme*

Sensation ou appréciation des objets magnétisés.

Les somnambules, entouchant plusieursobjetssem-*


blables tels que des pièces de cinq francs parmi
, ,

lesquellesil s'en trouvera une qu'on aura magnétisée,


ne se tromperont pas; ils indiqueronttoujours tement^
exac-

même quand la pièce aurait été magnétiséela


veille. Ce n'est pas qu'ilsvoient, mais ils sentent le

fluide sur la pièce.

Vue du flaide.

Il n'est pas nécessaire que les somnambules soient

clairvoyantspour voir le fluide. Il est même des per-


sonnes,

qui dans la somnolence seulement voient


,

positivement9 les yeux fermés, le fluide, et cient.


l'appré-
Il est semblable la couleur au fluide élec-
trique;
pour
cependant quelquefois il est aperçu blanc

comme de l'argent.
Mademoiselle Anna Sherrwill, lorsque jela tisais,
magné-
voyait le fluide Sortir de mes mains brillait

comme du feu et un peu bleuté. Elle le voyait la péné-


trer
et parcourir en elle tout le trajetdes filets ner-
veux^

puis envahir sou cçryeau.


M L'ART DB MAâNËTISBR.

AUraclioD enliére.

L'attraction se présenteplus généralement chez les

personnes très nerveuses et arrivées à Fétat de som-

nambuluune.

A Orléans» une jeune fillenommée Blanche, et que

plusieursmédecins m'avaient fait magnétiser en leur

présence, m'offrit phénomène le de l'attraction à un

pointtrès développé.
J'ai vu plusieurspersonnes très vigoureuses la tenir
re-

avec force, entre autres, M. Danicourt, le ré-»


du journal
dacteur-propriétaire le Loiret^et M. de

Saint-Maurice, rédacteur de VOrléanais, tous deux y


mettant toute leur force musculaire, au risquede ser
bri-

les membres de la jeune fille;elle était éloignée


de moi à une distance de trente mètres à peu près ;
sitôt que, sur un signe,je l'attiraisà moi en tant
présen-
le bout de mes doigts et en les reployant
iiti peu, BlancbOy qui me tournait le dos» faisait des

tffortsgurhumainspourse dégager; ne le pouvant pas»


«Ite entraînait ces deux messieurs,malgré toute la ré*

sistance quils faisaient pour se maintenir à la même

place.Dès qu'ilsla lâchaient, elle arrivait en arrière

et tombait sur mon bras sans connaissance.

J'ai produitcet effet sur des personnes que j'avais


magnétisées
souvent, lors même étaient
qu'elles lées.
éveil-

D'un bout d'un salon à l'autre je faisais lever

une somnambule, qui arrivait prèsde moi en me mandant


de-

ce que je voulais^
100 TART DE MAGNÉTISER.

mission de pensée,viennent en aide au magnétiseur ;


c'est ce qui explique comment il faut que le tiseur
magné-
déploiebien plus de force lorsque le sujetest
réduit à l'état cadavérique,que lorsquUlest dans tat
l'é-

ordinaire, et libre de ses mouvements.

Ainsi, ce phénomène se produit par un effet tout

physique, et par un effet de transmission de pensée,


qui est la cause transitoire,et toujours le résultat de
la cause physique,le fluide*
A Nottingham, j'obtinsle phénomène d'attraction

sur une jeune fille pendant la somnolence et dès la

première fois. Le docteur Lighfood^ fort incrédule


,

conduisit à une séance publique une jeune fille


,
afiu
de la faire magnétiser.Après quelques instants, cette

iillefut jetéedans l'état de somnolence, il y eut sibilité.


insen-

Tout-à-coupje m'aperçus qu'ily avait tion


attrac-

dans la main. Je la fis lever et marcher vers le

docteur Altenburow. Pendant qu'ellemarchait, j'étais


placé derrière, à dix pas. Je cherchai à elle
l'attirer,
s'arrêta;son corps balança; puis, bien que le doc-
teur

l'appelât
en avant, elle recula vers moi. Je sai
ces-

de l'attirer,aussitôt elle marcha en avant ; puis


lorsqueje l'attirai de nouveau, le même effet se duisit;
pro-
elle s'arrêta, balança et recula,

A Londres, M. Busch et miss Rumner conduisirent

chez moi une dame habitant ordinairement Ghelten*^

ham, chez laquelle le fait d'attraction se présentait


d'une manière curieuse et sans que le magnétiseur
cherchât cette expérience,
Je magnétisaicette dame ,
le docteur Mayo était
EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME. 101

présent. En quelques minutes elle fut dans un état de

somnolence complète, qui bientôt disparut pour la

laisser dans un état particulier les yeux fermés sans


,

qu'elle pût les ouvrir les mâchoires contractées et


,

la langue paralyséesans qu'ellepût la remuer.

Dans cet état, sa tête se pencha en avant jusqu'à


la hauteur de mon estomac; alors sa tête s'avança
lentement; je reculai elle avança toujours jusqu'au
,

moment où elle me toucha.

Je me levai elle me suivit. Si de


j'allais côté la
, ,

tête s'inclinait du même côté et venait me trouver.

Je la conduisis de cette manière sur un sofa, et là»


posant mes mains entre sa tête et moi je pis
rom-
,

pour un instant cette attraction, qui chez moi

comme chez elle était indépendante de la volonté.

Après quelques instants cependant cette force tractiv


at-
,

reparut, la tête se pencha de mon côté, la


dame tomba sur le tapiset vint me trouver en se nant
traî-

sur la tête et sur les reins sans s'aider ni des


,

mains ni des pieds. Lorsqu'elle fut près de moi je


,

me penchai au-dessus de sa tête, et elle se trouva sise


as-

sur le tapis;je montai sur une chaise et, plaçant


ma tête au-dessus de la sienne, j'agisavec force; elle
se trouva sur ses pieds, relevée comme par un sort
res-

sans qu'ellese fût aidée des mains.

Je me jetaià terre et m'étendis derrière elle sur ce

tapis.Sa tête se pencha en arrière et vint par terre

frapper ma poitrine; ses pieds n'avaient pas remué


,

ses mains étaient restées pendantes près du corps, elle


109 L'ART DE MAGNÉTISER.
I

formait en ce moment le cerceau comme ferait le

plus souple acrobate.


Ce qu'ily avait de curieux, c'est que cette dame ne

dormait pas, et faisait tous ses efforts pour résister à

cette force qui Tentrainait malgré elle. Elle n'en

éprouvaitni douleur ni fatigue ni contrariété.


, ,

Je la laissaiainsi posée la tête en bas sur ma poi*


trine les piedssur le tapissans qu'elle éprouvât le
,

moindre malaise. Ce fut avec de grandes diificultés

que je séparaiensuite sa tète de ma poitrine.


Je répétai dans l'espace d'une heure, toutes
»

ces expériences, tantôt en restant passif»tantôt en

agissantfortement. Alors les mouvements d'altrac-


tion étaient d'une violence et d'une vivacité dinaires.
extraor-

J'ai magnétisé cette dame deux fois,et j'aieu cha*


que fois les mêmes effets.

Sommeil h distance.

Le sommeil à distance ne se produit que sur des

personnes qui ont été magnétisées souvent. Il n'est

pas nécessaire que le sujetsoit prévenu qu'on va le

magnétiser : pour qu'une expérience de ce genre soit


exacte, il faut au contraire le sujetignore corn*
que
plètement ce que l'on veut faire.

A Rennes, M.Dufiholjrecteur de l'académie^


M.Ra-

Imsseau, inspecteur,vinrent un jour avec plusieurs


autres médecins à l'hôtel où j'étais
logé.
Après avoir causé beaucoup ,
M. Dufîhol me priadq
EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME. 103

raocompagner chez lui ,


me prévenant qu'ily avait
une dame qui déûrait causer avec moi,
Je pris mon chapeau et je sortis avec M, Dufibol ;

lorsque nous eûmes traversé la cour nous entrâmes


t

dans une des salles de Thôtel et U. Dufihol entama


,

une conversation dont je ne voyaispas le but. Après


un quart-d'heure il me dit :
,

« — Vous avez prétendu pouvoir endormir votre

sujetà distance sans quUl soit prévenu : voulez-vous

maintaiant essayer cette expérience? i»


J'^acceptai*
— Combien vous faut-il de temps?
*- Quatre à cinq minutes.
^^ Commencez*
Trois minutes après, je prévinsM. Dufihol que l6

sujetdevait tomber endormi.

Il me pria de rester dans la salle ,


il traversa la

oour, monta l'escalier et comme il arrivait près


,

de la porte il entendit ces messieurs dire au sujet:


,


Eh bien, vous dormez? Réveillez*-vous I


Il dort!

M, Dufibol entra précipitamment et trouva le sujet


endormi ; alors il m'appela et dit :

« "— £n présence de faits comme ceux-ci, il

faut croire messieurs : c'est moi qui ai prié M. La-


,

fontaine d'endormir le sujet de la grande salle de

rhôtel. p

J'ai fait bien des expériencesde ce genre sur coup


beau-

de si^ets9 et toujours j'airéussi quand k mon

éffâi
on avait prisles mêmes précautions.
104 î;art de magnétiser.

Oa lit dans V Auxiliaire Breton de janvier 1841 :

"( La séance étant terminée, beaucoup de personnes

ont entouré M. Lafontaine, et ont, avec le plus vif -

intérêt discuté sur les eifets divers du magnétisme.


,

C'est à ce moment qu'a eu lieu Texpérience la plus


concluante de la soirée. Le sujet s'était éloigné, et

causait, avec des gardes de ville, auprès d'une des

braisières qui avaient été allumées pour échauffer la

salle. "f Pourriez-vous, dit quelqu'un à M. Lafontaine,


3" rendormir d'ici? — Sans doute, répondit-il
y) entourez-moi toujours^afin qu'ilne me voie pas..»
Au bout de quelques moments le sujetétait plongé
,

dans le sommeil. — « Pourquoi dit-on alors à M. La-


,

fontaine n'avez-vous pas fait cette expérience en


,

public? — Gomment pouvais-je,


a-t-il répondu
,
parer
pré-
cette scène?. .
Elle a été improvisée, elle ne

pouvait se produire autrement. »

A Cinq-Mars-la-Piledeux ,
heures avant de donner

une séance publique,je me trouvais chez le docteur

Renaut. Il y avait une douzaine de personnes; on

4iscutait magnétisme; on me proposa d'endormir

mon sujet de la maison du docteur à la salle de la

mairie, dans laquelleje donnais la séance. J'acceptai


:

on mit pour conditions je ne sortirais pas de la


que
maison que deux de ces messieurs resteraient avec
,

moi et m'indiqueraientl'instant où il faudrait mencer


com-

à endormir le sujet;que deux autres iraient


chercher la somnambule qui était à Thôtel la duiraient
con-
,

à la mairie, et ne lui parleraientpas de ce

qu'on voulait faire. J'acceptaitoutes ces conditions


EFFETS PHYSIQUES DANS LE S0MNA»1BULISME. iO^

avec Il y
plaisir. avait à peu près ua demi-kilomètre

de distance de la demeure du docteur à la mairie.

Lorsque l'heure fut arrivée et que les deux sonnes


per-
qui étaient restées avec moi, et dont l'une

était M. de La Béraudière me prévinrent je


, que
pouvais commencer, quatre minutes après je crus

pouvoir leur assurer que le sujet était endormi.

Nous partîmes alors ,


et lorsque nous arrivâmes
»
le

sujetdormait.
Le sommeil n'avait été complet qu'après cinq nutes.
mi-

Dès la seconde les premiers effets s'étaient


,

fait sentir ; tels que le battement des paupières et la

torpeur.
L'expérienceétait concluante.
A Nantes, pendant mes séances publiques^ j'en-
dormais
souvent à distance d'un seul geste, par rière
der-

,
la somnambule il/ane^^e, qui était mon sujet
à cette époque.
Souvent tournait
lorsqu'elle le dos au public,pour
remettre ses bas qu'on lui avait ôtés pour rience
l'expé-
des aimants rotatifs on me faisait un signe
,

pour l'endormir et à l'instant ifféme elle tombait


,

foudroyée , tenant son bas à son pied sans exécuter le

moindre mouvement.

Ce sont là des expériencesqui prouvent réellement

l'émanation du fluide et son action sur les personnes

qui ont été souvent magnétisées.


Je pourrais ajouterà ces faits,comme preuve que
la distance plus ou moins grande, n'est pointun tacle
obs-

Ill'action du fluide et qu'ilpeut atteindre par-


,
i06 L'ART DE MAGNÉTISER.

tout la personne sur laquelleon le dirige et sans


,

qu'ellesoit prévenue, c'est le sommeil que jeprodui-


sis
de Lyon à Marseille.

Une dame s'endormit au théâtre en voyant jouer


,

les Mousquetaires de la Reine*^elle était avec plusieurs


personnes, et trouvait un grand plaisir
au spectacle,
quand ,
tout-à-"îoup
,
ses yeux se fermèrent; elle fut
plongée dans le sommeil
,
au grand étonnement des
amis qui l'accompagnaient; bientôt le somnambu*^

lisme se déclara; elle rentra à Thôtel, se billa


désha-

et se coucha, toujoursen somnambulisme; ce

ne fut que le matin» qu'ellese réveilla;mais elle


fut lourde engourdie toute cette journée. Je Tavais
,

magnétisée en me promenant sur les bords du

Rh6ne*

losensibilité à rélectrîcité.
r

J'ai souvent soumis des somnambules à Télec**

tricité dans l'état de catalepsie et je les ai trouvés


^

insensibles.

A Caen dans le cabinet de physique de l'acadé^


. ,

mie je soumis mtfn somnambule Eugène à une pile


,

des plus fortes; M. Delafoy, professeurde physique,


dirigeait
lui-même les expériences.
A cette séance assistaient une vingtainede cins
méde-

parmi lesquelsM. le docteur Lebidois se distin-^


,

guaitpar son incrédulité;ildoutait même de la té


loyau-
de M. Delafoy, et l'accusait de ne pas donner les

secousses aussi fortes qu'ille prétendait.


Pour le convaincre,je lui proposaide soutenir les
m L'AUT DE MAGNÉTISER .

Je fis l'expériencesur les membres inférieurs, je


les jambes; et, après lui
cataleplisai avoir mouillé les

pieds nus nous y attachâmes les cylindres, et on


,

donna des secousses; ce qui amusait très fortement

Eugène, qui jusqu'àce moment ne croyaitpas à tout

€e qu'on lui disait des expériences faites sur lui pen-


dant
son sommeiU
Je donnai cette preuve d'insensibilité sur beaucoup
de personnes, et je Fai toujours regardée comme la

plus convaincante.
Voici un cas où je produisisl'insensibilité assez

grande pour que dès la première fois je pusse tre


soumet-

le sujetà une batterie.

A Dublin, dans une séance publique,je magnétisai


M. Ford; en quelques minutes il fut endormi, cata-

leptiséet rendu insensible. Je le soumis à une batterie

galvanique,et il soutint le choc sans éprouver la

moindre sensation.

Le Freeman, journal du 14 mai 1842 rapporté


,

ainsi cette expérience :


« Un jeune homme de vingtans, le filsde M. Forâ^
D demeurant dans Graffon-Street, s' avança pour êtrfe

)" magnétisé. Il s'assoupitpeu à peu, ses yeux se fer-

y" mèrent, sa bouche se contracta fortement, sa tête

» tomba sur l'épaule,et au bout de quelques mlnu-


)" tes il fut plongé dans un sommeil profond,
» M. Lafontaîne lut rendit alors les membres cata^

» leptiquesde la même manière et avec autant de

)) succès que ceux de la somnambule présentée dans,


» la séance.
EFFETS PHYSIQUES DANS LE SOMNAMBULISME. 109

^" Plusieurs médecins parmi lesquelsse trouvait le

» docteur Packenham, de Mary-Street,examinèrent


» minutieusement M. Ford pendant quMl se trouvait

» dans cet état, et ils furent d'accord pour déclarer

D qu'ilsn'avaient jamaisvu un cas de aussi


catalepsie
j) bien prononcé que celui présenté par les jambes
» de ce jeune homme, On piqua M. Ford sans qu'il
» le sentît;on lui fit respirerdu soufre, on tira des

» coups de enfin
pistolet; on le soumit au choc d'une

» batterie galvanique; il n'y eut chez M, Ford aucun

» signe de sensation, pas la plus petitecontraction ;

» c'était un cadavre.

» Le succès de cette expérience sembla faire beau-

» coup d'impression sur l'assemblée, d'autant plus,


» que M. Ford n'avait pas vu M. Lafontaine avant cette

» expérience,et n'avait jamais été magnétisé, et que


» les médecins qui avant la séance avaient exprimé
» leur incrédulité, se déclarèrent convaincus de la

y" réalité des effets produitspar le magnétisme. »

J'ai fait souvent une expériencequi est de naturo

à mériter l'attention des savants.

Placez sur un tabouret isolant,un sujetmagnétisé


et mis dans un état complet d'insensibîli té ; mettez-le,

par un fil de fer ou de cuivre, en rapport avec une

machine électrique.Si vous le chargez d'électricité,


il reste complètement insensible à toutes les étincelles

que vous pouvez tirer de toutes les partiesde son

corps.

Mais si yous dégagez un côté du visage,par exem*


itO L'ART DB MAGNfiTISBR.

pie, vous obtenez simultanément, la sensibilité du

c6té d^^é et l'insensibilité du c6té que vous avez


j

laissé saturé de fluide.

La lignede démarcation est tellement tranchée, que


f%\ vu souventun c6té du nez sensibleiet Tautre c6t"

insensible à chaque étincelle.

Vous pouvez changer à volonté cette sensibilité,et


rendre sensible,tantôt un c6té, tantôt Tautre, soit en

dégageant le côté insensible,soit en chargeant le côté

sensible.

'??'* '? ' ? ?" '?' ? ?? ' '-'


- ?-
" -^^

CHAPITRE IX.

SPFItTS PSYCaOLOGIQVftS DANS Ll SOMNAHBVLISME .

Nous allons entrer dans la plus belle phase du ma-

gnétismoi où l'âme se montre ce qu'elle est : une

essence toute divine.

Il ne faut pas croire cependant que chaque su*

Jetarrivé au somnambulisme jouisse au même gré


de-

de ces prodigieusesfacultés de Tâme* Comme je


l'ai déjà dit» la direction du somnambulisme nous est

inconnue ; nous le produisonsjusqu'à une certaine

limite,à volonté, mais le forcer à être toujours le


même avec la sublime empreinte de sa spiritualité ,

voilà ce qui nous est interdit jusqu'àce jour. C'est de

lui-même qu'ilse développe^et nous ne pouvons que


Taider et le soutenir*
EFFETS PSrCHOL. DANS LE SOMNAMBULISME, lit

Je vais présenterdes faits dans lesquelsla matière

n'a aucune part, ou du moins ne remplitqu'un rôle

Inerte.

Ta\ produit le somnambulisme lucide sur trente-

trois personnes du monde, qui n'avaient jamais été

magnétisées avant de Tétre par moi.


J'ai pu l'observer encore, en magnétisant vingt et

une personnes qui déjà avaient été mises dans cet état

par d'autres magnétiseurs.


J'ai donc rencontré ce phénomène sur cinquante-
quatre personnes, et j'aipu Tétudier sous toutes ses

faces.

TraosmifisioA de pensée.

La transmission de pensée est le premier phéno*


mène où le corps est complètement étranger; on
confond souvent cet effet avec la *

vue sans le secours

des yeux.
Lorsque vous venez, malade,prèsd'un somnam*

bule, vous croyez, soit d'aprèsvos soit


sensations,
diaprésvotre médecin avoir telle ou telle maladie ;
,

vous établissez,
par le contact de votre main, un port
rap-
direct entre votre cerveau et celui du sujet.De
ce choc des deuxsystèmesnerveux, les deux cerveaux

se trouvent en accord parfait


; le somnambule voit ce

qui se passe dans le vôtre, et^ guidé du reste par la

transmission physique qu'ila de vos sensations il


,

vous dit votre maladie en vous décrivant vos frances.


souf-

Il y a là seulement transmission de penséesd^


112 VART DE MAGNÉTISER.

même que, lorsque vous mettez un objet dans votre

poché et que le somnambule vous indique quel est

cet objet,il peut fort bien ne pas le voir, mais en avoir

connaissance par vous-même qui le savez.

Dans un cas pareil,le somnambulisme n^est pas

utile et peut devenir dangereux, si on exécute ses

ordonnances thérapeutiques.
A Tours, j'avais
une somnambule qui était douée
d'une grande lucidité. M. Renard^ le proviseur du

collège,homme très sceptique,venait chaque jour,


enveloppait des objetsdans plusieurs morceaux dé

papier et les conservait dans sa poche. Il n'était pas

plus tôt en rapport avec Clarisse la somnambule,


qu'immédiatement elle lui nommait Fobjet qu'ilavait
caché avec tant de soin.

Pour prouver que c'étaitbien une transmission de

pensée et non la vue, je faisais exécuter un ordre

mental ;
c'est-à-dire que, sans prononcer un mot,

sans faire un signe, en concentrant ma pensée sur

une action quelconque dont je voulais l'accomplisse-


ment,
la somnambule se levait et faisait ce que jevou-
lais.

Chez M. le docteur Bretonneau, notre spirituel


Béranger tenait à se convaincre par lui-même de la

réalité de la transmission de pensée. Il pritla main

de Clarisse et lui dit : Obéissez ! après quelques condes


se-

on vit Clarisse se lever et aller droit à M. tonneau,


Bre-

au milieu d'une trentaine de personnes, le

prendre par la main, le faire lever et l'amener à


EFFETS PSTCHOL. DANS LE SOMNAMBULISME. 113

Béranger,qui déclara que c'étaitbien la ce qu'ilavait


voulu qui fut exécuté.

Dans une autre séance on écrivait sur un ceau


mor-
,

de papier,le nom d'une dame; on me niquait


commu-

le papier et un instant après on voyait la


,

somnambule se lever prendre un bouquet et le por-


ter
,

"^
à la dame indiquée.
Dans la transmission de pensée il y a un point de

contact qui permet au somnambule ordinaire de voir

et d'apprécierexactement^ même sans le secours de

cette brillante seconde vue dont sont doués les nambules


som-
,

lucides.

Vue sans le secours des yeux.

Madame de fut magnéti-


Loyauté (chanoinesse) sée
par moi dans une soirée, chez le duc de Luxem-
bourg.

En huit minutes elle fut plongée dans le meil


som-
,

»
et vingtminutes après la lucidité apparut dans
tout son éclat. Nous ne pûmes cependant pas en jouir,
car chacun voulut faire des expériencesbanales pour
se convaincre de cette lucidité. Ainsi cinq personnes
,

changèrent les de
aiguilles leurs montres sans garder
re-
,

où elles les arrêtaient. On présentaitune


montre au-dessus de la tête; la somnambule répon^
dait : telle heure tant de minutes ; on présentait
,

une montre derrière le même


sujet, résultat. Un autre

gardaitsa montre dans la main et madame de


,

Loyauté indiquaittoujours exactement l'heure aux

montres de chacun.

Une de ses amies madame la marquise de *^, la^


,

8
114 L ART DE MAGNÉTISER.

priade se transporter chez elle. Aussitôt madame de

Loyauté annonça que la chambre des enfants était

toute bouleversée, qu'elle voyait des paquets, des

caisses. Cette dame se récria, prétendant que cela

n'était pas qu'ellen'yconcevait


possible, rien. Gomme

la demeure de la marquise n'était pas très éloignée ,

on y envoya quelqu'un,qui revint dire que c'était de

la plus grande exactitude; que la femme de chambre

préparait des paquets pour un voyage qui devait

s'effectuer dans deux jours.


Ici, il y avait vue positive;ainsi l'âme s'étaittrans-
portée

chez cette dame^ ou plutôtelle avait vu sans

se déplacer,parce que pour elle il n'y a ni distance,


ni entraves ni corps opaques.
,

En 1842
,
à Paris, je produisis le somnambulisme
sur madame VuUy de Candolle, qui offrit des nomènes
phé-
de clairvoyancepositifs.
Le journal, les

Feuilles publiques, du 24 septembre 1842 ,


s'exprime
ainsi :

« M. Lafontaine, dont le bon goût ne le cède en

rien au talent, avait fait choix d'une jeune et jolie


dame : était-ce pour prêter plus de charmes à sa

magie? nous l'ignorons;mais il y a cela de vrai que

le talent et la beauté auront toujours le pouvoir de

captiverl'esprit,si ce n'est le cœur, et dès-lors

nous ne serions faiblement s'urprisqu'ily ait


que
eu prévoyance ou calcul dans le choix de l'habile

magnétiseur. '

» Le choix du sujetune fois fait vinrent ensuite


,

les Madame
expériences. V . .
après s'être commo-
r
116 L'ART DE MAGNÉTISER.

devait nécessairement produire l'impression d'une


première expérience,madame de V . . . annonça neuf

heures un quart ; puis on deux


déplaça les aiguilles
fois de suite, et deux fois l'heure fut indiquée avec

la plus grande exactitude. Cette première expérience


terminée M. Lafontaine pritun autre objet, le ça
pla-
,

au-dessus de la tête de madame de V . • .


et lui de-
manda

quelleen était la couleur, la forme et la ture


na-

; elle répondit alors aussitôt ; c'est vert c'est


,

carré; enfin c'est un portefeuille;ce dernier mot fut

dit avec un léger mouvement d'impatience.


» Ces deux expériencesterminées aux applaudisse*
ments unanimes des spectateurs émerveillés M. fontaine
La-
,

pritla main d'une dame


,
la plaça dans celle

de la magnétisée ,
et lui demanda quelleétait la per-
sonne

qui lui donnait ainsi la main ;


la réponse y faite

sans la moindre hésitation


,
fut on ne peut plus satis-
faisante,

et donna lieu aux questions suivantes,


adressées sans prétention et pour la pitmière fois à

madame de V . . .

» D. Vous reconnaissez bien la dame qui vous donne

la m^n?
)" R. (d'untoncP humeur). Mais je vous l'ai déjà
dît : c'est Madame '^'^*.

)) D. Pourriez- vous me dire si cette dame jouit


d'une bonne santé?

» R. Physiquement, oui! mentalement, non!

» D. Pourriez-vous nous dire les causes du mal et

les moyens de le guérir?


» R. Oui !
EFFETS PSYCHOL. DANS LE SOMNAMBULISME. 117

i" Ici la discrétion du magnétiseur s'opposa à

ce que de nouvelles questions fussent adressées à ma-

dame de V . . .
malgré les pressantes instances de la

dame, plus curieuse


jpeut-être de savoir si la cause

d'un mal peu grave sans doute pouvait être ainsi


, ,

révélée, qu'ellene Tétait de connaître les moyens de

s'en guérir.
» Vint ensuite le tour d'un quasi-jeunehomme ,

qui pritla main de la somnambule^ et fut reconnu

aussitôt. On lui dit qu'il souffrait d'un étouffement


,

qu'ilavait la respirationgênée ; il crut d'abord qu'on


allait lui parler de quelque peine de cœur, et il prêtait
s'ap-
à rire^ mais madame de V. . .
attribua cette

affection à un excès de travail et le


prescrivit repos ,

ce qui lui rendit sa gravitéet lui fitfaire de sérieuses

réflexions sur les destinées des pharmaciens, par


suite de l'adoptiondu magnétisme.
y" Enfin une troisième personne se soumit à peu

près aux mêmes expériences qui ^


eurent un égal
succès.

» Mais ce qu'ily a eu surtout de remarquable ou


plutôtd'inconcevable ,
c'est Teffet que produisirent
à deux différentes fois sur une dame qui du reste
,

prêtaitpeu d'attention aux expériences les


, passes

que faisait M. Lafontaine pour magnétiser madame


dej V. . -
Cette dame, quoique placée à une grande
distance du magnétiseur, succomba deux fois à

l'influence ;magnétique; la seconde fois elle était


debout et peu s'en fallut que dans sa chute elle
,

ne se brisât le crâne â Tangle d'une cheminée.


118 L ART DE MAGNÉTISER.

Ce n'était pas du reste la première fois que cet dent


acci-

se reproduisait.
» Ce fut ainsi que cette charmante soirée se mina
ter-

trop tôt sans doute aux grands regrets des


»

convives qui avaient jouide la faveur d'y être admis,


et qui , assurément en conserveront longtemps un
,

agréablesouvenir.
» Sans doute ces expériencesétaient bien simples,
maïs il faut convenir néanmoins qu'ellesn'en avaient

pas moins une très grande importance et surtout une

incontestable réalité. D'un autre côté, iln'y avait pas là


une assemblée à persuader,des savants à combattre,
des détracteurs à convaincre; il s'y trouvait quelques
observateurs incrédules peut-être,mais qui avaient
d'autant moins de défiance, qu'ilssavaient que chez

M. Lafontaine la bonne foi égale le mérite.

» Et maintenant à ceux qui veulent des ces


expérien-
plus convaincantes,plus extraordinaires, h ceux

qui veulent des prodiges,nous leur dirons : Allez k

la prochaine séance que donnera M. Lafontaine, et

si vous n'êtes qu'incrédules, vous serez bientôt du

nombre des croyants, et le magnétisme aura fait avec

un .
nouveau prosélyteun pas de plus dans le pro-
grès.
»

On lit dans la Gazette de Lyon, du 30 1847,


juillet
journal sérieux et religieux,un long article sur une

séance de magnétisme dont j'extrais


ce passage :

« Une seconde épreuve va commencer, celle-ci est

» plus importante à l'endroit de la clairvoyance.Il


» de
s'agit lire dans une lettre fermée sinon de longs
EFFETS PSYCHOL. DANS LE SOMNAMBULISME. 119

» passages, du moins quelques lignesbien tracées,et


» alors il n'est pas besoin que le somnambule conserve

» des tampons sur les yeux. A l'appelde M. Lafonë


» taine,des lettres pleuvent de toutes parts sur la table

» placée devant le somnambule. Celui-ci les rassem-

» ble, les sépare,les rassemble encore pour les exa-

» miner les unes après les autres; il les porte contre


» ses lèvres, et surtout et souvent contre ses narines

» pour les flairer. Cette épreuve paraîtlui coûter de

» grands efforts;
il serait
presque tenté d'yrenoncer;
» cependant il s'arrête à l'une de ces lettres dont la

» dimension surpasse celle des autres, et se met à eu

j" transcrire le contenu sur un carré de papierqui est

» devant lui, La lettre est alors ouverte pour la con-

» fronter avec la transcription


; ces deux piècessont eu

» tout point conformes, sauf la substitution d'un D à

y" un T. Elle contenait ce vers d'un fameux sonnet ;

» grand Dieu ! Tes jugements sont remplis (F équité.Et


» la transcriptionénonçait : grand Dieu! Des nt
juge-
ments sont remplis d'équité.Cette légère erreur
» ne diminue en rien pour nous l'importance de
» répreuve.
» C'est M. de Uoidière qui avait écrit le vers pré-
» cité et l'on sait qu'iln'est pas homme à favoriser

» les roueries des charlatans. »

On ne lira peut-être non plus sans intérêt l'ex-


trait
pas
suivant du Cowmer d'Indre- et-Loire du 17 avril

1840 :

» Ceux qui ont assisté aux réunions particulières


et à la soirée que M. Lafontaine a donnée mardi, ont
120 L ART DE HAGNËTISFR.

pu se convaincre combien cet agent que Ton nomme

magnétisme est mystérieux délié insaisissable. Les


, ,

plus,incrédules se taisent aujourd'huidevant les faits

et Posent plus parler qu'avec une extrême réserve

de cette puissance occulte qui se révèle dans le sujet


qu'elledomine , par un travail prodigieuxde cerveau

ou un instinct d'espritet de cœur qu'on ne peut ni


exprimer ni définir. Pour nous, nous n'avons ici qu'à

rapporter les faits.


)" Mardi, avant la séance publique, M. Lafontaine

réunit à Fhôtel de Londres quelques personnes parmi


lesquelles
se trouvaient plusieursmédecins de notre

ville. En deux ou trois minutes il a endormi la jeune


fille dont il a fait^depuisqu'ilest à Tours, le sujetde
ses expériences.Peu d'instants après,elle était à l'état
de somnambulisme, et sa clairvoyance était telle,
qu'ellea pu lire sans hésitation dans un journal qui
lui a été présenté, ces mots : Avis et demandes bien
^

qu'elleeût un bandeau sur les yeux et qu^un des sistants


as-

,
qui certes n'était pas compère ,
appuyât for-
tement

ses doigtssur le bandeau.

y" La sonmambule a joué ensuite une partiede minos


do-

et ne s'est trompée qu'une fois. Un de ces sieurs


mes-

, pour éprouver par lui-même la réalité des


faits dont il venait d'être témoin, demanda à être

mis en rapport avec la somnambule. L'opérateurcom-


muniqua

alors tout son pouvoir, et, sans geste ni pa«


rôle, M. Renard fit exécuter un ordre. Le sujet est
d'une telle sensibilité nerveuse, que personne autre

que le magnétiseur ou la personne mise en rapport


EFFETS PSTCHOL. DANS LE SOMNAMBULISBIE. lai

ne peut la toucher sans provoquer les plus violentes

convulsions. M. Caillaud Payant par hasard atteinte

d'un léger contact la somnambule tomba comme


,

frappée de la foudre, et ses convulsions ne cessèrent

que parle secours de M. Lafontaine,^


1^ Nous n'entrerons pas dans de longs détails sur

les expériencesde la séance publique qui n'ont pas


,

toutes complètement réussi. Il faut en attribuer la

cause à la chaleur excessive que le gaz répandaitdans


la salle. L'expériencequi a fait le fut
plus de plaisir,
celle du chant. Sur l'invitation de M..., la bule
somnam-

se mit à'chanter,*et
sur un signe qu'un des spec-
tateurs
fit à M. Lafontaine elle s'arrêta ; puis à un
, ,

autre signe , elle reprità la où


syllabe elle avait été

interrompue.
1» L'absence de l'ouïe a été constatée par un coup
de tiré
pistolet à l'oreille comme l'absence d'odorat
»

par une allumette mise en combustion et passée sous


le nez de la somnambule sans qu'elleait manifesté la

moindre impression.
» Après une expérience qui n'avait pas réussi, l'o-
pérateur

, par sa seule volonté, fit mettre à genoux


la somnambule pour la punir. C'est une des ces
expérien-
les plus difficiles car il faut que le sujet com-
prenne
,

la pensée du magnétiseur, et il faut que celui*


ci triomphe de la volonté et de l'amour-propre du

sujet ,
et l'amour-propreest une passion dominante
chez les somnambules. »

Ce qu'on appelleles tmes à distance ne sont vent


sou-

que des transmissions de pmsée, c'est-à-dire que


122 VAKi: DE MAGNÉTISER.

la personne donnant la main à la somnambule voie


l'en-

chez elle, s'y transporte elle- même par la

pensée; la somnambule, sans y aller, voit dans la

pensée de la personne avec elle


laquelle est en rapport
direct par le contact.

Il est cependant des vues a distance qui sont bien

véritables,et où la transmission de pensée ne joue


aucun rôle. Eli voici des exemples :

Miss Scotow marraine de la jeune Georgiana Bur-


,

ton sourde et muette que fait entendre,


j'avais ne
, ,

pouvait,même en la voyant parleret entendre, croire


que ce fût le magnétisme qui avait produit ce veilleux
mer-

effet, le magnétisme auquel elle ne croyait


pas.
Je lui proposai pour la convaincre de la tiser
magné-
, ,

elle-même; elle y consentit : en sept à huit nutes,


mi-

elle fut plongée dans le sommeil, et quelques


instants après le somnambulisme se déclara.

Après avoir répondu à diverses questions tout-à-


,

coup elle sëcria : « —


Oh! mon Dieu! que de monde,
» que d^hommes ! ils parlent vivement ah ! ils se
,

V disputent, ah ! les lumières s'étcignem,ils se sau-

» vent tous. »

A mes questions : Où vous trouvez-^ vous? —


elfe

me répondait : Je ne sais. — Est-ce à la Chambre dés

pairs? des lords? des communes? des députés? —


Non,
non ! je ne sais. — Est-ce à une réunion politique,
où Ton discute le renversement du gouvernement?
*— Non, non ! —
Mais enfin où êtes-vous? dans quel
quartier? — •
Je ne sais,mais c'est près d'un pont, il
124 L'ART DE MAGNÉTISER.

que le lustre en tombant avait occasionné une pani-^


que" et que tout le monde s'était sauvé.

II est impossibled'expliquercomment cette dame


,

arrivée depuis deux jours à Paris, et qui n'avait pas

été de ce côté, put se transporter d'elle-même dans

cette séance, dont elle n'avait eu aucune idée dans

son état de veille et dont ni moi ni aucune des per-


sonnes
présentesn'avions connaissance.

Voici un trait analogue, sans cependant qu'ilsoit


semblable*

Une dame était venue chez moi consulter, en bre


octo-

1845 une jeune somnambule qui ordonna un


,

remède tellement bizarre, que je voulus avoir Tavis

d'une autre somnambule.

Je traitais à cette époque une dame, dont le som^

nambulisme était arrivé à un degré de lucidité fort

remarquable.
Je lui demandai si, sans aucun autre indice que le

numéro de la maison et le nom de la rue, elle pour-


rait
voir un malade que je ne connaissais pas^ que je
n'avais jamais vu, et sur lequelje désirais avoir son

avis. Elle me réponditquecelase pouvait,etimmédia-


tementelle se transporta vers Pendroit indiqué,m'ap-
prit
que ce malade habitait au rez-de-chaussée, qu'elle
voyait un monsieur dans une chambre faisant suite à

un salon. Elle me dépeignitparfaitementce malade


»

me dit qu'ilavait une plaiehorrible au côté gauche


de la poitrine,et témoigna un affreux dégoût de ce

cela étaitexact,
qu'ellevoyait(toyt et, d'aprèsce que
EFFETS PSYCHOL. DANS LE SOMNAMBULISME. 12S

jeSUS depuis»son dégoût se comprend» car ce reux


malheu-

malade était atteint d'un cancer).


Tout à coup la somnambule bondit et s'écria : Mais

il y a du remède; que ce monsieur aille voir les vages,


sau-

ils le guériront.
Comment! lui dis-je,vous voulez qu'ilaille en

Amérique? que signifie


cette plaisanterie
?

— Mais, répondit-elle,
je ne parle pas d'Amérique,
je parle des sauvages qui sont ici. (Les indiens 0 gib
was se trouvaient en ce moment à Paris. )

Il y en a un grand» continua-t-elle,
nézaquilint
les yeux très étincelants;il se tient fort droit,un des

plus âgés; il n'est pas médecin» mais il sait.

Remarquez que je vous rapporte ici exactement les

paroles de la somnambule ,
c'est-à-dire des phrases
décousues, sans suite,et c'est là le défaut des nambules.
som-

Elles vont pour ainsi dire par saccades,


sautant des pieds à la tête; voyant à la fois toutes les

partiesdu corps, et disant comme elles voient.

Après nous avoir dépeintcet homme, j'insistai


afin

de connaître le remède, et voici ce qu'ellenous dit :

Il y a le suc de trois plantes —


lui seul peut les in-
diquer


l'une est une plantegrasse —
elle se trouve

dansles savanes ; la deuxième est comme de l'herbe sim«

pie, mais plus largeet dentelée sur les côtés ; elle se

trouve dans les bois,auprès des arbres. Puis elle des-


sina

les deux feuilles.

La troisième est la mâchent


plante qu'ils quand ils

sont piqués par les serpents. Us font de ces trois


126 L'ART DE MAGNÉTISER-

plantesune espèced'onguent avec le fiel d'un ours,

et la graissed'animaux morts.

Je fis observer que peut-êtreles sauvages Sauraient

pas ici ces plantes;à cela elle me répondit :


— La plante grasse est dans la grande serre, à droite,
au Jardin des Plantes; la deuxième est dans la même

serre, dans un petitpot à Tangle gauche. Le sauvage


possède la troisième : en voici la forme, elle ble
ressem-

à la menthe. Il n'y a pas de médicaments à prendre


à rintérieur .

Il faut magnétiser le malade fortement. Puis elle

me pria de lui rappelerla figuredu sauvage, en me

disant : Vous me conduirez éveillée près d'eux;je le

reconnaîtrai.

Cette dame était malade depuis longtemps, non-

seulement elle n'avait jamais été voir les Indiens


0 gib was, mais elle n'en avait pas même entendu

parler.
Deux jours après,se trouvant assez bien, nous la

conduisîmes, avec plusieurs membres de sa famille^


boulevard Bonne-Nouvelle.

Nous arrivâmes un peu avant )a fin des exercices


publicsdes sauvages.
***
A peine madame fut-elle assise,qu'elle
me tra
mon-

rindien désignési parfaitementpar elle,que nous

l'avions déjà reconnu d'aprèsle portraitqu'ellenous


en avait fait.

Après les exercices lorsque tout le monde fut


,

parti,je m'adressai à l'interprète


et lui expliquaile
motif de notre visite. Il me réponditqu'ilcroyaitque
EFFETS PSYCHOL. DANS LE SOMNAMBULISME. 127

les Indiens s'empresseraientde soulager un malade

si cela était en leur pouvoir, et il fit prévenir le chef

qui vint aussitôt.

En effet,Mauggmdos le nom
(c'est du chef) nous
dit que Flndien désigné par nous était le chef de

guerre, qu'iln'était pas médecin, mais qu'ilpratiquait


parce qu'en effet il savait. Il ne put s'empêcher de
nous témoigner sa surprise de la connaissance que
nous avions de leurs moyens de guérisons.Je lui fis

expliquer en anglais,qu'ilparlaitfort bien, comment


nous avions acquiscette connaissance. Rien ne saurait

peindre son étonnement et l'intérêt qu'il


pritpar la

suite aux expériencesmagnétiques auxquellesil assis-


ta.

Je lui montrai même a magnétiser; il s'exerça


sur son jeune fils et obtint quelques effets.
Du reste il nous dit qu'ilse ferait un plaisir
de gué-
rir,
et qu'ilse mettait à ma disposition.
On fitvenir Dicon (c'estle nom indien 'du chef de

guerre).Lorsqu'on lui eut expliquéce dontils'agissait,


ildit qu'iln'avait pas lesplantesici,mais que si on lait
vou-

les lui procurer, ilferait bien volontiers l'onguent.


Il examina la plaie,carie malade M. C... était aussi

venu; l'Indien nous dit que s'il était dans son pays »

il aurait bientôt guéri ce monsieur.

Je proposai de venir chercher les plantesau Jardin

du Roi; ils acceptèrent.

M.de demander
Jfirdal,auquel j'allai l'autorisation

d'entrer dans les serres, eut l'extrême bonté de faire

mettre à ma dispositiontoutes les plantes dont je


pourraisavoir besoin.
128 L ART DE MAGNÉTISER.

Le lendemain matin nous nous rendîmes au din


Jar-
,

des Plantes avec les deux chefs et Finterprète;


,

nous entrâmes dans la serre indiquée par la nambule


som-

9
et »
après Tavoir visitée y
Dicon nous dit

qu'iln^avait pas trouvé les plantes. Nous visitâmes

plusieursautres serres sans obtenir aucun résultats

Me méfiant d'un manque de bonne foi de la part


des Indiens, je demandai à W^ ^^% qui nous accom-î

pagnaitdans nos recherches^ si elle voulait bien sentir


con-

à être endormie. Bientôt elle fut plongée 'dans

le sommeil complet et dans le somnambulisme. Je la

priaialors de vouloir bien mindiquer dans quel droit


en-

se trouvaient les plantes.Elle)se mit à rire et

me dît : Les deux plantesétaient bien à la place que


j'aiindiquée le premier jour mais depuis elles ont
»

été changées de place, voilà pourquoi nous ne les

avons pas vues. (Le jardinieren chef nous dit qu'en


effet cela était vrai. ) Mais Dicon
,
les
poursuivit-elle,
a trouvées dans la même serre et en a prisdes feuilles.

Je fis demander si Tlndien avait trouvé les plantes,


il réponditque non; mais la somnambule dit aussitôt,

an lui touchant le côté : Il les a là dans cette poche.


X'Indien sourit, regarda à plusieurs reprises cette
dame endormie, et avoua qu'en effet il les avait

prises que seulement il n'avait pas la troisième


, ,

mais qu'illa trouverait si on voulait le mener dans

un bois.

Deux jours après conformément à son dire il


, ,

trouvait au bois de Boulogne la troisième plante;


EFFETS PSYCHOL. DANS LE SOMNAMBULISME. IM

et le soir il préparait
un breuvs^equi soulageale lade.
ma-

Cependant , ayant cru remarquer, diaprés Teffist


que produisitcette espèce de tisane que les plantes
,

cultivées dans les serres n'avaient pas les mêmes pro^


priétésque celles qui s'épanouissaient
au soleil de
leur pays ,
il préférane pas faire l'onguent.Ce fut
aussi Topinion de tous les naturalistes auxquels j'en
parlai.Il n'y eut donc, pour le malade
, que gement
soula-

sans guérison.
Ce résultat m'engagea à prier les Indiens de

m'envoyer les plantes aussitôt leur retour dans

leur pays : je les attends prochainement, et je serai


bientôt à même (de savoir si ce nouveau remède

aura la propriétéde guérir de si affreuses maladies

que le cancer*

Ce n'était pas avec le secours des sens ce n'était


,

pas en conservant sur la surface du corps soit au


,

front soit à l'épigastresoit à la nuque un point


, y ,

de vision^ que I4 somnambule aurait pu s'élancer


ainsi dans l'espace; c'étaitdonc ce que nous avons

en nous d'immatériel qui a pu se transporter vers des

objetséloignés9 et comprendre, instinctivement d'à*

bord ce qui pouvaitguériret indiquer ensuite où


9

se trouvaient ces objets.


Voici un autre exemple de vue à distance :

En 1839, à Bruxelles, je magnétisai la sœur de

mademoiselle Jawureck, artiste de l'Opéra; pendant


son somnambulisme elle m'avait priéde la laisser se
,

transporter à Mons. Tout-à*coup elle s'écria: Da

9
m VJOtf DE IIAORËTISER.

Mttgl da sngf et elle eut une coutuI^oh qu'ilme


fallut calmer. Revenue à elle elle retourna à Mens,
,

«ttttt milieu de sanglots, de mots entrecoupés, je


compris qu'im officier qn^elleconnaissait ,
et qui se

tTMtTdit en garnisonà Mons


^
Tenait d'ayoir nn dnel,
daiM» lequelil avait été blessé d^nn coup d'épée par
mi de ses intimes amis dHcier comme loi dans le
,

même régiment.
Le lendemain
,
cette dame recevait une lettre de
Mons qui lui annonçait le duel et dans laquelle
y ,

imla priaitde partirsur-le-diamp pour cette ville.

Blanche, à Orléans ,
dès la première séance dans

laquelleelle fut miseen somnambulisme, voyaitdans


une pièceéloignéele docteur Lhuilier se lavant les
taains, puis se baissant devant le feu pour les chauf-
fer.

Lorsqu'ilrevint dans le salon


,
les autres mé-
dedns lui demandèrent ce qu'ilavait fait et il dit
,

Mactement ce qoe la somnambule avait annoncé.

rai TU cette somnambule et plusieursautres lire,


dans un livre fermé, la page indiquéepar les per^
sonnes présentes et ,
sans qu'ellessussent ce qu'ily
avait à cette page. •

J'ai vu plusieurssomnambules lire des lettresdans


teè poches des personnes qui les avaient,même quand
elles n'étaient pas décachetées,et dont conséquent
par
les personnes ignoraientle contenu.

Dans le Courrier d'Indre-et-Loire du 4 juin1840^


on lit t

"» Hier, dans ime séance la


particulière, clair-

n voyance s'est manifestée par la lecture de quelques


132 L ART DE MAGNÉTISER.

lement fermer les yeux porter Faction sur le côté


»

droit et le cœur. La durée de la séance sera d'une


demi-heure.

7^ Saifô le magnétisme on ne peut pas guérir.


I» Pour faire disparaître
les taches au cœur, la ma«

lade prœdra quatre tasses froides d'infusion de hou-


blon

pendant trois jours, et on magnétisera cette


,

boisson.

» Le lendemain, prendre un bain à cinq heures et

demie du soir,avectroislivresde sel commun dedans.

» Deux jours après,un autre bain sans sel à cinq


,

heures cinq minutes.


I» Tous les matins, excepté les jours de bain,
prendre une cuillerée à bouche de lachesis.

» Pour nourriture, de la soupe à Toseille,du potage


gras, du poisson,des œufs, de la volaille; pas de

yin pas de café peu de pain.


, ,

» La distraction est indispensable.»


Le diagnosticde cette consultation fut considéré

comme très exact par le médecm ; et il voulut suivre

le traitement indiqué.
Je fus alors appelé pour magnétiser la malade
,

car Ifisomnambule était la mienne


,
cette jeune fille

j'aiguérie de Tépilepsieet qu^on a vue souvent à


que

joaes séances.
Elle m'avait été demandée par M. de Longprez ,
ce

grand ami du magnétisme et qui a consacré sa vie au

soulagement de Fhumanité.

Je trouvai une jeune femme âgée de vingt-six


ans ,

grOQdeet forte douée d'un esprit pénétrant, d'un


,
EFFETS PSYCHOL. DANS LE SOMNAMBULISME. 13S

caractère fier et résolu; les peines comme le plaisir


lui apparaissentsous un aspect grave : en un mot
,

c^est une femme exceptionnelle.


Elle est créole blanche elle a été élevée jus^^à
,

Fâge de douze ans sous le soleil brûlant des colonies ;

sa nature vivace s^est développée avec une énergie


remarquable.
Dans son enfance^ son père craignaitde la contra-
rier

parce qu'une fois il Tavait trouvée presque nimée


ina-
,

;
de violentes s^étaient
palpitations déclarées à

la suite d'une contrariété.


Bien que largement conformée il y a toujourseu
»

chez cette dame une forte prédispositionaux nies


insom-

et aux congestionscérébrales.
Les maux de tête et les fièvres cérébrales ont da

reste toujourssévi dans la famille.

Toutefois jusqu'àTâge de vingtans cette dame a


, «

toujours été bien portante, sauf quelques maux de

tête et de l'insomnie ; lorsque , après un chagrin vio*


lent, des accidents nombreux se manifestèrent bord
d'a-

au cerveau puis à la poitrine et dans la cavité


, ,

abdominale (les sommités de la Faculté la crurent

phthisique).
Un abcès considérable se déclara dans le côté droit

du ventre, et, malgré la médecine, cet abcès se vida

seul par le fondement, pour éclairer la Faculté qui


ne Pavait pas reconnu.

Peu à peu le rétablissement s'opéra et, après uo


,

an de soins assidus,la santé première sembla nue


reve-

; mais ce n'était qu'une apparence, car après un


m LA"T M MAGIIfiTISBB.

cbi^n aooveau le mène mal rqfMovti adéoM fiû*


t^tasie» même infiomnie» même dégoût 4b toute

nourriture, crises nenreuses tràs crises


violeoteS) lié-

peliqnes^onéme abcès; enfin craintes peimaBeMes

de la fafiâille
quivoyaitatec ^oi le momeol gné
assi-
,

a^roximatiTeoii^t par les médecins^ c'est-ihdire


rouverture de la tumeur qui pouvait percer dans les

intestinset causer la mort rapidement, ou dans le

xectum et entraîner une convalescence de plusieurs


mois.

On fit donc appelerma scwaïiambule, et, le 96 sep-


tembre
1845, jemagnétisaila malade.
Le soir même, la gaietéreparut, un peu, et après
quelques jours il y avait un mieux sensible,les forces
xevenaiait;le 30, la soomambule disait ;

"c Bladame se porte mieux que le 25, le cœur n'est

pas aussi gros ni aus^ enflé, —


la tache noire infé*

rieure intenie a presque disparu^ -—dans deux jours


elle n'y sera ]^us.L'autren'est pas aussi vive; la cause

de ce mieux doit être attribuée à une plus grande dité


flui-

du sang provoquée par le mi^étisni». — Hierdea

doulei^'svives au coeur se sont Sait sentir pendant la


magnétisation ces douleurs ont été causées par Fab»
»

fiwptionen partieet le mouvement de la tache rieure.


infé-

— Le cœur est beaucoup mieux, —


le c6lé ne va

pas aussi bien en proportion, -^ cep^idantles dou"*

leurs sont moins vives moins kmgues et moins fré^


,

4pienleB. -*- La tumeur est moins grosse, *~ elle

devrait l'être encore moins mais cela provientde œ


,

quela tache duooeur^ ense du


a transporté
déplaçant^
EFFETS PSTCBOL. ttANS IM SOMNAMBULISME. MB

ftiftdosceodre los matîèMs pondantes foi i'iivm^


raiaat» »

JeaMiiiaae à magiiétker gaas "jieiadwr te awwwli»


mais en enyabissant suffisamment les^irtènieiNNrvawi»
^de maaièroàen être le naître. Je HingnéitiAe
loca-

laoeathtoaieuretje Sais ea eff^ deseawire Vkm^

meur, ce qui provoque daos la culase^t te i/mkt


droite des dauleuis intoléroUes iocsqoe je laudiie,
mais qui semblent fuir «eus mes dfiseeodre jus-
doigts, qu'aux
pîate et sortir cm Torteil; enfin )e puis cher
tou-

impunément sans produire temoifidœ sanmâoB


douloureuse.

Le 16 octotoe, tesmëdecins* aprèsai^irMnnkie


avec soin le c6té« ont trouva 4jiie la tnmeur avik

beaucoup diminuét de telle sorte qu'oa te umt à

pduaeàtra¥eislespaiMMsabdomiMies;Binisi1existe
dans la région de Turetère droit, à te iMnteiir ém
bord^upéritfurde l'os des Ues, un goafleneitfbilobé
qui offre dete dureté et produitde te doutenr me jm

toucher.

Le somnambulisme se présenta«rtmielteaientisans
que Je Tiôe chercbé.et te liiddilé futâi veampqwiUe
que te matede put ex.aiBiner ^dteHOiéioe mm élM dis

lepremierjour.
BIous en profitâmes aussitôt,et void w qu^elte
nous dit après avoir confirmé ce qu'avaitmmcé te
,

première somnambute.

"K E^e ajoutaque ce qui la faisaitsouffrir lotrsqu'on


136 L'ART DE MAGNÉTISER.

la touchait était un cordon blanc creux qui partait


» ,

du miliett d'un organe brun en forme de croissant et

arrivait k la vessie ; que dans ce cordon circulait


qm
une liqueur blanchâtre comme de Turine, et que
Fintérieur en était écorché par deux corps durs en

forme de gravier.
» Un autre corps dur, plus petit,se forme au haut

du rein. On peut les entraîner par le magnétisme en

magnétisant deux fois par jour. »

La malade nous annonce qu'ily a six ans elle a

d^à eu des coliquesnéphrétiques.


"c Le reste de la tumeur s'en ira par le rectum ce
,

soir dans la première selle. »

Le lendemain elle nous dit :

« Je me suis trompée, le rectum n'est pas encore

perforé,il n'y a qu'amincissement; ce soir seulement

il y aura commencement d'évacuation. »

En effet le médecin reconnut le lendemain beau*


,

coup de pus rendu.

ce Les calculs commencent à sortir de la vessie; il


y en avait ce matin dans les urines (ceque le médecin

avait constaté )•
» Il existe dans la crosse de l'aorte des petitsbou-
tons
semblables à de petitesverrues et, cette nuit
, ,

il y a eu une secousse violente par suite d'un engorge-


ment
de sang rouge dans la crosse de l'aorte et la
,

rupture en a été imminente. Ce n'est que un gime


ré-
par
doux que l'on peut ces jours-cicombattre cette

affection. —
Il faut agir entièrement sur la tumeur.»

A force de magnétisationlocale,la tumeur fut en •


EFFETS PSYCHOL. DANS LE SOMNAMBULISME. 137

tièrement vidée par le rectum; le docteur trouvait

tous les joursune grande quantitéde pus; bientôt les

petitespeaux qui entourent une plaieapparurent, et

la tumeur se cicatrisa.

Pendant ce temps^ les criseï^nerveuses avaient dis*

paru; les forces, la gaieté,Tappétit^étaient revenus ;


les soubresauts au cœur étaient moins fréquents; le

poumon, qui avait présentéquelques tubercules,allait


mieux (dans une autre consultation la somnambule

en avait parlé); la malade sortait,et la guérison fut


bientôt complète.
Voici donc une somnambule qui a pu voir et lire

dans l'intérieur du corps, indiquerles organes affectés

et la manière dont ils l'étaient;


elle a pu indiquer les
remèdes qui convenaient, et tout ce quelle a pu dire

a été confirmé par la malade elle-même lorsqu'elle


est arrivée au somnambulisme (s'ils'agitd'elles-
mêmes, les somnambules sont toujours d'une voyance
clair-

parfaite)Faut-il déduire de là comme de


.

toutes les expériences je vous ai citées que le


que ,

somnambulisme est d'une haute utilité et d'un grand


secours dans les maladies? Non, on se tromperait;car
si les somnambules^ dans leur lucidité,lorsqu'elle
est .

parfaite,peuvent voir tout ce nous avons dit


que ,

elles peuvent aussi dans leur somnambulisme ne rien

voir du tout, et ce qui est plus dangereux, il peut leur

leur
sembler voir des choses qui n'existent que dans
imagination.
Voici un exemple : je magnétisais une jeune An-
glaise,

chez laquelledes crises s'étaient


hystériques dé-
138 L'ART DB KAGNËTUER.

clarées, à la suite de dans les salons


magnétisation
1^ tin ami de la famille. Pendant les deax on trois

premièresséances que jedonnai,les mêmes accidents


se présentèrent.

Une dame amie de la famille, madame la comtesse


de V. .
vint chez moi en mon absence,et consulta
,

ma somnambule âur des cbeyeul de miss 0 . •

La somnambule dit :
« Le mal existedepuislongtempset est causé par
un ver d^une grosseur de deux doigts,long d'un
mètre; —
lors des crises ce ver porte sa tête vers le
cœur, de là les effets d'engourdissement,de catalep-
sie
qui n'étaient pas causés par le magnétisme* —
Il

n^y en a qu^un, —
il semble manger le cœur. —
Il
faudrait ne pas donner d'aliments. Cette bête grossît^
elle a l'air vorace, elle semble vouloir tout ronger.
— Cette bête a une tête de la forme d*une tête d'hom:

me, — les yeux très grands. —


Elle est ment
ordinaire-

au-dessous et sur le côté externe du cœur;



lorsque des aliments sont pris,cette bête revient
à l'estomac et produit des désordres dans les tions.
diges-
— Elle a deux pattes comme celles d'une gre-
noi^ille.Elle —
semble s'être formée de beaucoup de
vei^s qui existaient,
elle s'en est nourrie et elle a grossi
rapidement ; depuis six mois elle s'est beaucoup aug-
mentée.

Elle a fait un creux près de l'estomac;

elle dort souvent, alors la personne sent quelque
chose de lourd. —
La malade a de grandesdouleurs
aux reins et au dos; —
ily a des maux d'estomac, puis
des étouffements; —
11 existe des crises nerveuses. »
140 L'ART DE MAGNÉTISER.

des matières entourées


grisâtres de glaires; —
ces

matières se trouvent dans le petitintestin,elles y se^

joument longtemps. — Je vois une petitechose de,


ron-

blanche; — c'est vieux, c'est rond, gris; je ne


vois ni tête ni queue, — ce ne sont pas des vers;

attendez, que je voie bien. —


Oh ! ce sont des vers,

il n'y en a pas qu'un. — Dans l'intestin qui reçoit la


nourriture, ce n'est plus la même chose ;
cela a une

forme de ver ; cela a une tête qui est grosse comme le

elle tourne jusqu'à l'intestin grêle; c'est atta-


ché
pouce;

après; — c'est long d'un mètre, —


ça a des yeux

ronds, gros, — une bouche largecomme le pouce;

il se nourrit de sang et du suc des aliments. —


Il est

né avec l'individu et il s'est développé en lui. —


Si

on l'empoisonne,je crains qu'ilne l'étouffé. »

Lorsque je vis que cette seconde somnambule cusait


m'ac-

la même chose que la première, je commençai


à être pouvaientà
ébranlé, et je pensai qu'elles elles

deux avoir raison; la seconde ordonna un traitement

qui fut approuvé par la première.


D'autres consultations eurent lieu et toujoursles
,

deux somnambules virent l'animal, elles accusèrent

sa mort et sa sortie ; mais, hélas ! s'il sortit,il se fit

invisible,ce qui était difficile,


puisque toutes les deux

l'avaient désigné comme ayant un mètre de long.


Ces deux somnambules se trompaient; il n'y avait
pas de ver, et c'était un effet de leur imagination; isn
coïncidence d'opinionet de vue est difficileà expliquer,'
mais enfin le fait est-là il n'y a eu le plus petit
: pas
indice de ver, je le répète,
elles s'étaient trompées^
EFFETS PSTCHOL. DANS LE SOMNAMBULISME. 141

Si deux somnambules peuvent se tromper sur les

cheveux de la même personne, si ifeur


imagination
peut divaguer comme dans le cas ci-dessus,n^est-on
pas autorise à dire que le somnambulisme ne peut être
de quelque utilité? Quant à moi je Faffinne dans
,

toute la franchise de mon âme, non le bulisme


somnam-
,

n'est pas utile,il est plutôt dangereux dans


Fétat actuel des choses*

Lorsque je fais des expériences de lucidité,


je ne
mets point de bandeau sur les yeux ni sur la figure;
cette pratiquefatigueet échauffe inutilement les nambules,
som-

et n'est pas nécessaire;car que prétendons-


nous, et que voulons-nous prouver? que les bules,
somnam-

dans l'état magnétique, peuvent voir sans le

secours des yeux, et à travers les corps opaques? Eh

bien, couvrons les objetsde manière que les bules


somnam-

avec les yeux même ouverts ne puissentles


, ,

voir, nous atteindrons le but bien mieux et nous con*

vaincrons davantage.
Lorsque je veux faire lire,je prends un livre fer-
mé,

je le tiens sous une table,etjedisk la somnambule


de lire à telle page, telle ligne; elle le peut, qu'elle
puis-
n'a point de vision sur le corps, puisque c'est
la partieimmatérielle de son être, son âme enfin,qui
voit.

De même, enveloppez les objetsdans des boites,

ou de toute autre manière, afin que si on les lui

donne à toucher, elle ne puisseni parles yeux, ni par

le contact, reconnaître l'objet.


Pourquoi, me dira-t-on,avec des somnambules
t4t VAM M MAfiMÈnsnt.

comme tous prétendezen aftAr rencontré^ ne vous

êtes -vous pas présentéà rAcadémi^ pour gagner ks

trois mille francs déposés par 9I* Bnrdin?


Pourquoi? d'abord je répondrai pour ma part que
les somnambules dans la lucidité desquellesj'aurais
eu assez de confiance pour m'exposer ainsi,n'étaient
point celles que j'auraispu présenter doTant FAca-

demie; leur positiondans le monde le leur interdisait*

Mais quand cette rais"m particulièren'existerait


pasy je ne voudraisà aucun prix,dans l'état actuel du

somnambulisme, risquerune semblable dâsuarche :

je sais trop combim la lucidité est capricieuse^fugî*


tire et indép^idante du magnétiseur et bien cer^
,

tainement j'auraispu aToir une déception.


Du reste, je ne crois pas que ce soit par la clair-

Toyance, par le somnambulisme, qu'ilfaille solliciter


l'adhésion des corps savants au magnétisme animal.

Cest en leur présentantle magnétisme sous le point


de vue utile, c'est en leur montrant son efficadté

comme moyen c'est


curatif, exïûn en leur soumettant

les premiers effets et non les derniers que l'on


,

pourra lesdécidéràFadopteretàenordonner l'emploi.


Je n'ai pas voulu commettre la faute que'beaucoup
de magnétiseursont faite,c'eût été bien plusimpar-
donnable
à moi, qui ne présente dans mes séances

que des faits physiologiques,


et qui ne m'occupe du

magnétisme que sous le point de vue médical et dî^

rect, abandonnant le somnambulisme comme n'étant

point d'une grande utilité dans l'état actuel de la


science.
EFFETS PSTCHOL. DANS LE SOIINAIIBULISHB. 143

Hais, quoique je ne veuille pas présentermoi-


même le somnambulisme ,
quoique je le regarde
comme n'étant utile que lorsqu^il
se déclare chez le

malade même, je suis forcé de constater son tence


exis-

et toutes les merveilles dont il est accompagné;


je ne puis nier que» dans bien des cas les bules
somnam-
,

ne soient d'une extraordinaire


clairvoyance et

ne voient des choses à cent lieues comme si elles

étaient sous leurs yeux. Malgré cela, remploi du

somnambulisme me parait blâmable» tant que nous

n'aurons pas trouvé le moyen de 6xer et dirigerla


lucidité.

Croyez-vous que Ton inspireau publicune opinion


favorable du magnétisme, lorsqu'onvoit des magné*
tiseurs qui s'en vont chercher au fond de la terre des

tr"ors, ou quijouent à la Bourse, à la loterici


sur le
dire des somnambules?

Jusqu'àce jour jamais un trésor n'a été trouvé


,

par un somnambule, jamaison n'a gagné à la Bourse,

et jamais on ne gagnera à la loterie;les châteaux

allemands deviennent des châteaux en Espagne avec

le somnambulisme.

Êlat extaliquesous Tinfluence de la musique.

J'ai fréquemment soumis des somnambules à l'in-


fluence

de la musique. Louise, que j'aiguériede l'é-

pilepsie,Eugène, Mélanie et une jeune fille de

Bagnères de Bigorre,sont ceux que j'aiprésentésau


parisien*
public
144 L'ART DE MAGNÉTISER.

Mélanie et la jeune fille de Bagnères» leurs


par poses -

gracieuses et leur humilité, Eugène par son extase de

contemplation qui le jetait dans un état frayant,


impressionnaient vivement rassemblée. Je pouvais

approcher de leurs des bougies allumées,


yeux sans

le moindre mouvement des paupières, la


provoquer

moindre contraction de la pupille; il avait bilité


insensi-
y

complète de Tœil. La musique gaie leur faisait

mal et leur donnait des convulsions. Louise, dont les

étaient peut-être plus gracieuses, plus les,


sensuel-
poses

éprouvait, pendant cet état semi-extatique, un tain


cer-

plaisir à entendre une contre-danse; elle s'y


laissait aller et dansait, mais une réaction physique
se produisait lorsqu^on prolongeait soit une danse,
contre-

soit une walse; il s'opérait alors un dégage-

gement; le fluide dont elle était envahie s'évaporait,


le sommeil cessait, et elle se trouvait dans un état

mixte qui n'était ni la veille ni le sommeil magnétique,

quoiqu'elle fût encore sous l'influence du fluide.

Je produisais Yextase véritable par la magnétisation


madame Lefébure c'était une extase toute templative.
con-
sur ;

Elle consentit en 1845 à paraître deux ou

trois fois dans mes séances de la rue Duphot, et elle

impressionna vivement le public.


.
I

DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNËTISBiE« 14S

CHAPITRE X.

dângees bt agcidknts w maquAtishb.

Certains accidents sont produits


par une magné-
entendue ; d*autres résultent de la trop
tisationmal
des sujets
grandesusceptibilité sans que le magné-
tiseur
doive s'en
prendre à lui-même.
Ceux-ci sont les moins dangereux; le mal peut être

réparépromptement, si l'on s'arrête avant qu'ils ne

soient arrivés au paroxysme.


Lorsquevous cherchez à magmétiser
une personne
d'une sensibiliténerveuse extrême, vous pouvez voquer,
pro-
sans que ce soit votre faute un peu de suf-
^

focatioD quidégénérerait en étouffement si aussitôt


,

vous n'yapportiez remède, en dégageant ment


prompte-
les plexusp?r des passes transversales faitesvi- vement
devant l'épigastre, et en agissant sur les bron-
ches
pour ramener la circulation interrompue dans
les organes de la respiration. Il faut aussi,dans ce
cas, promener légèrement lesdoîgisdu cou à l'esto-
mac;
,

quelquefois il est bon de frapper doucement


avec le bout des doigts sur la poitrine. Ces moyens
m'ont toujours réussi.
La frayeur produit souvent une congestion, siVon
n'arrêtepas à temps le sang quise précipite avec forc"5
vers le cerveau.
10

L
146 L ART DE MAGNÉTISER.

Tai VU auMans^dans lessalonsdupèredeH. Tromi^


maire de la yille une jeune personne qui arrivée au
, .

somnambulisme, fut effrayéeinvolontairement parla


personne qui causait avec elle.

Des cris au feu I au feu! se firent entendre avec

force dans la rue; cette personne épouvantée s'écria


en lâchant la main du sujet:au feu! 6 mon Dieu! vons-nous!
sau-

la somnambule fut effrayée,et le sang lui

monta tout-à-qoupà la tête ,


avec une violence telle,

que deux médecins présents, se précipitant


vers elle

et tirant leur lancette pour la saigner, s'écrièrent :

c Prenez garde ! elle peut mourir! » En effet la mal-


heureuse
,

jeune fille était bleue; je m'élançai et en


,

attaquant immédiatement avec force Tartère carotide

et les le
jugulaires,j'arrêtai cours du sang et je le fis

descendre aussitôt. Ceci fut fait avec une telle promp-


titude

que le docteur Lepelletier,qui était Tun des


,

médecins [ne pouvait en croire ses yeux. Je calmai


,

ensuite le système nerveux par quelques passes, et

je pus réveiller peu d'instants après la jeune per-


, , sonne,
qui n'accusa aucun malaise au réveil.

Lorsque vous magnétisez une personne dont la di-


gestion
n'est pas encore terminée, surtout qu'elle
lors-

a fait un léger extra ,


comme dans le cas vant,
sui-

vous pouvez produire une congestionet lamort

presque instantanée.

Pendant mon séjour dans la ville du Mans, plu-


sieurs
personnes ayant dîné ensemble, voulurent sayer
es-

de se magnétiser les unes les autres. L'un des

convives fort et très sanguin se présenta


GQiwne sujet,
t48 L'ART Dl MiUïllÊTISER.

Convulsions,

Dafis «ne des leçons que je donnai à THÀtel^da-

Ville du Mans M. Rtchelet produisitdes ocmvulsions


»

fttroces sur une jeune fille »


en magnétisanttrop tement
for-

le oerveau, pour obtenir du somnambulisme.

Il put les arrêter promptement en suivant les indica-


tions

que je lui donnai et que voici :

Il fettt aj^uyer avec force le bout des doigts sur


Pépigastre ,
et donner un jet violent de fluide afin
,

d'empocher les contractions du


diaphragme ; puis dé-
gager
ta tête par quelques passes depuis les épaules
jusqu'aux pieds; ces passes doivent être faites les
mains entièrement ouvertes, et sans force, afin que

rémission du fluide s^e£fectue doucement, et n^ait

pointrintensité que vous obtenez en agissantavec }a


pointe des doigts;et dans ce cas, vous produisez
Teffet d^un arrosoir percé d'une grande quantité
de : les jets d'eau
pertuis sont beaucoup [plus min-
ées

et plusdoux que lorsquHlss'échappentà travers

de largesorifices (lacomparaison n'est pas élégante ,

mais elle rend parfaitementma pensée).


Dans la même leçon, M. "^^ maître clerc diest un

notaire, magnétisaitune femme; tout-à*coup il pro-


duisit
en agissanttrop fortement sur le cerveau ,

tm seul mouvement convulsif qui mit le corps ea

cerceau ; la tête touchait les talons et y semblait


adhérente.

Les efforts physiquesque lui et plusieurspersonnes


firent pour
présentes redresser le corps, furent tout
DANGERS ET ACC1PEIIT9 DU MA6KÊTISHE. 14»

à fait infitiles.Je lui indiquaicomment il fallaitagir^

mais quHl fut


il était si troublé* si inquiet^ iiapuissaffil
à détruire cet effet qui pouvaitdevenil* dangereux en

se prolongeant*
On enlève le
fifvait sujet pour le placer sur tme

table : son corps présentaitlittéralement la forme

d'un cerceau. Je me mis h Tœuvre, et, joi^nt tion


Fac-
à la démonstration
»
je touchai Tépigastreavec
le bout des doigts: à Tinstant même les muscles se

détendirent, et le corps s^allongeasur la talile de


,

sorte que le sujetse trouva couché sur le dos. Avec

quelques passes la parole revînt et Téquilibrefut


»

rétabli.

Cette femme ne dormait pas "


elle étaitseulement
dans cet état de torpeur dans lequelon ne s^appar-
tient plus systèmenerveux
parce que le
est envahi»
,

mais pendant lequelon ne perd pas la conscience de


son moi, sans cependant pouvoir en donner connais-
sance
à l'extérieur.

Impossibilité
de réTeitto.

Pendttot mon séjour à Reniiest on fit venir de


Janzé un jeune garçon de quinze tas qui avait éfé
,

plusieurs fois magnétisé par le receveur de trement


l'enregis-
du lieu, et qui était très lucide^ disaitHin»
Sn effet,il put faire quelques expériencesexactes*

Un soir M. Dharembert, son magnétiseur,se trou^

vant chez les dames Brierre, voulut magnétiser une


jeune fille, puis l'idée lui prit de me magnétiser de
150 TART DE MAGNÉTISER.

loin. Je me trouvais en ce moment à Tautre bout de

la ville ,
dînant paisiblementchez M. Jollyl'avoué.
Le fluide de M. Dharembert, au lieu de venir à

moi
,
avec lequelil n'avait aucun rapport ,
frappa le

jeune Baptisteetl'endormitprofondément.Le magné-


tiseur
le réveilla, mais recommençant son manège,
le jeune homme tomba de nouveau endormi. Un mestique
do-

en le relevant Tenleva de terre et le posa

dans un fauteuil. Il se déclara alors un état tout ticulier


par-
qui approche de l'extase pour Papparence, et

de la maladie appelée catalepsie.


M. Dharembert voulut faire cesser cet état mais il
,

ne le put. On m'envoya chercher.

je trouvai
Lorsque j'arrivai, le jeune Baptiste,les
yeux grands ouverts et fixes n'entendant pas même
,

son magnétiseur , mais sans roideur dans les bres


mem-

; ceux-ci restaient dans la positionqu'on leur

imprimait. J'indiquailes moyens d'action pour truire


dé-

cet état et pour obtenir le réveil.

Le magnétiseur put faire cesser l'état tique


catalep-
mais il lui fut impossiblede réveiller le
,

sujet.
Je me mis en devoir d'agirmoi-même et en ques
quel-
»

instants je le réveillai complètement.


Je me retirai; mais, une heure après, le même

accident se représentapar suite de nouvelles tisations


magné-
sur d'autres personnes. On vint me chercher
de nouveau.

Je démontrai alors combien il était imprudent gir


d'a-
ainsi à la légère;je fis cesser la catalepsie,en
DANGERS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME. 151

posant une main sur la tête, et Tautre sur Tépigas-


tre
9
puis je fis quelques passes. Je réveillai en*

suite par les moyens ordinaires indiqués dans un

autre chapitre,et je rétablis Pétat normal en geant


déga-
fortement.

J'ai vu beaucoup de cas où les magnétiseurs teurs


ama-

ne pouvaient parvenir à réveiller : bien des

magnétiseurs de profession ne dégagent pas complè-


tement
les personnes qu'ils magnétisent. C'est une

faute et il en résulte souvent des malaises et parfois


,

des accidmits.

M. le Docteur Rey qui, à Marseille,avait assisté

chez moi à plusieursséances de magnétisme tisa


magné-
,

en juin 1850^ une jeune fille qu'ilavait chez lui.

Après l'avoir parfaitement endormie, il voulut la ré-


veiller

; mais, soit qu'ileût trop chargé le cerveau,

ccHume cela est probable , soit toute autre cause, il ne

put y parvenir. Il était neuf heures du soir, il m'en-


voya

sorti
chercher; j'étais et en attendant que j^ar-
,

rivasse; il continua à provoquer le réveil mais jours


tou-
,

sans résultat. Enfin je rentrai à minuit; je le

trouvai tout bouleversé sur le pas de ma porte ; je le


tranquillisai
en lui promettant de tout réparer.En ef-

fet,en cinq minutes, je fis cesser le sommeil, et la

jeune fille revint parfaitement à elle, sans avoir le

plus petitmalaise.

Léthargie.

La léthargieest un des accidents rares ; elle ne se

présente pas pendant la magnétisation elle n'arrive


,
1S2 L'ART DE MAGNÉTISER.

que plusieursheures après ,


et cela tout-à-ooupisans
que rien puisse vous avertir; le sujet tombe foudroyé,
et bientôt tous les symptômes apparente de la mort

se présentent.Le pouls est sans pulsations, le souffle

ne marque plus sur une glace;pour tous^ la mort est

évidente.

Pendant mon séjour à Nantes ,


un garçon de café

sur la place du Théâtre, fut magnétisé par uncommis^

voyageur; deux ou trois jouns après, ce fut un autre

qui le magnétisa; un troisième passant dans la ville

le magnétisa également. Les deux premiers n'avaient

produit aucun accident : mais soit que le troisième eût

moins de connaissance pratique^ aoit qu'ilvoulût duire


pro-
plus fortement certains phénomènes, le fait est

que le lendemain du soir où il fut magnétisé par le

troisième, le jeune homme tomba roide dans la salle

de billard sans donner signe de vie. On le porta sur


,

son lit,et on alla chercher les médecins ; on vint

m'appeler aussi, mais sorti, et je


j'étais ne rentrai

que quelques heures après.Je me transportaiau café

et je trouvai dans la chambre de ce jeune homme plu*


sieurs personnes entre autres Tun des médecins dis-
,

tingués,le docteur Fouré


,
qui, lorsque j^arrivai me ,

dit : Ahl vous voilà, r homme puissant ! eh bien, fait^


revenir celui-là! puis se retournant vers les autres sistants
as-

qui étaient des médecins des pharmadens


, , ,

il dit : Je me retire,je n^ai plus rien à faire id; il

y a deux heures que fy suis sans produire aucun sultat.


ré-

Je demandai qu^on voulût bien mUnstraire de ce


DANGERS BT ACCIDENTS DU MAGNÉTISME. 153

qui était arrivé à ce jeune homme. —


J'apprisque,
magnétiâé la veille,il était
^
le lendemala matin»
tombé dans Tétat où il se trouvait que depuis trois
y

heures il n'avait pas donné signede vie, malgré tout

ce qu'avait]^a faire le médecin


,
et que probablement
il était mort.

En effet, les extrémités étaient glacées, le pouls


ne battait plus, le cœur n'avait point de pulsations»
la respirationétait arrêtée
,
le souffle ne paraissait
pas sur une glace; de plus il était roide et avait l'œil

terne et vitré; enfin pour tous il avait cessé de vivre.

Je compris qu'ily avait accident provoqué par une

mauvaise magnétisation;il restait à savoir si je pour-


rais
détruire l'^et terrible produit par cette graveim**
prudence»
Je tâtai le pouls, et après quelques moments il ma

sembla sentir une faible,mais bien faible pulsation

qui devait être le résultat de mon action ; je n'en étais

pas sûr, mais


il ne m'en fallut pas davantage pour

me faire espérer et je me mis à agir avec force et


,

courage.
Je pris les pouces comme pour magnétiser , puis
je soufflai chaud sur Tépigastre et sur le cœur; je
cherchai à ranimer un peu cet organe en le stimulant

une action forte, en présentant le bout des doigts»


par
et en donnant avec vigueur sur toute la région du
cœur et sur tout l'appareilrespiratoire; puis faisant
deux ou trois grandes passes, soufflant chaud sur le

cerveau j'eus deux minutes après un légermouve-


ment
,

des paupières »
ensuite une légèrepulsationde
154 L'ART DE MAGNÉTISER.

je redoublai
l'artère; et j'obtins
une inspiration
forte,
puis des clignements depaupières.Une des personnes

présentess^écria qu'ily avait plusde trois heures qu'il


n'en avait fait autant. Je dégageai fortement le cœur

et le cerveau^ et j'appuyaiavec intensité les doigts


sur l'épigastre
;
les yeux s'ouvrirent alors, et bientôt
après le mouvement reparut ,
le jeune homme reprit
connaissance et recouvra la parole.Il était ressuscité,
car pour tous il était mort cinq minutes avant.

Quelques instants après cet événement «


on le vit

aller et venir dans le café comme s'il ne lui était

rien arrivé.

Cette résurrection fit grand bruit à Nantes, et trois

jours après, donnant une séance publique,je pré-


sentai
ce même jeune homme bien portant et j'obtins
sur lui tous les phénomènes que j'obtenaissur mes

autres sujets.
Je reçus les félicitations de tout le monde.
11 y avait eu agglomérationdefluide vers les centres

nerveux; on ne l'avait pas assez dégagé, et le len-


demain

tout le fluide se portant avec force vers le

cerveau interrompit ses fonctions; la circulation


s'arrêta et les symptômes de la mort apparurent.
Il est probable que la mort s'en serait suivie ment,
réelle-

sll était resté quelques heures encore dans cet

état.

Paralysie.

La paralysie
d'un ou de plusieursmembres se sente
pré-
k la suite
quelquefois d'une magnétisation. Il
156 L'ART DE MAGNÉTISER^

salivation» car cet organe est presqae toujoiira


en

mouvement.

Je plongeai la jeune dame clans le sommeil


^
je la
laissai dormir deux heures ,
et pendant œ temps
j'agis sur le bras paralysé» tantôt par des pa^

tantôt par espèce de Quant à la


ses, une massage.

langue, j'espéraique le sommeil seul détruirait la

paralysie.
En effet, la dame put parler au réveil, après avoir
fortement été dégagée. La paralysiedu bras ne céda

le lendemain qu'après une seconde magnétisation.


Il était resté,à la suite de cet accident, un blement
trem-

nerveux dans tout le corps, que je ne pus


dissiperentièrement qu'après quatre séances.

Idiotisme.

Quelquefois^Idiotisme se présente à la suite d'une

convulsion provoquée par la magnétisation.


Pendant mon séjourà Caen, le garçon d'écurîe dé
rhôtel d*Angleterre s'avisa de vouloir magnétiser
mon celui-ci
sujet;, se défendait, et ne voulait point
y consentir. Mais tout à coup Finfluence se fit tir
sen-

et il tomba endormi. Il ne le fut pas plus tôt, que


des mouvements convulsifs se manifestent ; le garçon
épouvanté vient me chercher et ne me trouve pas,
j'étaissorti;alors il appelle à son secours tous les

habitants de Thôtel. Heureusement le maître de l'hô-


tel

me sachant au cabinet de physique de T Académioi


m'envoya chercher. Je fis cesser promptement les
DANGERS BT AOCSSENTS DU MAGNÉTISME. 157

oonnilsions,mais lorsqueje réveillai mon sujetiil


n'y
arait plus d^intelligence,
mou pauvre somnambule

était complètement idiot.

Je rendormis de nouveau et ne le réveillai que

quatre heures après; pendant le sommeil j'avais


ijaâ-

gnétiaéà grandes passes, cherchant à agirsur le veau


cer-

tout en le dégageant;Fidiotisme persista;alors je


rendormis encore et ne le réveillai que seize heures

après. Cette fois Fidiotisme cessa^ le cerveau se remit


à fonctionner comme de coutume, et le surlendemain

U ne restait plus de trace de cet accident.

Folie, épitepsie.

Depuis que je magnétise, je n'avais jamais occa-


âonné le accident, lorsqu'enmars
plus petit 1850, je
produisisla folie.

Je magnétisais
une jeune femme, madame Àzéma,
la femme du directeur de Fun des théâtres de Mar-
seille.

Elle était plongée dans un état de tprpeur, et

aur le pointde passer au sommeil magnétique, que


lors-

je m'aperçus que madame Valdeyron, son amie,

qui était près de la fenêtre s'endormait. G^était d'au-


tant

plus étonnant ,
que j'avaisessayé de magnétiser
celle-ci sans pouvoir réussir à Fendormir tement
complè-

Je la montrai à son mari quim'engagea à continuer.

Après quelques passes, ses yeux se fermèrent; puis

tout en magnétisant d'une main madame Azéma


,
je
cherchai à attirer jusqu'à moi madame Valdeyron;
1S8 TART DE MAGNÉTISER.

elle se leva, puis se rejetasur sa cbaise en disant :

Non, non, je ne veux pas. Mais aussitôt elle se releva,


fitun pas en avant, chercha à se retenir au siègesur
lequel était son mari^ et, tout en larmes, elle arriva

jthSqu'àmoi.
Mais au moment où je lui touchai le front pour la

faire asseoir,madame Azéma éclata en sanglots^ puis


elle eut des spasmes, des mouvements convulsife,
enfin une crise très
d'hystérie violente.

Je compris alors mon imprudence, et tout en fai*

sant, d'une màûn, cesser les convulsions de madaïAe

Azéma, je dégageai vivement madame Valdeyron.


Alors tout entier à madame Azéma, j'eus bientôt
calmé tout le système nerveux. Après quelques ins-
tants

de calme, je réveillai;mais je m'aperçus alors

que l'accident était plus grave que je ne l'avais pensé


d'abord : les yeux hagards, la figure hébétée, un air

idiot,m'annoncèrent que cette jeune femme était loin

d'être dans son état normal.

Je l'endormis de nouveau ; j'agisalors fortement

sur le cerveau, tout en cherchant à le calmer ainsi que

tout le système nerveux ; j'yparvins promptement.


Après m'être assuré que tous les symptômes de désor^

dre étaient et j'eus le


disparus, je la réveillai, heur
bon-

de la voir entièrement revenue à la raison et


,

n'ayant aucun souvenir de ce qui lui était arrivé.

Cet accident peut se présenter souvent, lorsque


magnétisant une femme nerveuse, vous porterez
votre action sur un autre sujet,et que, surtout, vous

ferez de violents efforts pour produireon effel;


DANGBRS ET ACCIDENTS DU MAGNÉTISME. 159
V

Madame Azéma non-seulement ne s^estjamaisaper-


çue
de ce qui s'était passé,mais elle ne Fa jamais su«
A Manchester, le docteur N.., magnétisantun jeune
homme^ la
produisit folie furieuse et l'épilepsie.
Il

fellut remporter, le hisser dans une voiture et le

transporter chez lui. Nous nous mtmes à quatre pour


cette difficileopératioUtet il fallut huit hommes pour
le monter dans sa chambre; il nous renversa tous dans

Tescalier;ses forces étaient centuplées.Fort sement


heureu-
dans ce moment je pus m'emparer de Fes-

tomac, et appuyer mes doigts sur Fépigastre: je le


maintins, et nous arrivâmes danssa chambre oii nous

eûmes toutes les peines du monde à le coucher.

le rendormis à force de magnétisation; alors je fus


maître et des convulsions et de la folie : lorsqueje
le réveillai après quelques heures, la folie se senta
repré-
dans toute sa fureur;puis il y eut un accès d'é-

pilepsîe,avec convulsions et écume à la bouche.

Ce fut pendantcette crise épileptiqueque je parvins


à rendormir de nouveau; il m^a fallu trois jours et

trois nuits sans le quittter,


et le maintenir toujours
dans le sommeil, pourjramener la raison et faire cesser

les crises épileptiques.


Lorsqu'ilfut rétabli,je restai quelque temps sans

pouvoirle magnétiser: àpeineFavais-je endormi, qu'il


s'éveillait aussitôt comme s'il éprouvaitune secousse

violente.

On peut voir par les exemples que je viens de citer,


que le magnétisme peut offrir des dangers dans des

En effet,
painsinexpérimentées. si le magnétîseiir
ne
leo L'ART DB MAGNÉTISER.

cûiinaUpaslaforcedontildispose.s'ilnesaitcomin
diriger,il peut faire beaucoup plus de mal que de bien.

C'est pour cela que le choix d^un magnétiseur ue doit

point se faire légèrement et qu^avant tout il faut cher-


cher

rhomme expérimenté, qui par une pratiquesui-


vie

ait pu acquérirune connaissance profonde des lois

qui président aux développements des phénomènes


magnétiques.
Dans ce chapitre, je passe sous silence les maux

de tête, les petitsengourdissements,les malaises, qui


sont presque toujours la suite d'une magnétisation
mal entendue.

Quelquefois il se présente un autre danger.


Je magnétisaisà Nantes, devant une trentaine de

médecins et plusieurs autres personnes, parmi les-^

quellesse trouvaient quelques dames, une jeune fille

nommée Manette que j'endormaisà distance j le doc-


teur

Guépin me conduisit dans une salle à côté et me

pria de l'endormir : je le (is à l'instant,


et cela fut si

prompt, que la jeune fille qui marchait dans la salle en

causant avec une dame s'arrêta tout à coup, ses yeux

se fermèrent et ses mains devinrent froides. La dame

qui causait avec elle et qui lui tenait la main, la lâ-


cha

en la sentant glacée et humide à l'intérieur. (La


sensation est semblable à celle qu'on éprouve en chant
tou-

un reptile.) était endormie,


S'apercevantqu'elle
elle fut tellement impressionnée,qu'elle
eut une lente
vio-

attaque de nerfs.
On la transporta dans une pièceà côté, et je rac-
compagnai

pour faire cesser les aoddents. Pendant


DANGERS £T ACCIDENTS DU MAGNÉTISME. 161

que je m'occupais d'elle une des demoiselles de la


,

maison, qui la soutenait, eut une crise nerveuse. La

sœur de cette demoiselle en eut une aussi,et la mère,

grosse et bonne maman, plus largeque haute, s'affaissa

sur elle-même, en voyant l'état de ses deux jeunes


filles et roula par terre ; une troisième sœur
,

éprouva les mêmes atteintes; cinq personnes enfin


,

toutes impressionnéesles unes par les autres, bèrent


tom-

dans des attaques violentes. Je renvoyai toutes


les autres dames, pour éviter que la contagion du mal

ne les gagnât les unes après les autres, ce qui serait


infailliblement arrivé si elles fussent restées ; je fis
mettre chacune des malades dans une chambre rée,
sépa-
eten moinsdesept à huit minutes, ramené
j'avais
partout le calme en allant les magnétiseralternative-
ment.

Le docteur Guépin nous fit remarquer combien l'i-

mitation et Timaginationont de puissancesur le phy-'


sique et il nous reporta aux convulsionnaires du ci"
,

metière Saint-Médard et auxitrembleurs des GévenneSi


chez lesquelsl'imitation et Timaginationjouaientua
rôle si important. Quant à la somnambule elle était
,

restée calme, grâce à ce qu'aucune de ces dames n'a^


vait été portée dans la même salle qu'elle.
Lorsqu'onmagnétise ,
il faut toujoursse défier des
femmes nerveuses et impressionnablesqui sont sentes;
pré-
souvent des accidents surviennent et peu*
vent devenir dangereux par suite de leur contact
,

avec les somnambules ou de leur trop grande proxi*


mité.

11
im L'ART DE HAGNfiTISBft.

CHAPITRE XI.

LE MAGNiTISlIB AUnLUIRB DE LA CHIRURQOU

A l'aide du magnétisnie, abstraction faite du scm»!-

sambulisme
,
on peut rendre les plus grands service»
à rhttmanité ,
non-seulement comme moyen théra-^

pentique dans, diverses maladies mais encore en lisant


uti-
,

son action pour les opérationschirurgicales^i ,

prûduisftiAcette insensibilité qui permet de tran--


,

cher, couper» comme sur un cadavre dans un amphi^


théâtre sans que le patientéprouve la moindre sen-»
,

sation.

Le magnétisme peutencoreétre employé avec tage


avan-

le pansement douleureux des plaies incu-"


pour
râbles ;

Eiifiii Vm
y
peut s'en servir ponr hâter la cicatrisa*

ijiXMaprès une opération.


Plusieurs médecins m'ont posé cette question :
. f Le magnétisme agissant principalementsur le

7" système nerveux ,


et avec une force plus
d^ai]|tant
» grande que la quantitéde fluide est plus considé-

» rabie ,
le sujet opéré une fois tiré du sommeil
,

» magnétique n'éprouverait-il
pas une réaction des
,

'

» plus funestes ,
des spasmes violents qui pourraient
» cnug^ndrerle tétanos, et rendre le remède pire
» que le mal ? n
16i L ART DE MAGNÉTISER.

périmente, ne peuvent s'empêcher de les plaindre


et disent :

c( Que si ces nouveaux martyrs ne souffrent point


» endormis les chairs contuses brûlées ou meur-
, ,

» tries par des e^cpériencesde pure curiosité sont

» douloureuses au réveil. »

Je suis forcé de leur dire qu'ilsn'ont pas encore

assez expérimenté, et qu'ilssont tout a fait dans

Terreur. Non, il n'y a pas sensations douloureuses

au réveil, quelleque soit l'opérationqui ait été faite !

Non
,
il ne peut y avoir de réaction, puisqu'iln'y a

pas douleur.
J'ai fait une foule d'expériencesd'insensibilité;
j'en
al tenté de toute nature et ne reculant devant rien :
,

aussi m'appelle-t-on bourreau dans certaine Revue


,

magnétique; mais j'aipour excuse ma conviction in-


time,

basée sur l'expériencepratique qu'iln'y a


,

pas douleur pendant le sommeil magnétique ni au


,

réveil. J'ai regardé l'insensibilité comme un des plus


grands bienfaits dont on pui^e doter l'humanité,et
je me suis attaché par tous les moyens possiblesà en

bien convaincre et les médecins et le public.


L'insensibilité, au surplus^ est un des premiers
effets du magnétisme^ l'un des plus faciles à produire.
Or, pour faire adopter les phénomènes magnétiques,
pour obtenir que le magnétisme soit employé par les

médecins
,
il faut leur présenterd'abord les effets les

plus simples, et qui, en quelque sorte, dépendent du

magnétiseuret qu'ilpeut produire à volonté et non


,

pas cooune se sont attachés à le faire tou$ les ma-


,
LE MAGNÉTISME AUXILIAIRE DE LA CHIRURGIE. 165

gnétiseurs,les effets psychologiquesqui souvent leur

échappent au moment le plus nécessaire.


Aussi dans les séances publiques ne me suis-je
ja*
mais attaché qu'a présenter des effets physiques,lais-
sant

de côté la lucidité. C'est qu'il n'est pas encore

temps ,
selon moi, de remployer. Arrivons d'abord à

ce que les médecins se servent du magnétisme et


,

dans les opérations et dans les diverses maladies


,

comme un moyen thérapeutique,plus tard le nambulisme


som-

prendra sa place de lui-même.

Prouvons maintenant par des exemples l'utilité


, ,

chirurgicaledu magnétisme.
Voici d'abord un rapport sur une extraction da

dent:

"c Le samedi 19 du mois de juin 1843, à trois

heures de relevée en la demeure de M. Cohen tiste,


den-
, ,

place du Palais-Royal,
243, M. Lafontaine nous

a présentéune dame âgée de vingt-neufans, demeurant

à Paris, avenue Marbeuf 27, affectée d'une douleur


,

insupportable,produite par la carie d'une dent, qui


l'avait décidée à demander l'extraction.

» M. Lafontaine nous a déclaré qu'il allait gnétiser


ma-

ladite dame et la mettre par ce moyen dans

un état d'insensibilité,que Favûlsion de la dent riée


ca-

pourrait avoir lieu sans douleur. Mais avant de

procéder a la il nous
magnétisation, a engagés a tater
cons-

l'état de la dent.

» L'examen nous a fait voir la dent petite mo-


laire
,

du côté droit de la mâchoire supérieure, riée


ca-

d'un tiers à la partie latérale gauche, bien fixe


166 L'ART DE MAGNÉTISER.

et bien solide dans son alvéole ; de légères percus-


sions

pratiquéessur ladite dent produisaientdes leurs


dou-

intolérables,qui annonçaient Finflaminationdu


périoste.
» Après cet examen
,
M. Lafontaine a commencé
la magnétisation et au bout de vingt minutes ladite
,

dame était insensible à tel point, qu'on pouvait lui


enfoncer des épinglesà châle dans le cuir chevelu^
le menton les joues et sous les ongles^ sans qu'elle
,

donnât le moindre signe de souffrance. On a pu cuter


per-

impunément la dent qui avant la tion


magnétisa-
,

produisait de vives douleurs. Dans cet état, M.


Cohen a procédé à Textraction de la dent. Il Ta bord
d'a-

déchaussée et arrachée ensuite sans que le moin-


dre

signe la moindre altération des traits accusât la


,

pluslégèresouffrance de la part de ladite dame. rogée


Inter-

si elle avait souffert ou si elle souffrait encore


,

^le a répondu négativement.


» A son réveil la brèche qu'ellea trouvée à la
,

mâchoire supérieure lui a appris l'extraction de la

dent malade.

» L'alvéole a saigné,comme ilarrive toujourslors


d^une semblable opération.
» Les personnes soussignéesen présence de qui
ont eu lieu ces faits se font un plaisirde les firmer.
con-

Paris, 19 juin 1843.

Bergonier,d. m., 69, rue de Provence.

Ch. Place, d. m. p., 17, rue Sain te -Anne.

Fossati, d. m., 7, rue du Houssaye.


LE HAGNËTISltœ ACXIUAmE "E L4 CHIRURGIE. 167

P*-E. DaliboQ, d* m. p., 14, raô de l1È"*iqttier.


B. Rigaud, directeur de la Tribune drantati^€.
J. Vimeux, compositeur de romaiicA.

Henniny (deMuncfahauseu), 12, rue d'Aguesseau^


Cohen, d^itiste.
» M. Graliier (de Cassagnac) était prës^t et ^i a

rendu compte dans le Globe du 14 juin. »

Void une autre exlracliondedent; leHara. journal


de Caen, du 11 mars 1841, s'exprime ainsi après
plusieurs réflexions :

« Hier M. Lafontaine, devant des personnesdignes


de la confiance publique,a ajoutéune nouvelle preuve
à celles qu'ilavait dqà données.

» Le jeune sujetqui Tâccompagne soufi*rait beau-


coup

d'une dent, la première maxillaire gauche de la


mâchoire inférieure. Les souffrances qu'iléprouvait
depuisplusieursjoursétaient horribles.

» M. Lafontaine a fait extraire cette dent à son su-

jetsans qu'ilressentit la moindre douleur, bien plus»


sans qu'ilfronçât le sourcil
,
sans qu'il donnât le

moindre signe de sensibilité.

» Avant faite par


l'opération, M. Descourty, le jet
su-

fut endormi et réduit à l'état d'insensibilité. Alors

le pouls dcHinait cent pulsations.Pendant Topéraiiôn,


bien qu'ilfallût déchausser la dentavant de l'arracher,

le pouls n'éprouva aucune variation (deux médecins

tenaient diacun un bras); et, nous le répétons,le sujet


était comme une statue de marbre. Dès que tion
l'opéra-
fut faite,que le jeune homme se f»t gargarisé ,

qu^on lui eut nettové la bouche, tout cela durant le


168 L'ART DE UAGNËTISER.

sommeil magnétique, le pouls donna 76 pulsations,


et au réveil 88.

y" Nous renonçons à peindre Tétonnement du sujet


à son vit
réveil, lorsqu'il sa dent arrachée; nous ne

dirons rien non plus de la surprise des spectateurs,


parmi lesquelsse trouvaient des médecins, des cats,
avo-

des journalistes.
» Quelques-unes des personnes présentesétaient :

Le docteur Raisin, doyen de l'École de médecine.


Le docteur Perrier.

M. Bertrand, doyen de la Faculté des lettres.


M. Courty, rédacteur du Pilote.

M. Talbot-Descourty,dentiste. »

J'ai fait pratiquer bien d'autres opérations fort

douloureuses, et le sujet n'a jamais rien senti. Des

opérationsont été faites par d'autres magnétiseurs


avec tout autant de succès. Â Cherbourg, des malades

ont subi des amputations dans Tétat magnétique sans

éprouver la moindre sensation. Ces faits ont été quement


publi-
constatés.

Voici le procès-verbald'une opération faite à Cher-


bourg.

« L'an 1846, le 19 septembre à trois heui*es et


,

demie de l'après-midi ,

"" Nous soussignés,habitants de Cherbourg, après


avoir assisté à une opération pratiquée aujourd'hui,
avec le plus grand succès, par M. le docteur Loysel,
aidé de M. Gibon, docteur médecin, sur la demoiselle

Anne Le Marchand, de Porthaii, âgée de trente ans,


LE UAGNÊTISME AUXILIAIRE DE LA CHIRURGIE. 169

et mise auparavant, en notre présence, dans l'état de

sommeil magnétique et d'insensibilité absolue, attes-


tons

et certifions ce qui suit :

» A deux heures quarante minutes, la malade est

magnétisée et endormie par M. L. Durand, à la dis-


tance

de 2 mètres, et en moins de trois secondes. Alors

le chirurgien,pour s'assurer de l'insensibilité du jet,


su-

lui plonge brusquement, et à plusieurs reprises,


un dans
long stylet les chairs du cou ; un flacon d'am-
moniaque

concentrée est placé sous le nez de la pa-


tiente.
Celle-ci reste immobile; aucune sensation n'est

perçue, nulle altération ne se rencontre sur ses traits,


pas une seule impression du dehors n'arrive jusqu'à
elle.

D Au bout de cinq ou six minutes de sommeil, elle

est réveillée par son magnétiseur, en une seconde.

Après quelques instants,elle est endormie de veau,


nou-

comme la première fois, à une distance plus


grande encore. Aussitôt les médecins sont avertis par

M. L.Durand que l'opérationpeut être pratiquée im-


médiatemen

et en toute sécurité, et qu'ilspeuvent


également parler à haute voix sur l'état de la malade,

sans craindre d'être entendus par elle, tant sibilité


l'insen-

est profonde et absolue.

y" A deux heures cinquante minutes, l'opérateur


fait,dans le sens vertical en arrière et au-dessus de
^

l'apophysemastoïde, une incision qui se dirigeinfé-


rieurement dans une étendue de huit centimètres viron.
en-

Une couche musculaire se présente et est sée


inci-

à son tour. On aperçoitalors à nu le tissu, d'une


170 L'ART DB MAGNÉTISER

glande ccmsidérabte qui^en quatre minutes et demie,


est disséquée avec précaution et extirpée.
» La plaieest lavée. On découvre en ce moment,
chose qu'ilest difficile de prévoir, ôetxji nouvelles

glandes, Tune supérieure jetantdes racines dans la


,

profondeur des tis^s, et se trouvant en contact avec

Fartère principaledu cou, la carotide; Fautre, moins

difficileà isoler, à cause de ses rapports, se perdant


entre les muscles situés latéralement dans la région
cervicale. Ces deux dernières glandes furent extraites

en trois minutes.

y" Dans la dissection des glandes,une veine de gros

calibre fut intéressée. Un instant le chirurgien eut


l'espoird'arrêter le sang en faisant respirerla mala^,
de manière à dilater fortement la poitrine.Elle le fit

aussitôt, sur la demande de son magnétiseur; mais,


ce moyen n'ayant pas été suffisant,l'opérateurdut
pratiquer la ligature.
)) La plus grande partie des spectateurs s'appro-
cha
ensuite de la malade. Plusieurs médœins duisirent
intro-

leurs doigtsdans la plaiebéante ,


qui avait
plus de huit œntimètres de profondeur, et saitirent

distinctement les battem^its de l'artëre carotide.

)" Pendant toute la durée de rq"ération,la selle


demoi-

Le Marchand n'a pas cessé d'être calme et passible


im-

;
nulle émotion ne l'a agitée; aucune cod-

traction musculaire n'a eu lieu même pendant que


,

4e couteau pénétraitdans les chairs. Elle était comme

une statue. Eufin, l'insensibilité a été absolue^ et tant


pour-
rien ne paraissaitchangé dans l'organisme: il
172 L'ART DE MAGNÉTISER.

présente cette malade magoétisée neuf fois seule-


ment
,

5
c'est la rapiditéincroyableavec laquelle son
magnétiseur la fit passer plusieurs fois ,
en notre sence
pré-
,
et immédiatement avant l'opération de ,
la vie

ordinaire au sommeil magnéti4ueet à l'insensibilité

la plus absolue. A plusieurs mètres de distance un


y

seul regard soutenu une volonté ferme a suffi


, par ,

pour la plonger dans cet état extraordinaire d'hui


aujour-
,

si intéressant pour la science et qui a le pou-


voir
,

d'amortir toute sensibilité dans les organes ,


et

d'éteindre la douleur. Son isolement du monde rieur


exté-

est si complet qu'ellen'entend personne pas


, ,

même celui qui la magnétise,à moins qu'ilne la che.


tou-

Loin de détruira cet isolement on Ta sement


soigneu-
,

conservé et fortifié ce qui a permis à rateur,


l'opé-
,

aux médecins et aux nombreux assistants, de


s'entretenir tout à leur aise et à haute voix sur l'état

de la malade sans crainte de Timpressionner même


,

au plus fort de l'opération.


» Les soussignésdéclarent, en terminant, qu'ils
sont pleinement convaincus
,
à la vue d'un pareilré-
sultat

que le sommeil magnétique pouvant même


, ,

en peu de séances produire dans les organes sibilité


l'insen-
,

la plus profonde est d'un précieux secours


,

dans les de
opérationschirurgicales toute nature en
,

épargnant au malheureux patient de cruelles frances


souf-

,
et
,
ce qui est souvent plus redoutable core
en-

la vue des préparatifset les terreurs de ration.


l'opé-
,

)" M. le docteur Obet a bien voulu rester constam-


LE MAGNÉTISME AUXILIAIRE DE LA CHIRURGIE. 173

ment auprès de la malade; afin d'examiner de veau


nou-

et attentivement cet intéressant phénomène,


et de constater Fétat du pouls et de la respiration ,

qui n'ont subi que des altérations peu considérables.

» Le présent procès-verbala été rédigé sur les

notes prises,avec une scrupuleuse exactitude , par M.


Chevrel, avoué, membre du conseil ment
d'arrondisse-

et du conseil municipal de Cherbourg ,

lequel a tenu la plume pendant toute la durée de l'o-


pération

pour en consigner les détails les plus cir-


constanci
y

(Suiventles signaturesde cinquante-deux témoins,


parmi lesquelsMM. Obet et Gibon docteurs en decine.)
mé-
,

» Aujourd'hui ,
24 septembre , la plaie résultant
de l'opérationest complètement cicatrisée. Hier tin
ma-

les épingleset les fils qui les entouraient ont été


,

enlevés et la malade a pu se promener pendant une


,

partiede l'après-midi.»
En novembre 1843, j'aifait faire un accouchement

dans l'état somnambulique ; il n'y a pas eu lité


insensibi-

j parce que je suis arrivé seulement quinze nutes


mi-

avant. Je pus cependant endormir madame

Levau et elle accoucha pendant le sommeil. Je la


,

laissai dormir pendant une demi-heure après l'opé-


ration
et lorsqueje la réveillai elle nous dit : Ah!
, ,

dépêchez-vousy je vais accoucher. Alors on lui présenta


une c'est
petitefille, à peine si elle voulait y croire.

Cette jeune femme ne devait accoucher que le 25

novembre, j'enavais prévenu l'Académie de méde-


174 L'ART DE MAGNÉTISER.

cine; mais le 17 sur les cinq heures du matin, elle


fut prisede douleurs à la suite d'une chute qu'elle
,

avait faite en se mettant au lit le 16. Les douleurs

s'etant calmées elle ne me fit pas prévenir pensant


, ,

qu'ellen'accoucherait pas encore.

Mais sur les huit heures elles reparurent et elle


,

me le fit dire; je ne pus arriver qu'à dix heures; à

dix heures un quart tout était fini..

Pendant le sommeil le travail les contractions


, "

de la matrice^ tout avait eu lieu naturellement. Elle

avait souffert mais si j'étaisarrivé une heure avant


,

l'opération afin ,
d'avoir le temps d'envahir tout ganisme
l'or-

et de le bien saturer de fluide,je suis vaincu


con-

qu'ellen'aurait rien senti.

En Angleterre et même en France, on a fait vent


sou-

des opérations sous l'influence magnétique, et

toujoursavec succès. On a cité contre le magnétisme


l'opérationdu cancer
,
faite par M. Jules Cloquet sur

madame Planlin ; cette


dame est morte le dix-neu-
vième
d'une pleurésie qu'elle
jour ajprèsl'opération,
gagna le dix-septième en se promenant par \m

temps froid. La malveillance et l'incrédulité buèrent


attri-

cette mort au magnétisme et l'exploitèrent


à

leur profit.
Cependant il est bien prouvé aujourd'hui que le
,

magnétisme, loin d'être nuisible pour une opération,


est au contraire très utile ; que non-seulement il pro-
duit
l'insensibilité mais encore qu'ilrégularise1%
,

circulation, qu'ilfacilite la suppuration,et en outre

que son emploi n'offre aucun danger. Cependantm


LE MAGNÉTISME AUXILIAIRE DE LA CHIRURGIE. 17S

ne se sert pas du magnétisme ,


on préfèreemployer
des moyens qui viennent de loin et dont Fusage est

dangereux.
Voici deux dentistes de Boston MM. Jackson et
,

M"rtm, qui prétendent avoir découvert un moyen


de rendre insensible aux ils
opérations chirurgicales;
attribuent cette propriétéà Féther, et, sans plus con-
sidérer

si la méthode est simple et inoffensive en elle*

même» nos chirurgiensexpérimentent.


M. Malgaigne a communiqué à FAcadémie de decine
mé-

les résultats des essais qu'ila tentés, et qui


ont, dit-il,parfaitement réussi quatre fois sur cinq.
U a cité Fexemple d'un homme amputé de la jambe,
et qui dit n'avoir ressenti qu'un légerchatouillement.
La méthode consiste à faire respirerà la personne

que Fon veut frapper d'insensibilité un air saturé de

vapeur d'éther ordinaire. Il en résulte au bout de

deux ou trois minutes une sorte d'ivresse qui souvent

peut plonger le sujetdans une léthargieprofonde ,

mais qui d'autres fois développe seulement en lui

un état de vertige un évanouissement incomplet


,

suffisant pour le mettre à Fabri des douleurs les plus


cruelles.

L'appareildont on se sert se compose ment


ordinaire-
d'un flacon à moitié rempli de fragments d'é-
ponges humectés d'éther, et qui porte deux tubulures.
L'une est garnie d'un tube de verre qui plonge jus-
qu'au
fond du vase ; l'autre est surmontée d'un canal

flexible terminé par une embouchure assez pée


dévelop-
pour que les mouvements respiratoires
puissent
176 L'ART DE MAGNÉTISER.

s'exécuter librement par son intermédiaire. Cette tie


par-
flexible de l'appareilporte en outre un système
de clapets dis(K)sésde telle sorte que Taîr inspiré
vienne en totalité de rintérieur du flacon, et que Faîr

expiré soit au contraire rejetéau dehors avant d'y


pénétrer.
Telles sont les conditions essentielles de l'appareil
improvisé dont on se sert chaque matin dans les hô-
pitaux

pour essayer, sur la foi des inventeurs et de

M. Sfalgaigne d'assoupir ,
toutes les personnes qui
veulent bien se soumettre à l'expérience.
A THôtel-Dieu dans le service de M. Roux, un
,

homme âgé de quarante ans, auquel on allait ampu-


ter
la jambe pour une fracture compliquée de gan-
grène,
usa inutilement pendant un quart d'heure de

l'appareilà éther
,
sans en ressentir un effet bien

marqué ;
il subit l'opération
avec courage mais non
,

sans éprouver de très vives douleurs. Ce fait n'est pas

très concluant, parce que le malade, habitué à fumer,

n'a sans doute pas fait pénétrerdans ses poumons les

vapeurs éthérées. Il s'est servi de l'appareil dit-il, ,

comme il aurait fumé sa pipe.

Le lendemain, deux expériencesfurent tentées sur

un homme et sur une femme; celle-ci après quel-


ques
,

inspirations refusa de continuer, accusant


9

une sensation insupportabledans les organes resfi-^


ratoires.

"}uant à rhomme, âgé de quarante-deux ans, bitué


ha-

à boire abondamment du vin et des liqueurs


L£ MAGNÉTISME AUXILIAIRE DE LA CHIRURGIE. 177

fortes il usa hardiment de Tappareil, mais il resta


,

réfractaire à Finhalation des vapeurs éthérces.

Dans le même service,un infirmier d'une vingtaine


d'années, assez habitué aussi à Fusage des liqueurs
spiritueùses,
se soumit volontairement à Tinfluence

des vapeurs d'éther, et ne tarda pas a tomber en cope.


syn-
Il resta dans cet état pendant quelques minutes;
après quoi, étant revenu à lui, il affirma n'avoir pas
perdu complètement connaissance mais avoir cessé
,

de percevoirce qui se passaitautour de lui. Il tait


ajou-
qu'on aurait pu lui couper bras et jambes sans

qu'ilen prîtle moindre souci.

Au même instant à l'autre extrémité de Paris


, ,

M. Laugier, qui s'était procuréun appareil,


en essayait
l'emploi à l'hôpitalBeaujon sur les personnes qui
venaient pour se faire arracher des dents. On réussît

à extirpersans signe de douleur une dent molaire à

une femme qui , après avoir témoigné une grande


difficulté et une grande répugnance, avait fini par bituer
ha-

ses voies respiratoires


au contact du mélange
éthéréqui sortait de l'appareil.
Les élèves eux-mêmes,

internes et externes du service de M. Laugier,ont


,

essayé,en présence les uns des autres, de provoquer


en eux cette ivresse momentanée ; tous
ils ont taté
cons-

quelle difficulté on éprouve à introduire dans les

poumons ce mélange gazeux, contre lequelse tent


révol-

Tarrière bouche et le larynx. Tous ont éprouvé


plus ou moins de suffocation
,
de larmoiement et
,

surtout une sensation brûlante très intense sur toute

l'étendue delà muqueuse froissée par ce contact inac-

12
m

coutume. Mais il n^en est qti^unoù deux qui aicat per*


sisté assez longtemps pour en venir au point d^ëprou-
ver quelque vertige.Il parait donc résulter des faits

"d)servés ici que Finhalation des vapeurs d'éther dinaire


or-

(éthersulfurique)agit diversement sur des

individus différents. Les uns sont réfractaires à cette

influence, soit par leur constitution même, soit par

suite de Fusage immodéré des liqueurs alcooliques.


Les autres, plus impressionnables , tombent dans

un engourdissement plu3 ou moins complet, après


avoir fait usage, durant quelques minutes d'un air
,

saturé d'éther ; d'autres enfin ne paraissent pas


pouvoir endurer ce traitement à cause de Tim-
,

pression trop vive des vapeurs sur les membranes

muqueuses.
Les résultats,
comme on le voit, ne sont pas aussi

certains que d'abord on le disait,et, de plus, ils sont

très dangereux. En effet, croit-on pouvoir introduire

impunément dans Fappareil respiratoireune vapeur


aussi irritante que celle de Téther sans provoquer
,

des inflammations, sans altérer fortement la santé du

palient? Le remoSe ne sera-t-il pas alors pire que le

mal? le malade qui viendra d'être opéré aura-t^l la

force de supporter la phlogose supplémentaire que


vous lui aurez donnée?

Ensuite rexpérimentation même offre les plus


grands dangers pour le patient,et il n'est peut-être
pas inutile de rappeler à tous ceux qui vont se livrer

avec ardeur à ces expériences,que la vapeur d'éther,


en se mêlant à Tair constitue un mélange gazeux
,
180 L'ART DE MAGNÉTISER.

voir se produire, mais où il se réalisera ment


infaillible-

si Ton n'y prend garde.


C'est toujours avec une répugnance extrême que
Ton doit voir surgir toute invention qui tend à pandre
ré-

dans la vie commune Fusage des liquides


combustibles. L'éther est un des plus à craindre. nié
Ma-

dan$ les laboratoires par des mains exercées, il ne

laisse pas que de donner lieu de temps en temps à

des événements déplorables; que sera-ce donc si Ton

s^en sert inconsidérément dans une salle d'hôpital?


C'est aux chefs de service et aux internes en cie
pharma-
qui ont des connaissances précises à ce sujet
, ,

d'apporter dans les essais très louables qui vont se

faire de toutes parts une extrême circonspection.


Avec le magnétisme il n'y a aucun accident à crain-
dre.

La méthode est la plus simple et la plus cente


inno-

: nous produisons Finsensibilité presque jours


tou-

patient après dans le


; le se trouve même état

qu'il était avant et il n'a couru aucun danger non-


, ,

seulement par la manière dont nous avons agi mais


,

encore par la matière que nous avons introduite

dans ses organes. Sa santé ne peut nullement être

altérée.

Espérons donc que bientôt justice sera rendue au

magnétisme et que des expériences sérieuses seront


,

faites dans les hôpitaux de Paris pour constater son


,

utilité et les avantages de son emploi.


n

THÊRAPEUT. ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 181

CHAPITRE XII.

THÉRAPEUTIQUE ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME.

Le magnétisme ,
considéré comme moyen curatif»
ne doit pas être employé de la même manière dans
les diverses maladies ; il faut connaître l'agentdont
on se sert et ses qualités
multiples , pour pouvoir en
tirer de bons résultats. Il faut savoir dirigerla force
dont on dispose.
magnétismeanimal s'est annoncé, dans le prin-
Le cipe
sans
,
être accompagné de somnambulisme. Ce

phénomène est une découverte postérieure qui est ,

résultée de la pratiquehabituelle du magnétisme;je

pense que le somnambulisme n'est pointla partie sentielle


es-

du magnétisme, mais seulement un soire


acces-

qui peut indifféremment se joindreau tisme


magné-
ou en être séparé.

Mesmer lui-même ,
qui connaissait le lisme,
somnambu-
a été
toujours de cette opinion.

physiciens
Les et les médecins, en affectant la plus

grandeincrédulité sur le magnétismeanimal, sous le


prétexteque ce phénomène est inconcevable, ne
donnent raison satisfaisante de leur crédulité,
in-
pa$i une
parce que la difficulté dont ils argu-
mentent
ne peut pointentrer en concurrence avec
iSi L'AtlT DE MAGNÉTISER.

lestémoigûdgesimposants qui s'élèvent en faveur du

magnëlîsme.

La difficulté de concevoir un phénomène n'en truit


dé-

pas la réalité;nous sommes environnés de veilles


mer-

naturelles sur lesquellespersonne ne s'avise

de soulever des doutes bien qu'on ne puisse ni les


,

comprendre ni les expliquer.

Par quellefatalité les vérités les plus essentielles


rencontrent- elles le plus d'entraves et éprouvent-^Ues
tant de difficultés à s'implanter dans l'espritdes
hommes? La plupartdes Corps Savants chaînés de

l'instruction publique sont en possession de n'en

admettre aucune qui leur soit étrangère quelque ,

avantageuse qu'ellepuisseêtre; c'est un produitpro-


hibé

qu'ilsarrêtent aux portes de leur royaume.

Aujourd'hui cependant les médecins se chent


rappro-
, ,

du magnétisme. Accoutumés depuis tant de

siècles à voir la nature leur échapper sans cesse par


des vpies secrètes et profondes ,
ils ne pouvaient sH-

maginer qu'elleeût dans toutes les maladies une che


mar-

absolument semblable et qu'il existât un seul


,

moyen pour réprimer ses écarts. Maintenant ils

croient le rencontrer dans le fluide électrique;ils le


à la médecine,
modifientpour l'appliquer et en tiennent
ob-

des guérisonsqui proviennent sans qu'ils


s*en doutent du magnétisme vital,cet agent univer-
sel

qui travaille perpétuellement la matière


,
répand
la vie et la santé et dont les phénomènes les plus
,

frappantss'observent dans la médecine même ; car la


THÊRAPEDT. ET PRATIQUE »V MAGNÉTISME. 183

médecine prouve par elle-même rexîstence et les pro-


priétés
de ce fluide.

Aussi a-ton vu de tous temps les maladies graver


s'ag-
, ,

et se guériravec et sans le secours de la mé^


decîne ,
d'âpresdifférents systèmes et les méthodes

les plus opposées.


Ces considérations ne permettent pas de douter

qtfil n'existe dans la nature un principeuniverselle-


ment

agissant, et qui, indépendamment de nous,

opère ce que nous attribuons vaguement à Fart et à la

nature.

Toutes les maladies pourraient donc être guéries


par le magnétisme qui rétablit l'harmonie dans les

corps organisés.Les guérisons obtenues par l'air,

par Teau, par les plantes,par l'aimant, par Télectrici-

té,ou par tout autre moyen, ne doivent être attribuées

qu'au fluide magnétique qui se rencontre dans tous

ces agents, selon les circonstances^ plus ou moins

renforcés.

Désormais la médecine sera pure et simple; elle


consistera à connaître les lois de cet agent vital, la
manière dont il modifie l'organisme sa direction
, ,

ses courants les moyens de l'accumuler de le forcer


ren-
, ,

de le transporter et de le communiquer.
,

La plupart des maladies nous ont paru différentes,


parce que nous n*en avons point assez examiné le

principe.
Quels que soient leurs causes leurs crises leurs
, ,

effets eltes^ ne sont toutes qu^une seule et même


,

maladie elles ont toutes un point central d'où elles


,
184 L'ART DE MAGNÉTISER.

partent pour se diviser comme les branches d'un


, ,

arbre qui émanent d'un seul tronc et tiennent aux

mêmes racines.

La santé est Tharmonie des forces vitales; la ladie


ma-

est leur défaut d'équilibre,leur aberration;


pour détruire le mal il faut restituer au corps main
hu-

Tordre de la nature, ce qui se fait par le gnétisme.


ma-

Il ne faut pas cependant conclure que le me


magnétis-
seul suffise à toutes les maladies, et qu^ilne dra
fau-

jamais se servir ni des remèdes chimiques , ni des

substances végétales.La serait Terreur : dans toutes

les maladies, le magnétisme sera d'un grand secours,

et son emploi sera toujours salutaire ;


c'est en Tad-

joignant aux ressources médicales et ques,


pharmaceuti-
c'est en combinant son action avec celle des mèdes
re-

de la médecine, que des guérisonsplus promp-


tes,
plus positives seront obtenues.

Si Ton veut faire du magnétisme une panacée verselle,


uni-

unique pouvant à elle seule tout guérir,on


j

tombera daijs Texagérationet par conséquent on sera

à côté du vrai. Il faut considérer le magnétisme me


com-

un auxiliaire puissant de la médecine ordinaire


,

dont Temploi vient en aide aux remèdes ceutiques


pharma-
,
en donnant au corps malade le principede
vîe, la force vitale qui lui manque, pour que Taction
du moyen chimique se fasse entière et produise sur
les orçanes Teffet que le médecin en espère.
Les maladies nerveuses sont naturellement celles

sur lesquelles
le magnétisme a plus d'action; cela se
THÊRAPEUT. ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME^ 18^

conçoit d'autant plus facilement , que le fluide vital

prend son principedans le système nerveux ,


et que
les nerfs lui servent de conducteurs. Cela est tant
d'au-

plus heureux que ces affections font le déses-


poir

de la médecine »
quijusqu'icin'a trouvé aucun

moyen je ne dirai point de guérison,pas même de


,

soulagement.

Epilepsie.

De toutes les maladies nerveuses, la plus reuse


doulou-

la plus horrible est sans aucun doute Fépilep-


,

sie qui dans ses accès met Phomme au-dessous de la


,

brute et finit par le rendre idiot en le privant de

toutes seç facultés intellectuelles.

Le magnétisme calme instantanément les accès épi-


leptiques; il soulage d'une manière Constante en dant
ren-

les accès moins fréquents et moins violents et


,

souvent^ très souvent il guéritla maladie elle-même.

Cette horrible maladie est si fréquenteaujourd'hui,

que je ne puis me dispenserde donner un nouvel

exemple de guérison,qui pourrra d'autant plus frap-


per
les esprits,que l'effet a été plus prompt.

En mai 1847, je me trouvais à Marseille, à Thôtel

des Empereurs, lorsqu'onvint me chercher pour une

jeune femme qui avait une crise d'épilepsie.


Je trouvai une jeune femme dans un état affreux ;

se tordant les membres, l'écume à la bouche, se pant


frap-
la tête, malgré tous les soins que prenaient trois
personnes pour l'en empêcher.
tSS L'ART BË MAGKÊTISËll.

Ces crises se déclaraient tous les deux jourset quel-


que
fois tous les jours, et elles duraient une, deux, et

même trois heures.

Je fis cesser la crise en quelques minutes; je pro-


voquai
le sommeil ensuite; et je laissai à une heure

du matin la malade dans un grand calme et un bien-


être qu^ellen^était pas habituée à trouver après ses
crises.

Je revins le lendemain, je provoquai le bulisme


somnam-

et les crises ne reparurent plus. Je magné-


tisât
seulement dix fois et il y eut guérison plète.
com-

J'ai revu bien des fois en 1850 eten 1851 madame

Landy, c'est le nom de celte malade, et elle m'a jours


tou-

affirmé, ainsi que M. Landy, qu'ellen'avait ja-


mais
eu de crises depuis le mois de mai 1847; ainsi,
c'est en dix jours que cette guéiisona été obtenue.

Je me trouvais en octobre 1841 à Birmingham; le

docteur Melson, avec trois élèves en médecine, me

conduisit chez une femme que lui avait indiquée le


docteur Birt-Davies. Cette femme nommée Mary
,

Toy, avait des accès d'épilepsie


tous les jours; les vulsions
con-

étaient atroces et il fallait plusieursper-


sonnes
,

pour la maintenir; les accès duraient deux

heures, jamais moins.


Je magnétisaicette femme, et lorsque nous mes
revîn-

quelques jours apr^, accompagnés du docteur

Parker, elle nous annonça qu'elle n'avait pas eu de

crises depuis le jour où nous étions venus. Je la gnétisai


ma-

de nouveau, et je produisisun sommeil «i


188 L'ART DE MAGNÉTISER.

il fitcesser en cinq mînutes Taccès, qui devait durer

deux heures au moins. »

Je profitaide cette circonstance pour magnétiser


plus sou vent cette femme, et les accès ne parurent plus
que tous les mois. Plus tard, passant de nouveau à

Birmingham ,
j'apprisqu'elleavait élé guérie radi-
calement

par le docteur Birt Davies, qui sur mes dications


in-

avait continué à la magnétiser.


A Paris, je fus appelé, le 7 juin 1845 , pour une

jeune filleépileptique,
qui avait des crises dont les plus
courtes duraient cinq heures et qui souvent se geaient
prolon-
pendant onze heures. Ces crises se velaient
renou-

tous les jours.


Je m'y transportaile soir avec M. Heljo, avocat.

Nous trouvâmes cette jeune fille,Louise Court.,, dont

plus tard j'aifait une somnambule.

Plusieurs hommes la maintenaient à peine sur un

lit;elle se tordait dans des convulsions horribles.

Il était sept heures et demie, et nous apprîmes que

depuis onze heures du matin elle était plongée dans


cette crise.

Je lui pris les pouces, et posant ensuite une main

sur l'épigastre,
je la maintins seul sans y mettre de

force;après dix minutes, j'étaismaître de la crise;je


la laissai dans le calme pendant un quart d'heure, puis
je fis complètement cesser l'accès et elle reprit
,

connaissance.
Cette malheureuse enfant était brisée turée,
courba-
,

comme si elle avait accompli les plus pénibles


travaux.
THÊRAPEUT. ET PRATIQUE DU MAGNËTISHE. 189

Je revins le lendemain vers midi, et je me décidai à

essayer de la guérir: elle était restée à FhôpitalSaint-


Louis pendant quelque temps.
Dans un cas d'épilepsiesemblable, comme dans le

premier que j'aicité,il faut produire le sommeil pour

quMl y ait chance de guérison.


Je la fis asseoir et lui prisles pouces, donnant cement
dou-

d'abord puis avec force lorsque j^aperçus


, ,

une contraction dans la pupille.Mais j'avaisdevant


moi un système nerveux qui, sous l'empire de la

maladie, réagissaittout à coup et se dégageaiten-


tièrement.

Ce ne fut qu'après deux heures et demie de tisation


magné-
continue, sans interruption,que je parvinsà
lui fermer les yeux et h provoquer un peu de torpeur.

Cela me suffît ; je fus certain qu'iln'y aurait pas de

crise ce jour là, et que le lendemain je pourraisl'en-


dormir.

En effet
,
le lendemain 9 juin, en vingt mi-
nutes

elle fut profondément endormie, et une heure

après se déclara le somnambulisme; c'était le nambulisme


som-

simple ,
pendant lequel on parle tout

en dormant sans qu'ily ait de clairvoyance.


Après la cinquième magnétisation elle eut une
,

crise, mais beaucoup moins longue.


Alors je joignisla musique au magnétisme, aûn de

calmer entièrement le système nerveux. J'en obtins

de bons résultats. L'extase, sous Tinfluence de la sique


mu-

,
se développe et agit concurremment avec le

magnétisme.
Vers le B elle
juillet eut une nouvelle crise, et le
m VkVt DE UÂONÊnSBR,
lendemain^ dans son somnambulisme elle déclara
^

qu'elle
en aurait une le 17 juillet, n^en
et qu'elle rait
au-

plusaprës4
En le
efiEet^ 17 à sept
juillet, heures du soir,une
crise se présenta; je m'étais arrangé pour être près
de chez elle : un quart d'heure après j'avais
calmé

cette crise.

Le lendemain 18 juillet,
elle déclara qu'ellen'au-
rait

plus de crises sauf une seule, le 1$ décembre à

onze heures du matin; que ce serait la dernière et


,

serait
qu'elle alors entièrement guérie»
Par des circonstances qu'ilest inutile de rapporter

priscette jeune fillechez


ici»j'avais moi : elle eut en

effet,le 18 décembre, une crise à onze heures cises,


pré-
au moment de son déjeuner.
Je lacoQchai sur un divan, et au lieu de faire cesser

la crise, jela laissai se développer;puisje l'arrêtai tantanémen


ins-

Dès qu'ellefut remise, je Tendormis et

la jetaidans le somnambulisme. Elle me déclara

qu^elleétait entièrement guérie; en effet


,
depuis le

17 juillet
1845, elle n'a eu que cette crise, annoncée

pour le 18 décembre 1845 «

C'est en quarante jours que j'aiguéricette jeune


fillede son affreuse maladie.

Je ne suis pointde l'avisdes magnétiseursqui, sui-


vant

le système de Mesmer veulent constamment


,

provoquer des crises, prétendant qu'ilsamènent par


ce moyen une perturbationdans la maladie en geant
chan-
les heures et les jours des accès.
TRÈRÀPBUT. B.T mATlQUE DU MAQNÈ'rtSMB. 191

Je crois que lorsquela maladie n^a pa» pour cduse


une lésion oi|[anique»il faut chercher à calmer le
système nerveux plutôtque lui donner des ébranle*

ments nouveaux.

J'emploie pour obtenir ce résultat le sommeil ma*

gnétique, que je produis comme je l'ai indiqué dans


un chapitreprécédent; puisje pose une main sur i'é-

pigastre, et jela laisse pendant une partiedu sommeil ;


de cette manière j^empéche les contractions du dia^

phragme et par suite les mouvements convulsifs


,

dans les membres. Le calme' reparaitpeu à peu, la

circulation se fait librement et l'équilibre


se rétablit.

Dans presque tous les cas il faut


d'épilepsie^ duire
pro-
}e sommeil ; cependant j'enai rencontré ques-uns
quel-
dans lesquelsil était plutôtnuisible. On doit
alors magnétiser très légèrement,abandonner le veau,
cer-

du cervelet^et
s'occuperplus particulièrement
faire des passes sur l'épinedorsale. Dans cette constance
cir-

on magnétisera seulement une demi-heure,

Hyslérie.

L'hystérieest encore une maladie nerveuse des

Les accès, quoique


plusépouvantables. n'offrant pas

les mêmes symptômes que Tépilepsie sont effrayants


,

et par leur longueur et par leur violence^

A Caen mademoiselle Hélène Sh avait


,

depuis cinq ans des accès d'hystérie qui »


duraient

six heures et qui se renouvelaient tous les trois ou

quatre jours. Elle souflraîten outre d'une douleur


192 L'ART DE MAGNÉTISER.

au côté droit qui Tempêchait presque de marcher.

Elle éprouvait aussi des douleurs dans les reins et des

fréquentes;de plus,
palpitations elle avait une vralgie
né-

dans la télé.

Tous les traitements qu'elle avait suivis, loin


de la soulager avaient au contraire irrité la die.
mala-
,

En lui tirant du sang on appauvrissait on blissait


affai-
,

Torganisme et le système nerveux s'irritait


,

d'autant plus.
Un jour, pendant que je me trouvais avec cette

jeune personne dans un salon, elle eut une crise. Au

cri que jetasa mère je demandai la permission de


,

lui donner mes soins. Je passaidans une autre salle,


et, quelques instants après, j'avais
fait cesser l'accès,
et elle reparaissaitau salon calme et entièrement

remise.

Depuis longtemps elle ne dormait plus. Elle dormit

cette nuit-lk pendant douze heures d'un sommeil


, ,

calme et fortifiant ce qui l'engageaà placer sa seule


,

espérance dans le magnétisme.


Le lendemain, 28 avril 1841, je la magnétisai
complètement; je la plongeaidans le sommeil tique.
magné-
Je fis disparaître
les douleurs de tête, je cal-
mai
les palpitations;
la douleur du côté disparut à la
suite d'évacuations produitespar l'eau magnétisée ;
dans son somnambulisme elle une crise à
annonça
heure fixe à quelques jours de distance.
,

Je la magnétisai un mois elle eut pendant le trai-


tement
,

deux crises seulement. Mais depuis le 30 mai


1841 elle n'en a pas eu une seule. Aujourd'hui sa
,
THËRAPEUT. ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 193

santé est devenue excellente tous les petitsaccidents


,

ont disparu avec les crises.

Pour arriver à ce résultat j'avais


provoqué le meil
som-
,

,
afin que tout Forganisme fût entièrement hi
enva-

; puis pendant le sommeil j'avaisdirigémon tion


ac-
, ,

sur le côté, à la place même où de vives douleurs

se faisaient sentir,pensant qu'il pouvait y avoir un

commencement de tumeur. Je m'étais appliquéà riger


di-

le fluide sur ce point et à exécuter quelquespas-


ses

pour entraîner;j'avaisposé la pointe de mes

doigts, et effectué ensuite un mouvement de tation


ro-

en appuyant fortement. La douleur, après plu-


sieurs
magnétisationsde ce genre, se calmait aussitôt

mes doigtsposés,et semblait descendre. Je la vais,


poursui-
elle descendait dans l'aine,puis suivait le trajet
des nerfs dans la cuisse et la jambe jusqu'aubout du

pied.
Ce fut à la quatrième séance de ce genre que la

douleur sembla sortir par l'orteil. Je faisais souffrir

extrêmement, lorsquej'insistais
sur la régionoù était

la douleur; et lorsque par l'action elle était descen-


due

un peu plus bas, jepouvaistoucher impunément


et avec force cette même place qui auparavant était

très douloureuse au simple toucher. Des évacuations

abondantes mêlées de pus furent la conséquence de

cette magnétisation, aidée de l'eau magnétisée que je

faisais prendre au repas, mélangée avec le vin.

Lorsque par ce procédé on déplace une douleur,


il faut la poursuivresans discontinuer jusqu'aubout
du pied quel que sDit le temps qu'elleemploie à
,

13
iU L ART DE MAGNÉTISER.

faire ce J'ai quelquefoisconsacré quatre


trajet. heures

à cette opération, et pendant c^ temps j'aitoujours


magnétisé fortement. Je considère la continuité tion
d'ac-

comme très essentielle et même comme sable


indispen-
dans un cas pareil.
Voici un nouvel exemple, dans lequel j'aiété
forcé d'employer un autre mode de magnétisation.
Une dame Thuault avait des accès d'hystériequi
se prés^itaientpar une perte de connaissance daine
sou-

et courte. Sa tête tombait en arrière, ses yeux


seconvulsaient. des contractions nerveuses avaient

lieu dans les membres ;


la respiration gênée bord
d'a-
,

disparaissaitet elle était suffoquée;puis tout à


, ,

coup ses yeux s'ouvraient et l'accès était terminé. Ces

crises se renouvelaient souvent dans la journée; les

pieds de la malade étaient continuellement glacés.


J'entrepris,en août 1845 ce traitement. Dans les
,

deux premières séances, je produisisles accès avec

plus de violence en cherchant le sommeil. Je me cidai


dé-
,

alors à agirplus superficiellement, et j'obtins


un peu de calme; elle fut trois jourssans accès. Mais

la plus petitecontrariété les produisait.


J'essayaisur elle la musique pendant la lence
somno-

que je provoquais , et pendant laquellej'avais


une main toujourssur Tépigastre ,
afin de maintenir

le diai^ragme sans contraction.

La musique la fit se tordre sur son fauteuil puis


,

.96 redresser et tomber en boule, tourner, tourner

k)iigteffl|is;
ses yeux s'ouvrirent, elle tomba à noux
ge-
et se calma.
196 L'ART DE MAGNÉTISER.

Je provoquai le sommeil magnétique en prenant les

je fis quelques grandes passes et le calme


pouces :
,

se rétablit pour toujours ; les accès disparurent,et il

n'y eut plus aucun symptôme de maladie.

Quelque temps après elle sortit de l'hôpitalcom-


plètement

guérie.
A Caen
,
en 1841
,
M. Desalse, capitainede siers,
cuiras-

et le docteur Chevalier, vinrent me chercher

pour un enfant qui depuis plusieurs mois avait une

chorée qui mettait ses jours en danger. Le docteur ne

croyaitpas à Tefficacité du magnétisme mais ayant


,

épuisétous les moyens ordinaires, il l'acceptaen sespoir


dé-

de cause. A chaque crise il s'attendait à voir

mourir le malheureux enfaYit. Les mouvements con-

vulsifs, les contractions nerveuses n'avaient plus lie»


dans les membres ; tout se passaitau cœur et au phragme.
dia-

Le cœur était dans un tel état d'agitation, qu'il


repoussait à plus de deux pouces la main qui se sait
po-
dessus.

Le moindre bruit, le plus petitmouvement quait


provo-
une crise qui durait longtemps. L'enfant était

littéralement ployé en deux depuis six semaines et ne

se redressait jamais. On ne pouvait le faire marcher

ni le poser soit dans son lit, soit dans un fauteuil


,

sans provoquer une crise.

Je le magnétisai sans l'endormir pendant une crise

provoquée par le docteur Chevalier; après une heure

d'une magnétisation douce à grandes passes, l'enfant

se redressa lentement, sa figure exprimait du calme


THÊRAPEUT. ET PRilTIQUE DD MAGNÉTISME. 197

et du bien-être ; il manifesta le désir de marcher, et,


au grand étonnement du docteur, de la mère et du

capitaine,l'enfant fit le tour de la chambre sans qu'il


y eût eu une nouvelle crise, et il revint s'asseoir en

disant que, depuis bien longtemps, il n'avait été aussi

bien et aussi fort.

Après quelquesséances il pouvait marcher et même

jouer sans qu'ilse manifestât d'accidents nerveux le


;

docteur désira lui donner du siropde Labélonye dont


il avait déjà fait usage inutilement et qui sous fluence
l'in-

magnétique rendit la guérison complète.

Paralysie à la suite d*une congestion cérébrale.

 Marseille, en décembre 1850, M. Boisselot

(Xavier), compositeur distingué et chef d'une des

meilleures fabriquesde piano m'adressa un de ses


,

ouvriers pour le magnétiser et le guérir , si je pou-


, vais.

Cet homme, nommé Coutteman^ avait été, il y a neuf

ans, atteint d'une hémiplégiecomplète de tout le côté

droit, à la suite d'une congestioncérébrale, qui bablement


pro-

indiquaitun épanchement séreux dans le

éerveau.

Depuis cette époque, il traînait sa jambe et vait


pou-
h peine s'appuyerdessus; quant h la main droite

il ne pouvait pas s'en servir et ilremuait à peine le

bras.
^

Je le fis magnétiser par un de mes élèves


,

M. Bravay ; et après la troisième séance, le malade

ne traînait plus la jambe, la. force et l'activité du


I»8 L'ART DE MAGNÉTISER.

motivement étaient revenues, non-seulement dans là

jambe mais encore dans le bras. Après quelques au-


tres

séances, il pouvait faire jouer ses doigts et se

servir complètement de sa main. 11 nous en donnait

comiquement une preuve qui était concluante pour


lui, et qu'ilnous racontait avec complaisance. Ayant
eu une querelleavec unde ses camarades, illui asséna
un coup de poing sur le nez qu'illui cassa bel et
,

bien. Cette guérison est remarquable ; cet homme

paralysé depuis neuf ans


,
avait employé tous les

moyens et il n'avait ou aucune amélioration. Ce fut

en quelques jours, .en magnétisant localement tout

le côté droit, que nous obtînmes un résultat aussi

brillant.

Paralysieavec iremblemeot nerveux.

A Glascow en Ecosse, le docteur Hannay conduisît

a mon hôtel un jeune homme nommé John Davies,

âgé de ans, qui depuis deux


vingt-cinq ans était hémi-
plégique,

et qui depuis trois mois avait un ment


tremble-

convulsif continuel dans tout le corps; ce vement


mou-

était effrayant
par sa violence et par sa tinuité.
con-

Le docteur n'avait jamaispu produireunseul instant

de calme. La nuit seulement, lorsque le jeune homme

dormait, le mouvement mais


s'arrêtait, il reparaissait
un peu avant le réveil et ne s'arrêtait plus.
Le 36 juillet
1842, en présence des docteurs nay,
Han-

Wilson, Ma, et de plusieursautres personnes, je


magnétisaice jeune homme sans cherchera l'endor-
THÉRAPEUT. ET PRATIQUE DD MAGNÉTISME. 199

mir : après vingt minutes, j'avaisfait cesser le trein*^

blement et obtenu un calme qui dura une demi-heure,


et qui ne cessa que diaprésle désir du docteur Hannay
de toucher le jeune homme. Aussitôt le mouvement

reparut, mais un peu moins violent.

John Davies eut, la nuit, un sommeil plus calme,


plus profond; il put en se couchant mettre une jambe
sur l'autre, ce qu'iln'avait pas fait depuisqu'ilétait
paralysé.
Le lendemain j'obtinsun calme complet pendant
la magnétisation.Dans le cours de la journée il eut, h

deux reprisesdifférentes,un calme de deux heures

chaque fois.

Après la troisième séance, le mouvement qui avait


lieu dans tout le corps, les jambes et les bras, n'exi"
tait plus que dans l'avant-braset le poignetgauches;
encore était~il beaucoup moins violent.,
Après la quatrième séance, John Davies commença
à pouvoir se servir de sa main et de son bras gauches;

il put mettre la main dans sa poche et en retirer sou

mouchoir. Les forces revinrent dans la jambe gauche^


au point que le malade marchait un peu ,
ce qu'ilne
pouvait faire avant d'être magnétisé.
Chaque jour le tremblement diminua d'intensité

et cessa d'être continu ;


il ne se présenta plus qu'à de

rares intervalles. Enfin, après huit séances, il disparut


complètement pour ne plus revenir.

Après la dixième séance, la avait


paralysie presque
entièrement disparu; il se servait de son bras, de sa

main et de sa jambe, qu'iln'avait pas encore entiè-


aOO L'ART DE MAGNÉTISER.

rement libres,mais qui cependant reprenaientleurs


fonctions.

Paralysiedes membres inférieurs


, ayant pour cause une mation
inflam-

de la moelle épinière.

M. Bordères agréé au tribunal de commerce de


,

Rouen, était paralysédepuis U9 an, lorsqu'en septem*


bre 1843 il m'appela près de lui.

Il éprouvaitune grande difficulté pour marcher


,

produitepar une grande faiblesse et un tremblement


dans les jambes; elles fléchissaient, et il tombait sur

les genoux chaque fois qu'ilmontait un escalier. Dans

le bras droit il avait un mouvement convulsif, lors-


qu'il voulait saisir un objet.La langue était rassée,
embar-

il hésitait,bégayait,et ne pouvait plus parler


en public.
Le 26 septembre, je le magnétisaipour la première
fois,sans chercher à l'endormir. Il sentit courir dans

les bras et sur tout son corps le fluide, dont la tion


sensa-

lui parut être celle produite par de petitesse-


cousses

; il sentit
électriques une chaleur suivre mes

mains et pénétreren lui, et bientôt la température de


son corps s'éleva au point qu'ily eut transpiration
abondante.

Le lendemain il se trouvait mieux, le mouvement

convulsif du bras avait disparu;et depuis ce moment

il ne tomba plus en franchissant les escaliers.

Je le magnétisai dix-septfois, et je le laissai dans

un état de guérisonà peu prèscomplet; la langue prit


de la force, et il put plaidersans bégaiement.
THËRAPEUT. ET PRATIQUE BU MAGNÉTISME. 301

Voiici ce qu'ilm'écrivait quelque temps après :

Rouen, le 9 décembre ISid.

Monsieur
,

Je viens satisfaire à votre demande ; ma santé est

bonne et j'aibon appétit.L'hésitation est à peu près


disparue, c'est-à-dire qu'elleest beaucoup moins quente,
fré-

et je sens le dégagement de plus en plus, au


fureta mesure que je me gargarise avec l'eau gnétisée;
ma-

en somme je suis à peu près dans mon état

normal, sans aucun fléchissement dans les jambes.


J'ai l'honneur d'être,
BoRDÈRES, a^ré^.
1*2,rue Nâlionale.

Pendant que je le magnétisais,j'obtenais


sur lui un

.effet tout Je stimulais


particulier. si fortement le sys-
tème
nerveux en posant ma main d'une certaine nière
ma-

au bas de la colonne vertébrale,que je provo-


quais
spontanément dans les jambes un mouvement

convulsif qui devenait effrayantpar sa violence. Ses

jambes se raidissaient d'abord puis elles dansaient


, ,

sautaient, se remuaient, comme s'il y avait eu cation;


dislo-

ses piedsfrappaientle parquet et étaient cés


lan-

enl'airà droite,à gauche, avec une force ble


incroya-
; ce mouvement se propageaitjusque dans la tête

et dans les mâchoires et cela continuait tant que je


,

tenais ma main sur les lombes; dès que je la retirais,


tout s'arrêtait aussitôt.

Je provoquais ce singuliereffet dans les deux jam-


besàlafois, ou dans une seule,à volonté : il me sufii-

sait de placer ma main à deux endroits différents.


2(tô L'ART DE MAGNÉTISER.

Je produisaisle même effet sur une femme lysée


para-
depuis quatorze ans, la concierge des écuries du

Roi à Bruxelles, dont j'amélioraiFétat,


Ce mouvement est excellent dans certaine sie,
paraly-
et j'engagerai
beaucoup à le produire dans les ladies
ma-

de la moelle épinièreet les paralysies


nerveuses.

Paralysierhumalismale.

A Cinq-Mar$-la-PiIe eh 1840, le docteur Casimir


,

Renault fît venir chez lui un homme de cinquante


ans à peu près, qui depuis quelque temps avait une

paralysierhumatismale dans le bras gauche ; il souf-


frait

des douleurs intolérables» et son bras était ployé

et collé près du corps.


Aucun des moyens employés par le docteur vait
n'a-

soulagé les douleurs ,


ni ramené le plus petit
mouvement; le malade pouvait à peine remuer un

doigt.
Je le magnétisaidevant douze pei^onnes, dans le

salon du docteur; je localisai toute Taction sur le

bras et sur l'épaulepar des passes seulement ; et vingt


minutes après, la main était descendue, le bras éteii*

du sans douleur. Je continuai, et dix autres minutes

ne s'étaient pas écoulées, que cet homme avait recou*

vré l'usagede son bras. 11 pouvait le remuer, le lever,

le baisser, s'en servir enfin comme avant d'être para-


lysé.
Il était si stupéfait,
qu'au lieu de me remercier
,

de moi
il s'éloignait et me regardaiten dessous^ comme
été le diable
si j'avais en personne.
204 L'ART DE MAGNÉTISER.

en lignedroite avec le bras et y rester; puis j'ouvris


la main qui resta ouverte et seferma à volonté, de
,

même que son autre main.

Après dix jours de magnétisation la force etla sou-


,

plesse revinrent dans tout le bras, et le jeune homme


commença à se servir de sa main.

 Paris, je produisisle même effet sur une jeune


fille {Joséphine Capron), qui avait été traitée par

MM. les docteurs Gendrin Bayer et Trousseau, en


,

1842.

Cette jeune fillefut paralyséeen novembre 1841


,

à Londres. Elle resta hémiplégiqueà la suite d'une at*

taque d'apoplexiequi lui occasionna une aliénation

mentale, et lui laissa un rire nerveux, jusqu'au mo-


ment

où elle vint me voir.

Ce fut le docteur Wilson ( d'Hanover square ) qui


la traita à Londres, par les saignéeset les sangsues.
Il fit disparaîtrela folie et ramena un peu de force
,

dans la jambe. Elle parvint à se traîner dans la

chambre.

M. Bayer la traita ea avril et mai 1842, sans cune


au-

amélioration.

Pendant les mois de juin et juillet,


M. Gendrin vint
par-
à lui faire ouvrir un doigt par le galvanisme,
mais il se fermait aussitôt.

Le professeurTrousseau la traita en août et tembre,


sep-
sans aucun résultat.

Elle vint me trouver en octobre 1842; elle pouvait


à peine marcher et encore était-ce tout de côté sans
,

"ployer
la jambe; la boucheétait de travers et baveuse;
^"'

THËRAPEUT. ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 205

le bras se troavait ployé près du corps, le coude s'éloi-

gnant seulement de six pouces, le poignet contracté


ainsi que la main dont les doigts étaient fermés sans

qu'ellepût les ouvrir.

En quelques jours de magnétisationsans sommeil,


le poignet fut redressé et les doigtss'ouvrirent;il y
eut dans le bras une élasticité qui n'avait pas existé

depuis le commencement de la maladie. La force vint;


re-

Tavant-bras et la main devinrent un peu plus


gros qu'ilsn'étaient.
La jambe, qui ployaitsous elle, et dont elle ne

pouvait se servir qu^en la traînant pritde la vigueur,


,

et la malade put marcher dans la rue.

De jour en jour les forces revinrent, et après vingt


séances on ne se serait pas aperçu à la manière dont
,

elle marchait, qu'elleavait été paralysée.


La bouche n'était plus ni déviée ni baveuse; le poi-
gnet
se trouvait tout à fait redressé, la main tout verte
ou-

mais cependant le mouvement et la force se


,

manifestèrent plus lentement dans le bras et la main

que dans la jambe ,


quoiqu'ily eût une grande lioration.
amé-

Dans ces deux cas j'avaispris les pouces comme


,

toujours;quant au jeune honune j'avais magnétisé


,

seulement le bras en disant des passes, puis en le

massant fortement sur le trajetdes muscles.

Pour la jeune fille,j'avaisenvahi le système veux


ner-

jusqu'à la torpeur ,
et je m'étais appliqué à loca-
liser

l'action sur le côté gauche qui était le côté para-


lysé

; le tout en employant les passes et le massage.


206 L ART DE MA.6NÊTISER

Paralysieayant pour cause Tliyslérie.

A Saumur
,
le professeurde philosophie me fit ma-
gnétiser

une femme nommée Corbineau, paralysée


depuis plusieursannées à la suite de crises riques.
hysté-
Non-seulement cette femme ne pouvaitquit-
ter
son lit,mais il lui était même impossiblede seoir
s'as-

entièrement.

Je ne la magnétisai que jusqu'à la torpeur, puis


fortement
j'agis sur la colonne vertébrale par des

passes avec attouchement; je prolongeaimon action

jusqu'au! cuisses.
Après plusieursséances elle pouvait se tenir assise

pendant une journée sans être fatiguée et elle mençait


com-
^

à se servir de ses jambes. Il fallait dans ce cas

agirsur tout le système nerveux et ne localiser Tac-


,

tîoh qu'aprèsavoir envahi tout l'organisme afin de

le calmer.

Je rencontrai à Londres un cas semblable à Thôpi-


tal de Muunst'Streel : une jeune fille qui depuis six

mois était au lit, et par la même cause, Thystérie,


se trouvait dans s'asseoir.
Fimpossibilitéde
En quelques séances elle put se mettre sur son

séant, se lever et même se tenir debout. sement


Malheureu-

c'était fort éloignéde ma demeure, mes cupations


oc-

ne me permirent pas do continuer; j'eus


tort, d'autant plus tort, qu'il y avait certitude de

réussir complètement et que le


j'indisposai docteur

Elliotson contre moi.

La paralysieest malheureusement très fréquente;


THÈRAPEUT. ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 207

il est une foule de causes qui la produisent, et nous

devons regarder comme un très grand bonheur que


le magnétisme agisse avec eJQ"cacité, quelle qu'en soit

la cause. Il agiraitencore avec bien plus d'efficacité,


si dès le début de la maladie on y avait recours, tout
sur-

avant que le malade ne soit épuisé par les

saignées et qu'il n'y ait plus moyen d'obtenir de

réaction.

J'en ai eu la preuve tout récemment : une dame,

qui avait eu déjà des atteintes de paralysie, part pour

un voyage ;
à vingt lieues de Paris elle est paralysée
complètement du côté gauche, à ne pouvoir remuer

un doigt de la main ni du pied. Elle revient le lende-


main

au lieu de continuer son et m'appelle


voyage,
lesoir même de son arrivée. Je magnétise aussitôt; et,

deuK jours après, j'avais des moi;ivements dans la

main,le bras etlajambe;auboutdecinqjoursiln'y raissait


pa-

plus, le mouvement, la sensibilité et la force

étaient entièrement et la paralysie était plètement


com-
revenus,
détruite.

Rétraclion des nerfs d'un membre après une fraclurc de la colonne


vertébrale.

Sans entrer dans aucun détail je laisse parler le


,

mari, qui, tout reconnaissant^ a écrit la lettre vante


sui-

dans un des journaux de Marseille, le Nouvel-


liste

d\x 26 mars i^l.


â06 L'ART DE MAGNÉTISER.

Marseille, le 24 mars 1851.

A Monsieur le rédacteur du Nouvelliste, à Marseille.

Monsieur le Rédacteur,

Permettez-moi d'emprunter la voix de votre mable


esti-

journal pour rendre un hommage public à la

reconnaissance que je dois à M. Gh. Lafontaine.

Depuis trente-deux mois, ma femme est malade, à

la suite dMne fracture à la colonne vertébrale,qui Ta


laissée entièrement courbée et infirme de la jambe
droite,dont les nerfs s'étaient tellement retirés qu'elle
ne marchait plus que sur la pointe du pied.Son tre
ven-

était aussi tellement affecté dans les oi^anes ner-

veux,qu'ilremontait jusqu'àl'estomac, et entièrement

tourné du côté gauche, il présentait


une grosseur digieuse.
pro-
Un savant médecin de cette ville, auquel je
dois aussi une reconnaissance qui ne se démentira mais^
ja-
a prodigué tous ses soins et a épuisétous les cours
se-

de Fart pour guérir ma malheureuse femme ;

médicaments, opérations,rien n'a été négligé,elle a

tout souffert pour arriver a un très légersoulagement.


Les bains de mer furent ordonnés, ils ont achevé de

retirer les nerfs de la jambe malade et occasionné de

si vives douleurs, que depuis huit mois ma femme ne

marchait qu'avec peine et ne pouvait plus quittersa


chambre.

Ayant entendu parler des expériencesmagnétiques


de M. Lafontaine,je me décidai à le voir et le consul*

ter sur la de
position mon épouse. Cet excellent homme

se rendit le lendemain chez moi ;


il magnétisa ma
THÈRAPEUT. ET PRATIQUE DU UAGNËTISMC. 209

femme, et nousdil qu'ilne pouvaitpromeUre d3 la

guérir,mais que cepen Jant de le faire.


il essayerait

En depuis environ
effet, deux mois, il a continué à la

magnétiser de deux en deux jours,il en est résulté

un tel succès, que dès la cinquième ou sixème séance

ma femme s'est sentie soulagée.


Aujourd'hui,grâcesh Dieu et à la persévérancede
M. Charles Lafontaine, le ventre entièrement désenflé

a reprissa positionnaturelle, les nerfs roidis de la

jambe ont aussi repris une telle flexibilité que mon

épouse marche le pied à plat,se promène sans leur


dou-

et peut vaquer aux soins domestiques de sa son,


mai-

ce qu'elle
ne faisait plus depuistrente-deux mois.

Je ne saurais assez le dire, c'est à M. Lafontaine h

qui je dois ce bien. Merci, merci donc raille fois de

ses soins empressés et généreux .

Puisse cette attestation que je vous supplie,Mon-


sieur

le Rédacteur, d'insérer dans un de vos plus pro-


chaine
numéros, être pour M. Lafontaine le témoi-
gnage

sincère de la gratitudeque nous lui 'conser-


verons.

Je suis avec le plus profond respect,


Monsieur le Rédacteur»

votre très humble et très obéissant serviteur,

Alexandre BLOC,
Légiste,
rue d^Allaueb^7.

14
^0 i;art de magnétiser

Cécile.

Lorsque la cécité est l'effetd^une paralysieou fai-

ble3se du nerf optique elle peut être guérie par le


,

magnétisme qui ramène la sensibilité et la force en


,

rendant la circulation plus active.


Dans le cas d*amaurose on réussira souvent en
,

magnétisantseulement Torgane. Cependant peut-être


obtiendrait-on plus de succès en provoquant le meil.
som-

Quoique mes observations de guérison portent


sur autant de cas sans sommeil qu'avec sommeil «

toutefois je préféreraisle produire,je serais plus sûr


du succès-
Plusieurs magnétiseursprétendent avoir guéri des
cataractes ;
il m'est impossible de me prononcer à ce

sujet;je n'ai pas eu occasion le magnétisme


d'essayer
dans ce cas, et je me suis proposé de ne consigner
dans cet ouvrage que les résultats de mes propres servation
ob-

Dans la ville de Leeds en Angleterre, le 4 janvier


,

1842, les médecins réunis à choisirent


l'hôpital mi
par-
une centaine de malades, et me préâentèfent
Marc Rowley, aveugle depuis deux ans ,
qui ne voyait
absolument rien de Tœil gauche, et qui pouvait à
peine se conduire de l'œil droit, dans les corridors
de Il éprouvaitdans
l'hôpital. les yeux une vive leur
dou-

qu'ilcomparait à une sensation produitepar des

grainsde sable.

Les docteurs Braiswaite, Gasc, Smith, Pymont


21ii L'ART DE MAGNÉTISER

A Londonderry en Irlande, le doctetir White m'in-

troduisit h Ihôpilalet me proposa de magnétiser un

aveugle, qui ne voyait rien d'un œil et qur'de Tauti e

le jour
distinguait de la nuit seulement.

Après ravoir magnétisé une deroibeve sans


.

sotnmeil, en localisant Faction sur les yeux, je par-


vins

a lui faire voir plusieurs fois de suite, sans-

qu'ilse trompât, le nombre de doigtsqu'on lui senta;


pré-
ii vit et nomma une bague, une clef, un canif
,

une pièce de six pence, une clef de montre très

petite.
Le docteur Wliite s'était souvent livré h des périences
ex-

de ce genre sans que cet homme pût ja-


mais
,

lui indiquer ni voir une seule fois ce qu'illui


présentait.
A Belfast, chez monsieur Badier, professeur de
français, sa servante que j'avaismagnétisée plu-
sieurs
fois, me remercia la veille de mon départ,
de lui avoir rendu un œil dont elle ne voyaitpas
dès sa plus tendre enfance. Ici le sommeil magnétique
seul avait suffi pour détruire la paralysie du nerf

optique.
Dans les derniers jours de juin 1851 à
j'étais lon;
Tou-
,

madame Julien, femme d'un des membres du seil


con-

municipal,me présentason jardinierqui,depuis


deux ans, ne voyait pour ainsi dire plus : ce fut a la

suite d'une chute et de plusieurs contusions a la tête

que se déclara cette cécité. A trois pas, cet homme

ne pouvaitreconnaître son enfant qui étaitdevant lui,


et 'cependant,il distinguait
une épingle par terre et
THÈRAPELÏ. ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 213

pouvait la ramasser. Il faisait avec peine et mal les

plus gros ouvrages du jardinage.


Je le magnétisai, ou plutôt je lui magnétisai les

yeux, et dès la première séance, il reconnut qu'ily


avait amélioration ;
il put lire le titre de plusieursou-
vrages

que je lui présentai, chose qu'ilne pouvait


faire auparavant. En quelques séances sa vue reprit
toute sa force, et il pût s'ocx^uper
de tous les travaux

de son état.

Surdilc.

La surdité est une de ces maladies qui affectent le

moral des personnes qui en sont atteintes;presque


toujours les sourds sont tristes,leur physionomie prime
ex-

Finquiétude, la défiance lorsqu'on parle près


d'eux, et ils sont en cela doublement malheureux.

Les moyens curatifs employés par les médecins ciaux


spé-
sont douloureux et peu efficaces. Il est donc sentiel
es-

et utile de bien constater un moyen presque


ceilain de guérison,lorsquela surdité n'est point or-
ganique.

La plupart des surdités proviennent de paralysie»


d'atonie,d'engorgement des organes ;
dans tous ces

cas le magnétisme produit de bons résultats même


,

quand la surdité est très ancienne.

J'ai guéri des sourds qui l'étaient de naissance, et


qui cependant avaient cinquante ans lorsque je les ai

magnétisés.
La surdité est une des maladies dans lesquelles
le magnétisme doit être employé sans sommeil; il
214 L'ART DE MAGNÉTISER.

suffîtmême de localiser raction sur les oreilles;bien


plus, j'aireconnu que le sommeil était plutôtnuU
sible.

M.~ le baix)n de Munchhausen, demeurant me

d'Aguesseau, 12, était atteint de surdité depuis un


grand nombre d'années. Il y avait six ans qu'iln'en*-
tendait plus le mouyemeut de sa montre en Tap-
puyant même à ses oreilles lorsquMlvint me trou*-
,

ver au mois de mai 1843 pour se soumettre au gnétisme.


ma-
,

En quelques séances je ramenai la sensibilité de

l'ouïe, et il commença h entendre sa montre près de


ses oreilles. Enfin ^rës deux mois de magnétisation
sans sommeil, i|y avait guérison complète de la dité,
sur-

au point que M. le baron pouvait entendre sa

montre placée à six pas de lui.

J'avais aussi produitune grande amélioration dans

tout Foi^anisme;M. le baron éprouvaitun bien-être

auquel il n'était pas accoutumé depuislongtemps.Les


douleurs qu'ilressentait dans tout le corps avaient

disparu,les forces étaient revenues.

Avant le traitement magnétique^Jl y avait atonie


généraleet douleurs rhumatismales.
J*ai revu M. le baron de Munchhausen en bre
septem-
1844, et en août 1845; il n'avait éprouvé aucune

rechute, le temps avait consolidé la guérison.


M. Thilwier, dont le nom est européen et auquel
la science doit une des plus belles découvertes du cle,
siè-

la solidification de Tacide carbonique l'air,


par
était complètement sourd.
THÉRAPEUÏ. ET PRATIQUE BU MAGNÉTISME .
215

M. Thilorier était âgé de cinquante-cinqans à peu

près ; depuis sa naissance il n^ entendit jamais de Fo-

reille gauche, et depuis vingt-cinqans cette surdité

s'était aussi communiquée à Toreille droite.

Il fallait crier très haut dans cette oreille pour se

faire entendre.

Par suite d'un accident arrivé dans une de ses périences,


ex-

un malheureux jeune homme ayant été tué,


M. Thilorier en éprouva un tel saisissement, qu'il
devint complètement sourd et se vit obligéde cer
renon-

à toute espèce de conversation.

Il eut recours à plusieurstraitements, mais il n'en

éprouva aucune amélioration.

Je le magnétisaisans l'endormir, et après quelques


iséances il éprouva diverses sensations dans les oreil-
les,

une douce chaleur, des tournoiements des


,

picotements des crispationsintérieures. Ces tions,


sensa-
,

qui d'abord furent à peine sensibles augmen*


tèrent de jour en jour sous l'influence magnétique.
Il sentit un grand calme dans la tête, ainsi qu'un
grand dégagement ; ses idées furent plus nettes, son

travail plus facile et sans fatigue.Il se leva à six

heures du matin et se coucha a minuit tandis vant


qu'a-
,

d'être magnétisé il fallait qu'ildormit quatorze


heures.

Le 6 avril 1844, aprèsVix séances, il entendit le

mouvement de ma pendule à la distance de six pou-


ces
de l'oreille droite,et le 13 il put l'entendre des

deux.

A partirde ce moment l'amélioration alla toujours


âlO L'AKÏ D£ MAGNitTlSËR.

en augmentant; il parvintà enten^jireune partiedelà


conversation générale.J'avais obtenu cet effet après
un mois de magnétisation seulement : toyt le monde
reconnut quex^étaitun fort beau résultat.

Bientôt l'amélioration devint plus grande et plus


continue ; et entin, après deux mois et demi, M. Thi-

lorier entendait comme tout le monde.

C'était un bien grand changement pour lui qui n'a-


vait

jamais entendu sonner la pendule du salon de

madame Bonvalet, sa tante, et qui, la première fois

qu'ill'entendit, demanda naïvement a si autrefois elle

sonnait? "»

La guérison de M.Thilorier estune des plus remar-


quables

que j'aieobtenues,car chez lui il y avait dité


sur-

de naissance,et surdité produiteet augmentée par


un accident.

Pour magnétiser dans un cas de surdité, il faut

prendre les pouces afin de s'emparer du systèmener-


veux,

puis imposer les mains au-dessus de la tête à

un ou deux pouces de distance; faire ensuite quel-


ques
passes en descendant devant les oreilles jus*
qu'aux éj[)aules.
Puis réunissant vos doigtsen faisceaux, vous en

présentezla pointe devant les oreilles, vous tournez

de gauche à droite à un pouce de distance.

Après quinze minutes voue soufflez chaud deux ou

trois fois dans l'intérieur des oreilles. Vous recom-

merccîz le mouvement derolj.tiou,puis vous touchez

de t ?mps en temps avec le bout des doigts le devant

des oreilles pour réveiller la sensibilité;


vous descen-
TUËUÂPEUT. £ï PRATIQUE DU MAGNËTISi\f£. 217

dez ensuite en partant des oreilles jusqu^aux épaules


en touchant le œu, afin d'entrainer s^il y a ment.
engorge-
J'ai souvent vu paraîtrede très grosses glandes
au eou après une séance.

Après ces passes vous reprenez la première ope-


ration.

Le tournoiement des doigts en face des oreilles

semble mettre en mouvement les fluides et les hu-


meurs

qui se trouvent dans les oreilles et en dégager


les organes quMIs embarrassaient.
Il faut aussi souffler chaud sur le sommet de la tête.

Surdi-mutilé.

J^ai magnétisé beaucoup de sourds-muets, non par


prédilection mais par occasion. Lorsque j'arrivais
,

dans une ville je cherchais à porter la conviction


,

dans les espritsdes médecins, et pour cela je leur

demandais un malade sur lequel on pût obtenir un

effet prompt sensible et appréciablepour tout le


,

monde.

La surdité d'un sourd-muet pouvant être constatée

d'une manière certaine, la preuve de l'action tique


magné-
est irrécusable lorsqueaprès une ou deux séances

il entend et distinguedes mots.

J'ai magnétisé qualre-vingl-qualre sourde-muets^


et j'en ai fait entendre soixante-sept : la réussite,
comme on voit, se présente dans une proportion mense,
im-

c'est sept sur huit.

Cependant les soixante-septque j'aifait entendre


%m L AKT DE MAGNÉTISER.

n'auraient pu être guérisentièrement. Je suis btea

parvenu à réveiller la sensibilité dans les organes, je


les ai amenés a percevoir certains sons •
distinguer
,

certains bruits et même certains m"^s, mais je n^ai

pu ramener sur tous la sensibilité de Touïe à un gré


de-

assez puissantpour qu'elleleur soit de quelque


utilité.

Sur les soixante-septque j'ai fait entendre^ je


considère que trente-quatre seulement auraient pu
arriver à entendre de manière à pouvoir s'en servir

dans le commerce ordinaire de la vie. C'est beaucoup,


sans doute, mais jen'exagère pas^ je suis intimement
convaincu que si je les avais magnétisés pendant trois

mois et qu'on leur eût appris la signiGcationdes sons

et la valeur des mots, trenie-quatre eussent été guéris


radicalement au bout d'un an.

Le sourd-muet, lorsqu'on parvient a le faire tendre,


en-

n'a aucune idée des mots; les mots sont pour


lui des sons qui diffèrent, mais qui d'abord n'ont pas
de valeur. Les consonnes ne sont pas entendues les

premièresfois, et il ne sait pas même comment dre


ren-

les sons qu'ilentend.


Ainsi dites-lui po il dira o, parce qu'iln'y aura bord
d'a-

que le son de Vo qui sera entendu par lui ; mais

lorsque vous lui aurez répétéce son plusieursfois, et


que vous lui aurez montré à le prononcer, il le dira

mal d'abord, mais peu à peu la finesse de l'ouïe aug-


mentant
il arrivera à distingueret à bien prononcer.
Ainsi vous avez à faire tout a la fois l'éducation de

l'oreille et celle de la parole.


220 L ART D£ MÂGNËTISEU.

ces mots : nous avons les enfants pour les instruire et

non pour les guérir.

Sourde ei muclle par suite de convulsions.

Geoi^ina Burton eut à Tàge de neuf mois des œn-

vulsions qui produisirentune paralysiedes nerfs ditifs


au-

et de tout un côté de la face. Elle resta sourde

et muette, ayant la figuresi bouleversée qu^un coin

de la bouche touchait presque TœiL

Elle n'entendait rien, ne pouvait distingueraucun


son ni articuler un seul mot.

Madame Burton, sa mère, s'adressa aux notabilités


médicales de France, d'Angleterreet d'Italie,qui n'ob-
tinrent

aucun résultat.

Deux médecins de
distingués Paris proposèrent un«
opération chirurgicale
dans la gorge sans en espérer
de succès,

A peu près à cette époque je revins d^Ângleterre.


Madame Burton, qui est Anglaise,avait lu dans les

journaux de son pays le compte-rendu des guérisoos


que obtenues
j'avais sur les sourds-muets. Elle se cida
dé-
à essayer du magnétisme et vint me trouver le

25 janvier 1843.
Quelques séances de magnétisme, sans sommeil,
suffirent pour que cette enfant,âgée de onze ans, tendit
en-

et pût reproduire des sons et des mots.

En trois mois Touïe atteignit


sa plus grande finesse,
la paralysiede la face fut détruite et les traits du

visagene furent plus contractés.


En septembre 1844, époque où je la vis pour la
THÉRAPEUT. ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 221

dernière fois la sensibilité de Touïe n^avait pas minué


di-
,

d^^puisle mois de mai 1843 où f avais cessé

de la magnétiser. Elle entendait comme tout le

monde, et commençait îiparler de manière à se faire

comprendre.
Avant d'être magnétisée elle ne savait ni lire ni

écrire; pendant les trois mois de magnétisation,ses


deux, sœurs lui apprirentà lire,a écrire, à compter
et à parler.

Sourd-muet de naisance.

Voici un sourd-muet de naissance. Je vais donner


le certiGcat du médecin revêtu non seulement de la
,

parle maire
légalisation et le mais
sous-préfet, même

Tattestation personnellede ces deux fonctionnaires

publics.
M. Pinot père, était venu me trouver à Caenavec.

son fils sourd-muet. Dès la première séance je le fis

entendre, et quelques jours après il percevait,dis-*


tinguaitet répétaitplusieursmots.

CertificaL

Je soussignéMichel-Mathieu Follet docteur cin


méde-
,

de la Faculté de Paris demeurant a Pont- Aude-


,

mer (Eure), certifie que Ernesl Pinot, âgé de onze

ans, fils de M. Pinot, receveur de l'enregistrement


en

cette ville, était complètement sourd-muet de nais-

sauce lorsque,dans les derniers jours de mars 1841,


y

le père s'est déterminé à le soumettre au magnétisme,


et que, sans avoir subi aucime autre opération ni
SS2 L'ART DE MAGNÊTISBR.

Touie s'est tellement développée chez


traitemeat,
lui, qu'il perçoit aujourd'hui, 14 avril 1841, les

ordinaires de la voix humaine, et s'efforce de


sons

enfant qui k
répéter les mots comme un commence

parler.En foi de quoi j'aidélivré ce certificat pour

valoir et servir ce que de droit.

A Pont-Audemer, U avril 184 1.

Follet, d. m. p.

Vu pour de
légalisation la signaturede M. Follet,
docteur médecin en cette ville apposée de l'autre
y

part et attestation des faits y contenus.

A défaut de mati^ et d'adjoint ,

Pont-Atiderocr 14 avril 1841.


y

Legompte, membre du conseil municipal.

Vu de
sous-préfet l'arrondissement de
par nous,

Pont^Audemer, légalisationde la signature de


pour
M. Lecompte apposée ci- dessus, et attestation que
Ie9 faitsmentionnés au certificat
sont exacts.

Pont-Audemar, 15 avril 1841.

Le sous-préfet.
Constant Lerot.

J'ai fait entendre bien des sourds-niûels, et j'ai


constamment reucontré une opposition malveillante
dans les institutions de sourds-muets; elles m'ont

toutes fermé leur porte, souS le prétexteque les fants


en-

leur étaient confiés pour recevoir de Vinsirw^

tion et non pour être guéris.


CependantTessai du magnétisme sur un sourd-

muet est tout h faitinoffensif. On ne Tendort pas^ on


THËRAPEUT. IT PKATtQUB W MAGNÉTISME, âââ

toQrneles doigtsdevant les oreilles et on sonffle sur

la tête. Ce n'est pas très^effrayant,


et certes il fallait

mettre plus de la mauvaise volonté pour se


y que
refuser à un essai que je voulais faire devant des mé-
decins

qui le demandaient eux-mêmes.

J'ai parcouru la Belgique ,


la France, l'Angleterre,
FÉcosse et Tlrlande; et dans tous mes voyages , dant
pen-
toute ma carrière
,
je n'ai mcontré que deux
institutions qui m'aient permis de pénétrerdans leur

sein : Tune est Claremont, institution à Dublin

(Irlande)où je fis entendre un sourd*muet devant

plusieursmédecins; et tout récemment à Toulouse^


où le directeur de Tinstitution le bienveillant abbé
^

Chazotte, mit à ma dispositiontous ses enfants

sourds*muets en me remerciant des efforts que je


faisais pour être utile à ces malheureux parias.
Aussi je fis entendre neuf sourds-muets dans la
ville de Toulouse, devant plus de quarante médecins;
et tous ces sourds-muets n'entendaient absolument

rien^ pas même des coups de pistolet,sauf un seul

qui entendait un grand bruit sans pouvoir rien ài$^

tinguer.
Ce fut a Nantes que je fis entendre pour la pre -^

mière f"Ms un sourd-muet. C'était un homme de


trente-deux ans^ ouvrier imprimeur qui travaillait

depuis plusieursannée^dans l'imprimerie du Na^

tional de t Ouest.

Ce journal en parlaiten ces termes dans son nu*

méro du 15 décembre 1840, à la suite du compte-


rmda d'une séance : « C'est eiM)ore dans nos atdiers
224 L ART DE MAGNËTfSER.

)" que M. Lafontaine a trouvé le sourd-muet Eugène


» Vignier qu'ilest parvenu a faire entendre par la

» magnétisme. »

Fièvres inlermllteatcs.

Le magnétisme réussit toujours,non ^ulement à

calmer un accès de fièvre, mais même à la faire dis-


paraître

entièrement.

Les fièvres tierces, quartes, cèdent toujours;les


fièvres scarlatines, cérébrales, typhoïdes,sont mées
cal-

et arrêtées dans leur cours, le magnétisme fait

disparaître
le danger en diminuant et écartant tous

les accidents.

Chez M. Busseuil, imprimeur à Nantes^ un ouvrier

avait tous les quatre jours, une fièvre avec un trem-


,

blementqui lui faisait perdre sa journée , en le for*

çant à se mettre au lit.

Je më trouvais un jour dans le bureau de rîmprî-


meur lorsque cet homme vint prévenir qu'ilpartait;
,

ses dents claquaient et il y avait dans tout le corps

un tremblement violent.

Je le fis asseoir, et quelques instants après il nous


disait : (( Je sens la fièvre qui descend elle est main-
,

» tenant dans les cuisses.... Ah !...la voilà dans les

)" genoux ! elle est descendue dans les jambes ...


ah!
,

)? voici qu'elle remonte aux genoux!.... elle des-


» cend. . .
.
elle est aux pieds.. ah ! elle est partiepar
,.

)" le bout des doigts.» . . . .

En effet,la fièvre avait disparu entièrement, et

chose curieuse, à mesure qu'ilindiquait


que la fièvre
THÊRAPEUT. Eï PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 225

descendait, le tremblement n'avait plus lieu dans les

partiessupérieures.
Le National de V Ouest du 9 décembre 18 'jO disait:

« Sous nos yeux et dans nos ateliers en deux mi-


,

y) nutes» M, Lafontaîne a guéri un de nos ouvriers

» d'un accès de fièvre violent, w

Je magnétisaicet ouvrier plusieursfois, et je le


débarrassai pour toujours do sa fièvre,dont la nine
qui-
n'avait pu même le soulager.
Après avoir prisles pouces , j'avaischargé un peu
le cerveau; puisj'avaisexécuté des passes depuis les
épaules jusqu'auxjambes, en remontant seulement

jusqu'àl'endroit où se trouvait la douleur.

Fièvre scarlatine.

Mademoiselle Anna Sherv^ill fut prised'une fièvre

scarlatine, chez une de ses amies qui en était atteinte.

Dès la la
première magnétisation, tête fut dégagée;
les rougeurs devinrent moins vives; le mal de tête

disparut, la transpirationfut forte et odorante, la


circulation se rétablit. Dans une seconde séance tous

les symtômes se dissipèrent,et, aprèsune troisième,


elle fut tout h fait rétablie.

Prenez les pouces ,


magnétisezà grands courants

avec force jusqu'àce que vous ayez produit de la

transpiration;
ne chargez pas la tête, agissezsur le

cœur.

Fièvre cérébrale.

J'ai guériplusieursfièvres cérébrales,lorsquej'é-


tais
appeléasçez à temps pour que la^nature pût en-

'

1226 L'ART DE MAGNÉTISER.

core agir.Mais souvent aussi ce n'est que lorsqu'il


n'y
a plus d'espoir qu'on a recours au magnétisme, et

malgré cela il produit quelquefois des effets mer-

veilleux, et qui, soutenus, pourraient amener nne

guérison.
Je fus appelé en 1843 chez madame Dacosta, rue

Jean-Robert, après deux mois et demi de maladie, et

treize joursd'une fièvre cérébrale compliquée qui ne

permettaitplus d'espoir.
Lorsque j'arrivai,le délire avait cessé, mais la

malade était sans connaissance depuisplusieursjours ;


la langue était épaisseet chargée d'une si grande
quantité de mucosités, que la respirationétait à

peine possible et l'introduction d'un peu de


que

potion3e faisait avec les plus grandes dii"cultés;


pour
le médecin comme pour tout le monde, c'était une

femme morte.

Je la magnétisaiavec force et après une heure


, ,

et demie, elle ouvrit les yeux, fit un signe dlntelli-


gence a son mari, lui sourit^ répondità deux ou trois

questionsavec lucidité.

J'avais ramené de plus j'avaispro-


l'intelligence; voqué
une dont
transpiration l'odeur était fétide. Des

effluves pernicieuxs'échappaientde son corps. Elle

put boire avec un peu moins de difficultés.

Lorsque je revins le lendemain, je produisis le


même effet,mais les miasmes étaient horribles fection,
d'in-

on ne pouvait tenir dans sa chambre; ces

miasmes me privaientde mes forces, je fus obligé


d'abandonner la malade, je serais tombé malade moi-
£28 L ART DE MAGNÉTISER.

Les médecins Tavaient peu soulagée ; je la magné-


tisai,
et en six semaines je la guérisau point qu'elle
pouvait aller a pied de Paris à Bellevue, et retourner

à Paris do la même manière.

Pendant le traitement, les douleurs qui d'abord

étaient très vives, s'amoindrirent, devinrent sourdes

et disparurent.
Je portai Tenvahissement jusqu'à la torpeur;
posant ensuite ma main sur le côté droit du bas de

Tabdomen, je l'ylaissais pendant une heure. Je me

bornais à très peu de passes.

Je faisais mettre des compresses d'eau magnétisée


nuit et jour, ce qui me réussit complètement.

Suppression^

Dans une suppression accidentelle des menstrues,


il suffitde magnétiserdu haut des cuisses aux genoux;
toujours vous ramenez le flux sanguin. Si la suppres-
sion
est ancienne, il faut magnétiser à grandes passes
et commencer huit à dix jours avant l'époque où le
flux utérin est attendu.

Ilémoribagie.

Ici c"st tout le contraire. Au lieu de faire des

passes, il faut poser la main, puis tourner le bout des

afin
iloigts de donner a la circulation une autre tion.
direc-

Par de
l'imposition la main, vous arrêterez Fé-

roulement; et en tournant les doigts,vous dirigerez


le sang d'un autre côté.
TUÊKAPEUT. ET PHATIUUE DL MAGMiïlSME. i2î"

Vous ferez bien défaire poser des compresses d'eau

magnétisée.
M. Flescbelle qui assistait un soir à une leçon
. ,

d'un cours je faisais à Marseille, en mai^ 1851


que »

me proposa de venir voir une dame atteinte d'une

bémorrhdgie, qui depuis neuf jours résistait a tous

les moyens de la médecinp^. Nous y fûmes iminëdiate-

ment. Je pris les pouces pendant quelques minutes,

je posai la main au bas de Tabdomen, je la relirai

9fres trois quarts d'heures, et Thémorrhagie était rêtée.


ar-

Cependant sur les neuf heures du matin


,

Fécoulement reparut mais moins violent. Vers midi

je la magnétisai une seconde fois et Thémorrhagie fut

de nouveau arrêtée.

Chlorose.

Dans la chlorose ou les pâles couleurs, il vous faut

envahir tout Torganisme, car il est important que


vous donniez les forces qui manquent, et que vous

stimuliez les organes pour qu'ilss'habituent h rem*

plirleurs fonctions.

On doit, pour cela, produire le sommeil, ou au

moins la torpeur et recourir en merae temps aux


,

pour activer la circulation.


passes
En huit jours, j'airétabli une jeune fille nommée

Manette, qui se mourait; lesforceslui faisaient défaut,

le magnétisme les lui rendit, elle redevint fraîche et

bien portante.
230 i ART DE MAGNÉTISER.

Coup au sein.

Pour les douleurs au sein, lorsqu'elles


sont le

résultat d^un coup il faut magnétiser fortement la


,

partieaffectée,puisfaire des passes devant Tabdomen

et appliquer sur le sein des compresses d'eau ma«

gnétisée.
J*ai guérià Londres, en deux séances, mîssPudney,
qui depuis huit jours souffrait horriblement.

Les coups au sein sont très dangereux, car ils peu-


vent
produire les cancers.

Uleères.

Pour les ulcères on provoquera le sommeil, et on

mettra des compresses d'eau magnétisée.


A Tours, une jeune femme avait depuis cinq ans
un ulcère sous Taisselle : il la faisaitsouffrir beaucoup
et la privaitpresque entièrement de l'usagede saa

bras droit. Plusieurs médecins Favaient traitée «ad»

pouvoir la guérir.
En quelques jours le magnétisme et Teau ifiagné-
tiséc cicatrisèrent complètement la plaie.

£nlorsc.

Les entorses, les foulures, cèdent promptcment au

magnétisme. Vous localisez Taclion sur le pied et la

jambe à partirdu genou ; par quelques passes vous

activez la circulation en donnant de la fluidité an

dégagez l'endroit malade. Au de


sang, et vous moyen
THÉBAPËUT. £T PRATIQUE DU MAGNËTISME^ 231

quelques compresses d'eau magnétisée,vous enlevez

rinflammation et donnez du ton aux muscles et aux

nerfs qui ont été froissés par la foulure et trop forte-


ment

distendus.

J'ai complètement guéri des entorses au bout de

trente-six heures par les moyens mentionnés ci-

dessus, et en y consacrant trois séances par jour.

Névralgies.

Les névralgiesse guérissentà Taide du magné*


tisme. Les douleurs cessent, la circulation des fluides

se rétablit^et la maladie disparait.


Une jeune femme était dans un état affreux, avec
des douleurs horribles dans le côté droit de la tête,

des élancements atroces qui lui faisaient presque dre


per-
la raison, et qui ne lui donnaient pas un moment

de repos. Elle jetaitdes cris,se frappaitla tète contre

les murailles, et se roulait par terre comme une sespérée.


dé-

Il y avait plusieursjours que cette crise table


épouvan-
durait avec autant de violence. Je lui pris les
pouces, je provoquai de l'engourdissement,puis de
la somnolence; je fis des passes pendant une demi-

heure, et lorsque je la dégageai et la ramenai à

l'état normal, sa figure,qui, ayant la magnétisation,


était bouleversée, devint calme, ses yeux avaient pris
re-

leur animation, et ce fut en souriant et en rant


pleu-
de bonheur, qu'elle
me remercia. Non-seulement

elle ne souffrait plus,mais elle était dans un bien-être


23d r
L ART DE MAGNÉTISER.

extrême, tandis que pendant plusieurs nuits elle n'a-


vait

goûté un seul moment de repos.

Vomissement de sang. — Vomissement clironiquc. — Toux

nerveuse.

Les vomissements de sang, les vomissements niques


chro-

s'arrêtent instantanément par de


l'imposition
la main sur la poitrineet sur Tépigastrc.
Les toux nerveuses se guérissent par le même

procédé; vous joignez h la magnétisation quelques


verres d'eau magnétisée que l'on prend entre les repas

par gorgée, et au repas en la mêlant avec le vin.

Bouffissures. —
Palpitations. —
Êtouffements. —
Migraines.
— Prolapsus. — Contusions.

J'ai souvent guéri eii quelques séances et en loca*

lisant l'action sur la partieaffectée «


des boufBsures,
des des étotfffements, des prolapsus,des
palpitations,
migraines, des contusions.

A la sortie d'un bal, mademoiselle H. .


., ayant
été obligée de prendre une voiture découverte, se
réveilla au milieu de la nuit avec la tête et le cou

enflés d une manière démesurée et souffrant beaucoup.


Pendant la première magnétisation,on vit la tête

et le cou diminuer d'une manière étonnante et les

douleurs cesser; après uneseconde séance, tout était

rétabli dans l'état tiormal.

Pour les palpitations,posez la main sur le cœur


,

puis descendez de gauche à droite ; la palpitationces-


sera

presque instantanément.
TUJËRAPËUÏ. Eï PRATIQUE DU MAONÈTISME. 233

Pour le prolapsus, magaétisez les muscles et les

nerfs qui soutiennent et font jouer la paupière supë-


rieure, et vous aurez promptement un succès.

Si la migraine est nerveuse, il faut provoquer la

somnolence et rétablir le calme; il suffît de prendre


les pouces et de faire quelques passes sur la tête qu'au
jus-
milieu du corps pendant vingt-cinq à trente

minutes.

La migraine est-elle causée par le sang faites des


,

passes pour dégager la tète, et faire descendre le

sang.
Insomnies.

Les insomnies se dissipent


parle magnétisme; mais

alors on doit provoquer le sommeil ou tout au moins

la somnolence afin que Tenvahissement de Torga-


,

nisme ait lieu.

Bégaiement.

J'ai produit d'excellents résultats dans les cas de

bégaiement, et je ne doute pas que Ton ne puissearri»


ver à le faire cesser complètement.

Dartres.

J'ai employé avec succès, pour des darlres vives,


Teau magnétisée; mais il faudrait une magnétisation
longue, car là il est essentiel d'apporter un ment
change-
dans la qualitédu sang.

Croup.

Les enfants sont exposés à plusieursmaladies qui


les tuent sans qu'on ait le temps d'employer les
334 L'ART D£ MAGNÉTISER.

moyens médicaux pour les sauver, et encore ceux-ci

ne sont-ils pas toujours efficaces.


Le croup est certes une des plus dangereuses et des

plus fréquentesde ces maladies. ComUen de familles

ont à regretter un enfant qui leur a été enlevé en une

heure, avant que le médecin appelé ne soit arrivé !

Dans ce cas, pour prévenirla mort on a Témétique»


mais que de difficultés à Fintroduire chez le malheu^

reux enfant qui étouffe et n^a plus de connaissance!

Avec le magnétisme, on prévienttout danger; il suffit

de magnétiser avec une grande force la poitrine,Te**


tomac et les intestins,en ayant soin de réchauffer les

membres inférieurs.

J'ai sauvé plus d'un enfant de cette manière, et

tous les pères et mères peuvent agir dans un cas

semblable; en attendant le médecin, posez la main

sur la poitrine depuis la naissance du cou donnez


,

fortement, appuyez sur Tépigastreet donnez encore

avec force, vous verrez bientôt la respirationse réta-


blir,

la toux et le rule cesser, la chaleur reparaîtreaux


extrémités, et enfin Fenfant revenir à la vie.

Maladies diverses.

Je terminerai ce chapitrepar une de ces maladies

sans nom où il y a une complication telle que le


médecin s'yperd.
J'ai été appelé pour une malade chez laquelleil y
avait crises hystériques,engorgement de l'aorte, tu-
bercules

au poumon droit, calculs bilieux, tumeur

dans la fosse iliaque inflammation de matrice né-*


, »
m L ART DE MAtiN£TlS£tt.

TABLEAU DES MALADIES TRAITÉES PAR LE MAGI9ÉTISME.

Gnérls
Nombre. ou soulagés*

84 Sui*di-inuihës .
• « . • «
67

22 Surdités . •
16

2* Cécilés • .
i%

41 Paralysies 35

7 Contractures de membres. • ..••••


6

i Mouvement oonvulsif continu « •


1

15 Douleurs rhumatismales 13

20 Épilepsies 16

22 Hystéries 21

3 Chorées ou danses de Saint-Guy 3

35 Crises nerveuses 3$
7 Névralgies 5

5 Vomissements chroniques 4

2 Vomissements de sang. 2

11 Toux nerveuses •
8

10 Fièvres intermittentes. • • •
7

1 Fièvres scarlatines 1

7 Fièvres cérébrales 5
1 Fièvre typhoïde 1

11 Fièvres nerveuses* • «
11

7 Inflammations de matrice »
6
. . • •

12 Suppressions . •
10

12 Hémorraghies 11

5 Palpitations
de cœur 5
1 Vertiges 1

7 Chloroses ou pâlescouleurs 7

1 Contusion au sein • •
1
• • • •

6 Entorses 5

3 Ankyloses 1

3 Prolapsus ,
2

2 Bégaiements «
2

1 Enflure de tout le corps 1

4 Ulcères. .».•... ^ «
3
THÉRAPËUT. ET PRATIQUE DU MAGNÉTISME. 237

Guéris

Nombre. on soulagés.

9 Brûlures 7

14 Douleurs de dent • *
13

38 Migraines. • • »
35

B Insomnies 7
,

2 Gastrites 2

2 Hypocondries 2

7 Dartres •
5

7 Idiotismes i
'
3 Hypertrophiesdu oœur . • •
2

5 Maladies san» nom ^ . . «


8

5 Tumeurs 5

4 Inflammations d'intestins 3

1 Courbature 1

2 Cancers (douleursde j 2

3 Engorgements de synovie 3

4 Apoplexies •*....
3

3 Accès de foKe »•«••••


3

6 Croups •••••«••%••»••• D

Sourds-muets qui ont entendu par le magnétisme et

quin'avaienl jamais rien entendu avant.

Sonrds^mttets
de naissante

ou de maladie.

Nantes. . v
*Vîgnier(Eugène- Adolphe). 31 ans. Naissance.
Heones. •
^
^Ouvrier imprimeur senté
pré-
,

par le doct. Brute. 34 Naissance.


• •
Mlle Montaigu (Adélaïde)..37 Maladie.
• f

Sabine (Charles 22 Naissance.


^Huet-Ferou .
15 Maladie.
*Pinot (Ernest) 11 Naissance.
^ThouFOude» % "
8 Naissance.
^Jakson • « ? •
34 Naissance.
Cohrd, ,
15 Naissonco.
L'ART DE MAGNÉTISER.

« Soanls"-mnets
de naissance

onde maladie.

Bayeux. . .
Garçon chez le doct. Labbë. 20 ans. Naissance.
Havre . . •
Jeune fille .......
8 Naissance.
Londres • .
Garçon ébéniste 22 Maladie.
Jeune filte présentée par le
docteur Symes • . • •
20 Naissance.
Birmingham. ^Kirby (John) 24 Maladie.
Jeune fille 13 Naissance.
Minchester .
Morton 4 Maladie.
MlleWilIcock (Elisabeth).
30 Maladie.

^Whitwolh (Margaret) . .
20 Maladie.
Vieille femme 50 Naissance.
Manehesler .
*Good Sarah, présentéepar
4 le docteur Rantsolem 30 Naissance.
• •

^Jeune homme . • • • .
24 Maladie.
"^
Nottingham .
Jeune fillechez le docteur

Williams 8 Naissance.

LÎTerpooI . .
^Williams Williams . .
.17 Naissance.

'^Wood(John) 14 Naissance.
Dublin . . •
*Mac-Mahon .17 Naissance,
^Jeune garçon à Finstilnlion

de Glaremont 15 Naissance.

Garçon élevé à Belfast. ..14 Naissance.


Belfast. . •
Jeune homme présentépar
le docteur Tomson ...
30 Naissance,
Êdtmboorg •
Drysdate^chef d'institut. •
35 Midadie.

"^KeliyTomson 20 Naissance.
^Jeune garçon 17 Naissance.
Paris • •
'• ^*Burton (Georgina) • • •
11 Maladie.
*Jeune homme ea séance

publique 24 Naissance.
Puteau (Eulalie). • • • •
22 Naissance,
Philippe « . •
4 Maladie.
Rouen « • •
^Hue 26 Maladie.

""MlleOesnelle. . . , . .
22 Maladie.
DU MAGNÉTISME. 239
THÊRAPEUT. ET PRATIQUE
Sounls-maels

de naissance

ou de maladie.

Rouen. Garçon de Tinstit. Bouquet. 13 ans. Maladie.


• •

Jeune fille à Tinstitution

deTabbéLefebyre. ...
15 Naissance.

Paris. Mlle Bosselet ( Eugénie }• .


13 Naissance.
. . .

^Léon Benjamin Chéri. . .


34 Maladie.

LefcbTre (Joseph) ....


30 NaiSàace.

Poussard (Etienne) . ...


30 Naissance.

Jeune homme de rinstitn-

tîon de Bordeaux . ...


22 Naissance.

Pontoise Samson 22 Naissance.


• .

Bruxelles ^Legrand (Jean-Baptiste) 25 •


Naissance.
. .

Vassalli 8 Naissance.

St-Germain Tranquille 28 Naissance.


.

Duraont 28 Naissance.
Pjjpis • . .

25 NaissMice.
??Sénégas
*JLe\erl 25 Maladie.

Vaillant 18 Naissance.

^Jeune fille 12 Naissance.


Bagnères. .

professeur.
"^Cantegril, 25 Naissance.
Toulouse. .
• .

*Brusson, ouvrier à Tarsen. 50 Naissance*


20 Maladie.
Baurey 4 ...

*Thalamas 25 Naissance.

?Vargues 18 Naissance.

*Girard 30 Naissance.

'Châtelain 20 Maladie.

Hébrard 20 Naissance.

Jeune' 12 Naissance.
garçon

Paris Homme rue St-Martia . .


40 Naissance.
• . . ,

*Meynard 32 Naissance.
Poitiers • .

**Bepihelol (Mde) 28 Naissance.


....

Picard 35 Naissance,

Jenoe fillede Thuissier de là

22 Naissimoe,
préfecture ••••••
s^o LARÏ DE MAGNÉTISER.

Sourds-muets n'ayant pu entendre par le magnétisme.

SouMs-mnets

de natesance

ou de maladie.

Angers. . •
de Nerbonne ^
3 ans. Maladie.

Bennes. . .
deVignan 20 Maladie.

CaenT • . .
Homme de campagne. • .
25 Maladie

Jardinier de M. Courty . •
50 Naissance.

Jeune fille 7 Maladie.

Mlle Rouvillois 28 Naissance.

Dublin . . .
Enfant. 8 Naissance.

Rouen . . .
deBouteville 2 Naissance.

Caen. • . .
Jeune fille 8 Maladie.

Paris. . •
Jeune fille, rue Bourbon*
.

Villeneuve 28 Maladie.

Bruxelles Garçon (hôpit.St-Pierre) .


18 Naissance.
. .

Paru. .
Enfant. ... » ... .
4 Maladie.
. .

Tréfort 20 Maladie.

Anch . . .
Jeune garçon 13 Naissance.

Poitiers .
Homme 50 Naissance.
. .

Ouvrier 50 Maladie.

Jeune garçon ......


^8 Maladie.

84 sourds et muets.

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CHAPITRE XIII.

MAGNÉTISME ElPfiRIMCNTAL.

H existe une série d'efiets magnétiques qui frent


n'of-

que peu d^ utilité;


ce sont plutôtdes expériences
amusantes
,
tout au plus bonnes dans un salon, Ce-
UAGNÊTISME EXPËRIUENTAL. m
4

pendant elles n'en sont pas moins réelles


,
et comme

telles il est bien de leur consacrer quelques lignes.

Objets magnétisés.

Les sujetsqui sont souvent magnétisés peuvent


rétre indirectement par des objetsmagnétisés.
Ainsi vous prenez une canne vous chargez la
,

pomme de fluide,vous la donnez à toucher à un som*

nambule, et il tombe foudroyé»


Vous lui présentezun gâteau que vous avez tisé,
magné-
il le prend au hasard au milieu d'autres gâteaux;
à peine Ta-t-il porté à la bouche, qu'iltombe endormi.

Les anneaux, les bagues, les tabatières, enfm


tout objetquelconque ,
peut être magnétisé. Le sujet,
lorsqu'illes touche
,
soutire le fluide dont ils sont

chargés et s'en empare au profitde son organisme.


Souvent, même, des personnes qui n'ont jamaisété
magnétisées en éprouvent les effets. En voici un

exemple :

J'étais à Naples dans le salon de l'ambassadeur de


,

France, M. de Rayneval ; madame Baudin, femme de

l'amiral, m'avait priéde lui magnétiserun objetpour


voir ce que cela pourraitproduire sur elle.

Je prissur une table ,


un petitcachet en ivoire et

en argent ,
et ; madame
je le magnétisai de Rayneval
passant près de moi, me demanda ce que je faisais,
et sur ma réponse que c'était un objetque je magné-
tisais
madame Baudin, elle me pria de le lui
pour
donner; je ne voulais pas d'abord mais elle insista
,

et je ne pus le lui refuser*


2i2 L'ART DE MAGNÉTISER.

Aussitôt qu^elle tint le cachet, elle s'écria: oh

mon Dieu l je ne puis plus ouvrir ma main et mon


,

bras, je ne puis pas le remuer. Tout le monde procha;


s'ap-
il y avait une trentaine de personnes dans le

salon; chacun chercha à ouvrir la main, à étendre le

bras il
y eut je piquailégèrement
impossibilité; d^a-
,

bord mais madame de Rayneval ne sentant pas, in-


sista
,

elle-même pour que je plantasse hardiment une

épingle je le fis et ,
il n'y eut aucune sensation. Loi*s-"

que le bras fut dégagé, madame de Rayneval prouva


n'é-

rien de désagréable et voulut être tisée


magné-
,

je l'endormis ainsi que trois autres dames


, »

dont l'une nous donna un fait de clairvoyance.

Expériences pbrénologiques.

Voici un phénomène extrêmement remarquable,


et qui pourraitêtre interprété d'une manière rable
favo-

à la phrénologie; mais je laisse de côté l'inter-


prétation,

et je cite seulement le fait; nous avons

bien assez de difficultés pour faire accepter le magné-


tisme,
sans que nous nous occupions du système
de Gall. Si on veut étudier ce système^ on pourra
consulter les ouvrages de Gall (1), Spurzheim (2) ,

Combe (3) et Fossati (4).

(1) Gall, Fonctions du Cerveau, 1826,6 vol. in-S.


(2) Spunheim, Observations sur la Phrénologie,1818, 1 vol. in-8.
(3) G. Combe, Traité complet de Phrénologie^ irad. de rAoglais.
par le docteur Lebeau, 18U, 2 vol. in-8 avec flg.
(4) Fossati, Manuel pratique de Phrénologie ou Physiologie du
Cerveau d'après les doctrines de Gall Spurzheim Combe etc.
, , ,
, ,
18*) 1 vo!. gr. in-18, avec 37 portraits d'hommes célèbres et 6 fig.
,

d'anatomie, intercalés dans le texte.


24i L'ART DE MAGNÉTISER.

obtient par transmission de pensée; et que, d'autre

part, on puisse les classer dans l'ordre physique j


puisqu'on les obtient aussi sur des individus qui n'ont

aucune lucidité.

Je crois quMl faut les considérer comme étant ton-

jours un résultat physique.


Lorsque vous agissezpar transmission de pensée^
le sujetn'en est pas moins averti physiquement, par
un jet de fluide qui frappe son cerveau; il
y répond
instantanément sans attendre que le fluide ait pro-
duit
»

son effet entier sur le cerveau ; aussi le résul-


tat
,

est'il beaucoup plus prompt dans ce cas que dans

l'autre quoique la cause soit la même. Seulement


« ,

le sujet non clairvoyant, n'étant pas aidé par la

pensée il faut alors que le fluide produise rement


entiè-
,

son effet sur le cerveau pour que le résultat


,

ait lieu, c'est ce qui explique comment Teffet est

moins prompt : la vivacité de l'un est le résultat

de l'état de lucidité dans lequel Tun des sujets est


plongé; mais la cause toujours positive est toujours
la même; c'est pourquoi je ne balance pas à ranger

les effets dans Tordre des phénomènes physiques.

Eâu mngnciîséc.

L'eau magnétiséeendort également le sujetqui la


est tout-a-fait
boit, lorsqu'il sous l'influence. ralement
Géné-

elle agitd'une autre manière, qui est plus


sérieuse et beauœup plus utile. Elle agitcomme gatif
pur-
dans ceitainscas, comme tonique, émollient,
calmanti rafraîchissant; non qu'ilfaillela magnétiser
MAGNËTISME EXPÉRIMENTAL. :;i5

différemment pour lui donner ces diverses qualités,


mdis elle agit de ces différentes manières selon le

tempérament l'état de snnté de celui qui la boit.


,

Il n'est pas nécessaire d'avoir été magnétisé pour

•«1 éprouver les effets.

On peut s'en servir pour laver les plaies et en ol)-


,

tenir d'excellents résultats.

Gomme compressesdans les entorses, les foulures,


dans les maladies de matrice, elle rafraîchit,
et donne

du ton. Pour les yeux, Teau magnétisée est lente


excel-

y
lorsquela vue s'affaiblit,
ou que les paupières
sont enflammées.

Elle produit toujours un bon résultat;il semble

qu'elleprenne les qualitésqui conviennent à la ma-

ladie quellequ'ellesoit.»

AUéralioD du goût.

Si Ton donne de l'eau magnétisée à un bule,


somnam-

on peut imprimer à cette eàu toute espèce de

qualitéet de saveur. Il senïble qu'ellese change en

Tin, en liqueur,etc.,etc. Ici ce n'est point l'eau qui


agit,mais le somnambule, qui, se trouvant lucide, est

impressionné par votre pensée et reconnaît à L'eau la

propriété que vous voulez lui donner. Vous pouvez

produire cet effetsur d'autres objets: on a fait manger

à des somnambules de la chandelle pour du sucre.

Il arrive même quelquefoisque si vous avez voulu

que l'eau fût une liqueur enivrante, le sujet se

trouve enivré^ et même au réveil l'effetse continue,


mais rarement on observe ce phénomène,
346 L*ART DE HÀGNÊTiSER.

Le fluide chargé d'effluves.

Il existe d'autres effets,


produitspar la traiisintssio"

de sensation souvent le fluide se charge de ce que


,

mange ou boit le magnétiseurpendant la magnétisation.

J'ai magnétisé un jeune peintre, M. Deyienne;


excessivement
j'étais fatiguéen arrivant chez hii, et
je lui demandai un verre d'eau sucrée* Il m^apposH^
dtt vin et du sucre, et j'en bus, tout en le magnéti'-
sant, plusieursVerres qui auraient pu en toute autre

circonstance agir sur moi. J'étais excessivement

calme, mais au réveil, M. Devienne était tout à

fait gris^au point mémo de ne pouvoir manger de

toute la journée.

Langues étrangères.

Il est un effet que j'ai


vu relater dans plusieursou-
vrages

et que je regarde comme étant tout à fait er-


roné.

Il y a eu erreur de la part des magnétiseurs.


C'est la prétentionque Ton a avancée qve les nambules
som-

pouvaient parler et comprendre les lan-


gues

qu'ellesne connaissaient pas.

J'ai cherché partout ce phénomène sans pouvoir le


rencontrer.

J'ai trouvé seulement que les somnambules qui


étaient lucides répondaient dans leur langue tuelle
habi-

: en français, si elles étaient Françaises, et


aux questionsqui leur étaient faites dans n'importe
quelle langue. Il n'y avait dans ce fait que sion
transmis-

de pensée ; la somnambule ne s'attachait pas au


MAGNÊTI6MB EXPÉRIMENTAL. 247

mot mais bien à la pensée de la personne qui lui


,

parlait.
Pendant mon séjourà Tours je magnétisai une
,

somnambule à qui on parlaitespagnol,latin, anglais,


portugais^allemand, grec, et la somnambule dait
répon-
en françaisà toutes les questions faites dans œs

diverses langues. Mais une personne lui fit une tion


ques-
en hébreu^ la somnambule ne répondit pas; je
la presssaiet lui demandai pourquoi elle ne répondait
pas; elle me dit : « Mais la raison est simple : ce

y" monsieur médit des mots, mais il ne les comprend


)" pas, il ne sait pas ce qu'ilsveulent dire, alors je ne
.» puis rien lui répondre, il ne pense pas.
» Les mots sont des signesde convention, il faut

» qu'ilsexpriment quelque chose dans la pensée de

I) celui qui les prononce, pour qu'ilsaient de la va-

1) leur; je ne m'attache pas aux mots, je ne puis les

» comprendre; c'est a la pensée seulement que je


D vois, que je puis répondre. »

En effet)la personne convint qu'elleavait demandé

à un Israélite de ses amis de lui vouloir bien indiquer


une phrase en hébreu, mais dont elle n'avait pas pensé
à demander le sens.

Objets lourds, légers,cbauds ou froids.

On magnétise encore des objetsavec la volonté de

les rendre lourds, légers chauds ou froids en les


, ,

présentantau sujet.
Ce sont tout simplement des trans-
missions

de pensée; le fluide communiqué ne peut les


rendre est lui-même
lourds, puisqu'il impondérable;
248 L ART DE MAGNÉTISER.

il en est de même du chaud ou du froid. Ces effets ne

se présentent pas chez les somnambules qui n*ont

point un peu de lucidité.

Cercle magique.
r

Lorsqu'on trace un cercle sur le parquet pour fermer


en-

le somnambule Teffet est différent* Il serait


,

possibleque dans ce cas il y eût aussi transmission de

pensée ; d'un autre côté il pourrait aussi y avoir une


,

espèce d'atlraction qui retiendrait le sujetau milieu

de ce cercle et qui Tempêcherait de le franchir. Ce

qu'ily a de certain c'est que cet effet ne se produit


,

que sur des somnambules qui magnétisés souvent


, ,

s'habituent aux expériences que Ton fait sur eux, et


,

sans chercher à tromper s'y prê|ent autant qu'ilest


,

en leur pouvoir.
Cependant des sujetsqui n'ont aucune lucidité

peuvent être aussi retenus, de même qu'ilspeuvent


traverser une lignetracée. Dans ce cas c'est le fluide

lancé qui presque toujours paralyselégèrement les

jambes.

Chaîne.

si vous voulez endormir plusieurspersonnes a la

fois, vous les faites asseoir toutes à côté les unes

des autres ; elles établissent une chaîne entre elles en

se donnant la main ; vous prenez les pouces à la pre-


mière
et vous les priez toutes de vous regarder.
Généralement, après quelques instants, elles sentent
res-

certains effets,mais chaque membre de la


MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL. 249

chaîne les éprouve avec des nuances différentes;


c'est la personne la plus éloignée du seur
magnéti-
qui succombera la première, et ainsi de suite :

il semble que celles qui se trouvent entre le tiseur


magné-
et la plus éloignée servent de conducteur au

fluide et qu'ellesn'en éprouvent des effets qu'à me-


sure

qu'ily a saturation chez la plus éloignée.

Mesmer employait fréquemment ce genre de

chaîne; il joignaitdes cordes qui entouraient le


y

corps et qui tenaient lieu de conducteurs, puis d'un

réservoir d'où sortaient des tigesde fer.

Nous ne nous servcmsplus de la chaîne que comme

•expérience, et non comme utilité;les traitements

particuliersétant reconnus bien supérieurs à ceux

établis en commun.

J'ai tenté souvent, et sur beaucoup de personnes^


une expérience qui démontre victorieusement nation
l'éma-

du fluide et son action sur le magnétisé.


C'est celle d'arrêter le chant, et de suspendre la

marche d'un sujet,soutenu par une personne tierce

qui cherche h le faire marcher.

Dansle chant, c'est le fluide magnétique qui frappe


et paralyse le cerveau, de manière que quelquefois
le mot que prononce le, somnambule est coupé en

deux, tant l'action est instantanée.

Dans la marche, c'est le fluide qui paralyse et cata-

leptiseles jambes, et qui semble clouer les pieds sur


le parquet.
2dO L ART DE MAGNÉTISER.

Sommeil à dislance et sans voloalé du maguéliseur. ^

Les personnes qui sont magnétisées souvent

s'endorment quelquefois seules sans quMl y ait


émission volontaire du magnétiseur et quoiqu'ilsoit
éloigné.
Je pense que dans un cas pareilil y a attraction du
fluide du magnétiseur par le magnétisé; et de plus,
que rimagination et Thabitude de la magnétisation
viennent contribuer à cet effet.

Le somnambulisme se déclare dans cet état,et il

n^ a aucun inconvénient pour le sujet, tant des


que

personnes étrangèresne cherchent pas à faire des

expériences.

SoustraclioD du fluide au réveil par le magnétiseur.

Il est un effet beaucoup plus rare et que je n'ai

rencontré qu'une seule fois,c'est la soustraction du

fluide par le magnétiseur même.

J'avais à Tours deux somnambules : l'une, Cki^-


risse,s'amusa à endormir Tautre, nommée Aimée;
elle produisittrès bien le sommeil et le somnambu-
lisme,

elle fîtdes expériencesà sa grande satisfaction

et à celle de quelques personnes présentes.Mais


lorsqu'il
fallut cesser, elle se mit en devoir ler
d'éveil-

Aimée. Elle la dégagea bien, puis,au moment où

elle faisait ouvrir les yeux à Aimée en l'éveillant,


elle-même tomba
(Clarisse) endormie.

Deux ou trois personnes essayèrentde la réveiller,


jnaîselles ne le purent ; alors on m'envoya chercher.
m L'ART DB MAGNÉTISER.

sujetsn'éprouvent rien tant que dure Texperience ;


mais lorsque vous dégagez et réveillez la personne

endormie, ces mêmes somnambules tombent alors

dans le sommeil; ils se sont emparés du fluide dont

vous avez dégagé la personne que vous magnétisiez.


Il y a soustraction du fluide à leur profit,comme
dans le cas précédent ; seulement ici c'est votre fluide,
à vous magnétiseur, qui a agi sur une personne qui
en est fréquemment saturée, tandis que dans lo pre-
mier
cas on pourrait supposer que c'est le fluide du

niagnétiseur,qui aurait réagi sur lui-même, ce qui


ne se comprend pas.
Ce sont des suppositions,car il nous est cile
diffi-

de nous rendre un compte bien exact de certains

eiiets.

SoustracUoQ de fluide par une tierce personne.

Quand vous magnétisez une personne il arrive


,

quelquefoisque vous ne parvenez pas à Fendormir,


pendant que derrière vous, ou à côté, une autre sonne
per-
sur laquelle vous n'agissiez
pas, et dont vous

ignoriezmême la présence,s'endort,soutirant à son

profittout le fluide que vous cherchiez a quer


communi-

à la première.
J'explique cet effet par une très grande sensibilité

nerveuse e^une plus intime analogieentre la titution


cons-

de cette tierce personne et celle du seur


magnéti-
qu'avec celle qu'ilvoulait magnétiser.
 presque toutes mes séances publiquesil y a une

ou plusieurspersonnes qui, quoique n'ayant jamais


MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL. 253

été magnétisées, sont affectées soit de somnolence,


soitde malaise, produitspar le fluide répandu, sous-
trait

et accaparé par leur système nerveux.

Anneau magique.

Il est une expérience que l'on fait souveat ; c'est

celle de prendre un anneau d'or, de rattacher avec

un cheveu ou un filde soie, et de lé tenir suspendu


au-dessus d'un verre rempli a moitié d'eau.

Cet anneau doit aller frapper le côté du verre diqué


in-

à la personne qui le tient suspendu.


Cette expérience faite dans de conditions
pareilles
est illusoire;car celui ou celle qui tient le fil de soie,
sachant où l'anneau doit frapper,ne peut s'empêcher
de s'y prêter,à moins de mauvais vouloir; car il est

impossiblequ'iln'y ait pas chez Thomme une espèce


de petittremblement causé par la circulation du sang,
et qui, sous l'empire de l'idée connue, vient en aide

à l'expérience.
J'ai tenté cette expérience en attachant un fil à un

corps inerte, et je n'ai rien obtenu. Mais je l'ai fait

d'une manière différente et j'aieu un résultat.

Ayant remis le fil de soie dans la main d'une sonne,


per-
j'aiécrit où je voulais que l'anneau frappât
et sans en donner connaissance à la personne qui le

tenait; je me suis placé derrière ,


et de Ih, dirigeant
le fluide sur l'anneau que j'avaispréalablement tou-
ché,

je l'ai fait frapper a la place indiquée.


De cette manière, c'est l'impulsiondonnée par le

fluîdo à l'anneau qui le fait agir,souvent même con-


^54 L ART DE MAGNÉTISER*

trairement à la volonté et au désir de la personne q«l


le soutient.

Extension des facultés.

Sous l'influence magnétique certaines facultés

prennent de Fextention : la mémoire surtout.

On a cité dernièrement dans un journalune jeune


fille qui, à Toulouse, a joué et chanté le Chalet

(opéra-comique) pendant son somnambulisme; ce

fait n'a rien de surprenant.


Ce que la somnambule a pu lire ou apprendre, ce

dont elle se souvient à peine ou même pas du tout,


dans son état normal, se représente dans le somnam*^

bulisme^ et elle fait alors quelquefois étalage de


savoir, car tous ses souvenirs renaissent dans cet

état,et les objetspasséss y reflètent comme dans un

miroir.

A Rennes, en janvier 1841, Victor VHérie^ cet

artiste de talent, mort si malheureusement, était en

représentation avec la troupe de M. Toriy; j'as-


sistais
avec lui à la répétitiond'une pièce qu'il
devait jouer le soir, c'était Roquelaure. Une jeune
actrice m'avait demandé que je l'endormisse en

attendant; je l'avais fait, et lorsqu'on vint la nir


préve-
que l'on répétaitla pièce et que c'était à elle à

paraître,elle était endormie et arrivée au somnam^

bulisme. Elle me priade la réveiller sur le champ,


en me disant qu'elle ne savait pas seulement son

rôle, qu'elle ne l'avait lu qu'une fois; je la surai


ras-

en lui disant que probablement elle le répète-


MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL. S5tf

rait très bien, si elle voulait le faire pendant qu'elle


dormait.

Tous les artistes le demandèrent excepté THérie,


mais je le rassurai ; je conduisis la jeune actrice sur

la scène, et, au grand étonnement de tous, elle

donna parfaitement la réplique et sut son rôle d'un

bout à Tautre sans se tromper.


Je la réveillai sur le théâtre même, et dès qu'elle
fut éveillée on lui dit de répéter; elle ne savait plus
,

rien, et nous dit qu'elle n'avait pu relire son rôle

qu'une fois. Elle ne voulait pas croire qu'ellel'avait


répété d'un bout à l'autre et que la répétitionétait
finie.

Sommeil sur des idiots.

A Nantes, le docteur Bouchot, médecin en chef de

l'hôpital voulant
Saint-Jacques, avoir des preuves sitives
po-
de l'action physique du magnétisme, me posa
pro-
de magnétiser des idiots.

Je me transportaià l'hôpital,et là, devant une

douzaine de personnes, parmi lesquellesse trouvait

le prince delà Moskowa, de magnétiser une


j'essayai
femme idiote.

Je lui pris les pouces, mais bientôt elle retira ses

mains et me donna des coups de poing. Je lui pris


alors un seul pouce, et de mon autre m«in je parai
les coups qu'ellecherchait à me donner, me faisant

en outre les plus laides grimaces imaginables.


Après quarante minutes de combat, pendant quelles
les-

continué
j'avais à envahir son organisme,ses
256 L'ART DE MAGNÉTISER.

se fermèrent, et bientôt après elle était plongée


yeux
dans un sommeil profond dont elle ne sortit que
,

lorsque je la démagnétisai.
On avait pu la piquer impunément sans qu'elle
donnât signe de sensation.
'

Certes, ici, il n'y avait ni influence de Timagina-


tion ni effet d'imitation. On n'avait pas même noncé
pro-
le mot magnétisme .

Sommeil sur des animaux, lion, hyène, cbien, chat, écureuil,


lézard, plantes, etc.

J'ai fait des essais sur plusieursanimaux ,


et j'ai
obtenu un pleinsuccès. Le publicde Paris se rappelle
sans doute le chien que je présentaile 20 janvier
1843, dans une séance publique ,
salle Valentino.

C'était un petitlévrier qui m'avait été donné puis


de-

huit jours : quinze cents personnes se vaient


trou-

dans la salle
,
parmi lesquellesbeaucoup crédules
d'in-

et de malveillants.

Dès les premières passes que je fis pour endormir


le chien ce fut une explosiongénérale de railleries
,

et de sifflets. On appelaitTani mal, on cherchait h


détourner son attention et a empêcher l'effet de se

produire.
Je le tenais sur mes genoux, d'une main je lui

prenaisune patte et de l'autre je faisais des passes de


la tête au milieu du Après quelques minutes
corps.
le silence le plus profond régnait dans la salle; on
'

avait vu la tête du chien tomber de côté et mir


s'endor-

profondément,Je lui cataleptisai


les pattes, je le
H^NËTISMB EXPÉRIMENTAL. 257

piquai, et le chien ne donna aucun signe de tion;


sensa-

je me levai et le jetaisur le fauteuil;il resta

sans faire le plus petitmouyement : c'était un chien

mort pour tous. On lui tira un coup de pistoletà


Foreille rien eût
n'indiquaqu'il entendu.
,

On peut dresser les chiens à bien des exercices;


on peut les instruire ,
et nous en avons tu de bien

savants ; mais il n'est pas possiblede les habituer à

supporter la douleur sans qu^iisdonnent signe de


sensation; c'est donc réellement la pàralyéieque je
produisissur ce chien» par Teffet du fluide tique.
magné-

Plusieurs personnes vinrent lui enfoncer des gles


épin-
partout le corps. Celait un vrai cadavre.

Je le réveillai et aussitôt il redevint vif, gai^


,

corarme il Tétait avant le nez en Pair, tournant la


,

tète à chaque bruit,à chaque appel.


Ici on ne pouvaitplus douter ^
on ne pouvaitplus
croire au compérage; il fallaitadmettre le fait,le fait

physique, Faction sur les animaux.

A Tours, dans une ménagerie, a l'époquede la

foire, en 1840
,
j'essayai
d'agirsur un lion
,
sans en

prévenirpersonne.
Je me plaçaiprès de sa cage et je fixai mes r^ards
sur les siens. Bientôt ses yeux ne purent soutenir ma

vue ils se fermèrent; alors je lançai le fluide d'une


,

main sur la tête, et j'obtinsaprès vingtminutes un

sommeil profond.
Je me hasardai alors h toucher avec toutes Içs
.

précautions
possibles
sa patte
,
qui se tioavait près
17
258 L ART D£ MAGNËTISEIL

des barreaux ;
m'enhardissant je le piquai, il ne
»

remua pas. Couvai ncu que produitTeffet


j'avais lu
vou-

,
je lui prisla patte et la soulevai ,
puisje touchai
la tête et la main
j'introduisis dans sa gueule^ Le lion

resta endormi; je le piquai sur le nez, et le lion ne

bougea pas, au grand étonnement des personnes

présentesqui n'osaient en croire leurs yeux.

Je le réveillai : aussitôt le lion ouvrit les yeux et

reprit ses allures qui ne donnaient certainem^it


,

pas la tentation de renouveler les attouchements.

Pendant mon séjourà Tours


«
je fis plusieursfois
la même expérience, et toujours avec le même

succès.

A Nantes je tentai le même effet sur un lion et


^ ,

j^oblins
les mêmes résultats.

Taction
J'essayai sur une hyène ,
mais j'obtinsdes
effets tout différents. Sitôt que la hyène sentit le fluide,
elle donna des signes d'inquiétude elle n'eut plus
,

im moment de repos et enfin elle arriva au roxysme


pa-
,

de la fureur. Si la cage n'avait pas été lide,


so-

elle l'aurait brisée pour fondre sur moi. Toutes

les fois que j'essayai


sur cette bête, toujours la même

fureur se manifesta ; et même après deux ou trois

fois à peine dans


j'entrais la ménagerie qu'aussitôt
, ,

elle s'élançaitsur moi. Ce fut au point que le pro-


priétaire
me pria instamment de ne plus venir, gnant
crai-

malgré la solidité de la cage qu'ellene la


, »

brisât et qu'iln'arrivât un accident.

Les chats sont très impressionnables


au fluide. J'en

91 endormi plusieurs nn ,
entre autres obes M« 6a«
260 ^'ÂRt DE MAGNÉTISER.

Quant aux autres que je ne magnétisais


pas ,
je
faisais une autre expérience sur eux ; je voulais voir
sa-

combien de temps ils pourraient vivre sans

manger.
Je les laissais seuls, dans les bocaux ne leur don-
nant
,

rien à manger j le papier qui couvrait les bo*

eaux était percé de petits trous pour qu'ilseussent


Un peu d'air. Tous ceux que je ne magnétisai pas,
moururent après neuf, onze ,
treize jours, il y en eût

un qui vécut dix-buit jours.


Les deux qui étaient magnétisés moururent par
,

accident l'un après qnarante-deux jours l'autre


, ,

après soixante-quinze
jours.
Le premier, je l'avais réveillé
,
et à la
j'étais sée^
croi-

je penchai maladroitement le bocal qui tomba

avec le lézard sur la dalle.

posé le bocal
L'atitre, j'avais sur la croisée, au

soleil ;•ilétait très-gai très-frétillant par malheur je


, ,

fus obligéde sortir,oubliant mon lézard; lorsque


trois heures après je rentrai je trouvai mon pauvre
,

lézard cuit il était entièrement desséché par le soleil,


^ ,

le verre s'était échauffé; comme il y avait peu d'air

dans le bocal mon pauvre lézard fut grilléaprès


,

soixante-quinzejours de dîèle et de sommeil gnétique.


ma-

Par ces expériences j'aiacquis |la certitude


,
que
dans le sommeil magnétique on pouvait faire vivre
,

longtemps sans nourriture, des êtres vivants.


,

Les expériencesfaites sur ces deux lézards en sont

la preuve convainte; surtout^ si on les rapproche de


MAGNËTISliE EXPÉRIMENTAL. S6i

celles faites sur les autres lézards qui mis dans les
, ,

mêmes conditions sont morts après dix et quinze


,

jours 9 tandis que ceux magnétisés, ont vécu qua*


rante-deux et soixante-quinze jours et ne sont morts

que par accident.

Lorsque je me trouvais à Caen, j'aifait une rience


expé-
sur des fleurs. Un horticulteur avait deux géra-
niums, dont Tun se mourait et n^avait jamais plus
d'une feuille, qui jaunissaitet tombait aussitôt;
Tautre était constamment vert et se conservait très

bien.

Je magnétisaicelui qui se mourait, et, après quel*


ques jours ,
il eut plusieursfeuilles qui ne jaunirent
plus. Le géranium pritde la vie, et bientôt après il

fut couvert de feuilles;bien plus, il avait dépassé de


beaucoup celui qui n'était pas malade. Je continuai,
et il donna des fleurs avant Tautre.

Je dus penser, et Thorticulteur également, que le

fluide communiqué à cette plantelui avait donné de

la force et de la vie. Je l'avais arrosée avec de Teau

magnétisée, pendant que l'autre était arrosée avec de

Peau ordinaire.

Cette expérience et bien d'autres, faites avec soin,

peuvent donner la preuve que le fluide nerveux prend


son principedaas le fluide universel, et a toujours
les propriétés vivifiantes, qu'il possède avant de

par notre machine animale.


passer
Dans un chapitre suivant, je cite le rapport d'eifi-

faites par
pà:*içnc6fi M. Picard, médecin horticulteur

de Saiot-Quentîn, qui a expérimenté sur uœ grande


â62 L ART DE MAGNÉTISER.

échelle; ces faits viennent à Tappui de mon opinion»


qne le magnétisme employé avec discernement est
» »

vivifiant et curatif pour toute substance organisée.

Efîels du RoucboD.

De tout temps les phénomènes du magnétisme ont

rencontré de Pincrédulité de tout temps ils ont


,

donné lieu au charlatanisme.

On a toujourspréféré admettre une autre cause dépendan


in-
de rhomme, plutôt que de reconnaître à

cet être supérieur une propriété naturelle, qui, bien


dirigée, produit des résultats merveilleux.

Au lieu de se donner la peine d'étudier les effets et

les causes, on aimait mieux attribuer les effets gnétiques


ma-

à des productions chimiques, ou bien à des

causes surnaturelles.

Mon séjouren Angleterre donna lieu à tion


l'exploita-
d'un charlatanisme tout particulier.

Le docteur Braid, après avoir assisté à mes séances

et avoir vu les effets que j'yproduisais,voulut aussi

se faire un nom et devenir le créateur d^un nouveau

système,d'une nouvelle découverte. Était-ilde bonne


foi d'abord ? Je ne sais ; mais dans la suite ce n'était

plus possible^puisque je lui démontrai à lui, ainsi

qu'à tous, que les effets qu'ilannonçait être produits


par une cause toute différente du magnétismQ, taient
n'exis-

pas.

Bientôt il se mit a magnétiser positivement lui-

même, tout en niant le magnétisme, et en attribuant


MAGNÉTISME EXPÉRIMENTAL. 263

toujours a une cause différente les effets qu41 produi-


sait
à Faide du magnétisme même.

Le docteur Braid pose un bouchon sur le front»


qu'ilmaintient par un ruban autour de la tète; il fait
regarder ce bouchon par le sujet, qui est ainsi forcé

d'avoir les yeux en l'air ; tous les nerfs et tous les

muscles se fatiguent,la vue se trouble, la paupière


tombe et pour un instant ne peut être relevée.
M. Braid cherche alors à prouver par des expé«
riences que les sujetssont dans un état semblable à

rétat magnétique.
Voulant démontrer d'une manière positiveau blic
pu-
de Manchester, qui m'avait fait l'honneur de me

demander mon avis,que tous ces effets n'^existaient

pas» j'expérimentaipendant huit jours sur plus de

cent personnes et devant les médecins et les per-


sonnes
,

les plus honorables de la ville.

Voici les résultats des expériencesconsciencieuse-


ment

faites :

Sur l'une des personnes, fermeture des yeux


après trois minutes, mais point de sommeil; les

bras sont levés, mais peuvent être baissés à lonté


vo-

par le sujet.Je recommence l'épreuve ,


aucun

effet.

Sur quatre autres, les yeux se ferment après quatre


minutes, mais ils s'ouvrent à volonté.

Sur trois jeunes filles^sommeil profond après de


violents mouvements convulsifs.

A leur réveil elles déclarent être épilepttques,


et
,

en ^et la fatigueproduite par la fixité du regard


Ui VAUT DE MAGNÉTISER.

sur le bouchon avait provoqué une crise,et le meil


som-

n^ëtait autre que celui qui suit d'ordinaire la

crise d'épilepsie.
Sur dix autres, douleurs de tête;sur vingtautres,
rieu, absolument rien.

Sur une dame du monde, abolition de la vue» bien

que les yeux fussent ouverts; abaissement des pau*


pières,mais abaissement incomplet de la paupière
gauche. La tête devenant lourde et douloureuse, à

cause de la position(la tête était renversée en arrière

pour mieux voir le bouchon.) Point de disposition


au

sommeil, ni mémeii la.sompolence : elle marchait et

pouvait voir de Toeil gauche.


Les yeu3( se n?mplirent d'eau lorsqu'on eût soufflé
dessus. IVIalde tête.

Sur plusieursmédecins et sur moi-même, douleim


dans la tête et Aam le cou produites par la felîgiifi
,

de la position.
J'expérimentai ainsi sur près de cent personnes*
sans avoir aucun résultat.

Cependant M. Braid continua sesexpériences;mais»


4ifln d^avoir des effets positifs,il magnétisa à Taide

d'un tube de verre, pour avoir Fair de ne pa3 le faire,


et tout en attribuant les effets qu'ilproduisaità tool^

autre cause qu'au magnétisme.


Malgré cela, son système tomba promptement pour
ne pas se relever.

Il se rendit à Londres pour y essayer aa prétendue


découvèrie^ mais îl fut bafoué, et se contenta de trai-
ter

à ^ manière a Manchester.

EXAGÉRATIONS DES MAGNÉTISEURS. SM

SB

CHAPITRE XIV-

BXAGtRATIONS DES MACIKtTISBURS.

Un jeune magnétiseur,trop confiant et trop en*

thousiaste, se laisse entraîner dans une voie où il ne

tardera pas à rencontrer beaucoup de Il


déceptions.
accorde une trop grandeconfiance aux somnambulesi
^isil juge ti^p légèremeut certains effets.
Par exemple,il pense que, lorsquMlmagnétiseui|

malade à travers une drogue pharmaceutique,il pro*


duit sur ce malade Feffet de ce médicamment.
C'est une erreur.

Il fondrait,pour que cet effet fût


produit,que le
.

fluide traversant de Témétique, par exemple, se

^^rgeàt de ses et les communiquât


propriétés, au

malade. Or, le fluide ne peut pas se charger des


effluves ni des propriétédes corps il lès
étrangers,
pendre et les traverse sans perdre ni gagner aucune

qualité
; son essence est trop subtile ,
et il arrive am

corps lequelil est dirigé,


sur chargé seulement des

propriétésdu systèmenerveux, d'où il est sorti. Si


le magnétiseurest sain de corps et en parfaite santé,
pleinde force et de vie, le fluide est plus subtil,plus
Vital^ il possède plus de force,agitavec plusd'iii-
366 L'ART DE MAGNÉTIS^ER.

tensitë et produit des résultats meilleurs dans For*

ganisme auquel il est communiqué (1).


Si le magnétiseur est souffrant le fluide est moins
,

intense, et se trouve moins chargé d'effluves taux


vi-

(2) mais il ne peut se charger des propriétés


,

des corps qu'ildoit ou peut traverser, pour arriver

à celui auquel il est destiné, ni changer de nature.

Si des effets ont été produits sur des somnambules,


ils ont pu rétre, soit par transmission de pensée^ soit
par rimaginationimpressionnée.
Si des effets ont été produitssur des personnes non

seule qui a
magnétisées,c'est l'imagination été frap*
péê alors et sur laquelleon aura agi.Tout le monde

sait combien est grande la réaction du moral sur le

physique.
Si des effets ont été produits sur des personnes
ignorant le médicament et Feffet qu'ildevait pro*
duire, il faudrait encore attribuer cela à tion
l'imagina-
à laquelleest venu en aide un heureux concours

de circonstances ; mais ces cas sont rares, s'il y en a.

Je le répète,le fluide magnétique ne peut se ger


char-

des ^uves ou des propriétésdes corps étrangers


à travers lesquelson le dirige;il arrive à sa tion
destina-

dans toute sa pureté première, sans avoir perdu


ou gagné, sans avoir été modifié en rien.

(1)Les soDiDambules lé voient alors très rouge feu, très brillant.


(2)Les somnambules dans ce cas le voient bleu et moins brillant,
quelquefois même 11 ressemble à du brouillard presque bumide :

dans un cas de cette nature, son action n'est pas salutaire au lade
ma-

auquel il est communiqué.


268 L'ART DE MAGNÊnSER.

jour,j'espère,je pourrai publiertout que l'expé-


rience ce

m'a fait connaître. Mais j'aiencocë^ besoin de

pratiquerbeaucoup, de multiplierles mits, afin que


le nombre en soit assez grand et je puisseà lonté
vo-
que
les reproduire d'une manièrjg certaine,pour
forcer à les admettre sans conteste,

II est préférable en toute chose mais surtout en


,

magnétisme, de ne pointparlerde phénomènes qu'on


ne peut démontrer à volonté. Attendons donc; avec

du courage, de la persévérance et de la patience, on

peut espérer arriver à tout.

Les somnambules peuvent tomber seuls en nambulisme


som-

; c'est ainsi que nous voyons beaucoup


de somnambules s'endormir seuls,sans avoir besoin
d'un magnétiseur.
Quant aux hallucinations des somnambules éveils
lés, je n'y crois en aucune manière. Le magnétiseur
ici est tout à fait dupe de son enthousiasme et de son

somnambule.

Défîons*i)ous donc des exagérationsqui nous sont

avancées par certains somnambules ;


ils sont souvent

dupes eux-mêmes de ce qu'ilscroient éprouver.


Il y a des magnétiseurs qui croient pouvoir
rendre invisibles» aux yeux de leur s(minambule

éveillé,des objetsou des corps magnétiséspendant


leur sommeil; ainsi, ils magnétisent le corps d'une

personne présente, sans projeterde fluide sur la tète,

et le somnambule, à son réveil,est tout étonné de

voir une tête,sans corps, se soutenir en le corps


l'air;
ayaotété rendu invisible par la magnétisation
: ou
EXAGÉRATIONS DES MAGNÉTISEURS. 269

bien, ils magnétiserontun objet,qui deviendra sible


invi-

pour le somnambule.

C'est diaprésdes expériencesde ce genre que ces

magnétiseursont pensé qu'ilspouvaient rendre visibles


in-

des objetsmagnétisés et que c'était une des


,

du
propriétés fluide magnétique.
Ceci n'est pas ce qu'on peut appeler un effet : le

fluide magnétique ou nerveux n'a pas la propriété


de rendre invisibles les objetsauxquels il est muniqué,
com-

11 ne chéfngepas la matière, et son effet ne

peut se continuer sur le sens après le réveil chez le

somnambule.

Lorsqu'on réveille un somnambule et qu'ila les


,

yeux ouverts, avant qu'ilsoit tout à fait éveillé et tièrement


en-

dégagé, il ne voit les objetsautour de lui"

que confusément, et il ne distinguerien avant d'avoir

vu son magnétiseur, qu'ilcherche du regard,et qu'il


aperçoitavant tgut. Bien quMl ait les yeux ouverts^
il ne voit et ne distingueaussi les autres personnes
ou les objetsque lorsqu'il
est entièrement éveillé et

totalement dégagé; cet effet peut se prolonger quel-


ques
minutes si le sujetn'est point dégagé fortement;
et en passant je ferai le reproche à tou§ les tiseurs
magné-
de ne pas assez dégager leur sujet.
Cette prétendue invisibilité n'est pas produite par
le fluide communiqué à elle
l'objet, est tout ment
simple-
la conséquence d'un réveil et d'un dégagemmt
incomplet. Jamais vous n'obtenez cet effet si vous

avez dégagé et réveillé entièrement. Pour que cette

se présente,il n'est pas


espèced'invisibilité néces«
270 UART DE MAGNÉTISER.

saire que Vobjetsoit magnétisé ; c^est un reste de Ten-

gourdissement,delà paralysieque vous avez produite


par le sommeil, et qui subsiste partiellementjus-
qu'au
retour parfaità Tétat normal; de même qu'ily
a souvent engourdissement dans les jambes qu'ilfaut
que vous dégagiez-,
quoique la personne soit éveillée

aussi bien qu'on peut l'être.

Il est des aberrations que nous ne prendrons pas


la peine de combattre ; dans cette catégorie nous
classons celles de certains magnétiseurs qui croient

que les somnambules vont à ce qu'ilsappellentVins-


traction, auprès d'êtres spirituels.
Cela ressemble

trop au sabbat de nos sorciers d^autrefois.


Il en est d'autres enfin, dont les somnambules tendent
pré-
être en communication directe avec des

anges, et recevoir d'eux des objets matériels, fabri-


qués

par la main de Fhomme, tels que des couronnes

d'argent,des branches de thym, etc.

Ce sont ces folles exagérations qui ont fait et qui


font encore tant de tort à la brillante découverte de

Mesmer. Ce sont la des motifs raisonnables les


pour

corps savants de repousser le magnétisme.


Ne donnons donc pas prise sur nous, par des folies
de ce genre ! Voyons le magnétisme tel qu'ilest,c'est-
à-dire un effet naturel et physique provenant d'une

cause physique et naturelle.

Le magnétisme nous offre des phénomènes assez

remarquables, des effets assez merveilleux, sans que

par notre imaginationnous en ajoutions encore. Ne


PHËNOMÈNES EXCEPTIONNELS. â?l

dbercbans pas à faire de la magie j je le répète,c'est


par Ik que le magnétisme se perd.
En prétendant guérir toutes les maladies» en çant
avan-

qu'iln'est plus nécessaire d'employer les moyens


pharmaceutiques, en prétendant que les bules
somnam-

remplacent avec avantage les médecins , que


toute la science de ceux-ci devient inutile et qu'une
,

femme endormie en sait plus long qu'eux, nous

BOUS sommes fait taxer à raison de fous, d'enthou*


siastes,de rêveurs, et de charlatans. On nous a fermé

toutes les portes, et c'est notre propre faute.

Laissons donc dorénavant toutes les exagérations,


n^avançons donc plus de faitssans que nous puissions
les prouver, ne présentons que des effets simples;
soyons rationnels,sages et prudents ; il n'est pas né-
cessaire

que nous divulguionsles choses les plus mer-


veilleuses

du magnétisme, pour obtenir son adoption


et son emploi; gardons pour nous quelques secrets;
il sera temps de dire notre dernier mot, quand noti^

cause aura triomphé.

CHAPITRE XV.

PUÉ.VOMÈNES EXCEPTIONNELS.

li est dans la nature des phénomènes tout liers


particu-
,
tout exceptionnels qui sont en contradiction
,

avec les théories établies^Lorsqu'ilsse présentent


272 LART DE HAGNÊtiSBR.

chez des animaux, on les admet sans discttsslen;


mais lorsqu^on les rencontre chez l'homme on les
,

repousse avec force, on les dénie, bien que ce soit des


faits positifs,
et que des faits ne puissentêtre détruits

par des théories.

Ainsi on admet la fascination produitepar certains

oiseaux et certainsreptiles;
toutle monde sait et croit

que répervier, en planant au-dessus d'un autre

oiseau le tient paralyséà sa place , jusqu'aumoment


,

où il fond sur lui et s'en saisit.

Personne n'ignore que la couleuvre, en regardant


le crapaud fixement, Tattire à elle et qu'ilvient, mal-
gré

lui, en sautant, jusque dans sa gueule; elle

exerce sur lui non-seulement de la fascination mais


,

encore de Fattraction.

On reconnaît à certains animaux la faculté de vivre

plusieursmois sans manger et sans qu'il y ait ch^

eux altération de la vie telles que les marmottes qui


,

dorment six mois de rdnnée4

On est convaincu qu'ilexiste des poissonsqui pos*


sèdent une certaine quantité de fluide électriqueet
ont la faculté de l'émettre au dehors telles que la
,

torpilleet la gymnote.

J'en ai vu une à Londres et j'en ai moi-même


,

éprouvé les effets.

A la galerieAdélaïde se trouvait exposée une gnifique


ma-

torpillede près de cinq pieds;elle vivait dans

un bassûn qu'on lui avait construit et qui était enfou-

ré de grillage afin que personne np pût y toucher }


,

on h nourrissait de petitspoissons .
PHÉNOMÈNES EXCEPTIONNELS. S73

Je demandai la permissionde la toucher le direc-


teur
,

s^empressade satisfaire à ma demande car il


,

m^aYtf t reconnu (1 )
Je fus introduit dans de
l'espèce cabinet où la tor-
pille

se trouvait exposée et je la pris d'une main


,

près de la tête et de Tautre près de la queue : a Tin»-

tant j'éprouvaiune commotion tellement forte


, que
je fus presque renversé. Cette commotion était en

tout semblable à celle reçue par une bouteille de

Leyde fortement olhrgée.


Je voulus recommencer ,
et en mettant les mains
,

dans l'eau I
je reçus une légère secousse; attendu

que ,
comme chacun sait,Teau e^t excellent conduc*

teur du fluide électrique.


Je saisis de nouveau et de

la même manière la torpille,et je reçus encore un

violent choc
,
mais cependant bien moindre que le

premier; le troisième fut petit» et le quatrième fut


presque insensible. La s'était dégagée de
torpille tout

son fluide électrique.


On lui dpniia des petitspoissons ,
sur elle
lesquels
se ordinairement
jetait après avoir donné une cousse,
se-

et quelquesinstants après elle était encore en

(t ) À Londres ei dans toute F Angleterre tout le monde


^
me con-
ÀatesaU ell ne vayant. J'étais le sent qui portasse la barbe (comme
je la porte eneore), et le T»m«j, en rendant compte dema premièra
séance, avait rempli une colonne sur ma barbe et mon chéiif per*
Bonnage, et cet article avait été reproduit par tous tes joaniaux de

province. Aussi, dans les rues, bien des femmes se cachaient la Au-
gure
en m'apercevant d'autres se retournaient
,
et cela afin de ne
,

pas être endormies par mot ; il y en avait quelq«e8-ynes qui me


riaient franchement au nez : celles-ci se moquaient de moi y
et n*a-

|Nis peor 4tt Skeptr, c'est ainsi qa'on me nommait.

18
S-ft L'ART DE MAGNÉTISER.

état d'en donner; mais ce elle


jour-la, se troavaît tel-
lement

épuisée qu'ellene ,
toucha pas aux poissons;
ellese laissa aller au fond du bassin et restai immobile,

Je ne puis me dispenserde citer ici une expérience


•sur les chats, tirée des Observations sur féleetri-

cité animale par M. Beckensteiner et qui tendrait à


y

prouver qu'une grande partiedes animaux, si ce n*est

la totalité
,
aurait un appareil spéciald^tiné à pro-
duite
la déchar^ électrique.
Après quelques réflexions sur le système nerveu^f
,

M. Beckensteiner s'exprime ainsi :

• « On peut obtenir la commotion électriquesur le

» chat de la manière et dans les conditions suivantes :

» Par un froid au-dessous de zéro un vent du


,

9 non] un ciel serein, si le chat a froid, ce qui se


,

» voit facilement à du poil qui


l'aspect est couché
,

» et semble avoir été graissépartiellement et, si


,

1^ l'expérimentateura également froid aux mains,


» il prendra le chat sur ses genoux, lui posera les

» doigtode la main gauche sur la poitrine ,


et il pas-

n sera la main droite depuis le cou jusqu'àla queue^


» le long de Tépine dorsale. Après quelque» passes
» légèrementappuyées, la secousse électrique
se pro-
» duira; elle parait partir de la poitrine du chat,
» traverser le corps de l'expérimentateur,
et se ter-

^ miner à la main placée sur le dos du chat.

» Quoique le chat éprouve du plaisir


aux passes
» faites le long de l'épinedorsale, il se sauve h

» toutes jambes après la secousse ;


il se prête diffici-
» lemcnt à une seconde épreuve»et ce n'eftt que le
â76 L*ART DE liAGNÉTlSBR.

nie pas : mais qu'un être humain , par une tion


excep-
toute particulière
,
possède la ajême faculté ^
on

nie, on repousse le fait,on ridiculise ceux qui ont

vu sans préventionet croient au témoignage de leurs

yeux.
C'est ainsi qu'on en a agi pour Angélique Cotlin.
Cependant cette jeune fille possédaitbien la faculté

d'émettre le fluide électriquequi se développaiten


elle(l).
J'ai eu trois fois cette jeune vijlageoisedans mon

salon, peu de jours après son arrivée à Paris. La

première fois,ce fut le 15 février 1846, quatre jours


avant sa présentation ches M. Arago.
Je l'ai observée en homme qui craint les super*

clieries,
et voici les résultats constatés par plusieurs
assistants.

Les personnes qui l'avaient conduite ehés moi


,

lui avaient dit que je pourrais l'endormir, et que si

je le faisais,elle perdraitsa précieusefaculté. Alors

elle était fort effrayée en ma présence, au point


que pendant plus d'une demi-heure rien ne se duisit.
pro-
Cette circonstance me fit tenir encot*e tage
davan-

sur mes gardes.


Cependant je pensai que peut-êtrele parquet ciré

du salon pouvait être un obstacle à ce que les nomènes


phé-
se présentassent, le parquet étant un vais
mau-

(Conducteur du fluide électrique.

(i) Tanc"oc. Enquête sur I aalheoUcbé des pbéfloméiies


triques
élec-
d*Angéljque GouiD, 181^» in-S.
PHËN"»1ËNES EXCEPTIONNELS. 977
«

Je la conduisis dans la salle à manger qui est

dallée; et, en efiet,après cinq minutes, les premiers


effets eurent lieu. Ce fut d'abord une chaise qui
,

toad)a. Nous lui présentâmes une autre chaise. Au

moment où elle se disposaità s'y asseoir un lent


vio-
«

mouvement se déclara : la chaise que je tenais»


,

se à droite
Jbelaiiça et à gauche après avoir été re*
y

poussée.
Je présentaiun fauteuil et je le tins avec une autre

personne ; mais lorsque la jeune fillevoulut s'asseoir ;

le fauteuil recula et balança fortement, et serait

tombé sans un vigoureux effort de notre part. Ce-


pendant

nous le tenions fortement afin de le fixer


,

à terre.

La jeune Cottin recevait un choc toutes les fois

qu'un effet se produisait, et chacun de ces effets était

accompagné d'un mouvement de frayeur de sa part.


Tout à coup» en se retournant, et touchant par ha*

sard une table, elle fut repoussëe à deux ou trois

pieds : puis aussitôt une, deux, trois chaises tombe*

rent, sautèrent dans la salle.

Après que nous eûmes bien constaté fois


plusieui's
ces effets comme étant bien réels,nous rentrâmes

dans le salon. Les phénomènes continuèrent, mais


avec moins d'intensité.

J'endormis devant elle la jeune somnambule

Louise. Lorsque Angélique Cottin la vit arriver à l'é-


tat

extatique,provoqué par les sons du piano, elle


fut fortement impressionnée; elle s'approcha du

piano devant lequel était assis notre célèbre auteur


»76 L'ART DB MAGNÉTISER.

(du Gliûlct,M. Adolphe Adam»43t subitement le piano


éprouva uijq secousse, et sauta à un pkd de haut;

M. Adam en resta tout saisi.


.

Ppur yérifier la spontanéité de ce fait,nous eeh

sayâmes d'enlever le piano mais il nous fallut pour


,

cela faire des eiforts extraordinaires.

.M. Adam continua à (sàve de là muskj^e^ et te

piano cette fois fut repoussé de plus d'un pied. Lep


yeux de toutes les p^rsonitês présentes ae qai^taient
pas la jeune fdle : elle ne fit au^cun mouvement, elle

ne touchait même pas au piano.


D'ailleurs»elle était beaucoup trop préoccupée des
évolutions de co^ps et des. caivbnireâ
gracieuses, de
la somnambule Elle
extatique. en fut même imprest-
sionnée av point de verser des larmes. •

On éveillaJa somnambule^ Celle-ci alors cha


s'appro-
de la jeune Cottin, pour lui dire que soa extase

ne la faisait pas souffrir. En lui parlant,elle lui pritla


main : mais à peine les deux. mains furent^elles en

contact, que Louiae tomba endormie comme si elle


,

eût été foudroyée, et la jeune Cotlin éprouva tti^

sensation analogue à celle qu'ellerassentaît en faisant

danser les çbaisps, c'est une douleur dans le bras

gauche comme si elle recevait un coup a la saignée.


,

Le fer ne semblait produire aucun effet sur elle;


rinfluence du bois sq faisait sentir de préférence.
Lorsqu'elle approchait son poignet gauche d'une

bougie allumée, la lumière» de dev^e-


per|)6ndiculdire
nait horizontale, comme si elle eût été soufflée coaf i-

imellemeil.
PH£N0MËN£S exceptionnels. 979

Scm. avant-bras gauche accusait un mouvement

0(Mitinu» qui n'était pas un treniblement.


Dix jours après la jeune Cottin reviqt chez moi;
,

les effets ne se produisirentplus et la troisième fois


»

il y en eut quelques-uns par* ci y par-la;mais ils n'é-


taient

pas francs comme la première fois.


On a nié ces effets
,
quoique beaucoup de savants»
de gens du monde, les aient vus dans plusieurssalons}
on a crié au charlatanisme., à Timposture. Cepen*
dapt, s'il y avait eu charlatanisme ou imposture,
si enfin la famille de cette jeune fille, si la sonne
per-
qui l'avait amenée à Paris, n'avaient pas cru

ces effets réels, seraiept-elles venues s'adresser à

l'Aoadémiç pour les faire constater ? Ne se seraient*

elles, pas contentées de les exploiterdans quelque


salle publique avant d^aller trouver Messieurs les
9

Savants ?

C'était au moment des menstrues, le 15 janvier


1846, que ces effets avaient paru pour la première
fois; ce fut vers la fia de février^ un mois et deipi
après^que ces effets disparurentet ne se montrèrent

plus régulièrement.
Ne pourraiton pas admettre que chez cette jeune
fille,âgée de treize ans, il s'était passé un fait inex*

plicableau moment du flux de sang, et que le sys-


tème
nerveux avait reçu une secousse, qui avait dé-
rangé

l'équilibre
de la circulation en accumulant une

plus grande quantité d'électricité au cecveau ? Cette

suppositionest d'autant plus probable, que les pre-


miers
effets ont eu lieu après un violent ovage.
aeo LART DE MAGNETISER.

Ce fait n'est pas unique; il y en a d'autres. Voici

un phénomène analogue, qui m^a été rapporté en

1841 à Rennes» par un témoin oculaire, qui n'avait

aucun intérêt a me faire un récit imaginaire.


M. Benèche, inspecteur-généralde la compagnie
d'assurance contre la grêle, vînt me raconter que se

trouvant a Carcassonne, en 1833 ou 1834, il se dit


ren-

à un villagesitué a deux lieues de Carcassonne,

avec M. Barlhe, professeur de physique au petitsémi-


naire

de Carcassonne, pour voir une jeune fille de

huit ou neuf ans, qui, à certains moments, par sa

seule présence dans une cuisine, faisait danser toutes

les casseroles, les pelleset les pincettes.Il y avait

déjà six ou huit heures qu'ilsétaient là,sans qu'il se


passât rien. Il partirentcroyant à une mystification,
mais ils n'avaient pas fait cent pas qu'on les rappela.
Ils revinrent en toute hâte et virent la jeune fille au
milieu de la cuisine et toutes les casseroles sauter,

danser; les chenets, les pelles,les pincettes, tout

ce qui était métal était en mouvement; même le

feu les tisons, les bûches furent lancés au milieu de


,

la cuisine.

Le docteur Charpignon ,
dans son ouvrage (1),cite
égalementun fait d'électricité.

A Une femme accoucha récemment d'un enfant

» qui ,
semblable à la torpilledonna ,
une espèce do

WM

(1) Charpignon. Physiologie Médecine, ^


et Miiaphyiifuein Jfa-
gnélismeflBW, 1 vol. iQ"8.
PHÈNOlitNES EXCEPTIONNELS. fgf

n commotion électriqueau médecin qui le mit au


moi^. Il fut aussitôt placédans un berceau d'osier,
» su{^rtépar des pieds de verre et il dcmna des
i

)» signes d^électricité. Il a conservé cette propriété


» remarquable Tespace de vingt-quatreheures à
» ,

» lel pointqu'on put charger une bouteille de Leyde,


» tirer des étincelles, dt faire une foule d*expé-
» riences. »

Ces faits sont extraordinaires et exceptionnels,


mais enfin ils existent et bien d^autres encore.

Ain^ sans parler du ^énomàie particulieraux


,

deux sœurs dont le journal de Smyme a entretenu

ses lecteurs, et qui jouissaientchacune d'un fluide

particulier;sans parler du j^énomène non moins

extraordinaire dont les journaux américains ont

rendu compte nous voulons dire cette femme d'un


,

docteur, qui laissait échapper de longues étincelles


des objetsqui Taj^rochaient pendant ,
une maladie

qui dura sept ou huit mois jo vais ajouter un mot


,

sur un fait qui m'est personnel.


Il est des individus dont il suffit de toucher les

cheveux pour qu'ils'en échaj^ de légèresétincelles


,

électriques.
Je ne m'étais jamais aperçu que je pos*
sédasse la propriétéd'émettre du fluide électriqueen
touchant mes cheveux
,
lorsqu'on mars 1848, à rence,
Flo-

ma tète devint en feu en passant un peigne


d'écaillé; il sortait une telle quantité d'électricité,
que quelques personnes s'en effrayèrent,et qu'un
enfant qui était là s'écria oh ! le feu , le feu k ta tête
,

de M, Laf"»taine.
asa LART DE MAGICËTISER.

: Cet effet se continaa du cinq au vingt*cinqmars,


et disparut; en octobre même année il reparut ; en'
,

mars ISftO, le même phénomène eut lieu, mats moins

fort. J'ai observé cette particularité,


que rélectricité

s'échappait,seulement, avec un peigne d'écaille, et


qu'avec un peigne de buffle il ne sortait rien.

Il y a donc eu chez moi,^ à différentes époques, dc«


cumulation du^fluide
électrique.
Depuis,je ne me suis

point aperçu que cet effet fut revenu.

A ne considérer que les phénomènes consignés,


dans les annales médicales les fous nous en offrent
y

des exemples assez frappants.On en a vu


,
et la plu-»
part des auteurs sont d'accord 3ur Tauthenticité de

ces faits dans la manie aiguë furieuse sans meil^


som-
, ,

sans aliments, sans sentir Tlmpressiondu frtûd,


vociférant et blasphémant jour et nuit faisant des
,

efforts pour briser leurs liens


,
quelquefois demeu-
rant

pendant plus d'un au dans cet état.

D'autres aliénés, après trois mois d'abstinence lontaire,


vo-

jouissentd'une force musculaire dante


correspon-
à la fureur qui les transporte. On est mirprisde
la facilité avec laquelleguérissent,sws rraièdes, les
contusions et les déchirures qu'ilsse font et la mé-
decine
»

en est a se demander où ils puisentcette^force


prodigieusequ'ilsdépensent en si grande quantité.
Voici un fait qui pourraitpeut-êtrenous éclairer.

Un individu très efaétif,


en proie à cette espèce de dé-
mence,

aprèsavoir jetétousles meubles par lafenétrai


et monté sur le oorps de ses gardiens parvint k chapper.
s'é-
,

Un sergent de ville crut pouvoir l'Arféter


«4 L ART DE MAGNÉTISER.

Ce fait nous proave aussi que l^asphalteisole


œmplètement les individus atteints de cette mence
dé-

furieuse, qui leur donne une force telle»

que six hommes vigoureux sont insuffisants pour


les contenir.

Cette observation nouvelle combinée à celle faite


,

par un médecin américain d'isoler cette espèce de


,

malades en plaçant sous les piedsde leurs lits des teaux


gâ-
de résine ou d^asphalte,peut nous mettre sur

la voie d^une découverte très importante, celle de

connaître les rapports qui existent entre les êtres qui

se meuvent sur le sol et les effluves de la terre ;


quelques Allemands paraissent déjà pei*suadés que
les animaux sont liés à la terre aussi bien que
les végétaux , parce qu'ilsappellent des influences
telluriques.
Cette propriétéde retenir le fluide galvanique est
peut-êtreravant-coureur des phénomènes qiie nous
venons de signaler.
Quant aux fous, on remarque que Télectncité

les excite beaucoup, et les menace de congestions


cérébrales s'ils se trouvent dans un état de thore.
plé-
,

C'est encore à cette influence de Télectricité que

se rapportent une foule d'autres phénomènes : ainsi

l'engourdissementd'un membre ,
appelé communé-
ment

aussitôt qu'ilentre
fourmillement , disparaît en

contact avec le fer;ainsi les symptômes qui assaillent


les voyageurs aux cimes des hautes montagnes dans

les deux hémisphères , soit que le courant suivant


,
PHÉNOMÈNES EXCEPTIONNELS. 285

sa direction dans ces diverses partiesde la terre, dé*

place le centre de rélectricité le jetteaux partiesin-


férieure
,

du corps, et produise par là le narcotisme,


soit qu'au contraire il Taccumule à Focciput et pra*
voque des effets opposés, sont instantanément dissipés
toutes les fois que les voyageurs en selle sont isolés

par la soie ou d'autres mauvais conducteurs et paraissent


re-
,

à chaque descente de cheval. C'est à la


même cause qu'ilfaut attribuer le soulagement des
personnes sujettesaux crampes par Tusage d'une
,

barre transverse de fer sous leur matelas, etla rition


réappa-
spontanée de cette douleur en quittant le lit

qui servait d'isoloir


,
aussitôt que Ton se tient debout

sur le sol conducteur; soit Texcès du fluide se


que
perde dans le réservoir commun
,
qui le soutire ;

soit, au contraire, que celui-ci en fournisse de veau


nou-

; à la même cause encore la douceur du meil


som-
,

et la prompte réparation des forces sur un lit


de simple paille, parce qu'elle est reconnue pour
le plus rapide et le plus sûr conducteur du fluide

électrique.
Comment expliquer,sans cela ces guérisonsd'hé«
,

miplégieset de paralysiespartielles
par son secours
^

ces personnes attaquées ou guéries de catalepsie


9

d'aliénation mentale, Teffet de la foudre; enûq


par
l'influence de la température ou de la latitude phique
géogra-
sur les végétaux et les animaux; à ce point,
par exemple, que les serpents de laMartiniquetrans*
portés à la Guadeloupe ,
dix lieues à peu près de dis«"

tance, meurent incontinent? C'est un phénomène du


m VAVt DE MAGNÉTISER.

même genre qui a lieu dans ces îles où toute une

populationtombe malade aussitôt qu'ily débarque un

étranger;je pourrais citer mille autres faits auxquels


chacun a souvent pensé et qui ont mis en défaut les
,

savants, raison peut-être pour laquelle ils les ont

trop dédaignés.
Nous connaissons encore à Liège M. Daîgneuxj rue

du Collège, receveur de la ville : il fut atteint d'une

maladie nei'veuse qui le privaitsubitement de ses

forces. Vainement les médecins, réunis chez lui, s'é-


talent concertés ; tous
les moyens avaient été ployés,
em-

même le magnétisme ,
exercé par un médecin-

allemand; il n'en avait retiré aucune amélioration :

cependant quoique abandonné par la science il*


, ,

n'en médita pas moins sur son état, et finit par

constater qu'étant assis les jambes dans la direc-


tion
,

du nord il recouvrait immédiatement ses


,

forces et sa santé. Cette découverte lui valut sa gué-


iison.

On doit voir avec quelque étonnement l'influence

de la positionsur le courant électrique


; et puisquef
cette seule cause sufl^tpour aimanter une barre de

fer,ne serait-il pas à propos que les médecins oIk

sellassent cet effet sur le lit de leurs malades af-^

fecfés de névrosés?

L'âme ne se lie peut-être à la vie que par ud

juste équilibrede deux électricités, équilibreque


la médecine est ^appelée à rétablir quand il est

rompu.
• Voici un phénomène d'un autre genre î
PHÊlVÔIfÈNBS EXCEPTIONNELS. âSt

J^ai V» à Londres un homme qui prétendaiti^étré


habitué k ne pas manger, par suite d'un vœu qu'H
avait fait depuis cinq ans.

Je ne sais s'il pouvait rester pinceurs années sans

manger, mais ce que je puis affirmer, et ce qui est

un fait assez extraordinaire pour être cité, c'est quHl

est resté littéralement pendant quinze jourssans ger


mana-

ni boireé

Le docteur Binns l'un des rédacteurs du Times


, ,

fitvenir chez lui cet individu qui était Irlandais. Le

docteur avait réuni plusieursmédecins et quelques


,

antres personnes; j'étaisdu nombre. Il nous pré*


senta .y n homme de vingt-sixà Vingt*huit
ans, blond,
«Pune taille moyenne d'une constitution que.
lymphati-
,

Les médecins constatèrent l'état du pouls ils le


,

trouvèrent régulier et bon. Ou enferma cet homme


daiBftune chambre que nous avions préalablementvi^
Mlée. La cheminée était entièrement calfeutrée \A
,

croisée fut fermée, et quatre personnes dont je faisais


portie,y apposèrent^leur sceau .
Nous enlevâmes la

paillasse,afin qu'ilne pût mâcher la paille.On lui

remit un livre de religion,un crayon en métal, et

dix feuilles de pa{»er blanc. On le fouilla on s'assura


,

qu'iln'avait rien sur lui,et on l'enferma. Nous sâmes


appo-
sur la porte un quadruple scellé,et nous nous

retirâmes. De deux heures en deux heures, oti

allait s'informer s'il était bien" et s'il voulait conti*

niier l'expérience.
Huit jours après (qui était un dimanche), lorsque
hms liltmeB toni réunis chea le docteur, nous aHâmes
H» L'ART I»; MAGNÉTISER.

ouvrir la porte à rirlandais, et les médeciiift s^assu*

rëren$ de son état. Le pouls était absolument le

même la peau Tétait également : il n^était pas plus


,

maigre n^avait rien perdu de ses forces; on le fît


,

descendre au salon, on lui fit la barbe devant nous,

et comme il désirait d'entendre la messe, nous le

conduisîmes à Téglise.Deux personnes le tenaient

sous le bras, et nous Tentou rions devant» derrière et

sur les côtés^de sorte qu^illui était impossibled'avoir


la moindre communication avec qui que ce fut.

On le ramena et on renferma de nouveau en "^


,

servant les mêmes précautions.Le dimanche suivant,


qui formait le quinzième jour, nous nous réunîmes
et on lui ouvrit la porte. Les médecins trouvèrent le

pouls un peu la peautrèslégèrementmoite»


plus faible,
la langue tout aussi bonne ; son
haleine était la même,
enfin rien n'annonçait qu'ileût fait une abstinanœ

complète. Ses urines étaient peu abondantes mais


,

naturelles;il n'y avait pas d'excréments.

Pour les vingt personnes qui avaient été pré»


sentes cet homme était bien resté quinze jours sans
,

boire ni manger» et son état de santé n'avait reçR


nulle altération. Pour nous tous il n'y avait pas de

doute qu'ilpût rester quinze autres jours dans cet

état sans être plus affaibli. Il le proposa lui-même,


mais tout le monde regai^dal'expériencecomme tisfaisante
sa-

Voici un autre fait qui démontre égalementk quel


point la volonté agitsur soi-même.
A Manchester» M. Larmick» âgé de dix4iiiU aas^
PHÉNOMÈNES EXCEPTIOÎMELS. M9

élève en médecine, après avoir vu mes séances de

magnétisme se mit dans un état tout parliculier;


,

par sa propre volonté ses bras se tordaient,les mus*

clés de ses jambes se contractaient,


sa tête se sait
renver-

en arrière,son cou se gonflait,


et après quelques

minutes il se trouvait dans une positionimpossiblek


soutenir longtemps. Tout son corps se il
paralysait;
ne pouvait parler, il ne voyait plus; il n'entendait

plus; son cou et toute sa face étaient rouges; on

pouvaitcraindre une mort instantanée. Pendant tout

le temps quil restait dans cet état il se manifestait


chez lui une insensibilité complète, et il était impos*-
sible à lui et aux autres de remuer un de ses mem-

bres ou même un doigt;les yeux étaient fixes,mais

il ne voyaitpas. Il ne dormait pas non plus.


Après une heure, un des élèves qui f avaient compagné
ac-

chez moi, lui jeta un cri à Toreille (soti


nom); peu à peu ses membres commencèrent a se

détendre
,
et vingt minutes après tout était fini : il

était entièrement revenu a son état normal.

Il se mettait bien seul dans cet état, mais il ne pou-


Tûit en sortir seul : il fallait qu'on lui criât plusieurs
fois son nom dans Toreille. Il n'y avait pas sommeil

ni même somnolence ; c'était une espècede catalepsie


ou de paralysie.
Depuis plusieursjoursil s'amusait h répéter cette
expérience, et déjà des accidents se présentaient;
lorsqu'ilvoulait prendre son mouchoir dans sa

poche, il lui était impossiblede le retirer; son bras

se trouvait paralysé. était resté


Souvent, lorsqu'il nn

19
M« L'ART DE If AGNiETISBR.

instant debout, engagé dans une convepsation, sd

jambe était bien lancée au moment où il voulait mar*

dier, mais il ne pouvaitposer le pied par terre; la

jambe restait en Fair. Il fallait encore lui jeter


un cri à Toreille ; sans quoi il serait resté dans cette

position.
Il est un grandnombrp de faitsqui dépendent de )a

volonté qu^on peut exercer sur soi-même, sans Tin-

tervention d^aucun agent physiqqe; mais il n'en est

de même pour les effets que Ton veut produire


pas
sur son semblable, il faut le secours d'un agent ma-

tériet*

Ce sont là des phénomènes inexplicables


comme

la plupart de ceux qui nous entourent. Peut*on pliquer


ex-

comment Fabbé Paramelle trouve des sources

à Taide d'une baguette de coudrier? Par quel voir


pou-
une baguettede coudrier, lorsqu'onla tient par

les deux bouts,prend-elleune impulsionet tourne-

t-elle lorsqu'ellese
trouve placéeau-dessus de métaux

tels que Tor et l'argent?


Ne croyant pas d'abord k ce

phénomène, j'aifait moi*méme Texpérienceplusieurs


fois,et elle m'a toujoursréussi. On rangeaitsur le
parquet à égales distances une douzaine d'assiettes

creuses; on les retournait, et sous l'une d'elles on

plaçaitune piècede cinq francs.

J'étais resté dans une autre salle j'arrivais


armé
,

de la baguette de coudrier : je me promenais


dans la chambre en maintenant au-dessus des as*

«iettes la baguette que je tenais par les deux bouts ;

fitlorsqueje passaisau-dessus de l'assiettequi recou-


292 L ART DE MAGNÉTISER .

"
'H "M ' ? ' '
Il ? ,
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CHAPITRE XVI.

DOCCMSKTS, CXTHAITS Dfi JOtJRNAtX, GOM^SPOU^ANCB.

A Tappui des faits et des guérisons, il est bon, je


pense, de citer quelques lettres et quelques extraits de

journaux. Puis il convient de dire comment les gnétiseurs


ma-

agissententre eux.

Voici d'abord une lettre de M. Pinot père, qu'il


m'adressa en m'en voyant un certificat que je ne lui
avais pas demandé, et que dans sa reconnaissance il

crut devoir me faire remettre.

Pont-Audemer ,
(Eure) ,
13 avril 1841.

Monsieur,

c( C'est avec une vivo satisfaction que je viens vous

donner des nouvelles de mon fils. Vous» savez que,


dès la première séance, il perçut des sons que nous

avions bien constatés


$
qu'il n'entendait pas avant

d'être magnétisé.Le sens de l'ouïe a continué à se velopper


dé-

très rapidement chez cet enfant. Après cinq


ou six jours,pendant lesquelsjel'ai magnétisé comme
vous me l'avez enseigné (1),il a été indubitable pour
toutes les personnes qui l'ont vu qu'ilentendait la
,

voix humaine et cherchait à en reproduire les sons,

comme le font les enfants a Page d'un an.

(Ij^avaismagnétisé Tenfant quatre fois seulement, quand je le remis


aux mains de son père, et il distinguait
des sons et des mots.
DOCUMENTS CORRESPONDANCE
,
ETC. 293
,

» J'ai été obligéd'interrompre les séances parce


,

que j'aiété indisposé,mais la faculté auditive n^a rien

perdu, elle est restée au même point,Tenfant entend

sans qu'ily ait besoin de crier, il faut seulement


fixer son attention.

» Sa santé n'a dénote


jusqu'ici aucune espèce d'al-
tération

; au contraire je ne Tai jamais vu plus gaiet


mieux portant. Je vous remercie pourtant des bons

avis que vous avez bien voulu me transmettre par


mon beau-frère; j'auraisoin, ainsi que vous me le'
conseillez, d'user de mon influence, sans en abuser;
j'aime mieux que les progrès soient lents que de

dépasser le but en allant trop vite, excitant l'organe


au lieu de le développer.
» Combien il est à regretter que le besoin sition,
d'oppo-
de discussion, d'argumentation, qui semble
le propre du siècle où nous vivons, retarde une couverte
dé-

aussi précieuse! J'ai fait venir Touvrage de

M. Deleuze, que vous m'avez indiqué,et je n'ai pas

étépeusurprisdevoira lapage244, édition de 1 825 (1),


que la propriétéqu'aiemagnétisme de guérirla dité
sur-

était connue dès cette époque. Comment se fait-

il qu'un moyen curatif d'une infirmité aussi cruelle,


lorsqu'il
y a des effets aussi surprenants que ceux tenus
ob-

sur mon fils,reste pour ainsi dire dans bli?


l'ou-

Gomment tous les infortunés sourds-muets ne

sont-ils pas soumis au magnétisme ne fût-ce que


,

(1) Dblbuze. InstrucUonpralique dumagnélUme. Nouvelle édilioQ


18B0. 1 vol. ia-12.
S9i L*ART DÉMAGNÉTISER.

savoir si rorgane existe ? Et en supposant même


pour
le fluide seul ne puisse opérer toutes les cures,
que

commeni, a fait
lorsqu'il œnnaître que la faculté au""

ditive existe, la médecine ordinaire ne s'efforce-t*

elle pas de venir en aide? Gomment tous les parents

ne font-ils pas ce que j'aifait pour mon fils,surtout

lorsqu'ilspeuvent être aidés par quelqu'un d'ausri


consciencieux d'aussi loyal d'aussi désilltérestë
, ,

que vous l'avez été à mon égard? Combien fauraiei


eu de soucis et de chagrins de moins, si j'avais
eu hl

boAheur de vous rencontrer il y a huit ou neuf dtis«

et de mettre en vous la confiance que vous avec si

bien !
justifiée
» Soyez persuadé ,
monsieur, que ma recomiatj^

sance et ma considération vous suivront partout.


» Votre dévoué serviteur,
» PlFfOT,
"» ReceTeur de Veoregislraoïeotà Pool-AïuieflMr (Eore^,
ancien élève de TEcole polytechnique. »

Le Pilote du Calvados du 6 mars 1841 s'exprime


ainsi :
V

(c Parmi les miracles modernes quMl importe de

constater, mentionnons les cures ojtéréespar le

magnétisme. Les journaux de science spécialedisent


que M. Dupotet a rendu Touïe et par conséquent
donné la parole à une vingtaine de sourds^muets.
Les sujetsainsi guéris,et dont l'état avait été blement
préala-
précisé, ont été présentés devant un des

grands corps savants. On n'ose encore croire h de

tels mais cependant


résultats; s'ils sont avérât,s'ils
DOCUMENTS, CORRESPONDANCE, ETC. t9»

s^opèrentsous les yeux des inerédules et sur des per«

sonnes dont Fétat de surdité complète ne peut être


douteux, il faudra bien que la raison triomphe et

que le devant
préjugé disparaisse une vérité devenue

frappante.
» M« Lafontaine n" encore trouvé ToGcaMon de

feire ici du
l'application magnétisme à la guérison
des sourds-muets que sur une- personne de Gaeû, la

nommée Catherine Montaigu, ouvrière, habitant la

quartier Saint-Gilles. Cette fiUe^âgée de trente^siii


ans, sourde^muette dès son enfance, a passé plusieuri
années de sa jeunesse à relise du Bon-Sauveur de

Caen. Plusieurs habitants et le médecin qui lui a

donné des soins ont constaté de la manière la plus


irrécusable son état de surdité. Après quelques
séances seulement, M. Lafontaine est parvenu à lui

faire entendre plusieursséries de sons qu'elleré«


pète d'une manière encore fort mais
irrégulière, de

sorte cependant qu'ilest impossiblede douter qu'elle


n'en ait la perception.»
Voici un extrait du Journal de la Vienne, du 13

juin 1846. (Il est question d'une sourde-muette de

vingt*huit ans, mariée et ayant un ôifant. Nul être

dans ce monde n'éprouvera la joie que cette femme

ressentit,lorsque après quelques séances elle enten-


dit

la voix de son enfant* Un médecin de Poitiers

continue cette cure, qui est très avancée et qui tôt


bien-

sera complète.)
« Nous avons assisté hier soir à la seconde séance

de magi^tîmie donnée par M» Ch. Lafontaine, et,


296 L'ART DE MAGNÉTIsisR.

hàlons-nous de le dire, dos espérancesont été plei-*


Hument Après
justifiées. nous avoir montré Tin?

fluenoe do là musique sur une jeune personne en état

de. somnambulisme, M. Lafontaine a continué ses

expériences sur une jeune femme sourde-muette de

naissance. C'est alors qu'on a pu juger des résultats

qu'ila obtenus par le magnétisme.. Cette femme


^

dont la surdité était complète il y a quelques jours»


a entendu et répétéplusieursmots^ plusieurspetites
phrases; la prononciation est encore bien faite
impar-
sans doute mais les progrès n'en sont pas
,

moins constants. Du reste M. Lafontaine nous Va


,

dit» il rend Touîe au sourds-muets de naissjanoei


mais il ne se charge pas de leur apprendre à parler;
c'est à leurs amis» a leurs parents, qu'appartient
cette tache qui ne demande que de la bonne volonté

et de la persévérance.La musique surtout a produit


sur la jeune sourde-muettè une impressionprofonde :
chacun pouvait lire sur sa figureles émotions qu'elle
ressentait en entendant pour la première fois les sons

harmonieux du piano .

» Nous regrettons bien vivement que. le court

s^our de M. Lafontaine à Poitiers ne lui permette

pas de conduire jusqu'au bout la noble tâche qu'ila


entreprise;mais nous en avons bon espoir.Une sonne
per-
de notre ville s'est chargée de continuer la

cure commencée; espérons que ses efforts seront

couronnés de succès. »

Le fliaro de Caen du 1'' mai 1841, dit :


,

« M. Lafontaine a donné hier soir sa séance de


DOCUMENTS*, CORRESPONDANCE, ETC. 297

magnétisme. Il a présentéun enfant sourd-muet il


,

a donné à lire le certificat signé par les membres du

conseil municipal le maire et le médecin de Cau-


,

mont. Il a été constant pour tous que cet enfant tend


en-

bien maintenant, et qu'il prononce certains

mots très distinctement., »


Voici le certificat concernant cet enfant :

Mous maire, et membres du conseil municipal de

la commune de Caumont chef-lieu de canton, vados)


(Cal-
,

,
soussignés ,

Certifions que le sieur Nicolas Thouroude de--


^

meurant et domicilié en celte commune, a un en-

faut âgé de huit ans et demi qui est sourd-Jcnuet


de naissance, et qu'ilne possède aucune fortune tant

€sx meubles qu'en immeubles.


En foi de quoi npus avons signé le présent, pour
valoir et servir ce que de droit.

CauBiont, le 12 avril 1^1.

GlLE^i LeMONNIER, '


J. BEUUTt

J.-6. HoRESQUET^ Hébert, m^éfoci»,


L. LEM05NIER, J. CUAVIN.

Le maire de la commune dé Caumont certifie que

les signaturesci^essus apposées sont sincères et ritables.


vé-

Caauont, 12ayra 1841.

tODVET.

L" Journal de Toulouse, du 21 septembre 1846,


rend ainsi compte des effets produitssur des sourds*

muets :

Hier «au soir, nous avons assisté dans Fhètel


,
998 LART DE MAGNÉTISER.

Casset à une séance de magnétisme qui a senté


pré-
,

un bien grand intérêt. M. Lafontaine avait Goa^

voqué pour les rendre témoins de cette séance paratoir


pré-
,

quelques personnes de notre ville, au


nombre desquelles on remarquait plusieursdocteurs-
médecins. Les expériences annoncées étaient de na*

ture à exciter vivement la curiosité des masfibres de

la réunion ;
il ne dé
s'agissait rien moins que de don-
ner,

par la puissancedu fluide magnétique , l'ouïe et

la parole à des infortunés qvi en étaient privésdepuis


leur naissance.

n M. Chazotte, directeur de notre Ecole des


sourds -muets, avait bien voulu permettre que
M. Lafontaine opérât sur quelques*uns de ses jeunes
élèves.

» La première expérience a 'eu lieu sur un ou*

vrier attaché à notre arsenal âgé d'environ vingt-


,

cinq ans, et qui était tellement sourd, qu'iln'a ja-


mais
entendu le bruit des marteaux mis sans cesse

en mouvement autour de lui; on s'est convaincu leurs


d'ail-

dans la séance d'hier au soir que sa surdité était

complète*
» Après quelques passes faites aux oreilles et sur

d'autres partiesde la tête


,
M. Lafontaine a articulé

quelques syllabes et , ,
au grand étonnement de ditoire
l'au-

et surtout du jeune ouvrier celui-ci a tement


parfai-
,

entendu. On a voulu ensuite|luifaire dire les

syllabesprononcées par M. Lafontaine : a cet effet,


le magnétiseur lui a montré comment ses lèvres les

articulaient et Inentôt le jeune ouvrier les a répétées.


9
300 L ART DB MAGNÉTISER.

dame s'étant mise au piano nous avons été témoins


,

de Y extase sous Vinfluence de la musique. Le piano


exécutait un air d'un caractère religieux; la jeune
fille a jointles mains s'est prosternée la face contre
,

terre, puis s'est relevée ,


et, les yeux levés au ciel^
les bras tendus d'abord comme une personne qui
,

supplie,ensuite dans Tattitude d'une personne qui


rend des actions de grâces; cette pauvre enfant qui ,

il y a quelques jours à peine , n'attirait d'autre gard,


re-

peut-être, que celui de la pitié ,


a excité l'ad-
miration

par rinexprimable beauté^de sa mie


physiono-
et de ses poses extatiques.»
Le Journal de Toulouse du 25 septembre i846,
,

dit:

"f Dans sa séance d'avant*faier jeudi, M. Lafontatne

nous a montré encore les jeunes sourds*muets qui


avaient paru à sa première séance. Ils ont entendu et

articulé de nouveau et sans qu'ilfût besoin de nou*

velles passes; l'effetproduit par une première opéra-


tioiimagnétique s'était maintenu. La mémo tion,
opéra-
pratiquée pour la première fois sur un autre

sourd-muçt, en présence de l'assemblée, a offert un

très grand intérêt. L'influence du magnétisme sur son

omeaété mervdlleuse; il a entendu et répété les

syllabesprononcées par le magnétiseur, avec une

facilité extraordinaire. M. Lafontaine a affirmé qu'au


moyen d'un traitement de quelques mois ce jeune
homme pouvaitparvenirà entendre et à parier par-
faitement.
Sur la demande d'un membre de la réu-
nion

qui 8 proposé d'ouvrir une souscriptionpour


DOCUMENTS, CORRES^NDANCË» ETC. SOi

donner )e moyen à ce sourd-moet de se faire traiter,

M. Lafontaine a offert de le magnétiser gratuitement


si on renvoyaitk Paris. Nous apprendrions avec sir
plai-
que ce projetfût en voie de réalisation. Nous verrons
re-

probablement, à la dernière séaoçe de M. La*

fontaine, quelque nouveau sourd-muet dont il fera

éclore la parole et l'ouïe. »

J'ai fait entendre aussi à Paris beaucoup de

sourds -muets; et le 9 décembre 1846, dans la

salle Duphot, fen ai fait entendre un, devant deux

cents personnes réunies et après avoir constaté sa

surdité (1).
Pendant mon séjourà Caen en 1841 j'étais
venu
par-
, ,

à faire entendre huit sourds-muets de la ville,


car M. Fabbé Jamet n'avait pas voulu que je fisse des

essais sur les enfants de son Institution du veur


Bon-Sau-

^
prétendantqu'ilavait été chargé de les instruire

et non de les guérir.


La ville était tellement émue de ces faits, que
la spéculations'en môla
,
et un jeune enfantde treÎM

à quatorze ans, qui demandait Taumône et feignait


d'être sourd*niuet afin dUnspirer plus d'intérêt, vint
me trouver.

Je fis constater sa surdité par trente personnes au

cabinet de l'Académie. Il était depuistrois mwis à

Caen ,
et connu de beaucoup d'habitants entre
,

autres du docteur Lecœur, qui vint me trouver pour


me parlerde lui.

( I ) Ce soard-mnel demeure rue Saiot-Mmin


,
b"" 33,
Jea^ens pas de peine à faire entendre oelaî^i
maïs la guérisaa me parut si brillante que j^en fus

effrayé,et que dallai tr^iver le procureur du roit


ainsi que le commissaire de police afln d'avoir des
j

rens^nements positifs
sur cet enfant, qui prétendait
être de Vire.

En attendant les reaseignements demandés à

Vire et à Rouen» où il disait avc^r été élevé on


^

découvrit sa frwde ,
et il alla sur les bancs de la

policeeonreetioiuielle «
expier par deux années d^em*

fyrisoanement son infâme fourberie. 11 se nommait


Paul Frémont.

Voici une lettre du docteur Guépin de Naotest


tionime instruit^
qui éorivaitscm opinion au NuUûh

Au rédaetmr du Nëtumai de VOu^t.

NBiMes, le 1^ BOfenbre iVMt»


Monsieur t

a VotM ares toujottfsaoisMemi et défendu e*u-

vagrasement la vérité ; vous accorderez dese une

phee dans votre jouinal à la ipiestiondn asagnéi


timie, malgré la gravitéel l'importance des évene*^

ments politiques.
» M. Lafontaine a prouvé à tous les gens de bonne

foi de notre ville que sous Tinfluence de la volonté,


,

nm agent inconnu ou peu connu peut produire» chez


oerlaines personnes favorablement disposées,lesom^
meil, la perte d'un ou de plusieurs sens, la pwalysie
d'un membre.

D Dans une séanee publiq^ et dans des séances


DOCUMENTS ,
GORKESPONDANCE ,
ETC. m

{laiticulièresil a mis en contact sa magiiétiséeayeo


,

une bouteille de Leyde fortement chargée »


sana que
la décharge ait été sentie; avec un aimant rotatif,
«ans que cet aimant ait produitde secousses; et moi*
même ,
je lui ai enfoncé dans la jambe gauche une

aiguillemise en communication avec le pôle cuivre

d'une pilede Volta, dont le pôle zinc était en rapport


avec une autre partiedu corps ,
sans qu'il y ait eu

perceptionde douleur ou guérison de la paralysie


que
le magnétisme avait produite*
9 M. Lafontaine a encore établi en présence dé
,

peraonnes honorables et dignes de foi :

» l"" Qu'il peut endormir sa somnanabule ea \^


magnétisant sans qu'ellele sache et lorsqu'elle
«le
dostourpé;
7h 3r Qu'il peut la magnétiserà des distances aases

coasidéraUes;
» 3" Qu'il peut, lorsqu'elle
marche ,
lui paralyser
U» jambes et la forcer k s'arrêter sur-le"^haaip.
n I^'imm'adit^ mais je n'en ai pas été témoin,

que H. Lafontaine avait obtenu chez une jeune p^-»


sQiupiedenotre ville des phénomènes de clairvoyance;
que cette nouvelle magnétisée avait vu ce qui se pas^
sait dans un lieu dont elle était séparée par une cloi*

son ou par un mur« Les faits de cette nature sont

connus et irrévocablement acquisà la sci^ce. Il ne

serait donc pas étonnant que ceux-ci fassent vrais*

» Sans doute il importe que le magnétisme animal

soit débarrassé de tout ce bagage de charlatanisme


Coutil est tr(^ couvent entouré; mais il importe
904 L'ART DE MAGNÉTISER.

aussi lorsqueF Académie de médecine de Paris que


man-
^

à ses devoirs en refusant de constater des faits

positifs,
que les hommes qui aiment la vérité met-

tent de Tardeur à la faire triompher. Un agent aussi


puissantque le magnétisme ne peut être indifférent:

Déjà des études et philosophiquesdu plus


historiques
haut intérêt semblent établir une grande liaison, une
sotte de paritéentre Faffectîon spécialeet née
momenta-

produite par le magnétisme animal et les états

particuliers
connus sous les noms de catalepsie, A^ex^

iase, de démmomanie.

» Nantes a vu dans un autre siècle enfermer au

Bouffai quatre magnétiques naturels. Ces reux


malheu-
devenus somnambules lucides racontètent ce
, ,

qui se passaitet dans la ville et dans des châteaux

voisins. On s'empressad'expédierdes courriers pour


vérifier leur assertion et l'on trouva qu'ilsavaient
,

dit la vérité. L'on en conclut à cette époque où la


,

science était moins avancée, que le diable était inter*


venu dans cette affaire,et les magnétiques furent lés
brû-

vifs comme possédésdu démon.

» Il y a quelques années une dame non moins re^


,
*

màrquable par l'élévation de son intelligenceque


par l'exaltation de ses croyances religieuses
,
étonnait

notre ville par les guérisonsmiraculeuses qu'elleob-


tenait

parfois.
Or, n'èst-il pas à regretter que des vio-
lences

déplorables,qu'une émeute dont avons à gir,


rou-

aient interrompu cette série de faits curieux

dont la science devait relever et scruter toutes les

circonstances dont une philosophieéclairée eût dû


,
DOCUMENTS CORRESPONDANCE ,
ETC. SOS
,

protéger Fétude en écartant avec énergie les obs-


tacles
,

que voulaient lui imposer Tignorance et les

préjugés.
i" Quant à moi, je le dis hautement, ma conviction

est bien établie.

» Je crois que dans les temples de Plnde de l'E-


gypte
,

et de la Grèce le magnétisme était employé


,

comme moyen curatif.

» Je crois qu'aux premiers jours du christianisme

les extatiquesreligieuxde Tépoque ont souvent senté


pré-
les phénomènes d'insensibilité si bien connus

et décrits aujourd'hui.Je crois notamment que le

martyre de sainte Perpétue à Garthage, ,


en fournit

une preuve irrévocable.

» Je crois que les extatiquesdu diacre Paris ont

présenté les mêmes phénomènes, et que le célèbre

chirui^ien Morand n'a pas été dupe dans l'examen

qu'ilen a fait.

» Je crois au caractère contagieux de l'état d'ex-


tase

et par suite je crois à ce qui est raconté par


,

les historiens, sur les extatiquesdes Cévennes^sur


l'affaired^ Urbain Grandier et sur un grand nombre
d'autres.

)" Je crois de plusque le magnétisme animal peut


être, dans la chorée, les paralysieslocales le xiù
,

douloureux ,
l'aménorrhée,la catalepsie,
un moyeu
de guérisonplus puissantet moins douloureux que
le galvanisme lui-même, qui convient à la plupartde
ces affections.

j) Je n'ai donc aucune répugnanceà admettre que


30" L ART DE MAGNtTISBR.

M. Lafontatne ait pu gpérir,chez mon confrère, le

docteur Recurt, du fauboui";Saint-Antoine, un lytique


para-

auquel il a rendu Tusage de la parole et du

bras; — chez mou ancien condisciplele docteur

Casimir Renaud, à Cinq-Mars-la-Pile,


près Tours, en

présence de M. Lange, du maire de Langeais, de

M. de la Béraudière et de huit ou dix autres sonnes,


per-
un paysan paralysé du bras gauche; —
à

Mons, à Fhospice de la Mendicité, un vieillard para-


lytique,
etc., etc.

y" Dans tous les cas, si ces faits sont douteux ,


fions-les
véri-

par des expériences nouvelles; s'ils sont

avérés ,
un nouveau monde s'ouvre aux tions
investiga-
de l'homme, et nous serions criminels d'en

négligerFétude*
» Je vous salue. Votre tout dévoué»

n A. GuÉPiN. »

Les séances publiques ont toujours été Teffroî des

magnétiseurs craintifs et jaloux qui auraient voulu

garder pour eux seuls cette précieusefaculté. Ils s'i-


maginaie

qu'ils pourraient faire reconnaître et

adopter le magnétisme par les Corps Savants en tant


res-

dans l'ombre. Malheureusement ce n'est que


forcées par l'opinion publique, que les Académies

adoptent les nouvelles découvertes, surtout quand


elles pensent ces découvertes peuvent nuire h
que
leur position.
Le magnétisme a grandi, et bientôt il sera adopté,
pratiqué et enseigné dans nos Académies et nos
308^ L'ABT DB HA6NËTISER«

choisie pour théâtre depuis, il continué


son ; et a

ses expériencesen remplaçant ses affiches par des bil-


lets

d'invitation. Nous allons rendre compté de Tune

de ses séances;et ox)miiie il ne serait pas impossible


qu'elle fût la dernière^ nous voulons bien né pas
-

nommer aujourd'hui ce bourreau magnétiseur.


Cent personnes à peu près se trouvaient réunies; *

elles étaient de toutes les classes; le magnétisant(car


cet homme n'est pas magnétiseur) parut bientôt sur

une petiteestrade;il présentaà l'assemblée un jeune


homme qu'il mit aussitôt non pas en lisme,
somnambu-
,

mais dans l'état de catalepsiele plus complet;


il lui tira les membres, le remua, le secoua, le jeta
sur son siège; il était tout d'une pièce et entièrement

insensible. %

Pour mieux le prouver, le magnétisant enfonça


environ six ou huit épingles dans le front du jeune
homme; —
l'une d'elles ayant rencontré une petite
veine, le SA^G coula (1)! Puis cinq à six dans les

joues ; d'autres dans la paume de la main, qui en a été

traversée; d'autres encore a la cuisse ; et


enfin une

dernière entre l'ongle et la chair! Après quoi,


laissant son cataleptiquecomme si ce n'était qu'un
mannequin le magnétisant expliqua au public tous
,

les efforts par lui ientéspour la prospéritédu magné-

(1 ) Dans la séance du 3 janvier 1843, à la salle Saint-HoDoré,


une jeune Anglaise ayanl été endormie par le même magnéiiseur,
un speciaieur ne se trouva pas satisfait de la voir piquer, il s'écria :

« DU siKG? DU SANG? « —
généraldet Deux-Mondes
{Officc numé**
,

^ du 4 janvier1843.)
DOCUMENTS, CORRESPONDANCE, ETC. 309

.
tisme^ et le refus que rÂcadémie de Paris avait fait
de vérifierses expériences; après quoi encore» il de-
manda
.

à haute voix si quelqu'un voulait être tisé


magné-
(probablementsans être épingleni saigné.)
Aussitôt un homme de trente ans se présenteet dé*

clare être médecin ; mais le magnétisant le refuse


,

parce qu'ilneparait4)a$ avoir, au premier coup d'œil,


les apparences du somnambulisme. Ici cri unanime
,

de rassemblée : Le magnétiseur est un charlatan, et

le jeune homme n'est pas cataleptisé!


Dès lors,
.
triomphe du médecin.

Heureusement pour le magnétisant, il lui vient

une idée^et il se retranche sur sa belle expérience


des épingles: "c Comment pouvez-vous dire, mon-

» sieur, qu'iln^y a pas ici somnambulisme ou cata-

)" lepsie?Voyez plutôtles épinglesqui sont enfon-

9» cées dans le fronts les joues, la cuisse et la main

D de mon jeune homme? » A quoi le médecin pond


ré-

: « Monsieur, je suis aussi insensible que lui

» quand je veux; la volonté faittout! » Et ici le me*

decin se pique le poignet. « Permettez, docteur,


» reprend aussitôt Fhomme aux épingles; j'aima
)» manière de piquer les gens; vous effleurez, et moi
» j'enfonce.Asseyez-vous un instant et vous allez
,

» en juger par vous-même. » Ici le médecin prend


son chapeau et s'en va. Triomphe du magnétiseur.
Après cette seconde expériencequi commençait à

intéresser infiniment la docle assemblée venue pour


voir faire du magnétisme à coups d'épingles,
un tateur
spec-
malin se lève et dit : « Monsieur votre
j
I

StO LART t"E HÀGNËttSBR.

« est vraiment
si"eGtacle fort extraordinaire,si votre
» somnambule est en cbair et en os ; mais la su-

» perbe expériencedu médecin qui s'est piqué lui-

» même nous ayant un peu distraits,


nous sommes

I» incertains si vous pas substitué un


n'avez carton

» ou une pâteau jeune homme que vous aviez d'abord


Il amené vivant. Je suis donc chargé par ces mes-

o sieurs et ces dames, — ici Torateur se tourne vers

» la assemblée
sttiptde , qui fait un signe d'asseliti-
,» ment, — de vous demander une légèreet bien
y" facile addition qui vous
expérimentale couvrira de
» gloireet sera un véritable coup de fortune. Il s'a-

I» git purement simplementd'enfoncer deux ou


et

n dans les chairs de votre


trois milliers d'épingles

» somnambule, de façon à lui donner l'air d'une


)" pelote!Quelques épingles de plus ne sont pas une

» affaire,
et petitsupplément nous donnera la
ce

Tb plusprofondeconviction. Veuillez donc krinstant

» déshabiller votre jeune homme. »

Ici,le magnétiseurrougit, les femmes rougissent^


les hommes prennent leurs chapeaux à l'instar du
médecin piqué,et l'expérience est encore bien plus
curieuse qu'on ne pouvaitTespérer^ puisquetout le
inonde se retire piqué mi vif.
Nous aimons à croire,mon cher lecteur, vous qui
faites a ce journall'honneur de le consulter,que
vous n'avez pas assisté et que vous n'assisterez jamais
à de infamies.
pareilles D'abord vous n'y verriez que
les actes les plusblâmables du magnétisme , et vous
le jugeriezsur ses abus. Les vrais môgnétiseun»
DOCUMENTS, CORRESPONDANCE, ETC .
31î

suivent les principes d'Hippocrate de Pnységurcl


,

de Deleuze, que notre collègueM. Aubin Gauthier a

réunis dans les paragraphes II et III de son serment

magnétique : « Je jure de m'occuper exclusivement

» de la santé des malades qui se remettront entre

» mes mains, de seconder chez eux la nature sans

» la contrarier jamais, et de les défendre contre

» toutes actions imprudentes ou nuisibles. — Je ne

n mettrai jamais de somnambules en spectacle,je


» ne ferai sur eux aucune expérience contraire à

» leur guérison.» (Traitédu Magnétisme et d^ Som-


nambulisme,

page 59.)
Puisque les Parisiens n'ont pas honte de parlici*
per k des actes aussi coupables^ il faut espérer que
M. le préfet de Police y mettra bon ordre. Nousap*
prendrons avec joie que les sergents de ville ouï

chassé honteusement un public sans pudeur qui courage


en-

les abus les plus révoltants, et un seur


magnéti-
assez barbare pour faire inatilement^sur ses

semblables, des expériences que la médecine ne tente

qu'àrtgret sur des chiens.

Comte BafCE de Beauregard.

Nëmisis lOjigaéiiqoe. Expérieaeespubliques.


Dans le numéro II de la Revue^ nous avons cru

devoir rendre un compte sévère et mi-plaisantde


certaines expériences somnambuliqnes faites à Paris

et qui étaient, suivant nous, de nature a mettre


compro-
le magnétisme et la santé des somnambules»
31S L*ART DE MAGNÉTISER.

Nous avons rapporté que œs expériences consis-


taient

à enfoncer des épinglesdans le front, les joues ^

les cuisses 9
les mains et sous les ongles d'un jeune
homme mais
cataleptisé; par suite du sentiment qui
n'a cessé d'animer notre rédacteur en chef dans le

cours de ses ouvrages nous n'avions pas nommé


,

l'auteur de ces expériences, dans l'espoirqu'illes


cesserait de lui-même.

Notre but n'est pas atteiut. M. Lafontaine c'est le


»

nom de l'expérimentateur»croit devoir persister


dans les tentatives qu'ilfait dit-il pour forcer la mé-
decine
, ,

à ouvrir les yeux sur l'utilité des phénomènes


qui se produisentsous sa main. Yoici la lettre qu'il
écrit à notre rédacteur en chef, nous n'en retranchons

et n'y changeons pas un mot; nous soumettrons

ensuite nos observations à nos lecteurs,

Paris,le 29 janvier 1845.

Monsieur le Diregteur^Gérant,

«c On me remet seulement aujourd'hui 29 janvier


le deuxième numéro de la Revue magnétique, dans

lequelvous avez inséré, à l'article Némésis^ sous le

titre, Expériences parisiennes, un compte-rendu


d'une séance de magnétisme. Quoique je n'y sois pas
nommé, j'ysuis désigné d'une manière si positive ,

que personne ne peut s'y tromper ,


puisque je suis le

seul à Paris qui depuis trois ans, ai présenté et pré-


sente
,

encore les phénomènes physiologiquesdu gnétisme


ma-

dans les séances publiques.


DOCUMENTS ,
CORRESPONDANCE ^TC. 313
,

» Je suis traité dans cet article d'une manière plus


qu'inconvenante,et je suis présentésous un jourqui
pourraitme nuire près des personnes qui ne me naissent
con-

pas. Je me vois donc forcé monsieur le Di-


recteur,
,

de prendre la plume et de vous prier de


»

vouloir bien insérer ma réponse. Je ne m'attacherai

pas à réfuter phrase par phrase cet article


,
je laisse-
rai

à Fauteur, le comte Brice de Beauregard , et les

injureset le ridicule qu'ila cherché à déverser sur

moi ,
ainsi que tous les contes très spirituelsqu'il a
inventés. Je ferai ma professionde foi
,
elle sera plication
l'ex-

naturelle de ma conduite, et sera, je pense,


la réponse la plus convenable pour un journal sérieux
comme la Revue magnétique.
» Tout magnétiseur consciencieux doit avoir pour

but la propagation du magnétisme, son [adoptionpar


les Corps Savants, et son emploi comme moyen eu*

ratifpar les médecins (I). —


{Voir plus loin les servation
ob-

en réponse. )
]" Deux routes sont ouvertes pour atteindre ce

double but, et chacun prend celle qui convient mieux

à ses facultés. L'une est parsemée de fleurs c'est


,

celle de l'écrivain; les recherches scientifiques,


la

publicationdes faits, la discussion dans les naux


jour-
et enfin la création d'une théorie pratique,
s'appuyant sur les faits produits par chaque pra-
ticien;
la seconde est la pratiquemême, tation.
l'expérimen-

» Convaincu que pour faire adopter des faits aussi

extraordinaires que ceux qui sont produits par le


Ri* L*ART DE MAGNÉTISER.

magnétisme ,
il ne suffit pas de les raconter, et que le
meilleur livre ne peut porter aussi bien la conviction
dans les esprits qu'un fait même, qu'une guérison
,

opérée sous les yeux des personnes mêmes; persuadé


en outre que les Corps Savants n'adopterontle magné-
tisme
que forcés par l'opiniongénérale,je me suis

voué à l'expérimentation
publique et à la pratique
sur les malades (II).
» Voulant éviter ce qui est arrivé à presque tous

les magnétiseurs, les déceptions, j'ailaissé de côté

les phénomènes je me
psychologiques, suis attaché

à ne présenterque les phénomènes physiologiques ,

pensant qu'ilétait plus rationnel de commencer par


les faits les plus simples, d'autant mieux qu'on peut
les produire toujourssur les somnambules et que,
,

sur des personnes étrangères au magnétisme, on

peut les produire deux sur cinq prises au hasard.

» De plus ces phénomènes sont d'une utilité im-


mense,
,

puisqu'ils
permettent de foire les opérations
les plus douloureuses,
chirurgicales sans que les lades
ma-

aient la plus petitesensation.


» J'ai donc donné des séances publiques pour
éclairer Topinion générale, et, malgré les gréments
désa-

de toutes sortes dont j'aiété abreuvé,


j'aipoursuivi mon but avec courage et persévérance;
car dans cette seconde route il n'y a que des ronces

et des épines.

» J*ai parcouru la France, l'Anglelerre,TEcosse,


rirlande, la Belgique, présentantles phénomènes de

sommeil ,
piquant,brû*
de catalepsie,d'inseneibitité;
31« L'ART DE MAGNÉTISER.

ils ]es séances publiques?Parce de leur


que temps
comme de nos joursles magnétiseursne s'attachaient

qu'à faire des expériences de clairvoyance(VI); et

comme la lucidité d'un somnambule est très cieuse


capri-
et presque indépendante du magnétiseur ^ se

présentant un jour ,
disparaissantTautre ,
loin de

porter la conviction dans les espritset de faire des

prosélytes, ces expériences prévenaient, a\i traire,


con-

contre le magnétisme. Mais si ces messieurs

avaient su et pu produire Finsensibilité (VII), la


catalepsieaussi facilement que je le fais,et d'une
manière aussi exacte ils auraient donné des séances
,

publiques.
» Je dis qu'ilsne savaient pas produire Finsensibi*
lité, car Deleuze lui-même dit (dans son tion
Instruc-

pratique y
nouvelle édition, 1850) que a dans

» tout le cours de sa vie


,
il n'a produit Tinsensibi-

» lité que sur trois personnes (VIII).»


» Mes séances publiques et les expériences que

j'yfais depuis nombre d'années ont-elles été sibles


nui-

au magnétisme et à ses progrès? Non seulement

je ne le crois pas mais j'ailes preuves du contraire;


,

car dans toutes les villes oii j'aidonné des séances


,

tant en France qu'à l'étranger,


et même à Paris, la
plus grande partie des médecins ont été convaincus;
les hôpitaux m'ont été ouverts, et j'y ai fait par le

magnétisme direct sans somnambulisme des guéri-


sons sur des épileptiques,des sourds et muets, des

paralytiques, des hystériques des aveugles etc.,


, ,

etc. (1^1
DOCUMENTS, CORRESPONDANCE, ETC. 317

» Nous ne pensons pas de même sur les séances

publiques, monsieur le Directeur, probablement


c'est ce qui est cause que vous avez ouvert votre

Revue h un article malveillant contre moi; mais

nous nous trouvons d'accord sur le but que nous

poursuivons chacun de notre côté, V adoption du

magné lisme par les Corps Savants son emploi


^

par les médecins


,
et une loi qui le défende à tous et le

mette sous la direction spéciale des médecins.


» Voilà mon but ; j'aifait serment de l'atteindre

avant 1850, et tant que force


j'aurai pour magnétiser,
je ne m'arrêterai pas.

» Depuis la séance du 19 décembre qui a donné

lieu à cette lettre, j^enai donné quatre, et j'espère


continuer ainsi tous les jeudis à la rue Duphot et

devant une assemblée composée de savants, clésiastiqu


d'ec-

de littérateurs, de médecins gués,


distin-
de gens du monde; je laisse à monsieur le

comte Brice de dont


Beauregard l'épithète il a si

généreusement qualifié
tant de personnes honorables
et distinguées.
y" Si, il y a trois ans, monsieur le préfet de lice
Po-

me refusa l'autorisation d'une sixième séance à

la rue Saînt-Honoré, il m'en avait accordé cinq, afin


que je pusse me faire connaître à Pari». Quant au

changement de local que M. Brice veut bien appeler


,

une expulsion je n'ai qu'un ,


mot à dire, c'est que si

je n'affiche plus mes séances


,
je les annonce dans les

journaux : depuistrois ans, jeles d.onne tous les jeu-*:

dis, rue Duphot, nMO,


3tS JL'ART DE MAGNËTISER.

» Pour mes expériencesà F Académie des Sciences,

non seulement T Académie n'a pas refusé, mais elle

a nommé six commissaires pour les examiner et


,

d'ici quelque temps Je les soumettrai à ces mes-*

sieurs.

» Quant à ce qui est de la santé du somnam-

bule
,
il faut vraiment que M. Brice de Beauregard
ait bien peu de connaissances en magnétisme pour
croire que la santé d'un somnambule puisse être térée
al-

par des Il peut


expériencespareilles. se rassurer;

mon somnambule et tous les somnambules que f ai


présentésse sont toujoursbien trouvés de men ma--

gnétisme(XI}.
» Veuillez m'excuser, monsieur le Directeur, de
vous ennuyer aussi longuement ; mais j'aicru non

seulement dans mon intérêt mais encore dans celui


,

du magnétisme devoir faire cette réponse, que je


,

vous prieinstamment d'insérer dans votre premier


numéro de février,et qu'au besoin je vous requiers
aux termes de la loi.

» Veuillez recevoir, monsieur le Directeur, l'as-


surance

de la haute considération de votre très hum-


ble

sei^viteur,

i" Cu. LafontaixE) magnéliseur. »

Voici la réponse que nous allons faire a M. La-

fontaine non pas seulement pour lui mais pour


y ,

tous les magnétiseurs et même les gens du monde.

Obs- I'*, —
Je me suis voué à t expérimentationpra-
tique
sur tes malades^... — Un homme qui se pré-
DOCUMENTS, GORRESPONAANGE, ETC. 3i9

sente comme voué à la guérison des malades ne doit

pas les impressionner par avance les effrayerpar


,

les abus que Ton peut faire sur leur propre personne j
bien plus M. Deleuze veut que le magnétiseur dorme
,

sa parole de ne tenter aucune expérience de curio^

site,et d'agiruniquement en vue de la guérison{Inst.


praL, 174). Jussieu, Bruno, Puységur, RouUier, leuze,
De-

interdisent toutes expériences, a Dans les

» sciences physiques et même en médecine, on a deux

»
moyens de s'éclairer : l'observation et l'expérience.
» Dans la pratiquedu magnétisme on n'en a qu'un ,

» car celui qui magnétise ne doit jamais se permettre


» d'expériences.") (Deleuze,360.)
« Vous ne devez pas plus magnétiser pour vous»

» même que dans un prétendu intérêt de l'art, dit


D M. Aubin Gauthier mais seulement pour le ma^
,

» Iode; vous ne devez vous occuper que de lui ne


,

D penser qu'à lui .


C'est lorsque vous le quittezque
à profiltout
v vous mettez ce que vous avez vu ; alors
» vous rapprochez vos nouvelles observations de

» celles que vous avez faîtes auparavant : vouscom«

»
parez les phénomènes que vous venez d'apercevoir
» avec ceux que vous connaissez déjà, et vos travaux

» successifs vos méditations vos erreurs et vos in-


, ,

» ductions tournent au profitcommun sans nuire à

» personne. Voilà les vraies expériences magné-*


» tiques*» (^Traité,p. 357; Direction d^ un Traite^

ment magnétique, )
Obs, II. —
J'ai parcouru la France, l'Angleterrei
l'Ecosse,l'Irlande,la Belgique..,,
piquant^lnHlant%
320 L'ART DE MAGNÉTISER.

faisantrespirer le soufre , Valcali volatil.... — Ceci

n'a évidemment aucun rapport avec le magnétisme


curatif.
Obs. ni. — Vous le voyez t
mes expériences ont

le plus haut intérêt pour V humanité ....



C'est là

un langage de médecin mais non de magnétiseur «


,

L'humanité entière doit s'effacer dans le malade gnétisé.


ma-

Elles ont déjà porté [leurfruit en Angleterre ....


Dès 1839, M. Dupotet nous a rendu compte
des atrocités commises à Londres, lorsqu'ilavait
le dos tourné ou qu'il était placé de manière à
,

perdre un instant de vue ses somnambules, mais

c'était à son insu. {Du Magnétisme opposé à la Méde-


cine,

pag. 230. )
Obs. IV. — Si Deleuze et Puységur vivaient encore^

non seulement ils approuveraient mes expériences^


mms ils en donneraient eux-mêmes.

Jamais ! M. de Puységur appelleles expériencespu-


bliques
des moyens de profanation; Jussieu ,
la magie
du magnétisme; Roullier, des tours de force, et

M. Deleuze dit qu'un magnétiseur doit se respecter


lui-même et conserver sa dignité.D'ailleurs,
peut-on
jamaissupposer qu'ils
eussent consenti à piquer (^{brû-
ler

leurs semblables?

Obs. V. — Pourquoi condamnaient-ils les riences?


expé-
Parce que de leur temps, comme de nos

jours, les magnétiseurs ne s^attachaient q\£à faire


des expériences de clairvoyance... Autre erreur;
l'auteur de la lettre n'est pas au courant de la science.
DOCUMENTS, CORRESPONDANCE, ETC. 321,

L'insensibilité a été très bien appréciéependant la vie

de MM, Puységur et Deleuze (1); seulement on ne la,


faisaittourner des malades. LireKoreff(2),
qu'auprofit
Foissac (3); lire encore le martyre atroce subi à
THôtel-Dieu par Catherine Samson (4),à laquellele
médecin en chef, dans Vintérét de Vart^ fitappliquer^
des moxas dont elle n'avait^as besoin, et les souffla

lui-même jusqu'à extinction? Infâme expérience,


digne delà faction académique de Paris, et qui porte
aujourd'huises fruits.
Obs. VI. Si ces messieurs avaient su et pu

pro'^
duire Pinsensibilité... — Ces messieurs connaissaient

et produisaientl'insensibilité,
quand elle était néces-"

saire. « Parmi les phénomènes qu'asouvent présentés


» le somnambulisme, dit M. Deleuze, il en est un,

» dont on peut, dans certaines circonstances, tirer

» \e plus grand avantage : c'est celui de l'insensibilité

» absolue {Instr. prat., 137).» — jM. Lafontaine de-^


vrait lire les auteurs avant de parler sur leur tique.
pra-

Obs. VII. —
J^ai dit qu'ilsne savaient pas produire,
Vinsensibilité car Deleuze lui-même dit (dans son Ins*
,

truction pratique^édition de 1825) que ce dans le cours

)" de sa vie il n*a produit P insensibilité que sur trois

?•«krfhMMfc^Mta

(1) Instruction pratique sur le Magnétisme animal,Douyelle édi*


dioD, 1850, p. 139.
(2)Lettre d*un médecin étranger à M, Deleuie ^ Instruction jpr^«
.

tlque,p.353 à 412.

(3)Rapports et discussions de TAcadémie^ p» 1S6 à 158.

(4) Id. p, 280 à 283.

21
m L*AIIT ]» MAONtTISm.

i pêitêéHmê..,é » -« M. Deleuu n'a pasditun mot de

œla; c'est un cxmte que l'on a faità M. Lafontaine. —

llal6"par eieoiple"M. Aubin Gauthier a dit » dans la

de son
j^rëface TYaité pratiqué : f^ ma^n^-- «

» flerelaurHêrd
9ûfa$éFmufaurd^huin0fhtai0ntf"êmûi

Obs. VIII. «^
J*mfkiti par h aonmambuUsnm di^

rê^^ éaM êomnamhulièmê déê ffuériêmts sur dê$


^

dês
éjfihptiqwê^ soutds et muHê des des
forêtfytiquéSy
,

hyêtériques des ,
aveugles . • .
-^ Noua ne le nions

pas puisque i»0U8 n'en savons rien^ et que d'ail-


5

iMirs cela est pos»ble. Il ne s'agitpas ici du bien

que M% Lafontaine a pu opérer» mais du mal qu'il


feit au magnétisme et à ses somnambules par son genre
d'ex^ienoes.
Obs. IX. *-^ Nûus neus irouvens é^aeeerdeurk hut

j[mê wfus neitiS prwfositmsiAaeun de notre cèté^Padcption


êni magnétisme par Us Cerps Savants^ eon emploi par
kê médecine ^ une loi qui k d^ende i toits et k mette oovs

la direction spéciak des médecins. — Voîlà qui est fyrt

Bag^ tH bien pensé celte fois.

Ob$. X^ -^ QuaHèt é ce qui est de h mmtédu Sommm*

huie^ il foutwaimeni que M. de Beaurefard aU AiM

peu de connaissances en magnétisme pour crotre que h

santé puisse être altérée par des expériencespareilles. .^^


Nous avons trente années de pratique, et M. fontaine
La-

est, a ce qu'ilparaît, un jeune homme da

INffMe ans; nous sommes and^ collèguedeMM.Puy-


ségur etDeleuze, et, comme tel,nous avons reconnu la

vérité pratiquedes aphorismes341 et 342 de Mesmer :


32» TART DE MAGNÉTISER.

qui a reçu la visite de M. Lafontaine, nous assure que


ce monsieur s'est présentéavec les meilleures tions
inten-

d'arriver au bien, et on aperçoit,en effet»dans


sa lettre une intention louable, mais cela ne suffit pas.

En bonne médecine, les expériences sont dites.


inter-

Hippocrate les défend positivement (1); en

magnétisme, elles sont inutiles et dangereuses : rien

ne doit être tenté au détriment de la santé du lade.


ma-

Nous continuons donc de prolester contre les

expériences de M. Lafontaine; et si, comme il le

parait, il est animé de bonnes intentions


,
nous

ne pouvons que l'engagerà les cesser et à mencer


recom-

son éducation magnétique qu'iln'a ment


certaine-

pas achevée.
Hippocrate en médecine, Mesmer, Puységur,
Bruno Roullier et Deleuze, en magnétisme, ont jours
tou-
,

défendu les expériences(2) et nous n'en avons


,

jamais fait que pour arriver à la guérison.J'ai rendu


insensible un malade ayant dans la bouche un abcès

qui lui causait les plus vives souffrances, et tion


l'opéra-
a eu lieu avec succès. M. Aubin Gauthier a rendu
#

insensible un malade atteint d'un panaris,et le pouce

a été fendu sans douleur; tout le monde connaît

Yablationdusein^(d\ie ^diV M. Jules Cloquet, sur

madame Plantin, somnambule, rendue insensible

(1) « D*ianocents malades n'ont-ils donc de leur


pas assez ma-

)) ladie, sans qu'ilsaient encore à supporter les suites des impru-


» deuces de leurs médecins? « -
Préceptes.
(2)Voir leurs opinions rassemblées dans le Traitépratique du
MaynétismeeiduSomnamHlismedeîi, Aubin Gauthier, 1845, 1 yoU
ia-«, p. 35*à360.
DOCUMENTS ,
CORRESPONDANCE ,
ETC. 325

par le docteur Chapelain; mais, dans les cas que je


cite l'intention donnée au système nerveux des lades
ma-
,

était nécessaire.

Nous devons le répéter, il est du devoir du vernement


gou-
de surveiller la pratique du magnétisme;
il y va de la santé publique, de la vie des citoyens.
En attendant les lois de la société, les magnétiseurs
doivent s'imposiereux-mêmes des règlesde conduite

qui rassurent les personnes qui se confient à leurs

soins : aussi n'ai- je point hésité, malgré ma longue


pratique et mes services trentenaires bien connus
,

à prêter le serment médico-magnétique proposé par


M. Aubin Gauthier dans son Traité pratique.
Comte Brice de Beauregard.

M, de Beauregard fait accompagner d'observations

clfàcun des paragraphes de ma réponse. Je vais faire

de même.

M. de Beauregard veut que, comme Deleuze, Jus-

sîeu Bruno, Puységur,etc., nous ne fassions pas d'ex-


périences
,

publiques.
Je demanderai à M. de Beauregard si, parce
qu'autrefoison ne vaccinait pas, il ne faut pas
vacciner aujourd'hui; s'il faut rester stalionnaîre

et ne faire strictement que ce que l'on faisait trefois.


au-

Je lui demanderai s'il pense que nous n'ayons pas


aujourd'huiplus d'expérience pratiqueque du temps
des auteurs qu'ilcite. Je lui demanderai encore, si le

magnétisme ne s'est pas mieu^sc propagé et n'a pas


336 L*ART DE HAGNÈTISfiR.

grandi dix fois plus depuis qu'on fait des séances bliques
pu-

, que lorsqu'on magnétismt sous le manteau

de la cheminée.

Je lui demanderai s41 n'y a pas moins d'abus,


moins de crimes commis par les magnétiseurs^ de^

puis que Von magnétise ostensiblement et ^devant


tous.

M. de Beauregard trouve qu'ilest infâhie de fôire

des expériences d'insensibilité sur desl somnambules.

Les somnambules sentent ou ils ne sentent pas; là


,

est toute la question.


Si les somnambules souffrent pendant leur meil,
som-

et ensuite au réveil, cela est infâme en effet;


mais si les somnambules ne souffrent pas pendant
leur sommeil, s'ils ne souffrent pas lorsqu'ilssont
réveillés, bien loin de commettre une infamie, c'est
faire une bonne action que de présenterau publicdes
expériencesqui puissentle convaincre d'abofd de la

puissancedu magnétismei et qui le font voir sous

tm jour utile en préservant les malheureux damnés


con-
,

aux des
opérationschirurgicales souffrances

horribles qu'ilssubissent pendant et après l'opéra-


tion.

Deleu2e et autres magnétiseurs d'âutn"fois ne vaient


sa-

pas produire l'insensibilité. Ils Font trée


rencon-

quelquefois,et en ont été (Deleuzelui-


effrayés.
même le dit.)
Or M. Brice me renvoie à l'école près
de M. Aubin Gauthier parce que j'aidit queDdieuse
^

ne l'avait produite que trois fois. M. Brice^ qui a lu

Deleuze et que |é ne puis renvoyer à l'école ,


ne sera
DOCUMENTS, COHRESPONDANCE ETC. «17
,

pas surprisalors que je le taxe de mauvaise foi piut-,

qu*ilnie un fait qu'ilconnaît.

Je vais citer le passage dont parle M. Brice, il la

page 139 AeYInstntcHon pratique de Delenze^ édition


de 1825^ et Ton verra que Deleuze n!a jamais duit
pro-

que mémç
rinsensibilité, il la craignait,
ir Parmi les phénomènes qu'a souvent présentésle
somnambulisme, il en est un dont on peut, dans taines
cer-

circonstances, tirer le plus grand avantage :

c'est celui de l'insensibilité absolue. On a vu dos nambules


som-

qu'on pouvaitpiquer,pincer très fortemeat


sans qu'ilsle sentissent. Une des somnambules qu'on
a eues à la n'éprouvaitaucune
Salpétriëre impression
d'un flacon d'alcali volatil qu*on lui mettait sous le

nez; et lorsqu'on a fait à THôtel-Dieu des riences


expé-
sur le magnétisme, on a appliqué le moxa à

deux somnambules qui ne se sont point réveillés. On

a conclu de ces expériencesdangereuses que si une

est nécessaires
opération chirurgicale un malade ceptible
sus-

de somnambulisme, on peut la faire sans

causer de la douleur; et cela est vrai dans certains

cas. Mais quoique cette insensibilité sa soit montrée


chez presque tous les somnambules qu'on a vus à
FHÔtdl'Dieu et à la il s'en
Salpétrière, font de beau*

coup qu'ellesoit générale, je pense même qu'elle


n'aurait pas lieu si (m ne chai^feait
pas trop , et si on
avait soin d'^itretentr l'harmonie. Meê êomnambMks

ne me font famms ptiisentée^leur s^sibilUé était an

contraire j^usdélicate que dans T^t de veille}le con-


tact

à^vm corps non m^nétisé }^r étaitdésagri^d^kf


328 L'ART DE HAGNËTISERéi

et r^ttouchement d'une personne étrangèreleur sait


fai-

beaucoup de mal. J^ai même la certitude que des

'somnambules ont éprouvé des convulsions et se sont

réveillés pour avoir été touchés brusquement par


,

quelqu^un qui n^était point en rapport. »

Comme on le voit par ce paragraphe» Deleuze

n'a jamais produit Finsensibilité et ne savait pas la

produire; il la crargnaitcomme dangereuse,,comme


pouvant provoquer une perturbation dans Torga-
nisme. Il était dans Terreur »
comme y est encore

M. de Beau regard.
^insensibilité est un des effets les plus utiles du

magnétisme; non seulement pc^ur les opérations chi-


rurgicale

mais même afin d'éviter les accidents,


les convulsions aux somnambules dont parle leuze.
De-

Si Torganisme de ses somnambules avait été entière-


ment

envahi, complètement saturé par le fluide du

magnétiseur, jamais ils n'auraient eu des convulsions,

jamais ils ne se seraient réveillés par le contact d'une

personne étrangère.
Aujourd'hui nous savons ce qu'on ne savait pas
alors, nous sommes apte h produire d^une manière

tel
positive, ou tel effet,en agissantde telle ou telle

manière.

A répoque de Deleuze on ne cherchait qu'a duire


pro-
le sommeil en magnétisant à grandes passes, et

on du
profitait somnambulisme s'il se présentait.Au-
jourd'hui

nous savons comment provoquer le meil


som-

le somnambulisme, l'insensibilité et lama-


,
DOCUMENTS, CORRESPONDANCE, ETC. 329

jeure partiedes phénomènes; il en est peu que nous

ne puissionsproduire en magnétisant de telle ou telle

façon : nous avons profité de ce que savaient nos

prédécesseurs,de même que ceux qui nous ront


succéde-

profitantde notre expérience, en sauront vantage


da-
,

: c'est dans l'ordre.

M; Brice ne nie pas que j'aieobtenu la guéri-


son sur des épileptiques des sourds-muets des
, ,

paralytiques,des aveugles, des C'est


hystériques.
heureux ; mais avant d^attaquerun homme on forme.
s'in-

M. Brice, pour condamner les expériences bliques,


pu-
s'appuietoujourssur les auteurs anciens; et

parce qu'ila trente ans de pratique en amateur (car


je ne sache pas que monsieur le comte Brice de Beau-

regard ait fait du magnétisme sa il pense


profession),
qu'un homme qui depuis douze ans passe sa vie à

expérimenter consciencieusement afin de s'instruire

par lui-même, au lieu de se fier au dire des bules


somnam-

qui n'étant pas toujours lucides, peuvent duire


l'in-

en erreur; il pense, dis-je,


que cet homme doit

beaucoup moins savoir que lui-même, quia beaucoup


lu, il est vrai; mais moi aussi j'ailu, et beaucoup lu,
et j'aide plus pratiqué comme peu de magnétiseurs
Font fait et certes je ne pense pas que M. Brice ait
,

magnétisé autant de centaines de personnes que j'en


ai magnétisé de mille.

Quant au jeune somnambule dont il parle etqu^il


quaWûe de cataleptique
et d*inctirable aujourd'hui, il
est encore dans Terreur; car ce jeune homme tfest
330 L'AUT DB MAGNÉTISER.

point cataleptique
naturel : jamais il n^a eu une seule

crise de catalepsieni d^aucune autre maladie veuse.


ner-

Je produis sur lui la catalepsie comme sur


,

tous ceux que je magnétise pour rexpérience, et ja-


mais
elle ne s'est produite seule dans le somnambu-
lisme

; il faut que je la provoque.

Je ne puis que regretter que M. Brice et M. Aubin

Gauthier m'aient attaquéainsi^ Loin de servir le gnétisme,


ma-

ils lé sapent en cherchant à prouver que


les magnétiseurs sont des ignorants.
Il serait bien plus rationnel les magnétiseurs
que
cherchassent â se réunir, à faire cause commune^ à

serrer leurs rangs, afin de lutter contre les teurs


détrac-

et à s'entendre cordialement pour former un


,

corps de doctrine théoriqueet pratiquebasée sur les

faits produitsjusqu'àce jour en général et les vations


obser-
,

de chaque magnétiseur en particulier.

Action du mâgoétisme sur (ks végétaox.

Voici maintenant le rapport d'un médecin de

Saint-Quentin (M. Picard), concernant de" riences


expé-
faites sur des végétaux : elles prouvent d'uœ

manière victorieuse les propriétés vitales du fluide

nerveux.

"c Frappé de l'unité du principevital chez toosfcs

êtres organisés auxquels revenaient sans cesse mes

somnambules passésà l'état d'extase, je r»olus de

faire Tapi^icationdu magnétisme animal sur les végé-


taoSL et d'étudier ses effets.
33*2 L'ART DE MAGNÉTISER.

belle tète , par douze rameaux florifères de 64 mètres


centi-

de haut.

» Ainsi cette greffe^faite le 5 avril ayant donné


, ,

en deux floraisons dix-huit belles roses, est sur le

pointde fleurir pour la troisième fois


,
et j'aitiré des

rameaux que j'airabattus trente-huit écussons, dont

plusieursont déjà donné des fleurs depuis trois maines


se-

tandis que les cinq autres n'ont fleuri qu'à


,

la fin de juin et leurs rameaux n^avaient acquisque


,

15 à 20 centimètres, un seul en avait acquis20!...


» Encouragé par ces essais faits dans le doute et
,

voulant expérimenter d'une manière plus préciseet


plus concluante, je posai, le t4 mai, trois écussons
de la rose Devoniencis.

» Je les désigneraipar les n'* 1 2 et 3. Le n** 1 fut


,

de suite magnétisé, et j'abandonnailes deux autres à

la nature.

» Le 10 juin^le n"" 1 avait un seul rameau de 33


centimètres et trois boutons, le n"* 2 avait 2 mètres
centi-

le n** 3 en avait 3.
,

» Je changeai alors de méthode


,
et magnétisai
les n*** 1 et 3 pour les arrêter le n^ * pour le faire
,

partir.
» Au 20 juillet,
len» 1 était resté à 33 centimètres;
deux boutons avaient avorté et le troisième avait
,

donné une chétive rose preisquesimple. Len° 2 avait

deux beaux jets de 66 centimètres, surmontés de

trente-deux boutons. Le n** 3 avait seulement 4 centi-


mètres

,
et ses feuilles avaient à peine 3 centimètres
DOCUMENTS, COBRBSPONDANCE, ETC. 333

de longueur de la tige a rextrémité de la foliole ter-


minale;

cette dernière n'avait qu'un centimètre.

» Le n** 2 avait le 25 juillet,


une belle rose de 12
,

centimètres de diamètre bien double, bien pleine; les


pétalesétaient presque aussi épais que ceux d'un mélia.
ca-

Tous ceux qui Font vue Font admirée; le 14

août
,
il y avait quinze roses ouvertes ; la plus petite
avait 8 centimètres de diamètre. Les trente-deux tons
bou-

avaient parfaitement fleuri !

» Outre ceux désignés,j'ai magnétisé assez bon


nombre de sujetssans y mettre beaucoup de suite,et
tous sont bien supérieursaux autres par leur belle vé-

gétationet leur floraison.

» Enfin je voulus pousser à l'extrême et savoir

si je pourraisagir seulement sur une partied'un gétal.


vé-

» A cet effet sur un beau pêcher de grosse gnonne


mi-
,

en je choisis
espalier, un rameau du centre sur

lequelil y avait trois pêches; je les magnétisaitous les

jours pendant environ cinqminutes, etau boutdequel-


ques jours seulement ces trois pêches se faisaient déjà
remarquer parleur volume! Je continuai, et le 2*

août je cueillis ces trois pêches en parfaitétat de turité;


ma-

elles avaient 24, 22 et 21 centimètres de cir-


conférence

grosseur que presque jamais cette espèce


de pêche n'atteint dans notre pays froid et taire;
retarda-

les feuilles de ce rameau étaient sensiblement

plus épaissesque les autres et leurs nervures avaient


,

le double de grosseur; le reste du fruit de ce pêcher


est d'une belle venue; ilest au même point de matu"
9M L'ART DE IIAONËTISBK.

rite que celui des autres jardinsdu pays c^est*à-4ire


^

qu'ellesont toutes environ 14 à 15 centimètres de

circonférence» et que très probablement on n'en eueil-

lera pas avant le 20 ou le 2S septembre, ce qui fait

près d'un mois d'avance sur le même arbre et sur

tous ceux des environs. »

De tels faitsn'ont pas besoin de commentaires*

Opinion des Savants.

Citons aussi à l'appui du magnétisme ropinion


des hommes de savoir, et des membres du dei^
assez courageux pour donner publiquement leur

opinion.
Le 6 décembre 1846^ le mot magnétisme a sonné
ré-

pour la première fois sous les voûtes de l^tre*

Dame de Paris. La devant un auditoire ému, le révé-


rend
,

pèt^ Lacordaire a laissé tomber ces paroles du


baut delà chaire;

« Il y a dans la nature trois choses s la substance «

là force et la loi. Eh bien! la substance» elle varie à

tout moment; elle est varisl^le de sa nature; elle

dl^nge de formes, de pesanteur, de densité (pi»*«


donnez-moi Ces expressionstechniques); elle change

à tout moment^ et puiselle va se condenser ailleurs

pour y produire d'autres phénomènes. A tout ment


lace-

la sub^noe et la £orce changent de lieu et de

concentration. Il n'y a qu'une chose immobile c'^st


,

la loi mathématique et c'est cette immobilité de la


,

Joi mathématique» c'est cette où


impossibilité dyte est

de changer qui maintient l'ordre dans la niatwe.


DOCUMENTS, GORRESFONDANCB, ETC. 3M

Aittsi Bibtt a donné à la nature une loi immuaUe qui


ramène tout à soi,et deux éléments mobiles qui sont
k substance et la force.

» Eh bien, quand Dieu fait un miracle, remarquez


à la loi
ce qui se passe* Touche-t-il mathématique?
Ce n'est possible. Dieu ne peut pas faire que
pas
les rayons d^on cercle ne soient pas ^aux; ils le

sont en vertu d'une loi qui a son centre dans Té-

termite divine. Aussi jamais Dieu ne change la loi

mathématique. Sur quoi donc agit-ii?


En vertu de la

loi de la pesanteur mon bras, abandonné à Iui«


,

même, tombe perpendiculairem^t le long de mon

corps. Cependant par la seule puissance de ma


,

pewée «
je T^ve contre la loi de la pesanteur en ap-

paraMse. J'use d'une loi dont je suis le centre, et je

contrebalance la loi de la pesanteur qui m'appelaitau


centre de la terre, et qui Élisait tomber mon bras per-
pendiculai
à mon corps.
m Eh bien, quand Dieu, si vous voulez, arrête le
soleU qui, ea miivant ime courbe mathématique va
, ,

en vertu d'une force de projection,Dieu, centre de

toules les forces, applique à cet astre une force prême


su-

qui contrebalance celle qui le pousse, et le


tient immobile par la même raison qu'un corps sus*

pendu entre à"ax forces égales demeure en repos.


Dieu ne fait qu'appliquerau soleil une force dont,
à tout moment
9
nous disposons nous^némes; seu-

leoKfBt il est le réservoir d'une force supérieure,


ifu'ancaaecombinaison mathématique ou dynamique
«e peut'^aler; il est le réservoir de la force absolues
336 L'ART DE HAGNËTISER.

et, par conséquent ,


il fait ce qae nous appelons des
miracles.

» Ainsi quand nous allons demander au médecin

la santé, contrairement à toutes les lois apparentes


de la nature, il pourrait nous répondre : « Est-ce que

je puischanger les lois de la nature ? » Il les change


cependant, il vous apporte un fébrifuge,et vous couvrez
re-

la santé. Eh bien. Dieu, en qui est la force,

fébrifugeycomme toutes les autres forces, vous plique


ap-
la force fébrifugequi a ses racines en vous. Il

lui commande comme je commande à ma main, à

qui je dis : « Baisse-toi "*


,
et elle se baisse. Pas-
sons

à la seconde objection,
» On a dit : ce Les miracles ne prouvent rien, parce
qu'iln'y a rien d'aussi simple, d'aussi facile que les

miracles; toutes les doctrines en ont eu. »

» Je réponds que cette assertion est complètement


fausse, qu'aucune doctrine n'a invoqué des miracles

dans le passé et n'en invoque dans le présent. .


.
pliquez-moi
Ex-

pourquoi, à Paris, à la face de notre leil,


so-

on n'û pas encore osé, sur les placespubliques »

comme le Christ faire parler les muets, citer


ressus-
,

les morts faire en un mot le plus petitmi-


racle.
, , ,

» On m'a répondu que c'est parce que nous avons

des Académies, parce qu'on aurait cité les mi-

racles à comparaître devant la justicesavante. Mais

celte objection si elle est applicableici , ne l'était


,

pas du temps de Mahomet. Eh bien


,
pourquoi met
Maho-

n'avait-ilpointfaitde miracles? parce qu'ilvivait


DOCUMENTS, CORRESPONDANCE, ETC. 337

dans un siècle historique et qu'on ne fait point de


,

miracles dans un siècle historique,quand on n'est

pas Dieu.

» Le paganisme et le rationalisme Font bien senti


t

car ils ont voulu opposer aux miracles de JésusXhrist

"les miracles de leur façon. »

(L'orateur fait ici justicedes prétendus miracles


d'Appolloniusde Tyane, et établit ensuite qu'à l'ex-

du peuple juif
c^eption aucune doctrine n'a eu pour
^

elle des miracles. )


p Mais, dira-t-on, il est si facile de faire des racles,
mi-

aujourd'hui même il s'en fait encore.

y" J'aborde cette objection sans aucune espèce


d'ambages , car je ne recule jamais devant aucun

fait.

» On dit donc qu'ily a dans la nature des forces

occultes que nous appelons aujourd'huiàes forcesma-


gnétiques, et que ces forces donnent à celui qui en

est doué une puissance de vision et d'opérationtout à

fait supérieure à ce que l'humanité peut faire, et que,


par conséquent il n'est pas étonnant qu'à des épo-
ques
,

antérieures ce fait ait pu être découvert par \"

Christ et par des hommes qui se sont trouvés dan$

une situation analogue.


» Messieurs je pourraisrépondre tout simplement
,

que la science n'a pas encore 'admis jusqu'ici,cons-


taté

,
reconnu l'existence des faits magnétiques. Je

pourrais,par conséquent ,
vous dire : Vous, listes
rationa-

commencez par vous mettre d'accord par


, «

constater, selon vos procédés,Texistence de ce^


336 L'ART DE UAGNfiTISBB.

forces occultes et puis, quand vous serez d^accord


,

entre vous, nous pourrons nous en occuper.

» Mais, messieurs ,
je ne me guide jamais d'après
la science, mais d'après ma conscience; je crois donc
fortement aux faitsmagnétiques. Eh bien, oui, je crois
que la forcemagnétique augmente prodigieusement la

force de vision de l'homme ; je crois que les faits sont

constatés par un certain nombre d'hommes très sin-


cères

et très chrétiens. Je crois que la généralitéde


ces faits sont des faits naturels, que, par conséquent,
il faut en rendre compte, et que jamais l'homme n'a

manqué de la connaissance de ces secrets: Je crois

que tout ce que nous avons vu dans le fond des tem-

{des du pagani^oie, à part la supercherie qui était

manifeste, je crois que la magie et tant d'autres

choses étaient tout simplement fondées sur la force

magnétique.

» Eh bien, oui,par une protestationdivine contre

les formules de la science qui date d'Adam, Dieu a


,

voulu que cette force existât,pour montrer au rialisme


maté-

qu'en dehors de la foi il y a cependant sur

la terre des restes de la puissance adamique, des

restes du paradisterrestre qui marquent la puissance


de notre âme, et prouvent qu'ellen'est pas tout à fait

courbée sous le joug,qu'ily a quelque chose au-dslà


de la mort. Oui, je croîs à cela de tout mon cœur.

Mais c'est là, remarquez-le tout d'abord, un mène


phéno-
de vision et non d'opération,qui appartientà
l'ordre prophétîliueet
non à Tordre miraculeux. C'est
340 TART DE MAGNÉTISER.

que celle du révérend père Lacordaire : il croit au

magnétisme il croit au somnambulisme ;


mais il ne
,

Toit pas de mais»


résultat, selon lui, le magnétisme
ne produitrien.
N'est-ce donc rien monsieur Lacordaire que de
, ,

rendre l'ouïe aux sourds-muets» et la vue aux gles?


aveu-

N'est-ce donc rien que de faire marcher des pa-


ralytique
et de guérirdes épileptiques
et des milliers

de malades?

Oh ! certes, ce sont la de beaux résultats mais


^

M. Lacordaire paraît les ignorer; il est comme la

majeure partiedu monde, qui ne connaît du tisme


magné-
qu'un seul effet, le somnambulisme,, et qui
prend cet effet pour le magnétisme même, sans voir

autre chose. Mais pour nous, magnétiseurs,le nambulisme


som-

n'est point un effet essentiel, et je dis


mieux, il n'est pas utile dans l'état de choses actuel :

il est plutôtnuisible;car la lucidité est tellement

passagère que loin de faire croire et de faire ad-


mettre
,

le magnétisme, le somnambulisme est peut-


êlre la seule cause qui l'a fait repousser.

Cependant le bill d'adhésion donné au tisme


magné-
par M. Liacordaîre doit être d'un grand poids
et d^un grand secours près des Corps Savants : peut-
être s'émouvront-îls enfin lorsqu'ils
verront la por-
tion
la plus éclairée du clergéfrançais parler favora-
blement

du magnétisme; peut-êtrequ'ilsse ront


décide-
à s'en occuper, et qu'ilscesseront de se laisser

traîner à la remorque. Allons, Messieurs des Acadé-

(Snies,appelezprès de vous des magnétiseurscons-


DOCUUENTS, CORBESPONDANCEi ETC. 34r

ciencieux etexpérimentés, ne leur demandez pas des


vues sans le secours des yeux, ne leur demandez pas
de somnambulisme^ mais dites-leur : « Nous voulons

» en finir avec le magnétisme, l'adopter,


l'employer,
» s'il est bon à quelque chose; montrez*nous son

n côté utile, s'il en a un. )" Facilitez leur tation,


expérimen-
en leur ouvrant les mais largement,
faôpitaus^
mais sans entraves (1);mettez-les dans la positionde
guérir certaines maladies, de produire cette bilité
insensi-
à l'aide de laquelles'obtiennent les opérations
sans douleur; n'apportez aucune prévention ni mau«

vais vouloir. Dites-vous : Aujourd'hui le magnétisme


est universellement reconnu et adopté par le public;
il faut, s'il est réel et utile, régulariserson emploi;
il faut le faire sortir de l'ornière, et lui assignerune
place convenable. Il faut que les médecins en usent

non comme d'une panacée universelle, mais bien

comme d'un moyen puissantde guérison dans taines


cer-

maladies dû la médecine ordinaire échoue; il


faut que dans d'autres cas les médecins remploient
comme auxiliaire avec les moyens que la médecine

possède : et alors vous verrez bientôt tous ces mori-»

bonds, tous ces malheureux pour lesquelsvous vous

sentez impuissants, revenir à la vie ; vous pourrez


leur administrer des remèdes qui dans votre cons-»

(IjEn 1844 j*aîété admis dans deux hôpitaux de Paris, à la


Pîtîe dans le service de M. Bérard, et à Beaujon dans le service
de M. Robert, mais il fallait nous cacher. l\ était impossibled^agir
ainsi.
9iff VAM DE HAGRfiTISES*

dence pourraientles guérir,s^ils avaient la force cte

les supporter. Il vous manque un agent nous vous


,

Toffrons : acceptez le magnétisme comme vous avez

accepté le vaccin,Témétique, etc., etc.j employez-le


comme auxiliaire»et bientôt vous vous applaudirez
d'avoir enfin ouvert les yeux, vous nous remercierez,
nous autres pauvKs magnétiseurs,qui avons Fexpé-
rience sans avoir la science que vous possédez; mais

bientôt, vous nous délaisserez pour vous emparer


complètement du moyen que nous vous offrons. Il y

a du courage, à nous, il y a de la vertu à venir vous

prier de vous saisir de notre bien, et cela à notre ment;


détri-

car il est certain il est prouvé pour nous que


,

lorsque vous aurez adopté l'emploidu magnétisme,


vous le rangerez parmi les agents médicaux, et ilsera

interdit à tous ceux qui ne seront pas médecins.


Celui qui signe cet ouvrage n^est pas médecin;
il exerce la profession de magnétiseur, et en fail

vivre sa famille. L'appel qu'ilfait ici aux Corps Sa-«

vants et aux autorités médicales est plus que désinté?

ressé; mais il est temps que la question soit franche^

ment résolue, il est tempfir de faire triompher la

vérité et de mettre un terme k ces torrents de polé«


mique enfantés jusqu'ànos jours par la découverte
de Mesmer.

M. Lacordaire reconnaît le magnétisme à Notre-

Dame, et il y a quelque temps, un des plus célèbres

prédicateursanglais,le révérend MacNeU^ me présentait


re-

à Liverpool comme étant V agent du diable^


et le magnétisme comme Pœiwre du démon. Il disaU
DOCUMENTS, GOMESVONDANtE, ETC. 343

cela du haut de sa chaire, et cependant c^est un

homme fort éclairé et rempli de science; mais son

esprits'était obstiné à repousser le magnétisme sans

examen préalable.
A Nottingham, le révérend Keyworth, appuyé de

deux ou trois fanatiquescomme lui MM. Fréasson


, ,

Brown Taylor et le docteur Wilson venaient pour


enlever mes somnambules et voulaient les enfermer,
afin de les débarrasser de ma puissance diabolique.
Ils auraient commis des excès, si, par tna prudence
et mon je ne
sang-froid, les avais pas effrayéssur lés

conséquences de leur coupable tentative, qui, à leurs

était un acte méritoire et consciencieux.


yeux,
M. de Lamennais, que certes on n'accusera pas de
faiblesse d'esprit croit également au magnétisme.
,

Voici ce qu'ildit dans sa Philosophie,t. II, page 428.

a La crédulité, l'imposture, Faveugle amour du

merveilleux en attestant des faits chimériques, ont


jeté de l'incertitude sur les faits réels, car il en est de

réels,et Ton ne peut que déplorer,sous le rapport

de l'avancement de la science l'obstination étroite


,

qui se refuse à un examen suivi, sévère, impartialde

ce genre de faits,entre lesquelsil importe ment


extrême-

de distinguerceux qu'on doit admettre sur des

de
irréfragables ceux qui n'ont de ments
fonde-
preuves

que dans une imaginationprévenue.


» Point de doute que l'homme ne puisse tomber de

soi-même, sans l'intervention apparente d'aucun

état semblable sommeil


agent extérieur, dans un au

diiï rent à d'autres égards;


à quelqueségards,et
U4. L'ART DE MAGNÉTISER.

semblable en ce que la vie de relation est en partie


suspendue comme dans le sommeil; différent en ce

que cette vie étant en partiesuspendue, le bule,


somnam-

isolé des objetsenvironnants et n'en ayant cune


au-

conscience^ ne laisse pas d'accomplirune suite

d'actes parfaitementcombinés
volontaires pour une

fin, lesquelsn'appartiennent d'ordinaire'qu'à l'état

de veille,et dont il ne lui reste aucun souvenir à son

réveil.

» Point de doute encore que cet état singulier


puissesen certains cas être déterminé par Faction
,

d'un individu sur un autre, et qu'alors les phéno-


mènes
principaux restant les mêmes que dans le

somnambulisme naturel ou spontané, il s'en produit


un nouveau, savoir, un exclusif,
rapport particulier,
établi entre le somnambule et celui qui a provoqué
en lui le sommeil magnétique. Ce fait et le pouvoir
qu'il implique rentrent évidemment dans la classe

des phénomènes généraux de communication des

êtres entre eux. )"

Après l'opinionde MM. Lacordaire et Lamennais»


il ne sera point déplacé de donner ici l'opinion
parti-
culière
de J)fofre Saint-Père h Pape^ Pie /AT, sur le

magnétisme animal.
.

Ce sont ses propres paroles que je vais citer et


,

qu'ilm'adressa le 14 novembre 1849 ,


dans une dience
au-

particulièrequ'ilavait eu la bonté de m'ac-


corder.

Je me rendis à Porlici et la première parole que


^

m'adressa Sa Sainteté fut pour me demander, si j'étais


DOCUMENTS, CORRESPONDANCE, ETC. 34S

de la famille du hon Lafontaine, le fabuliste?


Sur ma réponse affirmative, il s'étendit en éloges.
Je lui présentai cet ouvrage, l'art de magnétiser,
en le suppliant de vouloir bien il l'ouvrit.
l'accepter,
« Du magnétisme, dit-il,oh ! M. Lafontaine, c'est
^ une arme qui peut être bien dangereuse; je ne nie

^ pas, je ne prétends pas nier le magnétisme. C'est

y" un effetnaturel, c^est un physique^ ayant


effet une

» cause toute naturelle^ seulement je doute de son

y" utilité. D

— Votre Sainteté me de
permettra-4-elle lui dire

que cela dépend du point de vue sous lequel on visage?


l'en-

Si on veut le considérer comme un moyen liaire


auxi-

de la chirurgieet de la médecine^ il peut être

d'une grande utilité.

Si on s'attache,au contraire» au côté merveilleux»

il peut être dangereux comme toute chose, car il n'y

a pas sur terre une seule chose qui n'ait son bon et

son mauvais côté, la Religionmême

« —
Oh chut me fît le Saint-Père.

» Je ne dis pas qu'ilne puisseêtre utile, mais seule*

)" ment j'endoute et surtout comme moyen curatif;


» mais 4^est un de
effet la nature^ comme VéUciricili^
i" qui rentre dans
tout-à-fait Pordre physique. »

— Votre Sainteté doute qu'ilsoit utile,cependant il

peut guérir toutes les maladies nerveuses; et si vous

daignez jeterun coup d'œil sur ce livre, vous pourrez


voir, très Saint-Père» que dans bien des cas j'ai
,

réussi à guérirdes maladies réputéesincurables; des


816 L'ART DE HÂGR£TISER«

paralytiques, des ëpileptiques ,


des sourds-muets,
même des aveugles.
Il y a trois jours,très Saint- Père devant tous les
,

ministres étrangers et devant des familles taines


napoli-
les plus dignes de considération, j'aifait tendre
en-

un sourd-muet napolitainque le Directeur

général de la douane m'avait envoyé.


Alors Sa Sainteté prenant intérêt à mes explications
me fit beaucoup de questionssur le magnétisme ,
sur

la manière dont je l'ejuployais,


sur les guérisons que
j'avais produites ,
etc.
,
etc. ; toutes ces questions
étaient faites tantôt en italien, tantôt en français.
Quand elles étaient faites en italien,je rappelaisà Sa
Sainteté je ne comprenais pas, et avec une bonté
que
extrême, le Saint-Père recommençait sa question en
français.
Et enfin aprèsm'avoir gardé pendant ving minutes.
Sa Sainteté me congédia en me donnant sa main à

baiser et en me disant :

« Eh bien! M. Lafontaine, souhaitons et espérons


pour le bien de l'humanité le magnétisme
^ que ,

ï) pourra bientôt être généralement employé. »

Les paroles du Saint-Père peuvent être regardées


comme une approbation donnée au magnétisme;
mais au magnétisme employé comme moyen peutique
théra-

pour la guérison des maladies; au tisme,


magné-
dans son acceptionsimple et naturelle, comme

don de Dieu pour soulager notre pauvre humanité.

Les audiences n'étant ordinairement que de quatre


à cinq minutes, en sortant du cabinet du Saint-Père,
U8 L'ART DE MAGNÉTISER.

Il me répondit en tremblant, qu'il me remerciait

beaucoup, mais qu'il ne pouvait accepter. Je crois que


si j'étaisresté plus longtemps^ il se serait évanoui
,

ou il aurait eu au moins une attaque de nerfs.

Plus tard je reçus Tordre de partir dans les six


,

jours. Furieux je courus à la préfecture de police»


,

et je menaçai M. le préfet de Tendormir et de ne plus


le réveiller,ainsi que toute sa police, s'il ne révoquait
cet ordre à l'instant.

Je me transportai chez M. de Rayneval, notre bassadeur


am-

de France, qui, quoique souffrant, fit

toutes les démarches pour faire révoquer cet ordre,

tant son indignation était grande. Les ambassadeurs

d'Angleterre, d'Espagne, de Russie^ écrivirent tivement


collec-

une lettre au ministre de l'intérieur.

M. Defly, consul général, alla trouver M. le préfet


de police ; l'ordre fut suspendu : mais ce pauvre fet
pré-
disait à M. Defly : oc Mais décidément nous ne pou-

y" vous garder cet homme à Naples, il changerait


pas

i" la Religion; il fait tout ce que le Christ faisait. »

Le ministre de Tintérieur assembla le conseil des

ministres, et après de longs débats, cette affaire fut

soumise au roi.

"c Je consens à ce que M. La fontaine reste à Naples^


â condition qu'il ne fora entendre des sourds
» pas

u muetSy et quUl ne fora pas


voir des aveugles! ! ! »

SUPERSTITION et STUPU)ITÉ.
CONCLUSION. m

CONCLUSION.

Nous vivons dans un siècle fertile en grandesdécou*


vertes; chaque jour la science fait des conquêtes nou-
velles,

chaque jour des vérités delà plushaute impor*


tance étonnent le monde.

Le magnétisme est une de ces grandes et sublimes

vérités, que de
Tintelligence Thomme repousse bord
d'a-

; son immensité lui cause autant d'effroi que de

surprise,sa raison chancelle,et il préfèrenier que


de chercher à approfondirces mystères qui semblent
renverser les lois qu'ila déjà fondées, et qui lui raissent
pa-
immuables, comme si la nature avait dit son

dernier mot, comme si la science devait se ner


condam-

à une étemelle immobilité.

Le magnétisme vital produit des phénomènes breux


nom-

et plus intéressants les uns que les autres.

Nous avons essayé de les décrire^et, afin de donner

plus de poids à nos citations,nous avons nommé les

personnes honorables sur lesquellesnous les avons

obtenus.

Les différents effets produits les diverses tions


sensa-
,

éprouvées et racontées par les personnes mêmes

qui les ont ressenties,


ne peuvent point ne pas avoir

prouvé d'une manière l'existence


irréfragable, du

magnétisme.
Nous pensons avoir démontré que la cause de tous

les phénomènes magnétiques est simple^ naturelh


$l$ù L'ART DE MAGNÉTISER.

et matérielle
f
qu'elle
est une et non composée^qu'elleest
enfin le fluidevital ou nerveux émanant de rfaomme,
et prenant sùn principedans le fluideuniversel.
Nous avoir démontré d'une manière torieuse,
vic-
pensons
qu'ellesétaient dans Terreur, ces personnes

qui, dans toute la bonne foi, dans toute la candeur

de leur âme, accusaient une cause surnaturelle et dia^

boliqueaux effets magnétiques.

Nous ne saurions trop le répéter,nous croyons


avoir donné la preuve exacte, mathématique, par le

récit des effets produits,et par la manière dont nous

les avons obtenus, que la cause est simple^ naturelle


et toute physique^ et que la volonté n^est ici qu'un
aecessotrej comme dans tous les actes de la vie.

Nous croyons avoir démontré Futilité du tisme,


magné-
comme auxiliaire de la chirurgiedans les rations
opé-
douloureuses, et son efficacité curative dans

certaines maladies.

Les nombreux malades que nous avons traités dans


les diverses affections indiquées dans ce livre,nous
ont donné la preuve positive,évidente, que le gnétisme,
ma-

employé seul, peut, dans bien des cas, suf-


fire

pour ramener la santé dans un corps organisé.


Il nous a été prouvé également que le magnétisme
employé conjointement aux moyens ordinaires de la

médecine, était toujoursd'un effet salutaire,et que,


bien administré, il ne pouvait être dangereux, mais

au contraire toujoursutile.
Sans faire du magnétisme une panacée universelle,
nous pouvons conclure que le ms^oétisme peut être
CONCLUSION. 361

employé avec succès dans toutes les maladies, car il

est le principede vie sans lequel nous ne pouvons


exister.

Nous pouvçns penser avec quelque apparence de

riaison,que Dieu» en nous donnant le magnétismoi a

placé dans la nature même le moyen qui remédie à

côté du principequi attaque l'organisme, et qu'ici,


comme en toute chose, le bien est à côté du mal.

Disons avecSénèque, adtdsufpcitnaturaquodposcii^,


La nature à
suffit ce qu^elledemande.
Considérons donc le magnétisme seulement sous

le point de vue thérapeutique,ne voyons en lui qu'un


moyen de guérir; c'est comme tel que je le présente
au public, et mon but est de décider les hommes de

science à s'occuper du magnétisme; s'ils refusaient de

le faire,ils manqueraient à leur devoir, parce que


d'illustres savants a croyances fortes,à volonté ferme,
admettent le magnétisme sous le rapport physique et

physiologique
; parce que les phénomènes qu'ilpro-
duit
dans l'ordre psychologique ne sont pas plus
étonnants que la plupart des phénomènes qu^on contre
ren-

dans humaine.
l'organisation
Du moment où Tart de guérir aura fait tourner au

profitde l'humanité l'action thérapeutiquedu inagné^^


tisme, le but principalsera atteint.

Le magnétisme ne prendra rang parmi les sciences,

et ne rendra véritablement des services à l'humanité,


que lorsque les Corps Savants l'auront reconnu et

adopté»
si nous
Magnétiseurs! comprenons bien notre mis-i
382 L ART DE MAGNÉTISER. — CONCLUSION.

sion, nous abandonnerons provisoirement le côté

merveilleux du magnétisme tant de fois présenté et

tant de fois repoussé occuperons


; nous ne nous que
de la partieutile et sérieuse ; la part est large et belle.

Réunissons d'innombrables masses de faits,


afin que
les Académies s'en émeuvent et finissent par quer
provo-

un examen sévère, maïs vrai.

Présentons les phénomènes physiologiques qui


sont les plus simples, les plus faciles à produire et les

moins incontestables, n'offrons que des faits dont

Futilité soit reconnue : le sommeil Tinsensibilité qui


,

permettent de faire les opérations chirurgicales,sans


que les malades éprouvent les douleurs affreuses qui
en sont la conséquence.
Soumettons à l'action curative du magnétisme, des

malades dont on ne puisse mettre en doute les affec*

tiens ; faisons constater Tétat de ces malades avant et

après; ayons de la persévérance et du courage, ne

nous rebutons pas pour des taquineriesde mauvais

goût, qui retombent d'elles-mêmes sur leurs auteurs;

dédaignons le sarcasme et le ridicule


,
n'offrons aux

injures que le froid mépris d'une conscience quille;


tran-

c'est en agissantainsi nous quérir,


con-
que pourrons

pour le magnétisme, la place qu'il doit

occuper.
Puisse ma voix être entendue des magnétiseurset
du public!

PIN.
TABLE DES MATIÈRES.

Préfacé y

Chapitre I. Du magnélisme depuis Mesmer jusqu'à


nos jours «
1

Chapitre II. Ëtatactuel du magnétisme 6

Chapitre III. Théorie du magnétisme. 12

Chapitre IY. Analogie du fluide magnétique animai

avec le fluide magnétique minéral 26

Chapitre Y. Pratique du magnélisme 39

Indication pour produire les principaux effets

du magnétisme ^ ^
48
. « ^ ... «

Chapitre YI. Somnambulisme 55

Chapitre YII. £0*61$ généraux do magnétisme.... 67

Clôture des yeux i



Spasmes* — Paralysie. 69 à 73
. * .

Catalepsie partielle "


— Insensibilité «
76

Somnolence* — Paralysie. —
Insensibilité.-^

Catalepsie entière. —
Sensation 79

Sommeil. —
Paralysie. —
Insensibilité. — talepsie*
Ca-

— Paralysie des sens. ..*........*


83

Chapitre YIII. Effets physiques dans le bulisme


somnam-

4
1 91

Somnambulisme naturel* *.*....*..* ib.


magnétique -95

Localisation de la sensibilité 94
*.**...* *

Transmission de sensation 05

Sensation ou appréciation des objets magnéti-^


séSi —
Yue du fluide 97

Attraction entière 98
*....,*•..

Sommeil à distance 102

Insensibilité à l'électricité. 106

23
^54 TABLE DES MATIÈRES.

Ghapitri IX. Effets psycologiquesdans le somnam-


bulisme

110

Transmission de pensée 111

Vue sans le secours des yeui 113

Ëiat extatiquesous l'influence de la musique. . .


143

Chapitrb X. Dangers et accidents du magnétisme. .


145

Convulsions. — Impossibilitéde réveiller 148 et 149

Léthargie» — Paralysie. — Idiotisme — Ëpi-


iepsie. —
Folie Ittl à 157

tlHAPiTftB XI. Le magnétisme auxiliaire de la rurgie.


chi-
162

Extraction de dents sans douleurs 165

Opération chirurgicalepratiquéeà Cherbourg. .


168

Accouchement terminé dans Tétat somnambu-

lique h
173

Emploi de Téther dans les opérationschirurgi-


cales.

Ses avantages et ses inconvénients. 175

Chapitrb XII. Thérapeutique et pratique du gnétisme


ma-

181

Êpilepsie. Hystérie. — —
Chorée 185 à 195

Paralysieà la suite d'une congestion cérébrale. .


197

Paralysieavec tremblement nerveux 198

'•^ des membres inférieurs, ayant pour


cause une inflammation de la moelle épiniére. 200

Psaralysîe
rhumatismale 202

— avec contracturè de membre 203

ayant pour
-^
cause Thystérie 206

Bétraction des nerfs d'un membre après une

fracture de la colonne vertébrale 207


.

Cécité. •*-
Surdité. "— Surdi-mutité 210 à 217

Sourde et muette par suite de convulsions 220

• Sourd-muet de naissance 221

Fièvres intertiaittente,
scarbitine*cérébralciner-
.
veuses. .•••..... «^
224 k 227
Inflammation de ndatrice .' 227

Suppression, '— Hémorrhagies. —


Chlorose .
228 et 229

Coup au sein. —
;
Ulcères. — Entorse 230

Névralgies « i 231

Vomisspment^desang. ^ Vomissement chro"

nique. — Toi% nerveuse *. 232


306 TABLE DES MATIÈRES.

Influences telluriqoes 28i


Observation d'un homme qui tsi resté quinze
jours sans manger ni boire 387
Effets de la volonté sur soi-même 288

Effets de la baguette de coudrier placée au-

dessus des métaux 290


,

Chapitre XYI. Documents, extraits de journaux,


correspondance ,....,..
292

Lettres et extraits de journaux sur diverses guc-


risons de sourds-muets ib.
Lettre du docteur Guépin de Nantes 30^
Revue magnétique. —
Expériences parisiennes. 307

Lettre d^ M. le comte Brice de Beauregard ib .

Eéponsede M. LafontaineàM. le rédacteur de


la Revue magnétique 312

Réplique de M. le comte Brice de Beauregard, 318

Nouvelle répliquede M. Lafontaine 325

Action du magnétisme sur les végétaux^,


par H.
le docteur Picard / .
330.

Opinions de Mil. Lacordaire, Lamennais et de


'

Sa Sainteté le Pape, Pie IX, sur le magnétisme. 334

Enseignement du magnétisme défendu à Naples. 347


'

Conclusion 349

fin ds la table.

ERRATA.

Pa^e 15, ligne3, au lieu de : el des lisez*:et


fluides, des autres fluides,

19, — 13, ~
un des résultatsfV état,Imi: un des ré-
sultats

deVétat.

— 32,' —
23, — aumagnétisme f lisez: en magnétisant f


51, —
4,
'

s'obtient, — s'obtiennent:

«•
" 'j
?*^4L j»*^'
%^

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