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Radu CINAMAR

DECOUVERTE AU BUCEGI

Base extraterrestre et Histoire de l’humanité

LES EDITIONS ATLANTES


Traduction du livre roumain « le futur à tête de mort » :

VIITOR EU CAP DE MORT

COLLECTION OVNIS - LES EDITIONS ATLANTES

Collection dirigée par Christel SEVAL

Traduction du roumain.

Illustration de couverture : le Sphinx du Bucegi

©2016 Christel Seval, Interkeltia-Atlantes.

© Maquette de couverture Yaël Bar-Dayan – yael@bardaworld.com

Edité par les éditions Atlantes, 7 rue Pasteur, 78350 Jouy en Josas, France.

Tel 06 81 39 50 54.

Tous droits réservés pour tous pays francophones.

ISBN 978-2-36277-032-6
Sommaire

Prélude

Préface

Dans le viseur de la Sécurité d’État


Une étrange naissance
Certaines capacités extraordinaires
Le détachement

Le Département Zéro

Première confrontation : le mal des profondeurs


Le « saut » post Révolution
Le compromis
Le Test
Vérité occulte de l'Organisation Maçonnique

Deuxième confrontation : l’information essentielle


Explications initiatiques
Panique au Pentagone

La grande découverte
La base secrète dans la montagne
La Grande Galerie
Tensions diplomatiques exceptionnelles
La Salle des Projections

L’autre Terre des Dieux


Prélude

Juin 2016, je reviens de Roumanie, du mont Bucegi, où Daniel Hofnung,


qui a écrit la préface de ce livre et adapté les illustrations, s’est rendu
également à plusieurs reprises. Daniel a fait connaître en France cette
histoire incroyable de la découverte en 2003 par les autorités roumaines et
américaines de cette cavité anormale au sein du Bucegi. Cavité qui s’est
révélée être une très ancienne base non humaine, et qui remet en question
toute l'Histoire officielle telle que nous la connaissons.
Le film « L'Autre Terre des Dieux » du réalisateur Deimian, publié fin
2016, vient appuyer cette révélation, des détails en sont donnés à la fin de
l’ouvrage.
Voici donc le premier livre traduit du roumain, « Découverte au Bucegi »,
qui sera vite suivi du second, « Le mystère égyptien ». Cinq ouvrages de
Radu Cinamar existent au total, le dernier étant en cours de publication en
Roumanie. Ma courte visite m’a permis de confirmer ce que décrit l’auteur
dans ses livres : en effet, j’ai pu rencontrer un guide de montagne originaire
de la région (Busteni) qui m’a confirmé la véracité de tout ceci, et j'ai
également pu me rendre compte de l’existence de zones militaires interdites
au pied de la montagne.
Ce livre sera certainement un grand pas en avant dans la découverte de
notre histoire réelle, ancienne et moderne, ainsi que dans notre évolution
collective.

Christel Seval – Editeur


Préface

C'est lors d'un second voyage en Roumanie, deux ans après le précédent,
que pour l'essentiel cette préface a été écrite : il me paraissait mieux d'être
sur place pour introduire ce livre.
Mais l'origine de ces voyages est ailleurs, en Bosnie-Herzégovine.
A l'été 2013, ma compagne et moi participions comme volontaires aux
fouilles archéologiques de la fondation Piramida Sunca, créée par Semir
Osmanagich[1]. En 2006, il a découvert à Visoko, à 30 km au nord de
Sarajevo, des pyramides, recouvertes de végétation. Cette découverte fait
écho à celle décrite dans le premier livre de Radu Cinamar. Toutes deux
remettent en question l'histoire telle qu'elle est connue et enseignée. A
Visoko, les dernières datations de la pyramide du soleil au carbone 14
indiquent 32.000 ans, l'orientation de celle-ci aux points cardinaux est bien
plus précise que celle de Gizeh[2]. Un faisceau de rayonnement
électromagnétique constant, à 28 kHz, sur un diamètre de 4,5 mètres, a été
mesuré à son sommet. Un réseau de tunnels a été détecté dessous mais n'a
pu être visité, l'entrée étant sur un terrain privé. Mais un autre réseau de
souterrains a été trouvé au voisinage, les souterrains Ravne, dont plus de 1,8
km de longueur ont été dégagés ou étaient libres d'accès.
C'est à Visoko, en cet été 2013, que Birgitte Knaus, sponsor de la fondation,
nous a parlé d'un voyage en Roumanie dont elle revenait, avec Peter Moon,
éditeur new-yorkais.
En quelques années, de 2009 à 2013, Peter Moon avait publié quatre livres
traduits du roumain. Le premier, « Transylvanian Sunrise[3] », raconte la
découverte, en 2003, sous les monts Bucegi en Roumanie, d'une immense
salle souterraine réalisée par une civilisation très avancée.
L'itinéraire du voyage de Peter Moon en Roumanie était disponible sur
internet : les monts Bucegi, la vallée des citadelles daces et l'ancienne
capitale royale dace Sarmizegutsa Regia. Ma compagne a commandé les
quatre livres en anglais, puis les a lus en un temps record, passionnée par
les enseignements qui y figuraient. Je n'avais lu que le premier l'été suivant,
en 2014, lorsque nous sommes partis à la découverte de tous ces lieux.
Autour du Bucegi, à 120 km au nord de Bucarest, lieu de la découverte de
l'été 2003, nous avons cherché des témoignages de personnes présentes à
l'époque. Beaucoup ne travaillaient là que depuis peu, sauf une qui nous a
indiqué qu'à l'été 2003 des militaires ont suivi un entraînement en
montagne, et que du matériel de mesures électromagnétiques avait été
apporté sur place car beaucoup mentionnaient l'énergie importante de ce
lieu. Il s'est bien passé quelque chose ici à cette période.
Le livre indique que des spécialistes sont venus des États-Unis, dès juin
2003, avec du matériel de haute technologie pour accéder à un site
souterrain. Il évoque aussi les relations tendues entre les autorités
roumaines, qui voulaient que la découverte soit rendue publique et les USA,
qui le refusaient avec vigueur, puis les contreparties à l'accord sur le secret
finalement acceptées par la Roumanie, signé le 10 août 2003 : accélération
de l'adhésion de la Roumanie à l'OTAN, mesures de protections, accord de
coopération militaire et entraînement communs avec Israël conclu en
septembre 2003. Et c'est justement, près du mont Coltii Tapului, situé à l'est
du massif du Bucegi, qu'un jour de très mauvais temps en 2010, un
hélicoptère militaire israélien s'est écrasé. Qu'y avait-il de militaire dans ce
site ? Le seul lieu militaire indiqué par des panneaux, en bas du massif, est
un centre de réadaptation à la vie normale pour des militaires, revenus de
missions de combat internationales parfois traumatisantes, tels qu'il en
existe aussi en France pour les anciens casques bleus ou les participants à
des missions difficiles, en Afrique ou ailleurs.
Juste après notre séjour en Roumanie de 2014, nous retournions aux
pyramides de Bosnie, pour participer à nouveau comme volontaires aux
fouilles. Là, j'ai parlé à un jeune américain de la découverte en Roumanie.
Vivement intéressé, il s'est rendu sur place, juste après, avec un ami. Ils ont
sillonné tous les chemins du massif Caraïman autour de la montagne où a
été faite la découverte, dans l'espoir de trouver l'entrée de la salle
souterraine. Ce lieu est bien connu des Roumains pour les deux rochers qui
s'y trouvent : le « sphinx » et « babele ». Nous avons reçu des nouvelles de
leurs recherches un an plus tard, par une relation commune. Explorant
systématiquement routes et chemins, ils ont trouvé au bord d'une voie des
bâtiments récents abandonnés. Ils ont noté la présence inhabituelle de
cristaux au sol, puis des gardes leur ont demandé de quitter les lieux, leur
disant qu'ils n'avaient rien à y faire : avaient-ils trouvé le chemin menant à
l'entrée de la salle ? Cette année, nous avons parlé à un jeune serveur
habitant Sinaïa. Ayant lu deux des livres de Radu Cinamar, il a cherché,
sans résultat, l'entrée, plutôt côté ouest, où le terrain est vallonné et
accessible partout, alors qu'elle serait plutôt côté est, où les à-pics sont
impressionnants, et les gorges encaissées nombreuses.
Beaucoup, après avoir lu le livre que vous avez entre les mains (dont
plusieurs roumains rencontrés ici cette année), estiment qu'il s'agit d'un livre
de science-fiction, et que tout – ou partie – serait imaginaire. L'auteur lui-
même prévoit cette critique de ses livres, et précise que tout ce qu'il décrit
est réel, même si cela paraît incroyable.
Le récit, avec ses séquences, ses rebondissements, fait effectivement penser
à un roman à épisodes multiples. Pourtant, Radu Cinamar indique qu'il ne
s'agit que de la vérité.
Cette vérité, si elle est confirmée, est très dérangeante : elle met en cause
beaucoup de ce que nous connaissons de l'histoire mondiale.
L'ancienneté et les caractéristiques des pyramides de Bosnie nous
interpellent sur le développement linéaire de la civilisation tel qu'il est
enseigné actuellement. D'autres civilisations, humaines ou humanoïdes,
plus avancées, pourraient avoir interféré ou cohabité avec l'espèce humaine,
pendant de longues périodes, lui apportant des enseignements dans divers
domaines, dont le domaine spirituel, la compréhension de l'univers,
l'astronomie, et certaines techniques qu'elle aurait ensuite intégrées.
Le fait que d'autres planètes puissent abriter la vie commence à être
largement admis, des planètes situées dans un domaine « habitable » se
chiffrant sans doute par centaines de milliards dans la galaxie[4]. Le fait
qu'une vie intelligente puisse s'y développer ne paraît plus aussi incongru
qu'il y a quelques dizaines d'années, lorsque les astronomes estimaient que
l'apparition d'une vie intelligente sur Terre était une exception liée à un
concours de circonstances peut-être unique. Un autre pas qui reste à faire
serait d'admettre l'existence dans l'univers de civilisations bien plus
avancées que la nôtre, et d'envisager ce que nous considérons comme
impossible en fonction des connaissances actuelles – les déplacements dans
l'univers sur des distances de dizaines, centaines ou milliers d'années-
lumière en un temps relativement court – ce qui suppose de nouvelles
avancées en physique.
Un autre problème est la transmission de la vie et surtout des formes de la
vie. La panspermie, hypothèse admise par les scientifiques, envisage
l'ensemencement d'une planète par des acides aminés apportés par des
météorites. Mais il est peut-être possible d'aller beaucoup plus loin : le
professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine, après ses recherches
sur le virus du sida, a repris les recherches de Jacques Benveniste sur la «
mémoire de l'eau[5] ». Il a pu ainsi montrer qu'une éprouvette d'eau ayant
contenu un virus en de très faibles dilutions émettait sous forme
électromagnétique l'information de l'ADN de ce virus. Cette information
transmise à une autre éprouvette, contenant de l'eau distillée, par internet de
France vers l'Italie, a permis de reconstituer le virus avec 98 % d'exactitude,
à partir d'une solution de nucléotides[6]. Ceci ouvre à la possibilité de
transmission sans contact matériel de « modèles » de vie évoluée, et peut-
être de formes analogues d'organismes pouvant se retrouver sur diverses
planètes.
L'humanité actuelle n'a pas connaissance d'autres civilisations, ailleurs dans
l'univers. Si des contacts avec des civilisations avancées ont existé dans le
passé, avec transmission de connaissances, comme je l'ai supposé, on peut
imaginer que, par la suite, l'humanité les utilisant mal ou n'arrêtant pas les
guerres en son sein, toute collaboration aurait cessé, et ces civilisations se
seraient retirées de la surface de notre planète. L'humanité aurait ensuite
perdu tout souvenir de ces épisodes, hors quelques témoignages qu'elle ne
sait plus interpréter (humanoïdes en scaphandre dans les fresques du
Tassili).
Vous allez penser que ceci est encore plus inimaginable que le livre qui est
entre vos mains, pourtant, voici quelques éléments :

• On a trouvé de nombreux squelettes au crâne allongé vers le haut et


l'arrière à plusieurs endroits du globe. Ils ont été attribués à des humains,
et les crânes considérés comme issus de déformations volontaires à l'aide
de planches dès le plus jeune âge. Mais manifestement ce n'est pas le cas,
puisque ces crânes ne possèdent qu'un os pariétal au lieu de deux, qui se
développe vers l'arrière, avec un volume cérébral supérieur de 60 % au
nôtre. A l'inverse, les crânes déformés par des planches ont le même
volume que le nôtre. Des cheveux roux ont fréquemment été retrouvés
sur les crânes allongés. Il s'agit bien d'une autre espèce humaine que la
nôtre, et l'ADN mitochondrial, qui a été analysé sur 5 des crânes (ainsi
que sur les dents, cheveux et restes de peau) possédés par le musée de
Paracas, au Pérou, diverge nettement de l'ADN humain, à tel point qu'un
« croisement » aurait pu être impossible[7].
• Des géants sont mentionnés dans ce livre ; des squelettes de géants ont
été trouvés en de nombreux endroits du globe, comme:

– En Roumanie lors d’excavations dans les années 40, environ 80


squelettes d'une taille d'environ 5 mètres, puis à Rosia Montana en
19 7 6 un squelette de 10 mètres, et en 1989, 20 autres squelettes
géants à Lebada-Pantelimon[8].

– En France, la découverte en 1890 à Castelnau-le-Lez, près de


Montpellier de trois os humains de grande taille, appartenant à un
individu d'environ 3,5 m, étudiés à l'université de Montpellier, puis
quelques années après, à 5 km de là, de 3 crânes humains
appartenant à des individus de 3 à 4,5 m[9].

• De multiples objets précolombiens trouvés en Amérique Latine, en


particulier dans une mine d'Équateur, au Mexique, en Bolivie
représentent des astronefs ou soucoupes volantes[10].

• Les nombreuses pyramides découvertes dans le monde entier, souvent


vieilles de dizaines de milliers d'années, comme celles de Bosnie,
évoquent une civilisation des pyramides, liée à des connaissances
avancées à la fois en astronomie et en énergie[11].

• L'origine du yoga et sa diffusion en dehors de notre planète : Robert L.,


fils de paysans de l'Aveyron, a observé la présence de boules lumineuses
dans la cour de la ferme familiale, puis a reçu des visites d'êtres assez
semblables à nous, bien qu'un peu plus grands. Après plusieurs mois de
contacts et d'enseignements, ils l'ont invité à passer près d'une année avec
eux (l'année 1968, dans une base souterraine sous l'Himalaya)[12]. Ils lui
ont enseigné le yoga, qu'il pratique depuis régulièrement, à un haut
niveau, non seulement le yoga des postures, mais aussi le yoga mental, tel
que décrit dans les yoga-sutras de Patanjali[13].
Pratiquant moi-même le yoga depuis des décennies, j'ai rencontré Robert L.
à l'occasion d'un débat à Toulouse et ai vu le film complet d'une heure et
demie d'une de ses séances de yoga, telle qu'il le pratiquait avec ses hôtes et
qu'il a poursuivi par la suite, satisfait des bénéfices que cela lui apportait. Sa
maîtrise, sa concentration, sa capacité à tenir les postures sans bouger
plusieurs minutes d'affilée sont remarquables, et ce que j'ai vu correspondait
à des postures que pour la plupart je connaissais (sans pour beaucoup,
pouvoir les réaliser) : or ses « professeurs » n'étaient pas issus de notre
planète et indiquaient que leur civilisation était de 20.000 ans en avance sur
la nôtre ! J'ai pu échanger avec lui par mail ensuite, et constater qu'il avait
reçu un enseignement allant bien au-delà du yoga couramment pratiqué : or
ses « professeurs » venaient d'une autre planète et disposaient de capacités
que nous n'avons évidemment pas (par exemple pouvoir modifier leur
niveau vibratoire et passer à travers des murs).
Le fait que des êtres d'autres planètes possèdent ces connaissances me fait
penser que le yoga, révélé à ses fondateurs selon la tradition, mais aussi la
civilisation des pyramides... et sans doute bien d'autres choses pourraient
avoir été « offerts » aux humains dans le passé par d'autres civilisations
alors en contact avec l'humanité mais qui ont rompu tous liens avec elle par
la suite, ou faire partie de « savoirs communs » aux civilisations de
l'univers.
L'histoire que vous allez lire est effectivement incroyable si on la juge en
fonction de ce que nous savons actuellement, mais, si on admet qu'ailleurs
dans l'univers existent des civilisations plus avancées que la nôtre, et que
ces civilisations ont, par le passé, été en contact avec l'humanité, alors tout
ceci n'a plus rien d'incroyable.
Quels autres éléments ont été significatifs pour moi, quant à la crédibilité de
cette histoire, du moins pour le tome 1 ?
Je dirais tout ce qui concerne le champ hors de la raison rationnelle,
scientifique, qui domine actuellement notre civilisation.
Lors de sa formation au Département Zéro, Cezar Brad (le personnage
principal du récit) a été invité avec son supérieur, le général Obadea, par
Arsenie Boca, un saint orthodoxe – à le rencontrer. Arsenie Boca leur a
annoncé qu'une découverte importante pour l'humanité toute entière serait
faite vingt ans plus tard en Roumanie, il leur a indiqué aussi que Ceaucescu
(l'entretien s'est passé deux ans avant la révolution roumaine et 17 ans avant
la découverte du Bucegi) était venu en personne le consulter en secret, et
qu'il lui avait annoncé son renversement violent proche et sa mort s'il ne
changeait pas radicalement sa façon de diriger. Le dictateur l'avait alors très
mal pris et a fait pour chasser le religieux. On sait comment s'est achevé
ensuite le pouvoir « communiste » roumain : vous trouverez tout ceci plus
loin.
Le monastère de Prislop où repose le saint Arsenie Boca ne désemplit
jamais. Les roumains orthodoxes y font la queue pour se recueillir quelques
instants sur sa tombe, y posent quelques fleurs, ou plus souvent les « font
bénir » par le saint en les présentant sur sa tombe et en les ramenant chez
eux ensuite. L'émotion intense était perceptible chez les personnes présentes
lorsque nous y sommes allés, et un soir, en en parlant avec l'employée de
l'hôtel où nous passions la nuit près de Deva, elle nous a dit y avoir été
plusieurs fois et n'avoir jamais pu retenir ses larmes devant la tombe
tellement l'émotion était intense pour elle. Dans une des pensions
précédentes, le portrait d'Arsenie Boca était sur le buffet de la salle de
repas. Un documentaire en roumain sur Arsenie Boca (sous-titré en anglais)
présente ce qu'il a fait pendant la dernière guerre et explique la vénération
des roumains pour ce saint : en l'absence de nouvelles de leurs proches,
partis à la guerre, de nombreuses épouses ou mères de soldats venaient le
consulter. Si le soldat était mort, Arsenie leur disait de planter une croix
dans leur jardin, sinon il disait d'envoyer un colis au soldat. Les premières
apprenaient toutes le décès par la suite, les autres finissaient par avoir des
nouvelles rassurantes. Le fait que Ceaucescu lui-même l'ait consulté (en
secret évidemment, il n'allait pas le reconnaître publiquement, lui qui
pourchassait les « idées rétrogrades ») peut s'expliquer par la justesse de ses
visions.
Les enseignements donnés par Cezar sur la transmission de pensée
(deuxième chapitre du livre), corroborent parfaitement l'expérience de ceux
qui s'y sont exercé, en dépassant le « brouillard mental » habituel et en
développant la capacité à focaliser leur pensée. Il en est de même de
l'explication sur les « niveaux de la réalité », où j'ai retrouvé des éléments
connus par ailleurs.
Je dirai donc que contrairement à ce que beaucoup peuvent penser au
premier abord, le contenu de ce livre me paraît totalement crédible.
Un jour prochain sans doute, ces lieux deviendront visitables, ce n'est
qu'une question de temps.
Un autre sujet traité dans le présent livre est la Franc-maçonnerie, qui par
ses réseaux de contacts au plus haut niveau, met en relation l'équipe qui
cherche à pénétrer sur le site des monts Bucegi avec Cezar Brad, membre
d'un des services les plus secrets de l'État roumain, qui va parvenir à lever
la barrière énergétique qui empêche l'accès au souterrain.
La description qui est faite dans le livre des pouvoirs de la Franc-
maçonnerie, de son organisation, de son lien avec un groupe rassemblant
bon nombre de dirigeants politiques de diverses obédiences et les dirigeants
des plus grandes banques et multinationales (le groupe Bilderberg) peut
paraître totalement exagérée et à peine croyable. La confiscation de la
démocratie par l'oligarchie est pourtant d'ores et déjà à l’œuvre par le biais
de nombreux traités internationaux (le CETA, le TIPP ou TAFTA, le TISA
sur les services, les accords bilatéraux entre États, moins connus[14]).
Je connais plusieurs francs-maçons, tous sont très sincères. Ils ont en
commun, quelle que soit leur obédience, la certitude d’œuvrer pour le
progrès de l'humanité. Je me suis toujours méfié de leur forme
d'organisation, basée sur l'initiation, les degrés, le secret, ce qui me paraît
incompatible avec l'ouverture et la circulation de l'information nécessaires à
la démocratie. L'expérience d'une amie, conseillère municipale dans une
grande ville de la région parisienne, m'a amené à penser qu'il ne s'agissait
pas que de discussions sur des grands principes (laïcité, république...) mais
bien de réseaux de pouvoir agissant de manière cachée, comme décrit dans
ce livre : elle a découvert des pratiques de langage codé et de signes de
reconnaissance propres aux francs-maçons qui dominaient la majorité
municipale socialiste dont elle faisait partie.
Je voudrais préciser ici un dernier point : dans aucun des 4 livres publiés à
ce jour, Radu Cinamar ne parle de « base extraterrestre » sous le Bucegi.
Pas plus qu'il ne qualifie d'extraterrestres les géants qui ont créé ce lieu.
Pourtant faire le lien avec des extraterrestres ne me paraît pas incongru, à la
lecture de ces livres. Plusieurs fois, dans les différents tomes, est évoquée la
présence de civilisations extraterrestres, la nécessité pour l'humanité de
rejoindre ces civilisations plus avancées que la nôtre, tant du point de vue
scientifique que, surtout, mental, la nécessité de prendre conscience de
l'appartenance de l'humanité à une communauté plus large. Est indiqué
aussi, le lien entre l'humanité, la nature et la Terre, la nécessité de les
respecter, au même titre que les autres êtres vivants, et surtout d'avancer au
niveau spirituel.
Ces livres nous appellent ainsi à un véritable changement de paradigme, qui
ne concerne pas seulement le fait de considérer que nous ne sommes pas
seuls dans l'univers, ou que nous ignorons des morceaux de notre passé. La
conscience d'appartenir au Vivant, en le respectant et en co-créant avec lui,
doit devenir notre manière d'être.
À l'inverse, croire que l'homme peut et doit dominer la nature n'est, pour
beaucoup, qu'un moyen de s'enrichir et d'accumuler des biens, en détruisant
sans cesse notre environnement. Ce changement de paradigme rejoint la
lutte contre le pouvoir des marchés financiers et la marchandisation des
biens communs qui sont d'autres engagements personnels.
Puisse la lecture de ce livre – et de ceux qui suivront – aider au changement
radical de notre intériorité, nous sentir UN avec le Cosmos, la Terre, la
Nature, ce qui exclurait pillage et volonté de domination actuels.
Prendre conscience de notre fonctionnement, ne plus privilégier la raison
qui ne s'intéresse qu'au monde matériel connu, écouter notre cœur, nous
préoccuper du spirituel, essence de nous-mêmes, un inconnu de notre être à
découvrir.

Daniel Hofnung – Ingénieur – Août 2016


Les monts Bucegi se trouvent à 130 km au nord-ouest de Bucarest. Le mont
Omu y culmine à 2505 m.
Le pic Caraiman où se trouvent le Sphinx et Babele.
Dans le viseur de la Sécurité d’État

Je ne veux pas dramatiser la narration des événements décrits dans ce livre,


ou les habiller de beaux atours, dans un style littéraire et élégant. Pour cette
raison, je ne souhaite aucune reconnaissance artistique. Mon intention est
d’exprimer le plus simplement, et de manière la plus concise, certains faits,
événements, qui ont une grande importance pour ce pays, parce qu’il existe
déjà de nombreux signes et preuves qu’un « poison » bien dissimulé est en
train de ronger de plus en plus profondément la conscience et l’âme du
peuple roumain. D'ailleurs, cette idée est partagée par de nombreuses
personnes ayant de hautes fonctions dans l’appareil d’Etat.
J’ai pu voir personnellement et me convaincre de ce que l’on considère
aujourd'hui comme le plus grand secret de l’Etat Roumain. On peut même
dire le secret le plus terrible au monde à cause des pays engagés dans ce
dossier. Ses implications sont colossales. Mon intuition me dit qu’il est
nécessaire d’avoir la connaissance des différents faits présentés ici, car ils
iront constituer, à la longue, un saut qualitatif remarquable pour l’existence
de l’humanité. Cela aura pour effet d’abattre le grand mur des
dissimulations, des mensonges entretenus par certaines organisations
occultes et personnes de notre pays, mais également par l’extérieur.
Il est possible que ma narration paraisse brute et mal taillée, avec un style
satirique, mais je considère que ce mode d'expression est le plus approprié
pour raconter certains aspects inédits du monde secret de la politique de
l’ancien régime et de l’ancienne Securitate, le service roumain
d’information (SRI). Mon but est de relater d’une manière graduée et
chronologique la chaîne complexe d’événements, de faits, réalités et
corrélations, qui, selon mon opinion, et celle d’autres personnes
compétentes, présentent une grande importance pour le futur du pays. En
réalité, cette histoire est une biographie, (actualisée jusqu’à 2003), celle
d’un personnage réel, mais que beaucoup, peut-être, vont considérer sorti
d’une légende, ou d’un livre d’aventures de science-fiction. Je me permets
d’attirer l’attention du lecteur sur l’importance de ne pas tomber dans le
piège de la méfiance et du doute ; mais en premier lieu, de bien juger
sérieusement les vérités et les faits que je présenterai. Et seulement, à la fin,
le lecteur pourra tirer les conclusions qu’il pensera justes de cette histoire...
J'ai eu la chance extraordinaire de connaître le héros de cette histoire, et je
dois avouer que je n'aurais jamais pris cette décision d’écrire ces lignes si le
« héros » lui-même ne m’y avait pas poussé. Les longues discussions que
j’ai partagées avec lui dans différents lieux secrets m'ont convaincu de
l'existence de certaines réalités insoupçonnées. Ultérieurement, dans
différentes situations, j'ai eu l’occasion de pouvoir les vérifier par moi-
même. Mais ce qui m'a déterminé à décrire tous ces événements a été la
découverte bouleversante qui a été effectuée dans les monts Bucegi, un an
auparavant, (au mois d’Août 2003), un lieu auquel j'ai eu partiellement
accès grâce à un extraordinaire concours de circonstances, facilité par le
personnage principal de ce livre. Sans doute, de cette manière, a-t-il
souhaité anéantir les dernières réticences que j’aurais pu avoir. J'ai su, j’ai
vu, j'ai touché ce qui existe dans ce lieu-là... Je peux dire à présent que j’ai
une vue d’ensemble plus correcte sur la véritable Histoire depuis le début
du monde. Il sera relativement difficile de transcrire de façon adéquate la
perplexité, le bouleversement, et même la panique des hommes qui ont eu
accès à ces lieux. Ce que je peux dire maintenant est que cela est juste le
début de la découverte, parce que je n'ai pas eu accès à tous les éléments, on
ne m’a pas permis de tout voir. Heureusement, celui qui a guidé toutes mes
investigations m'a offert la chance inespérée de pouvoir observer ce lieu,
dans lequel est née la découverte de notre ancienne Histoire.
Mais n'anticipons pas. Je décrirai tout au moment opportun, exactement
comme les choses se sont passées. Je peux affirmer sans réserve que ce fut
l’occasion d’un retour majeur sur mes propres conceptions et un moment
important qui influença ma carrière. Je demande au lecteur d’avoir de la
patience, et de me permettre de présenter le fil conducteur à l’origine des
découvertes dans les monts Bucegi. Par essence, ce fil conducteur
représente l’existence profonde et mystérieuse, turbulente, du héros du
livre, avec qui, grâce à un clin d’œil du destin, je me suis trouvé lié d’une
façon étrange. En ce qui concerne le nom du héros, j’utiliserai un
pseudonyme pour le désigner...
Je connais « Cezar Brad » depuis cinq ans, temps pendant lequel j'ai pu le
rencontrer plusieurs fois. Suite à cela, j’ai été convaincu de l’extraordinaire
force de caractère de ce personnage. La position très spéciale qu’il a dans le
pouvoir politique du pays rend d’autant plus crédible les événements qu’il
m’a confiés.
Il reste le mystère de savoir pourquoi est-ce moi qui ai été choisi pour
décrire ces faits et les présenter à l’humanité. Peut-être est-ce dû en grande
partie au sérieux et à l’intérêt que j’ai manifesté envers tout ce qu’il me
confiait. Ce sont des révélations difficiles à admettre pour une personnalité
ordinaire. Mais les temps que nous vivons sont eux-mêmes très spéciaux et
inhabituels. Ainsi, tout ce qui précède cet écrit me paraît comme un rêve ou
l’expression de mon imagination débordante, or ces chimères sont devenues
parfaitement réelles.
A la fin de notre dernière rencontre, Cezar me précisa avec calme et
détachement que la décision d’écrire et de publier les informations
transmises m’appartenait, en toute exclusivité. Je sentais dans tout mon être
que tout ceci était une grande responsabilité, qui pesait sur moi comme un
fardeau, et je reconnais qu’il m’a fallu presque un an avant de réussir à
clarifier tous les aspects de cette histoire et de pouvoir synthétiser dans
l’ordre tout ce qui m’a été exposé, et de le transcrire le plus clairement
possible. J’ai essayé de relater le plus fidèlement le fil des événements et les
explications de Cezar Brad, en utilisant les mots qui m'ont été transmis.
La décision de publication de ce livre m’a été enjointe le plus naturellement
: j'ai eu alors l’impression très claire que, dans le cas où j’aurais ressenti de
la peur, ou si d’autres obstacles étaient survenus qui m’auraient dissuadé
d’écrire le livre, Cezar, avec un parfait détachement, aurait trouvé
ultérieurement une autre voie pour concrétiser cette publication.
Une étrange naissance
Dans la maternité de la ville F., le docteur Nenu était de garde. Deux sages-
femmes de service préparaient la table de travail. Une jeune femme était
arrivée quelques minutes avant dans la salle pour accoucher. Elle ne criait
pas mais était très angoissée. Plongées dans une activité routinière
ennuyeuse, fatiguées après la longue nuit de garde, alors que l’aurore
commençait à poindre, les deux infirmières ne portaient pas trop attention à
la nouvelle venue. D’ailleurs, dans ces années 70, on était en plein essor du
communisme, à l’époque où tout était « avec le peuple » et « pour le peuple
». A cette période tout était « égalité » et « équité » de sorte qu'on ne faisait
plus trop la différence entre une chaise et un homme !
Appelé tardivement, après des heures de travail qui avaient semblé des
siècles à la future mère, le docteur Nenu, fatigué, ausculta la patiente. Motif
de l’hospitalisation : perte du liquide amniotique ; état général : bon ;
tension : normale ; contractions utérines espacées, petite dilatation. Tout
paraissait être le cours normal d’une naissance ordinaire.
Se rendant compte qu’il ne regardait plus la fiche de la patiente, le médecin
s’approcha de la table. La fatigue lui jouait des tours, et il était loin
d’imaginer à quelle vitesse son état de somnolence allait disparaître.
Il constata d’un bref coup d’œil que la naissance était imminente. La
dilatation était bonne et le docteur Nenu se réjouit de ne pas avoir à faire de
césarienne.
Une fois les dernières et les plus douloureuses contractions de la mère
terminées, la tête du bébé apparut, puis son petit corps fragile. Le médecin
le saisit doucement par les mains afin de l’aider à sortir. Le premier
problème fut la longueur du cordon ombilical. Nenu avait vu beaucoup de
choses dans sa vie, mais il resta pendant quelques instants cloué
d'étonnement en constatant que la longueur du cordon dépassait le standard
habituel. Près de 1,50 m ! Le temps était précieux et la naissance devait se
dérouler. Remis de son étonnement, il prit les ciseaux des mains de
l’infirmière pour couper ce cordon ombilical, comme il l’avait pratiqué des
centaines de fois auparavant dans sa carrière. Mais les ciseaux se
contentèrent dévisser comme sur du métal ! Le médecin regarda,
incrédule... tandis que les infirmières restèrent figées. Dans les quelques
secondes qui suivirent, il changea alors deux fois de paires de ciseaux, avec
le même résultat : le cordon ne pouvait être coupé. Il était très élastique,
comme un morceau de caoutchouc, du plus résistant.
Le Dr. Nenu avait des années d'expérience médicale et savait comment
contrôler ses émotions. Avec des mouvements précis, il saisit un bistouri et
le pressa à plusieurs reprises et bien fort sur le cordon : finalement, il réussit
et entendit le premier cri de vie. Le nouveau-né était un beau garçon dodu
avec des expressions faciales inhabituelles, nettes et détendues, et donc
avec un cordon ombilical très étrange. C’était les premières lueurs d'une
journée de printemps de 1970. Après cela, les événements se précipitèrent.
– Amalia, ordonna-t-il, appelle immédiatement le colonel, il faut lui dire de
venir le plus rapidement possible à l'hôpital.
Puis il se tourna vers l'autre infirmière et lui dit :
– Toi, conserve bien le cordon, je vais m’occuper de la mère. Rapporte-moi
son dossier.
Le colonel Datcu arriva à l'hôpital après une vingtaine de minutes. Il eut
une brève discussion avec le médecin, puis parla longuement au téléphone
avec l'un de leurs supérieurs à Bucarest. Vers midi, en face de la maternité
F. (maternité réellement existante à Bucarest, note de la traductrice), une
limousine noire avec un numéro gouvernemental stationna, d’où
descendirent deux individus discrets et silencieux. L'un d'eux tenait une
mallette diplomatique. Le docteur Nenu, le colonel Datcu et les deux civils
parlementèrent une demi-heure durant dans un bureau de l'hôpital.
Nenu compléta un formulaire qui lui fut remis par les deux hommes de la
Securitate, après quoi on lui demanda d’attendre à l’extérieur. Après
quelques minutes, les deux individus repartirent et le colonel Datcu
s’adressa au médecin très perturbé.
– Cette situation nous dépasse Nenu. Ce sont les dernières directives
secrètes que j’ai reçues quand je suis monté en grade. Dans certains cas, je
dois respecter un protocole très strict. Pour toi, aujourd'hui, il ne s’est rien
passé d’anormal et tu n'as rien vu d'étrange... Tu m’as compris, n’est-ce-pas
? Pensif, le colonel Datcu alluma une cigarette. Après quelques instants,
sans regarder le médecin, il ajouta :
– Encore une chose. Le nouveau-né n'a pas de dossier médical personnel.
Tu dois le détruire immédiatement. Il ne doit rien exister dans les archives
concernant cette naissance ! Le reste, crois-moi, est trop compliqué pour y
penser.
Tapotant amicalement l'épaule du docteur, le colonel Datcu quitta l'hôpital
en laissant le médecin hébété, tandis qu’une mère, ignorant tout cela, serrait
dans ses bras avec amour son nouveau-né.
Certaines capacités extraordinaires
Petit Cezar ne savait rien à propos de l'attention particulière qui lui était
accordée et non plus, bien sûr, la manière dont il était surveillé par la
Securitate. Dans son jeune âge, il ne pouvait comprendre pourquoi il était
un sujet d’intérêt aussi important et, par ailleurs, la même chose pourrait
être dite à propos de ses parents qui ne soupçonnaient rien dans ce sens. Le
bébé était né normal (on avait caché à la mère les événements survenus à la
maternité), et les mois qui suivirent n’eurent rien d'inhabituel dans la
modeste maison familiale de la famille Brad. Cependant, avec le temps, le
comportement du bébé commença à faire apparaître quelques petites
bizarreries, comme par exemple le fait qu'il ne pleurait presque pas, qu’il
gardait ses doigts dans certaines positions curieuses, les touchait ou les
tordait de différentes façons, d’une manière répétitive. Les parents le
regardaient avec surprise, sans s’inquiéter, parce que le bon sens leur
soufflait que ce ne pouvait pas être un mal, ces comportements un peu
étranges. Au contraire, à un moment donné, cela fut même un réel
amusement pour eux de regarder « le jeu » de ses petits doigts, un jeu par
ailleurs très élégant et que Cezar pratiquait avec beaucoup de naturel.
Parfois, l'enfant restait immobile pendant de longues minutes, en gardant la
même structure avec ses doigts, qui formaient un cercle, ou bien dans
d’autres positions bien définies. Les parents de Cezar, cependant, étaient
satisfaits que l'enfant ne pleure pas et ne cause pas de problèmes la nuit,
surtout qu’il n’avait encore souffert d'aucune maladie.
Mais avec le temps, dans leur âme se glissa le germe d’une souffrance
cachée, éclipsant la paix de la vie quotidienne. Le petit Cezar allait bientôt
avoir un an et il n’avait prononcé aucun mot. Le problème ne fut pas jugé
trop grave encore, parce que de tels cas n’étaient pas si rares. Les parents
pensaient toutefois consulter un orthophoniste.
Le mois au cours duquel fut fêté le premier anniversaire de Cezar,
apparurent à la porte de la maison deux personnes de haute taille, bien
habillées, aux yeux gris et froids comme l'acier. Derrière des manières
élégantes et un ton aimable, au cours de la discussion avec les parents, l’on
pouvait soupçonner une légère intolérance à une possible désobéissance,
doublée d’une ferme menace sourde mais explicite, y compris des
représailles, si les « ordres d'en haut » n’étaient pas exécutés. Ils s’étaient
présentés comme membres d'un département spécial de la Sécurité d'Etat,
avec des gestes d’apparence nonchalante, tout en instillant de façon étrange
un climat de peur chez leurs interlocuteurs. A cette époque, la Securitate
communiste avait déjà une triste et mauvaise réputation en ce qui concerne
les activités d’intimidation. Mais, pour la famille Brad, la méthode se révéla
plus humaine. La visite fut courte et consista essentiellement en un
monologue soutenu par les deux individus, tandis que les parents de Cezar
restaient debout, embarrassés. L'idée principale était qu'ils devaient suivre
les instructions données, à la lettre. Les pauvres parents furent informés que
leur fils se trouvait être l’objet de différentes recherches qui représentaient
un grand intérêt pour l’Etat, et dont ils ne devaient pas avoir connaissance...
Leur mission était d'informer immédiatement, directement, sans aucun autre
intermédiaire (le couple insista sur cette condition) si quelque chose
d'inhabituel, d’étrange apparaissait dans le développement de l'enfant. On
leur donna un formulaire à remplir. Chacun écrivit une déclaration par
laquelle il donnait son accord avec les éléments précités, où il s’engageait
chaque mois à présenter un rapport au colonel Datcu. Il ne leur fut pas
autorisé de poser des questions, non plus que de savoir la cause de ces
demandes. A la fin, comme une sorte de « compensation » pour cette
situation étrange pratiquement imposée par la force, les envoyés de la
Securitate offrirent une « indemnisation spéciale », assez conséquente à
cette époque, indemnité qui serait versée chaque mois. Immédiatement
après, les deux personnages repartirent.
Ici, je dois mentionner certains aspects qui vont permettre de mieux
comprendre l’attitude des parents de Cezar. Nicolae Brad était âgé de 30 ans
et était employé à la Mairie de la ville, et connu comme un homme
tranquille et consciencieux au travail. Habituellement obéissant, il était
capable de faire certains compromis qui cachaient quelques frustrations
psychologiques. Sans doute que le « service secret d’information » avait
déjà une fiche psychologique complète sur la personnalité de Nicolae Brad,
parce qu’on lui avait proposé l’indemnisation spéciale qui avait comme but
de calmer certains mécontentements et d’assurer une collaboration sincère.
En effet, les psychologues avaient correctement évalué le profil émotionnel
du mari, depuis qu'il avait été établi qu’il était sensible à la sécurité
matérielle et malléable sur le plan moral. Pour la Securitate, il y avait là la
certitude que Nicolae Brad était une personne relativement facile à gérer.
Smaranda était le contraire de son mari. La jeune mère de Cezar possédait
une nature et un tempérament romantique qui n’accordaient pas trop de
valeur aux aspects matériels de la vie. Depuis son enfance, sa passion était
le dessin. Elle restait de nombreuses heures devant ses esquisses, elle
s’amusait en faisant des essais ou, au contraire, en s’attelant à des sujets qui
l’avaient spontanément inspirée, des paysages, ou même les jeux bizarres
de son fils. Malheureusement, elle n’avait pas l'énergie nécessaire pour faire
face aux situations contradictoires de la vie, qui lui provoquaient une
grande souffrance. La situation familiale était maintenant relativement
tendue car il était devenu nécessaire, en quelque sorte, que les parents «
espionnent » leur enfant.... Elle aurait souhaité, dans son refus silencieux et
impuissant, avoir à ses côtés son mari, mais lui avait rapidement opté pour
la solution pratique : pas de complications.
– En fait, nous ne sommes pas tenus de faire quelque chose de mal, répétait
Nicolae, pour calmer sa femme. Nous ne savons même pas à quoi nous
attendre. Le temps va tout résoudre, finissait-il par dire dans un style
philosophique.
Ce fut à cet instant que le lien entre les deux époux se rompit.
Cezar Brad ne prononça pas un seul mot jusqu'à ses trois ans et deux mois.
Pendant un certain temps, ses parents crurent que leur enfant était muet.
Mais rapidement, ils se rendirent compte que cela n'était pas la réalité, parce
que l'enfant riait, criait, et parfois même babillait. Une telle situation était
assez rare, mais c’était la preuve définitive d’une affection envers ses
parents, et qu’il n’y avait rien de pathologique.
Le couple connu le Colonel Datcu dès le premier mois après la rencontre
avec les deux individus de la Securitate, quand, selon les termes de
l’engagement qu’ils avaient signé, ils devaient accepter sa visite régulière et
lui présenter leur rapport.
Le colonel était un homme aimable, sérieux, voire compréhensif, donnant
l'impression que lui-même n’avait pas le choix et devait respecter une
obligation. La mission était accomplie consciencieusement, avec des
discussions détaillées avec les parents sur le comportement de l'enfant et en
notant soigneusement tout ce qui était dit à ce sujet. Le colonel remettait
l’indemnisation spéciale directement à Nicolae Brad chaque mois. A la fin
de chaque visite, il n’oubliait jamais d'ajouter :
– Ne parlez à personne à ce sujet, et surtout ne fréquentez aucun médecin
pour consulter l’enfant. Si des problèmes surviennent, vous me prévenez en
premier lieu. Je ferai le nécessaire.
Jusqu’à l’âge de trois ans, l'enfant ne fut jamais malade, cas rarissime, et
cela facilita en quelque sorte l’interdiction imposée à ses parents de pouvoir
aller à l'hôpital, et l’obligation de ne contacter que la Securitate. C’est vers
cet âge qu’intervint le premier changement majeur entre Cezar et ses
parents. Sa mère avait une passion pour le dessin, son talent était évident à
cet égard. Au fond de son âme, elle voulait vraiment peindre, mais cela
aurait généré des complications financières, un atelier, du temps, et bien
plus encore. Cela se limitait donc à de simples croquis, dessins qui
l’amusaient lors de ses moments de solitude. Des feuilles garnies des
dessins les plus réussis étaient conservées sur les murs de la maison, jusqu'à
ce qu'ils tombent tout seuls ou qu’elle les remplace. Smaranda avait une
prédilection pour le dessin abstrait, combinaisons de lignes, de cercles ou de
courbes, dans une succession non guidée par une idée précise. Elle avait dit
à son mari que de cette façon elle se sentait très spontanée et libre, ce qui la
réconfortait beaucoup...
Un jour, Smaranda Brad dessina une série de simples cercles concentriques,
au milieu d’une feuille de son cahier de dessin. Elle s’amusait de la
comparaison de cette création avec l’apparence d'une cible, tant ces cercles
approchaient la perfection. Elle colla cette feuille sur le mur de la chambre.
Tout commença quelques heures plus tard, quand elle trouva Cezar assis en
face de ce dessin, le regard fixe, immobile, sans même ciller. Bien que ce ne
fût pas naturel, sa mère ne donna pas beaucoup d'importance à l'événement,
et continua ses tâches quotidiennes dans la maison. Mais quand Nicholae
Brad revint du travail, l'enfant était toujours devant le dessin, parfaitement
silencieux et immobile. Cela était assez étrange : un enfant de trois ans,
assis sur le lit et regardant fixement, des heures durant, ce dessin énervant
de simplicité ! Sa mère se tordait les mains à côté de lui, pleurant
doucement et ne sachant quoi faire. Elle essaya par la force de tirer l’enfant
hors de la chambre, elle décolla même le dessin du mur, mais en vain.
Dérangé, l'enfant se mettait à crier très fort. Les deux parents se regardèrent
longuement, les mots étaient superflus. A la fin, le père dit :
– Il est temps de réagir. Qui sait ce qui va se passer ensuite ?!
– Attends un peu ! s’agita Smaranda. Laissons encore un peu de temps. Ce
n’est peut-être qu’un caprice d’enfant.
Avec beaucoup de mal, elle convainquit son mari de ne rien encore dévoiler.
Préoccupés, ils passèrent la journée à essayer différentes méthodes pour
soustraire Cezar à l’attraction de ce dessin. Ils espéraient que de cette façon
le garçon serait de retour « à la normale », mais tout effort était vain : dès
qu'il était dérangé, Cezar recommençait à crier, à pleurer et on ne pouvait
plus le comprendre, en aucune façon. Ils renoncèrent, l’observèrent un long
moment, incrédules de constater qu'une telle chose était possible : ce dessin
que leur enfant regardait sans un mot, sans bouger, sans ciller. Il ne
mangeait rien et ne montrait aucun signe qu'il voulait faire quelque chose
d’autre. Tout ce qui se passait autour de lui n’avait aucune importance. Il ne
pouvait pas se détourner de son effort de concentration dans lequel il se
trouvait plongé.
Vers vingt-deux heures, Nicholae Brad appela le colonel Datcu et la
situation lui fut expliquée. Le colonel lui recommanda de ne pas paniquer,
de ne strictement rien faire jusqu'à ce qu’il arrive lui-même, ainsi que
certaines personnes autorisées. En effet, vers six heures du matin,
débarquèrent trois individus accompagnés du colonel. Deux d'entre eux
étaient de la Securitate, ayant le même aspect : visages inexpressifs, habits
soignés, regard glacial. La troisième personne surprit les parents car c’était
un vieil homme aux traits asiatiques, qui avait une courte barbe blanche et
la démarche un peu voûtée. Il parlait anglais avec un homme de la
Securitate. Le colonel Datcu le présenta comme étant un scientifique venu
de Chine, « expert » dans de tels cas, et conseilla aux parents de ne pas
s'inquiéter.
Le médecin chinois observa attentivement Cezar, prit son pouls, palpa sa
paume, mettant une main sur la tête de celui-ci et deux doigts au milieu du
front, en prenant soin de ne pas gêner le champ visuel de l’enfant. Cezar
demeura complètement immobile et profondément absorbé par le dessin
situé en face de lui. Le médecin déclara quelque chose en anglais et sortit
ensuite de la maison.
– Tout va très bien, mais il ne faut pas le déranger, traduisit l'un des deux de
la Securitate. On se tient au courant par l’intermédiaire du colonel.
Puis, ils partirent. Les parents se sentaient comme des pantins dans un jeu
incompréhensible, mais la conjoncture ne leur offrait pour le moment
aucune échappatoire. Inquiets et évidemment marqués par le comportement
étrange de leur propre enfant, ils restèrent à ses côtés en sommeillant de
fatigue. C'est seulement le jour suivant, vers midi, après 24 heures sans
aucune modification de comportement, que Cezar donna les premiers signes
de vouloir bouger. L'enfant resta absorbé en lui-même, mais au moins, il
mangea de bon appétit. Les parents eurent un soupir de soulagement et
prévinrent le colonel comme promis.
C’était le début d'une série d'événements spéciaux qui marquèrent à jamais
la vie de Cezar. Nicholae et Smaranda Brad passèrent à l'arrière-plan, tandis
que sa vie intérieure et ses expériences extraordinaires – il m'a dit qu'il
tenait personnellement à mentionner certaines d'entre elles ici –
imprimèrent sa destinée. Après cet événement inhabituel, Cezar resta
souvent intériorisé, demeurant immobile pendant de longues minutes, les
yeux fermés. Cela arrivait dans les moments les plus inattendus de la
journée, même lorsqu’il jouait. Une fois, alors que sa mère le nourrissait, il
ferma soudainement les yeux et resta pendant plus de 10 minutes ainsi
immobile, avant de continuer à manger comme si de rien n’était.
Ces comportements furent intégrés à la normalité quotidienne et les parents
de l'enfant s’y habituèrent. Mais sans comprendre leurs causes ni recevoir
d’explications ou de clarifications. Cezar n’avait pas proféré un seul mot
jusque-là.
L’événement eut lieu deux mois après l'incident avec le dessin, quand Cezar
prononça les premiers mots de sa vie. Il laissa perplexe tous ceux qui se
trouvaient dans la maison, à la fois par la facilité et la clarté avec laquelle il
s’était exprimé, et aussi par la maturité de ses idées.
Ce jour-là, la famille de Brad reçut la visite de parents qui adoraient
l’enfant. Celui-ci, déjà en retrait, chercha un endroit où il pouvait rester seul
quelques temps. Il ferma les yeux, mais autour de lui il y avait trop de mots,
trop de bruit, trop de questions. Tout le monde s'agitait, bien qu'il ne fût
point le centre de l’attention générale, la préparation des repas impliquant
beaucoup de mouvement, de discussions, de rires, de bruit. Quand on vint le
ramener avec beaucoup de tendresse dans la salle où la table était dressée,
Cezar s’exprima tout à coup, fortement et très clairement : « Je veux
réfléchir ! »
Je passerai rapidement sur l’étonnement général et la joie retrouvée pour
dire qu'à partir de cet instant Cezar commença à parler couramment et sans
difficulté, montrant une grande maturité dans tout ce qu'il disait. À quatre
ans, il discutait de sujets qui mettaient les adultes dans l’embarras. L'une
des questions sur lesquelles il aimait insister était l'esprit. « D’où viennent
les pensées ? », « Où vont-elles ? », « De quoi sont faites les pensées ? », «
Pourquoi tous les hommes ne pensent pas pareil ? »... étaient quelques-unes
des questions les plus courantes que Cezar formulait en embarrassant tout
son entourage. Les pauvres parents, qui ne savaient pas quoi lui répondre,
l’envoyaient jouer, changeaient de discussion ! La plupart du temps, Cezar
restait ferme sur ses idées : au lieu d'avoir des activités normales pour un
enfant de son âge, il préférait approfondir sa réflexion. Vraiment étrange.
Souvent, on lui demandait de dire ce qu'il pensait et ressentait dans ces
moments-là. Mais il refusait obstinément d'expliquer ou même de répondre
à quoi que ce soit. Parfois, très rarement, il disait qu’après avoir fermé les
yeux, il se sentait soudainement comme s’il avait quitté la chambre.
L'endroit qu’il atteignait, il ne savait pas comment en parler et ne pouvait
pas le décrire avec des mots.
Jusqu'à six ans, Cezar reçut une visite annuelle de deux individus
accompagnés par le mystérieux médecin chinois. Celui-ci procédait à un
bref examen, en balançant toujours la tête d'un air satisfait. Parfois, il fixait
l’enfant dans les yeux avec un regard de feu. Cezar me confia qu'il se
souvenait très bien de l'air presque impersonnel, dur, et profondément
énigmatique du petit homme en face de lui, s’éclairant parfois d’un sourire
à peine esquissé.
Quelques années plus tard, Cezar allait rencontrer le docteur chinois qui
ferait son apprentissage des énigmes de la vie. Le destin fusionnerait leurs
existences d’une façon très complexe. Nous ne saurons probablement
jamais ce que pensait le docteur Xien au moment où il regardait Cezar, ou
comment il interprétait ses capacités inhabituelles. Mais nous savons avec
certitude qu'il joua ensuite un rôle majeur dans l'existence de l'enfant en
jaugeant correctement ses forces et ses aptitudes exceptionnelles. Il est
d’ailleurs tout à fait envisageable qu’il fut lui-même doté de capacités et de
pouvoirs supranormaux, ce que confirmeraient les résultats qu’obtiendrait
Cezar plus tard.
Le docteur Xien allait donc intervenir de manière décisive dans la
préparation spéciale de cet étudiant hors du commun. Je ne détiens pas
d’informations supplémentaires concernant ce personnage énigmatique,
mais le peu que m’a communiqué Cezar fut instructif. Je compris qu’à cette
époque, Ceausescu était très intéressé par un certain programme de
formation parapsychologique, utilisant des sujets spécialement préparés
dans des domaines ultrasecrets d'intérêt national. Des informations avaient
attiré son attention sur les recherches intensives et les expériences
parapsychologiques effectuées par les USA et l’URSS. En qualité de chef
suprême de l’Etat, Ceausescu avait donné l’ordre, dans le cadre des activités
de la Securitate, d’ouvrir un département spécial consacré aux Découvertes,
à l’Education, et au développement des sujets humains qui présentaient des
capacités exceptionnelles... Cet ordre était top secret, et dépassait de loin la
hiérarchie d’un simple secret de département. Même si l’occultation totale
de ce futur service ne posait aucune difficulté grâce à la méthode du
blocage hiérarchique, il en allait autrement concernant son personnel et son
équipement technique. Comme dans toute initiative communiste, quand on
parle d’investissement – surtout dans un domaine aussi méconnu – les
choses s’avérèrent difficiles. On ne savait pas exactement quel était
l’objectif de Ceausescu concernant les actions de cette cellule
parapsychologique, mais on peut deviner qu’il ciblait la manipulation
psychologique des masses populaires et leur domination dans le dessein de
maintenir son pouvoir dictatorial, et dans une moindre mesure la capacité
de défense nationale ou la résolution des différents conflits extérieurs.
Ceausescu ordonna la mise en place de ce département enl968, peu de
temps après son arrivée au pouvoir, voulant ainsi exploiter pleinement sa
popularité à l’Ouest, car pendant cette période, il jouissait d’une bonne
appréciation. Son succès diplomatique de grande envergure était la
conséquence de deux principaux facteurs : son hostilité affichée dans sa
collaboration avec Moscou et le refus d’envoyer des troupes pendant le «
printemps de Prague » en 1968.
Pendant ces années, la création du département spécialisé dans l’étude et
l’expérimentation des sujets dotés de capacités exceptionnelles présentait
certains aspects curieux et contradictoires, et n’était clairement pas dans la
liste des priorités de Ceausescu. Cependant, comme toute personnalité rusée
et à tendance paranoïaque, Ceausescu souhaitait à tout prix s'entourer de
certitudes et de modalités lui assurant une suprématie incontestée.
Evidemment, il n’était pas en mesure de développer toutes ses idées, mais
souvent il revenait sur chacune d’entre elles, en faisant fleurir tous ces petits
bourgeons avec beaucoup d’énergie.
C’est ainsi qu’en 1968, la Securitate roumaine fut confrontée à un ordre top
secret, qui ne respectait aucune hiérarchie. Il datait du 28 août, signé
personnellement de la main de Ceausescu, et fait rarissime, accompagné
d’une annotation manuscrite. Ce décret préconisait la création d’un
département particulier, appelé « Département Zéro », totalement
indépendant de l’activité des autres départements et autres directions de la
Securitate. Le chef de la Securitate et le président du pays seraient les seuls
à avoir des comptes rendus, c’était justement le contenu de l'annotation
manuscrite de Ceausescu, ce qui ne laissait aucun doute sur la nature de ce
secret. En dehors d’une courte liste des personnes habilitées et de quelques
instructions minimes sur les principaux objectifs de ce département, qui au
début impliquait les méthodes de découverte et d’observation des futurs
sujets, le décret ne fournissait pas d’autres informations ; ce qui entraîna des
répercussions négatives sur l’administration de la Securitate, parce que ce
domaine était nouveau et totalement inconnu et que, d’autre part, ce
département ne pouvait pas entrer dans le système de financement habituel
car il exigeait le secret absolu.
En cette première époque du Département Zéro, on demanda à Ceausescu
l’accord pour collaborer avec un autre Etat, qui avait déjà une longue
expérience dans ce domaine : la Chine. Leurs relations diplomatiques
étaient relativement bonnes et, en 1972, les autorités des deux pays se
mirent d’accord sur un « échange » pour le moins étrange : Le docteur Xien
allait mener d’un point de vue technique le département roumain sur une
période de 15 ans, tandis que Ceausescu allait soutenir financièrement 100
étudiants chinois en Roumanie sur cette même période. La Chine offrait
également au personnel du Département Zéro (abrégé DZ) les conclusions
d’une expérimentation dans le domaine parapsychologique, ainsi que des
méthodes concrètes pour mener à bien cette expérimentation. C’est ainsi
que naquit une des plus secrètes et terribles entreprises en Roumanie : la
méthode parapsychologique. Cezar Brad fut l’un des premiers sujets pris en
compte par le DZ. Cependant, ni le docteur Xien, ni les personnes
importantes du département, qui recevaient les comptes rendus écrits des
parents, ne connaissaient les détails des expériences subtiles vécues par
l'enfant, celles qu’il ressentait au plus profond de son âme et qu’il ne
racontait à personne. L'action adoptée par l’équipe du DZ impliquait
d’abord une période « d’exploration » du sujet, et seulement ensuite, s'ils
avaient la preuve de certaines capacités psychologiques exceptionnelles, le
garçon serait intégré au département.
Parfois cette « exploration » pouvait durer des années, comme ce serait le
cas pour Cezar, mais d’autres fois les sujets étaient intégrés immédiatement
après la vérification des informations reçues.
Cezar s'était formé son propre champ d’exploration mentale, dans lequel il
aimait se plonger et duquel il revenait plus riche en sensations et
perceptions extraordinaires. Ce n’était pas pathologique, car on pourrait
penser qu’il cherchait un refuge à cause de certaines hypothétiques
difficultés d’adaptation psychologique et même d’une certaine façon
d’aliénation mentale. La vérité était ailleurs. Le simple fait que nous ne
pouvons pas comprendre ce qui dépasse nos capacités mentales ne signifie
pas que cette chose – être vivant, comportement ou expérience – constitue
un aspect négatif et condamnable, ou n’existe pas. Le cas de Cezar Brad
était étrange, et à cette époque, même parmi le DZ, il était mal compris. Son
cas correspondait cependant au modèle exigé pour le recrutement des sujets
au sein du Département Zéro.
Je dois avouer que je ne connais moi-même que quelques-unes des
incroyables réalisations et expériences que Cezar a vécues dans les
premières années de son existence. Ordinairement, je suis une personne
sensée, qui a conscience de ses limites, mais ce que Cezar me relatait
dépassait de loin mes possibilités d’imagination. Quand j’écoutais ses
histoires, je n’avais pas devant mes yeux un homme mentalement
déséquilibré, ni un auteur de romans SF, ni une personne paranoïaque. Ceux
qui connaissent certains aspects ésotériques et initiatiques, ou qui occupent
encore des fonctions clefs dans certains États, ou qui détiennent l’accès à
certaines informations et archives top secret, n'auront pas de mal à identifier
rapidement les éléments principaux de ce livre.
Par le pouvoir que la fonction de conseiller au gouvernement m'offrait il y a
quelques années, j’ai pu mener des recherches discrètes, et j'ai été
convaincu par mes propres observations que Cezar Brad était une personne
d’exception. La simplicité avec laquelle il m'avait raconté ses principales
expériences et ses activités, ainsi que les petits « incidents » édifiants
auxquels j’avais moi-même été confronté en sa présence, m’avaient
convaincu progressivement d’une réalité qui ne peut être niée : il existe des
êtres humains qui dépassent de beaucoup nos standards rationnels, mentaux,
ainsi que ceux de l’efficacité et de l'action. Par leurs pouvoirs et capacités
supérieurs, ces personnes ont la force, s’ils le souhaitent, de transformer le
destin des autres.
J’avais d’ailleurs eu une preuve incontestée de ses capacités dès notre
première rencontre, qu’il avait sollicitée. Cette rencontre avait été le résultat
d’une multitude de compromis avec des personnes de confiance, et son but
était déjà à cette époque un mystère pour moi. J’avais vaguement entendu
parler de l’existence du Département Zéro dans le cadre sur Service
roumain d’informations (SRI) actuel, mais je ne savais rien d’autre. J’étais
venu au point de rendez-vous directement du travail, en voiture de fonction.
Dehors, il faisait nuit et il pleuvait, je n’avais donc pas quitté ma voiture et
discutais tranquillement avec le chauffeur. Après quelques minutes, la
portière de la voiture s’ouvrit brusquement et Cezar s’assit à mes côtés sur
la banquette arrière. Il commença à discuter aimablement en abordant
directement le sujet de notre rencontre. Je fus rapidement captivé par le
sujet, à tel point que je ne réalisai même pas que le chauffeur était reparti,
en conduisant vers un endroit inconnu, sans que moi ou Cezar ne lui
demandions. Après notre arrivée devant l’hôtel Sofitel, où Cezar avait une
chambre, j’exprimai ma perplexité sur l’attitude du chauffeur, à qui nous
n'avions rien demandé. Tandis que nous nous dirigions vers la chambre de
Cezar, celui-ci m’expliqua que, dans certains cas, parler se révèle inutile si
l'esprit est bien contrôlé et purifié des troubles extérieurs, il peut « agir » de
la même façon que le langage. En d'autres termes, il me parlait des
principes de télépathie. Au début, je pensais qu’il se moquait de moi, mais
il m’expliqua la façon dont il s’y était pris : dès le moment où il m’avait
salué et s’était assis sur la banquette arrière, il avait transmis mentalement
au chauffeur la destination ainsi que l’ordre de démarrage. Le chauffeur,
convaincu de l’avoir entendu, s’était exécuté.
– Quand on s’entraîne suffisamment, la transmission télépathique des
pensées n’est plus un problème, me dit Cezar en souriant. Après notre
arrivée dans sa chambre, il dessina le schéma suivant, tout en me
fournissant les explications adéquates.
– En supposant qu’une personne A se trouve entourée d’autres personnes,
ses pensées ne sont pas très fortes, et se mélangent aux pensées des autres
personnes, elles forment comme un « brouillard » mental, parce que
justement ces pensées n’ont aucune puissance, elles n’ont rien de précis et
bien défini ; ce ne sont que des bribes d'idées superficielles, non
approfondies. A ce moment on peut dire que chaque individu vit
relativement isolé dans son propre esprit, tout en subissant une influence
plus au moins forte en fonction de sa réceptivité à d’autres personnes.

LE « BROUILLARD » MENTAL

– Généralement, ils perçoivent ces influences de manière inconsciente,


comme une sorte de changement d'humeur ou d’état intérieur. C’est pour
cette raison que j’utilise le terme de « brouillard » mental, car à ce niveau
les hommes ne peuvent se percevoir, ainsi qu'un navire en mer qui serait
sans point de repère.
Cezar marqua de nouveau un long silence, tout en dessinant un autre
schéma.
– Mais si une personne émet une pensée très forte, cela sera comme un
Laser, un faisceau de lumière dans le noir. De plus, si cette personne dirige
le faisceau mental dans une direction précise, vers l'individu B, alors cet
individu va l’apercevoir mentalement comme une lumière éblouissante dans
le « brouillard » qui l’entoure, comme la lumière d’un phare au large qui
guide les marins perdus en mer. En définitive, le procédé est simple mais
nécessite un entraînement assidu.

FRÉQUENCE MENTALE

– Mais que veux-tu dire par « purification » mentale ? lui demandai-je avec
innocence. Les explications qu’il m'offrit étaient inédites pour moi.
– Ce que nous appelons mental ou esprit est en réalité un mécanisme
complexe et subtil qui se compose d’une multitude de divisions et de
fonctions et qui se structure en différentes fréquences de vibration, me
répondit Cezar avec bienveillance. Certains nomment ces ondes de
fréquence, « capacités » ou « pouvoirs ». C’est pour cette raison que
personne ne peut réaliser les mêmes choses, parce que personne n’a les
mêmes « pouvoirs ».
Par exemple, A a la capacité d'apprendre très vite grâce à son pouvoir de
concentration, B sait maîtriser ses émotions, C a une mémoire
exceptionnelle, mais toutes ces capacités ne représentent qu’une infime
partie de ce que nous sommes capables de réaliser. Même dans ces
conditions, si elles sortent du lot dans la médiocrité mentale qui nous
entoure, elles ne sont pas encore affirmées ni maîtrisées. Par différentes
méthodes d’entraînement, les capacités mentales d’une personne peuvent
être développées, pour qu’elle puisse à un moment donné s’activer
efficacement. C’est ainsi que je définis la « purification », l’instant où
l'esprit se débarrasse de tout ce qui l’encombre, comme les pensées inutiles
souvent contaminées par des mauvaises idées, et qui ne représentent aucune
réalité et n’ont aucune force. Celui qui est capable de « purifier » son esprit
acquiert une force mentale extraordinaire. Son esprit peut alors pénétrer
avec aisance le brouillard mental des masses, comme une flèche qui passe à
travers la fumée. C’est à partir de ce niveau que la personne expérimente
l’esprit comme une forme énergétique subtile qui domine la matière et, en
conséquence, la contrôle. C’est ainsi que les pouvoirs surnaturels se
manifestent, mais cela implique un haut degré de conscience individuelle,
car à partir de ce moment la responsabilité est énorme. Les pouvoirs
surnaturels dont un individu dispose peuvent le faire réagir de façon égoïste
et vaniteuse en compliquant son destin. Le fait est que lorsque tu tapes avec
une balle contre un mur, elle revient vers toi et te heurte avec la même
force. Tu dois donc agir avec maturité et clairvoyance pour le bénéfice de
ceux qui t'entourent, et non dans ton propre intérêt. Malheureusement,
certaines personnes développent de telles capacités pour servir des intérêts
égoïstes, individuels, ou ceux d’un groupuscule. Dans certains cas le
problème est encore plus grave parce que l'on souhaite influencer des
masses dans le dessein d’en obtenir son contrôle total. C’est pour cette
raison que je t’ai fait venir : je souhaite mettre au grand jour ces vérités, et
toi, tu peux m’aider à les rendre publiques.
J’étais complètement stupéfait de ce que j’entendais, en seulement une
dizaine de minutes je me trouvais confronté à de nouvelles idées et des
notions que je n’avais même jamais imaginées. Une partie de moi était
complètement révoltée, me disant que, sans doute, j’étais la cible de
mensonges et de moqueries. L'ensemble du scénario semblait quelque peu
fantasmagorique, trop rapide, trop de choses, trop inattendu. Cependant,
l’impulsion dominante demeurait la même, faire confiance à Cezar Brad,
j’eus même la volonté de coopérer sans réserve avec lui. Mes soupçons,
naturels dans une telle situation, n’arrivaient pas à instiller un doute dans
ma profonde intuition que ce que je faisais était bon et noble. L’homme en
face de moi m’inspirait une confiance et une paix intérieure qui éliminaient
quasiment toute tendance de révolte de mon esprit « normal », m’ouvrant le
chemin d’un univers mystérieux et fascinant grâce au pouvoir d’attraction
qu’il exerçait sur moi. Cezar ne voulait pas perdre un instant avec des
discussions inutiles ou des introductions complexes et sans fin. Il me
donnait ainsi l’impression d’avoir pris une décision inébranlable, sans
détour. Néanmoins, à aucun moment je ne ressentis une obligation ou une
pression pour accepter ses dires. Ce fut décisif pour moi. Entre autres,
Cezar Brad avait l’impressionnante capacité de partager son enthousiasme,
et gagner ainsi l’attention, tout était tellement spontané qu’on en ressentait
une forme de plaisir.
Je suis impatient de vous présenter la suite, mais ma « mission » doit
respecter un certain ordre pour ne pas éveiller de doute dans l’esprit du
lecteur, qui devrait alors faire face à une complexité de faits chaotiques et
sans liens apparents. Je reviendrai donc au récit chronologique des
principaux événements de la vie de Cezar Brad afin que vous puissiez
comprendre au mieux la façon dont il est arrivé à pénétrer les modalités
d’action de certains personnages et organisations occultes, qui agissent au
niveau mondial et qui de façon insidieuse ont déployé leurs tentacules en
Roumanie.
Comme je l’ai déjà mentionné, le point culminant fut l’incroyable
découverte dans les monts Bucegi, découverte qui concerne désormais
plusieurs États et régions du Globe, et en particulier la diplomatie
américaine. Mes connaissances sur ce sujet me conduisent à dire que,
immédiatement après, en 2003, les relations diplomatiques entre la
Roumanie et les États-Unis sont devenues plus complexes et leur équilibre
délicat. Les tensions trouvaient leurs causes dans des divergences de point
de vue. Entre autres, ces intentions visaient la condition présente de
l'humanité. Un plan d'action commun établi au plus haut niveau de la
diplomatie des deux pays réussit néanmoins à atténuer les tensions des
premiers mois. Mais nous présenterons en détail ces questions en temps
voulu. Pour l'instant, je précise que l'accord entre la Roumanie et les États-
Unis ne convinrent pas aux acteurs politiques de notre pays qui n’avaient
pas une vue progressiste, ce qui créa ainsi de nouvelles tensions et en même
temps un changement d’opinion dans le tableau politique roumain. Les
dernières informations que je détiens, et qui me sont parvenues même avant
que ce livre soit chez l’imprimeur, me furent confirmées lors d’une nouvelle
entrevue avec Cezar Brad (presque un an après le premier entretien), où
j’apprenais d’autres aspects secrets liés à la « grande expédition » qu’il
avait effectuée avec une équipe roumano-américaine à partir du lieu de la
découverte du Bucegi. Même si je connais déjà les principales étapes de ce
voyage, je préfère tout présenter de façon cohérente et en détail, et d’abord
révéler d’autres informations cruciales. Je considère cela nécessaire parce
que les gens ont le droit de connaître la vérité historique, et également de
savoir qui a manipulé cette vérité au fil du temps et pour quelle raison. Tel
est le fil de l'histoire dans ce livre. Qu'il fasse écho dans la conscience des
gens, ou, au contraire, qu’il soit accueilli avec ironie et incrédulité, je reste
convaincu que le choix de l’écriture et de la publication de ce livre sera
profondément bénéfique et positif. Au moins fera-t-il naître certaines
questions dans la conscience des gens, et stimulera-t-il l’intérêt pour les
dimensions occultes et la conscience de soi.
A l’âge de sept ans, Cezar alla à l’école. Il n’y excellait dans aucune
matière. C’était un élève normal avec une activité scolaire moyenne. Rien
ne laissait transparaître ses préoccupations, et il obtenait ses notes sans
jamais faire ses devoirs. Cependant, en CM1, ses parents furent convoqués
à l’école et reçus par une maîtresse profondément troublée et perplexe. Elle
souhaitait savoir s’ils avaient remarqué des choses inhabituelles dans le
comportement du garçon. Nicolae et Smaranda Brand nièrent toute
étrangeté de leur enfant, comme les représentants de la Securitate le leur
avaient ordonné. La maîtresse leur raconta alors qu’elle avait demandé aux
élèves d’apprendre une poésie de quelques strophes, préalablement lues à
voix haute devant la classe. Peu de temps après, elle eut la surprise de
constater que Cezar regardait distraitement par la fenêtre, tandis que les
autres apprenaient leur poésie. Malgré un rappel à l’ordre, il avait repris la
même attitude.
– Cezar ! Lève-toi ! Pourquoi tu n’apprends pas la poésie comme tout le
monde ?
Le garçon ne semblait pas du tout intimidé par le ton menaçant de la
maîtresse et restait calme.
– Mais je la connais déjà, répondit-il doucement.
– Comment ça tu la connais ? Pourquoi mens-tu?
– Je ne mens pas. Je l’ai entendue quand vous l’avez lue devant la classe.
Indignée par le culot du garçon, et en même temps curieuse de connaître la
vérité, la maîtresse lui intima alors de réciter la poésie devant la classe.
Cezar la récita alors sans aucune faute.
– J’ai pensé qu'il l’avait apprise à la maison. Mais c’était une nouvelle leçon
et, comme vous le savez, il ne fait pas de zèle sur les révisions, expliqua-t-
elle surexcitée. Je lui ai alors demandé de réciter deux autres poésies, avec
autant de strophes, qui n’étaient pas dans le manuel et que je ne lui avais
lues qu’une seule fois. Après m'avoir écouté attentivement, il les a alors
récitées sans faute.
C’est pour cette raison que je vous ai fait venir, parce que je n’ai jamais vu
cela !
Bientôt, cependant, l'incident fut oublié. Cezar me dit qu’il avait rapidement
compris l’utilité de paraître normal en société, car cela lui évitait des
problèmes, de la curiosité et même des méchancetés de la part de ses
camarades.
– Je sentais, même à ce jeune âge, qu’il était très important de ne pas attirer
l’attention sur moi. Il y avait d’autres choses, plus importantes, qui
sollicitaient mon attention quand j’étais à la maison, dans ma chambre, me
dit-il en souriant énigmatiquement.
Il parlait bien sûr de ses mystérieuses expériences qu’il réalisait avec lui-
même, totalement coupé du monde extérieur. Ses parents avaient depuis
longtemps arrêté de le déranger et d’essayer de comprendre son attitude.
Cela leur semblait normal et ils s’y étaient habitués comme avec les
rapports qu’ils rendaient chaque mois ou les visites inopinées de la
Securitate.
Avant ses dix ans, son entourage n’eut qu'une dernière occasion de regarder
Cezar comme une personne « étrange », lors de l’avertissement à sa tante
qui était en visite chez eux. Il n’était pas informé de la venue de sa tante,
mais en la voyant, il resta bloqué, comme s’il regardait à travers elle.
Quelque chose n’allait pas, tout le monde l’avait alors questionné, mais il
n’avait rien dit et était parti se réfugier dans sa chambre. C'est seulement le
soir, inquiet, qu’il avait demandé à sa tante quand elle allait rentrer à
Bucarest. En apprenant que son billet était pour le lendemain, il s’était
calmé. Mais il lui avait enjoint de ne pas prendre la voiture, ce qui n'avait
pas été pris au sérieux sur le moment.
Emilia, la tante de Cezar, devait donc repartir le lendemain avec son frère,
Nicolae Brad, pour résoudre un problème d’ordre familial. Mais ils ne se
réveillèrent pas, le réveil n'ayant pas fonctionné, et ils ratèrent le train. La
présence d’Emilia à Bucarest le matin même était cependant impérative, et
elle trouva donc une place dans une voiture. La mauvaise nouvelle n’arriva
que le lendemain. La voiture qu’Emilia avait empruntée avait eu un
accident peu avant Bucarest. De tous les occupants, Emilia était la seule à
avoir perdu la vie.
Smaranda Brad fut la seule à se souvenir du comportement étrange de
Cezar, et du conseil donné à sa tante. Elle mentionna cet épisode dans son
rapport mensuel, mais même cela fut de peu d'importance par rapport à ce
qu'il advint après et qui allait définitivement éloigner Cezar de sa famille.
Le détachement
Cezar avait dix ans, mais son niveau de perception, de jugement et son
comportement allaient bien au-delà de son âge. Il fréquentait peu les autres
enfants de son village car il ne savait pas jouer avec eux. Ils le regardaient
comme quelqu'un d'étrange, en inventant de mauvaises histoires à son sujet.
Cezar ne faisait pas attention à eux. Sa passion était de fermer les yeux
pendant des heures, profondément absorbé dans des réalités dont ses parents
n’avaient aucune idée.
En l’écoutant, j’ai pensé que c’était le bon moment de lui poser des
questions sur ces expériences, totalement incomprises des autres. Cezar
réfléchit quelques instants, à la recherche des mots adéquats pour me
répondre.
– Il est très difficile d'expliquer avec les mots justes certaines réalités, qui
ne s'encadrent dans aucune logique ni raison du monde actuel. Disons que
cela ressemble aux expériences spirituelles décrites par les mystiques
hindous.
Ce fut la seule fois que Cezar me raconta brièvement une de ses
mystérieuses expériences, tellement étranges pour une personne normale.
– Une fois, je suis revenu à la réalité physique qui m’entourait
complètement confus, sans reconnaître l’endroit où je me trouvais durant
quelques minutes. Bien que j'eusse les yeux ouverts, je voyais flou, ou
plutôt je ne me rendais pas compte des choses qui m’entouraient. Peu à peu,
très lentement, j’ai commencé à me réhabituer à ma condition normale ;
c’est alors que j’ai clairement compris qu'il existe un lien entre l’esprit et le
ressenti des choses. J'avais été si profondément absorbé dans certaines
dimensions subtiles que j’avais dépassé cette connexion. Habituellement, il
est relativement difficile de se détacher du monde objectif, c’est-à-dire de te
recentrer sur le monde intérieur, en ignorant les sensations extérieures, ce
qui pour moi n’était pas un problème. Paradoxalement, ma difficulté était
de renouer le lien entre l’esprit et les sens pour revenir ainsi à mon état
physique. Ma vue était parfaite, mes yeux ouverts, mais malgré tout j’avais
du mal à m’adapter aux choses de mon environnement. Pour mieux
comprendre, imagine que tu as vécu pendant de nombreuses années dans
une métropole avec un haut niveau de vie. A cause d’une combinaison de
facteurs, tu débarques sur une petite île complètement isolée au milieu de
l’océan, avec des conditions de vie primaires. Le saut évolutif est énorme,
et tu auras besoin d’un certain temps pour t’accommoder aux nouvelles
conditions de vie.
Je me suis rendu compte à cette occasion que l'esprit humain est étroitement
associé aux sensations corporelles, mais on peut aussi le libérer de ces
sensations quand on arrive à parfaitement le contrôler avec de la pratique.
Parfois, je glissais dans des transes si profondes que ma mère était forcée de
me filer quelques gifles pour me ramener à la réalité. A d’autres moments,
tellement euphorique quand je sortais de ces transes, j’essayais d’expliquer
sincèrement à mes parents ce que je vivais pendant ces temps d’absence.
Malheureusement, les mots manquent pour décrire la richesse de ces états,
qui sont propres à une manifestation subtile et supérieure à l’état physique.
Les mondes subtils et très élevés sont incompatibles avec les standards de la
conscience physique. Une fois, j’ai cependant tenté d’expliquer avec des
mots les perceptions que j’avais dans une telle expérience méditative, car ils
insistaient pour comprendre ce que je vivais. Je leur ai dit que la seule
association de formes et de couleurs à laquelle je pensais, et qui serait le
mieux adapté pour décrire ce monde subtil et raffiné auquel j’avais accès,
était un quadrillage de bandes irrégulières dans l'épaisseur, de couleur rouge
et jaune sur un fond bleu. J’étais très content d’avoir trouvé la bonne image
pour expliquer mon expérience, mais mon enthousiasme a immédiatement
chuté quand j’ai vu leur regard plein de compassion à mon égard. Je me suis
rendu compte que tous les efforts pour expliquer une telle chose étaient
vains. L’ignorance est un facteur terrible dans l’évolution de l’homme. J’ai
donc renoncé à jamais d’expliquer une chose impossible à comprendre.
Lorsque j’entrais en méditation, je m’évadais de ce monde, et la sensation
la plus perceptible était la liberté d’action dont je disposais, et le sentiment
que je pouvais percer n’importe quel mystère. Avec le temps, j’ai
commencé à explorer des espaces de plus en plus grands, mais ne compare
pas cela à un voyage normal (en effet, à ce moment je commençais à
imaginer son voyage comme l'exploration de l'espace dans une fusée),
Cezar a tout de suite perçu l’image de mon esprit et m'a corrigé,
compréhensif.
– Le monde mental est gouverné par des lois et caractéristiques beaucoup
plus vastes que celles du monde physique, mais ce n’est pas le sujet de
notre entrevue. Il suffit que je te dise que dans mes « voyages », je ne me
sentais jamais seul, et j'étais fermement guidé par une force que je
ressentais gigantesque mais pleine de tendresse, qui souvent me révélait les
nombreux mystères auxquels j’étais confronté. Grâce à cette sorte de «
protection », j’ai réussi à sortir de l’enfance indemne, malgré des
expériences psychiques très étranges.
Cezar demeura silencieux quelques instants. Je souhaitais alors, de tout mon
cœur, apprendre à connaître les secrets du monde supérieur, qui m’auraient
peut-être offert une réponse quant à mon rôle dans ce monde. D’une façon
plus ou moins évidente, nous ressentons tous l’impulsion intérieure qui
nous guide, mais le plus souvent c’est le destin qui nous guide sur la voie à
suivre. En ce qui me concerne, je considérais que la « voix » de mon destin
s’appelait Cezar Brad, et j’étais impatient d’en découvrir plus sur différents
aspects initiatiques habituellement inconnus.
En 1980, le premier changement majeur survint dans la vie de Cezar. La
famille Brad avait une renommée « d’étrangeté » dans le voisinage, car ses
membres, enfermés dans une carapace, n’entretenaient aucun lien avec les
voisins, et évitaient de répondre aux questions qui leur étaient posées. Par
ailleurs, Cezar passait le plus clair de son temps dans sa chambre, dans de
profondes méditations. Les faits se produisirent rapidement, dans le style
caractéristique de la Sécurité d’Etat dont l’oppression et l’abus étaient
notoires à cette époque.
Au début du mois de janvier de cette année, un jour d’hiver calme avec des
flocons de neige grands et généreux couvrant de blancheur leur petite ville
de montagne, Cezar rentra de l’école dans un état d’effervescence intérieure
dont lui-même ne connaissait pas la cause. Impatient comme toujours, il
pénétra dans la maison et s’allongea sur le lit dans sa position favorite, les
jambes croisées, entrant ainsi dans un état profond de méditation.
Connaissant cette habitude, sa mère l’avait prévenu que la table serait
rapidement prête. Ce qui survint dans les heures suivantes mit à rude
épreuve les nerfs de la famille. Je vais essayer de retranscrire fidèlement la
situation en utilisant les mots avec lesquels Cezar me la relata, vingt ans
après avoir lui-même vécu cette mémorable expérience.
– J’ai rapidement pénétré dans le vaste espace mental que je connaissais
déjà bien, et je me suis concentré sur la contemplation de certains aspects
abstraits en lien avec ce que nous appelons « air », commença Cezar.
Lorsque j’étais en méditation, le monde environnant se transformait
complètement. J'étais continuellement rafraîchi par un courant d'énergie
inépuisable, et en même temps je me sentais libre, avide de tout connaître.
Je parle d’une connaissance supérieure, bien au-delà de celle rencontrée
dans les livres et manuels scolaires. La connaissance scientifique moderne
est elle-même assez limitée, car elle se fonde sur les effets mais ne
comprend pas leurs causes sous-jacentes. Moi je parle de la nature des
connaissances qui n’est pas discursive, mais profondément intuitive et
spirituelle. Elle ne peut pas être comprise en théorie, mais peut être traitée
par l’expérimentation directe. Les limites du corps physique ne sont plus
perçues par la conscience, qui vibre alors en fonction du sujet choisi pour la
méditation. Je me confondais donc dans le monde sublime avec un son qui
venait de partout. En fait, j’avais la sensation d’un son brillant rempli d’une
énergie pure et extrêmement raffinée. Mon sentiment général était celui
d’une grandeur sans fin, sans limites. Je ne sais combien de temps s'était
écoulé depuis que j’étais pris dans cette infusion lumineuse et sonore, pas
plus d’une heure. J’étais vaguement conscient de mon corps et de
l'environnement et, à un moment donné, j’ai senti un léger tremblement et
un léger balancement de mon corps qui, bizarrement, pouvait presque être
observé de l’extérieur. C’était un sentiment d’instabilité relative, mais je ne
me suis pas inquiété, car j’avais déjà été confronté à de telles expériences.
Cependant, quelque chose était bizarre, car je ne ressentais aucun appui,
comme celui d'être assis dans un lit. Dans un état de somnolence, j’ai ouvert
les yeux et j’ai tressailli involontairement, car je me trouvais dans l’air, au-
dessus du lit à environ un demi-mètre. Mes jambes étaient croisées comme
dans ma position initiale, mais légèrement abaissées. Mon corps se
balançait lentement dans l’air, en restant approximativement au même
endroit. Je n’étais pas effrayé, mais plutôt excité par la forte émotion que je
ressentais à ce moment. Je me suis dit que dans l'avenir, je devrais contrôler
parfaitement ce phénomène si je ne voulais pas donner naissance à des
complications sérieuses dans ma vie. A ce moment précis, ma mère ouvrit
brusquement la porte pour me dire de venir à table. Je pense qu’il n'est pas
trop difficile d'imaginer ce qui a suivi. Elle ne s’est pas évanouie, mais elle
a eu très peur en se collant contre le mur et en me regardant, terrifiée. Moi-
même, surpris par le bruit de la porte ouverte brusquement et du cri étouffé
de ma mère, je suis revenu difficilement à la condition normale, en tombant
de côté sur le lit. J’ai ressenti une vague sensation de nausée, et une douleur
au niveau du cou.
Cezar me raconta cet événement d’une façon on ne peut plus normale, sans
tenter de me convaincre de la véracité de ses dires. En même temps, il
cherchait à me faire comprendre que la découverte d’un aspect particulier,
ou la foi en quelque chose, ne constitue généralement pas le résultat d’une
satisfaction banale et dépourvue de sens. J'ai clairement senti que si j’avais
demandé à ce moment une preuve, j'aurais essuyé un refus poli.
A une autre occasion, Cezar m’expliqua que ceux qui ont certains pouvoirs
paranormaux, et qui comprennent leurs causes et manifestations, n'agissent
jamais de façon égoïste pour montrer aux autres leurs capacités
particulières, et n’utilisent pas leurs pouvoirs dans un but personnel. Par
conséquent, ces personnes ne voudront pas être reconnues et ne chercheront
pas de gloire éphémère. En outre, ceux qui ont la connaissance authentique
de leurs pouvoirs ne cherchent pas à convaincre ceux qui doutent, parce que
la vraie croyance doit venir d'eux pour qu’elle soit stable et porter ses fruits
dans l’avenir.
Les esprits de la plupart des gens sont pauvres et non encore prêts à faire
face à certaines réalités choquantes. Pour combler cette lacune, ils adoptent
dans la plupart des cas une attitude arrogante et ironique en ce qui concerne
les domaines « interdits », c’est-à-dire ceux qui se trouvent à la frontière
entre la matérialité et les plans subtils de la Création. Leur incrédulité
dissimule en fait le refus de savoir, qui est à la base un profond sentiment de
peur de l’inconnu. Souvent, ils cherchent à se tromper eux-mêmes, mais
aussi ceux qui les entourent, en affirmant que s’ils sont témoins d’un
pouvoir paranormal, réel, ils croiront immédiatement que le monde est plus
que l’univers physique. L’expérience a montré que dans le cas d’une telle
manifestation, le choc subi par un esprit mal préparé est trop important pour
son niveau réduit de compréhension. Généralement, le spectateur de telles
démonstrations suit deux voies : soit continuer à nier avec véhémence ce
qu’il a lui-même demandé et vu de ses propres yeux, en arrivant parfois à
des crises d'hystérie ; soit recourir à une acceptation formelle du moment,
qui, en réalité, est dépourvue de toute conviction profonde. Cette
acceptation sera rapidement remplacée par l'ancienne méfiance, comme un
mur de protection mentale devant ce qui ne peut pas être compris ou qui
peut perturber la routine quotidienne d’une vie banale.
Cezar me dit que la pratique apporte avec le temps la foi, parce que les
efforts que nous faisons ensuite sont d’une certaine manière une sorte de
foi. Au fond, la grande majorité des gens ont une foi ferme, mais qui est
pervertie et destructrice. Ainsi, beaucoup croient fermement qu’ils ne
croient pas et cela est suffisant pour nourrir des multitudes de craintes,
doutes, angoisses et préjugés, les privant de la capacité à comprendre les
choses dans leur essence. De surcroît, l’inconvénient est qu’ils se ferment
émotionnellement sans s’en apercevoir. Ils deviennent égoïstes, et leurs
sentiments sont alors flétris, dépourvus de la force d’une expérience
authentique. Le plus souvent, l’homme crée ses propres limites.
Ce jour-là, Smaranda Brand n'était pas prête pour ce qu’elle avait vu, sa
capacité de compréhension avait été mise à rude épreuve, et il semble
qu’elle n'avait pas trouvé la force nécessaire pour traverser l’émotion de
l’inconnu. Quand Nicolae Brad rentra du travail, sa femme lui raconta
l’incident. Ils convinrent de prévenir le nouvel homme de liaison (le colonel
Datcu avait été promu dans une autre ville).
Tard dans la nuit, une voiture arriva avec deux agents de la Securitate. Cette
fois le docteur Xien n’était pas présent. L’événement mentionné dans le
rapport impliquait un autre type d’actions, avec un protocole différent. Sous
prétexte d’un examen particulier qu’il devait subir, Cezar fut pris en charge
par les agents. Il monta dans la voiture et disparut dans l’obscurité de la
nuit. Ce fut la dernière fois qu’il vit ses parents.
Le Département Zéro

En 1980, treize ans après la création de cette section « secrète » de la


Sécurité d’Etat, plusieurs directives avaient été mises en place pour cadrer
ses objectifs. Si dans les premières années, les désorientations provoquées
par le « caprice » de Ceausescu avaient provoqué beaucoup de confusions
et des réelles difficultés d’adaptation, à la neuvième année de sa création, sa
structure était bien définie avec une base matérielle assurée. En outre, la
question du financement avait été dès le début un « point chaud », parce que
Ceausescu, inexplicablement, avait apparemment « oublié » comment tout
ceci allait être financé. D’autre part, personne n’avait eu le courage de
clarifier les choses dans le flou du commencement, car devant le dictateur
une telle question aurait été synonyme de mépris ou au moins
d’incompétence. Les deux versions auraient signifié la destruction de sa
carrière et de grands problèmes existentiels pour celui qui aurait « osé ». La
méthode était celle qui s’appliquait habituellement dans des cas extrêmes :
on invoquait l’ordre absolu du chef de l’État et on cumulait les fonds de
financement par le retrait de sommes sur d'autres fonds. Ce fut la solution
de compromis pour les trois premières années après la création du
département. Le temps passant, les choses évoluèrent, avec la création de
deux bases secrètes : l’une était située près de la ville B..., et l’autre dans les
montagnes Retezat, à une petite distance de la vallée de l’Ours (nom de
code). Due au fait qu’il y avait déjà une base logistique après la mise en
place du département, une nouvelle tactique avait été appliquée à partir de
1972 pour attirer les fonds grâce à des interventions « diplomatiques »
répétées de Ceausescu. Convaincu et enthousiaste quant aux possibilités
qu'offrait le développement de cette section de la Securitate, il prit les
dispositions nécessaires pour que le Département Zéro soit soutenu
financièrement par deux sociétés « offshore » d’Uruguay. Dans les
documents officiels, elles figuraient comme des sociétés de courtage dans le
pétrole, mais en réalité étaient spécialisées dans le blanchiment d’argent de
la mafia latine. « Revita Unio » et « Nann&Co. » étaient les deux sociétés
qui procurèrent à la famille Ceausescu d'importantes sommes sous la
direction d’un maître dans le domaine : le général Meres, que j’avais connu
personnellement. Il est probablement l’une des rares personnes qui avait
deviné juste et avait vu, bien avant l’étape finale, la fin du communisme en
Europe, la chute de Ceausescu et la façon dont cela allait se produire.
– Écoute ce que je te dis, Radu, m’avait un jour déclaré le général. Il y a
certaines forces inconnues qui broient les fondations de ce peuple et le
nourrissent de « poussière », en mettant sur le devant de la scène
Ceausescu, ses impulsions, ses pulsions, l'orientation de l’économie..., et
cela ne vient pas de là. Personnellement, j'ai assuré l’avenir de ma famille.
Notorean de la Sécurité le sait, mais je suis trop bien placé pour être trahi.
Je ne pense pas que cette situation puisse se poursuivre plus de deux ou
trois ans à partir de maintenant.
Cette discussion avait eu lieu vers 1988 et je devais admettre qu’elle avait
été prophétique, car le général, dans une envolée oratoire inspirée, avait
supposé que Ceausescu n’allait pas s’en sortir indemne, et n’échapperait pas
« proprement » à la colère du peuple, et que ces mêmes forces occultes
(qu’il n'avait pas souhaité nommer à l'époque), allaient secrètement préparer
non seulement sa fin, mais aussi la prise de pouvoir de l’Etat. L'évolution
politique et économique du pays confirma ses dires. Le général Meres
disparut brusquement en 1989, peu avant la révolution ; il ne pouvait pas
choisir meilleur moment, car « l’agitation » que subissait le communisme
en Europe à cette époque ne laissait plus le temps aux investigations
nécessaires pour trouver le « traître », comme on avait l'habitude de
procéder. Certain de son immense influence et de son pouvoir occulte,
agissant toujours dans l’ombre, le général Meres ne fit jamais aucune
allusion à l’endroit où il allait se retirer avec sa famille. La personnalité
complexe du général le fit agir comme un pion toujours efficace et puissant,
mais pratiquement invisible.
Je faisais partie des rares personnes qui avaient eu accès à son entourage
proche, mais même dans cette situation, je ne savais presque rien de sa vie
toujours très discrète. Son instinct de conservation, son ego raffiné et son
intuition d’exception dans les affaires lui avaient rapporté des succès
financiers remarquables dans ses deux sociétés, qui avaient d’ailleurs été
lancées grâce à ses relations diplomatiques solides, et auxquelles Ceausescu
faisait appel parfois. Même si au début il n’y avait eu que des rumeurs, on
savait maintenant précisément dans les hautes sphères du pouvoir que
Meres était le personnage principal qui s’était chargé de l’ouverture et de
l'alimentation du très controversé compte de la famille Ceausescu, dont la
valeur avait été estimée à environ un milliard de dollars. Seul le général et
peut-être deux ou trois personnes connaissaient exactement le montant de
ce compte, et son emplacement actuel. Il est cependant facile d’imaginer
que le général Meres, ayant la liberté et la confiance totale de Ceausescu
pour l’administration de ces deux sociétés offshore, ne se limita point au
remplissage des seuls comptes du dictateur, et qu’il se reversa de très
grosses sommes sur ses propres comptes. Il est certain que Ceausescu avait
deviné, mais ce fut la seule occasion où il ne prit aucune mesure punitive,
car son propre intérêt financier était en jeu, et trouver un remplaçant à la
hauteur eût été très difficile et délicat. On peut penser qu’entre Meres et
Ceausescu s’était établi une sorte d’accord tacite et réciproque, chacun
feignant de ne pas faire attention à ce que pensait l'autre. Par conséquent, la
position du général Meres était tout à fait inédite dans le tableau politique et
économique du pays, et il était considéré par ceux qui le connaissaient
comme une sorte « d’éminence grise » du pouvoir.
D'une certaine façon, Meres était imprenable et, autant que je sache, il
s'agissait de la seule situation que Ceausescu avait acceptée sans
commentaire de toute sa carrière de dictateur communiste.
Le plus plausible était qu’en ce moment même, pendant que nous parlions
Cezar et moi, le général vivait son âge d’or sur une île des Baléares ou en
Crète, en suivant dans l’ombre, avec son sourire malicieux, la « marche »
du pouvoir à Bucarest. D'un autre côté, la Roumanie avait perdu un homme
avec des possibilités organisationnelles et décisionnaires d'exception. Il
aurait probablement pu être un des piliers de l'Etat, mais il connaissait trop
de secrets qui l’avaient amené à prendre sa « retraite » avant l’heure. Son
intuition et son expérience diplomatique l’avaient grandement aidé à se
retirer au meilleur moment.
Ceausescu disposait ainsi de financements généreux pour le Département
Zéro, grâce aux deux sociétés gérées par Meres. Del968àl980, cinq
personnes étaient passées par la direction du Département, mais de tous, le
colonel Obadea s'était le plus fait remarquer (après sa nomination, en 1979)
grâce à son esprit d’initiative et ses idées novatrices qui avaient optimisé
l’activité du Département. Parce que le champ d’action de cette section de
la Sécurité d’État était relativement obscur, et parce qu’il n'existait pas
d’expérience dans ce domaine, Obadea eut la chance de recevoir un grand
pouvoir de décision, on lui accorda l’autonomie du département et
l’encadrement de l’activité dans la catégorie des grands secrets de l’Etat.
Cela signifiait implicitement que la fonction du colonel Obadea était en
quelque sorte équivalente, dans la hiérarchie du pouvoir, à celle d’un
ministre. En raison de son implication tout à fait spéciale dans l’appareil de
la Securitate, la fonction du colonel avait en effet beaucoup plus de poids,
étant proche de celle d’un ministre d’Etat, mais elle ne pouvait être exercée
dans l’environnement politique. Dans la structure du département, le
colonel Obadea avait appliqué un principe simple : information directe
(avec au maximum un intermédiaire), et un personnel réduit au strict
minimum. Cependant, il était nécessaire que ceux choisis pour travailler
dans cette structure soient compétents et professionnels dans leurs
domaines. Pour appliquer ces idées de base, il ne pouvait faire de
compromis : il avait besoin d’une technique spéciale et d’un groupe d’élite
paramilitaire entraîné spécialement pour des interventions inhabituelles.
Le protocole de sa fonction secrète faisait du colonel Obadea l’une des rares
personnes qui avaient un accès direct et immédiat à Ceausescu. C'est lui qui
présentait les rapports chez le dictateur, et par mesure de sécurité maximale,
ils n’étaient dactylographiés qu'en un seul exemplaire, signés et scellés par
le colonel lui-même. Sa fonction était si importante qu’il ne donnait
d'explications qu’au Président ou au chef de la Securitate. D'autre part, il
avait le pouvoir de demander l’aide et le soutien de n’importe quelle
institution du pays. Une ligne téléphonique était installée entre lui et le
cabinet de Ceausescu, et les informations et les rapports reçus du
département entraient dans la catégorie SECRET D'ETAT – de grade 5. Les
seules personnes à avoir accès à cette catégorie étaient Ceausescu, le chef
de la Sécurité d’Etat, le chef de l’état-major et bien sûr Obadea.
Peu après son investiture, le colonel avait présenté au dictateur une liste de
seize propositions qui présentaient l’infrastructure nécessaire pour un
fonctionnement irréprochable du département. Ceausescu les avait toutes
approuvées. Plus tard, craignant que le pouvoir d’Obadea ne crée un
précédent dangereux, il s’était créé des « soupapes ». Ainsi, le colonel ne
pouvait pas agir auprès de toutes les institutions du pays, mais seulement
auprès de celles qui avaient un rapport avec le domaine spécifique du
département, même si les limites de cette restriction étaient vagues. Une
autre restriction imposée fut celle qu’Obadea n’ait pas accès à d’autres
secrets d’Etat ou à ceux de la Sécurité d’Etat, en dehors des informations
provenant de son propre département. Enfin, il devait accepter d’être
contrôlé par le chef de la Sécurité d’Etat, sans que celui-ci ait un pouvoir
décisionnaire mais seulement celui de rapporter à Ceausescu. Toutefois, en
raison des spécificités des activités du DZ, ces petits « amendements »
n’avaient pas dérangé le colonel Obadea. Son excellent travail dans les
années qui suivirent démontra son professionnalisme et les capacités qu’il
manifestait dans les relations, souvent compliquées, avec ses subordonnés.
Ces mesures de sécurité extraordinaires se révélèrent très efficaces, même
plusieurs années après la Révolution, et démontrèrent la solidité des bases
du Département Zéro. Je pense que même les secrets militaires, ou ceux
provenant de l’espionnage extérieur, n’ont pas été aussi bien gardés que
ceux du Département Zéro. Les documents étaient présentés à Ceausescu
comme dans le modèle suivant, avec plusieurs dates clefs apparaissant
dessus :

Après avoir eu connaissance du contenu du rapport, le chef de l’État avait


une discussion sommaire avec Obadea, le dossier était repris par le colonel
et enfermé dans un coffre-fort particulier dans son bureau, qui se trouvait
dans la Vallée de l’Ours, après avoir été préalablement scellé avec un
morceau de carton rouge et un poinçon en plomb. Sur le carton était écrit :
ACCÈS LIMITÉ :
1. Le Président du pays
2. Le chef du Département Zéro
3. Le chef de la Sécurité d’État
Série : AL – no. 9 (ARCHIVE SECRÈTE DE L’ÉTAT)

Dans le flou des départements de la Sécurité, ceux de l'Armée et du


Ministère des affaires Internes, le Département Zéro se distinguait comme
une « île » à part, de type occidental, séparé de par sa spécificité des autres
activités de l'Etat. C’était cette ambiance qui régnait quand Cezar fut amené
au quartier général, pas très loin de B.... en 1980. En comparaison de sa
qualité de vie chez ses parents, il avait ici tout le confort, l’accès à un
équipement technique exceptionnel. Les plans du bâtiment ainsi que sa
construction avaient été réalisés par une société américaine, mais la
technique et l'équipement avaient été commandés et importés d’Hollande.
Le bâtiment était achevé depuis environ un an, peu après la nomination du
colonel Obadea. Il était composé de deux corps : un pour le personnel et les
activités de routine et le second, plus grand et sophistiqué, destiné aux
personnes sélectionnées, avec plusieurs appartements, une cuisine, une salle
à manger et une section à l’écart où se trouvaient les laboratoires pour les
différentes expérimentations. La zone de la base était encerclée par un mur
en béton, et à 100 mètres autour, des militaires montaient la garde sans
éveiller de soupçons. L’approvisionnement avait lieu une fois par semaine
pour limiter les échanges avec l’extérieur. Quand Cezar arriva à la base, il y
avait déjà quatre autres sujets sur place : trois enfants et un adulte. Chacun
était logé dans un appartement du bâtiment principal, ils avaient la
permission de sortir à des heures fixes. Le programme était léger mais la
garde très stricte. Le personnel se composait de dix personnes, neuf
hommes et une femme de 35-40 ans, la conseillère du mystérieux docteur
Xien. Je vais arrêter là la description, bien que Cezar m’ait décrit en détail
l’endroit et les activités qui s’y déroulaient.
Par la suite, je fus autorisé à voir cet endroit et je dois avouer qu’il m'a
profondément impressionné. Même s’il n’avait plus le même emploi que
dans les années 80, une activité secrète et sévèrement contrôlée continuait
de s’y dérouler.
Cezar resta pendant 5 ans dans cet endroit. Il avait rapidement compris qu’il
ne reverrait probablement jamais ses parents, et que dans ce lieu on lui
offrait l’opportunité de développer ses capacités spéciales. Les rencontres
avec les autres résidents avaient lieu aux heures de promenade, de sport ou
pendant les cours spéciaux que le docteur Xien donnait. Chacun des
résidents était doté de certains pouvoirs, que Cezar m’avait décrits
sommairement et avec beaucoup d'humour. Un des enfants, un garçon de
quatorze ans, se distinguait par son nombril d’environ dix centimètres qui
couvrait une grande partie de son abdomen. Peu importait la météo, le
garçon ne portait qu'un pantalon fin en coton. Il s’appelait Eduard. Son
rayonnement mental était si puissant que celui qui se trouvait dans son
champ devenait timide, incertain, allant même jusqu’à ressentir une peur
inexpliquée et oppressive. Ces sensations s’observaient quand Eduard était
calme et détendu, mais si pour une raison quelconque il se mettait en colère,
on pouvait voir de petits flashes, comme des étincelles, sur son corps, en
particulier autour de la tête. Dans ces moments-là, les objets proches se
cassaient ou se déformaient. Pour cette raison, on ne trouvait que des objets
en bois et en plastique dans l’appartement qu'il habitait car on pouvait
facilement les remplacer. Pendant l’été, son appartement était relié à un
système de climatisation particulier, car le garçon ne supportait pas les
températures supérieures à vingt degrés Celsius. L’option de cet air
climatisé n’était pas vraiment satisfaisante parce qu’Eduard s’en plaignait,
il disait que cela le privait de la composition énergétique de l’air et lui
provoquait des difficultés. La principale capacité paranormale du garçon
était le pouvoir de télékinésie, il pouvait déplacer des objets uniquement par
la volonté. Il était capable de soulever, de loin, différentes choses, en les
maintenant ou en les déplaçant pendant plusieurs minutes. Peu
impressionné par les capacités de son collègue, Cezar me raconta que
l’expérience ultime d’Eduard fut de soulever une sphère d'eau dans l’air et
de la déplacer dans l'espace de la chambre.
Un autre garçon, qui avait approximativement le même âge que Cezar,
n’avait rien qui sorte de l’ordinaire, mais son pouvoir était exceptionnel car
il pouvait prévoir ce qui allait se produire 10 ou 20 heures dans le futur.
Octavian avait même réussi à améliorer ses performances, allant jusqu’à 28
heures dans ses prédictions de plus en plus précises. Cependant, d’après ce
que Cezar m’avait dit, il ne fut jamais en mesure de dépasser cette limite.
L'intérêt des fonctionnaires pour ce garçon était particulier et il profitait
d’un traitement spécial. Même pendant les heures de pause, quand les autres
enfants jouaient, il était accompagné d’un individu qui le surveillait afin
qu’il ne prédise rien aux autres. Précaution quelque peu inutile car Octavian
était toujours en retrait, pensif et même apathique. Très maigre, il était
souvent coupé de toute influence extérieure. Cezar l’avait décrit comme un
garçon étrange, y compris parmi les autres, tous possédant des pouvoirs
paranormaux. Cette étrange capacité à percevoir l’avenir n'était pas
seulement intuitive, comme dans le cas de ceux qui lisent l'avenir dans les
cartes, ou le marc de café.
– Tout ce qui se passe dans l’univers, chaque geste, chaque action, pensée,
émotion ou sentiment reste « enregistré », comme sur une sorte de « support
», m’expliqua Cezar, en répondant ainsi à mes incertitudes naturelles.
Analogiquement parlant, c’est un « enregistrement », qui peut être comparé
à une photographie à un instant T de la vie. Sinon, il serait impossible
d’étudier le temps passé et futur.
J'étais alors timidement intervenu :
– Mais, comment est-il possible de voir le futur, à partir du moment où rien
ne s’est encore produit ?
Cezar sourit.
– Ta logique est saine. Ce que tu ne sais probablement pas encore est que le
temps en lui-même est un concept illusoire. Il y a, bien sûr, l'énergie subtile
du temps, mais elle est modulée spécifiquement par la conscience ou la
perception de chaque individu. Par exemple, le même intervalle de temps,
une heure, est perçu subjectivement différemment par plusieurs personnes,
parce que certains vont avoir l’impression que le temps passe moins vite
que d’autres. Les appréciations sont différentes, bien que la période de
temps soit la même. Dans la conscience humaine, il n’y a que l’illusion du
passé et de l’avenir, car ces concepts sont dus, à leur tour, à la perception
fragmentée que les êtres humains ont sur le temps. Imagine-toi que cette
forme énergétique extrêmement fine qu’on appelle temps est –
métaphoriquement parlant – comme la bande d’un film. Cezar dessina alors
un schéma très simple, pour que je puisse mieux comprendre. J'étais
impatient d’apprendre de nouveaux secrets sur certaines réalités qui étaient
jusqu’alors inaccessibles à ma connaissance. Sensible à mon attitude
sincère, Cezar avait accepté de me guider, comme un maître, à travers les
ombres trompeuses qui cachaient la connaissance véritable.
– L’axe du temps est continu, mais les gens le perçoivent fragmenté en
passé et futur. Dans l’idée générale le présent est relatif, car le moment
présent devient passé à l’instant suivant, qui devient lui-même le nouveau
présent. Les gens vivent dans une « bobine de film » et s’identifient dans
ses aspects partiels ; ils n’ont plus la perception globale de la bobine
temporelle, qui est continue, mais ils perçoivent le phénomène temporel de
manière fragmentée, dans le passé et l’avenir, parce que leur conscience est
limitée d’un extrait à un autre de connaissance. Supposons maintenant que
cette conscience se développe et grandit comme une sphère énorme qui
prend dans son champ de perception et de connaissance l’univers entier.
Cela est suffisant pour surmonter la barrière du temps, que tu vas alors voir
comme un ensemble uni et éternel. Le passé et le futur perdent leur sens
relatif. Celui qui expérimente ce niveau de connaissance devient un «
observateur » détaché, ayant à sa disposition un large champ de « vision ».
Analogiquement parlant, tu es comme un touriste dans une vieille ville. Au
début, tu te balades et tu visites des endroits intéressants, car tu n’as pas la
possibilité de tout visiter en une fois. Les immeubles, les gens, les voitures,
les arbres t’obstruent la vue. Mais si tu vas sur un balcon en hauteur, tu
peux voir la ville d’un seul regard. Peu importe la zone ou l’immeuble que
tu cherches, tu le retrouves immédiatement, car toute l’agitation de la ville,
même fragmentée pour ses occupants, te paraît comme un ensemble.
J'espère que cette analogie est suffisamment suggestive pour mieux
comprendre le problème du temps. Le voyage dans le temps n'est rien
d’autre que l’expansion de la connaissance qui a alors accès à l’énergie
réelle du temps. Cela est difficile à faire et peu de gens arrivent à le
maîtriser parfaitement. Il existe toutefois des étapes intermédiaires ; dans
l’une de ces étapes se trouvait Octavian. Malheureusement, il a été muté
dans une autre section, en 1984, et je ne l'ai plus jamais revu.
Bien que j'aie compris l’essence de ses explications, il restait encore
quelques zones d’ombre. Par exemple, ce n’était pas clair de savoir
comment on pouvait développer sa conscience afin que, par la simple
volonté, on puisse immédiatement percevoir un fragment du temps. Dès que
ces problèmes surgirent dans mon esprit et alors que je me préparais à poser
la question, la réponse de Cezar arriva spontanément :
– Pour réaliser un véritable déplacement dans le temps au niveau de la
conscience, on a besoin d’une connaissance de finesse exceptionnelle. Dès
que la « cible » temporelle est fermement fixée au niveau mental, en se
concentrant sur cette zone, on va déclencher un processus de résonance,
grâce auquel tu arrives à « vivre » dans le laps de temps ciblé, en
t’identifiant parfaitement avec tes émotions et les caractéristiques de
l’époque, tout comme le spectateur d’un film, qui d’une certaine manière «
entre » dans la réalité de ce qu’il voit. En d’autres termes, tu vois, tu sens,
tu goûtes, et touches, comme tu le fais habituellement dans ta tranche de
temps, seulement les sensations ressenties sont propres à ce moment, car
elles se sont déjà passées. C’est une certitude que l’expérience du
déplacement dans le temps est véritable et pas seulement une illusion de
l’imagination débordante de l’esprit. Il y a, bien sûr, la possibilité du voyage
dans le temps physiquement parlant, mais la façon dont elle peut être
réalisée implique des explications complexes ; en outre, la motivation d’un
tel voyage doit être très importante, parce que les interférences peuvent être
très importantes également.
Pour l’instant, j’étais satisfait de ces explications, mais dans mon for
intérieur, je me disais que j’allais essayer d’expérimenter ces réalités
fascinantes.
Le temps passé dans ce centre avait permis à Cezar de faire des progrès
remarquables en développant ses capacités de perception et celles de
l’action subtile. Une de ses expériences spirituelles extraordinaires était
connue de l’énigmatique docteur Xien, qui l’avait guidé avec compétence et
beaucoup d’attention pendant les moments difficiles. Le docteur Xien et son
assistante disparurent mystérieusement peu après la Révolution de 1989,
sans que personne ne sache l’expliquer. Le point de vue général était que le
contrat qu’il avait conclu était arrivé à son terme, j’étais certain que Cezar
connaissait la vérité sur ce sujet, mais pour diverses raisons il ne souhaitait
pas me donner plus de détails.
Les contacts entre Cezar et les autres occupants de l’établissement étaient
peu nombreux et de circonstances, car à cet égard, il y avait des règles
strictes. Par ailleurs, jusqu’au début de l’année 1986, c'était le seul à avoir
été maintenu dans l’établissement sans être transféré. Aucun de ceux qu’il
avait trouvés là-bas en 1980 n'était présent à son départ. Avec le temps, ses
camarades avaient été envoyés dans d’autres villes, mais les raisons de ces
transferts restaient inconnues. A la place de ceux qui partaient, des
nouveaux arrivaient à chaque fois, et Cezar n'avait pas le temps d’apprendre
grand-chose sur eux car ils repartaient relativement vite. L’année 1986 fut
un « tournant » dans la vie de Cezar, avec une expérience spirituelle hors du
commun. Les évènements de cette période étaient étroitement liés à la
présence et aux actions du chef du département, le colonel Obadea. Il
appréciait particulièrement Cezar et souvent ils discutaient ensemble de
divers aspects qui impliquaient l’activité du département. Bien qu’il fût
adolescent, Cezar ne correspondait pas aux modèles associés à cet âge. La
vie et l’expérience acquise dans le cadre de ce département avaient d'autres
normes, très supérieures à celles de la société extérieure ; l’endroit était
comme tout droit sorti d’un monde parallèle, dans lequel les lois physiques,
les concepts et les idées de ses habitants ne respectaient pas les normes de
la société. Il est vrai que dans sa fonction de commandant du DZ, le colonel
Obadea s’attardait particulièrement sur les aspects d’ordre militaire, de
sécurité, administratifs et même politiques concernant la structure
organisationnelle dont il avait la charge, mais il connaissait précisément le
dossier secret de chaque « sujet » et suivait avec intérêt l'activité et les
réalisations de ceux qui était amenés là. Obadea était l’une des rares
personnes de la Securitate à cette époque qui possédait un esprit ouvert et
une conduite morale d’exception. Il était très habile dans les jeux politiques
qui confrontaient différentes forces et différents intérêts, et les évènements
ultérieurs allaient démontrer que les plans et les idées du colonel seraient
appliqués. Mais n’allons pas trop vite.
En 1986, Obadea était en conflit d’intérêts avec le général en chef de la
Sécurité d’Etat, qui ne voyait pas d’un bon œil « l’indépendance » du
département. Il avait déjà procédé à plusieurs contrôles de la base DZ, sans
aucune justification. Cela lui permettait d’attaquer la position d’Obadea vis-
à-vis de Ceausescu, en rédigeant des rapports qu’il présentait au dictateur
avec des conclusions toujours négatives. L’idée était de faire destituer
Obadea de ses fonctions, et d'assimiler le DZ à la structure globale de la
Sécurité d’Etat, ce qui lui aurait permis de devenir décisionnaire dans ce
département. Ce plan était rudimentaire et dépourvu de finesse ; même
Ceausescu, connu pour sa suspicion, ne l’avait pris au sérieux, mais il y
avait néanmoins des tensions. Par conséquent, Obadea devait agir
prudemment et tout faire pour tromper la vigilance de son supérieur
hiérarchique qui était le général en chef de la Securitate.
Cette année-là, le colonel prit une surprenante décision : Cezar irait visiter
sa famille, justifiant cela par une « instabilité » émotionnelle chez le sujet,
instabilité qui devait être atténuée.
– En réalité, me précisa Cezar avec un sourire, son intention était tout à fait
différente. La visite que j’allais faire à mes parents n’était qu'un leurre, pour
cacher une action beaucoup plus importante me concernant, car je
connaissais parfaitement la situation de ma famille, même si physiquement
j’étais loin d’elle. Je savais que mon père était mort deux ans auparavant
d’un stupide accident, et que ma mère avait très mal supporté cette perte. Tu
dois te demander comment je suis arrivé à savoir tout cela sans m’éloigner
de la base et sans que personne ne m’en parle. Je dirais seulement que mon
corps physique est limité dans son travail, mais la liberté de pensée et
d’actions de mes autres corps est très grande. Face à ma stupéfaction et mon
incrédulité affichées, Cezar continua d'expliquer avec patience et
bienveillance :
– Tes doutes sont dus à l’ignorance de certaines réalités essentielles. C’est
comme si tu avais un manteau avec plein d'argent caché dans sa doublure et
dont tu ignores l'existence ; tu continues de porter ce manteau, mais tu fais
la manche tous les jours pour vivre. Je pense que tu as compris que je ne
suis pas juste un corps physique. L'expérience va sans doute te prouver cette
vérité. C’est alors que tu découvriras qu’un autre corps, plus « flexible » et
« léger », est à ta disposition pour ainsi te dévoiler d’autres secrets. Bien
entendu, ce corps, de nature plus subtil que le corps physique, est gouverné
par certaines lois et restrictions, parce qu’il existe des structures
insoupçonnées de notre être. Comparées au corps physique, elles se
trouvent dans une dimension nommée « astrale » par les occultistes.
L’acquisition de la capacité à être conscient de ton corps astral, au même
titre que de ton corps physique, est un processus relativement facile pour
certaines personnes et implique un certain de gré de purification et
d’élévation de la conscience à ce niveau. Il y a beaucoup d’êtres humains
qui ont vécu au moins une fois une telle expérience, appelée par les
spécialistes « dédoublement astral conscient » ou « expérience
extracorporelle ». Une telle expérience peut arriver accidentellement, par
exemple suite à une forte émotion ; pendant le sommeil quand on est
conscient de rêver ; ou par la volonté, à n'importe quel moment, mais c’est
plus difficile à obtenir. Certaines personnes, qui ont atteint un haut degré de
capacité physique et spirituelle, sont pleinement conscientes des actions de
leurs corps astraux alors même qu’ils vivent et agissent normalement dans
leurs corps physiques. Toutefois, cela implique un niveau très élevé de
développement de la conscience individuelle, dont on ne parle pas pour
l’instant. Généralement, ceux qui vivent l’expérience du dédoublement
astral conscient souhaitent obtenir des informations ou accéder à des
endroits ou des circonstances particulières, pour des raisons égoïstes et
malveillantes. Cette méthode a été, et est encore utilisée, avec une certaine
marge d’erreur, dans les actes d’espionnage militaire, économique ou
politique par les grandes puissances mondiales. Mais ceux qui pratiquent
cette puissance psychique de manière égoïste doivent faire face à de
nombreux échecs et déceptions aux niveaux inférieurs de la pensée et du
comportement, parce qu’ils ignorent certaines lois essentielles dans
l’harmonie entre l’action et son résultat. C’est comme un tuyau dans lequel
l’eau circule librement : si des saletés commencent à se déposer, cela
encombre cette circulation pour finalement la bloquer complètement. Par
conséquent, beaucoup de ceux qui ont apprécié au début leurs divers
pouvoirs psychiques qu’ils ont acquis, ou dont ils disposaient déjà, ont pu
constater avec le temps une diminution de ces pouvoirs, jusqu’à leur
disparition totale dans certains cas. Tu dois comprendre l’importance d’une
telle responsabilité d'action. Sache que dans leur grande majorité, par
ignorance ou commodité, les gens préfèrent nier des choses ou des faits
auxquels ils n’ont pas accès immédiat par le toucher ou l’expérience
directe. Rares sont ceux qui, en raison d’un certain degré d’élévation,
comprennent que la liberté d’action qu’ils ont, par exemple par la projection
astrale consciente, est une réalité qu’ils doivent utiliser de façon
constructive et non égoïste. On peut observer et connaître des aspects de la
vie ordinaire, mais il est également possible de connaître des secrets que
certains voudraient obtenir mais sans en avoir la capacité. Bien que sur le
plan astral comme sur le physique il existe certaines « barrières » qui
bloquent l’accès à des informations secrètes, la liberté d’action et de
mouvement est incomparable à celle du plan physique. Les obstacles du
domaine astral sont destinés à filtrer ceux qui veulent connaître certains
secrets, tant par leur fréquence vibratoire que par leurs intentions
poursuivies. Dans le domaine astral, le mouvement est complètement
différent de celui du monde physique, il se plie à la volonté avec une
certaine vitesse – généralement élevée – ou presque instantanément, et ce
dans tous les coins de la planète : sous l’eau, sous terre, en surface ou dans
l’air. Les plus spéciaux sont les mouvements dans l’espace, sur d’autres
planètes ou corps célestes, mais dans une première phase ces expériences
doivent se limiter à notre système solaire. Peu à peu, en fonction de la
compréhension des lois secrètes de l’univers, les mouvements peuvent
s’étendre au niveau galactique, afin d’explorer les différentes parties de
notre galaxie. Concernant les projections de notre conscience individuelle à
l’échelle intergalactique, elles s'effectuent avec d’autres corps, plus subtils
que l’astral, mais nous n’allons pas aborder ici et maintenant ce sujet. Ce
que je voulais te faire comprendre, c’est que la matière physique
n’influence pas le mouvement du corps astral. En revanche, ce mouvement
est obstrué par certaines forces et entités agissant dans certains « points » ou
« zones clefs », tant sur le plan astral que sur le physique, où l’accès à
l’information est bloqué. Par exemple, ce genre de restriction peut être
trouvée dans la protection de certains trésors ou dépôts de nature secrète, à
certaines portes, souterrains ou chemins d’accès rapide vers d'autres points
de la planète ou même d’autres mondes. A d'autres moments, les « blocages
» astraux limitent l’accès à certaines initiations occultes protégées par des
entités spécialement invoquées. Il ne faut pas comprendre que ces
restrictions sont immuables, elles concernent surtout ceux qui ne sont pas
suffisamment évolués pour affronter certains mystères sans les utiliser dans
un but personnel. Il reste encore beaucoup à raconter sur les moyens
d’acquérir la puissance de la projection astrale, et d’autres détails qui se
rapportent effectivement au fractionnement astral, mais viendra le moment
où nous aurons l’occasion d’en discuter plus en détail.
La véritable intention du colonel Obadea n’était pas de m’envoyer à F...
pour visiter ma mère – accompagné d'une garde spéciale bien sûr – mais de
faire un déplacement secret au monastère Cernica près de Bucarest. Tu peux
imaginer qu’en ce temps le déplacement de certaines personnalités
politiques ou militaires du pays était très dangereux. Je ne savais rien du but
de ce voyage jusqu’à ce que l’on soit arrivé aux portes de l’église. J’étais
accompagné du colonel Obadea et le trajet avait eu lieu de nuit en
hélicoptère jusqu’à Bucarest, et jusqu’à Cernica en véhicule tout terrain. En
chemin, le colonel m’avait dit qu’il voulait que je rencontre et que je parle à
une personne d’église, un prêtre particulier, qui était un vrai saint dans sa
vie, avec de grands pouvoirs et grâces divines. A l’entrée du monastère, il y
avait beaucoup de véhicules, des gens venus des quatre coins du pays pour
visiter le monastère et pour prier. Le colonel Obadea m’avait expliqué que
quasiment tous ces gens attendaient de parler avec ce prêtre : Arsenie Boca.
Notre rencontre était déjà programmée, et pendant qu'on traversait la cour
du monastère pour aller vers la cellule du prêtre, j’ai observé deux gardes
en civil d’un côté et de l’autre de la porte. Les deux gardes étaient là pour
s’assurer que nous n’allions pas être dérangés pendant notre discussion.
Bien qu’il ne fît pas encore jour, dans la cour quelques moines s’activaient
rapidement et discrètement pour la prière du matin.
Avant d'entrer dans la cellule du prêtre, Obadea me dit :
– La seule chose que je te demande est de parler très ouvertement avec le
père Arsenie. Nous serons juste le prêtre et nous dans la cellule, et cette
discussion doit rester top secrète. Nous avons beaucoup d’ennemis.
Je hochai la tête en signe d’accord. Le colonel était un homme intelligent
qui savait passer entre les mailles du système communiste imposé par
Ceausescu, il avait bien deviné que les jours de cette dictature étaient
comptés. Nous étions en 1986. Pendant cette période, les actes du colonel
devaient laisser l’impression d’une activité irréprochable, en parallèle à la
préparation du terrain pour le « nouveau passage ». Il avait tenu sept ans à
la tête du département – fait rarissime pour l’époque – et il voulait éviter
toute erreur, surtout à présent, quand l’espoir d’une nouvelle vie se
présentait pour la totalité du pays. Toute action dans ce sens devait être
planifiée minutieusement et exécutée avec une grande application. Le
changement que tout le monde attendait – la population, et certains chefs
politiques et militaires – était imminent, mais il devait se produire dans des
conditions de sécurité maximale pour prévenir toute défaillance possible.
Toute organisation était dangereuse et la confiance quasiment impossible, il
ne restait au colonel Obadea qu'un petit couloir d’action très étroit, celui du
DZ dont il était le chef. Intelligemment utilisé, ce plan d'action pouvait se
révéler très efficace.
Le colonel n’avait pas d’aspirations politiques et ne voulait pas non plus
entrer dans la sphère des affaires, il était principalement intéressé par la
transition, le maintien et le développement de ce qui avait été réalisé dans le
cadre du département. Il avait une vision pratique des événements entourant
le département ainsi qu’une grande confiance dans les aspects occultes et
initiatiques, cherchant à combiner de façon utile les conjonctures de la vie
physique avec des méthodes d’action subtiles. Prudent, le colonel Obadea
calculait soigneusement chaque étape avant qu’elle ne s’avère fatale ; dans
sa situation, ce n’est pas sa fonction qui était en danger, mais sa vie. Même
si ses relations avec Ceausescu étaient assez bonnes, il n’avait pas le droit à
l’erreur, parce qu’il savait que le dictateur n’allait pas hésiter un instant à
l’exécuter si ses intentions étaient démasquées. « Les loups sont toujours à
l'affût », me disait-il souvent. Son plan était relativement simple : si certains
étaient surpris par sa visite à Cernica et posaient des questions, tout serait
justifié par la « particularité de l’activité ». Il invoquerait des « vérifications
» et « des expérimentations » très secrètes. Si tout se déroulait
normalement, le mystère de notre conversation avec le père Arsenie ne
serait connu que de trois personnes. Le prêtre allait mourir trois ans plus
tard, en 1989, peu avant la Révolution ; il ne restait plus que moi, et j’étais
une source relativement « verrouillée » vis-à-vis du monde extérieur. Dans
le cadre d’une enquête approfondie les choses n'auraient pas été si simples,
mais le choix du colonel semblait le moins dangereux. Ce qu’il faut
comprendre, c’est que cela a pris près de six ans à Obadea pour se décider à
me faire confiance. Je suis certain qu'il a étudié attentivement les fiches du
docteur Xien me concernant, en m’observant discrètement dans différentes
situations en me soumettant indirectement à certains tests. Cela explique le
fait que je n'ai jamais été muté de la base de B.... comme c’est arrivé à tous
mes camarades. A Cernica, j’ai compris qu’Obadea avait pour but de me
préparer en secret, de me « former » pour certains projets d'avenir. Cette
initiative était facilitée par le fait qu’à mon tour j'avais sympathisé avec le
colonel et sa nature sincère.
Ce que Cezar me racontait réveilla en moi des sensations inattendues.
J'avais entendu parler du grand saint Arsenie Boca de Transylvanie, du
monastère Sâmbata et je savais qu’il avait été persécuté par le régime
communiste. Les dires sur sa grâce divine et ses pouvoirs avaient fait le tour
du pays, mais tout était étouffé par l’idéologie typiquement communiste.
Afin d’éviter que les gens ne viennent en masse se faire bénir chez le prêtre,
les autorités le déplaçaient secrètement dans divers monastères, ou
l’empêchaient de parler aux gens. Le père Arsenie venait très rarement au
monastère de Cernica. Des rumeurs disaient que sa présence occasionnelle
dans ce monastère était due à l’intervention de personnalités politiques de
l’époque, voire de la direction du pays, afin qu’ils puissent lui parler sans
prendre de risques. C’était un fait connu que les politiques allaient le voir
en secret, même quand il n’était pas à Cernica.
Dans le cas du déplacement du colonel Obadea et de Cezar à Cernica, le
problème était différent : Cezar n’était pas celui qui avait demandé à
rencontrer le père Arsenie, et ce n'était pas lui non plus qui voulait
apprendre quelque chose du prêtre. Cezar avait déjà vécu certaines
expériences spirituelles très profondes, ce que le prêtre devina
immédiatement. La rencontre fut aussi étrange et énigmatique que l’on peut
l’imaginer.
Cezar reprit le cours de son histoire :
– En effet, à l’aube de cette journée il régnait un climat étrange à Cernica.
Personne ne savait ce qui se passait, qui devait venir ou ce qui allait suivre.
Cette agitation n’était perceptible que de l’extérieur, parmi les fidèles qui
attendaient d’accéder au monastère, alimentés par des incertitudes et des
hypothèses. J’ai appris plus tard qu’à un certain moment, les gens furent
traversés par un frisson à la rumeur que le père Arsenie pouvait être
incarcéré. Le psychisme des masses est très instable et d’une grande
réceptivité. Certaines personnes et organisation occultes connaissent des
méthodes pour influencer de manière décisive, juste par la parole, les
opinions de grands groupes de gens. En outre, sur cette caractéristique
concernant l’inconscient des masses humaines, s’appuient des théories de la
diversion, de la rumeur et de la manipulation. De plus, en étant soutenues
par une influence et une manipulation théologique – par exemple, par le
biais des ondes d’énergie à une certaine fréquence -, les effets sont garantis.
Il ne faut cependant pas conclure que les masses sont dépourvues de
spontanéité. Le problème est plus complexe, car les méthodes de
manipulation utilisées sur le plan physique peuvent être contrées avec
succès et éliminées par des actions de nature purement spirituelle, surtout
avec l’aide de plusieurs personnes. Dans le cas de la manipulation
maléfique, les gens deviennent comme des robots en exécutant des actions
mécaniquement, leurs esprits sont alors pratiquement inertes. Mais dans le
cas de l’action positive et profondément bénéfique réalisée grâce à des
méthodes initiatiques, leurs esprits profitent d’une grande liberté et de
l’ouverture de leur horizon individuel. C'est alors qu'ils commencent à
comprendre l’importance fondamentale du libre arbitre dont ils disposent.
C’est là, la lutte des groupes occultes : la suppression par tous les moyens
du libre arbitre, de la possibilité de liberté individuelle et des capacités de
connaissance de la vérité de l'existence. Si tu as la curiosité d’analyser au
moins une partie du système social actuel d’information et de gestion dans
le monde, tu seras en mesure de constater que tout est fait dans le but de
supprimer, fermer ou limiter l’individu, non pas dans le but de son
développement et la connaissance de sa liberté comme on le laisse croire à
travers de faux slogans. Ce n’est pas maintenant que nous allons développer
ce thème très important duquel dépend le futur de l’humanité, mais je te
dévoilerai d'autres aspects pour que tu puisses comprendre le système
complexe mis en place pour la domination du monde. Pour l’instant, je me
contenterai de te dire que le « microbe » qui engendre la « maladie » fatale
dans l’existence humaine est l'ignorance maintenue par certains groupes
occultes, mais aussi le manque de volonté individuelle pour surmonter cette
« maladie ». Je vais maintenant revenir à ma rencontre avec le père Arsenie
Boca.
Très concentré sur son histoire, Cezar changea de position sur sa chaise et
continua.
– J’ai fait une parenthèse sur le fait que les gens avaient commencé à
répandre des rumeurs aberrantes. Mais la vérité est beaucoup plus simple.
Je ne vais pas te raconter ma conversation avec le prêtre, qui a duré plus de
trois heures. Le colonel, apprenant certains aspects de son existence dans le
futur, avait progressivement abandonné le masque inflexible qu’il avait pris
au fil du temps en raison de sa déformation professionnelle. Je peux te dire
qu’Arsenie Boca faisait partie de cette catégorie d'hommes sages qui, même
s’ils ont leur corps physique sur Terre, ont déjà établi leur conscience dans
les Cieux. Cet homme m'a réellement laissé une forte impression. Tous les
pouvoirs et la force que j’avais ou que j’avais vus chez d’autres, ne valaient
rien face à cette grandeur brillante, pure et divine qui émanait du visage du
prêtre. Sa sainteté et son pouvoir de pénétration dans l'esprit et l’âme de
l’homme étaient extraordinaires, et se produisaient instantanément quand tu
étais en sa présence, et déclenchaient dans ton propre corps une sorte de
joie et d’aspiration qui te poussait à t’offrir délibérément à cet homme.
C’était un sentiment ineffable, avec des liaisons directes avec le ressort
spirituel de notre être, qui est éternel, pur et indestructible.
Métaphoriquement, si l’on associe le chemin vers cette source mystérieuse
avec le creusement d’un puits, alors tu sais que l’eau froide et limpide que
tu vas atteindre est comme l’eau-de-vie que tu vas boire dans l’éternité.
Arsenie Boca avait l’étonnante influence subtile qui te fait induire
spontanément la présence de cette eau au plus profond de ton être, bien
avant que tu ne l’atteignes. Naît alors en toi un sentiment d’amour et de
dévouement qui te laisse entrevoir le niveau spirituel de grâce divine que le
prêtre avait atteint. Parce que moi-même j'étais capable de sentir et de
connaître des limites suffisamment étendues, je n’ai eu aucune difficulté à
comprendre les nuances très fines du rayonnement physique que manifestait
Arsenie. Sa connaissance était instantanée et si profonde qu’elle provoquait
chez son interlocuteur de réelles expériences cathartiques qui apparaissaient
conformément aux possibilités et aspirations de chacun. La sensation que
j’ai eue à ce moment est proche d’un profond sentiment de connaissance,
indissociable d’une forme d'amour pur et innocent. Mais je ne souhaite pas
développer mes impressions pour ne pas rentrer dans des observations de
nature métaphysique qui ne te serviraient à rien, et que je ne suis même pas
sûr que tu puisses les comprendre. Habituellement, on commence à
comprendre après quelques recherches dans cette direction. La majeure
partie des gens sont fixés sur la routine journalière de leurs activités
modernes et ce genre d’idées, comme, par exemple, la relation entre la
connaissance et l'amour, leur semblent aberrant et fou, et, dans le meilleur
des cas, on essaye de te persuader que tu es dans l’erreur. Ces personnes
meurent de soif sans s’en rendre compte. Le père Arsenie avait une
expression de vie infaillible, comme celle de quelqu'un qui arrive à vivre
dans un bonheur absolu et d’une rare pureté. Selon la capacité de
compréhension de chacun, ceux qui l’entouraient pouvaient ressentir une
légère sensation de ce bonheur qui l’entourait tel un diapason qui vibre seul
quand il est près d’un piano qui joue la bonne note. La bonne influence, la
patience et la compassion, peuvent transformer les âmes les plus sombres.
Le colonel Obadea avait ressenti dès le début l’influence mystérieuse et
subtile du père Arsenie. Avec une bonté sans fin, Arsenie Boca l'a conseillé
sur la façon de procéder pour éviter les événements à venir, mais en ce qui
me concerne, longtemps après être entré dans la petite pièce, j’ai réalisé
qu’il ne m'avait même pas regardé, comme si je n'existais pas. Pendant ce
temps, le colonel écoutait, stupéfait par les paroles du saint homme.
Environ une demi-heure plus tard, il s’est tourné vers moi et m’a dit que
dans mon cas il n’était pas nécessaire de s’exprimer, car j’avais trouvé moi-
même la lumière qui allait m’aider à m’en sortir. Il a ensuite détaillé avec
précision la façon dont Obadea et moi allions devoir travailler pour réussir
nos actions futures d’une grande importance, détails qui surprendront le
monde entier vingt ans plus tard. Même si je me trouvais déjà dans un état
profond quand il a commencé à tout expliquer en détail, je fus secoué par
un tremblement puissant dans tout le corps, qui entraîna dans mon esprit
l’émergence de certaines intuitions et corrélations complexes.
A ce moment Cezar s'arrêta quelques instants, pensif. Moi, j’étais agité et
tendu.
– Cela signifie que le père Arsenie t'a également parlé de moi, du fait que
nous allions nous rencontrer, et que tu me raconterais tout cela et que tu me
proposerais de publier un livre sur ces événements?
Il sourit et conserva une attitude concentrée.
– Il nous a précisé que nous allions trouver les moyens adéquats de semer
puis d’accompagner la floraison du développement spirituel de ce peuple. Il
a spécifié que des informations allaient être publiées qui auraient un rôle
important dans ce processus, mais les aspects secondaires de cette
réalisation, comme ta décision et d’autres éléments autour, tenaient da ma
propre organisation et des modalités que j'aurais mises en place pour cette
action.
– A-t-il parlé de la grande découverte qui allait être faite et de l’endroit ? ai-
je alors insisté.
– Non, il n’a rien dit dans ce sens. Il a juste dit que cela allait sûrement être
sur notre territoire et que l’impact serait tellement grand qu’il n'avait pas
besoin de donner plus de détails. Mais il a répété à plusieurs reprises que ce
serait une bataille féroce. Toutefois, je ne savais pas à quoi il faisait
allusion.
Je peux dire que les prédictions du père Arsenie furent très précises.
Comme on le verrait plus tard, l’hallucinante découverte fut faite en 2003,
dix-sept ans après cette mémorable rencontre. Elle fit en effet trembler les
fondations politiques, scientifiques et religieuses d’une grande puissance
telle que les Etats-Unis. Ce devint immédiatement un terrible secret
mondial et impliqua une lutte diplomatique avec des pressions politiques
extraordinaires, parce que la Roumanie avait souhaité présenter cette
découverte au monde entier. Du fait de sa spécificité, cette découverte
menaçait l’influence idéologique politique du Vatican et brisait
irrémédiablement à la fois la conception anthropologique de la science
moderne et les idées sur l'histoire de l'humanité sur notre planète. Au
moment où il me racontait la discussion avec Arsenie Boca, Cezar lui-
même ne connaissait pas la nature de cette découverte qui allait être faite, ni
où ni comment parce que notre conversation avait eu lieu au début de
l’année 2002. La façon dont les éléments s’accélérèrent, les incroyables
connexions et les sources qui contribuèrent à cette découverte me
permettent maintenant, alors que j’ai connaissance de tous les éléments
impliqués, d’avoir une vision fascinante de l’ensemble, de l’engrenage
étonnamment complexe qui a conduit à l’instant fatidique de la découverte.
Cette découverte semble être un point de départ, comme un premier « arrêt
» capital sur la voie de la transformation de la conscience de l’humanité,
d’autant plus remarquable du fait qu’elle s’est produite en Roumanie.
Comme on le verra par la suite, la découverte ne fut que l’antichambre
d’autres réalités plus troubles, que Cezar et une équipe de spécialistes
américains et roumains allaient étudier dans le cadre d’une « grande
expédition » réalisée en 2003 (d'octobre 2003 à juin 2004). Pour avoir été
sur le lieu de la découverte, je connais en détail la nature et les localisations
de l'expédition effectuée. Je savais que Cezar prendrait contact avec moi
peu de temps après et que j’aurais les détails nécessaires, et que la
publication de ces informations serait très controversée. Initialement, l’Etat
roumain avait souhaité partager cette découverte avec le monde entier et la
mettre à disposition des chercheurs. On avait pensé que ce n’était pas un
problème d’intérêt national, mais mondial. La lutte menée en coulisses pour
empêcher la divulgation fut d’une force exceptionnelle et menée par
l’intervention majeure des Etats-Unis. Les échanges diplomatiques, les
arguments pour et contre, les promesses et les menaces durèrent environ
deux mois (d’août à septembre 2003). Suite à un accord top secret signé
entre les deux pays, la Roumanie s’engagea à ne pas divulguer au monde
entier la découverte réalisée sur son territoire. Il est probable que son entrée
précipitée à l’OTAN, au printemps 2004, fit partie du paquet de «
compensations » pour cet engagement. Dans ce contexte, l’installation de
bases militaires américaines sur le territoire roumain deviendrait une
certitude dans les années suivantes, constituant ainsi un rempart puissant
autour des monts Bucegi. Les détails en sont complexes et secrets. Je ne
connaissais pas encore les avantages obtenus par notre pays dans ses
rapports bilatéraux avec les États-Unis, mais il existait une certaine
bienveillance au plus haut niveau diplomatique. Toutefois, les «
mouvements en coulisses » des Etats-Unis durent se dérouler avec une
grande précaution, pour ne pas attirer l’attention des autres états qui ne
pouvaient comprendre l’intérêt subit des Etats-Unis pour la Roumanie. Le
secret de la découverte était quasiment absolu. Je n’avais jamais vu cela, la
charge de sa protection étant assurée en grande partie par les américains. Je
décrirai ces questions en temps voulu, mais je peux déjà affirmer qu’il
n'existait aucun document, écrit, filmé ou photographié, ayant quitté la zone
de la découverte. Un immense hangar souterrain fut construit pour le
stockage des documents et la manipulation de l’équipement technique.
C’était une véritable usine, complètement équipée, et l’idée de sa
construction s’était avérée très inspirée. Selon les informations que je
détenais, la Roumanie n'avait pas pris un engagement ferme concernant la
protection du secret de cette grande découverte, mais je ne connaissais pas
entièrement les termes de cet accord. Actuellement, les méthodes
employées pour garder ce secret sont la désinformation et l’absence de toute
preuve matérielle. La réalisation n’en est pas évidente mais selon moi elle a
été menée avec succès, or cela ne pourra pas continuer longtemps. Nous
examinerons ces aspects après avoir présenté les éléments qui ont conduit à
cette découverte d'exception sur le territoire roumain.
– L’idée était de ne faire aucun faux pas au cours de cette période pendant
laquelle le dictateur commençait à se sentir « coincé », poursuivit Cezar. Le
père Arsenie nous expliqua ensuite que Ceausescu lui avait rendu visite
deux fois, en secret et en prenant toutes les précautions nécessaires. La
dernière visite datait de quelques mois à peine. Il voulait connaître
l’évolution de son pouvoir au sein de l’Etat, car il apparaissait des signes
inquiétants d’instabilité du système politique, économique et social, à la
fois dans le pays et également ailleurs au sein du bloc communiste. Le
moine lui spécifia alors que s’il continuait à conduire le pays avec les
mêmes méthodes inhumaines, il perdrait sa vie soudainement et de façon
violente. En apprenant cela, Ceausescu s’énerva terriblement, et il fit une
crise d’hystérie qui n’impressionna guère Arsenie Boca. Il menaça le prêtre
et partit furieux et bouleversé. Le père Arsenie nous révéla qu'il savait
qu’on souhaitait sa mort et que des actions menées dans ce sens avaient
débuté immédiatement après cette entrevue. Il nous avoua également qu’il
allait partir bientôt dans le royaume du Père Céleste en quittant ce monde à
cause d’un complot ignoble dont le but serait de l’empoisonner. Cependant,
il n’empêcherait pas ce projet car sa mission spirituelle sur terre serait
achevée. Puis il sortit d’une malle un livre épais et très usé, écrit en grec
ancien qui lui venait des saints chrétiens du mont Athos. Dans ce livre, nous
dit le père Arsenie, se trouve la description de l’hydre au souffle
empoisonné, qui cherchera par tous les moyens d'empêcher la lumière et
volonté divine. Vous devez faire face à cette menace avec sagesse et la
sagesse vous sera donnée à vous et à beaucoup d'autres pour repousser le
Mal. Vous verrez et comprendrez la souillure partout autour de vous : au
travail, dans les magasins, dans les institutions publiques, en particulier
dans la politique. Malheureusement, elle va se faufiler au sein de l’Eglise
même, en souillant les âmes. Les gens vont quasiment perdre tout espoir.
Seulement, ceux qui garderont leur foi seront sauvés et grande sera alors la
gloire de Dieu sur eux.
Le père Arsenie développa ensuite le sujet et déclara que le « travail
diabolique » n’était pas propre à notre époque, mais qu’il existait depuis
l’Antiquité, depuis des centaines voire des milliers d’années en préparant le
terrain pour la lutte finale qui approchait. Le plan du « travail diabolique »
était minutieux et grâce au pouvoir de l’argent et des vices comme le
mensonge, la tromperie, l’intrigue et le meurtre, ceux qui les pratiquaient
avaient presque atteint leur but, qui était le contrôle et la domination du
monde. Ici, cependant, le père fit une déclaration inattendue, qui eut le don
de nous choquer dans une certaine mesure. Il déclara que, paradoxalement
et en peu de temps, l’attention du monde se concentrerait sur notre pays en
raison des changements extraordinaires qui se produiraient et aux signes
spécifiques qui dépasseraient de loin la puissance limitée de la
compréhension des connaissances matérialistes. Arsenie Boca précisa
également que tout serait la volonté de Dieu, car tout était cyclique et devait
retourner d’où il avait commencé.
Hébété, j’écoutais Cezar, son histoire venait à l’encontre de toute logique, et
toute personne l’aurait reçue avec prudence. En ce qui me concernait, même
si j’avais une grande confiance en Cezar, ses affirmations rentraient
difficilement dans mon esprit. Premièrement, je ne disposais d’aucune base
référentielle pour le comprendre et l’accepter ; deuxièmement, ma foi
n’était pas encore très forte, j’avais donc l’impulsion de considérer les
prédictions du père Arsenie comme étant erronées et fantasmagoriques.
Cependant, quelque part dans les profondeurs de mon cœur brillait une
lumière qui me donnait un profond sentiment d’espoir, et aussi des frissons
à l’idée des temps qui allaient venir. Accidentellement, après mes
discussions avec Cezar, j’eus l’occasion de lire quelques brochures qui
abordaient le même sujet, écrites par des auteurs différents. Je fus obligé de
remarquer avec une certaine tristesse que l’attitude des différentes
personnalités ou gens de la haute société de Bucarest ou de l’élite
intellectuelle roumaine était particulièrement ironique ou, au mieux,
indifférente. Evidemment, on ne pouvait pas attendre que de telles
prédictions aillent les réveiller immédiatement de leur « engourdissement »
spirituel, esclaves de leurs conditions extérieures de luxe, de confort, de
richesse, d’influence et de pouvoir. Il existait une chance qu’au moins une
partie de ces personnes se pose des questions au sujet de la vie qu’elles
menaient et la nature de leurs actions. En d’autres termes, il existait une
chance pour eux de devenir plus matures et plus responsables, car il est bien
connu que la transformation des conditions de l'existence implique
principalement la transformation de la conscience individuelle. Cela est
réalisable grâce à une vision supérieure de la perception de l’existence,
déterminée par des principes et idéaux complètement différents de ceux qui
sont impurs, ignobles et grossiers. Les moyens les plus efficaces pour
parvenir à une transformation rapide de la conscience, même à l’échelle
nationale ou mondiale, sont l'amour et l’altruisme dans leur forme pure et
non dissimulée. Pour les plus sensibles au cœur pur et aux intentions
généreuses, cette simple observation est un argument de bon sens qui
soutient implicitement la foi qu’ils portent dans leur cœur. Mais pour les
orgueilleux, les matérialistes et les égoïstes, une telle idée n'est qu’une
blague, au mieux un signe « d’inadaptation aux réalités actuelles » de ceux
qui soutiennent que l’on peut aimer de façon sincère et aider son prochain
dans le besoin sans rien obtenir en échange. Cela va à l’encontre des idées
qu’ils ont sur la vie et la façon dont ils vivent. Dieu et les choses saintes
n'ont aucune place dans leur vie. Les questions du culte, les religions,
l’Eglise et de façon générale les aspects spirituels sont vus dans leur grande
majorité comme une sorte de « remplissage » nécessaire à l’équilibre d’une
société.
Alors que je réfléchissais à ces questions, Cezar reprit son discours :
– Le père Arsenie a pointé précisément les principaux problèmes qui se
produiront dans un avenir proche en Roumanie, mais nous a conseillé de ne
pas abandonner le chemin entamé, quelles que soient les difficultés que
nous rencontrerions. Ce qui m’a alors frappé était qu’il parlait toujours au
pluriel sur ce que moi je devais accomplir avec Obadea, considérant que
c’était normal. L’avenir confirmerait avec éloquence qu’il avait raison. A la
fin de la rencontre, il regarda fixement le colonel en lui disant : « Merci
d’avoir eu foi dans ton cœur et d’avoir suivi l’appel reçu dans ton rêve.
Partez maintenant, et que la gloire de Dieu soit avec vous ! ». Après être
repartis, le colonel Obadea m'expliqua qu'une semaine auparavant, il avait
eu un rêve étrange, où le père Arsenie lui était apparu entouré d’une lumière
aveuglante et lui avait fermement demandé de venir le voir en ma
compagnie au Monastère de Cernica. A partir de ce moment, une foi
puissante envahit mon cœur ainsi qu'un état de bonheur délicat qui ne m’a
jamais quitté. Ce qui a suivi pendant les entraînements secrets à la base B....
n’ont fait que me préparer au mieux aux événements qui allaient influencer
ma vie pendant les quinze années suivantes.
Cezar interrompit alors son récit, étant appelé en urgence à un certain
endroit. J'assimilai un peu « à la volée » la multitude d’informations
auxquels j’étais confronté, et je formulai différentes conclusions selon ma
propre compréhension. Si quelque chose ne me semblait pas clair, j’écrivais
le problème sur un papier et l’on en rediscuterait lors d’une rencontre
ultérieure.
Plusieurs mois avaient passé depuis la dernière rencontre, temps au cours
duquel j’avais mis en ordre les principales idées et débuté le plan du travail
à venir. J’avais lu plusieurs livres sur des sujets ésotériques et spirituels,
cherchant toujours à garder une position équilibrée dans l’appréciation des
diverses idées présentées, je structurais ainsi de façon progressive des
informations et des aspects initiatiques, de par leur mystère et leurs
originalités, constituant ainsi une mine de richesses inestimables pour ceux
qui sont intéressés par l’approfondissement du sujet.
Jusqu’à juin 2003, je rencontrai Cezar par deux fois. Le contenu de son récit
souligna la nécessité d’écrire ce livre. Par ailleurs, je pense que ce furent les
conversations les plus palpitantes, durant lesquelles Cezar me révéla des
vérités stupéfiantes sur les moyens occultes de domination du monde. En
même temps, je pus comprendre de façon profonde les nuances subtiles du
bien et du mal que j’ignorais totalement. Toutes les implications factuelles,
morales et psychologiques que je présenterai encore furent relatées par
Cezar avec patience et persévérance, même lorsque je souhaitais des
informations supplémentaires, car il pensait que ces aspects étaient
l’essence même du message qu’il souhaitait passer au monde. Pour ma part,
dans la conjoncture actuelle, tant au niveau national que mondial, la
présentation détaillée des plans et des actes de l’Organisation occulte
redoutée constituait quasiment un devoir moral, et une impulsion naturelle
me poussait à agir.
A mon avis, les gens devaient être avertis de l’immense danger que
l'Organisation représentait, le danger se propageant partout dans le monde
comme la peste. Ils devaient être mis au courant des méthodes spécifiques
et des actions de l’Organisation, telles qu’elles se reflétaient dans la vie
quotidienne, et de comment se défendre des machinations, intrigues et
chicaneries qui étouffaient toute tendance de liberté. Parce que les gens
étaient structurés de façons différentes, ils sentaient, pensaient et agissaient
de façons différentes. Par conséquent, les informations que je présenterai
par la suite soit les rendraient méfiants, sceptiques, ironiques ou négligents ;
soit cela les secouerait au plus profond de leur être et leur ferait découvrir
les tenants et aboutissants des agissements du plus terrible fléau qui ait
jamais menacé l’humanité, à savoir l’Organisation occulte qui était la franc-
maçonnerie. C’était une maladie grave, elle broyait le corps de l’humanité,
en menaçant d’arriver à son entière destruction.
La franc-maçonnerie utilisait comme méthode le « courant d’opinion »,
qu’elle dirigeait dans n'importe quelle direction lorsque ses intérêts étaient
en cause. Cette même « arme » pouvait être, et devait être, retournée contre
l’assaillant. Lorsque l'on arrivait à une compréhension correcte et profonde
de certaines réalités, la liberté de pensée et d’action des humains devenait
une véritable source de bonheur. En fait, la liberté de pensée et d’action
représentait la menace la plus terrible pour la franc-maçonnerie, parce que
cette liberté permettait aux gens de devenir lucides à la fois en termes de
condition existentielle, mais également sur la façon dont la société
contemporaine était structurée. La liberté de penser et d’actions des peuples
conduirait inévitablement à l’effondrement de l'immense échafaudage
maléfique de plans, intrigues et idées constitués avec tant de mal par la
franc-maçonnerie pendant des générations. Ce nécessaire « réveil » de
l’humanité face à la réalité dans laquelle elle se trouvait se synchroniserait
avec la grande transformation et le passage de la planète entière vers une
nouvelle ère, celle de la vérité et de la connaissance spirituelle.
Première confrontation : le mal des
profondeurs

Les années qui suivirent jusqu’à la Révolution de 1989 furent une période
d’intenses préparations et de tests pour Cezar, exercices imposés par le
colonel Obadea. Outre les diverses expérimentations, le programme
comprenait également l’éducation, l’information et la vérification de
notions que le garçon avait acquises en économie, politique et sociologie
moderne. Simultanément, le colonel commençait à lui donner une certaine
liberté et même une relative influence sur la base en lui attribuant des tâches
relativement simples au début.
– Dans son âme, le colonel était sincère et intègre, me dit Cezar. Il voulait
juste le bien du pays et du peuple roumain et, par conséquent, il voulait
créer certaines « brèches » dans le système communiste qui étranglait la vie
des gens. Comme moi, Obadea avait été fortement impressionné par la
rencontre avec le père Arsenie et avait pris la ferme décision d’agir comme
indiqué par le prêtre. En 1988, il m'avait déjà décrit en détail la structure et
les objectifs du Département, et donné des idées d’opérations secrètes
destinées à faire tomber Ceausescu. Même si, à cette époque, il n'était pas le
seul à planifier le changement de régime, le colonel Obadea préférait agir
par l’intermédiaire du Département. Bientôt, j’ai compris la justification de
cet acte : le colonel n’était entouré que de « menaces », parce que toute
personne, du plus petit subordonné jusqu’aux chefs de cabinet et aux
ministres, pouvait faire fuiter l’information ou trahir. Il y avait, bien sûr, des
gens dans lesquels il pouvait placer une certaine confiance et Obadea
possédait une intuition quasiment sans faille à l’égard des personnes avec
lesquelles il collaborait. Ces personnes le soutenaient, il avait des
conseillers, des hommes de liaison, d’influence et d'autorité, mais il
maintenait ces relations à un niveau périphérique, leur empêchant l’accès
aux fondations du problème, au cœur de l’action qu’il planifiait.
Dans un désir de performance, le colonel comprit qu’il ne pouvait mener
seul son plan complexe. D’ailleurs, il n’en avait même pas le temps car la
gestion du département lui demandait une implication totale. Il avait donc
besoin d'une personne en qui il pouvait faire une totale confiance,
incorruptible, qui était prête à se consacrer à une cause noble et, en même
temps, détachée des jeux qui se déroulaient en coulisses. L'idée d’une telle
collaboration lui était venue quelques années auparavant, quand il avait
remarqué que la plupart de ceux qui arrivaient à la base étaient des enfants.
Après de longues observations, il avait considéré que je correspondais à ses
exigences, de sorte que pendant la période post Révolution, il intensifia
mon entraînement.
Je pourrais même dire que notre relation allait au-delà des frontières
habituelles de la relation chef – subordonné, parce que des niveaux très
subtils de l’âme étaient en jeu. Cette relation évolua vers l’amitié sincère,
basée sur le respect réciproque, car entre nous il n’existait aucun désaccord
de concepts, d'idées ou d'objectifs à atteindre. Cependant, une grande
prudence était nécessaire car dans ces temps d’instabilité, de terreur et de
corruption, la surprise pouvait arriver de là où on l’attendait le moins.
Au niveau de la Sécurité d’Etat, on voulait assimiler le Département Zéro
aux autres divisions de sections, car sa structure était différente et le DZ
avait sa propre autonomie, fait qui agaçait certaines personnes, leurs egos et
leurs intérêts. Le colonel Obadea ne le savait que trop bien : si l’on intégrait
le DZ aux autres structures de la Sécuritate, cela signifierait la politisation
du département. Il avait l’intuition que c’était le moyen le plus sûr de
condamner son efficacité, en outre sa direction aurait été influencée de
l’extérieur par des facteurs politiques, et la corruption se serait invitée pour
tout détruire sur son passage.
Le Département Zéro était devenu très important, surtout à cause d’une
série de découvertes étonnantes qui avaient eu lieu ces dernières années
dans différentes zones du pays, dont je ne peux pas te parler pour l’instant.
En plus des études parapsychologiques sur des sujets de talent, et son rôle «
d’incubateur » pour êtres humains possédant des dons paranormaux
présents sur le territoire roumain, le DZ avait également la charge
d’investigations et d’interventions ultrasecrètes d’une grande importance
stratégique et scientifique. Pour cette raison, on créa une base de données,
ainsi qu’un groupe d’intervention paramilitaire doté d’un équipement
technique spécial. Lorsqu’un « code rouge » était détecté, on donnait
l’alarme et les interventions avaient lieu très rapidement, selon des étapes
définies : déplacement sur le lieu, sécurisation de la zone, contact avec la
découverte, analyse scientifique préliminaire et fermeture du périmètre. Les
interventions « code rouge », qui sont les plus spectaculaires – je parle de la
façon dont elles se déroulent – ont lieu seulement après vérifications
préalables pour éviter le déplacement des troupes d’élite dans des cas qui ne
le nécessitent pas. Les actions « code rouge » constituent d’importants
secrets d’État et c’est pour cette raison que l’on a mis en place des normes
standards concernant l’implication de ceux qui font partie du groupe
d’intervention.
Au fil du temps, il y eut diverses attaques provenant de personnalités
politiques, et même de fausses dénonciations concernant l’activité du
département qui furent portées à l’attention de Ceausescu, mais de telles
actions n’ont fait qu’accentuer l’importance des mesures initiales qui
n'étaient connues que d’Obadea et du dictateur (et également du chef de la
Sécuritate). C’est pour cette raison que les tentatives de destitution
d'Obadea qui prônaient son incompétence ont échoué car elles étaient
entièrement fausses. Les « amateurs » n’ont jamais pu construire un
scénario plausible par le simple fait qu’il n'y avait aucune fuite
d’informations, par conséquent, ils étaient forcés d’inventer et de mentir.
Toutefois, poussé de tous côtés (les intrigues les plus venimeuses
provenaient du chef de la Sécurité de l’époque), et dans une position très
délicate en raison de l’agitation alarmante du bloc communiste en Europe,
Ceausescu aurait pu prendre une décision malheureuse. Par conséquent, le
colonel avait pris soin de lui présenter les découvertes et les éléments les
plus importants de façon claire, sincère et directe, ce qui continuait de
convaincre le chef de l'Etat de laisser à Obadea toute liberté d'action.
Une fois résolu le problème de la confiance de Ceausescu, Obadea put se
concentrer sur la préparation de la transition qui allait suivre après le
changement de régime, parce qu’il savait que ce n'était qu’une question de
temps avant que cela ne se produise. A partir de l’été 1989, l’activité du
colonel Obadea devint intense et complexe ; moi-même je ne l’ai vu que
très peu le dernier semestre. Bien que je n’avais pas accès aux informations
extérieures, mon intuition me disait que quelque chose d’important était en
train de se préparer au niveau national. Mais ce sont des aspects que tu
connais, je ne vais pas entrer dans les détails. Je vais parler des modalités
d'actions du département.
Lors d’une découverte importante, la réception de l’information se déroulait
rapidement parce que les institutions qui avaient le premier contact avec de
tels cas étaient la police et le Service Roumain d’informations (SRI). Grâce
à un protocole strict qui définit clairement la nature de la découverte, le DZ
était immédiatement contacté et nos équipes se déplaçaient sur la zone
concernée. Il y avait un schéma des actions à mener dans de telles
situations. A partir de 1988, j’ai fait partie de l’équipe principale
d’intervention, me déplaçant sur les lieux secrets où nous étions
réquisitionnés. Mon intégration dans cette équipe fut le résultat d’un ordre
direct émis par le colonel Obadea, mon rôle étant d’évaluer le degré de
risque dans le cas des découvertes importantes et de proposer des
procédures spécifiques afin que l’enquête ait lieu dans des conditions de
sécurité maximale. L'équipe principale avait un capitaine de la sécurité qui
devait prendre rapidement des décisions après avoir eu mes conclusions. En
cas de situation inhabituelle, c’était lui qui fournissait immédiatement le
rapport au colonel Obadea, et attendait sa décision. Notre équipe se
composait également de trois militaires des troupes d’élite, bien préparés,
qui constituaient notre protection dès que l’enquête débutait.
Une deuxième équipe se composait de quatre membres, des scientifiques,
mais leur nombre pouvait varier en fonction du domaine impliqué. C’était
eux qui pénétraient ensuite sur le périmètre déterminé et effectuaient la
primo analyse des éléments découverts.
Une troisième et dernière équipe était composée de vingt soldats qui étaient
en charge de la sécurisation de la zone, de sa fermeture, et de toute la
logistique nécessaire. En fonction de l’importance de la découverte, le
colonel Obadea pouvait se rendre également sur place.
Parfois, il y avait des facteurs imprévus. Par exemple, en 19 81, lorsque le
système d’intervention par équipes n’existait pas encore et que les
protocoles de collaboration n’étaient pas très sûrs, le DZ dut intervenir dans
une région montagneuse, près de Buzau à la courbure des Carpates. La zone
était calme et presque déserte. Deux frères alpinistes s’entraînaient à
escalader un rocher très haut et relativement isolé du massif montagneux.
Les parois étaient abruptes, un vrai défi pour les deux hommes. Un des
frères est monté jusqu’aux trois quarts du rocher, où il a pu voir des signes
étranges sculptés dans la pierre et presque complètement érodés par le
temps. Quand il est arrivé en haut, sur la plateforme sommitale étroite, il a
ramassé un objet étrange de couleur jaune qui ressemblait à une chaîne,
mais l’instant suivant il a brusquement disparu sous le regard incrédule de
son frère. La police locale a rapidement été prévenue ainsi que leurs parents
qui se trouvaient à Braila. Les autorités ont d’abord soupçonné le frère de
cacher la vérité. Ils l'ont même menacé en pensant qu’il se moquait d’eux.
Mais le père, qui était un ancien alpiniste, a escaladé le rocher à son tour.
En haut, on l’a vu soulever l’objet et disparaître instantanément devant plus
de dix témoins.
L’affaire prit une tournure dangereuse ; des agents de la Sécurité sont
arrivés et ont prévenu le DZ le jour même. Une zone de cent mètres autour
du rocher fut isolée par une équipe de militaires. Les représentants d’un
autre département de la Sécurité se sont chargés de la désinformation des
villageois et du traitement des témoins oculaires. Je connais tous les détails
de ce dossier ultrasecret parce que j’ai pu l’étudier après la Révolution. Il y
a vingt ans, je n'avais pas accès à ce genre d’opérations, étant juste un
enfant qui venait d’arriver à la base de B... Donc, malgré les précautions
prises, il semble que certains aspects aient « transpiré » dans la presse, et ce
pendant de nombreuses années, probablement parce que à cet endroit
vinrent des personnalités politiques et des scientifiques. Les situations de ce
type, quand on ne peut pas complètement bloquer l’information dès le
début, sont enregistrées dans un code particulier et sont appelées des «
événements de type K ». Elles représentent habituellement des situations
limites, qu’on ne peut pas prévoir en totalité et qui donnent naissance à
diverses complications. Dans les jours suivant la découverte, le rocher fut
survolé en hélicoptère. L'objet était une sorte de levier ancré dans le rocher,
et personne n'était en mesure de déterminer qui, comment, et pourquoi un
tel endroit avait été créé. Les écrits présents sur la roche sont demeurés
mystérieux, malgré le fait que de nombreuses photographies ont été
envoyées aux quatre coins du monde dans les plus prestigieuses institutions.
Bien qu’il y ait eu quelques similitudes dans les formes scripturales,
personne n’a pu établir de correspondance certaine avec les écrits de
l’antiquité. J'ai eu accès à toutes les photographies prises sous différents
angles et j’ai été convaincu du caractère étrange de ces signes. Ils
semblaient très anciens, mais on pouvait encore parfaitement les observer
malgré la mousse qui les recouvrait. Manquant d’expérience et pressés par
la panique générée, les responsables ont décidé de dynamiter le rocher.
Ultérieurement, on apprit que la décision provenait du pouvoir en place à
Bucarest. A présent, vingt ans plus tard après ce dramatique accident,
l’endroit est entièrement nettoyé. Les deux hommes ne sont jamais revenus.
En lieu et place du rocher dynamité, on a observé une chose intéressante, un
contour verdâtre très clair se dessiner, comme une sorte de vapeur légère.
Après quelques jours, il disparut. C’est juste un exemple d’une multitude
d’événements classés « K » des archives du DZ ; leur importance est
majeure et les informations sont classées secrètes. Il existe par ailleurs
beaucoup d’autres situations classées dans cette même catégorie « K »,
surtout postérieures à 1992.
Cezar me raconta alors deux autres cas hallucinants, mais me demanda de
ne pas les mentionner dans le livre, car ils avaient un rapport avec les
ressources qui se trouvent dans le sol de notre territoire et étaient considérés
comme de grands secrets d’Etat.
Le « saut » post Révolution
– Paradoxalement, le bruit de la Révolution n'a pas résonné jusqu’au
Département Zéro, continua Cezar. Deux raisons peuvent expliquer ce
ressenti : d’une part l’isolation presque parfaite et l’autonomie que le
colonel avait assurée au Département ; et d’autre part, l'effondrement
imminent de Ceausescu était connu depuis longtemps au sein du
Département, même si on ne parlait jamais ouvertement de ce sujet. Ce
n’est cependant pas le moment de discuter ici et maintenant des aspects
occultes de la Révolution de 1989 en Roumanie. Je mentionnais seulement
cela pour évoquer mes dix années après la Révolution.
Au printemps de l’année 1990, quelques mois après la chute du
communisme, j'ai été muté pour la première fois de la base B... à la base de
la vallée de l’Ours, située dans la zone des montagnes G... près du massif
Retezat. À la différence de la base où j’avais vécu pendant dix ans, ce
nouvel endroit possédait des ramifications sur deux niveaux souterrains.
L'équipement technique était irréprochable et le personnel fort instruit. Vers
la fin de l’année, le colonel m’apprit que pour des raisons indépendantes de
sa volonté, le docteur Xien avait quitté la Roumanie. Ce fut une nouvelle
qui m’attrista. Le docteur Xien m'avait guidé de façon efficace dans les
méandres compliqués de la connaissance de certaines réalités
insoupçonnées. Ses moyens d’action étaient étranges, le plus souvent ils se
développaient en silence. Il fut un guide spirituel compétent et d’une aide
inestimable dans beaucoup de situations difficiles. Par ailleurs, lui-même
était un être singulier et occulte, et même les autorités roumaines qui le
surveillaient ne connaissaient que peu de choses de lui.
Le départ inattendu et de toute évidence inexpliqué du docteur Xien
provoqua un changement dans mon existence. J’avais vingt et un ans et une
vaste expérience concernant l’activité du département, auquel on peut
rajouter certaines capacités psychiques personnelles grâce auxquelles
j’avais résolu des situations délicates, voire dangereuses. Tenant compte de
ces éléments tout en suivant les conseils du père Arsenie, le colonel Obadea
me mit à la tête de la direction technique du Département Zéro. Je savais
depuis longtemps que le colonel avait cette idée en tête, j’ai donc accepté
immédiatement.
Cette nouvelle fonction était empreinte d’autorité. Mon chef unique et
direct était le colonel Obadea, et au-dessus de lui se trouvait Ceausescu, et
d'une certaine manière le chef de la Sécurité roumaine. Le colonel avait
probablement fait jouer tous ses pions pour m’obtenir ce poste. Ses efforts
avaient été salués concernant le financement du Département, car celui-ci
avait un statut de « fantôme » parmi la Sécuritate. Il n’existait aucune
archive externe, dossier ou information attestant de la « vie » de ce
département. Tout était centralisé à la base de la vallée de l’Ours, où
personne n’avait accès en dehors du personnel. Ainsi, personne ne
connaissait l'existence de cette base et encore moins son emplacement.
Ma nomination en tant que directeur technique du DZ nécessita plusieurs
déplacements dans différentes zones du pays, en sus de ma participation aux
« événements de type K ». J’avais à ma disposition une limousine, deux
gardes du corps et l’hélicoptère du département.
En 1992, les rapports entre le Département Zéro et le nouveau pouvoir en
place se clarifièrent. Après la mort de Ceausescu, quasiment personne ne
connaissait l’existence de ce département, à tel point que le chef de l’Etat
ordonna la subordination totale et la politisation du DZ, dans le but de
contrôler et de centraliser l’ensemble des structures du Service Roumain
d’information. J’accompagnai Obadea à la rencontre secrète avec le
Président qui dura plus de quatre heures. Le chef de l’Etat souhaitait
modifier la structure du département et unifier plusieurs sections héritées du
communisme. Mais après avoir présenté quelques-unes de nos découvertes,
de leurs réalités choquantes ainsi que leurs implications dans la stabilité
politico-économique du pays, un accord fut signé semblable à celui ante
Révolution. Il fut juste demandé d’informer le Chef du SRI. La discussion
avec ce dernier eut lieu un mois plus tard et ne souleva aucun problème. Au
contraire, cela nous apporta des améliorations sur le plan administratif et
procédurier.
L'une des propositions prévoyait la création d’une section « tampon » entre
la Sécuritate et le Département Zéro. Cette section avait pour fonction la «
collecte » et le « tri » des informations spécifiques, qui tombaient dans le
domaine secret des événements et découvertes étranges, car le DZ ne traitait
pas tous les phénomènes de ce genre qui étaient répartis sur plusieurs
Directions du SRI. La section « tampon » reçut le nom de Commission
d’Analyse des Événements Etranges, avec des employés venant du DZ et
du SRI. Il fut établi que le chef de cette commission devait être un membre
de notre département en raison de notre expérience. Ce fut moi qui reçus
cette fonction, comme une extension de celle que j’avais déjà dans le DZ.
Le chef du SRI n’était pas vraiment ravi en invoquant mon âge très en
dessous des standards officiels. A juste titre, il affirmait qu’il était
impensable qu’une personne aussi jeune conduise de façon efficace des
actions d’une telle envergure, mais le colonel Obadea le rassura en
assumant l’entière responsabilité de ce choix.
Grâce à mon statut tout à fait spécial, la liberté d’action dont je disposais
devait être maximale. Cette condition dépassait même l’immunité
parlementaire, car elle était liée aux grands secrets d’Etat. Etant donné que
mes fonctions n’étaient pas politisées, mon accréditation d’accès libre et
absolu avait besoin d’une légitimation spéciale signée par le Président en
personne et portant l’indicatif DZ/A-0 [...], en fonction de chaque numéro
attribué. Très peu de personnes font partie des organismes les plus secrets
du SRI et de l'Armée. Entre 1992 et 1993, j’ai parcouru l'ensemble des
dossiers du département pour me familiariser avec la situation. J’ai étudié
les cas les plus secrets et j'ai eu accès aux lieux les plus hallucinants. Mais
tout cela fait partie d’un domaine que je ne peux pas pour l’instant dévoiler.
J’ai établi le quartier général sur la base de la vallée de l’Ours, et
parallèlement j'ai préparé une seconde équipe d’intervention pour les cas les
plus importants. Jusqu'en 2001, nous avons réussi à consolider les relations
de « partenariat » avec le SRI et nous avons fourni des informations
essentielles au Conseil Suprême de Défense du Pays (CSAT). Le colonel
Obadea me faisait entièrement confiance, et bien que l’âge de sa retraite
approchât, il était très satisfait du fonctionnement du département. Il avait
été promu au grade de général du SRI et pouvait dire que beaucoup de ses
projets s’étaient réalisés.
Ceci est donc le tableau de l’ensemble de la situation du département à ce
jour. L’an née 2002 a marqué un passage important dans mon implication
avec de profondes répercussions au niveau national et mondial. Je t’en
parlerai lors d’une prochaine rencontre, car il est très important de nous
focaliser sur certains sujets fondamentaux que je souhaite te présenter en
détail. Tu comprendras que la réalité qui nous entoure est projetée dans une
toute autre lumière que celle que les gens ont l’habitude de voir.
Je pris une longue inspiration, comme lorsqu’on sort d’une transe. Je
n’avais pas la moindre idée sur la nature de la prochaine découverte, mais je
devinais qu’on était arrivés au « cœur » du sujet. Cezar m’avait avoué que
cette découverte était en fait la raison principale pour laquelle il souhaitait
la publication de ce livre. J’allais le rencontrer encore deux fois, temps
pendant lesquels il me détailla les événements cruciaux pour le destin du
pays. La dernière entrevue eut lieu au mois de juin 2003, et c’est à ce
moment que j’appris avec stupeur la façon dont on avait trouvé le secret des
monts Bucegi, mais la grande découverte fut faite deux mois plus tard.
Malgré la précipitation des événements, Cezar m’offrit la chance inespérée
de voir par moi-même la structure de la montagne et ses éléments
caractéristiques. Cela nécessita une intervention tout à fait spéciale de sa
part et surtout de la part du colonel Obadea, dans un moment pendant lequel
les choses semblaient hors de contrôle. La décision de me faire venir
quasiment immédiatement après la découverte fut très inspirée parce qu’à
quelques jours près, la situation se compliqua terriblement à cause des
pressions diplomatiques américaines qui imposèrent leur présence
immédiate avec des équipements ultras performants et une formidable
technologie. A partir de ce moment, personne n’y eut plus accès, à moins
d'obtenir une autorisation du Président. C’est pour cette raison que je me
considère très chanceux, voire privilégié, d’avoir eu l’occasion de voir ce
qui va vous sembler incroyable. Pendant les quelques heures de ma
présence à cet endroit, Cezar me raconta de façon un peu décousue les
éléments (certains dramatiques) liés à cette découverte. Il pointa rapidement
les implications qu’elle avait déclenchées, tout comme les principaux
événements de l’intervention des Etats-Unis au mois de septembre de cette
année 2003. (Je reçus de ses nouvelles par l’intermédiaire d’un courrier
particulier qui avait également été l’intermédiaire de nos différentes
rencontres). Mais avant cela, je pus avoir une conversation téléphonique
avec Cezar en utilisant une ligne spéciale. Cezar me parla des «
négociations » américano-roumaines dont il avait été mis au courant peu de
temps avant et du fait qu’il allait partir quelques jours pour une « grande
expédition », en m’offrant quelques dates générales du planning. Il ne savait
pas combien de temps cela allait durer mais il me promit de me contacter
pour me donner plus de détails. Après une courte hésitation, il me suggéra
de commencer d’écrire et de publier le livre avec les informations dont je
disposais déjà. Tout comme moi, il considérait que les gens avaient le droit
de savoir quelle était la situation réelle et de décider seuls quel serait leur
avenir.
Quelques semaines auparavant, presque un an après notre conversation
téléphonique, alors que je rédigeais la dernière partie du livre, je reçus
quelques signes de son retour de la grande expédition, ce qui provoqua en
moi une émotion intense à l’idée d’apprendre de nouveaux éléments que je
savais exceptionnels.
Mais revenons à notre avant-dernière rencontre. Les éléments qu’il m’avait
détaillés, suite à une conversation qu’il avait eue avec un représentant
mondial de l’organisation maçonnique, constituaient une véritable mine
d’informations sur les coulisses de cette organisation. La conception, la
vision globale, les intentions et les moyens d’action de la franc-maçonnerie
m’amenèrent à mieux comprendre la signification subtile du « beau à
l’extérieur et creux à l’intérieur » qu'on applique facilement à cette
organisation. Par ailleurs, et de façon paradoxale, sans l’initiative de la
maçonnerie la grande découverte n’eut pu avoir lieu. Quelquefois, le fil du
destin – surtout celui d’une nation ou de l’humanité – ne peut être compris
dans son entière complexité. Il ne nous reste que la possibilité de constater
et d’analyser rétrospectivement, ahuris, l’incroyable toile tissée de faits, de
relations, d'êtres humains et de destinées individuelles qui se sont combinés
afin d’aider l’humanité à avancer. Même si pour l'instant on ne peut
comprendre en détail les combinaisons et les agissements compliqués des
forces subtiles, on peut néanmoins s’orienter en fonction des effets notables
qu’elles déclenchent à certains moments, dirigés par une série de facteurs
conjoncturels. Ces facteurs représentent des conditions spatio-temporelles –
nécessaires pour le déclenchement des événements – d’une importance
majeure.
Quand je revis de nouveau Cezar, quelques mois après notre dernière
entrevue, il reprit le fil de son histoire à l’endroit même où il s’était arrêté :
– Au mois de mai 2002, j’étais à la base de la Vallée de l'Ours, qui a comme
nom de code « Alpha ». C’était la période où j’étudiais tous les dossiers
secrets du département, qui couvraient une période de plus de vingt ans
d’enquêtes effectuées par les équipes d’interventions spéciales. C’était un
après-midi calme et je me trouvais à mon bureau, profondément pris par
mon étude, quand je reçus un appel du général Obadea sur la ligne directe
de sécurité maximale. Je fus surpris, car je l'avais vu la veille et cette ligne
n’était utilisée que pour les communications prioritaires et secrètes. Il me
prévint que j’allais recevoir dans les heures à venir la visite d’une personne
importante qui voulait avoir une discussion en particulier. La voix du
général me surprit car elle était incertaine et un peu confuse, un aspect
inédit chez lui. Il me précisa ne pas avoir d’informations supplémentaires,
qu’il ne savait pas qui devait venir et que la demande d’entrevue s’était faite
par l’intermédiaire du SRI, suite à une intervention spéciale du
gouvernement. La personne en question était étrangère mais connaissait
bien la Roumanie et parlait très bien la langue. Le SRI savait seulement que
cette personne appartenait à une importante loge maçonnique d’Italie, avec
un rang très élevé et qu’elle avait un grand pouvoir d’influence financière
en Roumanie. Ses relations politiques devaient être également haut placées
à partir du moment où il avait réussi à pénétrer le « mur » du SRI et était
arrivé jusqu’à la structure du DZ. Mais la façon dont il me connaissait ainsi
que l’existence du département et de son domaine technique restait une
énigme. Le pouvoir d’influence de cet homme devait être formidable car il
avait réussi à « percer » le système hiérarchique gouvernemental et de
sécurité d’un pays sans même se cacher. Je ne pouvais qu’attendre cette
entrevue sans connaître son but. Il y avait beaucoup d’inconnues dans cette
équation en dehors de la rapidité avec laquelle l’entrevue devait avoir lieu.
Je percevais au plus profond de mon être une sorte de « lourdeur » et de «
pression », qui de toute évidence était provoquée par cette rencontre. C’est
alors qu’intuitivement je compris la nature de cette rencontre. Ce serait un «
combat » difficile, parce que je sentais un rayonnement « lourd » chez cette
personne, comme un nuage déplaisant qui cachait ses véritables intentions.
Il ne restait que quelques heures avant l’arrivée du personnage, je me suis
donc isolé dans une pièce et suis rentré dans un état de profonde méditation
pour ainsi en apprendre plus sur ce singulier personnage.
J'étais complètement abasourdi. Je connaissais déjà les pouvoirs psychiques
de Cezar, mais il ne m’en avait parlé que vaguement, avec beaucoup
d’humilité et d’une façon très naturelle. Je ne les avais vus à l’œuvre que
deux ou trois fois dans certaines situations clefs dans le but de me montrer
qu’il disait la vérité. Les moments avaient été parfaitement choisis pour ne
pas provoquer un trop grand bouleversement en moi. Toutefois, j’ignorais
qu’il avait la capacité de récolter des informations lorsqu’il en manifestait la
volonté. Je ne pouvais comprendre comment une telle chose fut possible.
Désirant en savoir plus sur ce mystère, je lui demandai quand et comment
arrivait-il à avoir accès à des informations dont il ne savait rien.
– On peut dire que le domaine de connaissance auquel je fais appel durant
la méditation, lorsque je souhaite apprendre certaines informations, est une
sorte d’éther, mais pas comme l’éther utilisé en chimie. De cette réalité
subtile proviennent toutes les choses et phénomènes : pensées, matière de
toute sorte, et plus généralement toute information sur un corps physique.
De cet océan infini de « codes » particuliers nous pouvons concrétiser nos
idées et intentions, qui prennent ainsi une forme plus claire et réveillent nos
sens perceptifs. Par exemple, imagine-toi une masse de vapeur en
suspension ; elle est composée de vapeur d’eau formée de particules fines
que l’on trouve dans l’air. Si l’on abaisse la température, les vapeurs vont se
condenser et se transformer en gouttes d’eau, elles se transforment donc en
une matière plus dense que l’état gazeux du début. Si l’on continue à
baisser la température, l’eau va se transformer en glace, une matière encore
plus dense. C’est simple à comprendre : les mêmes atomes d’eau, qui
initialement étaient des vapeurs, se sont transformés en glace à cause des
changements successifs. Toute information suit le même chemin, du haut
vers le bas, et elle arrive à se concrétiser sur le plan physique dans son état
primaire, l’information n’est rien d’autre qu'une certaine forme d’énergie
spécifique à chacun. L’environnement dans lequel subsistent les idées, les
pensées, les intentions est l’éther universel dont on parlait précédemment.
Tout se résume à l’accès à l’information sur son niveau de vibration propre,
qui fait partie de l’océan infini des fréquences de vibrations énergétiques de
l’éther universel. C’est l’aspect le plus difficile à réaliser, car il faut avoir
d’abord un niveau de conscience adéquat pour être conscient de l’éther
subtil universel, et il faut également avoir la capacité de sélectionner la
fréquence qui t'intéresse parmi la multitude. Cezar prit une feuille de papier
et dessina un croquis afin de faciliter ma compréhension.
– Un esprit focalisé, bien préparé et purifié de toute pensée vicieuse et
parasite, a le pouvoir de percer successivement les couches jusqu’arriver au
niveau de l’éther universel dont je t'ai parlé, qui se présente sous la forme
d’un espace gigantesque, et doté d’une nature très particulière. Dans cet
espace extrêmement étendu on peut identifier la « trace » spécifique d’une
fréquence particulière de n'importe quel aspect, être, objet ou phénomène
qui t'intéresse. Le véritable art réside dans la sélection de la fréquence de
vibration recherchée.
MATÉRIALISATION DES IDÉES AU NIVEAU PHYSIQUE

– Tu vas sûrement me demander comment l’esprit sélectionne une


fréquence spécifique parmi l’infinité des fréquences ? Le procédé est simple
car il s’appuie sur la loi universelle des vibrations. Tout ce qui existe dans
l’univers se définit de façon particulière, indifféremment de sa forme, ou
être ou chose, et possède une empreinte vibratoire, une « marque »
spécifique unique identifiable partout dans l’univers. C'est ce qu’on appelle
la longueur d’onde personnelle. Tout comme l'ADN, elle est unique pour
chaque être. C’est un principe fondamental en physique appelé la
résonance. Il faut avoir un entraînement adéquat mais les résultats sont à la
hauteur. Tout ce que je fais est d’appliquer à la lettre ce principe, en me
focalisant sur des « images subtiles » et des « longueur d’ondes ». En
l’occurrence celles du personnage qui allait arriver, même si je ne l’avais
jamais rencontré. Les seules informations dont je disposais étaient celles
qu'Obadea m’avait fournies. Ces informations sommaires me suffisaient.
Ma volonté et ma focalisation intense mirent rapidement en place les
conditions de résonance avec l'empreinte de la personne. Je dois avouer que
le phénomène n’est pas aussi simple que ma description. Il faut en effet une
longue période de pratique intense et un fort niveau d’élévation de la
conscience pour y arriver. La précision des informations que tu souhaites
obtenir dépend d’une part de la limpidité de ton propre esprit – qui doit être
semblable à la surface immuable d’un lac de montagne – et d'autre part de
l’habileté dans la mise en place des conditions de résonance par l’évocation
puissante de ce que tu veux connaître. A ce moment, tu t'accordes
pratiquement avec la fréquence de l’objet ou l’être que tu veux découvrir. Si
tu y arrives, tu connais alors de façon directe la résultante subtile de la
personne, dans tous ses aspects, même si elle pense que ces aspects
demeurent inconnus aux autres. Il est vrai que le problème est plus
complexe, car il existe beaucoup de variables qui impliquent une
préparation personnelle et des efforts soutenus, mais le plus important est
que tout être humain qui a cette volonté et persévère peut obtenir ce
pouvoir.
Cezar me raconta ensuite en détail l’étrange rencontre à la base Alpha, qui,
par sa signification, me secoua profondément et acheva de me convaincre
d’écrire ce livre. Cependant, afin que le dialogue rapporté par Cezar garde
une certaine fluidité, je vais retranscrire la conversation que Cezar eut avec
ce mystérieux personnage, membre de l'élite mondiale de la franc-
maçonnerie, en tentant de respecter fidèlement les nuances subtiles de leur
échange. Je prie le lecteur de m’excuser pour les éventuelles incohérences,
mais le plus important ici est l'information et non pas la forme de sa
présentation.
Le compromis
Vers trois heures de l’après-midi, à la base de la Vallée de l’Ours, un
hélicoptère du SRI vint se poser et un homme grand, habillé d’un costume
noir élégant, en est descendu. Il tenait dans sa main droite une canne avec
une poignée en ivoire et en or. Son visage exprimait une grande dureté et
ses yeux verts donnaient une sensation étrange, brillant d’une froideur
inhabituelle. Des sourcils bien dessinés pour un homme de son âge
amplifiaient cette impression. Il se présenta aux officiers sous le nom de
senior Massini[15], et attendit d’être annoncé à Cezar, impatient.
Imposant et habitué aux hautes sphères de la noblesse, le senior Massini
avait à soixante-quinze ans une allure hautaine et très sûre. Il donnait
l’impression d’une personne habituée à donner des ordres. Par ailleurs, il
était un des vénérables à la tête d’une des plus importantes loges
maçonniques d’Europe, et faisait partie de la plus influente organisation
maçonnique au niveau mondial : Le groupe Bilderberg.
Le senior Massini fut conduit au niveau un de la base où Cezar l’attendait.
Après les salutations de rigueur, Cezar le convia dans une salle protocolaire,
mais il refusa. Sans être hautain, le style dans lequel il s’exprimait était
légèrement cérémonial, coloré d’archaïsme. Le senior Massini descendait
d’une vieille famille aristocrate italienne de sang royal.
– Je suis impressionné et enchanté par votre proposition, mais je me réserve
le privilège de me protéger d’une éventuelle tentative d’écoute et
d’enregistrement de notre discussion. Je vous saurais gré de ne pas prendre
ce geste comme une atteinte à votre personne, mais l’on ne peut oublier que
nous avons affaire au SRI. Cezar sourit faiblement. Il était encore difficile
de savoir si le senior Massini s'exprimait ainsi habituellement ou si c’était
ironique. La seconde option semblait plus plausible, mais cela ne dérangea
aucunement Cezar qui lui répondit avec bienveillance :
– Je comprends vos craintes, et je les trouve justifiées dans une certaine
mesure. Mais cette base est à un haut niveau de sécurité et nous maintenons
juste des rapports de collaboration avec le SRI, elle n’est donc pas sous ses
ordres. Nous pouvons discuter sans crainte en salle protocolaire.
Le senior Massini resta inflexible. Poliment, il insista pour que la discussion
ait lieu à l’extérieur et à une distance convenable de la base. Il précisa que
c’était dans l’intérêt des deux parties.
Ceci n’étant pas une demande extravagante, Cezar y consentit. Fut choisie
une petite colline située à deux cent cinquante mètres de la base. Deux
chaises et une table furent apportées et Cezar disposa huit militaires,
spécialisés dans la protection au plus haut niveau, en cercle à une certaine
distance. Ils appartenaient à la troisième équipe d’intervention spécialisée
dans les « événements de type K ». On disposa également tout autour un
dispositif de brouillage performant. Les préparations durèrent environ une
heure, temps pendant lequel le senior Massini parla à peine, se contentant
de regarder avec un léger sourire ironique. De temps à autre, il se focalisait
sur Cezar en l’analysant rapidement et avec une grande attention. Vers
quatre heures de l'après-midi, tout était prêt et ils s’assirent à table. Cezar
me confia que la situation était assez étrange. Un homme ayant une grande
influence dans les cercles politiques avait sollicité une entrevue avec le
directeur technique et exécutif du département le plus secret du SRI. Toutes
les portes s’étaient ouvertes presque instantanément, et toutes les demandes
avaient été approuvées. Quelle pouvait être la nature d’une telle influence
pour avoir pénétré le cercle même de la direction de l'Etat ? Quel était le but
de cette visite inattendue et secrète du senior Massini, et que souhaitait-il en
réalité, en évitant même le SRI qui l’avait pourtant aidé à arriver jusqu’ici ?
L’ordre reçu du gouvernement indiquait expressément que le SRI ne devait
pas participer à cette discussion, en invoquant le secret d’Etat du domaine
d’action du DZ. Malgré tout, la situation n’était pas commode car elle
donnait l’impression d’une intervention extérieure « dictée » par l’Etat
roumain. De plus, aucun enregistrement de cette conversation n'était admis,
et Cezar ne pouvait que tenir la promesse faite au senior Massini. D’autre
part, même si le SRI avait les moyens techniques d'intercepter cette
conversation, la venue du senior Massini avait été si précipitée qu’ils
n’avaient pas disposé du temps nécessaire pour la mise en place d’une telle
action. L’influence du senior Massini dans les plus hauts cercles politiques
de l’Etat roumain était très importante et un éventuel mécontentement de sa
part pouvait avoir des conséquences désagréables pour ceux qui auraient
décidé de le contrarier au sein du SRI. Par conséquent, aussi étrange que
cela puisse paraître, le senior Massini avait réussi – par une action rapide et
sans grand effort – à obtenir en un temps record cette discussion en «
sécurité maximale » avec Cezar. Leur confrontation allait offrir un des plus
extraordinaires récits concernant certaines vérités cachées, mais des vérités
qui se manifestent de plus en plus dans la vie des gens sur la planète entière.
Le Test
– Monsieur Brad, je me trouve là pour avoir cette discussion avec vous
d’une manière peu habituelle et dans des circonstances particulières,
commença de façon directe le senior Massini. A notre avis, les gens se
répartissent en deux catégories : ceux qui peuvent être manipulés et dirigés,
ce sont la grande majorité des gens ; et ceux qui ont certaines vertus, et qui
détiennent certains pouvoirs et une forte personnalité.
– Je me permets de vous interrompre pour une brève clarification : en fait, à
qui appartient l’opinion que vous exprimez ? intervint Cezar avec une
naïveté apparente. Le senior Massini sourit, en s’appuyant fortement sur sa
chaise, son attitude exprimant la conscience fière d’une puissance qui ne
pouvait pas être vaincue.
– Monsieur Brad, vous êtes un jeune homme arrivé à un poste qui
représente paradoxalement une prison pour toute liberté civile, mais qui en
même temps vous offre la satisfaction de la connaissance et de la recherche
sur des sujets dont personne n’a idée. Une telle position ne s’obtient pas
facilement, car elle doit être garantie par des capacités intérieures
remarquables.
– Je vous remercie, répondit Cezar poliment tout en restant prudent.
– Cependant, même pour une personne très douée, comme vous, il reste
encore beaucoup de choses à apprendre, et certaines peuvent être
extrêmement attrayantes. Le groupe que je représente, et au nom duquel je
suis venu ici, fait partie du plus haut ordre maçonnique et est très intéressé
par le résultat de notre discussion.
– Je connais certains aspects de la franc-maçonnerie, dit Cezar.
L’organisation est strictement pyramidale avec des rites très occultes et ses
véritables intentions sont obscures pour la plupart des gens.
– Pour les deux trois propositions que tu viens d’énoncer, je n’aurais pas
fait mieux, mon cher ! rit d’un air supérieur le senior Massini. Je suis maître
dans une des loges maçonniques la plus puissante, et même si c’est un
secret bien gardé pour la plupart des gens, dans ton cas c’est superflu, parce
que le sujet que je souhaite aborder pendant cette discussion dépasse de loin
l’importance de mon grade. Au contraire, il est impératif de savoir à qui tu
parles.
En me racontant cette discussion, Cezar m'avoua que c’est à ce moment
exact qu’il comprit le but de cette visite ainsi que la façon générale dont
cela allait se dérouler. C’est également à ce moment qu’il comprit comment
procéder et quelle stratégie adopter pour apprendre le plus d’éléments
possible et mieux comprendre les mécanismes de la maçonnerie.
Finalement, ce qui s’annonçait comme une « lutte » entre l’attention, la
vigilance, l’intelligence et l’habileté des deux protagonistes dans la
confrontation verbale d’idées, plans, offres et réponses orchestrées, se
résuma dans un premier temps pour Cezar à emmener son interlocuteur sur
un terrain où il avait perçu sa faiblesse : son orgueil et son ego
surdimensionnés, qui allaient diminuer sa vigilance et sa force intérieure.
– Si je comprends bien, votre fonction dans la loge est l’une des plus
importantes ? demanda Cezar en ayant connaissance d’une hiérarchie en
trente-trois degrés.
– Le groupe Bilderberg n’est pas à proprement parler une loge ; il signifie
beaucoup plus, mais il n’est pas nécessaire que je rentre dans le détail. Il y a
un classement sur trente-trois niveaux au plan des loges, qui doit respecter
certains critères, mais cela n’est qu’une « façade » pour le monde extérieur.
La vraie puissance va au-delà du trente-troisième niveau et engage d’autres
conditions que je te révélerai plus tard. Il ne dépend que de toi d’être
réceptif. Imagine-toi une grande maison, pour être belle, elle doit être peinte
de façon élégante avec beaucoup d'attention sur chaque détail. C’est un peu
comme les degrés d’initiation. Mais les grandes richesses se trouvent à
l’intérieur de la maison, et seuls les maîtres de la maison connaissent leur
existence. Ils dirigent dans l’ombre son bon fonctionnement : son entretien,
son administration et sa prospérité. Mais pour cela ils n'ont pas besoin d'être
connus des autres, qui ne doivent pas connaître leurs moyens d’action. Tu
es intelligent et tu peux facilement comprendre ce que je veux dire.
Cezar avait remarqué que, progressivement, le senior Massini avait adopté
une forme parlée plus familière et directe. Ce pouvait être un avantage, car
une certaine forme de familiarité dans une discussion pouvait favoriser la
révélation de beaucoup de secrets. Bien sûr, cette facilité de parole venait
également du décalage d’âge entre eux. Le senior Massini avait sans aucun
doute une grande force vitale, mais également physique qui contrastait avec
son âge respectable. Malheureusement, son rayonnement subtil – avec
lequel il aurait été capable de dominer des êtres relativement faibles et
instables physiquement ou mentalement – était centré autour d’un immense
orgueil, de l’arrogance et d’un sentiment de supériorité, justifié
probablement par sa noblesse. Par conséquent, même si Cezar avait
d’excellentes références, qu’on peut penser bien connues par le groupe
Bilderberg, ce n'était pas suffisant pour freiner l’instinct d’orgueil du senior
Massini.
– J’ai sollicité cette entrevue grâce à mes relations très importantes, car
nous connaissons tes forces et tes capacités d’action. Nous apprécions
grandement tes capacités surtout quand cela sert nos intérêts.
Par cette phrase, le senior Massini fit le premier déplacement important
dans le jeu.
Mais, comme nous allons le découvrir, les mouvements dans les coulisses et
les plans cachés allaient se montrer plus compliqués qu’une simple
proposition, relativement indirecte, de collaboration au plus haut niveau
maçonnique.
– Monsieur Massini, si je dois comprendre quelque chose en particulier, et
si le problème se pose de façon spécifique, je vous prie de bien vouloir le
préciser depuis le début. Par exemple, pourquoi souhaitez-vous mon
intégration au groupe Bilderberg ? L’attitude du senior est brusquement
devenue froide et son ton prit des inflexions très dures.
– C’est réellement un problème pour vous, monsieur Brad ? Penses-tu avoir
la liberté de choisir ou de poser des conditions ? Et qui t'a parlé de devenir
membre du groupe Bilderberg ? As-tu la moindre idée de qui compose en
réalité ce groupe, et quels sont les critères pour y entrer ? Je peux t'affirmer
que tu es très loin des conditions requises et que tu ne pourrais rentrer dans
le cercle intime de ce groupe. Si je t’en révélais les raisons, elles te
bouleverseraient complètement. Elles ne font pas partie de ce monde, ces
raisons. Reviens donc à des idées plus humaines et comprends que la
proposition que je t’ai faite de façon indirecte est ton entrée dans une des
plus hautes loges maçonniques mondiales, subordonnée au Bilderberg.
Notre organisation a besoin de ton aide. Le fait de m’être déplacé en
personne pour avoir cette discussion peut te faire comprendre que nous
t'apprécions tout particulièrement. Nos informations nous disent que tes
forces et tes possibilités d’action sont impressionnantes. Comme je te
disais, nous sommes intéressés par une collaboration. Il existe un conseil
secret au niveau de cette loge, qui propose un plan directeur d'actions dans
ce monde, et ses propositions sont ensuite analysées par le groupe
Bilderberg. C’est comme une sorte de boucle de rétroaction. Tu peux
devenir un pion très important dans ce conseil et tu pourrais acquérir tout ce
dont tu as jamais rêvé, en ayant à volonté : richesses, hommes, luxe, lois et
même gouvernements. Rien ne pourrait t’arrêter. Nous n’avons pas
l’habitude de négocier, car ce que nous offrons est inestimable. Pourquoi
continuer à discuter quand les choses sont si claires ? Par ailleurs,
sincèrement parlant, tu n’as pas d’autre possibilité que d’accepter cette
collaboration.
En disant cela avec une grande assurance, le senior Massini fit un geste très
spécial de la main, comme s’il voulait couper l’air. Il est fort probable
qu’une autre personne à la place de Cezar aurait été intimidée par la rapidité
à laquelle la discussion avançait, mais également par les perspectives
fabuleuses qu'on offrait. Cezar m'avoua que ce fut le moment le plus
critique de cette rencontre. D’apparence complexe, le problème ne
présentait en fait que deux alternatives : accepter cette proposition de
collaboration, ce qui impliquait d’entrer dans la société maçonnique ; ou
refuser toute proposition, ce qui aurait entraîné une chaîne invisible de
suites désagréables pour lui et l’activité du département. A ce moment,
Cezar n’avait que peu d’informations sur les principaux intérêts de la
franc-maçonnerie, et il était curieux d’apprendre, afin de comprendre les
motivations cachées de cette organisation et les moyens qu’elle mettait en
œuvre pour atteindre ses objectifs. Il lui sembla avoir trouvé le bon moment
pour amener la discussion vers ce qui l’intéressait, en stimulant l’orgueil et
le sentiment de puissance du senior Massini. Mais la tâche ne s'annonçait
pas facile, le senior était un interlocuteur très habile et rusé doté d’une
grande intelligence et force mentale. Malheureusement, tous ces avantages
étaient déjà configurés dans un sens profondément négatif.
Cezar sentit que s’il déclinait immédiatement cette proposition le « jeu »
serait terminé, et le senior repartirait sans tenter de le convaincre plus avant.
Cezar n'apprendrait rien et les conséquences de son refus seraient
imprévisibles. Il prit donc la décision de tromper la vigilance de son
interlocuteur, et avança masqué en faisant semblant d’accepter. D'une
certaine manière il assumait une mission de « kamikaze infiltré », mais il se
sentait suffisamment maître de ses pouvoirs pour faire face aux situations
difficiles qu’il allait affronter.
Vérité occulte de l'Organisation Maçonnique
– C’est passionnant ce que vous me proposez, monsieur Massini. Mais
j’aurais aimé comprendre comment il est possible d’obtenir une telle
influence. J’avoue que je trouve cet aspect très intéressant.
Content de la tournure engagée, le senior Massini répondit avec sollicitude,
tombant apparemment dans le « piège » tendu par Cezar.
– Mon cher, il existe divers moyens d’obtenir de l’influence, et je dois
avouer que nous sommes passés maîtres dans cet art. La principale qualité à
ce stade est la patience. Tu ne peux pas construire de grands palais, pour
profiter de tous les plaisirs que je te mets à disposition, sans ténacité,
vigilance et patience, surtout face à d’apparents échecs. Tout prend forme
avec le temps et quelque fois cette attente peut être très longue. Les
vénérables maîtres de notre passé ont eu une vision grandiose de l’ensemble
de cette situation finale qui s’approche. Ils ne se sont pas contentés
d’intérêts médiocres et égoïstes, mais ont souhaité de toutes leurs forces
consolider les bases de la maçonnerie en s’adaptant à chaque époque en
conformité avec l’évolution humaine. Au fond, pourquoi n’auraient-ils
pensé qu’à eux et à leurs familles ? N’avaient-ils déjà la richesse et les
meilleures conditions de vie ? N’avaient-ils déjà fait le serment de
s'entraider, de se soutenir réciproquement dans le besoin ? Je te dis que ce
furent eux les véritables architectes qui ont initié et créé les fondations des
principes qui fonctionnent encore dans notre système social. Concernant ces
« architectes » qui ont conçu ce plan depuis des milliers d'années, je ne
peux pas t'en dévoiler plus à ce stade. C'est un secret terrible que même les
membres du groupe Bilderberg pour la plupart ignorent. A l'époque
moderne, et je parle ici des derniers deux ou trois cents ans, nos sages n'ont
fait qu'appliquer de façon intelligente les principes de base déjà établis et
les adapter à la structure de leur époque. Leurs actions ont été développées
par toutes les générations qui ont suivi, en gardant les mêmes idées initiales,
car au sommet de notre hiérarchie on ne trouve que des descendants de
lignée royale d’arbres généalogiques datant de milliers d’années. Nous
sommes très attentifs à ces aspects, et on ne se mélange pas avec les autres
races. Même ainsi, il y a eu quelques exceptions, mais nous sommes arrivés
à éliminer les gènes régressifs.
– Vous parlez peut-être de la famille royale d’Europe et des grands
banquiers de la fin du Moyen Âge ? Demanda Cezar pour offrir ainsi un
moyen d’approfondir le sujet.
– Bien sûr. Ils n’étaient pas révolutionnaires ; ils ne soutenaient ni une
idéologie rigide ni une philosophie particulière. Leur force ne résidait pas
dans leurs bras ou leur esprit affûté ; de leurs rangs aucun héros n’a vu le
jour au sommet de la société, en échange ils ont rapidement compris que
pour réussir ils avaient besoin d’un nouvel algorithme, qui devait tirer son
énergie des forces, des décisions et des actions humaines. Ils étaient fins
psychologues et comprirent dès le début certaines informations essentielles.
Ils ont remarqué, par exemple, que le système communautaire, que ce soit
une monarchie, une république où tout autre type de gouvernement, se base
sur la direction. Cette réalité implique deux groupes : d’un côté la grande
majorité des gens qui composent le peuple ; et, d’autre part, l’élite
dirigeante qui s’efforce de maintenir la bonne marche du « troupeau ».
Cette simple observation fut la base du plan entier.
– Mais pourquoi était-ce aussi important d’avoir ces deux catégories ?
demanda rapidement Cezar.
En véritable maître maçonnique initié aux secrets obscurs de l’organisation
à laquelle il appartenait, le senior Massini commença à dévoiler le noyau
idéologique de la franc-maçonnerie mondiale.
– Cette situation était et est encore très importante à cause du fait qu’il a
toujours existé des intérêts antagonistes entre les deux groupes. Les choses
étaient faites de manière à ne jamais apaiser les populations, c'est-à-dire
empêcher à tout prix la véritable paix entre les peuples. Pour cela, il était
nécessaire de nourrir ces deux parties de différentes façons, sans qu’elles ne
s’en rendent compte. Nos illuminés ont poussé les compétences et leurs
capacités d’intrigues jusqu’à la perfection pour se tenir un pied dans chaque
bateau sans jamais tomber à l’eau.
Cezar ne manqua pas l’occasion de pousser de nouveau la conversation :
– Mais comment y sont-ils arrivés ? Quelles méthodes ont-ils employé ?
– Ils avaient juste besoin de quelques « leviers » puissants, et à l’origine il y
en avait deux : l’argent et la nature inférieure de l’homme qui cédait face à
la tentation qu’on lui offrait. Cette combinaison leur a toujours assuré le
succès, parce que ce qui ne marchait pas d’un côté, on l’utilisait de l’autre,
et c’est ainsi que l’intrigue, le mensonge, les tentations et les faux-
semblants ont permis notre extension rapide dans le monde entier. Bien sûr,
à l’heure actuelle nous devons prendre en compte de nouveaux facteurs, et
parmi les plus importants : le nombre d’habitants de la planète et le
développement technologique. Mais en essence, les principales fondations
de notre organisation maçonnique furent créées bien auparavant, et elles ne
font que se renforcer. Elles sont tellement ancrées dans la conscience des
hommes que le succès total de notre programme n’est plus qu’une question
de temps.
En disant cela, le senior Massini sourit, satisfait, et alluma une longue
cigarette. Il attendait l’effet de ses mots sur Cezar. Pour mieux jouer son
rôle ce dernier lui demanda :
– Mais je ne comprends pas quel est le motif principal pour lequel d’aussi
grands efforts furent faits depuis des millénaires ?
Tirant doucement sur sa cigarette, le senior Massini regarda Cezar, et dans
son immense orgueil, pensa avoir réussi sa mission. Cezar apprécia cette
erreur de jugement qui avait affaibli la vigilance de son interlocuteur, tout
en lui fournissant d’importantes informations.
– Mon cher, les choses sont très simples. Le principal motif est la prise du
Pouvoir ! Que peux-tu imaginer d’autre depuis tant de temps ? Allez, dis-
moi, ne soit pas timide ! Argent ? Quasiment toutes les finances de ce
monde nous appartiennent, grâce à l’entièreté du système bancaire créé
avec le temps. Parce que la civilisation n'a cessé de se développer, nous
avons mis en place un système social dans lequel les gens dépendent
entièrement de leurs moyens financiers. Argent, argent, de plus en plus
d’argent ! Une idée fixe qui doit être répandue partout. Mais, pour avoir de
l’argent, tu dois produire, et pour produire tu dois travailler, et pour
travailler tu as besoin de temps. On a donc créé une forme d’équation telle
un cercle vicieux, sans issue possible, dont on ne voit jamais le bout. Le
résultat est que les gens travaillent pour nous jusqu'à épuisement, attirés par
les mirages de sommes encore plus importantes d’argent dépensé
rapidement sur des tentations de tous genres présentes dans ce monde.
Cependant, peu importe les sommes d'argent obtenues par le travail, les
véritables richesses et les sommes immenses d'argent sont en notre
possession, gardées dans nos banques et investies dans divers titres de
propriétés. Même s’il existe dix à cent hommes très riches dans le monde,
qui ne font pas partie de nos loges, ils ne représentent aucune menace, car
ce sont des individus séparés qui n’ont aucun but précis de grande
envergure. Bien sûr, pour la plupart nous les attirons dès le début de leur
brillante carrière dans l’Organisation pour qu’ainsi notre pouvoir grandisse.
Ceux qui refusent ne résistent pas longtemps seuls. Si d’une certaine façon
ils deviennent une menace pour nous, alors on unit nos forces pour
provoquer leur faillite, en prenant le risque de certaines pertes dans notre
propre camp, l’immense machination financière que nous avons construite
nous permettant de réaliser rapidement l’équilibre de la balance. L'objectif
est d’anéantir la menace. Habituellement, quand la personne se sent
irrémédiablement perdue, on lui offre la seconde chance qu’elle a
initialement refusée. Dans la plupart des cas, la personne accepte, et il
arrive ensuite un renouveau spectaculaire dans ses affaires personnelles. En
revanche, elle doit respecter certaines conditions fermes que nous lui avons
imposées et qu’elle ne peut plus refuser.
Nous avons toujours quelque chose à gagner. Soit un homme politique qui
doit soutenir nos intérêts ; c’est le cas le plus fréquent et le plus facilement
atteignable. Soit un grand homme d’affaires, dont nous administrons la
fortune à travers nos propres filiales.
Ce qui nous intéresse est de créer le plus possible de « cercles vicieux » à la
base desquels nous avons construit la société moderne. Nous avons formé la
soi-disant « cellule de la société », la famille, que nous avons fermement
liée à des chaînes interminables de dépendances : l’emploi, la maison, le
confort, la voiture, l’emprunt, les obligations contractuelles à très long
terme qui peuvent aller jusqu’à la deuxième génération d’une même
famille.
Le rôle des « cercles vicieux » est de créer de la dépendance, parce que la
dépendance ne laisse pas de place à la liberté. La dépendance porte avec
elle une sorte d'esclavage, de limitation. Et nous, en tant qu’hommes, nous
avons besoin d’être limités, et nos actions d’être mécaniques, comme des
stéréotypes. Ce fut l’idée principale quand nous avons imposé une
organisation du travail divisée en plusieurs domaines et sous-domaines. Si
le poste est simple, presque répétitif, l’homme devient en peu de temps une
sorte de « robot » qui suit, écoute et exécute ce qu'on lui demande.
Il n’est pas nécessaire que les hommes pensent trop ; cela peut être
dangereux et peut faire naître des idées contraires à notre objectif. C’est
pour cette raison que nous avons fait en sorte de déployer notre contrôle sur
un nombre croissant de personnes, même en dehors du travail, pendant leur
temps libre. Nous avons permis à la technologie de capter des millions de
personnes à travers des moyens qu’on assimile maintenant à une
catastrophe : la télévision, le téléphone, l’ordinateur. Notre idée eut un
énorme succès, car en sus de la dépendance des populations, nous avons
également gagné le contrôle de l’information. Actuellement, à cause de
l’époque particulière dans laquelle nous vivons, l’information est la
première « arme » dans le monde. L’étape suivante est facile à deviner : par
le contrôle des mass-médias, nous contrôlons le contenu et la qualité de
l’information. C’est pour cette raison qu'un des objectifs de base ce fut celui
de contrôler les grandes maisons de presse, de radio et de télévision du
monde entier.
– Vous voulez dire que tout cela fut suffisant pour avoir le contrôle de
l’humanité ? demanda Cezar.
– Evidement que non. Les mass-médias n'étaient déployés que dans une
zone limitée du monde. C’est pourquoi d’autres « méthodes » étaient
nécessaires pour avoir le contrôle du reste. Nous avons soutenu dans
l’ombre, comme une « éminence grise », la prolifération de la distribution
de drogues, surtout celles de synthèse. On savait très bien que les drogues
assimilées au tabac, à l’alcool et au café allaient détruire le corps humain.
Nous avons délibérément soutenu une soi-disant « lutte » contre ces
produits, qui n’a fait qu’intensifier le besoin d’en consommer. Nous avons
créé d'immenses usines de fabrication de cigarettes, de boissons et de cafés ;
presque tous les présidents et patrons de ce gigantesque monde d’affaires
sont des membres vénérables des plus hautes loges de l’Organisation,
rajouta le senior Massini très satisfait.
– Tout cela ressemble à une attaque ciblée contre l’homme ! fit Cezar, en
semblant comprendre avec peine.
Sans paraître aucunement affecté, le senior répondit avec nonchalance :
– Mon cher, il est suffisamment difficile de contrôler et coordonner plus de
six milliards d’humains. Tu dois comprendre que plus une foule est facile à
manœuvrer, plus elle est désespérée et confuse. Si le nombre de personnes
est raisonnable, les choses sont alors vraiment simples compte tenu de la
technologie de manipulation mentale dont nous disposons actuellement.
Donc, quelle importance les quelques millions de personnes qui meurent
chaque jour, pour la plupart à cause de maladies provoquées par les drogues
?
Le senior s'arrêta quelques instants et parut réfléchir sur ce qu’il allait
divulguer à Cezar.
– Un de nos objectifs principaux est celui de stopper la prolifération des
hommes sur la planète. Plus, nous devons diminuer drastiquement la
population planétaire. Pour ce faire nous avons besoin de méthodes pour
tuer en peu de temps un maximum de personnes. Nous avons financé des
projets de recherche pour la création de virus extrêmement violents.
Certaines expériences ont failli, d’autres ont très bien marché.
– C’est-à-dire à travers le mal causé par des crimes « naturels »...
– Il faut voir le problème d'un point de vue pratique. Alors seulement nous
pourrons atteindre durablement les objectifs que nous avons fixés. Si
quelque chose ou quelqu’un s’y oppose, il ne peut résister longtemps à nos
pressions. Comme je te le disais, nos « armes » ne sont jamais en vue. Bien
au contraire, elles s’habillent le plus souvent d’un manteau humanitaire,
mais appuient sur les points faibles que nous avons créés nous-mêmes dans
le système. La base qui nous offre ces sources cachées de manipulation du
peuple est la Constitution de l’Etat. Sa création est le résultat d’une
véritable science psychologique de la manipulation, et c’est pour cette
raison que nous avons pris soin d’avoir un représentant lors de chaque
conception de la Constitution d’un état puissant. Les constitutions doivent
avoir une forme humanitaire, relativement complexe, qui cache en
profondeur des moyens efficaces de contrôle de la population.
C’est certainement la méthode la plus répandue que nous avons créée et
entretenue de façon indirecte au fil du temps, des conflits, des révolutions et
des guerres dans différentes zones du globe. Les confrontations armées ont
toujours été pour nous une réelle chance de revenus en dehors de
l’influence qu’elles nous apportent au niveau mondial. Nous exploitons
chaque difficulté économique ou sociale, spécialement dans les pays du
tiers monde. En raison de notre influence financière, on agit dans l’ombre
au niveau de la direction d’un Etat cible, et l’on fait pareil dans un Etat
opposé. Nous ne nous engageons jamais dans une seule direction, parce que
le résultat est incertain. En poussant les deux camps, c’est nous qui sommes
gagnants, indifférents au résultat final. La période actuelle se prête bien à la
création de conflits d’ordre ethniques et économiques. Ils sont simples à
mettre en place, durent longtemps et attirent les intérêts d’autres Etats plus
puissants, mais rivaux, de sorte que finalement la guerre d’un petit pays
devient une guerre entre les grandes puissances du monde et beaucoup
moins une cause nationale limitée. Presque toutes les grandes organisations
internationales, qu'elles soient politiques ou militaires, ont des origines
maçonniques. Nos vénérables sont à des postes clefs et suivent nos plans
avec exactitude. Je t’ai dit que nous sommes très patients. La maladie ronge
doucement, mais sûrement même le plus gros tronc. L'ONU et l’OTAN,
pour ne nommer que deux des plus influentes de nos « armes », se sont
avérées être des décisions salutaires dans le temps.
– Monsieur Massini, il y a tout de même quelque chose que je ne
comprends pas, dit Cezar, arborant une expression contrariée. Comment
peut-on croire que tout ce qui est important dans le monde soit une
conséquence directe des actions et des plans de l’Organisation maçonnique
mondiale ? C’est absurde et inconcevable !
Le senior Massini rit de bon cœur et alluma une autre cigarette. Il regarda
Cezar en silence à travers la fumée de sa cigarette. Pendant une seconde,
Cezar pensa avoir exagéré et qu’il avait été démasqué. Mais ses craintes
furent bientôt dissipées.
– Mon cher, c’est un point essentiel de notre doctrine. Telles que je te les
présente, les choses semblent en effet absurdes et se parer d’un manteau
grotesque, à tel point que les accusations qu’on peut nous faire en
deviennent hilarantes ! D'une certaine manière, c’est le noyau de notre
idéologie : agir dans la direction de l'objectif fixé, mais en même temps
faire en sorte que les actions soient à l'opposé de cet objectif. De cette façon
tu peux mieux comprendre pourquoi on ne souhaite aucune médiatisation,
ni aucune forme de reconnaissance publique, car tout ceci n'est qu'un leurre
dirigé par nous-mêmes via le contrôle des mass-médias. Le succès de notre
organisation réside principalement dans le fait que nous formons un groupe
et que nous n’agissons jamais dans l’intérêt individuel. Nos actions sont
toujours liées et poursuivent un but précis, et l’aide qu'on s’offre
mutuellement ainsi que la discrétion totale sont essentielles à la réussite
globale. En outre, les règles et le serment de notre ordre sont très stricts, et
les sanctions sont sur mesure... Tu dois te demander ce qui me pousse à te
parler ouvertement, sans crainte et sûr de moi. Je t’assure que en faisant
cela, j'ai évalué correctement la situation. Ou tu t’imagines qu’en entendant
toutes ces choses, tu pourrais les faire connaître au monde entier ?
A cet instant, le senior Massini s’esclaffa, mais immédiatement ses yeux
devinrent froids et perçants.
– Tu n’as aucun pouvoir ou influence à l’extérieur, monsieur Brad ! Dès le
moment où l’on a attiré notre attention, il est impossible d’y échapper. Les
possibilités dont tu disposes sont très précises : ou tu me suis sans
condition, ou tu deviens persona non grata. Analyse un peu la situation : tu
es seul, coupé du monde extérieur et sous le commandement de la plus
haute sécurité. Penses-tu vraiment qu’il soit difficile de t’éloigner si on le
souhaite réellement ? Mais pourquoi faire une telle chose quand tu peux
nous aider ? De surcroît, tu connaîtras des mystères insoupçonnés et tu
auras l’immunité et la protection absolue. Dans une certaine mesure, tu as
de la valeur, mais tu dois montrer cette valeur. C’est pour cette raison que je
ne vois aucun motif de te cacher les principes et modalités d’actions
maçonniques. Autrement, cela voudrait dire que je te considère comme un
adepte habituel, avec un esprit faible, ce qui n’est pas vrai. En outre, vu que
tu ne considères pas cette approche comme étant trop brutale, je souhaite
qu'on se manifeste un respect réciproque et poursuivre cette discussion de
manière civilisée. Je veux même te créer le cadre d’un choix apparent, et
t’offrir un délai de réflexion. Mais je te le redis, tu n’as rien de tout ça,
parce que le pouvoir, c’est nous. Il ne te reste pratiquement rien à part de
me suivre. Evalue bien la situation. Qu’est-ce que tu penses pouvoir faire ?
Qui pourrait t’écouter sans te prendre pour un fou ? La franc-maçonnerie a
depuis toujours été cachée. Cela aurait été contre nos objectifs véritables de
nous attribuer les grandes idées et courants sociaux-culturels, les idéologies
ou principes d’avant-garde du monde, même si dans leur grande majorité
nous en sommes les créateurs. A la place, nous avons choisi la discrétion, le
mystère, le retrait et les actions dans l’ombre. Il n'y a que peu de personnes
qui ont entendu parler de « maçon » ou de « franc-maçon », et même si cela
leur semble vaguement familier, ils n'ont pas la moindre idée de ce que
c’est. Cette occultation, que nous entretenons avec attention, nous a été
d’une grande aide au fil du temps. Dans ces conditions, imagine que
quelqu’un diffuse les informations que je viens de te donner : qui le croirait,
qui l’écouterait ?
– Il se peut que vous ayez raison, mais vous n’ignorez pas la force d’un
courant d’opinion généralisée, qui peut détruire tout ce que vous vous êtes
donné tant de mal à construire, fit remarquer Cezar avec lucidité.
– Nous savons qu’il y en a déjà beaucoup, surtout des intellectuels, qui
connaissent au moins une partie de notre vérité, et à qui nous ne pouvons
mentir. Mais comparé au reste du monde, abruti par le système social que
nous avons créé, ils sont une réelle minorité. De plus, ils sont désespérés et
se sentent menacés, et même si certains connaissent nos véritables
intentions, ils adoptent une attitude passive, se pensant démunis, sans force
et dans l’incapacité d’agir efficacement. Ils adoptent la victimisation : « Je
sais, mais quoi faire ? Que pouvons-nous faire ? » Ils sont pieds et mains
liés. « Nous sommes contrôlés et surveillés dans nos moindres faits et
gestes. Nous n'aurons aucune chance ! ». De cette façon, une partie
importante de la population qui pourrait nous causer de grandes difficultés a
déjà déposé les armes avant même le début de la bataille. Lorsque
quelqu’un cherche à nous attaquer et à présenter la réalité de nos
agissements, nous regorgeons de moyens pour le « calmer ». Nos répliques
sont bien pensées et ont une connaissance approfondie de la psychologie
humaine. Cela commence toujours par une fausse rumeur, négative, sur la
personne, parce que comme déjà mentionné, nous avons le contrôle de
l’information. Supposons que cette rumeur soit publiée dans des journaux
nationaux. Les lecteurs apprennent ainsi cette fausse rumeur. Même si le
lendemain elle est démentie en bloc, le fait est déjà consommé, parce que
premièrement celui qui a lu la fausse rumeur ne lira peut être pas le
démenti, il restera ainsi avec son idée négative sur cette personne. En
deuxième lieu, nous spéculons sur la tendance vicieuse de l’homme
contemporain à s’orienter vers les informations sensationnelles qui ont un
goût négatif très prononcé. Nous connaissons trop bien l’influence et
l’impact des suggestions négatives sur la nature émotionnelle de l’homme.
Nous savons qu’elles détruisent la structure énergétique harmonieuse de
l’homme, nous savons que cela apporte une forme subtile de stress au
niveau psychologique et nous savons qu’elle fait baisser la vibration des
perceptions positives et des intentions bénéfiques. Tout cela sert
parfaitement nos intérêts parce que cela fatigue les gens, cela les prive de
leur vigilance et ils deviennent superficiels.
Nous atteignons ainsi un objectif important : l’augmentation de l’entropie
sociale, j’ose même dire que nous sommes ceux qui ont amené cette science
à côtoyer la perfection. Pour arriver à cette entropie sociale, qui crée un état
de confusion quasi totale, nous diffusons continuellement des informations
contradictoires, souvent accompagnées de contenus sinistres et
profondément négatifs. Nous soutenons des livres qui traitent de sujets
puériles ou fantastiques, avec une note d’attractivité pour capter l’intérêt
des esprits faibles qui sont à la recherche de sensationnel. C'est nous qui
avons pris le soin de faire proliférer de tels ouvrages et qu’ils soient
acceptés par la société, qui maintenant les considèrent comme ayant de la
valeur.
Le système économique et social que nous avons imposé encourage la
compétition dans son caractère discordant, stimule la concurrence déloyale
et augmente la consommation de marques. Tout cela se justifie par un
intérêt humanitaire, celui de former l'homme et le motiver pour partir à la
découverte de la « jungle » de la vie, qui menace de le suffoquer, mais qui
en réalité provoque chez lui une folle agitation et le maintient
continuellement occupé et sous tension. Cela le ramène vers une diminution
conséquente des véritables valeurs morales et éthiques et donc vers la
perversion du caractère de l’être humain.
Nous exploitons ces possibilités à tous les niveaux de diffusion. Ceci nous
conduit à encourager et soutenir la prolifération de la sexualité dans ses
formes les plus aberrantes, ainsi que de la pornographie jusqu’aux limites
presque inimaginables, car nous avons constaté que la force et la virilité de
l’homme diminuent, mais également la sensibilité et l’intuition de la
femme, quand ils sont confrontés à de mauvaises pratiques. Dans ces
conditions l’homme devient malléable et succombe plus rapidement aux
tentations, il est donc plus facilement contrôlable. Pour réaliser nos plans,
on avait besoin de moins d’opposition possible. Par conséquent, dans un
premier temps, nous offrons des idées et des possibilités aux hommes, pour
ensuite pouvoir pleinement profiter de leurs faiblesses ou de certaines
dispositions contractuelles qu’ils ont acceptées les yeux fermés. Notre
société actuelle se prête parfaitement à ce modèle d’action. Nous offrons
aux gens de plus en plus de tentations, et ils tombent facilement dans le
piège des stimulants et des plaisirs. Nous savons que cela broie la volonté,
or sans volonté, l’homme est comme un animal ignorant qui va à l’abattage.
Une attention particulière est accordée aux jeunes, parce que si tu ne veux
pas qu’un arbre ait des fruits, tu dois le sécher dès sa jeunesse. Tout ce qui
peut amplifier les vices des enfants et des adolescents est présenté à l'aide
de moyens très attractifs : on s’oriente vers la diffusion des films où la
violence est banalisée, des films d’horreur qui mettent l’accent sur le
sadisme et le caractère profondément négatif des scènes. Nous utilisons la
publicité pour les promouvoir, la publicité est l'âme du commerce. Nous
avons donc stimulé au maximum la tendance de la population vers la
consommation. C'en est devenu une « maladie contemporaine », car même
si l’homme n'a besoin de rien, il doit continuer d’acheter, consommer des
choses sans aucune importance et même faire des provisions à l’excès.
D’autre part, il y a une forte connexion entre la tentation exercée par
l’argent et les modalités pour l’obtenir, et le système économique et légal
que nous avons imposé ; car il n’est pas facile de devenir riche, c’est
pratiquement impossible par des moyens honnêtes. Par conséquent, la
classe riche dans sa grande majorité est pervertie et vicieuse. La
malhonnêteté et la perversion des plus riches les a poussés à avoir leurs
propres secrets, et quand un homme a des secrets, il a également des
obligations envers les autres, en particulier au moyen du chantage. Nous
savons très bien comment exploiter ce genre de situation, car nous en
sommes nous-mêmes les artisans.
– Je pense toutefois que tous les gens n’agissent pas de cette façon. Si c'est
la vérité, que faites-vous dans ce cas, monsieur Massini ? interrogea Cezar.
Le senior hocha les épaules avec nonchalance.
– Il y a trop peu de survivants, ils ne méritent pas notre attention. Prenons
par exemple ton pays. Ici on s’est installé très facilement, car nous avons su
anticiper le passage d’un régime totalitaire, dont nous avions posé les bases,
à une apparente liberté d’action. Nous avons correctement estimé la
cupidité et le manque de scrupules qui apparaissent chez l’homme soumis
longtemps à différentes peurs et privations. Une telle personne est comme
un voyageur assoiffé dans le Sahara, qui, arrivé à un oasis, se jette dans
l’eau sans se soucier de son corps nu et du regard des autres. Après la
Révolution, nous n’avons fait qu'attendre et encourager le désastre
économique, et surtout la corruption et la tentation du roumain pour
l’argent. Après une longue période de privations et toutes sortes de manques
qui ont provoqué de grandes souffrances, il était prévu qu’il ne pouvait que
céder très vite aux tentations. Et en effet, presque tous sont tombés dans le
filet. C’est à ce moment que nous avons commencé à agir sur la scène
politique. Ne t'inquiète pas, c’est une méthode que nous appliquons dans
presque tous les pays. Nous devons nous assurer que les principaux postes
des Parlements et des Gouvernements sont occupés par des personnes
âgées, ayant des caractères faibles et facilement manipulables. A ceux qui
sont matures et dynamiques, nous leur avons insufflé un caractère
orgueilleux et un faux sentiment de pouvoir afin d’accentuer leur égoïsme,
leur méchanceté et leur hypocrisie. Il était nécessaire de remplir les postes
clefs avec des personnes facilement influençables, et qui feraient n’importe
quoi pour garder leur pouvoir. Nos efforts dans ce sens furent minimes, car
la cupidité doublée d’une grande lâcheté et duplicité ont fait de la quasi-
totalité de vos politiciens un amas digne de mépris. Cette situation nous
convient, mais je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’étendre davantage sur ce
sujet.
Cezar se hâta de profiter de cette courte pause.
– Et pourquoi tout cela senior Massini ? Que veut réellement la franc-
maçonnerie ? D'après ce que j’ai compris, je ne vois pas ce qui lui manque,
et malgré tout, j’ai l'impression que vous avez un but final ?
– Mon cher, c’est très simple. Il s’agit pour nous d’obtenir le pouvoir de
domination sur le monde entier. Après tout, cette soif de pouvoir est la
principale motivation des politiciens, gouvernants et hommes d’affaires qui
rentrent dans nos rangs. Mais au-dessus de tous se trouve notre élite, les
Illuminés, qui ont comme plan la conquête du pouvoir mondial et le parfait
contrôle de tout individu sur cette planète. Les modalités
d’accomplissement de ce plan sont très diverses, j’ai besoin de beaucoup
plus de temps pour te les exposer. Je t'en offre quelques-unes, le reste tu le
comprendras seul après avoir intégré notre organisation.
L'influence et le contrôle sur l’humanité ne sont pas réellement actifs tant
que nous ne supervisons pas tout. Les forces et les pouvoirs détenus par
l’ensemble des membres de nos organisations nous amènent
progressivement vers le totalitarisme, la liberté et l’autonomie d’un individu
sont étouffées et surveillées dès la naissance. Pour être sûrs du résultat et
pour expérimenter sa viabilité nous avons inventé le communisme. Mais
nous avons constaté que le manque, les peurs ainsi que le culte de la
personnalité, présents dans tous les pays communistes, créaient certaines
tensions et favorisaient une vision lucide de cette situation chez certaines
personnes, ce qui pouvait constituer de mauvaises surprises. Le
communisme s’est révélé correspondre à ce que nous recherchions pendant
un certain laps de temps. Il est ensuite devenu insuffisant, voire dangereux
pour nos intérêts.
Quand nous avons compris cela, nous avons décidé de clôturer
l’expérimentation et nous avons donné le « feu vert » aux changements de
nature politique. Il fallait créer l’illusion « d’autre chose », mais nous
savions, depuis longtemps, que rien ne se fait du jour au lendemain. Nous
avons attendu donc des « convulsions » sociales et mentales des esprits.
Nous avons fait la propagande des idées de base d’un nouveau statut social,
à l’aide de différents moyens mass-médias, des politiciens, et de la création
de nouvelles brèches dans le système financier, dans le but de créer des
tensions entre le peuple et le gouvernement.
La prospérité ne doit pas être ressentie au niveau général, mais elle est la
bienvenue à un certain niveau social, celui des hommes corrompus à qui les
apparences font croire que ce sont eux qui agissent et qui décident, et notre
rôle est de les soutenir dans ce sens.
Ce que je te dis fait partie des aspects méconnus de la franc-maçonnerie. Ne
pense pas que chaque membre connaisse nos secrets et nos projets. L'accès
à nos idées se fait par étapes, et chaque information est structurée par seuil
d’importance. En règle générale, l’on agit toujours sur trois niveaux
successifs. Même si ces niveaux semblent indépendants, ils ont des liaisons
essentielles pour la compréhension de nos projets à l’échelle mondiale. Ces
liaisons ne sont connues que de notre élite, les grands Illuminés.
Le premier niveau est composé de ceux qui viennent d’intégrer nos loges
maçonniques, ou de ceux qui ne représentent aucun intérêt particulier et à
qui l’on ne confiera aucune mission difficile. Ce sont les « ouvriers », ceux
qui font beaucoup de petites choses très utiles, et qui dans l’ensemble
préparent le terrain pour les grandes actions, comme les différents conflits
armés, les révolutions, l’endettement au niveau national. Or ces actions
d’envergure rentrent en scène après la préparation du terrain, après le travail
préparatoire de nos « ouvriers ». De cette catégorie font partie ceux qui se
sont rapidement enrichis mais qui ont un esprit faible, ceux qui cherchent
les titres et la reconnaissance sociale. De façon générale, les snobs, et ceux
qui ont des complexes d’infériorité qu’ils veulent combler en s’imaginant
faire partie de la haute société. Ils doivent être orgueilleux, hypocrites et
égoïstes, avec un certain pouvoir financier, mais pas assez riches, pour ainsi
avoir la nostalgie d’une vie « royale » qu’ils désirent en cachette. De plus, il
est essentiel qu’ils aient des fonctions importantes dans l’appareil d'Etat, car
nous avons besoin de faire du trafic d’influence, tant à un haut niveau de
décision, qu’au plus petit niveau administratif local, car c'est là que
l’intrigue commence. C’est pour ces raisons qu'on s’oriente généralement
vers les professeurs universitaires, les avocats, les médecins, les maires, les
inspecteurs et certains hommes d’affaires locaux.
Pour toutes ces personnes, nous avons créé des motivations pour les attirer
et ainsi les utiliser dans nos projets. Il existe des clubs select comme Rotary
ou Lion’s qui font naître le sentiment de faire partie d’une grande
aristocratie, mais ces clubs ne sont qu’une illusion, un rempart contre les
attaques extérieures, car leurs membres vont lutter pour garder leurs
privilèges. Nous les attirons et nous les stimulons pour ainsi donner l’image
d’une société élitiste, la crème de la société, qui possède de l’influence dans
les différents organismes d’Etat. Cette image attrayante est maintenue par le
luxe, par la possibilité d’avoir des relations importantes et par l'aide
financière, mais je te rappelle que tout cela crée des obligations.
Notre intérêt est de créer de grandes disparités entre les différentes couches
sociales, c’est à dire des hommes très riches et d’autres très pauvres, sans
classe moyenne. On entretient ainsi un état social que l’homme passe son
temps à tenter de dépasser, il lutte en continu pour amasser de plus en plus
de richesses. Cet état d'esprit tendu et agité alimente le sentiment de peur, et
tant que la peur existe, la paix, la relaxation et la spiritualité n’ont pas leur
place. On essaie d’obstruer tout ce qui peut amener le bien, l’harmonie et la
foi religieuse véritable, car ils peuvent empêcher notre contrôle efficace.
– Qu’est que cela signifie ? Que vous n’avez pas de religion et que vous
cherchez à l'affaiblir ? demanda Cezar contrarié.
– Religion ? Analyse bien ce qui se passe dans le monde. Prends en compte
la haine raciale, les dérives sectaires au nom d’un Dieu unique, les conflits
sans fin qui dans leur grande majorité ont à la base des dimensions
religieuses, sans oublier la corruption, la lâcheté et l’orgueil de l'Eglise
orthodoxe. Il est vrai que tout cela c’est nous qui l’avons orchestré, surtout
par l’implémentation d’intrigues et d’idées perverses à des moments clefs
dans le temps.
En échange, nous offrons au monde le royaume de l’Architecte Universel,
celui qui peut réellement prendre soin d’eux. Vous, vous l’appelez le Prince
des Ténèbres. Quelle importance ? Tout d’abord, tu dois suivre ton intérêt
personnel dans toutes tes actions, ce qui demande de grands efforts. Par
exemple, cela peut signifier de nier ta religion et même de donner ton âme,
mais tu connaîtras ainsi la puissance, la richesse et l’extraordinaire
influence dans la haute société.
– Intéressant. J’avais une philosophie différente, mais ce que vous me
racontez est très attractif, commenta Cezar avec une fine ironie, en suivant
ainsi le premier plan qu’il avait conçu.
– Il ne faut pas imaginer que ces problèmes sont connus de tous, continua le
senior Massini avec élan. Loin de tout ça, je te parlais des trois niveaux
d’importance dans l’organisation maçonnique. Maintenant tu vois
clairement qu’au premier niveau des « ouvriers » il n'y a aucun accès à ce
type d’information.
Les membres du deuxième niveau ont la possibilité de connaître une partie
de nos intentions au niveau mondial, de manière à s’impliquer plus
activement dans les arrangements politiques inter-gouvernementaux et sont
soutenus par nos loges les plus influentes. C'est en particulier pour eux que
nous avons une hiérarchie en grades, en allant jusqu’au grade trente-trois.
C’est très intéressant de voir à quel point les gens sont attachés à des titres,
des fonctions et cherchent la reconnaissance. Un maçon de grade trente-
trois représente un pion de base dans notre structure générale. Avec le
temps, nous avons souhaité donner l’impression que c’est dans une certaine
mesure l’apogée de la hiérarchie pyramidale de notre organisation. Mais je
dois t’avouer que ce second niveau n’est que l’aperçu de notre élite
maçonnique. Nous tentons de maintenir le secret, mais certains parlent. Tu
dois comprendre que ceux qui forment la pointe de la pyramide ne peuvent
pas être attaqués en justice, d’aucun organisme, peu importe sa nature, pour
le simple motif que nous les avons tous créés.
– Cela démontre un pouvoir de décision au plus haut niveau, dit Cezar
pensif. Comment est-ce possible que le troisième niveau dans la
maçonnerie, celui que vous décrivez comme l’élite mondiale, a une
influence décisive sans être connu ?
– Nous n’avons pas besoin d’être connus de la façon dont tu le penses.
Nous sommes présents grâce aux titres de noblesse hérités, ou comme
grands banquiers, et l’on prend soin d’attacher une grande importance aux
soi-disant actes de charité et de bienfaisance grâce aux fondations que nous
avons créées. En fait, cela nous permet de faire circuler d’importantes
sommes d’argent en toute légalité. Nous sommes ceux qui avons le
monopole financier mondial, en contrôlant toutes les marchés boursiers. Le
projet de domination mondial est très bien organisé.
– Mais comment êtes-vous parvenus à maîtriser les finances du monde ?
demanda Cezar. Personne ne peut avoir accès à l’intégralité de l’argent qui
circule !
– En grande partie, nous contrôlons cet argent, mais la véritable influence
vient des importants crédits avec lesquels on oblige les différents
gouvernements du monde à agir dans les domaines économique et social
selon notre volonté. C'est en fait le principal but pour lequel nous avons
financé les deux plus grands organismes financiers au monde : la Banque
Mondiale et le Fond Monétaire International (FMI). Mais notre plus beau
coup fut l’endettement des Etats-Unis, qui dépendent en quasi-totalité de la
politique financière que nous établissons. Comme je te disais, l’essence de
cette politique ce sont les crédits et les obligations des états endettés. On
peut ainsi créer de véritables déséquilibres et même des incapacités de
paiement là où on trouve notre intérêt. Les pays en « faillite » sont notre
spécialité, car indirectement ils nous laissent le contrôle de leur peuple.
Nous nous préparons bien sur ces stratégies grâce à la désinformation. C’est
un système qui s’est avéré très efficace avec le temps et que nous maîtrisons
à la perfection. Si quelqu'un s’y oppose, son élimination de la scène
politique ou sociale ne pose aucun problème, grâce aux relations que nous
avons, à la corruption et au système financier. Mais dans des cas particuliers
comme les Etats-Unis, nous ne pouvons pas admettre d’erreurs ou d’actions
extérieures. C’est pour cette raison que chaque président américain est le
résultat de notre choix et qu’il est obligatoirement issu de nos loges,
souvent au niveau deux. Afin de mieux cacher nos manœuvres politiques et
financières, nous utilisons la plus spectaculaire idée depuis plus de deux
cents ans. C’est probablement l’une des meilleures acquisitions que nous
ayons faite. Tu seras surpris par son nom illustre : la démocratie. Cette
notion en soi ne vaut rien ; mais malgré tout, c’est la meilleure pièce de
notre plan, ayant un énorme succès auprès des masses populaires. Le motif
principal est que cela réveille chez eux un sentiment d’orgueil et de
puissance, mais en réalité cela ne produit que de la colère, des luttes et de la
tentation, en offrant ainsi la possibilité de manipulation. En apparence, les
jeux politiques secrets et les grands intérêts financiers sont le choix des
votants. Tu dois faire de petits compromis pour pouvoir profiter
ultérieurement de ces avantages. Quels sont les avantages d’une soi-disant
démocratie ? Principalement, cela mène à la discorde entre les différentes
couches sociales et à l’affrontement des populations. L'idée qu’on offre, et
qui cache en réalité toutes nos intentions, est celle de l’illusion d’avoir le
choix. Mais quand on parle de dizaines de millions de personnes
différentes, stressées et perverties, leur choix soi-disant « libre » est
aisément influençable.
L'orage doit s’abattre sur des zones bien précises, pour mieux en protéger
d’autres. Nous avons trouvé le moyen le plus simple et sûr d’obtenir le
chaos et la discorde, car malgré les apparences hautement humanitaires et
les valeurs morales avec lesquelles nous avons poli la démocratie, cela ne
fait qu’occulter l’essence de notre action : l’inimitié des hommes, la lutte
aveugle pour un pouvoir facile et éphémère, le manque d’unité. Pour nous,
l’unité dans les idées et les concepts bénéfiques est dangereuse, parce
qu’alors les masses peuvent devenir puissantes dans l’action. C’est pour ce
motif qu'on provoque systématiquement la fragmentation des territoires au
sein de plusieurs ethnies, chacune ayant leur intérêt, culture, croyances et
religion. Notre but final est la fin des traditions culturelles et religieuses des
divers pays jusqu’à ce qu'ils perdent tout pouvoir d’individualisation. Ils
deviennent alors facilement contrôlables et assimilent plus facilement une
forme unique de gouvernement qui sera dirigé par notre élite maçonnique
au niveau mondial. Un des plus grands obstacles à dépasser concerne les
différentes traditions des peuples et le désir de les suivre. Nous souhaitons
avoir un « troupeau d’animaux » qui agit de façon automatique, à qui on
donne à manger à des moments bien précis et qui nous suit de façon
inconditionnelle. Pour cela, comme je te le disais, il faut mettre fin aux
traditions ancestrales, il faut arriver à ignorer les valeurs mêmes des
hommes, il faut pervertir l’âme et empoisonner les jeunes générations avec
de fausses idées, des mensonges et diverses tentations et vices, et l’on y
arrive plutôt bien jusqu’à présent. Le cas de l’Amérique fut facile, car elle
n’a pratiquement aucune tradition, ce fut l’endroit où notre plan s’est le
mieux déroulé : la dépendance totale au système économico-social, le
contrôle total du pouvoir financier, tout ça habillé d’un mirage
technologique extraordinaire, assorti de l’orgueil de première puissance
mondiale. La population a besoin d’une certitude, même si elle provient
d’un faux pouvoir, une sorte d’inconscience à laquelle elle s'attache pour se
créer une vie de fausse assurance intérieure. Nous entretenons cette idée de
puissance dans l'esprit des américains, parce qu’elle les maintient dans le
système, l'image de la suprématie nous est d’une grande aide. Peu vigilants,
ils servent de « phare » dans notre plan de conquête absolue de l’humanité.
Ici, Cezar voulait connaître plus de détails.
– Si elle se révèle être un bluff, pourquoi un accent aussi fort est-il mis sur
la démocratie ?
– Mon cher, la démocratie n’a que l’apparence d’un bénéfice, en fait elle
permet l’expression des pires abus et conflits, répondit le senior
Massini. N'y-a-t-il pas des gens qui sont morts ou qui meurent au nom de la
démocratie ? Toutes les lois et les principes de la cavillation[16] actuelle ne
sont-ils pas structurés selon les lois démocratiques ? L'apparition de ce pôle
démocratique a également provoqué l’émergence d'une idée contradictoire
et la possibilité d’une lutte contre la démocratie dont nous avons le contrôle.
Le conflit représente une base solide à partir de laquelle il est possible de
maîtriser le monde entier. Je te rappelle une règle fondamentale de notre
méthode maçonnique : servir en secret les deux camps. Sois près de chacun
des combattants – par des manœuvres politiques et économiques habiles –
et tu t’assureras ainsi du succès. Le mot et les faux concepts de «
démocratie » sont ainsi devenus un bouclier pour les gouvernements qui
agissent sans contrôle dans le sens qui les arrange, en servant ainsi leur
propre intérêt. Presque tous les Etats sont engloutis par les dettes pour
soutenir les dépenses militaires, même s’ils ne sont pas en guerre. Nous
accordons ces prêts, mais demandons aux gouvernements de nous garantir
ces prêts avec beaucoup de contreparties : des mines, des forêts, des
chemins de fer et certains secteurs industriels de grande importance. C'est le
principal moyen par lequel nous nous accaparons progressivement des
richesses des Etats et contrôlons les peuples des pays.
– Il me semble, cependant, que l’idée de la démocratie est bonne, mais la
façon dont elle est appliquée se révèle pervertie, remarqua Cezar voulant
ainsi voir la réaction du senior Massini.
– Il est vrai, en elle-même la démocratie n'a de la valeur que lorsque la
civilisation a déjà atteint un niveau élevé de compréhension et d’application
des mystères de l’univers et de la vie. Même à ce moment, elle ne doit être
utilisée que dans un cadre restreint de personnes qui prennent des décisions
majeures dans une communauté ou au niveau de la nation. La démocratie,
dans son vrai sens, ne peut fonctionner efficacement avec une grande foule
hétérogène. Nous savons qu’elle ne représente un concept viable que dans
le cas d’une société orientée de façon bénéfique, dans laquelle les gens
pensent et agissent à l’unisson avec une conscience élevée, ce qui n'est pas
le cas dans la civilisation moderne.
– Mais l'Eglise n'a rien à dire à cet égard ? Je sais que les masses populaires
croient beaucoup dans l’Eglise et suivent ses conseils, déclara Cezar.
Le senior Massini laissa échapper un geste nerveux.
– L'Eglise chrétienne est l’un de nos ennemis les plus dangereux. Son
influence est encore assez élevée, mais nous agissons toujours avec
persévérance pour la diminuer. Pour cela, nous concentrons principalement
notre attention sur la jeune génération que nous éduquons à notre image.
Nous nous sommes concentrés principalement à inoculer dans les esprits
des idées de liberté et de démocratie, en sachant que l’homme de la
civilisation moderne ne peut pas les comprendre et les gérer correctement.
Tout le monde parle du soutien de la liberté et de la démocratie, mais
personne ne se demande comment il est possible que, malgré les bonnes
intentions de l’humanitarisme et du désir de paix, il existe encore plus de
guerres, conflits, tensions et malentendus dans chaque région du globe. De
cette façon, nous avons élevé l’hypocrisie au plus haut rang chez la classe
dirigeante, et nous utilisons pleinement les avantages de cette situation.
Nous avons compté sur le manque de bon sens, la fierté et l’engouement
d’une écrasante majorité des hommes qui s’imaginent ainsi qu’ils
comprennent parfaitement les aspects et les mécanismes de la démocratie et
de la liberté d’expression. En leur donnant la possibilité d’agir ainsi, les
hommes ordinaires ont le sentiment d’auto-importance. Les politiciens
offrent aux gens la sensation que leur opinion a de l'importance, alors qu’ils
veulent seulement avoir le plus d’influence possible sur l’opinion des
votants, non pas dans la direction de la vérité et de l’utilité publique mais
dans celle des intérêts cachés par des promesses politiques trompeuses, de
cette façon nous sommes couverts par ceux que nous essayons de
subjuguer.
Si du conglomérat général l’on voit apparaître une position contraire à nos
intentions, alors nous la neutralisons rapidement, habituellement par la
technique du discrédit dans les médias. Ensuite, l'on poursuit en utilisant la
satire et le ridicule, en éveillant des soupçons dans le comportement des
gens, ainsi progressivement la cible perd tout crédit. Parce que notre attaque
est concertée et tenace, la méthode s’accompagne parfois de chantage, et la
cible est abandonnée par tous et même blâmée si elle ose se défendre. Elle
sera menacée, prise au piège dans la vie professionnelle, marginalisée en
société jusqu'au moment où elle renoncera à son acte de courage initial, en
voulant retrouver les avantages perdus, et dans certains cas elle peut même
devenir notre alliée.
C’est le drame principal de la société que nous avons créée : la plupart des
gens sont faibles et lâches. Très peu résistent à nos attaques et à nos
méthodes. Cependant, ils peuvent entraver nos actions, ce qui n’est pas très
agréable pour nous, ils peuvent jouir de la sympathie et l’aide d’autres
personnes. Cela signifie l’unité et la force d’opinion collective, c’est
exactement ce que nous voulons éviter. Plus grave est le fait que certaines
personnes, ou groupes de personnes, connaissent très bien certaines
méthodes et techniques ésotériques qu’ils appliquent afin de contrecarrer
nos actions. Il est non moins vrai que nos élites, les grands illuminés,
appliquent des procédures secrètes d’influence avec des effets précis sur le
plan physique. Il est donc important d’avoir dans nos rangs une personne
qui possède déjà des pouvoirs remarquables, comme toi. Nous sommes
disposés à t’offrir beaucoup ; alors seulement tu connaîtras réellement la
vie.
– Mais les attaques contre l’organisation maçonnique ne mettent-elles pas
en évidence ses plans et ses intentions dans le monde ? demanda Cezar en
évitant une réponse directe.
– Certaines personnes qui s’opposent avec force à nos plans connaissent
bien la vérité. Parce que les méthodes habituelles d’annihilation agissent
lentement dans ces cas-là, nous avons trouvé la parade : certains membres
qu’on choisit, surtout du second niveau, présentent au monde des aspects de
notre organisation en utilisant la presse. Ils donnent des interviews et
écrivent des livres ou des articles qui présentent certaines facettes réelles
mais inoffensives de notre structure et notre activité. On diffuse une partie
de la vérité, une part de vérité et quatre de mensonges. Ainsi dans
l’amalgame des informations présentées, en existe-t-il une partie réelle que
nous ne pouvons pas contester, exposée par nos propres membres.
Comment peut-on alors deviner nos mensonges, à partir du moment où
nous nous présentons nous-mêmes ? Bien sûr, ces vérités sont habillées de
mensonge de manière à ce que personne ne puisse comprendre et, en
conséquence, le sujet est abandonné. Au final, nous sommes les gagnants
parce que nos adversaires ne peuvent présenter d’autres vérités en dehors de
celles déjà exposées dans une forme plus pervertie, et s’ils s’approchent
d’autres aspects de notre activité, nous sommes vus comme des victimes
opprimées et innocentes, en ayant le soutien des personnes matures et
influentes. A présent, nous adoptons fréquemment cette méthode car nous
avons besoin de sortir de l’anonymat imposé depuis des siècles. A cause de
la lutte de plus en plus intense qui a lieu, l’occultation nous pose plus de
problèmes que d’avantages. C’est pour cela que depuis quinze ou vingt ans
nous nous montrons discrètement, en mettant en lumière une parcelle de
vérité sous une couche de mensonges. Nous savons très bien qu’en répétant
un mensonge, il finira par devenir une vérité en mettant ainsi en sommeil la
vigilance des gens. Cependant, le combat s’intensifie et les réactions
populaires peuvent être inattendues. On doit créer l'impression d’aider les
gens, d’être près de leurs douleurs et de leurs souffrances. Nos actions,
grâce aux politiques, est de simuler un grand intérêt aux problèmes sociaux
actuels, aux malheurs de la population provoqués par la récession mondiale
dirigée par notre organisation. Et grâce à nos « ouvriers », de diffuser l’idée
que nous sommes très concernés par ces aspects et que nous luttons pour
leur bien-être.
En réalité, tout ce « spectacle » est donné pour gagner la confiance des
masses, afin qu’au moment opportun nous puissions maîtriser la politique
économique de la planète par l’instauration d’un gouvernement mondial
sous notre contrôle total. Nous devons donc gagner cette confiance pour
créer l’illusion d’un enchaînement naturel des choses suite à la crise
mondiale terrible qui va suivre, et sortir ainsi en grand gagnant et en
sauveur de l’humanité. Nous avons les ressources financières pour arriver à
ce résultat, la tâche n’est pas très compliquée, la vigilance de la population
est très affaiblie par les méthodes appliquées depuis longtemps : la routine,
les programmes de télévision, la nourriture empoisonnée, les drogues, et les
maladies de toutes sortes.
En disant cela, le senior Massini regarda soudainement sa montre élégante
incrustée de diamant. Le soir était tombé et l’air froid me provoquait des
frissons.
– Je pense qu’il est temps de s'arrêter. Nous comptons sur ton extraordinaire
capacité d’adaptation et, personnellement, je pense que je suis parvenu à te
faire comprendre assez bien les aspects fondamentaux du travail de notre
organisation ? Ce soir, je vais à Amsterdam où je dois résoudre certains
problèmes. Entre autres, je vais témoigner de notre rencontre et de
l’impression que tu m’as faite.
Le senior Massini, dévisagea un instant Cezar d’un air bienveillant.
– J’apprécie l’issue de notre rencontre comme étant positive, et j’attends
une aide conséquente de ta part. Il est nécessaire que tu connaisses en
grande partie la vérité à propos de l’organisation maçonnique afin d’éviter
toute inhibition nous concernant dans ton esprit. Dans quelques temps, je
reviendrai te rendre visite et ce sera un moment important. Je pourrais
même dire que ce sera un test difficile pour toi. Jusque-là, nous allons
préparer tout le nécessaire pour t’intégrer à notre organisation.
Le senior Massini était déjà débout, en s'appuyant sur sa canne
magnifiquement sculptée. Cezar le raccompagna à l’hélicoptère. Sa
stratégie semblait payante, car il était arrivé à le convaincre sans faire de
grands efforts. Il est vrai que le senior Massini avait été si sûr de lui et si
enthousiaste dans ses explications que l’accord de Cezar semblait couler de
source. Sa force subtile était formidable, et Cezar ne devait sa résistance à
l'influence du maçon qu’à son grand équilibre et à sa maîtrise mentale.
Cezar témoigna qu’à certains moments le rayonnement psychique du maçon
était si puissant qu’il aurait pu provoquer sans doute un effet hypnotique sur
une personne normale ne contrôlant pas les niveaux mentaux supérieurs.
Le lecteur pourrait avoir tendance à considérer superficiellement
l’importance de la rencontre entre les deux personnages. Maintenant que je
connais tous les tenants et les aboutissants de la situation, je peux avouer
que ce fut une vraie surprise pour Cezar lui-même d'apprendre la véritable
raison de la discussion. Cependant, les événements ultérieurs allaient
donner gain de cause à Cezar, en raison de son extraordinaire habilité à
gérer une situation dramatique impliquant des décisions capitales au niveau
de la gestion de l'Etat.
Deuxième confrontation :
l’information essentielle

Quelques mois après ma dernière rencontre avec Cezar et ses étonnantes


révélations à propos du senior Massini, Cezar me contacta de nouveau.
Nous étions au début du mois de juin 2003 et nous allions approfondir la
question de la maçonnerie mondiale. Les explications de Cezar
m’éclairèrent suite à sa rencontre avec le senior Massini, sur certains
aspects qui n'étaient pas très clairs pour moi. Ces précisions étaient
nécessaires pour que je puisse avoir une vision plus juste de la situation
actuelle de l’humanité à l’égard de quelques mécanismes et lois subtiles qui
échappent à la compréhension profane et sur certains rapports directs entre
les méthodes de manipulation franc-maçonne et l’illusion dans laquelle
vivent la plupart des êtres humains. L’autre aspect fondamental de la
rencontre Cezar-Massini était une information ultrasecrète que le senior
Massini avait révélée. Ce fut la raison du départ pour les monts Bucegi où
l’incroyable découverte allait avoir lieu. Les événements s’enchainèrent très
vite, je jouais le rôle du spectateur qui visionne, extasié, le déroulement
extraordinaire de l’apparition de secrets ancestraux.
Après plusieurs mois donc, le senior Massini tint sa promesse et de nouveau
rencontra Cezar, cette fois dans une luxueuse villa de Bucarest qui était un
haut centre du protocole au niveau diplomatique. L’invitation et les
préparations rigoureuses furent traitées par l’intermédiaire de certains
canaux diplomatiques, comme lors de la première rencontre. A la différence
que ce n'était pas le général Obadea qui avait prévenu Cezar de l’invitation,
mais le secrétaire d’Etat d’un ministre.
L’entrevue fut beaucoup plus courte, et le sujet portait sur une proposition
relativement étrange de Massini : il fit part à Cezar d’une information
extrêmement confidentielle en échange de la promesse d'assurer pour
certains représentants de la maçonnerie, l'accès à la découverte qui allait
être faite sur la base de cette information secrète. Peu à peu, le voile
oblitérant les intentions cachées du senior Massini tombait. Cezar comprit
alors le mobile de la première rencontre qui préparait le terrain pour obtenir
un accord lors de cette deuxième rencontre. Dans ces conditions, il était fort
probable que la proposition du senior Massini n'avait été que de la poudre
aux yeux pour gagner sa confiance et le pousser ainsi à faciliter le contrôle
de la maçonnerie sur ce qui allait devenir un secret d’Etat. Les événements
futurs allaient confirmer les craintes de Cezar. Cette seconde rencontre eut
lieu au mois de mai 2003. Grâce à sa fonction au sein du DZ et parce que le
département était le seul organisme d’action ayant le droit d’intervenir dans
ce genre de situation spéciale, Cezar comprit rapidement la raison de
l’insistance du senior Massini. Comme déjà précisé, les grands
représentants de la maçonnerie mondiale disposaient d’un pouvoir énorme
au sein de la quasi intégralité des gouvernements de la planète, mais leur
possibilité d’action n’était pas totale. Ils pouvaient, par exemple, « fabriquer
» et déclencher des guerres entre les pays, et des tensions au sein de la
population, mais ne pouvaient pas aller contre les modalités d’action des
organismes de sécurité et de défense des pays. En d'autres termes, s’ils
pouvaient facilement organiser un cadre général de conflit, ils ne pouvaient
pas déclencher une action armée à l'intérieur d’un pays sans raisons
majeures. L'information capitale de Massini était d’une toute autre nature.
Elle concernait une certaine localisation dans les monts Bucegi, mais elle
était incomplète. Le senior lui apprit qu’à cet endroit existait quelque chose
qui ne pouvait pas être identifié, même par des moyens technologiques, et
c'était cela le problème. Cezar devina que le maçon possédait d’autres
informations qu’il ne souhaitait pas dévoiler. Même s’il n’en connaissait pas
la raison, il comprit que ces informations étaient probablement primordiales
pour les hauts dignitaires de la maçonnerie mondiale, à partir du moment où
ils avaient usé de toute leur influence pour s’assurer d’avoir accès à cet
endroit. Il était évident qu’ils ne pouvaient faire intervenir une armée
étrangère en Roumanie, peu importait la raison invoquée. Même si, par
exemple, le conflit territorial en Transylvanie avait pris une tournure
dramatique, cela aurait nécessité beaucoup d’efforts, d’agitation, la guerre
et son cortège de destructions, et surtout un scandale diplomatique
européen. De toute évidence, ce n'était pas leur but. La conclusion était
donc qu’ils excluaient une intervention en force, et surtout qu’ils désiraient
empêcher la connaissance de cette découverte. Cela expliquait le secret
exigé lors des deux rencontres, ainsi que la décision des hauts représentants
du groupe Bilderberg de contacter Cezar. La raison en était simple : il leur
avait fallu trouver la bonne personne, celle qui avait le pouvoir de décision
dans ce cas précis. Après, il suffisait de l’amadouer avec des promesses et
gagner ainsi sa confiance. Enfin, cette personne devrait être convaincue
d’accepter la collaboration avec la maçonnerie afin de leur permettre
d’exercer le contrôle à tous les niveaux. Cezar était la clé, et l’action devait
s’exécuter rapidement pour ne pas lui laisser le temps de se préparer et ainsi
éviter toute réaction imprévisible de sa part. Il est probable que la mission
était considérée d'importance capitale pour la maçonnerie mondiale. C’est
pour cette raison qu'un haut représentant du groupe Bilderberg était
délégué, expert en psychologie et doté de certains pouvoirs psychiques
d’influence à distance.
Grâce aux informations dont il disposait à ce moment, Cezar savait que la
maçonnerie voulait obtenir rapidement le contrôle d’un endroit secret dans
les monts Bucegi, en excluant toute population et en souhaitant même que
le secret de cet endroit fut étendu aux plus hauts échelons du pays.
Une telle situation était très dangereuse. Comme toujours dans le cadre de
grands secrets d’Etat, les fuites d’information pouvaient tout compromettre
parce qu’il y avait des partis politiques rivaux qui n’étaient pas entièrement
sous le joug des francs-maçons. Par conséquent, l’opération serait
extrêmement délicate. On devait habilement jouer sur un mélange
d’influence, de discrétion, de contrôle et d’action. Même pour les hauts
dignitaires maçons, le cas s’avérait particulièrement compliqué à cause de
l’accès très limité qu’ils avaient sur la coordination des recherches dans ces
montagnes.
J’avais bien réfléchi à l’ensemble des implications qui découlaient de la
première rencontre entre Cezar et Massini. L’horreur que j'avais ressentie
alors expliquait d’une certaine manière mon incapacité à comprendre toutes
les nuances des informations apprises. N'ayant personne pour m'en fournir
d’autres, je me contentai de faire des recherches discrètes et de mettre en
ordre les informations qui soulevaient certains problèmes existentiels. Puis
j’attendis avec patience le signal d’une nouvelle rencontre avec Cezar pour
avoir des réponses. Contrairement au protocole, le directeur technique du
DZ me sollicita deux semaines après la seconde rencontre avec le senior
Massini. Il m’avoua que les choses étaient d’une grande importance et que,
s’il ne se focalisait pas sur les actions futures, les choses risquaient de lui
échapper. Ne sachant pas si notre rendez-vous allait être possible dans un
futur proche, il avait préféré l’avancer afin d'être certain de pouvoir me
fournir toutes les informations nécessaires à la publication du livre. Les
prochains mois allaient être d’une extrême tension à cause de la découverte
au Bucegi. Cette rencontre avec Cezar, juste avant le grand événement du
mois d’août 2003, me donne aujourd'hui le sentiment de « calme avant la
tempête ».
Explications initiatiques
Content de pouvoir trouver des réponses, j’ai demandé quelle était la raison
des maux que les maçons provoquaient dans le monde. Je savais qu'à notre
époque la tendance générale de l’humanité était d’aller vers la décadence
morale, étique et spirituelle, mais j’étais convaincu que le « bien » avait des
chances de triompher. De façon très sérieuse, Cezar m’expliqua que
l’élément fondamental du destin humain est le libre-arbitre :
– Tel qu’il est structuré, l’être humain englobe les bonnes et les mauvaises
choses. On peut dire que dans le cas de l’homme cohabitent sa nature
supérieure et sa nature inférieure. Ce qui est important, c’est lequel des
deux aspects est éveillé, et ensuite amplifié à l’intérieur de nous.
Maintenant, tu vas me demander qu’est-ce qui est bon et qu’est-ce qui est
mal ? Je ne veux pas divaguer avec des commentaires philosophiques, mais
je peux te dire de la plus simple des façons : le bien est l’absence du mal.
En respectant la même logique, le mal est l’absence du bien. Je pense que
ce n’est pas un secret pour toi que la tradition chrétienne attribue à ces deux
aspects le paradis et l’enfer. Mais au-delà de la notion du paradis et d’enfer,
on retrouve dans ces deux aspects toutes les nuances complexes de la vie
quotidienne de chaque personne. C'est pour cela que certains disent dans
leur malheur « ma vie est un véritable enfer », ou quand ils sont contents
qu’ils vivent une vie « paradisiaque ».
Il est clair qu’en fonction des choix qui sont faits, l’homme peut aller de
façon métaphorique vers le paradis ou vers l’enfer. Si son choix est de faire
le mal, il ira vers l’enfer et d’une certaine manière l’enfer se manifestera à
travers ses actions ; le rayonnement d’une telle personne sera dès lors
maléfique et elle sera éloignée du bien et donc du bonheur.
Ceux qui font le choix du mal luttent de toutes leurs forces contre le bien,
l’harmonie et l’amour et la beauté. Mais il faut comprendre que l’être
humain est totalement libre de choisir entre les deux extrêmes, entre le bien
et le mal. Personne n’est forcé d’accepter l’une ou l’autre des options, c’est
un choix. Même quand les impulsions subconscientes entraînent l’homme
sur un certain chemin et semblent invincibles, il lui reste encore la liberté de
choisir. Le libre-arbitre ne disparaît jamais complètement.
S’il n'existait pas, l'homme ne serait plus qu'une marionnette, totalement
soumis aux forces extérieures obscures. C’est pour cela que même dans les
situations les plus dramatiques l’être humain est libre de choisir. Il a donc la
possibilité de choisir le « bien », et ainsi de construire sa vie sur des bases
saines. Il est cependant vrai que le choix du bien implique des sacrifices.
As-tu déjà entendu quelqu’un qui se sacrifie pour faire le mal ? Le mal est
facile, glissant et se fonde sur la force de l’inertie, de la lenteur et de
l’ignorance, parce que cela n’implique aucun effort. C'est pour ça que l’on
dit qu'il est facile de faire le mal, mais très difficile de faire le bien. L'idée
principale qu’il faut comprendre est que lorsque l'homme « sacrifie »
l’inertie et agit de façon harmonieuse, il va vers un autre état et une autre
condition de vie. Il évolue parce qu’il se sacrifie, il renonce à ce qui est
inférieur pour accéder à ce qui est supérieur. Mais la plupart des gens n’ont
pas la force intérieure de renoncer à leurs mauvaises habitudes et aux
tendances négatives qu’ils manifestent et c’est pour cela qu’il existe, au
niveau global de l’humanité, une forte tendance régressive, une
amplification du mal et de la perversité.
– Cela signifie que l’élite maçonnique utilise justement cette inertie, et cette
noirceur mentale de la majorité des hommes pour contrôler la population
mondiale ! intervins-je.
– C’est tout à fait vrai. Les maçons manœuvrent avec une grande facilité
cette énergie et le manque de réaction des hommes. Dans de telles situations
la maçonnerie engendre un véritable état de « somnolence » collective, qui
sert parfaitement ses intérêts. Cet aspect est très important pour comprendre
correctement les moyens d’action des francs-maçons.
Souvent, ces actions – qui dans certains cercles maçonniques impliquent la
réalisation de certains rituels complexes de magie noire – sont effectuées à
distance, et ceux qui sont réceptifs à ces énergies deviennent rapidement des
victimes. Je ne parle pas du sommeil physique, mais d’un état second qui
transforme certaines personnes en marionnettes incapables d'agir de
manière consciente. C’est la condition idéale pour les contrôler et les faire
obéir sans aucune résistance. C’est le principal but des maçons, qu’ils
tentent de généraliser à l’échelle mondiale. D'une autre façon, tu dois
comprendre que ce « sommeil » étrange de l’humanité est une forme de
protection utilisée par des forces démoniaques pour cacher certaines vérités
spirituelles. Si tu prêtes plus d’attention à la réaction des hommes quand on
leur parle de certains aspects spirituels importants de leur existence et leur
évolution, tu pourras constater que la plupart d’entre eux sont dans un état
second, un état de torpeur, et un tel état ne permet pas une compréhension
de niveau supérieur et les prive de toute action.
– De la façon dont tu m’expliques les choses, je devine que les
organisations maçonniques détiennent presque tous les moyens d'action
dans la société actuelle, qu’ils utilisent dans le but de créer des tensions
entre les peuples et d'obtenir leur contrôle absolu. Elles s’attaquent à tout ce
qui est spirituel, authentique et bon, pour transformer l’humanité en une
sorte de mécanisme vivant, qu’ils peuvent actionner et conduire selon leur
volonté.
J'étais découragé. Une colère impuissante m’envahissait. Devinant mon état
intérieur, Cezar me parla avec une grande bonté.
– Tu as raison. Malheureusement, les hommes sont devenus des « robots »
en écoutant et en exécutant les ordres donnés. Mais tu dois savoir que la
force du bien est colossale et que toute action dans ce sens peut être très
bénéfique. L’espoir existe, tu dois juste le nourrir avec beaucoup de foi et
de pureté. Cela aiguisera ta vigilance et inspirera tes bonnes actions. Sache
que les maçons ont aussi des faiblesses.
– Justement, depuis quelques mois je me documente sur ce sujet, et j'ai
appris qu’il y a beaucoup d’opinions divergentes, de contradictions et
d’incompréhensions sur les différentes loges maçonniques dans le monde.
Si cela est vrai, alors ils ne sont pas aussi unis qu’ils le laissent paraître, et
leur pouvoir n’est pas aussi invincible qu’il n'y paraît.
Cezar esquissa un sourire et répondit à mon dilemme.
– Un des plus grands « bluffs » de l’élite maçonnique est de donner
l’impression que plusieurs loges maçonniques se confrontent, mais en
réalité, en haut de la structure pyramidale, les grands maîtres qui constituent
l’élite pensante de la franc-maçonnerie mondiale sont très unis. L’idée est
de créer un état de confusion pour endormir la vigilance des hommes. C’est
juste une apparence, parce qu'en réalité la franc-maçonnerie est et restera
indifférente aux « artifices » qu’elle utilise pour tromper. Tu dois avoir
confiance et persévérer dans les actions bénéfiques que tu accomplis. En
dernière instance, même les forces du mal sont subordonnées aux forces du
bien. Un de plus grands mystères de l’univers est le rôle occulte que les
forces maléfiques jouent dans le contexte de l’évolution, dans la façon dont
le mal est encadré dans l’économie de la création.
J’étais bouche bée.
– Que veux-tu dire ? Que même le mal a un rôle dans notre vie ?
– Un rôle très important même. Mais pour bien le comprendre, tu dois avoir
un esprit ouvert et totalement dépourvu de préjugés. Le fanatisme, surtout le
religieux, ne fait pas bon ménage avec l’évolution spirituelle. J’acquiesçai
en silence. J’écoutais attentivement, assoiffé des valeureuses explications
que Cezar m’offrait.
– Le fait que dans l’univers existent le bien et le mal est la preuve qui
atteste de l’existence de la liberté de choix de l’être humain. En d’autres
termes, cela témoigne de sa volonté d’exercer son libre-arbitre. Souvent,
l’homme choisit le mal car cela fait partie de sa nature autodestructrice.
Autrement dit, dans l’ignorance, l'homme choisit de s’autodétruire,
préférant ainsi la négation de soi. Si l’on analyse en profondeur, le choix du
mal est une lutte entre son être et l’anéantissement. C’est le mystère entre le
rapport du bien et du mal, car c’est le but caché de la présence des forces du
mal dans l'univers et par conséquent sa présence dans la vie de chaque être
humain. Je ne sais pas dans quelle mesure tu es familiarisé aux idées
concernant le sens de l’existence et à celles du progrès spirituel, mais je
peux te dire que l’évolution de l’homme signifie avant tout son retour à la
source primordiale, pure, spirituelle, de son commencement. Imagine-toi
que cette origine est la réalité éternelle du bonheur sublime que tout homme
désire. Ce retour de l’être humain à ses origines spirituelles doit être
conscient et libre de toute tentation inférieure, toute illusion, contrainte ou
préjugé. Si tu comprends correctement cet aspect, tu peux considérer avoir
compris la nécessité de l'existence des forces du mal dans le processus de
création.
J’étais un peu confus, car je n’arrivais pas à comprendre l’essence du
problème. Cezar continua à me fournir des explications avec beaucoup de
patience.
– Si le mal n’existait pas, tu ne pourrais pas te rendre compte de la nécessité
du retour aux sources et tu attendrais éternellement quelque chose. Le mal a
donc un rôle primordial dans la Création pour tester les êtres humains. De
cette façon, on teste le niveau de la connaissance, de la réalisation
spirituelle, et la capacité à aimer de chaque individu sur le chemin de
l’évolution spirituelle. En fonction des réactions et des choix qu’il a faits,
on peut dire s’il a passé le test ou non.
– Comme les partiels à l’université ? ai-je demandé.
– Exactement. Un partiel est encadré dans un espace spatiotemporel limité
et représente l’évolution de l’apprentissage d’une personne. Le succès d’un
tel test constitue une victoire importante dans la lutte de domination de la
nature inférieure de l’homme, et cette victoire peut se concrétiser en une
capacité plus élevée de compréhension des aspects subtils de la vie. On peut
ainsi acquérir une plus grande maturité, plus de discernement spirituel et
beaucoup d’autres aspects bénéfiques et positifs.
Cezar fit une courte pause, comme pour me laisser le temps de réfléchir.
– Je veux être certain d’avoir compris, dis-je. Qu’est-ce qu’on teste et
comment reconnaître ces tests ?
– La plupart des examens de la vie testent la foi et le discernement. Mais,
souvent à cause de l’ignorance, les hommes interprètent ces tests comme
des grands malheurs qui les frappent avec force. Tout au long de son
évolution, l’homme ne peut échapper aux tests, leçons et examens de toute
sorte que la vie lui impose. Tous ces tests représentent la confrontation avec
les forces du mal, appartenant aux plans démoniaques et sataniques de la
création. Cette situation se présente individuellement mais aussi dans le cas
d’une communauté ou d’une nation.
– Très bien, mais nous sommes souvent aidés par d’autres personnes quand
on est confronté à des problèmes, ou lorsqu'on leur demande conseil pour
résoudre une difficulté dans la vie. Qui passe alors le test : nous ou les
personnes qui nous aident ?
– Tu dois être conscient qu’aider ne signifie pas forcer. Une personne peut
être conseillée sur le bon chemin, mais n’oublie pas qu’elle a son propre
arbitre. Toutefois, avoir le libre-arbitre implique que l’homme soit
responsable de la liberté qu’il a et qu’il manifeste. Il peut être aidé et
soutenu, mais c’est lui qui a la liberté de choisir parmi une large palette de
possibilités. S’il est contraint de prendre un certain chemin, même s’il est
profondément bénéfique, cela signifierait que sa liberté est pratiquement
nulle. C’est pour ça qu’il est important de laisser à l'être humain la
possibilité de choisir, mais le bon choix est déterminé par le degré de
conscience et de discernement de chaque personne.
Tu connais maintenant suffisamment d’éléments sur l'implication de la
franc-maçonnerie au niveau mondial, et tu es conscient que sur cette planète
un grand combat se mène, celui entre les forces du bien et du mal. Mais
malgré tout, tu es libre à chaque instant du camp que tu choisis. Si dans ta
structure intérieure, tu as choisi le bien, ce qui me semble évident, tu agis
alors en conscience et tu persévéreras dans la lutte contre les plans
maçonniques. C’est une chose valable pour beaucoup d’autres personnes,
même si la plupart ne connaissent rien de la réalité concernant les moyens
d’action et l’influence de la maçonnerie dans le monde. De plus, le jeu du
mal est si pervers qu’il s'infiltre partout où il trouve un « terrain fertile ». Là
où une conscience faible et suffisamment pervertie se trouve, le mal
s’accroche pour affirmer avec une grande violence verbale le fait que nous
sommes entourés de paranoïaques qui ne voient autour d’eux que des
attaques, des conspirations, des manipulations, mais qu’en réalité rien de
tout cela n'existe, que tout va bien et tout est normal. Si une telle personne
fait partie de l’élite intellectuelle, si c’est un homme de science, un
journaliste ou un écrivain, c’est encore mieux pour les plans maçonniques.
L’opinion d’une telle personne, de qui on peut dire qu’elle a une grande
autorité intellectuelle, contribue de façon significative à l’influence de la
conception d’autres personnes. D’ailleurs, tu sais probablement que l’une
des plus grandes supercheries de Satan est d’avoir convaincu l’homme que
le Diable – Satan donc – n’existe pas. C’est ce même fonctionnement que
l’on trouve chez les francs-maçons, en donnant l’impression qu’ils
souhaitent et qu'ils font le bien. Mais tout n’est que leurre, parce qu’en
réalité ils luttent contre le bien, la religion, la croyance et la spiritualité.
– Je ne comprends pas comment il est possible de faire vivre les gens dans
une si grande conspiration sans qu’ils ne se rendent compte de son
existence ! me suis-je exclamé révolté.
– Pourquoi tu t’étonnes ? Toi-même, jusqu’il n’y a pas si longtemps, tu
menais une existence sans la moindre idée sur la maçonnerie et ses affreux
projets. Tu observais, comme la plupart, que tout n’allait pas si bien, mais
tu ne t'es jamais posé la question de façon plus approfondie. Maintenant que
tu connais la vérité et que tu es une bonne personne, tu souhaites partager
avec les autres tes connaissances. Tu as l’extraordinaire possibilité de le
faire en publiant tout ce dont nous avons déjà discuté. Le premier pas est
d’attirer l’attention de l’opinion publique sur la réalité dans laquelle nous
vivons. C’est comme le dimanche quand tu fais sonner les cloches de
l’église dans un village endormi : les gens commencent à se réveiller peu à
peu et ils cherchent alors d’où vient le son. Mais le plus important est qu’ils
commenceront à être plus attentifs à ce qui se passe autour d’eux, et même
dans le monde, parce qu’ils auront une base solide d’information. Leur
vigilance est le premier coup porté à la franc-maçonnerie, car une personne
vigilante est plus difficile à berner, à manipuler et à contrôler. On verra
alors apparaître un courant d’opinion plus général, qui deviendra plus fort
encore et anéantira les plans de la franc-maçonnerie dès leur naissance.
Cezar s’arrêta et me regarda avec insistance pour voir si j'avais bien
compris.
– Cependant, la réaction des gens me semble très faible, et je me demande
comment réussir notre plan ? – La majorité des prophètes ont vu que les
forces du bien gagneront le combat. La franc-maçonnerie mondiale toute
l’orientation satanique que les hommes subissent sur la planète. En
Roumanie, par exemple, elle agit en toute liberté. Ce peuple est tenu dans
l’ignorance la plus totale et facilement manipulable, il ne devine même pas
la tragédie qui se joue devant ses yeux. Si l’on arrive à vaincre l’hydre, on
pourra alors assister à une régénération rapide dans tous les domaines au
niveau planétaire. Malheureusement, la majeure partie de l’Occident ne fait
aucunement attention aux moyens manipulateurs employés par la franc-
maçonnerie. Apathiques et égoïstes, la plupart préfèrent s’isoler sous une
forme étrange « d’hibernation » citadine, ayant l’impression erronée de
diriger leur vie. Même s’ils sont informés des actions diaboliques des
maçons, ils préfèrent les nier, par commodité, ou se dire que d’autres
agiront à leur place. De plus, ils adhèrent par ignorance à certaines
orientations sataniques qui sont encouragées par la franc-maçonnerie par
l’intermédiaire d’une certaine musique rock, des drogues, de l’alcool, du
tabac et des conceptions matérialistes. Dans ces conditions d’abus, un être
humain est privé de volonté et facilement manipulable.
Cezar s’arrêta brusquement. Il fit une longue pause, et tous deux nous
fûmes profondément pris dans nos pensées. Il reprit finalement la parole,
mais dans sa voix je pus ressentir une légère onde de tristesse.
– La situation dans notre pays n'est pas meilleure. On dirait que les gens «
somnolent ». Ils ne sont ni réveillés, ni lucides. Alors que des informations
essentielles sur la franc-maçonnerie ont déjà été publiées, sur leurs plans et
leur emprise au niveau mondial, l’état dramatique de « somnolence » des
gens est flagrant. Très peu daignent croire que tout ce qui est dit sur la
franc-maçonnerie est une réalité. Cela leur semble si monstrueux et
incroyable que dans leur instinct d'autoconservation ils préfèrent croire que
la situation n’est pas aussi catastrophique qu’il n'y paraît. Peut-être que les
informations de ce genre ne sont que des actions pour les déstabiliser, se
disent-ils, alors ils se renferment dans leur coquille et continuent à vivre
leur petite vie tranquille. Cette situation est encore plus grave que celle dans
laquelle ils ignorent tout des plans sataniques de la franc-maçonnerie, car en
sachant et en n’agissant pas, ils sont d’une grande lâcheté et font preuve
d’un grave manquement au code moral élémentaire. Dans une telle
situation, n’est pas stupide celui qui ne sait pas, mais stupide celui qui sait
mais qui agit comme s’il ne savait rien. C'est pour cela que la première
étape, et la plus importante, est le réveil de la conscience des hommes de
cet état de « somnolence ». S’ils ne se réveillent pas, ils ne peuvent pas
comprendre pourquoi les conditions de vie sont si difficiles, ni pourquoi
autant de choses aberrantes arrivent. Tout cela survient parce que l’essence
des actions maçonniques se trouve enfouie dans des symboles bien cachés.
C’était un des points essentiels que je souhaitais clarifier, car j’avais fait
certaines liaisons mais je n'arrivais pas à les expliquer. Je profitai de la
situation pour lui demander :
– Ils utilisent certains symboles dans leurs actions rituelles pour influencer
les résultats de leurs plans sataniques ?
– Il existe en effet certains symboles maçonniques déjà connus, comme
l’équerre. D'autres le sont moins, comme par exemple la pyramide avec
l'œil maçonnique, représentée également sur le billet d’un dollar américain.
En dehors des symboles, les devises maçonniques sont aussi très
importantes pour les adeptes, mais très peu connues des autres personnes.
Par exemple, toujours sur un billet d’un dollar, il existe la devise en latin «
E Pluribus Unum », qui signifie « de plusieurs, un » qui suggère beaucoup
de corrélations. Si tu analyses avec lucidité la situation actuelle dans le
monde et également en Roumanie, la perspective sociale, économique et
politique, tu peux constater que ce chaos est structuré de façon graduée pour
la préparation d’un Nouvel Ordre Mondial, qu'on n'appelle pas le Nouvel
Ordre Maçonnique – pour que les ignorants ne se méfient pas de qui l’a mis
en place – mais juste Nouvel Ordre Mondial. Un autre principe que les
francs-maçons appliquent strictement, surtout dans les loges maçonniques
et dans leurs « Fratrie » est : « Tous pour un et un pour tous ». Ça peut te
sembler étrange, mais sache que le respect de ce principe forme l'unité ainsi
que la force et la ténacité qui sont considérables dans leur organisation. De
ce point de vue, je dois te dire que si le peuple roumain ou de n’importe
quel pays du monde, pouvait être aussi tenace, avec cette même force
d’action, alors la situation actuelle de l’humanité serait tout autre. Mais
tandis que l’homme garde souvent la liberté de choisir, dans l'organisation
maçonnique on trouve des orientations très maléfiques, voire sataniques,
qui inspirent aux membres de l’organisation un état de terreur, avec une
attitude subordonnée comme à l’armée.
Cela pousse les décideurs des loges maçonniques à être implacables dans
leurs décisions. Un ordre dans la franc-maçonnerie ne se discute pas, car au
moment de l’initiation, ceux qui sont reçus font un serment horrible et
réalisent un rituel pervers qui les engage à une soumission totale et à
l’obéissance absolue. Dans le cas contraire, ils acceptent d’être tués. – Cela
signifie qu’en dehors de leurs actions sur le plan physique, les maçons
appliquent aussi certains procédés occultes et des rituels maléfiques ?
– Cela fait partie intégrante de leur système idéologique à partir de certains
niveaux. Les rituels et invocations maléfiques ne sont réalisés que par des
membres d’une position hiérarchique très élevée dans le cadre d’une loge.
Habituellement, les informations sur la franc-maçonnerie n’insistent pas sur
la nature paranormale du groupe malgré une influence très maléfique sur
ses membres. C’est pour cette raison que l’homme normal qui apprend
certaines vérités sur l’organisation pense que c’est plus une organisation
d’entraide. Toutefois, l’affiliation ou l’intégration d’un être humain dans la
franc-maçonnerie a de puissants effets négatifs de nature occulte sur cette
personne. En fait, cette fusion avec le groupe crée des modifications
négatives si profondes pour une personne, que si on compare avec son état
d’avant, on se rend rapidement compte de l’orientation maléfique que la
franc-maçonnerie lui instille.
– Comment expliques-tu alors leur puissance dans des domaines de base,
comme l’économie ou la politique ? – Il est vrai que la franc-maçonnerie est
l’une des plus puissantes organisations à l’heure actuelle, on peut même
dire que c’est la seule organisation avec un but politique. Toutes les autres
organisations occultes existantes ont en règle générale un but spirituel. Ces
organisations ne cherchent pas d’actions politiques, car dans leur vision ce
ne sont que des projets éphémères, mais dans le cas de la franc-maçonnerie,
le but est tout autre. Les maçons misent beaucoup sur cette implication
politique pour ainsi faire « stagner » ceux qui adhèrent à leur organisation et
les maintenir à certains niveaux d’influence, pour ainsi obtenir le pouvoir
sur les masses populaires. Cette action diabolique de la franc-maçonnerie
pousse vers une sorte de schéma « d’âme brisée » pour celui qui rentre dans
ses rangs. Leurs actions s’inscrivent dans un schéma logique, car l’initiation
occulte qu’ils utilisent ne cherche pas vraiment à sensibiliser l’âme de
l’initié. Si l’âme pouvait s’éveiller dans cette personne, alors elle ne
pourrait plus être manipulée et poussée à réaliser certaines actions qui sont,
de façon évidente, sataniques. De ce point de vue, les sentiments
d’affection, de bonté et de compassion sont totalement étrangers pour un
franc-maçon. Par l’intermédiaire du rituel d’initiation occulte, celui qui
adhère à la franc-maçonnerie est dépourvu de ces sentiments, car il fait
alors un pacte avec les forces des ténèbres. Malheureusement, souvent l’être
en question ne se rend même pas compte de ce changement terrible qu'il est
en train de subir. A partir du moment où l’élite maçonnique promeut un
membre de ces loges dans une plus haute position, il y a certains critères
pour déterminer si cette personne est suffisamment « modelable » dans la
direction des comportements démoniaques souhaités.
Moi-même j’appris plus tard, après ma première discussion avec le senior
Massini, beaucoup des choses que je te raconte aujourd’hui. La misère
humaine qui existe en haut de la structure pyramidale de cette organisation
est incroyable. Tout est si bien doré pour donner une image éblouissante et
noble, grâce aux richesses impressionnantes dont ils disposent et également
grâce à leurs relations, à leur influence et au contrôle qu'ils ont dans le
monde. Dans la mesure où ce sont des experts dans le contrôle de ceux
qu’ils reçoivent au sein de leurs organisations, j’ai été naïf de penser que
j’avais réussi à tromper le senior Massini, en lui faisant croire que
j’acceptais sa proposition. Le senior était rusé. Les informations incroyables
qu’il m’avait fournies concernant leurs méthodes d’action faisaient partie de
mon propre test. Il est fort probable qu'il savait que je n’accepterais jamais
une telle proposition, car je ne correspondais pas à leurs standards et j'avais
de grandes capacités spirituelles, suffisamment pour découvrir l’odieuse
vérité les concernant. Mais comme tu le verras, le sujet était de première
importance et ils ont dû prendre des risques. Ils l’ont fait de manière très
complexe. Les maçons ne sont pas stupides, bien au contraire, ils ont une
grande intelligence, mais elle est de nature perverse pour ainsi servir leurs
plans maléfiques. Aux hauts niveaux de leur hiérarchie, ils utilisent
couramment certaines énergies de la nature, mais ce sont de mauvaises
énergies. Il n'est pas anodin que la franc-maçonnerie soit la seule
organisation occulte à but politique. Ils ne sont donc absolument pas
stupides, mais souvent ils le laissent croire pour ainsi mieux atteindre leurs
objectifs. Ce fut le cas lors des deux rencontres avec Massini. Il est
probable que le senior avait déjà projeté mentalement toute notre première
discussion. Si j’analyse bien, ce n’était qu'un monologue qu’il menait, ce
qui me laisse penser que j’ai raison. Il a su parfaitement ce qu’il devait me
dire, comment se comporter, comment amener dans la discussion sa
proposition de collaboration et comment me tenter pour accepter. Mais au-
delà de tout ça, il a su comment me tromper et me faire croire que c’est moi
qui l’avais trompé en lui laissant croire que j’acceptais sa proposition. Il
savait que je mentais, et moi je ne me doutais pas qu’il avait deviné ! Après
quelques semaines, j’ai eu la surprise de connaître la vérité par
l’intermédiaire du SRI. Il semble que Massini ait raconté, avec beaucoup
d’orgueil, quelques détails de notre discussion à certaines personnalités
politiques, et c’est comme ça que j’ai appris le « but » réel de notre
première rencontre. Mais la situation était compliquée. S’il savait que je
mentais, pourquoi avait-il joué cette mascarade, en évoquant même notre
seconde rencontre où il allait me parler d’une grande découverte ? Son rôle
lors de notre première entrevue avait été magnifiquement joué. En me
racontant toutes ces choses sur la franc-maçonnerie, il m’avait pratiquement
forcé à « programmer » le mensonge de ma collaboration. Il était nécessaire
qu’ensuite je sois convaincu qu’il avait cru à ce mensonge. De plus il avait
organisé une seconde rencontre plus importante que la première. Mais quel
était son plan complexe ? Qu’est-ce que les francs-maçons poursuivaient si
farouchement pour accepter une attitude aussi trompeuse de ma part ? Cela
signifiait que l’objectif était très important pour aller dans mon sens. Une
première conclusion était que, d’une certaine manière, j’étais le pion
principal dans toute cette énigme. Il était évident que s’ils continuaient à me
solliciter, j'étais le seul à pouvoir accomplir leur mission. Mais quelle était
cette mission ? De par la nature du Département Zéro, je soupçonnais que
leur intérêt portait sur une chose exceptionnelle qui ne pouvait être analysée
que grâce aux équipements du département dont j’étais le chef. De façon
pragmatique ils souhaitaient avoir accès à un secret d’Etat que moi-même
j’ignorais, mais qu’ils pouvaient atteindre par mon intermédiaire grâce à
mes fonctions au sein du département.
C’étaient les seules conclusions que je pouvais faire dans l’état des choses.
Il était clair que le senior Massini était prêt à tout pour atteindre son
objectif. Mais qu’est-ce qui pouvait faire que les grands maçons du monde
s’orientent avec autant d’intérêt vers la Roumanie ? Je connaissais
l’existence de certaines prophéties de deux grands saints au début du siècle
dernier : elles parlent du futur de la Roumanie dans un contexte mondial.
J'ai également appris l’existence d’un parchemin d’une valeur inestimable,
dans la grande bibliothèque du Vatican, qui concernait également la
Roumanie. Il existe également dans les archives secrètes du Musée
d’Histoire de Vienne un très ancien document qui détaille le passé
historique de la civilisation qui existait sur le territoire roumain. Par
conséquent ce sont des sources différentes, deux très anciennes, qui parlent
quasiment de la même chose, et dans ces conditions il est difficile de penser
qu’on est face à une tromperie. Par exemple, les prophéties affirment qu’il
n’est question que de quelques années avant le déclenchement des «
signaux » qui attireront l’attention sur ce territoire. D'autre part, tu dois
savoir que les maçons sont très attentifs à ce pays. Ils connaissent très bien
les prophéties concernant le futur proche de la Roumanie, et que c'est là
qu’ils rencontreront le plus de difficultés. C’est pour cette raison qu’ils sont
très attentifs et intéressés à ce qui se passe dans notre pays. On explique
ainsi la création de toutes sortes d'organisations étranges qu’ils financent
avec des sommes fabuleuses. Dans ces organisations ils arrivent à attirer
toutes sortes de gens naïfs, et avides d’argent facile, disposés à vendre leur
âme pour faire partie de la soi-disant haute société. Le but principal de ces
mini-organisations est de bloquer toute tentative de développement spirituel
ou de normalité sociale et économique de la population, en créant
l’impression que leurs activités n’ont rien à voir avec cela.
C'est pour cela que quand j’ai compris les manigances de l’élite du Groupe
Bilderberg, j’ai corrélé tous les aspects car la situation me semblait
évidente, de plus j’avais connaissance des éléments secrets qui faisaient
référence au futur de ce peuple, que le père Arsenie Boca m’avait détaillé
quinze ans auparavant. Celui qui est doté de bon sens, d’un jugement lucide
et d’un peu d’intuition peut observer facilement l’accomplissement de ces
prophéties. Sur la base de ce que je savais déjà, et voyant l’insistance du
senior Massini, j’ai deviné que le problème était d’une importance capitale
tant pour la franc-maçonnerie que pour le pays.
– Je me suis demandé pourquoi le senior Massini n’avait pas fait intervenir
des relations diplomatiques plus importantes. Puis j’ai compris que l’élite
maçonnique ne voulait aucune publicité sur ces plans. Mais d’un autre côté,
un ordre haut placé aurait suffi pour bouger les choses, non ?
– Tes observations sont correctes. Mais n’oublie pas qu’ils ont certaines
limites dans l’influence politique, différentes selon les pays. Ils ont
probablement pensé que cette voie n’était guère sûre, même si elle était plus
facile. En effet, s’ils avaient pris cette option, ils auraient obtenu l'accès
mais pas le contrôle sur la découverte. Or Massini avait très clairement
spécifié les termes de notre collaboration lors de la seconde rencontre, me
disant qu’ils auraient leur propre personnel avec lequel je devrais travailler
selon les directives de l’élite maçonnique. Dans le cas d’une implication de
certaines personnalités politiques dans ce problème, les choses auraient été
différentes, à cause de l’imprévisibilité de leurs réactions. C'est pour cela
qu’ils ont pris le chemin le plus long et le plus ardu, celui de me contacter et
de me « convaincre » de rentrer dans leurs rangs. Ils ont utilisé les canaux
diplomatiques pour arriver à moi instantanément et ainsi éviter des
questions de la part des personnages haut placés.
– De toute façon, leur influence dans la politique du pays est très grande, et
ils peuvent ainsi diriger ou bloquer en cas de besoin toute idée qui ne leur
convient pas, ai-je alors observé.
– Oui, ils ont tout intérêt à maintenir ce peuple à un degré de pauvreté et
bêtises qui atteint des sommets. Mais leur politique est devenue assez
évidente ces derniers temps. Eux-mêmes ne se fatiguent plus à se
camoufler, les apparences étant maintenues juste par l’hypocrisie et le
mensonge, ce qui atteste d’un total manque de respect pour la nation. Leur
étrange politique a pour objet d’appauvrir le plus possible le peuple pour le
rendre complètement dépendant et ainsi pouvoir imposer des emprunts
venus de l’extérieur créant des obligations. Le but est de maintenir les gens
dans cet état et malheureusement ils y arrivent très bien. Si les choses
continuent dans ce sens et s’il n’y a pas de réveil, il est probable que cet état
critique s’amplifie dans les prochaines années. C’est pour cette raison qu’il
est important que les gens apprennent les causes de cette situation qui existe
au niveau national et mondial. Tu peux être certain que ceux qui ont une
certaine ouverture mentale pourront se réveiller et réveiller à leur tour
d’autres personnes. Dans leur ignorance beaucoup de personnes agissent de
manière involontaire dans le sens des maçons, sans se douter des
conséquences. La méthode d’utilisation d’intermédiaires est ancienne et
encore bien appliquée de nos jours. Par cette méthode, ils se protègent et si
les choses ne se passent pas comme prévu, ils accusent les intermédiaires.
Je pris une profonde inspiration et remis droit mon fauteuil. Ces
informations me semblaient inconcevables, mais je ne pouvais nier
l’évidence. J’ai pensé qu'il devait bien exister un chemin vers la victoire.
J’ai alors demandé à Cezar :
– Les choses sont claires pour moi, mais je me demande quelles peuvent
être les modalités les plus appropriées pour neutraliser la force maléfique et
les plans des francs-maçons ? J’ai senti Cezar satisfait de ma question.
– C’est un bon début, me dit-il en souriant. La principale modalité dans le
contexte actuel est la divulgation des actions maçonniques, soit par des
discussions soit par la publication de nos rencontres. On crée ainsi un front
commun de gens qui ne sont pas aveugles, ce qui mettra en échec nombre
de leurs plans. Leurs actions sont orientées vers le blocage de toute idée
susceptible d’améliorer le quotidien des gens du peuple. Beaucoup de
génies préfèrent quitter le pays et offrir leurs capacités intellectuelles à
d’autres pays, et c’est une situation tout à fait paradoxale, qu'on observe
rarement ailleurs. Si les maçons poursuivent la promotion d’une société
sans valeurs et l’annihilation des êtres d’exception, je peux dire que dans
notre pays leur plan est parfaitement appliqué. Par ailleurs la situation
politique et économique du pays démontre que les maçons agissent
exactement comme je t’ai dit : ils font la promotion d'hommes sans valeurs
et corrompus pour ainsi s’assurer d’une infiltration dans toutes les couches
de l’Etat. Si à des postes clefs se trouvaient des hommes intransigeants, ils
ne suivraient pas les directives maçonniques et en peu de temps ou pourrait
observer un revirement dans tous les domaines. Vu que les choses ne
suivent pas ce cours – même si depuis des années il y a des engagements et
toutes sortes de promesses – je peux te montrer le véritable visage de
l’influence maçonnique qui entretient délibérément un état de tension dans
le pays, par l’occultation de la vérité, par le mensonge et l’hypocrisie. Plus
les gens deviennent lucides, plus rapidement ils pourront s'opposer au petit
jeu de la franc-maçonnerie. Il faut démasquer publiquement leurs intentions
maléfiques. Le fait de les démasquer est un élément essentiel. Beaucoup de
leurs actions sont aujourd’hui évidentes, mais elles ne sont pas liées aux
organisations maçonniques. Si je ne prends qu’un seul exemple, celui de
l’exode de l’intelligence de Roumanie, ça serait suffisamment sérieux pour
attirer l'attention. Beaucoup ont observé ce fait, ont écrit et manifesté leur
inquiétude face à ce phénomène, mais ils ne connaissent pas la véritable
source et la principale cause de cette « fuite » de l’intellect roumain vers
d’autres pays. Ignorants, ils pensent que c’est la pauvreté de notre pays et le
désir de s'enrichir qui les poussent à partir à l'étranger. Mais quand une telle
situation perdure, il est nécessaire d’analyser le problème sous d’autres
angles. En réalité, souvent les maçons font croire aux personnes
talentueuses qu’il existe une meilleure vie ailleurs, une vie tentante,
dépourvue d’inquiétudes pour le lendemain. Les sociétés de recherche
occidentales absorbent ainsi des milliers de « cerveaux » roumains, et les
francs-maçons annihilent ainsi le réveil spirituel qui devrait se produire
dans ce pays. Le réveil spirituel est essentiel pour permettre aux gens de
devenir conscients de leur situation. Cela leur permet même de supporter
les vicissitudes inhérentes à la situation roumaine, en restant à leur place
pour contribuer ainsi au « réveil » accéléré du peuple. Or à cause de l'exode
massif et la fuite de cerveaux, ce réveil spirituel est retardé.
– Cela signifie-t-il que les forces maléfiques maçonniques vont finir par
vaincre ?
– Le réveil spirituel de ce peuple peut tarder, mais il est inéluctable, même
si l’on fait tout pour l'empêcher. La transformation politique est en cours,
même si certains sceptiques expriment leurs doutes. Cette politique est
entretenue de façon diabolique par les francs-maçons et a comme but
principal de générer une résonance négative avec une absence d’espoir. Par
manque de confiance dans les forces extraordinaires et bénéfiques du
peuple, on fait en sorte d’annihiler complètement l’espoir. L’espoir que l’on
cultive, nourrit et entretient avec l'enthousiasme crée un courant
gigantesque de force spirituelle qui accélère le réveil du peuple. La plus
importante des idées est celle de faire en sorte que les gens se réveillent du
sommeil profond imposé par la franc-maçonnerie et deviennent ainsi
lucides pour pouvoir agir avec fermeté. A l’opposé, c’est une catastrophe
quand une idée négative s’immisce dans la tête des hommes. Le principe de
résonance est le même, mais la nature de l’énergie est amplifiée vers le
négatif, la destruction, le mal. Elle crée un état de méfiance envers ses
propres forces, elle crée ainsi un état d’indolence, de paresse, de manque de
positivisme, et dans un tel état il est clair que le jeu des francs-maçons en
est facilité. Les maçons cherchent par tous les moyens à détruire toute
personne ou organisation qui risque de mettre leurs actions en lumière.
– Ce que peut concevoir leur intelligence diabolique est stupéfiant !
Cezar approuva, et parce que le temps qu’il avait à sa disposition était
limité, il commença à me raconter la seconde discussion qu’il avait eue
avec le maçon.
Panique au Pentagone
– La seconde rencontre avec senior Massini rééquilibra légèrement la
situation. Si l’entrevue se déroula dans le même esprit du jeu du chat et de
la souris, je connaissais à présent ses véritables intentions, même si lui ne se
doutait de rien. Il est vrai que mon petit avantage ne modifiait pas vraiment
le fond du sujet, mais cela me permettait d'être plus vigilant. Je devais être
habile. Si je me montrais révolté, voire menacé, les maçons pouvaient
entreprendre des actes graves à mon encontre. En pratique, je n'existais pas
dans le pays, le seul dossier évoquant mon existence se trouvait dans le
bureau du général Obadea. Je n'avais ni liens politiques, ni relations
diplomatiques, ni existence économique, et ni obligations sociales. C’était
une situation particulière avec beaucoup d’avantages mais qui comportait
des risques. L’avantage était d’avoir accès aux informations les plus
importantes et à des secrets d'état sur certains événements spéciaux sur
notre territoire. Par « évènements spéciaux », je fais référence à des
situations qui appartiennent au domaine de l’inexplicable d’un point de vue
de la science moderne. Le risque étant que mon unique soutien, le général
Obadea, était presque à la retraite. Je ne me comptais pas d’ennemi car le
département était bien dans l’ombre, mais c'était un « territoire » qui
pouvait être réquisitionné par le SRI, et c’est là où les problèmes pouvaient
apparaitre. Le scandale n'était donc pas une solution. Je voulais aider mon
pays et ne pas rater les occasions favorables qui se présentaient à moi. Il est
fort probable que le senior Massini pouvait facilement obtenir mon
remplacement – même si le général s’y opposait – mais cela aurait
provoqué de l’agitation, des incertitudes et du retard dans l’action. Le retard
: c’est ce qui aurait le plus dérangé les maçons.
– Mais pourquoi autant d'empressement ? questionnai-je.
– Je vais te le dire, mais sache que ni moi, ni même l’élite maçonnique
mondiale n’en savent plus sur ce sujet.
– D’après ce que je comprends, il semble qu’ils aient accepté une solution
de « compromis ». Ils ne sont pas vraiment satisfaits de cette collaboration
avec toi, mais ils ne sont pas non plus disposés à compliquer les choses de
crainte de provoquer un véritable scandale.
– Oui, il est certain qu’ils auraient pu mettre un de leurs hommes à ma
place, mais cela aurait pris trop de temps. Même s’ils avaient pu m'éloigner
de mes fonctions, il leur manquait dans tous les cas la personne qui aurait
pu prendre ma place. Ils ont donc décidé d’aller de l’avant et de réagir en
fonction des circonstances.
– Qui est en charge à l’heure actuelle des mutations au sein du DZ ? ai-je
alors innocemment demandé. Si on connaît un peu la filière diplomatique, il
n'est guère difficile de savoir qui tire les ficelles.
Dans la pièce se fit un silence pesant. Finalement Cezar me répondit à voix
basse :
– Laissons les choses telles qu’elles sont sur ce sujet. Le fait que l’influence
du senior Massini ne pouvait pas leur garantir la solution à ce problème
laisse entendre que nos agents ne sont pas tous corrompus. C’est une bonne
chose. Il est probable qu’après notre première rencontre et son rapport au
groupe Bilderberg, le vénérable ait proposé de dérouler le plan initial,
même s’il était risqué pour les maçons. Cela avait l’avantage de la rapidité,
mais entre-temps j’avais découvert les plans du senior et j’avais reconsidéré
mon plan initial. Si lors de notre première rencontre, je pensais jouer leur
jeu, acceptant en apparence de collaborer, lors de la deuxième rencontre,
j’avais pris la décision de faire semblant jusqu’à arriver au cœur du
problème. Ensuite, j’aurais pu leur bloquer l’accès et alerter l'Etat. C’était le
risque auquel ils s’exposaient, mais qu'ils pensaient avoir réduit en grande
partie.
– Comme on dit : « les jeux sont faits », ai-je souligné.
– C’est vrai, répondit Cezar en souriant. Quand j’ai appris il y a un mois
que le senior Massini allait me rendre à nouveau visite, j’ai compris que le
moment culminant était arrivé. Ces personnes ne font rien gratuitement et
sans intérêt personnel, c’est pour cette raison que j’attendais que Massini
m’expose le véritable « point chaud » du problème. Ils avaient pris la
décision d’avancer en m'impliquant directement, et j’avais la ferme
conviction que j’allais apprendre des choses très importantes.
Je brûlais d’impatience. Légèrement amusé, Cezar continua sur sa lancée :
– La rencontre n’a pas duré longtemps, à peine une heure. Je dois avouer
que l’information que Massini m'a transmise m'a moi-même laissé perplexe.
J'ai pu alors me rendre compte à nouveau de l'immense pouvoir des francs-
maçons au sein des plus hauts organismes de l’Etat dans le monde, ayant
accès à des informations d’importance capitale pour l'humanité et sa sûreté.
J'ai rencontré le vénérable dans une villa appartenant à un diplomate
étranger. Après quelques échanges cordiaux, le senior Massini est entré
dans le vif du sujet. Il a affirmé détenir une information ultrasecrète
provenant directement de l’Etat-major du Pentagone, sur un certain endroit
en Roumanie. Il m’apprit que le groupe Bilderberg avait des représentants
dans les plus grands organismes politiques, économiques et de défense des
Etats-Unis, allant jusqu’au fauteuil présidentiel. En dehors de la position
influente du président américain, il existe des groupes de grande puissance
grâce à des liens, des intérêts et des relations politiques complexes et
réciproques avec des chefs d’Etat et des banquiers importants au niveau
d’organismes internationaux. Enfin, au-delà de ces organismes
maçonniques très puissants, il existe trois formations d’élite qui supervisent
la vie scientifique et technologique de la planète, l’orientation de
l’économie mondiale et la stabilité des courants et des tendances politiques.
Au-dessus de tous se situe le groupe Bilderberg, et dans son organisation,
trois individus détiennent le pouvoir de décision suprême. Là, j’ai remarqué
que Massini avait moins d’assurance, comme s’il se retenait de m’avouer
quelque chose. J’ai ressenti que cela était d’une importance capitale et qu'il
cachait un secret fondamental de la maçonnerie. Mais après une courte
hésitation, il renonça à aborder ce sujet et revint au Pentagone. Il me précisa
que tout ce qui était important et découvert sur la planète était
immédiatement reporté à l’élite maçonnique. C’était le cas des observations
en ce qui concernait la Roumanie. Le Pentagone a plusieurs programmes
militaires secrets d’espionnage géodésique et ils investissent des sommes
fabuleuses dans une technologie qui dépasse de loin les connaissances
actuelles de la science officielle. Certaines sources à la base de cette
technologie font partie des secrets les mieux gardés du monde. Il est
important de savoir que grâce aux capacités technologiques extraordinaires
qu’ils ont à leur disposition, le Pentagone dispose de plusieurs satellites
stationnaires qui ont des objectifs très précis d’observation. Un de ces
satellites, basé sur la technologie bionique et des ondes de forme, a repéré
en 2002 une structure étrange à l’intérieur d’une chaîne de montagnes de
notre territoire, plus précisément dans une zone des monts Bucegi.
Initialement, on a pensé à une étrange formation karstique, comme d’autres
déjà identifiées à plusieurs endroits sur la planète. Mais, d’après Massini,
les spécialistes de l’analyse des données du Pentagone ont informé leurs
supérieurs que trois éléments distincts soulevaient beaucoup de questions
sur d’autres informations déjà récoltées dans cette zone. Premièrement,
l’espace vide identifié à l’intérieur des montagnes n'avait aucune liaison
avec l'extérieur. Il débutait directement à l’intérieur de la formation
rocheuse. En second lieu, il avait la forme d’un tunnel que les
enregistrements présentaient comme étant très régulier avec un angle
brusque à 2 5 degrés vers le centre de la montagne, sur une trajectoire
parfaitement droite. Prenant le milieu de la montagne comme référence, le
tunnel s’allongeait vers une troisième base dans un plan parfaitement
horizontal. Et le troisième élément était le plus bizarre. Le scan de la
montagne mettait en évidence deux blocages majeurs dans la structure
interne, encadrant le début et la fin du tunnel. Le senior me montra une
photocopie du schéma de la structure à l’intérieur de la montagne, quadrillé
de nombreux chiffres. Les zones bloquées étaient marquées en rouge.
Massini m’expliqua qu’elles empêchaient toute forme d’analyse, comme
pour protéger cet endroit.
– Etaient-ce des barrages énergétiques artificiels ? ai-je demandé, hébété
par ce que j’entendais.
– Ce fut leur conclusion après avoir éliminé une par une toutes les autres
possibilités. Ca a rendu la situation très délicate. Nous avons été
bouleversés par ces informations : on a haussé le niveau de la sécurité au
maximum. Le premier barrage énergétique, celui du début du tunnel à
l’intérieur de la montagne, était droit comme un mur bloquant l’accès au
tunnel. Le second barrage énergétique était immense, comme une coupole
qui se trouvait à l’opposé du tunnel, presqu’au centre de la montagne.
D'après Massini, il se trouvait à cet endroit une chose très importante à
laquelle menait le tunnel, et c’était très bien protégé. Je vais te dessiner le
schéma que j’ai vu, en simplifié, pour que tu puisses avoir une
représentation claire de ce qui a été identifié à cet endroit.
SCHÉMA DE LA STRUCTURE ÉNIGMATIQUE DE L’INTÉRIEUR DES MONTS BUCEGI

Muet de surprise, je regardais Cezar dessiner avec des mouvements précis


le schéma approximatif de l’étrange structure à l’intérieur du Bucegi.
– Le Pentagone n’a pas pu comprendre le motif pour lequel le tunnel faisait
un détour dans une sorte de zigzag vers la zone centrale de la montagne, ni
la signification de l’angle de 26 degrés présent dans sa construction.
L’ensemble se trouvait sur un plan parallèle avec le sol, et le barrage
énergétique semi-sphérique se trouvait sur la verticale qui correspondait aux
rochers sur la crête appelés Babele. D'après les dernières mesures sur la
base des données du Pentagone, la verticale sortait approximativement à
quarante mètres entre Babele et le Sphinx du Bucegi. Cezar dessina un autre
schéma d’ensemble.
– Le senior Massini a laissé entendre que les éléments de la structure
artificielle interne du Bucegi n’auraient pas réellement suscité l’intérêt de
l’élite maçonnique mondiale si les représentants du Pentagone n'avaient pas
remarqué que le barrage énergétique semi sphérique avait exactement la
même fréquence de vibration et la même forme qu'une autre structure
souterraine ultra secrète qu’ils avaient découvert quelques mois auparavant
près de Bagdad. Pour une raison que Massini ne prit pas la peine de me
donner, l’élite maçonnique fut selon lui très intéressée à l’époque par les
informations fournies par le satellite d’espionnage militaire concernant cette
structure étrange dans les sous-sols de l’Irak. Peu après commença la guerre
et les américains eurent accès au plus grand secret de cette région, secret
que les irakiens ignoraient totalement. Massini m’a avoué que tout avait été
tenté pour pénétrer le mur énergétique, sans me donner plus de détails. Il
m’a seulement précisé que cet endroit avait un lien avec le passé mystérieux
de la planète, et aussi d’une certaine façon avec l'histoire de leur
organisation. J’en ai déduit que le senior Massini possédait d’autres
informations qu’il n’était pas disposé à fournir. Le fait que le Pentagone ait
remarqué la similitude entre les deux sites a bien agité l’élite maçonnique.
D’après mes observations, une grande partie de de cette agitation s’est
transformée en panique, à la fois à cause de la structure en elle-même mais
aussi de son emplacement en Roumanie. Tu pourras plus tard te faire une
idée sur les raisons de cette inquiétude de la part des maçons. Leur
empressement, le risque qu’ils ont pris, le désir d’avoir l’accès et le contrôle
de la structure montre des failles dans le contrôle qu’ils ont dans notre pays.
Le senior Massini m'a dévoilé toutes les dates et les localisations dans le
Bucegi, et comment procéder pour atteindre le tunnel le plus rapidement.
Une des plus grandes énigmes reste la façon dont cela a été construit sans
aucune correspondance vers l’extérieur. La seule explication est d’avoir
caché d’une manière ou d’une autre l’entrée principale du tunnel après avoir
activé le barrage énergétique de protection. Mais cela implique un énorme
volume de roche sans parler des outillages nécessaires à ce type de projet.
Massini m’a également fourni le plan pour atteindre le tunnel, tel qu’il a été
calculé par les spécialistes du Pentagone. La plus proche ouverture pouvait
être réalisée directement dans la montagne, après une distance optimale
dont le point de départ était situé sur le flanc, quelque part à une distance
d'environ soixante à soixante-dix mètres du barrage énergétique situé dans
la profondeur du massif. Même si c’était la solution la plus rapide, il restait
l’inconvénient du barrage à l’entrée du tunnel qu’on ne savait pas percer.
Même s’il n’avait pas la même fréquence de vibration que le second
barrage sphérique, on ne savait pas si on pourrait aller plus loin. Le
contourner était possible, mais cela posait des problèmes technologiques
plus ardus. La seconde option consistait également à percer la roche de la
montagne, mais cette fois en inclinaison, en quelque sorte au-dessus du
tunnel pour passer derrière le barrage. La distance de forage était plus
grande car elle devait respecter certains angles, mais au moins il était
possible de contourner le barrage. Personnellement j’étais sceptique
concernant cette seconde option, car je me doutais bien que ceux qui
avaient construit ce tunnel avaient également prévu cette possibilité.
Massini m'assura du soutien technologique de l’armée américaine, qui
disposait d’une sorte de dispositif plasma hyper puissant couplé avec un
champ magnétique afin d'atteindre les parois du tunnel en moins de deux
jours, si la préparation en amont était bien réalisée. On s'est dit que nous
allions d’abord essayer cette première option et qu'en cas d’échec, nous
irions vers la variante la plus courte, celle du perçage direct jusqu’au
barrage énergétique. Toute l’opération devait se réaliser dans le plus grand
secret. Si Massini nous fournissait les moyens technologiques, nous
organiserions le reste de telle manière à ce que tout semble normal, comme
une action habituelle du DZ. Une des conditions essentielles du senior
Massini était d’envoyer un rapport « erroné » au SRI et au président, afin
d'évoquer une simple découverte parmi d’autres. De surcroît, Massini
exigea qu'une équipe des Etats-Unis nous accompagne, ainsi que certains
représentants maçonniques. Je n’étais pas d’accord avec ces demandes, à
cause du risque de fuite d’informations, et je proposai que ces équipes nous
accompagnent après le percement du tunnel. Je ne voulais surtout pas qu'ils
entrent en même temps que moi, je voulais me convaincre par moi-même
de cette découverte et décider de la suite. Le plus important était d’arriver
au tunnel et ensuite au barrage sphérique. Pour ça, je devais donner
l’impression que j’allais collaborer ouvertement afin qu’il nous fournisse
les moyens techniques nécessaires. Les pressions étaient importantes, mais
d’un autre côté Massini était limité par le secret total entourant cette
découverte. En apparence, aucun d’entre nous ne savait ce que nous allions
trouver à cet endroit, mais j'étais persuadé qu’il gardait par-devers lui une
information essentielle. J’avais l’impression de rêver. Quelque chose
d’exceptionnel allait se produire.

LES MONOLITHES NATURELS « BABELE » A COTÉ DU SPHINX

– Tu n’as parlé à personne de tout ça ? lui ai-je alors demandé.


– J’en ai parlé au général Obadea. C’est le seul à connaître toutes les
implications du problème. Nous avons décidé ensemble que nous allions
attendre avant de dévoiler tout ceci aux autorités politiques compétentes,
car la réaction de l'élite maçonnique pouvait être terrible. Nous ne voulions
prendre aucun risque, surtout que nous avions besoin d’une technologie
avancée qu’ils étaient disposés à mettre à notre disposition. Cette action
impliquait la sûreté nationale, et en fonction de ce que nous allions
découvrir, nous avions potentiellement devant nous le plus grand secret
d’Etat. On ne pouvait pas se permettre d'agir aveuglément.
Je regardais longuement Cezar. Le destin étrange de cet homme me fit
penser à l’engrenage des relations humaines. Nous sommes tous des «
réseaux » plus au moins sophistiqués et l’on transmet de façon correcte ou
incorrecte « l’information » de la vie.
– Et maintenant, à quel stade d’avancement se trouve l'opération ?
In petto, je me mis à espérer moi aussi voir cette mystérieuse structure à
l’intérieur de la montagne.
– Pour l’instant, nous sommes en pleins préparatifs, j’en assume la
direction. J’ai d’abord assuré la sécurité de la zone, qui par chance est très
difficilement accessible. Nous avons fait appel à l’armée et l’on a organisé
une mini base à l’extérieur du périmètre, que nous avons identifié et isolé
avec notre équipe de spécialistes. Il y a sur place presque deux cents
militaires. On a construit un chemin étroit, le tout encerclé de barbelés. A
l’intérieur nous avons un second cercle de protection composé de la
troisième équipe du département. Il y a deux barrières vers l’accès du
chemin improvisé. Le général Obadea s’est chargé de la communication
avec le Ministère des Armées pour le soutien matériel. Tout sera prêt dans
les prochaines deux à trois semaines. A la fin du mois de juillet, le dispositif
plasma arrivera, et il ne restera plus qu’à entrer dans la montagne. Même si
personne n’a accès sans mon accord ou celui du général Obadea, je ferai en
sorte que tu puisses venir dès après notre découverte. A condition que tout
se passe comme prévu, bien sûr. Tu connais maintenant l’essentiel. En
principe, le premier forage commencera fin juillet. Jusque-là, on ne pourra
plus se rencontrer, car les événements s’accélèrent et je dois rester sur
place. Mais je te ferai venir lorsque tout sera sûr et bien préparé.
En disant cela, il se leva et prit congé. On se sépara dans l’espoir que notre
prochaine rencontre nous réunirait dans des conditions extraordinaires.
J’ai marché jusqu’à la maison. Les pensées envahissaient mon esprit, et la
multitude des possibilités me donnait presque mal à la tête. Cette nuit, je me
suis endormi en songeant à cette énigmatique civilisation qui avait construit
l’intérieur de la montagne, en ayant fait preuve d’une maîtrise
technologique d’exception. Qui étaient ces êtres ? D'où nous transmettaient-
ils leur message ? J'étais très loin de l’immense surprise qui attendait depuis
des milliers d’années au cœur de la montagne...
La grande découverte

Après cette rencontre, mon esprit restait constamment obnubilé par le


mystère de la structure identifiée à l’intérieur des monts Bucegi. Je crevais
d’envie de participer aux préparations préliminaires et d’être là au moment
du percement du tunnel, mais je savais que ce n'était pas possible. Je devais
me contenter de la chance d'avoir accès à cet endroit dans un bref délai, en
espérant que rien ne change entre temps. Un mois et demi après ma dernière
conversation avec Cezar, j’attendais fébrilement un signe de sa part.
J’imaginais toutes sortes de possibilités et chaque instant n’était qu’une
longue attente. J’avais une confiance aveugle en Cezar, et je savais qu’il
allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour me faciliter l’accès à cette
zone. J'étais conscient de la tension qu’il devait subir, à cause de la situation
qui devait être maintenue en équilibre. Ce qui était en train de se passer
dans les montagnes était exceptionnel, d’une importance capitale pour la
sécurité du territoire mais aussi pour celle de l’humanité, si l'on prenait en
compte l’intérêt hypertrophié des maçons pour cet endroit.
Les opérations et le plan que Cezar avait conçus n’étaient pas évidents car il
devait tromper la vigilance du senior Massini et de tous les grands maçons
dont les yeux étaient rivés sur cette montagne. Par-dessus tout, il y avait la
pression émanant du risque que cette information ne fuite et parvienne en
haut de l’Etat, et alors la situation deviendrait incontrôlable. Le plan de
Cezar impliquait de mettre au courant la haute autorité politique à un
moment ultérieur, bien défini.
La base secrète dans la montagne
Le moment tellement attendu est survenu au milieu du mois d’août. J’ai été
contacté par les moyens habituels lors d’un matin ensoleillé. Rapidement,
j'ai réalisé que les mesures de sécurité étaient beaucoup plus intenses qu’à
l’habitude. Je ne vais pas rentrer dans les détails car ils sont superflus. Pour
faire court, peu après l’heure du déjeuner, je suis arrivé à l'une des bases
militaires secrètes sur les contreforts de la montagne, là j’ai été pris en
charge par un hélicoptère du Département Zéro, et accompagné par deux
militaires portant un uniforme spécial. Aucun des deux militaires ne m'a
adressé la parole pendant tout le trajet. Les changements de véhicules et «
d’accompagnateurs » se produisaient vite, à la suite d’ordres très courts.
Même si je connaissais les motifs de cette sécurité renforcée, j’avoue que
j'étais contrarié par ces mesures si strictes en les considérant exagérées. Je
me suis vite rendu compte que je n’étais absolument pas en mesure
d’apprécier la véritable valeur de toute cette opération et j’ai rapidement
compris la chance que j’avais d'avoir accès à une des plus grandes
découvertes tes temps modernes. J’eus la certitude que, réellement, on avait
fait une découverte d’une importance capitale. Je pensais au fait que cette
découverte aurait pu changer radicalement la conception de l’immense
majorité des gens en très peu de temps. Mais cette pensée m'attristait, car
dans la conjoncture mondiale actuelle, j’étais bien conscient du surréalisme
de cette idée. Pour assister à une grande transformation, qui aurait impliqué
une nouvelle conception du passé de l’humanité et du sens de la vie, une
grande diplomatie doublée d’une grande intelligence étaient nécessaires
pour réussir à éviter les nombreux « pièges » de nature psychique, physique
et même matériels qui engluaient les masses populaires.
Immergé dans ces pensées je me suis à peine rendu compte de la descende
de l’hélicoptère qui s’approchait de la nouvelle base construite dans la
montagne. Mes réflexions s'évaporèrent comme par magie à la vue de
l'ensemble de ce que je pouvais apercevoir à quelques dizaines de mètres de
hauteur. Même si j’étais habitué aux opérations tactiques militaires et aux
techniques utilisées dans de telles situations, ce que je voyais dépassait de
loin tout ce que j’avais pu imaginer. En premier lieu, j'ai rapidement noté la
présence massive des forces américaines à cause du nombre important de
véhicules tout terrain caractéristiques, et également de certains ensembles
massifs recouverts de bâches portant le drapeau des Etats-Unis. Je me suis
également aperçu qu’un seul chemin était aménagé, il arrivait de la vallée
par la forêt, protégé par deux rangées de militaires. A vu d'œil, il y avait
environ deux cents hommes dans ces deux rangées. Les militaires qui
formaient le rang intérieur portaient un uniforme de couleur sombre, et ceux
de l'extérieur un uniforme habituel. Ils avaient des armes automatiques et la
distance qui les séparait était d'à peine quelques mètres. Le chemin était
bloqué par des barrières massives en face de chaque rangée, avec un poste
de contrôle de chaque côté. L’activité était frénétique, il y avait un va et
vient continu à l'intérieur du périmètre.
Mes observations furent interrompues par l’atterrissage de l’hélicoptère. En
descendant j'ai immédiatement été encadré par deux hommes de troupe
d’origine américaine. On s’est déplacé sur environ vingt mètres et l’on a
attendu environ une heure avec deux hommes supplémentaires.
C'est à ce moment que j'ai réalisé la proportion de l’opération et je
commençai à comprendre son importance exceptionnelle. Au début, j’étais
surpris par ce déploiement incroyable. Je regardais mes quatre gardiens
avec respect car pendant une heure ils n'esquissèrent aucun geste, ni ne
prononcèrent aucun mot. Ils étaient tellement impassibles que j'avais
l'impression de voir des robots. J'ai essayé pendant ce temps d’apprendre le
motif de notre attente et d’autres petits détails, mais c’était comme si je
parlais à des murs. Je me suis donc résigné à attendre Cezar.
Il était fatiguant de rester debout aussi longtemps, et j'ai profité de
l’occasion pour observer en détail tout ce qui m’entourait. Je me trouvais à
moins de cent mètres de tous mes rêves et suppositions sur cette
phénoménale découverte qui attendait depuis des dizaines de milliers
d’années. Le frisson de l’inconnu qui flottait dans l’air imprégnait chaque
personne sur la base et lui donnait un regard énigmatique.
A la droite de l'endroit où je me trouvais, on pouvait observer une ouverture
dans la montagne et un long tunnel. Je pouvais observer le système
électrique installé à l’entrée du tunnel et qui semblait se prolonger à
l'intérieur. L'entrée était bloquée par une barrière de métal et protégé par
quatre américains.
Ce qui attira mon attention était un hangar géant creusé dans la roche, à
droite de l’entrée. Il était immense, mesurant environ dix mètres de hauteur
sur cinquante mètres de profondeur. La réalisation semblait parfaite, avec
une verrière incurvée de façon idéale. Je me suis demandé à quelle
technologie avaient-ils eu recours pour le construire en à peine un mois.
C’est bien après que j'appris que la réalisation de ce hangar n’avait duré
qu'un jour.
A l’intérieur s’empilaient des caisses en bois d’un côté et de l’autre. Il y
avait également trois étranges constructions, comme des chambres en
longueur, qui étaient probablement utilisées pour l’analyse et la recherche.
L'ambiance à l’intérieur du hangar semblait très agitée, je pouvais observer
des personnes en blouses blanches qui entraient et sortaient hâtivement de
ces mini-laboratoires avec différents objets et papiers. Ni le tunnel, ni le
hangar n’étaient protégés par des portes, et le personnel se déplaçait dans
des mini voitures électriques, semblables à celles d’un terrain de golf. Le
hangar était alimenté par deux grands générateurs en extérieur sur la
montagne. A une certaine distance sur ma gauche, je pouvais observer
plusieurs tentes modernes qui étaient probablement l’endroit où les hommes
se reposaient. Mais je ne vis nulle part de cuisine, j’en déduisis qu’on devait
faire livrer la nourriture. Ultérieurement, j'appris que les cuisines étaient
aménagées plus bas dans la vallée et qu’un groupe du DZ ramenait tous les
jours les vivres à la base. Chaque unité était servie dans son campement
pour limiter les risques.
Deux constructions sphériques constituaient les résidences du staff roumain
et américain. Cezar m'informa qu’une de ces sphères, la plus petite, était
habitée par le général Obadea lui-même, et l’autre par deux généraux du
Pentagone ainsi qu’un conseiller de la sécurité nationale de Washington.
Ces bâtiments étaient ergonomiques et futuristes, donnant une plaisante
impression de confort.
J'observais l'activité dans le périmètre, chaque personne bougeait
rapidement et donnait l’impression de savoir exactement quoi faire. De
temps à autre, des voitures s’arrêtaient et déposaient des caisses. J’étais
étonné par la présence massive des américains, car Cezar m'avait laissé
entendre qu’une seule équipe manœuvrerait le dispositif de forage plasma.
Au moment où je me faisais ces réflexions, je remarquai qu'un des
militaires roumains recevait des ordres dans l’oreillette. Dans la foulée nous
nous dirigeâmes vers l'entrée du tunnel.
Nous avons stoppé à quelques mètres de l’ouverture. Mon cœur s’est
emballé, de l’autre côté attendait le plus terrible secret de la planète. Que
s’était-il passé depuis ma dernière discussion avec Cezar ? Qu’avait-il
découvert dans le cœur de la montagne ? La lumière était discrète à
l’intérieur du tunnel, et après environ dix mètres, celui-ci tournait vers la
gauche.
Cezar arriva. Il déboucha du tunnel avec à sa suite un homme plus âgé, doté
d’un visage ferme et d’un regard déterminé. Les deux personnages étaient
graves et silencieux. Cezar s’approcha de moi, et les quatre militaires purent
disposer. Je fis connaissance du général Obadea, et après les salutations
habituelles, il s’engouffra dans la construction sphérique. Il était évident
que le général savait tout de moi et qu’il avait consenti à ma venue sur la
base. Il est probable que ma présence en ce lieu faisait partie de leur plan
concernant les actions maçonniques. Même si je n’étais qu'une petite pièce
dans ce grand rouage, j'étais content d’avoir la chance d’être là.
La Grande Galerie
– La situation est critique, me dit Cezar préoccupé. La relation avec Massini
est très tendue. Mais plus grave encore : tout le monde est au courant de
cette opération ! On avait pensé à cette possibilité, mais pas aussi
rapidement. Notre intention était d’informer l’Etat dans un futur proche à
un moment favorable. Il est vrai que tu n’es pas au courant de tous les
événements survenus lors du dernier mois, je vais t’en faire part en
marchant.
Nous ne prîmes donc pas de véhicule électrique et Cezar me raconta
rapidement les derniers événements en date.
Le tunnel était recouvert d’une couche de caoutchouc. A l’entrée et sur
quelques mètres des infiltrations d’eau se faisaient remarquer, mais dès la
bifurcation vers la gauche, à approximativement dix mètres de l’entrée, tout
était parfaitement sec. J’étais étonné par la perfection du forage. La lumière
blanche laissait apparaître les splendides couleurs des différentes formations
géologiques. Le bruit de nos pas était amorti par le caoutchouc et une
atmosphère énigmatique baignait la galerie. Il fit subitement froid mais
Cezar précisa que cela n’allait pas durer.
On s’est arrêté et j’ai pu voir la galerie. Après le virage elle continuait en
ligne parfaitement droite sur environ cinquante mètres, comme un tunnel de
métro. Plus loin au cœur de la montagne se situait une immense porte. Deux
militaires la gardaient. Je me suis rappelé l’esquisse que Cezar m'avait faite
rapidement, elle correspondait bien à la réalité.
– J’ai été impressionné par la technologie des américains, me déclara Cezar.
La machine utilisée pour le forage n’est pas très grande mais elle nécessite
un équipement spécial. J’ai moi-même participé au forage habillé du
costume ad-hoc. Tu as la sensation que la roche « fond » sous l’action du jet
de plasma. La vitesse est impressionnante pour un tel travail : la distance
entre l’entrée et les deux militaires de la porte fut réalisée en à peine cinq
heures. Tout est parfait après le passage du plasma, très propre.
Tandis qu'on parcourait la grande galerie, Cezar m'informa qu’ils avaient
tenté de forer à un autre endroit dans la montagne, pour contourner la
barrière énergétique. Ils avaient choisi un lieu plus haut sur le versant, à
approximativement trois cents mètres de la base. Ils avaient creusé pendant
plusieurs jours pour arriver au mur du tunnel, et là, tous les efforts pour le
percer avaient été vains. Ils avaient été obligés d’abandonner cette
possibilité et de reboucher l’entrée qu’ils avaient dégagée. Ils étaient donc
revenus au point initial et avaient creusé la roche pour arriver à la barrière
énergétique.
– Le forage était monitoré à chaque instant sur les écrans de contrôle. Nous
avons commencé à voir la galerie que tu observes maintenant, et ainsi avons
pu raccorder les deux tunnels, m’expliqua-t-il.
Entre temps, nous étions arrivés devant l’entrée doublement gardée. D'après
les uniformes, l’un des gardes était roumain et l’autre américain. Les
militaires ont salué Cezar et un système de reconnaissance oculaire apparut
pour l'ouverture.
– Toutes les mesures de précaution ont été prises, énonça Cezar.
L'empreinte de mon iris permet d’ouvrir cette porte. Le système de sécurité
ne s’active qu’à mon empreinte ou celle du général Obadea. A la lecture, le
système de protection par rayons laser se désactive. Nous avons refusé que
les généraux américains soient enregistrés, il n’y a que nous qui avons accès
à la grande galerie. C’est à partir de ce moment qu’on a vu apparaître les
premiers problèmes.
Cezar embraya sur le barrage :
– Il est actif dans cette zone. C’est une sorte de protection énergétique, mais
nous n’avons pas réussi à comprendre comment elle fonctionne. Nous ne
comprenons pas non plus comment elle a pu résister autant d’années. Nous
ne connaissons pas sa source, ni son moyen d’alimentation, ni même la
technologie utilisée. En dehors d’avoir réussi à le dépasser, nous ne
connaissons pratiquement rien sur ce barrage.
Je me tenais derrière lui, regardant le toit de la galerie, là où l’on avait
réalisé la jointure avec le grand tunnel. Il y avait d’abord quelques mètres
de galerie dans la roche, d’un diamètre supérieur au forage du dispositif
américain. Sur cette portion, les murs n’étaient pas aussi nets, il y avait
beaucoup de recoins sur une longueur d’environ six mètres. Un raccord
entre les deux galeries avait été réalisé au niveau du sol, nivelé en pente de
notre galerie vers la galerie ancienne dont les dimensions étaient beaucoup
plus importantes. La différence de niveau était d’un mètre environ et la
transition entre les deux tunnels était parfaitement visible. Personne ne
savait comment ce second tunnel pouvait naître directement dans la
montagne. De toute évidence, ce n'était pas naturel. La possibilité d’avoir
rebouché l’entrée sur soixante mètres n’était pas franchement crédible car la
structure de la roche était partout identique.
Je demandai à Cezar ce qui s’était exactement passé lors de leur arrivée au
barrage énergétique.
– A cet instant, j’étais en train de discuter de la sécurité de la base avec le
général Obadea et les autres officiers du Pentagone. Nous avons été
prévenus que l’unification des deux galeries venait d’être réalisée. Le temps
qu’on arrive, les militaires avaient commencé à retirer le dispositif plasma
de la galerie. Trois hommes de la première équipe spéciale du Département
étaient rentrés à l’intérieur pour examiner cette nouvelle galerie. C’était une
erreur car ils avaient ignoré le protocole d’action préétabli. En avançant
lentement, ils ont commencé à analyser la zone sur quelques mètres, qu’ils
savaient libre jusqu’à la barrière énergétique invisible. Personne ne sait
vraiment expliquer ensuite comment les choses se sont déroulées. Il est
probable qu’ils se soient trop rapprochés du barrage, car quelques instants
plus tard nous avons entendu un bruit étrange et très puissant, comme la
détonation d'un court-circuit. Nous les avons trouvés au sol, à la base
inférieure de la barrière invisible, leurs corps dans des positions étranges.
Tous morts. Une mort instantanée par arrêt cardiaque. Nous avons tenté
d'amortir l’incident mais cela a généré un vent de panique. Comme j’allais
le comprendre plus tard, cette panique se ressentait parmi l’équipe
américaine car leurs peurs initiales se révélaient fondées : nous n’avions
aucun moyen d’accès à cette antique galerie. Le forage latéral avait échoué
à cause de la méconnaissance de la roche qui résistait à toute tentative, et le
barrage énergétique semblait infranchissable. Le senior Massini, qui était
également sur place, a demandé mon opinion. A ce moment précis, le
détachement américain n’était pas au complet. Il y avait seulement les
spécialistes du forage, une équipe de chercheurs et les représentants de
Massini qui se trouvent encore sur place : deux généraux du Pentagone et
un conseiller présidentiel. Entre parenthèses, je ne suis pas certain que le
Président des Etats-Unis soit au courant de cette opération. Les maçons la
considèrent comme un problème interne. Massini en sait davantage sur
l’origine de cette découverte, et d’après ce que j’avais compris, il avait
connaissance d’au moins un élément qui se trouve dans la grande salle dans
laquelle nous allions arriver peu de temps après. Son impatience était
contenue et j’aurais pu sans doute obtenir leur éloignement de la zone, mais
ça n'aurait rien apporté, juste une complication de plus. Massini m'aurait
remplacé illico, et évincé le général Obadea de l’opération dont le pouvoir
politique n’était pas encore informé. Il valait mieux que l’information
vienne de nous et non pas d’étrangers. Mais un élément totalement imprévu
est venu modifier la situation, ce qui n’arrange rien au climat général
aujourd’hui. J'espère seulement que ces tensions vont se contenir et ne pas
générer de conséquences imprévisibles.
Cezar s’approcha de l’imposante porte plantée à l'abord de la Grande
Galerie. Il se dirigea vers le mur de gauche, là où la porte coulissait, et me
dit :
– Maintenant tu te tiens à l’endroit exact de la barrière énergétique
lorsqu'elle était encore active. Est-ce que tu vois quelque chose sur le mur
où je me trouve ?
Je regardai attentivement et vis dans la roche une forme carrée d’environ 20
cm qui semblait incrustée dans la paroi de la montagne. On pouvait
également distinguer la forme d’un triangle équilatéral avec la pointe vers le
haut sur le carré.
– C’est la « clef » que ceux qui ont bâti cette galerie nous ont laissée. Sans
elle, on n’aurait rien pu faire. Après le décès des trois soldats, je suis
retourné au même endroit et j'ai analysé attentivement les environs. J’ai
trouvé ce carré, parfaitement travaillé avec le triangle dessiné. Mais la
galerie était bloquée par l’immense portail que tu vois. Le problème était
que je me trouvais trop près du barrage d'énergie, qui se trouvait à
approximativement deux mètres en face de la porte, soit à l’endroit même
où tu te tiens. Comme tu peux le voir, le carré se situe entre la porte et la
barrière. Comme cela semblait logique, j’ai supposé qu’il pouvait être la
clef. Mais comment y accéder alors même que le chemin était barré ?
Je regardais Cezar ahuri. Les deux militaires avaient depuis longtemps
repris leur garde, en nous laissant seuls à l’entrée du mystérieux boyau.
J’avais des frissons à l’idée de la proximité de tous ces secrets si anciens.
Mon corps me semblait plus léger à cause de l’adrénaline, et j’entendais à
peine les mots de Cezar. Malgré tout, mon esprit était vif et tout me
semblait clair.
– C’était un problème de fréquence de vibration, ai-je lancé, surpris par
mon calme.
Cezar me regarda avec étonnement.
– C’est exact, me confirma-t-il. En cherchant une solution, j’ai fermé les
yeux et me suis concentré sur l’obstacle invisible. Peu après, j’ai senti qu’il
était d’une certaine façon « vivant », d'une manière spéciale, inexplicable.
Le senior Massini était le seul à en savoir davantage, mais je ne voulais rien
lui dévoiler de mes découvertes. J'ai senti qu’entre le barrage et moi existait
une certaine « compatibilité », comme une sorte de sympathie réciproque, et
que j'avais réussi le test de la « fréquence personnelle ». Je n'ai pas arrêté de
me demander depuis quel degré exceptionnel de technologie avaient ceux
qui avaient mis en place ce « contrôle » énergétique, que la science
moderne ne pouvait même pas concevoir. J’ai alors pris quelques cailloux et
les ai jetés sur la muraille indiscernable. Dès que les pierres heurtaient ses
parois, elles se transformaient en fine poussière en formant une ligne droite
sur le seuil. J’ai demandé qu’on m’apporte d'autres objets, en métal, en
plastique, en bois et en cuir. La conclusion était claire : tout ce qui était
constitué de substance amorphe se transformait en poussière, et tout ce qui
était en matière organique était rejeté, car ne possédant pas la fréquence de
vibration requise. J’ai envoyé les poussières pour analyse en laboratoire.
Puis, j'ai touché le mur invisible légèrement avec la main. J’ai senti de
légers picotements, agréables, et cela m'a poussé à avancer mon corps pour
finalement arriver de l’autre côté. La largeur du barrage n'était pas plus
épaisse qu’un centimètre. Les américains et quelques membres de mon
équipe restés de l’autre côté me dévisagèrent stupéfaits. Je me suis
approché du mur et appuyé sur le triangle que tu vois. En fait je n'ai même
pas eu besoin de le toucher car il n’est pas mobile. Il y a juste un léger
dénivelé sur le mur. La porte en pierre a commencé à bouger doucement
vers la gauche, presque sans bruit, et elle s’est arrêtée dans la position
d’aujourd’hui. C'est là que nous avons vu pour la première fois la Grande
Galerie. Ce fut un moment très chargé émotionnellement. Elle était éclairée,
exactement comme aujourd'hui, sans pour autant être reliée à une source
d’énergie.
Cezar fit une pause. Je regardais stupéfait à l’intérieur de la Grande Galerie.
Je pouvais imaginer que l’éclairage provenait de son extraordinaire
habillage. Cette lumière était assez faible quoique très agréable, et elle
procurait, Dieu sait comment, une sensation de bien-être et de détente
physique et psychologique.
– Ensuite, un sentiment complexe et profond nous a envahis. C'est la
vastitude du corridor qui l’a provoqué, mais aussi sa couleur, ses
composantes également, poursuivit Cezar. On en voit difficilement la fin,
mais il tourne brusquement à droite au bout de trois cents mètres. Tu vas en
juger par toi-même. Mais revenons au barrage énergétique. J’ai à nouveau
effleuré le triangle et le portail a coulissé en obturant l’accès. Après l’avoir
ouvert derechef, je me suis aperçu que le barrage avait disparu. C’est donc
cette unique commande qui éloigne l’obstacle énergétique et ouvre la porte
vers la Grande Galerie. J’ai ultérieurement fait plusieurs expériences après
avoir délimité la zone exacte du barrage. Le général Obadea a seulement
effleuré du doigt la barrière énergétique, et même s’il ne lui est rien arrivé
de grave, il a été pris d’un malaise et d’une soudaine sensation de
vomissement. Le conseiller présidentiel américain a lui violemment été jeté
à terre, bien que le contact n'ait duré qu’un bref instant. Il mit plusieurs
heures à se réveiller après son malaise. A la suite de cet épisode, plus
personne ne désirait tenter l’expérience. Il est probable que les trois
militaires qui ont péri furent en contact simultané avec une plus grande
surface. Quand on se tient entre la porte fermée et le mur énergétique, les
gens qui n’arrivent pas à traverser ce dernier ne peuvent pas tenir
longtemps. Nous avons essayé avec plusieurs volontaires. Après avoir clos
le portail et actionné le système énergétique, ils m’ont dit ressentir une
sensation d’étouffement qui devenait rapidement insupportable. Nous avons
donc été contraints de laisser ouvert le barrage et la porte, cependant nous
avons mis un garde et nous avons installé un système d’alarme qui prévient
de toute intrusion non autorisée. Le système de sécurité se réinitialise après
cinq secondes. Viens, je vais te montrer comment fonctionne le portail.
Cezar toucha le triangle. L'immense porte d’environ trente centimètres
d’épaisseur et d’une hauteur d’environ six mètres se mouvait
silencieusement grâce à un système non identifiable. Quand le vantail a
complètement oblitéré l’entrée, j’ai pu remarquer ses finitions parfaites
mais sans aucune inscription, c’était juste un mur immense de roche
légèrement brillant, pesant certainement plus de vingt tonnes. Qu’est-ce qui
rendait son mouvement aussi délicat ? A cet instant, je me suis mis à
respirer difficilement et je fus pris de vertiges. Cezar qui gardait un œil sur
moi ouvrit de nouveau la porte, et mon malaise disparut comme par
enchantement. Il devina la question que je me posais.
– Je ne sais pas ce qui enclenche cet effet si spécifique. C’est probablement
un mécanisme qui se déclenche entre la porte et la barrière énergétique et
qui affecte les organismes vivants dans cet espace intermédiaire. Nous ne
sommes pas non plus parvenus à comprendre le fonctionnement de la porte.
Si tu regardes attentivement quand elle coulisse vers la droite, elle pousse
une roche. Quand elle coulisse vers la gauche, la roche revient sur la porte
comme poussée par un ressort. Mais je ne pense pas que ce soit une
méthode primitive, car tout se passe de façon trop précise et silencieuse.
Les américains ont proposé de casser la roche qui couvre la porte pour
examiner ce qui se trouve en dessous, mais nous n’avons absolument pas
envisagé une telle solution. Pour moi, c’était puéril de proposer cela. Tout
est si exact et parfaitement exécuté dans ce mécanisme. Rien ne peut se
glisser entre la porte et la roche, et on ne peut pas non plus voir ce qu’il y a
derrière. La porte « sort » purement et simplement du mur à gauche de la
galerie jusqu’au mur à droite où elle s’encadre parfaitement. Tandis qu'on
menait ces expérimentations et observations après la désactivation de la
barrière, un des militaires qui assurait la surveillance nous annonça que les
techniciens américains voulaient nous annoncer quelque chose
d'exceptionnel, continua Cezar. Un des deux généraux américains et Obadea
ont rapidement rejoint le centre technique d’analyse de données. Puis ils
m’ont informé qu'immédiatement après la désactivation du premier barrage
énergétique de l’entrée de la Grande Galerie, le bouclier sphérique qui se
trouvait à l’autre bout de la galerie s’était brusquement activé, passant ainsi
à un niveau supérieur de vibration en émettant une forte radiation
lumineuse.
Cezar se dirigea vers le poste de garde des militaires.
– Allons maintenant, il est temps de rentrer dans la Grande Galerie. Tu
pourras voir par toi-même.
Il s’identifia une fois de plus et nous franchîmes le seuil. Je marchais pour
la première fois sur l'étrange matière du tunnel antique, derrière nous les
militaires avaient repris leur position. Deux véhicules électriques nous
tendaient les bras, mais nous avons continué de marcher, Cezar se donnait
ainsi le temps de me raconter ce qui s’était passé avant que nous ne
débouchions dans la structure mystérieuse.
Les murs et le sol étaient faits de roche parfaitement travaillée. Je me suis
approché de la paroi gauche et l’ai touchée, elle était couverte d’une matière
à la fois synthétique et étrangement organique. Cela avait la couleur du
pétrole, mais certains endroits se moiraient de reflets verts et bleus. Des
traits irréguliers provoquaient une impression visuelle de vagues. Pendant
qu’on se déplaçait, les traits se modifiaient de façon ralentie, en créant la
sensation que c’était juste un effet de notre mouvement. Les nuances de
couleur avaient un effet profondément relaxant sur le psychisme et
modifiaient sensiblement notre appréciation de la distance. Je questionnai
Cezar sur ce point.
– Oui, on l’a vu également, et nous avons été obligés de mesurer la distance
totale et la segmentation de la galerie, et de poser des indicateurs de
distance.
En effet, sur la droite de la galerie, des indications de distance en mètres et
en yards se suivaient depuis l'entrée. J'ai également remarqué que le
matériau était rugueux, de plus il ne pouvait être ni rayé ni courbé. Cezar
m'a dit qu’il résistait à toute tentative de percement, et qu'il absorbait les
flammes.
– Les chercheurs américains ne peuvent pas se prononcer sur la nature de ce
matériau car ils sont incapables ne serait-ce que d’en prélever un
échantillon. La seule chose qu’ils peuvent affirmer est qu’il s'agit d'une
combinaison entre matière organique et inorganique, mais la façon dont il
est constitué est un mystère.
La borne de distance indiquait deux cent quatre-vingt mètres quand le
tunnel bifurqua brusquement vers la droite. Je n'arrivais pas à comprendre
ce soudain changement de direction. Au loin, je pouvais apercevoir une
lumière bleue féerique. Observant mon émotion, Cezar me dit :
– Là-bas se trouve la fin de notre voyage. Mais, d’une certaine façon c’est
également le début de quelque chose de plus grand, conformément aux
informations dont je dispose maintenant. Les moyens technologiques qui
nous ont permis de déchiffrer ces informations sont incroyables, mais tu ne
pourras pas avoir accès à ces données. Tu comprendras mieux dans la Salle
des Projections, c'est le nom que nous avons décidé de lui donner.
– Cela signifie-t-il que les américains y ont également accès ? questionnai-
je.
– Immédiatement après avoir résolu le problème du premier bouclier
énergétique, le senior Massini a voulu pénétrer dans la grande salle. J'ai
invoqué des risques trop élevés qui avaient donné lieu à la mort des trois
personnes, mais aussi la nécessité d’implanter un système de sécurité. Cela
ne lui a pas plu, mais il n’avait pas le choix. Je voulais gagner du temps, et
surtout je voulais voir la grande salle sans être accompagné d’aucun maçon.
Je ne savais pas ce qu’ils cherchaient, mais j’espérais m'en rendre compte
sur le champ et pouvoir inventorier son contenu. Les enregistrements
satellite montraient l'existence d’un espace immense au bout de la grande
galerie, lui-même protégé par un autre écran énergétique. Pendant une
pause et profitant de l’absence des américains et de Massini dans le tunnel,
j’ai sauté dans une voiturette. J’ai roulé jusqu’à apercevoir l’étrange lumière
que tu as vue. Ce que tu vois briller est le reflet d’une portion du bouclier
énergétique qui protège l’immense salle dans laquelle nous allons
déboucher dans peu de temps. Au bout, la galerie fait un coude. J’espérais
passer ce nouveau barrage aussi facilement que le premier. En arrivant j’ai
été saisi, le tunnel où nous sommes s’ouvre brusquement en une salle
gigantesque, au cœur de la montagne, protégée par un immense bouclier
énergétique sphérique. Ce bouclier délimite la Salle des Projections et tout
ce qu’elle contient. La grandeur de l'ensemble est phénoménale. Au
moment où je commençais à étudier le moyen d'y pénétrer, un appel
d’urgence de la base me fit rebrousser chemin. La nouvelle que j’allais
recevoir compliquait considérablement les choses. C’était imprévisible.
Tensions diplomatiques exceptionnelles
– J’ai rapidement fait demi-tour pour aller voir les américains et mon chef.
Il y avait un imprévu qui bouleversait tous les plans, les nôtres mais aussi
ceux de Massini. D’ailleurs, l’italien était assis en retrait, profondément
pensif. Il était probablement en train de revoir sa position.
– La presse avait eu vent de quelque chose ?
– Pire. Tu te rappelles de la découverte que les américains avaient faite non
loin de Bagdad ? Et que là-bas, il y avait également une barrière énergétique
qui n’avait pu être franchie et qui était identique à notre bouclier de la
grande salle ?
Je confirmai en hochant la tête. La découverte n’était pas un hasard, c’était
la conséquence de certains relevés opérés par les mêmes satellites militaires
d'espionnage qui avaient mis le doigt sur la structure du Bucegi.
– Le conseiller de sécurité nationale avait reçu un fax ultra secret dans
lequel on lui annonçait que le bouclier de Bagdad s’était brusquement
activé en émettant une forte fréquence. De plus, était simultanément apparu
un hologramme de la planète qui représentait progressivement le continent
européen, puis la zone sud-est, puis le territoire roumain, puis les monts
Bucegi et finalement la localisation de la structure interne. Il était évident
que les deux structures étaient mystérieusement liées, de sorte que
l’activation de l’une avait activé l’autre. Qui sait, il existe peut-être un
réseau de telles structures dans le monde entier. La mauvaise nouvelle étant
que le président des Etats-Unis avait été informé de l’opération et qu’il
avait contacté la diplomatie roumaine par l’intermédiaire des services
secrets. En à peine quelques minutes, l’opération avait été mise sous le feu
des projecteurs. On avait déjà annoncé l'arrivée d’une commission spéciale
de Bucarest pour évaluer la situation sur place.
J’étais tellement captivé par les déclarations de Cezar que je ne m’étais pas
aperçu m’être arrêté en l’écoutant. Il restait presque cent mètres jusqu’à la
dernière courbe et la lumière du bouclier devenait de plus en plus
prégnante.
– Ils ont voulu reprendre le contrôle ? l’ai-je interrogé, impatient.
– C'était l’ordre initial, mais ça s’est compliqué quand ils ont vu à quoi ils
avaient affaire. Mes peurs sont devenues réalités : nos politiciens – ceux qui
possédaient l’habilitation nécessaire – ont paniqué. Il était évident qu’ils ne
pouvaient pas faire face aux événements et que les décisions allaient être
prises à la hâte. Obadea fut mandé à Bucarest, l’existence du département et
de son indépendance étaient sur la sellette. Il devait justifier l’occultation de
cette mission. Avant de partir, Obadea et moi avons discuté et avons décidé
d’un commun accord de dévoiler tous les aspects, les intrigues et les plans
de l’année qui venait de s’écouler, ainsi que ce qu’impliquaient mes liens
avec le senior Massini. Le principal problème était de trouver les bons
interlocuteurs pour faire un tel rapport, parce que si l’on se trompait de
cible, tous nos plans se retourneraient contre nous et l’opération serait
stoppée. L’équipe américaine fut isolée et la garde du tunnel et également la
nôtre furent assurés par un corps spécial de l'armée. La tension
diplomatique était tangible et les pressions de Washington étaient à son
comble. A cette minute, personne n'avait encore connaissance du contenu
de la grande salle protégée par le bouclier. Toutes les opérations avaient été
stoppées. Tout déplacement dans la base était interdit à l’exception de celui
des militaires. Deux généraux de l’armée roumaine en assuraient la
coordination en étroite liaison avec le haut pouvoir politique roumain. Le
seul qui réussit à quitter les lieux fut Massini suite à un ordre express
provenant de Bucarest. A partir de cet instant, je ne l’ai plus revu, mais
crois-moi que j'ai bien senti son influence par la suite. Je parle de la lutte
silencieuse qui se joue en coulisses entre les diplomates roumains et
américains, mais également dans les décisions politiques ultérieures. Tout
s’est passé très vite, il y a seulement huit jours que tout a basculé.
En écoutant Cezar j’étais très étonné du tournant que les choses avaient
prises, mais sur tout de me trouver là comme si rien ne s’était passé.
– Si je suis là, et si vous êtes arrivés à entrer dans la Salle des Projections,
cela signifie que l’intervention du général Obadea à Bucarest a fait des
merveilles ?
Cezar esquissa un sourire énigmatique.
– D’une certaine façon, oui. Le succès est dû à la moralité et au patriotisme
de nos contacts. Une séance exceptionnelle fut organisée au Conseil
Suprême de Défense – le CSTA. La plupart furent bouleversés par ce qu’ils
apprirent. Il s'est créé alors, de façon spontanée, une grande sympathie pour
le général et ses actions. Ils ont décidé sur place de continuer les recherches
sous le commandement global du général et du mien. Mais malgré cette
décision, la crise diplomatique n’avait toujours pas été débloquée. Les
représentants américains ont été autorisés à quitter le pays le lendemain,
mais l’équipe des chercheurs, ainsi que toute la logistique et le matériel sont
restés sur place. J’ai pensé que les choses étaient résolues, et j’étais presque
content que cela se soit passé ainsi car je n’avais plus besoin de faire
semblant et concéder aux demandes de Massini et de sa clique.
Malheureusement leur influence et les pressions qu’ils ont exercées sur la
diplomatie furent considérables.
Nous arrivâmes Cezar et moi à l’extrémité du tunnel qui déviait de nouveau
brusquement sur quelques mètres, vers la gauche cette fois. Le spectacle
était à couper le souffle. La coupole gigantesque du bouclier diffusait une
couleur splendide d’un bleu chatoyant, traversé en continu par des flashes
d’un blanc électrique. Même si Cezar m’avait dit que la Salle des
Projections n’était pas isolée de l’extérieur par un vantail comme c’était le
cas du corridor, on ne pouvait rien voir à l’intérieur à cause du bouclier. Le
tunnel se terminait abruptement en donnant sur cette salle immense de
forme semi-sphérique au cœur de la montagne. La coupole énergétique du
bouclier faisait presque corps avec la montagne. A vu d’œil, la différence de
niveau entre la coupole du bouclier et le plafond rocheux était d’une dizaine
de mètres. La lumière féérique qui émanait du bouclier énergétique rendait
l’image merveilleuse. La beauté de ce tableau inhumain fit frémir mon cœur
d’émotion et d'enchantement.
– Comment as-tu réussi à entrer ? ai-je interrogé Cezar.
– Sache que c’est plus simple que tu ne le penses. Il est probable que les
constructeurs ont imaginé que le premier barrage était un véritable frein
pour les éventuels prétendants, en le jugeant suffisant pour la sécurité de
l’ensemble de l’ouvrage. Je dois avouer qu’ils avaient raison : rien ne peut
traverser la première barricade à moins d’avoir une conscience mentale
supérieure, profondément bénéfique. Même dans le cas d’une déflagration,
la base est parfaitement protégée, c’est peut-être pour cette raison que la
Grande Galerie commence ex-nihilo, très à l’intérieur de la montagne. Je
n'arrive pas à comprendre quelles technologies ils ont utilisées. Quand j’ai
reçu les nouveaux ordres de Bucarest, j’étais comblé. Je devinais la lutte qui
débutait à peine, mais au moins on avait un soutien politique et un
commandement sur place. Ce jour-là, je suis entré dans la Salle des
Projections. J'étais seul et j’ai pu approcher le terrible mystère caché ici
depuis cinquante mille ans. Tu peux difficilement imaginer mes sentiments
à ce moment-là. Mais je ne peux pas tout te dévoiler.
– Tu as mentionné une période de temps. Comment sais-tu de quand ça date
?
– Ce fut le fruit de notre recherche sur certaines données qu’« ils » nous ont
laissées, et que tu pourras voir. Pendant cette dernière semaine se sont
enchainés tous les événements dont je te parle. Beaucoup d’entre eux se
sont déroulés très rapidement, et les changements de situation furent
quelques fois dramatiques. Je vais tout te raconter maintenant, parce qu'une
fois là-bas, dans la salle, tu seras captivé.
Nous nous sommes approchés de la ligne de démarcation entre la Grande
Galerie et l’entrée de la salle. J’écoutais Cezar tandis que je regardais
fasciné les flashes de lumière jouer sur la surface bleutée de la sphère.
– Après la décision du CSAT de poursuivre les recherches, toujours sous le
commandement du Département Zéro, nous sommes allés plusieurs fois
dans la Salle des projections. Là, nous avons tout inventorié avec notre
équipe de spécialistes. Le lendemain, les premiers signaux politiques
contradictoires sont apparus. Les ordres déboulaient et s’annulaient
réciproquement, c’était révélateur. Nous avons transmis le résultat de nos
découvertes. Il semble que ce fut le fusible qui fit exploser la « bombe ». Il
y a deux jours, le général Obadea m’a raconté qu’après son retour de
Bucarest, le CSAT était en séance continue, tout en gardant un œil sur ce
que nous étions en train de découvrir. Ils ont décidé de tout rendre publique.
Ils avaient intégré le général Obadea à la structure du CSAT et sa parole eut
une grande valeur en faveur de la déclaration publique de cette découverte.
Certains membres de la CSAT s’y sont opposés avec véhémence mais ils
étaient en minorité. Les esprits étaient si échauffés qu'ils ont finalement
quitté la salle. Les conseillers présidentiels n'arrêtaient pas les va-et-vient.
Lorsque la diplomatie américaine fut informée que la Roumanie allait faire
un communiqué mondial d’une importance cruciale pour l’humanité, tout a
été plongé dans le chaos. Le général m’a dit qu’il n’avait jamais vu un tel
état d’agitation et de panique parmi les diplomates. Personne n'en
connaissait la cause, mais tous devinaient que quelque chose de très grave
était en train de se passer. Puis le Président fut appelé par la Maison
Blanche, ce fut un dialogue ultrasecret. La discussion ne dura pas
longtemps, le président annonça ensuite l’arrivée d’une délégation
américaine au plus haut niveau diplomatique à Bucarest.
Les informations ont filé à la vitesse de l'éclair, en quelques heures toutes
les transactions et les ententes de l’état roumain avec les organismes
financiers internationaux ont été bloquées. On attendait à tout moment
l’instauration de l’état d’urgence car le Ministère de la Défense avait donné
l’ordre général à ses officiers de se tenir prêts. Tout ça entraîna beaucoup de
confusion, voire de terreur pour ceux impliqués dans les opérations car ils
ignoraient les causes de cet état d’urgence.
Les discussions entre américains et roumains ont eu lieu sans interprètes.
Elles furent violentes avec des insultes et des menaces. Aucun autre pays
n'était au courant, mais les américains savaient qu’il y avait des pays très
puissants qui feraient front avec la Roumanie pour soutenir sa déclaration.
– Mais que voulaient-ils publier dans cette déclaration ? – Ils auraient rendu
publiques les principales informations sur la découverte du Bucegi, en
mettant à disposition du monde entier des preuves, des photographies et
autres éléments essentiels pour appuyer cette déclaration, comme les plans
de la structure de la montagne. On aurait alors invité des hommes de
sciences pour mener des études et on aurait mobilisé toutes les ressources
mondiales afin de résoudre ces nombreuses énigmes. La découverte
concernant le passé très éloigné de l’humanité et l’histoire réelle tout à fait
contrefaite sont à mon avis les points les plus importants. Je te dévoilerai en
partie certains éléments très délicats.
– Mais comment ont-ils été mis au courant de tout ceci ? – Tu le verras, sois
patient. La réaction américaine fut brutale, cette déclaration aurait pu
détruire en une seconde leur domination planétaire, et en plus cela aurait
créé un véritable chaos dans leur économie, et celle du monde entier par
ricochet. Ce fut la raison principale invoquée : ne pas bouleverser les
populations. Mais on perdait de vue l’état de perturbation sociale qui serait
le résultat direct du mensonge et de la manipulation entretenue de façon
délibérée pendant des siècles par les classes politiques et surtout par
l’organisation maçonnique. Sur le plan diplomatique, on a même reçu une
intervention personnelle du Pape qui nous conseillait de la réflexion avant
de faire ce pas fondamental pour l’humanité. Le Vatican avait été informé
par les américains. Ils le considéraient comme un allié pour bloquer notre
démarche, car cette découverte divulguée aurait réduit considérablement le
pouvoir du Vatican et son influence sur les croyants. Toutefois, le Pape n’a
pas pris de décision ferme à l'encontre de cette déclaration, il a seulement
suggéré de bien analyser la situation. Il a même précisé qu’il mettrait à
disposition de l’état roumain certains documents très anciens des archives
du Vatican, d’une grande importance pour la Roumanie et qui pouvait
appuyer la découverte du Bucegi. Enfin, après vingt-quatre heures de
discussions, les Roumains et les Américains sont arrivés à un accord de
collaboration, avec des termes qui s'équilibraient au vu des intérêts de
chaque pays. Je ne peux pas te les dévoiler, mais je sais que la position de
l’état roumain était celle de retarder le communiqué ou de faire une
présentation graduée dans le futur. Le lendemain, quand le calme fut
revenu, selon l’accord, a débarqué une équipe américaine avec toute la
logistique nécessaire et deux généraux et un conseiller spécialisé dans les
problèmes de sécurité nationale. Ensuite nous avons construit l’immense
hangar dans la montagne que nous avons aménagé selon les besoins. Selon
le protocole, nous avons mis en œuvre des mesures de sécurité, de
protection et de surveillance qui doivent être développées ces jours-ci. C’est
pour cette raison que tu n’auras pas accès à certains endroits de la Salle des
Projections.
La Salle des Projections
Cezar me fit signe d’avancer. La Grande Galerie prenait fin brusquement et
débouchait dans une salle de trente mètres de hauteur et d'environ cent
mètres de long. La Salle des Projections était délimitée par le bouclier
énergétique pourvu de dimensions plus petites, d’une hauteur d’une
vingtaine de mètres. Elle me sembla immense. Du bout du couloir jusqu’à
l’entame du bouclier énergétique, il fallait compter environ huit mètres.
Cette distance était délimitée des deux côtés par un matériau semblable à
celui qui couvrait le corridor.
Je marchais lentement, c’était comme un moment de vérité qu’on attend
depuis toujours.
– Le rôle du bouclier est de délimiter la salle, comme un mur, et aussi de la
protéger des évènements extérieurs, me dit Cezar. Il y a une seule voie
d’accès, une sorte de porte qui se trouve devant toi.
En effet, en arrivant devant le mur d’énergie, je me suis aperçu que les côtés
délimitaient en fait un passage. Je suis entré dans la salle, suivi par Cezar, et
derrière nous le bouclier se referma. Cezar m’expliqua que c’était la seule
voie d’accès. Le bouclier était comme un hologramme parfait, sa
consistance était purement énergétique, en donnant l’impression d’être «
organique » au même titre que le matériau du tunnel. A l'intérieur, la surface
du bouclier n’avait plus la même couleur bleue, mais tirait sur un blanc-or,
reflétant ainsi une lumière plus claire et intense, qui ne fatiguait toutefois
pas les yeux.
Je regardais avidement cet espace, qui, par un étrange procédé optique, me
semblait gigantesque, tel l’espace cosmique. Le sol était recouvert de la
même matière couleur pétrole, portant les reflets changeants de cette
lumière étrange qui nous baignait. J’avais l’impression d’être sur une autre
planète, rien de ce que je regardais ne correspondait aux dimensions du
monde habituel.
Mon regard fut attiré par le fond de la salle, à l’opposé de notre position.
Sur la moitié de la circonférence, la salle faisait corps commun avec le mur
dans la roche de la montagne. Le bouclier énergétique ne descendait plus
jusqu’au niveau du sol, comme devant l’entrée, il se courbait à environ dix
mètres de hauteur, en s’interrompant sur la muraille rocheuse.

VUE D’EN HAUT DE LA SPHÈRE A L’INTÉRIEUR DE LA MONTAGNE

Dans la façade en pierre, haute d’une douzaine de mètres, trois trous


énormes semblaient être des tunnels. Un droit devant, et les deux autres
d’un côté et de l’autre. Une lumière verdâtre s'en échappait. Les trois
ouvertures étaient gardées par deux militaires chacune. Je me retournai vers
Cezar :
– Vous avez mis en place une sécurité ici-même ? Pourquoi ? Où mènent
ces tunnels ?
– C'est la zone qui ne t’est pas accessible. Elle est strictement interdite par
le protocole secret signé entre roumains et américains. Je te fournirai
quelques informations générales, mais certaines choses doivent rester
cachées, au moins pendant un temps. Commençons par-là, me dit Cezar en
se dirigeant vers la droite.
En me décalant, je vis plusieurs tables immenses en forme de « T »
disposées le long du mur. Elles faisaient environ deux mètres de haut, et sur
chacune s’inscrivaient des inscriptions inconnues, dont les caractères
ressemblaient à l’écriture cunéiforme. On pouvait distinguer un triangle
dans un cercle, mais rien d’autre ne ressemblait à des symboles standards.
L’écriture n'était pas peinte. Les inscriptions étaient facilement lisibles à
cause d’une légère radiation fluorescente, une couleur particulière
différenciant chaque table.
Cinq tables se répartissaient de chaque côté de la salle. Sur certaines se
trouvaient des objets à l’usage inconnu, peut-être des instruments
techniques. Des fils blancs translucides descendaient au sol vers des boîtiers
rectangulaires. Les boitiers étaient faits d’un matériau brillant, argenté,
impossible à rayer. J'ai tenté d’en bouger un, mais il était parfaitement ancré
au sol. Les fils très fins étaient extrêmement flexibles et légers. A l’intérieur
de petites impulsions lumineuses couraient sur toute leur longueur. Deux
des tables étaient vides, recouvertes d’une couche de poussière très fine de
couleur orangée. Cezar me dit qu’on avait analysé cette poussière mais sans
aucun résultat.
La véritable surprise avait un rapport certain avec le nom attribué à cette
salle. Lorsqu’on passait devant une table, une projection holographique
s’activait au-dessus de sa surface. Des images tridimensionnelles en couleur
se déployaient, parfaites et de très grande taille, presque deux mètres de
hauteur. Parce que les tables étaient trop hautes, on ne pouvait pas voir la
source de l’hologramme.
– La technologie utilisée est formidable, me dit Cezar. Les projections
apparaissent sans aucun geste nécessaire, et elles se déroulent en fonction
des réactions de la personne qui les regarde.
Je me suis dirigé vers une table où s’appuyait une échelle rapportée par les
équipes scientifiques, et je montai dessus pour voir le plateau. D'une
longueur d’environ cinq mètres et d’une largeur d’un mètre et demi, une
couche de matière ressemblant au verre la recouvrait, sans être transparente,
ni opaque. Cette surface se partageait en quatre grands carrés, délimités par
des lignes droites, verticales et horizontales comme une sorte de
quadrillage. D'une fente centrale se projetait l’hologramme. Il s’agissait ici
de biologie, car des plantes et des animaux s’animaient, certains totalement
inconnus. Je touchai légèrement l’un des carrés, le plus grand, et
l’hologramme commença à me montrer la structure anatomique du corps
humain. Je me rendis compte ensuite qu’il s'agissait de mon propre corps, à
cause d’une tache de naissance spécifique que j’avais au bras. Alors que je
ne bougeais pas d’un pouce, les images opérèrent une rotation sur les
différentes zones de mon corps, les présentant sous divers angles. Dès que
je levais le doigt du carré, les images de plantes et animaux revenaient. Si je
bougeais mon doigt à l’intérieur du carré, les images montraient l’intérieur
de mon corps, en offrant la projection des organes internes en fonction de la
position de mon doigt sur le carré. En déplaçant mon doigt d’une certaine
manière, je pouvais obtenir un agrandissement de la zone observée. Je restai
sans voix car je pouvais aller jusqu’à voir des molécules. J'avais
l’impression de rêver, mais je regardais en effet une molécule de mon foie
ayant une dimension énorme. En quelques secondes, j’avais dépassé de loin
les rêves les plus fous de l’humanité en matière de science. Puis je voulus
aller encore plus loin. L’image se fixa sur une particule, mais elle devint
floue et se bloqua sur ce qui semblait être un atome comme un brouillard
avec un centre lumineux.
Ahuri, je touchai d’autres carrés du quadrillage. A chaque fois, le carré
s’illuminait en orange, et à l’intérieur apparaissaient des signes inconnus. Je
parcourus fasciné d’autres carrés, en suivant des projections incroyables de
la vie sur d’autres corps célestes. Je me rendis compte qu'en touchant
simultanément la surface de deux carrées différents, l’image prenait la
forme d’une analyse très complexe, montrant des molécules ADN de
différents êtres et leurs possibilités de compatibilité. Les images
s’accompagnaient d’étranges annotations qui étaient probablement des
observations, des commentaires et des indications sur l’analyse effectuée.
Les animations dynamiques représentaient des phases possibles, et
finalement apparaissait la forme mutante la plus probable en fonction de
l’analyse génétique.
Je redescendis tout tremblant. Mon esprit refusait d’être cohérent, j'avais
des pensées étranges. Voyant ce qui m'arrivait, Cezar réussit à calmer ma
paranoïa galopante déclenchée par le choc provoqué par le fossé
technologique dont je venais d’être témoin. Quelques minutes plus tard,
j’étais revenu à la normale :
– Tu peux passer ici des années sans t’ennuyer ! lançai-je. Je peux à peine
imaginer le niveau technologique de ces concepteurs. Qui sont-ils ?
Impossible que tu ne le saches pas !
Cezar me répondit très sérieusement.
– Aussi étrange que cela puisse paraître, nous n’en avons aucun indice.
C'est comme s’ils avaient voulu nous laisser tout leur savoir, d’une valeur
incommensurable, mais pas nous laisser leur identité. La seule chose qu'on
peut deviner, c’est qu’ils étaient très grands. Il n’y a pas d’autre explication
aux objets de dimensions gigantesques qui se trouvent ici. Mais tu peux être
fier, car depuis cinquante mille ans, tu es le premier à voir la table de
biologie en détail. J’ai été impressionné par la méthode de croisements que
tu as expérimentée. Nos chercheurs n’ont pas encore découvert la variante
du toucher simultané de deux carrés. Il est vrai qu'on a tant à faire en si peu
de temps ! Cela ne fait que six jours que nous sommes entrés dans cette
salle, et seulement trois depuis que nous l’analysons.
Nous continuâmes notre chemin. Cinq tables énormes se répartissaient de
chaque côté de la salle jusqu’à mi-parcours, à quelque sept mètres du
bouclier énergétique. Nous sommes passés rapidement devant chacune car
Cezar m’annonça que ma présence sur le site était très limitée par le temps.
Par ailleurs mon arrivée sur la base était le fruit d’une intervention très
spéciale du général Obadea, Cezar ne pouvant endosser lui-même une telle
décision.
Cinq roumains et trois américains se trouvaient avec nous dans la Salle des
Projections. Les trois tunnels étaient gardés chacun par deux militaires et
deux officiers assuraient la surveillance de la salle.
– La consigne est de ne rien toucher, ne rien projeter sans autorisation,
m’expliqua Cezar.
– Très bien, mais qu’est-ce qu’ils protègent ici ? Plus précisément, de qui ?
– C’est le protocole. De surcroît, comme je te l’ai dit, il existe certains
éléments que je ne peux pas te dévoiler, et qui sont la raison de cette
protection.
Nous passâmes rapidement devant chaque table. Où des projections en
cours balayaient les domaines de la physique, de l’astronomie, de
l’architecture, de la technologie, plus un thème qui abordait les
caractéristiques de plusieurs races d’êtres intelligents – qui n'avaient pas
toutes une apparence humaine – et un domaine peut-être religieux. Le
nombre d’informations diffusées aurait nécessité une étude continue sur
plusieurs années par de nombreuses équipes d’hommes de science. Cela
créait l'impression d’une bibliothèque de l’univers, synthétique et
extrêmement en avance sur notre temps.
Vers le milieu de la salle, une sorte d’estrade trônait, d’une hauteur
d’environ deux mètres et demi, avec cinq marches qui en facilitaient
l’accès. Nous grimpâmes les marches avec Cezar et arrivâmes devant un
dispositif qui ressemblait à une cabine circulaire faite d’un matériau
transparent, haute de trois mètres cinquante et large d’environ un mètre
cinquante. Des installations compliquées s’y trouvaient. A mi-paroi,
jaillissait une sorte de plateforme, et plus haut se nichait comme un bouquet
de capteurs sensoriels métalliques.
– Nous avons conclu que cela représente une installation d’amplification
mentale, me dit Cezar, un possible amplificateur d’énergie psychique, une
véritable machine appliquée à l’esprit. Elle est construite en fonction de ses
concepteurs. Les capteurs que tu vois en haut correspondent parfaitement à
la tête d’un homme d’une taille d'environ trois mètres cinquante, assis sur
cette plateforme. Pour l’instant nous ne savons pas comment cela
fonctionne. Nous devons faire quelques adaptations dans les prochains
jours. Nous attendons plusieurs appareils et des spécialistes pour
commencer à l’analyser en détail.
– Savez-vous quel était le but d’un tel dispositif ? m’enquerrai-je avec
intérêt. J'imagine qu’il a une grande importance au vu de sa position
centrale...
– C’est vrai, mais nous ne connaissons pas son véritable objectif. Il est
probable que l’être qui se connectait aux capteurs était capable de contrôler
de fortes énergies psychiques, mais je suis incapable de dire dans quel but.
Après être descendus, nous continuâmes en passant derrière l'estrade. A
environ quinze mètres sur la même ligne centrale, figurait un tableau de
commandes, ou ce qui y ressemblait. Il n'était pas très grand, et avait une
forme carrée posée sur un pied central qui jaillissait du sol. Toutefois, il me
dépassait légèrement et je ne pouvais voir ce qu’il abritait.
Je m’emparai d’une autre échelle et grimpai quelques marches. Cela
semblait très complexe, comme le réseau précédent formé de plaques, plus
ce que nous appelons des boutons. Etaient représentés des symboles
géométriques précis, avec différents coloris : des triangles, des carrés et des
spirales. Deux fentes parallèles au milieu du tableau sortaient à l'extérieur
sur une vingtaine de centimètres, elles ressemblaient à des manettes. Un
grand carré placé à droite du tableau de commande recelait un « bouton »
rouge en forme de cercle, beaucoup plus grand que les autres symboles. J'ai
estimé le diamètre du cercle à environ dix centimètres. Autour de lui,
beaucoup de signes compliqués s’alignaient, de la même écriture que celle
que j’avais déjà vue sur la table de biologie. C'était la seule zone désignée
ainsi sur l’ensemble du plateau.
Cezar m’ordonna de ne rien toucher, et surtout pas le « bouton » rouge. Il
me suggéra de passer ma main au-dessus du carré, ce que je fis. Apparut un
hologramme immense qui représentait notre planète Terre dans l'espace. Je
reconnus avec émotion la chaîne des Carpates à leur forme particulière.
Ensuite se superposa la projection du carré argenté et du grand bouton
rouge. Le bouton clignotait, pendant que les signes écrits défilaient avec
célérité tout en changeant de couleur. Je vis la Roumanie, une grande partie
de la Hongrie et de l’Ukraine, recouvertes par des flots venus de partout et
bordant la Transylvanie. Ensuite l'image se rapprocha et, en peu de temps,
la Roumanie devint une mare d’eau où dépassaient seulement quelques
pointes montagneuses.
La projection du carré accompagné du bouton rouge se stabilisa, puis
s'arrêta de clignoter. Immédiatement, de la gauche de l’hologramme surgit
l’image des deux fentes et des manettes du tableau de commande, qui
commencèrent à coulisser vers le bas. Je regardais comment les eaux se
retiraient de notre territoire, et qui étrangement allaient vers le sud, vers un
point unique, que je localisai quelque part dans le massif Retezat, plus
probablement dans les monts Godeanu. Toute l’eau s’écoula dans la terre
par cet endroit, et de nouveau le territoire de la Roumanie parut sec, les
formations géologiques que l’on connaît aujourd’hui faisant leur apparition.
Toutefois, sur une certaine zone, sur le territoire actuel de Vrancea, une
fente de couleur sombre d’environ trente kilomètres se déployait, sans que
je réussisse à comprendre ce qu’elle pouvait signifier. Par ailleurs, le Delta
manquait à l’appel, et en lieu et place de la Mer Noire se dressait un plateau
immense qui se prolongeait vers le Proche Orient.
Puis l’image disparut. Stupéfait, je me tournai vers Cezar.
– Ils nous ont même laissé un « manuel d'utilisation », n'est-ce pas ? fit-il en
riant. Le procédé est semblable pour chaque bouton du tableau, mais j'ai
voulu que tu vois celui-ci en particulier, et surtout que tu puisses voir
quelles en sont les conséquences lorsque l’on touche au bouton rouge.
J’espère qu’il existe un système de protection efficace, pour l’instant ceux
de l'équipe de recherche ont identifié une succession de trois étapes
complexes avant de pouvoir appuyer sur ce bouton, qui déclenche le déluge
auquel tu viens d'assister. Le procédé d’enseignement est très pratique,
facile et intuitif. On pense que ces installations maintiennent – de manière
encore inconnue – un équilibre énergétique sur la zone géographique sur
laquelle se trouve la Roumanie. Tu as pu voir la catastrophe qui peut se
produire si cet équilibre est affecté.
Abasourdi, je hochai la tête. On reprit ensuite le chemin vers l’extrémité de
la salle. Après les tables des géants, j'observai des dispositifs très hauts,
d'apparences métalliques, flanqués de ramifications métalliques également,
de formes disparates et alambiquées. Cezar m’informa qu'on ne savait rien
de leurs fonctions. Ils donnaient l’impression d’antennes gigantesques.
Environ dix mètres après le tableau de commande, nous arrivâmes à un
énorme quadrilatère délimité dans le sol. Son côté mesurait environ trois
mètres et sa surface, parfaitement nette, avait une teinte jaune d'or. Au
milieu se trouvait un mini dôme d’une quinzaine de centimètres, avec une
fente sur la partie supérieure avant. Sur la surface carrée reposait un
récipient de la forme d’une amphore antique, haute d’un demi-mètre.
– Le contenu de cette amphore est un des points forts de cette découverte,
m'expliqua alors Cezar. Personnellement je pense que c'est ce que le senior
Massini désirait avant tout, pour lui-même et l’élite maçonnique. L'amphore
ne comportait aucune inscription. Fabriquée dans un type de métal de
tonalité rouge, elle n’avait pas d’anses. Le couvercle, très élégant, ne
laissait pas voir son contenu. Cezar le souleva et je vis une poussière
scintillante, très fine. Les parois du récipient se paraient de reflets bleutés,
ce qui faisait ressortir la magie de la poudre.
– On a analysé cette poussière. Les chercheurs américains ont été
consternés de constater qu’il s’agissait d’une structure cristalline inconnue
de l’or monoatomique. C’est un dérivé de l’or, d’un blanc brillant. La
poussière d’or monoatomique est très difficile à obtenir, surtout dans une
forme d’extrême pureté, comme elle est présentée dans les textes antiques
et les rares références alchimistes authentiques du Moyen Age. La science
actuelle est incapable d’obtenir cette pureté extraordinaire. Mais même non
pure, elle a des résultats spectaculaires sur les organismes vivants et leur
pouvoir de régénération. Il existe encore trop peu de sources d’information
sur les moyens d’obtenir cet or. La NASA a investi des fonds colossaux
dans cette recherche.
Je n’avais jamais entendu parler de l’or monoatomique avant, ni de son
emploi.
– Mais pour quelles raisons peut-on s’intéresser à cette poussière ?
demandai-je interloqué à Cezar. As-tu prévenu Massini de l’existence de cet
or ?
– Je te fiche mon billet qu’il connaissait l’existence de cet or bien avant
d’arriver ici. Je ne sais pas comment, mais c’est certain qu’il le savait et
voulait l’avoir. Mais pourquoi le senior Massini convoitait-il cet or ? J’ai
discuté avec nos chercheurs qui ont pu éclairer ma lanterne.
– On m’a expliqué que, dans sa forme la plus pure, cette poudre stimule
certains flux et changements énergétiques au niveau cellulaire, et surtout au
niveau neuronal. Autrement dit, cela pourrait provoquer un procédé
accéléré de rajeunissement. Théoriquement, un homme peut vivre dans le
même corps physique pendant des milliers d’années, à condition de
consommer cette potion régulièrement. C’est incroyable et presque
inconcevable dans l’esprit de l’homme d’aujourd'hui, mais cela éclaire
beaucoup d’aspects énigmatiques de l’histoire de l’humanité, liés à la
longévité incroyable de personnages très importants, et cela laisse
également apparaître les intentions de l’élite maçonnique.
Je fus tellement surpris que je restai sans voix. J'attendis sans bouger
d’autres explications de la part de Cezar.
– Notre technologie moderne ne permet pas de générer une poussière d’or
monoatomique pure, celle nécessaire pour déclencher le processus de
régénération du corps. De plus l’analyse de la poudre a révélé que les
atomes d’or sont combinés avec les atomes d’un autre élément inconnu sur
terre. Cela complique les choses, car on ne peut pas connaître les
caractéristiques exactes de cette poudre, en dehors de celles mentionnées
dans les écrits antiques, qui par ailleurs sont totalement ignorés par les
savants conservateurs.
Cezar me pria de poser mon pied sur le carré, face au petit dôme.
– Attention, surprise ! m’annonça-t-il.
Devant le dôme, un immense hologramme animé se déplia. Je compris
immédiatement que cela se rapportait au passé très éloigné de l’humanité,
depuis son origine. Le mensonge de la théorie de l’évolution de Darwin
concernant l’espèce humaine me sauta aux yeux. Sa principale erreur ne
provenait pas de sa conception logique, mais de sa méconnaissance de
certains éléments concrets qui s’étaient déroulés dans un passé lointain. Une
synthèse réalisée de façon exceptionnelle, intelligente et intuitive, me le
démontra clairement. Sous l’émotion, je sentis mes jambes fléchir et me
retrouvai à genoux, tout en continuant à absorber les images si réelles des
événements marquants de l’histoire de l’humanité, ainsi que sur notre
véritable origine. Je ne peux malheureusement pas les relater dans ce livre,
c’était la condition que Cezar me demanda de respecter pour ne pas rompre
les termes de l’accord bilatéral entre la Roumanie et les États Unis. Mais ce
que je peux dire sincèrement est que, selon mon appréciation, 90 % de ce
que nous connaissons officiellement à l’heure actuelle sur l’histoire de
l’humanité est faux et contrefait. De façon étonnante, ce qu’on pense s’être
passé est en grande partie mensonger, tandis que les mythes et les légendes,
qui sont considérés par la majorité comme des fantaisies, sont quasiment
réels dans leur grande majorité. Cette étrange « inversion » a été, au fil du
temps, à l'origine de nombreux conflits entre les hommes.
La plupart des idées et des suppositions des archéologues et hommes de
l’art sont fausses, et continuent d’être véhiculées même s’ils ont dans
certains cas des preuves évidentes de leurs erreurs. Certaines « fantaisies »
des savants comme la théorie de la disparition des dinosaures il y a
soixante-cinq millions d’années, ou la certitude que les anciens continents
comme l’Atlantide ou Lemurie ne sont que des mythes, ont été balayées
devant mes yeux, parce que moi j’ai vu comment les choses se sont
réellement passées. Mais il est fort probable que beaucoup d'érudits
préféreront dormir tranquilles au lieu d’accepter le défi de l’inconnu.
Parfois, à un moment important dans le temps, à la projection de
l’événement s’additionnait la carte du ciel avec les positions marquées des
principales étoiles et constellations à cette date. Cezar m’expliqua que cela
s’était avéré une excellente méthode de datation historique, parce qu’il
suffisait de superposer la position des astres pour obtenir ainsi les périodes
temporelles pendant lesquelles les épisodes se déroulaient. La période de
temps couverte par les projections était énorme, plusieurs centaines de
milliers d’années, or le cycle de précession de la Terre de 25 920 années
ramène les constellations – dans leurs positions relatives à notre planète –
sur la même position à des périodes multiples de 25 920 ans. La conclusion
était qu'on pouvait dater la construction de l’ensemble des monts Bucegi à
une période située entre 50 et 55 000 ans. Cela grâce à une image de la
Grande Galerie et de la Salle principale avec tous les objets exactement au
même endroit qu’aujourd’hui.
Les « leçons » étaient faciles à ingurgiter mais extrêmement bouleversantes
par leur contenu. Je vis la vérité sur l’ancienne civilisation égyptienne et
comment les grandes pyramides furent construites, vérité tout autre que
celle que les égyptologues veulent nous faire avaler. Je vis ce qui s’est
réellement passé pendant le Déluge et quelles furent les civilisations qui
repeuplèrent la terre. Mais je n’ai pas le droit de le révéler car cela implique
des réalités choquantes pour l'esprit et la conscience humaine
contemporaine. Initialement, je pensais que le projecteur allait me montrer
le passé de l’humanité, de ses origines jusqu’à la constitution du Bucegi.
Puis je vis que les projections montraient les principaux aspects historiques
de l’évolution des diverses races de la planète jusqu’au Vème siècle après
J.C. Cela signifiait que les géants qui avaient construit tout le dispositif
maîtrisaient parfaitement la temporalité car ils avaient trouvé le moyen «
d’actualiser » les données. Il semblait que la dernière actualisation avait eu
lieu en 500 après J.C. Mais personne n’était en mesure de dire pourquoi les
informations historiques s’arrêtaient à cette date.
Je vis Jésus Christ et sa crucifixion, qui est aujourd’hui niée par beaucoup
de personnes. Je peux dire que pendant cette période beaucoup de choses se
sont passées, beaucoup plus incroyables que celles présentées dans les
Évangiles. Les projections m'ont révélé que de nombreuses personnes
venues d’autres périodes historiques ont assisté à la crucifixion de Jésus.
Ces êtres qui ne se distinguaient pas des autres hébreux présents, avec le
même style d'habillement, avaient en fait des traits de visages forts
différents et s'efforçaient de rester discrets.
L’hologramme me présenta également des séquences de la vie et des
missions spirituelles d’autres personnages exceptionnels, preuve de la
divinité de l’humanité du passé très éloigné. J'ai vu ainsi les actions de
grands réformateurs d’il y a 18 à 20 mille ans, sur lesquels nous ne
connaissons absolument rien. A cette époque le système social et la
population de la planète étaient complètement différents de ce que l’on
connaît à présent, et les archéologues, anthropologues et historiens
devraient réviser leurs conceptions sur ces époques éloignées.
Il y eut tellement de choses vues qu’il me faudrait des centaines de pages
pour les décrire approximativement. Les officiers qui assuraient la sécurité
de la salle et les six militaires regardaient les images, aussi hallucinés que je
l'étais, même s’il est certain que ce n’était pas la première fois qu’ils les
voyaient. A la fin de la séance, quand la dernière image disparut, je restai
longtemps immobile, regardant dans le vide. Finalement, Cezar m’indiqua
qu’il était temps de retourner à la base, nous avions atteint la limite de ce
que j’avais le droit de visionner dans la Salle des Projections. Devant moi,
ne restaient plus que les trois ouvertures géantes qui correspondaient à
d’énigmatiques tunnels dans la montagne. Devant chaque tunnel se postait
un tableau de commande, plus petit que le poste central.
Je questionnai Cezar à propos du mystère des trois tunnels. Il m'informa
qu’il ne pouvait pas m’en parler, seulement me dire que les trois projecteurs
étaient liés à ces tunnels. La seule chose qu’il pouvait divulguer était que
les trois tunnels allaient à trois endroits différents sur la planète. Le tunnel
de gauche était lié à l’Égypte, il se terminait sous le sable, entre le Sphinx et
la grande Pyramide. Le tunnel de droite courait en direction des montagnes
du Tibet. De ce second tunnel il y avait des ramifications qui menaient vers
la ville de Buzau en Roumanie, et une autre ramification qui débouchait en
Irak près de Bagdad. De celui-ci, une nouvelle branche partait vers la
Mongolie.
Cezar me précisa que le tunnel central descendait vers l’intérieur de la terre,
mais il n’en dit pas plus. Le troisième tunnel central faisait l’objet d’un
secret mondial sur lequel les États-Unis souhaitait de fortes garanties. A ce
moment précis, ni Cezar, ni le général Obadea ne connaissaient de
nouveaux éléments sur les discussions bipartites, mais il était certain que
cela faisait partie d’un échange avantageux pour l’Etat Roumain.
Connaissant la terrible influence des maçons et les relations du senior
Massini dans les structures politiques des deux pays, on pouvait soupçonner
que se tramaient de sérieuses discussions sur le commandement de la base.
Fort heureusement, des personnes importantes dans l’appareil politique
roumain connaissaient les machinations odieuses de la maçonnerie et
pouvaient s'opposer à leur influence au niveau de la base du Bucegi.
Avant de quitter les lieux, Cezar m’informa qu’ils étaient en train de
préparer dans le plus grand secret une expédition du premier tunnel vers
l’Égypte, ensuite vers le Tibet, et in fine vers l’intérieur de la Terre par le
tunnel central. Les discussions bilatérales avaient abouti à la constitution
d’une équipe d’élite pourvue de seize individus, six américains et dix
roumains. L’opération serait dirigée par Cezar, qui avait maintenant le grade
de colonel du SRI.
Le départ allait avoir lieu à la fin du mois de septembre 2003, les
préparations s’avéraient très complexes. Cezar resta muet comme une
tombe concernant ces mystérieux tunnels, je ne sus même pas si leur
structure était identique ou non à celle de la Grande Galerie. Il ne souhaita
me donner aucun détail supplémentaire.
Cependant, sans aller plus loin, je pense que les éléments présentés ici
peuvent déjà faire l’objet de profondes réflexions, qui peuvent nous
préparer aux événements à venir. Pour des raisons évidentes, j’ai omis
délibérément de préciser certains endroits qui peuvent conduire à
l’identification de la zone de la base où eut lieu la Grande Découverte.
Un an plus tard, les sensations que j'ai vécues pendant ces quelques heures
continuent de m’imprégner totalement. Sur toutes ces révélations plane
l’énigme ancestrale du Temps, et de la sagesse de ceux qui ont réussi à le
contrôler, attendant patiemment des milliers d’années le moment de nous
révéler la vérité...

FIN du livre 1

La suite de Radu Cinamar, « Le mystère égyptien », qui décrit l’exploration


du tunnel vers l’Egypte, est publiée le 1er décembre 2016 aux éditions
Atlantes.
www.editions-atlantes.fr
L’autre Terre des Dieux

Globe-Trotter, aventurier, et chercheur d'anomalies archéologiques,


Deimian a parcouru la planète sur les sites les plus prestigieux que nous ont
légués les civilisations du passé, afin de mettre en lumière ce qu'il considère
être des anomalies. Des constructions les plus majestueuses aux plus
mystiques, de l'Asie à l'Amérique du Sud, il ramène de ses voyages des
images parfois inédites et exceptionnelles. C'est sur Youtube qu'il expose le
fruit de ses découvertes à travers des vidéos reportages où il place le
spectateur au centre de sa caméra, s'interrogeant sans relâche et
requestionnant ainsi les origines et la nature des édifices qu'il découvre.
Mais Deimian est avant tout l'auteur d'une trilogie d'un roman intitulé «
Origine » et aussi le réalisateur du film l'Autre Terre des Dieux, qui revient
sur l'épisode intrigant et passionnant de l'affaire du mont Bucegi, dont vous
avez pris connaissance dans cet ouvrage.
Ce sont les recherches qu'il a menées ces dernières années, qui l'ont poussé
à partir sur les terres de Roumanie, pour mener une enquête sur des rumeurs
relatives à des découvertes de squelettes de géants. Évhémériste de la
première heure, il confronte ces théories à celles qui constituent le folklore
d'anciennes cultures partout dans le monde, car il est convaincu que derrière
ces légendes, subsiste une vérité qui n'attend qu'à être dévoilée.
« Découverte au Bucegi » est l'ouvrage qui lui a ouvert les portes de la
Roumanie, et c'est au travers de son film « l'Autre Terre des Dieux » qu'il
conclut deux années de recherches et d'investigations, en livrant des images
inédites et parfois perturbantes.
« Sommes-nous seuls dans l'univers ? Et si les réponses n'étaient pas au-
dessus de nos têtes... mais bien sous nos pieds ? » : tel est le point de vue de
ce réalisateur atypique qui nous prouve qu'encore une fois : « Quelque part,
quelque chose d'incroyable attend d'être connu ».
Découvrez «L’Autre Terre des Dieux»
Le film événement inspiré du livre « Découverte au Bucegi»

« Sommes-nous seuls dans l’univers ? Et si les réponses n’étaient pas au-


dessus de nos têtes mais sous nos pieds ? »
L’Autre Terre des Dieux nous propose de voyager avec une curiosité
passionnée à travers la Roumanie pour en explorer les lieux fondateurs, les
phénomènes étranges et les découvertes stupéfiantes à l’origine de ses
légendes.
[1] h p://piramidasunca.ba/eng/home-en.html?vicw-featured et
h p://www.pyramidesdebosnie.fr/

[2] L'orienta on au nord cosmique présente une erreur de 0 degré, 0 minutes, 12 secondes, alors
qu’à Gizeh l’erreur est de 3 minutes d’arc.

[3] Titre aux USA. Le présent volume est la traduc on française du même livre roumain « Viitor eu
cap de mort ».

[4] h p://www.sciencesetavenir.fr/espace/vie-extraterrestre/20150205.OBS1796/ le-nombre-


es me-de-planetes-habitables-dans-notre-galaxie-devient-ver gineux.html

[5] « On a retrouvé la mémoire de l'eau » Luc Montagnier, documentaire sur la 5


h ps://www.youtube.com/watch?v= 2xInJFD23k

[6] Il s'agit d'un procédé de duplica on d'ADN appelé PCR u lisant une solu on du nucléo de et un
catalyseur, la polymérase. Ici on n'a pas de traces d'ADN comme habituellement, mais de l'eau «
informée ».

[7] h ps://michelduchaine.com/2016/07/27/lanalyse-adn-des-cranes-de-paracas– prouve-quils-ne-


sont-pas-humains/

[8] h p://humansarefree.com/2016/06/ancient-giants-and-underground.html

[9] h ps://fr.wikipedia.Org/wiki/G%C3%A9ant_de_Castelnau

[10] h ps://www.youtube.com/watch?v=r9iAhEARPDo voir aussi les vidéos de Klaus Dona.

[11] « Les pyramides à travers le monde et les pyramides secrètes de Bosnie » Sam Osmanagich,
édité par la fonda on des pyramides de Bosnie, disponible sur place ou à commander sur le site
h p://www.pyramidesdebosnie.fr/bou que/

[12] Voir la deuxième par e de « Ovnis en France, les enquêtes de Georges Metz », édi ons
Interkel a.

[13] « Propos sur la liberté, commentaires des yoga-sutras de Patanjali », Swami Satyananda
Sarasva , éd. Satyanandashram France (de nombreuses autres édi ons existent).

[14] « Les usurpateurs » de Susan George Ed. Seuil.

[15] A rapprocher de Giuseppe Mazzini [1805-1872], grand franc-maçon italien (Note de


l’éditeur).
[16] Cavillation : mot désuet signifiant « dérision », « sophisme ».

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