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Droit des contrats – TD 9

Responsabilité contractuelle

Cas pratique

Après réservation de leurs vacances auprès de l’agence de voyage « Le Rêve », M. et Mme


Malchance y sont enfin. Malheureusement, M. Malchance se blessera gravement lors d’une
exploration en canoë organisée par une association. Quant à Mme Malchance, elle se fracturera le
col du fémur dans le sauna de leur hôtel. Une fois à l’hôpital, l’opération de Mme Malchance se
passe bien, mais il n’en est pas de même pour M. Malchance qui voit son nerf tibial lésé par son
chirurgien. Suite à cela, il sera alors boiteux à vie. Les époux Malchance aimeraient savoir s’il est
possible d’obtenir des dommages et intérêts, pour quels préjudices et à qui les réclamer.

S’agissant de la sérieuse blessure de M. Malchance suite à son exploration en canoë et en


vertu de l’article 1147 du Code civil, « le débiteur est condamné au payement de dommages et
intérêts toutes les fois où il ne justifie pas que l’inexécution provient d’une cause étrangère qui ne
peut lui être imputée, encore qu’il n’y ait aucune mauvaise foi de sa part. ». En l’espèce, l’association
« Sport et Joie » organisant cette randonnée de canyoning a bien fourni tous les équipements
nécessaires au bon déroulement de l’expédition. De plus, celle-ci a mis à la disposition des
participants un guide chargé de veiller au bon déroulement de la randonnée. Néanmoins, il se trouve
que M. Malchance a été pris dans un tourbillon, situation à la suite de laquelle il fait une chute de
cinq mètres, ce qui lui vaudra d’être sérieusement blessé. En outre, et à ce sujet, d’après un arrêt de
la chambre civile de la Cour de cassation du 16 octobre 2001, « le moniteur de sports est tenu, en ce
qui concerne la sécurité des participants, à une obligation de moyens, cependant appréciée avec plus
de rigueur lorsqu’il s’agit d’un sport dangereux. ». Toujours d’après les termes de la Cour de
cassation, mais cette fois-ci dans un arrêt du 16 mai 2006, « il existe à la charge d’une association
sportive une obligation de prudence et de diligence dépassant le seul respect des obligations de
sécurité fixées par les instances sportives. ». En l’occurrence, il est assez logique de déduire que sans
ce que l’on peut caractériser comme une négligence de la part du guide d’expédition, M. Malchance
n’aurait pas été pris dans ce tourbillon et, par conséquent, n’aurait pas chuté. L’existence du droit à
réparation dépendant de trois conditions : le dommage, la faute contractuelle et le lien de causalité
entre cette faute et ce dommage. Ceux-ci sont bel et bien réunis, M. Malchance est donc en droit de
réclamer des dommages et intérêts à l’association « Sport et Joie » au titre d’un dommage corporel.

En ce qui concerne la fracture du col du fémur de Mme Malchance suite à une glissade dans
le sauna de l’hôtel, selon les dispositions du même article 1147, « le débiteur est condamné au
payement de dommages et intérêts toutes les fois où il ne justifie pas que l’inexécution provient
d’une cause étrangère qui ne peut lui être imputée, encore qu’il n’y ait aucune mauvaise foi de sa
part. ». En l’espèce, Mme Malchance décide de passer sa journée au SPA de l’hôtel.
Malheureusement, dans la salle du sauna, elle glisse et se fracture le col du fémur. D’après un arrêt
de la chambre civile de la Cour de cassation du 22 mai 1991, « la responsabilité de l’hôtelier, tenu à
l’égard de ses clients d’une obligation contractuelle de sécurité, suppose qu’une faute soit établie à
son encontre. ». Dans la situation de Mme Malchance, il s’agit clairement d’une inattention qui ne
peut être imputée qu’à elle seule et non à l’hôtelier, son obligation de sécurité « ne s’étendant pas à
la surveillance de tous les faits et gestes » des clients résidants dans l’hôtel, comme le rappelle la
Cour de cassation dans son arrêt du 15 janvier 1991. Il y a certes un dommage, cependant il ne peut
être réclamé une quelconque indemnisation sur l’engagement de la responsabilité contractuelle de
l’hôtel.

Pour ce qui est du nerf tibial lésé par le chirurgien de M. Malchance à la suite de son
opération, sur le fondement de l’article 1315 du Code civil, « celui qui réclame l’exécution d’une
obligation doit la prouver. Réciproquement, celui qui se prétend libéré, doit justifier le payement ou
le fait qui a produit l’extinction de son obligation. ». En l’espèce, suite à sa chute lors de son
exploration en canoë, M. Malchance a été victime d’une rupture du tendon d’Achille. Lors de
l’opération, son chirurgien a lésé le nerf tibial, ce qui aura pour conséquence de rendre son pauvre
patient boiteux à vie. Toutefois, comme le précise un arrêt de la Cour de cassation du 25 février
1997, « le médecin est tenu d’une obligation particulière d’information vis-à-vis de son patient et
qu’il lui incombe de prouver qu’il a exécuté cette obligation. ». Il s’agit là, suite à une action en
responsabilité pour inexécution de l’obligation d’information, de prouver que le consentement du
patient à une telle opération, comportant d’éventuels risques d’aggravation de l’intégrité physique
du patient, a été éclairé par les avertissements du praticien. Si le chirurgien peut constituer la preuve
qu’il a bel et bien averti son patient des hypothétiques risques que l’opération comprenait et que le
patient aurait quand même accepté les soins, il y a lieu d’écarter la responsabilité du praticien. Si, au
contraire, il n’est pas exclu que le patient aurait refusé les soins proposés, la responsabilité médicale
est établie, ce qui peut entraîner obligatoirement de réparer le dommage subi. Néanmoins, à cet
égard, la Cour de cassation a affirmé, dans un arrêt du 6 décembre 2007, que « le seul préjudice
indemnisable à la suite du non-respect de l’obligation d’information du médecin, laquelle a pour
objet le consentement éclairé du patient, est la perte de chance d’échapper au risque qui s’est
finalement réalisé », ce qui par conséquent exclut la réparation du préjudice moral. Pour ce qui est
de l’attribution de la responsabilité, d’après les termes de l’article 1384 du Code civil, « on est
responsable du dommage […] causé par le fait des personnes dont on doit répondre. ». En
l’occurrence, le Docteur Médic, chirurgien en question, est le chirurgien d’un hôpital. : il est donc
soumis à un lien de préposition par rapport à l’établissement qui l’emploie. Cependant, comme le
rappelle une décision de la Cour de cassation du 5 mars 1992, « l’indépendance professionnelle dont
jouit le médecin dans l’exercice même de son art n’est pas incompatible avec l’état de subordination
qui résulte d’un contrat ». On peut donc conclure en conseillant à M. Malchance d’intenter une
action en responsabilité pour inexécution de l’obligation d’information au préjudice de la perte de
chance d’échapper au risque contre le Docteur Médic, indépendant de l’hôpital avec qui il est lié en
terme de responsabilité professionnelle, en réclamant des dommages pour le préjudice physique
subi suite au risque qui s’est finalement réalisé.

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