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Université de Namur

La fonction logarithmique

Travail de didactique comparée des sciences et des mathématiques

B. Houben, T. Lomba, D. Raskin

Professeurs :
Prof. Valérie Henry
Prof. Jim Plumat
Prof. Arnaud Vervoort

27 mars 2017
Table des matières

1 Introduction 3

2 Le logarithme en mathématique 3
2.1 Aspects historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.1.1 Raisons de l'invention des logarithmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.1.2 Prémisses de l'apparition des logarithmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.1.3 Invention des logarithmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.1.4 Évolution des logarithmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Outils liés aux logarithmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2.1 Les tables de logarithmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2.2 La règle à calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2.3 Percées technologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.2.4 Nouvelles recherches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.3 Domaines d'application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.4 Aspects théoriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.4.1 L'équation fonctionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.4.2 Dérivée, existence et unicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.4.3 La réciprocité avec la fonction exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

3 Le logarithme en physique 11
3.1 Acoustique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.1.1 La perception auditive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3.1.2 L'échelle des hauteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.1.3 L'échelle décibel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3.2 Thermodynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.3 Travail dans une transformation réversible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.4 Entropie statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

4 Le logarithme en chimie 15
4.1 Aspects historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
4.2 Aspects épistémologiques et dénitions du potentiel réducteur (pH) . . . . . . . . 15
4.2.1 Dénition usuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

1
4.2.2 Dénition sur base de la loi de Nernst . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
4.2.3 Dénition en milieu aqueux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

5 Le logarithme en biologie 17
5.1 La division cellulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
5.2 Croissance des populations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
5.3 Échelle de grandeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
5.4 La distribution log-normale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

6 Conclusion 19

Bibliographie 21

2
1 Introduction

Le présent travail vise à donner un aperçu des approches qu'il est possible d'eectuer dans les
diérentes sciences autour d'un concept mathématique, à savoir la fonction logarithmique. La
liste dressée ici n'a pas pour but d'être exhaustive mais plutôt de montrer la spécicité de chaque
aspect ainsi que son intérêt pédagogique. L'idée est de montrer que l'émergence du logarithme
dans les sciences non-mathématiques peut toujours être liée à au moins un des trois aspects
mathématiques de celle-ci : l'équation fonctionnelle, sa dérivée ou sa réciprocité avec la fonction
exponentielle.
La première section est consacrée à l'apparition du logarithme en mathématique. Nous la res-
situerons dans un premier temps dans son contexte historique pour ensuite discuter des trois
approches modernes évoquées plus haut. Après cela, nous passerons en revue diérentes applica-
tions de la fonction dans les sciences non-mathématiques. Si la plupart se rencontrent déjà assez
bien dans les manuels scolaires, nous espérons néanmoins satisfaire la curiosité des lecteurs plus
exigeants avec certains points davantage méconnus.

2 Le logarithme en mathématique

2.1 Aspects historiques


2.1.1 Raisons de l'invention des logarithmes

Il y a 3 ans, en 2014, les logarithmes ont fêtés leurs 400 ans. Ce nom, logarithme, provient de
l'assemblage de deux mots grecs : logos, signiant le rapport (la raison) et arithmos, le nombre.
L'origine du calcul logarithmique s'explique par la corrélation entre les mathématiques et les
progrès de la société. En eet, au XVIIe siècle, les ottes marchandes reliées à l'Amérique latine
et à l'Asie étaient une source d'enrichissement pour l'Europe. Au travers de ces commerces, ceux
de la soie et des épices ont généré une énorme quantité d'argent. Celle-ci s'étant accrue jusqu'à
en devenir colossale, les économistes se sont retrouvés confrontés à des calculs de plus en plus
grands qui sont devenus très rapidement gigantesques.
De plus, la capacité d'orientation en pleine mer des ottes commerciales était directement liée
aux progrès de l'astronomie. Parmi les astronomes les plus connus de cette époque gurent Tycho
Brahe(1546-1601) et Johannes Kepler (1571-1630). Ce dernier est connu principalement pour la
découverte des trois lois décrivant les orbites et les mouvements planétaires. Seulement, comme
pour les économistes évoqués ci-dessus, les astronomes ont eux aussi dû faire face à des calculs
démesurés. Très rapidement, un problème émergea. En eet, tous ces calculs étaient réalisés à la
main. Bien que les personnes chargées de leur résolution aient été des calculateurs professionnels,
la longueur et complexité des opérations à réaliser a rendu ces dernières ingérables. C'est à cette
époque que le mathématicien écossais John Napier (1550-1617)(dit Neperius ou Neper, huitième
seigneur de Merchiston), voulant réduire ces calculs longs et pénibles qui ralentissaient les progrès
scientiques, chercha à mettre au point un procédé simplicateur.
Pour ce faire, John Neper mis au point un outil pour relier le monde de la multiplication à
celui de l'addition : le logarithme. La volonté de relier ces deux mondes partait d'un constat
évident : il est plus facile d'additionner que de multiplier. C'est ainsi que le logarithme, dont les
propriétés sont telles que les puissances sont réduites à des multiplications et les multiplications
à des additions, s'est avéré être un outil simplicateur d'une très grande utilité.

3
Exemple :
x = 347 × 1456
⇒ log10 (x) = log10 (347 × 1456) = log10 (347) + log10 (1456)
= 2, 540330 + 3, 163161 = 5, 703491
⇒ x = 105,703491 = 505232

Toutefois, calculer le logarithme en base 10 de 347 n'est pas chose aisée car déterminer le loga-
rithme d'un nombre n'est pas évident. Cependant, il sut de le faire une fois pour toutes et le
problème est réglé. Pour ce faire, les mathématiciens ont créé ce que l'on appelle des tables de
logarithmes.

2.1.2 Prémisses de l'apparition des logarithmes

L'invention des logarithmes par Neper provient de l'observation d'un problème de vitesse. Dans
ce problème, une grandeur croît selon les valeurs d'une suite géométrique et une autre valeur
croît selon les valeurs d'une suite arithmétique. Cette observation donna naissance au logarithme
décimal (logarithme en base 10). Pour illustrer cette observation, nous pouvons procéder de la
façon suivante. Considérons deux axes gradués aux mêmes endroits dont l'un sera appelé l'axe des
additions et l'autre l'axe des multiplications 2.1.2. Celui des additions augmente de 1 à chaque
graduation alors que celui des multiplications augmente d'un facteur 10 à chaque graduation.
La graduation 0 (élément neutre de l'addition) de l'axe des additions se situant en face de la
graduation 1 (élément neutre de la multiplication) de l'axe des multiplications.

Figure 1  Représentation de l'axe des additions et de l'axe des multiplications.


A partir de ces deux axes, nous pouvons facilement présenter le principe du logarithme en
base 10. Il s'agît du logarithme en base 10 parce que l'on augmente d'un facteur 10 à chaque
graduation sur l'axe des multiplications. Pour prendre le logarithme d'un nombre, il faut tout
d'abord repérer ce nombre sur l'axe des multiplications. Le nombre sur l'axe des additions se
situant exactement en face du nombre choisi correspondra au logarithme décimal du nombre
choisi. Ainsi, le logarithme décimal de 100 correspond à 2. Le logarithme réalise donc bien un
pont entre le monde des additions et le monde de la multiplication puisqu'il permet de passer
d'un axe à l'autre. Remarquons toutefois que pour trouver les logarithmes décimaux des nombres
entre 0 et 1, 1 et 2, 2 et 3,. . . ces nombres doivent au préalable être placés, par l'intermédiaire
de calculs d'interpolation, sur l'axe des multiplications. Il sut ensuite de procéder à l'identique
et de chercher, sur l'axe des additions, le nombre en vis-à-vis.

4
2.1.3 Invention des logarithmes

Bien que les logarithmes soient présentés ci-dessus de façon assez simple, la construction de
l'outil logarithme était loin de l'être. En eet, il fallut près de vingt ans à Neper pour mettre
au point cette théorie. Pour ce faire, il s'inspira des formules trigonométriques de Simpson qui
transformaient les produits en sommes, formules telles que :
1
sin(A) sin(B) = (cos(A − B) − cos(A + B))
2

Sur l'ouvrage relatif à cette théorie, qu'il publia en 1614, gurait l'inscription :  Mirifici
logarithmorum canonis descrpitio, ejusque usus, in utraque Trigonometria, ut
etiam in omni Logistica Matematica Amplissimi, Facillimi et expedissimi explica-
tio. Authore et inventore Johanne NEPERO, Barone Merchistonii, Edimburgi,
ex officina Andreae Hart, Bibliopolae MDCXIV . Ce qui signige :  Description des
merveilleuses règles des Logarithmes et de leur usage dans l'une et l'autre Trigonométrie, aussi
bien que dans tout calcul mathématique, avec l'explication la plus large, la plus facile et la plus
dégagée de complications. Auteur et créateur Jean NEPER, Baron de Merchiston, À Edimbourg,
dans l'atelier d'André Hart, Libraire, 1614 .
La préface de cet ouvrage précisait les motivations de Neper :  Très illustre amateur de mathé-
matique, comme rien n'est aussi pénible que la pratique des mathématiques, parce que la logistique
est d'autant plus freinée, retardée que les multiplications, les divisions et les extractions des ra-
cines carrées ou cubiques portent sur de grands nombres, qu'elle est soumise à l'ennui des longues
opérations et beaucoup plus encore à l'incertitude des erreurs ; [. . . ] j'ai entrepris de rechercher
par quel procédé sûr et rapide on pourrait éloigner ces obstacles. [. . . ] Est-il un mystère, qui, au
milieu de tant d'autres, lui soit supérieur ; il m'a plu de communiquer son usage au monde des
mathématiciens. 
La publication de ce premier traité sur les logarithmes rencontra un succès énorme, si bien que
des traductions anglaises à destination des universités furent réalisées. Par la suite, cet ouvrage
a permis de révolutionner le calcul de son époque. Bien que Neper fût le premier à publier un
ouvrage portant sur les logarithmes, un autre mathématicien, indépendant de Neper, s'était lui
aussi penché sur cette théorie. En eet, en 1610, le suisse Jobst Bürgi (1552-1632) qui était aussi
un astronome assistant de Kepler inventa l'algorithme logarithmique. Également en se basant sur
la correspondance entre le monde de l'addition et celui de la multiplication par l'intermédiaire
des deux axes évoqués plus haut il publia, en 1620, l'ouvrage Progress tabulen. Cependant, son
travail étant paru après celui de Neper, le nom de Jobst Bürgi n'a pas été retenu comme inventeur
des logarithmes.

2.1.4 Évolution des logarithmes

Toutefois, les logarithmes que nous connaissons aujourd'hui sont quelques peu diérents de ceux
inventés par Neper. En eet, la première dénition des logarithmes de cette époque était donnée
par la relation suivante :
ãn ò
1
ï Å
log 107 1 − =n
107
,
où n correspond au rapport permettant de passer de la progression géométrique à la progression
arithmétique.

5
C'est le mathématicien Henry Briggs (1556-630) qui, après avoir discuté avec Neper, t évoluer
les logarithmes vers ceux que nous utilisons aujourd'hui. Briggs, qui était également professeur de
géométrie au Saint John's Collège de Londres et d'astronomie à Oxford, a été enthousiasmé par
la lecture des  Merveilleuses règles des logarithmes . Pour cette raison, il rencontra à maintes
reprises leur auteur, Neper. Au cours de leurs discussions, Briggs t remarquer à Neper qu'un
changement d'échelle dans les logarithmes permettrait un usage plus commode. Ce changement
d'échelle consistait à ce que log(10) = 1 et que log(1) = 0 : le logarithme décimal était né. Ce
sont ces  nouveaux logarithmes que nous utilisons aujourd'hui encore.

2.2 Outils liés aux logarithmes


2.2.1 Les tables de logarithmes

Peu de temps après avoir créé le logarithme décimal, Briggs publia, en 1617, une table de loga-
rithmes décimaux avec une précision allant jusqu'à la huitième décimale. Par la suite, en 1624,
il en t même une avec non plus huit mais bien quatorze décimales, pour tous les entier de 1 à
20000. Il est à noter que l'ensemble des calculs étant à l'époque réalisé à la main, Briggs consacra
la majeure partie de sa vie à la réalisation de ces tables.
La méthodologie utilisée pour réaliser ces tables de logarithmes était la suivante. Pour le loga-
rithme d'un nombre quelconque x > 10, on exprime tout d'abord x sous la forme d'un nombre
appartenant à l'intervalle [1; 10[, multiplié par une puissance de 10. Par exemple, x = y ×10p avec
y ∈ [1; 10[. On obtenait alors le logarithme de x à l'aide des propriétés logarithmiques suivantes :

log(x) = log(y × 10p ) = log(10p ) + log(y) = p + log(y).

On voit donc qu'une fois les logarithmes des nombres compris entre 1 et 10 connus, tous les
logarithmes peuvent être calculés. De même, si on cherche à calculer le logarithme d'un nombre
a multiple de deux autres nombres, b et c, dont le logarithme est connu, les propriétés des
logarithmes nous donnent rapidement le résultat recherché. En eet, si a = b.c :

log(a) = log(b.c) = log(b + c).

Ainsi, la manipulation de ces propriétés logarithmiques, cumulée au calcul (manuel) de valeurs


spéciques, a permis la construction de tables logarithmiques. Seulement, le calcul du logarithme
de ces valeurs spéciques n'était pas chose aisée. Cependant, l'avantage est, comme évoqué pré-
cédemment, qu'une fois le calcul réalisé, il est dénitif.

2.2.2 La règle à calcul

En 1620 est apparue en Angleterre la première règle à calcul basée sur l'échelle logarithmique.
Cette règle, qui s'est perfectionnée au l du temps est restée, jusqu'en 1970, l'outil indispensable
du scientique et de l'ingénieur. A l'heure actuelle, la règle à calcul a laissé la place à la calculatrice
électronique.

2.2.3 Percées technologiques

Comme à notre époque nous possédons des ordinateurs capables de résoudre une multitude de
calculs en quelques fractions de seconde, l'objectif poursuivi par Neper visant à simplier les

6
calculs peut sembler secondaire. Cependant, au XVIIesiècle, quand tout se calculait à la main, la
taille et le temps nécessaire à la résolution de calculs était une préoccupation majeure pour bon
nombre de scientiques. Pour cette raison, l'apparition des logarithmes et de ses conséquences
simplicatrices sur les opérations calculatoire a été une véritable révolution dans le monde scien-
tique.

2.2.4 Nouvelles recherches

En plus d'accélérer bon nombre de recherches par réduction de la longueur de leurs calculs, les
logarithmes ont également permis de débuter de nouvelles avancées. En eet, à l'époque, certaines
études avaient été laissées de côté à cause de la longueur des calculs qui leur étaient associés.
Par exemple, l'astronomie a énormément progressé grâce aux logarithmes. Cela a même été
reconnu par Johannes Kepler qui, en 1624, rendit hommage à Neper par les phrases suivantes :
 Je résous la question par le bienfait des logarithmes. Je ne pense pas que quelque chose soit
supérieur à la théorie de Neper . Ce même Kepler qui, grâce à la théorie des logarithmes, a pu
établir les trois lois portant son nom (les deux premières sont publiées en 1609 et la troisième en
1618). Par la suite, en utilisant ces lois, Isaac Newton (1643-1727) a pu établir un des fondements
de la mécanique : la loi de la gravitation (1687).

2.3 Domaines d'application


On pourrait penser qu'à l'heure actuelle, avec la puissance de calculs dont dispose nos ordinateurs,
que les logarithmes sont devenus totalement inutiles, mais il n'en n'est rien ! En eet, même si la
vitesse de calcul n'est plus aussi vitale qu'à l'époque de Neper, les logarithmes ont encore à l'heure
actuelle de nombreuses applications dans lesquelles ils interviennent. Dans les mathématiques, les
logarithmes interviennent dans plusieurs domaines diérents, principalement celui de la variation
des fonctions.
Dans ce domaine, on cherche à calculer des variations. Prenons par exemple la vitesse. Pour com-
prendre comment les logarithmes interviennent pour le calcul de variation de vitesses, reprenons
les deux axes évoqués précédemment, à savoir celui de l'addition (écart de 1 entre chaque gradua-
tion) et celui de la multiplication (facteur 10 entre chaque graduation).Considérons le problème
suivant : soit deux mobiles, l'un (M1 ) sur l'axe multiplicatif et l'autre (M2 ) sur l'axe additif.
M1 avance à une vitesse constante d'une graduation par seconde. Par contre, M2 avance quant
à lui à une vitesse telle que la graduation sur laquelle il se trouve correspond à la graduation
sur laquelle se trouve M1 2.3. Par exemple, si M1 est sur la graduation 100, M2 est lui aussi sur
la graduation 100. Par conséquent, M2 accélère de de plus en plus. La question qui se pose est
alors la suivante : peut-on calculer la vitesse d'M2 ? En réalité, il est assez dicile de répondre
à cette question.
Cependant, les mathématiciens ont découvert qu'il existe une base (autre que la base 10) pour
laquelle ce genre de question devient beaucoup plus facile. Cette base, correspond à un facteur
d'environ 2,718 entre deux graduations sur l'axe multiplicatif. En considérant cette base d'environ
2,718 et en reprenant le problème des vitesses ci-dessus, ce dernier se simplie énormément. En
eet, dans ce cas-ci, la vitesse d'M2 devient exactement égale à la graduation sur laquelle se
trouve M1 . Par exemple, si M1 est sur la position 13.8, cela signie que M1 va à une vitesse
d'exactement 13.8 graduations par secondes.
En transposant cela dans la théorie de la variation des fonctions, une multitude de problèmes
peuvent être résolus, c'est quelque chose de fondamental qui donne accès à d'innombrables pos-

7
Figure 2  Représentation des deux mobiles M1 (axe multiplicatif) et M2 (axe additif). M1
avance à vitesse constante alors que M2 avance de sorte à se trouver à chaque instant sur une
graduation de même valeur que M1

sibilités. Pour cette raison, le nombre 2,718 est considéré comme l'un des nombres les plus im-
portants dans les mathématiques. C'est pourquoi, de la même manière que 3, 141592. . . = π , on
a associé au nombre 2,718 (2,7182818. . . ) la lettre e, en hommage à celui qui l'a découvert, Euler
(1707-1783). Le logarithme en base e porte même un nom bien précis : le logarithme népérien,
en hommage à celui qui avait inventé les logarithmes, Neper.
D'autres applications que celles-ci existent aussi. Par exemple, les échelles semi-logarithmiques
qui ont l'avantage de pouvoir représenter un axe contenant des valeurs variant sur plusieurs
puissances de 10 avec un autre variant peu en comparaison. Existent aussi les échelles logarith-
miques pour des axes variant tous deux sur plusieurs puissances de 10. De même, dans les cours
de mathématiques dispensé dans le secondaire supérieur, les logarithmes se retrouvent dans de
nombreux énoncés. Par exemple dans le cas d'un problème où le nombre d'algues dans une piscine
doublerait chaque jour.

2.4 Aspects théoriques


Dans cette section, nous allons présenter brièvement les trois portes d'entrée classiques concernant
l'introduction de la fonction logarithmique en mathématique.

2.4.1 L'équation fonctionnelle

Cet aspect est selon nous le plus important car il constitue le fondement de ce que sont les
logarithmes. Il a déjà été introduit par les sections précédentes puisqu'il est à la base de la
créations des logarithme.
Comme nous l'avons déjà dit, la fonction logarithmique permet de faire le lien entre le monde
additif et le monde multiplicatif. La tableau ci-dessous représente quelques valeurs du logarithme
décimal (en base dix).

x 1 10 100 1000 10000


log10 (x) 0 1 2 3 4

Dans cet exemple, on remarque que les nombres de la première ligne suivent une progression

8
géométrique de raison q = 10 et que la seconde ligne suit une progression arithmétique de raison
r = 1. D'une manière générale, si on dispose d'une suite de nombre en progression géométrique
de raison quelconque q , alors les logarithmes des diérents nombres de cette suite seront en
progression arithmétique de raison r.
En reprenant depuis le début, notre problème est le suivant. On dispose d'une suite géométrique
dénie par la relation de récurrence un+1 = un · q , d'une suite arithmétique dénie par la relation
de récurrence vn+1 = vn + r, et on souhaiterait disposer d'une fonction f qui permet de passer
de l'un à l'autre : vn = f (un ). Ces relations impliquent :

f (un+1 ) = f (un ) + r
f (q · un ) = f (un ) + r.

Les choix u0 = 1 et v0 = f (u0 ) = 0 permettent d'écrire :

f (q · u0 ) = f (u0 ) + r
f (q) = r.

Ce qui nous conduit à l'équation :

f (q · un ) = f (un ) + f (q).

Autrement dit la fonction f , si elle existe, transforme les sommes en produits. Plus généralement,
on qualie de logarithmique toute fonction f qui satisfait à l'équation fonctionnelle suivante :

∀x, y ∈ R+
0 f (xy) = f (x) + f (y).

A partir de cette équation, on peut démontrer assez facilement toutes les propriétés usuelles des
logarithmes.

2.4.2 Dérivée, existence et unicité

Dans cette section, nous allons supposer qu'une solution de l'équation fonctionnelle existe et on
va se demander quelle pourrait être sa dérivée. Ceci nous amènera à nous poser des questions
sur l'unicité de celle-ci, ce qui nous permettra d'en donner une dénition rigoureuse.
Pour ce faire, on dérive chaque membre par rapport à la variable y (en considérant x comme une
constante). On obtient :

f (xy) = f (x) + f (y)


f (xy)x = f 0 (y).
0

En prenant y = 1, on a :

f 0 (x)x = f 0 (1)
f 0 (1) k
f 0 (x) = = .
x x
On voit que la dérivée de toute fonction qui satisfait à l'équation fonctionnelle de départ est
proportionnelle à x1 . Cela implique aussi que, si on dispose d'une fonction qui satisfait à l'équation
fonctionnelle, alors toute fonction g(x) = kf (x) satisfera également à celle-ci. Il y a donc une
innité de fonctions qui sont solution de l'équation fonctionnelle.

9
Si on pose k = f 0 (1) = 1, l'expression de la dérivée de f devient x1 . On peut se servir de cela et
peut alors servir de base pour dénir ce que l'on appelle le logarithme népérien, noté ln(x). Il
s'agit de la fonction de R+0 vers R qui a pour dérivée x et telle que ln(0) = 1. Ou encore :
1

Z x
dt
ln(x) = .
1 t
Cette dénition sur base de la dérivée garantit l'existence de la fonction ln(x) puisque la fonction
x est continue, ce qui assure l'existence d'une primitive. La condition f (1) = 0 assure alors
1

l'unicité de cette primitive. Au passage, comme la fonction inverse est strictement positive sur
R+0 , cela implique que ln(x) est strictement croissante sur son domaine.

A partir de cette dénition, il est possible de démontrer que la fonction ln(x) satisfait à l'équation
fonctionnelle. En eet, si on considère la fonction g(x) = ln(xy) − ln(x) avec y > 0, on a :
y 1
g 0 (x) = − =0
xy x
g(x) = k
avec k une constante réelle. Donc, pour x = 1, on a k = g(1) = ln y . Donc :
ln(xy) − ln(x) = ln(y) ⇔ ln(xy) = ln(x) + ln(y).

Enn, comme précédemment mentionné, les solutions restantes de l'équation fonctionnelle sont
du type f (x) = k ln(x). Si on impose la condition f (a) = 1 pour un certain réel a positif et non
nul, alors 1 = k ln(a) ⇔ k = ln(a)
1
. Ce ceci permet de dénir le logarithme en base a comme la
fonction de R0 dans R donnée par
+

ln(x)
loga (x) = .
ln(a)
Elle est dénie de manière unique puisque ln(x) est déni de manière unique.

2.4.3 La réciprocité avec la fonction exponentielle

Si la fonction logarithmique permet de transformer les produits en sommes, il en est une autre
qui permet de faire l'inverse, à savoir la fonction exponentielle. Celle-ci se note ex et est dénie
comme l'unique fonction qui soit sa propre dérivée et telle que e0 = 1. Elle satisfait également à
une équation fonctionnelle, à savoir :
∀x, y ∈ Rf (x + y) = f (x)f (y).
De même, on dénit l'exponentielle en base a quelconque (a > 0) comme :
ax = ex ln a .

On peut montrer que les fonctions ln(x) et ex sont réciproques l'une de l'autre 1 , c'est à dire que
ln(ex ) = eln(x) = x. En eet, soit les fonctions g(x) = ln(ex ) et h(x) = eln(x) , on a :
ex
g 0 (x) = =1
Z x Z x ex
g 0 (t)dt = dt
0 0
g(x) − g(0) = x − 0
g(x) = x
1. On pourrait faire de même avec les fonctions logarithme et exponentielle en base a.

10
et
eln(x) h(x)
h0 (x) = =
x x
h0 (x) 1
=
h(x) x
Z x 0 Z x
h (t)dt dt
=
1 h(t) 1 t
ln(h(x)) − ln(h(1)) = ln(x) − ln(1)
h(x) = x

Dès lors, il est possible de dénir la fonction logarithme comme la bijection réciproque de l'expo-
nentielle, pour autant qu'on ait dénit cette fonction de manière indépendante auparavant. Ceci
permet d'écrire l'équivalence suivante, qui peut être bien utile dans certaines applications :
y = ax ⇔ x = loga (y).

La gure suivante illustre de manière graphique la réciprocité entre logarithme et exponentielle.

3 Le logarithme en physique

3.1 Acoustique
Une utilisation très courante d'une échelle logarithmique en physique concerne le domaine de
l'acoustique, à savoir l'étude de la propagation du son. En eet, dans la plupart des manuels
scolaires, on trouve une section consacrée à l'échelle décibel, qui mesure l'intensité sonore. Celle-
ci est logarithmique et la raison invoquée est bien souvent le fait qu'elle soit pratique pour
comparer des valeurs qui s'étalent sur plusieurs ordres de grandeur. En réalité nous verrons que
la raison est plus profonde que cela car la plupart des perceptions humaines se font de manière
logarithmique. Autrement, le fait de doubler l'intensité d'un stimulus sera perçu comme un
 ajout de perception. C'est le cas pour la perception de l'intensité sonore mais aussi pour la
perception de la fréquence d'un son à laquelle est associée la notion de hauteur.

3.1.1 La perception auditive

Un son est une vibration de l'air qui se propage. Pour être plus précis, il s'agit en réalité d'une
perturbation de la densité de l'air : il alterne entre des zones où ses molécules sont comprimées
(densité élevée) puis détendues (densité basse). Ces zones de compression et de dépression s'ef-
fectuent dans le sens de propagation de la perturbation. Les physiciens classent donc le son dans
la catégorie de phénomènes ondulatoires. Par exemple, lorsqu'une corde de guitare est pincée, la
vibration de la corde met l'air autour d'elle en mouvement. La perturbation se propage jusqu'à
notre oreille à la vitesse de 340 m/s et vient faire vibrer la membrane située dans la partie in-
terne de celle-ci, à savoir le tympan. Lorsque le tympan vibre, des petits cils vibratiles se mettent
mouvement et un inux nerveux est transmis au cerveau, qui est interprété en une perception
auditive.
Ceci dit, lorsqu'on s'intéresse plus généralement au modèles de perceptions humaines, c'est-à-
dire à la manière dont les sensations sont interprétées psychologiquement 2 , on s'aperçoit que
2. On parle de psychophysique ou encore de sensorimétrie.

11
les perceptions s'eectuent rarement de manière linéaire par rapport à l'excitation perçue. Cela
signie qu'un stimulus deux fois plus fort sera rarement associés à une perceptions deux fois
plus grande. Un modèle proposé pour rendre compte de cela est celui de Weber et Fechner 3 .
L'hypothèse de base 4 est que le seuil de perception, c'est-à-dire la variation minimale détectable
varie avec la quantité à mesurer. Par exemple, si une personne peut tout juste possible de détecter
une diérence de poids entre des masses de 100 et 105 grammes, il ne lui sera pas évident de
distinguer une diérence de poids entre des masses de 200 et 205 grammes. Fechner introduit
l'idée que la diérence de perception ∆P d'une grandeur est proportionnel à la variation relative
S de cette grandeur, soit :
∆S

∆S
∆P = k
S
avec k une constante de proportionnalité. En passant aux diérences innitésimales, puis en
intégrant, on obtient :
dS 0
Z 0 Z S
S
Å ã
0
dP = k P = K ln
P S0 S0 S0

avec S0 la valeur de de S correspondant à un perception nulle. Nous allons voir que les échelles
utilisées en acoustique reètent ce type de perception logarithmique.

3.1.2 L'échelle des hauteurs

L'oreille humaine à ceci de remarquable qu'elle peut distinguer les fréquences de sources sonores
diérentes. La fréquence d'un son est le nombre de perturbations (compression et dépression)
que sa source émet par seconde. Celle-ci se mesure en hertz (Hz). Par exemple, une source sonore
de 400 Hz émet quatre cent vibrations par seconde. Un son de haute fréquence provoquera une
sensation d'aigu alors qu'un son de basse fréquence provoquera une sensation de grave. Cette
perception de grave ou d'aigu est appelée la hauteur du son.
Cependant, comme nous l'avons mentionné auparavant, la hauteur d'un son n'est pas perçue de
manière linéaire, dans le sens où un son de fréquence double ne nous apparaît pas comme deux
fois plus aigu. En réalité, lorsqu'on double successivement la fréquence, on a la sensation que
l'on joue toujours la  même note , c'est-à-dire qu'on lui ajoute toujours la même hauteur, en
l'occurrence celle qui correspond à une octave. De même, si on multiplie la fréquence de deux
sons par le même nombre, ceux-ci apparaîtront plus aigus, mais toujours séparés de la même
hauteur.
An de rendre compte de cette observation, les physiciens ont élaborés une unité de mesure de
la hauteur de son, le cent (il en existe d'autres, comme le savart, mais nous nous limiterons à
celle-ci). Celle-ci est principalement utilisée en acoustique, an de quantier une diérence de
hauteur entre deux sons. On peut calculer cette diérence à partir du rapport de fréquences de
deux sons. On décide que si celui-ci est de 1 (fréquences identiques), la diérence de hauteur
sera nulle, ce qui semble logique. Ensuite, si ce rapport est multiplié par deux, on augmente la
diérence de de hauteur de 1200 cents 5 . On cherche donc une fonction h du rapport de fréquence
qui satisfasse l'équation suivante :
h(2n ) = 1200n
3. Il en existe d'autres comme la loi en puissance de Stevens mais celui de Weber-Fechner est assez bien adapté

à la perception auditive

4. D'abord introduite par Weber, puis approfondie par Fechner

5. Cette valeur est basée sur la gamme de musique dite tempérée, qui comprend douze demi-tons égaux,

équivalent chacun à 100 cents.

12
pour tout entier n positif. C'est bien une fonction logarithmique qui se cache la derrière, en
l'occurrence en base 2. On dénit la diérence de hauteur entre deux comme :
f2
Å ã
h = 1200 log2
f1
avec h la diérence de hauteur et f1 et f2 les fréquences de sons.

3.1.3 L'échelle décibel

Il n'y a pas que la fréquence d'un son qui soit perçue de manière logarithmique mais aussi
l'intensité sonore, c'est-à-dire l'énergie par unité de surface et par unité de temps véhiculée par
l'onde sonore. Elle se mesure en Watt par mètres carrés (W/m2 ). En fait, cette intensité est
directement liée à l'amplitude de la vibration sonore. Notre oreille est sensible à des intensités
sonores allant de 1 × 10−12 W/m2 (seuil d'audition) à 10 W/m2 (seuil de douleur). De même, on
utilise une échelle logarithmique pour parler de cette gamme d'intensité, à savoir l'échelle décibel
(dB). On dénit le niveau d'intensité sonore d'une source (en dB) comme suit :

I
Å ã
L = 10 log10
I0

où I est l'intensité sonore de la source et I0 le seuil d'audition.


Un exemple chiré permet de comprendre ce qui se passe lorsque l'on est soumis à plusieurs
sources sonores. Considérons par exemple un ouvrier situés entre deux machines qui ont des
niveaux d'intensité sonore de 90 dB chacune. On se demande alors quel sera le niveau d'intensité
sonore perçu par l'ouvrier. Il s'agit d'un exercice tout à fait typique où l'utilisation des propriétés
des logarithmes sut pour arriver à la réponse. Le piège classique est ici de considérer que l'on
peut multiplier la valeur en décibel par deux, et ce à cause de la prégnance de la linéarité. On
se convainc que ce n'est pas le cas grâce au calcul suivant. Soit L le niveau d'intensité sonore
cherché et I l'intensité d'une seule machine. On a :
2I
Å ã
L = 10 log10
I0
I
Å ã
= 10 log10 (2) + 10 log10
I0
= 3.01 dB + 90 dB = 93.01 dB.

En fait lorsqu'on double l'intensité sonore, le niveau sonore n'augmente que de 90 dB ! Ceci
correspond bien à la réalité de la perception humaine évoquée auparavant. Il est à noter que
toutefois, que la perception logarithmique de l'intensité n'est qu'une première approximation
de la réalité 6 . D'autres facteurs interviennent comme la fréquence : nous n'entendons pas avec
avec la même intensité des sons de fréquences diérentes. Le seuil d'audition est par exemple
beaucoup plus élevé pour des sons plus grave. Ceci est primordial pour les acousticiens qui s'en
réfèrent aux courbes de Fletcher et Munson qui donnent les courbes d'isosonies 7 pour des sons
purs à 1000 Hz.
6. Il en va de même pour la perception des hauteurs dont nous parlions précédemment.

7. Courbes de sensations sonores identiques.

13
3.2 Thermodynamique
3.3 Travail dans une transformation réversible
La fonction logarithmique apparaît également en thermodynamique dans le cadre du calcul du
travail lors d'une transformation réversible. Si, par exemple, on étudie la compression ou la
détente isotherme d'un gaz parfait dans un piston, le travail est donné par l'expression générale
suivante : Z f
W = dW
i
où i est l'instant initial, f l'instant nal et dW l'élément innitésimal de travail. Soient P la
pression que le uide exerce sur le piston, S la section droite du piston, V le volume du uide et
dx la variation innitésimale de position du piston. On a dW = P Sdx = P dV . Or pour un gaz
parfait, on l'équation d'état :
P V = nRT
avec n le nombre de moles de gaz au sein du uide, T la température du uide et R =
8.31 J/(mol K) la constante des gaz parfaits. On obtient pour le travail :
Z Vf
W = P (V )dV
Vi
Z Vf
nRT
= dV
Vi V
Z Vf
dV
= nRT
Vi V
Vf
Å ã
= nRT ln
Vi
On remarque que si Vf > Vi (détente) alors le logarithme sera positif et W sera positif. Le uide
fournit alors du travail au piston. Par contre, si Vf < Vi (compression) alors le logarithme sera
négatif et W aussi. Le uide recevra alors le travail du piston. Ceci est illustré par les diagrammes
de la gure.

3.4 Entropie statistique


La matière est formée de particules (molécules, atomes, électrons. . . ) en perpétuel mouvement
(agitation thermique) exerçant les unes sur les autres une force attractive (interactions). La
somme des énergies de toutes les particules d'un système thermodynamique donné s'appelle
l'énergie interne U du système. Lorsque le système est isolé, c'est-à-dire qu'il n'échange ni matière
ni énergie avec l'extérieur, son état macroscopique n'est caractérisé par son volume V et son
énergie interne U . Cependant les particules peuvent être disposées dans le volume d'un très
grand nombre de façons diérentes et, de même, l'énergie interne peut être répartie d'un très
grand nombre de façons diérentes sur les particules. Chaque façon de placer les molécules dans le
volume et de leur distribuer l'énergie interne s'appelle une conguration microscopique de l'état
macroscopique. Le nombre de particules étant, dans un système macroscopique, immensément
grand (de l'ordre de 1023 ) le nombre Ω(U, V ) de ces congurations microscopiques est lui-même
immensément grand. De plus, lorsque deux systèmes dont les nombres de congurations sont Ω1
et Ω2 sont connectés, le nombre de congurations total est le produit Ω = Ω1 Ω2 .
L'entropie est une fonction d'état qui peut-être vue comme une mesure du  degré de désordre d'un
système. Elle doit donc être fonction du nombre de congurations et croître strictement avec lui.

14
De plus, c'est une grandeur extensive, c'est-à-dire que l'entropie d'un système à l'équilibre est
égale à la somme des entropies de chacune de ses parties. Par exemple, si l'on sépare un système
en deux parties, d'entropies respectives S1 et S2 , l'entropie globale S est égale à S1 + S2 . L'en-
tropie est donc une fonction de Ω qui transforme les sommes en produits, c'est-à-dire être une
fonction logarithmique.
C'est ainsi que Ludwig Boltzmann établit rs les années 1870 la déntion suivante pour l'entropie :
On dénit alors l'entropie S par :
S = kB · ln(Ω)

où kB = 1.381 × 10−23 joule/K s'appelle la constante de Boltzmann.

4 Le logarithme en chimie

Quand on évoque la fonction logarithme en chimie, on pense de suite à la notion de potentiel


Hydrogène. Le potentiel Hydrogène, couramment abrégé pH, peut être déni comme un indi-
cateur permettant d'estimer la concentration en ions hydronium (H3 O+ ). Indirectement, le pH
permettra de quantier le niveau d'acidité et de basicité d'une solution (Petrucci et al., 2017).

4.1 Aspects historiques


La notion de potentiel Hydrogène a été introduire la première fois en 1909 par le chimiste danois
Soren Sorensen. Les recherches de celui-ci se basaient sur les eets des concentrations de quelques
ions sur certaines protéines. Il étudiait plus spéciquement l'activité microbienne en fonction
de l'acidité du milieu lors de phénomène de fermentation alcoolique [PBM+ 12]. Au plus ses
recherches avançaient, et plus la nécessité d'introduire une notion permettant la quantication
des ions hydrogènes devenaient indispensable [Jen04]. Tel que le relatent les recherches publiées
par Sorensen [?], une électrode composé de H+ /Pt/H2 a été mise en place an de mesurer l'acidité
de plusieurs solutions. En xant la pression en dihydrogène à 1 atmosphère, on peut décrire le
potentiel de cette électrode par l'équation suivante :
Ç å Ç å
RT 1 1
E = 2, 3 log = 0, 0577 log .
F [H+ ] [H+ ]

Dans un premier temps, il dénit ce que l'on appelle aujourd'hui le potentiel Hydrogène comme
 the hydrogen ion exponent  (pH). Il exprime donc la concentration en ions hydrogène sous la
forme suivante [Jen04] :
pH = 10−p
où p représente la puissance de l'exposant. La notation de pH fut plus couramment adoptée par
la communauté scientique et le Journal of Biological Chemistry entre 1910 et 1919.

4.2 Aspects épistémologiques et dénitions du potentiel réducteur (pH)


4.2.1 Dénition usuelle

D'un point de vue didactique, il est nécessaire d'eectuer un rappel sur base de l'introduction
d'une échelle d'acidité à partir de l'autoprotolyse de l'eau. L'autoprotolyse de l'eau se base sur
les particularités de l'eau dans la classication en tant qu'acide ou base. En eet, l'eau peut jouer

15
le rôle d'acide ou de base. On la qualie donc d'ampholyte. Cette réaction d'autoprotolyse peut
s'écrire sous la forme suivante :
H2 O + H2 O → H3 O+ + OH− .

Après quelques transformations, on peut déterminer une constante d'autoprotolyse de l'eau


H3 O+ ][OH− ]
KH2 O =
[H2 O]2
ainsi que le produit ionique de l'eau à 25 ◦C
[H3 O+ ][OH− ] = 10−14 .

L'introduction d'un acide HA dans l'eau augmente la concentration en ions H3 O+ . Dès lors,
elle deviendra supérieure à 10−7 . Au contraire, l'introduction d'une base dans l'eau diminue
cette concentration qui devient inférieure à 10−7 . A partir de ces observations, il est possible
d'établir une échelle d'acidité sur base des valeurs de concentration en ions H3 O+ . Ces valeurs
varient entre 10−14 pour une solution très basique et 1 pour une solution très acide, ce qui
n'est guère pratique. Pour faciliter les calculs numériques et une représentation graphique plus
aisée, le Danois Sorensen a fait appel à la fonction logarithme pour dénir la notion de potentiel
réducteur.
Dès lors, on peut dénir le potentiel réducteur d'une solution aqueuse comme l'opposé du loga-
rithme décimal de la valeur de la concentration en ions [H3 O+ ], exprimée en mol/L [PBM+ 12] :
pH = − log[H3 O+ ].

Ceci est équivalent à l'expression suivante :


[H3 O+ ] = 10−pH .

La dénition du potentiel Hydrogène telle qu'elle est énoncée ci-dessus ne permet pas de mesures
directes de pH. En eet, le pH dépend également d'autres facteurs tels que l'inuence du solvant.

4.2.2 Dénition sur base de la loi de Nernst

La dénition du pH sur base de la loi de Nernst a été proposée par l'Union internationale de chimie
pure et appliquée à partir d'une méthode électrochimique expérimentale ( [IUP], [FC09], [PHMB17]).
Considérons la cellule électrochimique suivante :

Électrode de référence | Solution de KCl concentré | Solution X | H2 | Pt (électrode à


hydrogène)

Avec une électrode à hydrogène comme électrode de travail et le couple H+ /H2 . Le potentiel
électrochimique de l'électrode de travail est donné par la relation de Nernst :

0 RT [H+ ]
EW = EH + /H + ln .
2
F [H2 ]
En consultant les tables de potentiel standard, on constate que celui du couple H+/H2 est nul.
L'équation peut donc être réécrite comme suit :
RT RT 1
EW = ln 10 log [ H+ ] + ln .
F F [H2 ]

16
Nous avons vu précédemment que le pH pouvait être déni comme l'opposé du logarithme de la
concentration en protons. On peut donc instaurer cette dénition dans l'équation précédente :
RT RT 1
EW = − ln 10 pH + ln .
F F [H2 ]

La f.e.m. d'une cellule électromagnétique est donnée par la formule suivante :

E = EW − Eréf .

Si on considère la force électromotrice de la solution inconnue EX et celle de la solution connue


ES et ne les soustrayant, on écrit :

ES − EX = EWS − Eréf − (EWX − Eréf )


Ç å
RT RT 1 RT RT 1
=− ln 10 pH(S) + ln − − ln 10 pH(X) + ln .
F F [H2 ] F F a(H2 )

Donc
RT RT
ES − EX = − ln 10 pH(S) + ln 10 pH(X).
F F

En mesurant la force électromotrice de la cellule avec une solution X et une solution S de référence,
on obtient :
(ES − EX )F
pH(X) = pH(S) + .
RT ln 10

4.2.3 Dénition en milieu aqueux

Enn, sur base de la fonction logarithme, il est possible d'établir deux autres dénitions du pH.
Il est cependant important de noter que ces dénitions sont valables dans une gamme de pH
comprise entre 2 et 12 et pour des concentrations en ions inférieures à 0.1 mol/L [?]. On dénit :
[H+ ]
Ç å
pH = − log γH
C0

où gammaH est le coecient d'activité des ions H+ , [H+ ] la concentration molaire en ions H+
et C0 la concentration standard (1 mol/L). On peut également le dénir comme suit :
mH
Å ã
pH = − log γH
m0

où mH est la molalité des ions H+ et m0 la molalité standard (1 mol/kg).

5 Le logarithme en biologie

5.1 La division cellulaire


La division cellulaire, également reprise sous le terme de mitose, est une notion initiée par le bio-
logiste allemand Walther Flemming. En 1878, Flemming étudie le processus de division cellulaire
sur des branchies et des nageoires de salamandre. De manière plus spécique, il base ses études
sur la distribution des chromosomes dans les cellules lles. Bien qu'il remarque une transfor-
mation de la chromatine en laments, il n'a pas pu distinguer les chromatides des chromosomes

17
durant la métaphase. Ses études ont mis en évidence le fait que le noyau des cellules lles provient
du noyau de la cellule mère. Il écrit  omnis nucleus e nucleo , ce qui signie  tout noyau vient
d'un noyau . En 1882, au terme des études citées ci-dessus, il publie un manuel de cytologie
décrivant les diérentes étapes de la mitose illustrées.
En mathématique, le logarithme en base 2, également appelé logarithme binaire, s'écrit log2 (n).
Il s'agit de la fonction réciproque de la fonction puissance de 2, à savoir f : R → R+
0 : x → 2 .
x

Le logarithme en base 2 de x est donc la puissance à laquelle le nombre 2 doit être élevé pour
obtenir la valeur x, soit :
log2 (x) = a ⇔ x = 2a .

Cette fonction logarithme en base 2 peut être utilisée dans le phénomène de division cellulaire. En
eet, considérons a comme le nombre de divisions cellulaires successives et x comme le nombre
de cellules lles obtenues après a divisions, on peut écrire :
x = 2a .

A partir de cette formule, et en connaissant le nombre de cellules lles obtenue, on peut déter-
miner le nombre de divisions cellulaires successives :
log2 (x) = a.

5.2 Croissance des populations


Dans le domaine de l'écologie, il est possible de formuler un modèle, suivant l'hypothèse d'un
taux d'accroissement constant, qui décrit la croissance exponentielle d'une population [VDA12].
Ces modèles sont généralement utilisés dans le domaine de la microbiologie, pour estimer la
croissance d'une population de bactéries sur un milieu de culture. Il est cependant important
de préciser que ce modèle ne tient pas compte de la capacité de charge d'une population (K),
c'est-à-dire de la taille maximum que celle-ci peut atteindre sur base des ressources et de l'espace
disponibles. La croissance sera donc considérée comme illimitée dans l'espace et dans le temps.
On ne tient également pas compte des taux d'immigration et d'émigration.
Considérons P0 comme population de départ, Pn la population après n années, n le nombre
d'années considérées et a le taux d'accroissement naturel, on peut écrit la relation suivante :
Pn = P0 (1 + a)n .

Sur base de ce modèle, il est possible de calculer le temps que met l'eectif de la population pour
doubler. Dès lors, on obtient :
log 2
n= .
log(1 + a)

Pour des taux de croissance faibles, on approchera la solution proposée par la relation suivante :
0, 7
n= .
a

5.3 Échelle de grandeurs


La biologie est un vaste de domaine des sciences qui s'étend dans des ordres de grandeurs très
diérents. De l'atome qui ne mesure qu'un dixième de nanomètre au corps humain qui mesure

18
de l'ordre du mètre, en passant par les cellules (10-5m) ou les macromolécules (10-8m), il est
dicile d'établir des échelles de grandeurs non logarithmiques. Celles-ci permettent d'établir
des comparaisons et de pouvoir représenter ces diérents éléments sur une même échelle de
grandeur 5.3.

Figure 3  Échelle logarithmique reprenant diérents exemples d'éléments en biologie (Oce-


Nationale.fr)

5.4 La distribution log-normale


La loi log-normale, également reprise sous le nom de loi de Galton, est une loi mathématique
appliquée sur des distributions qualiées de  non normales . Il s'agit d'un cas particulier de la
classique distribution gaussienne de fréquences auxquelles on aurait appliqué une transformation
logarithmique [Koc66]. Une variable aléatoire X suit une loi log-normale quand son logarithme
suit un loi normale, c'est-à-dire lorsque Y = ln X suit une loi N (α, β) où α et β sont les para-
mètres de la loi normale [Wei01].
Les domaines d'application de cette distribution log-normale sont variables. Dans le cadre de
ce travail, nous nous pencherons plus spéciquement sur les applications dans le domaine de
la biologie. En physiologie, une approche log-normale peut être utilisée pour représenter le pic
maximum de réponse des anticorps primaires et secondaires [San54]. La vitesse à laquelle le po-
tassium, utilisé comme traceur, peut être perdu par les cellules musculaires, peut être approchée
par une telle distribution également. De manière plus générale, cette distribution sera très lar-
gement utilisée dans le domaine de la pharmacologie, pour quantier et représenter la relation
dose-réponse [Koc66].
En écologie, on retrouve couramment des distributions log-normales dans le cas d'une quantica-
tion du nombre d'individus par espèce, du nombre de parasites par hôte, du nombre de personnes
atteintes de maladies diérentes ou encore, en systématique, du nombre d'espèces par famille,
par ordre [Koc66]...

6 Conclusion

La présent travail à été rédigé avec pour volonté de donner du sens à l'apprentissage d'un concept
en mathématiques. Pour ce faire, une questionnement a été mis en place an que l'apprenant
puisse construire ses connaissances et que la rétention future soit meilleure. Toutefois, il s'est
heurté à certaines dicultés et tendrait à être approfondi et amélioré sur certains points. Déjà, il
n'est pas exhaustif sur la question traitée : de nombreux points théoriques n'ont pas étés abordés
comme les questions de croissances, de courbure et de limite de la fonction logarithmique, ainsi
que les équations logarithmiques. Le lien avec la fonction exponentielle n'a pas non plus été
abordé. En réalité, le point central était axé sur l'équation fonctionnelle et ses conséquence,

19
point qui a tendance à être oublié dans la littérature. Bien que l'essentiel ait été dit, l'approche
par l'équation fonctionnelle nécessite peut-être davantage de rigueur et de formalisme que les
approches plus classiques, ce qui pourrait décourager les élèves. Cependant, ce point nous parait
essentiel dans le compréhension ne du concept de logarithme et c'est une volonté de le mettre
en avant qui a été le moteur de ce travail.

20
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