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Algèbre
Ilyas NAJI(∗)
Octobre 2019
Maroc
2 Avant-Propos
Avant-propos
Ce Polycopié est une version étoée de notes de cours d'algèbre donnés par l'auteur
auprès des étudiants de première année de l'ENSA. Il couvre entre autres l'intégra-
lité du bagage algébrique minimum que devrait avoir acquis un étudiant en première
année de n'importe quelle école d'ingénierie. Il contient également des résultats qui
permettent d'approfondir certaines thématiques ou de redécouvrir des notions clas-
siques sous une nouvelle perspective.
Pour ce programme, en plus des séances de Cours des séances Travaux Dirigés
(TD), sont prévus, et l'auteur propose un recueil d'exercices avec corrections, per-
mettant l'application de l'ensemble des techniques vues dans le cours. À la n de ce
manuscrit se trouvent ces séries d'exercices de TD.
Ilyas NAJI
Ilyas NAJI - École Marocaine des Sciences de l'Ingénieur - Rabat - Octobre 2019 -
Table des matières
Avant-propos 2
1 Logique et raisonnement 7
1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Logique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.1 Assertions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.2 L'opérateur logique et . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.3 L'opérateur logique ou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.2.4 La négation non . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.5 L'implication =⇒ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.6 L'équivalence ⇐⇒ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.7 Quanticateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.8 Le quanticateur ∃ : "il existe " . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2.9 La négation des quanticateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3 Raisonnements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3.1 Raisonnement direct . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3.2 Cas par cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3.3 Contraposée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3.4 Absurde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3.5 Contre-exemple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3.6 Récurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.3.7 Exercices d'applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4 Ensembles et Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4.1 Ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4.2 Dénir des ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.4.3 Inclusion, union, intersection, complémentaire . . . . . . . . . 17
1.4.4 Règles de calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.5 Produit cartésien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.6 Exercices d'applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.5 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.5.1 Dénitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.5.2 Composition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3
4 TABLE DES MATIÈRES
3 Polynômes 29
3.1 Dénitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.2 Opérations sur les polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.3 Vocabulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.4 Arithmétique des polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.4.1 Division euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.4.2 PGCD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.5 Racine d'un polynôme, factorisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.5.1 Racines d'un polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.5.2 Théorème de d'Alembert-Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.5.3 Polynômes irréductibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.5.4 Théorème de factorisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
3.5.5 Factorisation dans C[X] et R[X] . . . . . . . . . . . . . . . . 36
3.6 Fractions rationnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.6.1 Décomposition en éléments simples sur C . . . . . . . . . . . . 38
3.6.2 Décomposition en éléments simples sur R . . . . . . . . . . . 42
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TABLE DES MATIÈRES 5
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6 TABLE DES MATIÈRES
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Chapitre 1
Logique et raisonnement
1.1 Introduction
- Il est important d'avoir un langage rigoureux. La langue française est souvent
ambigüe. Prenons l'exemple de la conjonction ou ; au restaurant fromage ou
dessert signie l'un ou l'autre mais pas les deux. Par contre si dans un jeu de carte
on cherche les as ou les c÷urs alors il ne faut pas exclure l'as de c÷ur. Autre
exemple : que répondre à la question As-tu 10 euros en poche ? si l'on dispose de
15 euros ? - Il y a des notions diciles à expliquer avec des mots : par exemple la
continuité d'une fonction est souvent expliquée par on trace le graphe sans lever
le crayon . Il est clair que c'est une dénition peu satisfaisante. Voici la dénition
mathématique de la continuité d'une fonction f : I → R en un point x0 ∈ I :
C'est le but de ce chapitre de rendre cette ligne plus claire ! C'est la logique. - Enn
les mathématiques tentent de distinguer le vrai du faux. Par exemple Est-ce qu'une
augmentation de 20%, puis de 30% est plus intéressante qu'une augmentation de
50% ? . Vous pouvez penser oui ou non , mais pour en être sûr il faut suivre
une démarche logique qui mène à la conclusion. Cette démarche doit être convaincante
pour vous mais aussi pour les autres. On parle de raisonnement.
1.2 Logique
1.2.1 Assertions
Une assertion est une phrase soit vraie, soit fausse, pas les deux en même temps.
Exemples :
Il pleut.
Je suis plus grand que toi.
7
8 Logique et raisonnement
´1 + 1 = 3ˇ
´4 × 3 = 12ˇ
Pour tout x ∈ R, on a x2 > 0.
Pour tout z ∈ C, on a |z| = 1.
Si P est une assertion et Q est une autre assertion, nous allons dénir de nouvelles
assertions construites à partir de P et de Q
Q
V F
P
V V F
F F F
Par exemple si P est l'assertion Cette carte est un as et Q l'assertion Cette
carte est c÷ur alors l'assertion " P et Q " est vraie si la carte est l'as de c÷ur et
est fausse pour toute autre carte.
Q
V F
P
V V V
F V F
alors l'assertion P ou Q " est vraie si la carte est un as ou bien un c÷ur (en
particulier elle est vraie pour l'as de c÷ur).
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1.2 Logique 9
Remarques 1. Pour dénir les opérateurs ou , et on fait appel à une phrase en
français utilisant les mots ou, et ! Les tables de vérités permettent d'éviter ce problème.
1.2.5 L'implication =⇒
La dénition mathématique est la suivante : L'assertion (non P ) ou Q " est
notée ´P =⇒ Qˇ Sa table de vérité est donc la suivante :
L'assertion ´P =⇒ Qˇ se lit en français ´P implique Qˇ. Elle se lit souvent aussi
Q
V F
P
V V F
F V V
1.2.6 L'équivalence ⇐⇒
L'équivalence est dénie par :
´P ⇐⇒ Qˇ est l'assertion : (P =⇒ Q) et (Q =⇒ P )ˇ
On dira ´P est équivalent à Q ou ´P équivaut à Q ou ´P si et seulement si Qˇ.
Cette assertion est vraie lorsque P et Q sont vraies ou lorsque P et Q sont fausses.
La table de vérité est :
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10 Logique et raisonnement
P \Q V F
V V F
F F V
Exemple 1. Pour x, x0 ∈ R, l'équivalence ´x · x0 = 0 ⇐⇒ (x = 0 ou x0 = 0) ˇ
est vraie.
Voici une équivalence toujours fausse (quelle que soit l'assertion P ) : ´P ⇐⇒
non(P )ˇ. On s'intéresse davantage aux assertions vraies qu'aux fausses, aussi
dans la pratique et en dehors de ce chapitre on écrira ´P ⇐⇒ Qˇ ou ´P =⇒
Qˇ uniquement lorsque ce sont des assertions vraies. Par exemple si l'on écrit
´P ⇐⇒ Qˇ cela sous-entend ´P ⇐⇒ Q est vraie . Attention rien ne dit que
P et Q soient vraies. Cela signie que P et Q sont vraies en même temps ou
fausses en même temps.
Proposition 1. Soient P, Q, R trois assertions. Nous avons les équivalences (vraies)
suivantes :
1. P ⇐⇒ non(non(P ))
2. (P et Q) ⇐⇒ (Q et P )
3. (P ou Q) ⇐⇒ (Q ou P )
4. non(P et Q) ⇐⇒ ( non P ) ou (non Q)
5. non(P ou Q) ⇐⇒ ( non P ) et ( non Q)
6. (P et (Q ou R)) ⇐⇒ (P et Q) ou (P et R)
7. (P ou (Q et R)) ⇐⇒ (P ou Q) et (P ou R)
8. P =⇒ Q ⇐⇒ non(Q) =⇒ non(P )
Démonstration. Voici des exemples de démonstrations
4. Il sut de comparer les deux assertions ´ non(P et Q)ˇ et ´( non P ) ou ( non
Q) pour toutes les valeurs possibles de P et Q. Par exemple si P est vrai et Q est
vrai alors ´P et Q est vrai donc ´ non(P et Q) est faux ; d'autre part (non P )
est faux, (non Q ) est faux donc ´ (non P ) ou (non Q) est faux. Ainsi dans ce
premier cas les assertions sont toutes les deux fausses. On dresse ainsi les deux tables
de vérités et comme elles sont égales les deux assertions sont équivalentes.
P \Q V F
V F V
F V V
6. On fait la même chose mais il y a trois variables : P, Q, R. On compare donc les
tables de vérité d'abord dans le cas où P est vrai (à gauche), puis dans le cas où P
est faux (à droite). Dans les deux cas les deux assertions (P et (Q ou R) ) et (P
et Q) ou (P et R) ont la même table de vérité donc les assertions sont équivalentes.
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1.2 Logique 11
Q\R V F Q\R V F
V V V V F F
F V F F F F
1.2.7 Quanticateurs
Le quanticateur ∀ : pour tout " Une assertion P peut dépendre d'un paramètre
x, par exemple ´x2 > 1ˇ, l'assertion P (x) est vraie ou fausse selon la valeur de x.
L'assertion
∀x ∈ E P (x)
est une assertion vraie lorsque les assertions P (x) sont vraies pour tous les éléments
x de l'ensemble E . On lit ´ Pour tout x appartenant à E, P (x)ˇ, sous-entendu ´ Pour
tout x appartenant à E, P (x) est vraie ˇ. Par exemple :
"∀x ∈ [1, +∞ [ (x2 > 1) est une assertion vraie.
´∀x ∈ R (x2 > 1) ˇ est une assertion fausse.
∀n ∈ N n(n + 1) est divisible par 2ˇ est vraie.
Exemple 1.
La négation de ”∃z ∈ C (z 2 + z + 1 = 0) ” est ”∀z ∈ C (z 2 + z + 1 6= 0) ".
La négation de ”∀x ∈ R (x + 1 ∈ Z)” est ”∃x ∈ R (x + 1 ∈ / Z)”.
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12 Logique et raisonnement
Ce n'est pas plus dicile d'écrire la négation de phrases complexes. Pour l'as-
sertion :
∀x ∈ R ∃y > 0 (x + y > 10)
sa négation est
∃x ∈ R ∀y > 0 (x + y 6 10)
Remarques 2.
L'ordre des quanticateurs est très important. Par exemple les deux phrases
logiques
∀x ∈ R ∃y ∈ R (x + y > 0) et ∃y ∈ R ∀x ∈ R (x + y > 0)
sont diérentes. La première est vraie, la seconde est fausse.
En eet une phrase logique se lit de gauche à droite, ainsi la première phrase
arme " Pour tout réel x, il existe un réel y (qui peut donc dépendre de x )
tel que x + y > 0.” (par exemple on peut prendre y = |x| + 1). C'est donc une
phrase vraie. Par contre la deuxième se lit : "Il existe un réel y, tel que pour
tout réel x, x + y > 0.” Cette phrase est fausse, cela ne peut pas être le même
y qui convient pour tous les x.
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1.3 Raisonnements 13
Mais surtout n'écrivez pas ”∀x réel, si f (x) = 1 =⇒ x positif ou nul ". Enn,
pour passer d'une ligne à l'autre d'un raisonnement, préférez plutôt ” donc
”a” =⇒ ”.
Il est défendu d'écrire @, 6= . Ces symboles n'existent pas !
1.3 Raisonnements
1.3.1 Raisonnement direct
On veut montrer que l'assertion P =⇒ Q " est vraie. On suppose que P est
vraie et on montre qu'alors Q est vraie. C'est la méthode à laquelle vous êtes le plus
habitué.
Exemple 2. Montrer que si a, b ∈ Q alors a + b ∈ Q.
Démonstration. Prenons a ∈ Q, b ∈ Q. Rappelons que les rationnels Q sont l'en-
semble des réels s'écrivant pq avec p ∈ Z et q ∈ N∗ . Alors a = pq pour un certain p ∈ Z
0
et un certain q ∈ N∗ . De même b = pq0 avec p0 ∈ Z et q 0 ∈ N∗ . Maintenant
p p0 pq 0 + qp0
a+b= + 0 =
q q qq 0
Or le numérateur pq 0 + qp0 est bien un élément de Z ; le dénominateur
00
qq 0 est lui un
élément de N∗ . Donc a + b s'écrit bien de la forme a + b = pq00 avec p00 ∈ Z, q 00 ∈ N∗ .
Ainsi a + b ∈ Q.
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14 Logique et raisonnement
1.3.3 Contraposée
Le raisonnement par contraposition est basé sur l'équivalence suivante (voir la
proposition 1) : L'assertion P =⇒ Q " est équivalente à non (Q) =⇒ non(P )ˇ
Donc si l'on souhaite montrer l'assertion P =⇒ Q”, on montre en fait que si non(Q)
est vraie alors non(P ) est vraie.
Exemple 4. Soit n ∈ N. Montrer que si n2 est pair alors n est pair. Démonstration.
Nous supposons que n n'est pas pair. Nous voulons montrer qu'alors n2 n'est pas pair.
Comme n n'est pas pair, il est impair et donc il existe k ∈ N tel que n = 2k + 1.
Alors n2 = (2k + 1)2 = 4k 2 + 4k + 1 = 2` + 1 avec ` = 2k 2 + 2k ∈ N. Et donc n2 est
impair. Conclusion : nous avons montré que si n est impair alors n2 est impair. Par
contraposition ceci est équivalent à : si n2 est pair alors n est pair.
1.3.4 Absurde
Le raisonnement par l'absurde pour montrer ´P =⇒ Q repose sur le principe
suivant : on suppose à la fois que P est vraie et que Q est fausse et on cherche
une contradiction. Ainsi si P est vraie alors Q doit être vraie et donc ´P =⇒ Q
" est vraie. Exemple 4. Soient a, b > 0. Montrer que si 1+ba b
= 1+a alors a = b.
Démonstration. Nous raisonnons par l'absurde en supposant que 1+b = 1+a
a b
et a 6= b.
Comme 1+b = 1+a alors a(1 + a) = b(1 + b) donc a + a = b + b d'où a − b = b − a.
a b 2 2 2 2
1.3.5 Contre-exemple
Si l'on veut montrer qu'une assertion du type ∀x ∈ E P (x)ˇ est vraie alors
pour chaque x de E il faut montrer que P (x) est vraie. Par contre pour montrer
que cette assertion est fausse alors il sut de trouver x ∈ E tel que P (x) soit fausse.
(Rappelez-vous la négation de ∀x ∈ E P (x) est ∃x ∈ E non P (x)ˇ.) Trouver
un tel x c'est trouver un contre-exemple à l'assertion ∀x ∈ E P (x)ˇ
Exemple 5. Montrer que l'assertion suivante est fausse Tout entier positif est
somme de trois carrés ". (Les carrés sont les 02 , 12 , 22 , 32 , . . . Par exemple 6 = 22 +
12 + 12 .)
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1.3 Raisonnements 15
1.3.6 Récurrence
Le principe de récurrence permet de montrer qu'une assertion P (n), dépendant
de n, est vraie pour tout n ∈ N. La démonstration par récurrence se déroule en trois
étapes : lors de l'initialisation on prouve P (0). Pour l'étape d'hérédité, on suppose
n > 0 donné avec P (n) vraie, et on démontre alors que l'assertion P (n + 1) au
rang suivant est vraie. Enn dans la conclusion, on rappelle que par le principe de
récurrence P (n) est vraie pour tout n ∈ N.
Exemple 6. Montrer que pour tout n ∈ N, 2n > n Démonstration. Pour n > 0,
notons P (n) l'assertion suivante :
2n > n
Nous allons démontrer par récurrence que P (n) est vraie pour tout n > 0. Initiali-
sation. Pour n = 0 nous avons 20 = 1 > 0. Donc P (0) est vraie. Hérédité. Fixons
n > 0. Supposons que P (n) soit vraie. Nous allons montrer que P (n + 1) est vraie.
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16 Logique et raisonnement
√
4. (Absurde) Soit n ∈ N∗ . Montrer que n2 + 1 n'est pas un entier.
5. (Contre-exemple) Est-ce que pour tout x ∈ R on a x < 2 =⇒ x2 < 4 ?
6. (Récurrence) Montrer que pour tout n > 1, 1 + 2 + · · · + n = n(n+1)
2
.
7. (Récurrence) Fixons un réel x > 0. Montrer que pour tout entier
n > 1, (1 + x)n > 1 + nx
.
- Un ensemble particulier est l'ensemble vide, noté ∅ qui est l'ensemble ne conte-
nant aucun élément.
- On note
x∈E
si x est un élément de E , et x ∈
/ E dans le cas contraire.
- Voici une autre façon de dénir des ensembles : une collection d'éléments qui vérient
une propriété.
Exemple 9.
z ∈ C | z5 = 1 ,
{x ∈ R||x − 2 |< 1}, {x ∈ R | 0 6 x 6 1} = [0, 1]
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1.4 Ensembles et Applications 17
Complémentaire. Si A ⊂ E ,
{E A = {x ∈ E | x ∈
/ A}
On le note aussi E\A et juste C A s'il n'y a pas d'ambiguité (et parfois aussi
Ac ou Ā ).
Union. Pour A, B ⊂ E ,
A ∪ B = {x ∈ E | x ∈ A ou x ∈ B}
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18 Logique et raisonnement
Exemple 10.
Vous connaissez R2 = R × R = {(x, y) | x, y ∈ R}.
Autre exemple [0, 1] × R = {(x, y) | 0 6 x 6 1, y ∈ R}
[0, 1] × [0, 1] × [0, 1] = {(x, y, z) | 0 6 x, y, z 6 1}
1.5 Applications
1.5.1 Dénitions
- Une application (ou une fonction) f : E → F , c'est la donnée pour chaque élé-
ment x ∈ E d'un unique élément de F noté f (x). Nous représenterons les applications
par deux types d'illustrations : les ensembles patates ", l'ensemble de départ (et
celui d'arrivée) est schématisé par un ovale ses éléments par des points. L'association
x 7→ f (x) est représentée par une èche.
L'autre représentation est celle des fonctions continues de R dans R (ou des sous-
ensembles de R ). L'ensemble de départ R est représenté par l'axe des abscisses et
celui d'arrivée par l'axe des ordonnées. L'association x 7→ f (x) est représentée par le
point (x, f (x)).
Γf = {(x, f (x)) ∈ E × F | x ∈ E}
1.5.2 Composition
Soient f : E → F et g : F → G alors g ◦ f : E → G est l'application dénie par
g ◦ f (x) = g(f (x))
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1.5 Applications 19
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20 Logique et raisonnement
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Chapitre 2
Les nombres complexes
Dénition 2.
Un nombre complexe est un couple ( a, b) ∈ R2 que l'on notera a + ib.
Cela revient à identier 1 avec le vecteur (1, 0) de R2 , et i avec le vecteur (0, 1). On
note C l'ensemble des nombres complexes. Si b = 0, alors z = a est situé sur l'axe
des abscisses, que l'on identie à R. Dans ce cas on dira que z est réel, et R apparait
comme un sous-ensemble de C, appelé axe réel. Si b 6= 0, z est dit imaginaire et si
b 6= 0 et a = 0, z est dit imaginaire pur.
2.2 Calculs
Quelques dénitions et calculs sur les nombres complexes.
L'opposé de z = a + ib est −z = (−a) + i(−b) = −a − ib.
La multiplication par un scalaire λ ∈ R : λ · z = (λa) + i(λb).
L'inverse : si z 6= 0, il existe un unique z 0 ∈ C tel que zz 0 = 1 (où 1 = 1 + i × 0).
Pour la preuve et le calcul on écrit z = a + ib puis on cherche z 0 = a0 + ib0 tel
21
22 Les nombres complexes
En écrivant aL1 + bL2 (on multiplie la ligne (L1 ) par a, la ligne (L2 ) par b et
on additionne) et −bL1 + aL2 on en déduit
a0 (a2 + b2 ) = a a0 = a2 +b
a
donc 2
b0 (a2 + b2 ) = −b 0 b
b = − a2 +b2
Quelques formules :
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2.4 Racines carrées, équation du second degré 23
z + z 0 = z̄ + z 0 , z̄ = z, zz 0 = z̄z 0
z = z̄ ⇐⇒ z ∈ R
|z|2 = z × z̄, |z̄| = |z|, |zz 0 | = |z| |z 0 |
|z| = 0 ⇐⇒ z = 0
L'inégalité triangulaire : |z + z 0 | 6 |z| + |z 0 |
D 2 + d2 = l 2 + L 2
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24 Les nombres complexes
aux précédents :
√ p√
1
2
x −y =a 2 2 2 2
2x = √ a + b + a
x = ± √
2 p√
a2 + b 2 + a
2xy = b √ ⇔ 2y 2 = a2 + b2 − a ⇐⇒ y = ± √12 a2 + b 2 − a
x 2 + y 2 = a2 + b 2
2xy = b
2xy = b
Discutons suivant le signe du réel b. Si b > 0, x et y sont de même signe ou nuls (car
2xy = b > 0 ) donc
√ √
q q
1
ω = ±√ a2 + b 2 + a + i a2 + b 2 − a
2
et si b 6 0
√ √
q q
1
ω = ±√ a2 + b2 +a−i 2 2
a +b −a
2
√
En particulier si b√= 0 le résultat dépend√du signe de a, si a > 0, √ a2 = a etppar
conséquent ω = ± a, tandis que si a < 0, a2 = −a et donc ω = ±i −a = ±i |a|.
√ √
Exemple 12. Les racines carrées de i sont + 2
2
(1 + i) et − 2
2
(1 + i) En eet :
ω 2 = i ⇐⇒ (x + iy)2 = i
2
x − y2 = 0
⇐⇒
2xy = 1
Les réels x et y sont donc de même signe, nous trouvons bien deux solutions :
1 1 1 1
x + iy = √ + i √ ou x + iy = − √ − i √
2 2 2 2
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2.5 Théorème fondamental de l'algèbre 25
Exercices d'applications
1. Calculer les racines carrées de −i, 3 − 4i.
2. Résoudre les équations : z 2 − z + 1 = 0.
√ √ √ √
3. Résoudre l'équation z 2 +(i− 2)z −i 2, puis l'équation Z 4 +(i− 2)Z 2 −i 2.
4. Montrer que si P (z) = z 2 + bz + c possède pour racines z1 , z2 ∈ C alors
z1 + z2 = −b et z1 · z2 = c
5. Trouver les paires de nombres dont la somme vaut i et le produit 1 .
6. Soit P (z) = an z n + an−1 z n−1 + · · · + a0 avec ai ∈ R pour tout i. Montrer que
si z est racine de P alors z̄ aussi.
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26 Les nombres complexes
Cet argument est déni modulo 2π . On peut imposer à cet argument d'être unique
si on rajoute la condition θ ∈] − π, +π].
Remarques 5.
cos θ = cos θ0
0 0
θ≡θ (mod2π) ⇐⇒ ∃k ∈ Z, θ = θ + 2kπ ⇐⇒
sin θ = sin θ0
Démonstration.
zz 0 = |z|(cos θ + i sin θ) |z 0 | (cos θ0 + i sin θ0 )
= |zz 0 | (cos θ cos θ0 − sin θ sin θ0 + i (cos θ sin θ0 + sin θ cos θ0 ))
= |zz 0 | (cos (θ + θ0 ) + i sin (θ + θ0 ))
donc arg (zz 0 ) ≡ arg(z)+arg (z 0 ) ( mod 2π). On en déduit les deux autres propriétés,
dont la deuxième par récurrence.
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2.6 Argument et trigonométrie 27
0 0 0)
zz = ρρ0 eiθ eiθ = ρρ0 ei(θ+θ
n n n
z = ρeiθ = ρn eiθ = ρn einθ
1/z = 1/ ρeiθ = ρ1 e−iθ
z̄ = ρe−iθ
n
La formule de Moivre se réduit à l'égalité : eiθ = einθ . Et nous avons aussi :
ρeiθ = ρ0 eiθ (avec ρ, ρ0 > 0 ) si et seulement si ρ = ρ0 et θ ≡ θ0 (mod2π ).
0
module : ρ = ρeiθ = rn eint = rn et donc r = ρ1/n (il s'agit ici de nombres réels).
Pour les arguments nous avons eint = eiθ et donc nt ≡ θ (mod 2π) (n'oubliez surtout
pas le modulo 2π! ). Ainsi on résout nt = θ + 2kπ (pour k ∈ Z) et donc t = nθ + 2kπ n
.
Les solutions de l'équation ω n = z sont donc les ωk = ρ1/n e h . Mais en fait il n'y
iθ+2ik
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28 Les nombres complexes
Exemple 14.
cos 3θ + i sin 3θ = (cos θ + i sin θ)3
= cos3 θ + 3i cos2 θ sin θ − 3 cos θ sin2 θ − i sin3 θ
= cos3 θ − 3 cos θ sin2 θ + i 3 cos2 θ sin θ − sin3 θ
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Chapitre 3
Polynômes
3.1 Dénitions
Un polynôme à coecients dans K est une expression de la forme
P (X) = an X n + an−1 X n−1 + · · · + a2 X 2 + a1 X + a0
avec n ∈ N et a0 , a1 , . . . , an ∈ K. L'ensemble des polynômes est noté K[X].
Les ai sont appelés les coecients du polynôme.
Si tous les coecients ai sont nuls, P est appelé le polynôme nul, il est noté 0.
On appelle le degré de P le plus grand entier i tel que ai 6= 0 ; on le note deg
P . Pour le degré du polynôme nul on pose par convention deg(0) = −∞.
Un polynôme de la forme P = a0 avec a0 ∈ K est appelé un polynôme constant.
Si a0 6= 0, son degré est 0.
Exemple 16.
X 3 − 5X + 43 est un polynôme de degré 3.
X n + 1 est un polynôme de degré n.
2 est un polynôme constant, de degré 0.
29
30 Polynômes
P × Q = cr X r + cr−1 X r−1 + · · · + c1 X + c0
avec r = n + m et ck = ai bj pour k ∈ {0, . . . , r}
X
i+j=k
P = aX 3 + bX 2 + cX + d et Q = αX 2 + βX + γ
Alors :
P + Q = aX 3 + (b + α)X 2 + (c + β)X + (d + γ)
Enn P = Q si et seulement si a = 0, b = α, c = β et d = γ .
La multiplication par un scalaire λ·P équivaut à multiplier le polynôme constant
λ par le polynôme P .
L'addition et la multiplication se comportent sans problème :
Proposition 8. Pour P, Q, R ∈ K[X] alors
0 + P = P, P + Q = Q + P, (P + Q) + R = P + (Q + R) ;
1 · P = P, P × Q = Q × P, (P × Q) × R = P × (Q × R)
P × (Q + R) = P × Q + P × R.
Pour le degré il faut faire attention :
Proposition 9. Soient P et Q deux polynômes à coecients dans K.
deg(P × Q) = deg P + deg Q
deg(P + Q) 6 max(deg P, deg Q)
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3.3 Vocabulaire 31
3.3 Vocabulaire
Complétons les dénitions sur les polynômes.
Dénition 5.
Les polynômes comportant un seul terme non nul (du type ak X k ) sont appelés
monômes.
Soit P = an X n + an−1 X n−1 + · · · + a1 X + a0 , un polynôme avec an 6= 0.
On appelle terme dominant le monôme an X n . Le coecient an est appelé le
coecient dominant de P .
Si le coecient dominant est 1 , on dit que P est un polynôme unitaire.
P (X) est donc un polynôme de degré n + 1, il est unitaire et est somme de deux
monômes : X n+1 et −1.
Outre les propriétés évidentes comme A/A, 1/A et A/0 nous avons :
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32 Polynômes
Démonstration. (Facultative)
Unicité. Si A = BQ + R et A = BQ0 + R0 , alors B (Q − Q0 ) = R0 − R. Or
deg (R0 − R) < deg B . Donc Q0 − Q = 0 Ainsi Q = Q0 , d'où aussi R = R0 .
Existence. On montre l'existence par récurrence sur le degré de A.
Si deg A = 0 et deg B > 0, alors A est une constante, on pose Q = 0 et R = A.
Si deg A = 0 et deg B = 0 on pose Q = A/B et R = 0.
On suppose l'existence vraie lorsque deg A 6 n − 1. Soit A = an X n + · · · + a0
un polynôme de degré l (an 6= 0). Soit B = bm X m + · · · + b0 avec bm 6= 0. Si
n < m on pose Q = 0 et R = A. Si n > m on écrit A = B · bamn X n−m + A1
avec deg A1 6 n − 1. On applique l'hypothèse de récurrence à A1 il existe
Q1 , R1 ∈ K[X] tels que A1 = BQ1 + R1 et deg R1 < deg B . Il vient :
an n−m
A=B X + Q1 + R1
bm
Donc Q = an
bm
X n−m + Q1 et R = R1 conviennent.
Exemple 19.
On pose une division de polynômes comme on pose une division euclidienne de
deux entiers. Par exemple si A = x3 + x2 − 1 et B = x − 1. Alors on trouve Q =
x2 + 2x + 2 et R = 1. On n'oublie pas de vérier qu'eectivement A = BQ + R.
x3 +x2 −1 x −1
3 2
−x +x x2 +2x +2
2x2
−2x2 +2x
2x
−2x +2
+1
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3.4 Arithmétique des polynômes 33
3.4.2 PGCD
Proposition 11. Soient A, B ∈ K[X], avec A 6= 0 ou B 6= 0. Il existe un unique
polynôme unitaire de plus grand degré qui divise à la fois A et B .
Cet unique polynôme est appelé le pgcd (plus grand commun diviseur) de A et B
que l'on note pgcd (A, B).
Remarques 7.
pgcd(A, B) est un polynôme unitaire.
Si A | B et A 6= 0, pgcd(A, B) = λ1 A, où λ est le coecient dominant de A.
Pour tout λ ∈ K ∗ , pgcd(λA, B) = pgcd(A, B).
Comme pour les entiers : si A = BQ + R alors pgcd(A, B) = pgcd(B, R).
C'est ce qui justie l'algorithme d'Euclide.
Algorithme d'Euclide.
Soient A et B des polynômes, B 6= 0. On calcule les divisions euclidiennes successives,
A = BQ1 + R1 deg R1 < deg B
B = R1 Q2 + R2 deg R2 < deg R1
R1 = R2 Q3 + R3 deg R3 < deg R2
..
.
Rk−2 = Rk−1 Qk + Rk deg Rk < deg Rk−1
Rk−1 = Rk Qk+1
Le degré du reste diminue à chaque division. On arrête l'algorithme lorsque le reste
est nul. Le pgcd est le dernier reste non nul Rk (rendu unitaire).
Exemple 20. Calculons le pgcd de A = X 4 − 1 et B = X 3 − 1. On applique l'algo-
rithme d'Euclide : 4 3
X −1= X −1 ×X +X −1
X 3 − 1 = (X − 1) × X 2 + X + 1 + 0
1 14
X 4 + 2X 3 + X 2 − 4 = 3X 3 + 2X 2 + 5X − 2 × (3X + 4) − X2 + X + 2
9 9
3X 3 + 2X 2 + 5X − 2 = X 2 + X + 2 × (3X − 1) + 0
Ainsi pgcd(A, B) = X 2 + X + 2.
Dénition 7. Soient A, B ∈ K[X]. On dit que A et B sont premiers entre eux
si pgcd(A, B) = 1. Pour A, B quelconques on peut se ramener à des polynômes pre-
miers entre eux : si pgcd(A, B) = D alors A et B s'écrivent : A = DA0 , B = DB 0
avec pgcd (A0 , B 0 ) = 1.
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34 Polynômes
P : K → K, x 7→ P (x) = an xn + · · · + a1 x + a0
Dénition 9. Soit P ∈ K[X] et α ∈ K. On dit que α est une racine (ou un zéro) de
P si P (α) = 0.
Proposition 12.
P (α) = 0 ⇐⇒ X − α divise P
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3.5 Racine d'un polynôme, factorisation 35
3 racines simples.
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36 Polynômes
Exemple 25.
Tous les polynômes de degré 1 sont irréductibles. Par conséquent il y a une
innité de polynômes irréductibles.
X 2 − 1 = (X − 1)(X + 1) ∈ R[X] est réductible.
X 2 + 1 = (X − i)(X + i) est réductible dans C[X] mais est irréductible dans
R[X]. √ √
X 2 − 2 = (X − 2)(X + 2) est réductible dans R[X] mais est irréductible
dans Q[X].
Remarques 10. Les polynômes, complexes, irréductibles sont les polynômes
de degré 1.
Les polynômes, réels, irréductibles sont les polynômes de degré 1 ou les poly-
nômes de degré 2 de discriminant négatifs.
Nous avons l'équivalent du lemme d'Euclide de Z pour les polynômes :
Proposition 14. (Lemme d'Euclide). Soit P ∈ K[X] un polynôme irréductible et
soient A, B ∈ K[X]. Si P | AB alors P | A ou P | B .
Démonstration. Si P ne divise pas A alors pgcd(P, A) = 1 car P est irréductible.
Donc, par le lemme de Gauss, P divise B .
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3.5 Racine d'un polynôme, factorisation 37
Théorème 7.
Les polynômes irréductibles de R[X] sont les polynômes de degré 1 ainsi que les poly-
nômes de degré 2 ayant un discriminant ∆ < 0. Soit P ∈ R[X] de degré n > 1. Alors
la factorisation s'écrit
où les αi sont exactement les racines réelles distinctes de multiplicité ki et les Qi sont
des polynômes irréductibles de degré 2 : Qi = X 2 + βi X + γi avec ∆ = βi2 − 4γi < 0.
Exemple 26.
P (X) = 2X 4 (X − 1)3 (X 2 + 1) (X 2 + X + 1) est déjà décomposé en facteurs irré-
2
√
où j = e .
2in −1+i 3
3 = 2
Sur R. Pour un polynôme à coecient réels, si α est une racine alors ᾱ aussi.
Dans la décomposition ci-dessus on regroupe les facteurs ayant des racines
conjuguées, cela doit conduire à un polynôme réel :
" √ ! √ !#
2 2
P (X) = X− (1 + i) X− (1 − i)
2 2
" √ ! √ !#
2 2
X+ (1 + i) X+ (1 − i)
2 2
h √ ih √ i
= X 2 + 2X + 1 X 2 − 2X + 1
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38 Polynômes
Exemple 28.
1. Les Pôles de la fraction : (X−1)(X−4)
1
2 sont 1 comme pôle simple et 4 comme
pôle double.
2. Les Pôles de la fraction : (X 2 −1) sont -1 et 1 sont des pôle double.
2X+3
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3.6 Fractions rationnelles 39
a b
+
X +i X −i
où il faut déterminer les constante a et b.
Méthode 1
On cherche a et b tels que
1 a b
= +
X2 +1 X +i X −i
1 a(X − i) + b(X + i)
2
=
X +1 X2 + 1
1 X(a + b) − ia + ib
2
=
X +1 X2 + 1
l'égalité est vraie si
a+b=0
−ia + ib = 1
d'où
1 1
a = i, b=− i
2 2
.
Méthode 2
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40 Polynômes
On multiplie par (X − i)
1 1 a
(X − i) = = (X − i) + b
X2 +1 X +i X +i
Pour X = i, on obtient b = 1
2i
= −i
2
Exemple 30.
Comment décomposer
2X 3 + 3X 2 − 2X − 2
F (X) =
X2 − 1
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3.6 Fractions rationnelles 41
b+c=2
a + b − 2c = −5
2a − 2b + c = 9
Cela conduit à l'unique solution a = 2, b = −1, c = 3. Donc
P X 5 − 2X 3 + 4X 2 − 8X + 11 2 −1 3
= 3
= X2 + 1 + 2
+ + .
Q X − 3X + 2 (X − 1) X −1 X +2
Cette méthode est souvent la plus longue.
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42 Polynômes
Quatrième étape (bis) : détermination des coecients. Voici une autre méthode
plus ecace.
Notons F1 (X) = PQ(X)
1 (X)
2 (X+2) dont la décomposition théorique est :
2X 2 −5X+9
= (X−1)
a b c
2
+ +
(X − 1) X −1 X +2
0
Pour déterminer a on multiplie la fraction pQ par (X − 1)2 et on évalue en
X = 1. Tout d'abord en partant de la décomposition théorique on a :
P1 (X) (X − 1)2
(X − 1)2 F1 (X) = (X − 1)2 = a + b(X − 1) + c donc
Q(X) X +2
On en déduit a = 2.
On fait le même processus pour déterminer c, çàd on multiplie par (X + 2) et
on évalue en −2. On trouve c = 3.
Comme les coecients sont uniques tous les moyens sont bons pour les dé-
terminer. Par exemple lorsque l'on évalue la décomposition théorique PQ(X)
1 (X)
=
a
(X−1)2
+ X−1 + X+2 en x = 0, on obtient :
b c
P1 (0) c
=a−b+
Q(0) 2
Donc 9
2
= a − b + 2c , d'où b = −1
Exercice d'application
Vérier que la décomposition de X 4 −8X 2 +9X−7
(X−2)2 (X+3)
est
X 4 − 8X 2 + 9X − 7 −1 2 −1
= X + 1 + + +
(X − 2)2 (X + 3) (X − 2)2 X − 2 X + 3
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3.6 Fractions rationnelles 43
Il faut ensuite mener au mieux les calculs pour déterminer les coecients an d'ob-
tenir :
P (X) 2X + 1 −1 3
= 2 + 2
+ .
Q(X) 2
(X + X + 1) X +X +1 X −1
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44 Polynômes
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Chapitre 4
Calcul matriciel et systèmes linéaires
4.1.1 Dénition
Une matrice A est un tableau rectangulaire d'éléments de K.
Elle est dite de taille n × p si le tableau possède n lignes et p colonnes.
Les nombres du tableau sont appelés les coecients de A.
Le coecient situé à la i-ème ligne et à la j -ème colonne est noté ai,j .
Un tel tableau est représenté de la manière suivante :
a1,1 a1,2 ... a1,j ... a1,p
a2,1 a2,2 ... a2,j ... a2,p
... ... ... ... ... ...
ou A = (ai,j ) 16i6n .
A=
ai,1 ai,2 ... ai,j ... ai,p
16j6p
Notations
- L'ensemble des matrices à n lignes et p colonnes à coecients dans K est noté
Mn,p (K).
- Les éléments de Mn,p (R) sont appelés matrices réelles.
45
46 Calcul matriciel et systèmes linéaires
Exemple 33.
1 −2 5
A=
0 3 7
est une matrice 2 × 3 avec, par exemple, a1,1 = 1 et a2,3 = 7.
Exemple 34.
2 a+b 2 5 a=3 a=3
= ⇔ ⇔
a 0 3 0 a+b=5 b=2
De même, une matrice qui n'a qu'une seule colonne (p = 1) est appelée matrice
colonne ou vecteur colonne. On la note
a1,1
a2,1
A = ..
.
an,1
La matrice (de taille n × p ) dont tous les coecients sont des zéros est appelée
la matrice nulle et est notée 0n,p ou plus simplement 0. Dans le calcul matriciel,
la matrice nulle joue le rôle du nombre 0 pour les réels.
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4.1 Calcul matriciel 47
a11 0 0 ... 0
a21 a22 0 ... 0
... ..
a31 a32 a33
.
. . . .
.. .. .. ..
0
an1 an2 . . . an n−1 ann
4.1.4 La transposition
Soit A la matrice de taille n × p
a11 a12 . . . a1p
a21 a22 . . . a2p
A = .. .. .. .
. . .
an1 an2 . . . anp
Exemple 35. T
1 2 3 1 4 −7
4 5 −6 = 2 5 8
−7 8 9 3 −6 9
T
0 3 1
0 1 −1
1 −5 = (1 −2 5)T = −2
3 −5 2
−1 2 5
1. (A + B)T = AT + B T
2. (αA)T = αAT
3. (AT )T = A
4. (AB)T = B T AT
5. Si A est inversible, alors AT l'est aussi et on a (AT )−1 = (A−1 )T .
4.1.5 La trace
Dans le cas d'une matrice carrée de taille n × n, les éléments a11 , a22 , . . . , ann sont
appelés les éléments diagonaux.
Sa diagonale principale est la diagonale (a11 , a22 , . . . , ann ).
a11 a12 . . . a1n
a21 a22 . . . a2n
.. .. . . . ..
. . .
an1 an2 . . . ann
Exemple 36.
Si A = ( 20 15), alors tr A = 2 + 5 = 7.
1 1 2
Pour B = 115 02 −10 8 , tr B = 1 + 2 − 10 = −7.
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4.1 Calcul matriciel 49
Démonstration.
1. Pour tout 1 ≤ i ≤ n, le coecient (i, i) de A + B est aii + bii . Ainsi, on a bien
tr (A + B) = tr (A) + tr (B).
2. On a tr (αA) = αa11 + · · · + αann = α(a11 + · · · + ann ) = α tr A.
3. Étant donné que la transposition ne change pas les éléments diagonaux, la
trace de A est égale à la trace de AT .
4. Notons cij les coecients de AB . Alors par dénition
Ainsi,
tr (AB) = a11 b11 +a12 b21 + · · · +a1n bn1
+a21 b12 +a22 b22 + · · · +a2n bn2
..
.
+an1 b1n +an2 b2n + · · · +ann bnn .
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50 Calcul matriciel et systèmes linéaires
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4.1 Calcul matriciel 51
Remarques 13. La somme de deux matrices n'est dénie que si les deux matrices
ont la même taille.
Exemple 41.
3 −2 0 5 3 3
Si A = et B = alors A + B = .
1 7 2 −1 3 6
−2
Par contre si 0
B = alors A + B0 n'est pas dénie.
8
La matrice (−1)A est l'opposée de A et est notée −A. La diérence A − B est dénie
par A + (−B).
Exemple 43.
2 −1 0 −1 4 2 3 −5 −2
Si A = et B = alors A − B = .
4 −5 2 7 −5 3 −3 0 −1
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52 Calcul matriciel et systèmes linéaires
p
X
cij = aik bkj
k=1
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4.1 Calcul matriciel 53
de la ligne par le premier coecient de la colonne (ai1 × b1j ), que l'on ajoute au
produit du deuxième coecient de la ligne par le deuxième coecient de la colonne
(ai2 × b2j ), que l'on ajoute au produit du troisième...
Exemple 44.
1 2
1 2 3
A= B = −1 1
2 3 4
1 1
On dispose d'abord le produit correctement (à gauche) : la matrice obtenue est de
taille 2 × 2. Puis on calcule chacun des coecients, en commençant par le premier
coecient c11 = 1 × 1 + 2 × (−1) + 3 × 1 = 2 (au milieu), puis les autres (à droite).
2 7
C=
3 11
Un exemple intéressant est le produit d'un vecteur ligne par un vecteur colonne :
b1
b2
v = ..
u= a1 a2 · · · an
.
bn
Pièges à éviter.
Premier piège.
Le produit de matrices n'est pas commutatif en général. En eet, il se peut
que AB soit déni mais pas BA, ou que AB et BA soient tous deux dénis
mais pas de la même taille. Mais même dans le cas où AB et BA sont dénis
et de la même taille, on a en général AB 6= BA.
Exemple 45.
5 1 2 0 14 3 2 0 5 1 10 2
= mais =
3 −2 4 3 −2 −6 4 3 3 −2 29 −2
Deuxième piège.
AB = 0 n'implique pas A = 0 ou B = 0. Il peut arriver que le produit de
deux matrices non nulles soit nul. En d'autres termes, on peut avoir A 6= 0 et
B 6= 0 mais AB = 0.
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54 Calcul matriciel et systèmes linéaires
Exemple 46.
0 −1 2 −3 0 0
A= B= et AB =
0 5 0 0 0 0
Troisième piège.
AB = AC n'implique pas B = C . On peut avoir AB = AC et B 6= C .
Exemple 47.
0 −1 4 −1 2 5 −5 −4
A= B= C= et AB = AC = .
0 3 5 4 5 4 15 12
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4.1 Calcul matriciel 55
La matrice identité
La matrice carrée suivante s'appelle la matrice identité :
1 0 ... 0
0 1 ... 0
In = .. .. . . ..
. . . .
0 0 ... 1
Ses éléments diagonaux sont égaux à 1 et tous ses autres éléments sont égaux à 0.
Elle se note In ou simplement I . Dans le calcul matriciel, la matrice identité joue
un rôle analogue à celui du nombre 1 pour les réels. C'est l'élément neutre pour la
multiplication. En d'autres termes :
Proposition 17. Si A est une matrice n × p, alors
In · A = A et A · IP = A.
Exemple 48.
1 0 1
On cherche à calculer Ap avec A = 0 −1 0. On calcule A2 , A3 et A4 et on
0 0 2
obtient :
1 0 3 1 0 7 1 0 15
A2 = 0 1 0 A3 = A2 ×A = 0 −1 0 A4 = A3 ×A = 0 1 0 .
0 0 4 0 0 8 0 0 16
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56 Calcul matriciel et systèmes linéaires
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4.1 Calcul matriciel 57
a b
Exemple 50. La matrice A = ( 35 00 ) n'est pas inversible. En eet, soit B =
c d
une matrice quelconque. Alors le produit
a b 3 0 3a + 5b 0
BA = =
c d 5 0 3c + 5d 0
Exemple 51.
Soit In la matrice carrée identité de taille n × n. C'est une matrice inversible,
et son inverse est elle-même par l'égalité In In = In .
La matrice nulle 0n de taille n × n n'est pas inversible. En eet on sait que,
pour toute matrice B de Mn (K), on a B0n = 0n , qui ne peut jamais être la
matrice identité.
Propriétés
Unicité : Si A est inversible, alors son inverse est unique.
Démonstration. La méthode classique pour mener à bien une telle démons-
tration est de supposer l'existence de deux matrices B1 et B2 satisfaisant aux
conditions imposées et de démontrer que B1 = B2 .
Soient donc B1 telle que AB1 = B1 A = In et B2 telle que AB2 = B2 A = In .
Calculons B2 (AB1 ). D'une part, comme AB1 = In , on a B2 (AB1 ) = B2 .
D'autre part, comme le produit des matrices est associatif, on a B2 (AB1 ) =
(B2 A)B1 = In B1 = B1 . Donc B1 = B2 .
Inverse de l'inverse : Soit A une matrice inversible. Alors A−1 est aussi
inversible et on a : (A ) = A
−1 −1
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58 Calcul matriciel et systèmes linéaires
Matrices 2 × 2
a b
Considérons la matrice 2 × 2 : A = .
c d
d −b
Proposition 19. Si ad − bc 6= 0, alors A est inversible et A −1
= 1
ad−bc −c a
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