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Il sentit Trianna à son côté, nue contre lui. Il fronça les sourcils et s’assit sur le bord du lit. Il s’aperçut
de sa nudité. Qu’avait-il donc fait ?
Craignant de se mettre à crier d’impuissance, il se leva et s’habilla en silence. Laissant Trianna dormir,
il sortit et l’air frais de la nuit s’engouffra dans ses cheveux ébouriffés. Il leva la tête vers le ciel.
Arya.
Drôle d’impression que celle d’être à la fois son ami et de dormir avec elle tout en la sentant aussi
étrangère qu’une autre femme. Il ne savait plus où il en était avec elle.
Il décida de rentrer à sa tente et se mit en marche. Le silence régnait dans le camp. Un silence
paisible, pur.
Le jeune homme ne prêtait pas attention à où il posait les pieds. Il fut donc surpris quand il entra en
collision avec quelqu’un.
− Slytha ?
− Non, le roi en personne ! Bien sûr que c’est moi, qui d’autre ?! Nom d’une pipe ! Tu aurais pu
regarder où tu mets les pieds ! Ah mais !
− Ah non. Moi, tu me sers pas du Svit-Kona. Tu le réserves à Arya, pas à moi, nigaud. Réfléchis. J’air
l’air d’avoir autant de sagesse que mââdââme Arya ? Non. Bon, alors !
− D’accord. Pardonne-moi.
− Voilà qui est mieux. Mhm… tu n’étais pas avec Arya, dit-elle en plissant les yeux.
− Viens.
− Enfin, dormir… oui, mais après avoir fait l’amour, évidemment. Sinon, ce n’est pas amusant.
Eragon se raidit :
− Ça, tu verras.
− Mais…
− Patience, Chaud-bouillant. Et je te signale que c’est un peu ta faute. Si tu ne t’étais pas vautré dans
les ras de Trianna, tu n’en serais pas là et tu aurais passé la nuit avec Arya. Eh bah tant pis ! Ce sera
quelqu’un d’autre à ta place !
Le Dragonnier ne dit rien. S’il croyait Slytha, Arya se passait de lui et avait trouvé une autre personne,
qui comblait ses nuits. Arya avait un amant. Il en était dégoûté, rien qu’en imaginant un autre
homme la toucher, la caresser, l’embrasser, et elle gémir de plaisir dans ces bras, se laisser faire…
Mais quel homme ?
Dragan ?
Eragon s’ébroua, mais rien n’y fit. La scène était ancrée dans son esprit.
Slytha l’arrêta :
− Mais…
− Si tu ne le fais pas, je te prive d’une partie très importante de ton anatomie. Pigé ?
… tomba.
Il se tétanisa.
Et pour cause.
Eragon se replia dans un coin de la tente et observa, à la fois fasciné et horrifié. Il ne pouvait pas
sortir. Slytha aurait tôt fait de s’occuper de lui. Alors il plia ses jambes contre lui et resta immobile,
les yeux rivé sur la scène qui se déroulait devant lui.
Une femme.
Elle avait de longs cheveux blonds, la peau plus halée que celle d’Arya et elle se tenait au-dessus de
l’elfe. La couverture avait glissé jusqu’au bas de son dos et les muscles de ses épaules jouaient à la
perfection sous sa peau. Ses avant-bras musclés étaient de chaque côté d’Arya, qui les tenait
fermement de ses mains. Les deux femmes s’embrassaient en plein sur la bouche, nues, peau contre
peau.
La femme blonde déposa des baisers dans le cou d’Arya et son visage descendit le long de son corps.
Son épaules, sa poitrine, son ventre…
Arya gémit.
Eragon se crispa.
La femme blonde remonta la tête. Ses lèvres firent le trajet inverse, se coulèrent entre le galbe des
seins d’Arya, remontèrent vers un mamelon tendu à l’extrême.
Tandis la respiration d’Arya s’accélérait brutalement, sa compagne le fit rouler sous sa langue, le
lécha, le mordilla…
Gémissement.
Gémissement.
La main de la femme revint à la source. Se fit plus audacieuse, plus pressante. Arya arqua les reins.
Lorsqu’ enfin, son amante glissa un doigt en elle, elle poussa un cri sourd.
Alors que leur baiser prenait des accents sauvages, le doigt de la femme entama une sarabande
brûlante.
Eragon ne put retenir une exclamation choquée, trop tard étouffée. Il plaqua sa main sur sa bouche,
mortifié.
Si Arya le voyait, c’en était fini de leur amitié. Jamais elle ne lui pardonnerait cette intrusion dans son
intimité.
L’elfe se redressa :
Sa compagne scruta les ténèbres de la tente et Eragon jura qu’elle le vit, tapi dans l’ombre.
Sa voix était plus grave que celle d’Arya, mais elle était tout aussi mélodieuse et exotique. La femme
se tourna vers Arya :
− Où en étions-nous ?
− Je…
− Tu ?
Arya sourit. Elle prit le visage de son amante dans ses mains et l’embrassa avec passion. Elles se
rallongèrent. En même temps, Arya pivota et se retrouva au-dessus de sa compagne.
Profitant d’un énième échange sauvage des deux femmes, le Dragonnier s’éclipsa. Une fois dehors, il
fut pris de tremblements incontrôlables.
− Hum… eh bien… dois-je te rappeler que tu as couché avec Trianna, Donc si tu abandonnes la cour
que tu faisais à Arya, si tu la laisses, elle va se trouver quelqu’un d’autre. Et encore, là, tu as de la
chance, c’aurait pu être un homme. Ce qui aurait été plus enquiquinant.
Il n’en revenait pas. Arya avait une relation amoureuse, non pas avec un homme, mais avec une
femme ! En se remémorant la scène à laquelle il avait bien involontairement assisté, il eut un haut-le-
cœur.
***
Eragon para une attaque, bondit de côté, se baissa et riposta. Son adversaire, surpris, ne fut pas aussi
rapide que lui. Le Dragonnier posa la pointe de sa lame sur sa jugulaire :
− Tu es mort. On recommence.
Devnor se mit en garde. Aussitôt, il passa à l’attaque. Il enchaîna offensive sur offensive, mais rien n’y
fit, Eragon interceptait toujours son épée. Le Dragonnier en profita pour contre-attaquer. Il pivota,
donna des coups d’estoc et de taille, que son adversaire peina à bloquer. Devnor esquiva. Eragon
réitéra un assaut.
Un mouvement sur sa droite le déconcentra. Inquiet, il jeta un œil sur le côté. Une personne se tenait
légèrement en retrait, calme et silencieuse, et les observait.
C’était Arya.
Eragon la revit avec son amante, échangeant de fougueux baisers, leurs corps parfaits nus l’un contre
l’autre…
Il dérapa.
− Tu es mort.
− Je pars.
Il tiqua :
− Quand ?
− Marchons, proposa-t-il.
− Deux semaines.
− Oui ?
− Brunhild.
Eragon fronça les sourcils. Un prénom de femme. La voix d’Arya avait hésité.
Se pouvait-il que…
Il lui ferma l’accès à son esprit. Pas question qu’elle sache ce à quoi il avait assisté.
− Qui est-ce ?
− Comment irez-vous ?
« Je ne sais rien, Arya. Il ne m’a rien dit et me bloque l’accès à ses pensées. »
* *
− J’ai parlé avec Dame Lorana, qui m’a aimablement proposé de mettre son château à
notre disposition.
− C’est-à-dire ?
− Elle nous prête des appartements, des soins pour les blessés, et des chambres.
Personnellement, je reste au camp, mais toi, tu pourras profiter de ceux qui te sont
attribués.
− Mais…
− Tu n’as pas le choix. Avec Trianna qui te tourne autour, c’est la meilleure solution.
Il s’inclina :
− Bien, ma Dame.
Il ressortit et se figea.
Avec Dragan, Kaelig, Wilhen et une femme blonde aux yeux aussi pourpres que des rubis.
Ils étaient juchés sur quatre prédateurs aussi hauts que des chevaux, mais bien plus massifs. Dragan
montait un tigre au pelage doré ; Kaelig, un loup noir ; Wilhen, une hyène, et les deux femmes, un
tigre blanc. Arya serrait la taille de sa compagne avec ses bras.
− Je te la rends bientôt…, dit-elle si bas que seul Eragon et Arya put l’entendre.