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LA MORT DE JAVERT

Victor Hugo
Le texte que je vais vous présenter est ici des Misérables, écrit en 1862 par Victor Hugo, et qui
relate la mort d’un des personnages : Javert.

I. Introduction
Victor Hugo a plusieurs visages : dramaturge, romancier, poète. Les Misérables, roman le plus
important de son œuvre, ayant connu un énorme succès lors de sa parution en 1862, lui tient
particulièrement à cœur car il reflète la condition des malheureux.

Dans ce roman, Hugo mène une réflexion sur la condition humaine en racontant l'histoire du forçat
Jean Valjean, qui sauve la petite Cosette des griffes des Thénardiers et lui permet d'accéder au
bonheur. Il relate également l'histoire de Fantine, la mère-martyre, ou celle de Gavroche, qui meurt en
chantant sur la barricade. Le personnage mis en scène ici, l'inspecteur Javert, est un misérable
particulier : misérable ni moralement ni physiquement mais maudit.

Dans ce texte en prose de 25 lignes, on assiste à un moment clef du roman: la mort d'un
personnage et ses derniers instants lesquels dépendent de l'auteur.

Le texte a un intérêt particulier : à quoi peut bien penser un misérable avant de se donner la
mort ?

Dans ce texte, on assiste à 3 moments importants: la présentation (l.1 à 10); un moment d'attente
(l.11 à 16) et l'action finale (l.17 à 25). Il y a une logique entre le début et la fin du texte. En effet, ce
texte raconte la mort de l'inspecteur Javert, qui, après avoir traqué toute sa vie l'ancien bagnard Jean
Valjean, a été sauvé par lui et, bien que partagé entre son devoir et un geste humain, l'a laissé partir.
Javert est maintenant seul sur les bords de la Seine avec sa conscience tourmentée.

II. Lecture
Je ferai de ce texte une étude par axe, mais je vais avant tout vous en faire la lecture.

III. Plan
A la lecture de ce texte, celui-ci se révèle descriptif. D'où l'importance accordée au cadre et à la
perception qu'en a le lecteur de ces sens. Mais un évènement capital a lieu la mort. Au regard de
l'enjeu du texte, nous découvrons deux axes :

Axe 1: Un cadre fantastique où tous les sens sont exacerbés

Axe 2: Le drame d'une conscience coupable qui va disparaître sous l'eau


IV. Développement

1. Un cadre fantastique où tous les sens sont exacerbés

A. Un cadre : la Nuit
Il s'agit d'un lieu réaliste que le lecteur peut reconnaitre, en effet ce texte a lieu sur les bords de
la Seine : la rivière. Cependant, c'est cette nuit qui va transformer le cadre et lui donner une
atmosphère mystérieuse.

La nuit est d'abord très sombre : tout était noir puis tout redevenait indistinct. Mais elle est
parfois éclairée par des jeux d'ombre et de lumière, dus au reflet de l'eau te qui contribuent à rendre
l'atmosphère inquiétante. C'est une lueur qui prend la lumière et s'évanouissait.

Peu à peu, cette nuit va passer d'une nuit normale à une nuit infernale, le texte devient alors
fantastique. Nous avons d'abord une impression de vertige : dans cette profondeur vertigineuse et
même d’abîme : c'était du gouffre. Un escarpement de l'infini, cela provoque une angoisse du
personnage. Toute cette ombre était l'énormité lugubre et toute cette ombre était pleine d'horreur. Cette
ouverture de ténèbres annonce la mauvaise conscience de Javert.

La nuit est très sombre mais les formes peuvent être distinguées. Cela permet à l'auteur de
faire la description d'un cadre angoissant qui ne fait qu'annoncer l'action prochaine, étant en parfaite
harmonie avec elle. Ici, la description est d'un utilité fondamentale.

Victor Hugo a trouvé comment la faire partager au lecteur : tous les sens sont en éveil et semblent
touchés par un mystérieux malaise.

B. Les Sens
On observe tout d'abord un emploi de tous les mots appartenant au champ lexical de la vue
regarda ; on ne distinguait rien ; on ne voyait pas ; apparaissait ; redevenait indistinct ; on ne voyait
rien ; plutôt deviné qu'aperçu ; regardant ; considérait l'invisible.
Les sens de la vue sont défectueux: la plupart des termes de la vue sont à la forme négative. La
vue ne voit pas la réalité, elle ne voit que l'irréel : une lueur apparaissait et serpentait vaguement l.5, en
couleuvre ; regardant cette ouverture de ténèbres l.18. Enfin, elle aboutit à une antithèse : il considérait
l'invisible.
Le mélange du réel et de l'irréel reflète la conscience troublée de Javert. Et enfin lorsqu'il
arrive à voir, c'est l'invisible. Cette antithèse montre que la conscience de Javert n'a plus aucun repères:
Javert ne voit pas son avenir.

On observe ensuite que le sens de l'ouïe est aussi troublé : on entendait un bruit d'écume, le
grossissement du fleuve, le tragique chuchotement du flot. Il y a toute une exagération surnaturelle des
bruits entendus qui reflètent la même perte de repères

Le toucher et l'odorat sont également touchés par cette perte de repères : on sentait le froideur
hostile ; un souffle farouche montait. La déformation du toucher, toucher qui répugne, introduit une
notion de malaise qui est renforcée par celle de l'odorat : l'odeur fade des pierres mouillées, c'est donc
une odeur qui répugne.

Tous les sens de Javert sont dominés par un sentiment de malaise qui est le reflet de sa conscience
tourmentée. C'est grâce à ces sens que le lecteur ressent le même malaise que Javert et qu'il
comprendra bien mieux le drame d'une conscience coupable qui va disparaître sous l'eau.
2. Le drame d’une conscience coupable qui va disparaitre sous
l’eau
A. Une conscience coupable : Javert
Javert est en proie à un profond déchirement entre l'humanité et le devoir. Il se retrouve face à
sa conscience et adopte une attitude coupable : Javert pencha la tête, puis fait ce que n'importe qui
aurait fait, et regarda. Il n'y a pas de complément d'objet direct après regarda : Javert ne regarde rien de
particulier, sinon ce qu'il y a en dessous de lui. Il ne sait plus où il est puisque tout était noir.
L'obscurité totale est le reflet de sa conscience coupable.

Le regard va devenir de plus en plus étrange et fasciné. Javert est pétrifié dès la ligne 2: on ne
voyait pas la rivière, et à la ligne 17 : Javert demeura […] immobile. Il s'intensifie jusqu'à l'antithèse
qui marque la fin de l'immobilité de Javert : il considérait l'invisible.

Enfin, survient une action qui marque la prise de décision de Javert : tout à coup. Alors qu'on
s'attend à un geste rapide et brusque, Javert ôta son chapeau et le posa. L'auteur montre, par ces gestes
méticuleux que Javert reste méthodique jusqu'au bout, mais aussi qu'il agit en toute lucidité.

En effet, n'ayant plus aucun repère, Javert est déjà comme mort dans sa tête : on eût pu prendre
pour un fantôme. Apparut debout sur le parapet, se courba vers la Seine puis se redressa et tomba.
Javert a un dernier sursaut de fierté avant de se jeter à l'eau, mais il assume pleinement son geste.

Javert disparaît: et l'ombre seule fut dans le secret des convulsions de cette forme obscure
disparue sous l'eau. Cette dernière phrase montre que le suicide n'est pas une solution: Javert, même
dans la mort ne trouvera pas le repos.

B. L’eau
L'eau va attirer, mais elle va également protéger Javert. C'est elle qui va d'abord jouer avec les
sens de Javert : on entendait un bruit d'écume, puis elle va se donner une importance océanique : le
tragique chuchotement du flot.

C'est elle qui va jouer avec l'ombre et la lumière et va prendre la lumière on ne sait où et la
changer en couleuvre. Il y a une évocation du serpent et donc du pouvoir de fascination. Mais en
même temps, elle va jouer avec les nerfs de celui-ci une lueur serpentait vaguement. L'eau fait parfois
entrevoir une lueur dans l'esprit de Javert, lueur qui disparaît aussitôt.

Elle donne à Javert l'impression de se trouver dans un univers vertigineux ce n'était pas de
l'eau, c'était du gouffre. On sent qu'elle est animée de mauvaises intentions, avec notamment sa
froideur hostile et son souffle farouche. Enfin, il y a un appel l'eau bruissait. Puis Javert tombe avec un
clapotement sourd.

Cela contraste avec l'impression océanique que l'eau donne premièrement pour attirer Javert.
Javert est simplement happé par les flots.

L'eau emporte avec elle le secret de Javert elle seule le connaîtra. Hugo a joué sur le symbolisme de
l'eau, qui, généralement, apporte la vie. Ici, elle aura aidé Javert à se suicider
V. Conclusion
Ce texte raconte les derniers instants de l'inspecteur Javert, et pourtant, pas une seule fois le mot
« mort » n'est prononcé. Ce texte est le reflet de la puissance évocatrice de Victor Hugo, le souffle du
poète.

Il est basé sur une série de thèmes hugoliens : l'eau, la nuit, la mort, qui sont aussi les thèmes
principaux de toute la littérature fantastique du XIXe siècle. Enfin, ce texte peut réconcilier avec la
description car, de par le mélange narration/description, il n'y a pas un seul instant statique.

VI. Ouverture
 La mort de Gavroche : parler de la différence avec morts nobles et les morts honteuses.
 Les images de Javert. (apparait très carré, chapeau !)

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