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Eh bien, voilà ce qu’il dut faire… (p.

243)
Le passage aborde le thème de la beauté et de la couleur qui est lié à la mort (suicide) et à la cruauté.
Ce fragment marque l’excipit du roman.
Alors, en quoi cet extrait permet-il de comprendre les enjeux du roman tout entier ?
De prime abord, le savoir du narrateur est incomplet et incertain, il n’est pas omniscient, il parle de façon
hypothétique : « Eh bien, voilà ce qu’il dut faire ». Nous pouvons noter que Langlois est vu de l’extérieur. Les
personnages de son entourage aussi sont figés dans des poses qui les déterminent et les immortalisent :
Saucisse « tricote », « Delphine pos(e) ses mains sur ses genoux ». Seule la mention « il tint le coup » nous
renseigne sur l’impossibilité pour Langlois de supporter sa vie.
Dans la foulée, Giono tente de reconstituer la scène en se basant sur les habitudes de Langlois « comme
d'habitude ». Par la suite, Giono prescrit le suicide spectaculaire de Langlois par une métaphore poétique ; le
suicide est comparé à un superbe feu d'artifice. La vision hyperbolique se construit sur une série d'antithèses :
« il ne fumait pas un cigare/il fumait une cartouche de dynamite », « la petite braise/ le grésillement de la
mèche », « éclaboussement d'or, éclaira/ la nuit ». Ce mélange des couleurs (l’or et le noir, l’or et la braise
rouge qui rappelle le sang et la neige) et les phénomènes contre-nature (« la nuit », espace infini, éclairé par
une étincelle ; la tête qui s’élargit et éclabousse l’espace en explosant) fait passer Langlois d’une dimension
humaine à une dimension cosmique.
Au niveau linguistique, L’adverbe « enfin » dans l’expression « C’était la tête de Langlois qui prenait, enfin » est
un modalisateur énoncé par le narrateur, mais aussi par le lecteur qui voit la révélation aboutir, il signale que
le justicier s’est fait justice, que le personnage a atteint aussi le sublime en acceptant sa misère.
L’imparfait de « prenait » confère en outre un caractère d’éternité et de valeur universelle à l’ampleur que
prend Langlois mais cela se fait toujours par une image, par la poésie donc et la beauté.

Qui a dit : « Un roi sans divertissement… (p.244)


Le roman se termine par une question : "Qui a dit : Un roi sans divertissement est un homme plein de
misère?" la phrase de Blaise Pascal tirée des Pensées (Intertextualité)
Chez Giono, pas de dimension religieuse. Encadrant le récit par le titre et la phrase de clôture, la référence à
Pascal porte un autre sens : pour échapper à sa condition, Langlois refuse "les divertissements sanglants" qui
permettent de fuir l'ennui de vivre. Il exerce seul son pouvoir et sa volonté, sans Dieu, et choisit un suicide qui
lui permet le dépassement de toutes les limites : en héros, il atteint les dimensions de l'univers. La forme
interrogative permet de prendre des distances avec la citation pascalienne.

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