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« Frédéric à la scierie sur la route … » Incipit

De prime abord, cet extrait est l’incipit du roman, donc il renvoie à la paratextualité ; l’un des procédés transtextuels que
Gérard Genette a développé dans son livre ‘’ Palimpseste ’’. Giono nous parle d’un Frédéric, issue d’une longue lignée de
Frédéric. Cette thématique de l’hérédité est l’un des éléments qui caractérise le style Zolien, alors il a un rapport d’imitation
de style, ce qui marque l’hypertextualité.
Ensuite, Giono nous décrit un hêtre exceptionnel qui se trouve près de la scierie de Frédéric.
En considérant que « les tropes lèvent le voile sur le sens oblique », l’auteur utilise la métaphore pour comparer le hêtre à
l’apollon citharède qui est considéré comme un modèle de virtuosité et de beauté artistique dans la mythologie grecque,
soulignant un lien intertextuel.
Par la suite et en utilisant la personnification, Giono a attribué des caractéristiques humaines au hetre (on parle de sa peau
et sa carrure). La mention de ces caractéristiques nous envoie au passage où l’auteur mentionne des dimensions humaines
au hêtre (sa jeunesse, son adolescence). Du surcroît, la personnification du hêtre ressemble à celle du « Bateau ivre » de
Rimbaud. Tous deux symbolisent à la fois l’expérience de la vie et de la création poétique.
Parallèlement, cette description impressionniste et ces thématiques de la beauté et de la nature explorés dans ce fragment
se rejoignent de manière frappante avec ceux présents dans l’extrait du roman « La prisonnière » de Marcel Proust, mettant
en avant le procédé de l’architextualité.
L’oxymore "être si beau et rester si simple" évoque une tension similaire entre la beauté du hêtre, qui peut être associée à
l'idéal, et sa simplicité, qui peut rappeler la réalité terne et monotone. Il peut faire écho aux thèmes de la dualité entre la
beauté et l'ennui, entre l'idéal et la réalité, qui sont également présents dans la section "Spleen et Idéal" de l'œuvre de
Baudelaire. Poème la beauté « Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre, »
Dans la même veine, L’allitération ‘’S’’ dans l’expression « des proportions plus justes, plus de noblesse, de grâce et
d’éternelle jeunesse », ajoute au passage un ton poétique et musicale. Cela rappelle la célèbre citation de Verlaine « de la
musique avant toute chose et pour cela préfère l’Impair ».
Au niveau linguistique, les modalisateurs employés « Il n’est pas possible », « hors de doute » conférent un ton familier de
discussion à la narration. Les superlatifs (plus ...) expriment le degré le plus élevé pour qualifier l’arbre.
« La troisième ferme à droite ... » extrait 2 de l’incipit
En premier lieu, cet extrait commence par décrire une ferme où se trouvent des roses trémières. Les "roses trémières" font
allusion à un poème de Nerval, "La rose qu'elle tient, c'est la Rose trémière", soulignant ainsi un lien intertextuel, l'un des
procédés que Genette a développé dans son livre "Palimpsestes". Par la suite, Giono brosse le portrait d'un certain V, un
‘’jeune homme’’, ce qui à son tour fait une insinuation au poème "Les sœurs de charité" d'Arthur Rimbaud, "Le jeune
homme dont l'œil est brillant, la peau brune". La description réaliste du portrait de ce V se rejoint de manière frappante
avec celle présente dans le texte où Giono décrit le portrait de Mme Tim, raconté par les villageois, établissant ainsi un lien
archi textuel.
En deuxième lieu, l'auteur nous donne des informations sur les goûts littéraires de cette personne dont il est question, qui
apprécie la lecture de "Sylvie" de Gérard Nerval. Nous sommes ici dans un procédé d'intertextualité clair.
Selon la typologie de Genette, la parenthèse a une fonction méta textuelle ("enfin quand je l'ai vu, moi"). De plus, en disant
"lire Sylvie, c'est assez drôle", Giono fait une ellipse, soulignant également l'aspect comique de la lecture de ce roman. Cela
signale une ironie intertextuelle qui provient d'un chapitre du livre "De la littérature" d'Umberto Eco. Cette ironie rappelle la
déclaration de Giono dans le texte de la scène de la messe (« un livre de quoi assommer une bœuf »).
En tant que rêveur des montagnes, Giono décrit le col de Menet comme étant traversé par un "tunnel" à peine praticable,
comparable à ‘’une vieille galerie de mine abandonnée’’.
Par une métaphore saisissante, le versant du Diois se présente comme ‘’un chaos de vagues monstrueuses d'un bleu
baleine, avec des éclaboussures noires’’. Le paysage se compose ‘’de glaciers de roches d'un mauvais rose ou d'un gris
sournois’’. Ce symbolisme des couleurs dans la nature marque la présence de la peinture, ceci rappelle la citation de Giono
dans son œuvre « jean le bleu » « l’écrivain est un teinturier qui fait du blanc le rouge ». Parallèlement, Giono explore
également cette présence de la peinture dans le texte où il décrit la transformation du ciel au crépuscule ‘’un blême vert, un
violet … ‘’, évoquant l’architextualité. Du surcroit, on peut observer une convergence de thème pictural entre ce passage et
le texte de ‘’l’épicier’’ de Honoré Balzac « « Il vend la plume et l’encre au poète, les couleurs au peintre ».
En ce qui concerne la temporalité verbale, la superposition du présent et de l’imparfait ‘’ il lit, il lisait’’ semble arreter
l’action, la figer dans un hors-temps.
Dans l’ensemble, le vocabulaire est diversifié, la description mélange des éléments neutres, charmants et dépréciatifs,
créant une atmosphère contrastée et complexe dans le texte.

En guise de conclusion, la mention du personnage (V) lisant (Sylvie) dans un lieu isolé peut également être liée à la
thématique du divertissement. La lecture est souvent considérée comme une forme de divertissement qui fait référence au
titre du roman « Un roi sans divertissement », mettant en évidence un lien para textuel.
« Il faut excuser Bergues »
« Tout est dit d’avance et l’on vient trop tard depuis de sept mille »
De prime abord, le passage commence par une injonction, « il faut », impliquant une demande visant à comprendre le
comportement du Bergues. Ensuite, l'anaphore « le sang, le sang... » renforce la déclaration du braconnier à propos du sang
sur la neige, créant une image poétique et énigmatique qui évoque la beauté au sein de quelque chose potentiellement
macabre. Cette scène rappelle fortement celle présente dans l'excipit, où Langlois demeurait immobile face au sang de l'oie.
Cette référence à cet accessoire marque le procédé de paratextualité, l'une des relations que Gérard Genette a développées
dans son livre « Palimpsestes ».
Dans la même veine, cette mention de la fascination pour le sang se connecte de manière frappante avec celle présente
dans le passage où Giono indique que la virtuosité de la beauté du hêtre « hypnotisait comme le sang des oies sauvages sur
la neige ». Par la suite, la référence à Perceval « je pense à Perceval hypnotisé, endormi... », met en lumière le procédé de
l'intertextualité. Giono évoque cette scène célèbre du Conte du Graal de Chrétien de Troyes, où Perceval demeure en extase
devant le spectacle du sang des oies sauvages sur la neige.
Les adjectifs « très propre, rouge et blanc » soulignent la pureté visuelle de l’image. Le symbolisme des couleurs, « rouge et
blanc », marque la présence de la peinture, comme le confesse Giono dans son roman « Jean le bleu » : « L’écrivain est un
teinturier qui fait du blanc le rouge ». Cette évocation de la peinture nous renvoie au passage où Giono décrit le versant du
Diois : « C’est un chaos de vagues monstrueuses bleu baleine, de giclements noirs », mettant en avant un lien architextuel.
Parallèlement, cette présence de l’art pictural par les couleurs entretient ainsi une relation architextuelle avec l’extrait de «
L’épicier », où Balzac mentionne : « Il vend la plume et l’encre au poète, les couleurs au peintre ».
L'assonance dans le dernier paragraphe, où les adverbes "immédiatement, seulement, instinctivement, finalement"
partagent la même sonorité de la voyelle [ã], ajoute une dimension rythmique et sonore voire poétique au passage. Cette
répétition de la même voyelle crée une musicalité, comme le disait Verlaine « De la musique avant toute chose et pour cela
préfère l’impair ».
En ce qui concerne la temporalité verbale, le choix du passé simple crée une narration au style direct et offre une
impression d'instantanéité à ces actions, les présentant comme des faits ponctuels et délimités dans le temps.
En somme, ce passage évoque le thème de l’ivresse, où Bergues percevait la beauté dans quelque chose de morbide. La
beauté est l’une des thématiques présentes dans la section "Spleen et Idéal" des "Fleurs du mal" de Baudelaire « Je suis
belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre ».

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