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Principaux discours

du pape François

JMJ de Lisbonne 2023


Source : Site du Va.can
Pape François - Célébration d’accueil

Parc Eduardo VII (Lisbonne)


Jeudi 3 août 2023

Chers jeunes, bonsoir !

Bienvenue ! Bienvenue et merci d'être ici, je suis heureux de vous voir ; je suis heureux
d’entendre le beau vacarme que vous faites, et d'être contaminé par votre joie. Il est bon
d'être ensemble à Lisbonne : je vous ai appelés, avec le Patriarche que je remercie pour
ses paroles, avec vos évêques, vos prêtres, vos catéchistes et vos animateurs. Remercions
tous ceux qui vous ont appelés et tous ceux qui ont travaillé pour rendre cette rencontre
possible, et faisons-le avec de grands applaudissements ! Mais c'est surtout Jésus qui vous
a appelés : remercions Jésus avec un autre grand applaudissement !

Vous n'êtes pas ici par hasard. Le Seigneur vous a appelés, non seulement en ces jours,
mais dès le début de votre vie. Il nous a tous appelés depuis le début de notre vie. Oui, il
vous a appelé par votre nom : nous l’avons entendu dans la Parole de Dieu qu'il nous a
appelés par notre nom. Essayez d'imaginer ces trois mots écrits en grosses lettres ; ensuite
pensez qu'ils sont écrits en vous, dans vos cœurs, comme pour former le titre de votre vie,
le sens de ce que vous êtes : tu es appelé par ton nom, toi, toi, toi, nous tous qui sommes
ici, moi, nous avons tous été appelés par notre nom. Nous n'avons pas été appelés
automatiquement, nous avons été appelés par notre nom. Réfléchissons à ceci : Jésus m'a
appelé par mon nom. Ce sont des mots écrits dans le cœur. Et puis pensons qu'ils sont
écrits en chacun de nous, dans nos cœurs, et forment une sorte de titre pour votre vie, le
sens de ce que nous sommes, le sens de ce que vous êtes : tu as été appelé par ton nom,
tu as été appelé par ton nom, tu as été appelé par ton nom ! Aucun d'entre nous n'est
chrétien par hasard : nous avons tous été appelés par notre nom. Au début de la trame de
la vie, avant les talents que nous avons, avant les ombres et les blessures que nous portons
en nous, nous avons été appelés. Nous avons été appelés, pourquoi ? Parce que nous
sommes aimés. Nous avons été appelés, parce que nous sommes aimés. Que c’est beau
! Aux yeux de Dieu, nous sommes des enfants précieux qu'Il appelle chaque jour pour les
étreindre et les encourager ; pour faire de chacun un chef-d'œuvre unique et original ;
chacun d'entre nous est unique, il est original, et la beauté de tout cela, nous ne pouvons
pas l’entrevoir.

Chers jeunes, au cours de ces Journées Mondiales de la Jeunesse, aidons-nous


mutuellement à reconnaître cette réalité. Que ces journées soient des échos vibrants de

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cet appel à l'amour de Dieu, parce que nous sommes précieux aux yeux de Dieu, en dépit
de ce que nos yeux voient ; parfois nos yeux sont assombris par ce qui est négatif et
éblouis par trop de distractions. Que ces journées soient des journées où mon nom, ton
nom, prononcé avec amitié par les frères et sœurs de nombreuses langues et nations - nous
voyons beaucoup de drapeaux - résonne comme une nouvelle unique dans l'histoire, parce
que la palpitation de Dieu pour toi est unique. Puissions-nous, durant ces journées, fixer
en nos cœurs le fait que nous sommes aimés tels que nous sommes, et non pas tels que
nous voudrions être : tels que nous sommes maintenant. C'est cela le point de départ des
JMJ, mais surtout le point de départ de la vie. Garçons et filles : nous sommes aimés tels
que nous sommes, sans maquillage ! Vous comprenez ?

Nous sommes appelés par notre nom, chacun d’entre nous. Ce n'est pas une manière de
dire, c'est la Parole de Dieu (cf. Is 43, 1 ; 2 Tm 1, 9). Cher ami, si Dieu t'appelle par
ton nom, cela signifie que, pour Dieu, aucun d'entre nous n'est un numéro, mais un
visage, une figure, un cœur. Je voudrais que chacun d’entre vous remarque une
chose : beaucoup aujourd'hui connaissent ton nom, mais ne t'appellent pas par ton
nom. Ton nom est connu, il apparaît sur les réseaux sociaux, il est traité par des
algorithmes qui lui associent des goûts et des préférences. Mais tout cela n’implique
pas ton unicité, seulement ton utilité pour les études de marché. Combien de loups
se cachent derrière des sourires de fausse bonté qui disent savoir qui tu es mais ne
t’aiment pas, insinuent qu'ils croient en toi et te promettent que tu deviendras
quelqu'un, pour ensuite te laisser seul quand tu ne les intéresses plus. Ce sont les
illusions du virtuel, et nous devons veiller à ne pas nous laisser tromper car
aujourd’hui beaucoup de réalités qui nous attirent et nous promettent le bonheur se
révèlent ensuite pour ce qu'elles sont : des choses vaines, des bulles de savon, des
choses superflues, des choses inutiles et qui nous laissent vides intérieurement. Je
vais vous dire une chose : Jésus n’est pas ainsi, il n’est pas ainsi ! Il a confiance en
chacun de vous, en chacun de nous parce que, pour Jésus, chacun de nous est
important, chacun de vous est important. C’est cela Jésus.

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C'est pourquoi nous, son Église, nous sommes la communauté de ceux qui ont été appelés
: non pas la communauté des meilleurs - non, nous sommes tous pécheurs, mais nous
sommes appelés, tels que nous sommes. Réfléchissons un peu à cela, dans notre cœur :
nous sommes appelés tels que nous sommes, avec nos problèmes, avec nos limites, avec
notre joie débordante, avec notre désir d'être meilleurs, avec notre désir de gagner. Nous
sommes appelés tels que nous sommes. Pensez-y. Jésus m'appelle tel que je suis, et non
tel que je voudrais être. Nous sommes la communauté des frères et sœurs de Jésus, des
enfants du même Père.

Chers amis, je voudrais être clair avec vous qui êtes allergiques aux mensonges et aux
paroles creuses : il y a de la place pour tout le monde dans l'Église, pour tout le monde !
Personne n'est inutile, personne n'est superflu, il y a de la place pour tout le monde. Tel
que nous sommes, tout le monde. Et Jésus le dit clairement quand il envoie les apôtres
inviter au banquet de cet homme qui l’avait préparé, il dit : "Allez chercher tout le monde,
jeunes et vieux, bien portants et malades, justes et pécheurs : tous, tous, tous". Dans
l'Église, il y a de la place pour tous. "Père, mais je suis un misérable..., je suis une
misérable, y a-t-il de la place pour moi?" Il y a de la place pour tout le monde ! Tous
ensemble, chacun dans sa langue, répétez avec moi : "Tous, tous, tous ! ". [ils répètent]
On n’entend pas, encore ! "Tous, tous, tous !" Et c'est cela l'Église, la Mère de tous. Il y
a de la place pour tous. Le Seigneur ne montre pas du doigt, mais il ouvre ses bras. Cela
nous fait penser : le Seigneur ne sait pas faire ceci [montrer du doigt], mais il sait faire
cela [étreindre], il nous étreint tous.

Jésus nous le montre sur la croix, en ouvrant si grand les bras au point d’être crucifié et
de mourir pour nous. Jésus ne ferme jamais la porte, jamais, mais il t’invite à entrer :
"entre et vois". Jésus te reçoit, Jésus accueille. En ces jours, que chacun d’entre nous
transmette le message d'amour de Jésus : "Dieu t'aime, Dieu t'appelle". Comme c’est
beau ! Dieu m’aime, Dieu m’appelle, il veut que je sois près de Lui.

Vous ce soir, vous m'avez posé aussi des questions, beaucoup de questions. Ne vous
lassez jamais de poser des questions ! c'est bien, c'est même souvent mieux que de donner
des réponses, parce que celui qui pose des questions reste "inquiet", et l'inquiétude est le
meilleur remède contre l'habitude, contre cette normalité plate qui anesthésie l'âme.
Chacun de nous porte en lui ses propres inquiétudes. Portons ces inquiétudes et portons-
les dans le dialogue entre nous, portons-les quand nous prions devant Dieu. Ces questions
qui deviennent des réponses avec la vie, nous n'avons qu'à les attendre. Il y a une chose
très intéressante : Dieu aime par surprise, ce n'est pas programmé. L'amour de Dieu est
surprise. Il surprend toujours, il nous tient toujours éveillés et nous surprend.

Chers garçons et filles, je vous invite à penser à cette chose si belle : Dieu nous aime,
Dieu nous aime tels que nous sommes, et non pas tels que nous voudrions être ou tels que
la société voudrait que nous soyons : tels que nous sommes. Il nous aime avec les défauts

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que nous avons, avec les limites que nous avons et avec le désir que nous avons d'avancer
dans la vie. C'est ainsi que Dieu nous appelle. Ayez confiance parce que Dieu est Père, et
il est un Père qui nous aime, un Père qui nous veut du bien. Ce n’est pas très facile, et
c’est pourquoi nous avons une grande aide avec la Mère du Seigneur, qui est aussi notre
Mère. Elle est notre Mère. Je voulais seulement vous dire cela. N’ayez pas peur, ayez
du courage, allez de l’avant, en sachant que nous sommes protégés par l’amour de
Dieu. Dieu nous aime. Disons-le ensemble, tous : "Dieu nous aime". Plus fort, que je
n’entends pas ! [ils répètent] On n’entend pas ici... [ils répètent] Merci!

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Pape François – Rencontre avec les jeunes universitaires

Unversidade Católica Portuguesa” (Lisbonne)


Jeudi 3 août 2023

Chers frères et sœurs, bonjour !

Merci, Madame la Rectrice, pour vos paroles. Obrigado. Vous avez dit que nous nous
sentons tous « pèlerins ». C’est un beau mot dont la signification mérite d’être méditée.
Il signifie littéralement laisser de côté la routine habituelle et se mettre en chemin avec
une intention, en se déplaçant « à travers les champs » ou « au-delà de ses frontières »,
c’est-à-dire hors de sa zone de confort, vers un horizon de sens. Dans le mot "pèlerin",
nous voyons se refléter la condition humaine, parce que chacun est appelé à se confronter
à de grandes questions qui n’ont pas de réponse, une réponse simpliste ou immédiate,
mais qui invitent à accomplir un voyage, à se dépasser, à aller plus loin. C’est un
processus qu’un universitaire comprend bien, car la science naît ainsi. Et ainsi grandit
également la recherche spirituelle. Être pèlerin, c’est marcher vers un but ou chercher un
but. Il y a toujours le danger de marcher dans un labyrinthe, où il n’y a pas d’objectif. Et
même pas de sortie. Méfions-nous des formules préfabriquées – ce sont des labyrinthes –
méfions-nous des réponses qui semblent à portée de main, tirées de la manche comme
des cartes à jouer truquées ; méfions-nous de ces propositions qui semblent tout donner
sans rien demander. Méfions-nous! Cette méfiance est une arme pour pouvoir avancer et
ne pas continuer à tourner en rond. Dans une parabole de Jésus, trouve la perle de grande
valeur celui qui la cherche avec intelligence et avec un esprit d’initiative, et il donne tout,
il risque tout ce qu’il a pour l’avoir (cf. Mt 13, 45-46). Chercher et risquer : voilà les deux
verbes du pèlerin. Chercher et risquer.

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Pessoa a dit, de manière tourmentée mais correcte, qu’ « être insatisfait, c’est être homme
» (Mensagem, O Quinto Império). N’ayons pas peur de nous sentir inquiets, de penser
que ce que nous faisons ne suffit pas. Être insatisfait, dans ce sens et dans une juste
mesure, est un bon antidote contre la présomption d’autosuffisance et contre le
narcissisme. L’imperfection caractérise notre condition de chercheurs et de pèlerins,
comme dit Jésus, nous sommes dans le monde, mais nous ne sommes pas du monde
(cf. Jn 17, 16). Nous marchons "vers". Nous sommes appelés à quelque chose de plus, à
un décollage sans lequel il n’y a pas de vol. Ne nous alarmons pas alors si nous nous
trouvons assoiffés de l’intérieur, inquiets, inachevés, avides de sens et d’avenir, com
saudades do futuro ! Et ici, avec la saudade de l’avenir, n’oubliez pas de garder vivante
la mémoire de l’avenir. Ne soyons pas malades, soyons vivants ! Inquiétons-nous plutôt
lorsque nous sommes prêts à remplacer la route à faire par un quelconque point de
rafraîchissement, pourvu qu’il nous donne l’illusion du confort ; lorsque nous remplaçons
les visages par les écrans, le réel par le virtuel ; lorsque, à la place des questions qui
déchirent, nous préférons les réponses faciles qui anesthésient. Et nous pouvons les
trouver dans n’importe quel manuel sur les relations sociales, comment bien se comporter.
Les réponses faciles anesthésient.

Chers amis, permettez-moi de vous dire : cherchez et risquez. En ce moment historique,


les défis sont énormes, les gémissements douloureux – nous vivons une troisième guerre
mondiale par morceaux –, mais nous embrassons le risque de penser que nous ne sommes
pas en agonie, mais en accouchement ; non pas à la fin, mais au début d’un grand
spectacle. Il faut du courage pour penser cela. Soyez donc des protagonistes d’une
"nouvelle chorégraphie" qui mette au centre la personne humaine, soyez chorégraphes de
la danse de la vie. Les paroles de Madame la Rectrice ont été pour moi inspirantes, en
particulier quand elle a dit que « l’université n’existe pas pour se préserver comme
institution, mais pour répondre avec courage aux défis du présent et de l’avenir ». L’auto-
préservation est une tentation, c’est un réflexe conditionné par la peur qui fait regarder
l’existence de manière déformée. Si les graines se préservaient, elles gaspilleraient
complètement leur puissance génératrice et elles nous condamneraient à la faim ; si les
hivers se préservaient, il n’y aurait pas l’émerveillement du printemps. Ayez donc le
courage de remplacer les peurs par des rêves. Remplacez les peurs par les rêves : ne soyez
pas administrateurs de peurs, mais des entrepreneurs de rêves !

Ce serait un gaspillage de penser à une université engagée à former les nouvelles


générations uniquement pour perpétuer le système élitiste et inégal actuel du monde,
où l’enseignement supérieur reste un privilège pour quelques-uns. Si la connaissance
n’est pas accueillie comme une responsabilité, elle devient stérile. Si celui qui a reçu
un enseignement supérieur (qui reste aujourd’hui, au Portugal et dans le monde, un
privilège) ne s’efforce pas de restituer ce dont il a bénéficié, il n’a pas compris tout à fait
ce qui lui a été offert. J’aime penser au Livre de la Genèse ; les premières questions que
Dieu pose à l’homme sont : « Où es-tu ? » (Gn 3, 9) et « Où est ton frère ? » (Gn 4, 9).

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Ça nous fera du bien de nous demander, demandons-nous : Où suis-je ?Suis-je enfermé
dans ma bulle ou est-ce que je cours le risque de sortir de mes sécurités pour devenir un
chrétien pratiquant, un artisan de justice, un artisan de beauté ? Et encore : Où est mon
frère ? Des expériences de service fraternel comme la Missão Pais et beaucoup d’autres
qui naissent du milieu académique devraient être considérées comme indispensables pour
ceux qui passent par une université. Le diplôme ne doit en effet pas être considéré
seulement comme une permission pour construire le bien-être personnel, non, mais
comme un mandat pour se consacrer à une société plus juste, une société plus inclusive,
c’est-à-dire plus avancée. On m’a dit qu’une de vos grandes poètes, Sophia de Mello
Breyner Andresen, dans une interview qui est une sorte de testament, à la question : «
Qu’aimeriez-vous voir réalisé au Portugal en ce nouveau siècle ? », a répondu sans hésiter
: « Je voudrais voir la justice sociale réalisée, la réduction du fossé entre riches et pauvres
» (Entrevista de Joaci Oliveira, in Cidade Nova, nº 3/2001). Je vous adresse en retour
cette question. Vous, chers étudiants, pèlerins du savoir, que voulez-vous voir réalisé au
Portugal et dans le monde ? Quels changements, quelle transformation ? Et comment
l’université, surtout l’université catholique, peut-elle y contribuer ?

Beatriz, Mahoor, Mariana, Tomás, je vous remercie pour vos témoignages. Ils ont tous
un ton d’espérance, une charge d’enthousiasme réaliste, sans plaintes ni fuites en avant
idéalistes. Vous voulez être protagonistes, « protagonistes du changement », comme l’a
dit Mariana. En vous écoutant, j’ai pensé à une phrase qui vous est peut-être familière, de
l’écrivain José de Almada Negreiros : « J’ai rêvé d’un pays où tous parvenaient à être
maîtres » (A Invenção do Dia Claro). De même, cet ancien qui vous parle – je suis vieux
maintenant –, rêve que votre génération devienne une génération de maîtres. Maîtres
d’humanité. Maîtres de compassion. Maîtres de nouvelles opportunités pour la planète et
ses habitants. Maîtres d’espérance. Et des maîtres qui défendent la vie de la planète,
menacée en ce moment par une grave destruction écologique.

Comme certains d’entre vous l’ont souligné, nous devons reconnaître l’urgence
dramatique de prendre soin de la maison commune. Cependant, cela ne peut se faire
sans une conversion du cœur et un changement de la vision anthropologique qui est à la

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base de l’économie et de la politique. On ne peut se contenter de simples mesures
palliatives ou de compromis timides et ambigus, car, « les justes milieux retardent
seulement un peu l’effondrement » (Lett. enc. Laudato si’, n. 194). N’oubliez pas ceci.
Les termes moyens ne sont qu’un petit retard dans l’effondrement. Il s’agit au contraire
de prendre en charge ce qui, malheureusement, continue à être reporté : la nécessité de
redéfinir ce que nous appelons progrès et évolution. Parce que, au nom du progrès, on a
fait trop de chemin à reculons. Étudiez bien ce que je vous dis. Au nom du progrès, la
voie est ouverte à une grande régression. Vous êtes la génération qui peut relever ce défi
: vous avez les outils scientifiques et technologiques les plus avancés mais, s’il vous plaît,
ne tombez pas dans le piège de visions partielles. N’oubliez pas que nous avons besoin
d’une écologie intégrale, d’écouter la souffrance de la planète en même temps que celle
des pauvres ; de mettre le drame de la désertification en parallèle avec celui des réfugiés
; le thème des migrations avec celui de la dénatalité ; de nous occuper de la dimension
matérielle de la vie dans une dimension spirituelle. Pas des polarisations, mais des visions
d’ensemble.

Merci, Tomás, pour avoir dit qu’ « une authentique écologie intégrale sans Dieu n’est pas
possible, qu’il ne peut y avoir d’avenir dans un monde sans Dieu ». Je voudrais vous dire
: rendez la foi crédible à travers les choix. Car si la foi n’engendre pas des styles de
vie convaincants, elle ne fait pas lever la pâte du monde. Il ne suffit pas qu’un
chrétien soit convaincu, il doit être convaincant ; nos actions sont appelées à refléter
la beauté, joyeuse et à la fois radicale, de l’Évangile. En outre, le christianisme ne
peut pas être habité comme une forteresse entourée de murs, qui élève des bastions
contre le monde. C’est pourquoi j’ai trouvé émouvant le témoignage de Beatriz, quand
elle a dit qu’ « à partir du champ de la culture » elle se sent appelée à vivre les Béatitudes.
À chaque époque, l’une des tâches les plus importantes pour les chrétiens est de retrouver
le sens de l’incarnation. Sans l’incarnation, le christianisme devient une idéologie et la
tentation des idéologies chrétiennes, entre guillemets, est très actuelle. C’est l’incarnation
qui permet d’être émerveillé de la beauté que le Christ révèle à travers chaque frère et
sœur, chaque homme et chaque femme.

À ce propos, il est intéressant que, dans votre nouvelle chaire consacrée à l’ « Économie
de François », vous ayez ajouté la figure de Claire. En effet, la contribution des femmes
est indispensable. Dans l’inconscient collectif, combien de fois on pense que les femmes
sont de deuxième catégorie, qu’elles sont des réserves, qu’elles ne jouent pas en tant que
titulaires. Cela existe dans l’inconscient collectif. La contribution féminine est
indispensable. On voit d’ailleurs dans la Bible comment l’économie de la famille est en
grande partie entre les mains de la femme. C’est elle la véritable "régente" de la maison,
avec une sagesse qui n’a pas pour but exclusif le profit, mais le soin, la coexistence, le
bien-être physique et spirituel de chacun, et aussi le partage avec les pauvres et les
étrangers. Et il est passionnant d’aborder les études économiques dans cette perspective :

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avec le but de redonner à l’économie la dignité qui lui revient, afin qu’elle ne soit pas la
proie du marché sauvage et de la spéculation.

L’initiative du Pacte Éducatif Mondial, et les sept principes qui en forment l’architecture,
comprennent beaucoup de ces thèmes, du soin de la maison commune à la pleine
participation des femmes, jusqu’à la nécessité de trouver de nouvelles façons de
comprendre l’économie, la politique, la croissance et le progrès. Je vous invite à étudier
ce Pacte Éducatif Mondial, vous en passionner. L’un des points qu’il traite est l’éducation
à l’accueil et à l’inclusion. Et nous ne pouvons pas feindre de ne pas avoir entendu les
paroles de Jésus au chapitre 25 de Matthieu : « J’étais un étranger, et vous m’avez
accueilli » (v. 35). J’ai écouté avec émotion le témoignage de Mahoor, quand elle a
évoqué ce que signifie vivre avec « le sentiment constant d’absence d’un foyer, d’une
famille, d’amis [...], d’être restée sans maison, sans université, sans argent [...], fatiguée
et épuisée et abattue par la douleur et les pertes ». Elle nous a dit qu’elle avait retrouvé
l’espoir parce que quelqu’un avait cru en l’impact transformant de la culture de la
rencontre. Chaque fois que quelqu’un pratique un geste d’hospitalité, il provoque une
transformation.

Chers amis, je suis très heureux de vous voir comme une communauté éducative vivante,
ouverte à la réalité, et conscients que l’Évangile qui ne sert pas d’ornement mais qui
anime les parties et l’ensemble. Je sais que votre parcours comprend différents domaines
: études, amitié, service social, responsabilité civile et politique, soin de la maison
commune, expressions artistiques... Être une université catholique signifie d’abord ceci :
que chaque élément est en relation avec le tout et que le tout se retrouve dans les parties.
Ainsi, en acquérant des compétences scientifiques, on mûrit en tant que personne dans la
connaissance de soi et dans le discernement de sa propre voie. Voie oui, labyrinthe non.
Alors, continuez ! Une tradition médiévale raconte que lorsque les pèlerins du chemin
de Saint Jacques se croisaient, l’un saluait l’autre en s’exclamant « Ultreia » et
l’autre répondait « et Suseia ». Ce sont des expressions d’encouragement à
continuer la recherche et le risque du chemin, en nous disant mutuellement : "Allez,
courage, va de l’avant !". C’est ce que je souhaite aussi à vous tous, de tout mon cœur.
Merci.

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Pape François – Chemin de croix avec les jeunes

Parc Eduardo VII (Lisbonne)


Vendredi 4 août 2023

Chers frères et sœurs, bonsoir !

Aujourd'hui, vous allez marcher avec Jésus. Jésus est le Chemin et nous marcherons avec
Lui, parce que Lui a marché. Lorsqu'Il était parmi nous, Jésus a marché, Il a marché en
guérissant les malades, en prenant soin des pauvres, en rendant la justice... Il a marché en
prêchant, en enseignant. Jésus marche, mais le chemin le plus gravé dans nos cœurs est
le chemin du Calvaire, le chemin de la Croix. Et aujourd'hui, vous, nous, moi aussi, nous
renouvellerons par la prière le chemin de la Croix. Nous regarderons Jésus passer et nous
marcherons avec Lui.

Le chemin de Jésus, c'est Dieu qui sort de lui-même, Il sort de Lui-même pour
marcher parmi nous. Ce que nous entendons si souvent à la messe : "Et le Verbe s'est
fait chair et a marché parmi nous". Vous vous souvenez ? Le Verbe s'est fait homme et a
marché parmi nous. Et cela, Il le fait par amour. Il le fait par amour. Et la croix qui
accompagne toutes les Journées Mondiales de la Jeunesse est l'icône, la figure de
cette marche. La Croix est le signe le plus grand du plus grand amour, l'amour avec
lequel Jésus veut étreindre notre vie. La nôtre ? Oui, la tienne, la tienne, la tienne,
celle de chacun de nous. Jésus marche pour moi. Nous devons tous le dire. Jésus
entreprend ce chemin pour moi, pour donner sa vie pour moi. Et personne n'a plus
d'amour que celui qui donne sa vie pour ses amis, celui qui donne sa vie pour les autres.
N'oubliez pas ceci : personne n'a plus d'amour que celui qui donne sa vie, c’est ce que
Jésus a enseigné. C'est pourquoi, lorsque nous regardons la Croix, qui est si douloureuse,
si dure, nous voyons la beauté de l'amour qui donne sa vie pour chacun de nous.

Une personne très croyante a dit une phrase qui m'a beaucoup frappé. Elle a dit :
"Seigneur, par ton ineffable agonie, je peux croire en l'amour. Seigneur, par ton ineffable
agonie, je peux croire en l'amour".

Et Jésus marche, mais Il attend quelque chose, Il attend notre compagnie, Il attend que
nous regardions... je ne sais pas, Il attend d'ouvrir les fenêtres de mon âme, de ton âme,
de l'âme de chacun de nous. Qu'elles sont laides les âmes fermées, qui sèment à l'intérieur
et sourient à l'intérieur ! Elles n’ont pas de sens. Jésus marche et attend avec son amour,
attend avec sa tendresse, pour nous consoler, pour sécher nos larmes.

Maintenant je vous pose une question, mais ne répondez pas à haute voix : chacun répond
en lui-même. Est-ce que je pleure parfois ? Y a-t-il des choses dans la vie qui me font

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pleurer ? Nous avons tous pleuré dans la vie, et nous pleurons encore. Et Jésus est là avec
nous, Il pleure avec nous, parce qu'Il nous accompagne dans l'obscurité qui provoque nos
pleurs.

Maintenant je ferai un peu silence, et que chacun dise à Jésus ce qui le fait pleurer dans
la vie ; chacun de nous le lui dit à présent, en silence.

[moment de silence].

Jésus, avec sa tendresse, essuie nos larmes cachées. Jésus veut combler de sa proximité
notre solitude. Que les moments de solitude sont tristes ! Et Lui il est là, Il veut combler
cette solitude. Jésus veut combler nos peurs, tes peurs, mes peurs. Ces sombres peurs, Il
veut les remplir de sa consolation ; et Il attend de nous pousser à prendre le risque d'aimer.
Parce que, vous le savez, vous le savez mieux que moi: aimer est risqué. Il faut prendre
le risque d'aimer. C'est un risque, mais il vaut la peine d'être pris, et Il nous accompagne
en cela. Toujours Il nous accompagne. Toujours Il marche. Toujours, durant la vie, Il est
avec nous.

Je ne veux pas dire beaucoup plus de choses. Aujourd'hui, nous ferons le chemin avec
Lui, le chemin de sa souffrance, le chemin de nos soucis, le chemin de nos solitudes.

Maintenant, un moment de silence, et que chacun pense à sa souffrance, à son souci, à ses
misères. N'ayez pas peur, pensez-y, et pensez aussi au désir de l'âme de retrouver le
sourire.

[moment de silence].

Et Jésus marche jusqu’à la Croix, Il meurt sur la Croix, pour que notre âme puisse sourire.
Amen.

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Pape François – Chapelet

Fatima
Samedi 5 août 2023

Chers frères et sœurs, bonjour !

Merci, Monseigneur Ornelas, pour vos paroles et merci à vous tous pour votre présence
et votre prière. Nous avons récité le Rosaire, une prière très belle et vitale, vitale parce
qu'elle nous met en contact avec la vie de Jésus et de Marie. Et nous avons médité les
mystères joyeux qui nous rappellent que l'Église ne peut être que la maison de la joie. La
petite chapelle dans laquelle nous nous trouvons est une belle image de l'Église :
accueillante, sans portes. L'Église n'a pas de portes, pour que tout le monde puisse entrer.
Et ici nous pouvons aussi insister sur le fait que tout le monde peut entrer, parce que c'est
la maison de la Mère, et une mère a toujours le cœur ouvert à tous ses enfants, tous, tous,
tous, tous, sans aucune exclusion.

Nous sommes ici, sous le regard maternel de Marie, nous sommes ici comme Église,
Église mère.

Le pèlerinage est précisément une caractéristique mariale, parce que la première à avoir
fait un pèlerinage après l'annonce de Jésus a été Marie. Dès qu'elle a appris que sa cousine
était enceinte - elle était très âgée, la cousine - elle est partie à la hâte. C’est une traduction
un peu libre, l'Évangile dit "elle est partie en hâte", nous dirions qu'elle est "partie en
vitesse" avec cette envie d'aider, d'être présente.

Les titres de Marie sont nombreux, mais en y réfléchissant, il y en a un que l’on pourrait
dire : la Vierge "qui part en vitesse", chaque fois qu'il y a un problème ; chaque fois que
nous l'invoquons, elle n’hésite pas, elle vient, elle est attentionnée. Vierge attentionnée,
ça vous plait comme ça ? Disons-le tous ensemble : la Vierge attentionnée ! Elle se
dépêche pour être près de nous, elle se dépêche parce qu'elle est Mère. En portugais on
dit "apressada", me dit Mgr Ornelas. Vierge "apressada". C'est ainsi qu'elle accompagne
la vie de Jésus. Elle ne se cache pas après la résurrection, elle accompagne les disciples
dans l'attente de l'Esprit Saint. Elle accompagne l'Église qui commence à grandir après la
Pentecôte. Vierge attentionnée et Vierge qui accompagne. Elle accompagne toujours. Elle
n'est jamais protagoniste. Le geste d'accueil de Marie Mère est double : d'abord elle
accueille et ensuite elle montre Jésus. Dans sa vie, Marie ne fait rien d'autre que
montrer Jésus. "Faites tout ce qu'il vous dira". Suivez Jésus.

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Ce sont les deux gestes de Marie, pensons-y : elle nous accueille tous et nous montre
Jésus. Et elle le fait avec attention, "apressada". La Vierge attentionnée qui nous accueille
tous et nous montre Jésus. Et chaque fois que nous venons ici, souvenons-nous de cela.
Marie s'est rendue présente ici de manière spéciale, afin que l'incrédulité de beaucoup de
cœurs s'ouvre à Jésus. Par sa présence, elle nous montre Jésus, toujours elle nous montre
Jésus. Et aujourd'hui, elle est ici parmi nous, elle est toujours parmi nous, mais
aujourd'hui, nous la sentons beaucoup plus proche. Marie attentionnée.

Mes amis, Jésus nous aime au point de s'identifier à nous et Il nous demande de
collaborer avec Lui. Et Marie nous montre ce que Jésus nous demande : marcher
dans la vie en collaborant avec Lui. Je voudrais aujourd'hui que nous regardions l'image
de Marie et que chacun se dise : que me dit Marie en tant que Mère ? que me montre-t-
elle ? Elle nous montre Jésus. Parfois elle nous montre aussi une petite chose qui ne
fonctionne pas bien dans notre cœur, mais elle nous montre toujours. "Mère, que me
montres-tu?" Prenons un petit moment de silence et que chacun, dans son cœur, dise :
"Mère, qu'est-ce que tu me montres ? Qu'y a-t-il dans ma vie qui te préoccupe? Qu'y a-t-
il dans ma vie qui t’affecte? Qu'y a-t-il dans ma vie qui t'intéresse? Montre-le". Et c'est là
qu'elle montre notre cœur à Jésus pour qu’Il vienne. Et de même qu'elle nous montre
Jésus, elle montre à Jésus le cœur de chacun.

Chers frères, nous ressentons aujourd'hui la présence de Marie Mère, la Mère qui dit
toujours : "Faites ce que Jésus vous dit" ; elle nous montre Jésus. Mais aussi la Mère qui
dit à Jésus : "Fais ce qu'il te demande". C'est Marie. C'est notre Mère, la Vierge
attentionnée qui est proche de nous. Qu'elle nous bénisse tous ! Amen.

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Pape François – Veillée de prière

Parc Tejo (Lisbonne)


Samedi 5 août 2023

Chers frères et sœurs, bonsoir !

Vous voir me donne beaucoup de joie ! Merci d'avoir voyagé, d’avoir marché et merci
d'être là! Je pense aussi que la Vierge Marie a dû voyager pour voir Élisabeth: « Elle se
leva et partit en hâte » (Lc 1, 39). On peut se demander : pourquoi Marie se lève-t-elle et
se rend-elle en hâte chez sa cousine? Certes, elle vient d'apprendre que la cousine est
enceinte, mais elle l’est également : pourquoi donc y aller si personne ne le lui a demandé?
Marie accomplit un geste qui ne lui est pas demandé et qu’elle ne doit en rien. Marie y va
parce qu'elle aime, et que « celui qui aime court, vole, il est dans la joie » (L'Imitation de
Jésus-Christ, III, 5). Voilà ce que fait l’amour.

La joie de Marie est double : elle vient de recevoir l'annonce de l'ange qu'elle va accueillir
le Rédempteur, et aussi la nouvelle que sa cousine est enceinte. Alors, c'est intéressant :
au lieu de penser à elle-même, elle pense à l'autre. Pourquoi ? Parce que la joie est
missionnaire, la joie n'est pas pour un seul, elle est pour apporter quelque chose. Je vous
demande : vous, qui êtes ici, qui êtes venus pour vous rencontrer, pour trouver le message
du Christ, pour trouver un beau sens à votre vie, allez-vous garder cela pour vous ou allez-
vous le porter aux autres ? Qu'en pensez-vous ? Je n’entends pas... C'est pour le porter
aux autres, parce que la joie est missionnaire ! Répétons-le tous ensemble : la joie est
missionnaire ! C'est pourquoi je porte cette joie aux autres.

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Mais cette joie que nous avons, d'autres nous ont préparés à la recevoir. Regardons
maintenant en arrière, tout ce que nous avons reçu : tout cela a préparé notre cœur à la
joie. Tous, si nous regardons en arrière, nous avons des personnes qui ont été un rayon de
lumière dans notre vie : parents, grands-parents, amis, prêtres, religieux, catéchistes,
animateurs, professeurs... Ils sont comme les racines de notre joie. Faisons maintenant un
moment de silence et que chacun pense à ceux qui nous ont donné quelque chose dans la
vie, qui sont comme les racines de notre joie.

[Moment de silence]

Vous avez trouvé ? Vous avez trouvé des visages, des histoires? La joie qui est venue à
travers ces racines, et celle que nous, nous devons donner parce que nous avons des
racines de joie. Et, de la même manière, nous pouvons être des racines de joiepour les
autres. Il ne s'agit pas d'apporter une joie passagère, la joie du moment ; il s'agit d'apporter
une joie qui crée des racines. Et je me demande : comment pouvons-nous devenir des
racines de joie?

La joie ne se trouve pas dans une bibliothèque, fermée – même s’il est nécessaire d'étudier
! - mais elle se trouve ailleurs. Elle n'est pas gardée sous clé. La joie, il faut la rechercher,
il faut la découvrir. Il faut la découvrir dans le dialogue avec les autres, où nous devons
donner ces racines de joie que nous avons reçues. Et cela, parfois, fatigue. Je vous pose
une question : vous arrive-t-il d'être fatigués ? Pensez à ce qui se passe quand on est
fatigué : on n'a plus envie de rien, comme on dit en espagnol, on jette l'éponge parce qu'on
n'a pas envie de continuer, et alors on abandonne, on s'arrête de marcher et on tombe.
Croyez-vous qu'une personne qui tombe dans la vie, qui a un échec, qui commet même
des erreurs graves, fortes, croyez-que sa vie soit finie ? Non ! Que faut-il faire? Se lever
! Et il y a quelque chose de très beau que je voudrais vous laisser aujourd'hui en souvenir.
Les chasseurs alpins, qui aiment escalader les montagnes, ont une très belle chanson qui
dit : "Dans l'art de l'escalade - sur la montagne - ce qui compte, ce n'est pas de ne pas
tomber, mais de ne pas rester tombé". C'est très beau !

Celui qui reste tombé est déjà "parti à la retraite", il s'est fermé, il s'est fermé à l’espérance,
il s'est fermé aux désirs, et il reste à terre. Et quand nous voyons quelqu'un, un ami qui
est tombé, que devons-nous faire ? Le relever. Avez-vous remarqué que lorsque
quelqu’un doit soulager ou aider une personne à se relever, le geste qu’elle fait ? Il la
regarde de haut. Le seul moment, le seul moment où il est permis de regarder une personne
de haut, c'est pour l'aider à se relever. Combien de fois, combien de fois voyons-nous des
gens qui nous regardent comme ça, par-dessus l’épaule, de haut ! C'est triste. La seule
façon, la seule situation dans laquelle il est permis de regarder une personne de haut est...
dites-le vous..., fort : pour l'aider à se relever.

Cela c’est un peu la marche, la constance dans la marche. Et dans la vie, pour réaliser des
choses, il faut s'entraîner à marcher. Parfois on n'a pas envie de marcher, on n'a pas envie

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de se donner de la peine, on triche aux examens parce qu'on n'a pas envie d'étudier et on
n'obtient pas le résultat. Je ne sais pas si certains d'entre vous aiment le football... Moi,
j'aime. Derrière un but, qu'est-ce qu'il y a ? Beaucoup d'entraînement. Derrière un résultat,
qu'est-ce qu'il y a ? Beaucoup d'entraînement. Et, dans la vie, on ne peut pas toujours faire
ce que l'on veut, mais ce qui nous conduit à accomplir la vocation que nous avons en nous
- chacun a sa propre vocation. Marcher. Et si je tombe, je me relève ou quelqu'un m'aide
à me relever ; ne pas rester à terre ; et m'entraîner, m'entraîner à marcher. Et tout cela est
possible, non pas parce que nous suivons un cours sur la manière de marcher - il n'y a pas
de cours qui nous apprenne à marcher dans la vie - : cela s'apprend. Cela s’apprend des
parents, cela s’apprend des grands-parents, cela s’apprend des amis, en s’aidant
mutuellement. Dans la vie, on apprend, et c'est un entraînement à la marche.

Je vous laisse avec ces idées. Marcher et, si l’on tombe, se relever ; marcher avec un
objectif ; s’entraînez chaque jour de la vie. Dans la vie, rien n'est gratuit, tout se paie. Une
seule chose est gratuite : l'amour de Jésus ! Alors, avec cette gratuité que nous avons -
l'amour de Jésus - et avec la volonté de marcher, marchons dans l'espérance, regardons
nos racines et avançons, sans peur. N'ayez pas peur. Je vous remercie ! Au revoir !

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Pape François – Homélie de la messe finale

Parc Tejo (Lisbonne)


Dimanche 6 août 2023

Les paroles de l'Apôtre Pierre sur la montagne de la Transfiguration sont celles que nous
voulons faire nôtres après ces journées intenses : « Seigneur, il est bon que nous soyons
ici ! » (Mt 17, 4). C'est beau tout ce que nous avons vécu avec Jésus, ce que nous avons
vécu ensemble et comment nous avons prié. Mais après ces journées de grâce, nous nous
demandons : qu'est-ce que nous emportons avec nous en retournant dans la vallée de la
vie quotidienne ?

À partir de l'Évangile que nous avons entendu, je voudrais répondre à cette question par
trois verbes :briller, écouter, ne pas craindre. Briller. Jésus est transfiguré et - dit le texte
- « son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17,2). Il venait d'annoncer sa passion
et sa mort sur la croix, brisant ainsi l'image d'un Messie puissant et mondain, et décevant
les attentes des disciples. Maintenant, précisément pour les aider à accepter le projet
d'amour de Dieu, qui vise à la gloire par le chemin de la croix, Jésus prend trois d'entre
eux, Pierre, Jacques et Jean, les conduit sur la montagne et est transfiguré : son visage
devient resplendissant et ses vêtements blancs. Ce "bain de lumière" les prépare à la nuit
qu'ils devront traverser; cette brèche lumineuse les aidera à supporter la peine des heures
les plus sombres, celles de Gethsémani et du Calvaire.

Mes amis, nous avons nous aussi besoin de quelques éclairs de lumière pour affronter
l'obscurité de la nuit, les défis de la vie, les peurs qui nous inquiètent, les ténèbres que
nous voyons souvent autour de nous. L'Évangile nous révèle que cette lumière a un nom.
Oui, cette lumière venue éclairer le monde, c'est Jésus (cf. Jn 1, 9). Il est la lumière qui
ne se couche jamais et qui brille même dans la nuit. Me viennent à l'esprit les paroles du
prêtre Esdras que l'on trouve dans les Saintes Écritures, et que nous pouvons nous aussi
répéter après ces jours vécus ensemble : « Notre Dieu a fait briller nos yeux » (Esd 9, 8).
Éclairés par le Christ, nous sommes nous aussi "transfigurés" : nos yeux et nos visages
peuvent briller d'une lumière nouvelle. Frères et sœurs, c'est ce que l'Église et le monde
attendent de vous : que vous soyez des jeunes rayonnants, qui portent partout la lumière
de l'Évangile et allument des lueurs d'espérance dans les ténèbres de notre temps !

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Je voudrais vous dire une chose : nous ne devenons pas lumineux lorsque nous sommes
sous les projecteurs, lorsque nous affichons une image parfaite et que nous nous sentons
forts et victorieux. Non. Nous brillons quand, en accueillant Jésus, nous apprenons à
aimer comme Lui, car telle est la vraie beauté qui resplendit : une vie qui risque par amour.
Un philosophe a écrit que la beauté du message révolutionnaire du Christ consiste à «
trouver aimable même l'objet non aimable » (S. KIERKEGAARD, Gli atti dell'amore,
Milan 1983, p. 579), c'est-à-dire aimer le prochain tel qu'il est : non seulement quand il
est en accord avec nous, mais aussi quand il ne nous est pas sympathique et qu'il a des
aspects qui ne nous plaisent pas. Avec la lumière de Jésus, c'est possible ! Vous, les
jeunes, vous pouvez aimer de cette manière et abattre certains murs, certains préjugés, en
apportant au monde la lumière de l'amour qui sauve. Puissiez-vous toujours briller de cet
amour, briller avec Jésus, « lumière du monde » (Jn 8, 12) !

Le deuxième verbe est écouter. Sur la montagne, une nuée lumineuse recouvre les
disciples et la voix du Père indique que Jésus est le Fils bien-aimé. Le commandement
que donne le Père est simple et direct : « Écoutez-le » (Mt 17, 5). Tout est là : tout ce qu'il
y a à faire dans la vie chrétienne réside dans ce mot, le dernier que le Père prononce dans
l'Évangile de Matthieu : écoutez-le. Écouter Jésus, dialoguer avec lui, lire sa Parole et la
mettre en pratique, le suivre : parce qu'il a pour nous des paroles de vie éternelle; parce
qu'il révèle que Dieu est Père est amour; parce que, par son Esprit, nous devenons nous
aussi des enfants bien-aimés. Voilà ce dont nous avons besoin dans la vie : non pas la
gloire, le succès, l'argent, mais savoir que nous ne sommes pas seuls, que nous avons
toujours quelqu'un à nos côtés, commencer et terminer la journée avec la certitude de
l'étreinte du Seigneur ; l'écouter, croire que nous sommes aimés et accompagnés d'un
amour qui ne fait jamais défaut. Et rappelons-nous ceci : nous mettre à l'écoute du

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Seigneur en restant ouverts à ses surprises fait de nous des personnes capables aussi de
s'écouter les unes les autres, d'écouter la réalité qui nous entoure, les autres cultures, la
voix souffrante des pauvres et des plus fragiles, le cri de la Terre blessée et maltraitée.
Qu'il est beau d'écouter Jésus, de nous écouter les uns les autres et de grandir dans le
dialogue, dans un monde où tant de personnes voyagent enfermées dans leur solitude, ne
pensant qu'à elles-mêmes.

Briller, écouter et, enfin, ne pas craindre. Ce sont les dernières paroles que Jésus prononce
sur la montagne pour encourager les disciples effrayés : « Relevez-vous et soyez sans
crainte » (Mt 17, 7). Maintenant qu'ils ont eu une anticipation de la gloire pascale, qu'ils
ont été plongés dans la lumière divine et qu'ils ont écouté la voix du Père, les disciples
peuvent descendre de la montagne et affronter les défis qui les attendent dans la vallée. Il
en est de même pour nous aussi: si nous gardons la lumière de Jésus et ses paroles, nous
pouvons marcher chaque jour dans la vie, le cœur libéré de la peur. À vous, jeunes, qui
cultivez de grands rêves mais souvent obscurcis par la crainte de ne pas les voir réalisés;
à vous, jeunes, qui pensez parfois ne pas y arriver; à vous, jeunes, qui, en ces temps, êtes
tentés de vous décourager, de vous juger inadaptés ou de cacher la douleur en la masquant
d'un sourire; à vous, jeunes, qui voulez changer le monde et qui luttez pour la justice et la
paix; à vous, jeunes, qui y mettez votre engagement et votre imagination, bien que cela
vous semble ne pas suffire; à vous, jeunes, dont l'Eglise et le monde ont besoin comme la
terre a besoin de pluie; à vous, jeunes, qui êtes le présent et l'avenir; oui, précisément à
vous, jeunes, Jésus dit : "Soyez sans crainte !"

Les paroles que saint Jean-Paul II a prononcées lors d'une des JMJ résonnent plus que
jamais : « En réalité, c'est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur; c'est
Lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait : c'est Lui, la
beauté qui vous attire tellement; c'est Lui qui vous provoque par la soif de radicalité qui
vous empêche de vous habituer aux compromis; c'est Lui qui vous pousse à faire tomber
les masques qui faussent la vie; c'est Lui qui lit dans vos cœurs les décisions les plus
profondes que d'autres voudraient étouffer. C'est Jésus qui suscite en vous le désir de faire
de votre vie quelque chose de grand. [...] N'ayez pas peur de vous en remettre à Lui »
(Veillée de prière, Rome, 19 août 2000).

Chers jeunes, je voudrais regarder chacun de vous dans les yeux et lui dire : sois sans
crainte ! Mais je vous dis une chose beaucoup plus belle : Jésus lui-même vous regarde
maintenant, Lui qui vous connaît et qui lit en vous : Il regarde dans vos cœurs, vous sourit
et vous répète qu'Il vous aime toujours et infiniment. Toujours et infiniment. Allez donc,
et portez à tous le sourire radieux de Dieu ! Allez et témoignez de la joie de la foi, de
l'espérance qui réchauffe votre cœur, de l'amour que vous mettez en toute chose. Brillez
de la lumière du Christ. Ecoutez-le pour devenir vous aussi la lumière du monde. Et soyez
sans crainte, car le Seigneur vous aime et marche à vos côtés. Avec lui, la vie renaît,
toujours.

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