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Despre Lacan
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Gerard Pommier – 2022. Aventura mea cu Lacan
https://drive.google.com/drive/folders/1eg58dg2cpCeIeHTBaMq
jWNXFxJEWxkZA?usp=drive_link
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Catherine Millot – 2016. Viața cu Lacan
https://drive.google.com/drive/folders/1zcZ7AHPms3OjGGH9O
t5oILPXjdsjaSfj?usp=drive_link
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1967.06.10. Donc vous aurez entendu Lacan.
CONFÉRENCE À STRASBOURG
La « Conférence à la faculté de Médecine de Strasbourg » est un document
polycopié dont l’origine n’est pas précisée. Le texte, peu déchiffrable à certains
endroits, a été reproduit avec quelques hypothèses de lecture, chaque fois
mentionnée.
Je ne peux pas dire que ma situation soit bien difficile. Elle est extraordinairement
facile au
contraire. La façon même dont je viens d’être présenté indique que
de toute façon j’aurai parlé à titre de Lacan, donc vous aurez entendu
Lacan.
Le genre conférence n’est pas le mien. Ce n’est pas le mien parce
que ce que je fais tous les huit jours depuis quinze ans, quelque chose
qui n’est pas une conférence, qu’on a appelé un séminaire au temps
de l’enthousiasme, c’est un cours, un séminaire quand même, ça a
gardé le nom.
Je dois dire que ce n’est pas moi qui en témoignerait, je pense qu’il
y en a quelques uns qui sont là dès le début en se relayant parce que
quand même ils se sont relayés un peu (mais il y en a qui sont là dès
le début) : il n’y a pas un seul de ces cours qui se soit répété. Je veux
dire qu’à un moment au cours des circonstances je me suis cru en
devoir, pour le petit nombre de ceux qui étaient autour de moi, de
leur expliquer quelque chose, quelque chose qui est ce qui va être en
question maintenant. Et que ce quelque chose mon Dieu ait une
étendue suffisante pour que je n’ai pas encore fini de leur expliquer.
C’est étrange. C’est peut-être aussi que le développement même de
ce que j’avais à expliquer, m’a posé des problèmes et a ouvert de
nouvelles questions. C’est peut-être, ce n’est pas sûr. Quoiqu’il en
soit, aujourd’hui, je ne peux aucunement prétendre, fusse par
allusion pour ceux qui savent de quoi je parle, qui savent même un
peu plus ou moins de ce que j’en ai dit, fusse par allusion en évoquer
même les principaux détours.
Pour les autres qui sont ici, dont je suppose qu’ils forment une part
de cette assemblée, ils n’en savent rien ou peu de chose. Il n’est bien
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sûr pas question, si c’est vrai ce que je viens de dire que je ne me suis
jamais répété, que je leur en donne même une idée. À la vérité le
genre conférence suppose ce postulat qui est au principe même du
nom d’université : il y a un univers, un univers du discours s’entend.
C’est à dire que le discours aurait réussi, pour des siècles, à constituer
un ordre suffisamment établi pour que tout soit réparti en cases,
secteurs, secteurs qu’il n’y aurait qu’à bien étudier séparément et sur
lesquels chacun n’aurait à apporter que sa petite pierre dans une
mosaïque dont les cadres seraient déjà suffisamment établis : on
aurait déjà suffisamment travaillé pour ça.
L’idée que les acquis qui se sont constitués au cours de l’histoire
avec l’étagement des siècles, seraient des acquis qui s’additionnent et
qui du même coup peuvent se rassembler pour faire cette université,
université des Lettres, Universitas Litterarum, c’est au principe de
l’organisation de l’enseignement qui porte ce nom, cette idée est
contredite par le plus simple examen de l’histoire. Et puis mon Dieu,
par cette histoire je vous en prie, n’entendez pas ce qu’on vous
enseigne sous le nom d’histoire de la philosophie par exemple, ou
quoi que ce soit d’autre, qui est une sorte de replâtrage qui est fait
pour vous donner l’illusion que ces diverses couches, que ces
diverses étapes de la pensée s’engendrent l’une l’autre. Le moindre
examen prouve qu’il n’en est rien et qu’au contraire tout a procédé
par cassure, par une succession d’essais, d’ouvertures qui à chaque
fois a donné l’illusion qu’on pouvait embrayer sur une totalité. Le
résultat est qu’il suffit bien entendu d’aller dans n’importe quelle
boutique, je veux dire de libraire, de libraire d’antiquités, piquer
n’importe quel bouquin du temps de la Renaissance : ouvrez-le, lisez-
le vraiment, vous vous apercevrez que les trois-quarts des choses qui
les préoccupaient et qui paraissaient pour eux essentiel, vous n’en
trouvez même plus le fil conducteur et bien sûr, ce qui peut vous
paraître à vous évidence a été engendré à une certaine époque qui
n’est pas très exactement bien sûr il y a 20 ans, 50 ans ou 30 ans,
mais qui ne remonte pas plus haut que Descartes. C’est qu’à partir
de Monsieur Descartes il est arrivé certaines choses quand même
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notables en particulier l’inauguration de quelque chose qui s’appelle
notre science à nous, une science qui se distingue quand même au
moins apparemment très certainement pour nous par une efficace,
une efficace assez prenante pour intervenir jusqu’au plus quotidien
de la vie de chacun. Mais à la vérité c’est peut-être ce qui la distingue
des savoirs précédents, qui se sont toujours exercés d’une façon plus
ésotérique, je veux dire qui était le privilège, privilège qu’on dit,
privilège qu’on croit d’un petit nombre.
Pour nous, nous baignons dedans, dans les résultats de cette
science. Je veux dire que la moindre des choses qui sont ici et
jusqu’aux petits sièges bizarres sur lesquels vous êtes assis, en sont
vraiment la conséquence. Auparavant on faisait des sièges avec
quatre pattes comme de solides animaux, enfin il fallait que cela
ressemble à des animaux. Maintenant ça prend un petit aspect
mécanique. Vous vous n’y êtes pas encore faits bien sûr. Les sièges
anciens vous manquent.
Alors moi, je fais un enseignement pour quelque chose qui est né
dans ce moment de l’histoire et des siècles où on était déjà jusqu’au
cou avant même qu’on puisse le dire comme je viens de le dire, dans
le contexte de la science qui s’appelle la psychanalyse. C’est comme
ça que j’ai été entraîné à me mettre dans une position d’enseignement
bien particulière. Une position d’enseignement qui sur un certain
point, sur un certain terrain va repartir comme si rien n’avait été fait.
Car la psychanalyse ça veut dire ça. C’est que dans un certain champ
classique qui avait été appelé jusque là psychologie et qu’on peut
expliquer bien sûr par toutes ces conditions historiques qui avaient
précédé, rien n’avait été fait. Je veux dire si on avait fait une sorte de
construction très élégante et bien sûr qui peut servir étant admis à la
base un certain nombre de postulats qu’il faut d’ailleurs toujours
qu’elle reconstruise rétroactivement : somme toute si ces postulats
sont admis, tout va bien, mais si quelque chose est mis en question
d’une façon radicale, rien ne va plus. C’est à ça, non pas que mon
enseignement sert, c’est à ça qu’il est asservi, c’est à ça qu’il est au
service : c’est à faire valoir quelque chose qui est arrivé, et qui a un
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nom, qui s’appelle Freud. Ça arrive qu’il arrive des choses qui portent
un nom. À soi tout seul c’est un problème. C’est un problème qui
n’est aucunement résoluble à l’aide de simples notions de ce qu’on
appelle les influences, les emprunts, la matière. Bien sûr dans
beaucoup de cas çà peut servir, quelles sont les sources. Ça sert
justement sur le plan littéraire, sur le plan et dans la perspective dite
université de Lettres. Ça ne résout d’ailleurs absolument rien, dès que
quelque chose qui existe un peu, par exemple un grand poète : une
pure folie de vouloir aborder le problème au nom des sources. Dans
ce qui s’appelle l’enseignement courant, autrement dit ce que j’ai
appelé tout à l’heure le genre conférence, ça peut aussi servir le point
de vue source. Seulement il est clair avec ce que je vous ai dit d’abord
que de temps en temps il y a des cassures à savoir qu’il y a des gens
qui en effet ont su emprunter des petites choses par ci par là pour
nourrir leur discours, n’est que l’essence de ce discours qui part d’un
point de rupture. Si mon enseignement sert et déclare au service de
ceci faire valoir Freud, dans ce cas qu’est ce que ça veut dire ? Ça
veut dire précisément que ce qui m’intéresse ça n’est pas de réduire
Freud à ses sources. Au contraire je montrerai la fonction qu’il a eu
comme cassure ; parce que bien entendu pour le faire rentrer dans le
rang, le remettre à sa place dans la psychologie générale, il y en a
d’autres qui s’y emploient, moyennant quoi, ils négligent la seule
chose qui est intéressante ; c’est à savoir pourquoi Freud est un nom,
autour de quoi s’accroche cette chose si singulière qui fait la place de
ce nom dans la conscience de notre époque ; pourquoi après tout,
Freud, apparemment, n’a pas encore eu quelques unes des
conséquences cataclysmiques qu’a eu le nom de Marx ; pourquoi est-
ce qu’il a un prestige du même ordre, pourquoi diable ; pourquoi est-
ce qu’il y a tout un champ non seulement où on ne peut faire que de
l’évoquer, mais où, qu’on adhère ou pas à ce quelque chose qu’il a
dit et qui serait son message, je dirais même sans qu’on puisse dire à
proprement parler, à part une sorte de mythologie qui circule, ce que
ça veut dire, qu’il ait cette valeur, ce point nodal ; comment ça se fait
que ce nom soit là si présent à nos consciences. Que je m’attache
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ainsi à faire valoir Freud, ceci est une toute autre affaire que ce que
j’appellerai des victoires de penseurs. Bien sûr ce n’est pas sans
rapport avec la pensée, mais en quelque sorte c’est quelque chose qui
nous éclaire sur ce qu’il peut y avoir déjà de surprenant, dans cette
incidence sur notre histoire à tous, des effets de la pensée. On
pourrait croire que puisque ce sont des médecins qui pour l’instant
portent le faix du message de Freud, on puisse dire qu’après tout ce
n’est pas lui le principal ; quel est le principal, ce sont les choses
concrètes auxquelles ils ont affaire, je dis, concrètes au sens que ce
mot a comme résonance, choses comme ça est fait, un morceau, un
bloc, quelque chose qui tient, enfin quoi, chacun sait, des malades,
on dit qu’ils ont simplement des choses à traiter, quelque chose qui
résiste.
Freud nous a appris que parmi ces malades il y a des malades de la
pensée. Seulement il faut faire attention que c’est une fonction qui
est ainsi désignée, qu’on est malade de la pensée au sens où l’on dit
qu’on travaille du chapeau. À savoir que ça se passe au niveau de la
pensée, est-ce que c’est ça ce que ça veut dire ? C’est ce qu’on disait
jusqu’à lui, en somme. C’est bien là tout le problème :
psychopathologie mentale. Il y a des étages dans l’organisme, l’étage
supérieur là, au niveau des commandes. Il doit y avoir quelque part
un type ici, dans une petite salle d’où il peut éteindre tout ce qui est
là haut dans le plafond. C’est comme cela qu’on s’imagine la pensée
au niveau d’un certain point de vue, à la vérité sommaire, c’est qu’il
y a quelque part quelque chose de directeur. Et que si c’est à ce
niveau là que cela se détraque on aura des troubles de la pensée.
Évidemment si l’on éteint tout cela engendrerait une certaine
perturbation mais enfin nous n’en serons pas moins tous bien
vivants, nous nous dirigerons à tâtons vers une porte et on remettra
ça. C’était ça. C’est ça la conception classique du malade de la pensée.
Le mot malade de la pensée peut-être pris dans un autre registre.
Nous pourrions dire des animaux malades de la pensée, comme on
dit des animaux malades de la peste. C’est une autre acception. Je ne
vais pas jusqu’à dire que la pensée en soi est une maladie. Le bacille
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de la peste en lui-même n’est pas une maladie non plus. Il l’engendre.
Il l’engendre pour les animaux qui ne sont pas faits pour le supporter,
le bacille. C’est peut-être ça dont il s’agit. Penser n’est pas en soi une
maladie, mais il y en a qu’elle peut rendre malade. Quoiqu’il en soit,
c’est quelque chose qui est assez proche de ça que Freud découvre,
découvre d’abord. Au niveau de la maladie, il y a de la pensée qui
circule et même de la pensée de tout le monde : notre pain et notre
vin, la pensée que nous partageons peu, de celle dont on pourrait,
changeant une formule, dire : pensez-vous les uns les autres. C’est
de celle-là qu’il s’agit : c’est à s’introduire dans ceci que c’est à penser
les uns les autres que nous sommes, qu’il y a des phénomènes qui se
produisent, qui tiennent étroitement à ce pensez-vous les uns les
autres et qui constituent un certain champ de maladie.
Les névroses : voilà avec quoi Freud s’introduit ; c’est à savoir que
loin que le processus de la pensée soit une fonction autonome, ou
plus exactement qui ne se situe, se constitue que du dégagement de
son autonomie, de cette échelle, pyramide humaine, grimpage sur les
épaules les uns des autres qui ont permis au cours des siècles dans
une tradition qui s’est elle même appelée, mais pourquoi pas
philosophique, qui ont permis de dégager des conditions d’un pur
exercice de la pensée, quelque chose d’essentiel à isoler pour que de
là, elle reprenne une prise au sens inverse sur tout ce dont elle a dû
d’abord se préserver pour garantir son juste exercice. Bref, quelque
chose qui assurément n’est pas rien, puisqu’il se trouve en apparence
que c’est de là qu’à la fin s’est engendré ce qui est notre privilège,
une physique correcte, se trouve qu’il nous est représenté de ce
travail de culture, d’isolation, pointant vers une certaine efficace,
laisse complètement de côté ce qu’il en est des rapports de l’animal
humain à la pensée parce qu’il y est intéressé depuis l’origine et qu’à
la vérité, il n’est pas sûr, il semble même certain que ces activités, que
ces fonctions voire au niveau le plus élémentaires, le plus
physiologique au sens où ce mot désigne les fonctions les plus
familières sont déjà intéressés à titre de maintien, à titre de chose qui
est roulée, déplacée, qui sert déjà à des fonctions de pensée. Bref,
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que loin qu’il en soit comme tout ce que le travail des philosophes
nous a donné à le supposer, que c’est dans ce dernier critère un acte
transparent à lui-même, une pensée qui sait penser que soit l’essence
de la pensée ; que tout au contraire tout, tout ce dans quoi nous
avons cru devoir nous purifier, nous dégager pour isoler ce
processus de la pensée, à savoir nos passions, nos désirs, nos
angoisses, voire nos coliques, nos peurs, nos folies, tout cela nous
paraissait en nous témoin de la seule intrusion de ce qu’un Descartes
appelle le corps, car à la pointe de cette purification de la pensée il y
a que la pensée nous ne pouvons saisir par aucun point qu’elle soit
sécable : tout vient du trouble apporté par des passions… ?… des
organes : tel est le point où on en arrive au terme d’une tradition
philosophique. Au contraire Freud nous faisant retourner en arrière,
nous dit que c’est au niveau de nos rapports, rapports à la pensée
qu’il faut chercher le retord (sic) de toute une part, singulièrement
accrue semble-t-il dans notre contexte ; de civilisation de gouverner
par la prévalence, la croissance de la pensée en quelque sorte
incarnée dans des brain-trusts, comme on dit, de la pensée, est là
depuis toujours et pour nous sensible encore, dans ce qui nous paraît
le plus caduque, le plus déchet, le plus inassimilable au niveau de
certaines défaillances qui, en apparence, ne paraissent rien devoir
qu’à la fonction du déficit. En d’autre termes çà pense à un niveau
où ça ne se saisit pas du tout soi-même comme pensée. Bien plus
encore, ça pense et ça pensant à ce niveau ou ça ne se saisit pas soi-
même, ça va plus loin. Justement, c’est ainsi parce que ça ne veut à
aucun prix se saisir ; que ça préfère incontestablement se dessaisir de
soi-même encore que ce soit pensé. Et bien plus encore, ça ne reçoit
pas du tout volontiers les observations qui pourraient, du dehors,
l’inciter, ce qui pense, à se ressaisir comme pensée. C’est ça la
découverte de l’inconscient. Ça a été fait à une époque où rien n’était
moins contestable que cette supériorité de la pensée et en particulier,
il y avait quand même des gens qu’on appelait selon les registres,
nobles descendants des grecs et des romains, civilisés, hommes
arrivés au stade de leur pensée positive, enfin où on faisait un crédit
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que l’histoire nous a montré excessif, au progrès de l’esprit humain
et au fait que dans certaines zones pour peu qu’on y ait été un peu
aidé, qu’on vous ait tendu la main, on pouvait franchir une frontière
et entrer dans le cercle des hommes dans le monde, qui pouvaient se
dire éclairés. Évidemment le mérite de Freud est de s’apercevoir qu’il
faut en juger autrement, ceci bien avant que l’histoire nous ait en
effet rappelé à plus de modestie, en nous montrant ce que nous
pouvons depuis telle et telle date toucher du doigt tous les jours, c’est
qu’il n’y a en tout cas dans le champ humain défini comme celui des
gens qui sont pourvus de pouvoirs singuliers de manier le langage, il
n’y a à proprement parler aucune espèce d’aire privilégiée et que
civilisés ou pas sont capables des mêmes entraînements collectifs,
des mêmes fureurs, qu’ils sont toujours restés à un niveau qu’il n’y a
nullement lieu de qualifier comme plus haut ou plus bas, comme
affectif, passionnel ou prétendu intellectuel, ou développé comme
on dit, mais ont tous à leur portée exactement les mêmes choix et
susceptibles de se traduire dans le même succès et les mêmes
aberrations. C’est que Freud, par le message qu’il porte, si réduit qu’il
soit véhiculé grâce aux soins des gens plus ou moins infirmes qui en
sont les représentants officiels ; c’est qu’assurément Freud ne
discorde en rien avec tout ce qui nous est arrivé depuis son temps,
de nature à nous inspirer sur cette perspective de progrès de la
pensée de vues plus modestes.
Il ne discorde en rien, il reste là avec son message, peut-être
d’autant plus fort, dans son incidence, qu’il reste encore à l’état fermé
du plus énigmatique et que même si on réussit, grâce à un certain
niveau de vulgarisation, une certaine flottabilité, il se trouve qu’il y a
quelque chose justement à ce niveau où l’être humain est une pensée
qui heureusement a ce secret avertissement au sein d’elle même
qu’elle s’ignore que les gens sentent que dans ce message freudien
même sous la forme où pour l’instant il vogue, transformé en pilules
qu’il y a quelque chose de précieux, d’aliéné sans doute, mais dont
nous savons qu’à cette aliénation nous sommes liés parce que c’est
notre propre aliénation même, et que quiconque se donne la peine
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d’essayer de rejoindre le niveau où il porte, c’est sûr, la preuve est
faite, ne serait-ce que par ce recueil de scories que sont mes propres
Écrits, c’est sûr d’intéresser, d’intéresser singulièrement les gens les
plus divers, les plus dispersés, les plus étrangement situés et pour
tout dire, n’importe qui, ceci à l’étonnement de ceux qui veulent que
la littérature soit toujours faite pour répondre à de certains besoins.
Ils se demandent pourquoi mes Écrits se sont vendus. Moi je suis
gentil quand on vient me demander cela, je me mets à leur place, je
leur dis : je suis comme vous, je ne sais pas. Et puis, après tout, je
leur rappelle que ces Écrits sont quand même uniquement quelques
fils flotteurs, îlots, points de repère que j’ai mis de temps en temps
pour les gens à qui j’enseignais. J’ai mis en réserve le comprimé, dans
un certain coin pour qu’ils se souviennent que j’avais déjà dit ça à
telle date ; le lendemain du jour où j’ai quitté le journaliste qui venait
me demander pourquoi on lisait mes Ecrits, mais après tout, les Ecrits
ça intéresse le journaliste qui me l’apprend, c’est certain. Si ça
intéresse tellement de monde c’est peut-être à cause de ce que j’y dis,
tout simplement. Évidemment il y a une certaine conception, celle
que j’ai appelé la conception besoin, besoin concret bien sûr, c’est là
le principe de toute publicité, au niveau besoin on s’étonne.
Pourquoi est-ce qu’ils auraient besoin de ces Ecrits qui sont paraît-il
incompréhensibles ? Ils ont peut-être aussi besoin d’avoir un endroit
où ils s’aperçoivent qu’on parle de ce qu’ils ne comprennent pas.
Pourquoi pas. Enfin la question de mon enseignement, si elle est,
qu’il faille faire valoir Freud, ça n’est évidemment pas au niveau de
ce grand public comme on dit, puisque comme je viens de vous
l’expliquer, quoi qu’on fasse, et je dirai ça veut dire : n’importe quoi
qu’on fasse, à savoir même en laissant la charge des choses à cette
corporation qui s’appelle les psychanalystes et dont je suis un des
fleurons, ça va très bien avec ce que font les autres, les copains. Le
grand public n’a pas besoin de moi pour lui faire valoir Freud
puisque je viens de vous expliquer que quoiqu’on fasse, entendez-le
comme vous voudrez, et même entendez-le comme je l’entends,
Freud est bien là. Donc ce qui jusqu’ici constitue l’effort de mon
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enseignement n’est évidemment pas à mettre au registre de faire
valoir Freud au niveau de la grande presse, mais à un tout autre. Et
à la vérité cet enseignement bien sûr n’aurait pas lieu d’être, mais à la
vérité je ne vois pas pourquoi je m’en serais moi-même imposé le
souci ni l’effort s’il ne s’adressait pas aux psychanalystes. Car voilà,
si nous parlons de ce que je vous donne dans sa formule la plus vaste,
c’est à savoir que c’est au niveau d’une pensée qu’il me faut bien à
partir de maintenant considérer comme existante au niveau le plus
radical et conditionnant déjà au moins une part immense de ce que
nous connaissons comme animal-humain. Qu’il faille reposer la
question de ce que c’est que la pensée que ce n’est pas au niveau où
on considère que son essence est d’être transparente à elle-même et
de se savoir pensé que gîte la question, mais bien plutôt au niveau du
fait que, en naissant tout être humain baigne dans quelque chose que
nous appelons la pensée, mais dont un examen plus profond
démontre avec évidence, et ceci dès les premiers travaux de Freud,
c’est qu’il est tout à fait impossible de saisir ce dont il s’agit, sinon à
s’appuyer sur son matériel, constitué par le langage dans tout son
mystère. Je veux dire mystère au sens où rien n’est éclairci
concernant son origine mais où au contraire, quelque chose est
parfaitement discible concernant ses conditions, son appareil,
comment c’est fait, au minimum, un langage. Telle est ce qu’on
appelle à proprement parler sa structure. Nier que ce soit de là que
Freud est parti, c’est nier l’évidence, c’est nier le témoignage que
constitue pour nous ses grandes premières œuvres, celles qui
s’appellent nommément la Traumdeutung, la Psychopathologie de la vie
quotidienne et que nous ce que nous avons traduit par Le Mot d’Esprit,
le Witz c’est nier que c’est uniquement et d’abord au niveau du fait
que des phénomènes qui en apparence se présentent
fondamentalement comme irrationnels, comme capricieux, comme
bouchon, le rêve comme absurdité, le lapsus, son caractère dérisoire
du Witz qui nous fait rigoler on ne sait pas pourquoi, c’est là que
Freud d’abord désigne le champ de l’inconscient et que si à l’intérieur
de cela, forcé d’aller vite, évidemment il nous dirige vers le champ
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spécialement intéressé par tous ces phénomènes, c’est à dire le
champ de la sexualité, il n’en reste pas moins, que la structure, le
matériel qui est en cause désigne, puisque justement tout ce qui se
passe sans le moindre secours de ce que nous avons pris jusqu’alors
pour la pensée c’est à dire quelque chose de saisissable comme
conscient, comme capable de se saisir soi-même, c’est bien là d’où
part Freud. Ce qu’introduit comme radical, comme bascule,
qu’introduit comme champ qui pose des questions complètement
nouvelles en particulier celle-ci, la première de toutes, qui est de
savoir si la conscience elle-même est cette chose qui se prétend peut-
être la plus impondérable des choses, mais assurément la plus
autonome, l’inconscient n’est pas une simple conséquence, un détail
et en plus un détail frappé de mirage, par rapport à ce qu’il en est des
effets d’une certaine articulation radicale, celle que nous saisissons
dans le langage, en tant que ce serait peut-être bien elle après tout,
qui aurait engendré ce quelque chose qui est en question sous le nom
de pensée. Autrement dit la pensée n’est pas quelque chose que nous
concevons pointée comme une espèce de fleur, chose qui pointe au
sommet dont (sic) ne sait quelle évolution, dont on voit mal au reste
qui serait le facteur commun qui la destinerait cette évolution à
produire cette fleur ou au contraire de quelque chose dont il s’agit
pour nous, de réinterroger sérieusement quelle peut être l’origine et
de voir qu’en tout cas tel que ça se présente à nous pour l’instant, ça
n’est assurément pas sous la forme d’une fonction détachable,
qualifiable à aucun degré de supérieure, mais au contraire une
condition préalable, radicale à l’intérieur desquelles on fasse loger
comme elles peuvent toute une série de fonctions en effet animales
et ceci depuis les plus supérieures comme on dit, celles qui peuvent
se situer au niveau du névraxe jusqu’aussi bien à celles qui se passent,
on ne sait pas pourquoi on les appelle inférieures, au niveau des
tripes et des boyaux. Ce qui importe en d’autres termes c’est de
remettre en question tout cet étagement d’entités qui tentent à nous
faire saisir les mécanismes organiques comme quelque chose de
hiérarchisé, alors qu’en fait, c’est au contraire peut-être, au niveau
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d’un certain discord radical cadre deux*, peut-être trois registres que
je désigne comme le symbolique, l’imaginaire et le réel. Même leurs
distances réciproques ne sont pas homogènes et les mettre sur une
même liste a déjà quelque chose d’arbitraire ; qu’importe si ces
registres au moins pour introduire la question, peuvent avoir quelque
chose d’efficace. Quoiqu’il en soit, dès lors qu’il s’agit au niveau
d’une certaine passion, souffrance, dès lors qu’il s’agit d’une pensée,
dont nous ne pouvons saisir nulle part qui la pense comme étant une
conscience, avoir une pensée qui nulle part ne se saisit elle-même,
une pensée dont toujours peut se poser la question du qui la pense,
ceci suffit, pour que quiconque s’introduit dans cette étrange
dialectique, doive au moins pour lui, avoir renoncé à cette prévalence
de la pensée en tant qu’elle se saisit elle-même. Je veux dire que le
psychanalyste ne doit pas seulement avoir plus ou moins bien lu
Freud en gardant par devers lui ces petites cases de l’univers
psychologique, grâce à quoi il est bien d’avance clair que toi c’est toi
et moi je suis moi, moi en tout cas bien entendu puisque je suis
psychanalyste, je suis le gros malin chargé de te conduire dans les
détours d’un sérail dont j’aurai depuis longtemps la familiarité ; que
si le psychanalyste, je veux dire au niveau de sa pratique, n’est pas
capable de se présentifier à tout instant comme étant, ce qui est en
principe parfaitement à sa portée, à savoir quelle est sa dépendance
à lui d’un certain nombre de choses qu’en principe, je répète, il a du
toucher du doigt dans son expérience inaugurale, la dépendance d’un
certain fantasme par exemple, et de considérer que ce n’est pas parce
qu’on vient le trouver comme étant ce que j’ai appelé le sujet supposé
savoir, il sait, puisque justement ce sur quoi on le consulte c’est non
pas sur ce qui est en marge d’un savoir quelconque, que ce soit celui
du sujet ou que ce soit le savoir commun, que c’est justement sur le
point qui se présente comme étant ce qui échappe au savoir, à savoir
radicalement sur ce qui pour chacun est ce qu’il ne veut pas savoir.
*
Nous reproduisons textuellement la transcription proposée, manifestement
peu compréhensible.
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Pourquoi ne veut-il pas le savoir si ce n’est parce que c’est, parce que
c’est là quelque chose qui le met en question comme sujet du savoir,
ceci au niveau de l’être le plus simple et disons le moins informé.
Que l’analyste ne croie pas pouvoir s’introduire dans une pareille
question, à purement accepter ce qui lui a été déféré comme rôle
dans cette forme du sujet supposé savoir, puisqu’il sait bien qu’il ne
sait pas, que tout ce qu’il pourra forger comme savoir propre risque
de ne pas se constituer autrement qu’il ne ferait d’une défense contre
sa propre vérité. Tout ce qu’il construira comme psychologie de
l’obsessionnel, tout ce qu’il incarnera dans telle ou telle tendance dite
primitive, n’empêchera pas, qu’à mesure que plus loin se poussera
cette relation qu’on appelle le transfert, il sera mis en question sur le
mode fondamental qui est celui de la névrose en tant qu’il comporte
le jeu glissant de la demande et du désir. Il ne sait pas, il ne sent pas,
que rien ne saurait se déplacer quand il ne sent effectivement pas que
c’est son désir que la demande hystérique intéresse ; que c’est sa
demande que le désir de l’obsessionnel veut faire surgir à tout prix,
ce qui selon la loi pour chacun règle leurs rapports avec leur
partenaire, il ne suffit pas que cet appel il y réponde en démontrant
à chacun de ses questionnants qu’il y a là telles formes déjà qui sont
passées, reproduites, qu’il recule la question vers je ne sais quelle
réitération toujours bien sûr rétroactive, assurément dimension
essentielle à faire saisir au sujet, ce qu’il a laissé tomber de lui-même
sous la forme d’un irréductible noyau. Mais sans échafaudage, tant
de constructions compliquées destinées à rendre compte des
résistances, des défenses, des opérations du sujet, de tel et tel gain
plus ou moins désirable, peuvent ne représenter que superstructures
au sens de constructions fictives destinées pour l’analyse à le séparer
de ceci où en fin de compte il est traqué qui finit par représenter
pour le sujet ce à quoi le progrès analytique doit enfin le faire
renoncer : cet objet à la fois privilégié et objet-déchet à quoi il s’est
lui même accolé et qui finit par mettre l’analyste dans une position si
dramatique puisqu’il faut qu’il sache lui-même à la fin, éliminer de ce
dialogue comme quelque chose qui en tombe et qui en tombe pour
16
jamais. Cette discipline qui, contraire à celle qui compte sur je ne
dirai pas le savant, car le savant de la science moderne c’est quelqu’un
qui a un rapport singulier avec ce qu’on peut appeler socialement sa
surface avec sa propre dignité qui est tellement loin de cette forme
idéale, qui est au fond, qui constitue le statut de sa dignité, de celui
qui sait et qui touche, de celui qui par la présence de sa seule autorité
opère et guérit, que ce n’est pas au savant que je m’en remettrai mais
chacun sait que ce qui est tellement nouveau, qui spécifie les formes
les plus actuelles de la recherche scientifique ne sont pas, ne sont
nullement identifiables aux types traditionnels de l’autorité savante.
La voracité avec laquelle ceux qui entendent, ce je l’enseigne déjà
depuis tant d’années se suent**, c’en est dérisoire, sur mes formules
pour en faire <de petits articles>*** donc chacun en fin de compte
ne pense rien d’autre que ceci, qu’ils se pareront de mes plumes, tout
ceci bien sûr pour se donner les gants d’avoir fait un article qui tient
debout. Rien n’est plus contraire à ce qu’il s’agirait d’obtenir d’eux à
savoir justement à conquérir la juste situation de dépouillement, de
démunissement dirai-je qui doit constituer celle de l’analyste en tant
qu’il est un homme entre d’autres qui doit savoir qu’il n’est ni savoir
ni conscience, mais dépendant aussi bien du désir de l’Autre que de
sa parole. Tant qu’il n’y aura pas d’analyste qui m’aient assez bien
entendu pour arriver à ce point, bien sûr il n’y aura pas non plus c’est
que cela engendrerait aussitôt à savoir ces pas essentiels où nous en
sommes encore à attendre dans l’analyse et qui redoublant les pas de
Freud la ferait de nouveau avancer.
**
. Proposition de lecture : […] ce que j’enseigne depuis tant d’années et
suent […]
***
. mots difficilement lisibles : de petite artoulets.
17
1967.10.00. PLACE, ORIGINE ET FIN DE MON
ENSEIGNEMENT
18
Alors, « PLACE », il faut bien commencer par le commencement,
c’est fait comme une dissertation bien faite, il y a un début, un
commencement, une fin. Au début, c’est justement pas l’origine,
c’est la place. La place, il y en a peut-être deux ou trois ici qui ont
une petite idée de mes ritournelles. La place, c’est un terme dont je
me sers souvent parce que justement dans ce champ à propos duquel
se tiennent mes discours ou (6)mon discours comme vous voudrez, il
y a souvent des références à la place. Autrement dit, pour s’y
retrouver dans ce champ, il convient d’avoir ce qu’on appelle dans
d’autres domaines plus assurés une topologie, avoir une idée du
comment c’est construit, le support sur quoi tout ça s’inscrit qui est
en cause.
Ça ne va pas tout seul pour ce qui est de lui donner son statut, ses
habitudes, ses références et justement à elle aussi sa place dans le
monde.
19
Il y a les places dont j’ai parlé tout d’abord, les places topologiques,
les places dans l’ordre de l’essence, il y a la place dans le monde. Ça
s’acquiert du fait de la bousculade en général. Ça laisse de l’espoir en
somme. Vous voyez que tous autant que vous êtes avec un peu de
chance vous devez toujours finir par occuper une certaine place. Ça
ne va pas plus loin.
Je vais tout de suite vous dire que c’est pas par ce bout là que j’ai
pris les choses. Il se trouve que le bout par lequel j’ai pris les choses
résout aisément cette objection, mais c’était même plus une
objection parce que, je l’ai dit, tout le monde a déjà là-dessus sa
religion faite.
Ils font très attention quand même à ne pas avoir cette faiblesse
d’aller trop vite au bien du singulier, celui-à-qui ils ont affaire parce
qu’ils savent très bien et ça, c’est heureusement une des choses qui
sont acquises par leur expérience que c’est pas comme ça en voulant
le bien des gens qu’on y arrive, la plupart du temps, c’est même le
contraire. C’est une idée tout de même qui est pour eux acquise. Il
s’en faut qu’en dehors de la psychanalyse ils soient de véritables
propagandistes. Alors que ça serait salubre si plus de gens savaient
ça : que ce n’est pas en voulant trop de bien à son prochain qu’on lui
en fait. Ça pourrait servir.
23
Alors cet inconscient justement on le rapporte à de vieux échos,
on efface la frontière, la limite qui ferait qu’on verrait que
l’inconscient freudien ça n’a absolument rien à faire avec ce qu’on a
appelé inconscient. On s’est servi de ce mot là mais ce n’est pas ce
qui est caractéristique, l’inconscient qu’il soit inconscient. Ce n’est
pas une caractéristique négative. Il y a une foule de choses dont je ne
suis pas conscient dans mon corps. Ça ne fait absolument pas partie
de l’inconscient freudien. C’est pas parce que le corps est de temps
en temps intéressé que ça veut dire que c’est ce qui est le
fonctionnement inconscient du corps qui est en cause dans
l’inconscient freudien.
En tout cas, c’est une porte d’entrée à la question que je pose, que
j’essaye d’introduire ici.
26
Vraiment là, c’est le pas introductif, mais qui peut s’énoncer très
bien et très clairement et sans plus de référence au mystère qu’il ne
convient quand on emploie certains mots, des mots qui portent en
eux-mêmes leur effet choc, qui font sens. Il faut se secouer après les
avoir entendu et commencer à poser des questions. Qu’est-ce que
c’est un mot comme la vérité ? Eh bien, c’est un de ces mots là. Au
premier abord, ça ne fait absolument pas de doute, tout le monde
sent que ça veut dire quelque chose de bien à part surtout que dans
ce cas cette vérité est en quelque sorte armée, articulée, à un mode
de représentation qui donne son style et qui fait justement l’emploi
secondaire si je puis dire de ce mot psychanalyse.
Reprenons. C’est évident qu’il faut aller dans ces choses pas à pas
et prendre le premier temps comme ça, le temps de la vérité parce
que après ça ce qui est dit de la vérité ou ce qu’on croit qu’elle dit,
depuis le temps qu’elle parle la psychanalyse, naturellement, ça
n’épate plus personne.
29
Le fait que « ça visse » si bien « exuelle » fait qu’évidemment il y a
un grand désarroi sur le sujet dans la vérité psychanalytique.
Ça les psychanalystes y ont été très sensibles, je dois dire, c’est pour
ça qu’ils s’occupent d’autres choses et que vous n’entendrez plus
jamais maintenant parler de sexualité dans les cercles
psychanalytiques. Et puis, quand vous ouvrez les revues de
psychanalyse, ce sont les plus chastes qui soient. On ne raconte plus
les histoires de baisages comme ça. C’est bon pour les journaux
quotidiens. On s’occupe de choses alors là qui vont loin dans le
domaine de la morale, d’instinct de vie. Ah, soyons fortement
instinctuels de vie, méfions-nous de l’instinct de mort.
Il y a des gens qui croient vraiment qu’ils tirent les leviers de tout
ça, qui nous parlent de ça comme si c’était des objets de
manipulation courante et puis alors il s’agit d’obtenir entre les uns et
les autres le bon équilibre : tangences, intersection juste… et puis
avec la grande économie de force… et puis, vous savez quel est le
but dernier ?
Quand tout ça est levé, que le moi est fort et tranquille et que
comme on dit la fesse a passé son petit traité de paix avec le surmoi
et que le ça ne gratouille plus à l’excès eh bien ça va. La (13)sexualité
là-dedans est tout à fait secondaire. Il y a même, mon cher ami
Alexander – car c’était un ami hein celui-là, Alexander il n’était pas
bête, mais comme il vivait aux Amériques, il répondait à la
commande – il a même dit qu’en somme la sexualité c’était à
considérer comme une activité de surplus, vous comprenez quand
on avait tout bien fait régulièrement payé ses impôts, alors ce qu’il y
avait en plus, c’était la part du sexuel. Il doit y avoir maldonne vous
comprenez pour que ça en arrive là. On ne s’expliquerait vraiment
pas cet énorme frayage théorique qui a été nécessaire pour que la
psychanalyse s’installe et même prenne décemment ses quartiers
dans le monde, inaugure cette extravagante mode thérapeutique.
31
Et ce dont il s’agit est vraiment à la portée de la main en tout cas
du psychanalyste qui nous en témoigne quand il parle de quelque
chose de sérieux et non pas de ses résultats thérapeutiques. Ce qui
est à la portée de la main, c’est ceci que la sexualité fait trou dans la
vérité.
Ce n’est pas vrai et on s’en aperçoit vite parce qu’il vous arrive
justement de boire un verre d’eau et puis après ça d’avoir la colique –
ça ne va pas tout seul pour des raisons qui tiennent à l’essence de la
chose c’est-à-dire pour ceci qu’on se demande si dans cette relation
soit pour un homme par exemple, on est vraiment un homme ou
l’autre là – pour moi – une femme si c’est vraiment une femme. Ce
n’est pas seulement la partenaire qui se le demande, c’est chacun, soi-
même, qui se le demande et puis ça compte, ça compte pour tout le
monde et puis ça compte tout de suite. Alors, quand je parle d’un
trou, dans la vérité naturellement ce n’est pas là une métaphore
grossière, un trou au veston, c’est cet aspect négatif qui apparaît dans
ce qui est du sexuel, justement de son inaptitude à s’avérer, c’est de
ça qu’il s’agit dans une psychanalyse.
32
Alors évidement, de deux choses l’une, on ne peut pas en (14)rester
là, ou bien, c’est à partir d’une question comme celle-là qui est
vraiment actuelle, présente pour tous qu’on peut faire sentir le
renouvellement du sens de ce que depuis l’origine Freud a appelé…
34
Et encore actuellement on pourrait en voir plus, on pourrait
décrire d’une façon complètement différente l’hallucination, il
suffirait qu’on soit vraiment psychanalyste mais on ne l’est pas. On
ne l’est pas exactement dans la mesure où en étant psychanalyste on
reste à cette noble distance de ce qu’on appelle encore même quand
on est psychanalyste le malade mental. Enfin, laissons pour ce qui
est de l’origine de mon enseignement eh bien, on ne peut pas en
parler plus que d’aucune autre question des origines.
C’est parce qu’il y a du langage comme chacun peut s’en aviser qu’il
y a de la vérité.
que je veux dire quand je dis que mettre en question ce qu’il en est
39
du langage est quelque chose qui parait indispensable à éclairer des
premiers abords de ce dont il s’agit quant à la fonction de
l’inconscient. Car, c’est peut-être bien vrai que l’inconscient ne
fonctionne pas selon la même logique que la pensée consciente. Il
s’agit, dans ce cas-là, de savoir laquelle, à savoir comment ça
fonctionne – non pas moins logiquement – ce n’est pas une
prélogique, non, c’est une logique plus souple, une logique plus faible
comme on dit chez les logiciens. Mais il ne faut pas se tromper « plus
faible » ça indique la présence ou l’absence de certaines corrélations
fondamentales sur lesquelles s’édifie la tolérance de cette logique ;
mais une logique plus faible, ce n’est pas du tout moins intéressant
qu’une logique plus forte, c’est même beaucoup plus intéressant
parce que c’est beaucoup plus difficile à faire tenir, mais ça tient
quand même. Cette logique, on peut s’y intéresser, ça peut même
être expressément notre objet de nous y intéresser à nous,
psychanalystes, enfin si tant est (tentès) qu’il y en ait.
41
Il constate que la notion de concept, ce qui répond à un concept,
c’est quelque chose dans quoi l’enfant n’entre pas avant la puberté
par exemple, pourquoi ça hein ?
La puberté, ça paraît dire une autre catégorie que celle d’une idée
farfelue de la façon dont se mettent à fonctionner les circonvolutions
cérébrales. Il avait très bien aperçu ça dans l’expérience.
Le sujet qui nous intéresse, sujet non pas en tant qu’il fait le
discours, mais qu’il est fait par le discours et même fait comme un
rat, c’est le sujet de l’énonciation. Et c’est cela qui me permet
42
d’avancer une formule que je vous donne comme une des plus
primordiales – tout ce que je pense faire ce soir, c’est d’essayer de
vous intéresser un peu – une définition de ce qu’on appelle élément
dans le langage – on a toujours appelé ça l’élément, même en grec,
qui est ce que les stoïciens ont appelé « le signifiant ». J’énonce que
ce qui le distingue du signe c’est que « le signifiant c’est ce qui
représente le sujet pour un autre signifiant », pas pour un autre sujet.
Un certain sujet, dont le désir est que l’Autre lui demande – c’est
simple ça, on renverse, on bascule – eh bien, vous avez la définition
du névrosé, voyez comme ça peut être pratique quand même pour
se diriger. Seulement évidemment il faut regarder ça de très près. Ça
ne se fait pas en un jour. Vous pouvez d’ailleurs aller plus loin et
vous apercevoir du même coup pourquoi le religieux a pu être
comparé au névrosé. Il n’est pas du tout névrosé le religieux, il est le
religieux, mais ça ressemble parce que lui aussi est en train de
combiner des trucs autour de ce qui est bien le désir de l’Autre,
seulement comme c’est un autre qui n’existe pas puisque c’est Dieu,
il faut se donner une preuve. Alors, on feint qu’il demande quelque
chose, par exemple des victimes. C’est pour ça que ça vient se
confondre tout doucement à l’attitude du névrosé en particulier pour
ce qui est de l’obsessionnel. Ça ressemble énormément à toutes les
techniques des cérémonies victimatoires. Enfin, c’est pour vous dire
que c’est des choses tout à fait maniables et qui non seulement ne
44
vont pas à l’encontre de ce qu’a dit Freud, mais même le rendent
tout à fait lisible.
Si vous voulez quand même que je dise quelque chose pour vous
calmer parce que bien sûr vous allez dire que là j’avance quelque
chose qui n’est pas plus transparent pour ça, mais moi je ne cherche
pas la transparence, je cherche d’abord à coller à ce que nous
trouvons dans notre expérience et quand ce n’est pas transparent et
bien tant pis.
Alors je vais quand même vous dire quelque chose qui va vous
rendre ça un peu plus compréhensible. C’est peut être tout
simplement parce que ce désir quand c’est bien du sien qu’il s’agit, il
ne peut pas être eu, être quelque chose qu’on a comme après tout un
organe maniable. Il ne peut pas être à la fois l’être et l’avoir. Alors ce
quelque chose qui est en fonction au niveau du désir, c’est peut-être
ça justement à quoi sert l’organe, il est l’objet perdu parce qu’il vient
là à la place du sujet comme désir, enfin c’est une suggestion. Là-
dessus, ramenez la paix dans votre esprit et surtout tempérez ce qui
peut paraître là une sorte de hardiesse alors qu’il s’agit simplement
d’essayer de formaliser correctement ce qui est tout simplement
l’expérience que nous avons à contrôler tous les jours.
Nous avons des élèves qui viennent nous raconter des histoires de
leurs patients qui s’aperçoivent qu’après tout avec le langage de
Lacan on entend non seulement aussi bien les malades qu’avec le
langage qui est répandu et diffusé par les instituts autrement
constitués et même qu’on l’entend mieux. Quelquefois il arrive que
les patients disent des choses vraiment astucieuses, c’est le discours
de Lacan lui-même qu’ils disent seulement si on n’avait pas entendu
Lacan avant on n’aurait même pas écouté le malade et on aurait
entendu dire c’est encore de ces types de malades mentaux qui
débloquent ; bon, alors passons à la fin.
Je me sers comme ça un petit peu des notes que j’ai prises dans le
train en pensant à vous, naturellement j’en rajoute, j’en retire. Il n’y
avait pas que mon papier dans le train, il y avait aussi un France-Soir
qui traînait alors je regarde ça. Claudine, vous savez la jolie française,
je ne sais pas si on l’a étranglée ou poignardée, en tout cas il y a un
américain qui a foutu le camp en vitesse et qui est actuellement dans
48
une maison de santé, grand bien lui fasse. Réfléchissons, il est dans
une maison de santé, il y a un psychanalyste qui va le voir, enfin ça
peut arriver parce qu’il est d’une très bonne société. Bon, alors
qu’est-ce qu’on va trouver ? On va trouver qu’il y avait le L.S.D.
parce qu’il paraît qu’il en était bourré-bourratif au moment où ça
s’est passé.
49
Vous savez, ce n’est pas moi qui ait inventé ça. Il y a un
psychanalyste américain – ils ne sont pas tous idiots – qui vient
exactement de faire ces remarques dans un numéro relativement
récent du Journal Officiel de la Psychanalyse.
Un petit exemple parce que je veux terminer sur des choses comme
on dit comme ça vivantes. Un patient – je vous passe à la suite de
(24)
quoi il vient sortir un truc pareil – il dit « si j’avais su, j’aurais pissé
au lit plus de deux fois par semaine ». C’était à la suite de toute une
série de considérations sur des privations diverses et après qu’il fut
allégé comme ça d’un certain nombre de dettes dont il se sentait
chargé, il se trouvait bien à l’aise et il émettait assez étrangement ce
regret de ne pas avoir fait ça plus souvent alors voyez-vous là je suis
tout à fait frappé d’une chose, c’est que le psychanalyste ne se rende
pas compte de la position décisive qu’il a en articulant
« nachträglich » comme s’exprime Freud un « après coup » qui fonde
la vérité de ce qui a précédé. Comme il ne le sait pas vraiment ce qu’il
fait parce que inutile de vous dire que l’après-coup, hein, l’après-coup
que vous pouvez trouver dans les premières pages d’un certain
vocabulaire qui est sorti il n’y a pas très longtemps, l’après-coup,
personne ne l’aurait jamais mis dans un vocabulaire freudien encore
que ce « nachträglich » y soit à toutes les pages de Freud, personne
ne l’aurait jamais mis si moi je ne l’avais pas sorti dans mon
enseignement parce que personne avant moi n’avait jamais remarqué
la portée de « nachträglich » qui est pourtant très important à
détacher parce que dans ce cas-là aucun psychanalyste ne se fait la
réflexion, je veux dire que jamais n’a été même écrit ceci qui est
pourtant dans la droite ligne de ce qu’il fait comme psychanalyse à
savoir que du seul fait que vous savez écouter quand on vous dit :
« Dieu du ciel, pourquoi ne pisse-je pas au lit plus de deux fois par
semaine », ça veut dire que dans son énurésie le fait de ne pisser que
deux fois par semaine est aussi à considérer et que de ceci aussi il
faut rendre compte, à savoir de ce chiffre deux introduit en
corrélation avec le symptôme énurétique. Peut-être que si on savait
50
comme ça utiliser ce qui n’est que la simple conséquence de la
cohérence de la pensée avec elle-même…
52
Il me semble qu’à le négliger vous vous montrez ici en opposition
avec Heidegger que vous citiez tout à l’heure car l’→1 de
Heidegger est fondamentalement présence et articulation avant
d’être structure morphologique, avant d’être sens. Elle est
originairement souveraine dans le concret et hors du
comprendre, dans la situation elle même : aussi bien ce « je » qui
prend la parole et ce « tu », cette altérité dont il a besoin, qui lui
est nécessaire car si tout est clair il n’y a plus rien. Je veux dire
que s’il n’y a pas cette résistance de l’autre il ne peut pas s’y
retrouver lui-même. Or ce « je » qui est ainsi institué échappe à
la législation du langage sauf dans une logique de la prédication
et je trouve qu’avec la logique de votre exposé, en définissant le
sujet de l’énoncé, vous entrez dans un système de prédication.
Or ce n’est tout de même qu’une forme de logique, la logique de
la prédication, et c’est sûrement une logique de l’objet plus
qu’une logique du rapport sujet-objet.
Précisément cette objectivation qui est présente dans cette
logique me paraît tout à fait contraire à la notion même d’insight !
Car elle n’est que le deuxième temps d’une singularisation de
cette fonction beaucoup plus fondamentale qui est celle d’être au
monde. Or être au sein même de cette logique et être au monde
ce n’est pas tout à fait la même chose : vous risquez de rester à
l’intérieur du champ de « l’acquis » pour parler comme Husserl.
Et le rapport à la chose, l’articulation des choses elle-même,
perpétuellement présente chez Heidegger, je ne vois pas bien
quelle présence elle peut avoir si le langage devient véritablement
le signe, je dirai, la forme même de l’absolu, au-delà du principe
de réalité, ce qui est contraire à la « Verneinung2 » de Freud dont
vous avez fait…
1
. Dans question II, Martin Heidegger précise p. 191 : → peut être
traduit par « pouvoir originaire » (et non) « l’archaïque ».
2
. Verneinung : dénégation.
53
LACAN – Je n’ai pas parlé aujourd’hui le moindrement du monde
de la « Verneinung ».
54
j’appellerai pour aller vite non seulement mon enseignement mais
ma doctrine et de ce qui en résulte, ça je n’ai point pu le faire.
Dans cette division il y a un élément causal qui est ce que j’appelle
l’objet petit « a3 » – y a ceux qui ont déjà entendu ça et y a ceux qui
ne l’ont pas entendu – ceux qui ne l’ont pas entendu ça peut leur
paraître une bizarrerie surtout que je n’ai vraiment pas le temps
même d’évoquer de quel ordre4 ça peut être, que ça a un rapport le
plus étroit avec la structure du désir. En tout cas cet objet petit « a »
est à la même place où se révèle cette singulière absence phallique, à
la racine de ce que j’ai voulu ici mettre au centre, parce que c’est le
centre de l’expérience analytique, de ce que j’ai appelé comme tout
le monde la castration.
Alors pour dire que ce sujet était divisé j’ai simplement indiqué ses
deux positions par rapport à la fonction du langage. À savoir que
notre sujet tel qu’il est peut revendiquer la primauté, c’est le sujet qui
parle si vous voulez, mais qu’il ne sera jamais possible de le tenir
pour purement et simplement initiateur, libre de son discours pour
autant qu’en étant divisé il est lié à cet autre sujet qui est celui de
l’inconscient et qui se trouve être dépendant d’une structure
langagière. La découverte de l’inconscient c’est cela. Ou ceci est vrai
ou ceci n’est pas vrai mais si c’est vrai c’est ce qui interdit, même à
Monsieur Heidegger de parler toujours d’une certaine même façon
de ce qu’il en est du sujet. D’ailleurs laissez-moi vous dire que si nous
entrons dans une controverse heideggerienne je me permettrai
d’avancer ici que pour Heidegger l’emploi qu’il fait du terme de sujet
est loin d’être homogène.
56
1968.04.20. Mon enseignement, sa nature et ses fins.
Bordeaux
My teaching, its nature and its ends
I agreed to visit a psychiatric clinic because I had good cause to
presume that it was not without reason that I had been asked to
take part in what we call in modern jargon a colloquium.
Not bad, that term. I quite like it. We talk together, in the same
place, I mean. That does not necessarily mean that we think. Each
of us talks because we are in the same place: we co-loquate.
'Colloquium' is an unpretentious term, unlike the term idialogue'.
Being in dialogue is one of the most enormous pretensions of our
times. Have you ever seen people in dialogue?
Occasions when we speak of dialogue are always a little bit like
domestic quarrels.
So I was hoping to co-loquate. But given that there are so many
of you, that will be much more difficult than I thought.
The fact is that I have prepared nothing that is especially intended
for you. If I had come here to say something in front of you and
found only silence in your presence, I would feel that I was
imitating the woman sowing seeds [la semeue]5. But just because
you are sitting in rows does not mean that they are furrows, and
nor does it mean that the seeds are sure to find soil where they can
grow. That is why I would like some of the people who are sitting
on the tiers in this room to be good enough to ask me a question.
It's highly unlikely, of course, but that is the request I am making,
as I do whenever, and it is not that often, I happen to speak in a
5
[la semeuse: the female figure of the sower that appeared on some (pre-Euro)
French banknotes.]
57
context that is, it has to be said, unfamiliar to me, because I do not
think many of you have been following what I teach.
1
What I teach has caused something of a stir.
That dates from the day — and thank God I put it off for as long
as I could — I collected together something I had to call Ecrits, in
the plural, because it seemed to me that that was the simplest term
to designate what I was going to do.
I brought together under that title the things I had wrritten just to
put down a few markers, a few milestones, like the posts they
drive into the water to moor boats to, in what I had been teaching
on a weekly basis for twenty years or so. 1 don't think I repeated
myself much. I'm quite sure I didn't, because I made it a rule, a
sort of imperative, never to say the same things more than once.
That, I think you will agree, is quite a feat.
In the course of those long years of teaching, from time to time I
composed an ecrit and it seemed to me important to put it there
like a pylon to mark a stage, the point we had reached in some
year, some period in some year. Then I put it all together. It
happened in a context in which things had gained ground since the
time when I started out in teaching.
I was speaking for the benefit of people it concerned directly, for
the specific people who call themselves psychoanalysts. It had to
do with their most direct, most day-to-day, and most urgent
experience. It was done expressly for them, and it's never been
done for anyone else. But it is true that it had occurred to me that
it might be of interest to people to whom it was not addressed and
whom it did not concern at all. Any production of this nature
58
always has an exemplary character to the extent that it faces up to
a difficulty you can sense, a real thing, a concrete thing, to use
another fashionable word. Even if you do not understand it very
well, reading what I have written has an effect, holds your interest,
is of interest. It is not that often that you read an ecrit that is
necessarily something urgent, and which is addressed to people
who really have something to do, something it is not easy to do.
It is primarily for that reason, I suppose, that, if we approach them
from a different angle, we can agree to consider these Ecrits
unreadable; people at least pretend to read them, or to have read
them. Not, naturally, the people who supposedly do that for a
living, or in other words the critics. Reading them would force
them to prove their worth by writing something that might at least
have something to do with what I am advancing, but at that point
they become suspicious. As you may have noticed, this book has
not had many reviews. Probably because it is very thick, difficult
to read, obscure. It is not designed for everyday consumption at
all. You might say to me that that remark might suggest I'm
making excuses. It might mean that I'm saying I should have
produced a book for everyday consumption, or even that I'm going
to. Yes, it is possible. I might try to. But I am not used to that. And
it is by no means certain that it would be a success. Perhaps it
would be better if I did not try to force my talent. And I do not find
it particularly desirable in itself, because what I teach will indeed
eventually become common currency. There will be people who
wall get down to it, who will put it about. That is obviously not
quite the same thing, and it will be a bit distorted. They'll try to
introduce it into the hubbub.
59
They will do all they can to reposition it in relation to a certain
number of those very solid convictions that suit everyone in this
society, as in any society.
I have no intention of making criticisms of the society in which
we live here. It is no better and no worse than any other. Human
society has always been a folly. It's none the worse for that. It has
always been like that, will always be like that. After all, it has to
be admitted that a fair number of ideas are increasingly spineless.
Everything is a continuation of everything else. It even ends up
making each and every one of us feel a bit sick. At lunch just now,
in the little circle of people who have given me such a kind
welcome, we were talking about what they call TV, the thing that
allows you to catch up with the world scene at any moment, to
keep up with everything cultural. Nothing cultural will escape you
any more.
While we're on the subject, I would like to draw your attention to
a major difference, which has perhaps not been emphasized
enough, between man and the animals. It is worth mentioning
precisely because wre forget about it. I am talking about a
difference in the context of nature because I really do not wrant to
dabble in cultural anthropology.
Unlike what happens at every level of the animal kingdom —
which starts with elephants and hippos and ends with jellyfish -
man is naturally characterized by the extraordinary
embarrassment he feels about — what should we call it? By the
simplest name we can find, by God — the evacuation of shit.
Man is the only animal for whom this is a problem, and it's a
prodigious one. You don't realize, because you have little devices
that evacuate it. You have no idea where it goes afterwards. It all
60
goes through pipes and is collected in fantastic places you have no
idea of, and then there are factories that take it in, transform it and
make all sorts of things that go back into circulation through the
intermediary of human industry, and human industry is a
completely circular industry. It is striking that there is not, to my
knowledge, any course on political economy that devotes a lesson
or two to it. This is a phenomenon of repression which, like all
phenomena of repression, is bound up with the need for decorum.
Trouble is, we don't really know which decorum.
There is a man of wit I met a very long time ago, and I'm sorry I
didn't know him better. He's quite well known. Aldous Huxley. He
was a charming man, of good family, and he wasn't entirely stupid,
not at all stupid in fact. I don't know if he is still alive. Get hold of
his Adonis and the Alphabet. There's a French translation,
published by Stock, if memory serves. The title obviously does
not announce the chapter it contains on what I've just been talking
about: waste disposal.
Talking about this is always shocking, even though it has always
been part of what we call civilization. A great civilization is first
and foremost a civilization that has a waste-disposal system. So
long as we do not take that as our starting point, we will not be
able to say anything serious.
Amongst those people we have for some time called primitive,
though I have no idea why we call them that because they have
none of the characteristics of primitiveness at all, or let's say the
societies that social anthropologists study — even though, now
that the theoreticians have put their oar in and go on about the
primitive, the archaic, the pre-logical and all that bullshit, no one
understands them any more — well, there are few problems with
waste disposal. I am not saying there aren't any. And perhaps it is
61
because they have fewer of these problems that we call them
savages, or even noble savages, and we regard them as people who
are closer to nature.
But when it comes to the equation great civilization = pipes and
sewers, there are no exceptions. There were sewers in Babylon,
and Rome was all sewers. That's how the City began, with the
Cloaca maxima. It was destined to rule the world. So we should
be proud of it. The reason why we are not is that, if we gave this
phenomenon what we might call its fundamental import, we
would find the prodigious analogy that exists between sewage and
culture.
Culture is no longer a privilege. The whole world is more than
covered in it. Culture clots on you. Because we are cooped up in
the great shell of waste that comes from the same place, we make
vague efforts to give it a form. What does that come down to? To
great ideas, as they say. History, for example.
It comes in handy, does history. It doesn't have just one meaning;
it has a thousand and one meanings. There are people who look to
it as a support. Not that they would bother to see what Hegel has
to say on the subject, of course. There were others before him,
Bossuet, for example. He put everything in the hands of
Providence.
That at least was clear. I have to say that I have a high opinion of
the Discourse on Universal History. First, because it was that that
inaugurated the genre, and it did so on the basis of clear principles.
It is God who pushes the pawns across the board. That really does
deserve to be called 'history* [histoire]. Everything revolves
around the story [histoire] of what happened to a certain
gentleman. Not bad, it gave other people an appetite for it and
62
made history much more profound. I'm not saying that all these
ideas are unacceptable, but some funny use has been made of
them.
Don't let that make you believe that culture is a goal of which I
disapprove. Far from it. It discharges. It completely discharges us
from the function of thinking. It discharges us from the only thing
that is of any minor interest in that function, which is quite
inferior. I fail to see why we should confer any kind of nobility
upon the phenomenon of thinking. What do we think about?
About things over which we have absolutely no control, things
that we have to turn over, over and over again, turn over seventy
times in the same direction before we manage to understand them.
That's what we call thinking.
As I cogitate, I agitate, rummage around. It only begins to get
interesting when it takes responsibility, when, in other words, it
comes up with a solution, as formalized a solution as possible. If
it does not come up with a formula, a formalization, as
mathematical a solution as possible, we cannot see the interest, or
the nobility. We don't see why it's worth dwelling on.
The point of history is to write the history of thought, I mean, to
get rid of the little efforts, timid efforts but, truth to tell, they're
often scrupulous — that's what survives best — that this one or
that one has made to solve certain problems. As a result, our
professors would be very embarrassed about having to draw a line
and say what they think of the logic of Descartes or a few of those
strays, to say whether it holds up — more to the point than whether
its bloody time is up - but it's much easier to do the history of
thought, which comes down to looking for what they have passed
on from one to another. It's fascinating, especially when it's
63
bullshit, and when you see the sort of thing that has survived. The
mechanism I am pointing out to you works in a very
contemporary way. It is not theory, and I am not here to make a
big thing of theory. You can see that with your own eyes, without
going to university, where that is in fact what they teach when they
say they're doing 'philosophy*.
You know the nonsense they've come up with now. There is
structure, and there is history. The people they've put in the
'structure' category, which includes me — it wasn't me who put
rx\e there, they put me there, just like that — supposedly spit on
history. That's absurd. There can obviously be no structure without
reference to history. But first, you have to know what you are
talking about when you talk about history. I will try to tell you
something about it.
It is always difficult to pin down what is going on in the field of
what we are really cogitating without any misunderstandings. The
words have often been surrounded by all sorts of confusion for a
little too long.
That is what now allows some people to use historical reduction,
which has nothing to do with historical rights, so to speak, with
the function of history. So they come out with questions that have
to do with, not structure, but what they call structuralism.
For example, in the course of a conversation that preceded my
appearance before you, someone, someone very respectable as it
happens, said to me: 'Couldn't you say how you, what you do,
what you advance, relates to structuralism?' I replied: 'Why not?'
So let's set things out properly and trace the process.
64
The function of what we call a cultural trend is to mix and
homogenize. Something emerges and has certain qualities, a
certain freshness, a certain tip. It's a bud.
The said cultural trend kneads it until it becomes completely
reduced, despicable, and communicates with everything.
It has to be said that this is not satisfactory, despite everything.
Not for reasons to do with any internal necessity, but for
commercial reasons. When it has been uprooted, it becomes
exhausted. Although I've been using bad language I think I can
take the liberty of repeating the formula that occurred to me in this
connection. Eating shit is all very well, but you can't always eat
the same shit. So, I try to get hold of some new shit.
The origins of this new fashion, of what you call 'structuralism',
lie in the attempts to lump together men who do not easily fit into
their categories, who've stayed in the smaDest room. You would
have to study all the processes, all the resistance functions that left
them isolated, and then associated, assimilated them, stuck them
together. I've had the insane good luck to be one of them, and I
feel fine about it. These are people who went about things a little
more seriously. Well done, Levi- Strauss. They won't be able to do
as well as that in the future, that's for sure. It's overwhelming. And
then there are others. They change them from time to time.
For the moment, they are making a serious effort to get all that
into general circulation, really trying. Oh yes, it's not a bad
solution. Until now I've held out against this operation, because
they don't quite know what to make of what I'm saying. They don't
know because, with good reason, they really have no idea of what
it concerns, even though it seems to them that it's something like
that.
65
They have to struggle to resorb it like they do with everything else,
but they don't know how to.
They'll find a way. Especially if I help them.
2
It is obvious that what 1 teach has to do with what we call the
psychoanalytic experience.
They want to transport all that into, I don't know, something that
doesn't put it in any position to know, what they call by a nice
name that sounds like a sneeze, a Weltanschauung. Far be it from
me to be so pretentious. That's what I hate most. I'll never indulge
in that, thank God. No Weltanschauung. And all the rest of those
Wehanschauungen, I loathe them.
What I teach has to do with something very different, with
technical procedures and formal details concerning an experience
that is either very serious, or an incredible errancy, something
mad, demented. And that is what it looks like from the outside.
The basic thing about analysis is that people finally realize that
they've been talking nonsense at full volume for years.
For my part, I try to show, by starting out from what clarifies its
raison d'etre^ why it lasts, why it goes on, why it ends up as
something that is very often not at all what they think they have to
announce to the outside world, what they claim to owe to the way
it operates. It's obvious that this is a discursive operation, a
discourse-operation. You'll say to mc that some people go through
their whole analysis without saying anything. If that's the case, it's
an eloquent silence.
66
We did not have to wait for analysis to take an interest in
discourse. Indeed, discourse is the starting point for anything
scientific. It's not enough to imagine philosophy in the register I
was just telling you about, namely how beautiful thoughts were
passed on down the ages. That is not what this is about. The
purpose of philosophy is to specify the extent wre can extract
things that are certain enough to be described as science from a
discourse-operation.
It's taken time for a science to emerge: our science, which has
certainly proved its worth — though what it proves remains to be
seen, though it has proved effective, It's all about perfecting the
correct use of discourse, and nothing more.
And what about experience, you say? The whole point is that
experience is constituted as such only if we start out by asking the
right question. We call that a hypothesis. Why a hypothesis? A
hypothesis is simply a question that has been asked in the right
way. Something, in other words, begins to take a de facto form,
and a fact [fait] always made up of [fait de] discourse. No one has
ever seen a received fact.
That is not a fact. It's a lump, something you bump into, all the
things that can be said about something that is not already
discursively articulated.
Psychoanalysis, which is an absolutely new example of discourse,
leads us to take another little look at how we pose the problem of,
for example, roots. It encourages us, for example, to investigate
the phenomenon constituted by the appearance of a logic, its
adventures and the strange things it ends up showing us.
There was a certain Aristotle, and his position – what you believe
after this declaration is of little importance — was not dissimilar
67
to mine. We don't really have much idea of what, of whom he had
to deal with. They were called, in a vague, confused way, sophists.
We naturally have to be suspicious of these terms, and we have to
be very careful. There is in fact a black-out on what people got
from the sophists' oracle. Probably something effective, because
we know that they paid them very well, in the same way they pay
psychoanalysts. Aristotle certainly got something out of it, but it
had absolutely no effect on the people he was talking to. That's
how it was for him, and how it is for me. It's the same. What I say
makes no difference to psychoanalysts who are already very
settled in their ways. But we can continue, continue, and hope.
All the wonderful things we find in the Prior Analytics, the
Posterior Analytics and the Categories are what we call logic.
It's been devalued now because we are the ones who do real,
serious logic, though we've not been doing it for long; since the
mid-nineteenth century, about 150 years.
Correct, strict, true logic is the logic that began with a certain
Boole. It gives us the opportunity to revise a few ideas. We always
believed that, when we had established a few good principles from
the outset, everything we could derive from them would run
smoothly and that we would always fall on our feet. The important
thing was that a system should not be contradictory. That was all
there was to logic. And then we notice that it is not like that at all.
We discover lots of things that escape us. If by some chance a few
people here and there have heard of a certain Godel, they may
know that even arithmetic turns out to be a basket; I'm not saying
it is double-bottomed, but there are lots and lots of holes in the
bottom.
68
Everything disappears through the hole in the bottom. That is
interesting, and it is not impossible that taking an interest in it
might not be without a formative value for someone like a
psychoanalyst. But for the moment it gets us nowhere, because we
have here a very particular problem that I call the age question. If
you want to do logic, or anything else to do with modern science,
you have to start before you have been completely cretinized, by
culture of course. Obviously, we are always a little cretinized
because there is no escaping secondary school. Of course,
secondary school may have its value too, because those who
survive it and still have a real scientific vivacity are cases apart,
as anyone will tell you. My good friend Leprince-Ringuet6, who
was cretinized at the same time as me at school, escaped
immediately, brilliantly and in lively fashion. It took
psychoanalysis to get me out. It has to be said that not many
people have taken advantage of it the way I have.
Logic is a fairly precise thing and requires some mental resilience
that has not been completely worn down by all the stupid things
they force down your throat. So I must have had it at a very early
age. The only problem is that being very young is not the best
condition to make a good psychoanalyst cither. And when
someone with some experience does happen to enter the
psychoanalyst's profession, it is too late to teach him the key
things that would train him for its particular practice.
I mentioned logic to give you a target. There's more to it than that,
but logic is exemplary if we take it at Stotie's level, because he
obviously did try to inaugurate something.
6
Louis Leprince-Ringuet, French physicist (1901 - 2000)
69
Of course those people, the sophists, were already using logic, and
in quite astonishing, very brilliant, very effective ways, at one
level of rationality. That they themselves did not give it its name
obviously does not mean that that isn't what it was, that's for
certain. They would not have been so good at enticing citizens,
and non-citizens, and at giving them tips on how to win debates
or on how to debate the eternal questions of being and non-being,
if it didn't have a formative effect. Stotle tried to perfect a
technique, what they call the Organon. He gave birth to a line, to
a line of philosophers, and now you can see where that got him:
his line has died out a little bit, now that philosophy has come
down to meaning the history of thought. Which means we're
having a bloody hard time of it. Fortunately there are still a few
counterfeiters around to try to put you back on top of things.
They're called phenomenologists.
Psychoanalysis gives us a chance, a chance to start again.
3
As I think I have got across to you, there is the closest relationship
between the emergence of psychoanalysis and the truly regal
extension of the functions of science. Although it may not be
immediately apparent, there is a certain relationship of
contemporaneity between the fact of what has been isolated and
condensed within the analytic field, and the fact that, everywhere
else, only science still has something to say.
That, you will tell me, is a scientistic declaration. Of course it is,
and why shouldn't it be? And yet, that is not quite what it is,
because I do not add what we always find on the fringes of what
is conventionally called scientism, namely a certain number of
70
articles of faith to which 1 by no means subscribe. There is, for
example, the idea that all this represents progress. Progress in the
name of what?
One objection was put forward to me just now, and it comes, it
seems to me, from certain corners where they label themselves
psychoanalysts. I have to say that it inspired me. It was passed on
to me by a lady who had, I'm told, given a lecture on what Lacan
is on about.
Thanks, basically, to her, I can let myself go a little. If I understand
rightly, the objection in question might be formulated thus: * Why
do you find it necessary to drag in the subject? Where is a trace of
the subject in Freud?'
That was a terrible blow, I can tell you. The terrible thing is that
after a time — time that I waste — there is a growing gulf between
you and the effect of culture, of journalism. Now that I am in the
public eye, I need an intermediary to tell me where some people
might be at. So they think that dragging in the subject in
connection with Freud is something new, an invention.
At this point, I am sincerely invoking anyone who is not a
psychoanalyst, not that there can be many psychoanalysts here.
Anybody who knows just a little about what we are talking about
knows that Freud talks about three things.
The first is that it (ça) dreams7. So it's a subject, isn't it? What are
we all doing here? 1 have no illusions about this: an audience,
even a qualified audience, is dreaming while I'm struggling away.
Everyone is thinking about his own business, the girlfriend you're
7
The play is on le ça: das Es, the id
71
going to meet later, the piston rod that's just gone on your car,
something that's gone wrong somewhere.
And there again, it gets things wrong. Think of the slips of the
tongue, the bungled actions, the very text of your existence. They
make a grotesque farce of what they've always trotted out to you
about the ideal functions of consciousness and all that implies
about the person who has to gain control. I don't know what it's
about. You can see in my Ecrits my stupor when I read the things
that my dear friend Henri Ey8, and I love him, has dreamed up. He
wanted- to civilize psychiatrists, so he invented organo-
dynamism, and it's a complete shambles that makes no sense at
all. I defy anyone to see any connection between what we are
dealing with, the text of the subject, and whatever it is that he has
dreamed up about this so-called synthesis, the construction of the
personality, and I don't know what else. Where are they, these
constructed personalities? 1 don't know, I'm looking for them with
a lighted lamp, like Diogenes. The beautiful thing about it is that,
despite all the appeals that are made to these constructs, they
actually fail. That means something. It's always the others who
succeed. There are even people in the room who have got to their
feet. For my part, I've succeeded in going to bed.
Third, it [fa] dreams, it fails, and it laughs. And are those three
things subjective, or are they not, 1 ask you? We have to know
what we are talking about. People who wonder why I needed to
drag in the subject when we are dealing with Freud have
absolutely no idea what they are saying. I have to conclude that
that's where they are at, though I thought the resistance was based
on something more sophisticated.
8
Henri Ey (1900-1972), French psychiatrist
72
The subject in question has nothing to do with what we call the
subjective in the vague sense, in a sense that muddles everything
up, and nor does it have anything to do with the individual. The
subject is what I define in the strict sense as an effect of the
signifier. That is what a subject is, before it can be situated in, for
example, one or another of the people who are there in an
individual state, even before they exist as living beings.
Of course we can say in conventional terms, 'It's a good or bad
subject, it's a moral subject, it's the subject of consciousness', or
whatever you like. This idea of a subject of knowledge really is a
load of nonsense, and one wonders how they can go on talking
about it in philosophy classes at school. It can mean only one
thing: that anything that is alive knows enough, just enough to
survive. But there's nothing more to be said about it. That can be
extended to the animal kingdom or — and why not? — the
vegetable kingdom.
As for the idea of relating what they call man to what they call the
world, that would mean regarding that world as an object and
turning the subject into a correlative function. If we think of the
world as an ob-jecty we assume the existence of a sub-ject. That
relationship can only become substance, essence, thanks to a great
image of contemplation whose completely mythical character is
obvious. We imagine that there were people who contemplated the
world. There arc obviously things like that in Aristotle, for
instance when he is talking about the spheres, but this simply
means that there is no theory of the celestial spheres that does not
involve a contemplative movement.
We know wThat a science is. None of us can master the whole of
science. It steams ahead at full speed under its own impetus, docs
science, so much so that there is nothing we can do about it. Those
73
who are most in the know are also those who are the most
embarrassed about it.
All possible enlightened experience indicates that the subject is
dependent on the articulated chain represented by science's
acquired knowledge. The subject has to take his place there,
situate himself as best he can in the implications of that chain. He
constantly has to revise all the little intuitive representations he
has come up with, and which becomes part of the world, and even
the socalled intuitive categories. He's always having to make some
improvements to the apparatus, just to find somewhere to live. It's
a wonder he hasn't been kicked out of the system by now.
And that is in fact the goal of the system. In other words, the
system fails. That is why the subject lasts. If something gives us
the feeling that there is a place where we can lay hands on it, where
it's the subject we are dealing with, then it's at the level known as
the unconscious. Because it all fails, laughs and dreams.
It only dreams, fails and laughs in a perfectly articulated way.
What is Freud constantly doing in his approach, his discovery, his
revelation of what the unconscious is all about? What does he
spend his time on? What is he dealing with? No matter whether it
is the text of the dream, the text of the joke or the form of the slip,
he is manipulating articulations of language, of discourse.
In the margins of a small etching by Goya, we find written: 'The
sleep of reason produces monsters.' It's beautiful and, as it's by
Goya, it is even more beautiful — we can see the monsters.
You see, when you are talking, you always have to know when to
stop. Adding 'produces monsters' sounds good, doesn't it? It's the
beginning of a biological dream. It took biology a long time to
give birth to science too.
74
They spent a long time dwelling on the calf with six hooves. Oh!
Monsters, all that, the imagination! We love it. Oh, it's so fine. You
know, the psychiatrists tell us that it's teeming, swarming with
psychopaths, that it invents and imagines things. It's fantastic.
They are the only ones to imagine that. I cannot tell you how it is
for the psychopath — I'm not enough of a psychopath — but it is
certainly not the way the psychiatrists imagine it to be, especially
when they talk about, I don't know, the physiology of sensation,
or of perception, and then move on to constructs and then
generalizations, all so they can think about what they will come
up against, poor things.
That has absolutely nothing to do with their constructs. That much
should be obvious.
So you have to know when to stop. The sleep of reason — that's
all. So what does that mean? It means that reason encourages us
to go on sleeping. Once again, I don't know if there is any danger
of you understanding a little declaration of irrationalism on my
part. No, no, quite the opposite. What we would like to get rid of,
to exclude, namely the reign of sleep, finds itself annexed by
reason, its empire, its function, by the hold of discourse, by the
fact that man dwells in language, as someone said. Is it
irrationalism to notice that, or to follow reason's line of thought in
the text of the dream itself? It's possible for a whole
psychoanalysis to go by before what might well happen does
happen: we've reached the point where we wake up.
Somewhere Freud writes Wo Es war, soil Ich werden, Even if we
remain at the level of his second topography, what is this, if not a
certain way of defining the subject? Where the reign of sleep was,
I must come, become, with the special accent the verb werden
takes in German, and we have to give it its import of becoming in
75
the future. What does that mean? That the subject is already at
home at the level of the Es.
There is no point in quibbling and saying that, in his second
topography, Freud calls a certain system the perception-
consciousness system, das Ich> with the article because there are
no words in German that function the way moi and je function in
French. Das Ich is something like the other two agencies, to use
that vague term, he associates it with: the Es and the Uberich.
What is it, if not, strictly speaking, the core of the subject?
It might even have to do with that grotesque, ridiculous function
all those who were for a while my fellowtravellers pounced upon,
and they came from God knows where, and full of psychology,
which is no preparation for psychoanalysis. I am talking about the
function of intersubjectivity. Ah! Lacan, the 'Rome Discourse',
'Function and Field of Speech and Language*, intersubjectivity!
There is you and there is me, and we say so to each other, send
each other things, and so we are intersubjective. All that is purely
confusional.
I think you know my position on this point but, if you don't, I am
in a position to get it across to you better. Confusing the subject
with the message is one of the great characteristics of all the stupid
things that are said about the so-called reduction of language to
communication.
The communication function has never been the most important
aspect of language. That was my starting point.
Von Frisch thinks that bees have a language because they
communicate things to one another. That is just the sort of thing
that people say from time to time wrhen the fancy takes them:
namely, that the fact that something comes to us from them proves
76
that we receive messages from starry bodies. In what sense is that
a 'message'? If we give the word 'message' a meaning, there must
be a difference between that and the transmission of whatever it
might be. If there wasn't, everything in the world would be a
message. And besides, there's a sense in which everything is a
message, given what makes the functions of the transmission and
conveying of information fashionable, as they say. It is not
difficult to see that this information can be so formalized as to
inscribe it as the very opposite of signification. That in itself is
enough to show that information, understood in that sense, is not
to be confused with the result of what is conveyed in the use of
language.
The articulation of language calls into question, first of all, the
issue of the subject of the enunciation. The subject of the
enunciation is definitely not to be confused with the one who takes
the opportunity to say of himself I, as subject of the utterance.
When he has to talk about himself, he calls himself I. It simply
means I who am speaking. The I, as it appears in any utterance, is
nothing more than what we call a shifter. Linguists claim that it is
also the subject of the enunciation. That is quite wrong, whatever
they may say.
It is so wrong that it has obviously been untrue ever since we have
known it. You can always try to find the subject of some
enunciations. It is not, in any case, there for anyone who can say
I.
This means, all the same, that we have to reconstruct the so-called
communications schema a little bit. If there is one thing that has
to be called into question, it is the simple function of
intersubjectivity, as though it were a simple dual relationship
77
between a sender and a receiver that worked all by itself. It's not
that at all.
The first thing involved in communication is knowing what it
means. Everybody knows that. You don't need much experience
to showr that what the other is saying obviously never coincides
with what he says.
That is also why you work yourself to death trying to construct a
logic for the same. So that there will be no doubts surrounding the
little signs you can put on the board. Precisely: you are trying to
eliminate the subject. And once you have put down some little
letters, the subject is indeed eliminated for a moment. You will
naturally find the subject once more when you get to the end, in
the shape of all sorts of paradoxes. That is the demonstrative and
fascinating thing about logic's attempts to study things closely.
Someone will object that, if we want to speak of something that is
absolutely not psychical, but that is a real metapsychology, or in
other words something very different from a psychology, we have
to talk about the id, the ego or the superego. Wc act as though all
that were obvious, self-evident, quite natural, something we could
see coming a mile off. Nothing of the kind. Not only is it different
from all the old waffle; if there is something that we can
legitimately call an intersubjectivity, an intersubjectivity that is
not just dramatic but tragic, then it has nothing to do with the order
of communication, with an intersubjectivity of people who push
and shove, get jammed up against each other and suffocate each
other — well, it takes the form of the id, the ego and the superego,
and it can easily do without what you would call a subject.
They ask me why I talk about the subject, why I supposedly add
that to Freud. That is all that gets talked about in Freud. But it gets
78
talked about in a brutal, imperative way. It is a sort of bulldozer
operation, and it brings back to life everything that they have been
trying to cover up about the subject for thousands of years of the
philosophical tradition.
As I was telling you just now, it is in just that order of things that
they are now up to something. What I have stressed, and I cannot
claim to be doing anything more than suggesting a dimension
here, has indeed a counterpart, and it is supplied by philosophers.
There is, for example, one to whom I make a brief allusion in the
first issue of my journal Scilicet, a very talented boy who still has
a few rehashes in store for us when it comes to great classical
themes, and I knew of their existence long before 1 first met him
at a congress. So, he said to me: 'All that's very well, I agree with
what you say' — and indeed it was obvious that he did agree, since
in his article on Freud he wrote nothing that I had not said already
— but what I've said, 'But why, why, do you insist on calling it the
subject?*
That's the way it is when you touch on certain topics, you find that
someone has already laid claim to them. One of the people who is
just learning that lesson dared to write a book on Racine one day.
The trouble was, he wasn't the only one, because there was
someone else who thought he was the expert on Racine. How dare
he? And so on. In this case, the philosopher was quite prepared to
say to me: 'Why do you keep calling the unconscious — an
unconscious you say is structured like a language — the subject?'
When analysts ask me questions like that, I'm shocked but I can't
say that I am surprised. But coming from philosophers, they are
so disconcerting I can't find any answer, except to say: 'I keep the
s u b j e c t . . . to get you talking.'
79
And yet, it would be quite insane not to retain the term. Some
happy accident in the philosophical tradition has perpetuated the
line that began with Aristotle's Organon, which I was talking about
just now. Read, or reread, the Categories, my little friends, or those
of you who from time to time get it into your heads to read
something other than textbooks, and you will see from the start
the difference between the subject and substance.
This is something that is so crucial that the two thousand years of
philosophical tradition I was talking about have been trying to do
just one thing, trying to resorb that. The man who is regarded as
the pinnacle of the philosophical tradition — Hegel — suggests
with, I have to say, dazzling brilliance, something that negates
what we touch upon in dreams, namely that substance is already
the subject, before it becomes the subject, as we saw just now with
Freud's formula.
It all starts with the initial trauma of. Aristotle's assertion, which
introduced the most rigorous divorce between subject and
substance. That has been completely forgotten.
That the subject has outlived the philosophical tradition
demonstrates, if we can put it that way, that we really are behaving
like intellectual failures.
Is that not a reason not to abandon the term 'subject', now that the
time has finally come to invert its usage?
80
1975-10-04 CONFÉRENCE À GENÈVE SUR LE
SYMPTÔME
La conférence annoncée sous le titre « Le symptôme » fut prononcée au Centre R.
de Saussure à Genève, le 4 Octobre 75, dans le cadre d’un week-end de travail
organisé par la Société suisse de psychanalyse. Elle fut introduite par M. Olivier
Flournoy. Elle parut dans Le Bloc-notes de la psychanalyse, 1985, n° 5,
pp. 5-23.
Écrire n’est pas du tout la même chose, pas du tout pareil, que de
dire, comme je l’illustrerai plus loin. Il se trouve que, durant le temps
que j’étais à Sainte-Anne, j’ai voulu que quelque chose reste de ce
que je disais. Il paraissait à ce moment-là une revue où, à proprement
parler, j’écrivais. J’ai fait le recueil d’un certain nombre des articles
parus dans cette revue. Comme j’avais aussi écrit pas mal de choses
avant, la moitié de ce recueil est fait de ces écrits antérieurs – qui sont
à proprement parler des écrits, d’où mon titre, Écrits tout
simplement. Ce titre a un peu scandalisé une personne de mes
relations qui était une charmante jeune femme, japonaise. Il est
probable que la résonance du mot Écrits n’est pas la même en
japonais et en français. Simplement, par Écrits, je voulais signaler que
c’était en quelque sorte le résidu de mon enseignement.
Je faisais donc dans cette revue, La Psychanalyse, à peu près une fois
par an, un écrit qui était destiné à conserver quelque chose du
remous qu’avait engendré ma parole, à en garder un appareil à quoi
on pourrait se reporter. Je le faisais dans l’esprit qu’après tout, cela
aurait pu me servir de référence auprès de l’Internationale. Bien
entendu, celle-ci se moque assez de tous les écrits – et après tout, elle
a raison, puisque la psychanalyse, c’est tout autre chose que des
écrits. Néanmoins, il ne serait (7)peut-être pas mal que l’analyste
donne un certain témoignage qu’il sait ce qu’il fait. S’il fait quelque
chose, dire, il ne serait peut-être pas excessif d’attendre que, de ce
qu’il fait, d’une certaine façon il témoigne.
…
81
C’est un nom qui ne m’est pas inconnu. Le Dr Bovet m’a posé une
question que je trouve très bonne, façon de parler. Jusqu’à quel point,
m’a-t-il dit, vous prenez-vous au sérieux ? Ce n’est pas mal, et j’espère
que cela va vous encourager. C’est le genre de question dont je me
fous. Continuer au point d’en être à la vingt deuxième année de mon
enseignement, implique que je me prends au sérieux. Si je n’ai pas
répondu, c’est qu’il avait un train à prendre. Mais j’ai tout de même
déjà répondu à cette question, implicitement, en identifiant le sérieux
avec la série. Une série mathématique, qu’elle soit convergente ou
divergente, cela veut dire quelque chose. Ce que j’énonce est tout à
fait de cet ordre. J’essaie de serrer de plus en plus près, de faire une
série convergente. Est-ce que j’y réussis ? Naturellement, quand on
est captivé… Mais même une série divergente a de l’intérêt, à sa
façon, elle converge aussi – ceci pour les personnes qui auraient
quelque idée des mathématiques. Puisqu’il s’agit du Dr Bovet, qu’on
lui transmette cette réponse.
82
Et, dans la mesure où vous choisirez bien vos termes, qui vont
tirailler l’analysant, vous allez trouver le signifiant élu, celui qui agira.
(35)
En aucun cas une intervention psychanalytique ne doit être
théorique, suggestive, c’est-à-dire impérative ; elle doit être
équivoque.
L’interprétation analytique n’est pas faite pour être comprise ; elle
est faite pour produire des vagues.
Donc il ne faut pas y aller avec de gros sabots, et souvent il vaut
mieux se taire ; seulement il faut le choisir.
Il faut avoir été formé comme analyste. Ce n’est que lorsqu’il est
formé que, de temps en temps, ça lui échappe ; formé, c’est-à-dire
avoir vu comment le symptôme, ça se complète.
Dans l’analyse, il n’y a scène que lorsqu’il y a passage à l’acte. Il n’y
a passage à l’acte que comme un plongeon dans le trou du souffleur,
le souffleur étant bien sûr l’inconscient du sujet.
Ce n’est qu’à propos du passage à l’acte que j’ai parlé de scénique.
83
LACAN 1974-75. RSI
10 Décembre 1974
Enfin, c’était le témoignage de ceci que dans un certain contexte,
celui où je n’insiste pas, il pouvait me venir des questions, et des
questions pas bêtes, des questions, en tout cas, qui m’imposaient de
répondre.
De sorte que je me trouvais dans cette situation : sans avoir eu à
récuser le « phénomène lacanien », de l’avoir démontré.
Ça, naturellement, c’était même pas sûr qu’ils s’en aperçoivent eux-
mêmes, que c’était ça le phénomène lacanien.
À savoir que j’étais « effet » pour un public, qui n’a entendu comme
ça, par répercussion, que de très loin ce que je peux articuler dans
cet endroit qui est ici, et où je fais mon enseignement, mon
enseignement pour frayer pour l’analyste,
84
le discours même qui le supporte. Si tant est que ce soit bien du
discours, et du discours toujours :
que cette Chose, que nous essayons de manipuler dans l’analyse, pâtit
d’un discours.
9
Écrits pp. 166-67 : « Le mot n’est pas signe, mais nœud de signification.
Et que je dise le mot « rideau » par exemple, ce n’est pas seulement par
convention,
désigner l’usage d’un objet que peuvent diversifier de mille manières les
intentions sous lesquelles il est perçu par l’ouvrier, par le marchand, par le
peintre ou par le psychologue
gestaltiste, comme travail, valeur d’échange, physionomie colorée ou
structure spatiale. C’est par métaphore un rideau d’arbres; par calembour
les rides et les ris de l’eau,
et mon ami Leiris dominant mieux que moi ces jeux glossolaliques. »
85
1976-03-24 « INHIBITION ET ACTING OUT »
CLÔTURE DU CONGRÈS.
86
1977-00-00 C’EST À LA LECTURE DE FREUD
Préface à l’ouvrage de Robert Georgin, Cahiers Cistre, 1977, Lacan, 2me
édition, Paris, l’Age d’homme, coll. « Cistre-essai », 1984, pp. 9-17.
S’il ne s’agissait de l’association internationale qu’au sens où elle
grouperait aussi bien des gastro-entérologistes ou des psychologues,
la question ne se poserait même pas. La question de l’institution se
pose à une autre échelle, qui n’est pas celle de la foire, mais plutôt de
l’arbre généalogique. Et là, ça ne se joue, pas sur la scène du monde,
mais au sein de groupuscules faits des nœuds où s’entrecroisent les
branches de cet arbre. Il s’agit de la transmission de la psychanalyse
elle-même, d’un psychanalyste qui l’est, psychanalyste, à un autre, qui
le devient ou s’introduit à l’être. Ces groupes dits encore « sociétés »,
qui foisonnent dans le monde, ont ce caractère en commun de
prétendre assurer cette transmission et de montrer la carence la plus
patente à définir cette psychanalyse dite didactique quant aux
remaniements qu’on en attend pour le sujet. On sait que Freud a
posé cette psychanalyse comme nécessaire, mais pour en dire le
résultat, on piétine. Pour le psychanalyste didacticien, au sens
d’autorisé à faire des didactiques, il est inutile même d’espérer savoir
ce qui le qualifie. Je dis tout haut ces choses, maintenant que j’y ai
apporté des solutions à pied d’œuvre pour qu’elles changent. C’est
par respect pour cette misère cachée que j’ai mis tant d’obstination à
retarder la sortie de mes travaux, jusqu’à ce que le rassemblement en
fût suffisant. Peut-être est-ce encore trop présumer de ce qui de mon
enseignement est passé dans le domaine commun. Mais quoi, c’est à
ce qu’il ne s’y noie pas que j’ai voué toute ma patience. Il me faut
bien faire quelquefois un si long effort. Un groupe éprouvé – c’est le
mot – m’assiste maintenant. Le prix que j’ai payé pour cela m’est
léger, ce qui ne veut pas dire que je l’aie pris à la légère. Simplement,
j’ai payé les notes les plus extravagantes pour ne pas me laisser
distraire par les péripéties que l’on voulait bien intentionnellement
me faire vivre – disons du côté de l’anafreudisme. Ces péripéties, je
les ai laissées à ceux qu’elles distrayaient. Prenez ce mot au sens
87
lourd, où il veut dire qu’ils avaient besoin de s’y distraire, de s’y
distraire de ce qu’ils étaient appelés à faire par moi. J’apporterai peut-
être un jour (13)là-dessus mon témoignage, non tant pour l’histoire, à
qui je me fie pour son passé, que pour ce que l’historiole, comme dit
Spinoza, a d’instructif sur la trame où elle a pu se broder. Sur les
sortes de trous à quoi cette action entre toutes qui s’appelle la
psychanalyse prédestine ceux qui la pratiquent. Jeu de l’oie, si on peut
dire, où s’appuie une sorte d’exploitation qui, d’être ordinaire à tous
les groupes en prend ici une règle particulière. Je m’aperçois, c’est
curieux, à vous en parler, que je commencerais par une évocation
d’odeur, par ce qui échappe à l’analyse, vous voyez, car bien entendu,
ça existe, les jupes de l’anafreudisme. À moins que je n’écrive de
l’homme qui avait un rat à la place de tête – car j’ai vu ça, et pas moi
tout seul, à Stockholm.
88
LACAN 1976-77. L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à
mourre
11 Janvier 1977
Qu’est-ce qui règle la contagion de certaines formules ? Je ne pense
pas que ce soit la conviction avec laquelle
on les prononce, parce qu’on ne peut pas dire que ce soit là le
support dont j’ai propagé mon enseignement.
89
LACAN 1977-78. Le moment de conclure
11 Avril 1978
Ιl y a évidemment une question d’atmosphère, comme on dit, de
coordonnées qu’on appelle culturelles.
Je veux dire qu’on reste dans les pensées, et agir par l’intermediaire
de la pensée, c’est quelque chose qui confine à la débilité mentale.
15 avril 1980
Ce qui m’embête le plus, c’est que l’accent mis sur la parole créative
va dans mon sens.
Seulement, attribuer l’insupportable de la lumière à la parole est
une gageure.
Et ça, ne va pas du tout dans mon sens.
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de ces lucioles qu’on appelle les étoiles. Les étoiles ne donnent pas
beaucoup de lumière. C’est pourtant d’elles
que les hommes se sont éclairés, ce qui leur a permis de percer le
bonheur qu’ils éprouvent de la nuit transparente.
93
Trois Lettres de Jacques Lacan (1980-81)
Reste l’école que j’ai adoptée pour mienne.
Neuve et mouvante encore, c’est ici que s’éprouvera le noyau dont
il se peut que mon enseignement subsiste.
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