Vous êtes sur la page 1sur 219

Modélisation, analyse, et simulation d’écoulements en

thermohydraulique par modèles 6 équations


Lei Zhang

To cite this version:


Lei Zhang. Modélisation, analyse, et simulation d’écoulements en thermohydraulique par modèles 6
équations. Mathématiques générales [math.GM]. Université Paris Saclay (COmUE), 2017. Français.
�NNT : 2017SACLN020�. �tel-01558981�

HAL Id: tel-01558981


https://theses.hal.science/tel-01558981
Submitted on 10 Jul 2017

HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est


archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents
entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,
lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de
teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
NNT : 2017SACLN020

Thèse de doctorat
de l’Université Paris-Saclay
préparée École normale supérieure de Cachan
(École normale supérieure Paris-Saclay)
Ecole doctorale n◦ 574
Ecole doctorale de mathématiques Hadamard
Spécialité de doctorat : Mathématiques appliquées
par
M. Lei Zhang
Modélisation, analyse, et simulation d’écoulements en thermohydraulique
par modèles 6 équations

Thèse présentée et soutenue à Cachan, le 7 juin 2017.

Composition du Jury :

M. Alain Trouvé Professeur (Président du jury)


ENS Paris-Saclay
M. Roland Masson Professeur (Rapporteur)
Université de Nice - Sophia Antipolis
M. Raphaël Loubère Directeur de recherche (Rapporteur)
Université de Bordeaux
M. Jean-Michel Rovarch Ingénieur R&D (Examinateur)
Gaztransport & Technigaz (GTT)
M. Imad Toumi Directeur de recherche (Examinateur)
ManagemGroup
Mme. Anela Kumbaro Ingénieur chercheur (Directrice de thèse)
CEA Saclay
M. Jean-Michel Ghidaglia Professeur (Directeur de thèse)
ENS Paris-Saclay
i
Remerciement

Tout d’abord, je tiens à adresser des remerciements chaleureux à mes deux directeurs de
thèse Jean-Michel Ghidaglia et Anela Kumbaro pour leur encadrement et leurs conseils qui m’ont
permis de mener ce travail. Je connais Jean-Michel depuis un cours en deuxième année à mon
école d’ingénieur en 2012, et je suis toujours impressionné par ses compétences scientifiques et
son enthousiasme pour le sujet de la simulation numérique. Je le remercie de m’avoir orienté
vers cette discipline passionnante, et de m’avoir constamment encouragé et soutenu durant cette
thèse. Mes discussion avec lui sont toujours fructueuses. J’ai effectué mon stage de fin d’études
encadré par Anela. Durant mon stage et tout au long de ma thèse, elle m’a toujours donné des
conseils très pertinents pour avancer mon travail. Je la remercie pour sa gentillesse, sa patience
et surtout son soutien scientifique.

Je remercie Roland Masson et Raphaël Loubère, rapporteurs de ce travail pour le temps qu’ils
ont consacré à la lecture de mon manuscrit. Merci également à Alain Trouvé et Jean-Michel
Rovarch pour leur participation à mon jury de thèse.

Au CMLA, je remercie l’ensemble des personnels du laboratoire, notamment Christophe


Labourdette qui m’a aidé beaucoup de fois à résoudre des problèmes informatiques, et Véronique,
Micheline, Virginie et Alina pour leur grande disponibilité ainsi que Atman pour son aide vis-à-vis
du mûr d’image. Je remercie Laurent Desvillettes de son aide à ma présentation devant la comité
scientifique de l’école pour obtenir le financement.

Je remercie aussi tous les collègues de bureau que j’ai côtoyé pendant ces trois années de
thèse : Joris, Matthieu, John, Michaël, Bruno, Alexandre, Christina, Mohammed, Thibault,
Marie, Suzanne, Vivien et ceux qui sont passés vite au LRC. Je ne peux pas citer tous leurs noms,
et je demande de m’excuser si je les oublie dans cette liste. Merci à toute l’équipe d’Eurobios, les
échanges avec qui sont toujours intéressants.

Je remercie les membres de ma famille et les amis qui m’ont accompagné pendant cette thèse.
Je remercie notamment mes parents de m’avoir toujours soutenu pendant mes études en France.
Merci à Chen Yang, Huang He, Ren Zhen et Benjamin de m’avoir aidé à préparer le pot. Merci à
Chen Liang de m’avoir monté le moral quand je rencontrais des difficulté. Merci à Chen Jiawan
d’avoir organisé de belles randonnées. Merci à Ren Zhen de son accompagnement permanent. À
mes grands parents, je dédie ce travail.

ii
Table des matières

1 Introduction 1

2 Modèle bi-fluide à 6 équations 8


2.1 Lois de conservation pour l’écoulement monophasique . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2 Équations moyennées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.3 Relations constitutives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.4 Concentration d’aire interfaciale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.5 Loi d’état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.6 Hyperbolicité du modèle bi-fluide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.7 Modèles hyperboliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

3 Méthodes numériques 31
3.1 Méthode semi-implicite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.2 Disparition de phase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
3.3 Application du schéma semi-implicite au modèle homogène équilibré . . . . . . . . 59
3.4 Méthode semi-implicite en une étape . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.5 Méthode quasi-implicite (nearly implicit scheme) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
3.6 Schémas conservatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.7 Analyse de stabilité pour le modèle d’Euler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.8 Analyse de stabilité pour le modèle bi-fluide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
3.9 Préservation asymptotique (asymptotic preserving) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102

4 Application à des cas tests benchmarks 114


4.1 Tube à choc de Sod . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
4.2 Tube à choc diphasique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
4.3 Tube à choc de Saurel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
4.4 Robinet de Ransom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
4.5 Déséquilibre cinématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
4.6 Sédimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
4.7 Manomètre oscillant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
4.8 Colonne bouillante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
4.9 Jonction en T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
4.10 ASTAR Nozzle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

5 Application à des cas tests avec données expérimentales 144


5.1 Marteau d’eau (water hammer) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
5.2 Moby Dick . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
5.3 Dépressurisation rapide (Super Canon) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
5.4 Colonne à bulles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

iii
6 Diffusion numérique et équation équivalente 161
6.1 Problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
6.2 Équation équivalente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
6.3 Équation de Burgers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
6.4 Schéma de Roe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
6.5 Corrections d’entropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
6.6 Schéma de HLLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
6.7 Résultats numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
6.8 Problème de la verrue (carbuncle en anglais) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175

7 Conclusion générale 192

A Dérivée par rapport aux variables thermodynamiques arbitraires 195

B Modèle d’Euler 197

C L’inversibilité de la matrice A pour le modèle d’Euler 199

iv
Table des figures

1.1 Un maillage structuré avec les variables décalées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3


1.2 Un maillage structuré avec les variables colocalisées. . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

2.1 Régions et équations de la formulation IAPWS-IF97 . . . . . . . . . . . . . . . . . 23


2.2 Diagramme de l’hyperbolicité du modèle bi-fluide [59] . . . . . . . . . . . . . . . . 30

3.1 Le volume de contrôle c0 et les vecteurs géométriques utilisés pour la méthode des
volumes finis : dr~ 01 représente le vecteur pointant du centre de la cellule c0 vers
celui de la cellule c1 , S~f = Af · ~nf avec Af la surface de la face commune de la
cellule c0 et la cellule c1 , ~nf vecteur unitaire perpendiculaire à la face commune et
se dirigeant vers l’extérieur de la cellule c0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.2 Illustration pour le calcul du gradient de pression dans la cellule 1 . . . . . . . . . 38
3.3 Illustration pour la reconstruction du gradient par la méthode des moindres carrés. 39
3.4 Schéma explicatif de la méthode semi-implicite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.5 Illustration pour la condition aux limites. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.6 Pression à t = 0.3 s pour le test de Ransom avec l’utilisation de l’équation (3.85). . 49
3.7 Pression à t = 0.3 s pour le test de Ransom avec l’utilisation de l’équation (3.86). . 50
3.8 Amortissement du mode en échiquier avec et sans Rhie et Chow. . . . . . . . . . . 84
3.9 Résultats numériques à t = 1 s avec CFL = 0.1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.10 Représentation graphique de g dans le plan complexe avec K =  = 0. . . . . . . . 88
3.11 Représentation graphique de g dans le plan complexe avec  6= 0. . . . . . . . . . . 88
3.12 Rayon spectral de la matrice d’amplification pour k22 c2 −→ ∞ avec θ = π6 , ε = 1. . 91
3.13 Rayon spectral de la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, c = 104
pour différents coefficients de la force de traı̂née. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.14 Rayon spectral de  la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
ċl = 104 , f∆P = u2 − ū2 1 + ε2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

96
π
3.15 Rayon spectral de
 la matrice
 d’amplification avec θ = 6,
ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
4 2 2

ċl = 10 , f∆P = u2 − ū 1+ε .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
3.16 Rayon spectral de la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
ċl = 104 en utilisant le modèle intermédiaire avec δ = 1.1. . . . . . . . . . . . . . . 98
3.17 Rayon spectral de la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
ċl = 104 en utilisant le modèle intermédiaire avec δ = 1.5. . . . . . . . . . . . . . . 99
3.18 Rayon spectral de  la matrice
 d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
ċl = 104 , f∆P = u2 − ū2 1 + ε2 . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . 100
π
3.19 Rayon spectral de la matrice d’amplification avec θ = ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
6,
4
ċl = 10 en utilisant le modèle intermédiaire avec δ = 1.5. . . . . . . . . . . . . . . 101
3.20 Profil de la pression à 2 temps différents. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
3.21 Schéma pour le test channel with bump. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
3.22 Iso-valeurs du nombre de Mach au régime permanent pour différents nombres de
Mach à l’entrée (la courbe verte pour le schéma conservatif, et la courbe bleue pour
le schéma non conservatif). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

v
3.23 La variation de pression en fonction du nombre de Mach. . . . . . . . . . . . . . . 112
3.24 Numerical results for two-phase flow in a channel with bump. . . . . . . . . . . . . 113

4.1 Comparaison des pressions à t = 0.2 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115


4.2 Comparaison des vitesses à t = 0.2 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
4.3 Comparaison des masses volumiques à t = 0.2 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
4.4 Tube à choc diphasique avec différents maillages : le taux de vide. . . . . . . . . . 118
4.5 Tube à choc diphasique avec différents maillages : la pression. . . . . . . . . . . . . 118
4.6 Tube à choc diphasique avec différents maillages : la vitesse du gaz. . . . . . . . . . 118
4.7 Tube à choc diphasique avec différents maillages : la vitesse du liquide. . . . . . . . 119
4.8 Tube à choc diphasique avec différents maillages : la température du gaz. . . . . . 119
4.9 Tube à choc diphasique avec différents maillages : la température du liquide. . . . 119
4.10 Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : le taux de vide. . . . . . . . . . . . . . . . 120
4.11 Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : la pression. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4.12 Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : la vitesse du gaz. . . . . . . . . . . . . . . 120
4.13 Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : la vitesse du liquide. . . . . . . . . . . . . . 121
4.14 Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : la température du gaz. . . . . . . . . . . . 121
4.15 Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : la température du liquide. . . . . . . . . . 121
4.16 Tube à choc de Saurel : taux de vide à t = 2.29 × 10−4 s. . . . . . . . . . . . . . . . 123
4.17 Tube à choc de Saurel : pression à t = 2.29 × 10−4 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
4.18 Tube à choc de Saurel : vitesse du mélange à t = 2.29 × 10−4 s. . . . . . . . . . . . 124
4.19 Tube à choc de Saurel : masse volumique du mélange à t = 2.29 × 10−4 s. . . . . . 124
4.20 Robinet de Ransom à t = 0, 0 < t < tconverge et t = tconverge (le temps pour
atteindre le régime permanent). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
4.21 Robinet de Ransom : le taux de vide à t = 0.6 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
4.22 Robinet de Ransom : la pression à t = 0.6 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
4.23 Robinet de Ransom : la vitesse du gaz à t = 0.6 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
4.24 Robinet de Ransom : la vitesse du liquide à t = 0.6 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
4.25 Robinet de Ransom : le taux de vide à t = 2 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
4.26 Déséquilibre cinématique : comparaison entre les résultats numériques et les
solutions analytiques pour Cd = 0.05. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
4.27 Déséquilibre cinématique : comparaison entre les résultats numériques et les
solutions analytiques pour Cd = 0.5. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
4.28 Déséquilibre cinématique : le taux de vide à t = 3 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
4.29 Illustration du cas test sédimentation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
4.30 Sédimentation : les profils de taux de vide à différents instants. . . . . . . . . . . . 132
4.31 Illustration schématique pour le cas test manomètre oscillant. . . . . . . . . . . . . 133
4.32 Manomètre oscillant : le profil des taux de vide aux différents instants. . . . . . . . 134
4.33 Manomètre oscillant : la comparaison entre la vitesse du liquide calculée à x = 10 m
avec la solution analytique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
4.34 Illustration schématique pour le cas test colonne bouillante. . . . . . . . . . . . . . 135
4.35 La fraction volumique en régime permanent pour le cas test colonne bouillante. . . 137
4.36 Colonne bouillante : le taux de vide à t = 10 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
4.37 Géométrie du cas test Jonction en T, dimension en [m]. . . . . . . . . . . . . . . . 138
4.38 Jonction en T : le taux de vide. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
4.39 Jonction en T : la pression relative (P − 1.5 × 107 Pa). . . . . . . . . . . . . . . . . 140

vi
4.40 Jonction en T : la vitesse du gaz. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
4.41 Jonction en T : la vitesse du liquide. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
4.42 Géométrie du cas test ASTAR nozzle, toutes les dimensions en [m]. . . . . . . . . . 141
4.43 ASTAR nozzle : la comparaison entre les résultats numériques et les solutions de
référence dans [86]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
4.44 ASTAR nozzle : la fraction volumique du liquide calculée avec un maillage structuré
2D. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

5.1 Illustration du problème water hammer, la figure n’est pas à l’échelle. . . . . . . . 144
5.2 Water hammer monophasique : pression à la vanne en fonction du temps. . . . . . 146
5.3 Water hammer diphasique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
5.4 Géométrie du cas test Moby-Dick, toutes les dimensions en [mm]. . . . . . . . . . . 147
5.5 Moby-Dick ∆Tsub = 2 K : comparaison entre les résultats numériques et les données
expérimentales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
5.6 Moby-Dick ∆Tsub = 2 K : la vitesse des 2 fluides. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
5.7 Moby-Dick ∆Tsub = 25 K : nombre de Mach à différentes pressions de sortie. . . . . 150
5.8 Moby-Dick ∆Tsub = 25 K : comparaison entre les solutions numériques à différentes
pressions de sortie avec les données expérimentales pour la pression. . . . . . . . . 150
5.9 Moby-Dick ∆Tsub = 25 K : taux de vide à différentes pressions de sortie. . . . . . . 150
5.10 Géométrie du cas test Super Canon, toutes les dimensions en [mm]. . . . . . . . . . 151
5.11 Super Canon : évolution temporelle de la pression aux différents points de mesure
Pi , i = 1, · · · , 6. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
5.12 Super Canon : évolution temporelle du taux de vide au point de mesure α. . . . . 154
5.13 Géométrie du cas test Super Canon en 2D, dimension en [m]. . . . . . . . . . . . . 154
5.14 Super Canon 2D : à t = 0.00174 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.15 Super Canon 2D : à t = 0.00262 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
5.16 Super Canon 2D : à t = 0.02 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
5.17 Super Canon 2D : à t = 0.04 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
5.18 Super Canon 2D : à t = 0.04 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
5.19 Colonne à bulles : comparaison de la concentration volumique d’aire interfaciale. . 159
5.20 Colonne à bulles : comparaison du taux de vide. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
5.21 Colonne à bulles : comparaison de la pression. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

6.1 Comparaison entre la solution exacte et la solution numérique obtenue du schéma


de flux pour l’équation de Burgers à t = 1 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
6.2 Résultats numériques de l’équation de Burgers avec différents choix de ε. . . . . . . 166
6.3 Une raréfaction transsonique est représentée par une discontinuité pour le schéma
de Roe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
6.4 Une raréfaction transsonique est représentée par 2 discontinuité pour la correction
d’entropie de Harten et Hyman. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
6.5 Tube à choc de Sod avec le schéma de VFFC aléatoire. . . . . . . . . . . . . . . . . 171
6.6 La solution du problème de Riemann avec le schéma HLLE. . . . . . . . . . . . . . 171
6.7 Comparaison des masses volumiques à t = 0.4 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
6.8 La masse volumique calculée avec le schéma de VFFC sans la correction d’entropie
sur différents maillages. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
6.9 Comparaison des masses volumiques à t = 1.4 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
6.10 Comparaison des masses volumiques à t = 10 s. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
6.11 Géométrie pour le problème du carbuncle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
6.12 Profil de la masse volumique pour le problème du carbuncle. . . . . . . . . . . . . 176
6.13 Iso-valeur de la masse volumique pour le problème du carbuncle. . . . . . . . . . . 177
6.14 Iso-valeurs de la masse volumique à différents nombres de pas pour un choc non
stationnaire calculé avec le schéma de VFFC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178

vii
6.15 Schéma illustratif pour la correction H. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
6.16 Iso-valeurs de la masse volumique à différents nombres de pas pour un choc non
stationnaire calculé avec le schéma de VFFC avec la correction H. . . . . . . . . . 182
6.17 Résultats numériques pour le problème du carbuncle en utilisant le schéma de
VFFC avec la correction H. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
6.18 Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe pour le schéma
de VFFC, M0 = 3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
6.19 Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe pour le schéma
de VFFC, M0 = 7. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
6.20 Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe sans le terme
|B(T )|, M0 = 7. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
6.21 Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe, M0 = 7 avec
la correction H. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
6.22 Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe pour le schéma
de HLLE, M0 = 3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
6.23 Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe pour le schéma
de HLLE, M0 = 7. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

viii
Liste des tableaux

2.1 Expressions pour les variables thermodynamiques calculées directement à partir de


l’énergie libre spécifique de Gibbs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

3.1 Détermination des variables primitives pour différents types de condition aux limites. 48
3.2 Détermination des autres variables nécessitées sur la face. . . . . . . . . . . . . . . 49
3.3 Conditions initiales pour le cas test  channel with bump  diphasique. . . . . . . 112

4.1 Conditions initiales pour le cas test tube à choc de Sod. . . . . . . . . . . . . . . . 114
4.2 Conditions initiales pour le cas test tube à choc diphasique. . . . . . . . . . . . . . 116
4.3 Caractéristiques des deux fluides pour le cas test tube à choc diphasique. . . . . . 117
4.4 Conditions initiales pour le cas test tube à choc de Saurel. . . . . . . . . . . . . . . 122
4.5 Caractéristiques des deux fluides pour le cas test de Saurel. . . . . . . . . . . . . . 122
4.6 Conditions initiales pour le cas test Robinet de Ransom. . . . . . . . . . . . . . . . 125
4.7 Conditions initiales pour le cas test déséquilibre cinématique. . . . . . . . . . . . . 127
4.8 Conditions initiales pour le cas test sédimentation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
4.9 Conditions initiales pour le cas test colonne bouillante. . . . . . . . . . . . . . . . . 135
4.10 Conditions initiales pour le cas test Jonction en T. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
4.11 Conditions initiales pour le cas test ASTAR nozzle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142

5.1 Conditions initiales pour le cas test water hammer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145


5.2 Conditions initiales pour le cas test Moby-Dick. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
5.3 Conditions initiales pour le cas test dépressurisation rapide. . . . . . . . . . . . . . 151
5.4 Conditions initiales pour le cas test colonne à bulles. . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

6.1 Données initiales pour le cas test 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173


6.2 Données initiales pour le cas test 2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
6.3 Données initiales pour le cas test 3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
6.4 Données initiales pour le problème du carbuncle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176

ix
Chapitre 1

Introduction

Les écoulements diphasiques se rencontrent dans une grande variété de situations allant de
l’industrie aux phénomènes naturels. Par exemple, dans l’industrie chimique, des colonnes à
bulles sont utilisées pour augmenter les surfaces d’échange, soit pour favoriser les échanges de
chaleur, soit pour favoriser les réactions chimiques ; dans le génie pétrolier, du gaz est injecté
dans un champs de pétrole pour augmenter le taux d’extraction du pétrole ; dans la météorologie,
les écoulement diphasiques sont présents naturellement dans les échanges océan-atmosphères et
la formation des aérosols ; etc.

Dans une centrale thermique, les écoulements diphasiques sont présents dans plusieurs
composants de la centrale : l’échangeur de chaleur, le condenseur, etc. Il est donc essentiel de
comprendre et d’anticiper le comportement des écoulements diphasiques pour la conception,
l’optimisation, le contrôle de ces équipements. De plus dans les scénarios incidentels ou accidentels,
une bonne connaissance des écoulements diphasiques est importante pour trouver une solution
adéquate en vue de traiter le problème rencontré et ainsi garantir la sûreté de ces installations.
Un scénario accidentel largement étudié est la brèche dans le circuit primaire d’une centrale
nucléaire à eau pressurisée (REP). La chaleur produite dans le cœur du réacteur par les crayons
de combustible est évacuée par de l’eau pressurisée. Une chute accidentelle de la pression du
fluide dans le cœur causée par la brèche va entraı̂ner la vaporisation d’une partie de l’eau liquide
et la formation de bulles de vapeur autour des crayons. La vapeur n’évacuant pas la chaleur avec
la même efficacité que l’eau liquide, ce scénario peut mener à la fusion des barres de combustibles.

La compréhension des écoulements diphasiques est importante pour de nombreuses industries.


Cependant beaucoup de difficultés et problématiques existent dans : la modélisation mathématique
des écoulements diphasiques, l’analyse mathématique des modèles établis et des méthodes
numériques, et aussi dans la résolution numérique de ces modèles mathématiques.

Contexte de la modélisation des écoulements diphasiques


Les écoulements liquide-gaz peuvent se présenter sous une grande variété de configurations :
gouttelettes, bulles, bouchons, aérosols, phases séparées, etc. avec des transitions possibles entre
ces différentes configurations [37]. Deux approches sont possibles pour le suivi et la modélisation
des interfaces entre le gaz et le liquide présents dans ces régimes d’écoulements. La première
approche consiste à considérer chaque région composée d’une phase pure séparément, et ensuite
de prendre en compte les conditions de saut appropriées aux interfaces.

Cependant à cause de la complexité importante des interfaces en mouvement et déformables,


la simulation numérique avec cette approche nécessite des ressources informatiques énormes qui
dépassent la capacité de calcul des machines actuelles. Par conséquent cette approche n’est pas

1
encore adaptée à la simulation dans un contexte industriel. D’autre part, souvent les problèmes
d’ingénierie n’exigent pas une modélisation aussi fine de ces interfaces, mais plutôt une bonne
représentation des aspects macroscopiques. Ceci conduit à la seconde approche, dite bi-fluide.
Dans cette approche, on suppose que les deux phases sont présentes en tout point de l’espace.
À chaque endroit du domaine, on a une vitesse, une pression, une fraction volumique et une
température associées à chaque phase. Cette approche consiste à décrire l’écoulement à une
échelle supérieure à celle des interfaces et moyenner les équations de conservation pour chaque
phase en temps [37], ou en espace [16] ou d’autres manières [19]. Les informations concernant
les interfaces étant perdues au cours des opérations de moyenne, il est important d’établir une
modélisation des échanges entre les deux phases au niveau des interfaces : échanges de masse,
de quantité de mouvement et d’énergie. La validité et la précision du modèle dépendent alors
largement de la description de ces échanges.

Dans l’approche bi-fluide, il n’existe pas de modèle unifié capable de décrire efficacement tous
les types d’écoulements car de nombreuses considérations phénoménologiques interviennent dans
l’établissement de ces modèles. On introduit ici quelques modèles [59] selon différentes hypothèses
simplificatrices dans l’ordre de complexité croissante du modèle.
Modèle homogène équilibré : il s’agit du modèle le plus simple qui considère le mélange
comme un fluide unique, les phases ayant les mêmes vitesses, pressions et températures
[15]. Le modèle est alors constitué de trois équations de conservations : conservation de
la masse, de la quantité de mouvement et de l’énergie totale du mélange. En résolvant les
équations, on peut obtenir la densité, la vitesse et la température du mélange. Les deux
fluides étant supposés à saturation, il est possible d’en déduire la composition du mélange.
Modèle Drift-flux : ce modèle à quatre équations suppose que les phases évoluent à des vitesses
différentes, reliées par une loi de fermeture algébrique postulée a priori [51][91]. On ne
suppose plus les fluides à saturation et une nouvelle équation portant sur le bilan de masse
de la vapeur permet d’obtenir la composition du mélange et de prendre en compte le
déséquilibre thermique entre les phases.
Modèle bi-fluide à 6 équations : ce modèle comporte 3 équations pour chacune des phases
et permet de déterminer la vitesse, la température et la fraction volumique pour chaque
phase en supposant une relation de fermeture entre les pressions [27][74]. Le modèle le plus
simple suppose l’équilibre des pressions : la pression du gaz est égale à celle du liquide.
Modèles multichamps : ces modèles s’obtiennent en écrivant les équations de bilan de masse,
de quantité de mouvement et d’énergie de chaque champ séparément. Ces modèles peuvent
être vus comme des extensions du modèle bi-fluide à 6 équations. Au sein d’une même phase,
les propriétés physiques sont susceptibles d’être très inhomogènes, donc il est raisonnable
de considérer que dans une phase, plusieurs champs sont présents. À titre d’exemple,
dans le code CUPID [39], il existe deux champs pour la phase liquide : liquide continu
et gouttelettes.
D’autre modèles sont objets de recherches actuels, notamment les modèles à deux pressions
[70][76]. Toute fois ces modèles n’ont pas démontré à ce jour qu’ils permettaient de résoudre
des problèmes industriels.

Contexte de la simulation numérique


Les études de sûreté, de rendement et la conception des installations industrielles exigent de se
doter de codes de calcul performants et capables de reproduire numériquement le comportement
des fluides dans diverses situations avec un coût de calcul raisonnable.

2
D’une manière générale, Il existe deux catégories de méthodes numériques pour la simulation
numérique des écoulements diphasiques. La première dite  density-based methods , où entrent
tous les schémas de type solveur de Riemann [27][92], c’est-à-dire que la masse volumique est une
inconnue principale et la pression se déduit à partir de la masse volumique phasique et d’autres
grandeurs thermodynamiques au travers des lois d’état. Cette catégorie de méthodes numériques
est utilisée généralement sur maillages non structurés avec variables colocalisées, elle est robuste
mais présente des problèmes de précision [97][29] si l’écoulement est à faible nombre de Mach, ce
qui est souvent le cas dans les écoulements diphasiques en raison de l’existence du mélange de gaz
et de liquide. La condition CFL pour ce type de méthode numérique est typiquement
∆x
∆t = , (1.1)
max |u ± c|
avec ∆t le pas de temps, ∆x le pas d’espace, u la vitesse des fluides et c la vitesse du son. Avec
l’introduction du nombre de Mach M = uc , nous avons

∆x
∆t = M , (1.2)
max |M u ± u|
donc le pas de temps est approximativement proportionnel au nombre de Mach lorsque M est
petit devant 1 et le pas de temps va subir une réduction très importante à faible nombre de Mach.

La deuxième catégorie de méthode numérique est celle des solveurs de pression


( pressure-based methods ), où la pression est une variable calculée directement en tant que
variable principale. Ceci est le cas du code CATHARE [5] au CEA, qui est un code système de
thermohydraulique très reconnu à l’échelle internationale. Ce type de schéma se comporte bien
à faible nombre de Mach, mais s’appuie sur des maillages structurés avec des variables dont le
support est décalé comme illustré sur la Figure 1.1 (la pression et la température au centre des
cellules, la vitesse aux faces des cellules), ce qui empêche en pratique le traitement des géométries
complexes.

uy uy uy

ux ux ux ux

uy uy uy

ux ux ux ux
Pj−1 Pj Pj+1
uy uy uy

ux ux ux ux

uy uy uy

Figure 1.1 – Un maillage structuré avec les variables décalées.

Cet localisation des variables a pour but d’éviter le problème du mode en échiquier (en anglais :
checkerboard problem) qui est susceptible d’être présent si les variables sont stockées au même
endroit d’un maillage, comme l’indique la Figure 1.2, avec les nombres (5, 20) représentant la

3
valeur des pressions. Pour un solveur de pression, ce champ de pression non physique peut être
vu comme uniforme donc physique. En effet, nous avons besoin d’évaluer le gradient de pression
~
∇P qui intervient dans l’équation de quantité de mouvement. Pour les solveurs de pression,
typiquement un schéma centré est employé pour déterminer ce gradient numériquement. Par
exemple, pour la composante dans la direction x du gradient de pression dans la cellule i, nous
avons
Pi+1 − Pi−1
(∇x P )i = , (1.3)
2∆x
où ∆x est le pas d’espace dans la direction x. Nous pouvons alors remarquer que pour le champ
de pression indiqué sur la Figure 1.2, cette formule (1.3) donne lieu à

(∇x P )i = 0, (1.4)

ce qui n’est pas acceptable. De ce fait la méthode avec les variables stockées à différents endroits
d’un maillage a été initialement proposée dans [31] et depuis lors est utilisée par de nombreux
auteurs [63][51].

uy uy uy

ux ux ux
20 5 20

uy uy uy

Pj−1 ux Pj ux Pj+1 ux
5 20 5

uy uy uy

ux ux ux
20 5 20

Figure 1.2 – Un maillage structuré avec les variables colocalisées.

Cependant la localisation des variables décalées a plusieurs inconvénients par rapport à la


localisation des variables colocalisées [65][25]. Tout d’abord les variables partagent les locations
différentes donc les volumes de contrôle différents, ceci complique largement l’algorithme de la
méthode numérique ainsi que son implémentation informatique. De plus pour les géométries
complexes, il est difficile pour cet arrangement de s’ajuster avec les frontières du domaine, etc.

L’objectif de ce travail est de combiner les mérites de ces deux catégories de schémas
numériques, et de développer un solveur de pression sur maillage non structuré avec variables
colocalisées. Le choix du solveur de pression nous permet de simuler les écoulements diphasiques
qui sont souvent caractérisés par une grande variété de nombre de Mach, tandis que le choix
du maillage non structuré avec variables colocalisées nous permet de traiter les géométries
complexes. De plus l’interpolation de Rhie et Chow [71] est utilisée afin d’éviter le problème du
mode en échiquier expliqué ci-dessus, qui est fréquemment présent dans les solveurs de pression
si les variables sont colocalisées.

4
Une étude de l’état de l’art sur les solveurs de pression indique qu’il existe plusieurs méthodes
numériques selon le nombre de variables déterminées implicitement [36].

Méthode explicite
La dérivée en temps est discrétisée par la méthode d’Euler alors que les autres termes sont
évalués explicitement. La condition de stabilité impose un tout petit pas de temps, car les
termes correspondant à la propagation des informations à la vitesse du son sont déterminés
explicitement (voir l’équation (1.1)). Cette méthode est intéressante pour résoudre des situations
où l’échelle du temps est de l’ordre de la vitesse du son. Cependant pour étudier les écoulements
thermohydrauliques dans les centrales thermiques, cette restriction est trop limitée.

Méthode semi-implicite
L’origine de cette méthode est la méthode Implicit Continuous Eulerian (ICE) proposée dans
[30]. Puis dans [51], l’amélioration et l’adaptation pour les écoulements thermohydrauliques dans
les centrales thermiques ont été proposées. Cette méthode semi-implicite est ensuite utilisée dans
plusieurs codes industriels (e.g., RELAP [79], CUPID [39]). Comme son nom l’indique, dans cette
méthode plusieurs termes sont évalués implicitement, permettant d’éliminer la limite de stabilité
sur le pas de temps imposée par la vitesse du son. Une bonne propriété de cette méthode est que
les équations discrétisées peuvent se réduire à un système linéaire de taille N ×N (N est le nombre
de cellules du maillage) où la pression est la seule inconnue, donc elle est très efficace en terme de
temps de calcul.

Méthode implicite
Dans cette méthode, tous les termes sont traités implicitement dans l’espoir d’obtenir une
meilleure stabilité. Le surcoût de cette méthode est qu’un système non linéaire est à résoudre à
chaque itération. Cette méthode est utilisée dans le code CATHARE [5].

Méthode quasi-implicite (nearly implicit method)


Cette méthode, décrite dans [94][79], est un compromis entre la méthode semi-implicite et
la méthode implicite. Cette méthode permet de résoudre numériquement les équations avec un
grand pas de temps. Elle est néanmoins moins coûteuse par rapport à la méthode implicite en
terme de temps de calcul. Cette méthode fait intervenir 2 étapes : dans la première, le système
est résolu comme dans la méthode semi-implicite mis à part le fait que l’équation de quantité de
mouvement est évaluée implicitement ; ensuite dans la seconde étape, les termes convectifs dans
les équations de masse et d’énergie sont déterminés implicitement pour stabiliser le système.

Méthode SETS (stability-enhancing two-step method)


Cette méthode est utilisée dans le code TRAC [87], qui permet aussi de résoudre les
écoulements diphasiques avec un grand pas de temps. Les détails sur la méthode peuvent être
trouvés dans [56].

C’est l’efficacité de la méthode semi-implicite dans la résolution des écoulements


thermohydrauliques des centrales thermiques et son application avec succès dans plusieurs
codes industriels, qui fait que nous adoptons cette méthode numérique dans nos études. De plus
elle est complétée par la méthode quasi-implicite afin d’être capable d’effectuer des simulations à
grand pas de temps.

Il est connu que le modèle bi-fluide à 6 équations avec l’égalité des pressions phasiques est
non hyperbolique, car il possède des valeurs propres complexes [55][82]. Mathématiquement

5
le modèle constitue un problème aux valeurs initiales mal posé. Il existe principalement deux
approches afin de remédier à ce défaut du modèle. La première approche consiste à ajouter des
termes régularisants pour rendre le problème bien posé. Par exemple dans [84][6], une pression
interfaciale est introduite dans le modèle pour avoir un problème bien posé. Dans la seconde
approche, c’est l’utilisation de la diffusion numérique pour amortir les instabilités non physiques
provenant de la non hyperbolicité du modèle qui stabilise la méthode numérique. En effet, le
succès de ce modèle non hyperbolique pour simuler numériquement des écoulements diphasiques
dans de nombreuses situations d’intérêt industriel, vient de la diffusion numérique qui est souvent
introduite par la méthode numérique. Ainsi, quand on regarde l’équation équivalente de la
méthode numérique, on peut remarquer qu’un nouveau modèle avec un terme visqueux est résolu
en fait par la méthode numérique. Ce nouveau modèle constituant un problème bien posé, des
résultats d’intérêt physique peuvent alors être produits. Cependant ce terme visqueux a pour
coefficient ∆x, qui est le pas d’espace du maillage. Donc si on raffine trop le maillage, cette
diffusion numérique tend vers zéro, et le problème redevient mal posé. C’est là qu’interviennent
les termes régularisants, tels que la pression interfaciale de Bestion [6]. Dans [81][82], il est indiqué
que le modèle bi-fluide peut être utilisé étant donné que l’instabilité du modèle est compensé
par l’amortissement physique introduit par la force de traı̂née et l’amortissement numérique
introduit par la diffusion numérique (le calcul s’effectue sur un maillage avec un pas d’espace ∆x
suffisamment grand).

Organisation du manuscrit
Ce travail vise à développer un schéma de pression sur maillage colocalisé qui regroupe les
mérites des deux types de solveurs présentés ci-dessus. Il se base sur la méthode numérique dans
le code CUPID [39][38] qui utilise l’interpolation de Rhie et Chow pour éviter le problème du
mode en échiquier. La version originale du schéma dans le code CUPID s’applique aux modèles
de l’écoulement diphasique à 3 champs, or pour raison de simplicité, on développe ici le modèle
bi-fluide à 6 équations, qui est le plus proche à celui de 3 champs.

Dans le Chapitre 2, une démonstration du modèle bi-fluide à 6 équations est donnée en


utilisant la distribution de Dirac. Par ailleurs les relations constitutives utilisées dans ce travail
pour fermer mathématiquement le modèle sont abordées.

Le Chapitre 3 se consacre à expliquer en détail les méthodes numériques utilisées dans


cette thèse, y compris la méthode semi-implicite et la méthode quasi-implicite. Une version
conservative du schéma numérique est également développée. Puis on aborde les techniques pour
traiter la disparition de phase. Finalement on étudie les propriétés mathématiques de la méthode
semi-implicite : la stabilité et la propriété de préservation asymptotique.

Dans le Chapitre 4, des cas tests benchmarks sont effectués afin de valider le développement
et évaluer le comportement des méthodes numériques. Les résultats numériques sont comparés
avec les solutions de référence dans la littérature ou les solutions analytiques si ces dernières
existent.

Dans le Chapitre 5, on simule des cas tests industriels pour lesquels les données expérimentales
sont disponibles.

Dans le Chapitre 6, on étudie la diffusion numérique à l’aide de la théorie de l’équation


équivalente. Comme expliqué plus haut, c’est la diffusion numérique qui fait que des résultats
numériques peuvent être obtenus à partir du modèle bi-fluide à 6 équations. Cependant pour

6
raison de simplicité, cette étude se fait dans le cadre du modèle d’Euler, et on utilise la diffusion
numérique pour traiter le problème de la verrue (carbuncle en anglais).

7
Chapitre 2

Modèle bi-fluide à 6 équations

Dans ce chapitre, nous allons donner une démonstration du modèle bi-fluide à 6 équations,
qui est utilisé principalement dans notre travail. Des hypothèses et des lois constitutives sont
également données afin de fermer mathématiquement le modèle.

2.1 Lois de conservation pour l’écoulement monophasique


Pour commencer, on se donne les lois de conservation pour l’écoulement monophasique. Ces
équations sont importantes pour deux raisons [37]. D’une part on peut les utiliser directement pour
l’écoulement séparé, par exemple pour étudier l’évolution d’une bulle dans un liquide. D’autre part
elles constituent une base pour obtenir les équations moyennées, c’est-à-dire le modèle bi-fluide à
6 équations.

Conservation de la masse

∂ρk
+ ∇ · (ρk ~uk ) = 0. (2.1)
∂t

Conservation de la quantité de mouvement

∂ρk ~uk
+ ∇ · (ρk ~uk ⊗ ~uk ) = ∇ · Tk + ρk~g . (2.2)
∂t

Conservation de l’énergie totale

u k |2
 
|~
∂ρk ek +
" !#
2 |~uk |2
+ ∇ · ρk ~uk ek + = ∇ · (Tk · ~uk ) − ∇ · ~qk + ρk~g · ~uk + rk . (2.3)
∂t 2

Ces équations sont valables pour chaque phase k ∈ {v, l}, v pour la vapeur et l pour le liquide,
où ρk , ~uk , ek sont respectivement la masse volumique, la vitesse et l’énergie interne spécifique de
la phase k, Tk est le tenseur de contraintes, ~g est la source de gravité, ~qk est le flux de chaleur et
rk la source de chaleur.

8
2.2 Équations moyennées
Les lois de conservation pour chaque phase, appelées aussi les équations locales instantanées,
sont impossibles à résoudre à cause de la complexité des interfaces entre les phases. De plus la
description détaillé des interfaces n’est pas nécessaire pour les applications industrielles. Dans
la littérature, nous pouvons trouver différentes méthodes pour moyenner les équations locales
instantanées : les moyennes temporelles [37], les moyennes spatiales et statistiques [16][28],
etc. Cependant les différentes moyennes donnent les mêmes équations, mis à part le fait que
l’interprétation des termes obtenus peut être différente. Par exemple αk est la probabilité
d’existence de la phase k pour la moyenne temporelle, elle est la fraction volumique pour la
moyenne spatiale.

Nous détaillons maintenant une méthode pour obtenir les équations moyennées basée sur la
distribution de Dirac définie dans [28] (voir aussi [85][19]). La variable γk est définie comme
indicateur de la phase k, où k = v, l pour la phase vapeur et la phase liquide respectivement :

1 où la phase k est présente,
γk = (2.4)
0 où la phase k n’est pas présente.
avec la condition suivante
X
γk = 1. (2.5)
k=v, l

Pour faire la moyenne, il est pratique de définir un système de coordonnées local (voir [28]),
ξ1 , ξ2 , ξ3 , qui a des axes parallèles à ceux du système x1 , x2 , x3 , mais dont l’origine se situe à la
position x.

On définit deux types de moyennes spatiales : le premier est sur le volume total Vξ , l’autre sur
le volume occupé par la phase k : Vξ, k . Pour une grandeur physique ψk de la phase k, la première
moyenne donne :
1
Z
ψk (x, t) = ψk (x + ξ, t) γk (x + ξ, t) dξ, (2.6)
Vξ Vξ

et la deuxième moyenne :
1
Z
ψk (x, t) = ψk (x + ξ, t) γk (x + ξ, t) dξ. (2.7)
Vξ, k Vξ, k

On définit la concentration volumique de la phase k dans le volume Vξ :


1 Vξ, k
Z
αk (x, t) = γk (x + ξ, t) dξ = , (2.8)
Vξ Vξ Vξ

où αv se dénomme classiquement  taux de vide . Alors les deux types de moyenne sont connectés
par la relation

ψk = αk ψk . (2.9)

Nous adoptons les notations suivantes pour le gradient d’une variable comme dans [28] :
~
∇x signifie le gradient par rapport aux coordonnées x avec ξ1 , ξ2 , ξ3 constantes ;
~ ξ signifie le gradient par rapport aux coordonnées ξ avec x1 , x2 , x3 constantes.

Pour une variable ψ(x + ξ, t) dépendant de x + ξ, le gradient dans le système de coordonnées x
est égal au gradient dans le système de coordonnées ξ, donc nous notons tout simplement :
~
∇ψ(x ~ x ψ(x + ξ, t) = ∇
+ ξ, t) = ∇ ~ ξ ψ(x + ξ, t). (2.10)

9
Le terme ∇γ ~ k étant important dans l’établissement des équations moyennées, nous donnons
ici sa définition au sens des distributions [19]. On considère
Z Z
~
φ(x + ξ, t) ∇γk (x + ξ, t) dξ = − ~
∇φ(x + ξ, t) γk (x + ξ, t) dξ
Vξ Vξ
Z
=− ~
∇φ(x + ξ, t) dξ, (2.11)
Vξ, k

où φ(x + ξ, t) ∈ C ∞ est une fonction test à support compact dans Vξ . Par le théorème de
Green-Ostrogradski [4], nous avons
Z Z
− ~
∇φ(x + ξ, t) dξ = − φ(x + ξ, t) ~nik dξ
Vξ, k Aξ
Z
=− φ(x + ξ, t) ~nik δx (x + ξ − ξ i , t) dξ, (2.12)

où Aξ est l’ensemble des interfaces entre les deux phases, ~nik est la normale unitaire à l’interface
dirigé de la phase k, ξ i indique les coordonnées des interfaces, et δx (x+ξ −ξ i , t) est la distribution
de Dirac qui vérifie

δx (x + ξ − ξ i , t) = 0, si ξ 6= ξ i , (2.13)
Z
δx (x + ξ − ξ i , t) dξ = Ai (x, t), (2.14)

où Ai (x, t) est l’aire interfaciale dans un volume Vξ . Compte tenu des équations (2.11) et (2.12),
nous avons la définition
~ k (x + ξ, t) = −~ni δx (x + ξ − ξ i , t),
∇γ (2.15)
k

et sa norme
~ k (x + ξ, t) = δx (x + ξ − ξ i , t).
∇γ (2.16)

L’aire interfaciale dans le volume Vξ peut se réécrire par :


Z Z
Ai (x, t) = ds = ~ k (x + ξ, t) dξ.
∇γ (2.17)
Aξ Vξ

La concentration volumique d’aire interfaciale est définie comme


Aiξ 1
Z
ai (x, t) = = ~ k (x + ξ, t) dξ.
∇γ (2.18)
Vξ V ξ Vξ

Dans ce qui suit, la moyenne du produit d’une grandeur physique ψk par le gradient de
~ k sera fréquemment rencontrée lors de la démonstration du modèle
la distribution de phase ∇γ
bi-fluide :
1
Z
i ~ k (x + ξ, t) dξ
ψk (x, t) = ψk ∇γ
V ξ Vξ
1
Z
=− ~ k (x + ξ, t) dξ.
ψk ~nik (x + ξ, t) ∇γ (2.19)
V ξ Vξ

~ k = 0 partout sauf à l’interface, et tenant compte de l’équation (2.17), nous obtenons


Comme ∇γ

1
Z
i
ψk (x, t) = − ψk ~nik (x + ξ, t) ds. (2.20)
Vξ Aξ

10
Pour un observateur suivant l’interface, la fonction de distribution de phase γk ne change pas
avec le temps, nous avons alors
dγk ∂γk ~ k = 0,
= + ~uint · ∇γ (2.21)
dt ∂t
avec ~uint la vitesse de l’interface. Comme γk est constante partout sauf à l’interface, et en prenant
~uint = 0 partout sauf à l’interface, cette dernière relation est ainsi valable pour tout le domaine.
Une autre explication pour l’équation de transport (2.21) au sens des distributions peut être
trouvée dans [19]. L’intégration de cette équation de transport (2.21) sur le volume fixé Vξ donne

1 ∂γk (x + ξ, t) 1
Z Z
dξ + ~ k (x + ξ, t) dξ = 0.
~uint (x + ξ, t) · ∇γ (2.22)
Vξ Vξ ∂t Vξ Vξ

En sortant la dérivée temporelle de l’intégrale, nous avons


" Z #
∂ 1 1
Z
γk (x + ξ, t) dξ + ~uint (x + ξ, t) · ∇γ~ k (x + ξ, t) dξ
∂t Vξ Vξ Vξ Vξ
∂αk 1
Z
= − ~uint (x + ξ, t) · ~nik (x + ξ, t) ds = 0. (2.23)
∂t V ξ Aξ

Selon la définition de la fraction volumique (2.8), le gradient de la fraction volumique devient


" Z #
~ k (x, t) = ∇
~x 1
∇α γk (x + ξ, t) dξ
Vξ Vξ
1
Z
= ~ k (x + ξ, t) dξ
∇γ
V ξ Vξ
1
Z
=− ~ni (x + ξ, t) ds, (2.24)
V ξ Aξ k

où la dernière égalité vient de l’équation (2.20) avec ψk = 1.

Nous allons appliquons les définitions ci-dessus pour aboutir au modèle bi-fluide.

2.2.1 Masse
En multipliant l’équation de masse (2.1) monophasique pour la phase k avec la fonction de
distribution correspondante γk , et en faisant l’intégration sur un volume fixé Vξ , on obtient
 
∂ρk (x + ξ, t)
Z
γk (x + ξ, t) + ∇ · (ρk (x + ξ, t)~uk (x + ξ, t)) dξ = 0. (2.25)
Vξ ∂t

L’intégration par parties donne


Z    
∂(γk ρk ) ∂γk
Z
+ ∇x · (γk ρk ~uk ) dξ − ρk ~
+ ~uk · ∇γk dξ = 0. (2.26)
Vξ ∂t Vξ ∂t

On introduit la vitesse de l’interface ~uint afin de faire apparaı̂tre l’équation de transport (2.21),
l’équation précédente devient :
 

  
∂(γk ρk ) ∂γk
Z Z
+ ∇x · (γk ρk ~uk ) dξ − ρk +

int
~u · ∇γ
 ~ k dξ
Vξ ∂t Vξ 
 ∂t
Z h i
+ ~ k dξ = 0.
ρk (~uint − ~uk ) · ∇γ (2.27)

11
On peut sortir les dérivées de l’intégrale (car la dérivée en espace est par rapport à x, alors que
l’intégration est faite par rapport à ξ) :
" Z # " Z #
∂ 1 1 1
Z h i
(γk ρk ) dξ + ∇x · (γk ρk ~uk ) dξ + ~ k dξ = 0. (2.28)
ρk (~uint − ~uk ) · ∇γ
∂t Vξ Vξ V ξ Vξ V ξ Vξ

On définit le transfert de masse entre les deux phases


1 1
Z Z h i
int i ~ k dξ,
ρk (~uint − ~uk ) · ∇γ
 
Γk = ρk (~u − ~uk ) · ~nk ds = − (2.29)
V ξ Aξ V ξ Vξ

et selon la définition des moyennes spatiales, nous avons



(αk ρk ) + ∇ · (αk ρk ~uk ) = Γk . (2.30)
∂t

2.2.2 Quantité de mouvement


En multipliant l’équation de quantité de mouvement (2.2) monophasique pour la phase k avec
la fonction de distribution correspondante, et en faisant l’intégration sur un volume fixé Vξ , on
obtient
 
∂ρk ~uk
Z
γk (x + ξ, t) + ∇ · (ρk ~uk ⊗ ~uk ) − ∇ · Tk − ρk~g dξ = 0. (2.31)
Vξ ∂t

L’intégration par parties donne


Z  
∂(γk ρk ~uk )
+ ∇x · (γk ρk ~uk ⊗ ~uk ) − ∇x · (γk Tk ) − γk ρk~g dξ
Vξ ∂t
Z  
∂γk ~ k − Tk ∇γ~ k dξ = 0,
− ρk ~uk + ρk ~uk ⊗ ~uk · ∇γ (2.32)
Vξ ∂t

où le tenseur de contraintes Tk se divise en deux termes :

Tk = −pk I + τ k , (2.33)

avec pk la pression et τ k le tenseur de contraintes visqueuses.

Avec l’introduction de la vitesse de l’interface ~uint , on obtient :


Z  
∂(γk ρk ~uk )
+ ∇x · (γk ρk ~uk ⊗ ~uk ) + ∇x · (γk pk I) − ∇x · (γk τ k ) − γk ρk~g dξ
Vξ ∂t
Z    (
∂γk (int
( Z h
(~((( ~ k
− k (((+
ρk ~u( (~u · ∇γk dξ +
( ρk ~uk ⊗ (~uint − ~uk ) · ∇γ
((V ξ ( ( ∂t Vξ
i
~ k + τ k ∇γ
− pk ∇γ ~ k dξ = 0. (2.34)

On peut sortir les dérivées de l’intégrale :


" Z # " Z # " Z #
∂ 1 1 1
(γk ρk ~uk ) dξ + ∇x · (γk ρk ~uk ⊗ ~uk ) dξ + ∇x · (γk pk I) dξ
∂t Vξ Vξ V ξ Vξ Vξ Vξ
" Z # " Z #
1 1 1
Z h
− ∇x · (γk τ k ) dξ − (γk ρk~g ) dξ + ρk ~uk ⊗ (~uint
Vξ Vξ V ξ Vξ V ξ Vξ
i
~ k − pk ∇γ
− ~uk ) · ∇γ ~ k + τ k ∇γ
~ k dξ = 0. (2.35)

12
On définit la pression moyenne aux interfaces pour la phase k [9][74]
1 ~ k dξ
R
Vξ Vξ pk ∇γ
pik = , (2.36)
1 ~ k dξ
R
Vξ Vξ ∇γ

et la fluctuation de pression au voisinage des interfaces : p0k = pk − pik . Le transfert interfacial de


quantité de mouvement se décompose en la relation :
1 ~ k dξ = 1 ~ k dξ + 1
Z   Z   Z  
~ k + τ k ∇γ
−pk ∇γ −pik ∇γ ~ k + τ k ∇γ
−p0k ∇γ ~ k dξ
V ξ Vξ Vξ Vξ Vξ Vξ
~ k−M
= −pik ∇α ~ ik , (2.37)

où

~ ik = − 1
Z  
M ~ k + τ k ∇γ
−p0k ∇γ ~ k dξ. (2.38)
Vξ Vξ

On définit une vitesse phasique aux interfaces :


1
uk ⊗ (~uint − ~uk ) · ~nik ds
R
qdm Vξ Aξ ρk ~
~uik = 1
uint − ~uk ) · ~nik ds
R
Vξ Aξ ρk (~
1 ~ k dξ
uk ⊗ (~uint − ~uk ) · ∇γ
R
Vξ Vξ ρk ~
=− . (2.39)
Γk

Compte tenu la définition des moyennes spatiales ainsi que la définition de pik , Mik et ~uqdm
ik ,
nous avons finalement

(αk ρk ~uk ) + ∇ · (αk ρk ~uk ⊗ ~uk ) + ∇ · (αk pk I) − ∇ · (αk τ k ) − αk ρk~g − Γk ~uqdm
ik
∂t
~
− pik ∇αk − Mik = 0. (2.40)

2.2.3 Énergie totale


En multipliant l’équation d’énergie totale (2.3) monophasique pour la phase k avec la fonction
de distribution correspondante, et en faisant l’intégration sur un volume fixé Vξ , on obtient
2
  
Z  ∂ρk ek + |~u2k |  
|~uk |2

γk (x + ξ, t) + ∇ · ρk ~uk ek + − ∇ · (Tk ~uk )
Vξ  ∂t 2


+ ∇ · ~qk − ρk~g · ~uk − rk dξ = 0. (2.41)

L’intégration par parties donne :


Z  ∂γk ρk ek + |~uk |2
  
|~uk |2
  
2
+ ∇x · γk ρk ~uk ek + + ∇x · (γk pk ~uk ) − ∇x · (γk τ k ~uk )
Vξ  ∂t 2

|~uk |2
Z    
 ∂γk ~ ~ k
+ ∇x · (γk ~qk ) dξ − ρk ek + + ~uk · ∇γk + pk ~uk · ∇γ
 Vξ 2 ∂t
 Z
~ k + ~qk · ∇γ
− τ k ~uk · ∇γ ~ k dξ = (γk ρk~g · ~uk + γk rk ) dξ. (2.42)

13
L’introduction de la vitesse de l’interface ~uint entraı̂ne
Z  ∂γk ρk ek + |~uk |2
  
|~uk |2
  
2
+ ∇x · γk ρk ~uk ek + + ∇x · (γk pk ~uk ) − ∇x · (γk τ k ~uk )
Vξ  ∂t 2

Z "  (
|~uk |2 (((( |~uk |2
   
 ∂γ k ((int ~
+ ∇x · (γk ~qk ) dξ − ρk ek +((((( ( (
+ ~u · ∇γk − ρk ek +
 Vξ (((( 2 ∂t 2
# Z  
int ~
(~u − ~uk ) · ∇γk dξ − ~ k − τ k ~uk · ∇γ
pk ~uk · ∇γ ~ k + ~qk · ∇γ
~ k dξ

Z
= (γk ρk~g · ~uk + γk rk ) dξ. (2.43)

En sortant les dérivées de l’intégrale, nous avons


" Z  # " Z  #
|~uk |2 |~uk |2
 
∂ 1 1
(γk ρk ) ek + dξ + ∇x · (γk ρk ~uk ) ek + dξ
∂t Vξ Vξ 2 V ξ Vξ 2
" Z # " Z # " Z #
1 1 1
+ ∇x · (γk pk ~uk ) dξ − ∇x · (γk τ k ~uk ) dξ + ∇x · (γk ~qk ) dξ
V ξ Vξ V ξ Vξ V ξ Vξ
|~uk |2
 
1 1
Z Z 
+ ρk ek + int ~
(~u − ~uk ) · ∇γk dξ − ~ k
pk ~uk · ∇γ
V ξ Vξ 2 Vξ Vξ
1
 Z
~ ~
− τ k ~uk · ∇γk + ~qk · ∇γk dξ = (γk ρk~g · ~uk + γk rk ) dξ. (2.44)
V ξ Vξ

Le terme de puissance des contraintes interfaciales Wk est décomposé de la façon suivante [9][74]
en tenant compte de l’équation (2.23)
1
Z  
Wk = − ~ k + τ k ~uk · ∇γ
−pk ~uk · ∇γ ~ k dξ
Vξ Vξ
1 1
Z h i Z  
int ~ ~ k dξ
−pik ~uint · ∇γ

=− pik ~u − ~uk · ∇γk dξ −
Vξ Vξ V ξ Vξ
1
Z
~ k dξ
−p0k I + τ k ~uk · ∇γ


Vξ Vξ
 
Γk ∂αk ~ ik · ~uM ,
= pik − +M ik (2.45)
ρik ∂t
où ~uM
ik est une vitesse phasique aux interfaces et ρik symbolise une masse volumique phasique aux
interfaces
R h i
1 int − ~ ~ k dξ

Vξ Vξ ρk ~
u uk · ∇γ
ρik = R h i . (2.46)
1
(~
u int − ~uk ) · ~
∇γ k dξ
Vξ Vξ

Le transfert interfacial d’énergie interne est lié au transfert de masse


1
Z
− ~ k dξ = Γk eik ,
ρk ek (~uint − ~uk ) · ∇γ (2.47)
V ξ Vξ
où eik est une énergie interne spécifique phasique aux interfaces. Le transfet interfacial d’énergie
cinématique est également lié au transfert de masse
ec 2
1 |~uk |2 int ~ k dξ = Γk |~uik | ,
Z
− ρk (~u − ~uk ) · ∇γ (2.48)
Vξ Vξ 2 2

14
où ~uec
ik est une vitesse phasique aux interfaces. Finalement nous avons

1 1
Z Z
~
~qk · ∇γk dξ = − ~qk · ~nik ds
V ξ Vξ Vξ Aξ
= Qik , (2.49)

avec Qik le transfert de chaleur entre les deux phases.

En tenant compte de la définition des moyennes spatiales et les définitions ci-dessus, nous
obtenons finalement,
" # " #
|~uk |2 |~uk |2
 
∂ h i h i
αk ρk ek + + ∇ · αk ρk ~uk ek + + ∇ · αk pk ~uk − ∇ · αk τ k ~uk
∂t 2 2
|~uec |2
 
h i ∂αk ~ ik · ~uM + Qik + αk ρk~g · ~uk + αk rk , (2.50)
+ ∇ · αk ~qk = Γk hik + ik − pik +M ik
2 ∂t
pik
où l’enthalpie spécifique aux interfaces est donnée par hik = eik + ρik .

Résumé
On donne ici le résumé des équations moyennées obtenues dans la section précédente en
omettant la barre sur les variables moyennées et en supposant que la moyenne d’un produit
est égale au produit des moyennes [85]. Avant de le faire, nous prenons en compte également
quelques hypothèses suivantes.

Hypothèses. Au cours des opérations de moyenne, les informations concernant les


caractéristiques des interfaces sont perdues, or ces informations sont essentielles pour établir des
relations des grandeurs physiques aux interfaces, y compris les pressions phasiques et les pressions
interfaciales. Comme conséquence de cette perte de détails, il est généralement supposé que les
pressions phasiques sont égales, ainsi les pressions interfaciales (avec v pour la vapeur et l pour le
liquide)[74] :

P = pv = pl , P int = piv = pil . (2.51)

Pour les vitesses interfaciales [74], nous supposons d’une part que les différentes vitesses
interfaciales phasiques sont égales

~uik = ~uqdm
ik = ~uec uM
ik = ~ ik , (2.52)

et d’autre part, que les vitesses interfaciales phasiques vérifient les conditions de non glissement :

~ui = ~uiv = ~uil . (2.53)

On néglige la diffusion de chaleur ~qk et le tenseur de contraintes visqueuses τ k par rapport


aux termes d’échange interfacial [85]. On néglige dans la suite pour simplifier l’écriture les sources
de chaleur rk .

Le modèle bi-fluide s’écrit alors :

Masse


(αk ρk ) + ∇ · (αk ρk ~uk ) = Γk . (2.54)
∂t

15
Quantité de mouvement

∂ ~ + (P − P int )∇α
~ k = αk ρk~g + Γk ~ui + M
~ ik .
(αk ρk ~uk ) + ∇ · (αk ρk ~uk ⊗ ~uk ) + αk ∇P (2.55)
∂t

Énergie totale

|~uk |2 |~uk |2
     
∂ P ∂αk
αk ρk ek + + ∇ · αk ρk ~uk ek + + +P
∂t 2 ρk 2 ∂t
i
|~u |2
 
= Γk hik + +M~ ik · ~ui + Qik + αk ρk~g · ~uk + (P − P int ) ∂αk .
2 ∂t
(2.56)

Cependant, dans différents code industriels, différents modèles basés sur le modèle ci-dessus
sont utilisés. Par exemple, dans les codes CUPID [39] et RELAP [3], l’énergie interne est utilisée
pour le bilan d’énergie, alors que dans le code CATHARE [5], l’enthalpie totale est utilisée pour le
bilan d’énergie. Nous donnons maintenant une démonstration du modèle à utiliser dans nos études,
dans lequel, l’enthalpie est utilisé pour le bilan d’énergie. On réécrit tout d’abord l’équation de
quantité de mouvement en tenant compte de l’équation de masse :
∂ ~ + (P − P int )∇α
~ k = αk ρk~g + Γk ~ui + M
~ ik .
αk ρ k ~uk + αk ρk ∇~uk · ~uk + ~uk Γk + αk ∇P (2.57)
∂t
Ensuite, en multipliant les deux côtés de l’équation précédente par ~uk , et après simplification nous
pouvons obtenir le bilan d’énergie cinématique :
   
∂ 1 2 1 1 ~ · ~uk + (P − P int )∇α ~ k · ~uk
αk ρk |~uk | + ∇ · αk ρk |~uk | ~uk + |~uk |2 Γk + αk ∇P
2
∂t 2 2 2
~ ik · ~uk . (2.58)
= αk ρk~g · ~uk + Γk ~ui · ~uk + M

En combinant les équations (2.56) et (2.58), nous obtenons le bilan d’énergie interne :

∂ ∂ ~ ik (~ui − ~uk )
(αk ρk ek ) + ∇ · (αk ρk ek ~uk ) = −P αk − P ∇ · (αk ~uk ) + Qik + Γk hik + M
∂t ∂t
1 ∂αk ~ k · ~uk .
+ Γk |~ui |2 + |~uk |2 − 2~uk · ~ui + (P − P int ) + (P − P int )∇α

(2.59)
2 ∂t
En supposant que les termes d’échange Qik + Γk hik sont dominants devant les autres termes
d’échange, nous avons alors le bilan d’énergie interne :
∂ ∂
(αk ρk ek ) + ∇ · (αk ρk ek ~uk ) = −P αk − P ∇ · (αk ~uk ) + Qik + Γk hik . (2.60)
∂t ∂t
Finalement, en tenant compte de la relation thermodynamique hk = ek + ρPk , nous pouvons obtenir
finalement le bilan d’énergie à utiliser dans nos études :
∂ ∂
(αk ρk hk ) + ∇ · (αk ρk ek ~uk ) = αk P − P ∇ · (αk ~uk ) + Qik + Γk hik . (2.61)
∂t ∂t
Ce choix de l’enthalpie dans la dérivée temporelle vient du fait que dans la phase initiale de notre
développement, nous avons adopté une loi d’état où la pression et l’enthalpie spécifique sont
choisies comme les variable indépendantes. Il s’agit d’une stratégie usuelle pour les écoulements

16
avec changement de phase et lois d’état tabulées ([5]).

Pour bien fermer mathématiquement le modèle bi-fluide


 ∂
 ∂t (αk ρk ) + ∇ · (αk ρk ~uk ) = Γk ,
∂ ~ + (P − P int )∇α
(αk ρk ~uk ) + ∇ · (αk ρk ~uk ⊗ ~uk ) + αk ∇P ~ k = αk ρk~g + Γk ~ui + M
~ ik , (2.62)
 ∂t
∂ ∂
∂t (αk ρk hk ) + ∇ · (αk ρk ek ~uk ) = αk ∂t P − P ∇ · (αk ~uk ) + Qik + Γk hik ,

on doit se donner les expressions pour les différents termes qui apparaissent à l’issue de l’opération
de moyenne. Ceci sera abordé dans la section suivante.

2.3 Relations constitutives


Dans un premier temps, nous pouvons supposer tout simplement que la pression interfaciale
est égale à la pression des deux phases : P int = P . Nous verrons dans la suite qu’un autre modèle
sera introduit pour que le modèle soit hyperbolique.

À propos des termes d’échange, afin de conserver la masse, la quantité de mouvement et


l’énergie à l’interface séparant les deux phases, les conditions de saut suivantes doivent être
respectées :
X
Γk = 0, (2.63)
k=v, l
~ ik + Γk ~ui = 0,
X
M (2.64)
k=v, l
X
Γk hik + Qik = 0. (2.65)
k=v, l

Selon [74], un modèle pour la vitesse interfaciale est

~ui = αv ~uv + αl ~ul , (2.66)

et pour la force de traı̂née, nous avons

M ~ il = − 3 αv αl (αv ρv + αl ρl ) Cd |~ur |~ur ,


~ iv = −M (2.67)
8 Rb
où ~ur = ~uv − ~ul , Cd est le coefficient de frottement et Rb est le rayon moyen des particules.
Par exemple, il s’agit des bulles pour un écoulement dispersé à bulles et des gouttelettes pour
un écoulement dispersé à gouttelettes. Dans le Chapitre 3, nous allons voir que la méthode
semi-implicite nécessite aussi la dérivée de la force de traı̂née par rapport à la vitesse phasique :

∂M~ iv 3 Cd ~ur ⊗ ~ur


 
= − αv αl (αv ρv + αl ρl ) + |~ur | · I , (2.68)
∂~uv 8 Rb |~ur |
∂M ~ il 3 Cd ~ur ⊗ ~ur
 
= − αv αl (αv ρv + αl ρl ) + |~ur | · I , (2.69)
∂~ul 8 Rb |~ur |
où I est la matrice d’identité.

Nous pouvons aussi considérer un frottement à la paroi pour la phase k dans la partie droite
de l’équation de quantité de mouvement [14] :

~ wk = − f αk ρk |~uk |~uk ,
M (2.70)
2Dh

17
avec f le coefficient de frottement et Dh le diamètre hydraulique. Et sa dérivée par rapport à la
vitesse phasique correspondante est

∂M~ wk f

~uk ⊗ ~uk

=− αk ρk + |~uk | · I . (2.71)
∂~uk 2Dh |~uk |

Comme dans [24], le terme de transfert interfacial d’énergie est donné par

αv αl ρk (hik − hk )
Qik = , (2.72)
τik

où τik est un temps de relaxation. Pour l’eau et sa vapeur τik = τ est de l’ordre 10−3 s.
Les enthalpies spécifiques à l’interface entre les deux phases sont les enthalpies spécifiques de
saturation :

hik = hsat
k . (2.73)

À partir des équations (2.63) et (2.65), nous obtenons l’expression suivante pour le terme du
transfert de masse :
Qiv + Qil αv αl ρv (hsat sat
v − hv ) + αv αl ρl (hl − hl )
Γv = −Γl = − =− sat . (2.74)
hiv − hil τ (hsat
v − hl )

Et le terme source dans l’équation d’énergie est

αv αl ρv (hsat sat sat sat


v − hv ) · hl + αv αl ρl (hl − hl ) · hv
Γv hiv + Qiv = − (Γl hil + Qil ) = − sat . (2.75)
τ (hsat
v − hl )

De plus, la méthode semi-implicite nécessite la dérivée des termes sources par rapport aux
variables thermodynamiques indépendantes P et hk (voir la Section 3.1.5, où ces expressions sont
détaillées).

Maintenant nous pouvons compter 14 inconnues pour le modèle bi-fluide (2.62) :

(α, ρk , ~uk , P, hk , hsat


k ), (2.76)

or nous ne disposons que de 10 équations pour ces inconnues. Étant donné que pour un fluide
usuel, deux variables thermodynamiques indépendantes sont suffisantes pour déterminer les autres
variables thermodynamiques, nous avons la loi d’état de la forme suivante pour chaque phase :

ρk = ρk (P, hk ). (2.77)

L’enthalpie spécifique de saturation est totalement déterminé par la pression

hsat sat
k = hk (P ). (2.78)

Nous avons maintenant le nombre d’inconnues égal au nombre d’équations.

2.4 Concentration d’aire interfaciale


Nous avons vu dans la Section 2.2 l’apparition des termes interfaciaux lors de l’opération
de moyenne qui a pour but d’obtenir le modèle bi-fluide à six équations. La validité du modèle
bi-fluide dépend alors de la modélisation réaliste de ces termes interfaciaux qui décrivent les
échanges de masse, de quantité de mouvement et d’énergie entre les deux phases. Or ces termes
interfaciaux peuvent être formulés comme le produit de la concentration d’aire interfaciale par un
flux correspondant qui traverse l’interface entre les deux phases [85] :

18
— le transfert de masse :
ρk (~uint − ~uk ) · ~nik ds
R  
i Aξ
Γk = a , (2.79)
Aiξ
— le transfet de quantité de mouvement
(−p0k I + τ k ) ~nik ds
R

~ ik = ai
M , (2.80)
Aiξ
— le transfet de chaleur
· ~nik ds
R
~qk
i Aξ
Qik = −a . (2.81)
Aiξ
Donc la concentration d’aire interfaciale, qui détermine l’aire de la surface de contact entre
les deux phases au sein d’un volume unitaire, est un paramètre important pour modéliser le
processus de couplage entre les deux phases. Effectivement, la prédiction de ce paramètre est
un point crucial pour l’application du modèle bi-fluide. La difficulté principale pour déterminer
la concentration d’aire interfaciale vient du fait que la géométrie de l’interface est complexe et
même à taux de vide et pression fixés, différentes configurations d’écoulement, qui se distinguent
l’une de l’autre en terme de distribution locale de phase et de concentration d’aire interfaciale,
peuvent exister.

Deux approches principales existent pour déterminer la concentration d’aire interfaciale. La


première s’agit de l’utilisation des corrélations algébriques selon le régime d’écoulement. Par
exemple pour un écoulement dispersé à bulles, nous avons
3αv
ai = , (2.82)
Rb
où Rb est le rayon moyenne des bulles. D’autres modèles existent pour l’écoulement à bouchons
et l’écoulement à film et gouttelettes [77]. La deuxième approche consiste à établir une équation
de transport pour la concentration d’aire interfaciale [37][77] :
∂ai
+ ∇ · (ai ~uaire ) = Sai , (2.83)
∂t
où ~uaire désigne la vitesse de convection de l’aire interfaciale et Sai est un terme source tenant
compte des phénomènes pouvant créer ou détruire de l’interface (coalescence-fragmentation,
nucléation-condensation, etc.) Des relations de fermeture doivent alors être fournies pour ~uaire
et Sai . Nous donnons ici le modèle de Hibiki et Ishii [33] utilisé dans nos études pour le cas des
écoulements à bulles :
∂ai
+ ∇ · (ai ~uaire ) = Scomp + Scoal + Sfrag , (2.84)
∂t
avec Scomp qui prend en compte la compressibilité des bulles, Scoal le terme de coalescence des
bulles et Sfrag le terme de fragmentation des bulles. Ces trois termes sources sont calculés par :
2ai ∂αv
 
Scomp = + ∇ · (αv ~uv ) , (2.85)
3αv ∂t
 s 
2/3
 α 2 ΓC αv ε1/3 D5 ρ3 ε2
Scoal =
v
exp −KC 6 b l  , (2.86)
ai 11/3
Db (αvmax − αv ) σ3
!
 α 2 Γ α (1 − α ) ε1/3 KB σ
v B v v
Sfrag = exp − , (2.87)
ai D
11/3
(αmax − αv )
5/3
ρl D ε2/3
b v b

19
où ΓC = 0.188, KC = 1.29, ΓB = 0.264, KB = 1.37, αvmax = 0.6, Db est le diamètre moyen des
bulles, ε est la dissipation d’énergie turbulente, σ est la tension de surface, et dans nos études
nous prenons ε = 300 J/(kg·s), σ = 72 × 10−3 N/m et ~uaire = ~ul .

2.5 Loi d’état


Nous donnons dans cette section quelques lois d’état utilisées dans nos travaux.

2.5.1 Stiffened gaz


Nous pouvons utiliser la loi d’état  stiffened gaz  pour les deux phases, qui s’écrit sous forme
suivante :

P + π0 = (γ − 1)ρe, (2.88)
π0
e = Cv T + , (2.89)
γρ
où π0 et γ sont des coefficients constants, et Cv est la capacité thermique à volume constant.

Nous cherchons à exprimer la masse volumique ρ en fonction de la pression P et de l’enthalpie


spécifique h, compte tenu du fait que
P
e=h− , (2.90)
ρ
nous aboutissons à :
γP + π0
ρ= , (2.91)
(γ − 1)h
γP + π0
h= , (2.92)
(γ − 1)ρ
 
∂ρ γ
= , (2.93)
∂P h (γ − 1)h
 
∂ρ γP + π0 1
=− . (2.94)
∂h P (γ − 1) h2

2.5.2 Gaz isentropique


On donne ici une loi d’état encore simplifiée. Nous avons pour le gaz parfait (stiffened gaz avec
π0 = 0)
P = (γ − 1)ρe = (γ − 1)Cv ρT. (2.95)
Le second principe de la thermodynamique s’écrit
 
1
de = T ds − p d , (2.96)
ρ

ceci équivaut à

(γ − 1)Cv
   
de p 1 dT p 1 dT
ds = + d = Cv + d = Cv − dρ. (2.97)
T T ρ T T ρ T ρ

La variation d’entropie entre deux états caractérisés respectivement par (T0 , ρ0 ) et (T, ρ) devient :
Z T  1−γ !
T ρ
s − s0 = ds = Cv ln . (2.98)
T0 T0 ρ0

20
En employant l’équation (2.95), nous aboutissons à :
 −γ !
p ρ
s − s0 = Cv ln . (2.99)
p0 ρ0

Nous obtenons alors l’expression pour la loi d’état isentropique (s − s0 = 0) :


P P0
γ
= γ = A. (2.100)
ρ ρ0
Nous pouvons choisir par exemple P0 = 1.013 105 Pa et ρ0 = 1.293 kg/m3 pour l’air à pression
atmosphérique.

D’après le second principe de la thermodynamique (2.96), nous obtenons :


dP d(Aργ ) γ
dh = 
T ds
+ = = Aγργ−2 dρ = A dργ−1 . (2.101)
ρ ρ γ−1
Ainsi,
Aγ γ−1
h= ρ + h0
γ−1
  γ−1
Aγ P γ
= + h0 , (2.102)
γ−1 A
avec h0 une constante.

2.5.3 Liquide incompressible


Le liquide pourrait être supposé incompressible :
ρ = ρ0 (constante). (2.103)
Dans ce cas-là, nous pouvons supposer que l’énergie interne spécifique ne varie pas (e.g., pour
l’eau e0 = 209334 J/kg), et donc :
P
h = e0 + . (2.104)
ρ0
Comme pour la loi d’état isentropique, ici l’enthalpie spécifique est aussi totalement
déterminée par la pression. Quand nous donnons les conditions initiales pour un calcul, il faut
s’assurer que cette relation entre la pression et l’enthalpie spécifique est respectée. À l’issue de
chaque itération cette relation (2.102) ou (2.104) doit être satisfaite également.

Dans ce qui suit, nous cherchons à retrouver qu’avec la loi d’état isentropique ou
incompressible, l’équation d’énergie n’est plus nécessaire pour le modèle bi-fluide. Pour ce faire,
nous négligeons les termes d’échange.

Gaz isentropique. En prenant en compte de la conservation de la masse, nous avons


 
∂ ∂  dev
(αv ρv ev ) + ∇ · (αv ρv ev ~uv ) = ev (αv ρ
v )
+∇ · (αv ρv ~uv ) + αv ρv , (2.105)
 
∂t ∂t

 dt

avec la dérivée matérielle d(·)
= ∂ ~
+ ~uv · ∇(·).
dt ∂t (·) Compte tenue du second principe de la
thermodynamique (2.96) avec ds = 0, nous obtenons
∂ P dρv
(αv ρv ev ) + ∇ · (αv ρv ev ~uv ) = αv ρv 2
∂t ρ dt
 v 
P d(αv ρv
) dαv
= − ρv . (2.106)
ρv  dt dt


21
D’autre part le bilan d’énergie cinématique (2.58) donne
   
∂ 1 2 1 2 ~ + αv ρv~g · ~uv ,
αv ρv |~uv | + ∇ · αv ρv |~uv | ~uv = −αv ~uv · ∇P (2.107)
∂t 2 2

La somme des deux équations (2.106) et (2.107) entraı̂ne

∂ ∂
(αv ρv Ev ) + ∇ · (αv ρv Ev ~uv ) = αv ρv~g · ~uv − P αv − ∇ · (αv ~uv P ). (2.108)
∂t ∂t
Nous retrouvons alors la conservation de l’énergie totale (voir l’équation (2.56)) à partir de
l’hypothèse du gaz isentropique et la conservation de la quantité de mouvement et de la masse.

Liquide incompressible. À partir de l’équation (2.58) en négligeant tous les termes sources
et les termes interfaciaux, nous avons :
   
∂ 1 2 1 2 ~ = αl ρl~g · ~ul ,
αl ρ0 |~ul | + ∇ · αl ρ0 |~ul | ~ul + αl ~ul · ∇P (2.109)
∂t 2 2
ou encore
   
∂ 1 2 1 2
αl ρ0 |~ul | + ∇ · αl ρ0 |~ul | ~ul + ∇ · (αl ~ul P ) − P ∇ · (αl ~ul ) = αl ρl~g · ~ul . (2.110)
∂t 2 2

Compte tenu de l’équation de masse (2.54), nous obtenons :


   
∂ 1 2 1 2 ∂
αl ρ0 |~ul | + ∇ · αl ρ0 |~ul | ~ul + ∇ · (αl ~ul P ) + P (αl ) = αl ρl~g · ~ul . (2.111)
∂t 2 2 ∂t

En comparant avec l’équation d’énergie totale (2.56), nous trouvons :

del
= 0. (2.112)
dt
Cette relation est satisfaite avec notre choix (el = e0 (constante)).

2.5.4 Loi d’état tabulée


Les lois d’état listées ci-dessus sont des simplifications du comportement thermodynamique
des fluides. En effet, afin d’étudier précisément le comportement dynamique des écoulements
diphasiques, une loi d’état tabulée basée sur les données expérimentales (tabulated EOS en
anglais) est requise. Ainsi une table d’eau nommée QUICKSTEAM [48] basée sur la formulation
industrielle IAPWS 1997 [96] a été développée au CMLA (Centre de Mathématiques et de Leurs
Applications), ENS Paris-Saclay.

La formulation industrielle IAPWS 1997 (IAPWS-IF97) consiste en un ensemble d’équations


pour différentes régions qui couvrent l’intervalle de validité suivante :

273.15 K ≤ T ≤ 1073.15 K, p ≤ 100 MPa,


1073.15 K ≤ T ≤ 2273.15 K, p ≤ 50 MPa. (2.113)

La Figure 2.1 montre les 5 régions en lesquelles est divisé l’intervalle de validité (2.113). Dans
nos applications actuelles, on s’intéresse aux régions 1 (pour le liquide), 2 (pour le gaz) et 4 (la
ligne de saturation).

22
Figure 2.1 – Régions et équations de la formulation IAPWS-IF97

Dans la formulation IAPWS-IF97, les variables indépendantes sont la pression et la


température, différentes des variables indépendantes utilisées dans nos études : la pression et
l’enthalpie spécifique. Par exemple, dans les régions 1 et 2 qui nous intéressent, l’énergie libre
spécifique de Gibbs est donnée en fonction de la pression et la température : g(P, T ), sous forme
d’un polynôme qui interpole les données expérimentales. Pour pouvoir utiliser la formulation
IAPWS-IF97, nous devons tout d’abord obtenir la température à partir de la pression et de
l’enthalpie spécifique. Ensuite avec la pression et la température, nous pouvons calculer les autres
variables thermodynamiques dont nous avons besoin. Comme montré dans le Tableau 2.1, nous
avons des expressions [96] pour calculer les variables thermodynamiques nécessaires dans nos
études à partir de l’énergie libre spécifique de Gibbs.

Table 2.1 – Expressions pour les variables thermodynamiques calculées directement à partir de
l’énergie libre spécifique de Gibbs.
Variables Expressions
 
∂g
Volume spécifique v v = ∂P (P, T )
 T
∂g
Enthalpie spécifique h h = g − T ∂T (P, T )
P
∂h

Capacité thermique à pression constante CP CP = ∂T P
(P, T ) 
2g
λv = v ∂T P (P, T ) = v1 ∂T∂ ∂P
1 ∂v

Dilatation thermique isobare λv (P, T )
 2 
κT = − v1 ∂P
∂v
(P, T ) = − v1 ∂∂2 Pg

Compressibilité isotherme κT T
(P, T )
T

Dans la formulation IAPWS-97, les formules calculant la température à partir de la pression


et de l’enthalpie spécifique existent pour les régions 1 et 2. Cependant ces formules ne sont pas
valides pour
 les zone métastables [96]. Nous proposons d’utiliser la formule plus fondamentale
∂g
h = g − T ∂T (P, T ) avec la méthode Newton-Raphson pour calculer la température. Étant
P
données la pression P 0 et l’enthalpie spécifique h0 , et connaissant la température de la k-ième
itération dans la méthode de Newton, nous pouvons obtenir la température pour la (k+1)-ième

23
itération par la formule suivante :
h(P 0 , T k ) − h0
T k+1 = T k − ∂h
 . (2.114)
∂T P (P, T )

On peut arrêter cette itération lorsque la température converge avec la précision prédéfinie.

Dans la méthode semi-implicite (voir la Section 3.1.5) nous avons besoin de linéariser la masse
volumique par rapport à la pression et à l’enthalpie spécifique. Or seules les dérivées des variables
thermodynamiques par rapport à la pression et à la température sont directement disponibles dans
∂X

la formulation IAPWS-IF97. Nous allons utiliser la formule suivante pour calculer ∂Y Z (Y, Z),
avec X, Y et Z variables thermodynamiques arbitraires (voir l’annexe A pour plus de détails) :
∂X ∂Z ∂X ∂Z
   
∂T P (P, T ) · ∂P T (P, T ) − ∂P T (P, T ) · ∂T P (P, T )
 
∂X
(Y, Z) = ∂Y  ∂Z ∂Y ∂Z
. (2.115)
∂Y Z
  
∂T P (P, T ) · ∂P T (P, T ) − ∂P T (P, T ) · ∂T P (P, T )
Donc avec X = ρ, Y = h and Z = P , nous pouvons calculer :
   
∂ρ ∂P
 ∂ρ ∂P
 
 
∂ρ ∂T (P, T ) · ∂P T
(P, T ) − ∂P (P, T ) ∂T P
(P, T )
P T  

(P, h) =
∂h P ∂h
 ∂P
 ∂h
 ∂P
 
∂T P (P, T ) · ∂P T (P, T ) − ∂P T (P, T ) · ∂T (P, T )

 P
 
∂ρ 1
= (P, T ) ·
∂T P CP
λv
=− . (2.116)
v · CP
Avec X = ρ, Y = P and Z = h, nous avons :
   
∂ρ ∂h
 ∂ρ ∂h


∂ρ

∂T P (P, T ) · ∂P T (P, T ) − ∂P T (P, T ) · ∂T P (P, T )
(P, h) =
∂P h ∂P
  ∂h  ∂P
 ∂h

∂T
 P
(P, T ) · ∂P T (P, T ) − ∂P T
(P, T ) · ∂T P
(P, T )
      
∂ρ ∂h ∂ρ 1
=− (P, T ) · (P, T ) − (P, T ) · CP ·
∂T P ∂P T ∂P T CP
   
λv ∂h κT 1
= · (P, T ) + · CP · , (2.117)
v ∂P T v CP
et
 h   i
∂g

∂h
  ∂ g − T ∂T (P, T ) 
P
(P, T ) = (P, T )
∂P T  ∂P 
 T
∂2g
  
=v− T · (P, T )
∂P ∂T
= v − T · λv · v. (2.118)
Donc nous obtenons finalement
λv (1 − T · λv ) κT
 
∂ρ
(P, h) = + . (2.119)
∂P h CP v

2.6 Hyperbolicité du modèle bi-fluide


On étudie dans cette section l’hyperbolicité du modèle bi-fluide (2.62). Il est bien connu qu’un
modèle mathématique du premier ordre, c’est-à-dire de la forme
∂wi ∂wj
+ Alij = Fi (w), (2.120)
∂t ∂xl

24
doit être hyperbolique pour que son problème aux valeurs initiales soit bien posé.

Il est convéniant d’étudier l’hyperbolicité du modèle bi-fluide avec les variables mixtes suivantes
[59]
w = (αv ρv , αl ρl , ~uv , ~ul , sv , sl ), (2.121)
avec sk l’entropie pour la phase k. Les lois d’état sont
ρk = ρk (P, sk ), (2.122)
et la vitesse du son phasique est définie par
s 
∂P
ck = . (2.123)
∂ρk sk

Nous donnons ici la définition de la vitesse du son diphasique [93]

αv ρ −2 αl ρ −2 −1/2
 
cm = c + c , (2.124)
ρv v ρl l
où ρ est la masse volumique du mélange ρ = αv ρv + αl ρl . Le modèle bi-fluide (2.62) se réécrit avec
les variables mixtes w dans la dérivée temporelle

(αk ρk ) + ∇ · (αk ρk ~uk ) = 0, (2.125)
∂t
∂ ~ + DP ∇α ~ k = 0,
αk ρk (~uk ) + αk ρk ∇~uk · ~uk + αk ∇P (2.126)
∂t
∂ ~ k ) = 0,
(sk ) + ~uk · ∇(s (2.127)
∂t
où DP = P − P int , qui est le défaut de pression interfaciale. Et les termes sources et les
termes d’échange entre phases qui n’influencent pas le type du système (hyperbolique ou non
hyperbolique) sont négligés. Sous forme matricielle, nous avons
3 3 3
∂w X ∂w X l ∂w X l ∂w
Dw + Dw Alconv + AP + ADP = 0, (2.128)
∂t ∂xl ∂xl ∂xl
l=1 l=1 l=1

où le flux physique se décompose en trois parties : la partie convective, la partie concernant la
contribution de la pression et la partie liée à la pression interfaciale, et
1 0 0 0 0 0
 
 0 1 0 0 0 0 
 
 0 0 αv ρv I3 0 0 0 
Dw =  0 0
, (2.129)
 0 αl ρl I3 0 0 
 0 0 0 0 1 0 
0 0 0 0 0 1

où I3 est la matrice identité de dimension 3 × 3. Pour tout vecteur unitaire ~n ∈ R3 , la matrice
3
nl Alconv s’écrit
P
An, conv =
l=1

uvn 0 αv ρv ~nT 0 0 0
 

 0 uln 0 αl ρl~nT 0 0 

 0 0 uvn I3 0 0 0 
An, conv = , (2.130)

 0 0 0 uln I3 0 0 

 0 0 0 0 uvn 0 
0 0 0 0 0 uln

25
3 3
nl AlP et An, DP = nl AlDP , on définit
P P
où uvn = ~uv · ~n et uln = ~ul · ~n. Pour calculer An, P =
l=1 l=1

c2v c2l
 
∂ρk
bk = , γ2 = . (2.131)
∂sk P αv ρl c2l + αl ρv c2v

À partir de
αv
d(αv ρv ) = ρv dαv + dP + αv bv dsv , (2.132)
c2v
αl
d(αl ρl ) = ρl dαl + 2 dP + αl bl dsl , (2.133)
cl

sous forme matricielle


αv
!
ρv
  
c2v dαv d(αv ρv ) − αv bv dsv
αl = , (2.134)
−ρl c2l dP d(αl ρl ) − αl bl dsl

nous obtenons
 
2 αl αl αv αv
dαv = γ d(αv ρv ) − 2 αv bv dsv − 2 d(αl ρl ) + 2 αl bl dsl , (2.135)
c2l cl cv cv
dP = γ 2 [ρl d(αv ρv ) − ρl αv bv dsv + ρv d(αl ρl ) − ρv αl bl dsl ] . (2.136)

En tenant compte des équations (2.135) et (2.136), nous obtenons

0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 
0 −αv2 ρl bv ~n −αv αl ρv bl~n
 
2
 αv ρl~n αv ρv ~n 0 0 0 0 0 
An, P =γ  , (2.137)
 αl ρl~n αl ρv ~n 0 0 0 0 0 0 −αv αl ρl bv ~n −αl2 ρv bl~n 

 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

et
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 
αl
− αc2v ~n 0 0 0 0 0 0 − αc2l αv bv ~n αv
 

c2
~n α b ~n
c2 l l

An, DP = γ 2 DP  lαl v l v
. (2.138)
 
αv αl αv
 − c2 ~n c2v
~n 0 0 0 0 0 0 α b ~n
c2l v v
− c2 αl bl~n 
 l v 
 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0

Nous cherchons à déterminer les valeurs propres de la matrice An = An, conv +


D−1
w (An, P + An, DP ) :

uvn 0 αv ρv ~nT 0 0 0
 

 0 uln 0 αl ρl~nT 0 
0
 K11~n K12~n uvn I3 0 K13~n K14~n 
An =  , (2.139)

 K21~n K22~n 0 uln I3 K23~n K24~n 

 0 0 0 0 uvn 0 
0 0 0 0 0 uln

26
où
γ2
 
αl
K11 = αv ρ l + 2 DP , (2.140)
αv ρv cl
2
 
γ αv
K12 = αv ρ v − 2 DP , (2.141)
αv ρv cv
2
 
γ αl
K13 = −αv2 ρl bv − 2 αv bv DP , (2.142)
αv ρv cl
γ2
 
αv
K14 = −αv αl ρv bl + 2 αl bl DP , (2.143)
αv ρv c
2
 v
γ αl
K21 = αl ρl − 2 DP , (2.144)
αl ρl cl
2
 
γ αv
K22 = αl ρv + 2 DP , (2.145)
αl ρl cv
2
 
γ αl
K23 = −αv αl ρl bv + 2 αv bv DP , (2.146)
αl ρl cl
2
 
γ 2 αv
K24 = −αl ρv bl − 2 αl bl DP . (2.147)
αl ρl cv

Les équations physiques sont invariantes vis-à-vis du changement de repère des systèmes (i.e.
elles ne dépendent pas du repère orthonormal dans lequel ils sont écrits), et ceci conduit au fait
que [74] la matrice An est semblable à la matrice A1 (Rw w), avec la définition de A1 consistant à
remplacer ~n par (1, 0, 0)T dans l’expression de An . L’opérateur Rw s’écrit

1
 

 1 

w
 R 
R = , (2.148)

 R 

 1 
1

où R est la matrice de rotation du repère local orthonormé (~n, ~τ1 , ~τ2 ) vers le repère global (~e1 ,
~e2 , ~e3 ) :
 T 
~n
R =  ~τ1T  . (2.149)
T
~τ2

Donc il suffit d’évaluer les valeurs propres de la matrice A1 (Rw w) afin d’étudier l’hyperbolicité
du système bi-fluide. Nous avons

uvn 0 αv ρv 0 0 0 0 0 0 0
 

 0 uln 0 0 0 αl ρl 0 0 0 0 


 K11 K12 uvn 0 0 0 0 0 K13 K14 


 0 0 0 uvn 0 0 0 0 0 0 

w
 0 0 0 0 uvn 0 0 0 0 0 
A1 (R w) =  . (2.150)

 K21 K22 0 0 0 uln 0 0 K23 K24 


 0 0 0 0 0 0 uln 0 0 0 


 0 0 0 0 0 0 0 uln 0 0 

 0 0 0 0 0 0 0 0 uvn 0 
0 0 0 0 0 0 0 0 0 uln

27
Clairement, six valeurs propres de la matrice A1 (Rw w) sont :

uvn , uvn , uvn , uln , uln , uln , (2.151)

et les autres sont celles de la matrice


 
uvn 0 αv ρv 0
 0 uln 0 αl ρl 
Ã1 = 
 K11 K12 uvn
. (2.152)
0 
K21 K22 0 uln

Les valeurs propres de la matrice Ã1 sont les racines du polynôme PÃ1 = det(Ã1 − λI) = 0, où

PÃ1 = (λ − uvn )2 (λ − uln )2 − γ 2 K1 (λ − uvn )2 − γ 2 K2 (λ − uln )2 + γ 4 K3 , (2.153)

où
αv
K1 = αl ρv + DP , (2.154)
c2v
αl
K2 = αv ρl + 2 DP , (2.155)
cl
 
αv ρl αl ρv
K3 = + 2 DP . (2.156)
c2v cl
Lorsqu’il n’y a pas de défaut de pression interfaciale (DP = 0), c’est-à-dire que K3 = 0, il est
montré dans [23] (voir aussi [70]) que le polynôme PÃ1 possède 4 racines réelles si et seulement si
l’une des deux conditions suivantes est satisfaite :
1) uvn = uln ou αv ρl = 0 ou αl ρv = 0,
1/3 3
 
1/3
2) (uvn − uln )2 ≥ γ 2 K1 + K2 .
La première condition correspond aux cas spécifiques : une phase est évanescente ou la vitesse
relative est nulle (urn = uvn − uln = 0). La seconde condition, équivalente à
c2v c2l h i3
(uvn − uln )2 ≥ (ρ v α l )1/3
+ (ρl α v ) 1/3
, (2.157)
ρl αv c2l + ρv αl c2v
signifie que une vitesse relative petite mais non nulle entre les deux phases entraı̂ne
des valeur propres non réelles de la matrice Ã1 . De plus la limite d’hyperbolicité
c2v c2l 3
(ρv αl )1/3 + (ρl αv )1/3 est de l’ordre de la vitesse du son du mélange, qui est

ρl αv c2l +ρv αl c2v
beaucoup plus grande que la vitesse relative entre les deux phases dans les applications pratiques.
Donc le modèle bi-fluide sans défaut de pression interfaciale est en général non hyperbolique.

2.7 Modèles hyperboliques


Étant donné que le modèle bi-fluide de base (2.62) avec P int = P est non hyperbolique,
plusieurs auteurs ont proposé d’introduire des termes dans le système pour que le modèle
devienne hyperbolique. Par exemple, dans [18] un terme de masse virtuelle est introduit ; dans
[84][6] un modèle de la pression interfaciale est ajouté, etc.

Dans nos travaux, on ne considère que des modèles de la pression interfaciale. Dans [59],
l’auteur a étudié en détail les racines du polynôme (2.153) avec le rôle du défaut de pression
interfaciale DP . Nous donnons ici quelques idées et aussi des résultats issus de cette étude. Avec
uvn +uln
λ−
le changement de variable X = γ
2
, il est équivalent à étudier les caractéristiques des
racines du polynôme P (X) :

P (X) = (X − φ)2 (X + φ)2 − K1 (X − φ)2 − K2 (X + φ)2 + K3 , (2.158)

28
pour étudier celles du polynôme PÃ1 , où
αv
K1 = αl ρv + DP , (2.159)
c2v
αl
K2 = αv ρl + 2 DP , (2.160)
cl
 
αv ρl αl ρv
K3 = + 2 DP , (2.161)
c2v cl
uvn − uln urn
φ= = . (2.162)
2γ 2γ
En introduisant

x = (X + φ)2 , y = (X − φ)2 , (2.163)

le polynôme P (X) devient

(x − K1 )(y − K2 ) = K, (2.164)

où

K = K1 K2 − K3
αv αl
= 2 2 DP − ρv c2v DP − ρl c2l .
 
(2.165)
cv cl

De plus x et y satisfont

8φ2 (x + y) = (x − y)2 + 16φ4 , x ≥ 0, y ≥ 0. (2.166)

Le nombre de racines réelles du polynôme P (X) est ainsi le nombre de points d’intersection entre
l’hyperbole (2.164) et la parabole (2.166) sur le plan (x, y) sous conditions que x ≥ 0 et y ≥ 0. En
supposant que K1 et K2 sont fixés, nous pouvons déterminer le nombre de points d’intersection
entre l’hyperbole et la parabole en fonction des deux paramètres φ2 et K. Compte tenu de la
relation (2.165) et de la définition (2.162), nous pouvons en déduire, sur le plan (u2rn , DP ), les zones
où le polynôme P (X) possède 4 racines réelles, 2 racines réelles et 0 racines réelles respectivement
[59]. Comme montré sur la Figure 2.2, pour la vitesse relative petite les différentes zones sont
délimitées par les courbes rouges. Ces courbes sont tracées avec les paramètres suivants [59] :

αv = 0.7, ρv = 1, ρl = 1000, cv = 340, cl = 1500. (2.167)

Nous avons la tangente de la courbe OB1 :


αv αl ρv ρl 2
DP = u . (2.168)
αv ρl + αl ρv rn

29
Dp
Bestion
El Amine 2 real
roots
Intermediary

ρv c v AM
B
2 1
1

4 real roots
2 real roots

cv
2
ur
2

Figure 2.2 – Diagramme de l’hyperbolicité du modèle bi-fluide [59]

Cependant la courbe OB1 est en général convexe [59], donc la tangente est dans la zone non
hyperbolique pour la vitesse relative petite. Nous pouvons augmenter la pente de la tangente avec
un paramètre δ pour qu’elle soit dans la zone hyperbolique pour la vitesse relative petite, et le
défaut de pression interfaciale s’écrit
αv αl ρv ρl
P − P int = δ |~uv − ~ul |2 , (2.169)
αv ρl + αl ρv
qui est effectivement le modèle du défaut de pression interfaciale utilisé dans le code CATHARE
[6], où l’hyperbolicité du système bi-fluide (2.62) est assurée lorsque le paramètre δ > 1 et
|~
uv −~u l |2
c2
 1 [47], où c est la vitesse du son moyenne dans le mélange de gaz et liquide.

Nous pouvons construire des courbes qui restent toujours dans la zone hyperbolique (avec
quatre racines réelles du polynôme P (X)). Les coordonnées des points A1 et B1 (voir la Figure
 √ 2 2
 √ 2
2.2) sont respectivement cv − γ ρv , ρv cv et cv + γ ρv , ρv c2v . Un autre modèle du
défaut de pression interfaciale consiste à donc relier le point O et M (c2v , ρv c2v ),

DP = ρv u2rn , (2.170)

en espérant que le point M se trouve entre les deux points A1 et B1 . Effectivement, il est démontré
dans [23] que le modèle bi-fluide avec le défaut de pression interfaciale (2.170) est hyperbolique si

|urn | ≤ cv . (2.171)

Dans nos travaux, nous adoptons le modèle intermédiaire [59] qui est une combinaison du
modèle de Bestion (2.169) [6] et du modèle de El Amine (2.170) [23] :
 
int αv αl ρv ρl 2 1 αv αl ρv ρl
P −P =δ |~uv − ~ul | + 2 ρv − δ |~uv − ~ul |4 , (2.172)
αv ρl + αl ρv cv αv ρl + αl ρv

où le paramètre δ = 1.1. Ce modèle est proche du modèle de Bestion pour la vitesse relative
petite, et proche du modèle d’El Amine pour la vitesse relative grande.

30
Chapitre 3

Méthodes numériques

Introduction générale aux solveurs de pression


Nous présentons tout d’abord des idées générales des solveurs de pression aussi appelées
méthodes de prédiction-correction dans le cadre simple d’un fluide incompressible. Les solveurs
de pression ont en effet été conçus à l’origine pour simuler les écoulement de fluides
incompressibles avant d’être étendus aux fluides compressible, puis diphasiques. Les équation
d’Euler incompressible à résoudre sont les suivantes (dans ce cas ρ = ρ0 est une constante)

∇ · ~u = 0, (3.1)
~ = f~.
ρ0 ∂t ~u + ρ0 ∇ · (~u ⊗ ~u) + ∇p (3.2)

Un solveur de pression appliqué au système (3.1-3.2) correspond aux deux étapes suivantes
(voir par exemple [10]) :
— une étape de prédiction de la vitesse
~u∗ − ~un ~ n = f~,
ρ0 + ρ0 ∇ · (~un ⊗ ~un ) + ∇p (3.3)
∆t
qui débouche sur une vitesse de prédiction ne vérifiant pas (3.1),
— une étape de correction de la vitesse

~un+1 − ~u∗ ~ n+1


ρ0 + ∇(p − pn ) = 0. (3.4)
∆t
La vitesse de correction ~un+1 vérifie (3.1) si et seulement si pn+1 vérifie
ρ0
∆(pn+1 − pn ) = ∇ · ~u∗ . (3.5)
∆t
Il s’agit d’un schéma de splitting puisque la somme de (3.3) et (3.4) redonne bien (3.2).

Grâce à leur bon comportement dans le cadre incompressible, ces schémas peuvent être étendus
aux fluides faiblement compressibles (nombre de Mach proche de 0) tout en gardant leurs bonnes
propriétés de robustesse et de précision.

Introduction générale à la méthode des volumes finis


Nous introduisons ici la méthode des volumes finis sur un maillage 2D, comme l’indique la
Figure 3.1 pour la loi de conservation suivante (voir [50] pour plus de détails) :

∂q(x, t)
+ ∇ · [f (q(x, t))] = 0. (3.6)
∂t

31
~f
S
f = c0 ∩ c1

c1
c2 ~ 01
dr
c0

c3

Figure 3.1 – Le volume de contrôle c0 et les vecteurs géométriques utilisés pour la méthode des
volumes finis : dr~ 01 représente le vecteur pointant du centre de la cellule c0 vers celui de la cellule
~
c1 , Sf = Af · ~nf avec Af la surface de la face commune de la cellule c0 et la cellule c1 , ~nf vecteur
unitaire perpendiculaire à la face commune et se dirigeant vers l’extérieur de la cellule c0 .

La valeur Qn0 approchant la moyenne de q sur la cellule c0 à l’instant tn est :

1
Z
Qn0 ≈ q(x, tn ) dx, (3.7)
Vc0 Ω

où Vc0 est le volume de la cellule c0 . La forme intégrale de l’équation de conservation (3.6) avec
l’utilisation du théorème de Green donne :
d
Z Z
q(x, t) dx + f (q(x, t)) · nf dA = 0, (3.8)
dt Ω0 ∂Ω0

avec nf la normale unitaire sortante de la surface de la cellule c0 . Nous allons noter N (c0 )
l’ensemble des voisins de la cellule c0 , donc
Z X
f (q(x, t)) · nf dA = F (L, t), (3.9)
∂Ω0 L∈N (c0 )
R
où F (L, t) = L∩c0 f (q(x, t)) · nf dA.

En intégrant l’équation (3.8) en temps de l’instant tn à l’instant tn+1 , on obtient :


Z Z Z tn+1 X
q(x, tn+1 ) dx − q(x, tn ) dx + F (L, t) dt = 0. (3.10)
Ω0 Ω0 tn L∈N (c0 )

La division de l’équation précédente par Vc0 donne


Z tn+1
1 1 1
Z Z X
q(x, tn+1 ) dx − q(x, tn ) dx + F (L, t) dt = 0, (3.11)
Vc0 Ω0 Vc0 Ω0 Vc0 tn
L∈N (c0 )

soit
∆t X
Qn+1
0 = Qn0 − F m (L, t), (3.12)
V c0
L∈N (c0 )

1
R tn+1
où ∆t = tn+1 − tn et F m (L, t) ≈ ∆t tn F (L, t) dt, qui est l’approximation du flux traversant
la frontière entre la cellule L et la cellule c0 . On utilise la notation F m pour indiquer que le flux
numérique peut dépendre de l’instant tn , ou de l’instant tn+1 , ou des deux instants.

32
Une fois qu’on dispose de la formule pour déterminer F m (L, t), on peut obtenir Qn+1 0 grâce à
l’équation précédente. Donc, l’enjeu de la méthode des volumes finis consiste à la détermination
du flux F m (L, t). Le choix de F m (L, t) qui ne dépend que des quantités à l’instant tn conduit
à une méthode explicite, celui qui ne dépend que des quantités à l’instant n + 1 conduit à une
méthode implicite et celui qui dépend des deux instants correspond à une méthode semi-implicite.

Nous allons dans ce travail appliquer le schéma semi-implicite ICE (Implicit Continuous-fluid
Eulerian) sur un maillage non-structuré, comme l’indique la Figure 3.1. Sachant que la méthode
pour une grille décalée n’a pas été adoptée avec succès jusqu’à maintenant pour un maillage
non-structuré, nous allons adopter un schéma colocalisé, c’est-à-dire que toutes les variables, sauf
le flux volumique phasique définit sur la face de la cellule, sont stockées au centre de la cellule. À
cette fin, on démarre notre travail en s’inspirant du travail réalisé dans le code CUPID [39][40][38].

Les variables indépendantes pour les quatre équations scalaires étant P , αv , hl et hv , nous
allons considérer les vitesses des 2 phases comme variables indépendantes pour les équations de
quantité de mouvement.

Afin de calculer les flux de convection dans nos différentes équations, on a besoin d’obtenir la
vitesse phasique évaluée sur la face. Dans les Sections 3.1.1.1 et 3.1.2.1, on explique d’abord le
calcul de la vitesse phasique au centre de la maille, et à partir des valeurs aux centre des mailles,
on introduit l’algorithme utilisé pour calculer les vitesses sur les faces dans les Sections 3.1.1.2 et
3.1.2.2. Afin de compléter le calcul des flux, nous avons besoin de calculer les autres grandeurs aux
faces des cellules. Ce calcul est présenté dans les Sections 3.1.4 et 3.1.3. Une fois les flux définis,
on peut résoudre toutes les équations scalaires selon la méthodologie présentée aux Sections 3.1.6
et 3.1.7.

3.1 Méthode semi-implicite


Dans la méthode semi-implicite, la vitesse phasique ~uk est une inconnue à calculer directement
au lieu de la quantité de mouvement phasique αk ρk ~uk , donc il est nécessaire de réécrire l’équation
de quantité de mouvement de sorte à avoir la dérivée par rapport au temps sur la vitesse. Nous
avons
∂ ∂~uk ∂(αk ρk )
(αk ρk ~uk ) + ∇ · (αk ρk ~uk ⊗ ~uk ) = αk ρk + ~uk + αk ρk ∇~uk · ~uk + ~uk ∇ · (αk ρk ~uk )
∂t ∂t ∂t
∂~uk
= αk ρk + αk ρk ∇~uk · ~uk + ~uk Γk , (3.13)
∂t
où la dernière égalité est obtenue grâce à l’équation de masse (2.54), et ∇~uk (le gradient de la
vitesse phasique) est une matrice. Cette forme d’équation est effectivement celle utilisée dans
plusieurs codes industriels (e.g., [79], [34]). Cependant dans le code CUPID [39], une forme
semi-conservative est employée pour l’équation de la vitesse phasique en tenant compte de l’égalité

αk ρk ∇~uk · ~uk = ∇ · (αk ρk ~uk ⊗ ~uk ) − ~uk ∇ · (αk ρk ~uk ), (3.14)

et nous obtenons finalement la formule pour la vitesse phasique

∂~uk ~ + αk ρk~g
αk ρk + ∇ · (αk ρk ~uk ⊗ ~uk ) − ~uk ∇ · (αk ρk ~uk ) + ~uk Γk = −αk ∇P
∂t
+M ~ ik + Γk ~ui + M
~ wk . (3.15)

Cette formule est non-conservative en temps, mais conservative en espace dans le sens où elle
se réduit exactement à la forme conservative (voir l’équations (2.55)) en régime stationnaire.

33
L’avantage numérique de cette écriture est étudié dans [62].

La méthode semi-implicite dans le code CUPID consiste en deux étapes : une étape de
prédiction pour calculer la vitesse intermédiaire en utilisant la pression à l’instant n, et une
étape de correction pour déterminer la vitesse et les autres termes à l’instant n + 1 une fois que
la pression à l’instant n + 1 est résolue. Cependant, nous allons voir dans la Section 3.4 qu’il n’est
pas nécessaire d’introduire ces 2 étapes, effectivement le système peut être résolu en une seule
étape. Ici nous expliquons en détail les deux étapes dans l’esprit du code CUPID [39].

3.1.1 Étape de prédiction


3.1.1.1 Vitesse phasique au centre de la cellule
L’intégration de l’équation (3.15) sur la cellule c0 (voir la Figure 3.1) et l’utilisation du schéma
d’Euler pour le temps donne l’expression suivante pour la vitesse ~u∗ , qui est en fait la vitesse
intermédiaire, du fait que la pression est évaluée par sa valeur à l’instant n (cette notation (·)∗
pour indiquer une valeur intermédiaire est valable tout au long de cette section) :

(~uk )∗c0 − (~uk )nc0 1 X (~uk )nc0 X


(αk ρk )nc0 + (αk ρk ~uk )nf (Φk )nf − (αk ρk )nf (Φk )nf + (~uk Γk )nc0
∆t V c0 Vc0
f f

= ~ n
−(αk )nc0 ∇P + (αk ρk )nc0 ~g ~ ik )∗ + (Γk )n (~ui )∗ + (M
+ (M ~ wk )∗ , (3.16)
c0 c0 c0 c0 c0

où (.)n représente les valeurs à l’instant n, (.)c0 indique les valeurs au centre des mailles et (·)f
celles sur la face, et (Φk )f est le flux volumique sur la face, qui peut être calculé par la formule
suivante :
(Φk )m uk )m ~
f = (~ f · Sf , (3.17)
avec m qui peut représenter l’instant n, l’instant n+1 et la valeur intermédiaire (m ∈ {n, n+1, ∗})
~f le vecteur surfacique normale à la face (voir la Figure 3.1).
et S

À ce-stade, on distingue deux types de variables sur la face : le flux volumique phasique Φm k, f
et les quantités transportées, tel que (αk ρk )nf , (αk ρk ~uk )nf , (αk )nf , (αk ρk ek )nf , où les 2 dernières
variables interviennent dans la discrétisation des équations scalaires (voir la Section 3.1.5).
Concernant le flux volumique, nous verrons dans les Sections 3.1.1.2 et 3.1.2.2 comment le
calculer et quant aux quantités transportées, elles sont déterminées par le schéma décentré amont
détaillé dans la Section 3.1.4. D’ailleurs le calcul du gradient de pression ∇P ~ est expliqué dans
la Section 3.1.3.

En ce qui concerne les termes sources, ils sont déterminés implicitement afin de ne pas entraı̂ner
de contraintes sur le pas de temps, et nous mettons aussi l’indice ∗ sur ces variables pour indiquer
ce point. De plus dans la Section 3.1.9 on explique pourquoi ce choix est fait à l’aide d’un exemple
simple. On définit
~k = M
M ~ ik + Γk ~ui + M
~ wk , (3.18)

~ ∗ par rapport à sa valeur à l’instant n :


et on peut linéariser le terme implicite M k
!n
∂ M~k
M~∗=M ~n+ · (~u∗k − ~unk ). (3.19)
k k
∂~uk

Remarque 1. Dans la linéarisation précédente, il n’y a pas de couplage entre les 2 vitesses
phasiques ~uv et ~ul , ni entre les composants de la vitesse phasique ~uk = (uk, x , uk, y , uk, z )T , par
~k n
conséquent la matrice ∂∂~ M
uk est diagonale.

34
Remarque 2. Si on veut traiter explicitement un des trois termes sources supposés implicites,
e.g., M ~ wk , il suffit simplement d’imposer sa contribution dans la dérivée de M
~ k par rapport à ~uk
 ~ n
à zéro : ∂∂~ Mwk
uk = 0.

En reportant l’expression de M ~ ∗ (3.19) dans l’équation (3.16), nous obtenons


k
" !n # " !n # " P
n ∂M~k
∗ n ∂M~k
n
uk )nf (Φk )nf
f (αk ρk ~
(αk ρk )c0 − ∆t (~uk )c0 = (αk ρk )c0 − ∆t (~uk )c0 + ∆t −
∂~uk ∂~uk Vc0
c0 c0
#
n (Φ )n
P
f (α k ρk ) f k f
+ (~uk )nc0 ~ k )nc − (αk ∇P
− (~uk Γk )nc0 + (αk ρk )nc0 ~g + (M ~ )nc .
V c0 0 0

(3.20)

Finalement nous pouvons obtenir la vitesse intermédiaire (~uk )∗c0 au centre de la cellule c0 , sous
forme compacte :
~ cn ,
(~uk )∗c0 = (~γk )nc0 − (βk )nc0 ∇P (3.21)
0

où
"
uk )nf (Φk )nf n n
P P
1 f (αk ρk ~ (~uk )nc0 f (αk ρk )f (Φk )f (~uk Γk )nc0
(~γk )nc0 = (~uk )nc0 + ∆t − + −
(αk ρk )nc0 Vc0 (αk ρk )nc0 Vc0 (αk ρk )nc0
# " !n #−1
~ k )n
(M 1 ∂ ~
M k
c0
+ ~g + · 1− ∆t ,
(αk ρk )nc0 (αk ρk )nc0 ∂~uk
c0
(3.22)

et
" !n #−1
∆t 1 ∂M~k
(βk )nc0 = · 1− ∆t . (3.23)
n
(ρk )c0 (αk ρk )nc0 ∂~uk
c0

Remarque 3. Les termes sources M ~ ik , Γk ~ui et M


~ wk sont typiquement proportionnels à la
fraction volumique αk . Donc il est souhaitable de diviser par αk ρk l’expression des termes M ~ k et
~
∂ Mk
∂uk dans leur écriture initiale afin d’éviter la division par αk pour des régimes d’écoulement où αk
uk ) n n
P
f (αk ρk ~ f (Φk )f
tend vers zéro, voire s’annule. De plus, dans les termes convectifs, e.g., − (αk ρ1k )n Vc0 ,
c0
quand αk tend vers 0, la division par (αk ρk )nc0
peut aussi poser des problèmes, or il faut remarquer
que dans le numérateur il y a le coefficient (αk )nf , qui est également petit lors de la disparition de
(α )
phase, donc il faut envisager une stratégie pour que (αkk)cf soit toujours bien définie. Ces points
0
ainsi que d’autres techniques pour traiter l’apparition et la disparition de phase seront détaillés
dans la Section 3.2.
~
Étant donné que la matrice ∂∂~Mk
uk est diagonale, la matrice βk est aussi diagonale. Pour la
simplicité des notations, désormais on note βk en scalaire vu qu’il n’y a pas de couplage entre
les 2 vitesses phasiques, ni entre les composants de la vitesse phasique. Ceci termine l’étape de
prédiction de notre algorithme.

3.1.1.2 Vitesse phasique sur la face de la cellule


Nous verrons plus tard dans la Section 3.1.6 qu’on a besoin de connaı̂tre le flux volumique
phasique intermédiaire sur la face (Φk )∗f en vue de calculer la variation de pression ∆P = P n+1 −

35
P n . Pour obtenir le flux volumique, on commence par calculer la vitesse phasique intermédiaire à
l’aide de l’interpolation de Rhie et Chow [71]

Pcn1 − Pcn0 ~ cn , (3.24)


~ cn + (1 − ε)(βk )nc ∇P
(~uk )∗f = ε(~uk )∗c0 + (1 − ε)(~uk )∗c1 − (βk )nf ~nf + ε(βk )nc0 ∇P
~ 01 |
|dr
0 1 1

où
(βk )nf = ε(βk )nc0 + (1 − ε)(βk )nc1 , (3.25)
et ε est un facteur qui peut dépendre du temps et de l’espace.

Ensuite la définition (3.17) nous donne directement le flux volumique intermédiaire :


" #
n n
∗ ∗ ∗ n P c1 − P c0 n ~ n n ~ n ~f .
(Φk )f = ε(~uk )c0 + (1 − ε)(~uk )c1 − (βk )f ~nf + ε(βk )c0 ∇Pc0 + (1 − ε)(βk )c1 ∇Pc1 · S
~ 01 |
|dr
(3.26)

3.1.2 Étape de correction


Dans l’étape de prédiction, puisque c’est la pression à l’instant n qui est utilisée, la vitesse
phasique ainsi calculée n’est pas la vitesse finale. Donc on introduit ici l’étape de correction,
dans laquelle on met à jour la vitesse à partir de la vitesse intermédiaire obtenue dans l’étape de
prédiction. De plus, comme dans l’étape de prédiction, on distingue également la vitesse phasique
au centre de la cellule et celle sur la face de la cellule.

3.1.2.1 Vitesse phasique au centre de la cellule


Dans l’équation (3.21), si on considère le gradient de pression implicitement, on peut obtenir
la vitesse finale pour chaque phase :

(~uk )n+1
c0
~ cn+1 .
= (~γk )nc0 − (βk )nc0 ∇P (3.27)
0

En combinant les équations (3.21) et (3.27), on obtient :

(~uk )n+1
c0
~ cn+1 − Pcn ).
= (~uk )∗c0 − (βk )nc0 ∇(P (3.28)
0 0

On peut donc remarquer que le calcul final de la vitesse phasique ~un+1


k sera obtenue une fois
que la variation de pression ∆P sera disponible. Dans la Section 3.1.6, la méthode pour calculer
la variation de pression est détaillée.

3.1.2.2 Vitesse phasique sur la face de la cellule


Par analogie avec l’équation (3.28)[39][38], on utilise l’expression suivante pour calculer la
vitesse finale sur la face entre la cellule c0 et c1 :
∆Pc1 − ∆Pc0
(~uk )n+1
f = (~uk )∗f − (βk )nf ~nf . (3.29)
~ 01 |
|dr

On obtient alors le flux volumique à l’instant n + 1 en tenant compte de la définition (3.17) :

∆Pc1 − ∆Pc0
(Φk )n+1
f = (Φk )∗f − (βk )nf |S~f | ~f .
, avec (Φk )∗f = (~uk )∗f · S (3.30)
~
|dr01 |

Après l’obtention de la variation de pression (voir la Section 3.1.6), on peut utiliser l’équation
précédente pour calculer le flux volumique phasique à l’instant n + 1.

36
Remarque 1. En combinant les équations (3.29) et (3.24), on aboutit à :
Pcn+1 − Pcn+1 ~ cn +(1−ε)(βk )nc ∇P
~ cn . (3.31)
(~uk )n+1
f = ε(~uk )∗c0 +(1−ε)(~uk )∗c1 −(βk )nf 1 0
~nf +ε(βk )nc0 ∇P
~
|dr01 |
0 1 1

Or d’après les équations (3.21) et (3.27), on dispose de :


(~γk )n = (~uk )∗ + (βk )n ∇P ~ n+1 ,
~ n = (~uk )n+1 + (βk )n ∇P (3.32)
pour les cellules c0 et c1 . Donc l’équation précédente devient :
Pcn+1 − Pcn+1
(~uk )n+1
f = ε(~uk )n+1 uk )n+1
c0 + (1 − ε)(~
n
c1 − (βk )f
1 0
~nf
~
|dr01 |
+ ε(βk )nc0 ∇P ~ cn+1 .
~ cn+1 + (1 − ε)(βk )nc ∇P (3.33)
0 1 1

On constate que l’interpolation de Rhie et Chow s’applique également pour le calcul de la


vitesse sur la face à l’instant n + 1.

Remarque 2. Nous allons évaluer le rôle de la partie décentrée dans la formule (3.33), qui
calcule la vitesse sur la face. On se place dans le cas 1D avec maillage uniforme pour raison de
simplicité, et on obtient le gradient de pression en utilisant la méthode de Green-Gauss, présentée
−Pi−1
dans la Section 3.1.3. Concrètement, pour notre cas 1D, on a ∇Pi = Pi+12∆x , avec ∆x le pas
de discrétisation en espace, i l’indice de la cellule.

En prenant ε = 21 , la partie décentrée de l’interpolation de Rhie et Chow pour la face entre


les cellules i et i + 1 devient :
n+1
Pi+1 − Pin+1 1 n Pi+1
n+1 n+1
− Pi−1 n+1
1 n Pi+2 − Pi
n+1
Vdecentree = −βfn + βi + βi+1 . (3.34)
∆x 2 2∆x 2 2∆x
On se donne le développement limité en négligeant les termes d’ordre plus élevé que (∆x)3 :
P 00 P 000
Pi+1 = Pi + P 0 ∆x + (∆x)2 + (∆x)3 ,
2 6
P 00 P 000
Pi−1 = Pi − P 0 ∆x + (∆x)2 − (∆x)3 ,
2 6
P 00 P 000
Pi+2 = Pi + P 0 (2∆x) + (2∆x)2 + (2∆x)3 .
2 6
Donc nous avons
n+1 n+1
1 n Pi+1 − Pi−1 P 000
 
1 n 0 2
β = βi P + (∆x) ,
2 i 2∆x 2 6
n+1 n+1
1 n Pi+2 − Pi P 00 P 000
 
1 n 0 2
β = βi+1 P + (2∆x) + (2∆x) ,
2 i+1 2∆x 2 2 6
P n+1 − Pin+1 P 00 P 000
 
−βfn i+1 = −βfn P 0 + (∆x) + (∆x)2 .
∆x 2 6
Compte tenu du fait que βfn = 21 βin + 21 βi+1
n , nous obtenons :

 00  00
P 000
 
1 P 1 n P
Vdecentree = − βin (∆x) + βi+1 (∆x) + (∆x)2 . (3.35)
2 2 2 2 2
n = β n = β n , on obtient
Pour les deux mailles voisines, si on suppose que βi+1 i
1 
Vdecentree = β n P 000 (∆x)2 .

(3.36)
4
Si la pression est assez régulière, lorsqu’on diminue ∆x, ce terme tend vers zéro, ce qui assure
le bon comportement de l’interpolation lorsque le nombre de Mach est faible.

37
3.1.3 Gradient de pression
Dans cette section, on explique comment évaluer le gradient de pression, qui est nécessaire
dans le calcul de la vitesse intermédiaire (vitesse de prédiction) et aussi de la vitesse finale à
l’instant n + 1. Le gradient de pression se calcule en utilisant la méthode de la reconstruction de
Green-Gauss [11][38] :
~ 0= 1 ~f ,
X
∇P Pf S (3.37)
V0
f

où l’indice f représente les faces de la cellule 0. La pression sur la face se détermine par :
ω0 P0 + ω1 P1
Pf = , (3.38)
ω0 + ω1
où P1 est pression à la cellule 1, qui est connectée à la cellule 0 via la face f , de plus
1
ω0 = , (3.39)
||~xf − ~x0 ||
1
ω1 = , (3.40)
||~xf − ~x1 ||

où ~x0 , ~x1 et ~xf représentent respectivement les coordonnées barycentriques de la cellule 0, de la
cellule 1 et de la face f , et || · || indique la norme d’un vecteur.

Remarque 1. Avec cette méthode, on risque de sous-estimer le gradient de pression à


la frontière. À titre d’exemple, considérons un domaine 1D avec la pression linéaire sur le
domaine : P = x. La pression à la frontière est prise de la pression de la maille voisine à
l’intérieur du domaine, ceci est le cas lorsque la condition aux limites est de type entrée ou
paroi, cette méthode nous donne le gradient de pression dans la cellule i, comme illustré sur
P1 +P2
P3/2 −P1/2 −P1 2 −P1
la figure 3.2, ∂P = P2∆x = 12 , qui est inférieur à la solution

∂x 1 = ∆x = 2
∆x
exacte ( ∂P∂x = 1). Afin de traiter ce problème, dans [38] une nouvelle méthode est introduite pour
calculer le gradient de pression des cellules ayant une face sur la frontière, qu’on ne détaille pas ici.

1 2

1 3
2 2

Figure 3.2 – Illustration pour le calcul du gradient de pression dans la cellule 1

Par contre, dans nos études, on privilégie la méthode des moindres carrés [11][57] en raison de
sa simplicité. Comme illustré sur la Figure 3.3, on cherche à calculer le gradient pour la cellule c
entourée par 3 cellules voisines i ∈ {1, 2, 3}. La différence des valeurs entre les cellules i et c est

∆Pic = Pi − Pc . (3.41)

En même temps, avec le gradient dans la cellule c, on peut extrapoler la valeur dans la cellule i à
partir de celle de la cellule c :

P̄i = Pc + Px ∆xic + Py ∆yic , (3.42)

~ = (Px , Py )T est le gradient dans la cellule c, et ~ric = (∆xic , ∆yic )T est le vecteur qui
où ∇P
pointe du centre de la cellule c vers celui de la cellule i.

38
1
2
c

Figure 3.3 – Illustration pour la reconstruction du gradient par la méthode des moindres carrés.

La reconstruction du gradient par la méthode des moindres carrés consiste à trouver le gradient
~ qui minimise la somme quadratique de l’écart entre la différence des valeurs calculée directe
∇P
∆Pic et la différence calculée par l’extrapolation ∆P̄ic = P̄i − Pc :
N
X
Ec2 = 2
wic (−∆Pic + Px ∆xic + Py ∆yic )2 , (3.43)
i=1

~
avec wic un facteur de pondération. Le gradient ∇P s’obtient en résolvant le problème de
minimisation :
∂ Ec2

= 0, (3.44)
∂Px
∂ Ec2

= 0. (3.45)
∂Py
Nous avons alors un système linéaire à résoudre pour finalement déterminer le gradient :
" P #  " PN #
N 2 ∆x2
PN 2 ∆x ∆y 2 ∆x ∆P
w w ic ic Px w ic ic
PN i=12 ic ic i=1 ic
N 2 ∆y 2 = Pi=1N
ic
2 ∆y ∆P . (3.46)
P
P
w
i=1 ic ∆x ic ∆yic w
i=1 ic ic y w
i=1 ic ic ic

Dans le cas sans la pondération (wic = 1), le déterminant de la matrice du système précédent
est de l’ordre O(∆x4 ). La conséquence est que le système est mal conditionné et un gradient
inexact peut être obtenu. De ce fait, dans [57], un facteur de pondération
1
wic = q , (3.47)
2 2
∆xic + ∆yic

a été proposé et ceci entraı̂ne un déterminant d’ordre 1, ainsi le problème mal conditionné est
évité. La généralisation de la méthode en 3 dimensions est immédiate.

3.1.4 Détermination des quantités autres que la vitesse sur la face


On montre ici comment les quantités transportées, qui interviennent dans l’expression de la
vitesse intermédiaire (3.21) et aussi dans la discrétisation des équations scalaires (voir la Section
3.1.5), sont déterminées.

Dans nos études, le schéma décentré amont d’ordre 1 s’emploie pour calculer les quantités
transportées sur la face selon le signe du flux volumique phasique. Un schéma d’ordre plus élevé

39
peut être aussi envisagé, mais ceci fera partie du futur de notre travail. En notant par θk une
quantité transportée de la phase k qu’on veut évaluer sur la face, on a l’expression suivante qui
donne sa valeur sur la face entre les cellules c0 et c1 (voir la Figure 3.1) :
(θk )nc0 , si (Φk )nf ≥ 0,

n
(θk )f = (3.48)
(θk )nc1 , si (Φk )nf < 0.
~f , on adopte la convention que le vecteur S
Ici, dans la définition de (Φk )nf = (~uk )nf · S ~f se dirige
de la cellule c0 vers la cellule c1 .

3.1.5 Discrétisation des équations scalaires


Nous pouvons intégrer maintenant les quatre équations scalaires sur la cellule c0 . La méthode
semi-implicite nécessite que les grandeurs physiques transportés s’expriment explicitement et que
le flux volumique phasique (Φk )f et les termes sources se déterminent implicitement.

Dans ce qui suit, on adopte la notation ∆(·) = (·)n+1 − (·)n . L’équation de masse discrétisée
pour la phase k devient :
P n n+1
(ρk )nc0 (∆αk )c0 + (αk )nc0 (∆ρk )c0 f (αk ρk )f (Φk )f
+ = (Γk )n+1
c0 . (3.49)
∆t V c0
Or Γk dépend des variables thermodynamiques, qui elles dépendent des variables d’état, la
pression P et l’enthalpie spécifique hk . On a alors :
∂Γk n ∂Γk n ∂Γk n
     
n+1 n
(Γk ) − (Γk ) = ∆P + ∆hv + ∆hl . (3.50)
∂P ∂hv ∂hl
Le calcul de ∆ρk se réalise de la même façon en utilisant les lois d’état :
∂ρk n ∂ρk n
   
∆ρk = ∆P + ∆hk . (3.51)
∂P ∂hk
En reportant l’expression de (Γk )n+1 et de ∆ρk , on réécrit l’équation de masse discrétisée :
( " n  n #)
∂ρk ∂ρk ∆t X
(ρk )nc0 (∆αk )c0 + (αk )nc0 (∆P )c0 + (∆hk )c0 + (αk ρk )nf (Φk )n+1
f
∂P c0 ∂hk c0 V c0
f
"  n  n  n #
∂Γk ∂Γk ∂Γ k
= (Γk )nc0 + (∆P )c0 + (∆hv )c0 + (∆hl )c0 ∆t.
∂P c0 ∂hv c0 ∂hl c0
(3.52)
L’équation d’énergie devient avec les termes sources déterminés implicitement :
P n n+1
(ρk )nc0 (hk )nc0 (∆αk )c0 + (αk )nc0 (ρk )nc0 (∆hk )c0 + (αk )nc0 (hk )nc0 (∆ρk )c0 f (αk ρk ek )f (Φk )f
+
∆t Vc0
P n n+1
(∆P )c0 f (αk )f (Φk )f
= (αk )nc0 − (P )nc0 + (Qik + Γk hik )n+1
c0 + (qwk )c0 ,
n+1
∆t V c0
(3.53)
avec Qik + Γk hik et qwk étant aussi fonctions des variables thermodynamiques qui dépendent des
variables d’état, P et hk , ce qui donne
∂ (Qik + Γk hik ) n ∂ (Qik + Γk hik ) n
   
n+1 n
(Qik + Γk hik ) = (Qik + Γk hik ) + ∆P + ∆hv
∂P ∂hv
∂ (Qik + Γk hik ) n
 
+ ∆hl , (3.54)
∂hl

40
et
 n  n  n
n+1 n ∂qwk ∂qwk ∂qwk
(qwk ) = (qwk ) + ∆P + ∆hv + ∆hl . (3.55)
∂P ∂hv ∂hl

Nous donnons ici la linéarisation des termes Γk et Qik + Γk hik pour le modèle de transfert de
masse et d’énergie introduit dans la Section 2.3 :
sat dhsat
(αv αl ρv )n dhdPv + (αv αl ρl )n l
(αv αl ρv )n (αv αl ρl )n
Γn+1
v = Γnv − dP
∆P + ∆hv + n ∆hl ,
τ (hsat,
v
n
− hsat,
l
n
) τ (hsat,
v
n
− hsat,
l
n
) τ (hsat,
v
n
− hsat,
l )
(3.56)

et
sat dhsat
n+1 n (αv αl ρv )n dhdPv · hsat,
l
n
+ (αv αl ρl )n l
dP · hsat,
v
n
(Qiv + Γv hiv ) = (Qiv + Γv hiv ) − ∆P
τ (hsat,
v
n
− hsat,
l
n
)
(αv αl ρv )n · hsat,
l
n
(αv αl ρl )n · hsat,
v
n
+ ∆hv + ∆hl . (3.57)
τ (hsat,
v
n
− hsat,
l
n
) τ (hsat,
v
n
− hsat,
l
n
)

En prenant en compte de l’expression de ∆ρk , on aboutit à :


" n  n #
∂ρk ∂ρk
(ρk )nc0 (hk )nc0 (∆αk )c0 + (αk )nc0 (ρk )nc0 (∆hk )c0 + (αk )nc0 (hk )nc0 (∆P )c0 + (∆hk )c0
∂P c0 ∂hk c0
∆t X
(αk ρk ek )nf (Φk )n+1
+
f
V c0
f
(
∂(Qik + Γk hik ) n
 
n ∆t n
X
n n+1 n
= (αk )c0 (∆P )c0 − (P )c0 (αk )f (Φk )f + ∆t (Qik + Γk hik )c0 + (∆P )c0
Vc0 ∂P c0
f
)
∂(Qik + Γk hik ) n ∂(Qik + Γk hik ) n
   
+ (∆hv )c0 + (∆hl )c0
∂hv c0 ∂hl c0
" #
∂qwk n ∂qwk n ∂qwk n
     
n
+ ∆t (qwk )c0 + (∆P )c0 + (∆hv )c0 + (∆hl )c0 .
∂P c0 ∂hv c0 ∂hl c0
(3.58)

Nous allons réécrire les équations scalaires (3.52) et (3.58) sous forme matricielle :

(~l)nf (Φl )n+1


X X
Ac0 ~xc0 = (~s)nc0 − (~g )nf (Φv )n+1
f − f , (3.59)
f f

où ~x est le vecteur des inconnues, ~x = (∆hv , ∆hl , ∆αv , ∆P )T , A est une matrice de dimension
4×4 :
 
∂ρv ∂Γv ∂Γv ∂ρv ∂Γv
αv ∂h v
− ∂hv ∆t − ∂hl ∆t ρ v α v ∂P − ∂P ∆t
∂Γl ∂ρl ∂Γl ∂ρl ∂Γl
− ∂h ∆t α − ∆t −ρ α − ∆t
 
 v  l ∂hl ∂hl l l ∂P ∂P

A= ,
    
∂ρv ∂Qv ∂Qv ∂ρv ∂Qv
α
 v v ρ + h v ∂hv − ∂hv ∆t − ∂hl ∆t ρ h
v v α v hv − 1 − ∆t
 ∂P ∂P 
   
∂Ql ∂ρl ∂Ql ∂ρl ∂Ql
− ∂hv ∆t αl ρl + hl ∂hl − ∂hl ∆t −ρl hl αl hl ∂P − 1 − ∂P ∆t
(3.60)

41
où Qv = Qiv + Γv hiv + qwv et Ql = Qil + Γl hil + qwl , de plus toutes les valeurs sont au centre de
la cellule c0 à l’instant n. Les expressions pour (~g )nf , (~l)nf , (~s)nc0 sont comme suit :

(αv ρv )nf
 
∆t  0
(~g )nf =

 , (3.61)
n n n
Vc0 (P )c0 (αv )f + (αv ρv ev )f 

0
0
 
∆t  (αl ρl )nf
(~l)nf =

 , (3.62)
Vc0  0 
n n n
(P )c0 (αl )f + (αl ρl el )f
(Γv )nc0
 
(Γl )nc0
(~s)nc0 = ∆t 
 
 (Qiv + Γv hiv )c + (qwv )c  . (3.63)

n n
0 0
(Qil + Γl hil )nc0 + (qwl )nc0

Dans le cas où il n’y a pas de changement de phase et de transfert de chaleur, la matrice A se
simplifie :
∂ρv
αv ∂h 0 ρv αv ∂ρ v
 
v ∂P
∂ρl

 0 αl ∂hl
−ρl αl ∂ρ
∂P
l 

A= . (3.64)
   
 ∂ρv ∂ρv
α
 v v ρ + hv ∂hv 0 ρ h
v v αv h v − 1 
   ∂P  
∂ρl
0 αl ρl + hl ∂hl −ρl hl αl hl ∂ρ ∂P
l
− 1

En soustrayant la première ligne multipliée par hv de la troisième ligne, on obtient :


 
∂ρv
αv ∂hv
0 ρv αv ∂ρ
∂P
v

∂ρl
0 αl ∂h −ρl αl ∂ρ l
 
 ∂P 
B= l . (3.65)
 −αv
 αv ρv
 0 0 
   
∂ρl
0 αl ρl + hl ∂h l
−ρl hl αl hl ∂ρ∂P − 1
l

Ensuite on soustrait la seconde ligne multipliée par hl de la quatrième ligne, et on obtient :


 
∂ρv
αv ∂hv
0 ρv αv ∂ρ∂P
v

∂ρl
0 αl ∂h −ρl αl ∂ρ l
 
C= ∂P . (3.66)
 l
 αv ρv 0 0 −αv 
0 αl ρl 0 −αl

Sachant que les opérations précédentes ne modifient pas le déterminant de la matrice, on obtient
    
2 ∂ρl ∂ρl 2 ∂ρv ∂ρv
det(A) = det(C) = αv αl ρv αl + ρl + ρl αv + ρv . (3.67)
∂hl ∂P ∂hv ∂P

On constate que lorsqu’il y a une disparition de phase, la matrice A n’est plus inversible.
Il faudrait alors utiliser une stratégie proche de celle utilisée dans l’équation de quantité de
mouvement :
(α )
a) définir (αk )f de telle façon que αkk f soit défini,
b) les termes sources dans ~s dépendent des αk . Par exemple, il n’y a pas de vaporisation de la
vapeur inexistante ou condensation du liquide qui a disparu. On doit essayer de les écrire
de façon à éviter la division αskk qui intervient quand on fait A−1~s.

42
Remarque 1. Toutefois, si cette division αskk reste inévitable, la modélisation des termes sources
dépend du régime d’écoulement et c’est au physicien de choisir et écrire cette modélisation, et de
décider comment traiter la division αskk .

On se donne maintenant des lois d’état simples pour calculer le déterminant de la matrice A.
Prenons la loi d’état de type gaz parfait pour le gaz : P = (γ − 1)ρv ev = (γ − 1)(ρv hv − P ) et
considérons le liquide comme incompressible, et nous obtenons :
∂ρv γP
=− ,
∂hv (γ − 1)h2v
∂ρv γ
= .
∂P (γ − 1)hv

Donc,
   
∂ρv ∂ρv γ ρv hv P γ P
det(A) = αv2 αl ρ2l + ρv = αv2 αl ρ2l − 2 = αv2 αl ρ2l > 0.
∂hv ∂P (γ − 1) h2v hv (γ − 1)2 h2v
(3.68)

Nous remarquons dans cet exemple simple que pour αk 6= 0, det(A) reste supérieur à 0 même si
un des fluides est incompressible.

~ 4 , de l’inverse
Nous allons présenter ici, à titre d’exemple, le calcul de la dernière ligne, notée A
de la matrice A. Commerçons par le calcul des éléments correspondants de la comatrice :

C14 = −A31 (A42 A23 − A22 A43 )


    
∂ρv ∂ρl ∂ρl
= −αv ρv + hv −αl ρl + hl ρ l + αl ρl hl
∂hv ∂hl ∂hl
 
∂ρv
= ρv + hv αv αl ρ2l , (3.69)
∂hv
C24 = A42 (A31 A13 − A11 A33 )
    
∂ρl ∂ρv ∂ρv
= αl ρl + hl αv ρv + hv ρv − αv ρ v hv
∂hl ∂hv ∂hv
 
∂ρl
= ρl + hl αv αl ρ2v , (3.70)
∂hl
C34 = −A11 (A22 A43 − A42 A23 )
   
∂ρv ∂ρl ∂ρl
= −αv −αl ρl hl + αl ρl + hl ρl
∂hv ∂hl ∂hl
∂ρv
=− αv αl ρ2l , (3.71)
∂hv
C44 = A22 (A11 A33 − A31 A13 )
   
∂ρl ∂ρv ∂ρv
= αl αv ρv hv − αv ρv + hv ρv
∂hl ∂hv ∂hv
∂ρl
=− αv αl ρ2v , (3.72)
∂hl
où Aij représente l’élément de la i-ième ligne, la j-ième colonne de la matrice A. Finalement,
~ 4 = 1 (C14 , C24 , C34 , C44 ). Un calcul détaillé avec le changement de phase et le transfert de
A det(A)
chaleur peut être trouvé dans la Section 3.2.

43
3.1.6 Résolution de la variation de pression
En multipliant l’équation (3.103) par A−1 , on obtient une relation qui relie ~x aux flux
volumiques sur la face de la cellule c0 :

(~l)nf (Φl )n+1


X X
~x = A−1 (~s)nc0 − A−1 (~g )nf (Φv )n+1
f − A −1
f . (3.73)
f f

En particulier, ∆P étant le 4ème élément du vecteur ~x, s’exprime également par les flux
volumiques. En reportant l’équation (3.30) dans la 4ème ligne du système (3.73), nous pouvons
aboutir à une équation qui contient une seule inconnue, ∆P . Pour ce faire, on note les éléments
de la dernière ligne de la matrice A−1 par A ~ 4 , et on obtient :
 
 Xh i
(∆P )c0 = A ~ 4 · (~s)nc −
0
(~g )nf (Φv )∗f + (~l)nf (Φl )∗f
 
f
Xh ~f |
i |S
~4 ·
+A (~g )nf (βv )nf + (~l)nf (βl )nf (∆Pc1 − ∆Pc0 ), (3.74)
~ 01 |
|dr
f

où f parcourt toutes les faces de la cellule c0 , c1 esth la cellule voisine de ila cellule c0 et les
2 cellules partagent la face f . En notant C~ f = |S~f | (~g )n (βv )n + (~l)n (βl )n > 0, on simplifie
~ f f
|dr01 | f f
l’équation précédente et on aboutit à :
 
 Xh i
~4 · ~ f )∆Pc − A
~4 · ~ f ∆Pc ~ 4 · (~s)n − (~g )nf (Φv )∗f + (~l)nf (Φl )∗f
X X
(1 + A C C =A . (3.75)
0 1
 c0 
f f f

La même procédure s’effectuant pour toutes les cellules, on obtient alors un système
d’équations N ×N pour un maillage contenant N cellules. Nous pouvons donc résoudre ce système
linéaire pour aboutir à la variation de pression ∆P pour toutes les mailles.

3.1.7 Résolution du système


En reportant la variation de la pression dans l’équation (3.28), on obtient la nouvelle vitesse
phasique ~un+1
k , tandis qu’en les reportant dans l’équation (3.30), nous allons connaı̂tre (Φk )n+1 f .
Ainsi le reste du système linéaire (3.73) se résout et on obtient toutes les variables à l’instant n+1.

Avant de récapituler la méthode semi-implicite, nous donnons ici quelques définitions


des variables thermodynamiques et des fonctions thermodynamiques, qui sont utiles dans
l’implémentation de la méthode numérique. Les variables primitives résolues directement par la
méthode semi-implicite sont choisies comme suit :

α
 
 P 
 
 ~uv 
W =  ~ul  ,
 (3.76)
 
 hv 
hl

en dimension 3, ~uv = (uv, x , uv, y , uv, z )T et ~ul = (ul, x , ul, y , ul, z )T . Nous définissons également un

44
vecteur des autres variables thermodynamiques qui peuvent être calculées à partir des lois d’état.
 
ρv
 ρl 
 
 ev 
 
 el 
 
 E 
 v 
 E 
 l 
 H 
 v 
 Hl 
 
 Tv 
 
Tl  ,
 
Wsupp = 
 ∂ρv  (3.77)
 ∂P 
 ∂ρv 
 
 ∂hv 
 ∂ρl 
 ∂P 
 ∂ρl 
 ∂hl 
 sat 
 hv 
 sat 
 hl 
 sat 
 T 
 
 cv 
cl

où la dérivée de la masse volumique ρk par rapport aux variables thermodynamiques


indépendantes (P, hk ) sont nécessaires pour calculer la matrice A, et les termes de saturation
sont requis pour déterminer le transfert de masse et de chaleur.

Les variables conservatives, qui peuvent être calculées en fonction de W et Wsupp , sont :

αv ρv
 

 αl ρl 

 αv ρv ~uv 
V = . (3.78)

 αl ρl ~ul 

 αv ρv Ev 
αl ρl El

Nous définissons un vecteur des variables stockées sur la face des cellules :
 
αv
 αl 
 
 β~ 
 v 

 ~
βl


 Pf
 
Winterface =  . (3.79)

 αv ρv ev 
 
 αl ρl el 
 
 Φv 
 
 Φl 
∆Pf

Ce vecteur contient les quantités transportées αk et αk ρk ek , le flux volumique Φk , la pression


Pf (la variation de pression ∆Pf ) sur la face, qui sert à calculer le gradient de pression (le
gradient de la variation de pression). De plus, comme indiqué dans la Section 3.1.1.1, la matrice
βk est diagonale, donc ici on stocke dans Winterface ses éléments diagonaux sont forme du vecteur β~k .

45
On définit aussi un vecteur pour les paramètres physiques :
 
~g
 γv 
 
 π 
 0, v 
 c 
 v, v 
 γ 
 l 
 π0, l 
 
Wcst =  cv, l  , (3.80)
 
 δ 
 
 Cd 
 
 Rb 
 
 
 fk 
 
 Dh 
αmin

qui comprend la force de gravité ~g , les paramètres pour la loi d’état du fluide (γk , cv, k , π0, k ), le
coefficient pour la pression interfaciale δ, les coefficients pour la force de traı̂née et le frottement
à la paroi (Cd , Rb , fk , Dh ) (voir la Section 2.3 pour plus de détails) et le minimum du taux de
vide αmin , ce dernier est utile dans le traitement de l’apparition et de la disparition de phase
(détaillé dans la Section 3.2).

Finalement, on définit un vecteur pour les sources :

Γv
 
 Γl 
~
 
 Miv 
RHS =  ~ il
 (3.81)

 M 

 Qiv + Γv hiv + qwv 
Qil + Γl hil + qwl

Remarque 1. Dans le code, les termes sources sont divisés par αk ρk dans leurs définitions pour
éviter le problème de division par un petit nombre proche de 0 lors de la disparition de phase.

Remarque 2. Comme les termes sources sont déterminés implicitement dans le schéma
numérique, leurs dérivées par rapport aux variables primitives (e.g., ∂Γ ∂Γk
∂hk , ∂P ) sont nécessaires
k

dans le calcul, donc il est indispensable de définir le jacobien Mglobal = ∂RHS


∂W .

Comme dans le code Flux [74], les fonctions thermodynamiques sont générées également
automatiquement par Maple[1], et ici nous faisons une liste de ces fonctions :

Nom de la fonction Utilité de la fonction


loieta( ) Calculer Wsupp en fonction de W et Wcst
w2v( ) Calculer V en fonction de W et de Wsupp
source( ) Calculer RHS en fonction de W , Wsupp et Wcst
dRHS dW( ) Calculer le jacobien Mglobal = ∂RHS
∂W en fonction de W , Wsupp et Wcst

Remarque 3. Pour un nouveau type de loi d’état, seule la fonction loieta( ) est à redéfinir.
Pour certaines lois d’état pour lesquelles l’enthalpie spécifique est complètement déterminée par
la pression, tel que fluide isentropique ou fluide incompressible, nous définissons une fonction
h corrige( ) pour que la pression et l’enthalpie spécifique soient compatibles à chaque itération.

46
Nous faisons maintenant un résumé de la méthode semi-implicite, comme illustré sur
l’organigramme 3.4. Dans la Section 3.1.9, on explique la stratégie pour déterminer si les variables
thermodynamiques calculées à l’issue d’une itération sont valides.

Données à l’instant n

Calcul du pas de temps ∆t

Étape de prédiction
Calcul de la vitesse
Assemblage de la matrice
intermédiaire (~uk )∗ à
A−1 selon l’équation (3.104)
partir de l’équation (3.21)

Calcul du flux volumique Résolution de la variation


Résolution de ∆P
(Φk )∗ à partir de de pression ∆P selon
l’équation (3.26) l’équation (3.75)

Mise à jour de la
vitesse (~uk )n+1 à partir
de l’équation (3.28) Étape de correction

Mise à jour du flux Calcul des variables scalaires


volumique (Φk )∗ à partir hk , α et d’autres variables
de l’équation (3.30) thermodynamiques

Les variables
Diminution de moitié le Non thermodynamiques
pas de temps ∆t := ∆t 2 sont elles
valides ?

Oui

Données à l’instant n + 1

Figure 3.4 – Schéma explicatif de la méthode semi-implicite.

3.1.8 Conditions aux limites


Nous considérons cinq types de conditions aux limites dans notre étude : entrée, sortie, paroi,
Neumann et (P, T ) données. Les valeurs de certaines variables sur le bord, plus précisément au

47
centre f de la face comme l’indique la Figure 3.5, sont nécessaires dans la méthode numérique.
Dans le tableau suivant, on spécifie pour chaque type de condition aux limites les variables dont
les valeurs sont à imposer par l’utilisateur, et aussi les variables dont les valeurs sont choisies
d’être égales à celles de la cellule voisine de la frontière (la cellule c0 sur la Figure 3.5) mais à
l’intérieur du domaine.

bord

~ 0f
~nf dr
c′0 f c0

Figure 3.5 – Illustration pour la condition aux limites.

Table 3.1 – Détermination des variables primitives pour différents types de condition aux limites.
Type de condition (Indice) Valeurs imposées Valeurs prises de la cellule à l’intérieur
Entrée (1) α, ~uv , ~ul , hv , hl P
Sortie (2) P α, ~uv , ~ul , hv , hl
Paroi (3) ~uk · ~nf = 0 α, ~uv , ~ul , hv , hl , P
Neumann (4) α, ~uv , ~ul , hv , hl , P
(P, T ) données (5) P , hv , hl α, ~uv , ~ul

Remarque 1. Pour la condition aux limites de type paroi, on suppose en fait la condition de
non-pénétration : les fluides ne peuvent pas entrer dans le solide. Donc la vitesse des fluides sur
la face f peut être calculée à partir de celle au centre c0 :

(~uk )f = (~uk )c0 − [(~uk )c0 · ~nf ]~nf , (3.82)

où ~nf est le vecteur normal à la frontière dirigé vers l’extérieur du domaine.

Une fois que les variables primitives indiquées sur le Tableau 3.1 sont connues, nous pouvons
nous servir des fonctions loieta( ) et w2v( ) introduites dans la Section 3.1.7 pour finalement
déterminer les variables nécessitées dans notre algorithme, tel que (αk ρk )f , (αk ρk ~uk )f , (αk ρk ek )f ,
(αk )f .

De plus, dans notre méthode numérique, pour assembler la matrice de la variation de pression
(voir la Section 3.1.6), nous avons besoin de spécifier le flux volumique intermédiaire sur la face
(Φk )∗f . D’ailleurs il nous faut employer la formule (3.30) pour mettre à jour le flux volumique à
l’instant n + 1. Pour ce faire, nous devons connaı̂tre la variation de pression dans la cellule miroir,
comme représentée par le triangle pointillé c00 sur la Figure 3.5, qui est une cellule symétrique
de la cellule intérieure c0 par rapport à la frontière. La détermination de la variation de pression
dans la cellule miroir ∆Pc00 et du flux volumique intermédiaire (Φk )∗f est détaillée dans le tableau
suivant :

48
Table 3.2 – Détermination des autres variables nécessitées sur la face.
Type de condition (Indice) Flux volumique intermédiaire ∆P
Entrée (1) ∗
(Φk )f = (~uk )entree · ~nf ∆Pc0 = ∆Pc0
0

Sortie (2) (Φk )∗f = (~uk )∗c0 · ~nf ∆Pc00 = 0


Paroi (3) ∗
(Φk )f = 0 ∆Pc00 = ∆Pc0
Neumann (4) ∗ ∗
(Φk )f = (~uk )c0 · ~nf ∆Pc00 = ∆Pc0
(P, T ) données (5) (Φk )∗f = (~uk )∗c0 · ~nf ∆Pc00 = 0

Pour les conditions aux limites de type entrée et de type paroi, l’utilisation des relations dans
le Tableau 3.2 pour calculer le flux volumique à l’instant n + 1 suivant l’équation (3.30) nous
donne respectivement
(Φk )n+1
f = (~uk )entree · ~nf , (3.83)
(Φk )n+1
f = 0, (3.84)
qui sont exactement les conditions requises pour ces deux conditions à l’instant n + 1. Or pour les
conditions aux limites de type sortie et de type (P, T ) données, nous obtenons la même condition
pour le flux volumique à l’instant n + 1 :
−∆Pc0
(Φk )n+1
f = (Φk )∗f − (βk )nf |S~f | , (3.85)
~ 0f |
2|dr
~ 0f est le vecteur reliant le point c0 et le point f , comme montré sur la Figure 3.5. En fait
où dr
pour ces deux types de conditions aux limites, la condition correcte de calculer le flux volumique
à partir de la vitesse au centre de la cellule c0 :
(Φk )n+1 = (~uk )n+1
c0 · ~
~
nf = (~uk )∗c0 · ~nf − (βk )nc0 ∇(∆Pc0 ) · ~
nf
f
~
= (Φk )∗f − (βk )nc0 ∇(∆Pc0 ) · ~
nf , (3.86)
qui est différente de l’équation (3.85) impliquée par les relations spécifiées dans le Tableau 3.2.
Pour le calcul sur un maillage structuré, l’utilisation de la formule (3.85) donne encore des
résultats corrects, alors que pour le calcul sur un maillage non structuré, il faut utiliser la formule
correcte mais plus compliquée (3.86) pour assembler la matrice de la variation. Ceci se confirme
numériquement avec le cas test de Ransom (voir la Section 4.4 pour la description du cas test),
sur un maillage non structuré, l’utilisation de la formule (3.85) pour calculer le flux volumique
à l’instant n + 1 engendre des oscillations sur le bord du domaine dans les résultats numériques,
comme l’indique la Figure 3.6, tandis que l’utilisation de la formule (3.86) donne des résultats
corrects sans oscillation, comme montré sur la Figure 3.7.

99900
Pression

99800

99700

99600
Pression

99500

99400

99300

99200
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 3.6 – Pression à t = 0.3 s pour le test de Ransom avec l’utilisation de l’équation (3.85).

49
40 +9.996e4
Pression

35

30

25

Pression
20

15

10

5
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 3.7 – Pression à t = 0.3 s pour le test de Ransom avec l’utilisation de l’équation (3.86).

3.1.9 Pas de temps


Dans le modèle bi-fluide à 6 équations, il y a plusieurs échelles de temps [79]. Parmi ces
échelles, l’échelle la plus petite est celle associée au transfert de masse et d’énergie. Ensuite nous
avons l’échelle de temps liée à la propagation des ondes de pression. Finalement l’échelle la plus
grande est associée à la convection de la masse et de l’énergie qui se propagent à la vitesse des
fluides.

Dans la méthode semi-implicite, les termes responsables de la propagation des ondes


acoustiques de pression, tel que les flux volumiques dans les équations de masse et d’énergie, le
gradient de pression dans l’équation de quantité de mouvement, sont évalués implicitement [51][94].
De plus les termes d’échange entre les phases sont évalués également implicitement afin d’éliminer
la restriction du petit pas de temps liée aux constantes temporelles des processus d’échange. Donc
le pas de temps de la méthode semi-implicite est limité par la vitesse des fluides, du fait que la
masse, l’énergie et la quantité de mouvement convectées sont toutes évaluées explicitement :
 
∆x ∆x
∆t = min , , (3.87)
uv ul
où ∆x est le pas de discrétisation en espace. Cependant cette limite dépendante de la vitesse des
fluides peut être également éliminée en utilisant un schéma plus implicite, et un tel schéma est
présenté dans la Section 3.5.

Le choix d’évaluer le terme source implicitement peut s’expliquer à travers d’un exemple
simple. Considérons l’équation d’advection avec un terme source :

∂t a + uax = −Ka, (3.88)

où u > 0 (constante) est la vitesse d’advection et K > 0 (constante) est le coefficient de frottement.
L’utilisation du schéma décentré amont pour le terme d’advection et du schéma implicite pour le
terme source donne :
an+1
j − anj anj − anj−1
+u = −Kan+1
j . (3.89)
∆t ∆x
En remplaçant alm par g l e−imk∆x , l’analyse de Von Neumann donne le facteur d’amplification :
∆t
1 − e−ik∆x

an+1 1 − u ∆x
g= n = . (3.90)
a 1 + K∆t

50
∆t
1 − e−ik∆x

La condition de stabilité nécessite |g| < 1, or nous avons 1 − u ∆x ≤ 1 si la condition
∆t
CFL u ∆x ≤ 1 est satisfaite, donc

∆t  
|g| < 1 − u 1 − e−ik∆x ≤ 1, (3.91)
∆x
∆t
la condition CFL u ∆x ≤ 1 est une condition suffisante pour le terme source implicitement
déterminé.

Par contre, si le terme source est déterminé explicitement, le facteur d’amplification devient
alors :
∆t  
g = 1 − K∆t − u 1 − e−ik∆x
∆x
∆t ∆t −ik∆x
= 1 − K∆t − u +u e , (3.92)
∆x ∆x
∆t ∆t

qui correspond à un cercle centré au point 1 − K∆t − u ∆x , 0 de rayon u ∆x dans le
plan complexe, de plus ce cercle s’intersecte avec l’axe réelle aux points (1 − K∆t, 0) et
∆t

1 − K∆t − 2u ∆x , 0 . Une condition nécessaire de stabilité est :

∆t
|1 − K∆t| ≤ 1 et 1 − K∆t − 2u ≤ 1, (3.93)
∆x
i.e.
 
∆t ∆t
K∆t ≤ 2 1 − u et u ≤ 1. (3.94)
∆x ∆x
Nous pouvons remarquer alors que le schéma explicite pour le terme source implique une
condition de stabilité supplémentaire dépendante du coefficient de frottement, de plus le pas de
temps associé est souvent petit. De ce fait, dans la méthode semi-implicite, on fait le choix de
déterminer le terme source implicitement [79].

À part la condition CFL décrite dans l’équation (3.87), plusieurs vérifications sur la validité
de la solution sont également utilisées pour contrôler le pas de temps. La première vérification
concerne l’inversibilité de la matrice A qui provient de la discrétisation des équations scalaires
(voir la Section 3.1.5). Pour cela, on effectue un test sur le déterminant de la matrice A. À
partir de l’équation (3.67), nous pouvons remarquer que la dimension physique du déterminant
ρ2v ρ2l
est [kg3 s2 /m11 ], soit la dimension de P . On teste alors det(A) par rapport à une référence

ρ20v ρ20l
detref (A) = , (3.95)
P0
où ρ0k et P0 est respectivement la référence de la masse volumique de la phase k et la référence
de la pression. Dans nos études, nous prenons

ρ0v = 1 kg/m3 ,
ρ0l = 103 kg/m3 ,
P0 = 105 Pa. (3.96)

Si à une itération, le déterminant de la matrice par rapport à la référence définie dans l’équation
(3.95)
det(A)
ε= ref
< 10−11 , (3.97)
det (A)

51
alors on diminue le pas de temps de moitié. Ensuite on vérifie si les quantités physiques dépassent
leurs intervalles de validité prédéfinis, par exemple la pression doit rester positive, etc. Si ceci n’est
pas le cas, on diminue également le pas de temps de moitié et l’itération est répétée. Finalement on
effectue un contrôle sur la validité de la linéarisation de la masse volumique [79] (voir l’équation
(3.51)). D’un côté, on peut utiliser la relation suivante pour calculer la masse volumique du
mélange à partir des lois d’état :

ρm = αv ρv (P, hv ) + αl ρl (P, hl ). (3.98)

De l’autre côté, nous avons la masse volumique du mélange calculée par l’équation suivante :

(ρm ) + ∇ · (αv ρv ~uv + αl ρl ~ul ) = 0, (3.99)
∂t
dont la discrétisation est :
P h i
ρn+1 − ρnm, c0 f (αv ρv )nf (Φv )n+1
f + (αl ρl )nf (Φl )n+1
f
m, c0
+ = 0. (3.100)
∆t V c0
On compare l’erreur relative entre la masse volumique du mélange calculée par l’équation (3.98)
(1) (2)
(notée par ρm ) et celle calculée par la discrétisation (3.100) (notée par ρm ) :
(1) (2) !
|ρm, i − ρm, i |
Eρm = max (2)
, i = 1, 2, · · · N, (3.101)
ρm, i

où i est le numéro des cellules dans un maillage. Si à une itération cette erreur est supérieure à
8 × 10−3 , on diminue le pas de temps de moitié et on refait cette itération en question.

3.1.10 Transport d’aire interfaciale


On explique ici la discrétisation de l’équation de transport d’aire interfaciale (2.84) abordée
dans la Section 2.4. En nous inspirant de la discrétisation des équations scalaires (voir la Section
3.1.5), nous obtenons
n+1  i n " n+1
P i n P n
#
(∆ai )c0 f (a )f (Φl )f 2a (∆αv )c0 f (αv )f (Φv )f
+ − + = (Scoal )nc0 + (Sfrag )nc0 ,
∆t Vc0 3αv c0 ∆t Vc0
(3.102)

où ∆(·) = (·)n+1 − (·)n . En couplant la discrétisation de l’équation d’aire interfaciale et des
autres équations scalaires (voir la Section 3.1.5), nous avons maintenant les équations scalaires
discrétisées sous forme matricielle
n X n X fn
Aec0 ~xc0 = (~
fs)c0 − fg )f (Φv )n+1
(~ f − (~l)f (Φl )n+1
f , (3.103)
f f

où ~x est le vecteur des inconnues, ~x e = (∆ai , ∆hv , ∆hl , ∆αv , ∆P )T , Ae est une matrice de
dimension 5 × 5 :
2ai
 
1 0 0 − 3α v
0
∂ρv ∂Γv ∂Γv ∂ρv
 0 αv ∂hv − ∂hv ∆t − ∂hl ∆t ρv αv ∂P − ∂Γ ∂P ∆t
v
 

 ∂Γ ∂ρ ∂Γ ∂ρ ∂Γ 
Ae =  0 − ∂hvl ∆t αl ∂hll − ∂hll ∆t −ρl α l − ∂Pl ∆t ,
 l ∂P
 
  
∂ρv ∂Qv ∂Qv ∂ρv
 0 αv ρv + hv ∂h − ∆t − ∆t ρ h α h − 1 − ∂Q v
∂P ∆t
 
∂hv ∂hl  v v v v
 ∂P
v

   
0 − ∂Q
∂hv ∆t
l ∂ρl
αl ρl + hl ∂h l
− ∂Q
∂hl ∆t −ρl hl
l
αl hl ∂ρ l ∂Ql
∂P − 1 − ∂P ∆t
(3.104)

52
n fn n
fg )f , (~l)f , (~
où toutes les valeurs sont au centre de la cellule c0 à l’instant n. Les expressions pour (~ fs ) c0
sont comme suit :
  i n 
2a n
− 3α v c
(α )
v f
 0 
 (αv ρv )f n 
n ∆t  
(~g )f =
f 
0
, (3.105)
Vc0 
 
 (P )nc0 (αv )nf + (αv ρv ev )nf 

0
(ai )nf
 

n
 0 
~ ∆t  n

(l)f = (αl ρl )f , (3.106)
f 
Vc0 
 
0 
(P )nc0 (αl )nf + (αl ρl el )nf
(Scoal )nc0 + (Sfrag )nc0
 

n

 (Γv )nc0 

(~s)c0 = ∆t 
f
 (Γl )nc0 .
 (3.107)
 (Qiv + Γv hiv )nc0 + (qwv )nc0 
(Qil + Γl hil )nc0 + (qwl )nc0

La méthodologie pour résoudre le système reste inchangée par rapport au cas sans la prise en
compte de l’équation d’aire interfaciale (voir les Sections 3.1.6 et 3.1.7), mis à part que nous
avons maintenant la matrice Ae de taille 5 × 5 à inverser, et nous avons besoin de mettre à jour la
concentration d’aire interfaciale à chaque itération en plus des autres variables scalaires, tel que
l’enthalpie spécifique phasique hk et le taux de vide αv .

3.2 Disparition de phase


Dans le schéma semi-implicite, nous rencontrons à plusieurs reprises la division par rapport à
αk ρk . Lorsque une phase disparaı̂t, nous aurons le problème de division par zéro, donc il faut faire
un traitement particulier pour ce type de situation. Ici nous présentons les différents endroits où
la disparition de phase peut causer un problème ainsi que des stratégies pour les traiter.

Étape de prédiction
Nous avons tout d’abord la division par rapport à αk ρk dans la formule suivante consistant à
calculer la vitesse intermédiaire (voir la Section 3.1.1.1) :
~ n,
(~uk )∗c0 = (~γk )nc0 − (βk )nc0 ∇P (3.108)
c0

où
"
uk )nf (Φk )nf n n
P P
1 f (αk ρk ~ (~uk )nc0 f (αk ρk )f (Φk )f (~uk Γk )nc0
(~γk )nc0 = (~uk )nc0 + ∆t − + −
(αk ρk )nc0 Vc0 (αk ρk )nc0 Vc0 (αk ρk )nc0
# " !n #−1
~ k )nc
(M 1 ∂ ~k
M
0
+ ~g + · 1− ∆t ,
(αk ρk )nc0 (αk ρk )nc0 ∂~uk
c0
(3.109)

et
" !n #−1
∆t 1 ∂M~k
(βk )nc0 = · 1− ∆t . (3.110)
n
(ρk )c0 (αk ρk )nc0 ∂~uk
c0

53
Pour les termes sources Γk et Mk . Comme typiquement leurs expressions contiennent le
coefficient αk , nous allons diviser ces termes par αk ρk directement dans leurs expressions afin
~k
d’éviter de diviser par αk ρk au cours du calcul, idem pour ∂∂~
M
uk .

Pour les flux conservatif et non conservatif. Nous pouvons envisager deux façons de les
traiter :
— définir un minimum αmin et un maximum αmax pour le taux de vide, donc
1 1
:= , (3.111)
αv ρv max(αv , αmin )ρv
1 1
:= . (3.112)
αl ρl max(αl , 1 − αmax )ρl

Dans notre implémentation, nous avons αmin = 10−5 et αmax = 1 − αmin .


(αk )f
— définir (αk )f de façon que la division (αk )c0 soit bien définie pour la phase évanescente :

2(αk )c0 (αk )c1


(αk )f = , (3.113)
(αk )c0 + (αk )c1

où c0 et c1 sont les deux cellules voisines de la face considérée f . La fraction volumique
de l’autre phase existante est déterminée par la relation (αv )f + (αl )f = 1. Pour 0 <
(α )
(αk )c0 , (αk )c1 < ε avec ε petit, la division (αkk)cf reste définie.
0

Équations scalaires
Comme dans la Section 3.1.5, nous avons les équations scalaires discrétisées pour la cellule c0
sous forme matricielle :

(~l)nf (Φl )n+1


X X
Ac0 ~xc0 = (~s)nc0 − (~g )nf (Φv )n+1
f − f (3.114)
f f

où ~x est le vecteur des inconnues, ~x = (∆hv , ∆hl , ∆αv , ∆P )T , A est une matrice de dimension
4×4 :

 
∂ρv
αv ∂h v
− ∂Γ∂hv ∆t
v
− ∂Γ
∂hl ∆t
v
ρv αv ∂ρ ∂Γv
∂P − ∂P ∆t
v

∂ρl
∂Γl
− ∂hv ∆t αl ∂hl − ∂Γ∂hl ∆t
l
−ρl α ∂ρl − ∂Γ l
∆t
 
 l ∂P ∂P
 
A= ,
    
∂ρv
 αv ρv + hv ∂h v
− ∂Q v
∂hv ∆t − ∂Q v
∂hl ∆t ρv hv αv hv ∂P − 1 − ∂Q
∂ρv v
∂P ∆t 
     
− ∂Q
∂hv ∆t
l ∂ρl
αl ρl + hl ∂h l
− ∂Ql
∂hl ∆t −ρl hl αl hl ∂ρ ∂Ql
∂P − 1 − ∂P ∆t
l

(3.115)

54
où Qv = Qiv + Γv hiv + qwv , Ql = Qil + Γl hil + qwl et les valeurs sont calculées au centre de la
cellule c0 à l’instant n. Les expressions pour (~g )nf , (~l)nf , (~s)nc0 sont :

(αv ρv )nf
 
∆t  0
(~g )nf =

 , (3.116)
n n n
Vc0 (P )c0 (αv )f + (αv ρv ev )f 

0
0
 
∆t  (αl ρl )nf
(~l)nf =

 , (3.117)
Vc0  0 
(P )nc0 (αl )nf + (αl ρl el )nf
(Γv )nc0
 
(Γl )nc0
(~s)nc0 = ∆t 
 
 (Qiv + Γv hiv )nc + (qwv )nc  . (3.118)

0 0
(Qil + Γl hil )nc0 + (qwl )nc0
Nous renommons les termes dans la matrice A et obtenons :
 
αv bv αv cv ρv αv dv
 αl cl αl bl −ρl αl dl 
A=  αv fv αv ev ρv hv αv kv  ,
 (3.119)
αl el αl fl −ρl hl αl kl
∂ρv
où bv = ∂h v
− α1v ∂Γ
∂hv ∆t,
v

cv = − α1v ∂Γ
∂hl ∆t,
v

dv = ∂ρ 1 ∂Γv
∂P − αv ∂P ∆t,
v

ev = − α1v ∂Q v
∂hl ∆t,
∂ρv
fv = ρv + hv ∂h v
− α1v ∂Q v
∂hv ∆t,
kv = hv ∂ρ 1 ∂Qv
∂P − 1 − αv ∂P ∆t,
v

∂ρl 1 ∂Γl
bl = ∂hl − αl ∂hl ∆t,
∂Γl
cl = − α1l ∂hv
∆t,
∂ρl 1 ∂Γl
dl = ∂P − αl ∂P ∆t,
el = − α1l ∂Q
∂hv ∆t,
l

∂ρl
fl = ρl + hl ∂h l
− α1l ∂Q
∂hl ∆t,
l

kl = hl ∂ρ 1 ∂Ql
∂P − 1 − αl ∂P ∆t.
l

En soustrayant la première ligne fois hv de la troisième ligne et la deuxième ligne fois hl de la


quatrième ligne, nous obtenons :
 
αv bv αv cv ρv αv dv
 αl cl αl bl −ρl αl dl 
B=  αv fiv
, (3.120)
αv eiv 0 αv kiv 
αl eil αl fil 0 αl kil

où eiv = − α1v ∂Q v


∂hl ∆t +
hv ∂Γv
αv ∂hl ∆t,
1 ∂Qv
fiv = ρv + αhvv ∂Γ
∂hv ∆t − αv ∂hv ∆t,
v

1 ∂Qv
kiv = −1 + αhvv ∂Γ
∂P ∆t − αv ∂P ∆t,
v

eil = − α1l ∂Q
∂hv ∆t +
l hl ∂Γl
αl ∂hv ∆t,
hl ∂Γl 1 ∂Ql
fil = ρl + αl ∂hl ∆t − αl ∂hl ∆t,

55
hl ∂Γl 1 ∂Ql
kil = −1 + αl ∂P ∆t − αl ∂P ∆t.

Nous pouvons donc calculer le déterminant de la matrice A :

det(A) = det(B)
   
αl cl αl bl αl dl αv bv αv cv αv dv
= (−1)1+3 ρv · det  αv fiv αv eiv αv kiv  + (−1)2+3 (−ρl ) · det  αv fiv αv eiv αv kiv 
αl eil αl fil αl kil αl eil αl fil αl kil
= ρv αv αl2 (eiv kil cl + fiv fil dl + eil kiv bl − eiv eil dl − fiv kil bl − fil kiv cl )
+ ρl αv2 αl (eiv kil bv + fiv fil dv + eil kiv cv − eiv eil dv − fiv kil cv − fil kiv bv ), (3.121)

où le coefficient (−1)nl +nc vient du calcul du déterminant, par exemple ρv se trouve dans la
première ligne et la troisième colonne, nous avons alors nl = 1 et nc = 3. Nous constatons que le
déterminant de la matrice contient le coefficient αv αl . Donc la disparition d’une phase entraı̂ne
la singularité de la matrice A.

Nous allons calculer maintenant la comatrice C de la matrice A pour obtenir l’inverse de cette
dernière matrice :
 
C11 C21 C31 C41
1  C12 C22 C32 C42 
A−1 =

, (3.122)
det(A)  C13 C23 C33 C43 
C14 C24 C34 C44

où
 
αl bl −ρl αl dl
C11 = (−1)1+1 · det  αv ev ρv hv αv kv 
αl fl −ρl hl αl kl
= αl bl (ρv hv αl kl + αv kv ρl hl ) + αl fl (−ρl αv kv − αl dl ρv hv ) − αv ev (−ρl αl kl + αl dl ρl hl )
= αv αl ρl kv (bl hl − fl ) + αl2 ρv hv (bl kl − dl fl ) + αv αl ev ρl (kl − dl hl ), (3.123)
 
αl cl −ρl αl dl
C12 = (−1)1+2 · det  αv fv ρv hv αv kv 
αl el −ρl hl αl kl
= αv fv (−ρl αl kl + αl dl ρl hl ) − αl cl (ρv hv αl kl + αv kv ρl hl ) − αl el (−αv kv ρl − αl dl ρv hv )
= −αv αl fv ρl (kl − dl hl ) + αv αl kv ρl (el − cl hl ) + αl2 ρv hv (el dl − cl kl ), (3.124)
 
αl cl αl bl αl dl
C13 = (−1)1+3 · det  αv fv αv ev αv kv 
αl el αl fl αl kl
= −αv fv (αl bl αl kl − αl fl αl dl ) + αl cl (αl kl αv ev − αl fl αv kv ) + αl el (αl bl αv kv − αv ev αl dl )
= αv αl2 fv (fl dl − bl kl ) + αv αl2 cl (kl ev − fl kv ) + αv αl2 el (bl kv − ev dl ), (3.125)
 
αl cl αl bl −ρl
C14 = (−1)1+4 · det  αv fv αv ev ρv hv 
αl el αl fl −ρl hl
= αv fv (−αl bl ρl hl + ρl αl fl ) − αl cl (−αv ev ρl hl − ρv hv αl fl ) − αl el (ρv hv αl bl + ρl αv ev )
= αv αl fv ρl (fl − bl hl ) + αv αl ρl ev (cl hl − el ) + αl2 ρv hv (cl fl − el bl ), (3.126)
 
αv cv ρv αv dv
C21 = (−1)2+1 · det  αv ev ρv hv αv kv 
αl fl −ρl hl αl kl

56
= −αl fl (ρv αv kv − αv dv ρv hv ) − αv cv (αl kl ρv hv + αv kv ρl hl ) + αv ev (αl kl ρv + αv dv ρl hl )
= −αv αl fl ρv (kv − dv hv ) + αv αl kl ρv (ev − cv hv ) + αv2 ρl hl (ev dv − cv kv ), (3.127)
 
αv bv ρv αv d v
C22 = (−1)2+2 · det  αv fv ρv hv αv kv 
αl el −ρl hl αl kl
= αv bv (ρv hv αl kl + αv kv ρl hl ) − αv fv (ρv αl kl + αv dv ρl hl ) + αl el (αv kv ρv − αv dv ρv hv )
= αv αl ρv kl (bv hv − fv ) + αv2 ρl hl (bv kv − dv fv ) + αv αl el ρv (kv − dv hv ), (3.128)
 
αv bv αv cv αv dv
C23 = (−1)2+3 · det  αv fv αv ev αv kv 
αl el αl fl αl kl
= αl fl (αv bv αv kv − αv dv αv fv ) − αv ev (αl kl αv bv − αv dv αl el ) + αv cv (αl kl αv fv − αl el αv kv )
= −αv2 αl fl (dv fv − bv kv ) − αv2 αl ev (kl bv − dv el ) + αv2 αl cv (kl fv − el kv ), (3.129)
 
αv bv αv cv ρv
C24 = (−1)2+4 · det  αv fv αv ev ρv hv 
αl el αl fl −ρl hl
= −αl fl (αv bv ρv hv − ρv αv fv ) + αv ev (−ρl hl αv bv − ρv αl el ) − αv cv (−ρl hl αv fv − ρv hv αl el )
= αv αl fl ρv (fv − bv hv ) + αv αl ρv el (hv cv − ev ) + αv2 ρl hl (cv fv − ev bv ), (3.130)
 
αv cv ρv αv dv
C31 = (−1)3+1 · det  αl bl −ρl αl dl 
αl fl −ρl hl αl kl
= −αl bl (ρv αl kl + αv dv ρl hl ) + αl fl (ρv αl dl + αv dv ρl ) + αv cv (−ρl αl kl + αl dl ρl hl )
= αv αl dv ρl (fl − bl hl ) + αl2 ρv (dl fl − bl kl ) + αv αl cv ρl (dl hl − kl ), (3.131)
 
αv bv ρv αv dv
C32 = (−1)3+2 · det  αl cl −ρl αl dl 
αl el −ρl hl αl kl
= −αv bv (−ρl αl kl + αl dl ρl hl ) + αl cl (ρv αl kl + αv dv ρl hl ) − αl el (αl dl ρv + αv dv ρl )
= αv αl ρl bv (kl − dl hl ) + αv αl ρl dv (cl hl − el ) + αl2 ρv (cl kl − el dl ), (3.132)
 
αv bv αv cv αv dv
C33 = (−1)3+3 · det  αl cl αl bl αl dl 
αl el αl fl αl kl
= αv bv (αl bl αl kl − αl dl αl fl ) − αl cl (αv cv αl kl − αl fl αv dv ) + αl el (αv cv αl dl − αl bl αv dv )
= αv αl2 bv (bl kl − dl fl ) − αv αl2 cl (cv kl − fl dv ) + αv αl2 el (cv dl − bl dv ), (3.133)
 
αv bv αv cv ρv
C34 = (−1)3+4 · det  αl cl αl bl −ρl 
αl el αl fl −ρl hl
= −αv bv (−αl bl ρl hl + ρl αl fl ) + αl cl (−ρl hl αv cv − αl fl ρv ) − αl el (−ρl αv cv − ρv αl bl )
= αv αl bv ρl (bl hl − fl ) + αv αl cv ρl (el − cl hl ) + αl2 ρv (el bl − cl fl ), (3.134)
 
αv cv ρv αv dv
C41 = (−1)4+1 · det  αl bl −ρl αl dl 
αv ev ρv hv αv kv
= αl bl (ρv αv kv − αv dv ρv hv ) − αv cv (−ρl αv kv − αl dl ρv hv ) − αv ev (ρv αl dl + ρl αv dv )
= αv αl ρv bl (kv − dv hv ) + αv αl ρv dl (cv hv − ev ) + αv2 ρl (cv kv − ev dv ), (3.135)

57
 
αv bv ρv αv dv
C42 = (−1)4+2 · det  αl cl −ρl αl dl 
αv fv ρv hv αv kv
= αv bv (−ρl αv kv − αl dl ρv hv ) + αv fv (ρv αl dl + αv dv ρl ) − αl cl (αv kv ρv − αv dv ρv hv )
= αv αl ρv dl (fv − hv bv ) + αv2 ρl (dv fv − bv kv ) − αv αl ρv cl (kv − dv hv ), (3.136)
 
αv bv αv cv αv dv
C43 = (−1)4+3 · det  αl cl αl bl αl dl 
αv fv αv ev αv kv
= −αl bl (αv bv αv kv − αv dv αv fv ) + αv cv (αl cl αv kv − αl dl αv fv ) + αv ev (αl dl αv bv − αv dv αl cl )
= −αv2 αl bl (bv kv − dv fv ) + αv2 αl cv (cl kv − dl fv ) + αv2 αl ev (dl bv − dv cl ), (3.137)
 
αv bv αv cv ρv
C44 = (−1)4+4 · det  αl cl αl bl −ρl 
αv fv αv ev ρv hv
= αl bl (αv bv ρv hv − ρv αv fv ) − αv cv (αl cl ρv hv + ρl αv fv ) − αv ev (−ρl αv bv − ρv αl cl )
= αv αl ρv bl (bv hv − fv ) + αv αl ρv cl (ev − cv hv ) + αv2 ρl (ev bv − cv fv ), (3.138)
où le coefficient (−1)nl +nc vient du calcul pour l’élément de la comatrice, et pour l’élément Cij ,
nous avons nl = i et nc = j.

Si nous éliminons αv αl de la comatrice C et en même temps du déterminant de la matrice


A, il n’y aura plus le problème de non inversibilité de la matrice A (cf. l’équation (3.122)). Or
certains éléments dans C, tel que C11 , C22 , C31 , C42 , ne possèdent pas le coefficient αv αl , donc la
division n’est plus valide s’il y a la disparition de phase.

Pour traiter la disparition de phase, nous pouvons envisager une méthode similaire à celle
utilisée pour les flux conservatif et non conservatif dans l’étape de prédiction. Dans un premier
temps, nous pouvons définir un minimum pour le taux de vide, à titre d’exemple,
C11 αv αl ρl kv (bl hl − fl ) + αl2 ρv hv (bl kl − dl fl )
=
αv αl αv αl
αl ρv hv (bl kl − dl fl )
= ρl kv (bl hl − fl ) +
αv
αl ρv hv (bl kl − dl fl )
= ρl kv (bl hl − fl ) + , (3.139)
max(αv , αmin )
pour éviter la division par un petit nombre.

Ensuite, on peut remarquer que la matrice A−1 est multipliée par le second membre pour
résoudre le vecteur des inconnues ~x, et le second membre contient le coefficient αk . Par exemple,
le terme C11 est à multiplier par le premier élément du second membre (qui est un vecteur) dans
le système (3.114) :
h i
  ∆t(Γ )n + ∆t (α ρ )n
C11 ∆t C11 v c 0 Vc0 v v f
· ∆t(Γv )nc0 + (αv ρv )nf = · . (3.140)
(αv αl )nc0 Vc0 (αl )nc0 (αv )nc0
C11
Comme C11 contient le coefficient αl , la division (αl )n peut se faire sans problème. Quant au
c0
h i
∆t
∆t(Γv )n n
c0 + Vc (αv ρv )f
terme (αv )n
0
, le terme source contient typiquement le coefficient αv αl , et de plus on
c0
(αv ρv )n
peut appliquer la stratégie introduite pour l’étape de prédiction pour traiter le division (αv )n f .
c0
De cette manière, la matrice A peut être inversée sans problème même lors de la disparition de
phase.

58
Termes sources
Lors de la disparition de phase, il est aussi nécessaire de conditionner les termes sources pour
que le taux de vide reste borné par [αmin , αmax ]. Dans [7], ce point ainsi que des techniques pour
traiter la disparition de phase pour le code CATHARE sont discutés en détail.

On définit αmin, cp un minimum du taux de vide pour le changement de phase, et dans notre
implémentation αmin, cp = 10−3 . Le transfert de masse du gaz vers le liquide est désactivé lors que
le taux de vide est inférieur à cette borne αmin, cp . Concrètement, nous avons

Qiv est activé, si Tv > Tsat et αv > αmin, cp ,
(3.141)
Qiv = 0, sinon,

et

Qil est activé, si Tl > Tsat ou αv > αmin, cp ,
(3.142)
Qil = 0, sinon.

La même chose peut se faire pour le transfert de masse du liquide vers le gaz lorsque le taux de
vide est proche de 1.

3.3 Application du schéma semi-implicite au modèle homogène


équilibré
On applique ici le schéma semi-implicite au modèle homogène équilibré. Ce modèle simplifié,
en particulier bien adapté à la simulation des écoulements dispersés à bulles, est d’intérêt
industriel. Par exemple, dans [90], l’auteur a utilisé ce modèle pour simuler un échangeur de
chaleur, dans [15] les auteurs l’ont utilisé pour simuler l’écoulement dans un injecteur-condenseur.
De plus ce modèle nous permet d’étudier les propriétés du schéma numérique, et d’évaluer son
comportement (voir les Sections 3.7 et 3.9).

On va tout d’abord établir les équations du modèle homogène équilibré. Sous l’hypothèse
d’équilibre dynamique et thermique entre le gaz et le liquide, en additionnant les équations de
conservation pour chaque phase et en négligeant les termes de diffusion, on obtient les équations
suivantes :

Conservation de la masse


(αv ρv + αl ρl ) + ∇ · [(αv ρv + αl ρl )~u] = 0, (3.143)
∂t
avec ~u vitesse commune au gaz et au liquide.

Bilan d’énergie interne


(αv ρv ev + αl ρl el ) + ∇ · [(αv ρv ev + αl ρl el )~u] = −P ∇ · (~u) + qw , (3.144)
∂t
avec qw la source de chaleur à la paroi.

59
Conservation de la quantité de mouvement

∂ ~ + (αl ρl + αv ρv )~g + F~ ,
[(αl ρl + αv ρv )~u] + ∇ · [(αl ρl + αv ρv )~u ⊗ ~u] = −∇P (3.145)
∂t
où F~ représente le frottement aux parois, par exemple peut être de type F~ = −K~u, avec K un
coefficient positif.

En notant ρ la masse volumique du mélange : ρ = αv ρv + αl ρl , et e l’énergie interne spécifique


du mélange : e = αvαρvvρevv+α
+αl ρl el
l ρl
, on aboutit à la formulation simplifiée suivante :


ρ + ∇ · (ρ~u) = 0, (3.146)
∂t

(ρe) + ∇ · (ρe~u) = −P ∇ · (~u) + qw , (3.147)
∂t
∂ ~ + ρ~g + F~ .
(ρ~u) + ∇ · (ρ~u ⊗ ~u) = −∇P (3.148)
∂t
On peut remarquer alors que le modèle homogène équilibré est en fait le modèle d’Euler si on
considère l’écoulement comme monophasique. Dans ce qui suit la méthode numérique s’applique
au modèle homogène équilibré et également au modèle d’Euler.

αv ρv hv +αl ρl hl
On définit l’enthalpie spécifique du mélange : h = αv ρv +αl ρl , nous avons alors
P P
αv ρv (ev + ρv ) + αl ρl (el + ρl )
h=
αv ρv + αl ρl
P
=e+ . (3.149)
ρ
Comme pour le modèle bi-fluide, on utilise l’enthalpie spécifique h et la pression P comme les
variables thermodynamiques indépendantes pour la loi d’état :

ρ = ρ(P, h), (3.150)

donc l’équation d’énergie se réécrit :


∂ ∂
(ρh) + ∇ · (ρe~u) = P − P ∇ · (~u) + qw . (3.151)
∂t ∂t
Une fois que la pression et l’enthalpie spécifique sont obtenues, nous pouvons déduire la fraction
massique du gaz [12] en utilisant la formule suivante

h − hsat
l (P )
X= , (3.152)
hsat
v (P ) − hsat
l (P )

où hsat sat


v et hl , fonctions de la pression P , sont respectivement l’enthalpie spécifique de saturation
pour le gaz et pour le liquide. Si X < 0, la masse volumique du fluide est celle du liquide
ρ = ρl (P, h) ; si X > 1, la masse volumique du fluide est celle du gaz ρ = ρv (P, h) ; si 0 ≤ X ≤ 1,
i.e. le fluide est du mélange de gaz et de liquide, la masse volumique est donnée par
1 X 1−X
= sat + sat , (3.153)
ρ ρv (P ) ρl (P )

où ρsat
v et ρsat
l sont respectivement la masse volumique de saturation pour le gaz et pour le
liquide, elles ne dépendent que de la pression P .

60
De plus comme dans la Section 3.1, on emploie la forme semi-conservative pour l’équation de
quantité de mouvement en vue de travailler directement sur la vitesse au lieu de la quantité de
mouvement :
∂ ~ + ρ~g + F~ .
ρ ~u − ~u∇ · (ρ~u) + ∇ · (ρ~u ⊗ ~u) = −∇P (3.154)
∂t
Nous avons finalement le système à résoudre numériquement :

ρ + ∇ · (ρ~u) = 0, (3.155)
∂t
∂ ∂
(ρh) + ∇ · (ρe~u) = P − P ∇ · (~u) + qw , (3.156)
∂t ∂t
∂ ~ + ρ~g + F~ .
ρ ~u − ~u∇ · (ρ~u) + ∇ · (ρ~u ⊗ ~u) = −∇P (3.157)
∂t
Dans ce qui suit, nous allons appliquer la méthode semi-implicite introduite dans la Section
3.1 au système (3.155)-(3.157). La méthode semi-implicite comprend deux étapes [39] : l’étape de
prédiction pour calculer la vitesse intermédiaire en utilisant la pression à l’instant n, l’étape de
correction pour déterminer la vitesse et les autres termes à l’instant n + 1 une fois que la pression
à l’instant n + 1 est obtenue.

3.3.1 Étape de prédiction


3.3.1.1 Vitesse intermédiaire au centre de la cellule
L’intégration de l’équation (3.157) dans la cellule c0 en utilisant la pression à l’instant n donne :
~u∗c0 − ~unc0 ~un X n 1 X ~ cn + ρnc ~g + F~c∗ ,
ρnc0 = c0 (ρ)f (Φ)nf − (ρ~u)nf (Φ)nf − ∇P (3.158)
∆t Vc0 Vc0 0 0 0
f f

où ~u∗ est la vitesse intermédiaire, et nous mettons aussi la notation (·)∗ pour le frottement F~ pour
indiquer qu’il est calculé implicitement. Le flux volumique (Φ)f est définit comme

(Φ)m um ~
f =~ f · Sf , (3.159)
avec m qui peut représenter l’instant n, l’instant n+1 et la valeur intermédiaire (m ∈ {n, n+1, ∗})
~f le vecteur surfacique normale à la face (voir la Figure 3.1).
et S

En linéarisant le terme implicite F~ ∗ par rapport à sa valeur à l’instant n :


!n
∂ ~
F
F~ ∗ = F~ n + · (~u∗ − ~un ), (3.160)
∂~u

nous obtenons la vitesse intermédiaire, tous les autres termes étant à l’instant n :
~ cn ,
~u∗c0 = ~γcn0 − (β)nc0 ∇P (3.161)
0

avec
" # " !n #−1
n n u)nf (Φ)nf F~ n ∂ F~
P P
~un f (ρ)f (Φ)f 1 f (ρ~ ∆t
~γcn0 = ~unc0 + ∆t c0 − + ~g + nc0 · 1− ,
V c0 ρnc0 Vc0 ρnc0 ρc0 ∂~u ρnc0
c0
(3.162)
et
" !n #−1
∆t ∂ F~ ∆t
(β)nc0 = n · 1− . (3.163)
ρc0 ∂~u ρnc0
c0

61
Remarque 1. Dans la linéarisation (3.160),
 on ne considère pas le couplage entre les
~
composantes de la vitesse, donc la matrice ∂∂~Fu est en fait diagonale, et de même pour la
matrice β. Désormais on note β en scalaire pour simplifier les notations.

Les quantités transportées sur la face, tel que ρnf , (ρ~u)nf et (ρe)nf (la dernière quantité intervient
dans la Section 3.3.3) sont déterminées selon le schéma décentré amont, présenté à la Section 3.1.4.

Le calcul du gradient de pression est détaillé à la Section 3.1.3.

3.3.1.2 Vitesse intermédiaire sur la face de la cellule


Une fois que la vitesse intermédiaire est connue, nous pouvons employer l’interpolation de Rhie
et Chow [71] pour déterminer la vitesse intermédiaire sur la face :
Pcn1 − Pcn0 ~ cn ,
~ cn + (1 − ε)βcn ∇P
~u∗f = ε~u∗c0 + (1 − ε)~u∗c1 − βfn ~nf + εβcn0 ∇P (3.164)
~
|dr01 |
0 1 1

où la face f est la face commune des cellules c0 et c1 , dr ~ 01 est le vecteur qui relie l’isobarycentre
de la cellule c0 à celui de la cellule c1 , ~nf est le vecteur normal à la face f dirigé de la cellule c0
vers la cellule c1 et
βfn = εβcn0 + (1 − ε)βcn1 , (3.165)
et ε est un facteur qui peut dépendre du temps et de l’espace.

Le flux volumique est directement calculé grâce à la défintion (3.159).

3.3.2 Étape de correction


Supposons maintenant que la pression à l’instant n + 1 soit déjà connue. Nous allons donner
les expressions pour calculer les vitesses au centre et sur la face à l’instant n + 1.

3.3.2.1 Vitesse au centre de la cellule


Dans l’équation (3.161), en considérant le gradient de pression implicitement, nous obtenons
la vitesse au centre de la cellule c0 à l’instant n + 1 :

~un+1
c0
~ cn+1 .
= ~γcn0 − βcn0 ∇P (3.166)
0

En combinant les équations (3.161) et (3.166), on obtient :

~un+1 ~ n+1 − P n ).
= ~u∗c0 − βcn0 ∇(P (3.167)
c0 c0 c0

Cette formule nous permet d’obtenir la vitesse au centre à l’instant n + 1 à partir de celle
intermédiaire, après que la variation de pression ∆P = P n+1 − P n soit disponible.

3.3.2.2 Vitesse sur la face de la cellule


La vitesse sur la face à l’instant n + 1 se détermine par l’équation suivante :
∆Pc1 − ∆Pc0
~un+1
f = ~u∗f − βfn ~nf . (3.168)
~ 01 |
|dr
Les 2 formules (3.164) et (3.168) assurent que la vitesse sur la face à l’instant n + 1 peut aussi
s’écrire sous la forme de l’interpolation de Rhie et Chow (voir l’équation (3.33)).

62
Nous pouvons maintenant calculer le flux volumique à l’instant n+1 selon la définition (3.159) :
∆Pc1 − ∆Pc0
(Φ)n+1
f = (Φ)∗f − βfn |S~f | ~f .
, avec (Φ)∗f = ~u∗f · S (3.169)
~ 01 |
|dr
Encore une fois, nous pouvons mettre à jour le flux volumique sur la face à partir de celui
intermédiaire une fois que la variation de pression est connue.

Nous verrons dans la suite que l’équation précédente va être couplée avec les équations scalaires
discrétisées pour obtenir la variation de pression.

3.3.3 Discrétisation des équations scalaires


Nous discrétisons les équations scalaires avec le flux volumique sur la face et les termes sources
implicites, et les autres termes explicites. Dans ce qui suit, on adopte la notation ∆(·) = (·)n+1 −
(·)n .

3.3.3.1 Équation de masse


L’équation de masse discrétisée :
P n n+1
(∆ρ)c0 f (ρ)f (Φ)f
+ = 0. (3.170)
∆t Vc0
On linéarise la variation de la masse volumique ∆ρ par rapport aux variables thermodynamiques
indépendantes : la pression P et l’enthalpie spécifique h en utilisant la loi d’état :
∂ρ n
   n
∂ρ
∆ρ = ∆P + ∆h. (3.171)
∂P ∂h
La discrétisation de l’équation de masse devient alors :
∂ρ n
   n
∂ρ ∆t X n
∆Pc0 + ∆hc0 + (ρ)f (Φ)n+1
f = 0. (3.172)
∂P c0 ∂h c0 Vc0
f

3.3.3.2 Bilan d’énergie


L’équation d’énergie discrétisée est :
P n n+1
ρnc0 (∆h)c0 + hnc0 (∆ρ)c0 f (ρe)f (Φ)f (∆P )c0 Pn X
+ = − c0 (Φ)n+1
f + (qw )n+1
c0 ∆t. (3.173)
∆t V c0 ∆t Vc0
f

Comme pour la masse volumique, on linéarise également le terme source par rapport aux variables
thermodynamiques indépendantes :
∂qw n ∂qw n
   
n+1 n
(qw ) = (qw ) + ∆P + ∆h. (3.174)
∂P ∂h
Donc la discrétisation de l’équation d’énergie devient
" #
∂ρ n
 n
P n ∆t

∂ρ ∆t X
n n
ρc0 (∆h)c0 + hc0 ∆Pc0 + ∆hc0 + (ρe)nf (Φ)n+1
f = (∆P )c0 − c0 (Φ)n+1f
∂P c0 ∂h c0 Vc0 V c0
f
" #
∂qw n ∂qw n
   
n
+ (qw )c0 + ∆Pc0 + ∆hc0 ∆t.
∂P c0 ∂h c0
(3.175)

63
Les variables transportées sur les faces ρnf et (ρe)nf sont toujours calculées en utilisant le schéma
décentré amont selon le signe du flux volumique (Φ)nf détaillé dans la Section 3.1.4.

En réécrivant les équations scalaires (3.172) et (3.175) sous forme matricielle, nous avons
X
Ac0 ~xc0 = − ~ nf (Φ)n+1
m f + ~snc0 , (3.176)
f

où ~x est le vecteur des inconnues, ~x = (∆h, ∆P )T , A est une matrice de dimension 2 × 2 :
 ∂ρ ∂ρ 
A= ∂h ∂P . (3.177)
ρ+ h ∂h − ∂q
∂ρ w
∂h ∆t
∂ρ
h ∂P −1− ∂qw
∂P ∆t

Sachant que tous les termes dans la matrice A sont pris à l’instant n dans la cellule i, ici pour
~ nf et ~sni sont comme suit :
raison de simplicité, les indices sont négligés. Les expressions pour m

(ρ)nf
 
∆t
~ nf =
m , (3.178)
(ρe)nf + Pcn0 Vc0
 
0
~snc0 = ∆t. (3.179)
(qw )nc0

Vérifions que la matrice A est inversible. Nous obtenons son déterminant sans prendre en
compte le terme source :
   
∂ρ ∂ρ
det(A) = −ρ (P, h) − (P, h), (3.180)
∂P h ∂h P

qui équivaut à (voir l’annexe C)


   
∂e ∂ρ
det(A) = −ρ (P, h) · (P, e). (3.181)
∂h P ∂P e

Donc lorsque le fluide est compressible, la matrice est inversible. De plus l’inverse de la matrice
A est
∂ρ ∂qw ∂ρ
! " #
~
A 1 1 h
 ∂P − 1 − ∂P ∆t − ∂P
A−1 = =  . (3.182)
~2
A det(A) − ρ + h ∂ρ − ∂qw ∆t ∂ρ
∂h ∂h ∂h

Exemple 1. Pour un stiffened gaz, à partir des équations (2.88) et (2.90), nous obtenons

P (γ − 1)e
e=h− , (3.183)
P + π0
alors
 
∂e P + π0
(P, h) = > 0. (3.184)
∂h P P + π0 + P (γ − 1)

Par ailleurs l’équation (2.88) donne


 
∂ρ 1
(P, e) = > 0. (3.185)
∂P e (γ − 1)e

Nous avons dans ce cas det(A) < 0.

64
Exemple 2. Pour un gaz parfait, un calcul similaire au stiffened gaz (avec π0 = 0) donne lieu à
 
∂e 1
(P, h) = > 0, (3.186)
∂h P γ
 
∂ρ 1
(P, e) = > 0. (3.187)
∂P e (γ − 1)e

Le déterminant de la matrice A est inférieur à zéro.


   
∂ρ ∂ρ
Remarque. Le calcul des dérivées ∂P et ∂h P est direct quand le fluide est du liquide pur
h
ou du gaz pur (voir la Section 2.5). Or dans le cas du mélange diphasique, l’hypothèse de l’équilibre
thermique entre les deux phases entraı̂ne un couplage entre la pression et la température donné
par la condition de saturation P = P sat (T ) tant que 0 ≤ X ≤ 1. Par conséquent, les quantités
thermodynamiques phasiques sous la condition de saturation ne dépendent que de la pression ou
de la température. Le calcul de ces deux dérivées est détaillé dans l’annexe C.

3.3.4 Résolution de la variation de pression


Nous résolvons le vecteur des inconnues ~x :
! 
~1
 
∆hc0 A X
~xc0 = = ~2
− ~ nf (Φ)n+1
m f + ~snc0  . (3.188)
∆Pc0 A
f

Considérons maintenant la dernière équation du système linéaire précédent :


 
~ 2 · −
X
(∆P )c0 = A m~ nf (Φ)n+1
f + ~snc0  . (3.189)
f

En reportant l’équation (3.169) dans l’équation précédente, on obtient une formule dont la seule
inconnue à l’instant n + 1 est la variation de pression :
 
~2 ·
X
~f | (∆P ) c1 − (∆P ) c0 ~ 2 −
X
(∆P )c0 = A ~ f βfn |S
m +A ~ nf (Φ)∗f + ~snc0  ,
m (3.190)
| ~
dr 01 |
f f

~f =
où c1 représente la cellule voisine de la cellule c0 avec la face commune f . En notant C
~f |
|S
~ f βfn
m ~ > 0, on peut simplifier l’équation précédente et on obtient
|dr01 |
 
~2 · ~ f )(∆P )c − A
~2 · ~ f (∆P )c = A
~ 2 −
X X X
(1 + A C 0 C 1 ~ nf (Φ)∗f + ~snc0  .
m (3.191)
f f f

Nous pouvons ainsi établir N équations de la variation de pression pour un maillage contenant N
cellules. Un solveur du système linéaire nous donne alors la variation de pression pour toutes les
cellules.

3.3.5 Résolution du système


Une fois que la variation de pression est obtenue, nous pouvons revenir à l’étape de correction,
comme décrite dans la Section 3.3.2, pour mettre à jour les vitesses au centre et sur la face,
ensuite à l’aide de la première équation du système linéaire (3.188), on peut aboutir à l’obtention
de l’enthalpie spécifique. Ainsi le système est résolu à l’instant n + 1.

65
3.4 Méthode semi-implicite en une étape
On peut résoudre la méthode semi-implicite en une seule étape, contrairement à ce qui
est fait dans le code CUPID [39]. Les avantages sont multiples. Tout d’abord, ceci facilite
largement la méthode numérique, par exemple, dans la version originale avec 2 étapes, nous
avons besoin de calculer le gradient de pression dans l’étape de prédiction et le gradient de la
variation de pression dans l’étape de correction, par contre dans cette nouvelle version avec
une étape, le calcul du gradient n’est nécessaire qu’une seule fois. Ensuite le fait d’avoir une
seule étape dans la méthode numérique facilite l’analyse du schéma numérique. De plus grâce à
cette nouvelle version, il est plus facile d’introduire la méthode quasi-implicite (voir la Section
3.5). Finalement, on détermine implicitement les termes de force dans l’équation de quantité de
mouvement. Dans la nouvelle version, les termes implicites sont calculés par rapport à la vitesse
à nouvel instant ~un+1 au lieu de à la vitesse intermédiaire ~u∗ , qui est le cas dans la version originale.

3.4.1 Pour les équations d’Euler


On présente tout d’abord cette approche pour le modèle d’Euler. La discrétisation pour la
quantité de mouvement avec la pression déterminée implicitement est
~un+1 unc0
c0 − ~ ~un X n 1 X ~ cn+1 + F~cn+1 .
ρnc0 = c0 (ρ)f (Φ)nf − (ρ~u)nf (Φ)nf − ∇P (3.192)
∆t V c0 V c0 0 0
f f

Comme dans l’équation (3.160), on linéarise le terme de force implicite par rapport à sa valeur
à l’instant n :
!n
∂ ~
F
F~ n+1 = F~ n + · (~un+1 − ~un ), (3.193)
∂~u

nous pouvons alors obtenir la vitesse


~un+1
c0
~ cn+1 ,
= ~γcn0 − βcn0 ∇P (3.194)
0

avec
  " !n #−1
∆t ~
u n X
1 ∂ F~ ∆t
= ~unc0 + n  c0 (ρ~u)nf (Φ)nf + F~cn0  · 1 −
X
~γcn0 (ρ)nf (Φ)nf − , (3.195)
ρc0 Vc0 V c0 ∂~u ρnc0
f f c0

et
" !n #−1
∆t ∂ F~ ∆t
βcn0 = n · 1− . (3.196)
ρc0 ∂~u ρnc0
c0

L’interpolation de Rhie et Chow (voir l’équation (3.33)) est utilisée pour déterminer la vitesse
sur la face (entre les cellules c0 et c1 ) à l’instant n + 1 :
n+1 − P n+1
1 n+1 n Pc1 c0 1 ~ n+1 + 1 β n ∇P
~ n+1
~un+1 = (~
u c0 + ~
u n+1
c1 ) − β ~nf + βcn0 ∇Pc0
f 2 f ~ 01 |
|dr 2 2 c1 c1

1 P n+1 − Pcn+1
= (~γcn0 + ~γcn1 ) − βfn c1 0
~nf , (3.197)
2 ~
|dr01 |
où la dernière égalité vient de l’équation (3.194). Le flux volumique selon la définition (3.159) est
(Φ)n+1 = ~un+1 ~f
·S
f f
n+1 n+1
1 ~f − β n Pc1 − Pc0 |S
= (~γcn0 + ~γcn1 ) · S ~f |. (3.198)
f ~ 01 |
2 |dr

66
La discrétisation des équations scalaires sous forme matricielle (voir la Section 3.3.3) :
X
Ac0 ~xc0 = − ~ nf (Φ)n+1
m f + ~snc , (3.199)
0
f

où ~x est le vecteur des inconnues, ~xc0 = (∆hc0 , ∆Pc0 )T , A est une matrice de dimension 2 × 2.
Comme dans l’équation (3.189), nous pouvons obtenir une relation entre Pcn+1 0
et Φn+1
f :
 
~ 2 · −
X
Pcn+1
0
= Pcn0 + A ~ nf (Φ)n+1
m f + ~snc0  , (3.200)
f

~ 2 est la seconde ligne de la matrice A−1 .


où le vecteur A

La combinaison des équations (3.198) et (3.200) donne lieu à une équation qui ne contient que
la pression à l’instant n + 1 comme inconnue :
 
 
n 1 n
 X 
~2 · ~ f )P n+1 − A
~2 · ~ f P n+1 = P n + A
~2 · − ~
X X
n n
(1 + A C c0 C c1 c0 m~ (~
γ + ~
γ ) · S f + ~
s ,
 f
2 c0 c1 c0

f f f
(3.201)
~f |
|S
~f = m
où C ~ f βfn > 0.
~
|dr01 |

Une fois que la pression à l’instant n+1 est obtenue, le reste de l’algorithme pour mettre à jour
le système reste similaire à ce qui est présenté dans la Section 3.3.5. On peut tout d’abord revenir
à l’équation (3.198) pour calculer le flux volumique à l’instant n + 1, ainsi le second membre du
système (3.199) est disponible. On peut ensuite calculer l’enthalpie spécifique à l’instant n + 1
grâce à la première équation du système (3.199) et finalement la vitesse à l’instant n + 1 à l’aide
de l’équation (3.194).

3.4.2 Pour le modèle bi-fluide à 6 équations


La discrétisation de l’équation de quantité de mouvement avec la pression déterminée
implicitement pour la phase k est

(~uk )n+1 uk )nc0


c0 − (~ 1 X (~uk )nc0 X
(αk ρk )nc0 + (αk ρk ~uk )nf (Φk )nf − (αk ρk )nf (Φk )nf + (~uk Γk )nc0
∆t Vc0 Vc0
f f

= ~ n+1
−(αk )nc0 ∇P + (αk ρk )nc0 ~g + ~ ik )n+1
(M + (Γk )nc0 (~ui )n+1 ~ n+1
c0 c0 c0 + (Mwk )c0 .
(3.202)

En linéarisant les termes sources à l’instant n + 1 par rapport à l’instant n :


!n
∂ ~k
M
~ k )n+1 = (M
(M ~ k )n + · (~un+1 − ~unk ), (3.203)
∂~uk k

où M~k = M ~ wk , nous pouvons obtenir la vitesse à l’instant n + 1 au centre de la


~ ik + Γk ~ui + M
cellule c0 , sous forme compacte :

(~uk )n+1
c0
~ cn+1 ,
= (~γk )nc0 − (βk )nc0 ∇P (3.204)
0

67
où
"
uk )nf (Φk )nf n n
P P
1 f (αk ρk ~ (~uk )nc0 f (αk ρk )f (Φk )f (~uk Γk )nc0
(~γk )nc0 = (~uk )nc0 + ∆t − + −
(αk ρk )nc0 Vc0 (αk ρk )nc0 Vc0 (αk ρk )nc0
# " !n #−1
~ k )nc
(M 1 ∂M~k
0
+ ~g + · 1− ∆t ,
(αk ρk )nc0 (αk ρk )nc0 ∂~uk
c0
(3.205)

et
" !n #−1
∆t 1 ∂M~k
(βk )nc0 = · 1− ∆t . (3.206)
n
(ρk )c0 (αk ρk )nc0 ∂~uk
c0

L’interpolation de Rhie et Chow (voir l’équation (3.33)) est utilisée pour calculer la vitesse
sur la face (entre les cellules c0 et c1 ) :
n+1 − P n+1
1 1 n Pc1 c0 1 ~ cn+1 + 1 (βk )nc ∇P
~ cn+1
(~uk )n+1
f = (~
u k )n+1
c0 + (~
u k ) n+1
c1 − (β k )f ~nf + (βk )nc0 ∇P
2 2 ~
|dr01 | 2 0
2 1 1

1 P n+1 − Pcn+1
(~γk )nc0 + (~γk )nc1 − (βk )nf c1
 0
= ~nf , (3.207)
2 ~
|dr01 |

où la dernière égalité vient de l’équation (3.204). Le flux volumique selon la définition (3.17) est

(Φk )n+1 = (~uk )n+1 ~f


·S
f f
n+1 n+1
1 ~f − (βk )n Pc1 − Pc0 |S
(~γk )nc0 + (~γk )nc1 · S ~f |.

= f (3.208)
2 ~ 01 |
|dr

La discrétisation des équations scalaires donne sous forme matricielle (voir la Section 3.1.5) :

(~l)nf (Φl )n+1


X X
Ac0 ~xc0 = (~s)nc0 − (~g )nf (Φv )n+1
f − f , (3.209)
f f

où ~x est le vecteur des inconnues, ~x = (∆hv , ∆hl , ∆αv , ∆P )T , A est une matrice de dimension
4 × 4. La dernière équation du système (3.209) nous permet d’obtenir une relation entre Pcn+1
0
et
n+1
(Φk )f :
 
~ 4 · (~s)nc − (~l)nf (Φl )n+1
X X
Pcn+1
0
= Pcn0 + A 0
(~g )nf (Φv )n+1
f − f
, (3.210)
f f

~ 4 est la quatrième ligne de la matrice A−1 .


où le vecteur A

La combinaison des équations (3.208) et (3.210) conduit à une équation dans laquelle la
pression à l’instant n + 1 est la seule inconnue :

~ 4 · (~s)n − 1

~4 · ~ f )P n+1 − A
~4 · ~ f P n+1 = P n + A ~f
X X X
(~g )nf (~γv )nc0 + (~γv )nc1 · S
 
(1 + A C c0 C c1 c0 c0
 2
f f f

1 X
~ n
 n n

~

− (l)f (~γl )c0 + (~γl )c1 · Sf ,
2 
f
(3.211)

68
~f |
h i
|S
~f =
où C ~01 | (~g )nf (βv )nf + (~l)nf (βl )nf > 0.
|dr

La même équation de pression peut s’établir pour toutes les cellules, et ainsi on obtient un
système linéaire de dimension N × N pour un maillage composé de N cellules. Une fois que la
pression est résolue, on peut revenir à l’équation (3.208) pour calculer le flux volumique à l’instant
n + 1. Avec le flux volumique connu dans le second membre du système (3.209), on aboutit aux
autres variables primitives scalaires. Finalement la vitesse à l’instant n + 1 se détermine à partir
de l’équation (3.204).

3.5 Méthode quasi-implicite (nearly implicit scheme)


Dans la méthode semi-implicite, la condition de stabilité liée aux ondes de pressions étant
éliminée du fait que les termes associés sont déterminés implicitement, le pas de temps imposé
par la condition de stabilité est limitée en fait par la vitesse des fluides. Or dans des situations
des écoulements stationnaires ou des processus d’intérêt se produisent lentement, un grand pas
de temps dépassant la condition CFL peut s’utiliser pour la simulation numérique sans perte de
précision, d’où l’intérêt d’utiliser un schéma implicite.

Considérons l’exemple suivant pour illustrer les propriétés du schéma implicite [79][94] :
a − a0
at + uax = − . (3.212)
τ
Il s’agit d’une propagation (à la vitesse constante u > 0) avec un amortissement solide d’un scalaire
a vers son état stationnaire a0 , avec τ le temps de relaxation. La solution exacte pour ce problème
est une onde qui se propage à la vitesse u avec amplitude décroissante, et la solution approche
a0 lorsque t → ∞. Le schéma implicite avec le schéma décentré amont pour la discrétisation en
espace donne :
an+1
j − anj an+1
j − an+1
j−1 an+1
j − a0
+u =− . (3.213)
∆t ∆x τ
En remplaçant alm par a0 + g l e−imk∆x , l’analyse de Von-Neumann conduit à
1
g= u∆t ∆t
. (3.214)
1+ ∆x (1 − e−ik∆x ) + τ
∆t
Pour le cas où le pas de temps est beaucoup plus grand que le temps de relaxation, i.e. τ  1,
nous obtenons à partir de l’équation (3.214) :

an+1 ≈ a0 . (3.215)

Nous pouvons remarquer alors que la méthode numérique avec un grand pas de temps reproduit
correctement la solution du problème (3.212) quand t → ∞, c’est-à-dire en régime permanent.

Considérons maintenant l’équation (3.212) avec la partie droite nulle. En remplaçant alm par
g l e−imk∆x ,
l’analyse de Von-Neumann donne
1
g= u∆t
. (3.216)
1+ ∆x (1 − e−ik∆x )
La solution exacte consiste en la propagation de la condition initiale à la vitesse u sans
amortissement. Cependant pour un grand pas de temps, i.e. ∆t  ∆xu , la méthode numérique
(3.216) entraı̂ne

an+1 ≈ 0, (3.217)

69
avec toutes les ondes amorties sauf celles de longueur grande (i.e. k petit). Effectivement pour
les ondes de longueur grande, le terme u∆t −ik∆x reste petit, donc ces ondes peuvent

∆x 1 − e
être précisément représentés, tandis que les ondes de longueur petite sont filtrés par la méthode
numérique.

Nous pouvons conclure à partir de cet exemple simple que pour un schéma implicite, avec
un pas de temps beaucoup plus grand que la constante temporelle associée au terme source, la
solution stationnaire peut être reproduite correctement [94][79]. D’ailleurs pour un pas de temps
plus grand
 que celui impliqué par la condition CFL associée à un phénomène de propagation
u∆t
∆x ≤ 1 , la méthode numérique filtre l’aspect dynamique des ondes associés [94][79]. Donc la
méthode implicite est surtout intéressant pour les situations où la physique dominante évolue
lentement ou on ne s’intéresse qu’à la solution à long terme.

En partant de cette remarque, ici on cherche à développer un schéma implicite pour nos
modèles mathématiques : le modèle d’Euler et le modèle bi-fluide à 6 équations. Contrairement
à [5], où pour un maillage composé de N cellules on a un système linéaire de taille 6N × 6N
à résoudre pour le modèle bi-fluide à 6 équations, le schéma présenté ici nécessite de résoudre
un système de taille moins grande, de plus il possède l’avantage d’être similaire au schéma
semi-implicite, donc plus facile à mettre en œuvre informatiquement.

On généralise ici la méthode quasi-implicite présentée dans [94] (voir aussi [79][3]), initialement
conçue pour un maillage décalé, à un maillage co-localisé. La méthode numérique consiste en deux
étapes, dont la première ressemble à la méthode semi-implicite, mis à part que le flux volumique
est déterminé implicitement dans l’équation de quantité de mouvement. Dans la seconde étape,
les termes convectifs dans toutes les équations sont calculées implicitement afin de stabiliser le
système. Dans ce qui suit, on explique en détail la méthode numérique pour les deux modèles
mathématiques, Euler et bi-fluide à 6 équations.

3.5.1 Pour les équations d’Euler


La discrétisation de l’équation de quantité de mouvement est :
~un+1 − ~unc0 ~un+1 X n 1 X ~ n+1
ρnc0 c0 = c0 (ρ)fc (Φ)n+1
f − (ρ~u)nfc (Φ)n+1
fc0 − ∇Pc0 , (3.218)
∆t V c0 0 c0 V c0 0
fc 0 fc 0

avec le flux volumique et la vitesse au centre de la cellule dans le premier membre à droite
déterminés implicitement, contrairement à ce qui est fait dans la méthode semi-implicite et fc0
signifie l’ensemble des faces de la cellule c0 .

Nous allons réécrire le terme :


~un+1
c0
X ~un+1
c0
X ~un+1
c0
X
(ρ)nfc (Φ)n+1
fc0 = (ρ) n
fc0 (Φ) n
fc0 + (ρ)nfc (∆Φ)fc0
Vc0 0 V c0 V c0 0
fc0 fc0 fc0

~un+1
c0
X ~unc0 X ∆~uc0 X n
= (ρ)nfc (Φ)nfc + (ρ)nfc (∆Φ)fc0 + (ρ)fc (∆Φ)fc0 ,
V c0 0 0 Vc0 0 V c0 0
fc0 fc0 fc0
(3.219)
avec la définition ∆(.) = (.)n+1 − (.)n . En négligeant le dernier terme (vu qu’il s’agit du produit
des 2 variations temporelles), nous obtenons :
~un+1
c0
X ~un+1
c0
X ~unc0 X n ~unc0 X n
(ρ)nfc (Φ)n+1
fc0 = (ρ) n
fc0 (Φ)n
fc0 − (ρ) fc0 (Φ) n
fc0 + (ρ)fc (Φ)n+1
fc0 ,
Vc0 0 Vc0 Vc0 Vc0 0
fc0 fc 0 fc0 fc0
(3.220)

70
donc la vitesse à l’instant n + 1 devient
~unc0 X n βcn0 X n ~ n+1
~un+1
c0 = ~unc0 + βcn0 (ρ)fc (Φ)n+1
fc0 − (ρ~u)nfc (Φ)n+1
fc0 − βc0 ∇Pc0 , (3.221)
V c0 0 V c0 0
fc0 fc0

avec
∆t 1
βcn0 = · . (3.222)
ρnc0 1− ∆t P
(ρ)nfc (Φ)nfc
ρn
c0 Vc0 fc0 0 0

L’interpolation de Rhie et Chow comme dans l’équation (3.197) pour la vitesse sur la face
commune des cellules c0 et c1 donne :
n+1 − P n+1
1 n+1 n P c1 c0 1 ~ cn+1 + 1 βcn ∇P ~ cn+1
~un+1
f = (~
u c0 + ~u n+1
c1 ) − β f ~nf + βcn0 ∇P
2 ~ 01 |
|dr 2 0
2 1 1

 
~un
1 1 1
= (~unc0 + ~unc1 ) + βcn0  c0
X X
(ρ)nfc (Φ)n+1
fc 0 − V (ρ~u)nfc (Φ)n+1
fc0

2 2 V c0 0
c0 0
fc 0 fc0
 
~
u n X n+1 − P n+1
1 1 n P c1
+ βcn1  c1 c0
X
(ρ)nfc (Φ)n+1 fc1 − (ρ~u) n
fc1 (Φ) n+1 
fc1 − β f ~nf , (3.223)
2 Vc1 1 Vc1 ~
|dr01 |
fc1 fc1

où f(.) indique l’ensemble des faces de la cellule (.) ⊂ {c0 , c1 } et f est la face commune des
cellules c0 et c1 , i.e. f = fc0 ∩ fc1 .

D’après la définition (3.159), le flux volumique est

(Φ)n+1 = ~un+1 ~f
·S
f f
 
1 ~f + 1 n  ~unc0 X n 1 X
~f
= (~unc0 + ~unc1 ) · S β (ρ)fc (Φ)n+1
− (ρ~u)nfc (Φ)n+1 ·S
2 2 c0 Vc0 0 fc0
Vc0 0 fc 0
fc0 fc0
 
~un n+1 − P n+1
1 1 n+1  ~ n Pc1 ~f |.
+ βcn1  c1 c0
X X
(ρ)nfc (Φ)n+1
f − (ρ~
u )n
fc 1 (Φ) f · S f − β f |S
2 V c1 1 c 1 V c1 c1 ~
|dr01 |
fc 1 fc 1
(3.224)

La discrétisation des équations scalaires reste la même que pour la méthode semi-implicite
(voir la Section 3.3.3), et on obtient la relation entre la pression et le flux volumique pour la
cellule c0 (de même pour la cellule c1 ) :
 
~ 2 )c · −
X
Pcn+1
0
= Pcn0 + (A 0 ~ nfc (Φ)n+1
m snc0  ,
fc + ~ (3.225)
0 0
fc0

~ 2 )c est la seconde ligne de la matrice A−1 pour la cellule c0 .


où le vecteur (A 0

Contrairement à la méthode semi-implicite, où l’expression du flux volumique est reportée dans
l’équation précédente pour obtenir une équation de pression, ici nous allons reporter l’équation
précédente dans la formule du flux volumique (3.224) pour finalement obtenir une équation qui

71
ne contient que le flux volumique comme inconnue :
 
n
1 ~f + 1 β n  ~uc0 1 ~f
X X
(Φ)n+1
f = (~unc0 + ~unc1 ) · S c0 (ρ)nfc (Φ)n+1
f − (ρ~u)nfc (Φ)n+1
fc0
·S
2 2 Vc0 0 c 0 Vc0 0
fc 0 fc 0
 
~un
1 1 ~f
+ βcn1  c1
X X
(ρ)nfc (Φ)n+1
f − (ρ~u)nfc (Φ)n+1fc1
·S
2 V c1 1 c1 V c1 1
fc1 fc1
~ 2 )c · ~sn − (A
Pcn1 − Pcn0 + (A ~ 2 )c · ~sn
c1 c0 ~
− βfn 1 0
|Sf |
~
|dr01 |
~ 2 )c · P m n n+1 ~ P
~ nfc (Φ)n+1
(A 1 fc ~ fc (Φ)fc − (A2 )c0 · fc m fc
+ βfn 1 1 1 0 0 0 ~f |.
|S (3.226)
~ 01 |
|dr

Une fois que le flux volumique est résolu, on utilise l’équation (3.225) pour obtenir la pression
à l’instant n + 1 : P n+1 . Ensuite on introduit la seconde étape pour stabiliser les termes convectifs
dans les équations de masse et d’énergie comme dans [94].
P n+1 n+1
ρ̃n+1 fc0 (ρ̃)fc0 (Φ)fc0
n
c0 − ρc0
+ = 0, (3.227)
∆t V c0
 
e n+1 n+1
P
e n+1 fc0 (ρe) fc0 (Φ)fc0
n Pn X
(ρe) c0 − (ρe)c0
+ = − c0  (Φ)n+1 fc 0
 + snc . (3.228)
∆t Vc0 Vc0 0
fc0

La masse volumique ρ̃n+1 et l’énergie interne (ρe)e n+1 calculés ainsi ne sont pas les valeurs finales
à l’instant n + 1, donc ils sont exprimés avec un tilde. L’énergie interne spécifique à l’instant n + 1
se calcule par :

e n+1
(ρe)
en+1 = , (3.229)
ρ̃n+1
et la masse volumique est déterminée par la loi d’état :

ρn+1 = ρ(P n+1 , en+1 ). (3.230)

Nous avons constaté lors de cas tests numériques qu’il fallait appliquer également la seconde
étape à l’équation de quantité de mouvement pour avoir un schéma stable :

u)n+1 n+1
P
u)n+1
(ρ~ u)nc0
c0 − (ρ~ fc0 (ρ~ fc0 (Φ)fc0
f f
+ ~ n+1 .
= −∇P (3.231)
c0
∆t V c0

La vitesse à l’instant n + 1 est finalement calculée par


n+1
n+1 (ρ~
g u)
~u = . (3.232)
ρ̃n+1

Remarque 1. Dans la seconde étape de la méthode numérique, il faut inverser une matrice
pour obtenir chaque terme à l’instant n + 1 dans les 3 équations (3.227), (3.228) et (3.231). Or
la matrice à inverser reste la même pour ces trois équations, seul le second membre change. Donc
dans cette étape, il n’est nécessaire d’inverser qu’une matrice de taille N × N , avec N le nombre
de cellules dans le maillage.

72
3.5.2 Pour le modèle bi-fluide à 6 équations
La discrétisation de l’équation de quantité de mouvement pour la phase k est

(~uk )n+1 uk )nc0


c0 − (~ 1 X (~uk )nc0 X
(αk ρk )nc0 + (αk ρk ~uk )nf (Φk )n+1
f − (αk ρk )nf (Φk )n+1
f + (~uk Γk )nc0
∆t V c0 Vc0
f f

= ~ cn+1
−(αk )nc0 ∇P + (αk ρk )nc0 ~g + ~ ik )n+1
(M c0 + (Γk )nc0 (~ui )n+1 ~ n+1
c0 + (Mwk )c0 .
0
(3.233)

En linéarisant les termes sources à l’instant n + 1 par rapport à l’instant n :


!n
∂ ~k
M
~ k )n+1 = (M
(M ~ k )n + · (~un+1 − ~unk ), (3.234)
∂~uk k

~k = M
où M ~ ik + Γk ~ui + M
~ wk , nous pouvons obtenir la vitesse à l’instant n + 1 :

(βk )nc0 X n+1 (βk )nc0 (~uk )nc0 X


(~uk )n+1
c0 = (~uk )nc0 − (α k ρk ~
u k ) n
f (Φk )f + (αk ρk )nf (Φk )n+1
f
(αk )nc0 Vc0 (αk )nc0 Vc0
f f
~ n+1
−(βk )nc0 ∇P + (~sk )nc0 , (3.235)
c0

où
" !n #−1
∆t 1 ∂M ~k
(βk )nc0 = · 1− ∆t ,
(ρk )nc0 (αk ρk )nc0 ∂~uk
c0
" # " !n #−1
(~uk Γk )nc0 ~ ik )n
(M (~ui Γk )nc0 (M~ wk )n 1 ∂M~k
c0 c0
(~sk )nc0 = ∆t ~g − + + + · 1− ∆t .
n
(αk ρk )c0 n
(αk ρk )c0 (αk ρk )c0n n
(αk ρk )c0 (αk ρk )nc0 ∂~uk
c0
(3.236)

L’interpolation de Rhie et Chow (voir l’équation (3.33)) pour calculer la vitesse sur la face
s’écrit :
n+1 − P n+1
1 n Pc1 c0 1 ~ n+1 + 1 (βk )n ∇P ~ n+1
(~uk )n+1 (~uk )n+1 n+1
~nf + (βk )nc0 ∇P

f = c0 + (~
u k ) c1 − (β k ) f c0 c1 c1
2 ~ 01 |
|dr 2 2

1  1 (~uk )nc0 X
= (~uk )nc0 + (~uk )nc1 + (~sk )nc0 + (~sk )nc1 + (βk )nc0  (αk ρk )nfc (Φk )n+1
fc0
2 2 (αk )nc0 Vc0 0
fc0

n (Φ )n+1
P #
(α ρ ~
u ) uk )nc1 X
1 n  (~
fc0 k k k fc 0 k fc0
− + (β )
k c1 (αk ρk )nfc (Φk )n+1
fc 1
(αk )nc0 Vc0 2 (αk )nc1 Vc1 1
fc 1

uk )nfc (Φk )n+1


P #
fc1 (αk ρk ~
n+1 − P n+1
1 f c1 n P c1 c0
− − (β k )f ~nf , (3.237)
(αk )nc1 Vc1 ~ 01 |
|dr

où f(.) indique l’ensemble des faces de la cellule (.) ⊂ {c0 , c1 } et f est la face commune des
cellules c0 et c1 , i.e. f = fc0 ∩ fc1 .

73
Selon la définition (3.17), le flux volumique est

(Φk )n+1 = (~uk )n+1 ~f


·S
f f

n
1 ~f + (βk )nc  (~uk )c0
1 X
(~uk )nc0 + (~uk )nc1 + (~sk )nc0 + (~sk )nc1 · S (αk ρk )nfc (Φk )n+1

= n fc0
2 2 0
(αk )c0 Vc0 0
fc0

uk )nfc (Φk )n+1
P #
fc0 (αk ρk ~
n
f
~f + (βk )nc  (~uk )c1
1
c
X
− 0 0
· S (αk ρk )nfc (Φk )n+1
fc 1
(αk )nc0 Vc0 2 1
(αk )nc1 Vc1 1
fc 1

uk )nfc (Φk )n+1


P #
fc1 (αk ρk ~
n+1 n+1
− 1 fc1
· ~f − (βk )n Pc1 − Pc0 |S
S ~f |. (3.238)
f ~ 01 |
(αk )nc1 Vc1 |dr
La discrétisation des équations scalaires reste la même que pour la méthode semi-implicite
(voir la Section 3.1.3, et on obtient la relation entre la pression et le flux volumique pour la cellule
c0 (de même pour la cellule c1 ) :
 
~ 4 )c · − (~l)nfc (Φl )n+1
X X
Pcn+1
0
= Pcn0 + (A 0 (~g )nfc (Φv )n+1
fc − s)nc0  ,
fc + (~ (3.239)
0 0 0 0
fc0 fc0

~ 4 )c est la quatrième ligne de la matrice A−1 pour la cellule c0 (voir la Section 3.1.5 pour
où (A 0
plus de détails).

Nous reportons l’expression (3.239) pour la pression à l’instant n + 1 dans l’équation (3.238)
pour obtenir une équation qui ne contient que le flux volumique comme inconnue :
(~uk )nc0 fc (αk ρk )nfc (Φk )n+1
" P
n+1 1 n n n n
 1
~f + (βk ) n 0 0 fc0
(Φk )f = (~uk )c0 + (~uk )c1 + (~sk )c0 + (~sk )c1 · S c0
2 2 (αk )nc0 Vc0
uk )nfc (Φk )n+1 (~uk )nc1 fc (αk ρk )nfc (Φk )n+1
P # " P
fc0 (αk ρk ~ f 1 fc1
− 0 c0
·S~f + (βk )nc 1 1
n
(αk )c0 Vc0 2 1 n
(αk )c1 Vc1
uk )nfc (Φk )n+1 ~ 4 )c · (~s)n − (A ~ 4 )c · (~s)n
P #
fc1 (αk ρk ~ fc1 P n − Pcn0 + (A
− 1
· S~f − (βk )n c1 1 c1 0 c0 ~
|Sf |
f ~
(αk )nc1 Vc1 |dr01 |
h i
~ 4 )c · P (~g )n (Φv )n+1 + P (~l)n (Φl )n+1
(A 1 fc 1 fc1 fc1 fc1 fc 1 fc1
+ (βk )nf |S~f |
~
|dr01 |
h i
~ 4 )c · P (~g )n (Φv )n+1 + P (~l)n (Φl )n+1
(A 0 fc 0 fc0 fc0 fc 0 fc0 fc 0
− (βk )nf ~f |.
|S (3.240)
~
|dr01 |

Une fois que le flux volumique (Φk )n+1


f est obtenu, on utilise l’équation (3.239) pour obtenir la
pression à l’instant n + 1 : P n+1 . Comme pour le modèle d’Euler, on introduit une seconde étape
pour stabiliser les termes convectifs dans les équations de masse et d’énergie [94] :
n+1 n+1
P ^ n+1
− (αk ρk )nc0 fc0 (αk ρk )fc0 (Φk )fc0
^
(α k ρk )c0
+ = (Γ̇k )n+1
c0 ,
∆t V c0
n+1 n+1
P ^ n+1
fc0 (αk ρk ek )fc0 (Φk )fc0
n
k ρk ek )c0 − (αk ρk ek )c0
(α^ (α̇k )n+1 n
c0 − (αk )c0
+ = −Pcn0
∆t Vc0 ∆t
P n n+1
fc0 (αk )fc0 (Φk )fc0
− Pcn0 + (Q̇ik + Γ̇k ḣik )n+1 n+1
c0 + (q̇wk )c0 , (3.241)
Vc0

74
où les termes sources sont calculés avec la pression et l’enthalpie spécifique obtenues à partir de la
première étape, et (α̇k )n+1
c0 est également obtenue à l’issue de la première étape. L’énergie interne
spécifique se calcule par :

(αk ρk ek )n+1
en+1
k = , (3.242)
(αk ρk )n+1

la masse volumique est déterminée par la loi d’état :

ρn+1
k = ρ(P n+1 , en+1
k ), (3.243)

et le taux de vide s’obtient par

(αl ρl )n+1
α=1− . (3.244)
ρn+1
l

Ici la phase liquide est choisie pour déterminer le taux de vide, parce que le liquide est peu
compressible, et donc on s’attend à une erreur moins importante par rapport à l’utilisation de la
phase vapeur.

Finalement, comme pour le modèle d’Euler, la seconde étape est également nécessaire pour
stabiliser l’équation de quantité de mouvement :
n+1 n+1
uk )fc (Φk )n+1
P
(α^
k ρk ~
uk )c0 − (αk ρk ~uk )nc0 fc0 (α^
k ρk ~ fc
+ 0 0 ~ cn+1 + (αk ρk )nc ~g
= −(αk )nc0 ∇P
∆t V c0 0 0

~ ik )n+1
+ (M n+1 i n+1
c0 + (Γ̇k )c0 (~
~ wk )n+1
u ) c0 + ( M c0 , (3.245)

avec les termes sources linéarisés par rapport à l’instant n, e.g.,


!n 
∂ M~k n+1

1
~ n+1
Mk = Mk + ~ n
· (αk ρk ~uk )
^ − (αk ρk ~uk )n
, (3.246)
∂~uk (αk ρk )n

~k = M
où M ~ ik + Γk ~ui + M
~ wk , et la vitesse à l’instant n + 1 est calculée par

n+1
(α^
k ρk ~
uk )
~un+1
k = n+1 . (3.247)
^
(α k ρk )

3.6 Schémas conservatifs


Dans cette section, on cherche à développer une version conservative pour la méthode
semi-implicite introduite dans la Section 3.1 pour le modèle bi-fluide à 6 équations et dans la
Section 3.3 pour le modèle d’Euler.

En vérifiant la méthode numérique, on peut observer plusieurs raisons pour lesquelles la


méthode numérique n’est pas conservative. Prenons l’exemple du modèle d’Euler. D’abord,
les variables non conservatives telles que la vitesse et l’enthalpie sont utilisées pour l’équation
de quantité de mouvement et l’équation d’énergie respectivement. D’ailleurs, même si la
discrétisation de l’équation de masse est conservative, cette discrétisation n’est pas utilisée
directement pour obtenir la masse volumique. Effectivement, cette équation est couplée avec
l’équation d’énergie afin de donner lieu à une équation de pression, comme ce qui est fait
typiquement dans les solveurs de pression (pressure-based methods). Et la masse volumique est
finalement calculée à partir de l’équation d’état, par conséquent la résolution de l’équation de

75
masse n’est pas forcément conservative.

Il est bien connu que la propriété de conservation est essentielle pour une méthode afin qu’elle
soit capable de capturer les chocs dans les écoulements monophasiques [50]. Donc ici une étape
supplémentaire pour rendre la méthode numérique conservative est introduite. Comme cette
étape est complètement explicite, le temps de calcul supplémentaire associé est négligeable. Les
propriétés numériques de la méthode conservative sont illustrées dans le Chapitre 4 à travers de
cas tests.

L’idée principale de la version conservative est de considérer la méthode semi-implicite comme


une approche pour calculer le flux volumique sur la face des cellules, au lieu de calculer la
solution finale. Ensuite les variables conservatives sont résolues directement, comme montré dans
les équations (3.248)-(3.250), avec Pf∗ la pression sur la face des cellules obtenue par la méthode
semi-implicite non conservative. Finalement, les variables primitives ~u, P et h sont déduites à
partir des variables conservatives.

n n+1
P
ρn+1
c0 − ρ n
c0 f (ρ)f Φf
+ = 0, (3.248)
∆t Vc0
P ∗~
u)nf Φn+1
P
(ρ~u)n+1
c0 − (ρ~ u)nc0 f (ρ~ f f Pf S f
+ =− , (3.249)
∆t V c0 V c0
n ∗ n+1
P
(ρE)n+1
c0 − (ρE)c0
n
f [(ρE)f + Pf ]Φf
+ = 0. (3.250)
∆t V c0
La généralisation pour le modèle bi-fluide à 6 équation est directe, ce qui assure que la masse,
la quantité de mouvement, et l’énergie totale sont conservées pour le mélange.
P n n+1
(αk ρk )n+1
c0 − (αk ρk )c0
n
f (αk ρk )f (Φk )f
+ = 0, (3.251)
∆t V c0
P ∗~
uk )nf (Φk )n+1
P
(αk ρk ~uk )n+1 uk )nc0
c0 − (αk ρk ~ f (αk ρk ~ f n f Pf S f
+ + (αk )c0 = (αk ρk )nc0 ~g , (3.252)
∆t Vc0 Vc0
P h i
n + (α )n P ∗ (Φ )n+1
n+1
(αk ρk Ek )c0 − (αk ρk Ek )c0 n f (α ρ E
k k k f ) k f f k f
+
∆t V c0
(αk )∗c0 − (αk )nc0
+ (P )∗c0 = (αk ρk )nc0 ~g · (~uk )nc0 .
∆t
(3.253)

3.7 Analyse de stabilité pour le modèle d’Euler


Il est connu que la méthode semi-implicite est stable, si la condition CFL calculée avec la
vitesse des fluides est satisfaite, pour les équations d’Euler sur maillage décalé (voir [36]). Nous
montrons ici la condition de stabilité est la même pour le maillage colocalisé avec l’interpolation
de Rhie et Chow pour calculer la vitesse sur la face.

3.7.1 Cas isentropique


Nous allons tout d’abord considérer le cas isentropique avec les équations suivantes sous forme
non-conservative :
∂ρ ∂ρ ∂u
+u +ρ = 0, (3.254)
∂t ∂x ∂x
∂u ∂u ∂P
ρ + ρu + = 0, (3.255)
∂t ∂x ∂x

76
avec l’équation d’état :
dρ dP
dρ = dP = 2 , (3.256)
dP c
où c est la vitesse du son.

On cherche à discrétiser ces équations d’une façon équivalente au schéma semi-implicite. Les
équations utilisées pour le schéma semi-implicite sont :
∂ρ ∂ρu
+ = 0, (3.257)
∂t ∂x
∂u ∂ρuu ∂ρu ∂P
ρ + −u + = 0. (3.258)
∂t ∂x ∂x ∂x
Et la discrétisation en espace de la méthode semi-implicite est comme suit :
∂ρ ρj+ 21 uj+ 12 − ρj− 12 uj− 21
+ = 0, (3.259)
∂t ∆x
∂u (ρu)j+ 12 uj+ 12 − (ρu)j− 12 uj− 12 ρj+ 1 uj+ 1 − ρj− 1 uj− 1
2 2 2 2
Pj+ 1 − Pj− 1
2 2
ρ + − uj + = 0. (3.260)
∂t ∆x ∆x ∆x

En tenant compte du fait que ρ et ρu sur une face sont calculées en utilisant le schéma décentré
amont, en supposant de plus que la vitesse u > 0, on obtient :
ρj+ 1 uj+ 1 − ρj− 1 uj− 1 ρj+ 1 uj+ 1 − ρj+ 1 uj− 1 + ρj+ 1 uj− 1 − ρj− 1 uj− 1
2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
=
∆x ∆x
uj+ 1 − uj− 1 ρj − ρj−1
2 2
= ρj + uj− 1 , (3.261)
∆x 2 ∆x
et
(ρu)j+ 1 uj+ 1 − (ρu)j− 1 uj− 1 ρj+ 1 uj+ 1 − ρj− 1 uj− 1
2 2 2 2 2 2 2 2
− uj
∆x ∆x
(ρu)j uj+ 1 − (ρu)j−1 uj− 1 ρj uj+ 1 − ρj−1 uj− 1
2 2 2 2
= − uj
∆x ∆x
uj − uj−1
= ρj−1 uj− 1 . (3.262)
2 ∆x
Donc les discrétisations (3.259) et (3.260) deviennent :
∂ρ ρj − ρj−1 uj+ 1 − uj− 1
2 2
+ uj− 1 + ρj = 0, (3.263)
∂t 2 ∆x ∆x
∂u uj − uj−1 Pj+ 12 − Pj− 12
ρ + ρj−1 uj− 1 + = 0. (3.264)
∂t 2 ∆x ∆x
qui sont également les discrétisations des équations non conservatives (3.254) et (3.255) conformes
au schéma semi-implicite.

Afin d’étudier la propriété de stabilité du schéma numérique par l’analyse de Von Neumann, on
linéarise le problème par rapport à un état de référence (P0 , u0 , ρ0 , c0 ). Ainsi le schéma numérique
devient :
∂ρ ρj − ρj−1 uj+ 1 − uj− 1
2 2
+ u0 + ρ0 = 0, (3.265)
∂t ∆x ∆x
∂u uj − uj−1 1 Pj+ 12 − Pj− 12
+ u0 + = 0. (3.266)
∂t ∆x ρ0 ∆x

77
Avec la version linéarisée de la loi d’état P = P0 + c20 (ρ − ρ0 ) on obtient :

∂P Pj − Pj−1 uj+ 1 − uj− 1


+ u0 + ρ0 c20 2 2
= 0, (3.267)
∂t ∆x ∆x
∂u uj − uj−1 1 Pj+ 12 − Pj− 21
+ u0 + = 0. (3.268)
∂t ∆x ρ0 ∆x
qui est une discrétisation linéarisée des équations continues :
∂P ∂P ∂u
+u + ρc2 = 0, (3.269)
∂t ∂x ∂x
∂u ∂u 1 ∂P
+u + = 0. (3.270)
∂t ∂x ρ ∂x

Condition de stabilité sans Rhie et Chow. Sans Rhie et Chow, la vitesse sur la face s’obtient
en moyennant les deux vitesses aux centres des cellules voisines, donc les discrétisations (3.267)
et (3.268) deviennent :
n+1 n+1
∆t uj+1 − uj−1
 
u0 ∆t n
Pjn+1− Pjn
+ (Pj − Pj−1 ) + ρ0 c20
n
= 0, (3.271)
∆x ∆x 2
n+1 n+1
1 ∆t Pj+1 − Pj−1
 
n+1 n u0 ∆t n n
uj − uj + (u − uj−1 ) + = 0. (3.272)
∆x j ρ0 ∆x 2

On effectue une analyse de Von Neumann en remplaçant la variable φlm par φe−imk∆x g l , avec
g la valeur propre de la matrice d’amplification (voir [36]), et on obtient :
ik∆x − e−ik∆x )
   
u0 ∆t −ik∆x 2 ∆t (e
P g−1+ (1 − e ) + ρ0 c0 g u = 0, (3.273)
∆x ∆x 2
1 ∆t (eik∆x − e−ik∆x )
   
u0 ∆t −ik∆x
u g−1+ (1 − e ) + g P = 0, (3.274)
∆x ρ0 ∆x 2
sous forme matricielle :
∆t
g − 1 + Cm k1 ρ0 c20 ∆x
    
k2 g P 0
1 ∆t = , (3.275)
ρ0 ∆x k2 g g − 1 + Cm k1 u 0

(eiθ −e−iθ ) u0 ∆t
avec les notations k1 = 1 − e−iθ = (1 − cos θ) + i sin θ, k2 = 2 = i sin θ, et Cm = ∆x , où
θ = k∆x. On peut obtenir le polynôme caractéristique :

(g − 1 + Cm k1 )2 − Cs2 k22 g 2 = 0, (3.276)


c0 ∆t
où Cs = ∆x . On peut écrire

1 − Cm k1 [1 − Cm (1 − cos θ)] − iCm sin θ


g= = . (3.277)
1 ± Cs k 2 1 ± iCs sin θ
La condition de stabilité nécessite |g| ≤ 1, on a :

[1 − Cm (1 − cos θ)]2 + (Cm sin θ)2


|g|2 =
1 + (Cs sin θ)2
≤ [1 − Cm (1 − cos θ)]2 + (Cm sin θ)2
= [(1 − Cm ) + Cm cos θ]2 + (Cm sin θ)2
= (1 − Cm )2 + Cm
2
+ 2(1 − Cm )Cm cos θ
= 2(Cm − 1)Cm (1 − cos θ) + 1. (3.278)

78
La condition nécessaire et suffisante de stabilité est donc

(Cm − 1)Cm (1 − cos θ) ≤ 0, (3.279)

ceci équivaut à : 0 ≤ Cm ≤ 1.

Le schéma semi-implicite sur maillage colocalisé, sans Rhie et Chow pour calculer la vitesse
sur la face, est stable dans les mêmes conditions que pour un maillage décalé (voir [36]).

Condition de stabilité avec Rhie et Chow. La formulation de Rhie et Chow pour la vitesse
sur la face est :
! n+1
n+1 1 n+1 n+1 1 ∆t ∆t Pj+1 − Pjn+1 1 ∆t Pj+1 n+1 n+1
− Pj−1
uj+1/2 = (uj + uj+1 ) − + n +
2 2 ρnj ρj+1 ∆x 2 ρnj 2∆x
n+1 n+1
!
∆t Pj+2 − Pj
+ n . (3.280)
ρj+1 2∆x

L’analyse de Von Neumann devient :


iθ −iθ )
2 ∆t (e − e
   
u0 ∆t −iθ
P g−1+ (1 − e ) + ρ0 c0 g u
∆x ∆x 2
" #
c0 ∆t 2 (e2iθ − 4eiθ + 6 − 4e−iθ + e−2iθ )

+ g P = 0, (3.281)
∆x 4
1 ∆t (eiθ − e−iθ )
   
u0 ∆t −iθ
u g−1+ (1 − e ) + g P = 0, (3.282)
∆x ρ0 ∆x 2

sous forme matricielle :


∆t
g − 1 + Cm k1 + Cs2 k3 g ρ0 c20 ∆x
    
k2 g P 0
1 ∆t = , (3.283)
k
ρ0 ∆x 2 g g − 1 + C k
m 1 u 0

avec la notation
(e2iθ − 4eiθ + 6 − 4e−iθ + e−2iθ )
k3 =
4
= (cos θ − 1)2 . (3.284)

Le polynôme caractéristique est :

(g − 1 + Cm k1 )2 + (g − 1 + Cm k1 )Cs2 k3 g − Cs2 k22 g 2


= g 2 + 2(−1 + Cm k1 )g + (−1 + Cm k1 )2 + Cs2 k3 g 2 + (−1 + Cm k1 )Cs2 k3 g − Cs2 k22 g 2
= (1 + Cs2 k3 − Cs2 k22 )g 2 + (−1 + Cm k1 )(2 + Cs2 k3 )g + (−1 + Cm k1 )2
= 1 + 2Cs2 (1 − cos θ) g 2 + (Cm k1 − 1) 2 + Cs2 (cos θ − 1)2 g + (Cm k1 − 1)2 .
   
(3.285)

Nous avons besoin des définitions suivantes ainsi que le théorème 1 pour démontrer la condition
de stabilité pour la méthode semi-implicite.

Définition 1. (Voir [83]) Un polynôme φ est un polynôme de Von Neumann si toutes ses racines,
rv , satisfont

|rv | ≤ 1. (3.286)

79
Définition 2. (Voir [83]) Un polynôme φ est un polynôme de Von Neumann simple si φ est un
polynôme de Von Neumann et ses racines sur le cercle trigonométrique sont des racines simples.

Définition 3. (Voir [83]) Pour un polynôme φ de degré d, le polynôme φ∗ est défini par
d
X
φ∗ (g) = ād−l g l , (3.287)
l=0

où la barre sur le coefficient ad−l de φ indique son conjugué. On définit par récurrence le polynôme :

φ∗d (0)φd (g) − φd (0)φ∗d (g)


φd−1 (g) = . (3.288)
g

Théorème 1. (Voir [83]) φd est un polynôme de Von Neumann simple si et seulement si |φd (0)| <
|φ∗d (0)| et φd−1 est un polynôme de Von Neumann simple.

Nous avons le théorème suivant sur la condition de stabilité de la méthode semi-implicite pour
les équations d’Euler isentropique.

Théorème 2. La méthode semi-implicite sur maillage colocalisé avec l’interpolation de Rhie


et Chow pour calculer la vitesse sur la face des cellules est stable pour les équations d’Euler
isentropique linéarisées si la condition CFL : 0 ≤ Cm ≤ 1 est satisfaite.

Preuve. En notant

a = 1 + 2Cs2 (1 − cos θ),


b = 2 + Cs2 (cos θ − 1)2 (Cm k1 − 1),
 

c = (Cm k1 − 1)2 , (3.289)

le polynôme (3.285) devient

φ2 (g) = ag 2 + bg + c. (3.290)

Pour que le schéma semi-implicite soit stable, φ2 doit être un polynôme de Von Neumann simple.
À partir de la définition (3.287), nous obtenons

φ∗2 (g) = a + b̄g + c̄g 2 . (3.291)

En appliquant le Théorème 1, on peut établir une première condition de stabilité :

|φ2 (0)| < |φ∗2 (0)| =⇒ |c| < |a|, (3.292)

i.e.

2(Cm − 1)Cm (1 − cos θ) + 1 ≤ 1 + 2Cs2 (1 − cos θ). (3.293)

On obtient ainsi la première condition de stabilité :

0 ≤ Cm ≤ 1. (3.294)

On peut calculer

φ∗2 (0)φ2 (g) − φ2 (0)φ∗2 (g)


φ1 (g) =
g
2 2
= (a − |c| )g + ab − b̄c. (3.295)

80
La 2-ième condition de stabilité (φ1 (g) est un polynôme de Von Neumann simple) est alors :
|ab − b̄c| < (a2 − |c|2 ). (3.296)
Nous avons
ab − b̄c = 1 + 2Cs2 (1 − cos θ) 2 + Cs2 (cos θ − 1)2 (Cm k1 − 1)
  

− 2 + Cs2 (cos θ − 1)2 |Cm k1 − 1|2 (Cm k1 − 1)


 

= 2 + Cs2 (cos θ − 1)2 (Cm k1 − 1) 1 + 2Cs2 (1 − cos θ) − |Cm k1 − 1|2


   

= 2 + Cs2 (cos θ − 1)2 (Cm k1 − 1)(a − |c|).


 
(3.297)
La 2-ième condition devient :
2 + Cs2 (cos θ − 1)2 |(Cm k1 − 1)| ≤ a + |c|,
 
(3.298)
i.e.
p
2 + Cs2 (cos θ − 1)2 2(Cm − 1)Cm (1 − cos θ) + 1 ≤ 1 + 2Cs2 (1 − cos θ)


+ 2(Cm − 1)Cm (1 − cos θ) + 1. (3.299)

Étant donné que


ξ = 2(Cm − 1)Cm (1 − cos θ) + 1 ∈ [0, 1], selon la première condition (3.294), (3.300)
la 2-ième condition se simplifie
p
2 + Cs2 (cos θ − 1)2 ξ ≤ 1 + 2Cs2 (1 − cos θ) + ξ, ou

p p
Cs2 (cos θ − 1)2 ξ + 2 ξ ≤ 2Cs2 (1 − cos θ) + 1 + ξ.
Or
p
2 ξ ≤ 1 + ξ,
p
Cs2 (cos θ − 1)2 ξ ≤ Cs2 (cos θ − 1)2 ≤ 2Cs2 (1 − cos θ). (3.301)
Donc la 2-ième condition est toujours valide si la première condition est satisfaite.

Nous pouvons conclure que l’interpolation de Rhie et Chow ne modifie pas la stabilité du
schéma numérique, et nous allons voir dans la section suivante que cette interpolation a un effet
d’amortir le mode en échiquier.

3.7.1.1 Mode en échiquier


On étudie le rôle de l’interpolation de Rhie et Chow pour amortir le problème du mode en
échiquier. Pour ce faire, on considère le modèle Euler isentropique avec le mode en échiquier
présent dans les conditions initiales :
Pj0 = P0 + δP 0 · (−1)j ,
u0j = u0 + δu0 · (−1)j ,
ρ0j = ρ0 + δρ0 · (−1)j , (3.302)
où les constante P0 , u0 et ρ0 sont respectivement la moyenne de la pression, de la masse volumique
et de la vitesse des fluides, et δP 0 , δu0 et δρ0 sont les perturbations correspondantes. Vu que les
conditions aux limites de type périodique sont utilisées, nous avons à l’instant n :
Pjn = P0 + δP n · (−1)j ,
unj = u0 + δun · (−1)j ,
ρnj = ρ0 + δρn · (−1)j . (3.303)

81
La vitesse à l’instant n + 1 en déterminant implicitement le gradient de pression est (u0 > 0
et le schéma décentré amont pour les quantités transportées ρ et ρu) :

un+1 − unj (ρ)nj+ 1 (u)nj+ 1 − (ρ)nj− 1 (u)nj− 1 (ρu)nj+ 1 (u)nj+ 1 − (ρu)nj− 1 (u)nj− 1
n j
ρj = unj 2 2 2 2
− 2 2 2 2
− ∇x Pjn+1
∆t ∆x ∆x
(ρ)nj (u)nj+ 1 − (ρ)nj−1 (u)nj− 1 (ρu)nj (u)nj+ 1 − (ρu)nj−1 (u)nj− 1
= unj 2 2
− 2 2
∆x ∆x
ρnj−1 (u)nj− 1
unj−1 − unj ,
2

= (3.304)
∆x
où ∇x Pjn+1 = 0 vient du fait que le schéma centré est utilisé pour évaluer le gradient. Après
simplification, nous obtenons
ρnj−1 ∆t
un+1 (u)nj− 1 unj−1 − unj + unj .

j = n (3.305)
ρj ∆x 2

La discrétisation de l’équation de masse est




n
Pjn+1 − Pjn (ρ)nj+ 1 (u)n+1
j+ 1
− (ρ)nj− 1 (u)n+1
j− 1
2 2 2 2
+ = 0, (3.306)
dP j ∆t ∆x

où

(ρ)nj+ 1 = ρnj = ρ0 + δρn · (−1)j ,


2

(ρ)nj− 1 = ρnj−1 = ρ0 − δρn · (−1)j . (3.307)


2

Nous obtenons
   
n+1 n+1 n j n+1 n+1
ρ0 (u)j+ 1 − (u)j− 1 + δρ · (−1) (u)j+ 1 + (u)j− 1
Pjn+1 − Pjn
 n
dρ 2 2 2 2
=− . (3.308)
dP j ∆t ∆x

Mode en échiquier sans Rhie et Chow. Sans Rhie et Chow, nous avons

(u)n+1 n+1
j+1 + (u)j (u)n+1
j + (u)n+1
j−1
(u)n+1
j+ 1
= = u0 , (u)n+1
j− 1
= = u0 . (3.309)
2 2 2 2
Donc
Pjn+1 − Pjn
n n
δP n+1 − δP n δρn · (−1)j (2u0 )
 
dρ dρ
= · (−1)j = − . (3.310)
dP j ∆t dP j ∆t ∆x

Tenant compte de l’approximation



δρn ≈ δP n , (3.311)
dP
nous avons
 
n+1 ∆t
δP = 1−2 u0 · δP n . (3.312)
∆x

82
∆t
Lorsque la condition CFL ∆x u0 < 1 est satisfaite, on a l’amortissement du mode en échiquier
pour la pression :
|δP n+1 | < |δP n |. (3.313)
Or l’effet de l’amortissement dépend de l’écoulement des fluides, cet effet peut être faible. De
plus, s’il n’y a pas d’écoulement (u0 = 0), la perturbation va persister.
ρn
j−1
Quant à la vitesse, nous avons ( ρn ≈ 1)
j

∆t
un+1 (u)nj− 1 unj−1 − unj + unj .

j = (3.314)
∆x 2

pour δun+1 , l’expression devient


 
n+1 ∆t
δu = 1−2 u0 · δun . (3.315)
∆x
L’effet d’amortissement pour la vitesse est le même que celui pour la pression.

Mode en échiquier avec Rhie et Chow. Avec l’interpolation de Rhie et Chow, nous avons
n+1 n+1
∆t Pj+1 − Pj
(u)n+1
j+ 1
= u0 − ,
2 ρ0 ∆x
n+1 n+1
∆t Pj − Pj−1
(u)n+1
j− 1
= u0 − . (3.316)
2 ρ0 ∆x
Donc
Pjn+1 − Pjn
n
δρn · (−1)j (2u0 )

dρ ∆t n+1
=− 2
(−Pj+1 + 2Pjn+1 − Pj−1
n+1
)− , (3.317)
dP j ∆t ∆x ∆x
ou encore
n
δP n+1 − δP n 4∆t n+1 δρn (2u0 )


=− δP − , (3.318)
dP j ∆t ∆x2 ∆x
finalement
 2 !  
n+1 ∆t 1 ∆t
δP 1+4 dρ
= 1−2 u0 · δP n . (3.319)
∆x ∆x
dP

Vu que
 2
∆t 1
4 dρ
> 0, (3.320)
∆x
dP

on voit un effet d’amortissement de l’interpolation de Rhie et Chow en plus de celui qui vient de
l’écoulement des fluides.

Pour la vitesse, compte tenue de l’expression (3.316) pour la vitesse sur la face, nous obtenons
∆t 2 δP n n
   
n+1 ∆t n
δu = 1−2 u0 · δu + 4 δu . (3.321)
∆x ∆x ρ0
Comme la perturbation sur la pression est très rapidement amortie, le terme qui vient de
l’interpolation de Rhie et Chow tend vers 0 très rapidement, donc l’effet d’amortissement pour
la vitesse dépend principalement de l’écoulement des fluides, comme le cas sans l’interpolation de
Rhie et Chow.

83
Résultats numériques
On considère un écoulement des fluides isentropiques 1D avec les conditions aux limites de
type périodique. Les conditions initiales sont comme suit :

P0 =1, δP 0 = 0.1,
u0 =1, δu0 = 0.1.

Sur la Figure 3.8(a), on peut constater que la perturbation sur la pression est très vite amortie
avec l’interpolation de Rhie et Chow, effectivement cette perturbation est devenue de l’ordre
10−4 dès la première itération. Alors que dans le cas sans l’interpolation de Rhie et Chow, cet
amortissement dépend  de l’écoulement des fluides, lorsque la condition CFL = 0.5, qui correspond
∆t
à ce que 1 − 2 ∆x u0 = 0, nous avons l’effet maximal d’amortissement (la perturbation est de
l’ordre 10−3 dès la première itération). Pour la vitesse, comme montré sur la Figure 3.8(b),
l’amortissement dépend toujours de l’écoulement des fluides, indépendamment de l’introduction
de l’interpolation de Rhie et Chow.

With Rhie-Chow, CFL = 0.1


Perturbation on pressure [Pa]

Without Rhie-Chow, CFL = 0.1


Without Rhie-Chow, CFL = 0.3
Without Rhie-Chow, CFL = 0.5
0,05
Without Rhie-Chow, CFL = 0.7

-0,05
0 5 10 15 20
Iteration number [-]
(a) Pression.

With Rhie-Chow, CFL = 0.1


Perturbation on velocity [m/s]

Without Rhie-Chow, CFL = 0.1


Without Rhie-Chow, CFL = 0.3
Without Rhie-Chow, CFL = 0.5
0,05
Without Rhie-Chow, CFL = 0.7

-0,05
0 5 10 15 20
Iteration number [-]
(b) Vitesse.

Figure 3.8 – Amortissement du mode en échiquier avec et sans Rhie et Chow.

On considère maintenant le cas où il n’y a pas d’écoulement (u0 = 0). On remarque que la
perturbation sur la pression est toujours bien amortie, comme montré sur la Figure 3.9(a), par
contre, l’amortissement pour la perturbation sur la vitesse, qui dépend de l’écoulement des fluides,
est très faible, comme l’indique la Figure 3.9(b).

84
1,15
With Rhie-Chow
Without Rhie-Chow
1,1

Pressure [Pa]
1,05

0,95

0,9
-4 -2 0 2 4
x [m]
(a) Pression.

0,15
With Rhie-Chow
Without Rhie-Chow
0,1
Velocity [m/s]

0,05

-0,05

-0,1
-4 -2 0 2 4
x [m]
(b) Vitesse.

Figure 3.9 – Résultats numériques à t = 1 s avec CFL = 0.1.

3.7.2 Cas général


Nous traitons maintenant le cas général pour les équations d’Euler sous forme non
conservative :
∂ρ ∂ρ ∂u
+u +ρ = 0, (3.322)
∂t ∂x ∂x
∂u ∂u ∂P
ρ + ρu + = 0, (3.323)
∂t ∂x ∂x
∂s ∂s
+u = 0. (3.324)
∂t ∂x
Les discrétisations des 2 premières équations sont déjà connues, et correspondent aux équations
(3.263) et (3.264). On cherche alors la discrétisation pour l’équation d’entropie (3.324). Or dans
la méthode semi-implicite, l’énergie interne est utilisée dans le bilan d’énergie :

(ρe)t + (ρeu)x = −P (u)x , (3.325)

avec la discrétisation correspondante à l’hypothèse u > 0

(ρe)j (u)j+ 1 − (ρe)j−1 (u)j− 1 (u)j+ 1 − (u)j− 1


2 2 2 2
ρ(e)t + e(ρ)t + + Pj = 0. (3.326)
∆x ∆x

85
On peut la transformer en
(e)j (ρ)j (u)j+ 1 − (e)j (ρ)j−1 (u)j− 1 + (e)j (ρ)j−1 (u)j− 1 − (ρe)j−1 (u)j− 1
2 2 2 2
ρ(e)t + e(ρ)t +
∆x
(u)j+ 1 − (u)j− 1
2 2
+ Pj = 0, (3.327)
∆x
finalement
(e)j − (e)j−1 (u)j+ 1 − (u)j− 1
2 2
ρ(e)t + (ρ)j−1 (u)j− 1 + Pj = 0. (3.328)
2 ∆x ∆x
On linéarise le problème par rapport à un état de référence (P0 , u0 , ρ0 , T0 , e0 , s0 , c0 ), alors
les équations discrétisées (3.263), (3.264) et (3.328) deviennent
∂ρ ρj − ρj−1 uj+ 1 − uj− 1
2 2
+ u0 + ρ0 = 0, (3.329)
∂t ∆x ∆x
∂u uj − uj−1 1 Pj+ 12 − Pj− 12
+ u0 + = 0, (3.330)
∂t ∆x ρ0 ∆x
∂e ej − ej−1 P0 uj+ 12 − uj− 12
+ u0 + = 0. (3.331)
∂t ∆x ρ0 ∆x
P0
En tenant compte de la relation thermodynamique de = T0 ds + ρ20
dρ, l’équation (3.331) devient

∂s sj − sj−1
+ u0 = 0, (3.332)
∂t ∆x
qui est la discrétisation de l’équation d’entropie (3.324) pour la méthode semi-implicite.

D’ailleurs à partir de l’équation d’état ρ = ρ(P, s), nous avons


   
dρ ∂ρ ds ∂ρ dP
= + . (3.333)
dt ∂s P dt ∂P s dt
 
∂ρ
En raision de (3.332) et avec c12 = ∂P , finalement les équations linéarisées deviennent
0 s

∂P Pj − Pj−1 uj+ 1 − uj− 1


+ u0 + ρ0 c20 2 2
= 0, (3.334)
∂t ∆x ∆x
∂u uj − uj−1 1 Pj+ 12 − Pj− 21
+ u0 + = 0, (3.335)
∂t ∆x ρ0 ∆x
∂s sj − sj−1
+ u0 = 0. (3.336)
∂t ∆x
Nous avons le théorème suivant sur la stabilité de la méthode semi-implicite pour les équations
d’Euler.
Théorème 3. La méthode semi-implicite sur maillage colocalisé avec l’interpolation de Rhie et
Chow pour calculer la vitesse sur la face des cellules est stable pour les équations d’Euler linéarisées
si la condition CFL : 0 ≤ Cm ≤ 1 est satisfaite.
Preuve. L’équation d’entropie (3.336) est découplée des 2 premières équations (3.334) et (3.335).
De plus, d’après le théorème 2 la condition de stabilité pour les 2 premières équations est la
condition CFL : 0 ≤ Cm ≤ 1, donc ici il suffit de considérer la condition de stabilité pour
l’équation d’entropie (3.336). L’analyse de Von Neumann donne :
g − 1 + Cm k1 = 0, (3.337)
selon (3.278), la condition de stabilité |g| ≤ 1 est toujours satisfaite si la condition CFL est
respectée.

86
3.8 Analyse de stabilité pour le modèle bi-fluide
Il est connu que le modèle bi-fluide possède des valeurs propres complexes, or beaucoup de
codes basés sur ce modèle ont obtenu des résultats intéressants [79][38]. Donc il est important
d’étudier le comportement de la méthode numérique appliqué au système ayant des valeurs propres
complexes. À titre d’exemple, on considère l’équation suivante [81] :

∂φ ∂φ
+ u(1 + i) + Kφ = 0, (3.338)
∂t ∂x
avec u,  et K constantes non négatives. En déterminant le terme source implicitement, on obtient
l’équation discrétisée :

φn+1
j − φnj φnj − φnj−1
+ u(1 + i) + Kφn+1
j = 0. (3.339)
∆t ∆x
On effectue une analyse de stabilité de Von Neumann en remplaçant la variable φlm par g l e−imk∆x ,
nous avons
 
u∆t 
−ik∆x
g = 1− (1 + i) 1 − e / (1 + K∆t) . (3.340)
∆x

Lorsque |g| ≤ 1 pour tout k, la solution va rester bornée.

On considère tout d’abord le cas où K =  = 0. Le nombre d’onde k est défini par k = 2πλ , où
λ est la longueur d’onde : λ = p∆x, p ∈ {2, 3, · · · }. La valeur de g en fonction de p sur le plan
complexe est illustré sur la Figure 3.10, qui s’agit d’un demi cercle de rayon u∆t
∆x centré au point
u∆t
(1 − ∆x , 0). Quand p augmente, g tend vers le point (1, 0). La condition de stabilité nécessite
u∆t
∆x ≤ 1.

On considère maintenant K = 0 mais  6= 0, et on obtient


u∆t  p
g =1− 1 − e−ik∆x (1 + 2 )ei arctan  , (3.341)
∆x
p
donc il s’agit d’une dilatation de (1 + 2 ) et d’une rotation d’angle de arctan  du cercle du cas
précédent par rapport au point (1, 0), comme illustré sur la Figure 3.11. Nous pouvons toujours
avoir des points qui se trouvent en dehors du cercle unitaire quand p est grand, donc dans ce cas-là,
le schéma est instable. Cependant si le nombre des cellules d’un maillage n’est pas très grand, la
solution peut rester bornée. Finalement si K > 0, le demi cercle pour g devient une contraction
vers l’origine (0, 0) du cas précédent. Donc si K est suffisamment grand, g peut se trouver toujours
à l’intérieur du cercle unitaire même pour grand p, comme montré sur la Figure 3.11. Prenons
l’exemple d’un écoulement dans une colonne de 6 m avec la vitesse du fluide u = 5 m/s. Nous
donnons la condition CFL u∆t ∆x = 0.8 et le coefficient  = 0.01. Dans le cas K = 0, un calcul de
la norme de l’amplificateur g implique que nous avons |g| ≤ 1 lorsque le nombre des cellules est
inférieur à 63. Avec un maillage composé de 200 mailles, nous devons utiliser un coefficient de
frottement K ≥ 3.59 × 10−2 s−1 pour que la méthode numérique soit stable.

87
1.0

0.5

0.0 2

−0.5
6
5
4
3
−1.0
−1.0 −0.5 0.0 0.5 1.0

Figure 3.10 – Représentation graphique de g dans le plan complexe avec K =  = 0.

1.0
K=0
K>0
0.5

0.0
2

−0.5
6
5
4
−1.0 3
−1.0 −0.5 0.0 0.5 1.0 1.5

Figure 3.11 – Représentation graphique de g dans le plan complexe avec  6= 0.

Cet exemple sert à montrer qu’en raison de la valeur propre complexe, l’instabilité du schéma
décentré amont peut apparaı̂tre pour le mode de basse fréquence (p est grand), mais peut aussi
se compenser par un terme d’amortissement suffisamment grand pour un maillage donné.

Réécriture du système avec variables primitives


Dans la littérature [36], l’auteur a étudié en détail le problème de stabilité pour le modèle
bi-fluide avec différents schémas sur maillage décalé. Ici on se limite au schéma semi-implicite,
mais on généralise ce travail sur maillage colocalisé. Comme dans [36], on choisit de travailler avec
les variables primitives :
   
∂αk ∂αk αk ∂P ∂P ∂uk
ρk + uk + 2 + uk + αk ρk = 0,
∂t ∂x ck ∂t ∂x ∂x
 
∂uk ∂u ∂P
αk ρ k + uk + αk = 0. (3.342)
∂t ∂x ∂x

88
En s’inspirant de l’analyse dans la Section 3.7.1 pour les équations d’Euler, on peut écrire la
méthode semi-implicite pour le système précédent sous les conditions uv > 0 et ul > 0 :
n+1 n+1
n
! !
n − αn
αk, j − αk, j αk, j k, j−1 αk Pj − Pjn Pjn − Pj−1
n
ρk + uk + 2 + uk
∆t ∆x ck ∆t ∆x
un+1 n+1
k, j+1/2 − uk, j−1/2
+ αk ρk = 0, (3.343)
∆x
un+1 n+1 n+1
n
!
k, j − uk, j unk, j − unk, j−1 Pj+1 − Pj−1
αk ρk + uk + αk = 0, (3.344)
∆t ∆x 2∆x
avec la vitesse sur la face calculée par l’interpolation de Rhie et Chow :
! n+1
n+1 1 n+1 n+1 1 ∆t ∆t Pj+1 − Pjn+1 1 ∆t Pj+1 n+1 n+1
− Pj−1
uj+1/2 = (uj + uj+1 ) − + n +
2 2 ρnj ρj+1 ∆x 2 ρnj 2∆x
n+1 n+1
!
∆t Pj+2 − Pj
+ n . (3.345)
ρj+1 2∆x

3.8.1 Modèle bi-fluide de base


Comme dans [36], nous allons utiliser les variables sans dimension pour la simplicité des
∆t2
notations. Pour ce faire, on multiplie l’équation (3.343) par ∆t
ρ0 et l’équation (3.344) par ρ0 ∆x ,
de plus on adopte les notations suivantes :
ρk
ρ̇k = ,
ρ0
ck ∆t
ċk = ,
∆x
uk ∆t
u̇k = ,
∆x
P
Ṗ = . (3.346)
ρ0 (∆x/∆t)2
En remplaçant la variable φlm par φe−imk1 ∆x g l (on utilise k1 au lieu de k pour représenter le
nombre d’onde, car k est déjà utilisé comme indice pour la phase de fluide), l’analyse de Von
Neumann donne alors sous forme matricielle avec g facteur d’amplification :
ρ̇v Gv αċ2v Gv + αv k3 g iαv ρ̇v k2 g
 
0

v
α
 −ρ̇ G αl
l l G + α l k3 g
ċ2l l
0 iαl ρ̇l k2 g 
 Ṗ 
A1 =   = 0, (3.347)


 0 iαv k2 g αv ρ̇v Gv 0   u̇v

0 iαl k2 g 0 αl ρ̇l Gl u̇l
où
Gk = g − 1 + u̇k (1 − e−iθ ),
k2 = sin θ,
k3 = (cos θ − 1)2 ,
θ = k1 ∆x. (3.348)
Le polynôme caractéristique de la matrice d’amplification est
  2   2 
2 Gl 2 2 2 Gv 2 2
αv ρ̇v αl ρ̇l αl ρ̇v Gv + k2 g + αv ρ̇l Gl + k2 g + αv ρ̇v αl ρ̇l k3 αl ρ̇v G2v Gl
ċ2l ċ2v
+ αv ρ̇l G2l Gv g = 0.


(3.349)

89
Après simplification, nous avons
ρ̇v αl ċ2v + ρ̇l αv ċ2l 2 2
Gv Gl + k22 αl ρ̇v G2v + αv ρ̇l G2l g 2 + k3 (αl ρ̇v Gv + αv ρ̇l Gl )Gv Gl g = 0.

2 2 (3.350)
ċv ċl

En définissant ε2 = (ρ̇v αl )/(ρ̇l αv ) et c2 = ċ2v ċ2l /(ċ2l + ε2 ċ2v ), on obtient

P 1 = G2v G2l + k22 c2 ε2 G2v + G2l g 2 + k3 c2 ε2 Gv + Gl Gv Gl g = 0.


 
(3.351)

Étant donné qu’il est difficile d’analyser directement les racines du polynôme (3.351), nous
allons considérer 2 cas asymptotiques afin d’au moins avoir une idée sur la stabilité de la méthode
numérique :

1. Cas k22 c2 −→ 0, qui correspond au mode de basse fréquence (|θ| −→ 0) et à la vitesse du son
modérée. Comme k3 −→ 0 lorsque |θ| −→ 0, l’équation (3.351) devient asymptotiquement

G2v G2l = 0, i.e. Gv = 0 et Gl = 0, (3.352)

ce qui est dénommé la limite convective dans la littérature [36]. Il est facile de démontrer que si
la condition CFL (0 ≤ u̇k ≤ 1) est satisfaite, alors la norme du facteur d’amplification |g| reste
inférieure à 1. Prenons par exemple la limite convective pour le gaz : Gv = 0, nous avons alors

|g| = |1 − u̇k (1 − e−iθ )|


q
= [1 − u̇k (1 − cos θ)]2 + u̇2k sin2 θ
p
= 2u̇k (u̇k − 1)(1 − cos θ) + 1
≤ 1, (3.353)

la dernière inégalité est due à la condition CFL : 0 ≤ u̇k ≤ 1.

2. Cas k22 c2 −→ ∞, qui correspond à la vitesse du son élevée (e.g., l’écoulement incompressible).
Nous avons alors le polynôme approché après simplification :

k22 ε2 G2v + G2l g + k3 ε2 Gv + Gl Gv Gl = 0.


 
(3.354)

Encore une fois on considère le cas où |θ| −→ 0 (basse fréquence). On peut négliger le terme
contenant le coefficient k3 , du fait que
 
2 4 θ
k3 = (cos θ − 1) = 4 sin  sin2 θ = k22 , quand |θ| −→ 0. (3.355)
2
On retrouve ainsi la limite elliptique [36] :

ε2 G2v + G2l = 0. (3.356)

Cette condition est beaucoup plus restrictive que la limite convective, et en général même si
la condition CFL est satisfaite, le schéma n’est toujours pas stable. Cette condition est étudiée en
détail dans [36], et on donne ici directement la condition de stabilité associée :

1 + ε2
|u̇r || sin θ| ≤ (1 − cos θ)(ū − u2 ), (3.357)
ε
2 u̇2l +ε2 u̇2v
où u̇r = u̇v − u̇l , ū = u̇l1+ε
+ε u̇v
2 et u2 = 1+ε2
. Cette inégalité est satisfaite pour sin θ = 0, et pour
sin θ 6= 0, nous avons
1 − cos θ
 
1 2 2
|u̇r | ≤ (u̇l − u̇l ) + ε(u̇v − u̇v ) , (3.358)
| sin θ| ε

90
qui tend vers |u̇r | ≤ 0 lorsque |θ| −→ 0. Donc le schéma n’est stable que pour une faible vitesse
relative entre les phases.

On montre ici numériquement le rayon spectral de la matrice d’amplification pour k22 c2 −→ ∞,


c’est-à-dire le maximum des 3 normes de racine du polynôme (3.354) avec θ = π6 , ε = 1. Comme
montré sur la Figure 3.12, le rayon spectral n’est inférieur à 1 que pour la petite vitesse relative, ce
qui est conforme à l’analyse ci-dessus. De plus, on peut observer que l’ajout du terme qui contient
le coefficient k3 influence très peu le rayon spectral du problème, donc l’hypothèse de négliger ce
terme est justifiée numériquement.

1.0 Spectral radius of amplification matrix


60
1.1
20
1.1
0.8
80
1.0 00
4 0 1.0
Liquid courant number

0.6 1.0

0.4
40
1.0 80
1.0
20
1.1
0.2
60
1.1
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(a) avec k3 .

1.0 Spectral radius of amplification matrix


60
1.1
20
1.1
0.8
80
1.0 00
40 1.0
Liquid courant number

0.6 1.0

0.4
40
1.0 80
1.0
20
0.2
1.1 60
1.1
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(b) sans k3 .

Figure 3.12 – Rayon spectral de la matrice d’amplification pour k22 c2 −→ ∞ avec θ = π6 , ε = 1.

3.8.2 Force de traı̂née


On ajoute maintenant la force de traı̂née dans le modèle diphasique :

Fiv = −f (uv − ul ), Fil = −Fiv , (3.359)

où f est un coefficient de traı̂née qui dépend des paramètres de l’écoulement diphasique. On
s’attend à ce que la force de traı̂née ait pour effet de stabiliser la méthode numérique, comme
pour l’équation de transport scalaire (3.338).

91
Nous obtenons la matrice d’amplification en déterminant implicitement la force de traı̂née :

ρ̇v Gv αċ2v Gv + αv k3 g

iαv ρ̇v k2 g 0
v
α
 −ρ̇l Gl ċ2l Gl + αl k3 g 0 iαl ρ̇l k2 g
 

A2 = 
 l
f ∆t f ∆t
. (3.360)
 0 iα v k2 g αv ρ̇v G v + ρ0
g − ρ0
g 

0 iαl k2 g − fρ∆t
0
g αl ρ̇l Gl + fρ∆t 0
g

Le polynôme caractéristique devient

αl ρ̇v ċ2v (αv ρ̇v Gv + αl ρ̇l Gl ) + αv ρ̇l ċ2l (αv ρ̇v Gv + αl ρ̇l Gl )
 
2 1 f ∆tGv Gl g
P =P +
αv αl ρ̇v ρ̇l αl ρ̇v ċ2v + αv ρ̇l ċ2l

ρ0
ċ2v ċ2l f ∆tk22 g 3
+ (αl Gv + αv Gl ) ρ̇v ρ̇l
αv αl ρ̇v ρ̇l αl ρ̇v ċ2v + αv ρ̇l ċ2l

ρ0
ċ2v ċ2l f ∆tk3 g 2
+ (αv ρ̇l Gl + αl ρ̇v Gv )(αv ρ̇v Gv + αl ρ̇l Gl )
αv αl ρ̇v ρ̇l (αl ρ̇v ċ2v + αv ρ̇l ċ2l

ρ0
ċ2v ċ2l f ∆tk22 g 3 Gv
   
1 f ∆tGv Gl g αv ρ̇v Gv + αl ρ̇l Gl Gl
=P + + +
αv αl ρ̇v ρ̇l ρ0 αl ρ̇v ċ2v + αv ρ̇l ċ2l ρ0 αv αl
2 2
ċv ċl 2
 
f ∆tk3 g Gv Gl
+ 2
 (αv ρ̇l Gl + αl ρ̇v Gv ) +
2
αl ρ̇v ċv + αv ρ̇l ċl ρ0 αl ρ̇l αv ρ̇v

α 2  2 3
f ∆tGv Gl g f ∆tk2 g
= P1 + 2
αv2 Gv + 2l Gl + c2 (αl Gv + αv Gl )
αl αv ρ̇l ρ0 ε αl αv2 ρ̇l ρ0
2 αl2
 
2 f ∆tk3 g 2 2

+c ε Gv + Gl αv Gv + 2 Gl
αl αv2 ρ̇l ρ0 ε
 
α 2 
= P 1 + f 0 ∆t Gv Gl g αv2 Gv + 2l Gl + c2 k22 g 3 (αl Gv + αv Gl )
ε
α2
 
+ c2 k3 g 2 ε2 Gv + Gl αv2 Gv + 2l Gl ,

(3.361)
ε
f
où f 0 = αl α2v ρ̇l ρ0
.

On considère le cas où f 0 ∆t −→ ∞, c’est-à-dire avec un grand coefficient pour la force de


traı̂née. L’équation (3.361) se réduit alors à

αl2 αl2
   
2 2 2 2 2 2 2

Gv Gl αv Gv + 2 Gl + c k2 g (αl Gv + αv Gl ) + c k3 g ε Gv + Gl αv Gv + 2 Gl = 0.
ε ε
(3.362)

On considère 2 cas asymptotiques :

1. Cas k22 c2 −→ 0, qui correspond au mode de basse fréquence (|θ| −→ 0) et à la vitesse du son
modérée. L’équation (3.362) se simplifie

αl2
 
2
Gv Gl αv Gv + 2 Gl = 0. (3.363)
ε
Nous avons montré que les limites convectives Gv = 0 et Gl = 0 ne posent pas de contrainte sur la
condition de stabilité si la condition CFL est respectée. Quant à la condition de stabilité requise
par l’équation

αl2
αv2 Gv + Gl = 0, (3.364)
ε2

92
nous avons la norme du facteur d’amplification

|g| = 1 − C(1 − e−iθ ) , (3.365)

α2 u̇ +α2 u̇ /ε2
qui correspond effectivement à la limite convective avec C = vα2v+α2l /εl2 ≤ 1, donc la norme de
v l
g reste toujours inférieure à 1 si la condition CFL est satisfaite.

2. Cas k22 c2 −→ ∞, qui correspond à la vitesse du son élevée (e.g., l’écoulement incompressible).
L’équation (3.362) se simplifie

αl2
 
2 2 2

k2 g (αl Gv + αv Gl ) + k3 ε Gv + Gl αv Gv + 2 Gl = 0. (3.366)
ε

En considérant le cas où |θ| −→ 0, on peut négliger le terme contenant le coefficient k3 , comme ce
qui est fait précédemment pour le cas sans la force de traı̂née. Le facteur d’amplification associé
à ce polynôme devient alors :

|g| = 1 − D(1 − e−iθ ) , (3.367)

qui correspond également à la limite convective avec D = αl u̇l + αv u̇v ≤ 1, par conséquent le
schéma est stable si la condition CFL est respectée.

Nous venons de montrer qu’en ajoutant une grande force de traı̂née, au moins pour les 2
cas asymptotiques, la stabilité de la méthode numérique est assurée. Numériquement on évalue
le rayon spectral de la matrice d’amplification (3.361) avec différents coefficients de la force de
traı̂née. Nous pouvons remarquer effectivement que la méthode numérique devient stable si le
coefficient de la force de traı̂née est suffisamment grand, comme illustré sur la Figure 3.13.

93
1.0 Spectral radius of amplification matrix 1.0 Spectral radius of amplification matrix
50
60 1.0 .035
1.1 1 .020
20 1 .005 .990 0.9
1.1
0.8 0.8
80 1 0 75
1.0 00
40 1.0

Liquid courant number

Liquid courant number


0.6 1.0 0.6

0.4 0.4
40
1.0 80
1.0 05
20 1.0 20
1.1
0.2 0.2
60 1.0 035
1.1 1. .050
1
0.0 0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number Gas courant number

(a) f 0 ∆t = 0. (b) f 0 ∆t = 1.

1.0 Spectral radius of amplification matrix 1.0 Spectral radius of amplification matrix
85 0 0
0.9 0.9 .990 0. .990
0 .9 7 5 8 5 0.9 985
0.8 0.8 0.970 80
0.970
Liquid courant number

Liquid courant number


0.6 0.6

0.4 0.4

0
0.2 0 0.2 0 .980
0.9 .985 85 0.9 .985
90 0.9 90
0.980 0.975
0.0 0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number Gas courant number

(c) f 0 ∆t = 5. (d) f 0 ∆t = 10.

Figure 3.13 – Rayon spectral de la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, c = 104


pour différents coefficients de la force de traı̂née.

3.8.3 Pression interfaciale


Maintenant on étudie l’effet de la force de défaut de pression interfaciale
∂αv
Fdp, v = ∆P , Fdp, l = −Fdp, v . (3.368)
∂x
Nous savons que l’introduction d’une pression interfaciale bien choisie rend le système
hyperbolique, et nous allons étudier ici son influence sur la stabilité de la méthode numérique.

Si on calcule le gradient de αv implicitement, on peut obtenir la matrice d’amplification


αv
 
ρ̇v Gv 2
ċv
G v + α v k3 g iα v ρ̇v k2 g 0
αl
 −ρ̇l Gl G + αl k3 g
ċ2l l
0 iαl ρ̇l k2 g 
A3 =  , (3.369)
 
 i∆P 0 k2 g iαv k2 g αv ρ̇v Gv 0 
−i∆P 0 k2 g iαl k2 g 0 αl ρ̇l Gl

94
où ∆P 0 = ∆P
ρ0 (∆x/∆t)2
. Le polynôme caractéristique devient

ċ2v ċ2l αv G2v αl G2l


 
0
P3 = P1 + k 2
∆P k 2 2
g + + g2
αl ρ̇v ċ2v + αv ρ̇l ċ2l 2 2
ċ2v ċ2l
ċ2v ċ2l
+ k 2 k3 ∆P 0 (αv Gv + αl Gl )g 3
αl ρ̇v ċ2v + αv ρ̇l ċ2l 2
αv G2v αl G2l
 
= P 1 + c2 k22 f∆P 2 2
k2 g + 2 + 2 g 2 + c2 k22 k3 f∆P (αv Gv + αl Gl )g 3 , (3.370)
ċv ċl
∆P 0
avec f∆P = αv ρ̇l .

On se place dans le cadre où les 2 phases sont considérées incompressibles (ċv −→ ∞, ċl −→ ∞
et c −→ ∞), de plus on considère le mode de basse fréquence (θ est petit, donc le terme avec le
coefficient k3 peut être négligé), on retrouve alors le polynôme simplifié :

ε2 G2v + G2l + f∆P k22 g 2 = 0. (3.371)

Il est montré dans [36] que pour la méthode implicite (e.g., dans le code CATHARE), c’est-à-dire
que Gk = g − 1 + iu̇k sin θ g, la condition de stabilité est :
 
f∆P ≥ u2 − ū2 1 + ε2 ,

(3.372)

u̇l +ε2 u̇v u̇2l +ε2 u̇2v


où ū = 1+ε2
et u2 = 1+ε2
. Cette dernière inégalité équivaut à
αv αl ρv ρl
∆P ≥ (uv − ul )2 , (3.373)
αv ρl + αl ρv
qui est exactement la condition utilisée par le code CATHARE pour obtenir un modèle bi-fluide
hyperbolique [6] (voir la Section 2.7).
Pour le modèle intermédiaire utilisé dans nos études (voir la section 2.7), nous avons

 |u̇v − u̇l |2   1 + ε2
    
2 2 2 2 2 2
f∆P = δ u − ū 1+ε + u − ū 1+ε −δ , (3.374)
ċ2v αl

où δ est un coefficient.


On évalue numériquement le rayon spectral de la matrice d’amplification (3.370) sous l’hypothèse
que ċv −→ ∞, ċl −→ ∞ et c −→ ∞. Le polynôme caractéristique se simplifie

f3 = k 2 ε2 G2 + G2  g 2 + k3 ε2 Gv + Gl  Gv Gl g + k 4 f∆P g 4 + k 2 k3 f∆P (αv Gv + αl Gl )g 3 .


P 2 v l 2 2
(3.375)

Comme l’indique la Figure 3.14, pour la méthode implicite, l’ajout de la pression interfaciale
(3.372) conduit effectivement à la stabilité de la méthode numérique.

95
1.0 Spectral radius of amplification matrix
0.9
15
0.9
0.8 30
0.9
45

Liquid courant number


0.9
0.6 60
0.9
75
0.4
0.9
90
0.2

0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

Figure 3.14 – Rayon


 spectral
 de la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
ċl = 104 , f∆P = u2 − ū2 1 + ε2 .


Pour la méthode semi-implicite, on trace le rayon spectral de la matrice d’amplification


(3.375), comme montré sur la Figure 3.15. On peut observer qu’effectivement l’ajout de la
pression interfaciale renforce la stabilité du schéma numérique (comparer les Figures 3.12 et
3.15), cependant le schéma n’est stable que pour une petite vitesse relative. De plus on distingue
les 2 cas sans et avec le terme qui contient le coefficient k3 , on peut remarquer que les rayons
spectraux restent très proches l’un à l’autre. On calcul maintenant le rayon spectral de la matrice
d’amplification (3.375) en utilisant le modèle intermédiaire (3.374). Les résultats sont montrés
sur la Figure 3.16. Nous savons qu’avec cette force de défaut de pression interfaciale, le modèle
bi-fluide est hyperbolique (voir la Section 2.7). Cependant on peut toujours remarquer des zones
où la méthode numérique n’est pas stable (le rayon spectral est supérieur à 1). En augmentant le
coefficient δ à 1.5 dans le modèle intermédiaire, cette fois-ci, les zones d’instabilité disparaissent,
comme l’indique la Figure 3.17.

96
1.0 Spectral radius of amplification matrix
8
1.00
0.8 00 0.992
1.0

0.97
6
Liquid courant number
0.6

84
0.9
0.4

00
0.2 1.0

08
1.0
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(a) avec k3 .

1.0 Spectral radius of amplification matrix

08
1.0
0.8
00 0.992
1.0

0.97
6
Liquid courant number

0.6
84
0.9

0.4

00
0.2 1.0
08
1.0
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(b) sans k3 .

Figure 3.15 – Rayon


 spectral
 de la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
ċl = 104 , f∆P = u2 − ū2 1 + ε2 .


97
1.0 Spectral radius of amplification matrix 0.
1.002 0. 996
0.9 990
84
0.8

0.978

1.002
0.972
Liquid courant number
0.6

0.4

1.002
0.2

0.9 0
0.9 96
84
1.002

0.9
9
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(a) avec k3 .

1.0 Spectral radius of amplification matrix


1.000 0.99
2
0.8

0.97

1.000
6
Liquid courant number

0.6

0.968
0.4
1.000

4
0.98

0.2
0.99

1.000
2

0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(b) sans k3 .

Figure 3.16 – Rayon spectral de la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
ċl = 104 en utilisant le modèle intermédiaire avec δ = 1.1.

98
1.0 Spectral radius of amplification matrix 1.000

1.000
20
0.9
0.9
80

40
0.8

0.9
60

Liquid courant number


0.6 0.9

0.4 60
0.9
0
0.94

0.9
0.2
0
0.92

80
1.000
0.0 1.000
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(a) avec k3 .

1.0 Spectral radius of amplification matrix


0.9
30 90
5
0.9

0.8
0.94

0.9
75
60
Liquid courant number

0.6 0.9

0.4
60
0.9
0.945
0.9

0.2
30
75

0.9
0.9
90

0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(b) sans k3 .

Figure 3.17 – Rayon spectral de la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
ċl = 104 en utilisant le modèle intermédiaire avec δ = 1.5.

Le fait de calculer implicitement le gradient de αv entraı̂ne la résolution d’un système linéaire


de taille 2 fois plus grande que de le calculer explicitement afin de résoudre le système, il est
donc préférable de déterminer explicitement ce gradient d’un point de vue de la performance
de résolution. La matrice d’amplification devient comme suit si le gradient de αv est calculé
explicitement,
αv
 
ρ̇v Gv 2
ċv
G v + α v k 3 g iα v ρ̇v k2 g 0
 −ρ̇ G αl
l l G + αl k 3 g
ċ2l l
0 iαl ρ̇l k2 g 
A4 =  . (3.376)
 
 i∆P 0 k2 iαv k2 g αv ρ̇v Gv 0 
−i∆P 0 k2 iαl k2 g 0 αl ρ̇l Gl

Le polynôme caractéristique est

αv G2v αl G2l
 
4 1 2 2 2 2
P = P + c k2 f∆P k2 g + 2 + 2 g + c2 k22 k3 f∆P (αv Gv + αl Gl )g 2 . (3.377)
ċv ċl

Sous l’hypothèse que ċv −→ ∞, ċl −→ ∞ et c −→ ∞, le polynôme caractéristique devient

f4 = k 2 ε2 G2 + G2  g 2 + k3 ε2 Gv + Gl  Gv Gl g + k 4 f∆P g 3 + k 2 k3 f∆P (αv Gv + αl Gl )g 2 .


P 2 v l 2 2
(3.378)

99
On trace le rayon spectral de la matrice d’amplification (3.378), comme montré sur la Figure
3.18. À nouveau le terme de k3 influence légèrement le rayon spectral. La condition de stabilité
devient plus exigeante par rapport au calcul implicite du gradient de αv . Effectivement il existe
toujours des zones instables même en utilisant le modèle intermédiaire avec δ = 1.5, comme
l’indique la Figure 3.19. En pratique, dans un premier temps, on peut calculer explicitement
le gradient de αv , et si l’instabilité commence à apparaı̂tre, on peut éventuellement envisager
à déterminer implicitement ce gradient en espérant de retrouver la stabilité de la méthode
numérique.

1.0 Spectral radius of amplification matrix

35
0
0.8
0.99

1.0

0.975
20
1.0
Liquid courant number

05
1.0
0.6

0.4

05
1.0
0.2 0
1.02
5
1.03
0.0
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(a) avec k3 .

1.0 Spectral radius of amplification matrix

0
0.99
35

0.8
1.0

0.975
20
1.0
Liquid courant number

05
1.0

0.6

0.4

05
1.0
0
1.02
0.2
5
1.03
0.0 1.050
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(b) sans k3 .

Figure 3.18 – Rayon


 spectral
 de la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
ċl = 104 , f∆P = u2 − ū2 1 + ε2 .


100
1.0 Spectral radius of amplification matrix 0.9
96
0.990
0.8

0.978
0.9
Liquid courant number

72
0.6

1.002

84
0.9
0.4

0.2

1.002

0.9
0.0

96
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(a) avec k3 .

1.0 Spectral radius of amplification matrix


2
0.99
0.8
1.008

0.97
6
Liquid courant number

0.6
1.000

0.968
84
0.9

0.4

0.2

1.000
0.0 1.008
0.0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0
Gas courant number

(b) sans k3 .

Figure 3.19 – Rayon spectral de la matrice d’amplification avec θ = π6 , ε = 1, αv = 0.5, ċv = 103 ,
ċl = 104 en utilisant le modèle intermédiaire avec δ = 1.5.

Dans cette section, nous avons étudié la stabilité de la méthode semi-implicite pour le modèle
bi-fluide. Tout d’abord, pour le modèle bi-fluide de base, i.e. sans la force de traı̂née, ni la force
de défaut de pression interfaciale, nous n’avons étudié que deux cas asymptotiques en raison de la
complexité du polynôme caractéristique de la matrice d’amplification. Pour le premier cas de la
vitesse du son modérée avec une perturbation de basse fréquence, la méthode semi-implicite est
stable si la condition CFL limitée par la vitesse des fluides est respectée. Par contre pour le second
cas de la vitesse du son élevée avec une perturbation de basse fréquence, la méthode numérique
est stable seulement si la vitesse relative entre les deux phases est faible. Ensuite avec une force
de traı̂née suffisamment grande, nous avons montré que la méthode numérique est stable si la
condition CFL limitée par la vitesse des fluides est respectée pour ces deux cas asymptotique.
Finalement, nous avons étudié l’effet de la force de défaut de pression interfaciale pour la stabilité
de la méthode numérique. Le modèle bi-fluide étant hyperbolique avec le modèle intermédiaire
δ = 1.1, il existe encore des zones instables pour la méthode numérique, c’est-à-dire des zones où
le rayon spectral de la matrice d’amplification est supérieur à 1. En augmentant le coefficient δ à
1.5 dans le modèle intermédiaire, nous pouvons retrouver la stabilité de la méthode numérique.
Nous avons également montré que le calcul implicite du gradient de fraction volumique dans le
défaut de pression interfaciale renforce la stabilité numérique par rapport à son calcul explicite.

101
3.9 Préservation asymptotique (asymptotic preserving)
On étudie ici la propriété de la préservation asymptotique du schéma semi-implicite dans le
cadre des équations d’Euler. Lorsque le nombre de Mach tend vers zéro, les équations gouvernant
les écoulements compressibles convergent vers les équations des écoulements incompressibles,
ce qui a été étudié mathématiquement par Klainerman et Majda [43][44]. Cependant, dans la
simulation numérique, il est difficile de passer des équations pour l’écoulement compressible à celles
pour l’écoulement incompressible au cours de calcul dans la région où le nombre de Mach devient
petit. Donc il est important de développer une méthode numérique capable de traiter à la fois le
régime compressible et incompressible, qu’on appelle  schéma toute vitesse  (all-speed scheme)
dans la littérature. Dans ce qui suit nous allons montrer que la méthode semi-implicite possède
cette propriété en utilisant la notion de asymptotic preserving avec la définition suivante [13] :
pour un modèle physique Mε avec un paramètre de perturbation ε (dans notre contexte, ε est lié
au nombre de Mach et Mε est le modèle des équations d’Euler pour les fluides compressibles), M0
représente la limite de Mε lorsque ε −→ 0 (dans notre contexte M0 est le modèle des équations
d’Euler pour les fluides incompressibles) ; Mε∆ étant une discrétisation du modèle physique Mε ,
est dit asymptotic-preserving si sa limite quand ε −→ 0 est une discrétisation consistante du
modèle M0 et de plus lorsque la condition de stabilité est indépendante du paramètre ε.

3.9.1 Cas isentropique


On considère tout d’abord le cas isentropique avec les équations utilisées dans la méthode
semi-implicite (voir la Section 3.3) :
∂ρ
+ ∇ · (ρu) = 0, (3.379)
∂t
∂u
ρ + ∇ · (ρu ⊗ u) − u∇ · (ρu) + ∇P = 0, (3.380)
∂t
avec l’équation d’état :
P = Aρr . (3.381)
On cherche l’adimensionnement du système précédent avec les variables normalisées indiquées
par un tilde [13] :
ρ u x P uref
ρ̃ = , ũ = , x̃ = , P̃ = , t̃ = t . (3.382)
ρref uref xref Pref xref
Et on retrouve les équations sans dimension :
∂ ρ̃ ˜
+ ∇ · (ρ̃ũ) = 0, (3.383)
∂ t̃
∂ ũ ˜ ˜ · (ρ̃ũ) + 1 ∇ ˜ P̃ = 0,
ρ̃ + ∇ · (ρ̃ũ ⊗ ũ) − ũ∇ (3.384)
∂ t̃ M2
q
ρ
ref ref u2
où le paramètre M = Pref représente le nombre de Mach global qui caractérise l’écoulement
des fluides. Désormais les tildes seront omis pour la simplicité des notations et on associe au
système (3.383) et (3.384) la condition aux limites de type paroi :
u(t, x) · ν(x) = 0, ∀x ∈ ∂Ω et t > 0, (3.385)
avec ν la normale unitaire à la frontière ∂Ω dirigée vers l’extérieur, et les conditions initiales :
ρ(0, x) = ρ0 (x), u(0, x) = u0 (x), ∀x ∈ Ω. (3.386)
Comme dans [17], des données initiales consistantes sont données :
ρ0 (x) = ρ00 + ερ01 (x), u0 (x) = u00 (x) + εu01 (x), ∇ · u00 (x) = 0, (3.387)
où ρ00 = ρ̄ (une constante) et ε = M 2 .

102
Limite à faible nombre de Mach pour le problème continu. On effectue un
développement asymptotique pour la pression P , la vitesse u, et la masse volumique ρ :

P = P0 + εP1 + · · · , (3.388)
u = u0 + εu1 + · · · , (3.389)
ρ = ρ0 + ερ1 + · · · . (3.390)

Lorsque ε −→ 0, l’équation de quantité de mouvement (3.384) donne formellement ∇P0 =


P00 (ρ0 )∇ρ0 = 0, c’est-à-dire que ρ0 (t, x) = ρ0 (t), ∀t ≥ 0 et x ∈ Ω. L’équation de masse en
O(1) s’écrit

∂ρ0
+ ∇ · (ρ0 u0 ) = 0. (3.391)
∂t
L’intégration de cette équation de masse (3.391) sur le domaine Ω conduit à
Z
0
|Ω|ρ0 (t) + ρ0 (t) u0 · ν ds = 0, (3.392)
∂Ω

ainsi la condition aux limites (3.385) implique

ρ0 = ρ00 = ρ̄. (3.393)

Alors l’équation de masse (3.391) devient :

∇ · u0 = 0. (3.394)

L’équation (3.384) donne (l’égalité des termes en O(1)) :

∂u0
ρ̄ + ∇ · (ρ̄u0 ⊗ u0 ) −  0∇
ρ̄u ·u
0 + ∇P1 = 0. (3.395)
∂t
Les équations (3.393), (3.394) et (3.395) forment le système qui gouverne l’écoulement
incompressible :

 ρ0 = ρ̄,
∇ · u0 = 0, (3.396)
 ∂u0
ρ̄ ∂t + ∇ · (ρ̄u0 ⊗ u0 ) + ∇P1 = 0.

Théorème 4. La méthode semi-implicite possède la propriété de la préservation asymptotique


dans le cas isentropique, i.e. la discrétisation pour le système (3.383) et (3.384) tend vers une
discrétisation pour le système (3.396) quand ε −→ 0.

Preuve. La discrétisation semi-implicite pour le système (3.383) et (3.384) est :


n+1
ρn+1 − ρnj n
P
j f (ρ)f (u)f · Sf
+ = 0, (3.397)
∆t Vj
un+1 − unj n n n n
P P
n j f (ρu)f (u)f · Sf f (ρ)f (u)f · Sf 1
ρj + − ujn
+ ∇Pjn+1 = 0, (3.398)
∆t Vj Vj ε

où Vj est le volume de la cellule j, Sf est le vecteur surfacique normal à la face f dirigé vers
l’extérieur de la cellule j. L’interpolation de Rhie et Chow est utilisée pour calculer la vitesse sur
la face :
∆t Pcm1 − Pcm0
 
m 1 m m 1 ∆t 1 ∆t 1 ∆t
(u)f = (uc0 + uc1 ) − + n n01 + ∇Pcm0 + ∇Pcm1 , (3.399)
2 2ε ρc0n ρc1 ~
|dr01 | 2ε ρn
c0 2ε ρn
c1

103
où m ∈ {n, n + 1}, c0 et c1 sont les cellules voisines de la face f , dr ~ 01 est le vecteur qui relie
l’isobarycentre de la cellule c0 à celui de la cellule c1 , et n01 est la normale unitaire à la face f
dirigé de la cellule c0 vers la cellule c1 .

On pose
ρm m m
j = ρ0, j + ερ1, j , (3.400)
um
j = um m
0, j + εu1, j , (3.401)
(u)m
f = (u)m m
0, f + ε(u)1, f , (3.402)
Pjm = P0,mj + εP1,mj . (3.403)
1

L’équation (3.398) donne (l’égalité des termes en O ε et l’hypothèse que la partie décentrée en
O 1ε pour calculer (u)n0, f dans l’interpolation de Rhie et Chow disparaı̂t) :


∇P0,n+1
j = 0. (3.404)
On suppose que discrètement ceci implique également un champ de pression uniforme dans l’espace
P0,n+1
j = P (t). (3.405)

Ceci justifie l’hypothèse précédente sur la disparition de la partie décentrée en O 1ε dans




l’interpolation de Rhie et Chow pour calculer (u)n0, f . L’uniformité de la pression dans l’espace
est triviale à démontrer pour un maillage structuré avec un schéma centré pour déterminer le
gradient de pression. Considérons par exemple un problème en 2D, nous avons
 n+1 n+1 
P0, (p+1, q) −P0, (p−1, q)
2∆x
∇P0,n+1
 
(p, q) =  = 0, (3.406)
n+1 n+1
 
P0, (p, q+1)
−P0, (p, q−1)
2∆y

où p, q indique respectivement la numérotation dans la direction x et la direction y pour la cellule,


et ∆x et ∆y est respectivement le pas de discrétisation en espace dans la direction x et la direction
y. La condition aux limites de type paroi implique
 n+1 n+1 
P0, (p+1, q) −P0, (p, q)
∆x
∇P0,n+1
 
(p, q) =  = 0. (3.407)
n+1 n+1
 
P0, (p, q+1)
−P0, (p, q)
∆y

Nous obtenons alors P0,n+1


(p, q) = P (t).

Comme pour le problème continu, nous pouvons intégrer l’équation (3.397) sur le domaine Ω
et en tenant compte de la condition aux limites, nous obtenons
ρn+1
0 = ρ̄, (3.408)
et
P n+1
f (u)0, f · Sf
= 0, (3.409)
Vj
qui est respectivement la discrétisation de l’équation (3.393) et de l’équation (3.394). Avec le
développement asymptotique pour la pression (3.403), l’interpolation de Rhie et Chow (3.399)
devient
1 m ∆t P1,mc1 − P1,mc0 ∆t ∆t
(u)m
0, f = (u 0, c0 + u m
0, c1 ) − n01 + ∇P1,mc0 + ∇P1,mc1 , (3.410)
2 ρ̄ ~
|dr01 | 2ρ̄ 2ρ̄

104
indépendante du paramètre ε.

L’égalité des termes en O(1) dans l’équation (3.398) donne


n+1 
un+1 n n n
P
f· Sf
P
0, j − u0, j f (ρ̄u)0, f (u)0, f · Sf f (u)
0,
ρ̄ + n
− ρ̄u0,
j   + ∇P1,n+1
j = 0, (3.411)
∆t ∆x  Vj
qui est bien la discrétisation de l’équation (3.395).

L’essentiel dans le schéma numérique est la discrétisation implicite du gradient de pression


et de la vitesse sur la face dans l’équation de masse, et aussi l’indépendance du paramètre ε de
l’interpolation de Rhie et Chow (3.410).

3.9.2 Cas général


On considère maintenant les équations d’Euler
∂ρ
+ ∇ · (ρu) = 0, (3.412)
∂t
∂u
ρ + ∇ · (ρu ⊗ u) − u∇ · (ρu) + ∇P = 0, (3.413)
∂t
∂ρh ∂P
+ ∇ · (ρeu) = − P ∇ · u, (3.414)
∂t ∂t
avec l’équation d’état :

ρ = ρ(P, h). (3.415)

Comme dans le cas isentropique, on cherche l’adimensionnement du système précédent avec


les variables normalisées indiquées par un tilde [13] :
ρ u x P uref ρref ρref
ρ̃ = , ũ = , x̃ = , P̃ = , t̃ = t , h̃ = h, ẽ = e. (3.416)
ρref uref xref Pref xref Pref Pref
On retrouve les équations sans dimension
∂ ρ̃ ˜
+ ∇ · (ρ̃ũ) = 0, (3.417)
∂ t̃
∂ ũ ˜ ˜ · (ρ̃ũ) + 1 ∇ ˜ P̃ = 0,
ρ̃ + ∇ · (ρ̃ũ ⊗ ũ) − ũ∇ (3.418)
∂ t̃ M2
∂ ρ̃h̃ ˜ ∂ P̃ ˜ · ũ,
+ ∇ · (ρ̃ẽũ) = − P̃ ∇ (3.419)
∂ t̃ ∂ t̃
q
ρref u2ref
où le paramètre M = Pref représente le nombre de Mach global qui caractérise l’écoulement
des fluides. Désormais les tildes seront négligés pour la simplicité des notations, et on note ε = M 2 .

Limite à faible nombre de Mach pour le problème continu. On cherche la limite du


système (3.417), (3.418) et (3.419) lorsque ε −→ 0. On effectue le développement asymptotique
pour la pression P , la vitesse u, l’énergie interne spécifique e, l’enthalpie spécifique h et la masse
volumique ρ :

P = P0 + εP1 + · · · , (3.420)
u = u0 + εu1 + · · · , (3.421)
e = e0 + εe1 + · · · , (3.422)
h = h0 + εh1 + · · · , (3.423)
ρ = ρ0 + ερ1 + · · · . (3.424)

105
L’égalité des termes de l’ordre O(1) dans les équations (3.417), (3.418) et (3.419) donne
respectivement :
∂ρ0
+ ∇ · (ρ0 u0 ) = 0, (3.425)
∂t
∂u0
ρ0 + ∇ · (ρ0 u0 ⊗ u0 ) − u0 ∇ · (ρ0 u0 ) + ∇P1 = 0, (3.426)
∂t
∂ρ0 h0 ∂P0
+ ∇ · (ρ0 e0 u0 ) = − P0 ∇ · u0 , (3.427)
∂t ∂t
et l’égalité des termes de l’ordre O 1ε dans l’équation (3.418) donne :


∇P0 = 0. (3.428)

Ceci implique que P0 est indépendante de l’espace, et on suppose que les conditions aux limites
sont choisies de sorte que P0 est aussi indépendante du temps, nous avons alors

P0 = P̄ (une constante). (3.429)

L’équation (3.427) devient


∂ρ0 e0
+ ∇ · (ρ0 e0 u0 ) = −P̄ ∇ · u0 , (3.430)
∂t
i.e.
   
∂ρ0 
 ∂e0
e0 + ∇ · (ρ0 u0 ) + ρ0
  + u0 · ∇e0 = −P̄ ∇ · u0 , (3.431)
∂t
 ∂t
ou encore
      !
∂e0 ∂ρ0   ∂e 0 ∂ P̄

ρ0 (ρ0 , P̄ ) ∇· (ρ0 u0 ) − ρ0 ∇ · u0 + ρ0
+ (ρ0 , P̄ ) ∇
 + u0 ·  P̄

∂ρ0 P̄ ∂t
 ∂ P̄ ρ0 ∂t
= −P̄ ∇ · u0 ,
(3.432)
nous avons
   
∂e0
P̄ − ρ20 (ρ0 , P̄ ) ∇ · u0 = 0. (3.433)
∂ρ0 P̄
   
Avec l’hypothèse ∂h 0
∂ρ0 P̄ (ρ0 , P̄ ) = ∂e0 P̄
∂ρ0 P̄ (ρ0 , P̄ ) − ρ20 6= 0, nous obtenons la condition
d’incompressibilité

∇ · u0 = 0. (3.434)

Exemple. Pour la loi d’état stiffened gaz (2.88), nous avons


 
∂h0 γ P̄ + π0
(ρ0 , P̄ ) = − 6= 0. (3.435)
∂ρ0 P̄ (γ − 1)ρ20

L’équation de masse (3.425) devient


∂ρ0
+ u0 · ∇ρ0 = 0, (3.436)
∂t
qui signifie que la masse volumique est constante le long du trajectoire d’un élément de fluide
quelconque. Tandis que dans le cas isentropique, la limite à faible nombre de Mach conduit à une

106
masse volumique constante et uniforme dans l’espace.

Les équations (3.426), (3.429), (3.434) et (3.436) forment la limite incompressible des équations
d’Euler :
 ∂u0
 ρ0 ∂t + ∇ · (ρ0 u0 ⊗ u0 ) − u0 ∇ · (ρ0 u0 ) + ∇P1 = 0,

P0 = P̄ ,

(3.437)

 ∇ · u0 = 0,
 ∂ρ0
∂t + u0 · ∇ρ0 = 0.

Théorème 5. La méthode semi-implicite possède la propriété de la préservation asymptotique


pour les équations d’Euler, i.e. la discrétisation pour le système (3.417), (3.418) et (3.419) tend
vers une discrétisation pour le système (3.437) quand ε −→ 0.

Preuve. La discrétisation semi-implicite du système (3.417), (3.418) et (3.419) est


n+1
ρn+1 − ρnj n
P
j f (ρ)f (u)f · Sf
+ = 0, (3.438)
∆t Vj
un+1 − unj n n n n
P P
n j f (ρu)f (u)f · Sf f (ρ)f (u)f · Sf 1
ρj + − ujn
+ ∇Pjn+1 = 0, (3.439)
∆t Vj Vj ε
n+1 n
P n n+1 n+1 n
P n+1
(ρh)j − (ρh)j f (ρe)f (u)f · Sf Pj − Pj f (u)f · Sf
+ − + Pjn = 0, (3.440)
∆t Vj ∆t Vj

avec l’interpolation de Rhie et Chow (3.399) pour calculer la vitesse sur la face.

Comme pour le cas isentropique, on pose

ρm m m
j = ρ0, j + ερ1, j , (3.441)
um
j = um m
0, j + εu1, j , (3.442)
(u)m
f = (u)m m
0, f + ε(u)1, f , (3.443)
m
Pj = P0,mj + εP1,mj , (3.444)
em
j = em m
0, j + εe1, j , (3.445)

où m ∈ {n, n + 1}. Similaire au cas isentropique, l’équation (3.439) donne (l’égalité des termes en
O 1ε et avec la condition aux limites appropriée) :

P0,n+1
j = P̄ . (3.446)

L’égalité des termes en O(1) dans les équations (3.438), (3.439) et (3.440) conduit à
n+1
ρn+1 n n
P
0, j − ρ0, j f (ρ)0, f (u)0, f · Sf
+ = 0, (3.447)
∆t Vj
un+1 n n n n n
P P
0, j − u0, j f (ρu)0, f (u)0, f · Sf f (ρ)0, f (u)0, f · Sf
n
ρ0, j + n
− u0, j + ∇P1,n+1j = 0, (3.448)
∆t Vj Vj
n+1 n+1
(ρh)n+1 n n
P0,n+1 n
P P
0, j − (ρh)0, j f (ρe)0, f (u)0, f · Sf j − P0, j n f (u)0, f · Sf
+ − + P0, j = 0. (3.449)
∆t Vj ∆t Vj

La discrétisation (3.448) est bien une discrétisation de l’équation (3.426) et la discrétisation


(3.447) est bien la discrétisation de l’équation (3.425).

107
Nous cherchons à simplifier l’équation d’énergie (3.449) en utilisant la même méthodologie que
pour le problème continu. Nous avons
(ρe)n+1 n
0, j − (ρe)0, j
 
1 ∂(ρ0 e0 )
= (ρn0, j , P̄ )(ρn+1 n
0, j − ρ0, j )
∆t ∆t ∂ρ0 P̄
  #
∂(ρ0 e0 ) n n+1 n
+ (ρ0, j , P̄ )(P j − P0, j ) ,
 0, 
(3.450)
∂ P̄ ρn 0, j

et
n+1
n n − ρn0, j )(u)n+1 n+1
P P P
f (ρe)0, f (u)0, f · Sf f (ρ0, f 0, f · Sf f (u)0, f · Sf
 
∂(ρ0 e0 )
= (ρn0, j , P̄ ) + (ρe)n0, j .
Vj ∂ρ0 P̄ Vj Vj
(3.451)
L’équation (3.449) donne :
P n n n+1
f (ρ0, f − ρ0, j )(u)0, f · Sf
    
1 ∂(ρ0 e0 ) n n+1 n ∂(ρ0 e0 ) n
(ρ0, j , P̄ )(ρ0, j − ρ0, j ) + (ρ0, j , P̄ )
∆t ∂ρ0 P̄ ∂ρ0 P̄ Vj
P n+1
 f (u)0, f · Sf
+ (ρe)n0, j + P̄

= 0. (3.452)
Vj
Compte tenu de la discrétisation de l’équation de masse (3.447), on obtient
P n+1
f (u)0, f · Sf
  
n ∂(ρ0 e0 ) n n
P̄ + (ρe)0, j − (ρ0, j , P̄ )ρ0, j = 0. (3.453)
∂ρ0 P̄ Vj
En supposant que
 
∂(ρ0 e0 )
P̄ + (ρe)n0, j − (ρn0, j , P̄ )ρn0, j 6= 0, (3.454)
∂ρ0 P̄
nous avons alors
P n+1
f (u)0, f · Sf
= 0. (3.455)
Vj
On retrouve ainsi la discrétisation pour l’équation (3.434).

Remarque. Nous avons


   
n ∂(ρ0 e0 ) n n ∂(ρ0 e0 )
P̄ + (ρe)0, j − (ρ0, j , P̄ )ρ0, j = P̄ − (ρn0, j , P̄ )(ρn0, j )2
∂ρ0 P̄ ∂ρ 0 P̄
 
∂h0
=− (ρn , P̄ )(ρn0, j )2 . (3.456)
∂ρ0 P̄ 0, j
Nous avons vu que ce dernier terme est effectivement différent de 0 (voir l’équation (3.435)) pour
la loi d’état stiffened gaz.

3.9.3 Résultats numériques


3.9.3.1 Superposition des 2 ondes acoustiques
Ce test consiste en la superposition des 2 ondes acoustiques proposé dans [45], qui est également
utilisé dans [13][17]. Les conditions initiales avec dimensions (en unités SI) sont comme suit :
η
ρ(x, 0) = ρ0 + ρ1 [1 − cos(2πx/L)] ,
2
η
P (x, 0) = P0 + P1 [1 − cos(2πx/L)] ,
2
η
u(x, 0) = u0 [1 − cos(2πx/L)] sgn(x), (3.457)
2

108
2
pour le domaine de calcul −L ≤ x ≤ L = η (conditions aux limites de type périodique), avec

ρ0 = 0.955, P0 = 1, ρ1 = 2, P1 = 2γ, u0 = 2 γ, (3.458)
1
où γ = 1.4 est la constante des gaz parfaits, et η = 11 . On peut calculer le nombre de Mach global
s s 2
η
ρref u2ref ρ0 2 u0
r
ρ0 γ
M= = = η ≈ 0.1. (3.459)
Pref P0 P0

Donc ces données initiales correspondent à un écoulement faiblement compressible. Les deux ondes
se rencontrent et se superposent à t = 0.815/η = 8.965 s. Ensuite elles se séparent et reviennent à
la configuration initiale à t = 1.63/η = 17.93 s, comme l’indique la Figure 3.20. Comme expliqué
dans [45], l’effet acoustique non linéaire déforme le profil à t = 17.93 s puisque le choc commence
à se développer au voisinage des points x = ±18.5 m. En terme de temps de calcul, pour un
maillage composé de 220 cellules, notre solveur de pression nécessite 22 itérations pour simuler
jusqu’à t = 8.965 s.

1,6 1.6
Initial pressure Initial pressure

1,4 1.4
Pressure [Pa]
Pressure [Pa]

1,2 1.2

1 1
-30 -20 -10 0 10 20 30 -30 -20 -10 0 10 20 30
x [m] x [m]
(a) La superposition des 2 ondes à t = 8.965 s. (b) Le retour à la configuration initiale à t = 17.93 s.

Figure 3.20 – Profil de la pression à 2 temps différents.

3.9.3.2 Channel with bump


Ce test consiste à un écoulement à faible nombre de Mach dans un tuyau, qui est également
étudié dans [95][8][12]. Le domaine de calcul est un rectangle de 4 m de long et de 1 m de large,
comme l’indique le schéma 3.21. Cependant une perturbation de la géométrie est introduite, avec
l’équation suivante pour la paroi inférieure :

0.1 × (1 − cos(x − 1)π) si 1 ≤ x ≤ 3,
y= (3.460)
0 sinon.

Les conditions initiales sont :

p = 105 Pa, ~u = (ux , 0) m/s, h = 25 × 103 J/kg, (3.461)

avec ux = 1, 0.1, 0.01 pour avoir les nombres de Mach correspondants M = 10−2 , 10−3 , 10−4 (la
loi d’état est de type gaz parfait avec γ = 1.4).
À l’entrée, la vitesse et l’enthalpie spécifique sont imposées, alors qu’à la sortie, la pression est
imposée, avec toutes ces valeurs données comme pour les conditions initiales. La condition de non
glissement est spécifiée sur les parois.

109
4m
Wall
Inlet y 1m Outlet
o x Wall
Figure 3.21 – Schéma pour le test channel with bump.

Un maillage structuré avec 40 × 10 cellules est utilisé, et le but de ce test est d’étudier le
comportement du schéma numérique à différents nombres de Mach. On présente les courbes
iso-valeurs du nombre de Mach au régime permanent pour les différentes vitesses de l’écoulement
en amont, comme montré sur la Figure 3.22. Une symétrie de ces courbes par rapport à la
géométrie est obtenue, comme prévu [8]. De plus on fait la comparaison entre les résultats obtenus
avec le schéma conservatif et ceux obtenus avec le schéma non conservatif. Les deux résultats sont
proches, et le schéma conservatif est aussi capable de traiter l’écoulement à faible nombre de Mach.

110
Mach number
1.438e-02

0.013

0.012

0.01

0.009

8.229e-03

−2
(a) M = 10 .

Mach number
1.446e-03

0.0014

0.0012

0.001

0.0009

8.244e-04

(b) M = 10−3 .

Mach number
1.456e-04

0.00013

0.00012

0.0001

9e-5
8.723e-05

(c) M = 10−4 .

Figure 3.22 – Iso-valeurs du nombre de Mach au régime permanent pour différents nombres de
Mach à l’entrée (la courbe verte pour le schéma conservatif, et la courbe bleue pour le schéma
non conservatif).

On évalue également la variation de pression par rapport au nombre de Mach, comme illustré
sur la Figure 3.23. On remarque que la variation de pression est de l’ordre de M 2 , correspond
bien au modèle continu (voir l’équation (3.420)). La variation de pression est définie comme suit :

Pmax − Pmin
Pvar = , (3.462)
Pmax
avec Pmax le maximum de la pression, et Pmin le minimum de la pression.

111
0,0001
2
Curve y=M
1e-05 Numerical solution

Pressure fluctuation [-]


1e-06

1e-07

1e-08

1e-09
0,0001 0,001 0,01
Mach number [-]

Figure 3.23 – La variation de pression en fonction du nombre de Mach.

3.9.3.3  Channel with bump  diphasique


Ce cas test [12] est similaire au cas précédent. Cette fois-ci, le fluide à l’entrée est liquide,
mais très proche de la saturation. Par conséquent, avec la diminution de la pression en raison
de la perturbation géométrique (Figure 3.24(a)), une petite quantité du liquide s’évapore, comme
l’indique la figure 3.24(b). Le modèle homogène équilibré présenté dans la Section 3.3 est utilisé
pour effectuer ce calcul. Les conditions initiales sont données au Tableau 3.3, et on utilise la
loi d’état tabulée QUICKSTEAM (voir la Section 2.5.4) pour déterminer les caractéristiques
des fluides. Dû à la différence très importante entre la vitesse du son dans le liquide et dans le
mélange, nous pouvons observer un changement dramatique du nombre de Mach à travers les
lignes de transition de phase, comme illustré sur la Figure 3.24(c). La vitesse du son dans un
mélange est donnée par [85]
v
u 1
c=u 2 , (3.463)
κT ρ − 2λv ρ 1/ρsvv −1/ρ 2 CP (1/ρv −1/ρl )
t
l
−sl + ρ T (s −s )2 v l

où

κT = αv κT, v + αl κT, l ,
λv = αv λv, v + αl λv, l ,
CP = Xv CP, v + Xl CP, l ,

où αk , Xk , ρk , sk sont respectivement la fraction volumique, la fraction massique, la masse


volumique et l’entropie spécifique de la phase k, T est la température du mélange, ρ = αv ρv + αl ρl
est la masse volumique du mélange, κT, k est la compressibilité isotherme de la phase k, λv, k est la
dilatation thermique isobare de la phase k et CP, k est la capacité thermique à pression constante
de la phase k (voir la Section 2.5.4 pour plus de détails).
Ces résultats numériques s’accordent bien qualitativement avec ceux obtenus dans [12]. Ce cas
test montre que la méthode semi-implicite est capable de traiter les écoulements avec une grande
variété de nombres de Mach (Mmax = 0.4088, Mmin = 0.0078).

Table 3.3 – Conditions initiales pour le cas test  channel with bump  diphasique.
Pression [Pa] p = 50 × 105
Vitesse (direction x) [m/s] ux = 10
Vitesse (direction y) [m/s] uy = 0
Enthalpie spécifique [J/kg] h = 1154.2 × 103

112
Pressure
5.011e+06

5e+6

4.98e+6

4.96e+6

4.956e+06

(a) Pressure.
Quality
1.453e-03

0.0012

0.0009

0.0006

0.0003

0.000e+00

(b) Mass fraction of gas.

Mach number
4.088e-01

0.35

0.28

0.21

0.14

0.07

7.757e-03

(c) Mach number.

Figure 3.24 – Numerical results for two-phase flow in a channel with bump.

113
Chapitre 4

Application à des cas tests


benchmarks

Nous présentons ici quelques résultats numériques issus des cas test benchmarks. Ces résultats
numériques sont comparés avec ceux dans la littérature. Dans la littérature, des auteurs [46][14]
utilisent le schéma de Roe [73] pour simuler les écoulements diphasiques. Ce schéma connaı̂t
beaucoup de succès dans la simulation numérique des écoulements compressibles monophasiques
et s’étend à l’écoulement diphasique avec une variété de régimes d’écoulement [92]. Le schéma
de VFFC [27] est aussi utilisé par beaucoup d’auteurs [74][77][24] pour la simulation numérique
des écoulements diphasiques. Ce schéma ne demande pas de conditions algébriques sur le
système, contrairement au schéma de Roe [73], et il s’étend même aux opérateurs de convection
non hyperboliques. Dans [60], l’auteur utilise le schéma de AUSM+ [53][52] pour simuler les
écoulements diphasiques.

Ces cas test ont notamment pour but de valider l’implémentation du schéma numérique, et
également d’illustrer le comportement numérique du schéma. On montre que notre schéma est
capable de traiter une large gamme d’écoulements diphasiques, avec l’apparition ou la disparition
de phase, de traiter aussi bien les grands ou les petits nombres de Mach, et peut aussi capturer
les chocs.

4.1 Tube à choc de Sod


Description du cas test
Ce cas test, également appelé problème de Riemann, est intéressant pour tester la capacité
de capture de choc d’un schéma numérique. Expérimentalement, le cas peut être réalisé par la
rupture soudaine d’une membrane située au milieu d’un tube fermé et séparant du fluide dans 2
états initiaux différents. Dans le cas considéré, la membrane est située à t = 0 s en x = 0.5 m pour
un tube de longueur 1 m.

Conditions initiales

Table 4.1 – Conditions initiales pour le cas test tube à choc de Sod.
État gauche État droit
Pression [Pa] p=1 p = 0.1
Vitesse [m/s] u=0 u=0
Enthalpie spécifique [J/kg] h = 3.5 h = 2.8

114
Conditions aux limites
La condition aux limites de type Neumann est utilisée pour les deux extrémités du tube.

Propriété physique du fluide


Le fluide suit la loi du gaz parfait avec γ = 1.4.

Maillage
Le maillage utilisé est 1D uniforme avec 800 cellules.

Résultats
Les calculs ont été réalisés en utilisant le schéma original non conservatif et notre schéma
conservatif. Nous faisons la comparaison entre nos résultats numériques et les solutions exactes
comme illustrées sur les Figures ci-dessous 4.1-4.3. Nous pouvons remarquer que la méthode
semi-implicite originale ne peut pas capturer exactement le choc. En effet les deux paliers séparés
par la discontinuité de contact ne sont pas correctement calculés. Par contre les résultats obtenus
avec le schéma conservatif correspondent bien aux solutions exactes. De nombreux cas tests
supplémentaires ont été effectués pour comparer ces deux schémas numériques, aussi bien des
cas de tubes à choc ou le problème de Sedov et le problème de Noh [54]. Les résultats numériques
confirment que notre schéma conservatif est aussi robuste que le schéma original, possédant de
plus la capacité de capture exacte des chocs.
1
Exact solution
Non conservative pressure solver
0,8 Conservative pressure solver
Pressure [Pa]

0,6

0,4

0,2

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 4.1 – Comparaison des pressions à t = 0.2 s.

115
1

0,8

Velocity [m/s]
0,6

0,4

0,2 Exact solution


Non conservative pressure solver
Conservative pressure solver

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 4.2 – Comparaison des vitesses à t = 0.2 s.

1
Exact solution
Non conservative pressure solver
0,8 Conservative pressure solver
Density [kg/m ]
3

0,6

0,4

0,2

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 4.3 – Comparaison des masses volumiques à t = 0.2 s.

4.2 Tube à choc diphasique


Description du cas test
Nous considérons ici le problème du tube à choc diphasique présenté dans [60] inspiré de [93].

Conditions initiales

Table 4.2 – Conditions initiales pour le cas test tube à choc diphasique.
Etat gauche Etat droit
Taux de vide [-] α = 0.25 α = 0.1
Pression [Pa] p = 2 × 107 p = 1 × 107
Vitesse du gaz [m/s] uv = 0 uv = 0
Vitesse du liquide [m/s] ul = 0 ul = 0
Enthalpie spécifique du gaz [J/kg] hv = 3.1083 × 105 hv = 3.1083 × 105
Enthalpie spécifique du liquide [J/kg] hl = 1.2899 × 106 hl = 1.2899 × 106

Conditions aux limites


La condition aux limites de type Neumann est utilisée pour les deux extrémités du tube.

116
Propriétés physiques des fluides
La loi d’état pour le liquide est de type stiffened gaz et pour le gaz est de type gaz parfait avec
les paramètres suivants [60] (voir la Section 2.5) :

Table 4.3 – Caractéristiques des deux fluides pour le cas test tube à choc diphasique.
Paramètres gaz liquide
γ [-] 1.4 2.8
π0 [Pa] 0 2.38 × 109
Cv [J/K] 720.5 1495

Modèle physique
Comme dans [60], on utilise aussi la pression interfaciale de Bestion avec σ = 2 pour avoir un
modèle hyperbolique.

Maillage
Les maillages utilisés sont 1D uniformes avec 200, 400, 800, 1600, 10000 cellules.

Résultats
Comme la solution exacte n’est pas disponible pour ce cas test, on effectue une étude de
convergence afin d’avoir une compréhension de la structure de la solution numérique. On donne ici
les résultats numériques à l’instant t = 0.006 s, avec la condition CFL = 0.5 obtenus avec le solveur
de pression et sa version conservative. Nous pouvons remarquer à partir des résultats numériques
montrés sur les Figures 4.4-4.9 que la solution est composée de 5 états constants. Nous avons une
onde de raréfaction à gauche se propageant dans la région de haute pression, une onde de choc se
propageant à droite dans la région de basse pression. Entre ces 2 ondes, nous avons deux ondes
de matière, à travers lesquelles la pression reste quasiment constante. Et pour l’onde de matière à
gauche la vitesse du liquide change légèrement, tandis que la température varie beaucoup, du même
pour le gaz à travers l’onde de matière à droite. Par ailleurs, on compare la solution obtenue avec
nos solveurs de pression avec la solution obtenue avec le schéma ASUM+ [60]. Comme l’indiquent
les Figures 4.10-4.15, les résultats numériques se superposent bien avec la solution de référence
obtenue dans [60]. De plus le solveur de pression original et la version conservative sont capables
de bien calculer la vitesse des ondes, par contre il existe une légère différence au niveau des états
intermédiaires, notamment pour la vitesse du gaz et pour la température du gaz, comme montré
sur les Figures 4.12 et 4.14.

117
0,3
200 cells
400 cells
0,25 800 cells
1600 cells

Void fraction [-]


10000 cells

0,2

0,15

0,1

0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.4 – Tube à choc diphasique avec différents maillages : le taux de vide.

2e+07
200 cells
400 cells
1,8e+07 800 cells
1600 cells
10000 cells
Pressure [Pa]

1,6e+07

1,4e+07

1,2e+07

1e+07
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.5 – Tube à choc diphasique avec différents maillages : la pression.

100
200 cells
400 cells
80 800 cells
1600 cells
Gas velocity [m/s]

10000 cells
60

40

20

0
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.6 – Tube à choc diphasique avec différents maillages : la vitesse du gaz.

118
15
200 cells
400 cells
800 cells

Liquid velocity [m/s]


1600 cells
10 10000 cells

0
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.7 – Tube à choc diphasique avec différents maillages : la vitesse du liquide.

360
200 cells
400 cells
800 cells
340 1600 cells
Gas temperature [K]

10000 cells

320

300

280
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.8 – Tube à choc diphasique avec différents maillages : la température du gaz.

310
200 cells
400 cells
800 cells
Liquid temperature [K]

1600 cells
309 10000 cells

308

307
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.9 – Tube à choc diphasique avec différents maillages : la température du liquide.

119
0,3

0,25

Void fraction [-]


0,2

0,15

Reference solution
Non conservative scheme
0,1 Conservative scheme
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.10 – Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : le taux de vide.

3e+07
Reference solution
Non conservative scheme
2,5e+07 Conservative scheme
Pressure [Pa]

2e+07

1,5e+07

1e+07
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.11 – Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : la pression.

100
Reference solution
Non conservative scheme
80 Conservative scheme
Gas velocity [m/s]

60

40

20

0
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.12 – Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : la vitesse du gaz.

120
15
Reference solution
Non conservative scheme
Conservative scheme

Liquid velocity [m/s]


10

0
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.13 – Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : la vitesse du liquide.

360
Reference solution
Non conservative scheme
Conservative scheme
340
Gas temperature [K]

320

300

280
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.14 – Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : la température du gaz.

310
Reference solution
Non conservative scheme
Conservative scheme
Liquid temperature [K]

309

308

307
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.15 – Comparaison entre les résultats obtenus avec solveurs de pression et la solution de
référence pour tube à choc diphasique : la température du liquide.

121
4.3 Tube à choc de Saurel
Description du cas test
Ce cas test est un autre problème du tube à choc proposé dans [76]. La discontinuité à x =
0.7 m sépare la partie gauche remplie du liquide pur et la partie droite remplie du gaz pur.
Numériquement on utilise αv = 10−4 pour approcher l’état pur du gaz. Pour ce cas test, la
solution exacte est disponible pour le taux de vide, la pression, la masse volumique du mélange et
la vitesse du mélange. La solution contient une propagation de l’interface entre les deux phases,
à travers laquelle la masse volumique du mélange varie tandis que la pression et la vitesse du
mélange reste inchangées. De plus nous avons une onde de raréfaction dans le liquide et une onde
de choc dans le gaz.

Conditions initiales

Table 4.4 – Conditions initiales pour le cas test tube à choc de Saurel.
Etat gauche Etat droit
Taux de vide [-] α = 1 × 10 −4 α = 1 − 1 × 10−4
Pression [Pa] p = 1 × 10 9 p = 1 × 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 0 uv = 0
Vitesse du liquide [m/s] ul = 0 ul = 0
Enthalpie spécifique du gaz [J/kg] hv = 7 × 10 7 hv = 7 × 103
Enthalpie spécifique du liquide [J/kg] hl = 2.070588 × 10 6 hl = 7.766 × 105

Conditions aux limites


La condition aux limites de type Neumann est utilisée pour les deux extrémités du tube.

Propriété physique du fluide


La loi d’état pour le liquide est de type stiffened gaz et pour le gaz est de type gaz parfait avec
les paramètres suivants [60][41] (voir la Section 2.5) :

Table 4.5 – Caractéristiques des deux fluides pour le cas test de Saurel.
Paramètres gaz liquide
γ [-] 1.4 4.4
π0 [Pa] 0 2.64 × 109
Cv [J/K] 720.5 951.36

Modèle physique
Pour ce cas test, on utilise la force de traı̂née afin que la vitesse de la phase évanescente reste
proche de celle de la phase présente. Cette force est donnée par
3 Cd
Miv = −Mil = − αv αl (αv ρv + αl ρl ) |ur |ur ,
8 Rb
où ur = uv − ul , Cd est le coefficient de frottement égal à 0.44 et Rb est le rayon moyen des bulles
dispersées égal à 5 × 10−4 m.
Comme dans [60], on utilise la pression interfaciale de Bestion avec σ = 2 pour avoir un modèle
hyperbolique.

122
Maillage
Le maillage utilisé est 1D uniforme avec 800 cellules.

Résultats
Ce cas test est difficile parce que le ratio de pression entre l’état gauche et l’état droit est
de 104 et aussi parce qu’il s’agit des phases évanescentes (il y a des régions où αv = 0 ou αl =
0). Les résultats numériques sont comparés à la solution exacte, comme l’indiquent les Figures
4.16-4.19. Nous pouvons remarquer que la propagation de l’interface entre les deux phases est
correctement calculée. Par contre le solveur de pression traite cette onde de contact comme une
onde de choc, et par conséquent l’onde de choc dans le gaz n’existe plus. L’onde de raréfaction à
gauche dans le liquide est correctement déterminée, mais nous pouvons également observer une
petite discontinuité à x ≈ 0.6 m contrairement à la solution exacte. Ces différences par rapport
à la solution exacte viennent probablement du fait que dans notre approche bi-fluide, la fraction
volumique pour une phase évanescente n’est jamais égale à 0, et le résidu de la phase évanescente
influence la solution numérique finale.

1
Exact solution
Pressure solver
0,8
Void fraction [-]

0,6

0,4

0,2

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 4.16 – Tube à choc de Saurel : taux de vide à t = 2.29 × 10−4 s.

1e+09
Exact solution
Pressure solver
8e+08
Pressure [Pa]

6e+08

4e+08

2e+08

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 4.17 – Tube à choc de Saurel : pression à t = 2.29 × 10−4 s.

123
500

400

Mixture velocity [m/s]


300

200

100
Exact solution
Pressure solver
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 4.18 – Tube à choc de Saurel : vitesse du mélange à t = 2.29 × 10−4 s.

1500
Exact solution
Pressure solver
Mixture density [kg/m ]
3

1000

500

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 4.19 – Tube à choc de Saurel : masse volumique du mélange à t = 2.29 × 10−4 s.

4.4 Robinet de Ransom


Description du cas test
Il s’agit d’un cas test 1D instationnaire proposé par V.H. Ransom [68]. Nous considérons
l’écoulement de haut en bas d’un jet d’eau soumis à la gravité, dans un cylindre vertical de 12 m
de long ouvert à ses deux extrémités et rempli d’air. Au temps t = 0 s, l’air est au repos et le
rapport entre la section du jet et celle du cylindre est tel que le taux de vide initial est égal
à 0.2 dans tout le cylindre (cf. la Figure 4.20). Si l’on suppose qu’il n’y a pas de mélange des
phases, l’accélération du jet due à la gravité entraı̂ne par conservation du débit une réduction de
la section horizontale de la colonne d’eau lorsque l’on se déplace du haut vers le bas du cylindre.
Or les calculs effectués ici sont réalisés sur des maillages 1D. Par conséquent, la réduction de la
section horizontale du jet se traduit par un accroissement du taux de vide de haut en bas de la
géométrie, nous assistons donc à une propagation d’un front de taux de vide de l’entrée (haute)
vers la sortie (basse) du cylindre [74][77].

124
Inlet

gas

10 m
g
liquid
Outlet
Figure 4.20 – Robinet de Ransom à t = 0, 0 < t < tconverge et t = tconverge (le temps pour
atteindre le régime permanent).

Conditions initiales

Table 4.6 – Conditions initiales pour le cas test Robinet de Ransom.


Taux de vide [-] α = 0.2
Pression [Pa] p = 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 0
Vitesse du liquide [m/s] ul = 10
Enthalpie spécifique du gaz [J/kg] hv = 3245940
Enthalpie spécifique du liquide [J/kg] hl = 209283

Conditions aux limites


Enrée : α = 0.2, uv = 0 m/s, ul = 10 m/s, hv = 3245940 J/kg.
Sortie : Psortie = 105 Pa.

Propriétés physiques des fluides


La loi d’état de type gaz parfait avec γ = 1.4 est utilisé, tandis que le liquide est incompressible.

Résultats
Nous montrons ici les résultats numériques à l’instant t = 0.6 s, avec la condition CFL = 0.8.
Pour ce cas test, nous disposons de la solution analytique pour le taux de vide, comme montré
sur la Figure 4.21 et de la solution analytique pour la vitesse du liquide, comme montré sur
la Figure 4.24, et nous pouvons remarquer que la solution numérique est assez proche de la
solution exacte. Par contre, lorsqu’on raffine le maillage avec 1600 cellules, comme représenté
par la courbe jaune sur la Figure 4.21, l’oscillation au niveau de la discontinuité commence à
apparaı̂tre. Cela provient du fait que le modèle bi-fluide n’est pas hyperbolique, ce qui signifie
que le système bi-fluide est un problème aux valeurs initiales mal posé. Nous pouvons ajouter le
modèle intermédiaire pour le défaut de la pression interfaciale (voir la Section 2.7) pour rendre
le modèle hyperbolique, effectivement avec ce terme, l’oscillation avec 1600 cellules est éliminée,
comme l’indique la courbe bleue sur la Figure 4.21.

Comme montré sur la Figure 4.25, on fait la comparaison entre le taux de vide en régime
stationnaire obtenu avec le schéma semi-implicite et celui obtenu avec le schéma quasi-implicite
(voir la Section 3.5). Pour ce dernier schéma, la condition CFL égale à 10 est utilisée. Nous
pouvons remarquer que les deux résultats se superposent bien, et effectivement le schéma

125
quasi-implicite nous permet d’effectuer des simulations à grands pas de temps.

0,5
Exact solution
200 cells
1600 cells, δ = 0
1600 cells, δ = 1.1
0,4

Void fraction [-]


0,3

0,2

0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.21 – Robinet de Ransom : le taux de vide à t = 0.6 s.

1,001e+05

1,0008e+05
Pressure [Pa]

1,0006e+05

1,0004e+05

1,0002e+05

1e+05

0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.22 – Robinet de Ransom : la pression à t = 0.6 s.

-5
Gas velocity [m/s]

-10

-15

-20

-25

-30
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.23 – Robinet de Ransom : la vitesse du gaz à t = 0.6 s.

126
20
Exact solution
18

Liquid velocity [m/s]


16

14

12

10
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.24 – Robinet de Ransom : la vitesse du liquide à t = 0.6 s.

Nearly implicit method


Semi-implicit method
0,5
Void fraction [-]

0,4

0,3

0,2
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.25 – Robinet de Ransom : le taux de vide à t = 2 s.

4.5 Déséquilibre cinématique


Description du cas test
On considère l’écoulement permanent du mélange d’un liquide et de bulles de gaz dans une
conduite rectiligne [9][74][77]. À l’entrée, une vitesse relative élevée entre les phases est imposée
pour mettre en évidence l’effet de la force de traı̂née. Le but de cette configuration d’écoulement
est de tester la capacité du code à calculer une solution stationnaire en présence d’un terme source
assez raide et non linéaire : le terme de traı̂née pour les bulles dispersées dans le liquide.

Conditions initiales

Table 4.7 – Conditions initiales pour le cas test déséquilibre cinématique.


Taux de vide [-] α = 0.2
Pression [Pa] p = 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 1.5
Vitesse du liquide [m/s] ul = 1
Enthalpie spécifique du gaz [J/kg] hv = 324594.1562
Enthalpie spécifique du liquide [J/kg] hl = 209283

127
Conditions aux limites
Entrée : uv = 1.5 m/s, ul = 1.0 m/s, α = 0.2.
Sortie : P = 1.0 × 105 Pa.

Propriétés physiques des fluides


Le gaz suit la loi du gaz parfait avec γ = 1.4 et le liquide est considéré comme incompressible avec
la masse volumique ρl = 1000 kg/m3 .

Modèle physique
La force de traı̂née est donnée par
3 Cd
Miv = −Mil = − αv αl (αv ρv + αl ρl ) |ur |ur ,
8 Rb
où ur = uv − ul , Cd est le coefficient de frottement et Rb est le rayon moyen des bulles dispersées
égal à 5 × 10−4 m. Nous effectuons deux calculs avec Cd = 0.05 et Cd = 0.5 respectivement.

Maillage
Pour reproduire correctement de forts gradients des grandeurs physiques à l’entrée du domaine,
on utilise un maillage localement raffiné à l’entrée. Le maillage est obtenu est utilisant l’outil
de pré et post traitement SALOME [2]. En définissant la taille de la maille voisine de l’entrée
∆x1 = 0.005 m et la taille de la maille voisine de la sortie ∆xN = 0.1 m, SALOME produit un
maillage qui est graduellement grossier de l’entrée à la sortie.

Résultats
Une solution analytique est proposée dans [9] avec les hypothèses simplificatrices suivantes : la
variation relative des masses volumiques est négligeable par rapport aux variations relatives du
taux de vide et des vitesses et la vitesse relative ur = uv − ul reste positive (ce qu’on vérifiera a
posteriori). Les Figures 4.26 et 4.27 montrent respectivement la comparaison entre les résultats
numériques et les solutions analytiques avec Cd = 0.05 et Cd = 0.5. On peut remarquer que
les résultats numériques correspondent bien aux solutions analytiques. En raison de la force de
traı̂née, les vitesses des 2 fluides se rapprochent, avec la vitesse relative positive en accord avec
l’hypothèse faite pour obtenir la solution analytique. De plus la force de traı̂née conduit à de
forts gradients aux grandeurs physiques à l’entrée du domaine. Comme prévu, ces gradients sont
plus forts avec Cd = 0.5 par rapport à Cd = 0.05.

Sur la Figure 4.28, le taux de vide en régime stationnaire obtenu avec le schéma quasi-implicite
(CFL = 10) est comparé avec celui obtenu en utilisant le schéma semi-implicite. Nous pouvons
remarquer que le schéma quasi-implicite fonctionne et donne des résultats correspondant bien à
ceux obtenus avec le schéma semi-implicite.

128
0,28 1,001e+05
Analytical solution
1,0008e+05 Numerical solution
0,26 Analytical solution
Numerical solution

Void fraction [-]

Pressure [Pa]
1,0006e+05
0,24
1,0004e+05

0,22
1,0002e+05

0,2 1e+05
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m] x [m]
(a) Taux de vide. (b) Pression.

1,6 1,1
Analytical solution
1,5 Numerical solution
1,08
Analytical solution

Liquid velocity [m/s]


Gas velocity [m/s]

Numerical solution
1,4 1,06

1,3 1,04

1,2 1,02

1,1 1
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m] x [m]
(c) Vitesse du gaz. (d) Vitesse du liquide.

0,6
Analytical solution
0,5 Numerical solution
Relative velocity [m/s]

0,4

0,3

0,2

0,1

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]
(e) Vitesse relative.

Figure 4.26 – Déséquilibre cinématique : comparaison entre les résultats numériques et les
solutions analytiques pour Cd = 0.05.

129
0,28 1,001e+05
Analytical solution
1,0008e+05 Numerical solution
0,26 Analytical solution
Numerical solution

Void fraction [-]

Pressure [Pa]
1,0006e+05
0,24
1,0004e+05

0,22
1,0002e+05

0,2 1e+05
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m] x [m]
(a) Taux de vide. (b) Pression.

1,6 1,1
Analytical solution Analytical solution
1,5 Numerical solution Numerical solution
1,08

Liquid velocity [m/s]


Gas velocity [m/s]

1,4 1,06

1,3 1,04

1,2 1,02

1,1 1
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m] x [m]
(c) Vitesse du gaz. (d) Vitesse du liquide.

0,6
Analytical solution
0,5 Numerical solution
Relative velocity [m/s]

0,4

0,3

0,2

0,1

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]
(e) Vitesse relative.

Figure 4.27 – Déséquilibre cinématique : comparaison entre les résultats numériques et les
solutions analytiques pour Cd = 0.5.

130
0,28
Nearly implicit method
Semi-implicit method
0,27

Void fraction [-]


0,26

0,25

0,24

0,23

0,22
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 4.28 – Déséquilibre cinématique : le taux de vide à t = 3 s.

4.6 Sédimentation
Description du cas test
Ce cas test simule l’évolution d’un mélange de gaz et de liquide dans une colonne verticale
[85]. Initialement, le mélange est homogène avec un taux de vide αv = 0.5 et les deux fluides sont
au repos. Sous la gravité, le liquide lourd se déplace vers le bas et le gaz léger vers le haut. Deux
ondes se développe simultanément du bas et du haut du domaine, ce qui entraı̂ne une interface
franche entre le liquide et le gaz lorsque la séparation de phase est terminée.
gas

10 m g

Initial state liquid steady state

Figure 4.29 – Illustration du cas test sédimentation.

Conditions initiales

Table 4.8 – Conditions initiales pour le cas test sédimentation.


Taux de vide [-] α = 0.5
Pression [Pa] p = 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 0
Vitesse du liquide [m/s] ul = 0
Enthalpie spécifique du gaz [J/kg] hv = 324594.1562
Enthalpie spécifique du liquide [J/kg] hl = 209283

Conditions aux limites


Les conditions aux limites de type paroi sont imposées pour les 2 extrémités de la colonne.

131
Propriétés physiques des fluides
Le gaz suit la loi du gaz parfait avec γ = 1.4 et le liquide est considéré comme incompressible avec
la masse volumique ρl = 1000 kg/m3 .

Modèle physique
La force de traı̂née est donnée par
3 Cd
Miv = −Mil = − αv αl (αv ρv + αl ρl ) |ur |ur ,
8 Rb
où ur = uv − ul , Cd est le coefficient de frottement égal à 0.0045 et Rb est le rayon moyen des
bulles dispersées égal à 5 × 10−4 m.

Maillage
Le maillage utilisé est 1D uniforme avec 50 cellules.

Résultats
Ce cas test valide la capacité de la méthode numérique à traiter tout intervalle de taux de vide
de 0 à 1. La Figure 4.30 montre les profils de taux de vide à différents instants.

1
t = 0.5 s
t=1s
0.8 t=2s
t=3s
Void fraction [-]

t=4s
0.6 t=5s

0.4

0.2

0
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.30 – Sédimentation : les profils de taux de vide à différents instants.

4.7 Manomètre oscillant


Description du cas test
On considère ici le cas test du manomètre oscillant proposé dans [69], qui s’agit d’une colonne
de liquide qui oscille sous la gravité dans un tube en forme de U, comme illustré sur la Figure
4.31. La longueur totale du tube est de 20 m, et la partie occupée par le liquide est de 10 m de
long. Comme dans [60], on simule le cas simplifié en 1D, avec la gravité variable suivant l’axe du
tube (x = 0 correspond à l’extrémité gauche du tube) :

 ḡ  0 ≤ x < 5,
g(x) = ḡ cos x−5
10 π 5 ≤ x ≤ 15, (4.1)
−ḡ 15 < x ≤ 20,

132
où ḡ = 10 m/s2 .

gas

~g V0 = 2.1 m/s

liquid

Figure 4.31 – Illustration schématique pour le cas test manomètre oscillant.

Conditions initiales
La configuration initiale est comme illustré sur la Figure 4.31, où les niveaux du liquide des 2 côtés
sont égaux, et la vitesse du liquide est 2.1 m/s, et la pression dans le liquide est celle correspondante
à l’hydrostatique.

Conditions aux limites


Les 2 extrémités du tube sont ouvertes à l’atmosphère à la pression Patm = 105 Pa.

Propriétés physiques des fluides


Le gaz suit la loi du gaz parfait avec γ = 1.4 et le liquide est considéré comme incompressible avec
la masse volumique ρl = 1000 kg/m3 .

Modèle physique
La force de traı̂née est donnée par
3 Cd
Miv = −Mil = − αv αl (αv ρv + αl ρl ) |ur |ur ,
8 Rb
où ur = uv − ul , Cd est le coefficient de frottement égal à 0.05 et Rb est le rayon moyen des bulles
dispersées égal à 5 × 10−4 m.

Maillage
Le maillage utilisé est 1D uniforme avec 50 cellules.

Résultats
On peut observer deux ondes de taux de vide qui se propagent dans le tube, comme montré
sur la Figure 4.32. Ce cas test montre que la méthode numérique est capable de traiter la phase
évanescente. Pour la vitesse du liquide à x = 10 m, la solution analytique est disponible [60] :
r
2g
ul (t) = V0 cos(ωt), ω = (4.2)
L
avec L = 10 m. La Figure 4.33 montre que cette vitesse est bien calculée avec une diffusion
numérique et un déphasage.

133
1
t=0s
t=2s
0,8 t=4s
t=6s

void fraction [-]


0,6

0,4

0,2

0
0 5 10 15 20
x [m]

Figure 4.32 – Manomètre oscillant : le profil des taux de vide aux différents instants.

2.5
Numerical result
2 Analytical solution

1.5
Liquid velocity [m/s]

1
0.5
0
-0.5
-1
-1.5
-2
-2.5
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Time [s]

Figure 4.33 – Manomètre oscillant : la comparaison entre la vitesse du liquide calculée à x = 10 m


avec la solution analytique.

4.8 Colonne bouillante


Description du cas test
Dans ce cas test, il s’agit de l’écoulement diphasique dans une colonne unidimensionnelle
chauffée uniformément avec un terme source constant, comme l’indique la Figure 4.34. Le
réchauffement le long de la colonne entraı̂ne l’apparition de la phase vapeur. Comme dans [14],
deux cas sont distingués : le cas saturé et le cas sous-refroidi. La différence entre les 2 cas est
que dans le premier cas, le liquide est saturé au départ, par conséquence la vapeur apparaı̂t
immédiatement à l’entrée de la colonne, tandis que dans le second cas, le liquide est sous-refroidi
au départ, donc il faut une distance pour le liquide d’atteindre son état de saturation.

134
gas

Heat flux

liquid

Fluid flow

Figure 4.34 – Illustration schématique pour le cas test colonne bouillante.

Conditions initiales

Table 4.9 – Conditions initiales pour le cas test colonne bouillante.


Cas saturé Cas sous-refroidi
Taux de vide [-] α = 10 −5 α = 10−5
Pression [Pa] p = 68.73 × 10 5 p = 68.73 × 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 0.78 uv = 0.78
Vitesse du liquide [m/s] ul = 0.78 ul = 0.78
Enthalpie spécifique du gaz [kJ/kg] hv = 2774 hv = 2774
Enthalpie spécifique du liquide [kJ/kg] hl = 1260 hl = 1220

Conditions aux limites


Cas saturé. Entrée : α = 10−5 , uv = 0.78 m/s, ul = 0.78 m/s, hv = 2774 kJ/kg, hl =
1260 kJ/kg.
Sortie : P = 68.73 × 105 Pa.

Cas sous-refroidi. Entrée : α = 10−5 , uv = 0.78 m/s, ul = 0.78 m/s, hv = 2774 kJ/kg, hl =
1220 kJ/kg.
Sortie : P = 68.73 × 105 Pa.

Propriétés physiques des fluides


On utilise la loi d’état tabulée QUICKSTEAM [48], qui est basée sur la formulation industrielle
IAPWS 1997 [96], pour l’eau et sa vapeur (voir la Section 2.5.4).

Modèles physiques
La force de traı̂née est donnée par

~ il = − 3 αv αl (αv ρv + αl ρl ) Cd |~ur |~ur ,


~ iv = −M
M
8 Rb
où ~ur = ~uv − ~ul , Cd est le coefficient de frottement égal à 0.05 et Rb est le rayon moyen des
particules égal à 5. × 10−4 m. Le frottement à la paroi pour la phase k est

~ wk = − f αk ρk |~uk |~uk ,
M
2Dh

135
avec f le coefficient de frottement égal à 0.017 et Dh le diamètre hydraulique égal à 0.628 m.
On utilise le modèle simplifié dans [14] pour le transfert de masse et d’énergie interfacial et la
source de chaleur à la paroi. On suppose que lorsque hl < hsat l , la source de chaleur à la paroi
sat
n’est appliquée qu’à la phase liquide. Lorsque hl ≥ hl , cette source de chaleur ne contribue qu’au
transfert de masse interfacial. Nous avons alors

qwv = 0,
qwl = q si hl < hsat
l ,
= 0 sinon,

où le terme source q est donnée par

N u0 (hsat sat sat sat


v − hl )ρv ρl
q= sat sat
, (4.3)
(ρl − ρv )Lh

avec N un coefficient, u0 la vitesse caractéristique des fluides, Lh la longueur caractéristique du


domaine. Dans nos calcul, nous prenons N = 3, u0 = 0.78 m/s, Lh = 10 m, ρsat v = 35.78 kg/m ,
3

ρsat 3 sat sat


l = 742 kg/m , hv = 2774.20 kJ/kg, hl = 1260.87 kJ/kg.

Maillage
Le maillage utilisé est 1D uniforme avec 200 cellules.

Résultats
Des résultats numériques sont illustrés sur la Figure 4.35, et nous pouvons observer la
croissance du taux de vide le long de la colonne due à la source de chaleur à la paroi. Nous
pouvons déterminer pour le cas sous-refroidi le point d’ébullition (où la création de la phase
vapeur se manifeste) en négligeant les variations d’énergie cinétique et les variations de pression
le long de la colonne :

ρin uin (hsat


l − hl, in )
xboiling = ,
q

où (·)in représente la grandeur physique à l’entrée de la colonne. Nous pouvons remarquer que
le point d’ébullition pour le cas sous-refroidi est correctement déterminé dans notre calcul, et il
n’y a pas de problème particulier à ce point (e.g. l’énergie interne devient négative). Ce cas test
vérifie la capacité de la méthode numérique pour gérer l’apparition de phase due au transfert de
chaleur.

Finalement, on donne le taux de vide obtenu avec la méthode quasi-implicite (CFL = 10),
introduite dans la Section 3.5, comme illustré sur la Figure 4.36. Le résultat obtenu correspond
bien à celui obtenu avec la méthode semi-implicite.

136
0,8 0,8

0,6 0,6
Void fraction [-]

Void fraction [-]


0,4 0,4

0,2 0,2

0 0
0 2 4 6 8 10 0 2 4 6 8 10
x [m] x [m]
(a) Cas saturé. (b) Cas sous-refroidi.

Figure 4.35 – La fraction volumique en régime permanent pour le cas test colonne bouillante.

0,8
Nearly implicit method
Semi-implicit method
0,6
Void fraction [m]

0,4

0,2

0
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 4.36 – Colonne bouillante : le taux de vide à t = 10 s.

4.9 Jonction en T
Description du cas test
On considère ici un écoulement diphasique dans une jonction en T composée de tuyau d’entrée
(inlet pipe), tuyau de débouché (run pipe) et tuyau de déviation (branch pipe), comme illustré
sur la Figure 4.37. Ce cas test, décrit dans [46][14], montre une séparation dynamique entre le
liquide et le gaz due à la géométrie, comme le changement de phase n’est pas pris en compte dans
le calcul. La géométrie du cas test est détaillée sur la Figure 4.37, un mélange de gaz et liquide
entre dans la jonction, et sort d’une part de la partie tuyau de débouché, et d’autre part de la
partie tuyau de déviation. La séparation de l’écoulement est contrôlé par imposer la pression à
la sortie du tuyau de débouché constante et égale à la pression de référence, et la pression à la
sortie du tuyau de déviation constante, mais inférieure à la pression de référence. La différence de
pression pousse des fluides vers le tuyau de déviation.

137
Outlet

0.055 Branch pipe

0.7196

Inlet pipe Run pipe

Inlet 0.055 Outlet

0.197 0.625

Figure 4.37 – Géométrie du cas test Jonction en T, dimension en [m].

Conditions initiales
Les conditions initiales sont uniformes (la vitesse est dans la direction axiale de chaque tube) dans
le domaine :

Table 4.10 – Conditions initiales pour le cas test Jonction en T.


Taux de vide [-] α = 0.45
Pression [Pa] p = 150 × 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 1
Vitesse du liquide [m/s] ul = 1
Enthalpie spécifique du gaz [kJ/kg] hv = 2650
Enthalpie spécifique du liquide [kJ/kg] hl = 1607

Conditions aux limites


Entrée : α = 0.45, uv = 1 m/s, ul = 1 m/s, hv = 2650 kJ/kg, hl = 1607 kJ/kg, où la vitesse est
dans la direction axiale.
Sortie de débouché : P = 150 × 105 Pa, Sortie de déviation : P = 149.998 × 105 Pa.

Propriétés physiques des fluides


Le liquide est considéré comme incompressible avec la masse volumique ρl = 103 kg/m3 , et la loi
d’état de type gaz parfait est utilisée pour le gaz avec l’exposant adiabatique γv = 1.4.

Modèles physiques
La force de traı̂née est donnée par

~ il = − 3 αv αl (αv ρv + αl ρl ) Cd |~ur |~ur ,


~ iv = −M
M
8 Rb
où ~ur = ~uv − ~ul , Cd est le coefficient de frottement égal à 0.44 et Rb est le rayon moyen des
particules égal à 3.165 × 10−4 m. Le frottement à la paroi pour la phase k est

~ wk = − f αk ρk |~uk |~uk ,
M
2Dh
f
avec f le coefficient de frottement et Dh le diamètre hydraulique, et dans le calcul Dh = 0.05 m−1 .

138
Maillage
On utilise un maillage non structuré pour ce cas test avec la longueur caractéristique des cellules
est de 0.02 m.

Résultats
En raison de la différence de masse volumique et donc d’inertie entre le liquide et le gaz, après
la jonction, la plupart du liquide continue dans le tuyau de débouché, tandis que une grande
partie de gaz entre dans le tuyau de déviation, comme montré sur la Figure 4.38. En particulier,
la simulation prédit une recirculation de l’écoulement à l’entrée du tuyau de déviation, comme
l’indiquent les Figures 4.40 et 4.41, et le gaz y est piégé. Ce cas test permet de tester la capacité de
la méthode numérique pour traiter une grande gamme de taux de vide, de plus le comportement
sur un maillage non structuré. Vu qu’il n’y a pas de données expérimentales, nous pouvons faire
une comparaison qualitative entre les résultats numériques obtenus ici et ceux dans [46][14],
effectivement un comportement similaire peut être observé.

Void fraction
1.000e+00

0.9

0.8

0.6

0.4

0.3
2.304e-01

Figure 4.38 – Jonction en T : le taux de vide.

139
Relative pressure
3.845e+01
0

-70

-140

-210

-280
-3.017e+02

Figure 4.39 – Jonction en T : la pression relative (P − 1.5 × 107 Pa).

Gas velocity Magnitude


1.113e+00
1

0.8

0.6

0.4

0.2

4.190e-02

Figure 4.40 – Jonction en T : la vitesse du gaz.

140
Liquid velocity Magnitude
1.047e+00
1

0.8

0.6

0.4

0.2

3.583e-02

Figure 4.41 – Jonction en T : la vitesse du liquide.

4.10 ASTAR Nozzle


Description du cas test
Ce cas test proposé dans [86] (voir aussi [85][46] pour plus de détails) s’agit d’un écoulement
diphasique en régime stationnaire à travers d’une tuyère convergente-divergente, dont la géométrie
est détaillée sur la Figure 4.42. Le taux de vide est élevé pour garantir un écoulement avec
gouttelettes dispersées. Ce cas test est intéressant pour tester la capacité de la méthode numérique
pour traiter des nombres de Mach variés, y compris une transition du régime subsonique au régime
supersonique, ainsi que des discontinuités des grandeurs physiques dans la partie divergente de la
tuyère.

0.3 Inlet 0.05 Outlet 0.11

0.3 0.6
o x

Figure 4.42 – Géométrie du cas test ASTAR nozzle, toutes les dimensions en [m].

141
Conditions initiales

Table 4.11 – Conditions initiales pour le cas test ASTAR nozzle.


Taux de vide [-] α = 0.996
Pression [Pa] p = 10 × 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 0
Vitesse du liquide [m/s] ul = 0
Enthalpie spécifique du gaz [J/kg] hv = 2907160.07
Enthalpie spécifique du liquide [J/kg] hl = 1008049.40

Conditions aux limites


Entrée : p = 10 × 105 Pa, T = 570 K, α = 0.996.
Sortie : Psortie = 6 bar.

Propriétés physiques des fluides


On utilise la loi d’état tabulée QUICKSTEAM [48], qui est basée sur la formulation industrielle
IAPWS 1997 [96], pour l’eau et sa vapeur (voir la Section 2.5.4).

Modèles physiques
La force de traı̂née est donnée par

~ il = − 3 αv αl (αv ρv + αl ρl ) Cd |~ur |~ur ,


~ iv = −M
M
8 Rb
où ~ur = ~uv − ~ul , Cd est le coefficient de frottement égal à 0.44 et Rb est le rayon moyen des
particules égal à 2.5 × 10−4 m.
Le transfert de masse et d’énergie entre les deux phases ainsi que le frottement à la paroi ne sont
pas considérés.

Maillage
On effectue deux calculs pour ce cas test, un en 1D avec 200 cellules, et l’autre en 2D avec un
maillage structuré de 100 × 30 cellules.

Résultats
Comme l’indique la Figure 4.43(d), il y a une transition du régime subsonique au régime
supersonique, avec la vitesse du son du mélange calculée à partir de la formule (2.124).
Contrairement au cas monophasique où le point sonique M = 1 se trouve au col de la tuyère, la
position du point sonique pour le cas diphasique est dans la partie divergente de la tuyère. La
comparaison avec les solutions de références dans [86], comme illustré sur la Figure 4.43, montre
que le comportement physique de l’écoulement est bien calculé avec le solveur de pression, mis à
part qu’il y a une différence entre les positions des discontinuités.

Afin d’étudier l’effet multidimensionnel du problème, un calcul sur un maillage structuré en


2D est aussi effectué, avec la fraction volumique du liquide montrée sur la Figure 4.44. La Figure
4.44 montre une séparation conduite par l’inertie élevée du liquide [86], effectivement on peut
observer un enrichissement du liquide dans la partie convergente de la tuyère proche de la paroi,
et ce liquide se détache de la paroi et pénètre dans la partie divergente de la tuyère au col, avec
un taux de vide élevé proche de la paroi dans la partie divergente contrairement à ce qu’il y a
dans la partie convergente [85].

142
700
2e+06 Reference solution
Pressure solver
Reference solution 600
Pressure solver
500

Gas velocity [m/s]


1,5e+06
Pressure [Pa]
400
1e+06
300

200
5e+05
100

0 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m] x [m]
(a) Pression. (b) Vitesse du gaz.

400 2
Reference solution Reference solution
Pressure solver Numerical solution
300 1,5
Liquid velocity [m/s]

Mach number [-]


200 1

100 0,5

0 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m] x [m]
(c) Vitesse du liquide. (d) Nombre de Mach.

Figure 4.43 – ASTAR nozzle : la comparaison entre les résultats numériques et les solutions de
référence dans [86].

Liquid volume fraction


0.000e+00 0.01 0.03 5.000e-02

Figure 4.44 – ASTAR nozzle : la fraction volumique du liquide calculée avec un maillage structuré
2D.

143
Chapitre 5

Application à des cas tests avec


données expérimentales

5.1 Marteau d’eau (water hammer)


Description du cas test
Ce cas test consiste en un réservoir de grande dimension, lié en bas à une conduite longue,
comme illustré sur la Figure 5.1, avec l’écoulement uniforme des liquides dans la direction de
la flèche à l’instant initial. La fermeture soudaine de la vanne déclenche un écoulement non
stationnaire, et aussi la propagation d’une onde de pression dans la conduite. L’évaporation et
la condensation peuvent être observées en raison de la variation de pression. Ce phénomène de
marteau d’eau (water hammer en anglais) peut endommager des installations nucléaires, et ainsi
posent des problèmes dans les circuits primaire et secondaire de refroidissement. Donc ce cas test,
étudié numériquement [78][88] et également expérimentalement [80], est de grand intérêt pour
l’étude de sûreté des installations nucléaires.

Tank
(P0 , T0 )
36 m
Valve

19.05 mm

Figure 5.1 – Illustration du problème water hammer, la figure n’est pas à l’échelle.

Comme dans [78], deux cas sont calculés, le cas monophasique et le cas diphasique. Pour le
cas monophasique, durant la simulation, la pression reste au dessus de la pression de saturation,
et par conséquent il n’y a pas de changement de phase ; en revanche ; pour le cas diphasique, la
pression tend à diminuer et passe en dessous de la pression de saturation, on s’attend donc à un
changement de phase.

144
Conditions initiales

Table 5.1 – Conditions initiales pour le cas test water hammer.


Monophasique Diphasique
Taux de vide [-] α = 10−5 α = 10−5
Pression [Pa] p = 3.369 × 105 p = 10 × 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 0.239 uv = 0.401
Vitesse du liquide [m/s] ul = 0.239 ul = 0.401
Enthalpie spécifique du gaz [kJ/kg] hv = 2730 hv = 2777
Enthalpie spécifique du liquide [kJ/kg] hl = 100.5 hl = 688.8

Conditions aux limites


Seule la partie conduite de l’installation est prise en compte dans la simulation.
À la vanne : condition aux limites de type paroi.
À l’intersection entre le réservoir et la conduite : P = 3.369 × 105 Pa, hv = 2730 kJ/kg, hl =
100.5 kJ/kg (cas monophasique) et p = 10 × 105 Pa, hv = 2777 kJ/kg, hl = 688.8 kJ/kg (cas
diphasique).

Propriétés physiques des fluides


On utilise la loi d’état tabulée QUICKSTEAM [48], qui est basée sur la formulation industrielle
IAPWS 1997 [96], pour l’eau et sa vapeur (voir la Section 2.5.4).

Modèles physiques
La force de traı̂née est donnée par

~ il = − 3 αv αl (αv ρv + αl ρl ) Cd |~ur |~ur ,


~ iv = −M
M
8 Rb
où ~ur = ~uv − ~ul , Cd est le coefficient de frottement égal à 0.44 et Rb est le rayon moyen des
particules égal à 1.0 × 10−4 m.
Le transfert d’énergie interfacial utilisé est

αv αl ρk (hik − hk )
Qik = ,
τik

où τik est un temps de relaxation. Pour l’eau et sa vapeur τik = τ est de l’ordre 10−3 s. Les
enthalpies spécifiques à l’interface entre les deux phases sont les enthalpies spécifiques de saturation
hik = hsat
k .
Le transfert de masse interfacial utilisé est
αv αl ρv (hsat sat
v − hv ) + αv αl ρl (hl − hl )
Γv = −Γl = − sat .
τ (hsat
v − hl )

Le frottement à la paroi n’est pas considéré.

Maillage
Le maillage utilisé est 1D uniforme avec 100 cellules.

145
Résultats
La Figure 5.2 montre l’évolution temporelle de la pression à la vanne pour le cas monophasique.
Lorsque la vanne est soudainement fermée, la pression à la vanne augmente immédiatement de
∆P = ρcV0 [78], avec ρ, c et V0 respectivement la masse volumique du liquide, la vitesse du
son et la vitesse initiale du liquide. Ainsi une onde de pression va se propager vers le réservoir
avec la pression égale à P0 + ∆P (P0 est la pression initiale dans le liquide) et la vitesse nulle
derrière cette onde. À l’instant t = L/c (où L est la longueur de la conduite), l’onde de pression
atteint le réservoir et est réfléchie de nouveau à la conduite, et la vitesse du liquide est inversée.
Cette onde de pression revient à la vanne à t = 2L/c, et à cet instant-à la vitesse du liquide est
uniforme, égale à −V0 , dans le domaine. Ensuite l’onde de pression est réfléchie par la vanne, et
cette chute de pression peut être observée à la vanne, qui correspond à la diminution de pression
à t = 0.05 s environ. Le comportement physique du liquide dans la suite peut être analysé d’une
manière similaire, en effet un phénomène périodique avec la période 4L/c pour la pression à la
vanne est présent, comme l’indique la Figure 5.2.

700000
Numerical result
600000 Experimental data

500000
Pressure [Pa]

400000

300000 4L/c
200000

100000

0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25
Time [s]

Figure 5.2 – Water hammer monophasique : pression à la vanne en fonction du temps.

L’évolution de la pression à la vanne pour le cas diphasique est montrée sur la Figure 5.3(a).
Contrairement au cas monophasique, à t = 2L/c la pression à la vanne diminue à Psat (la pression
de saturation), ce qui entraı̂ne l’évaporation du liquide, comme illustré sur la Figure 5.3(b). Le
pic de pression à t = 0.16 s environ est dû à l’interaction entre l’onde de pression et la cavité de
la vapeur créée par l’évaporation. Une interprétation physique détaillée pour les deux cas peut
être trouvée dans [78]. Les résultats numériques correspondent bien aux données expérimentales
[78][80]. Les résultats numériques peuvent s’améliorer en prenant en compte de l’élasticité de la
conduite [78] et en élaborant les termes d’échange. Ce cas test montre la capacité de la méthode
numérique pour calculer les régimes transitoires avec la propagation de l’onde de pression et
l’évaporation du liquide.

146
1.7e+06
Numerical result
1.6e+06 Experimental data
1.5e+06

1.4e+06

Pressure [Pa]
1.3e+06

1.2e+06

1.1e+06

1e+06

900000

800000

700000

600000
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25
Time [s]

(a) Pression à la vanne en fonction du temps.

0.003

0.0025
Void fraction [-]

0.002

0.0015

0.001

0.0005

0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25
Time [s]

(b) Taux de vide à la vanne en fonction du temps.

Figure 5.3 – Water hammer diphasique.

5.2 Moby Dick


Description du cas test
Ce cas test est conçu pour étudier les conditions critiques de l’écoulement diphasique qui
sont importantes pour l’analyse du scénario hypothétique LOCA (loss-of-coolant accident) dans
les réacteurs nucléaires [85][88]. Il s’agit de l’écoulement diphasique dans une tuyère à section
variable, avec une partie convergente, une partie cylindrique et finalement une partie divergente,
dont la géométrie est détaillée sur la Figure 5.4.

66.7 Inlet 20.13 Outlet 73.7

128 372
437
o x

Figure 5.4 – Géométrie du cas test Moby-Dick, toutes les dimensions en [mm].

Du liquide sous-refroidi entre dans la tuyère, ensuite atteint ses conditions de saturation
en raison de la perte de pression, puis le liquide devient sur-réchauffé et finalement
commence à s’évaporer. Comme dans [85], deux cas sont distingués avec différents degrés de
sous-refroidissement pour le liquide à l’entrée : ∆Tsub = 2 K et ∆Tsub = 25 K, où ∆Tsub
est la différence entre la température de saturation et la température du liquide à l’entrée
∆Tsub = Tsat − Tl .

147
Conditions initiales

Table 5.2 – Conditions initiales pour le cas test Moby-Dick.


∆Tsub = 2 K ∆Tsub = 25 K
Taux de vide [-] α = 10 −5 α = 10−5
Pression [Pa] p = 20 × 105 p = 20 × 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 0 uv = 0
Vitesse du liquide [m/s] ul = 0 ul = 0
Enthalpie spécifique du gaz [J/kg] hv = 2792240.48 hv = 2798384.14
Enthalpie spécifique du liquide [J/kg] hl = 899352.49 hl = 796148.18

Conditions aux limites


Cas 1. ∆Tsub = 2 K.
Entrée : p = 20 × 105 Pa, hv = 2792240.48 J/kg, hv = 2798384.14 J/kg.
Sortie : Psortie = 5 × 105 Pa.
Cas 2. ∆Tsub = 25 K.
Entrée : p = 20 × 105 Pa, hv = 2798384.14 J/kg, hv = 796148.18 J/kg.
Sortie : Psortie = 10, 7, 3 bar respectivement pour 3 calculs.

Propriétés physiques des fluides


On utilise la loi d’état tabulée QUICKSTEAM [48], qui est basée sur la formulation industrielle
IAPWS 1997 [96], pour l’eau et sa vapeur (voir la Section 2.5.4).

Modèles physiques
La force de traı̂née est donnée par

~ il = − 3 αv αl (αv ρv + αl ρl ) Cd |~ur |~ur ,


~ iv = −M
M
8 Rb
où ~ur = ~uv − ~ul , Cd est le coefficient de frottement égal à 0.44 et Rb est le rayon moyen des
particules égal à 2.5 × 10−4 m.
Le transfert d’énergie interfacial utilisé est

αv αl ρk (hik − hk )
Qik = ,
τik

où τik est un temps de relaxation. Pour l’eau et sa vapeur τik = τ est de l’ordre 10−3 s. Les
enthalpies spécifiques à l’interface entre les deux phases sont les enthalpies spécifiques de saturation
hik = hsat
k .
Le transfert de masse interfacial utilisé est
αv αl ρv (hsat sat
v − hv ) + αv αl ρl (hl − hl )
Γv = −Γl = − sat .
τ (hsat
v − hl )

Le frottement à la paroi n’est pas considéré.

Maillage
Le maillage utilisé est 1D uniforme avec 50 cellules.

148
Résultats
Pour le cas ∆Tsub = 2 K, la pression diminue à la pression de saturation à l’entrée de la partie
cylindrique de la tuyère, où a lieu l’évaporation, comme montré sur la Figure 5.5, avec les fluides
modérément accélérés (Figure 5.6). Dans la partie divergente, l’accélération des fluides est plus
marquée (Figure 5.6) due à la chute de pression. Les résultats numériques reproduisent bien le
phénomène physique et correspondent bien aux données expérimentales comme l’indique la Figure
5.5.

1
3e+06 Experimental data
Numerical solution
Experimental data 0,8
2,5e+06 Numerical solution

Void fraction [-]


2e+06 0,6
Pressure [Pa]

1,5e+06
0,4
1e+06
0,2
5e+05

0 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m] x [m]
(a) Pression. (b) Taux de vide.

Figure 5.5 – Moby-Dick ∆Tsub = 2 K : comparaison entre les résultats numériques et les données
expérimentales.

200
Gas velocity
Liquid velocity

150
Velocity [m/s]

100

50

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 5.6 – Moby-Dick ∆Tsub = 2 K : la vitesse des 2 fluides.

Pour le cas ∆Tsub = 25 K, l’évaporation commence plus tard par rapport au premier cas, à
proximité de l’extrémité droite de la section cylindrique, comme montré sur la Figure 5.9. On
simule ce cas avec différentes pressions de sortie : Psortie = 10, 7, 3 bar respectivement. Pour ces 3
pressions de sortie, l’écoulement reste subsonique dans le domaine, comme indiqué sur la Figure
5.7. On peut constater que les conditions pour un écoulement bloqué (choked flow en anglais) sont
atteintes, c’est-à-dire que l’écoulement en amont est indépendant de la pression de sortie. En effet,
la diminution de la pression de sortie n’a pas d’effet sur les grandeurs physiques (e.g., la pression
et le taux de vide) dans la partie convergente et la partie cylindrique de la tuyère, comme illustré
sur les Figures 5.8 et 5.9.

149
1
Pexit=10 [bar]
0,8 Pexit = 7 [bar]
Pexit = 3 [bar]

Mach number [-]


0,6

0,4

0,2

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 5.7 – Moby-Dick ∆Tsub = 25 K : nombre de Mach à différentes pressions de sortie.

3e+06
Experimental data
Pexit = 10 [bar]
2,5e+06
Pexit = 7 [bar]
Pexit = 3 [bar]
Pressure [Pa]

2e+06

1,5e+06

1e+06

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1


x [m]

Figure 5.8 – Moby-Dick ∆Tsub = 25 K : comparaison entre les solutions numériques à différentes
pressions de sortie avec les données expérimentales pour la pression.

0,8 Pexit = 10 [bar]


Pexit = 7 [bar]
Pexit = 3 [bar]
Void fraction [-]

0,6

0,4

0,2

0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1
x [m]

Figure 5.9 – Moby-Dick ∆Tsub = 25 K : taux de vide à différentes pressions de sortie.

150
5.3 Dépressurisation rapide (Super Canon)
Description du cas test
Ce cas test consiste en une dépressurisation rapide d’un tube horizontal par ouverture à 100%
d’une extrémité [74][77], il a pour objectif de simuler le comportement de l’écoulement diphasique
lors qu’une brèche apparaı̂t dans le circuit primaire dans un réacteur à eau pressurisé (REP). La
connaissance de l’écoulement suite à cette brèche est essentielle pour qu’une solution appropriée
afin de traiter ce problème puisse être envisagée [86]. La géométrie pour ce cas test est un tube
de 4.389 m de long, et ayant un diamètre interne de 0.1 m, comme montré sur la Figure 5.10. Des
données expérimentales existent pour les 6 points de mesure sur la pression Pi , i = 1, · · · , 6,
et aussi pour le point de mesure sur le taux de vide α, représentés sur la Figure 5.10. Le tube
est rempli initialement d’eau dégazée (taux de vide initial égal à 10−5 ) et sous saturée au repos,
à une pression de 150 bar et à une température de 300 ◦ C. Une extrémité du tube s’ouvre dans
une période de temps estimée à 0.001 s et la pression à cette extrémité chute de 150 bar à 1 bar
(la pression atmosphérique). Suite à cette ouverture, une dépressurisation rapide a lieu dans tout
le tube, ce qui entraı̂ne une évaporation quasi-totale du liquide (on parle alors de flashing) et la
propagation d’une onde de pression dans le mélange eau-vapeur. Du liquide et de la vapeur sont
expulsés du tube à des vitesses importantes [77].

4389

α
100
P1 P2 P3 P4 P5 P6

500
1356
1502
1648
2692.5
3885
4259

Figure 5.10 – Géométrie du cas test Super Canon, toutes les dimensions en [mm].

Conditions initiales

Table 5.3 – Conditions initiales pour le cas test dépressurisation rapide.


Taux de vide [-] α = 10−5
Pression [Pa] p = 150 × 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 0
Vitesse du liquide [m/s] ul = 0
Enthalpie spécifique du gaz [J/kg] hv = 2610864.77
Enthalpie spécifique du liquide [J/kg] hl = 1338063.39

Conditions aux limites


Extrémité fermée : conditions aux limites de type paroi.
Extrémité ouverte : P = 1 bar.

151
Propriétés physiques des fluides
On utilise la loi d’état tabulée QUICKSTEAM [48], qui est basée sur la formulation industrielle
IAPWS 1997 [96], pour l’eau et sa vapeur (voir la Section 2.5.4). Pour les fluides se trouvant dans
les zones métastables, l’approche décrite dans [74] a été utilisée pour extrapoler les grandeurs
thermodynamiques.

Modèles physiques
La force de traı̂née est donnée par

~ il = − 3 αv αl (αv ρv + αl ρl ) Cd |~ur |~ur ,


~ iv = −M
M
8 Rb
où ~ur = ~uv − ~ul , Cd est le coefficient de frottement égal à 0.44 et Rb est le rayon moyen des
particules égal à 5.0 × 10−4 m.
Le transfert d’énergie interfacial utilisé est

αv αl ρk (hik − hk )
Qik = ,
τik

où τik est un temps de relaxation. Pour l’eau et sa vapeur τik = τ est de l’ordre 10−3 s. Les
enthalpies spécifiques à l’interface entre les deux phases sont les enthalpies spécifiques de saturation
hik = hsat
k .
Le transfert de masse interfacial utilisé est
αv αl ρv (hsat sat
v − hv ) + αv αl ρl (hl − hl )
Γv = −Γl = − sat .
τ (hsat
v − hl )

Le frottement à la paroi pour la phase k est

~ wk = − f αk ρk |~uk |~uk ,
M
2Dh
avec f le coefficient de frottement égal à 0.017 et Dh le diamètre hydraulique égal à 0.1 m.

Maillage
Le maillage utilisé est 1D uniforme avec 100 cellules.

Résultats
Les Figures 5.11 et 5.12 montrent la comparaison entre les résultats numériques et les données
expérimentales aux points de mesure. On peut remarquer que la solution numérique reproduit
bien le phénomène physique, par contre la précision des résultats numérique restent à améliorer.
Nous avons utilisé une extrapolation pour les fluides dans les zones métastables, donc la précision
des résultats numériques peuvent être améliorée si nous disposons des lois d’état réelles dans ces
zones. De plus, un meilleur choix du coefficient de la force de traı̂née peut conduire aussi aux
résultats plus proche des données expérimentales.

152
Pressure solver Pressure solver
VFFC VFFC
1.4e+07 1.4e+07
Experimental data Experimental data

1.2e+07 1.2e+07

Pressure [Pa]

Pressure [Pa]
1e+07 1e+07

8e+06 8e+06

6e+06 6e+06

4e+06 4e+06

2e+06 2e+06

0 0
0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
Time [s] Time [s]

(a) Point P1. (b) Point P2.

1.6e+07 1.6e+07
Pressure solver Pressure solver
Experimental data VFFC
1.4e+07 1.4e+07
Experimental data

1.2e+07 1.2e+07

Pressure [Pa]
Pressure [Pa]

1e+07 1e+07

8e+06 8e+06

6e+06 6e+06

4e+06 4e+06

2e+06 2e+06

0 0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
Time [s] Time [s]

(c) Point P3. (d) Point P4.

1.6e+07 1.6e+07
Pressure solver Pressure solver
VFFC VFFC
1.4e+07 1.4e+07
Experimental data Experimental data

1.2e+07 1.2e+07
Pressure [Pa]

Pressure [Pa]

1e+07 1e+07

8e+06 8e+06

6e+06 6e+06

4e+06 4e+06

2e+06 2e+06

0 0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5 0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
Time [s] Time [s]

(e) Point P5. (f) Point P6.

Figure 5.11 – Super Canon : évolution temporelle de la pression aux différents points de mesure
Pi , i = 1, · · · , 6.

153
1
0.9
0.8

Void fraction [-]


0.7
0.6
0.5
0.4
0.3
0.2
Pressure solver
0.1 VFFC
Experimental data
0
0 0.05 0.1 0.15 0.2 0.25 0.3 0.35 0.4 0.45 0.5
Time [s]

Figure 5.12 – Super Canon : évolution temporelle du taux de vide au point de mesure α.

Cas test bidimensionnel : tube coudé


Nous allons considérer la dépressurisation rapide avec les mêmes conditions que le cas
précédent, mais cette fois-ci sur une géométrie bidimensionnelle détaillée sur la Figure 5.13, qui
s’agit d’un tube coudé à 90 degrés. Ce cas test est décrit dans [74] et [77]. Le maillage utilisé pour le
calcul est structuré. Nous donnons les profils de taux de vide et de pression aux différents instants,
comme montrés sur les Figures 5.14, 5.15, 5.16 et 5.17. Comme dans le cas monodimensionnel,
nous pouvons observer qu’une onde de pression se propage à partir de la brèche vers l’autre
extrémité fermée du tube où elle est réfléchie. Au cours du temps, la pression diminue et le taux
de vide augmente, avec l’expulsion du liquide et de sa vapeur, comme illustré sur la Figure 5.18.

0.3

0.6
0.3
(0.6, 1)

1.6

y
o x
Outlet

Figure 5.13 – Géométrie du cas test Super Canon en 2D, dimension en [m].

Nous pouvons observer également l’effet multidimensionnel : une centrifugation, comme


l’indique la Figure 5.17. Comme le liquide est beaucoup plus lourd que le gaz, nous avons du
liquide qui s’accumule sur la paroi externe, avec le taux de vide plus important sur la paroi

154
interne.

Void fraction
4.902e-02
Pressure
0.045 7.893e+06
8e+6

0.036

6e+6
0.027

0.018 4e+6

0.009
3e+6

1.392e-05

1.696e+06

(a) Taux de vide. (b) Pression.

Figure 5.14 – Super Canon 2D : à t = 0.00174 s.

Void fraction
2.586e-01
0.25
Pressure
5.033e+06

0.2 4.5e+6

0.15 3.6e+6

0.1
2.7e+6

0.05
1.8e+6

1.485e-04
9e+5
6.789e+05

(a) Taux de vide. (b) Pression.

Figure 5.15 – Super Canon 2D : à t = 0.00262 s.

155
Void fraction
8.854e-01
Pressure
7.725e+06
0.8
7e+6

0.6

6e+6

0.4

5e+6

0.3

4e+6

0.1

3e+6
1.083e-02

2.083e+06

(a) Taux de vide. (b) Pression.

Figure 5.16 – Super Canon 2D : à t = 0.02 s.

Void fraction
9.559e-01
Pressure
0.91 5.773e+06
5.6e+6

0.84
4.9e+6

0.77
4.2e+6

0.7
3.5e+6

0.63

2.8e+6

5.653e-01

2.148e+06

(a) Taux de vide. (b) Pression.

Figure 5.17 – Super Canon 2D : à t = 0.04 s.

156
Liquid velocity Magnitude
3.328e+02
Gas velocity Magnitude
4.522e+02 300

400
240

320
180

240
120

160
60

80
1.660e+00

1.820e+00

(a) Vitesse du gaz. (b) Vitesse du liquide.

Figure 5.18 – Super Canon 2D : à t = 0.04 s.

5.4 Colonne à bulles


Description du cas test
Ce cas test proposé dans [33] s’agit d’une colonne verticale avec l’injection d’air et d’eau en
bas. Des expériences sont réalisées dans [33] pour une colonne de 3.061 m de long avec un diamètre
interne de 50.8 mm. Des mesures sont effectuées pour la pression, le taux de vide et la concentration
volumique d’aire interfaciale aux positions z/D = 6, 30.3, et 53.5, où D est le diamètre interne
de la colonne et z est la coordonnée suivant la direction verticale. Nous allons effectuer 2 calculs
pour ce cas test, l’un avec un modèle algébrique (2.82) pour calculer la concentration volumique
d’aire interfaciale [77] et l’autre (modèle de Hibiki-Ishii [33]) avec une équation de transport (2.84)
pour la calculer [77]. Le but de ce cas test est de montrer que l’introduction d’une équation de
transport permet encore d’utiliser le solveur de pression.

Conditions initiales

Table 5.4 – Conditions initiales pour le cas test colonne à bulles.


Modèle algébrique Modèle de Hibiki-Ishii
Taux de vide [-] α = 0.357 α = 0.357
Pression [Pa] p = 1.248 × 10 5 p = 1.248 × 105
Vitesse du gaz [m/s] uv = 10.92 uv = 10.92
Vitesse du liquide [m/s] ul = 7.78 ul = 7.78
Enthalpie spécifique du gaz [J/kg] hv = 3245940 hv = 3245940
Enthalpie spécifique du liquide [J/kg] hl = 209823 hl = 209823
Concentration d’aire interfaciale [m−1 ] - ai = 750

157
Conditions aux limites
Entrée : α = 0.357, uv = 10.92 m/s, ul = 7.78 m/s, , hv = 3245940 J/kg, , et aussi ai = 750 m-1 , si
on utilise le modèle de Hibiki-Ishii.
Sortie : Psortie = 1.248 × 105 Pa.

Propriétés physiques des fluides


On utilise la loi d’état de type gaz parfait pour l’air et le liquide est considéré comme
incompressible.

Modèles physiques
La force de traı̂née est donnée par

~ il = − 1 Cd ai ρl |~ur |~ur ,
~ iv = −M
M
8
où ~ur = ~uv − ~ul , Cd est le coefficient de frottement égal à 0.44, et ai est la concentration d’aire
interfaciale. Pour le modèle algébrique, nous avons
3αv
ai = ,
Rb

où Rb est le rayon moyen des particules égal à 1.5 × 10−3 m. Et pour le modèle de Hibiki-Ishii,
une équation de transport (voir la Section 2.4) est couplée avec le modèle bi-fluide pour calculer
la concentration d’aire interfaciale.
On suppose que seul le liquide est proche de la paroi. Le frottement à la paroi pour le liquide est
donnée par

~ wl = − f αl ρl |~ul |~ul ,
M
2Dh
avec f le coefficient de frottement égal à 0.015 et Dh le diamètre hydraulique égal à 0.0508 m.
Le transfert interfacial de masse et d’énergie n’est considéré pour ce cas.

Maillage
Le maillage utilisé est 1D uniforme avec 100 cellules.

Résultats
Les Figures 5.19, 5.20 et 5.21 montrent la comparaison entre les données expérimentales et les
résultats numériques obtenus en utilisant les deux modèles mentionnés ci-dessus. Nous pouvons
remarquer que le modèle avec une équation de transport pour la concentration d’aire interfaciale
(le modèle de Hibiki-Ishii) donne un meilleur résultat que le modèle algébrique, et correspond
bien aux données expérimentales. Quant au taux de vide et à la pression, l’utilisation du modèle
Hibiki-Ishii ne change quasiment pas les résultats numériques par rapport au modèle algébrique.
La pression calculée correspond bien aux données expérimentales, tandis que le taux de vide
calculé est plus grand que les données expérimentales.

158
1200

Interfacial area concentration [1/m]


Experimental data
Hibiki-Ishii model
Algebraic model
1000

800

600
0 1 2 3
x [m]

Figure 5.19 – Colonne à bulles : comparaison de la concentration volumique d’aire interfaciale.

Experimental data
Hibiki-Ishii model
0.5 Algebraic model
Void fraction [-]

0.4

0.3
0 1 2 3
x [m]

Figure 5.20 – Colonne à bulles : comparaison du taux de vide.

159
1,8e+05
Experimental data
1,7e+05 Hibiki-Ishii model
Algebraic model
1,6e+05

Pressure [Pa]
1,5e+05

1,4e+05

1,3e+05

1,2e+05
0 1 2 3
x [m]

Figure 5.21 – Colonne à bulles : comparaison de la pression.

160
Chapitre 6

Diffusion numérique et équation


équivalente

Il est bien connu que le modèle bi-fluide avec l’égalité des pressions phasiques est non
hyperbolique et donc constitue un problème mathématique aux valeurs initiales mal posé.
Cependant les codes basés sur ce modèle ont obtenu des résultats d’intérêt physique, ceci est dû
à la diffusion numérique introduite par les méthodes numériques correspondantes. Donc dans ce
chapitre, nous allons étudier la diffusion numérique en utilisant la théorie de l’équation équivalente,
mais dans le cadre du modèles des équations d’Euler pour raison de simplicité. Nous allons utiliser
la diffusion numérique pour traiter le problème de la verrue rencontré lors de l’écoulement autour
d’un objet émoussé.

6.1 Problème
Considérons le système suivant à résoudre numériquement :
∂v ∂f (v)
+ = 0, (6.1)
∂t ∂x
0
où v ∈ Rm , f : Rm → Rm et notons la matrice jacobienne A(v) = f (v).

Un schéma à 3 points est utilisé pour discrétiser ce système :


duj g(uj , uj+1 ) − g(uj−1 , uj )
+ = 0, (6.2)
dt ∆x
avec
f (v) + f (w) f (w) − f (v) w−v
g(v, w) = − S(v, w) − Q(v, w) . (6.3)
2 2 2
Nous retrouvons le schéma de flux si Q(v, w) = 0 et le schéma visqueux si S(v, w) = 0 [26]. Nous
pouvons réécrire un schéma de flux sous forme d’un schéma visqueux à l’aide de la formule de
Taylor [26] :
f (w) − f (v) w−v
S(v, w) = M (v, w) , (6.4)
2 2
R1
où M (v, w) = S(v, w) 0 A(θv + (1 − θ)w)dθ. Alors le schéma (6.3) devient
f (v) + f (w) w−v
g(v, w) = − V M (v, w) , (6.5)
2 2
où la matrice de viscosité est donnée par
Z 1
V M (v, w) = S(v, w) A(θv + (1 − θ)w) dθ + Q(v, w). (6.6)
0

161
Remarque. Dans ce qui suit, on suppose que toutes les fonctions f , A, S, Q et g sont régulières
(C k avec k assez grand).
On fait l’hypothèse que (6.1) est régulièrement hyperbolique, c’est-à-dire qu’il existe une
matrice à coefficients réels inversible R(v), avec v 7−→ R(v) fonction régulière, telle que, ∀v, la
matrice Λ(v) ≡ R−1 (v)A(v)R(v) soit diagonale.

La condition de consistance :

g(u, u) = f (u), (6.7)

est automatiquement satisfaite.

6.2 Équation équivalente


Nous cherchons à étudier l’équation équivalente du système discrétisé (6.2) avec le schéma
(6.3). L’approche de l’équation équivalente consiste à supposer que unj est donné par u(j∆x, n∆t)
où u est une fonction régulière et à chercher à ∆x et ∆t fixés, quelle équation vérifie u. Le calcul
pour une équation scalaire non linéaire peut être trouvé dans [35].

Proposition 6.2.1. L’équation équivalente du schéma numérique (6.2) sous la condition de


consistance (6.7) est

duj ∆x ∂ {[D2 g(uj , uj ) − D1 g(uj , uj )] ux } ∆x2 ∂ h (2)


i
+ fx + + fxx − 3D12 g(u, u)(ux , ux )
dt 2 ∂x 6 ∂x
+ O ∆x3 = 0,


(6.8)

avec les notations suivantes :


(2)
D2 g(uj , uj ) : dérivée de g par rapport à la 2è composante évaluée en (uj , uj ), D22 g(uj , uj ) :
dérivée d’ordre 2 de g par rapport à la 2è composante évaluée en (uj , uj ) et ainsi de suite.

Preuve. Faisons le développement de Taylor pour les deux termes g(uj , uj+1 ) et g(uj−1 , uj ).

1 (2)
g(uj , uj+1 ) = g(uj , uj ) + D2 g(uj , uj ) · (uj+1 − uj ) + D22 g(uj , uj ) · (uj+1 − uj , uj+1 − uj )
2
1 (3)
+ D222 g(uj , uj ) · (uj+1 − uj , uj+1 − uj , uj+1 − uj ) + O |uj+1 − uj |3 ,

6
(6.9)
1 (2)
g(uj−1 , uj ) = g(uj , uj ) + D1 g(uj , uj ) · (uj−1 − uj ) + D11 g(uj , uj ) · (uj−1 − uj , uj−1 − uj )
2
1 (3)
+ D111 g(uj , uj ) · (uj−1 − uj , uj−1 − uj , uj−1 − uj ) + O |uj − uj−1 |3 .

6
(6.10)

Donc l’équation équivalente de l’équation (6.2) est comme suit :

duj uj+1 − uj uj−1 − uj 1 (2) (uj+1 − uj , uj+1 − uj )


+ D2 g(uj , uj ) · − D1 g(uj , uj ) · + D22 g(uj , uj ) ·
dt ∆x ∆x 2 ∆x
1 (2) (uj−1 − uj , uj−1 − uj ) 1 (3) (uj+1 − uj , uj+1 − uj , uj+1 − uj )
− D11 g(uj , uj ) · + D222 g(uj , uj ) ·
2 ∆x 6 ∆x
(uj−1 − uj , uj−1 − uj , uj−1 − uj )

|uj+1 − uj | 3 |uj − uj−1 |3

1 (3)
− D111 g(uj , uj ) · +O + .
6 ∆x ∆x ∆x
(6.11)

162
Écrivons maintenant le développement de Taylor pour uj+1 − uj et uj−1 − uj , nous obtenons :

uj+1 − uj ∆x ∆x2
 
3

= ux + uxx + uxxx + O ∆x , (6.12)
∆x 2 6
uj−1 − uj ∆x ∆x2
 
uxxx + O ∆x3 .

= −ux + uxx − (6.13)
∆x 2 6

Nous regroupons les termes du même ordre pour l’équation (6.11) :

duj
+ [D2 g(uj , uj ) + D1 g(uj , uj )] · ux
dt
∆x n h
(2) (2)
i o
+ [D2 g(uj , uj ) − D1 g(uj , uj )] · uxx + D22 g(uj , uj ) − D11 g(uj , uj ) · (ux , ux )
2
∆x2 n h
(2) (2)
i
+ [D2 g(uj , uj ) + D1 g(uj , uj )] · uxxx + 3 D22 g(uj , uj ) + D11 g(uj , uj ) · (ux , uxx )
h6 i o
(3) (3)
+ D222 g(uj , uj ) + D111 g(uj , uj ) · (ux , ux , ux ) + O ∆x3 = 0.

(6.14)

La deuxième condition de consistance apparaı̂t alors :

D2 g(uj , uj ) + D1 g(uj , uj ) = A, (6.15)

elle est automatique satisfaite compte tenu de (6.7). Nous avons l’égalité suivante qui provient de
la dérivée d’un produit :
h i
(2) (2)
[D2 g(uj , uj ) − D1 g(uj , uj )] · uxx + D22 g(uj , uj ) − D11 g(uj , uj ) · (ux , ux )
∂ {[D2 g(uj , uj ) − D1 g(uj , uj )] · ux }
= . (6.16)
∂x
De plus la première condition de consistance g(u, u) = f (u) implique :

fx = [D1 g(u, u) + D2 g(u, u)] · ux , (6.17)


h i
(2) (2) (2)
fxx = D11 g(u, u) + 2D12 g(u, u) + D22 g(u, u) · (ux , ux ) + [D1 g(u, u) + D2 g(u, u)] · uxx ,
(6.18)
h i
(3) (3) (3) (3)
fxxx = D111 g(u, u) + 3D112 g(u, u) + 3D122 g(u, u) + D222 g(u, u) · (ux , ux , ux )
h i
(2) (2) (2)
+ 3 D11 g(u, u) + 2D12 g(u, u) + D22 g(u, u) · (ux , uxx ) + [D1 g(u, u) + D2 g(u, u)] · uxxx .
(6.19)

Notons le coefficient de l’ordre ∆x2 /6 dans l’équation (6.14) par B, et alors nous avons
h i
(3) (3) (2)
fxxx − B = 3 D112 g(u, u) + D122 g(u, u) · (ux , ux , ux ) + 6D12 g(u, u) · (ux , uxx )
∂ h (2) i
=3 D12 g(u, u) · (ux , ux ) . (6.20)
∂x
En reportant les équations (6.16) et (6.20) dans l’équation (6.14), nous obtenons finalement
l’équation équivalente :

duj ∆x ∂ {[D2 g(uj , uj ) − D1 g(uj , uj )] ux } ∆x2 ∂ h (2)


i
+ fx + + fxx − 3D12 g(u, u)(ux , ux )
dt 2 ∂x 6 ∂x
+ O ∆x3 = 0.


163
Maintenant nous calculons les dérivées de g présentes dans l’équation précédente pour le
schéma (6.3) :
0 0
f (uj ) f (uj ) Q(uj , uj )
D1 g(uj , uj ) = + S(uj , uj ) + , (6.21)
2 2 2
0 0
f (uj ) f (uj ) Q(uj , uj )
D2 g(uj , uj ) = − S(uj , uj ) − , (6.22)
2 2 2
(2) D1 S(uj , uj ) 0 D2 S(uj , uj ) 0 D1 Q(uj , uj ) D2 Q(uj , uj )
D12 g(uj , uj ) = − f (uj ) + f (uj ) − + .
2 2 2 2
(6.23)

En utilisant la proposition 6.2.1, nous aboutissons à l’équation équivalente du schéma (6.3) :


 
∂u ∂f (u) ∆x ∂ ∂u ∂u
+ = S(u, u)A(u) + Q(u, u)
∂t ∂x 2 ∂x ∂x ∂x
2 D1 S(u, u) − D2 S(u, u) 0

∆x ∂
− fxx + 3 f (u) · (ux , ux )
6 ∂x 2
D1 Q(u, u) − D2 Q(u, u)

· (ux , ux ) + O ∆x3 ,

+3 (6.24)
2

où S(u, u)A(u) + Q(u, u) est la viscosité numérique, qui doit être positive pour que le schéma
soit stable.

Nous introduisons le signe d’une matrice :

A(u) = R(u)Λ(u)R−1 (u), (6.25)


−1
sgn(A(u)) = R(u)sgn(Λ(u))R (u). (6.26)

Si S(u, u) = sgn(A(u)), nous avons S(u, u)A(u) = |A(u)| ≥ 0, qui n’est pas définie positive si
A(u) possède une valeur propre nulle. Dans ce cas-là, nous introduisons Q(u, u) > 0 pour que la
viscosité numérique soit positive :

Q(u, u) = εU I|{espace Ker(A(u))} , (6.27)

où U est une vitesse caractéristique du système (e.g., U = ∆x


∆t pour le schéma de Lax-Friedrichs),
et ε est un petit coefficient positif. L’expression explicite pour Q(u, u) est comme suit :

Λ0 = diag(λ01 (u), λ02 (u), · · · , λ0n (u)), (6.28)


Q(u, u) = εU R(u)Λ0 R−1 (u), (6.29)

où 
0 si λk (u) 6= 0,
λ0k (u) = (6.30)
1 si λk (u) = 0.

6.3 Équation de Burgers


À titre d’exemple, nous considérons l’équation de Burgers :
 2
u
ut + = 0, (6.31)
2 x

avec les données initiales : 


1, x < 0,
u=
−1, x ≥ 0.

164
La solution du problème consiste à un choc stationnaire, en effet la vitesse du choc

f (ur ) − f (ul )
s= = 0, (6.32)
ur − ul

de plus on peut associer à ce problème une fonction d’entropie η(u) = u2 , avec le flux d’entropie
ψ(u) = 23 u3 , et la condition d’entropie est satisfaite :

s(η(ur ) − η(ul )) ≥ ψ(ur ) − ψ(ul ). (6.33)

Maintenant si on échange les données initiales avec



−1, x < 0,
u=
1, x ≥ 0.

Physiquement on s’attend à une détente, car la condition d’entropie (6.33) n’est plus respectée.
En revanche avec un schéma de flux :

Q(v, w) = 0,
  
v+w
S(v, w) = sgn A , (6.34)
2
u2
 
d 2
où A = du = u est le jacobien du flux, le schéma numérique produit toujours un choc
stationnaire non physique, qu’on appelle une solution non entropique, comme illustré sur la Figure
6.1.
1
Numerical solution
Exact solution
0,5
u [m/s]

-0,5

-1
-3 -2 -1 0 1 2 3
x [m]

Figure 6.1 – Comparaison entre la solution exacte et la solution numérique obtenue du schéma
de flux pour l’équation de Burgers à t = 1 s.

uj +uj+1
En effet, pour ce cas scalaire, nous avons A(uj+ 1 ) = 2 , et à la discontinuité des
2
−1+1
données initiales |A(u)| = = 0, donc il n’y a pas de viscosité numérique. Pour remédier
2
à ce problème, nous pouvons ajouter de la viscosité numérique en introduisant Q(v, w) > 0. Les
résultats numériques sont indiqués sur la Figure 6.2 avec différents choix de ε.

165
1
ε = 0.05
ε = 0.1
0,5 ε = 0.2
Exact solution

u [m/s]
0

-0,5

-1
-3 -2 -1 0 1 2 3
x [m]

Figure 6.2 – Résultats numériques de l’équation de Burgers avec différents choix de ε.

6.4 Schéma de Roe


Nous présentons ici le schéma de Roe [73], couramment utilisé dans la simulation numérique
des écoulements compressibles monophasiques, s’étend aussi aux écoulements diphasiques [92]. Le
schéma de Roe consiste à résoudre le problème de Riemann pour le système linéarisé :
∂u ∂u
+ AROE (uL , uR ) = 0, (6.35)
∂t ∂x
où u ∈ Rm , AROE est la matrice construite par Roe [73], uL et uR sont respectivement les
données initiales du côté gauche et du côté droit pour le problème de Riemann. La solution du
problème linéarisé est la superposition de m ondes de discontinuités.

En résolvant le système linéarisé (6.35), nous pouvons obtenir le flux numérique entre les
cellules i − 1 et i (voir [50], p322) :
1 1
Fi− 1 = [f (ui−1 ) + f (ui )] − AROE (ui − ui−1 ). (6.36)
2 2 2
Le schéma de Roe peut aussi s’écrire sous forme d’un schéma de flux [26] grâce à l’identité de Roe
f (ui ) − f (ui−1 ) = AROE (ui − ui−1 ) :
1 1
Fi− 1 = [f (ui−1 ) + f (ui )] − sgn AROE [f (ui ) − f (ui−1 )].

(6.37)
2 2 2

On note λ̂p et K̂ p les valeurs propres et les vecteurs propres à droite de la matrice de Roe. On
peut décomposer la différence ui − ui−1 en vecteurs propres K̂ p :
m
X
ui − ui−1 = α̂p K̂ p . (6.38)
p=1

On a :

AROE
i− 1
= R|Λ|R−1 , (6.39)
2

     
où R = K̂ 1 , · · · , K̂ m et |Λ| = diag λ̂1 , · · · , λ̂m , avec λ̂1 ≤ λ̂2 ≤ · · · ≤ λ̂m , nous avons

166
alors

AROE · (ui − ui−1 ) = R|Λ|R−1 · (ui − ui−1 )


 
λ̂1  1 
  α̂
 2
  λ̂2   α̂
= K̂ 1 , K̂ 2 , · · · , K̂ m 
 

···

···
  
α̂m
 
λ̂m
m
X
= α̂p λ̂p K̂ p . (6.40)
p=1

Donc le schéma de Roe (6.36) devient :


m
1 1X
Fi− 1 = [f (ui−1 ) + f (ui )] − α̂p λ̂p K̂ p . (6.41)
2 2 2
p=1

6.5 Corrections d’entropie


Nous pouvons remarquer que pour le schéma de Roe, λ̂p joue le rôle de la viscosité numérique.
Pour une valeur propre λ̂p proche de 0, le schéma numérique risque de produire une solution non
entropique, comme illustré dans la Section 6.3 à travers de l’équation de Burgers. La situation avec
une petite valeur de λ̂p peut se rencontrer par exemple lors d’une onde de détente transsonique.
Dans la littérature, plusieurs corrections d’entropie (entropy fix en anglais) ont été développées
dans l’objectif d’augmenter la viscosité numérique quand elle est faible, ainsi de produire des
solutions physiques. Dans cette section, on rappelle tout d’abord quelques corrections d’entropie
pour le schéma de Roe, ensuite en s’inspirant de ces corrections, on propose une correction
d’entropie pour le schéma VFFC [27].

6.5.1 Pour le schéma de Roe


À la p-ième onde de discontinuité du problème linéarisé (6.35), on peut associer 2 vitesses de
propagation λp, L et λp, R (le choix de ces 2 vitesses sera abordé ultérieurement), comme l’indique
la Figure 6.3. La discontinuité sépare 2 états constants ûp, L et ûp, R . Si cette onde approche
numériquement une détente (raréfaction), alors λp, L et λp, R peuvent représenter respectivement
la vitesse de propagation du premier et du dernier élément de la détente. Par conséquent, la
condition de la présence d’une raréfaction transsonique peut s’exprimer par :

λp, L < 0 < λp, R . (6.42)

Une fois que la présence d’une raréfaction transsonique est repérée, il est nécessaire d’introduire
un traitement spécial pour la discontinuité correspondante du problème linéarisé. Harten et Hyman
[32][64] ont proposé de remplacer la raréfaction transsonique par 2 discontinuités avec un état
intermédiaire ūp , comme illustré sur la Figure 6.4, on dispose alors de la solution :

x ûp, L si x < λp, L t,
up =  ūp si λp, L t < x < λp, R t, (6.43)
t
ûp, R si x > λp, R t,
où ūp est un état intermédiaire. L’état ūp peut se calculer en tenant compte de la loi de
conservation :
   
(λp, R − λp, L ) ūp = λ̂p − λp, L ûp, L + λp, R − λ̂p ûp, R , (6.44)

167
t
λ̂p λp, R
λp, L

ûp, L ûp, R

Figure 6.3 – Une raréfaction transsonique est représentée par une discontinuité pour le schéma
de Roe.

qui donne l’état intermédiaire :


   
λ̂p − λp, L ûp, L + λp, R − λ̂p ûp, R
ūp = , (6.45)
(λp, R − λp, L )
les 2 sauts entre l’état intermédiaire et les états gauche et droit sont alors :
 
λp, R − λ̂p (ûp, R − ûp, L ) λp, R − λ̂p
ūp − ûp, L = = α̂p K̂ p = α̂p, L K̂ p , (6.46)
λp, R − λp, L λp, R − λp, L
 
λ̂p − λp, L (ûp, R − ûp, L ) λ̂p − λp, L
ûp, R − ūp = = α̂p K̂ p = α̂p, R K̂ p , (6.47)
λp, R − λp, L λp, R − λp, L
λp, R −λ̂p λ̂p −λp, L
avec α̂p, L = λp, R −λp, L α̂p , α̂p, R = λp, R −λp, L α̂p .

La correction d’entropie consiste à remplacer α̂p λ̂p K̂ p par α̂p, L |λp, L | K̂ p + α̂p, R |λp, R | K̂ p
dans le schéma de Roe quand la p-ième onde est une raréfaction transsonique. En tenant compte
du fait λp, L < 0 < λp, R , nous avons :
!
λ p, R − λ̂ p λ̂ p − λ p, L
α̂p, L |λp, L |K̂ p + α̂p, R |λp, R |K̂ p = |λp, L | + |λp, R | α̂p K̂ p
λp, R − λp, L λp, R − λp, L
λ̂p (λp, R + λp, L ) − 2λp, R λp, L
= α̂p K̂ p . (6.48)
λp, R − λp, L
Alors avec la correction d’entropie, le schéma de Roe (6.41) devient :
m
1 1X  
Fi− 1 = [f (ui−1 ) + f (ui )] − α̂p q λ̂p K̂ p , (6.49)
2 2 2
p=1

où

λ̂p (λp, R +λp, L )−2λp, R λp, L

p
 
λp, R −λp, L si λp, L < 0 < λp, R ,
q λ̂ = (6.50)
 λ̂ p sinon.

168
t
λp, L λp, R

ûp, L ūp ûp, R

Figure 6.4 – Une raréfaction transsonique est représentée par 2 discontinuité pour la correction
d’entropie de Harten et Hyman.

On peut prouver, pour le cas scalaire, que la solution (6.43) satisfait une condition d’entropie
(Voir [64]).

Évidemment différents choix de λp, L et de λp, R conduisent aux différentes corrections


d’entropie. On peut choisir par exemple (voir [64][49]) :

λp, L = λp (ûp, L ), λp, R = λp (ûp, R ). (6.51)

Une version plus simple des correction d’entropie est [75] :



 λ̂p + η si λp, L < 0 < λp, R ,
   
q λ̂p = (6.52)

 λ̂p

sinon.

avec η = ηi− 1 (ui−1 , ui ) ≥ 0. Un choix pour η est également introduit dans [75] :
2

1
ηi− 1 (ui−1 , ui ) = max(|λp (ui ) − λp (ui−1 )|). (6.53)
2 2 p

Avec la correction (6.52), le schéma de Roe (6.41) devient :


m m
1 1X p p 1 X
Fi− 1 = [f (ui−1 ) + f (ui )] − α̂p λ̂ K̂ − ηi− 1 α̂p K̂ p
2 2 2 2 2
p=1 p=1
1 1 ROE 1
= [f (ui−1 ) + f (ui )] −A (ui − ui−1 ) − ηi− 1 · (ui − ui−1 )
2 2 2 2

1 1 ROE
 1
= [f (ui−1 ) + f (ui )] −
sgn A [f (ui ) − f (ui−1 )] − ηi− 1 · (ui − ui−1 ), (6.54)
2 2 2 2

qui est sous la forme (6.3) avec S(ui−1 , ui ) = sgn AROE et Q(ui−1 , ui ) = ηi− 1 (ui−1 , ui )I.

2

169
6.5.2 Pour le schéma de VFFC
On essaye ici d’appliquer la correction pour le schéma de Roe au schéma de VFFC. On
peut remarquer plusieurs différences entre les deux schémas. Tout d’abord, alors que le schéma
de Roe demande certaines conditions algébriques sur le système [73], le schéma de VFFC est
entièrement général. Il s’étend même aux opérateurs de convection non hyperboliques [27]. Par
ailleurs contrairement au schéma de Roe, il est difficile pour le schéma de VFFC de détecter
un point transsonique. Considérons par exemple un choc stationnaire avec les données initiales
(uL , uR ). Avec l’échange des deux valeurs initiales, physiquement on s’attend à une détente,
or avec le schéma de flux, tel que le schéma de Roe et le schéma de VFFC, on obtient un
choc d’expansion, comme expliqué plus haut pour l’équation de Burgers. L’identité de Roe
f (ui ) − f (ui−1 ) = AROE (ui − ui−1 ) avec la condition f (ui ) − f (ui−1 ) = 0 et ui 6= ui−1 implique
une valeur propre de la matrice de Roe AROE est nulle, la condition pour appliquer la correction
de Harten et Hyman (6.50) donc est  satisfaite. Or cela n’est pas le cas pour le schéma de VFFC
VFFC uL +uR
avec la matrice A =A 2 . Ensuite dans le schéma de VFFC :

k=4
f (ui ) − f (ui−1 )
 
f (ui−1 ) + f (ui ) X
Fi− 1 = − sgn(λk ) lk · rk , (6.55)
2 2 2
k=1

il s’agit du signe des valeurs propres dans la formule, donc il est inutile d’augmenter la valeur
absolue des valeurs propres comme pour le schéma de Roe (6.50) pour ajouter de la viscosité
numérique. Donc en s’inspirant de la correction (6.54) pour le schéma de Roe, on propose une
correction suivante pour le schéma de VFFC :
1 1 1
Fi− 1 = [f (ui−1 ) + f (ui )] − sgn AVFFC [f (ui ) − f (ui−1 )] − ηi− 1 · (ui − ui−1 ),

(6.56)
2 2 2 2 2

1
avec ηi− 1 (ui−1 , ui ) = 2 maxp (|λp (ui ) − λp (ui−1 )|).
2

Le choix de AVFFC
Dans la version originale du schéma de VFFC [27], la matrice AVFFC est choisie comme
A uL +u2
R
. Or ce choix n’est pas unique, en fait l’idée est de ne pas
privilégier un côté de la face
(e.g., A VFFC = A(uL )), et on peut même faire un tirage aléatoire
pour calculer la matrice de
décentrement AVFFC (le schéma de VFFC aléatoire) :

AVFFC = P · A(uL ) + (1 − P ) · A(uR ), (6.57)

avec

0 si 0 ≤ x ≤ 0.5,
P = (6.58)
1 si 0.5 < x ≤ 1,

où x suit la loi de distribution uniforme sur l’intervalle [0, 1].

On fait la comparaison entre les résultats obtenus avec le schéma de VFFC aléatoire et celui
obtenu avec le schéma de VFFC original, comme l’indique la Figure 6.5. On peut remarquer que
le schéma de VFFC aléatoire fonctionne, et les résultats se superposent assez bien.

170
1
VFFC
Random VFFC (1st simulation)
0,8 Random VFFC (2nd simulation)
Random VFFC (3rd simulation)

Density [kg/m ]
3
0,6

0,4

0,2

0
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 6.5 – Tube à choc de Sod avec le schéma de VFFC aléatoire.

6.6 Schéma de HLLE

t
bl br

ui ui+1/2 ui+1

∆t
x
∆x
Figure 6.6 – La solution du problème de Riemann avec le schéma HLLE.

On présente ici le schéma de HLLE (voir [21]), qui n’est pas affecté par le problème de la verrue
(carbuncle en anglais) [67]. Ce problème de la verrue sera abordée dans la Section 6.8. Définissons
bl et br respectivement la plus grande vitesse et la plus petite vitesse des ondes d’un problème de
Riemann (un choix de bl et de br sera abordé ultérieurement). Et supposons que la solution du
problème de Riemann consiste en 3 états constants, comme l’indique la Figure 6.6, i.e.

pour x < bl t,

 ui
wi+1/2 (x/t) = u pour bl t < x < br t, (6.59)
 i+1/2
ui+1 pour br t < x,

avec ui+1/2 définie d’une façon que la loi de conservation soit respectée. En intégrant la loi de

171
conservation dans le domaine délimité par les droites pointillées sur la Figure 6.6, nous avons alors
   

l r
 ∆x l ∆x r
−b ∆t + b ∆t ui+1/2 + + b ∆t ui + − b ∆t ui+1
2 2
∆x
= (ui + ui+1 ) − ∆t f (ui+1 ) + ∆t f (ui ), (6.60)
2
soit
 
−bl ∆t + br ∆t ui+1/2 + bl ∆t ui − br ∆t ui+1 = −∆t f (ui+1 ) + ∆t f (ui ). (6.61)

Maintenant, on applique la loi de conservation pour la partie gauche du domaine pour obtenir le
flux f (ui+1/2 ) lors que bl < 0 < br :
 
l ∆x l ∆x
−b ∆t ui+1/2 + + b ∆t ui − ui + f (ui+1/2 ) − f (ui ) = 0. (6.62)
2 2
On peut finalement avoir :

br f (ui ) − bl f (ui+1 ) br bl
f (ui+1/2 ) = + (ui+1 − ui ). (6.63)
br − bl br − bl
Le schéma de HLLE s’écrit alors :

 fr(uL ) l
 si 0 < bl ,
HLLE b f (uL )−b f (uR ) br bl
F (uL , uR ) = r l + br −bl
(uR − uL ) si bl < 0 < br , (6.64)
 f (u b) −b

si br < 0.
R

En définissant b+ = max (0, br ) ≥ 0 et b− = min 0, bl ≤ 0, le flux précédent peut se mettre sous




une forme compacte [21] :

b+ f (uL ) − b− f (uR ) b+ b−
F HLLE (uL , uR ) = + (uR − uL ). (6.65)
b+ − b− b+ − b−
On peut le réécrire pour faire apparaı̂tre la matrice de viscosité en tenant compte de l’identité de
Roe f (uR ) − f (uL ) = AROE (uR − uL ) :
1 1
F HLLE (uL , uR ) = (f (uL ) + f (uR )) − Q(uL , uR )(uR − uL ), (6.66)
2 2
où
b+ + b− ROE b+ b−
Q(uL , uR ) = A − 2 I. (6.67)
b+ − b− b+ − b−
En tenant compte du fait que les matrices AROE et Q possèdent les mêmes vecteurs propres, on
a:
m
1 1X  
F HLLE (uL , uR ) = (f (uL ) + f (uR )) − α̂p q HLLE λ̂p K̂ p , (6.68)
2 2
p=1

où la fonction q HLLE est donnée par :


  (b+ + b− )λ̂p − 2b+ b−
q HLLE λ̂p = . (6.69)
b+ − b−
On peut remarquer que la fonction (6.69) est sous la forme (6.50), avec

λp, R = b+ , λp, L = b− . (6.70)

172
Le schéma de HLLE introduit une correction d’entropie pour toutes les ondes, donc il est plus
diffusif que le schéma de Roe. Comme proposé dans [22], les vitesses bl et br sont définies par
 
bl = min λ̂1 , λ1 (uL ) , (6.71)
 
br = max λ̂m , λm (uR ) , (6.72)

où λ̂1 et λ̂m sont respectivement la valeur propre minimale et la valeur maximale de la matrice
de Roe (voir la Section 6.4), λ1 (uL ) et λm (uR ) sont respectivement la valeur propre minimale de
la matrice A(uL ) et la valeur propre maximale de la matrice A(uR ).

Remarque. Nous pouvons réécrire le flux volumique (6.66) sous la forme (6.3) :
f (uL ) + f (uR ) f (uR ) − f (uL ) uR − uL
F HLLE (uL , uR ) = − S(uL , uR ) − Q(2) (uL , uR ) , (6.73)
2 2 2
+ − + −
où S(uL , uR ) = bb+ +b
−b−
, Q(2) (uL , uR ) = −2 bb+ −b
b
− , et on utilise un exposant sur Q pour se distinguer
de la définition dans (6.66).

6.7 Résultats numériques


On présente ici quelques résultats pour évaluer le comportement de la correction d’entropie
pour le schéma de Roe et le schéma de VFFC.

cas test 1

Table 6.1 – Données initiales pour le cas test 1.


État gauche État droit
Pression [Pa] p = 0.5868 p = 10
Vitesse [m/s] u = −5.682 u = 0
Enthalpie spécifique [J/kg] h = 12.917 h = 29.046

Ce problème (voir [21]) contient un point sonique, donc le schéma de flux (e.g., VFFC, Roe)
produit un choc non entropique, comme montré sur la Figure 6.7. Afin d’y remédier, nous pouvons
appliquer les corrections d’entropie correspondantes pour chaque schéma, ainsi les résultats sont
obtenus comme indiqués par les courbes rose et bleue sur la Figure 6.7. Les résultats obtenus avec
les deux schémas de flux se superposent bien avec celui obtenu avec le schéma de HLLE.
La Figure 6.8 montre la masse volumique calculée avec le schéma de VFFC sans la correction
d’entropie sur différents maillages. On peut remarquer que sans la correction d’entropie, le choc
non entropique persiste même si on raffine le maillage.

cas test 2

Table 6.2 – Données initiales pour le cas test 2.


État gauche État droit
Pression [Pa] p=3 p=1
Vitesse [m/s] u = 0.9 u = 0.9
Enthalpie spécifique [J/kg] h = 3.5 h = 3.5

Un autre cas test similaire au premier cas est introduit dans [64]. On peut remarquer que les
corrections d’entropie fonctionnent bien pour les schémas de flux, comme l’indique la Figure 6.9.

173
VFFC with entropy fix
VFFC
1 Roe with entropy fix
Roe
HLLE

density [kg/m ]
3
0,5

0
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 6.7 – Comparaison des masses volumiques à t = 0.4 s.

VFFC (200 cells)


VFFC (800 cells)
VFFC (3200 cells)
1
VFFC (12800 cells)
HLLE
density [kg/m ]
3

0,5

0
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 6.8 – La masse volumique calculée avec le schéma de VFFC sans la correction d’entropie
sur différents maillages.

cas test 3
Ce cas test s’agit un choc à déplacement lent (slowly moving shock) (voir [67]) avec les données
initiales suivantes :

Table 6.3 – Données initiales pour le cas test 3.

État gauche État droit


Pression [Pa] p = 10.33 p=1
Vitesse [m/s] u = −0.81 u = −3.44
Enthalpie spécifique [J/kg] h = 9.3666 h = 3.5

Ces données sont choisies pour satisfaire aux relations de Rankine-Hugoniot, et correspondent
à une 3-onde de choc. La vitesse du choc s = (ρu)ρrr −(ρu)
−ρl
l
= 0.1096 m/s.

Comme expliqué plus haut, lorsque la vitesse du choc est faible, la viscosité numérique peut
être insuffisante pour obtenir une solution stable. Nous donnons ici les résultats numériques pour
ce problème à t = 10 s :

174
3
VFFC with entropy fix
VFFC
Roe with entropy fix
2,5 Roe
HLLE

density [kg/m ]
3
2

1,5

1
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 6.9 – Comparaison des masses volumiques à t = 1.4 s.

4
density [kg/m ]
3

3
VFFC with entropy fix
VFFC
Roe with entropy fix
2 Roe
Exact solution

1
0 2 4 6 8 10
x [m]

Figure 6.10 – Comparaison des masses volumiques à t = 10 s.

Nous pouvons observer d’importantes oscillations au niveau du choc. Cependant, si la


correction d’entropie est introduite dans le schéma numérique, ces oscillations vont être beaucoup
diminuées.

6.8 Problème de la verrue (carbuncle en anglais)


Quand on applique des schémas décentrés amont (upwind) pour calculer l’écoulement à
grand nombre de Mach autour d’un obstacle, un problème numérique dénommé le phénomène du
 carbuncle  peut se rencontrer, il s’agit d’une bosse se développant devant le choc stationnaire

et d’une diminution anormale de la masse volumique autour du point stagnant de l’obstacle


[67][61][20], comme montré sur les Figures 6.12(a) et 6.13(a). Les résultats corrects obtenus avec
le schéma de HLLE, qui ne souffre pas du problème du carbuncle [67], sont montrés sur les
Figures 6.12(b) et 6.13(b).

La géométrie utilisée dans la simulation est illustrée sur la Figure 6.11 et les données initiales
sont données au Tableau 6.4, qui correspond à un nombre de Mach en amont M ≈ 11. La géométrie
et les données initiales sont issues de [66], où elles ont été choisies pour étudier l’effet de la diffusion
physique sur le phénomène du carbuncle.

175
0.5377 mm
0.15 mm

Figure 6.11 – Géométrie pour le problème du carbuncle.

Table 6.4 – Données initiales pour le problème du carbuncle


Pression [Pa] p = 12.4272
Vitesse [m/s] u = 1424.293
Enthalpie spécifique [J/kg] h = 39944.669

Densite
6.393e-03 Densite
0.006 6.165e-03

0.0054

0.005
0.0045

0.0036
0.003

0.0027

0.002 0.0018

9.937e-04
1.026e-03

(a) Schéma de VFFC. (b) Schéma de HLLE.

Figure 6.12 – Profil de la masse volumique pour le problème du carbuncle.

176
(a) Schéma de VFFC. (b) Schéma de HLLE.

Figure 6.13 – Iso-valeur de la masse volumique pour le problème du carbuncle.

6.8.1 Découplage pair-impair


Il est conjecturé par Quirk [67] que ce problème du carbuncle est lié à l’instabilité découplage
pair-impair (odd-even decoupling) rencontrée dans des chocs droits aligné à la grille.

Nous utilisons un test décrit dans [67][72] pour faire apparaı̂tre des instabilités de choc, qui
sont liées au problème du carbuncle selon [67]. Ce test s’agit d’une propagation d’un choc droit
dans un tuyau, avec les fluides au repos à l’instant initial. La solution théorique est en 1D, mais le
calcul implique les équations d’Euler 2D sur un maillage structuré en 2D. Le problème physique
dépend du nombre de Mach de l’onde de choc Ms , qui est définit comme le ratio us /a1 , où us est
la vitesse du choc non stationnaire, et a1 est la vitesse du son des fluides au repos. La relation
Ms = 6 est utilisée dans le cas test original. Selon les relations de Rankine-Hugoniot pour un choc
se propageant dans un fluide au repos [85], on peut obtenir les données suivantes pour le problème
de Riemann :

État gauche État droit


Pression [Pa] p = 251 p=6
Vitesse [m/s] u = 11.91 u=0
Enthalpie spécifique [J/kg] h = 119.1 h = 15

Le domaine physique est de dimension 40 × 1 avec un maillage cartésien uniform de 800 × 20


cellules. Mais la ligne centrale horizontale est légèrement perturbée suivant :

yi, jmid = yjmid + (−1)i · 10−6 . (6.74)

La solution attendue est un choc droit avec une vitesse constante, or une instabilité du choc peut
être observée avec cette perturbation, comme l’indique la Figure 6.14. Quirk [67] a signalé cette
défaillance et proposé une analyse dénommée découplage pair-impair pour les schémas de Roe et

177
de HLLE. Nous faisons ici une analyse pour le schéma de VFFC.

(a) np = 100. (b) np = 250.

(c) np = 350. (d) np = 450.

Figure 6.14 – Iso-valeurs de la masse volumique à différents nombres de pas pour un choc non
stationnaire calculé avec le schéma de VFFC.

On considère les équations d’Euler 2D avec des données initiales uniformes dans le domaine.
Ensuite on n’introduit une perturbation des données initiales que dans la direction y, donc il est
seulement nécessaire de considérer Euler 1D dans la direction y :

Ut + G(U )y = 0, (6.75)

où U = (ρ, ρu, ρv, ρE)T est le vecteur des variables conservatives, et
 
ρv
 ρuv 
G(U ) =  ρv + p  ,
2
 (6.76)
(ρE + p)v

est le flux physique dans la direction y.

Les données à l’instant n sont comme suit :

ρnj = ρ + ρ̂n , pnj = p + p̂n , unj = u, vjn = 0, (6.77)

178
si j est pair et

ρnj = ρ − ρ̂n , pnj = p − p̂n , unj = u, vjn = 0, (6.78)

si j est impair. Des calculs détaillés peuvent être trouvés dans [67] et [61] pour le schéma de Roe,
ici on vérifie si le schéma de VFFC souffre aussi de ce problème. Le schéma de VFFC s’écrit :
 n
Gj+1 − Gnj
 
n 1 n n Uj + Uj+1
Gj+ 1 = (Gj + Gj+1 ) − sgn A . (6.79)
2 2 2 2

La solution à l’instant n + 1 s’obtient par :


∆t n
Ujn+1 = Ujn − (G 1 − Gnj− 1 ). (6.80)
∆y j+ 2 2

Supposons j pair (pour j impair, les résultats sont similaires), alors :


   
0 0
0 0
Gnj =  n
   
 p + p̂n  , Gj+1 =  p − p̂n  , (6.81)
  

0 0

ρ + ρ̂n ρ − ρ̂n
   
(ρ + ρ̂n ) u (ρ − ρ̂n ) u
Ujn =  n
   
 , Uj+1 =  . (6.82)
 0   0 
p+p̂n 1 n 2 p−p̂n 1 n 2
γ−1 + 2 (ρ + ρ̂ ) u γ−1 + 2 (ρ − ρ̂ ) u

On obtient :
ρ
   
0
Gnj + Gnj+1  0  Ujn + Uj+1
n  ρu 
= , = , (6.83)
2  p  2  0 
p 1 2
0 γ−1 + 2 ρu

indépendantes de l’indice j. Donc la solution à l’instant n + 1 devient


Gnj+1 − Gnj Gnj − Gnj−1
 
n+1 n ∆t
Uj = Uj − −sgn(A(U )) + sgn(A(U ))
∆y 2 2
G n − 2G n + Gn
∆t j+1 j j−1
= Ujn + sgn(A(U )) , (6.84)
∆y 2
de plus
 
0
Gnj+1 − 2Gnj + Gnj−1  0 
=
 −2p̂n  .
 (6.85)
2
0

On se donne les vecteurs propres à droite et à gauche pour la matrice jacobienne A(U ) (voir [89]
pp. 103) :
       
1 1 0 1
 u   u   1   u 
r1 = 
 v − a  , r2 = 
   , r3 =   , r4 =  , (6.86)
v   0   v+a 
1 2
H − av 2 (u + v2) u H + av

179
γ−1 a

a
  γ−1 4 2

l1 = H+ γ−1 (v − a), −u, − v + γ−1 ,1 , l2 = −2H + γ−1 a , 2u, 2v, −2 ,
2a2 2a2
(6.87)

γ − 1  2ua2 2a2
 γ−1 a a

l3 = − γ−1 , γ−1 , 0, 0 , l4 = H− γ−1 (v + a), −u, −v + γ−1 , 1 , (6.88)
2a2 2a2
où H est l’enthalpie spécifique totale, et a est la vitesse du son, avec les valeurs propres associées :

λ1 = v − a, λ2 = v, λ3 = v, λ4 = v + a. (6.89)

On peut calculer :
k=4
Gnj+1 − 2Gnj + Gnj−1 X Gnj+1 − 2Gnj + Gnj−1
 
sgn(A(U )) = sgn(λk ) lk · rk
2 2
k=1
   
1 1
p̂n  u  p̂n  u 
=−  −  
a  −a  a  a 
H H
 
1
2p̂n  u 
=−  . (6.90)
a  0 
H
a∆t
À partir de l’équation (6.84), on peut obtenir (ν = ∆y est le nombre CFL) :

2ν n
ρ̂n+1 = ρ̂n − p̂ , p̂n+1 = (1 − 2ν)p̂n , (6.91)
a2
 2 2

où la relation a2 = (γ − 1) H − u2 − v2 est utilisée.
Nous obtenons les mêmes résultats qu’avec le schéma de Roe [67]. La perturbation sur la masse
volumique est alimentée par la perturbation sur la pression, donc si la pression est perturbée, il
est possible que la perturbation sur la masse volumique augmente sans limite.

6.8.2 Remède
Ici on propose un remède pour le problème du carbuncle qui se rencontre lors de la simulation
numérique de l’écoulent autour d’une sphère avec le schéma de VFFC. Dans la littérature,
plusieurs observations numériques s’avèrent intéressantes pour le problème du carbuncle.
Premièrement, les caractéristiques du maillage utilisé sont importantes dans l’établissement du
carbuncle [61] : des cellules allongées le long de la direction normale du choc augmentent les
instabilités, tandis que des cellules étirées le long de la direction tangentielle du choc ont un
effet amortissant. Deuxièmement, un schéma d’ordre plus élevé peut atténuer le problème, mais
ne suffit pas à l’éliminer [61]. Troisièmement, ce problème concerne uniquement des schémas
résolvant les discontinuités de contact en haute précision [20][42], tel que le schéma de Roe et le
schéma de VFFC. Par contre le schéma de HLLE ne souffre pas de ce problème [67]. Finalement,
des corrections d’entropie ne sont pas suffisantes pour remédier à ce problème.

Plusieurs remèdes sont apportés dans la littérature afin d’éliminer le carbuncle. Dans [67],
l’auteur introduit un test pour détecter la présence d’un choc fort. Et si la condition de l’apparition
d’un choc fort est satisfaite, un schéma plus diffusif (HLLE) est utilisé au lieu d’un schéma moins
diffusif (Roe). Cependant le paramètre pour un choc fort doit être modifié en fonction des cas,
de plus il est possible que la méthode introduise de la viscosité excessive qui affecte la résolution

180
numérique du problème considéré, par exemple pour la couche limite, l’interaction des chocs etc.
Dans [75][58], les auteurs introduisent tout d’abord une correction d’entropie pour toutes les
ondes caractéristiques. Comme illustré sur la Figure 6.15, à l’interface i, j + 12 qui sépare les
deux cellules (i, j) et (i, j + 1), une correction d’entropie selon la différence maximale des vitesses
des ondes des deux cellules est ajoutée (voir l’équation (6.52)). Ensuite la correction
 d’entropie
1 1
à l’interface i, j + 2 dépend aussi des interfaces voisines i − 2 , j , i − 2 , j + 1 , i + 12 , j ,
1
  

i + 21 , j + 1 , qui est en effet le maximum des corrections sur chaque interface :


 
ηi,Hj+ 1 = max ηi, j+ 1 , ηi− 1 , j , ηi− 1 , j+1 , ηi+ 1 , j , ηi+ 1 , j+1 . (6.92)
2 2 2 2 2 2

Dans la suite, ce remède, dénommé la correction H, est utilisé pour nos études.

Ii−1/2, j+1
(i, j + 1) Ii+1/2, j+1

Ii, j+1/2

Ii−1/2, j Ii+1/2, j
(i, j)

Figure 6.15 – Schéma illustratif pour la correction H.

Effectivement, avec la correction H, le cas test introduit dans la Section 6.8.1 ne souffre plus
du problème d’instabilité, comme l’indique la Figure 6.16. Par ailleurs, avec la correction H, le
phénomène du carbuncle disparaı̂t dans les résultats numériques obtenus avec le schéma de VFFC,
comme illustré sur la Figure 6.17.

181
(a) np = 100. (b) np = 250.

(c) np = 350. (d) np = 450.

Figure 6.16 – Iso-valeurs de la masse volumique à différents nombres de pas pour un choc non
stationnaire calculé avec le schéma de VFFC avec la correction H.

182
Densite
6.513e-03

0.006

0.005

0.003

0.002

9.937e-04

(a) Profil de la masse volumique. (b) Iso-valeur de la masse volumique.

Figure 6.17 – Résultats numériques pour le problème du carbuncle en utilisant le schéma de


VFFC avec la correction H.

6.8.3 Analyse de stabilité d’un choc stationnaire


Dans cette section, nous allons utiliser la théorie de l’équation équivalente pour étudier le
problème du carbuncle. Nous avons vu dans la Section 6.8.1 que le problème du carbuncle était
lié au phénomène de découplage pair-impair des schémas numériques, et nous avons aussi vu
apparaı̂tre l’instabilité d’un choc non stationnaire. Ici on considère un problème encore simplifié.
Il s’agit d’un choc stationnaire perturbé. Ce problème a été introduit dans [75], et a aussi été
étudié dans [20]. On écrit tout d’abord l’équation équivalente pour la perturbation introduite pour
un choc stationnaire. Ensuite on étudie l’évolution de cette perturbation à l’aide de la méthode
proposée dans [20], qui consiste à obtenir une matrice de stabilité à partir de la semi-discrétisation
en espace de l’équation équivalente de la perturbation. Nous allons montrer que cette matrice
de stabilité possède des valeurs propres dont la partie réelle est positive, ceci peut conduire à
l’amplification de la perturbation, et ainsi l’apparition de l’instabilité d’un choc stationnaire.
Finalement, avec la même stratégie, nous allons montrer que la correction de H fonctionne
effectivement dans le sens où la partie réelle des valeurs propres de la matrice de stabilité reste
positive, ceci est aussi le cas pour le schéma de HLLE, qui ne souffre pas du problème du carbuncle.

Nous pouvons écrire l’équation équivalente en 2D pour un schéma sous forme de l’équation
(6.3) en généralisant celle en 1D (6.24) :
   
∂u ∂f (u) ∂g(u) ∆x ∂ ∂u ∆x ∂ ∂u
+ + = Sx (u)A(u) + Qx (u)
∂t ∂x ∂y 2 ∂x ∂x 2 ∂x ∂x
   
∆y ∂ ∂u ∆y ∂ ∂u
+ Sy (u)B(u) + Qy (u) , (6.93)
2 ∂y ∂y 2 ∂y ∂y

où g(u) est le flux physique dans la direction y, et B(u) = g 0 (u). Ici dans la formulation
on inclut aussi la correction éventuelle dans la direction x : Qx (u) pour le cas où la matrice
jacobienne A(u) possède des valeurs propres nulles, de même pour la correction dans la direction y.

183
On considère un choc droit stationnaire unidimensionnel dans la direction x : u(x, y, t) ≡ T (x),
nous avons alors
   
∂f (T ) ∆x ∂ ∂T ∆x ∂ ∂T
= Sx (T )A(T ) + Qx (T ) , lim T (x) = U±∞ , (6.94)
∂x 2 ∂x ∂x 2 ∂x ∂x x→±∞

où U−∞ et U+∞ forment un choc stationnaire. Comme dans [75], on étudie la stabilité de ce choc
droit en introduisant une perturbation δ(x, y, t). Nous allons reporter u(x, y, t) = T (x)+δ(x, y, t)
dans l’équation équivalente (6.93). En négligeant les termes d’ordre plus élevé que O(δ), nous
pouvons évaluer les termes suivants :
∂u ∂δ
= , (6.95)
∂t ∂t
f (u) = f (T ) + f 0 (T )δ, (6.96)
0
g(u) = g(T ) + g (T )δ, (6.97)
0
Sx (u)A(u) = Sx (T )A(T ) + [Sx (T )A(T )] δ, (6.98)
0
Sy (u)B(u) = Sy (T )B(T ) + [Sy (T )B(T )] δ, (6.99)
0
Qx (u) = Qx (T ) + Qx (T ) δ, (6.100)
0
Qy (u) = Qy (T ) + Qy (T ) δ, (6.101)

∂(Sx A)ij ∂(Sy B)ij


où {[Sx (T )A(T )]0 δ}ij = ∂Tk δk et {[Sy (T )B(T )]0 δ}ij = ∂Tk δk , l’équation équivalente (6.93)
devient alors
∂δ ∂ [f (T ) + f 0 (T )δ] ∂ [g(T ) + g 0 (T )δ]

∆x ∂ 
+ + = Sx (T )A(T )
∂t ∂x ∂y 2 ∂x
  
0  ∂[T (x) + δ(x, y, t)] ∆x ∂ 0 ∂[T (x) + δ(x, y, t)]
+ [Sx (T )A(T )] δ + [Qx (T ) + Qx (T ) δ]
∂x 2 ∂x ∂x
 
∆y ∂ ∂δ
+ [Sy (T )B(T ) + [Sy (T )B(T )]0 δ]
2 ∂y ∂y
 
∆y ∂ 0 ∂δ
+ [(Qy (T ) + Qy (T ) δ] .
2 ∂y ∂y
(6.102)

En prenant en compte l’équation (6.94) et en négligeant les termes d’ordre O(δ 2 ), nous aboutissons
à [75]
 
∂δ ∂ [A(T )δ] ∂δ ∆x ∂ ∂δ ∂T (x)
+ + B(T ) = Sx (T )A(T ) + [Sx (T )A(T )]0 δ
∂t ∂x ∂y 2 ∂x ∂x ∂x
 
∆x ∂ ∂δ ∂T (x)
+ Qx (T ) + Qx (T )0 δ
2 ∂x ∂x ∂x
∆y ∂2δ
+ Sy (T )B(T ) 2
2 ∂y
∆y ∂2δ
+ Qy (T ) 2 , (6.103)
2 ∂y

où les matrices [Sx (T )A(T )]0 ∂T∂x(x) et Qx (T )0 ∂T∂x(x) sont définies par
 
0 ∂T (x) ∂(Sx A)ik ∂Tk
[Sx (T )A(T )] = , (6.104)
∂x ij ∂Tj ∂x
 
0 ∂T (x) ∂(Qx )ik ∂Tk
Qx (T ) = . (6.105)
∂x ij ∂Tj ∂x

184
6.8.3.1 Schéma de VFFC
Dans ce qui suit, nous allons considérer dans un premier temps le schéma de VFFC, pour
lequel nous avons

Sx (u)A(u) = |A(u)|, et Sy (u)B(u) = |B(u)|. (6.106)

Donc l’équation de la perturbation (6.103) devient


 
∂δ ∂ [A(T )δ] ∂δ ∆x ∂ ∂δ 0 ∂T (x)
+ + B(T ) = |A(T )| + |A(T )| δ
∂t ∂x ∂y 2 ∂x ∂x ∂x
 
∆x ∂ ∂δ 0 ∂T (x)
+ Qx (T ) + Qx (T ) δ
2 ∂x ∂x ∂x
∆y ∂2δ
+ |B(T )| 2
2 ∂y
∆y ∂2δ
+ Qy (T ) 2 , (6.107)
2 ∂y

pour le schéma de VFFC. Cette formulation reste valable pour le schéma de Roe, car AROE (u, u) =
AVFFC (u, u).

Remarque 1. Sans les corrections Qx (u) et Qy (u), de plus on considère l’évolution de la


perturbation autour d’une constante, c’est-à-dire que T (x) = T (constante), l’équation de la
perturbation devient

∂δ ∂δ ∂δ ∆x ∂2δ ∆y ∂2δ
+ A(T ) + B(T ) = |A(T )| 2 + |B(T )| 2 , (6.108)
∂t ∂x ∂y 2 ∂x 2 ∂y
qui s’agit d’une convection et d’une diffusion de la perturbation δ. Dans ce cas-là, la perturbation
reste bornée.

Cependant lorsque l’on considère la perturbation autour d’un choc stationnaire qui est
déterminé par l’équation (6.94), on ne peut plus avoir le même résultat. En effet, dans ce cas-là,
la matrice |B(T )| possède 2 valeurs propres nulles, et à travers le choc visqueux (6.94), la matrice
|A(T )| devient singulière quand T atteint le point transsonique. Nous allons montrer dans la suite
que la combinaison de ces faits et l’intervention du terme |A(T )|0 ∂T∂x(x) entraı̂ne une instabilité
lorsque T (x) est associé à un choc fort.

L’équation de la perturbation étant difficile à étudier analytiquement, nous allons l’étudier


numériquement en nous inspirant de [20]. Tandis que dans [20] la discrétisation s’effectue sur le
schéma numérique, ici on discrétise son équation équivalente. La discrétisation se fait uniquement
en espace [35], donc le résultat obtenu est indépendant de la méthode pour la discrétisation en
temps.

On considère un domaine de calcul de 1 × 1, dont le maillage structuré consiste en Nx × Ny


cellules, avec Nx et Ny le nombre des cellules dans la direction x et y respectivement. On utilise le
schéma centré pour tous les termes apparaissant dans l’équation de la perturbation (6.107) (pour
l’instant, on ne prend pas en compte des corrections Qx (u) et Qy (u), or on utilise également le

185
schéma centré pour les discrétiser) :

∂ [A(T )δ] p, q ([A(T )δ])p+1, q − ([A(T )δ])p−1, q


 
= , (6.109)
∂x 2∆x
∂δ p, q δ p, q+1 − δ p, q−1
 
B(T ) = B(T )p, q , (6.110)
∂y 2∆y
∂δ p+1/2, q ∂δ p−1/2, q
∂δ p, q
 
∆x |A(T )| ∂x − |A(T )| ∂x
  
∆x ∂
|A(T )| =
2 ∂x ∂x 2 ∆x
1 |A(T )| + |A(T )|p+1, q δ p+1, q − δ p, q
p, q

=
2 2 ∆x
|A(T )| p−1, q + |A(T )| δ − δ p−1, q
p, q p, q

− , (6.111)
2 ∆x
" #
∆x ∂ (M δ) p, q ∆x (M δ)p+1, q − (M δ)p−1, q
 
= , (6.112)
2 ∂x 2 2∆x
p, q
∂2δ
 p, q+1
− 2δ p, q + δ p, q−1
 
∆y ∆y p, q δ
|B(T )| 2 = |B(T )| , (6.113)
2 ∂y 2 (∆y)2

où (p, q) est l’indice local de cellule, qui indique la cellule de la p-ième ligne, la q-ième colonne du
maillage, et M = |A(T )|0 ∂T∂x(x) . On évalue |A(T )|0 en utilisant également le schéma centré :

|A|p, q p, q
p, q
ij (Tk + ∆Tk ) − |A|ij (Tk − ∆Tk )

∂|A|ij
= , (6.114)
∂Tk 2∆Tk

où ∆Tk = 10−5 dans notre calcul. En ce qui concerne les conditions aux limites, on utilise des
cellules fantômes, et de plus on suppose que la perturbation y est nulle [20].

La discrétisation s’effectuant sur toutes les cellules, nous pouvons obtenir le système
semi-discrétisé comme suit
δ1 δ1
   
 δ2   δ2 
 ..   .. 
   
 .   . 
d   
 δm  = S ·  δm  ,

(6.115)
dt 
 .. 

 .. 
 
 .   . 
 N −1   N −1 
 δ   δ 
δ N δ N

où δ m ∈ R4 pour un problème bidimensionnel, m = 1, · · · , N = Nx × Ny , est l’indice global de


cellule, nous avons la relation suivante entre l’indice global et l’indice local : m = (q − 1)Nx + p, et
S est la matrice de stabilité de taille 4N × 4N , qui n’évolue pas avec le temps dans notre analyse
ici. La solution de l’équation discrétisée (6.115) est

δ1 δ1
   
 δ2   δ2 
 ..   .. 
   
 .   . 
 (t) = eSt ·  δ m  ,
 m   
 δ (6.116)
 ..   .. 
   
 .   . 
 N −1   N −1 
 δ   δ 
δ N δ N
t=0

186
qui reste bornée si la partie réelle de toutes les valeurs propres de la matrice de stabilité S est
inférieure à zéro :

max(Re(λ(S))) ≤ 0. (6.117)

Nous pouvons maintenant faire une suite de cas tests en faisant varier le nombre de Mach de
l’écoulement en amont M0 . Les jeux de données sont pris depuis [20]. Les valeurs normalisées des
variables conservatives en amont sont

1 T
 
1
U−∞ = 1, 1, 0, + , (6.118)
γ(γ − 1)M02 2

où la constante de gaz γ = 1.4. Les valeurs des variables conservatives en aval peuvent être
calculées à partir de la relation Rankine-Hugoniot :

γ − 1 −1
 
ρ+∞ 2 1
f (M0 ) = = + ,
ρ−∞ γ + 1 M02 γ + 1
p+∞ 2γ γ−1
g(M0 ) = = M02 − ,
p−∞ γ+1 γ+1
 T
g(M0 ) 1
U+∞ = f (M0 ), 1, 0, + . (6.119)
γ(γ − 1)M02 2f (M0 )

Comme montré sur les Figures 6.18 et 6.19, nous donnons les valeurs propres de la matrice
de stabilité S sur le plan complexe avec M0 = 3, M0 = 7 respectivement. Avec un écoulement en
amont à nombre de Mach modéré (M0 = 3), le maximum de la partie réelle des valeurs propres
est inférieur à zéro (max(Re(λ(S))) = −0.1477), donc la perturbation ne s’amplifie pas avec le
temps. Cependant avec un écoulement en amont à nombre de Mach élevé (M0 = 7), nous pouvons
observer des valeurs propres dont la partie réelle est supérieure à zéro (max(Re(λ(S))) = 2.3741).
Ces observations numériques sont conformes aux études dans la littérature [20].

20

10
Im( λ)

-10

-20
-50 -40 -30 -20 -10 0
Re(λ)

Figure 6.18 – Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe pour le schéma
de VFFC, M0 = 3.

187
30

20

10

Im(λ)
0

-10

-20

-30
-50 -40 -30 -20 -10 0
Re(λ)

Figure 6.19 – Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe pour le schéma
de VFFC, M0 = 7.

Remarque 2. Si on considère l’équation de la perturbation (6.107) sans la contribution du


terme |B(T )|, nous pouvons obtenir les valeurs propres de la matrice de stabilité comme illustrées
sur la Figure 6.20. Nous avons

max(Re(λ(S))) = −0.2856, (6.120)

donc la perturbation reste bornée au cours du temps. Nous pouvons remarquer alors que
l’intervention du terme |B(T )| avec ses deux valeurs propres nulles conduit à l’instabilité du choc
[75].

En partant de cette remarque, nous pouvons ajouter une correction Qy (T ) afin de stabiliser
le choc stationnaire. Ceci est effectivement l’idée de la correction H. Comme le choc stationnaire
considéré ici est essentiellement en 1D, la correction d’entropie ηf (voir la Section 6.5.2) est nulle
sur toutes les faces perpendiculaires à la direction y. Avec la correction H (voir la Section 6.8.2),
la correction d’entropie sur les faces perpendiculaires à la direction y dépend alors de celle sur les
faces perpendiculaires à la direction x. Comme dans [75], nous pouvons utiliser

∆x ∂λp (T )
Qy (T ) = max , (6.121)
2 p ∂x

où λp est la p-ième valeur propre de la jacobienne A(T ). Cette proposition de Qy (T ) correspond
p
effectivement à la correction ηf dans l’équation (6.53) si on évalue ∂λ
∂x sur une face entre les
cellules i et i − 1 par
 p
∂λ λp (ui ) − λp (ui−1 )
= . (6.122)
∂x i− 1 ∆x
2

188
20

10

Im(λ)
0

-10

-20
-40 -30 -20 -10 0
Re(λ)

Figure 6.20 – Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe sans le terme
|B(T )|, M0 = 7.

Nous pouvons maintenant évaluer le rôle de la correction H, introduite dans la Section 6.8.2, en
étudiant la matrice de stabilité S avec la prise en compte de Qy (T ) donnée par l’équation (6.121).
Comme illustré sur la Figure 6.21, avec la correction H, la partie réelle des valeurs propres de la
matrice de stabilité S reste inférieure à zéro, et effectivement l’instabilité de choc est éliminé avec
cette correction (voir la Section 6.8.2).
30

20

10
Im(λ)

-10

-20

-30
-60 -50 -40 -30 -20 -10 0
Re(λ)

Figure 6.21 – Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe, M0 = 7 avec
la correction H.

6.8.3.2 Schéma de HLLE


Maintenant on considère le schéma de HLLE, pour lequel nous avons (voir la Section 6.6)
b+ + b− b+ b−
S HLLE (uL , uR ) = , QHLLE (uL , uR ) = −2 . (6.123)
b+ − b− b+ − b−
Dans la direction x, nous avons
bl = vx − c, br = vx + c, (6.124)
où vx est la vitesse des fluides dans la direction x, c est la vitesse du son. Nous obtenons alors
max(0, vx + c) + min(0, vx − c)
Sx A = A, (6.125)
max(0, vx + c) − min(0, vx − c)
max(0, vx + c) · min(0, vx − c)
Qx = −2 (6.126)
max(0, vx + c) − min(0, vx − c)

189
Similairement, dans la direction y, nous avons

bl = vy − c, br = vy + c, (6.127)

où vy est la vitesse des fluides dans la direction y (dans notre configuration ici avec un choc
unidimensionnel vy = 0). Nous pouvons obtenir

max(0, vy + c) + min(0, vy − c)
Sy B = B = 0, (6.128)
max(0, vy + c) − min(0, vy − c)
max(0, vy + c) · min(0, vy − c)
Qy = −2 = c. (6.129)
max(0, vy + c) − min(0, vy − c)

L’équation de la perturbation s’écrit maintenant


 
∂δ ∂ [A(T )δ] ∂δ ∆x ∂ ∂δ 0 ∂T (x)
+ + B(T ) = Sx (T )A(T ) + [Sx (T )A(T )] δ
∂t ∂x ∂y 2 ∂x ∂x ∂x
 
∆x ∂ ∂δ ∂T (x)
+ Qx (T ) + Qx (T )0 δ
2 ∂x ∂x ∂x
∆y ∂ 2 δ
+c , (6.130)
2 ∂y 2

Remarque 3. Si on considère l’évolution de la perturbation autour d’un état stationnaire


constant, c’est-à-dire que T (x) = T (constante) et vx = 0, l’équation de la perturbation (6.130)
devient :
∂δ ∂δ ∂δ ∆x ∂ 2 δ ∆y ∂ 2 δ
+ A(T ) + B(T ) =c + c , (6.131)
∂t ∂x ∂y 2 ∂x2 2 ∂y 2
qui consiste en une convection et une diffusion de la perturbation δ. Cette perturbation va ainsi
rester bornée.

Nous pouvons maintenant effectuer la même expérience numérique que pour le schéma de
VFFC. Les résultats sont montrés sur les Figures 6.22 et 6.23. Comme prévu, la perturbation
ne s’amplifie pas avec le temps pour les deux cas M0 = 3 (max(Re(λ(S)) = −0.8316) et M0 =
7 (max(Re(λ(S))) = −0.6777), effectivement le schéma de HLLE ne souffre du problème du
carbuncle [67].

20

10
Im( λ)

-10

-20
-50 -40 -30 -20 -10 0
Re(λ)

Figure 6.22 – Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe pour le schéma
de HLLE, M0 = 3.

190
20

10

Im( λ)
0

-10

-20
-50 -40 -30 -20 -10 0
Re(λ)

Figure 6.23 – Les valeurs propres de la matrice de stabilité S sur le plan complexe pour le schéma
de HLLE, M0 = 7.

Dans cette section, nous avons utilisé la théorie de l’équation équivalente pour étudier
l’évolution de la perturbation dans un choc stationnaire. Nous avons effectué la semi-discrétisation
en espace sur l’équation de la perturbation afin d’obtenir la matrice de stabilité. Avec la matrice de
stabilité, nous avons montré que l’utilisation du schéma de VFFC pouvait entraı̂ner une instabilité
de choc tandis que l’utilisation du schéma de HLLE ne produirait pas d’instabilité. Nous avons
aussi vu que l’ajout de la correction H dans le schéma de VFFC éliminait effectivement l’instabilité
de choc.

191
Chapitre 7

Conclusion générale

Dans cette thèse, nous avons développé un solveur de pression sur maillage non structuré
avec variables colocalisées pour le modèle bi-fluide à six équations. Ce solveur de pression est
basé sur la méthode semi-implicite utilisée dans plusieurs codes industriels grâce à son efficacité,
sa robustesse et son adaptation dans l’étude de la thermohydraulique des centrales thermiques.
De plus le solveur de pression est bien adapté aux écoulements à faible nombre de Mach, par
conséquent il s’avère approprié pour simuler les écoulements diphasiques, qui sont souvent
caractérisées par une variété de nombres de Mach en raison du mélange de gaz et de liquide.
Pour pouvoir simuler des écoulements dans les géométries complexes, il est avantageux d’utiliser
des maillages non structurés avec variables colocalisées. Cependant à cause du faible couplage
entre la pression et la vitesse, le problème du mode en échiquier risque d’apparaı̂tre dans les
solveurs de pressions. Pour éviter ce problème, comme dans le code CUPID, nous avons utilisé
l’interpolation de Rhie et Chow pour calculer la vitesse sur la face des cellules.

Nous avons appliqué la méthode semi-implicite au modèle homogène équilibré qui assure
l’équilibre dynamique et thermique entre les deux phases. Ce modèle simplifié s’adapte surtout
à la simulation des écoulements dispersés, et a été utilisé par plusieurs auteurs pour simuler des
composants industriels. De plus ce modèle nous permet d’étudier des propriétés mathématiques
de la méthode numérique. Nous avons introduit des techniques pour traiter l’apparition et la
disparition des phases, qui peuvent être dues au transfert de chaleur, à un élargissement ou
rétrécissement brusque des tuyères, ou à la séparation de phase par gravité. Nous avons inclus la
force de défaut de pression interfaciale pour rendre le modèle bi-fluide hyperbolique. Avec cette
force, le problème aux valeurs initiales associé au modèle bi-fluide devient bien posé, et nous
pouvons obtenir des résultats numériques sans instabilité lorsque la diffusion numérique diminue
en raffinant le maillage. Nous avons couplé le modèle bi-fluide avec une équation de transport
pour la concentration d’aire interfaciale. Les termes interfaciaux provenant de l’opération de
moyenne pour obtenir le modèle bi-fluide dépendent de la concentration d’aire interfaciale, donc
la prédiction de ce paramètre est crucial pour l’application du modèle bi-fluide.

Nous avons proposé une version conservative de la méthode numérique, sachant que cette
propriété de conservation est essentiellement pour qu’une méthode soit capable de capturer les
chocs dans les écoulements monophasiques. Pour le modèle bi-fluide, cette méthode conservative
assure la conservation de masse, de quantité de mouvement et d’énergie totale du mélange. Nous
avons développé une méthode quasi-implicite qui élimine la condition de stabilité limitée par la
vitesse des fluides. Cette méthode nous permet d’effectuer des simulations à grands pas de temps
pour les situations dont seules les solutions stationnaires qui nous intéressent ou le processus
d’intérêt se produit lentement. Nous avons montré que la condition de stabilité pour la méthode
semi-implicite est la condition CFL limitée par la vitesse des fluides pour le modèle des équations
d’Euler. Pour le modèle bi-fluide, nous n’avons étudié que quelques cas asymptotiques en raison
de sa complexité. Nous avons montré que pour le modèle bi-fluide de base, i.e. sans la force de

192
traı̂née ni les termes régularisants rendant son système mathématique hyperbolique, la méthode
numérique n’est stable que pour une petite vitesse relative dans le cas où la vitesse du son est
élevée et la perturbation est de basse fréquence. Cependant si la force de traı̂née est suffisamment
grande et où un modèle de la force du défaut de pression intermédiaire approprié est introduit
dans le modèle bi-fluide, la méthode numérique peut retrouver sa stabilité sous la condition CFL
limitée par la vitesse des fluides. Nous avons montré que la méthode semi-implicite possède la
propriété de préservation asymptotique dans le cadre des équations d’Euler. Ceci signifie que la
méthode numérique tend vers une discrétisation des équations d’Euler incompressible lorsque le
nombre de Mach tend vers 0, ainsi la méthode numérique se comporte bien à faible nombre de
Mach.

Nous avons effectué une batterie de cas tests afin de valider la méthode numérique et évaluer
son comportement à différentes configurations physiques. Les résultats numériques ont été
comparés à la solution exacte ou à la solution de référence trouvée dans la littérature ou aux
données expérimentales. Notre solveur de pression est capable de traiter de différents phénomènes
physiques et de produire des résultats d’intérêt industriel.

Nous avons étudié la diffusion numérique pour des schémas numériques dans le cadre des
équations d’Euler avec la technique de l’équation équivalente. Nous avons proposé une correction
d’entropie pour le schéma VFFC pour qu’il produise des résultats physiques en présence de
détente transsonique. Nous avons utilisé la diffusion numérique pour remédier au problème de la
verrue rencontré lors d’un écoulement compressible autour d’un objet émoussé. Nous avons étudié
l’évolution de la perturbation dans un choc stationnaire, qui est lié au problème de verrue, avec la
technique de l’équation équivalente. Pour l’instant, nous n’avons utilisé la technique de l’équation
équivalente que pour analyser des corrections d’entropie ainsi que l’instabilité numérique du choc
stationnaire. Dans la suite du travail, nous pouvons utiliser cet outil pour trouver une correction
d’entropie appropriée.

En ce qui concerne la simulation numérique des écoulements diphasiques, il y a des pistes à


explorer et des améliorations à faire à l’issue de cette thèse. En premier lieu, dans la littérature,
il existe plusieurs variantes de la méthode semi-implicite, par exemple des méthodes dans la
famille SIMPLE. Ces méthode diffèrent de notre méthode dans la façon d’aboutir à l’équation
de pression et aussi dans le choix des termes à calculer implicitement. Certaines méthodes
utilisent une méthode itérative pour résoudre chaque évolution en temps, et d’autres utilisent une
méthode directe. Il est important d’étudier ces différentes variantes pour connaı̂tre les avantages
et les contraintes de ces méthodes. Ceci nous permet de choisir la méthode appropriée pour une
application donnée et d’améliorer notre méthode actuelle. Effectivement, pour le modèle bi-fluide
avec la pression interfaciale le rendant hyperbolique, on observe toujours des zones d’instabilité
numérique quand on étudie le polynôme caractéristique de la matrice d’amplification. Il est
alors souhaitable dans la suite d’améliorer la méthode numérique pour que cette instabilité
disparaisse. Ensuite, la méthode numérique ne possède qu’une précision d’ordre 1 en temps et en
espace. Pour augmenter la précision, nous pouvons dans la suite utiliser la reconstruction de type
MUSCL pour la discrétisation en espace, et la méthode de type Crank-Nicolson (e.g., RK2CN
dans la littérature) ou la méthode Runge-Kutta implicite-explicite (IMEX Runge-Kutta) pour la
discrétisation en temps.

Par ailleurs, il est à noter que la validité et la précision des résultats numériques issus du
modèle bi-fluide dépendent largement des relations constitutives, i.e., la modélisation des termes
d’échange entre les phases. Or dans ce travail, nous avons utilisé uniquement des relations
simples pour montrer le comportement de la méthode numérique en produisant des résultats
physiquement acceptables, mais non à la recherche des résultats numériques comparables aux
données expérimentales. Pour ce faire, nous devons comme dans les codes industriels inclure

193
des relations physiques plus réalistes selon les régimes d’écoulement. De plus, pour avoir un
code à usage industriel, nous devons aussi prendre en compte d’autres phénomènes physiques
dans notre modèle, tel que la diffusion, les effets turbulents, etc. Nous pouvons également
ajouter des modèles de transfert de chaleur à la paroi, comme ceci est très important pour les
centrales thermiques. Nous pouvons coupler notre code avec un code système qui suppose plus
d’hypothèses simplificatrices afin de simuler des grands systèmes. Le code système nous donne
des connaissances globales de l’écoulement, et notre code nous indique des détails locaux de
l’écoulement. De plus, il n’y a pas de consensus sur le modèle à utiliser pour la modélisation des
écoulements diphasiques. Nous avons utilisé dans ce travail le modèle bi-fluide. Ce modèle est le
plus simple qui prend en compte à la fois le déséquilibre mécanique et le déséquilibre thermique
entre les 2 phases. Dans la suite du travail, nous pouvons généraliser la méthode semi-implicite à
des modèles plus fins, tel que les modèles multichamps ou le modèle à 7 equations. Ce dernier,
déjà utilisé dans le code système RELAP7, possède l’avantage d’être hyperbolique.

Le modèle bi-fluide, issus des opérations de moyenne, suppose la présence des deux phases à
chaque endroit du domaine physique. Lorsqu’il y a disparition de phase, les grandeurs physiques
de la phase évanescente restent indéterminés. Nous avons dans ce travail adopté la stratégie de
conditionner les termes sources pour que la vitesse de la phase évanescente reste proche de celle
de la phase présente, et l’enthalpie de la phase évanescente proche de l’enthalpie de saturation.
Mais il y a encore des améliorations à faire dans cet aspect-là. Par exemple, pour une interface
franche entre les deux phases, il existe une discontinuité dans la force extérieure due à la différence
importante entre les masses volumiques des deux phases, et un traitement non approprié peut
produire des oscillations dans certains grandeurs physiques, et ainsi détériorer les résultats
numériques. Nous pouvons, comme suggéré dans la littérature, envisager un décentrement de la
force extérieure et aussi la prise en compte de la force extérieure dans l’interpolation de Rhie et
Chow. Pour les termes sources de chaleur, il reste aussi à trouver une discrétisation décentrée
consistante afin de traiter la discontinuité des termes sources.

Nous savons que les méthodes numériques de type solveur de pression ont été initialement
développées pour les écoulements incompressibles. Elles sont donc bien adaptées aux écoulements
à faible nombre de Mach. Effectivement nous avons montré la propriété de la préservation
asymptotique de la méthode semi-implicite pour les équations d’Euler, donc il reste à généraliser
ces résultats au modèle bi-fluide à 6 équations ou avoir des résultats similaires.

Finalement, dans ce travail, nous n’avons pas considéré la performance des différents solveurs
linéaires pour résoudre notre système. Dans la suite du travail, nous pouvons choisir un solveur
linéaire approprié pour notre méthode numérique, et envisager à paralléliser notre code afin de
simuler des cas industriels en 3D.

194
Annexe A

Dérivée par rapport aux variables


thermodynamiques arbitraires

Dans la formulation IAPWS-IF97 [96], les variables thermodynamiques sont exprimées


par des polynômes en fonction de la pression P et la température T . Donc seules leurs
dérivées par rapport à P et T peuvent être déterminées directement. Avec X, Y et Z, variables
thermodynamiques arbitraires, données en fonction de P et T , on cherche à calculer ∂X
∂Y Z (Y, Z).

On commencer par choisir Y et Y comme variables indépendantes :

X(P, T ) = X(P (Y, Z), T (Y, Z)), (A.1)

on obtient alors
         
∂X ∂X ∂P ∂X ∂T
(Y, Z) = (P, T ) · (Y, Z) + (P, T ) · (Y, Z). (A.2)
∂Y Z ∂P T ∂Y Z ∂T P ∂Y Z

D’ailleurs, on peut exprimer P comme fonction de Y et Z :

P = P (Y (P, T ), Z(P, T )). (A.3)


∂P

Le fait que ∂T P (P, T ) = 0 conduit à :
       
∂P ∂Y ∂P ∂Z
(Y, Z) · (P, T ) + (Y, Z) · (P, T ) = 0, (A.4)
∂Y Z ∂T P ∂Z Y ∂T P

∂P

et ∂P T = 1 donne :
       
∂P ∂Y ∂P ∂Z
(Y, Z) · (P, T ) + (Y, Z) · (P, T ) = 0. (A.5)
∂Y Z ∂P T ∂Z Y ∂P T

Les deux équations (A.4) and (A.5) forment un système linéaire de dimension 2 × 2
 ∂Y  ∂Z
   ∂P    
∂T P (P, T ) ∂T P (P, T ) ∂Y  Z (Y, Z) =
0
, (A.6)
∂Y ∂Z ∂P 1
∂P T (P, T ) ∂P T (P, T ) ∂Z Y (Y, Z)

avec le déterminant de la matrice det = ∂Y ∂Z ∂Z ∂Y


   
∂T P (P, T )· ∂P T (P, T )− ∂T P (P, T )· ∂P T (P, T ),
on aboutit à
− ∂Z

∂T P (P, T )
 
∂P
(Y, Z) = . (A.7)
∂Y Z det

195
∂T

Similairement, en introduisant T = T (Y (P, T ), Z(P, T )), avec ∂P T (P, T ) = 0, nous avons
       
∂T ∂Y ∂T ∂Z
(Y, Z) · (P, T ) + (Y, Z) · (P, T ) = 0, (A.8)
∂Y Z ∂P T ∂Z Y ∂P T

∂T

avec ∂T P (P, T ) = 1, nous avons
       
∂T ∂Y ∂T ∂Z
(Y, Z) · (P, T ) + (Y, Z) · (P, T ) = 1. (A.9)
∂Y Z ∂T P ∂Z Y ∂T P

Sous forme matricielle, nous avons :


 ∂Y  ∂Z
  ∂T
   
∂P T (P, T ) ∂P  T (P, T ) ∂Y  Z (Y, Z)
=
0
, (A.10)
∂Y ∂Z ∂T 1
∂T P (P, T ) ∂T P (P, T ) ∂Z Y (Y, Z)
∂Y ∂Z ∂Z
  
avec le déterminant de la matrice det2 = − ∂T P (P, T ) · ∂P T (P, T ) + ∂T P (P, T ) ·
∂Y

∂P T (P, T ). On obtient

∂Z

− (P, T )
 
∂T ∂P T
(Y, Z) = . (A.11)
∂Y Z det2

En reportant les 2 équations (A.7) and (A.11) dans la formule (A.2), on obtient finalement

− ∂X ∂Z ∂X ∂Z
   
∂P T (P, T ) · ∂T P (P, T ) + ∂T P (P, T ) · ∂P T (P, T )
 
∂X
(Y, Z) = ∂Y ∂Z
. (A.12)
∂Y Z (P, T ) − ∂Z (P, T ) · ∂Y
   
∂T (P, T ) · ∂P
P ∂T T ∂P (P, T ) P T

196
Annexe B

Modèle d’Euler

On donne ici la définition des variables utilisées dans l’implémentation de la méthode


semi-implicite pour le modèle d’Euler. Les variables primitives sont
 
P
W = U ~ . (B.1)
h

Les variables supplémentaires :  


ρ

 e 


 E 


 H 


 T 

 ∂ρ 
 ∂P 
 ∂ρ 
 ∂h 
Wsupp = α . (B.2)
 
X 
 

hsat
 
v
 
sat
 
 hl 
ρsat
 
v
 
 sat


 ρl  
 T sat 
c
Les variables conservatives :  
ρ
~ .
V =  ρU (B.3)
ρE
Quelques variables nécessitées par la méthode semi-implicite :

β~
 
 Pf 
 
 ρe  .
Winterface =   (B.4)
 Φ 
δPf

197
Les paramètres physiques à saisir par l’utilisateur

~g
 

 γ 

 π0 
Wcst = . (B.5)

 Cv 

 fk 
d

Les termes sources  


0
RHS =  ρ~g  . (B.6)
S

198
Annexe C

L’inversibilité de la matrice A pour le


modèle d’Euler

La pression P et l’enthalpie spécifique h étant choisies comme variables thermodynamiques


indépendantes, la matrice A issue de la discrétisation des équations scalaires pour le modèle
d’Euler (voir la Section 3.3.3) est donnée par
     
∂ρ ∂ρ
∂h P (P, h) (P, h)
A=    ∂P h . (C.1)
∂ρ ∂ρ
ρ + h ∂h (P, h) h ∂P (P, h) − 1
P h

Le déterminant de la matrice est


   
∂ρ ∂ρ
det(A) = −ρ (P, h) − (P, h). (C.2)
∂P h ∂h P

Si on choisit la pression P et l’énergie interne spécifique e comme variables indépendantes, la


masse volumique peut s’exprimer par

ρ = ρ(P, h) = ρ (P, h(P, e)) . (C.3)

Nous avons
       
∂ρ ∂ρ ∂ρ ∂h
(P, e) = (P, h) + (P, h) · (P, e). (C.4)
∂P e ∂P h ∂h P ∂P e

À partir de l’identité
P
h=e+ , (C.5)
ρ(P, e)
on obtient
 
∂ρ

∂h
 ρ−P ∂P (P, e)
e
(P, e) = . (C.6)
∂P e ρ2

Nous avons alors


   
∂ρ

∂ρ
 
∂ρ
 
∂ρ
 ρ−P ∂P (P, e)
e
ρ (P, e) = ρ (P, h) + (P, h) ·  
∂P e ∂P h ∂h P ρ
       
∂ρ ∂ρ P ∂ρ ∂ρ
=ρ (P, h) + (P, h) − (P, h) · (P, e). (C.7)
∂P h ∂h P ρ ∂h P ∂P e

199
Donc
     
P ∂ρ ∂ρ
det(A) = − ρ + (P, h) · (P, e). (C.8)
ρ ∂h P ∂P e

Selon l’identité ρ = P/(h − e(P, h)), nous avons


( )
∂e
 
−P 1 − ∂h (P, h)
 
P ∂ρ P P
ρ+ (P, h) = ρ + ·
ρ ∂h P ρ (h − e)2
   
∂e
=ρ−ρ 1− (P, h)
∂h P
 
∂e
= (P, h). (C.9)
∂h P

Donc nous obtenons finalement le déterminant de la matrice A


   
∂e ∂ρ
det(A) = −ρ (P, h) · (P, e). (C.10)
∂h P ∂P e

On peut remarquer que la condition pour que la matrice A soit inversible est
   
∂e ∂ρ
(P, h) 6= 0, et (P, e) 6= 0, (C.11)
∂h P ∂P e

la 2-ième condition implique que le fluide n’est pas incompressible. Pour la première condition, si
(∂e/∂h)P (P, h) = 0, alors

ρ = ρ(P, e) = ρ(P, e(P )), (C.12)

ce qui en général n’est pas le cas pour un fluide compressible. On peut conclure que pour un
fluide compressible, la matrice A est toujours inversible.
   
∂ρ ∂ρ
Le calcul des deux dérivées ∂h et ∂P est donné dans la Section 2.5.4 pour chaque
P h
phase. Nous détaillons ici ces dérivées pour le mélange, i.e. 0 ≤ X ≤ 1 (voir l’équation (3.152))
dans le cadre du modèle homogène d’équilibré. Nous avons à partir de l’équation (3.153) la masse
volumique

1 h − hsat
l (P ) h − hsat
v (P )
= − sat (P ) , (C.13)
ρ L(P ) ρsat
v (P ) L(P ) ρl

où L(P ) = hsat sat


v (P ) − hl (P ) est la chaleur latente. Un calcul direct donne
 
∂ρ
∂h P 1 1
− = − sat (P ) , (C.14)
ρ2 L(P ) ρsat
v (P ) L(P ) ρl

et
   h dL(P ) sat dρsat
i
∂ρ dhsat v (P )
h − hsat

l (P ) (P ) ρv (P ) + L(P )
∂P h dP l dP dP
− =− − 2
ρ2 L(P ) ρsat
v (P ) [L(P ) ρsat
v (P )]
dρsat
h i
l (P )
 dL(P ) sat
dhsat h − hsat

v (P ) v (P ) dP ρ l (P ) + L(P ) dP
dP
+ sat + 2 , (C.15)
L(P ) ρl (P ) sat

L(P ) ρl (P )

200
dhsat
k (P ) dρsat
k (P )
où les dérivées dP et dP (k ∈ {v, l}) sont données par

dhsat dhk (P, T sat (P )) dT sat (P )


   
k (P ) ∂hk sat ∂hk
= = (P, T (P )) + (P, T sat (P ))
dP dP ∂P T ∂T P dP
sat sat
1 − T λv, k sat (P )
sat dT
= sat + CP, k , (C.16)
ρk dP

et
dρsat dρk (P, T sat (P )) dT sat (P )
   
k (P ) ∂ρk sat ∂ρk
= = (P, T (P )) + (P, T sat (P ))
dP dP ∂P T ∂T P dP
sat
sat sat dT (P )
= κsat sat
T, k ρk − λv, k ρk , (C.17)
dP
où la notation (.)sat signifie que les grandeurs physiques correspondantes sont obtenues avec
(P, T sat (P )), λv, k , CP, k et κT, k sont respectivement la dilatation thermique isobare, la capacité
thermique à pression constante et la compressibilité isotherme pour la phase k (voir la Section
2.5.4 pour les définitions).

201
Bibliographie

[1] Site internet de Maple, http ://www.maplesoft.com.


[2] Site internet de Salome, http ://www.salome-platform.org.
[3] RELAP5/MOD3.3 Code Manual Volume I : Code Structure, System Models, and Solution
Methods, 2001.
[4] R. Aris. Vectors, tensors and the basic equations of fluid mechanics. Prentice Hall, 1962.
[5] F. Barre, M. Parent, and B. Brun. Advanced numerical methods for thermalhydraulics.
Nuclear Engineering and Design, 1993.
[6] D. Bestion. The physical closure laws in the CATHARE code. Nuclear Engineering and
Design, 1990.
[7] D. Bestion. The phase appearance and disappearance in the CATHARE code. In
International Workshop on Trends in Numerical and Physical Modeling for Industrial
Multiphase Flows, Cargèse, France, 2000.
[8] H. Bijl and P. Weseling. A unified method for computing incompressible and compressible
flows in boundary-fitted coordinates. Journal of Computational Physics, 1998.
[9] M. Boucker. Modélisation numérique multidimensionnelle d’écoulements diphasiques
liquide-gaz en régimes transitoire et permanent : méthodes et applications. PhD thesis, ENS
de Cachan, France, 1998.
[10] A. J. Chorin. Numerical solution of the Navier-Stokes equations. Mathematics of
Computation, 1968.
[11] M. A. Christon. The consistency of pressure-gradient approximations used in
multi-dimensional shock hydrodynamics. International Journal for Numerical Methods in
Fluids, 2010.
[12] S. Clerc. Numerical simulation of the homogeneous equilibrium model for two-phase flows.
Journal of Computational Physics, 2000.
[13] F. Cordier, P. Degond, and A. Kumbaro. An asymptotic-preserving all-speed scheme for the
Euler and Navier-Stokes equations. Journal of Computational Physics, 2012.
[14] F. Cordier, P. Degond, and A. Kumbaro. Phase appearance or disappearance in two-phase
flows. Journal of Scientific Computing, 2014.
[15] F. De Vuyst, J.-M. Ghidaglia, and G. Le Coq. On the numerical simulation of multiphase
water flows with changes of phase and strong gradients using the homogeneous equilibrium
model. International Journal of Finite Volumes, 2005.
[16] J.-M. Delhaye. Équations aux moyennes spatiales et aux moyennes statistiques des
écoulements diphasiques. Communication présentée au Comité technique de la société
Hydrotechnique de France, 1967.
[17] G. Dimarco, R. Loubère, and M.-H. Vignal. Study of a new asymptotic preserving scheme
for the Euler system in the low Mach number limit. <hal-01297238>, 2016.
[18] D. Drew, L. Cheng, and JR. R. T. Lahey. The analysis of virtual mass effects in two-phase
flow. Int. J. Multiphase flow, 1979.

202
[19] D. A. Drew and S. L. Passman. Theory of multicomponent fluids. Springer, 1998.
[20] M. Dumbser. A matrix stability analysis of the carbuncle phenomenon. Journal of
Computational Physics, 2004.
[21] B. Einfeldt. On Gonunov-type methods for gas dynamics. SIAM, 1988.
[22] B. Einfeldt, C. D. Munz, and P. L. Roe. On Gonunov-type methods near low densities.
Journal of Computational Physics, 1991.
[23] K. El Amine. Modélisation et analyse numérique des écoulements diphasiques en déséquilibre.
PhD thesis, Unversité Paris 6, 1997.
[24] S. Faure and J.-M. Ghidaglia. Violent flows in aqueous foams I : physical and numerical
models. European Journal of Mechanics B/Fluids, 2011.
[25] J. H. Ferziger and M. Peric. Computational methods for fluid dynamics. Springer, 2002.
[26] J.-M. Ghidaglia. Flux schemes for solving nonlinear systems of conservation laws. In
Innovative Methods for Numerical Solution of Partial Differential Equations, Chattot J.J.
and Hafez M. Eds, pp 232-242, WORLD SCIENTIFIC, Singapore, 2001.
[27] J.-M. Ghidaglia, A. Kumbaro, and G. Le Coq. On the numerical solution to two fluid models
via a cell centered finite volume method. Eur. J. Mech. B-Fluids, 2001.
[28] W. G. Gray and P. C. Y. Lee. On the theorems for local volume averaging of multiphase
systems. Int. J. Multiphase Flow, 1977.
[29] H. Guillard and C. Viozat. On the behaviour of upwind schemes in the low Mach number
limit. Computers & Fluids, 1999.
[30] F. H. Harlow and A. A. Amsden. A numerical fluid dynamics calculation method for all flow
speeds. Journal of Computational Physics, 1971.
[31] F. H. Harlow and J. E. Welch. Numerical calculation of time-dependent viscous
incompressible flow of fluid with free surface. The Physics of Fluids, 1965.
[32] A. Harten and J. M. Hyman. Self adjusting grid methods for one-dimensional hyperbolic
conservation laws. Journal of Computational Physics, 1983.
[33] T. Hibiki and M. Ishii. One-group interfacial area transport of bubbly flows in vertical round
tubes. International Journal of Heat and Mass Transfer, 2000.
[34] M. Hirano and al. Application of MINCS code to numerical benchmark problems for two-fluid
model. Japanese J. Multiphase Flow, 1987.
[35] C. Hirsch. Numerical computation of internal and external flows. JOHN WILEY & SONS,
1988.
[36] M. A. Holmes. Stability of finite difference approximation of two fluid, two phase flow
equations. PhD thesis, North Carolina State University, 1995.
[37] M. Ishii and T. Hibiki. Thermo-fluid dynamics of two-phase flow. Springer, 2011.
[38] J. J. Jeong and al. Developement and preliminary assessment of a three-dimensional thermal
hydraulics code, CUPID. Nuclear Engineering and Technology, 2010.
[39] J. J. Jeong, H. Y. Yoon, H. K. Cho, J. Kim, and I. K. Park. A semi-implicit numerical
scheme for a transient two-fluid three-field model on an unstructured grid. International
Communications in Heat and Mass Transfer, 2008.
[40] J. J. Jeong, H. Y. Yoon, I. K. Park, H. K. Cho, and J. Kim. A semi-implicit numerical scheme
for transient two-phase flows on unstructured grids. Nuclear Engineering and Design, 2008.
[41] S. Jolgam, A. Ballil, A. Nowakowski, and F. Nicolleau. On equations of state for simulations
of multiphase flows. In Proceeding of the World Congress on Engineering, 2012.
[42] F. Kemm. A carbuncle free Roe-type solver for the Euler equations, pages 601–608. Springer,
2008.

203
[43] S. Klainerman and A. Majda. Singular limits of quasilinear hyperbolic systems with large
parameters and the incompressible limit of compressible fluids. Communications on Pure
and Applied Mathematics, 1981.
[44] S. Klainerman and A. Majda. Compressible and incompressible fluids. Communications on
Pure and Applied Mathematics, 1982.
[45] R. Klein. Semi-implicit extension of a Godunov-type scheme based on low Mach number
asymptotics I : one-dimensional flow. Journal of Computational Physics, 1995.
[46] A. Kumbaro. Simplified eigenstructure decomposition solver for the simulation of two-phase
flow systems. Computers & Fluids, 2012.
[47] A. Kumbaro, V. Seignole, and J.M. Ghidaglia. Flux schemes for the two-fluid models of the
TRIO U code. In Workshop AMIF-ESF ’Computing Methods for Two-Phase Flow’, Aussois,
France, 2000.
[48] C. Labourdette and L. Le Tarnec. Quicksteam à l’épreuve du changement de phase.
In International Workshop on Trends in Numerical and Physical Modeling for Industrial
Multiphase Flows, Cargèse, France, 2012.
[49] R. J. Leveque. Numerical methods for conservation laws. Lectures in Mathematics, ETH
Zurich, 1990.
[50] R. J. Leveque. Finite volume methods for hyperbolic problems. Cambridge University Press,
2002.
[51] D. R. Liles and Wm. H. Reed. A semi-implicit method for two-phase fluid dynamics. Journal
of Computational Physics, 1978.
[52] M.-S. Liou. A sequel to AUSM : AUSM+. Journal of Computational Physics, 1996.
[53] M.-S. Liou and C. J. Steffen, JR. A new flux splitting scheme. Journal of Computational
Physics, 1993.
[54] R. Loubère. Validation test case suite for compressible hydrodynamics computation.
Technical report, Los Alamos National Laboratory, 2005.
[55] R. W. Lyczkowski, D. Gidaspow, C. W. Solbrig, and E. D. Hughes. Characteristics and
stability analysis of transient one-dimensional two-phase flow equations and their finite
difference approximations. Nuclear Science Engineering, 1978.
[56] J. H. Mahaffy. A stability-enhancing two-step method for fluid flow calculations. Journal of
Computational Physics, 1982.
[57] D. J. Mavriplis. Revisiting the least-squares procedure for gradient reconstruction on
unstructured meshes. American Institute of Aeronautics and Astronautics, 2003.
[58] E. Morano and R. Sanders. Carbuncle phenomenon : on upwind schemes in multidimensions.
C. R. Acad. Sci. Paris, 1997.
[59] M. Ndjinga. Quelques aspects de modélisation et d’analyse des systèmes issus des écoulements
diphasiques. PhD thesis, École Centrale de Paris, 2007.
[60] H. Paillère. On the extension of the AUSM+ scheme to compressible two-fluid models.
Computers & Fluids, 2003.
[61] M. Pandolfi and D. D’Ambrosio. Numerical instabilities in upwind methods : analysis and
cures for the carbuncle phenomenon. Journal of Computational Physics, 2001.
[62] I. K. Park, H. K. Cho, H. Y. Yoon, and J. J. Jeong. Numerical effects of the semi-conservative
form of momentum equations for multi-dimensional two-phase flows. Nuclear Engineering and
Design, 2009.
[63] S. V. Patankar. Numerical heat transfer and fluid flow. Taylor & Francis, 1980.
[64] M. Pelanti, L. Quartapelle, and L. Vigevano. A review of entropy fixes as applied to Roe’s
linearization. Teaching material of the Aerospace and Aeronautics Department of Politecnico
di Milano, 2001.

204
[65] M. Peric, R. Kessler, and G. Scheuerer. Comparison of finite-volume numerical methods with
staggered and colocated grids. Computers & Fluids, 1988.
[66] J. M. Powers, J. D. Bruns, and A. Jemcov. Physical diffusion cures the carbuncle phenomenon.
In 53rd AIAA Aerospace Sciences Meeting and Exhibit, Florida, 2015.
[67] J. J. Quirk. A contribution to the great Riemann solver debate. International Journal for
Numerical Methods in Fluids Vol. 18, 1994.
[68] V. H. Ransom. Numerical benchmark test No. 2.1 : faucet flow. Multiphase Science and
Technology, volume 6, 1992.
[69] V. H. Ransom. Numerical benchmark test No. 2.2 : oscillating manometer. Multiphase
Science and Technology, volume 6, 1992.
[70] V. H. Ransom and D. L. Hicks. Hyperbolic two-pressure models for two-phase flow. Journal
of Computational Physics, 1984.
[71] C. M. Rhie and W. L. Chow. Numerical study of the turbulent flow past an airfoil with
trailing edge separation. AIAA, 1983.
[72] J.-Ch. Robinet, J. Gressier, G. Casalis, and J.-M. Moschetta. Shock wave instability and
carbuncle phenomenon : same intrinsic origin ? Journal of Fluid Mechanics, 2000.
[73] P. L. Roe. Approximate Riemann solvers, parameter and difference schemes. Journal of
Computational Physics, 1981.
[74] J.-M. Rovarch. Solveurs tridimensionnels pour les écoulements diphasiques avec transfert
d’énergie. PhD thesis, ENS de Cachan, 2006.
[75] R. Sanders, E. Morano, and M.-C. Druguet. Multidimensional dissipation for upwind
schemes : stability and applications to gas dynamics. Journal of Computational Physics,
1998.
[76] R. Saurel and R. Abgrall. A multiphase Godunov method for compressible multifluid and
multiphase flows. Journal of Computational Physics, 1999.
[77] V. Seignole. Modélisation physique et numérique d’écoulements eau-vapeur
multidimensionnels : modèles bifluides avancées, application de méthodes de volumes
finis décentrés. PhD thesis, ENS de Cachan, France, 2005.
[78] G. Serre and D. Bestion. Two-phase water-hammer simulation with the CATHARE code.
9th International Conference on Nuclear Engineering, France, 2001.
[79] A. S. Shieh and al. RELAP5/MOD3 Code Manuel, Validation of Numerical Techniques in
RELAP5/MOD3, 1994.
[80] A. R. Simpson. Large water hammer pressures due to column separation in sloping pipes.
PhD thesis, University of Michigan, 1986.
[81] H. B. Stewart. Stability of two-phase flow calculation using two-fluid models. Journal of
Computational Physics, 1979.
[82] H. B. Stewart and B. Wendroff. Two-phase flow : models and methods. Journal of
Computational Physics, 1984.
[83] J. C. Strikwerda. Finite difference schemes and partial differential equations. SIAM, 2004.
[84] J. H. Stuhmiller. The influence of interfacial pressure forces on the character of two-phase
flow model equations. Int. J. Multiphase Flow, 1977.
[85] H. Städtke. Gas dynamic aspects of two-phase flow. Wiley-VCH, 2006.
[86] H. Städtke and al. Advanced three-dimensional two-phase flow simulation tools for
application to reactor safety (ASTAR). Nuclear Engineering and Design, 2005.
[87] M. J. Thurgood and al. COBRA/TRAC - A thermal-hydraulics code for transient analysis
of nuclear reactor vessels and primary coolant systems, 1983.

205
[88] I. Tiselj and al. WAHA3 Code Manual. Jozef Stefan Institute, Slovenia, 2004.
[89] E. F. Toro. Riemann solvers and numerical methods for fluid dynamics. Springer, 1999.
[90] I. Toumi. A weak formulation of Roe’s approximate Riemann solver. Journal of
Computational Physics, 1992.
[91] I. Toumi, A. Bergeron, D. Gallo, E. Royer, and D. Caruge. FLICA-4 : a three-dimensional
two-phase flow computer code with advanced numerical methods for nuclear applications.
Nuclear Engineering and Design, 2000.
[92] I. Toumi and A. Kumbaro. An approximate linearized Riemann solver for a two-fluid model.
Journal of Computational Physics, 1996.
[93] I. Toumi, A. Kumbaro, and H. Paillère. Approximate Riemann solvers and flux vector
splitting schemes for two-phase flow. 30th Computational Fluid Dynamics, von Karman
Institute for Fluid Dynamics, 1999.
[94] J. A. Trapp and R. A. Riemke. A nearly-implicit hydrodynamic numerical scheme for
two-phase flows. Journal of Computational Physics, 1986.
[95] D.R Van der Heul, C. Vuik, and P. Wesseling. A conservative pressure-correction method for
flow at all speeds. Computers & Fluids, 2003.
[96] W. Wagner et al. The IAPWS industrial formulation 1997 for the thermodynamic properties
of water and steam. Journal of Engineering for Gas Turbines and Power, 2000.
[97] P. Wesseling and al. Unified methods for computing compressible and incompressible flows.
European Congress on Computational Methods in Applied Sciences and Engineering, 2000.

206
Titre : Modélisation, analyse, et simulation d’écoulements en thermohydraulique par
modèles 6 équations

Keywords : écoulements diphasiques, modèle bi-fluide à six équations, méthode semi-implicite,


maillage non structuré, fable nombre de Mach, diffusion numérique.

Résumé : Ce travail de thèse porte sur le développement d’un solveur de pression sur maillage non
structuré avec variables colocalisées pour la résolution numérique des écoulements diphasiques. Nous
adoptons la méthode semi-implicite dans ce travail grâce à son efficacité et son application avec succès
dans plusieurs codes industriels. De plus cette méthode est complétée par la méthode quasi-implicite en
vue d’être capable d’effectuer des simulations à grands pas de temps. Comme dans le code CUPID, nous
utilisons l’interpolation de Rhie et Chow pour calculer la vitesse sur la face pour éviter le problème du
mode en échiquier rencontré dans les solveurs de pression lors de la colocalisation de toutes les variables
du système. Le fait de pouvoir utiliser des maillages colocalisés (structurés ou non structurés) permet de
traiter les géométries complexes.

Nous détaillons la méthode semi-implicite utilisée dans notre travail, y compris le traitement de
l’apparition et la disparition de phase, la discrétisation de l’équation de transport d’aire interfaciale,
etc. Nous appliquons la méthode semi-implicite au modèle homogène équilibré qui suppose l’équilibre
dynamique et thermique entre les deux phases. Nous proposons des améliorations pour la méthode
semi-implicite, tel que sa simplification en une étape qui conduit ensuite à la méthode quasi-implicite,
et sa version conservative qui assure la conservation de masse, de quantité de mouvement et d’énergie
totale du mélange. Nous étudions quelques propriétés mathématiques de la méthode semi-implicite, tel
que la stabilité numérique pour les équations d’Euler et pour le modèle bi-fluide à six équations, et la
préservation asymptotique pour les équations d’Euler. Une batterie de cas tests benchmarks et de cas
tests avec données expérimentales sont effectuées pour valider notre méthode numérique et évaluer son
comportement. Des résultats d’intérêt physique peuvent être obtenus à partir du modèle bi-fluide malgré
le fait qu’il n’est pas hyperbolique sans les termes régularisants. Ceci est dû à la diffusion numérique
introduite par des méthodes numériques. Nous étudions donc la diffusion numérique à l’aide de l’outil
équation équivalente. Nous utilisons la diffusion numérique pour traiter le problème de la verrue dans le
cadre des équations d’Euler.

Université Paris-Saclay
Espace Technologique / Immeuble Discovery
Route de l’Orme aux Merisiers RD 128 / 91190 Saint-Aubin, France
207
Title : Modeling, analysis and simulation of multiphase flow in thermo-hydraulics by
6-equation models.

Keywords : two-phase flows, bi-fluid model, semi-implicit method, unstructured grid, low Mach
number, numerical diffusion.

Abstract : This work is devoted to the development of a pressure solver on unstructured grids with
colocated variables for the numerical resolution of two-phase flows. We adopt the semi-implicit method in
this work because of its effectiveness and its successful application in several industrial codes. Moreover,
this method is supplemented by the nearly implicit method in order to be able to perform simulation
with large time steps. As in the CUPID code, we use Rhie and Chow’s interpolation method to calculate
the velocity at a cell face to prevent the checker-board problem encountered in pressure solvers when
all the system variables are colocated. The use of colocated grids (structured or unstructured) makes it
possible to treat complex geometries.

We give details of the semi-implicit method used in our work, including the treatment of phase appearance
and disappearance, the discretization of the interfacial area transport equation, and so on. We apply the
semi-implicit method to the homogeneous equilibrium model which assumes a dynamic and thermal
equilibrium between the two phases of a fluid. We propose improvements for the semi-implicit method,
such as its simplification in one step which later leads to the nearly implicit method, and its conservative
version which ensures the conservation of mass, momentum and total energy of the mixture. We study
some mathematical properties of the semi-implicit method, such as the numerical stability for the Euler
equations and the bi-fluid six-equation model, and the asymptotic preservation for the Euler equations.
A battery of benchmark test cases and test cases with experimental data are carried out to validate our
numerical method and to evaluate its numerical behaviour. Results of physical interest can be obtained
from the bi-fluid model despite the fact that it is not hyperbolic without regularizing terms. This is due
to the numerical diffusion introduced by numerical methods. We therefore study the numerical diffusion
using the equivalent equation tool. We use numerical diffusion to treat the carbuncle problem in the
context of the Euler equations.

Université Paris-Saclay
Espace Technologique / Immeuble Discovery
Route de l’Orme aux Merisiers RD 128 / 91190 Saint-Aubin, France
208

Vous aimerez peut-être aussi