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Le serpent et l'indien

(très vieille légende indienne)


Il y a des lunes et des lunes, dans un temps très ancien, le soleil par un phénomène étrange s’était
arrêté au-dessus de la terre ! Jour après jour il brûlait la terre ne laissant aucun répit aux êtres vivants.
Il n’y avait pas d’ombre pour se protéger de la brûlure du soleil et pas de nuit pour se reposer.
Hommes et animaux ne pouvaient plus dormir, dès qu’ils s’endormaient la brûlure du soleil les
réveillait !
Tous ? Non un être vivant était parvenu à s’adapter : le serpent ! Les Indiens le voyaient se cacher sous les
arbres et les pierres pour y dormir. Ils tentèrent bien de l’imiter, mais là encore le soleil les trouvait
les réveillait en leur brûlant les paupières. Ils durent bien se rendre à l’évidence, le serpent possédait
le secret de l’ombre et des ténèbres.
Un peu partout les messages de fumées s’envolèrent, un grand conseil exceptionnel fut organisé pour
trouver le moyen de posséder le secret de l’ombre. Après bien des heures de palabres un vieux
sorcier fut choisi pour parlementer avec le serpent et lui apporter un présent.
Le vieux sorcier invoqua longtemps l’esprit des anciens et de son totem le grand pic avant de s’enfoncer
dans la forêt et de se diriger vers le royaume des serpents. Tout prudent qu’il fut il réveilla le roi des
serpents en s’approchant de lui. Le roi des serpents se réveilla de fort méchante humeur « qui es-tu
homme pour troubler ainsi mon sommeil ? »
Tremblant de peur le vieux sorcier déposant l’arc et les flèches qu’il apportait en cadeau devant le roi
serpent et lui dit « je suis un vieil homme bien fatigué comme tous les hommes de la terre et je t’offre
au nom de tous les peuples ces cadeaux en espérant que tu partageras avec nous le secret de
l’ombre ».
Le roi serpent n’était pas d’humeur à accepter les cadeaux de celui qu’il l’avait réveillé aussi lui dit-il
« mais que ferais-je donc d’un arc et des flèches, ne sais-tu pas que je n’ai ni bras ni mains vieil
homme stupide ! ».
« C’est vrai, reconnu le vieux sorcier, ce cadeau est indigne de toi, je vais aller consulter le conseil pour
trouver un cadeau digne de toi. »
Le vieux sorcier s’en retourna dans son village où l’attendait avec impatience le grand conseil. Après de longs
palabres les anciens décidèrent d’offrir au roi des serpents une crécelle pour accompagner ses danses. Ils
fabriquèrent une crécelle dont le bruit ravissait les oreilles en espérant que le serpent se laisserait charmer.
Le vieux sorcier retourna chez le roi des serpents qui lui dit « Es-tu vraiment stupide vieil homme, que veux-tu que
je fasse d'une crécelle moi qui n’ai ni bras ni mains ! » Mais le vieux sorcier qui s’attendait à cette remarque lui
répondit « je vais l’attacher au bout de ta queue ainsi tu pourras l’entendre et accompagner tes magnifiques
danses. » Tout en parlant le sorcier attacha la crécelle à la queue du serpent qui tomba sous le charme de la
musique. Tout fier de sa queue musicale le roi des serpents donna un petit sac de cuir au sorcier. « Tiens vieil
homme ce sac contient un peu de ténèbres »
Le sorcier trouva le sac bien petit et se dit qu’il ne serait jamais suffisant pour permettre à son peuple de se reposer
« Grand Roi des serpents que pourrions-nous t’offrir en échange de la nuit complète ? ». Le roi des serpents
pris de longues minutes avant de répondre. « Ce que tu me demandes est très important vieil homme, je veux
un cadeau d’égale importance. Apporte-moi une grande cruche du poison que vous mettez au bout de vos
flèches et je te donnerai de quoi obtenir des nuits complètes. »
Le vieux sorcier remercia le roi des serpents pour le petit sac et retourna dans son village. Le vieux sorcier était si
fatigué qu’il s’empressa d’ouvrir le sac contant l’ombre. Alors la terre fut plongée dans le noir profond et chacun
put enfin se reposer. Mais cela ne dura guère car le sac était bien petit ! Le sorcier présenta la demande du roi
serpent devant tout le grand conseil réuni. La demande du serpent étonna beaucoup les Indiens, mais retrouver la
nuit était si important pour les habitants de la terre que le grand conseil décida de donner au roi des serpents ce
qu’il demandait.
Remplir une cruche de poison dura si longtemps que le roi des serpents ne s’attendait plus à revoir le vieux
sorcier. « Je ne pensais plus te revoir mon ami, mais je suis heureux de te voir, car vois-tu si ton peuple ne
dors plus, le mien n’est respecté par personne. On nous méprise et on nous écrase. Grâce à ce poison mon
peuple pourra enfin se défendre et vivre en paix. Fais-moi la grâce de ne pas ouvrir ce sac avant d’être
arrivé à ton village, cela me laissera le temps de distribuer le poison à tout mon peuple. » Le roi échangea
un grand sac d’ombre contre la cruche de poison et le vieux sorcier retourna chez lui.
Le vieil homme était si heureux qu’il ne pouvait s’empêcher de crier son bonheur à tous les êtres vivants
qu’il rencontrait sur le chemin du retour. La rumeur de son arrivée le précéda au village, chacun se
précipita à sa rencontre pour voir le sac d’ombre. Hommes, femmes et enfants tous voulaient
approcher le sac qui leur permettrait de se reposer et de se protéger du soleil. Il s’ensuivi une
bousculade générale et le sac s’ouvrit et la terre fut plongée dans la nuit. Sans le vouloir le vieux
sorcier n’avait pas pu tenir la promesse faite au roi des serpents qui surpris par l’arrivée brutale de la
nuit lâcha la cruche de poison. Le roi des serpents n’avait pas eu le temps de distribuer le poison à
tous ses sujets.
Depuis ce jour la terre a retrouvé l’alternance du jour et de la nuit mais la morsure de certains serpents est
mortelle.
On reconnaît encore aujourd’hui les descendants du très sage roi des serpents à leur bruit de crécelle !

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