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Travail d’Etude de Li

Travail d’étude Licence 3 de Psychologie

Nom : COURREGELONGUE
Prénom : Mathilde
N° étudiant : 21905638

Année universitaire 2022-2023

UE4 Spécialisation en Psychologie Clinique et Pathologique

Titre du mémoire : L’art-thérapie : une approche pour diminuer le niveau


d’alexithymie des jeunes adultes avec un trouble du spectre autistique

Nom de l’enseignant encadrant : Aurore ETCHEPARE


ENGAGEMENT DE NON PLAGIAT

Je soussigné (e) Mathilde Courrègelongue

étudiant(e) en Licence 3 de Psychologie,

déclare avoir connaissance du fait que le plagiat de documents ou d’une partie d’un
document publiés sur toute forme de supports (y compris l’Internet) constitue une violation
des droits d’auteurs.

Je déclare avoir également connaissance du fait que le plagiat constitue une fraude
caractérisée dans le cadre de l’examen de l’UE4 du S6 du diplôme auquel je suis inscrit(e).

En conséquence, je m’engage à citer toutes les sources ayant servi de base à la rédaction de
ce document.

Date : 10/04/2023

Signature :

Cet engagement doit être inséré en première page de tous les rapports, dossiers et mémoires
1. INTRODUCTION

En France, d’après l'Inserm, environ 700 000 personnes sont concernées par
le trouble du spectre autistique (TSA), et vivant toutes un handicap social. Ce trouble
a un impact important sur les individus, la société, et des recherches constantes sont
en cours afin d’approfondir nos connaissances, notamment sur les causes et les
facteurs de risques, sur nos méthodes de diagnostic et d’accompagnement. Il est
indispensable de comprendre au mieux les besoins spécifiques de ces personnes
afin d’optimiser la prise en charge et le soutien. Dans cette étude, nous avons ainsi
choisi de nous concentrer sur le trouble du spectre autistique, et de nous focaliser
sur l’alexithymie, une dimension de la cognition sociale. Dans un premier temps,
nous allons définir nos concepts et faire un état des lieux des connaissances
scientifiques déjà disponibles sur la question posée, nous décrirons en suivant notre
méthode, telle que la population de l’étude, les outils utilisés, la procédure ainsi que
la démarche analytique. Nous finirons par une discussion qui reprendra les intérêts
cliniques et mettra en lumière les limites de l’étude.

L’autisme est un trouble du développement qui entraîne un handicap reconnu


depuis 1996, qui affecte le comportement, la communication et les interactions
sociales (DSM-5). Il est généralement diagnostiqué dans l'enfance et persiste tout au
long de la vie. Aujourd'hui, la définition la plus couramment utilisée est celle donnée
par la cinquième édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux
(DSM-5) publié par l'association américaine de psychiatrie en 2013. Au-delà de sa
complexité et de la récence de son réel intérêt, certaines particularités caractérisent
ce trouble, notamment le développement atypique de la communication, de la
socialisation, du jeu, de l’imagination, et de la variété des comportements et intérêts
(DSM-5). Les personnes avec un TSA présentent des difficultés au niveau des
interactions sociales, notamment au niveau des comportements non verbaux
(regard, mimiques…), ainsi que par des comportements restreints, répétitifs et
stéréotypés (DSM-5).

La cognition sociale est effectivement considérée comme un élément principal


des difficultés des personnes avec un TSA. Elle fait référence à l’ensemble des
processus cognitifs impliqués dans les relations interpersonnelles (Speranza M.).

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Selon Baron-Cohen (1995), les personnes atteintes de TSA ont des difficultés à
comprendre les émotions, les intentions et les pensées des autres, et à utiliser ces
informations pour guider leur propre comportement social. L’une des dimensions de
la cognition sociale est l'alexithymie, qui est un concept introduit par Sifneos en 1973
pour décrire une difficulté à identifier, à décrire et à exprimer ses émotions.
Effectivement, plusieurs études ont examiné le lien qu’elle entretient avec l'autisme
(Kinnaird, Stewart et Tchanturia, 2019), avec des résultats qui montrent que les
personnes avec un TSA présentent un niveau significativement plus élevé
d’alexithymie que les personnes sans TSA, notamment une difficulté à identifier les
émotions. Les auteurs soulignent également l'importance de prendre en compte
l'alexithymie dans la prise en charge des personnes atteintes de TSA, car cela peut
avoir des implications pour leur bien-être émotionnel et leur qualité de vie. Même s’il
est important de noter que toutes les personnes atteintes de TSA ne présentent pas
d'alexithymie et que l'alexithymie n'est pas spécifique à l'autisme, il nous semble
pertinent de nous intéresser à ce concept chez les personnes ayant un trouble du
spectre autistique, et voir dans un schéma global si un programme d’art-thérapie
peut moduler leur niveau d’alexithymie.

L’art-thérapie est un accompagnement de personnes à travers la production


d'œuvres artistiques (Klein), pouvant êtres plastiques, picturales, musicales,
corporelles etc. C’est une pratique qui a émergé à partir des années 1900 en
France, avec la première exposition internationale en 1950 d’art psychopathologique
à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris, lors du premier congrès mondial de psychiatrie.
L’art-thérapie est reconnue comme un accompagnement thérapeutique pour les
personnes atteintes de la maladie d'alzheimer, pour les malades de cancer, de
dépression (Joshua K., Rainbow T.), et notamment pour les personnes ayant un TSA
(Giraud, Pain, 2015). Plusieurs études ont en effet étudié l'efficacité de l'art-thérapie
chez ces dernières, notamment pour aider les enfants à améliorer leurs
compétences sociales et communicationnelles, à réduire les comportements
répétitifs et à améliorer la qualité de vie globale (Schweizer, J. Knorth, Spreen,
2017). L'utilisation de l'art-thérapie a été étudié auprès des patients alexithymiques,
et permettrait d’améliorer les capacités d'expression émotionnelle (Smeijsters, Groot,
1994). L’art-thérapie en groupe a également prouvé son efficacité, notamment sur
l’alexithymie des personnes schizophrènes (Kim, Wiser, Kim, 2018).

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La littérature actuelle est peu abondante en population adulte. Cela dit,
quelques domaines de l’art ont déjà fait l’oeuvre de recherches dans cette
population, en montrant une amélioration significative de la qualité de vie de ces
personnes, notamment la danse-thérapie (Koch, Mehl, Sobanski, Sieber, & Fuchs,
2015), la musicothérapie (Boso, Emanuele, Minazzi, Abbamonte, Politi, 2007), et ces
deux domaines en interaction (Mateos-Moreno, Atencia-Doña, 2013). D’après Freya
Pinney, toutes les pratiques artistiques peuvent ne pas être adaptées pour les
neurodivergents, en raison de leur sensibilité, leur communication et de leur
cognition différentes. L’utilisation de matériaux sensoriels, la création
d'environnements sûrs et prévisibles et l'utilisation de stratégies de communication
alternative sont donc nécessaires afin de maximiser le bien-être et la thérapie. Une
approche neurodivergente-affirmative, qui reconnaît et valorise les différences
neurologiques serait d’autant plus préférable plutôt que de les considérer comme
des déficits ou des pathologies à corriger (Freya Pinney, 2022). Nous tâcherons
d’intégrer ces dits au sein de notre étude, afin de mener au mieux nos ateliers.

Globalement, un consensus est établi entre les recherches réalisées sur


l’art-thérapie et son potentiel pour les personnes avec un TSA ou alexithymiques.
Cependant, les résultats statistiques sont souvent faibles et des échantillons plus
importants seraient nécessaires. De plus, la plupart des études se focalisent sur la
population des enfants ou des adolescents. Or, les jeunes adultes, les adultes et les
personnes âgées sont assez peu étudiées et mériteraient plus d'intérêt. Ainsi, nous
voulons savoir si l’art-thérapie peut avoir un impact sur le niveau d’alexithymie des
jeunes adultes ayant un trouble du spectre autistique. L’objectif étant de mesurer,
avec l’échelle d’alexithymie de toronto (toronto alexithymia scale TAS-20), le niveau
d’alexithymie des participants ainsi que chaque dimension du test, avant et après
avoir participé aux ateliers d’arts-thérapie. Nous voulons voir si une diminution
significative est observée. Nous proposons les hypothèses théoriques suivantes :

HT1 : Le niveau d’alexithymie des participants du groupe art-thérapie sera


plus bas après avoir participé aux ateliers d’art-thérapie (AAT) qu’avant d’y avoir
participé.

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HT2 : Le niveau d’alexithymie des participants ayant participé aux AAT sera
plus bas que celui des participants n’ayant pas participé aux AAT.
HT3 : Les participants ayant participé aux AAT auront moins de difficulté à
identifier leurs émotions que les participants n’ayant pas participé aux AAT.
HT4 : Les participants ayant participé aux AAT auront moins de difficulté à
décrire leurs émotions que les participants n’ayant pas participé aux AAT.
HT5 : Les participants ayant participé aux AAT auront moins tendance à
orienter la réaction émotionnelle vers les manifestations somatiques plutôt que
verbales que les participants n’ayant pas participé aux AAT.

2. MÉTHODOLOGIE
2.1. Population

Nous avons donc choisi de porter notre intérêt à la population des jeunes
adultes, car nous trouvons une lacunes prédominantes de recherches sur cette
population là, pour ce qui est du TSA (souvent tournées vers les enfants). C’est une
période de la vie de transition importante, où les personnes doivent faire face à de
nombreux défis liés à l’âge adulte, tels que la vie sociale, l’indépendance, les études
etc. Les personnes ayant un TSA sont confrontées à plus de difficultés face à cette
période de transition. Il est donc important de développer des interventions adaptées
à leurs besoins. On peut également ajouter que les jeunes adultes ont souvent des
capacités de communication et des compétences cognitives plus avancées que les
enfants, ce qui peut faciliter la collecte de données, et amener plus de précisions sur
leur fonctionnement. Nous avons défini la tranche d’âge de nos participants à partir
de 18 ans pour des raisons éthiques. En effet, les participants mineurs (moins de 18
ans) sont considérés comme étant une population vulnérable et nécessitent une
protection supplémentaire en matière de consentement et de confidentialité. Par
conséquent, les études impliquant des mineurs doivent être examinées de manière
plus approfondie par les comités d'éthique et les réglementations sont plus strictes.
La limite de 25 ans est généralement adoptée dans l’ensemble des études en
sciences humaines. Nous avons donc défini la tranche d’âge à partir de cette
généralité.

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Les critères d’inclusion de l’étude sont les suivants, indifféremment du genre
(car nous ne nous intéressons pas aux différences qui peuvent subsister entre les
genres dans cette étude) : les personnes ont entre 18 et 25 ans, et sont
diagnostiquées avec un TSA selon les critères diagnostiques standardisés. Ensuite,
ils ont obtenu un score total à la TAS-20 supérieur ou égal à 50 (niveau à partir
duquel l’alexithymie est présente). Évidemment, ils comprennent le but de l'étude et
donnent leur consentement éclairé pour y participer. Les critères d'exclusion sont les
suivants : Les personnes n’étant pas à l’aise avec la peinture acrylique, son odeur
ou sa matière, ou étant allergique. Les personnes ne pouvant ou ne sachant pas
écrire, ainsi que les personnes n’étant pas du tout à l’aise dans une pièce avec
d’autres personnes.

Nous avons décidé de recruter 60 participants, afin de rendre les analyses


statistiques assez fiables et valides, ainsi que pour favoriser l’échange entre les
personnes pendant les ateliers d’art-thérapie. (groupe de 30 personnes divisé en
deux groupes de 15 personnes). Les participants seront randomisés dans les deux
groupes afin de minimiser les biais de sélection. Pour le recrutement, nous nous
dirigeons vers des cliniques spécialisées dans le traitement des TSA, vers des
groupes de soutien, ou toute autre organisation pour les personnes atteintes de
TSA. Nous pouvons donc contacter ces organisations pour leur demander de
diffuser les informations sur notre étude auprès de leurs membres. Les réseaux
sociaux peuvent également être une option, via instagram par exemple, où de
nombreuses personnes aujourd’hui mettent en avant leur trouble en santé mentale
et créent une communauté regroupant des milliers de personnes.

2.2. Matériel

Pour les ateliers, nous avons choisi d’utiliser la médiation peinture d’une part,
qui est souvent utilisée dans les interventions d'art-thérapie en raison de sa facilité
d'utilisation et de la liberté d'expression qu'elle offre. Les couleurs et les formes
peuvent être utilisées pour représenter les émotions, même si l'expression verbale
est difficile. Elle peut également offrir une expérience sensorielle agréable et
apaisante, ce qui peut aider les personnes atteintes d'alexithymie et de TSA à se
sentir plus en sécurité et plus à l'aise pour s'exprimer. La peinture pourrait en effet

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montrer son efficacité dans l’amélioration significative des interactions et
compétences sociales, de la communication verbale et non verbale, et de
l’expression émotionnelle (Zeinab Jalambadani).

La médiation écriture d’autre part, qui peut être particulièrement utile pour les
personnes alexithymiques, car elle peut leur permettre de mieux comprendre et
exprimer leurs émotions de manière plus claire et précise (Aldrich T. G., 2011).
L'écriture expressive encourage les individus à écrire librement sur leurs émotions et
leurs expériences, tandis que l'écriture narrative se concentre sur la création d'une
histoire cohérente pour aider à comprendre un problème ou un défi personnel. Enfin,
l'écriture poétique encourage la créativité et la réflexion symbolique, et explore les
émotions et sentiments (Luigi Solano, Maria Bonadies et Michela Di Trani). Nous
allons nous concentrer sur ces trois formes d’écriture dans les ateliers d’art-thérapie,
invitant les participants à collaborer avec les autres participants ou alors d’effectuer
la tâche individuellement.

La roue des émotions est un outil visuel qui permet de représenter les
différentes émotions humaines et leurs relations entre elles. Nous avons décidé de
l’apporter aux ateliers comme un outil d’accompagnement. Ainsi, les personnes
pourront s’aider de cette roue pour identifier, comprendre ou exprimer leurs
émotions. Elle a été développée par Robert Plutchik, un psychologue américain,
dans les années 1980. Elle se compose de huit émotions de base : la joie, la
confiance, la peur, la surprise, la tristesse, le dégoût, la colère et l'anticipation, et
sont disposées en cercle, chacunes reliées à deux autres émotions adjacentes,
créant ainsi des couleurs mixtes ou des émotions secondaires. C’est donc un outil
qui peut se montrer utile pour les personnes atteintes de TSA et/ou d’alexithymie.

Nous avons choisi d’utiliser la TAS-20 (Twenty-item toronto Alexithymia


Scale), qui est largement utilisée dans la recherche. Elle a été développée par
Bagby, Parker et Taylor en 1994 et a été validée dans plusieurs langues et cultures
différentes. Ce test est considéré comme l'un des plus fiables et les plus valides pour
évaluer l'alexithymie. En effet, plusieurs études ont montré une bonne validité et
fiabilité interne, ainsi qu’une fiabilité test-retest (Williams, Z. J., & Gotham, K. O.,
2021). La TAS-20 est composée de 20 items, chacun noté sur une échelle de Likert

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de 5 points allant de 1 (complètement en désaccord) à 5 (complètement d'accord).
Les 20 items sont répartis en trois sous-échelles, qui mesurent différentes
dimensions de l'alexithymie : La sous-échelle D1 mesurant la difficulté à identifier les
émotions, composée de 7 items. La sous-échelle D2 mesurant la difficulté à décrire
les émotions, composée de 5 items. Et enfin la sous-échelle D3 mesurant une
tendance à orienter la réaction émotionnelle vers les manifestations somatiques
plutôt que verbales (la pensée opératoire), composée de 8 items. Pouvant varier de
20 à 100, le score total de la TAS-20 est obtenu en faisant la somme des scores de
chacun des items. Des scores plus élevés indiquent une plus grande présence
d'alexithymie. Nous pouvons donc faire une analyse plus fine des différentes
dimensions de l'alexithymie, en prenant en compte tous les scores.
Opérationnalisation des variables :
HO1 : Chez les participants du groupe art-thérapie, le score total de la
TAS-20 avant d’avoir participé aux ateliers d’art-thérapie (AAT) sera significativement
plus élevé que le score total de la TAS-20 après y avoir participé.
HO2 : Le score total de la TAS-20 des participants ayant participé aux AAT
sera significativement plus bas que celui des participants n’ayant pas participé aux
AAT.
HO3 : Les participants ayant participé aux AAT auront un score D1
significativement plus bas que les participants n’ayant pas participé aux AAT.
HO4 : Les participants ayant participé aux AAT auront un score D2
significativement plus bas que les participants n’ayant pas participé aux AAT.
HO5 : Les participants ayant participé aux AAT auront un score D3
significativement plus bas que les participants n’ayant pas participé aux AAT.

2.3. Procédure

Nous allons ainsi séparer de manière aléatoire les 60 participants en deux


groupes. Le premier (le groupe témoin ou contrôle) ne recevra pas d’intervention
d’art-thérapie. Le second, partagé en deux groupes de 15 personnes, afin de
favoriser l’échange et l’interaction sociale, participera aux ateliers. La durée et la
fréquence optimales ne sont pas clairement établies dans la littérature. Cependant,
certaines recherches suggèrent que des séances d'art-thérapie régulières peuvent
améliorer les capacités d'expression émotionnelle et de communication des

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personnes atteintes de TSA (Malchiodi, 2016). Nous avons choisi la fréquence de 1
atelier par semaine, durant 12 semaines, soit 3 mois, afin de favoriser le
changement dans une période éthique et réalisable. Les ateliers se dérouleront dans
une seule et même pièce tout au long de l’étude (spacieuse, éclairage suffisant),
accompagnés de deux seuls intervenants (dont un étudiant en psychologie niveau
master, ainsi qu’un professionnel certifié art-thérapeute). Nous nous sommes basés
sur les ouvrages de Chidiac-Grizot, N., de Batlle, S., de P. Moron, J.-L. Sudres, G.
Roux, et de Anne-Marie Dubois pour la mise en place des ateliers et du cadre. Nous
avons décidé de dédier chaque séance à une médiation particulière, afin d’optimiser
la concentration et l’implication. Ainsi, la peinture et l’écriture seront deux ateliers à
part, se succédant durant les 12 semaines.

Les ateliers de peinture seront d’une durée de deux heures, afin de permettre
un temps d’accueil des personnes étant une réelle transition entre le monde
extérieur et l’espace concis pour créer et échanger (Anne-Marie Dubois, 2017) et un
temps de rangement. Tout le matériel est fourni, comprenant la peinture acrylique,
les pinceaux, l’eau, les récipients, les toiles et le papier, ainsi que des matériaux
comme les éponges ou les couteaux de peinture, et enfin un sèche-cheveux et une
blouse pour protéger les vêtements. Les ateliers d’écriture seront d’une durée
variant de 45 minutes à 1 heure, comprenant une phase de consigne, une phase
d’écriture et une phase de lecture. Tout le matériel sera également fourni,
comprenant des feuilles de tout types (blanche, de couleur ou à carreaux), des
stylos, des crayons à papier, des gommes, ainsi que des taille-crayons et des
dictionnaires. Les détails des exercices proposés et des consignes se trouvent en
annexes, pour chaque atelier, et se basent sur les ouvrages cités précédemment.

2.4. Démarche analytique

Afin de tester les hypothèses de l’étude, nous allons d’abord vérifier les
conditions d’application du test T de Student avec le test Shapiro, notamment la
distribution normale des scores ainsi que l’homogénéité des variables. Si les
conditions sont respectées, nous pouvons alors réaliser le test t, avec un seuil de
significativité de 0.05. Pour tester l'hypothèse 1 (différence significative avant et
après les ateliers d'art-thérapie pour le groupe d'art-thérapie) nous allons utiliser un

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test t de Student pour échantillons appariés. Pour tester l'hypothèse 2 (différence
significative entre les scores de TAS-20 des participants du groupe art-thérapie et
ceux du groupe contrôle) et pour les hypothèses 3, 4 et 5 (différences significatives
entre les scores D1, D2 et D3 des participants du groupe art-thérapie et ceux du
groupe contrôle), nous allons procéder à un test t de Student pour échantillons
indépendants. Si les conditions ne sont pas respectées, alors nous pourrons réaliser
le test non-paramétrique de Wilcoxon pour échantillons appariés pour l’hypothèse 1.
Le test non-paramétrique de Mann-Whitney pourra être utilisé pour les hypothèses
2, 3, 4 et 5. Enfin, nous pourrons analyser les résultats et confirmer ou non nos
hypothèses.

3. DISCUSSION

Notre étude sur l’efficacité de l’art-thérapie sur la diminution de l’alexithymie


chez les personnes atteintes de TSA pourrait avoir un intérêt clinique important,
notamment pour aider à mettre en place des stratégies thérapeutiques pour aider
ces personnes. L'art-thérapie est une approche de psychothérapie qui utilise
l'expression artistique pour aider les individus à explorer et à mieux comprendre
leurs émotions, leurs pensées et leurs comportements. C’est une approche non
directive qui peut leur permettre de se concentrer sur leurs propres processus
internes plutôt que sur les attentes extérieures (Dubois, A., 2017). Elle peut donc
aider les personnes alexithymiques à explorer leurs émotions de manière plus libre
et moins stressante. L’art-thérapie peut donc être un outil thérapeutique efficace qui
offre une alternative non verbale à l'expression émotionnelle. Ainsi, pour le bien-être
psychologique des personnes avec un TSA et pour les aider à diminuer leur niveau
d’alexithymie et donc mieux comprendre leurs émotions et celles des autres,
l’art-thérapie pourrait être une alternative intéressante.

Cependant, certaines limites de l’étude sont à prendre en considération.


Premièrement, les résultats que nous pourrions obtenir pourraient varier en fonction
des besoins individuels des participants et des caractéristiques de l’intervention
proposée. La peinture et l’écriture pourraient de pas avoir le même effet sur
l’ensemble des personnes. Il y a donc une variabilité interindividuelle à prendre en
considération. De plus, des différences au niveau démographiques telles que le

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niveau d’étude, l’âge, ainsi que l’environnement social et familial des personnes
pourraient apporter une différence et avoir une influence sur les résultats de l’étude.
De même pour les participants du groupe contrôle, n’ayant pas reçu d’intervention
en art-thérapie, pourraient avoir eu des changements dans leur environnement qui
auraient impactés les résultats également. De plus, nous n’avons pas exclu les
personnes sous traitement médicamenteux. Or, ces derniers pourraient influencer
les résultats, en ayant un impact sur la cognition ou d’autres aspects psychiques des
personnes. La taille des échantillons est également trop petite pour en conclure un
impact significatif et représentatif de la population.

Par la suite, il serait pertinent d'inclure d'autres outils et techniques artistiques


pour offrir une gamme plus large d'options aux participants. En effet, la sensibilité
individuelle de chaque personne peut influencer leur réceptivité aux différentes
méthodes, ce qui peut affecter les résultats. Il serait donc judicieux de personnaliser
l'expérience en fonction des préférences artistiques de chacun. En outre, il serait
intéressant d'analyser si les deux formes d'art-thérapie utilisées (peinture et écriture)
ont eu le même effet sur les participants et/ou si elles ont été complémentaires, en
précisant les aspects du psychisme et de la cognition qui ont été affectés. Il serait
également pertinent d’adapter ce programme d’art-thérapie aux personnes TSA à
haut potentiel intellectuel ainsi qu’à bas potentiel intellectuel, et pourquoi pas
agrandir la population et l’adapter aux personnes âgées, aux enfants, et aux adultes.

Il est important de noter que l’art-thérapie pourrait être un accompagnement


complémentaire, et non une intervention principale qui remplacerait les
accompagnements psychiatriques ou psychologiques, ou les traitements
médicamenteux. Par conséquent, les résultats de l'étude devront être interprétés
avec prudence et nécessitent des études supplémentaires pour confirmer leurs
conclusions.

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4. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES (AUX NORMES APA 7EME ÉDITION)

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Consensus-based typical elements of art therapy with children with autism spectrum
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Speranza, M. (2009). Cognitions sociales et schizophrénie à début précoce.


Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, 57(1), 14-20.

Thommen, E., Cartier-Nelles, B., Guidoux, A., & Wiesendanger, S. (2010). Les
particularités cognitives dans le trouble du spectre de l’autisme: La théorie de l’esprit
et les fonctions exécutives. Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, 58(5),
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Williams, Z. J., & Gotham, K. O. (2021). Improving the measurement of alexithymia


in autistic adults: A psychometric investigation of the 20-item Toronto Alexithymia
Scale and generation of a general alexithymia factor score using item response
theory. Autism, 25(4), 961-972.

14
5. ANNEXES

Roue des émotions (Plutchik)

15
Tableaux présentant les exercices proposés dans les ateliers d’écriture et de
peinture.

Ateliers d’écriture Consignes Intérêts

Écriture narrative Demandez à la personne Aider les personnes


d'écrire une histoire fictive ou alexithymiques ou
réelle qui les intéresse, ou de autistes à se concentrer
décrire une expérience qu'ils ont sur leurs expériences et à
vécue, en incluant des détails développer une meilleure
sensoriels pour les aider à se compréhension de leurs
connecter à leurs émotions. sentiments et émotions.

Écriture expressive Demandez à la personne Explorer leurs émotions


d'écrire librement pendant un de manière libre et
certain temps, en laissant les créative.
mots et les émotions se dérouler
sur le papier sans censure ni
jugement.

Écriture poétique * Demandez à la personne Aider à explorer leur


d'écrire un poème en utilisant monde intérieur de
des images, des métaphores et manière créative et
des analogies pour représenter symbolique.
leurs émotions ou leurs
expériences.

Écriture de lettres Demandez à la personne Aider à travailler sur les


d'écrire une lettre à une relations
personne de leur choix, qu'elle interpersonnelles et à
soit réelle ou imaginaire, dans explorer leurs émotions
laquelle elle exprime ses dans un contexte social.
émotions et ses sentiments.

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**Autres propositions d’exercices d’écriture :
LE PORTRAIT CHINOIS SENSORIEL
Tout d’abord, chaque participant est invité à répondre à aux questions du portrait
chinois sensoriel. Ensuite, chacun doit composer un petit texte qui intègre au moins
l’une des réponses, voire plusieurs* :
➢ Si j’étais une odeur, je serais…
➢ Si j’étais un goût, je serais…
➢ Si j’étais une texture, je serais…
➢ Si j’étais une couleur, je serais…
➢ Si j’étais une forme, je serais…
➢ Si j’étais un son, je serais…

LES SUGGESTIONS D’INVITATION


La psychologue Margarita Tartakovsky fournit une liste pratique de quelques
suggestions d’invitations :
➢Ma façon préférée de passer la journée est…
➢Si je pouvais parler à mon moi adolescent, la seule chose que je dirais est....
➢Faites une liste de 30 choses qui vous font sourire.
➢Les mots avec lesquels j'aimerais vivre sont...
➢J'aimerais vraiment que les autres sachent ceci à mon sujet...
➢Qu'est-ce qui vous met toujours les larmes aux yeux ?
➢En 10 mots, décrivez-vous vous-même…

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Ateliers de Consignes Intérêts
peinture

Peindre ses Demandez à la personne de Aider à se concentrer sur


émotions en peindre ses émotions en les aspects visuels de
utilisant des utilisant uniquement les couleurs leurs émotions plutôt que
couleurs primaires primaires (rouge, jaune et bleu) sur les aspects verbaux
et en mélangeant ces couleurs
pour créer des teintes et des
nuances…

Peindre des Demandez de peindre des Aider à se concentrer sur


émotions en émotions en utilisant des formes les aspects visuels des
utilisant des formes géométriques pour représenter émotions plutôt que sur
géométriques différentes émotions (par les aspects verbaux.
exemple, un carré pour la
colère, un cercle pour la
tristesse, etc.).

Peindre son monde Demandez de peindre sa vision Permet à la personne


intérieur intérieure d’elle-même ou de d'explorer son monde
son monde, en utilisant des intérieur et de prendre
couleurs, des formes et des conscience de ses
images qui représentent ses pensées, de ses
pensées et ses émotions. sentiments et émotions.

Peindre des Demandez de peindre des Aider à explorer et à


autoportraits autoportraits en utilisant des développer leur estime de
couleurs et des textures pour soi.
représenter différents aspects
de leur personnalité et de leur
vie.

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**Autre proposition d’exercice de peinture :
L’ACTION PAINTING*
En position debout, il faut projeter ou faire dégouliner de la peinture (à l’aide de pots
dont le fond a été percé par exemple) en tournant autour de la toile.
Permet au corps de s’investir dans le processus de création. Permet de s’exprimer
de manière naturelle et spontanée, favorisant le lâcher-prise et le soulagement des
tensions physiques et psychologiques.

Les exercices pourront être réalisés individuellement ou en groupe.*

Il y a 6 ateliers pour chaque médiation. Les 4 premiers consistent à effectuer


et à découvrir les exercices proposés dans les tableaux. Les 2 derniers
consistent à refaire des exercices déjà faits (ce qui permettra d’entrevoir une
possible évolution dans la création), ou à réaliser d’autres exercices
proposés.**

La roue des émotions de Plutchik sera continuellement présente, en vue


d’aider les participants à mettre un mot sur une sensation, de mettre une
couleur sur un mot, et donc sur l’émotion et la sensation etc.

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