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Effi Brist Résumé

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Personnages
•Effi, 17 ans, est inspirée par la baronne Elisabeth von Ardenne, née
von Plotho (1853-1952)1. Elle s’éteint à l’âge de 29 ans.
•Luise Briest : mère d’Effi.
•Baron Geert von Innstetten : mari d’Effi, il est au service de l’armée
prussienne. Dans le temps, il a voulu se marier avec Luise, mais on l’a rejeté à
cause de son rang jugé trop inférieur.
•Major von Crampas : ami d’Innstetten.

Résumé
Effi Briest, une jeune aristocrate fraîche et dispose, mène une vie quiète au
royaume de Prusse. Le cours de sa vie est tracé par ses parents dont les
décisions sont à leur tour soumises aux mœurs de l’époque. Quand le baron
lui demande sa main, elle s’incline sans émettre de protestations. Ils décident
de partir en voyage sitôt mariés. Féru d’histoire et d’art, le baron discourt
durant tout le périple sans que ses connaissances impressionnent sa jeune
femme.
Très rapidement elle soupçonne que leur maison commune est hantée. Quand
Geert lui raconte la légende d’un fantôme qui vivrait chez eux et qu’elle lui dit
qu’elle a peur, il la tance : si le public se rendait compte de ses affres, les
médisances entraveraient sa carrière. Ce reproche sème la discorde.
Les relations entre le couple et les nobles de la ville sont distantes : Effi est
jugée puérile. Le pharmacien est le seul à se montrer liant, et c’est en le
voyant fréquemment qu’elle arrive enfin à se faire un ami.
La naissance de sa fille Annie la comble, mais très vite la joie cède au fiel.
C’est alors qu’elle se lie d'amitié avec Crampas, qui vient d’arriver en ville
avec sa famille. Elle sait qu’une crise a fêlé le mariage du major et que sa
femme, qui lui fait horreur, en a beaucoup pâti.
Son air badin séduit Effi ; d’emblée sont-ils en communion d’esprit. Leur
intrigue s’achève par une union charnelle : elle se pâme quand il la touche et
qu’il conte fleurette. Elle s’éloigne de son mari dont la pudeur l’enfielle et
d’ailleurs, il travaille tellement dur qu’il prodigue peu d’amour. Elle est si
chagrinée qu’elle peine à voiler sa rage même à Noël.
Par contre, quand le baron est promu à Berlin, la jeune femme exalte : le
déménagement coupera court à l’isolation et à son flirt illicite, dont l’aveu
public sèmerait les problèmes. Le jour du départ, le major lui fait un signe
d’adieu bien qu’elle ait rompu avec lui.
Annie grandit au fil des années. C’est par hasard que le baron trouve les
billets doux que sa femme a écrits à l’adresse du major. Pour frapper son rival
en duel, le baron s’adjoint la compagnie d’un ami qui accepte malgré lui, car
l’idée d’un duel lui paraît hâtive : les amours d’Effi Briest sont vieilles de sept
ans. Mais les normes de l’époque requièrent que l’honneur familial reste
vierge à tout prix, et c’est ainsi que le baron se met en route pour battre son
rival.
Il tue le major et répudie sa femme en gardant Annie qu’il élèvera dans le but
qu’elle rejette Effi. C’est pourquoi la brève rencontre entre Effi et Annie – qui
a lieu des années après le divorce – est viciée par la haine qu’il a inculquée à
sa fille.
Geert n’est pas le seul à chasser Effi. Ses parents la proscrivent à leur tour,
car ceux qui altèrent le nom familial s’aliènent leurs parents. Effi s’isole, le
deuil la mine. Les médecins incitent ses parents à la reprendre, et c’est au
domicile familial qu’elle s’étiole durant des mois : l’interdit l’a flétrie au point
qu’elle décède. Cela fait des années qu’elle n’a plus revu son mari, mais elle
dit qu’elle a tout pardonné. Dans la scène qui clôt le roman, les parents Briest
se demandent si leurs propres actions ont concouru à la chute de leur fille.
Mais ce détail est tellement scabreux que la discussion ne tarde pas à les
lasser.

Lettres & Co

Chapitre I : Manoir de Hohen-Cremmen, aile du manoir, corbeille, au


milieu, cadran solaire + mur du cimetière. Le tout forme un fer à cheval +
étang + balançoire.
- Effi et sa mère = tapis d’autel, mais Effi stoppe son ouvrage pour des
exercices de gymnastique.
- Effi robe bleue et blanche, sylphide, fille de l’air.
- Réalisme symbolique qui aime dissimuler l’important dans l’accessoire :
images modèles de la vie chrétienne reconnues dans la société prusso-
allemande du XIXe siècle : Montrer que dans cette société les mythologèmes
chrétiens font office de gendarmes pour le maintien de l’ordre existant. Mari
= Dieu le père, femme = Marie, pure et si elle devient pécheresse Ève, elle
mérite la condamnation divine et la mort.
- Jardin de Hohen-Cremmen : tout y est symbole de vie religieuse : l’église et
les platanes pour la vertu, la vigne vierge pour la passion, la colombe pour le
Saint-Esprit. Effi en bleu et blanc comme Vierge au moment de l’annonciation.
Condamnée d’avance car a abandonné son saint ouvrage marial.
-Arrivée de ses trois amies : Jumelles Bertha et Herta Jahnke + Hulda
Niemeyer (+ prétentieuse).
- Elle leur annonce la venue du sous-préfet, Geert Von Innstetten, ancien
militaire religieux de sa mère, sous-préfet de Kessin en Poméranie.
- Effi raconte à ses amies comment sa mère lui demande sans cesse de jeter
les épluchures, pour ne pas glisser dessus. Mais elle leur fait remarquer
qu’elle tombe sans cesse, sans jamais rien se casser. Hulda : « Il ne faut pas
tenter son destin ; l’orgueil précède la chute. »
- Parodie de cérémonie pour engloutir dans les eaux le cornet d’épluchures de
groseilles. Effi dit que dans les temps anciens on noyait ainsi de pauvres
malheureuses pour infidélité.

- Grand réalisme de la description dans l’incipit, multitude de détails et


situation spatiale minutieuse.
Le décor posé semble idéalisé, grand nombre de termes fortement
mélioratifs : « dissimulant à demi la balançoire s’élevaient entre l’étang et le
rond-point quelques platanes d’une parfaite beauté ».
- Vivacité de la jeune Effi : « … l’embrasser avec fougue. - pas si fort, Effi, ne
sois pas si passionnée. Tu m’inquiètes quand je te vois ainsi… »
ð Les mouvements de passions sont objets de défense et sujets d’inquiétude
dans l’ambiance ouatée de cette vie bourgeoise.
- Mise en abîme du récit d’amour et de sa puissance cathartique sur ses
auditeurs. Parlant de la rencontre à venir entre sa mère et un ami d’enfance
perdu de vue : « c’est une histoire d’amour qui a son héros et son héroïne et
qui se termine par un sacrifice. Vous ouvrirez de grands yeux et vous serez
bien étonnées ». Plus loin : « une histoire à sacrifice n’est jamais grave ».
- Le caractère d’Effi se dessine à grands traits dans cet incipit, qui aborde
également les thèmes principaux de l’œuvre. Phrases finales : « cela me fait
penser qu’autrefois de pauvres malheureuses ont été jetées ainsi d’une
barque, pour cause d’infidélité naturellement […] - Il racontait toujours des
choses comme ça. Mais on les oublie vite. - Moi pas. Je me rappelle. »
Derniers mots du chapitre.

Chapitre II : Elle préfère jouer à chat et rester habillée en jeune mousse,


plutôt que de se préparer pour le baron : Il est si vieux ! Course poursuite,
mais le baron arrive plus tôt que prévu.
- La mère la regarde et se dit que finalement c’est aussi bien qu’elle reste
ainsi : image même de la vie dans toute sa fraicheur.
- Elle lui dit qu’il vient demander sa main ; Effi n’a pas le temps de répondre,
il arrive : « Elle fut prise d’un frisson nerveux. »
- Symbole dès l’annonce du mariage de la tension qui allait être celle d’Effi,
entre son devoir conjugal et l’attirance pour l’ailleurs, l’insouciance et la fuite
des convenances ; au moment où Effi rencontre pétrifiée son future époux :
« Hertha, la plus hardie, cria dans la salle : -Viens, Effi. ! Puis elle se
courba, toutes deux sautèrent du banc sur lequel elles étaient grimpées,
revinrent au jardin et on n’entendit plus que leurs petits rires étouffés. »

Chapitre III : Fiancés le jour même.


- Émotion de la mère : « elle n’avait pu être l’élue, et sa fille l’était maintenant
à sa place
- Tutoiement proposé par Briest.
- Effi va voir ses amies : Herta en premier, médisances de la mère +
incompréhension des jumelles.
- Inn et Briest discutent : Briest veut rester libre de toutes contraintes, mais
Innstetten pense à ce « Effi, viens » prémonitoire.
- Mais il n’a pris qu’un bref congé, repart, échange de lettres, futilités des
réponses d’Effi.
- Voyage à Berlin avec sa mère pour son trousseau, avec cousin Dagobert.
Mais Effi ne s’intéresse pas trop. Sa mère : « Elle vit dans son monde de
représentations et de rêves. » Mais aime l’élégance, veut la meilleure qualité.
- « elle révélait son véritable caractère. Seules les choses les plus élégantes lui
plaisaient, et si elle ne pouvait se procurer ce qu’il y avait de mieux, elle
renonçait aux objets de second choix, parce que cette qualité seconde n’avait
pour elle plus d’intérêt. […] mais si par extraordinaire il s’agissait de posséder
vraiment quelque chose, il fallait que ce quelque chose fût absolument
original. Et c’était là que son exigence se manifestait. »
- Innstetten accorde lui-même de l’importance à cet « appel provocant », bien
que n’étant « pas superstitieux » : « il lui semblait que dans ce petit fait il y
avait quelque chose de plus qu’un simple hasard. »
- Il arrache l’innocence au paradis de l’enfance, elle sera rappelée à la fin par
son père : « Effi, viens. »
- Mais ce ne sera pas la fatalité qui sera le moteur des malheurs, ou ce rôle
sera joué par la société qui représente et reproduit des conditions de vie
mythiques. Dichotomie Marie femme pure et Ève femme péché.

Chapitre IV : Effi : « je ne suis pas très en faveur de ce que l’on appelle


« un ménage modèle. […] d’abord il y a l’amour mais, tout de suite après, la
gloire et les honneurs, ensuite les distractions -toujours quelque chose de
nouveau, qui me fasse rire ou pleurer. Ce que je ne puis supporter, c’est
l’ennui. »
- « et je pourrais presque dire que je serais tout à fait pour lui si seulement…
Enfin, s’il était un tout petit peu différent. »
- Innstetten est « dogmatique […] moi je ne le suis pas du tout. Vois-tu,
maman, il y a là quelque chose qui me tourmente, qui m’inquiète. Il est gentil,
si bon pour moi, si indulgent, mais… il me fait peur»

Chapitre V : Parole d’un vieil homme de la Cour venu à la noce : « pourquoi


tant d’échec dans la vie ? Toujours par excès de chaleur. »
- Inquiétude de la mère pour l’avenir du couple de sa fille : « … il ne l’amusera
que médiocrement […] ça ira un certain temps, sans grands dégâts, mais elle
finira par s’en apercevoir et elle se sentira offensée. Là, je ne sais pas ce qui
arrivera. Car malgré toute sa douceur et son indulgence, elle peut devenir
enragée, et dans ces moments-là elle ne connaît plus rien. »
- Procédé d’insistance avec deux répétitions dans le chapitre : « il y a
beaucoup de choses dans le monde, Louise » dit Briest, puis « il y a vraiment
trop de choses dans le monde ». Dans les lettres d’E. : « Avec moi il est gentil
comme un ange » puis « il est toujours très juste et surtout avec moi il est
gentil comme un ange ».
Chapitre VIII : Innstetten : « Au moins, pas avant moi. Evidemment, si je
mourais, je préférerais t’emmener aussi. Je ne veux te laisser à personne.
Qu’est-ce que tu en dis ? - Il faut que j’y réfléchisse.»

Chapitre X : Après la frayeur du cauchemar avec le Chinois (Elle rêve


qu’un Chinois hante les lieux), et la dispute avec Innstetten : « … l’affaire du
prince. Ne pas répondre à ses invitations !... Il y a de quoi rire. Car enfin c’est
lui qui décide de notre sort. Et du mien. Tu n’as pas idée comme je suis
ambitieuse. Je ne t’ai épousé que par ambition. Mais je t’aime aussi… »
- Innstetten à Effi : « garde-toi de l’original ou de ce que l’on nomme original.
Ce qui te semble si attirant […] on le paie généralement de son bonheur. »
- Insistance surprenante sur le motif du fantôme, obsédant la jeune Effi.
Persistance de fantasmes infantiles ? Peut-être un signe du virage opéré par
son imagination, qui s’éloigne des rêves illuminés pour se diriger vers des
sujets plus sinistres, plus angoissants. Du reste, les activités d’Effi ne sont
plus là que pour « refouler les pensées de tristesse » (chap. XII). Ce thème
occupe en tous cas une place importante (nuit perturbée avec la servante,
dispute puis discussion avec Innstetten, conversation avec la Tripelli…)

Chapitre XII : De nouveau la hantise spectrale : Effi confie dans une lettre
à sa mère sa rancœur contre son mari qui n’a pas pris la position qu’elle
attendait face à ses frayeurs. « Je ne peux vraiment pas t’inviter dans une
maison comme celle-là ; elle a beau être jolie, elle a cette étrangeté d’être à la
fois familière et sinistre ».

Chapitre XIII : Effi réagit négativement face aux taquineries de sa mère


rapport à l’amour que lui témoigne le pharmacien, qui « lui furent presque
douloureuses, car elles lui firent obscurément prendre conscience de ce qui
lui manquait dans le mariage : les hommages, les encouragements, les menues
attentions. »
- La crainte prémonitoire de sa mère s’avère juste : « Innstetten était aimable
et bon, mais ce n’était pas un amant. » Il avait le sentiment d’aimer Effi, et par
conséquent la conscience tranquille, en sorte qu’il ne faisait pas d’effort
particulier.
- Descriptif de leurs soirées avec emploi de l’imparfait pour son aspect itératif,
bien que les paroles soient données dans le détail (le prince, les élections…),
preuves que celles-ci sont désespérément répétitives.
- « A 10 heures Innstetten était détendu et se laissait aller, avec gentillesse
mais un peu de lassitude, à des démonstrations de tendresses qu’Effi acceptait
sans y répondre vraiment. »
- Petitesse de la nature humaine dans le manque de dignité des participants à
l’enterrement de la veuve du greffier venue pour la saison, entre la douleur
intéressée de la logeuse escomptant un pourboire et l’attitude supérieure des
berlinois ayant fait le déplacement (« de mauvaises gens, avides, cupides,
durs » dira la servante à Effi dans le cimetière »).
- Effi, décontractée et de bonne humeur, se prend à rêver de voyage et
d’ailleurs puis se reprend, s’en voulant de la légèreté de ses pensées dans sa
situation (Elle est enceinte). Mais ses rêves ne la quittent pas : « peut-être
tout cela aura-t-il son châtiment et nous mourrons, l’enfant et moi. […] Non…
Non, je ne veux pas mourir ici. Je ne veux pas être enterrée ici ; je veux aller à
Hohen-Cremmen. » Malgré la conscience de ses torts et ses craintes
superstitieuses, Effi retourne inconsciemment à ses désirs de départ : signe
funeste d’une déception dans son rôle de mère, connu prématurément et ne
correspondant pas à ses aspirations ?
- La place qu’occupe le fantôme du Chinois dans les pensées d’Effi est difficile
à cerner. Après avoir décidé d’embaucher Roswitha (La servante de la veuve
qu’Effi a rencontrée lors d’une promenade), elle passe près de la sépulture
« avec plus de calme », mais on peut se demander si ce n’est pas la présence
future de la servante dormant à ses côtés qui la rassure. Ainsi, elle confie à
Innstetten au chapitre suivant : « oh, cela ira. Je n’ai plus peur maintenant. -
De quoi, Effi ? - Tu le sais bien. Mais les idées que l’on se fait, c’est ce qu’il y a
de pire. »
- « Effi est en effet persuadée que le catholicisme « protégeait mieux conte les
choses « comme celles du haut », et cette considération avait joué un rôle
important dans sa décision de prendre Roswitha à son service. »

Chapitre XV : Nouvelle rengaine de Briest, comme un leitmotiv : « il est


difficile de juger de ce qu’on doit faire ou ne pas faire. Le monde est grand »
- Effi reste une enfant capricieuse et immature. Innstetten la trouve changée à
son retour de chez ses parents, et il lui en fait le compliment, la flattant sur
son côté séducteur. Tout d’abord très contrariée, son mari inverse la situation
en lui faisant un simple compliment qui la rend de très bonne humeur.
Versatile et lunatique. Mais lorsque Crampas vient par hasard prendre le café
avec eux, elle se conduit de nouveau comme une enfant écervelée : « pendant
cette conversation, Effi pétrissait de petites boulettes de pain, jouait avec et
faisait des dessins pour indiquer qu’elle souhaitait que l’on changeât de sujet.
Cependant, Innstetten parut vouloir répondre aux plaisanteries de Crampas,
ce qui décide Effi à prendre la parole ». Cette prise de parole sera un exemple
de vacuité, teintée d’une sérieuse touche de prétention et d’affectation d’un
ton de discussion de salon proprement insupportable.
- Effi est restée une petite fille trop cajolée par son entourage, qui joue à la
grande dame sans en avoir ni l’étoffe ni l’aisance : le mépris amusé de la
servante Johanna en est révélateur : « cette dernière, quand Effi riait
bruyamment aux passages les plus pittoresques, avait un petit sourire et
s’étonnait intérieurement de voir Madame prendre tant de plaisir à toutes ces
sottises ; mais cet étonnement, qui allait de pair avec un sentiment de
supériorité, avait ceci de bon qu’il coupait court à toute question de
préséance » (chapitre XIV). L’écart antithétique entre l’excessive puérilité du
personnage et son appellation « Madame » renforce encore son ridicule. Au
fur et à mesure, Fontane semble prendre ses distances avec son personnage,
et le rendre plus négatif, à partir de l’accouchement peut-être davantage.
- Lorsqu’elle n’assaille pas Innstetten de ses angoisses illusoires ou de ses
changements d’humeurs incontrôlables, elle tombe dans une caricature de
maîtresse de maison prévisible : « - S’il y a des ménages heureux en dehors du
mien. Et elle tendit la main à Innstetten ; »
- Sa maternité lui a ôté ses complexes d’enfant jetée trop tôt dans un monde
d’adulte, et sa nouvelle assurance frôle la prétention et l’orgueil : « Elle se
leva rapidement, se dirigea vers Roswitha, lui prit l’enfant et l’éleva à bout de
bras avec une fierté heureuse. » Etalage et exhibition d’un bonheur factice.

Chapitre XVI : Éclaircissements par Crampas sur le lien entre Innstetten


et les fantômes : cette position vague, entre croyance et dérision, se
manifestait déjà chez lui à l’armée. Ce « mysticisme » lui vient selon le
commandant d’une volonté d’impressionner et de se distinguer du commun. Il
emploierait également ce fantôme comme « moyen pédagogique » d’après le
militaire pour éduquer sa femme par un détour. Celle-ci en est
particulièrement offensée.

Chapitre XVIII : Effi devient de plus en plus proche de Crampas, dernière


balade de l’automne, le commandant lui raconte sans cesse des histoires.
C’est un conteur quelque peu caricatural et elle un auditoire peu cultivé : « -
Ce chevalier que la reine naturellement aimait en secret… - Pourquoi
naturellement ? - Parce que nous sommes en Espagne. - Ah bon. »
- Histoire d’adultère : « le roi n’était pas seulement cruel, il était aussi jaloux.
Et il résolut de faire périr secrètement le chevalier pour son amour secret. -
Je trouve cela assez naturel. »
- Rare commentaire psychologique brossé par le narrateur : « elle n’aimait pas
le réchauffé. Elle désirait de la nouveauté, du changement. » Projet de pièce
monté par Crampas, appréhension d’Effi sur ce qu’elle a deviné des intentions
du militaire, titre sans équivoque : « Un pas hors du chemin. »
- Effi connaît les tourments d’une attirance inavouée : « tout le monde est si
bon envers moi, surtout toi, que j’en suis gênée. Je sens que je ne le mérite
pas. Il ne faut pas te tourmenter ainsi, Effi. On a beau faire. A la fin du
compte, on ne reçoit jamais que ce qu’on mérite. Elle tendit l’oreille à ses
paroles et sa conscience, qui n’était pas tranquille, lui fit se demander si son
mari n’avait pas employé avec intention cette formule ambiguë. »
- Le personnage évolue assez vite dans ce long passage central. Effi semble
avoir gagné en maturité et en recul avec ses actes et ses sentiments, peut-être
un des effets de la « nature pédagogue » de son mari. Ainsi, chez le forestier :
« la plus âgée, Cora, fit aussitôt la coquette avec Innstetten et Crampas, et
tous deux se prêtèrent de bonne grâce à ce jeu. Effi en fut agacée, puis eut
honte de l’avoir été. Elle était assise à côté de Sidonie Von Grasenabb et dit : -
C’est curieux ; j’étais aussi comme cela, quand j’avais quatorze ans. » Mais
plus loin, face au constat de la vanité de la jeune fille : « non, se dit-elle, je n’ai
pas été comme cela. Il est possible que j’ai manqué de discipline […] On était
trop bon pour moi à la maison, on m’aimait trop. Mais, j’ai bien le droit de le
dire, je n’ai jamais été poseuse. »

Chapitre XIX : Crampas ose franchir le pas dans sa cour à Effi, et profite
d’une occasion de tête-à-tête ave elle pour lui baiser les mains avec ardeur. Ce
passage présente une atmosphère particulière, avec un grand travail sur le
point de vue interne. Effi est comme absente de son corps sous l’oppression
de la peur de la traversée de la forêt, et c’est semble-t-il inconsciemment
qu’elle se montre si permissive avec le commandant. Cependant, au chapitre
suivant, elle garde secret cet événement malgré la contrariété et la méfiance
de son mari.
-Chapitre capital où s’inscrit en creux l’adultère.

Chapitre XX : Le portrait psychologique s’affine et se précise au fil des


pages : « elle avait le sentiment d’être comme prisonnière et de ne pouvoir
s’échapper. Elle en souffrait beaucoup et voulait se libérer. Mais, s’il était vrai
qu’elle fût capable de sentiments violents, elle n’était pourtant pas une forte
nature ; il lui manquait la persévérance et ses bonnes intentions ne duraient
pas. Elle vivait ainsi aujourd’hui parce qu’elle ne pouvait rien changer et
demain parce qu’elle ne le voulait pas. Les choses défendues, les choses
secrètes exerçaient sur elle leur puissance. » Annonce de la faute par l’auteur,
qui semble observer son personnage évoluer, étudier dans un examen
minutieux les aléas et les virages de la vie d’Effi.
- « Il arriva ainsi que, libre et franche par nature, elle se dissimula de plus en
plus derrière un rôle de comédie. Parfois elle était saisie de frayeur en
constatant combien cela devenait facile. Sur un point seulement elle était
restée la même : elle voyait tout avec netteté et n’embellissait rien. »
- Un soir, il lui semble que quelqu’un l’observe par-dessus son épaule dans la
glace : « elle comprit aussitôt : « je sais ce que c’est. […] c’était quelque chose
d’autre… c’était ma conscience… Effi, tu es perdue. » Ainsi allaient les choses,
la boule roulait sur la pente, et les événements d’aujourd’hui entraînaient
inéluctablement ceux du lendemain. »

Chapitre XXI : Roswitha n’apparaît plus que très rarement dans le roman,
et n’a quasiment jamais la parole jusqu’à ce chapitre. Indice du caprice
ponctuel d’Effi lorsque celle-ci décida de l’embaucher ? Effi s’adresse à la
nourrice avec autant d’amicalité que son ancienne maîtresse : « mais ne viens
pas aujourd’hui, nous ne nous rencontrerions pas -elle se mit à rire. Vraiment
tu n’es pas forte pour trouver quoi que ce soit. »
Du reste, la fille d’Effi est étrangement absente de la narration. Elle n’est
mentionnée que comme motif d’activité d’Effi : la visite à ses parents, ses jeux,
les balades… Même en tenant compte de la distance entre l’enfant et la mère
dans la jeune éducation à cette époque, cet effacement semble excessif.
- Effi se pose en parangon de vertu et de morale en reprochant à la première
occasion un badinage entre Roswitha et Kruse dont elle doit bien savoir qu’il
n’est pas sérieux, avec la rigidité et le ton d’une Sidonie : « je dois te faire
remarquer, Roswitha, que Kruse est marié. ». Plus loin : « Tu es pourtant bien
brave, tu comprends les choses… avec un homme marié… ça ne donne jamais
rien de bon. ». Malgré sa condamnation affichée, Effi est très intéressée par le
discours de Roswitha lorsqu’elle lui demande « comment ça s’est passé la
première fois ». Son attention est sensible : « Effi s’était redressée».
- Le secret gardé jusqu’au bout de son histoire avec Crampas la poussera à la
bassesse d’un acharnement contre la servante, par le contentement et la fierté
fourvoyée d’être au-dessus de tous soupçons, elle. Ainsi, au moment du départ
pour Berlin : « tu ne peux tout de même pas nier que ton histoire avec Kruse
n’était pas catholique. - Oh ! Madame… - Bon, je n’insiste pas. Tu n’en
conviendras jamais.»
- Nouvelle discussion entre Innstetten et Effi, comme à chacun de ses retours
de voyage, axée sur l’évolution de la jeune femme : « tu avais un peu l’air
d’une enfant gâtée et tout à coup tu es devenu femme ». Effi, plus loin : « du
reste, nous autres femmes, au nombre desquelles je me permets de me
compter depuis que tu es de retour (et elle lui tendit la main en riant)… ».
Cette formule énoncée avec toute la hauteur possible par Effi encore
adolescente jouant le rôle de grande dame de la ville (« nous autres femmes »)
est aujourd’hui employée avec autodérision, ce qui souligne en effet
l’évolution du personnage.
- L’aveu involontaire de l’exclamation « Dieu soit loué ! » lorsque Innstetten
annonce le départ pour Berlin ranime les soupçons d’Innstetten. Effi s’en sort
magistralement, en exploitant le sujet du fantôme qu’elle sait sensible, tout en
ayant l’audace de réemployer les dires de Crampas (« pédagogue », « histoire
de fantôme ») ce qui trouble néanmoins Innstetten. « Le sentiment d’avoir
échappé à un danger dont elle avait été elle-même la cause lui redonna sa
vivacité et son équilibre ». La culpabilité et le remord sont absents.

Chapitre XXII : L’impatience d’Effi va grandissante. A la réception d’un


courrier de sa mère, elle fait montre de toute sa science dans l’art de la
manipulation : « elle savait parfaitement ce qu’elle avait à faire. […] et
Innstetten tomba dans le piège… ». Réaction d’Innstetten dans le constat de
son échec : « Effi, tu es trop fine pour moi. J’ai toujours cru que tu étais une
enfant et maintenant je vois que tu es comme toutes les autres. » L’intérêt du
passage réside surtout dans les efforts que doit fournir Effi pour témoigner
des élans d’affection simulé à Innstetten : « elle rassembla alors toutes ses
forces, et le regarda en disant : et puis, Geert, je ne veux pas te quitter tout de
suite. » Si celui-ci n’est pas dupe, il se laisse tout de même jouer : « coquine,
tu dis cela parce que tu connais ma faiblesse. Mais nous sommes tous si
vaniteux et je veux bien te croire. »
- Des traces d’ambiguïté demeurent lorsque la mère d’Effi parle d’Innstetten,
l’amant de sa jeunesse : « je l’avais toujours pensé qu’Innstetten irait loin.
Maintenant c’est toi qui en profites. »
- Effi conserve néanmoins cette propension fort désagréable à utiliser son
charme, à jouer avec les sentiments des autres envers elle pour la seule
satisfaction de constater qu’ils existent. Elle va ainsi dire adieu à Gieshübler,
qui « raffole d’elle » : « mais il se peut aussi que je ne revienne pas. Il y a tant
de choses possibles… Je vois, vous allez me dire que je suis encore trop
jeune… mais les jeunes aussi peuvent mourir. Et puis il y a tant d’autres
éventualités. Pour cette raison j’aime autant prendre maintenant congé de
vous, comme si c’était pour toujours. - Mais, chère madame... - Comme si
c’était pour toujours. »
Cette séparation déclamée sur le mode tragique d’une pièce sentimentale de
mauvaise qualité illustre le narcissisme, mêlé d’un certain sadisme, de la
jeune femme. Elle n’est pas ingrate et rappelle qu’elle est redevable au vieux
pharmacien. Elle se plaît ainsi à troubler, désarçonner son entourage : « G.
l’accompagna sur la place. Il était complètement désemparé, à tel point qu’il
ne remarqua pas tout ce qu’il y avait d’énigmatique dans ce qu’elle venait de
dire. »
- Référence au passage : « adieu, cher ami, et bien des choses à votre amie
Melle Tripelli. J’ai souvent pensé à elle et au prince Kotchoukof pendant ces
dernières semaines. C’est tout de même une singulière situation… Mais je la
comprends… »
Parallèle effectué entre la chanteuse entretenue par un homme qu’elle
méprise au plus profond d’elle-même et la relation entre Innstetten et Effi ?
- De même, la lettre d’adieu adressée à Crampas peut surprendre. Formulée
de telle façon que l’on peut comprendre qu’Effi ne part que pour fuir la cour
assidue du commandant. « Ma faute est très lourde, mais il m’est peut-être
encore possible de me sauver. Le fait que nous sommes appelés à quitter cet
endroit est pour moi un signe que la grâce ne m’a pas entièrement
abandonnée. Oubliez ce qui s’est passé, oubliez-moi. Votre Effi. » Pourquoi
courir le risque d’écrire une telle lettre, dont l’implicite est plus clair encore
que des aveux franchement formulés ? Tout cela peut attirer de grands
problèmes, sachant que le véritable départ n’est prévu que dans plusieurs
semaines.
- D’où le stratagème d’Effi pour ne pas retourner à Kessin, feindre la maladie :
« il y a en effet des comédies qu’il faut respecter et celle qu’elle jouait en ce
moment n’en était-elle pas une ? » (Chapitre XXIII)
ð Difficile d’expliquer également ce risque inutile qu’elle prend dans son
courrier à Innstetten ; N’ayant pu saluer tous les habitants de Kessin, elle cite
Crampas parmi les oubliés : « présente mes souvenirs à ce dernier » (chapitre
XXIII encore). S’agirait-il d’un message envoyé à l’ancien amant pour lui
signaler que tout est définitivement terminé ? De nouveau manque de clarté et
une certaine cruauté.

Chapitre XXIV : De nouveau, passage cyclique également dans le roman,


discussion entre Briest (père d’Effi) inquiet et sa femme Louise au sujet de
leur fille. Une nouvelle fois on peut constater la finesse d’analyse et la force
de pénétration de la mère : « … maintenant le plus dur est fait. Elle a employé
cette expression qui m’a frappée. […] il y a quelque chose là-dessous. Et elle a
voulu y faire allusion. […] elle se laisse volontiers entraîner, et quand la vague
est bonne, elle reste dans la bonne voie. La lutte et la résistance ne sont pas
son fait. »
Plus avant : « je crois qu’elle a une tendance à voir le bon Dieu comme un être
de bonté et à se consoler en disant qu’il ne sera pas trop dur pour elle »,
analyse vérifiée à la fin du chapitre XXV: Roswitha «j’ai toujours pensé que le
bon Dieu est bon et qu’il aura pitié d’une pauvre créature comme moi. Effi se
contenta de sourire. Elle trouvait naturel que R. parlât comme elle le faisait ».
- Première révélation réelle de l’adultère d’Effi, après la lettre d’adieu à
Crampas où l’allusion au tutoiement et à la « faute » indiquait la situation…

Chapitre XXVI : Référence au roman Nana de Zola, à Ems avec la


conseillère Zwicker.

Chapitre XXVII : Découverte par Innstetten de l’adultère par la lecture de


la correspondance entre Effi et Crampas, conservée et nouée par une faveur
rose : la candeur de ce symbole est à la charge de la naïveté et de
l’inconscience d’Effi qui participent aussi de la complexité du personnage.
Torturée par le souvenir de sa faute et s’efforçant de l’effacer, elle en garde
néanmoins des traces conservées précieusement.
- L’adultère prend une dimension insoupçonnée par le lecteur : la faute d’Effi
est entière et indéniable : « Partons, dis-tu, fuyons. Impossible. Je ne puis
abandonner ma femme et la réduire à la misère. »
- Innstetten applique un code de l’honneur qui va à l’encontre de sa volonté et
de ses désirs, de son envie de pardonner, selon une rationalisation excessive
qui aboutit à une décision absurde, bien qu’inéluctable (cf. introduction).
Ainsi, face aux remarque de Wüllersdorf mettant en lumière les contradictions
de la décision d’Innstetten, celui-ci répond : « J’y ai mûrement réfléchi.
L’homme n’est pas un isolé ; […] mais la vie en commun avec les hommes a
formé quelque chose qui existe et d’après les prescriptions de quoi nous nous
sommes habitués à tout juger, les autres et nous-mêmes. S’insurger là-contre
est impossible, la société nous mépriserait, nous nous mépriserions nous-
mêmes, nous ne pourrions le supporter et nous nous enverrions une balle dans
la tête. […] je suis dans une impasse. […] maintenant que le confident est ici,
je ne peux plus reculer. »
Ce morceau d’éloquence est une marque de la qualité de « pédagogue »
qu’attribuait Crampas à Innstetten, il parvient à persuader son témoin, et à se
persuader lui-même d’une chose qui va contre ses convictions profondes et
contre ses sentiments.
- Ce qu’il réalise de ses erreurs, il se console en se persuadant qu’il le réalise
trop tard : la confidence au témoin du duel, sa rigidité morale excessive qu’il
lit dans le regard agonisant de Crampas et qu’il reconnaît dans le train du
retour…

Chapitre XXXII : Effi vit dans un appartement que le narrateur qualifie de


« modèle le plus courant » puis « joli », « original », mais dont la bienveillance
même du docteur ne parvient pas à masquer les désagréments : « encore une
journée magnifique. Regardez tous ces quais, dans la gare, trois, non, quatre,
et ce va-et-vient continuel… et là-bas ce train qui disparaît entre les arbres.
C’est splendide. Et ce soleil dans la fumée blanche. Si le cimetière Saint-
Mathieu n’était pas là auprès, ce serait idéal. »
- Jeu étonnamment original sur les ruptures temporelles dans le récit, où le
narrateur joue sur les révélations données à contretemps : « « m’envoyer
Roswitha », avait dit Rummschüttel. Roswitha était donc chez Effi ? Oui, elle y
était, et depuis longtemps déjà. Trois jours avant qu’Effi n’emménageât,
Roswitha était venue voir sa chère patronne ; ç’avait été pour toute deux un
grand jour, dont il faut parler après coup.
- Le personnage de Roswitha acquiert une dimension autre : sa bonté est
évidente, sa gratitude et sa fidélité, sa force de caractère mais aussi sa
perspicacité derrière la grossièreté de son expression (plus avant quand elle
devine les pensées secrètes de Johanna).
- La puérilité de la conversation semble au contraire exacerbée par la solitude
et la nostalgie, pour preuve le flot de paroles avec lequel Effi accueille
Roswitha, lui disant tout à la fois et reparlant du chinois de Kessin.
Son désir permanent de bénéficier d’un traitement spécial et d’une attention
particulière demeure également : « il [le professeur de peinture] la traita
comme sa propre fille, avec une bienveillance toute particulière. Effi en fut
toute heureuse »
- Autre référence intertextuelle, après Nana de Zola : la peinture du roi Lear
dans la tempête sur la lande dans l’antichambre de la femme du ministre, à
l’image de l’extrême agitation qui anime Effi dans cet instant.
- La grande rigidité d’Innstetten est connue de tous, y compris de la femme du
ministre à qui Effi est venue demander de l’aide. Innstetten refuse qu’elle voie
Annie, sa fille : « votre mari […] est un homme qui agit non point selon des
sentiments ou des humeurs, mais selon des principes, et il lui serait malaisé
de les abandonner, ne serait-ce que momentanément. […] ce que votre cœur
trouve dur, il l’estime juste. »

Chapitre XXIII : Malaise étouffant des retrouvailles avec Annie, l’enfant


insistant sur le caractère religieux de son éducation ce qui peut apparaître
comme une condamnation implicite de l’adultère commis par sa mère, et
récitant d’évidence une formule dictée par son père ou Johanna : « oh,
sûrement, si on me permet ».
- Le trouble d’Effi est d’une grande violence : la prière qu’elle adresse
momentanément à Dieu mêle accusation, rancœur, désespoir, reniement et
culpabilité : « je me dégoûte de ce que j’ai fait, mais votre vertu me dégoûte
encore plus. Disparaissez. Je veux vivre, mais cela ne durera pas
éternellement. » Qui est ce « vous » : Dieu ? Sa famille ? L’humanité et son
jugement ?

Chapitre XXXV : Passage soudain à Innstetten, celui-ci est au plus bas


moralement, toujours insatisfait, qu’on le contredise ou qu’on aille dans son
sens, comme avec Wüllesdorf : « vous voyez, vous approuvez. ». Sa vie est
« gâchée ». « Ce n’est point par passion - ce qui en fin de compte serait
compréhensible - que l’on agit. C’est uniquement pour des imaginations. Des
imaginations !... et quand elles s’effondrent, vous vous effondrez à votre tour.
Encore un peu plus piteusement. »

Chapitre XXXVI : Intervention du narrateur sur Effi mourante : « J’ai


toujours été une croyante un peu tiède ; mais peut-être venons-nous de Là-
haut et, quand tout sera fini, y retournerons-nous, dans cette contrée céleste,
près des étoiles ou plus loin encore ? Je ne veux pas le savoir, je n’en ai que le
désir. Pauvre Effi, trop longtemps tu as contemplé les merveilles du ciel, trop
longtemps tu as médité sur elles et voilà maintenant que la fraîcheur nocturne
et le brouillard de l’étang t’ont portée sur un lit de malade ».

- Le roman se clôt sur la rengaine de Briest, au pied de la tombe d’Effi, alors


que sa femme s’interroge sur leur part de responsabilité dans le destin de leur
fille : « Louise, louise, laissons cela… Il y a trop de choses dans le monde. »
- Chapitre qui clôt le roman et qui relate la mort d’Effi. Elle a trente ans. 13
ans se sont écoulés depuis le début du roman. Divorcée et isolée par la société
à cause de son adultère Effi après plusieurs années de séparation a retrouvé
ses parents et passe les derniers mois de sa vie dans la maison de son
enfance.
- Il s’agira d’observer l’effet de boucle qu’engendre ce chapitre par rapport à
l’incipit : Effi retrouve le bonheur tranquille de sa jeunesse dans la maison
familiale et pourtant rien n’est pareil : Peut-on parler de retour à l’ordre
initial ?

Il y a bien un retour à l’ordre initial : même cadre, mêmes personnages, même


tranquillité. Et pourtant c’est différent (comme le dit Effi à Niemeyer) Le
temps a fait son œuvre et la vie a marqué les cœurs. L’essentiel est pourtant
sauvé : la paix est là, du moins en surface. Effi pardonne à son mari et voit sa
mort approchée de façon sereine. Pourtant malgré sa volont
é de donner raison à son mari le lecteur reste en droit de condamner la
conduite de ce dernier, qui par fidélité envers des principes rigides a brisé sa
famille. Enfin le doute demeure : culpabilité de la mère qui fait écho au
reproche qui lui était adressé par sa fille dans l’incipit : « Pourquoi ne fais-tu
pas de moi une vraie femme du monde ? ». La morale revient au père.
Leitmotiv du roman : « Il ya trop de choses dans le monde ». Fin ouverte,
importance des non-dits, la mort n’est pas montrée…

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