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Personnages
•Effi, 17 ans, est inspirée par la baronne Elisabeth von Ardenne, née
von Plotho (1853-1952)1. Elle s’éteint à l’âge de 29 ans.
•Luise Briest : mère d’Effi.
•Baron Geert von Innstetten : mari d’Effi, il est au service de l’armée
prussienne. Dans le temps, il a voulu se marier avec Luise, mais on l’a rejeté à
cause de son rang jugé trop inférieur.
•Major von Crampas : ami d’Innstetten.
Résumé
Effi Briest, une jeune aristocrate fraîche et dispose, mène une vie quiète au
royaume de Prusse. Le cours de sa vie est tracé par ses parents dont les
décisions sont à leur tour soumises aux mœurs de l’époque. Quand le baron
lui demande sa main, elle s’incline sans émettre de protestations. Ils décident
de partir en voyage sitôt mariés. Féru d’histoire et d’art, le baron discourt
durant tout le périple sans que ses connaissances impressionnent sa jeune
femme.
Très rapidement elle soupçonne que leur maison commune est hantée. Quand
Geert lui raconte la légende d’un fantôme qui vivrait chez eux et qu’elle lui dit
qu’elle a peur, il la tance : si le public se rendait compte de ses affres, les
médisances entraveraient sa carrière. Ce reproche sème la discorde.
Les relations entre le couple et les nobles de la ville sont distantes : Effi est
jugée puérile. Le pharmacien est le seul à se montrer liant, et c’est en le
voyant fréquemment qu’elle arrive enfin à se faire un ami.
La naissance de sa fille Annie la comble, mais très vite la joie cède au fiel.
C’est alors qu’elle se lie d'amitié avec Crampas, qui vient d’arriver en ville
avec sa famille. Elle sait qu’une crise a fêlé le mariage du major et que sa
femme, qui lui fait horreur, en a beaucoup pâti.
Son air badin séduit Effi ; d’emblée sont-ils en communion d’esprit. Leur
intrigue s’achève par une union charnelle : elle se pâme quand il la touche et
qu’il conte fleurette. Elle s’éloigne de son mari dont la pudeur l’enfielle et
d’ailleurs, il travaille tellement dur qu’il prodigue peu d’amour. Elle est si
chagrinée qu’elle peine à voiler sa rage même à Noël.
Par contre, quand le baron est promu à Berlin, la jeune femme exalte : le
déménagement coupera court à l’isolation et à son flirt illicite, dont l’aveu
public sèmerait les problèmes. Le jour du départ, le major lui fait un signe
d’adieu bien qu’elle ait rompu avec lui.
Annie grandit au fil des années. C’est par hasard que le baron trouve les
billets doux que sa femme a écrits à l’adresse du major. Pour frapper son rival
en duel, le baron s’adjoint la compagnie d’un ami qui accepte malgré lui, car
l’idée d’un duel lui paraît hâtive : les amours d’Effi Briest sont vieilles de sept
ans. Mais les normes de l’époque requièrent que l’honneur familial reste
vierge à tout prix, et c’est ainsi que le baron se met en route pour battre son
rival.
Il tue le major et répudie sa femme en gardant Annie qu’il élèvera dans le but
qu’elle rejette Effi. C’est pourquoi la brève rencontre entre Effi et Annie – qui
a lieu des années après le divorce – est viciée par la haine qu’il a inculquée à
sa fille.
Geert n’est pas le seul à chasser Effi. Ses parents la proscrivent à leur tour,
car ceux qui altèrent le nom familial s’aliènent leurs parents. Effi s’isole, le
deuil la mine. Les médecins incitent ses parents à la reprendre, et c’est au
domicile familial qu’elle s’étiole durant des mois : l’interdit l’a flétrie au point
qu’elle décède. Cela fait des années qu’elle n’a plus revu son mari, mais elle
dit qu’elle a tout pardonné. Dans la scène qui clôt le roman, les parents Briest
se demandent si leurs propres actions ont concouru à la chute de leur fille.
Mais ce détail est tellement scabreux que la discussion ne tarde pas à les
lasser.
Lettres & Co
Chapitre XII : De nouveau la hantise spectrale : Effi confie dans une lettre
à sa mère sa rancœur contre son mari qui n’a pas pris la position qu’elle
attendait face à ses frayeurs. « Je ne peux vraiment pas t’inviter dans une
maison comme celle-là ; elle a beau être jolie, elle a cette étrangeté d’être à la
fois familière et sinistre ».
Chapitre XIX : Crampas ose franchir le pas dans sa cour à Effi, et profite
d’une occasion de tête-à-tête ave elle pour lui baiser les mains avec ardeur. Ce
passage présente une atmosphère particulière, avec un grand travail sur le
point de vue interne. Effi est comme absente de son corps sous l’oppression
de la peur de la traversée de la forêt, et c’est semble-t-il inconsciemment
qu’elle se montre si permissive avec le commandant. Cependant, au chapitre
suivant, elle garde secret cet événement malgré la contrariété et la méfiance
de son mari.
-Chapitre capital où s’inscrit en creux l’adultère.
Chapitre XXI : Roswitha n’apparaît plus que très rarement dans le roman,
et n’a quasiment jamais la parole jusqu’à ce chapitre. Indice du caprice
ponctuel d’Effi lorsque celle-ci décida de l’embaucher ? Effi s’adresse à la
nourrice avec autant d’amicalité que son ancienne maîtresse : « mais ne viens
pas aujourd’hui, nous ne nous rencontrerions pas -elle se mit à rire. Vraiment
tu n’es pas forte pour trouver quoi que ce soit. »
Du reste, la fille d’Effi est étrangement absente de la narration. Elle n’est
mentionnée que comme motif d’activité d’Effi : la visite à ses parents, ses jeux,
les balades… Même en tenant compte de la distance entre l’enfant et la mère
dans la jeune éducation à cette époque, cet effacement semble excessif.
- Effi se pose en parangon de vertu et de morale en reprochant à la première
occasion un badinage entre Roswitha et Kruse dont elle doit bien savoir qu’il
n’est pas sérieux, avec la rigidité et le ton d’une Sidonie : « je dois te faire
remarquer, Roswitha, que Kruse est marié. ». Plus loin : « Tu es pourtant bien
brave, tu comprends les choses… avec un homme marié… ça ne donne jamais
rien de bon. ». Malgré sa condamnation affichée, Effi est très intéressée par le
discours de Roswitha lorsqu’elle lui demande « comment ça s’est passé la
première fois ». Son attention est sensible : « Effi s’était redressée».
- Le secret gardé jusqu’au bout de son histoire avec Crampas la poussera à la
bassesse d’un acharnement contre la servante, par le contentement et la fierté
fourvoyée d’être au-dessus de tous soupçons, elle. Ainsi, au moment du départ
pour Berlin : « tu ne peux tout de même pas nier que ton histoire avec Kruse
n’était pas catholique. - Oh ! Madame… - Bon, je n’insiste pas. Tu n’en
conviendras jamais.»
- Nouvelle discussion entre Innstetten et Effi, comme à chacun de ses retours
de voyage, axée sur l’évolution de la jeune femme : « tu avais un peu l’air
d’une enfant gâtée et tout à coup tu es devenu femme ». Effi, plus loin : « du
reste, nous autres femmes, au nombre desquelles je me permets de me
compter depuis que tu es de retour (et elle lui tendit la main en riant)… ».
Cette formule énoncée avec toute la hauteur possible par Effi encore
adolescente jouant le rôle de grande dame de la ville (« nous autres femmes »)
est aujourd’hui employée avec autodérision, ce qui souligne en effet
l’évolution du personnage.
- L’aveu involontaire de l’exclamation « Dieu soit loué ! » lorsque Innstetten
annonce le départ pour Berlin ranime les soupçons d’Innstetten. Effi s’en sort
magistralement, en exploitant le sujet du fantôme qu’elle sait sensible, tout en
ayant l’audace de réemployer les dires de Crampas (« pédagogue », « histoire
de fantôme ») ce qui trouble néanmoins Innstetten. « Le sentiment d’avoir
échappé à un danger dont elle avait été elle-même la cause lui redonna sa
vivacité et son équilibre ». La culpabilité et le remord sont absents.