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PERCHET Virginie M1 G2

Tronc Commun : Connaissance du système éducatif


Sujet : Dans la classe de CM1-CM2 où vous enseignez, plusieurs élèves hésitent manifestement à
s'exprimer en classe de peur de rencontrer moqueries, voire insultes. Vous souhaitez
affronter ce problème et développer une véritable éducation à la citoyenneté, et vous vous
interrogez sur la meilleure stratégie à adopter.

1) Quels sont les principes et valeurs en jeu dans cette situation ?

Le devenir citoyen passe par le développement de la pensée et de l'esprit critique. Cela se fait par la
prise de parole qui va permettre d'exprimer son opinion, de développer son argumentation et sa
réflexion comme le souligne Danblon (2013) : « On développe l’hypothèse que les citoyens
acquièrent, par l’exercice oratoire, davantage de tolérance, d’empathie, mais aussi, de créativité et
de souplesse d’esprit. Ainsi, en apprenant à produire des arguments, à persuader et à être persuadé
en retour, chacun peut acquérir, comme une seconde nature, une meilleure disposition à vivre
ensemble, dans un monde complexe où la diversité n’est pas un problème à résoudre mais une
occasion à saisir » . Cette situation de classe relève donc de l'EMC.
Selon le B.O 2015, l'EMC enseignée à l'école est une morale civique en lien avec les principes et les
valeurs inscrits dans les déclarations des Droits de l'homme, la Convention internationale des droits
de l'enfant et dans la Constitution de la Véme République. Globalement, l'EMC est en lien avec les
valeurs de la liberté, l'égalité, la fraternité, la laïcité, la solidarité, l'esprit de justice, le respect et
l'absence de toutes formes de discriminations.
La BO développe 4 principes : « a)- penser et agir par soi-même et avec les autres et pouvoir
argumenter ses positions et ses choix (principe d'autonomie)
b)- comprendre le bien-fondé des normes et des règles régissant les comportements individuels et
collectifs, les respecter et agir conformément à elles (principe de discipline)
c)- reconnaître le pluralisme des opinions, des convictions, des croyances et des modes de vie
(principe de la coexistence des libertés) ;
d)- construire du lien social et politique (principe de la communauté des citoyens). ».
Cette situation de classe, où les élèves hésitent à s'exprimer, pose le problème du développement de
ces capacités langagières et intellectuelles : si les enfants ne s’exercent pas, ils ne peuvent pas
exercer leur esprits critiques. Or, l'enseignement de l'EMC passe par l'oral, par la capacité de l'élève
à prendre la parole comme nous dit Breton (2009) « Une société qui ne propose pas à tous ses
membres les moyens d’être citoyens, c’est-à-dire d’avoir une véritable compétence à prendre la

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parole, est-elle vraiment démocratique ? » . Breton nous parle de « compétence à prendre la
parole » et dans le BO 2015, la finalité de l'EMC est « l'enseignement moral et civique vise à
l'acquisition d'une culture morale et civique et d'un esprit critique qui ont pour finalité le
développement des dispositions permettant aux élèves de devenir progressivement conscients de
leurs responsabilités dans leur vie personnelle et sociale. ». On nous reprécise bien dans le BO que
l'esprit critique a pour but d'aider les élèves de devenir conscient de leurs responsabilités, c'est à dire
à devenir citoyens.
De plus « Penser de façon critique, c’est le fait de n’accepter aucune assertion sans avoir vérifié
son exactitude. L'esprit critique permet de percevoir et de comprendre son environnement. Il est
garant de la démocratie dans la mesure où comprendre permet de mieux décider » (Marie Gaussel,
"Développer l'esprit critique par l'argumentation: de l'élève au citoyen" (Abel, 2008)).
Ce qui nous est dit là c'est que l'esprit critique est une condition indispensable au maintient de la
démocratie puisqu'il permet aux citoyens de prendre des décisions et d'analyser son environnement
et les événements actuels.
L'argumentation est une pratique à la fois individuelle, la personne prend la décision d'exprimer son
opinion, et collective, cet opinion est souvent mis en jeu lors d'un débat. L'opposition d'arguments
lors de débats permets de développer des compétences langagières particulières lié à
l'argumentation : convaincre, persuader et délibérer.

2) Vous souhaitez mettre en place un "débat" sur le climat de la classe. Quels sont les
principes à respecter et les précautions à prendre ?

Nous rappellerons dans un premier temps les instructions officielles du B.O de 2015 : l'EMC doit
être considéré comme une matière à part entière, elle doit donc avoir un horaire qui lui est
spécialement dédié. Cet enseignement doit s'appuyer sur les autres matières en "sollicitant les
dimensions émancipatrices et sociales des apprentissages scolaires.". Toutefois, contrairement à des
enseignements tels que le français ou l'histoire, la progression de l'EMC se fait en fonction du
développement personnel de l'élèves (développement psychologique et social, sa maturité).
Les instructions officielles nous conseilles de mettre les élèves en activité et de favoriser le travail
en groupe et l'interdisciplinarité.

Nous allons à présent voir quelles sont les précautions lors de la mise en place d'un débat dans le
cadre de l'école primaire, selon Marie Gaussel, "Développer l'esprit critique par l'argumentation: de
l'élève au citoyen" (ifé n°108, fév 2016).

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L’argumentation en primaire correspond le plus souvent à l’explicitation du point de vue personnel
de l’élève. Ce point de vu est souvent confronté à celui de ses camarades, la justification par des
arguments prend une place importante. L'enseignant guidera ces échanges verbaux.
Plusieurs obstacles vont se dresser face à la mise en pratique de débat en classe. Ces obstacles sont
d'ordre sociolinguistiques (rôles des locuteurs), pédagogique (le questionnement est associé à la
figure du maître et non à celle de l'élève. Celui-ci peut donc hésiter à remettre en question une
problématique ou une affirmation.), didactique (les élèves vont acquérir une forme de langage
particulière dont le modèle sera celui du maître).
Pour surmonter ces obstacle, les précautions données par Marie Gaussel sont les suivantes :
l'enseignant doit s'assurer que tous les élèves prennent la paroles et qu'ils aient bien compris que
durant un débat ils ont le droit de la prendre. Il doit faire preuve de neutralité et ne pas influencer les
élèves avec l'idée d'une « bonne » réponse, de plus afin de décharger la charge informationnelle des
enfants il est conseillé de ne pas encombrer les élèves avec les règles régissant le langage écrit
scolaire. Ainsi, les élèves libérés de cette forme verbale contraignante pourront mobiliser leurs
efforts sur le contenu de leur discours.
Marie Gaussel préconise, pour l'école primaire, l'emploi du débat régulé. Le débat régulé est une
discussion sur une question controversée entre plusieurs individus dont l'objectif (idéalement) est de
trouver une position commune, étayée par des arguments raisonnés. Dans ce débat l'enseignant
jouera le rôle du modérateur : il va structurer le déroulement de la discussion, faciliter les échanges
en mettant en relief les positions et les arguments de chacun, problématiser et présenter la question
à traiter.
Cependant l'enseignant doit rester neutre et ne doit pas empêcher la confrontation des points de vu,
tout en arbitrant les conflits si besoin, afin de construire une réponse conjointe argumentée et
complexe.

3) Proposez une activité pédagogique permettant d'éduquer les élèves à la citoyenneté, en


particulier au respect des règles et des personnes.
Afin d'éduquer les élèves au respect des règles et des personnes dans une même séance de 45
minutes, j'organiserai un débat autour de la nécessité des règles : « est-ce que les règles sont
nécessaires ? ». Comme en début d'année des règles de vie de classe auront été mise en place et
affichés en classe, je pourrai m'appuyer sur cette affiche comme accroche de ma séance. Cette
séance se situe vers le début de l'année, les enfants ont déjà participé à quelques débats, elle
s’inscrirait dans une séquence nommée : « Le droit et la règle : des principes pour vivre avec les
autres ».

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Déroulement Activité enseignant
Phase 1 : Accroche
L'accroche se ferra autour de l'affiche des règles de vie « Vous vous souvenez de ces affiches : ce
de classe, voir des règles de vie lors des débats de sont les affiches des règles de vie de
classe. L'enseignant aura déplacé l'affiche pour qu'elle classe et de débat que nous avions fait
soit face à la classe, visible. ensemble. Est-ce qu'elles vous ont été
On attend comme réponse : elles sont utiles pour utiles et pourquoi ?»
organiser la classe, on sait ce qu'on a le droit de faire
ou non.
Phase 2 : Analyse de la problématique
L'enseignant annonce la problématique et demande aux « Dans le débat d'aujourd'hui,
élèves de définir le mot « nécessaire ». Les élèves sont on va se poser la question : est-ce que les
réparties en groupe et doivent produire, par écrit, une règles sont nécessaires ? Mais d'abord je
définition courte. voudrais savoir ce que veut dire le mot
On cherche à faire ressortir les mots : obligatoire, ''nécessaire''. Vous allez travailler en
essentiel, en avoir besoin, on ne peut pas s'en passer groupe pour arriver à une petite
Phase 3 : Mise en commun et lancement du débat en définition. Vous avez 5 minutes.»
classe entière.
L'enseignant interroge les groupes afin qu'ils lisent leur « Vous allez à présent me lire vos
définition. On s'interrogera sur les éventuelles définitions et vous allez essayer de
différences qui seront argumentés. Une définition justifier celle-ci. »
commune sera écrite au tableau par l'enseignant.
L'enseignant reformule la problématique au regard de
la définition de ''nécessité''.
L'enseignant va lancer le débat et le réguler.
« Donc, notre question du jour est : est-ce
Phase 4 : Trace écrite et conclusion que nous pouvons nous passer des
L'enseignant distribue une fiche avec un tableau à 2 règles ? »
colonnes : Les règles ne sont pas nécessaires / Les L'enseignant donne la parole aux élèves.
règles sont nécessaires. Il s'assure que tous les élèves prennent la
L'enseignant, au tableau, écrit au fur et à mesure les parole. Il reprend les arguments de
arguments principaux (2/3 dans chaque colonne.) que chacun et les reformule si besoin.
lui ont donné les élèves.

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