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I. La réception positive par rapport à celle des albums sortis dans la même décennie
Au cours des années 90, Ray of Light, le septième studio album de Madonna qui a vu le
jour en mars 1998, a émergé comme un phénomène marquant, captivant l’attention tant par ses
ventes commerciales exceptionnelles que par les éloges critiques substantiels qui lui ont été
attribués, accompagnés de multiples distinctions prestigieuses.
1.1. L’album couronné du succès commercial
1.1.1. La vente
Globalement, l’album s’est écoulé à plus de 16 millions d’unités, le hissant au rang des
albums les plus vendus par une artiste féminine dans le monde (Thorpe : 2009). Avec ce chiffre,
Ray of Light se positionne comme l’album de Madonna le plus vendu des années 90, surpassant
les ventes de Erotica et Bedtime Stories, et même celles du disque légendaire Like a Prayer sorti
en 1989. Aux États-Unis, l’album s’est vendu à 371 000 exemplaires la première semaine après
sa sortie, établissant ainsi le record des plus grosses ventes de la première semaine par une
artiste féminine à l’époque (Mayfield : 1998, 100). Ce chiffre s’ajoute à la vente de 225 000
exemplaires la semaine suivante, totalisant ainsi près de 600 000 exemplaires vendus (Rolling
Stone : 1998). Le succès commercial de Ray of Light en Europe est indéniable, avec la vente
totale de plus de 1 800 000 exemplaires au Royaume-Uni et pas moins de 1 000 000 en France
(Myers : 2019 ; Berthelot : 2023). De ce fait, l’album se classe troisième parmi les albums studio
de Madonna les plus vendus dans ces deux marchés de la musique importants.
1.1.2. Le classement
2
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2 Les données utilisées dans cette partie dérivent des sites des associations de l’enregistrement sonore responsables
de la certification dans chacun des pays mentionnés. Les liens vers ces sites se trouvent à la liste de référence.
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chose de nouveau. Elle [...] possède une capacité féroce à ouvrir de nouvelles voies musicales
bien en avance sur ses pairs. » Cependant, cela ne signifie pas que la « Reine de la Pop »
abandonne la pop, genre par lequel elle a atteint son statut de vedette mondiale, au profit d’une
adoption totale de la techno ou de l’électronica. Au contraire, elle parvient à les combiner
harmonieusement, aboutissant à ce que Stephen Thomas Erlewine qualifie « le premier album
pop grand public qui intègre, avec succès, la techno ».
1.2.2. La qualité vocale raffinée
Ray of Light est le premier album studio de Madonna où l’on l’entend chanter d’une
nouvelle voix obtenue à la suite des cours de formation vocale suivie pour le film musical de
1996 Evita, dans lequel elle incarne le rôle de la célèbre première dame argentine, Eva Perón.
Madonna a révélé dans le magazine Spin : « J’ai réalisé qu’il y avait une partie entière de ma
voix que je n’utilisais pas […] et que j’allais en profiter au maximum. » (Walters : 1998, 72).
Cette transformation vocale a suscité l’acclamation des critiques pour sa richesse, sa profondeur
et sa clarté : Roni Sarig (1998) de City Pages souligne qu’elle n’a jamais été aussi puissante ;
Greg Kot (1998) du Chicago Tribune la complimente en notant l’adoption d’un ton plus profond
et plus raffiné ; quant à Alex Frank (2017) de Pitchfork, il va jusqu’à décrire cette nouvelle voix
comme cristalline.
1.2.3. La mort de Dita, la naissance de Madonna grandie
La prise de conscience de l’impact significatif de ses actions sur le public, en partie grâce
à la naissance de sa fille dont elle se sent « incroyablement responsable » (Walters : 1998, 72),
a conduit à une transformation de son image et son comportement publics. Autrefois, elle
incarnait « Dita », son alter ego, une femme sexuellement provocante s’adonnant à toutes
sortes de fantasmes, illustrée par la sortie de Erotica et d’un livre photo Sex, dans lequel son
corps nu était dévoilé. Cependant, elle est désormais une mère plus mature qui vient de
découvrir une nouvelle signification de la vie, sa conscience ayant été élevée, et elle est
déterminée à transmettre, dans Ray of Light, cette sagesse au public qu’elle avait perturbé.
Cette métamorphose intérieure et extérieure a été saluée par les critiques, dont Sal Cinquemani
(2003) de Slant, qui exprime sa fascination en mettant en avant que Madonna ait bâti sa carrière
en « se révélant », cependant, avec Ray of Light, il ne s’agit plus de sa sexualité, mais plutôt de
ses émotions sincères. Cette opinion coïncide avec celle d’Alex Frank (2017), qui met en valeur
la révélation de sa vulnérabilité, absente dans Erotica mais présente dans Ray of Light.
1.3. L’album le plus récompensé
1.3.1. Six VMA’s gagnés : une preuve de la pertinence de Madonna parmi les jeunes.
4
distinctive de Frozen. Une autre influence – sans compter l’utilisation des instruments
électroniques – est perceptible sur « Sweetest Devotion », qu’Adele a dédiée à son enfant, un
geste accompli par Madonna dans « Little Star ». Dans Frozen, Madonna chante « You’re frozen
/ When your heart’s not open3 », et Adele semble bien comprendre cela en chantant en réponse
« All of my life, I’ve been frozen [...] I weren’t ready then, I’m ready now4 ».
2.2. Du Royaume-Uni aux États-Unis : Ray of Light en tant qu’importateur de l’électronica
L’une des clés de la longévité de Madonna dans l’industrie musicale réside dans sa
capacité à introduire ce qui était initialement considéré comme « underground » dans le grand
public. Cette faculté s’est manifestée dès le début des années 90 avec le triomphe commercial
de Vogue, l’un de ses chansons emblématiques, qui a brillamment popularisé la « house », alors
ancrée dans la culture gay, les rendant ainsi accessibles à un public plus large. Madonna a su
reproduire ce succès en introduisant dans le courant musical américain « l’electronica » à
travers Ray of Light, fruit de sa collaboration avec le producteur de musique anglais peu connu
et le génie de la musique électronique, « William Orbit ».
Madonna a toujours été inspirée par la musique d’Europe où, selon elle, des choses
novatrices sont mieux acceptées qu’aux États-Unis (Walters : 1998, 74). « La musique que
j’écoute vient surtout d’Angleterre ou de France », a révélé Madonna (ibid., 74). Son goût
musical est probablement l’une des raisons pour lesquelles elle a décidé de collaborer avec
William Orbit, dont les sons la passionnent depuis des années, car en lui « il y a une certaine
sensibilité européenne que je n’aurais pas pu obtenir d’un producteur américain » (ibid., 74).
L’electronica est un terme utilisé pour décrire un genre de musique électronique qui se
distingue par son orientation davantage axée sur l’écoute contemplative que sur la danse . Les
artistes européens qui ont connu un succès commercial dans ce genre musical au début des
années 90 comprennent, entre autres, Daft Punk, The Chemical Brothers et Björk – cette
dernière a collaboré avec Madonna sur le single Bedtime Story. Surnommée « Madonna
d’Australie », Kylie Minogue, dont la montée vers la célébrité pop s’est produite au Royaume-
Uni à la fin des années 80, a également exploré la scène d’électronica, en 1997, avec son album
Impossible Princess, qui n’a pas rencontré le succès commercial escompté. Cela n’est pas le
cas pour Ray of Light de Madonna, dont le succès est retentissant et qui parvient à populariser
l’électronica aux États-Unis. Madonna a l’accompli d’une part qu’en faisant appel au producteur
musical anglais, William Orbit, dont la musique, notamment sur son album Strange Cargo III,
présentait déjà de nombreuses caractéristiques adoptées par Ray of Light, à savoir des
ambiances éthérées, un caractère à la fois céleste et abyssal avec une grande subtilité (Forces
Parallèles : 2012) ; d’autre part grâce à sa capacité à fusionner la pop, un genre dans lequel elle
excelle, avec la musique électronique qui, selon elle, est souvent perçue comme peu
émotionnelle et qu’elle cherchait à rendre plus intime (Veronica Electronica: Madonna’s Vault :
2020). Cet effort a abouti, selon Sal Cinquemani (2003), à un album qui agilement épouse la
musique électronique à la pop, ce qui a valu à l’icône un surnom « Veronica Electronica ».
2.3. L’album initiateur de l’évolution des tendances musicales
2.3.1. Ray of Light : une nouvelle formule pour la musique pop
La musique pop avant et après Ray of Light n’est pas la même. Pendant les années 90,
peu d’artistes pop, voire aucun, n’ont osé expérimenter les éléments musicaux qui contrastent
nettement avec leur style musical habituel, ce qui explique pourquoi la musique pop a été
éclipsée par des genres en constante évolution tels que le hip-hop ou le RnB. Mais, ce n’est pas
le cas de Madonna, également connue sous le nom de « Reine de la Réinvention », qui se
distingue par son audace à prendre des risques avec Ray of Light dans lequel elle a fusionné
son excellence pop avec ce qui semble incompatible : « la musique électronique ». Une fois que
le succès commercial de Ray of Light a été prouvé, d’autres artistes pop ont commencé à suivre
cette expérimentation de Madonna, établissant ainsi une nouvelle formule pop dont l’origine
reste méconnue pour beaucoup. Le cas de Céline Dion illustre parfaitement cette évolution : elle
est passée d’albums pop purs aux disques comme A New Day Has Come ou 1 fille & 4 types,
dont quelques titres sont imprégnés d’éléments de musique électronique.
2.3.2. Le relais pris par son postérieur révolutionnaire Music
Si Ray of Light a initié le changement dans la musique pop, Music, le huitième album
studio sorti en 2000, est venu pour le consolider. La majorité de ses titres ont été produits par le
Français, Mirwais Ahmadzaï, et le reste par le producteur de Ray of Light, William Orbit. Music
peut être perçu comme une descendance de Ray of Light, car de nombreuses caractéristiques
de ce dernier transparaissent dans le premier. Cependant, pour éviter de se répéter, Madonna
chante, dans Music, moins à propos de sa vie personnelle, mais davantage sur les thèmes
auxquels beaucoup peuvent facilement s’identifier, et ce de manière plus musicalement
joyeuse : le résultat n’était pas moins satisfaisant commercialement que celui de Ray of Light. Si
Erotica et Bedtime Stories ont ouvert la voie à une expression plus libérée de la sexualité
féminine dans l’industrie musicale, Ray of Light et Music ont servi de bases à la musique pop du
nouveau millénaire, celle que nous connaissons aujourd’hui.
2.3.3. Le pionnier du mariage entre l’électronique et l’exotisme
8
Dans Ray of Light, Madonna n’a pas seulement fusionné la musique électronique et pop,
mais a également agrémenté ce mélange d’éléments d’exotisme. Madonna a déclaré qu’elle
était intéressée par la fusion d’un son futuriste tout en incorporant de nombreuses influences
indiennes et marocaines, et qu’elle souhaitait que cela sonne à la fois ancien et nouveau
(Levine : 2018). Cette fusion est perceptible tout au long de l’album, notamment sur Skin, où
son co-producteur, Marius de Vries, a intégré le son d’une flûte enregistrée lors de ses vacances
sur un marché au Maroc (Rule : 1998) ; elle n’est nulle part aussi évidente que dans Shanti /
Ashanti, chanté entièrement en sanskrit et dont les paroles sont adaptées de la prière du yoga
Ashtanga. L’engouement pour l’exotisme dans l’industrie musicale américaine remonte aux
années 60, mais sa fusion inédite avec la musique électronique n’a pris son essor qu’avec Ray
of Light qui a réussi à étendre les horizons de la dernière.
Ray of Light s’impose comme un chapitre essentiel de l’histoire musicale américaine, où
son influence persistante demeure tangible dans le présent. Les éloges exprimés par des
artistes tels que Nelly Furtado et Adele témoignent de l’impact universel de cet album. En
transcendant les frontières avec l’electronica, Madonna n’a pas seulement redéfini sa propre
sonorité, mais a également tracé une voie empruntée par d’autres, marquant ainsi un tournant
significatif dans l’évolution de la musique pop.
III. Ray of Light : l’illumination de la vie de Madonna
Ray of Light, l’album emblématique de Madonna, transcende la simple compilation de
chansons pour se révéler comme une œuvre profonde, exposant l’âme complexe de l’artiste. De
la gestion de la douleur liée à la perte maternelle à la contemplation de la fugacité de la vie dans
le titre éponyme, Madonna dévoile sa vulnérabilité avec une grâce poignante. Cette démarche
artistique contribue à affirmer son statut de vedette et à assurer sa persistance remarquable au
sein de l’industrie musicale.
3.1. Les paroles introspectives et spirituelles
3.1.1. La mère : Mer Girl et Nothing Really Matters
Madonna n’avait jamais exploré la mort de sa mère, survenue lorsqu’elle avait cinq ans,
un événement qui a profondément marqué sa vie et a contribué à façonner la personne qu’elle
est (Rosa : 2018). Cependant, avec Ray of Light, elle s’est montrée prête à affronter ce
douloureux souvenir et assez courageuse pour partager cette vulnérabilité dans le dernier
morceau de l’album, Mer Girl – « Mer » évoquant le mot « Mère ». En chantant « I ran and I ran,
I was looking for me 5 », elle fuyait la pensée macabre qui la tourmentait depuis ce jour,
cherchant à se libérer des ténèbres laissées par la mort de sa mère. La naissance de Lourdes,
comparée à la « lumière », l’a délivrée de ces ténèbres, comme elle le chante « Nothing makes
the darkness go / Like the light 6 » dans Nothing Really Matters. Le rôle de la mère de Lourdes,
nommée d’après la ville française réputée pour son eau de guérison et un endroit que sa mère
souhaitait visiter (CNN : 2016), a également comblé son cœur d’un amour qu’elle avait tant
désiré de sa mère ; elle exprime cela en chantant « Nothing takes the past away / Like the
future7 », comparant sa mère au « passé » et sa fille au « futur ».
3.1.2. La vie : Ray of Light
Le titre éponyme de cette chanson nous rappelle, comme le suggère son nom et l’illustre
son clip, à quel point la vie peut être éphémère. Devant cette fugacité, il est impératif
d’embrasser chaque moment qui nous est offert. Alors que le nouveau millénaire approche avec
la même rapidité que le rythme de cette chanson, Madonna, à l’âge de 40 ans, vient tout juste
de découvrir le véritable sens de la vie (Walters : 1998, 72). Ce constat souligne l’idée que
comprendre la vie ne devrait pas être réservé à un âge avancé. Dans les paroles, elle chante :
« And I feel like I just got home8 », une ligne qui suggère non seulement son retour à ses racines
dans la danse après avoir exploré le RnB dans Bedtime Stories, mais aussi la découverte d’un
chez-soi spirituel, une sorte d’épiphanie empreinte de joie (Cinquemani : 2003). Cette révélation
pourrait être attribuée à la naissance de Lourdes ou à son engagement religieux, que ce soit
l’apprentissage de la Kabbale, une mystique juive, la pratique du bouddhisme ou du yoga.
3.1.3. Le passé et le futur : Drowned World / Substitute for Love et Sky Fits Heaven
La remise en question de son statut de célébrité propre à Madonna a été explorée pour
la première fois dans le single « Drowned World / Substitute for Love ». Il est surprenant de
constater que la chanteuse qui avait autrefois exprimé son obsession pour le matérialisme dans
Material Girl révèle qu’elle n’était pas contente avec sa vie célèbre : « I’ve never felt so happy »,
elle chante. Ce titre la voit rejeter sa célébrité et son succès dans le passé, affirmant que bien
que cela puisse procurer une forme d’accomplissement, cela ne représente pas l’amour
authentique ; être populaire et aimé de manière universelle ne peut en aucun cas remplacer le
véritable amour (Hilburn : 1998). Pendant l’ère de Ray of Light, Madonna a trouvé la paix avec
son passé et se prépare à s’envoler vers l’avenir, aux côtés de sa fille, dans Sky Fits Heaven.
En entonnant « I think I’ll follow my heart9 », elle suggère que c’est elle-même qui la conduit vers
l’avenir, plutôt que de se plier aux désirs des autres. Son futur, imprégné d’amour, une vertu
qu’elle chérit, se dévoile ainsi : « That’s what our future will be10 ».
3.2. La revendication du vedettariat de Madonna
3.2.1. Le riposte à l’âgisme et au sexisme
Madonna a lancé Ray of Light environ six mois avant d’atteindre l’âge de 40 ans, une
période cruciale, d’après Levine (2018) dans la carrière d’une artiste féminine, où les stigmates
de la misogynie et de l’âgisme suggèrent souvent qu’elle devrait tenter de « vieillir avec grâce ».
Bien que Madonna ait été régulièrement sous-estimée par les critiques et les commentateurs au
fil de sa carrière, Ray of Light a véritablement bousculé leurs perceptions en s’imposant comme
une démonstration éclatante de la capacité d’une artiste féminine à exceller malgré son âge et
la longévité de sa carrière, qui s’étendait sur presque deux décennies à l’époque. Ray of Light
est devenu son opus le plus accompli, couronné de succès, récompensé à maintes reprises, et
ayant un impact considérable sur l’industrie musicale…
3.2.2. La nouvelle manière de choquer le public
Malgré les rôles de mère, celui d’actrice dans Evita, et son implication dans les religions
qui ont altéré sa perspective sur le monde, une constante persiste : sa capacité à choquer le
public. Avant Ray of Light, choquer se traduisait par la création de controverses multiples, que
ce soit en dansant devant des croix enflammées dans Like A Prayer, en dévoilant son corps nu
dans Sex, et en chantant « Absolutely no regret11 » in Human Nature, le riposte aux éreintements
de ses œuvres explicitement sexuelles. Jusqu’à présent, le public peine à appréhender sa
substance, préférant se laisser éblouir par son image, ce qui les empêche de véritablement
connaître la personne qu’elle est (Rosa : 2018). Ainsi, il est étonnant de constater qu’une star
autrefois associée aux controverses se livre désormais, non pas dévoiler son corps comme
beaucoup l’auraient anticipé. Dans Ray of Light, elle se livre simplement à l’auto-réflexion,
faisant de cet album son plus surprenant à ce jour et probablement le meilleur (Ibid.).
3.2.3. La véritable maturité de Madonna
Ray of Light a été décrit comme l’album le plus mature de Madonna par de nombreux
critiques. Auparavant, elle se présentait comme une jeune femme assoiffée de sexe, vêtue à la
mode comme les adolescentes de l’époque. Elle chantait également avec une voix de jeune
fille, dans un registre aigu mais très limité. Quant aux paroles de ses chansons, elles portaient
souvent sur la vie d’une jeune adolescente et les problèmes qu’elles pourraient rencontrer en
tant que fille, sans beaucoup de sagesse. Tout cela a changé dans Ray of Light : elle semblait
plus mature en adoptant une élégance vestimentaire, a acquis une voix avec une plus grande
étendue et une chaleur accrue, et a écrit des chansons de manière plus profonde et éclairée,
comme on peut le constater dans Swim, un commentaire d’un point de vue adulte sur ce qui se
passe dans le monde, ou To Have and Not to Hold, une compréhension de ses propres désirs.
3.3. La capacité d’adaptation en vue de persister dans l’industrie
Vers la fin des années 1990, maintenir la célébrité dans le domaine de la pop s’est avéré
être un défi, même pour des icônes comme Michael Jackson, dont la carrière a connu un déclin
notable. Les artistes de renom de Madonna, notamment Prince et Janet Jackson, ont également
connu un recul des ventes de disques au cours de cette période dominée par les boys bands et
les sensations pop adolescentes tels que N’Sync, Britney Spears et Christina Aguilera. Malgré
ces changements de tendances, la carrière de Madonna a perduré au tournant du siècle. Son
album Ray of Light a été salué pour son approche novatrice et rafraîchissante, ainsi que pour
son impact significatif sur l’industrie musicale américaine.
Une question clé posée par Alex Frank (2017) concernant Ray of Light était la suivante :
« Comment un album monastique et austère sur la maturité émotionnelle et spirituelle d’une
femme et nouvelle mère a-t-il pu connaître un tel succès record ? » Cette interrogation souligne
le défi apparent de créer un tel succès avec un album qui explore la maturité émotionnelle et
spirituelle d’une femme dans une industrie souvent axée sur la jeunesse. Madonna, malgré sa
quarantaine et sa longue carrière, a su maintenir sa place au sein de l’industrie musicale en
émergence, caractérisée par l’avènement d’une nouvelle génération d’artistes et d’un nouveau
genre de musique pop.
La réponse à de la question d’Alex Frank réside en partie dans la capacité de Madonna,
également surnommée « le Caméléon de l’Industrie », à se réinventer constamment. Avec Ray
of Light, elle a abandonné l’image d’une femme peu mature et malavisée pour adopter celle
d’une femme sage et adulte. Cette transformation l’a distinguée du flot d’artistes féminines plus
jeunes de l’époque, tels que Britney Spears, Christina Aguilera et Jessica Simpson.
Grâce à ses compétences exceptionnelles, Madonna a réussi à redéfinir sa carrière en
explorant de nouveaux horizons. Elle a brillé d’une manière distincte en expérimentant de
nouveaux genres musicaux, se démarquant ainsi de ses pairs. De plus, Madonna a su créer un
contraste en dévoilant un aspect de sa personnalité axé sur la maturité et son parcours en tant
que femme adulte, permettant au public de vivre littéralement son évolution au fil des ans. Cet
album a également démontré que même si l’on cherche à exclure ou annuler quelqu’un, même
en l’absence de faute, cette personne a la capacité de prouver sa valeur en tant qu’artiste. Cela
ne signifie pas nécessairement qu’un artiste doit prouver quelque chose au grand public, mais
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Madonna l’a officialisé pour les auditeurs. Si elle a été mise de côté pendant l’ère de Erotica,
c’est le moment de redécouvrir Madonna avec Ray of Light.
Ray of Light se distingue comme une œuvre profonde, révélant l’âme complexe de
Madonna à travers des thèmes introspectifs et spirituels. Sa démarche artistique a consolidé le
statut de vedette de Madonna, défié l’âgisme et le sexisme, et démontré une véritable maturité
remarquable.
Références
En français
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En anglais
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Plan final
Problématique : « Dans quelle mesure Ray of Light de Madonna peut-il être considéré comme
son magnum opus ? »
Thèse : Ray of Light se distingue comme le point culminant de la discographie studio de
Madonna.
L’introduction
I. La réception positive par rapport à celle des albums sortis dans la même décennie
1.1 L’album couronné du succès commercial
1.1.1 La vente
1.1.2 Le classement
1.1.3 La certification
1.2 L’album unanimement salué par les critiques
1.2.1 L’album expérimental
1.2.2 La qualité vocale raffinée
1.2.3 La mort de Dita, la naissance de Madonna grandie
1.3 L’album le plus récompensé
1.3.1 Six VMA’s gagnés : une preuve de la pertinence de l’artiste parmi les
jeunes
1.3.2 Les Grammys première fois gagnés : l’acceptation Recording Academy
1.3.3 Des récompenses gagnées en Europe : un témoignage de la place de
Ray of Light dans le monde
II. L’impact significatif apporté à l’industrie musicale américaine
2.1 L’inspiration pour les artistes ultérieurs
2.2.1 Nelly Furtado : l’utilisation de Ray of Light comme un moule pour Loose
2.2.2 25 d’Adele : de son être à la construction de mon être
2.2 Du Royaume-Uni aux États-Unis : Ray of Light en tant qu’importateur de
l’électronica
2.3 L’album initiateur de l’évolution des tendances musicales
2.3.1 Ray of Light : une nouvelle formule pour la musique pop
2.3.2 Le relais pris par son postérieur révolutionnaire Music
2.3.3 Le pionnier du mariage entre l’électronique et l’exotisme
III. Ray of Light : l’illumination de la vie de Madonna
3.1 Les paroles introspectives et spirituelles
3.1.1 La mère : Mer Girl et Nothing Really Matters
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