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Mohamed NAKHLI

Diplômé d’Etudes Supérieures Approfondies en Droit Privé Appliqué


Diplômé d’Etudes Supérieures Spécialisées en Droit des Affaires et Accords Industriels
Docteur d’Etat en Droit
Professeur de Droit à la Faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales de Marrakech
Avocat au Barreau de Marrakech agrée près de la Cour de Cassation

Droit Commercial :

Les Instruments de Paiement


et de Crédit

CDMAE
La collection CDMAE est une collection fondée et dirigée par le Professeur
Mohamed NAKHLI. Elle a pour objectif de promouvoir les études et les
recherches en Droit des Affaires et de l’Entreprise.
Introduction

1. L’une des principales préoccupations de l’entreprise est d’obtenir dans


des conditions satisfaisantes le règlement des sommes dues, et s’acquitter de
celles dont elle est redevable. Cette préoccupation ne doit pas être considérée
comme secondaire dans la gestion d’une entreprise. En effet, le choix
judicieux des moyens de règlement, et leur emploi adéquat ont sur la vie de
l’entreprise des conséquences directes, d’où l’intérêt indéniable d’une
connaissance parfaite des mécanismes les régissant.
2. Parmi les instruments de paiement de créances, le moyen le plus évident
est le versement d’espèces, comme l’a souligné Le Professeur
CABRILLAC : la remise des espèces transfère de façon instantanée le
pouvoir d’achat au créancier, et par là, lui apporte la sécurité. (L’efficacité
du paiement n’est pas liée à la solvabilité d’un particulier ou banquier).
Toutefois, les inconvénients d’un tel procédé sont tels que souvent la
convention des parties et surtout la loi imposent de recourir à un autre mode
de libération. C’est le cas notamment de l’article 306 du Code de Commerce
qui impose aux commerçants le paiement par chèque barré ou par virement
de tout paiement d’une valeur supérieure à 10.000,00 Dirhams. Outre les
espèces, bien d’autres procédés permettant de parvenir au même résultat.
3. Plusieurs facteurs ont conduit la pratique commerciale et bancaire à
mettre sur pied des instruments de règlements adaptés à la vie des affaires et
de l’entreprise.
Parmi ces facteurs, nous pourrons dénombrer ce qui suit :
- Le nombre toujours croissant des règlements à effectuer
quotidiennement par les entreprises.
- L’ampleur de ces règlements qui interdit le recours aux espèces.
- Et enfin la distance qui sépare très souvent les parties au règlement.
C’est donc tout naturellement que le recours aux instruments de paiement
s’est élargi dans le milieu des affaires. Leurs avantages manifestes en ont
justifié l’extension aux particuliers.
4. Doit-on parler d’instrument ou de moyens, le choix de la terminologie
semble indiffèrent si l’on considère les termes de l’article 6 de la loi N°
34.03 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés qui
dispose ce qui suit « Sont considérés comme moyens de paiement tous les
instruments qui, quel que soit le support ou le procédé technique utilisé,
permettent à toute personne de transférer les fonds ». Le moyen est ici défini
travers l’instrument. Dans tous les cas, que l’on parle de moyens ou
d’instruments, il s’agit toujours de transférer des fonds sans manipulation
d’espèces.
5. On distingue généralement les instruments de crédit, et des instruments
de paiement.
Les premiers sont des titres crées à l’occasion d’une opération
commerciale, si le paiement en est différé, ou lorsqu’un crédit est accordé,
pour permettre la mobilisation de ce crédit, c’est-à-dire pour permettre au
créancier de se procurer auprès d’un tiers des moyens de paiement
immédiatement disponible en échange de sa créance à terme.
Les deuxièmes sont des moyens qui permettent d’assurer le transfert des
sommes d’argent, généralement aux fins d’extinction d’une dette d’un
débiteur à son créancier. Un même instrument peut avoir plusieurs
fonctions ; la lettre de charge est ainsi à la fois un instrument de paiement et
de crédit, même si l’on souligne actuellement que c’est surtout un instrument
de crédit. Cependant, les fonctions attachées aux instruments ne sont pas
figées, et évoluent avec le temps, quitte à évoluer en marge de textes qui les
prévoient.
Il en est ainsi du chèque qui est utilisé par certains commerçants comme
un instrument de garantie, alors qu’en principe il s’agit uniquement d’un
instrument de paiement, ce qui exclut qu’il puisse être utilisé comme un
instrument de crédit.
6. Force est de constater que certains instruments relèvent d’une même
catégorie, celle des effets de commerce qui comprend la lettre de change et
le billet à ordre, auxquels on peut ajouter le chèque. Certes, il est souvent
contesté que le chèque soit un effet de commerce, mais il n’empêche pas
moins que celui-ci repose sur un mécanisme similaire à celui de la lettre de
change, et que leurs réglementations très proches, relèvent du droit
cambiaire (titre I).
7. En revanche, les autres instruments ne relèvent aucunement du droit
cambiaire, même si certains d’entre eux sont soumis à un certain formalisme,
qui n’est pas sans rappeler celui du chèque ou de la lettre de change. C’est
le cas notamment du virement bancaire, des cartes de paiement, de
l’affacturage, la cession de créances professionnelles ou encore le crédit
documentaire qui rentrent eux dans la catégorie des instruments non
cambiaires (titre II).

TITRE I :
LES INSTRUMENTS CAMBIAIRES

8. Les instruments cambiaires sont essentiellement la lettre de change, le


billet à ordre et le chèque. Ils appartiennent tous à la même famille, celle des
effets de commerce. La Loi n’en fournit aucune définition, mais la doctrine
dominante les définit comme étant « des titres négociables » qui constatent
au profit du porteur une créance de sommes d’argent et servent à son
paiement.
Le Droit qui régit les effets de commerce est appelé Droit Cambiaire ou
droit de change et son histoire est celle de la lettre de change, qui est apparu
vraisemblablement à la fin du XIIe siècle précédé. Il est vrai du billet à ordre.
La lettre de change et le billet à ordre sont essentiellement des instruments
de crédit et de paiement, tandis que le chèque est exclusivement un moyen
de paiement.
CHAPITRE PRELIMINAIRE : NOTIONS GENERALES
9. Nous nous interrogeons dans le cadre de ce chapitre préliminaire sur les
caractéristiques des effets de commerce, et sur la législation en vigueur les
concernant.
SECTION I : LES CARACTERISTIQUES DES EFFETS DE
COMMERCE
Les caractéristiques des effets de commerce peuvent se résument comme
suit :
I. Les effets de commerces sont créateurs d’obligations :
10. La souscription d’un effet de commerce crée un nouveau rapport de
droit qui se superpose au rapport de droit commun appelé rapport
fondamental.
Le nouveau rapport né de l’effet de commerce s’appelle le rapport
cambiaire. Les effets de commerce sont à ce titre créateurs d’obligations,
contrairement à la reconnaissance de dette qui se contente de constater
l’existence d’un droit préexistant.
II. Les effets de commerce sont des titres formels
11. Ceci signifie qu’en matière d’effets de commerce la forme l’emporte
sur le fond qui est quasi inexistant, dans la reconnaissance de dette par contre
le fond est très important. S’il y a un vice, le créancier ne pourra pas obtenir
paiement même si le fond est respecté, on dit que le droit est incorporé au
titre.
III. Les effets de commerce sont des titres négociables
12. La créance constatée par la reconnaissance de dette est transmissible
dans les formes de l’article 195 du D.O.C qui dispose ce qui suit : «le
cessionnaire n’est saisi à l’égard du débiteur et des tiers que par la
signification du transport faite par ce dernier au débiteur, ou par
l’acceptation du transport faite par ce dernier dans un acte ayant date
certaine, sauf le cas prévu à l’article 209 ».
Les effets de commerce sont transmissibles avec des formes allégées. On
dit qu’ils sont négociables. Les deux formes les plus usitées sont
l’endossement, ou la simple tradition c’est-à-dire de la main à la main.

IV. Les effets de commerce sont destinés à conférer une plus grande
sécurité au porteur
13. Cette sécurité peut s’illustrer à travers deux règles juridiques.

A. La solidarité entre tous les signataires d’un même effet de


commerce
14. Contrairement à la reconnaissance de dette dans le cadre de laquelle le
cédant n’est garant que de l’existence de la créance, mais non de la
solvabilité du débiteur, l’endosseur d’un effet de commerce est garant de son
acceptation et de son paiement. Tous les endosseurs sont solidairement tenus
envers le dernier porteur.
B. Le principe de l’inopposabilité des exceptions
15. L’exception est le moyen de défense qui permet au débiteur de ne pas
exécuter son obligation.
En matière commerciale ; les exceptions ne sont pas opposables. La
personne tenue du paiement de la lettre de change ne peut opposer au porteur
les exceptions qu’elle aurait pu opposer au tireur ou aux porteurs antérieurs.
En droit civil, par la cession de créance, le cédant transmet son droit tel
qu’il existe dans son patrimoine. Les vices qui entachent ce droit ne
disparaissent pas du fait de la transmission. On dit qu’il n’ya pas purge des
exceptions.
Comme on peut le constater les caractéristiques des effets de commerce
traduisent les impératifs de sécurité, de rapidité et de simplicité, impératifs
traditionnels du droit commercial.
SECTION II : LEGISLATION
A. Au niveau international
16. La place tenue par les effets de commerce dans le commerce
international a suscité un effort d’unification législative qui a abouti à
l’adoption d’une loi uniforme par la convention de Genève du 7 juin 1930
relative à la lettre de change et un billet à ordre, et la convention du 10/3/1931
relative au chèque.
Plus de 40 pays ont adopté cette convention ou l’ont utilisée comme
modèle de législation relative aux effets de commerce.
Bien que cette convention ait achevé un degré considérable
d’harmonisation, elle ne réussit toutefois pas à rallier les pays anglo-saxons,
notamment les Etats-Unis et l’Angleterre qui avaient lors d’une enquête
menée par la société des nations en 1923 montré leur réticence à modifier leur
législation.
B. Au niveau marocain
17. En dépit de l’absence d’un document officiel par lequel le Maroc aurait
ratifié lesdites conventions, le Droit Marocain sur les effets de commerce est
une application de la loi uniforme.
Avant la date du 1/8/1996, les effets de commerce étaient régis par les
dispositions du Dahir du 12/8/1913, et le Dahir du 19/1/1939. Le premier
concernait la lettre de change et le billet à ordre, et le deuxième le chèque.
Après cette date qui a consacré la promulgation du nouveau code de
commerce la règlementation des effets de commerce est contenue dans les
articles 159 à 328 de ce même code.
CHAPITRE I : LA LETTRE DE CHANGE
On parle aussi de traite.
SECTION I : GENERALITES
18. La lettre de change ou traite, est un écrit par lequel une personne appelée
tireur donne à une autre personne appelée tiré l’ordre de payer à une époque
déterminée une certaine somme d’argent à une troisième personne appelée
bénéficiaire ou preneur ou à l’ordre de celle-ci.
A. Technique juridique
19. Elle se décompose en deux phases :
- La phase contractuelle
C’est l’opération originaire. Elle met en rapport deux parties : un vendeur
et un acheteur. Cette phase est régie par les dispositions du droit commun des
contrats quant à sa formation et à son exécution. On appelle cette phase
contractuelle : le rapport fondamental.
- La phase cambiaire
Cette phase comprend les opérations postérieures portant uniquement sur
le titre créé en représentation du prix de vente ou de prestation de services.
Mais, alors que les rapports fondamentaux sont des rapports bilatéraux, les
rapports cambiaires sont des rapports multilatéraux établis entre des
personnes qui ne se connaissent pas nécessairement. Ainsi, le porteur à
l’échéance a pour débiteurs cambiaires tous ceux qui ont signé la traite alors
qu’il n’a été en relation qu’avec le porteur précédent, celui qui le lui a
transmis. Lors de cette phase, le titre a sa vie propre avec ses lois particulières
de création, de circulation de garantie et d’extinction.

B. Terminologie
20. Le tireur, celui qui, en sa qualité de créancier, émet la lettre de change.
- Le tiré, celui qui en sa qualité de débiteur du tireur reçoit l’ordre de payer.
- Le bénéficiaire ou tiers porteur, celui qui reçoit la lettre de change.
- Le rapport entre le tireur-vendeur et le tiré-acheteur s’appelle « la
provision ». C’est la créance du tireur sur le tiré.
- Le rapport entre le tireur-vendeur et le bénéficiaire s’appelle la valeur
fournie. C’est la créance du bénéficiaire contre le tireur. C’est également la
créance de l’endossataire contre l’endosseur.

SECTION II : LES CONDITIONS DE VALIDITE DE LA


LETTRE DE CHANGE
21. La lettre de change est un écrit littéral, c’est-à-dire que la forme
l’emporte sur le fond.
Paragraphe I : La rigueur des conditions de forme.
La simple lecture du titre doit assurer de sa parfaite validité.
L’article 159 du C.Com énumère les mentions obligatoires.
A. Mentions obligatoires
1. Dénomination de la lettre de change
22. Le titre doit porter la mention « lettre de change » insérée dans le texte
même du titre et exprimée dans la langue employée pour la rédaction de ce
titre.

2. Mandat pur et simple de payer une somme déterminée


23. La lettre de change doit contenir un mandat inconditionnel de payer
adressé par le tireur au tiré (Art. 159-2° C.Com). Si une condition est stipulée,
le titre ne peut être considéré lettre de change.
L’ordre de payer doit porter sur une somme d’argent déterminée.

3. Indication de la date et du lieu de création de la lettre de change


(Art. 159-7° C.Com)
24. L’indication de la date, est utile à plusieurs égards, et permet de :
- Calculer le délai de prescription de l’effet, ainsi que celui des intérêts
dus ;
- Savoir si le tireur pouvait valablement à cette date émettre une lettre
de change ;
- Connaître la date pour déterminer l’échéance quand la lettre est à un
certain délai de date ;
- Connaître le délai de paiement si la traite est payable à vue.
L’indication du lieu de création est très importante en matière de
commerce international car elle permet de connaître la loi nationale qui
s’appliquera.
4. Le nom de celui qui doit payer c’est-à-dire le tiré (Art. 159-3°)
25. En principe, le tiré est désigné par le tireur, mais il peut se désigner lui-
même (Art. 161 du C. Com).

5. L’indication de l’échéance
26. Elle peut être fixée selon quatre modalités (Art. 181 du C.Com) :
-A vue ou à première présentation, c’est-à-dire sans délai de
paiement ;
- A un certain délai de vue, c’est-à-dire à l’expiration d’un délai qui
commence à courir à partir de la première présentation au tiré ;
- A un certain délai de date, le délai fixé court à partir du jour de la
création de l’effet de commerce ;
-A jour fixe ; la façon la plus courante, le jour de l’échéance est
déterminé ;
Toute autre forme de libellé de la date d’échéance est nulle. Les lettres de
change à échéances successives sont nulles.

6. L’indication du lieu de paiement (Art. 153 al. 5)


27. Le principe général du droit privé selon lequel les dettes sont quérables
s’applique au droit de la lettre de change : la traite doit être encaissée au
domicile du débiteur.
Mais ce principe est très gênant dans la pratique ; c’est pourquoi la plupart
des lettres de change sont domiciliées en banque.
La pratique bancaire est très simplifiée car ce sont des banques qui sont
porteuses, et ce sont des banques qui doivent payer du fait de la domiciliation
des effets de commerce que sont les lettres de change, elles se règlent donc
entre elles en utilisant le procédé de la chambre de compensation.

7. Le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être


fait (Art. 159 al.6).
28. La lettre de change doit mentionner le nom du bénéficiaire ou preneur.
Le tireur peut désigner une personne de son choix, en fait il indique son
créancier. Mais le tireur peut se désigner lui-même comme bénéficiaire.
8. Le nom et la signature de celui qui émet la lettre de change, c’est-
à-dire le tireur
29. Cette signature doit être obligatoirement apposée à la main. Tout autre
procédé non manuscrit n’est pas admis.

B. La sanction de l’inobservation des conditions de forme.

a- Le principe
30. La lettre de change dans laquelle une seule mention exigée par l’article
159 du C.Com fait défaut ne vaut pas comme lettre de change.
Le titre n’est pas nul, il y a une simple dégénérescence de sa valeur
juridique.
Pour certains cas, la dégénérescence est une sanction trop grave, la loi a
prévu un régime d’équivalence pour le cas ou certaines mentions obligatoires
feraient défaut. On parle alors de supposition de mention.

b- Les exceptions
31. Elles sont énoncées par le 2° alinéa de l’article 160 du C.Com. en voici
l’énumération :
- La lettre de change dont l’échéance n’est pas indiquée est considérée
comme payable à vue ;
- A défaut d’indication spéciale, le lieu désigné à côté du nom du tiré
est réputé être le lieu de paiement et, en même temps, le lieu du
domicile du tiré :
- Si le lieu n’est pas indiqué à côté du nom du tiré, le lieu de paiement
est celui où le tiré exerce son activité ou celui où il est domicilié ;
- La lettre de change n’indiquant pas le lieu de sa création est
considérée comme souscrite dans le lieu désigné à côté du nom du
tireur ;
- Si le lieu n’est pas indiqué à côté du nom du tiré, le lieu de change
est considérée comme souscrite dans le lieu du domicile du tireur ;
- A défaut d’indication spéciale, la date de création de la lettre de
change est considérée être celle de la remise du titre au bénéficiaire.
C. Les mentions facultatives
32. A côté des mentions obligatoires peuvent coexister un certain nombre
de mentions facultatives qui correspondent à des stipulations spéciales des
parties. Voici une énumération des mentions facultatives les plus fréquentes :
a- Clause de domiciliation
33. C’est la clause par laquelle le tireur ou éventuellement le tiré indique
un lieu de paiement de la traite autre que celui du domicile du tiré,
généralement la banque de ce dernier.
b-Mention de la valeur fournie
34. Cette mention indique quelle est la nature de la créance du bénéficiaire
sur le tireur qui justifie la création de la lettre à son profit. Il peut y avoir selon
le cas, valeur fournie en marchandises, en services, en espèces, en compte.
L’indication de la valeur fournie est présumée sincère mais la preuve de sa
fausseté peut être établie. La lettre est néanmoins valable, dès lors qu’elle a
une cause réelle et licite.
La mention de la valeur fournie entraîne les conséquences suivantes :
- Elle renseigne les porteurs successifs sur la nature de la créance du
bénéficiaire sur le porteur, dès lors tous les vices dont elle peut être
affectée, notamment l’illicéité sont opposables aux différents porteurs.
- Elle traduit la volonté du tireur de s’engager par la lettre de change à
l’égard du porteur dans les mêmes termes et aux mêmes conditions que
sa créance sur le tiré ; ainsi les garanties de la créance (privilège, gage,
hypothèque…) sont présumées profiter à tous les porteurs.

c-Stipulation d’intérêts
35. La stipulation par le tireur que la somme sera productive d’intérêts est
réputée non écrite, sauf si la lettre est à vue ou à un délai de vue (Art. 162 al.1
du C.Com).
Dans ces cas, le taux des intérêts doit être indiqué dans la lettre, à défaut, la
clause est réputée, non écrite (Art. 162 al.2 du C.Com) les intérêts courent à
partir de la date de la lettre si une autre de n’est pas indiquée (Art. 162 al. Du
C.Com)
d-Clause « suivant avis » ou « sans avis »
36. La clause « suivant avis » mise par le tireur signifie au tiré qu’il ne
doit ni accepter ni payer la lettre de change avant d’avoir reçu de lui un avis
séparé indiquant les caractéristiques essentielles de l’effet. Si le tiré paie
sans avoir reçu avis, il est responsable de ce paiement.
e-Clause « sans garantie » ou « fait à forfait »
37. Le tireur peut par la stipulation « sans garantie » ou « à forfait »,
s’exonérer de la garantie d’acceptation, mais il ne peut s’exonérer de la
garantie de paiement.
f-Clause « sans protêt »
38. Cette clause dispense le porteur de faire dresser, pour exercer ses
recours, un protêt faute d’acceptation ou de paiement (Art. 200 C.Com).
g-Clause « non à ordre »
39. Cette clause interdit à la lettre de change de circuler par la voie de
l’endossement, le titre est alors transmissible dans la forme et avec les effets
d’une session ordinaire (Art. 167 al.2 du C.Com).

Paragraphe II- La quasi-inexistence des conditions de fond


A. Le principe : pas de conditions de fond
40. Les conditions de fond sont quasi-inexistantes. L’existence de la
provision n’est pas une condition de validité de la lettre de change. En effet,
l’un des traits essentiels de la provision est qu’elle ne peut exister qu’au
moment de l’échéance.
L’article 166 al.2 du code de commerce tient compte de l’existence de la
provision à l’échéance seulement. « Il y a provision si à l’échéance de la
lettre de change, celui sur qui elle est fournie est redevable au tireur, ou à
celui pour le compte de qui elle est tirée, d’une somme au moins égale ou
montant de la lettre de change ».
B. Exception : l’existence de conditions de fond
a- Les conditions concernant le titre lui-même
41. C’est le problème des effets de complaisance dont nous présentons ici
le mécanisme et le régime juridique.
1. présentation du mécanisme
42. Dans le tirage de complaisance, le tireur émet une lettre de change sur
un tiré auquel il ne fournit pas de provision : celui-ci accepte la lettre par
complaisance après avoir reçu la promesse du tireur de verser les fonds à
l’échéance. Cette lettre revêtue de deux signatures, celle du tireur et du tiré,
pourra être escomptée par un banquier et fera ainsi bénéficier le tireur d’un
crédit à court terme.
On peut poursuivre le processus en émettant l’hypothèse qu’au moment
de l’échéance le tireur ne dispose pas des fonds nécessaires pour les verser
au tiré. Il pourra alors s’entendre à nouveau avec ce dernier ou avec un autre
tiré complaisant pour obtenir l’acceptation d’une nouvelle lettre de change
qu’il fera à nouveau escompter. Il obtiendra ainsi les fonds pour les remettre
au tiré de la première lettre. Ces lettres de complaisance qui se
« chevauchent » les unes sur les autres sont dites « effets de cavalerie »
quelquefois de tels tirages peuvent être réciproques, il s’agira alors de tirages
croisés.
2. régime juridique
43. La jurisprudence et la doctrine font une distinction entre les effets de
« bonne complaisance » et les effets « de mauvaise complaisance ».
Les premiers sont les effets de commerce signés par un « complaisant »
solvable qui entend apporter au tireur momentanément gêné dans sa
trésorerie, le secours de son propre crédit : ils sont valides.
Les seconds dont le caractère frauduleux est constaté, sont frappés de
nullité. Toutefois, le porteur de bonne foi peut obtenir le paiement de la part
de n’importe quel signataire.
L’endosseur de bonne foi contraint de payer le porteur de bonne foi
dispose d’un recours contre les précédents signataires. Le donneur d’aval
jouit des mêmes recours.
Le complaisant par contre n’a aucun recours, même contre le bénéficiaire
pour récupérer le montant de l’effet qu’il a dû acquitter ; plus grave encore
sa responsabilité peut être engagée pour maintien artificiel du crédit du
bénéficiaire.
Dans certains cas de figure, les personnes ayant cherché à bénéficier
d’effets de complaisance peuvent être condamnées pour banqueroute simple,
voire pour escroquerie.
Enfin, le fait de recourir à la création d’effets de complaisance peut être
le signe d’un état de cessation des paiements donnant lieu à l’ouverture d’une
procédure de redressement judiciaire du bénéficiaire des effets frauduleux.
b/ Les conditions concernant l’engagement d’un signataire
44. Il faut bien entendu que la signature émane de celui qui est engagé.
Il faut aussi la capacité d’accomplir des actes de commerce puisque la
lettre de change est un acte de commerce par la forme.
Si une lettre de change porte des signatures de personnes incapables et
des signatures de personnes capables, la lettre de change n’est pas
entièrement nulle. En application du principe de l’indépendance des
signatures, ceux qui ont valablement donné leur signature sont engagés (Art.
164 du C.Com)
SECTION III : LA VIE DE LA LETTRE DE CHANGE
Paragraphe I : L’émission de la lettre de change
A. Définition
45. L’émission consiste à rédiger la lettre conformément aux dispositions
légales et à la remettre au preneur. Elle est l’œuvre du tireur qui, le plus
souvent, utilise des formules extraites d’un carnet à souches. Depuis le
17/3/2008, l’achat du bordereau de lettre de change pour les transactions
commerciales chez les buralistes n’est plus d’actualité. En effet, l’application
de la réglementation relative à la normalisation de la lettre de change (en
vigueur depuis le 27 février 2007) est désormais obligatoire (Décision
règlementaire de Bank-Al-Maghreb numéro D20/G/07).

Cette réglementation s’inscrit dans le programme de la modernisation des


systèmes de paiement et vise l’amélioration des délais de recouvrement ainsi
qu’une plus grande sécurité des transactions.

46. Cette normalisation induit des changements de pratiques, aussi bien à


l’émission qu’à la remise à la lettre de change qui doit être établie remise et
renseignée par le tiré sur la base d’un carnet LCN nominatif délivré par la
banque domiciliataire du compte du client. Elle doit obligatoirement revêtir
la forme standard arrêtée par Bank-Al-Maghreb en vue de faciliter son
traitement informatique, et son intégration dans le Système Interbancaire
Marocain des Télé compensations (S.I.M.T).
B. Effets de l’émission

L’émission entraîne deux types de conséquences.


a- Le tireur est tenu cambiairement de payer le titre (Art. 165
C.COM !)
47. Des rapports cambiaires se superposent aux rapports de droit commun,
entraînant la mise en œuvre d’un certain nombre de principes que nous
détaillerons plus loin (solidarité entre les signatures, inopposabilité des
exceptions, interdiction de tout délai de grâce…)
b- La provision est transféré de plein droit (Art. 166 C.COM)
48. La provision est une créance, elle est transférée telle quelle au
bénéficiaire, avec tous ses vices. Les exceptions que le tiré pouvait invoquer
contre le tireur peuvent aussi être invoquées contre le bénéficiaire.

Ce transfert de plein droit est utile à plusieurs niveaux :

- le porteur est protégé contre le risque de redressement du tireur, puisque


sa créance est sortie du patrimoine de celui-ci.

- les créanciers du tireur ne peuvent pas provoquer la saisie arrêt sur le


débiteur de leur débiteur, c’est-à-dire le tiré, puisque le tiré n’est plus débiteur
du tireur mais du bénéficiaire.

Paragraphe II : L’Acceptation de la lettre de change


49. Tant que la lettre de change n’est pas acceptée, le tiré n’est pas engagé
cambiairement de telle sorte que pour le porteur, le tireur est son débiteur
principal. Celui-ci cesse de l’être par l’acceptation qui fait acquérir cette
qualité au tiré.

Aussi peut-on définir l’acceptation comme l’acte par lequel le tiré


s’engage cambiairement à payer à titre principal, le montant de la lettre de
change, à l’échéance, au porteur de bonne foi (Art. 178 C.COM).

Après l’acceptation, le tiré assumera envers tous les porteurs successifs de


la traite une dette cambiaire indépendante de la provision et se superposant à
elle.

L’acceptation purge les exceptions puisque le tiré accepteur s’est reconnu


le débiteur personnel du bénéficiaire.

A. Présentation à l’acceptation
50. La lettre de change peut, jusqu’à l’échéance, être présentée à
l’acceptation du tiré, au lieu de son domicile, par le porteur ou même par un
tiers détenteur (Art. 174 al. 1 C.Com), à condition que la lettre n’ait pas été
déclarée non-acceptable (Art. 174 al.2 C.Com).

Toutefois, le porteur est obligé de présenter :

- Une lettre à un certain délai de vue, que doit l’être dans le délai d’un an
à compter de sa date (Art. 174 al.6 C.Com) ; le tireur peut néanmoins abréger
le délai d’un an ou en stipuler un plus long (Art. 174 al.7 C.Com), tandis que
les endosseurs peuvent seulement l’abréger (Art. 174 al.8 C.Com).

- Une lettre portant la mention « contre acceptation » : la clause peut être


apportée par le tireur, avec ou sans fixation de délai (Art. 174 al.2 C.Com),
elle peut l’être aussi par un endosseur, avec ou sans fixation de délai à moins
que la lettre n’ait été déclarée non-acceptable par le tireur (Art. 174 al.5
C.Com).

B. Le choix du tiré
51. Lorsque la traite lui est présentée pour acceptation, le tiré n’est pas
obligé de prendre partie immédiatement, il a un délai de 24 heures, c’est-à-
dire qu’il peut demander une seconde présentation le jour suivant la première
présentation (Art. 175 C.Com).

Le tiré qui tarde trop à retourner la lettre de change revêtue ou non de la


mention d’acceptation commet une faute sanctionnée par les dommages et
intérêts.

Le tiré a trois possibilités, soit accepter la lettre de change, soit la refuser,


soit l’accepter par intervention.

a-L’acceptation
52. Le tiré est, en principe, libre d’accepter ou de refuser.

Toutefois, le tiré est obligé d’accepter lorsque la lettre est créée en vue
d’une fourniture de marchandise réalisée entre commerçants et que le tireur a
livré les marchandises promises (Art. 174 al.9 C.Com). S’il refuse d’accepter
dans ce cas, le tiré perd de plein droit le bénéfice de terme (Art. 174 al.10
C.Com).

1. Les formes de l’acceptation


53. Aux termes de l’article 176 C.Com, l’acceptation doit être écrite sur la
lettre de change. En conséquence, une acceptation par acte séparé ne peut
entraîner qu’un engagement de payer dans les termes du droit commun.

L’acceptation est exprimée par le mot « accepté » ou tout autre mot


équivalant (Art. 176 al.1 C.Com).

L’acceptation est signée du tiré. La signature doit être manuscrite. La


simple signature du tiré apposée au recto de la lettre vaut acceptation (Art.
176 al.1 C.Com).

L’acceptation doit être datée seulement quand la lettre est payable à un


certain délai de vue ou lorsqu’elle doit être présentée à l’acceptation dans un
délai déterminé en vertu d’une stipulation spéciale. Elle doit l’être alors du
jour où elle est donnée, à moins que le porteur n’exige qu’elle soit datée du
jour de la présentation. A défaut de date, le porteur pour conserver ses droits
de recours contre les endosseurs et contre le tireur, fait constater cette
omission par un protêt dressé en temps utile (Art. 176 C.Com)

54. L’acceptation doit être pure est simple (Art. 176 al.3 C.Com).

Mais, dans la pratique, la condition est parfois dissimulée, le tiré accepte


la lettre de change mais modifie la date d’échéance, c’est une acceptation sous
la condition d’une prorogation d’échéance, il ya donc refus d’acceptation.

« Toutefois, l’accepteur est tenu dans les termes de son acceptation » (Art.
176 in fine C.Com).

Que signifie cette phrase ? Raisonnons sur un exemple.

Le porteur qui voit revenir la traite acceptée mais comportant une


modification dans la date d’échéance peut avoir trois attitudes ;

- les énonciations de la date de change ont été modifiées.


Il considère la traite comme non acceptée et agit en conséquence c’est-
à-dire qu’il actionne l’action récursoire en vertu de l’article 196 C.Com.
- Il ya refus d’acceptation, mais il décide d’attendre l’expiration du délai
originairement prévu pour exercer l’action récursoire.
- Enfin, il peut attendre la réalisation de la condition, à cette date, le tiré
sera considéré comme un tiré accepteur, et il sera tenu à titre cambiaire.
2. Les effets de l’acceptation
55. « Par l’acceptation, le tiré s’oblige à payer la lettre de change à
l’échéance » (Art. 178 al.1 C.Com).

Avant l’acceptation, le tiré n’était tenu envers le bénéficiaire de la traite


qu’au titre de la provision.

A compter de l’acceptation, s’appliquent les règles qui découlent de


l’apparition du lien cambiaire (solidarité des cosignataires, inopposabilité des
exceptions…).

« L’acceptation suppose la provision » (Art. 166 al.5 C.Com).

Cette formule concise du texte signifie que si le tiré accepte de s’engager


cambiairement, c’est qu’il a reçu la marchandise prévue c’est-à-dire que la
provision a été créée. Le tiré reconnaît l’existence d’une créance
fondamentale.

Pour comprendre l’importance pratique de cette présomption, il faut


envisager les rapports de droit qui lient les trois participants à l’opération :

2.1. L’importance du principe dans les rapports tireur-tiré


56. L’acceptation suppose la provision. Il s’agit là d’une présomption
simple selon laquelle si la lettre de change est acceptée c’est que la provision
existe.

Les règles du droit civil énoncent que c’est le créancier qui doit prouver
l’existence de son droit. La charge de la preuve de l’existence de la provision
devrait donc peser sur le porteur.

En matière cambiaire, la charge de la preuve est renversée, et c’est au tiré-


accepteur de prouver que la provision n’existe pas.

2.2. L’importance du principe dans les rapports tiré-porteur


57. La présomption de la provision n’a aucune importance pour le porteur
car il s’agira au titre cambiaire qui est le lien le plus fort qui l’unisse au tiré.

2.3. L’importance du principe dans les rapports tireur-porteur


58. Si le tiré ne paie pas à l’échéance, le porteur peut utiliser son action
récursoire de nature cambiaire contre le tireur (Art. 196 C.Com).

Mais pour bénéficier de ce recours, le porteur doit respecter les obligations


que la loi met à sa charge, et notamment, il doit présenter la lettre de change
au paiement soit le jour où elle est payable, soit l’un des cinq jours ouvrables
qui suivent (Art. 184 C.Com). Le porteur sera déchu de son recours cambiaire
à l’encontre du tireur, à moins que celui-ci n’ait pas fait provision.

Cependant le tireur ne peut faire valoir cette déchéance que s’il prouve
qu’il a fait provision.

La présomption d’existence de la provision ne joue pas dans les rapports


tireur- porteur.

b- Le refus d’acceptation

En cas de refus d’acceptation, le porteur a deux obligations :

1. Faire constater le refus d’acceptation par protêt (Art. 209 et S.


C.Com).
59. Le protêt est l’acte par lequel un porteur de lettre de change proteste
contre un refus d’acceptation.

Ce protêt faute d’acceptation est obligatoire à moins que la lettre de


change n’ait été stipulée « sans frais » ou « sans protêt » (Art. 200 C.Com).

Hors cette exception, le protêt est obligatoire pour que les recours
cambiaires appartenant au porteur, puissent s’exercer immédiatement sans
attendre l’échéance.

2. Aviser celui qui a transmis la lettre de change du refus


d’acceptation (Art. 199 C.Com)
60. Le porteur doit donner avis du défaut d’acceptation ou de paiement à
son endosseur dans les six jours ouvrables qui suivent le jour du protêt ou
celui de la présentation en cas de retour sans frais.

Le porteur est responsable du préjudice éventuel pouvant résulter du


défaut d’avis, cette responsabilité est limitée au montant de la lettre de change
(Art. 199 al.9 C.Com).
b-L ’acceptation par intervention
61. L’acceptation simple et le refus catégorique ont des inconvénients.

Il existe une troisième solution : l’acceptation par intervention (Art. 216


C.Com).

Pour ne pas mettre le tireur en difficulté, le tiré accepte la lettre de change


au nom de celui-ci. Il intervient uniquement pour éviter les recours de l’article
196 C.Com. contre le tireur.

Mais si le tiré est obligé de payer, il ne s’est pas reconnu personnellement


débiteur du porteur. Il est intervenu dans l’intérêt du tireur ; tout se passe
comme si le tiré était caution du tireur.

Cette acceptation ne fait pas présumer la provision car le tiré ne s’est pas
reconnu débiteur.

L’acceptation par intervention est mentionnée sur la lettre de change, elle


est signée par l’intervenant. Elle indique pour le compte de qui elle a lieu. A
défaut de cette indication, l’intervention est réputée donnée pour le tireur (Art.
216 al.5 C.Com)

Le porteur peut refuser l’acceptation par intervention. Toutefois, s’il


l’admet, il peut perdre les recours qui lui appartiennent avant l’échéance
contre les signataires subséquemment (Art.216.al.4).

Paragraphe III : L’aval


62. L’aval est l’engagement pris par une personne de payer une lettre de
change à l’échéance, dans les mêmes conditions qu’un autre souscripteur qui
a précédemment signé.

Il ressort de cette définition que le donneur d’aval ou avaliseur ou avaliste


est la caution solidaire cambiaire de l’un des signataires. C’est un tiers qui
s’engage cambiairement à côté de celui pour le compte duquel il donne sa
signature.

A. Les conditions de l’Aval

L’aval est donné le plus souvent sur la lettre de change elle-même, il peut
l’être par acte séparé (Art.180 a 1.3 C.COM).
a- L’aval peut être donné sur le litre lui-même
63. 1/Il ressort de l’article 180 al.2 du code commerce que l’aval apposé sur
le titre résulte d’une simple signature au recto précédée ou non des mots« Bon
pour aval » ou par toute autre formule équivalente. La signature seule suffit
quand elle est apposée au recto de la lettre, car il n’est pas possible de la
confondre alors avec les autres signatures de la lettre. (Tireur ou tiré).

2/L’aval peut être limité à une partie de la somme (Art.180 al.6 C.Com).

3/L’aval doit indiquer pour le compte de qu’il est donné (Art.180


al.6C.Com).

Faute d’indication précise concernant le non de l’avalisé, l’aval est réputé


donné pour le tireur qui garantit tous les autres signataires. En France, la cour
de cassation a vu là une présomption irréfragable, c’est-à dire n’étant pas
susceptible de preuve contraire, même si en fait ; il en résulte que le donneur
d’aval a entendu cautionner le titré.

b- L’aval peut être donné par acte séparé


64. L’aval peut être donné, en dehors de la lettre de change, par acte séparé.
Cet acte doit indiquer le lieu où la signature d’aval a été donnée (Art. 180 al.
2 in fine C.Com). Il doit mentionner le montant et l’échéance des effets
avalisés.

Lorsque l’engagement de garantir une lettre donnée par acte séparé ne


constitue pas un aval parce qu’il n’est pas précisé quand à son montant, ni
quant à son échéance, il peut constituer un cautionnement ordinaire.

L’aval par acte séparé présente l’avantage sur le plan pratique de ne pas
faire apparaître à tous les porteurs successifs que le signataire dont la
signature est avalisée, est d’une solvabilité incertaine.

Il ne sera connu que du bénéficiaire qui l’aura exigé et qui le conservera


sans le faire circuler avec la lettre de change.

B. Les effets de l’aval


65. Le donneur d’aval est tenu de payer la lettre de change, mais il dispose
alors de recours.
a- Le donneur d’aval est tenu de payer
1. Le principe
66. Le donneur d’aval est tenu en principe de la même manière que celui
dont il s’est porté garant (Art.180 al. 7 C.Com).

Ainsi, si le tireur peut opposer au porteur une prorogation de délai ou une


négligence entraînant la déchéance des recours cambiaires ou tout autre
moyen de défense, le donneur d’aval peut lui aussi invoquer cette exception.

2. L’exception
67. Aux termes de l’article 180 al.8 C.Com. L’engagement de l’avaliste
« …est valable, alors même que l’obligation qu’il a garantie serait nulle pour
toute autre cause qu’un vice de forme. »

En application du principe de l’indépendance des signatures, l’avaliste est


tenu de payer le porteur bien que le tireur puisse se retrancher derrière la
nullité de son engagement.

Par dérogation au principe de l’al.7 de l’article 180 du C.Com.l’avaliste


est tenu de payer le porteur bien que le tireur puisse se retrancher derrière la
nullité de son engagement, autrement dit, l’avaliste ne peut pas opposer au
porteur l’exception de nullité de l’engagement du titre, sauf si cette nullité est
due à un vice de forme du titre, auquel cas l’avaliseur est protégé.

b) Le donneur d’aval contraint de payer dispose de recours


1. Recours contre le débiteur cautionné
68. Lorsqu’il a payé le montant de la traite, l’avaliste peut demander à
l’avalisé la somme intégrale qu’il a payé, (Art. 180 al. 10 C.Com).Cette
disposition est une application du principe selon lequel toute caution peut se
retourner contre celui qu’elle a garanti.
2. Recours contre les autres signataires
69. L’avaliseur qui a payé peut exercer les recours que le débiteur garanti
aurait pu exercer s’il avait lui-même effectué le paiement.

Ainsi, s’il a payé pour un endosseur, il peut agir contre le tiré accepteur,
le tireur ou endosseur précèdent. S’il a payé pour le tireur, il peut agir contre
le tiré accepteur.
3. Recours contre les autres avaliseurs
70. Lorsque plusieurs personnes ont donné aval, celui qui a payé a,
conformément à l’article 1145 du D.O.C., un recours contre les autres
avalistes, chacun pour sa part et portion.

Le droit commun du cautionnement conduit à décider que si l’un des


donneurs d’aval devient insolvable, il y a lieu de répartir entre les autres la
perte qu’a occasionné son insolvabilité.

Paragraphe IV : La transmission de la lettre de change


71. L’endossement et l’indication au dos de la lettre, d’en payer le montant
à l’ordre d’une personne désignée, suivi de la signature du stipulant. Le
bénéficiaire de l’endossement est l’endossataire, le stipulant, l’endosseur.

L’endossement ne peut pas être employé lorsque le tireur a inséré dans la


lettre les mots « non à ordre » ou une expression équivalente. Ce titre dit à
personne dénommée n’est alors transmissible que dans la forme et avec les
effets d’une session ordinaire (Article 167 al. 2 du C. Com).

L’endossement peut être effectué soit en pleine propriété (c’est


l’endossement par procuration), soit à titre de gage (c’est l’endossement
pignoratif).

A. L’endossement translatif de propriété


72. L’endossement translatif ou à titre de propriété est celui par lequel la
propriété de la lettre est transmise à l’endossataire.

a. Conditions de l’endossement translatif


73. Les conditions de forme de l’endossement translatif de propriété sont
les suivantes :

- L’endossement peut revêtir trois formes, il peut être nominatif, au


porteur ou même en blanc, l’endossement en blanc vaut comme un
endossement au porteur.

- L’endossement doit être pur et simple.

- Il doit avoir lieu pour la totalité de la somme mentionnée sur la lettre de


change.
- L’endossement doit figurer au verso du titre ou sur une feuille qui y est
attaché, appelée allonge.

Enfin, la signature de l’endossement est primordiale.

Relativement aux conditions de fond de l’endossement translatif de


propriété de la lettre de change deux questions se posent :

1. Qui peut endosser une lettre de change ?


74. L’article 170 du C.Com. répond de la façon suivante :

L’endosseur d’une lettre de change est celui qui détient le titre par « une
suite ininterrompue d’endossements ».

Ce porteur légitime se détermine par l’apparence formelle du titre


(impératif de rapidité du droit cambiaire).

Dans le cas d’un endossement en blanc, le porteur est présumé détenir le


titre des mains du signataire du titre.

2. Quand peut avoir lieu l’endossement d’une lettre de change ?


75. On peut endosser une lettre de change à compter du jour de l’émission
et jusqu’à l’échéance.

L’endossement peut même avoir lieu après protêt faute de paiement, mais
celui qui acquiert ce titre acquiert une lettre de change dont la valeur
économique a fortement diminué, car si un protêt a été dressé c’est que le tiré
a refusé de payer. Dans ce cas, seule est transmise une créance de droit
commun car il ya eu dégénérescence du titre. (Art. 173 du C. Com.).

b. Les effets de l’endossement translatif


76. Les effets de l’endossement translatif sont différents selon que
l’endossement a eu lieu avant ou après le protêt.
1. L’endossement avant expiration du délai pour dresser protêt
77. 1.1 Les obligations de l’endosseur

« L’endosseur est, sauf clause contraire, garant de l’acceptation et du


paiement » (Art. 169).
L’article 169 ci-dessus désigné est une application du principe selon
lequel quiconque signe une lettre de change est tenu de la payer.

L’endosseur peut se dégager de cette obligation, mais dans ce cas, la


valeur économique du titre est fortement affectée. Pour cette raison, cette
forme d’endossement sans garantie de paiement appelée l’escompte à forfait
est mal vue dans le commerce interne, mais on la rencontre assez
fréquemment dans les relations commerciales internationales.

78. 1.2 Les droits de l’endossataire

Aux termes de l’article 168 du C. Com. « l’endosseur transmet tous les


droits résultant de la lettre de change ».

Les droits de l’endossataire d’une traite sont le reflet de l’article 169 du


C. Com. : L’endosseur a garanti le paiement à l’endossataire, un lien
cambiaire s’est créé entre eux.

Enfin, l’endossataire bénéficie de la règle de l’inopposabilité des


exceptions (Art. 171 du C. Com.) selon laquelle « les personnes actionnées
en vertu de la lettre de change ne peuvent pas opposer au porteur les
exceptions fondées sur leurs rapports personnels avec le tireur ou avec les
porteurs antérieurs, à moins que le porteur en acquérant la lettre, n’ait agi
sciemment au détriment du débiteur ».

Il ressort de cet article que la règle de l’inopposabilité des exceptions est


écartée dès que le porteur a conscience du préjudice que l’endossement cause
au débiteur en le plaçant dans l’impossibilité de se prévaloir, vis-à-vis du
tireur ou d’un précédent endosseur, d’un moyen de défense issu de ses
relations avec ces derniers.

2. L’endossement après expiration du délai pour dresser protêt


79. Aux termes de l’article 173. Du C. Com., l’endossement après protêt ne
produit que les effets d’une cession de créance. Un tel endossement transmet
au bénéficiaire les droits qu’avait le cédant sans qu’il soit besoin de procéder
à la formalité de l’article 195 du D.O.C, mais toutes les exceptions attachées
à la créance lui sont opposables.
b- L’endossement de procuration
80. L’endossement de procuration est celui par lequel le porteur confie le
soin d’encaisser la lettre pour son compte à un mandataire, qui est le plus
souvent un banquier ou un encaisseur professionnel.

L’endossement de procuration résulte de la mention « Valeur en


recouvrement », « Pour encaissement », « Par procuration » ou toute autre
mention impliquant un simple mandat (Art. 172 C. Com.).

L’endossataire ne fait qu’exercer les droits et prérogatives de l’endosseur.


Il peut à ce titre exercer tous les droits dérivant de la lettre de change, mais ne
peut endosser celle-ci qu’à titre de procuration. Cette situation explique
également que les personnes actionnées puissent invoquer contre le porteur
les exceptions qui seraient opposables à l’endosseur (Art. 172 al. 2 C. Com.).

Selon une jurisprudence française datant de 1850, la procuration


d’encaissement d’une lettre de change prend fin si elle est révoquée avant
l’exécution.

Toutefois, la procuration ne prend pas fin par le décès du mandant ou la


survenance de son incapacité (Art. 172 al. 3 C. Com.).

B. L’endossement pignoratif
81. L’endossement pignoratif est celui par lequel le porteur d’une lettre de
change remet celle-ci en gage à son créancier.

Résultat de la mention « Valeur en garantie », « Valeur en gage », ou toute


autre mention impliquant un nantissement (Art. 172 al.4 C.Com.), il permet
au porteur d’exercer tous les droits dérivant de la lettre de change. Il a à
l’égard des signataires de la lettre, les mêmes droits qu’un porteur légitime et
de bonne foi. « Les obligés ne peuvent invoquer contre lui les exceptions
fondées sur leurs rapports personnels avec l’endosseur » (Art. 172 al.5
C.Com.).

Toutefois, l’endossataire ne peut faire sur le titre qu’un endossement à


titre à titre de procuration (Art. 172 al.4 C. Com.).

L’endossataire-créancier-gagiste doit garder la lettre jusqu’au paiement de


sa créance. S’il n’est pas payé avant l’échéance de la lettre à charge, il exerce
les droits que la lettre confère à l’endosseur-débiteur.
Section IV : le paiement de la lettre de change
Paragraphe I : la présentation au paiement
82. La présentation de la lettre de change au paiement est faite par le porteur
ou par un mandataire chargé du recouvrement.

En principe, la présentation doit avoir lieu au domicile du tiré. En pratique,


la grande majorité des lettres portent une clause de domiciliation chez un
banquier, qui se chargera du paiement sur ordre écrit du tiré (Art. 184 al.2 C.
Com.).

Comme beaucoup de lettres terminent leur circuit chez un banquier, la


présentation au paiement a lieu le plus souvent en chambre de compensation.

Aux termes de l’article 184 C.Com. la présentation au paiement d’une


lettre de change doit avoir lieu soit le jour où elle est payable, soit l’un des
cinq jours ouvrables qui suivent.

83. La présentation peut exceptionnellement se faire avant la date


d’échéance en cas de survenance de trois événements économiques altérant
la valeur du titre, ces événements relatés par l’article 196 C.Com. sont :

- Le refus d’acceptation par le tiré


- Le redressement ou liquidation judiciaire du tiré accepteur ou non.
- Le redressement ou liquidation judiciaire du tireur d’une lettre non
acceptable.

Paragraphe II : Le paiement de la lettre de change


84. Le tiré peut payer (A), mais il peut refuser de payer (B).
A. Réalisation du paiement

Avant de payer la traite, le débiteur doit effectuer deux sortes de


vérifications:

a- Les vérifications préalables au paiement


85. 1. Il faut d’abord vérifier la légitimité formelle du titre

Aux termes de l’article 170 du code de commerce « le détenteur d’une


lettre de change est considéré comme porteur légitime s’il justifie de son droit
par une suite ininterrompue d’endossements même si le dernier endossement
est en blanc… ».

Le tiré doit donc vérifier que la chaîne des endossements est


ininterrompue, mais il n’a pas à vérifier la signature et la capacité des
endosseurs. Cette règle correspond bien à l’impératif de rapidité du droit
commercial (Art. 186 al.2 C. Com.).

86. 2. Il faut ensuite vérifier qu’il n’y a pas d’opposition au paiement

L’article 189 C.Com. n’autorise l’opposition au paiement que dans deux


cas:

- La perte ou le vol de la lettre de change.


- Le redressement ou liquidation judiciaire du porteur.

En dehors de ces deux cas, l’opposition n’est pas valable. Mais cette
validité est appréciée par le juge des référés ; si l’opposition n’est pas valable,
c’est lui seul qui peut donner mainlevée d’opposition.

c- Les modes de paiement


87. Le paiement en espèces d’une lettre de change est une hypothèse
d’école.

Le débiteur peut aussi se libérer en remettant un autre effet de commerce,


mais ce n’est pas fréquent.

Le cas où la lettre de change est payée par chèque est prévu par l’article
198 du C.Com.

En fait, l’immense majorité des lettres de change sont réglées par virement
en banque.

Dans la plupart des cas, en effet, c’est une banque qui présente la traite au
paiement à une autre qui est domiciliataire.

La traite sera payée par le débit du compte du tiré et par le crédit du compte
du banquier escompteur qui répercutera la somme sur le compte de son client.

Dans tous les cas, le tiré en payant la lettre, peut exiger qu’elle lui soit
remise acquittée par le porteur (Art. 184 Al. 1 C.Com.) cet acquis marque la
fin de la vie du titre devenu désormais sans valeur.
Précisons enfin, qu’il est parfaitement possible en droit commercial, à la
différence du droit civil, d’effectuer un paiement partiel de la dette cambiaire
que le porteur est contraint d’accepter Art. 185 al.2 C.Com.) la raison en est
simple : ce paiement diminue d’autant la charge des signataires intermédiaires
garants de la traite.

Après avoir reçu le paiement partiel, le porteur est tenu de faire protester
la lettre de change pour le surplus (Art. 185 Al.5 C.Com).

B. Le refus de paiement de la lettre de change


88. Le porteur a des droits, mais des obligations lui incombent.
a- Les obligations du porteur

Nous évoquerons le principe et les exceptions.

1. Le principe
89. Le refus de paiement doit-être constaté par un acte authentique appelé
« protêt faute de paiement », (Art. 197 al. C.Com.).

Du protêt faute de paiement, il faut distinguer le protêt faute d’acceptation


que le porteur qui se voit refuser l’acceptation a la faculté de faire établir dès
ce moment et qui lui ouvre les recours cambiaires.

Le protêt faute de paiement doit, en principe, être établi dans les cinq jours
ouvrables qui suivent le jour où la lettre de change est payable.

Si, à l’expiration de ce délai, le porteur n’a pas fait dresser protêt, il est dit
négligent, il est alors déchu de ses droits cambiaires (Art. 197 C.Com.).

2. Les exceptions
90. Le porteur peut être dispensé de dresser protêt dans les cas suivants :

- Lorsque la lettre de change est stipulée « sans frais » ou « sans


protêt » (Art. 200 C.Com.).
- En cas de redressement ou de liquidation judiciaire du tiré
accepteur ou non, ou de liquidation ou de liquidation judiciaire
du tireur d’une lettre non acceptable. La production du jugement
de redressement ou de liquidation judiciaire suffit pour
permettre au porteur d’exercer ses recours (Art. 197 al. 6
C.Com.).
91. Le porteur doit aviser son endosseur du défaut de paiement dans les six
jours ouvrables qui suivent le jour du protêt ou celui de la présentation en cas
de clause de retour sans frais (Art. 199 al.1 C.Com.).

L’endosseur, à son tour, dans les trois jours de réception doit aviser son
propre endosseur, l’information doit ainsi remonter la chaîne des signatures
jusqu’au tireur (Art. 199 al. 3 C.Com.).

Le défaut d’avis dans le délai n’est pas sanctionné par la déchéance


cambiaire mais par la responsabilité éventuelle du porteur à l’égard de celui
qu’il doit aviser, laquelle est limitée au montant de la lettre de change (Art.
199 in fine C.Com.).

b- Les droits du porteur


92. Les droits du porteur sont différents selon qu’il s’est comporté ou non
conformément aux exigences légales.
1. Les droits du porteur diligent : la mise en œuvre
93. Le porteur diligent a un recours cambiaire contre tous les signataires de
la lettre de change qui sont tenus solidairement à son égard (Art. 201 C.Com.).

« Il a le droit d’agir contre toutes ces personnes individuellement ou


collectivement sans être astreint à observer l’ordre dans lequel elles sont
obligées » (Art. 201 al. 2 C.Com.).

Lorsque le porteur est un banquier, il opérera en débitant le compte de son


client au lieu de le poursuivre en justice. Cette écriture au débit du compte du
client s’appelle «La contrepassation ».

2. Les droits du porteur négligent


94. L’article 206 du C.Com. a prévu trois cas de négligence :

- La présentation au paiement après le délai stipulé sur la lettre de change.


- La confection du protêt faute d’acceptation ou faute de paiement en
dehors des délais fixés par l’article 197 du C.Com.
- La présentation au paiement après le délai d’une lettre de change
stipulée « sans frais ».

Dans tous ces cas, le porteur est déchu de ses droits contre tous les
signataires de la lettre de change à l’exception de l’accepteur (Art. 206 al.4
C.Com.).
Toutefois, la déchéance n’a lieu à l’égard du tireur que s’il justifie qu’il a
fait provision à l’échéance.

Enfin, notons ici que seuls les recours cambiaires disparaissent comme
sanction de la négligence, les recours de droit commun subsistent, bien qu’ils
soient plus faibles que les recours cambiaires.

Section V : L’étude des rapports juridiques mis en jeu par la lettre


de change
95. Nous avons vu qu’il existe deux types de rapports :

- Les rapports cambiaires qui naissent de la signature du titre.


- Les rapports fondamentaux qui sont la cause de l’émission (rapport de
la provision) ou de la transmission (rapport de la valeur fournie) de la
lettre de change.

Paragraphe I : Les rapports cambiaires


96. Ces rapports sont très vigoureux, mais parce qu’ils sont trop
contraignants pour le débiteur, ils ont une vie brève.
A. Les rapports cambiaires sont vigoureux
97. Cette vigueur s’illustre à travers quatre règles juridiques :
a- Le principe de l’indépendance des signatures
98. Chaque signataire est individuellement tenu même si les engagements
des autres signataires de l’effet sont atteints de nullité.

Nous en avons vu application, l’une concernant les incapables, et l’autre


en matière d’aval.

b- Le principe de l’inopposabilité des exceptions


1. Le principe
99. Le signataire poursuivi ne peut pas opposer au poursuivant les moyens
de défense qu’il pouvait opposer à un autre signataire.
2. Les conditions d’application du principe

2.1Les conditions tenant à l’exception elle-même


100. En principe tous les moyens de défense sont inopposables, exception
faite de quatre séries de moyens de défense qui demeurent opposables au
porteur.

Ces quatre séries d’exceptions sont :

- Les moyens de défense tirés d’un vice de forme de la lettre de change.


- Tout moyen tiré de l’incapacité du signataire.
- L’exception de faux.
- Enfin sont opposables les moyens de défense tirés des rapports
personnels.

Ces moyens personnels sont les moyens de défense qui naissent entre
parties immédiates, entre celui qui demande le paiement et celui qui doit
payer, entre poursuivant et poursuivi. Le poursuivant connaît nécessairement
ces exceptions opposables.

1.2 Les conditions tenant à l’état psychologique du poursuivant

101. L’article 171 du C.Com. énonce qu’il faut qu’en acquérant la lettre de
change le porteur « n’ait pas agi sciemment au détriment du débiteur ».

Cette formule obscure de l’article 171 pose le problème de la mauvaise


foi du porteur. La mauvaise foi serait-elle la simple connaissance du moyen
de défense, ou est-ce la collusion frauduleuse ?

A notre sens la mauvaise foi n’est pas la fraude, mais elle est plus que la
simple connaissance de l’exception.

Il faut par conséquent que le porteur connaisse le moyen de défense, et


qu’il ait conscience du préjudice causé, c’est-à-dire qu’il ait la certitude que
le moyen de défense existera encore à l’échéance de l’effet de commerce.

Lorsque la mauvaise foi du porteur est établie, notamment par la réunion


de ces deux éléments, les exceptions lui sont opposables.

c-La solidarité entre les signataires d’une lettre de change


102. On distingue deux sortes de solidarité : la solidarité parfaite et la
solidarité imparfaite.
En matière de procédure civile : dans la solidarité parfaite le co-débiteur
qui interjette appel d’un jugement condamnant tous les autres est censé
représenter les autres.

En matière de prescription, l’interruption par le débiteur de la prescription


à l’égard d’un débiteur vaut interruption de la prescription à l’égard de tous
les co-obligés.

La question se pose de savoir si la solidarité cambiaire est une solidarité


parfaite ou imparfaite.

La jurisprudence s’accorde pour dire que la solidarité cambiaire est


imparfaite. En effet pour qu’il y ait représentation, il faut une certaine
communauté d’intérêts, or, les différents signataires de la lettre de change ne
se connaissent pas, et ne peuvent par conséquent avoir des intérêts communs.
Il s’ensuit en matière de prescription que son interruption à l’égard de l’un
d’eux ne joue pas contre les autres.

B. Les rapports cambiaires sont fragiles


103. Cette fragilité se manifeste à deux égards :
a-Au niveau de la mise en œuvre

Le rapport cambiaire ne profite au créancier que dans la mesure où il


remplit ses obligations légales.

104. Ces obligations sont la présentation à l’acceptation dans le délai


stipulé, la présentation au paiement à l’échéance, le protêt dans les cinq jours
de l’échéance pour les traites avec frais.

S’il ne remplit pas ses obligations, le créancier est négligent et partant


déchu de ses droits cambiaires.

b- au niveau de la prescription
105. La prescription est acquise à l’expiration de délais variables
qu’énumère l’article 228 du C.Com. :

- Trois ans à partir de l’échéance pour l’action du porteur contre le tiré


accepteur.
- Un an à compter du protêt ou de l’échéance en cas de dispense, pour
l’action du porteur contre le tireur et les autres signataires.
- Six mois à compter du paiement amiable ou de la demande en justice
pour l’action d’un signataire intermédiaire contre un signataire
précèdent.

Ces prescriptions peuvent être interrompues par l’une des causes de droit
commun. Toutefois, l’interruption n’a d’effet que contre celui à l’égard
duquel l’acte interruptif a été fait (Art 228 al. 5 C.Com.).

Il convient enfin de noter que le rapport fondamental survit à la


prescription de l’obligation cambiaire, de sorte que le créancier conserve le
droit de demander le paiement sur la base des rapports personnels qui
l’unissent au signataire de la traite.

Paragraphe II : les rapports fondamentaux


106. Ce sont les rapports de la provision entre le tiré et le tireur, et le rapport
de la valeur fournie entre le tireur et les endossataires de la lettre de change.

A. Les relations entre les rapports cambiaires et les rapports


fondamentaux
107. Sauf exception, ces relations s’articulent autour de deux idées :

- L’indépendance des deux types de rapports


- La survie des rapports fondamentaux

a- Le principe : l’indépendance des deux types de rapports


108. La disparition accidentelle du rapport cambiaire, c’est-à-dire la
disparition due à la prescription ou à la déchéance pour négligence, n’entraîne
pas à la disparition du rapport fondamental.
b- Les exceptions : l’interdépendance des deux types de rapports
109. - Lorsque le lien cambiaire disparaît en raison du paiement, le lien
fondamental meurt lui aussi.
- Les moyens de défense concernant le rapport fondamental de
provision sont reportés sur le rapport cambiaire de la provision.
- En cas de divergence de date entre le bon de commande (Droit
Commun), et la lettre de change (Droit Commercial), on peut
admettre une certaine interaction entre les deux rapports : la date
d’échéance de la lettre de change et la date indiquée sur le bon de
commande.

B. Les règles spécifiques à la valeur fournie


110. Le rapport de la valeur fournie n’est pas transmis avec la lettre de
change.

L’endossataire de la lettre de change ne peut l’invoquer contre le tireur.


En droit commun, si les conditions de l’action oblique sont remplies,
l’endossataire (créancier) pourra exercer les droits de l’endosseur (son
débiteur), contre les débiteurs de celui-ci.

C. Les règles spécifiques au rapport de la provision


111. Nous verrons tour à tour la définition et la transmission de la provision.
a- La définition de la provision (Art. 166 al. 2 C.Com.).
112. La provision est la créance du tireur sur le tiré, mais c’est une créance
qui n’existe qu’à l’échéance.
Cette créance peut-être indéterminée à l’origine, c’est-à-dire à l’émission
de la lettre de change, il suffit qu’elle soit déterminée à l’échéance.

b- La transmission de plein droit de la provision


113. La provision est transférée de plein droit au bénéficiaire par l’émission
de la lettre de change à l’endossataire par son endossement.
La question se pose de savoir si le tireur conserve la libre disposition de
la provision jusqu’à l’échéance.
Autrement dit, est-ce qu’il peut se faire payer par le tiré avant l’échéance ?
Pour répondre à cette question, il faut distinguer selon que la lettre de
change est acceptée ou non.
Dans le premier cas, la question n’a aucun intérêt pratique car le tiré
accepteur est devenu débiteur cambiaire du porteur, il ne pourra pas lui
opposer un paiement précédent.
Dans le deuxième cas, c’est-à-dire si la traite n’est pas acceptée, la
question revêt alors un grand intérêt pour le bénéficiaire car le porteur ne peut
obtenir paiement du tiré qu’en vertu de la provision.
Le tiré qui a payé le tireur doit-il payer une seconde fois mais au porteur ?
Si le tiré a ignoré l’émission du titre au profit d’un bénéficiaire, il a payé
de bonne foi celui qu’il croyait être son créancier, or, celui qui paie de bonne
foi effectue un paiement valable, le tiré est donc libéré par son paiement au
tireur.
Le paiement entre les mains du tireur et quand même libératoire pour le
tiré même s’il connaissait l’existence d’un bénéficiaire, à moins que le porteur
ne lui fait défense formelle de payer le tireur.
CHAPITRE II : LE BILLET A ORDRE
114. Le billet à ordre est un écrit par lequel une personne (le souscripteur)
s’engage à payer, à un bénéficiaire ou à son ordre une somme déterminée à
une date déterminée.
Le billet à ordre se distingue de la simple reconnaissance de dette en ce
qu’il comporte nécessairement la clause à ordre qui permet de le faire circuler
par le moyen de l’endossement.
Ainsi négociable, représentant une créance de somme d’argent, le billet à
ordre est un effet de commerce qui s’apparente étroitement à la lettre de
change, avec laquelle il entretient quelques différences1.

Section I : LES RESSEMBLANCES AVEC LA LETTRE DE


CHANGE
115. Elles sont de deux ordres et ont trait aux règles de forme et de fond.
Paragraphe I : les règles de forme
Le billet à ordre est un titre formel qui doit contenir un certain nombre de
mentions obligatoires.
A. Les mentions obligatoires (Arts. 232 C.Com.)
116. Parmi les mentions obligatoires, il en est qui sont identiques à celles
de la lettre de change et qu’il suffit d’énumérer : l’indication de la somme, de
l’échéance, du lieu où le paiement doit s’effectuer, de la date et du lieu
d’émission, du nom du bénéficiaire.
D’autres mentions sont spécifiques au billet à ordre : la promesse de
payer, la signature du souscripteur, la clause à ordre ou la dénomination du
titre.
Cette dernière mention est importante, car elle caractérise l’écrit. Il ressort
de l’alinéa premier de l’article 232 C.Com. que la dénomination « billet à
ordre » n’est pas exigée, et que le souscripteur peut se contenter d’inscrire la
clause à ordre, généralement insérée à la suite du nom du bénéficiaire. Faute
de dénomination ou de clause à ordre. L’écrit ne vaut que comme simple
promesse de payer (voir article 233 C.Com.).
B. Les mentions facultatives
117. Ce sont les mêmes que celles que l’on peut rencontrer sur la lettre de
change à l’exception bien entendu de la mention d’acceptation ou de la clause
non acceptable.
Paragraphe II : les règles de fond
118. Sont applicables au billet à ordre les règles de la lettre de change
relatives à l’endossement, à la garantie solidaire des endosseurs, à
l’inopposabilité des exceptions, à l’aval, au paiement, aux déchéances, et aux
recours ainsi qu’à la prescription (Art. 234. C.Com.).
On doit toutefois remarquer qu’aucun renvoi n’est effectué à l’article 166
du code de commerce, relatif à la provision, et aux articles 174 et suivants
dudit code, relatifs à l’acceptation, ce qui se comprend aisément, l’acceptation
est inutile puisque c’est le souscripteur qui est lui-même obligé à l’échéance,
et il en est de même pour la règle qui oblige le tireur à constituer la provision
auprès du tiré puisqu’en l’occurrence le souscripteur cumule les deux qualités.
Section II : LES DISSEMBLABLES AVEC LA LETTRE DE
CHANGE
119. Elles sont de deux ordres et ont trait l’une à la qualité du souscripteur,
l’autre à la qualification du titre :
Paragraphe I : qualité du souscripteur
120. Comme le souscripteur du billet joue en même temps le rôle du tireur
et du tiré accepteur, les règles de la lettre de change qui prévoient l’existence
d’un tireur distinct du tiré en seront modifiées.
1/. C’est ainsi qu’il ne saurait être question d’acceptation. Puisque le billet
à ordre contient déjà l’engagement par le souscripteur de payer. L’article 237
du code de commerce précise dans ce sens que le souscripteur d’un billet à
ordre est obligé de la même manière que l’accepteur d’une lettre de change.
2/. En matière d’aval, l’aménagement qui supplée le défaut de désignation
de la personne pour qui l’aval est donné, joue dans le cadre du billet à ordre
en faveur du souscripteur (Art. 236 C.Com.).
3/. En matière de billet à ordre, il n’existe pas ce qui, dans la lettre de
change correspond au transfert de la provision.
La créance fondamentale n’est pas transmise à l’endossataire du billet à
ordre, puisqu’il existe de plein droit une créance cambiaire entre le
souscripteur et l’endossataire.
En conséquence, on ne doit pas appliquer au billet à ordre les règles qui,
dans la lettre de change, se rattachent à la théorie de la provision. Les porteurs
successifs du billet n’acquièrent pas la propriété de la créance du bénéficiaire
contre le souscripteur. Ils sont exposés comme des créanciers ordinaires, aux
conséquences du redressement ou liquidation judiciaire du souscripteur ou de
saisie arrêt pratiquée par ses créanciers.
Paragraphe II : qualification du titre
121. A la différence de la lettre de change, le billet à ordre n’est pas un acte
de commerce par la forme, L’article 9 al. 3 du code de commerce dispose
dans ce sens que le billet à ordre signé par un non-commerçant n’est
commercial que lorsqu’il résulte d’une transaction commerciale.
Il en résulte que seul le billet à ordre « commercial » sera soumis aux
règles du droit commercial en matière de capacité et de compétence judiciaire.
Section III : CAS PARTICULIERS DE BILLETS A ORDRE
La technique du billet à ordre a donné naissance à des formes particulières
d’effet de commerce qui remplissent des fonctions économiques extrêmement
diversifiées.
(§1) Le billet de fonds
122. Les billets de fonds sont des titres émis lors de la vente d’un fonds de
commerce par l’acquéreur au bénéfice du vendeur et sur lesquels figurent la
mention « valeur en prix de fonds de commerce ».
L’indication de la valeur fournie facilite la mobilisation de ces billets par
le bénéficiaire qui pourra les escompter auprès d’une banque.
Malgré leur dénomination, les billets de fonds obéissent au droit commun
des billets à ordre, sous réserve des règles particulières traduisant l’incidence
de l’opération fondamentale.

(§2) Les bons de caisse


123. Les bons de caisse peuvent être définis comme étant des titres
négociables représentatifs de dépôts à terme effectués auprès d’établissement
de crédit.
(§3) Le warrant
A. Définition
124. On peut définir le warrant comme étant un billet à ordre particulier
Il peut être souscrit par un commerçant par lequel le souscripteur en
même temps qu’il s’engage à payer une somme déterminée à une certaine
échéance, confère au bénéficiaire et aux porteurs successifs un nantissement
sur des marchandises déposées dans un magasin général ou plus
exceptionnellement sur des marchandises que le souscripteur s’engage à
conserver chez lui.
B. Nature juridique
125. La nature juridique du warrant est double :
- C’est un effet de commerce négociable, donc négociable aves toutes
les conséquences classiques de l’endossement
- Mais c’est aussi et surtout un bulletin de gage, qui permet de
garantir le créancier, qui peut – en cas de non-paiement à l’échéance
– procéder à la réalisation du gage.
C. Pratique du warrant
126. Dans la pratique, les commerçants procèdent au dépôt de leur
marchandise dans les entrepôts qu’on appelle magasins généraux.
Ce dépôt comme lieu à la délivrance d’un document, le récépissé warrant.
Il est considéré comme étant représentant des marchandises déposées, et
permet de contester la propriété desdites marchandises au profit du déposant,
puis au profit du cessionnaire le cas échéant (article 341 du C.Com).
Chaque récépissé est doublé d’un autre document appelé warrant constatant
un gage garanti par les marchandises déposées.
Les deux titres, le récépissé de dépôt et le warrant titre de gage peuvent
circuler par endossement ensemble ou séparément (article 343 du C. Com).

CHAPITRE III : LE CHEQUE


127. Le chèque peut être défini comme étant « un titre tiré par un tireur sur
une banque, ou un organisme assimilé, pour obtenir le paiement au profit du
tireur d’une somme d’argent qui est disponible à son profit ». Il ressort de
cette définition que le chèque met en présence trois personnes : le tireur, le
tiré et le bénéficiaire. Le chèque émis par le tireur sur le tiré permet au moyen
de transférer du fonds qu’il autorise, d’éteindre l’obligation à laquelle est tenu
le tireur au profit du porteur.
Le chèque ressemble à la lettre de change dans la mesure où on ne
s’attache qu’à la forme du titre. Il en diffère en ce qu’il ne peut être utilisé
autrement que comme instrument de paiement ou de retrait de fonds.
128. La légalisation sur le chèque est consignée dans les articles 239 à 328
du nouveau code de commerce.
Deux grands principes dominent le droit du chèque :
- Le chèque est un titre formaliste et littéral, c’est-à-dire que sa
validité est soumise à des exigences de forme très strictes et que les
droits du porteur résultent des mentions mêmes de l’écrit.
- Le chèque est obligatoirement un instrument de paiement à vue, ce
qui exclut toute possibilité de crédit.
Section I : RIGUEUR DES CONDITIONS DE FORME
129. Le chèque ordinaire obéit à des conditions rigoureuses de forme qui se
traduisent par un certain nombre de mentions que l’on trouve sur les
formulaires de chèques délivrés par les établissements bancaires.
(§1) Les mentions obligatoires
A. L’énumération
130. 1/. Dénomination : le chèque contient obligatoirement la mention
« chèque » dans le texte même du titre et exprimée dans la langue employée
pour la rédaction de ce titre (Art. 239 al.1° C.Com.). Si le chèque ne contient
pas cette dénomination. Il ne vaut pas comme chèque, mais peut-être assimilé
à un autre titre, et notamment comme reconnaissance de dette.
2/. Ordre de paiement à vue d’une somme déterminée :
Le chèque doit comporter un ordre pur et simple de payer une somme
déterminée (Art. 239 al.2 C.Com.).
La somme est habituellement portée en lettres et en chiffres, mais rien
n’interdit de la porter seulement en lettres ou seulement en chiffres, aucune
disposition n’imposant une forme déterminée.
En cas de divergences entre les deux mentions, c’est la somme portée en
lettres qui prévaut (Art. 247 al. 1 C. Com.).
Lorsque la somme est écrite plusieurs fois, soit en toutes lettres, soit en
chiffres, le chèque ne vaut, en cas de différence, que pour la moindre somme
(Art. 247 al.2 C.Com.).
3/. Nom de celui qui doit payer : Ce nom est celui du tiré qui ne peut-être
qu’un banquier (Art. 241 C.Com.).
4/. Lieu de paiement : le chèque doit porter l’indication du lieu où il est
payable (Art. 241 al.4 C.Com)
5/. Date et lieu de création : le chèque doit porter mention de la date du
jour où il est rédigé (Art. 239 al.5 C.Com.) son importance est fondamentale
car c’est à cette date que doit exister la provision et que le droit sur la provision
est transmis au bénéficiaire qui se trouve ainsi à l’abri d’un événement
postérieur affectant le tireur. D’autre part, elle constitue le point de départ du
délai de présentation et par voie de conséquence, des délais de prescription.
A côté de la date, le chèque doit contenir l’indication du lieu où il est établi
(Art. 239 al.5 C.Com).
6/. Signature du tireur : celui qui émet le chèque doit le signer (Art. 239
al.6 C.Com.) la signature doit être manuscrite.
B. sanction
131. Le principe est qu’au cas d’omission d’une quelconque des mentions
obligatoires, le titre est nul en tant que chèque, tout au plus pourra-t-il être
considéré comme reconnaissance de dette (voir l’art. 240 al. 5 C. Com.).
Par exception, le législateur a prévu un régime d’équivalence pour le cas
où certaines mentions obligatoires feraient défaut. C’est ainsi notamment:
- Qu’à défaut d’indication spéciale, le lieu désigné à côté du nom du
tiré est réputé être le lieu de paiement (Art. 140 al.2 C.Com)
- Que le chèque sans indication du lieu de sa création est considéré
comme souscrit dans le lieu désigné à côté du nom du tireur
(Art.240 al.4 C.Com)
(§2) Les mentions facultatives
132. Plusieurs mentions facultatives sont possibles. Certaines produisent
les mêmes conséquences qu’en matière de lettre de change (clause non à
ordre, clause sans frais, domiciliation), et ne méritent pas d’être commentées
ici. D’autres méritent qu’on s’y arrête.
A. Le barrement
133. Le chèque barré est un chèque dont la formule est frappée de deux
barres parallèles au recto et qui ne peut, à raison de ce barrement être payé
qu’à un banquier ou à un centre de chèque postaux ou à un client du tiré.
1. Formes
134. Le barrement peut-être général ou spécial. Il est général s’il ne porte
entre les barres aucune désignation ou la mention « établissement bancaire »
ou un terme équivalent. Il est spécial si le nom d’un établissement bancaire
est inscrit entre les deux lignes (Art.280 al.3 C.Com) .Tout barrement général
peut-être transformé en barrement spécial.
Le barrement spécial ne peut être transformé en barrement général en
rayant le nom du banquier désigné, cette rature serait considérée comme non
avenue.
2. Paiement du chèque barré
135. Le chèque à barrement général ne peut être payé par le tiré qu’à l’un
de ses clients ou à un établissement (Art.281 al.1 C.Com).
Le chèque à barrement spécial ne peut être payé par le tiré qu’à
l’établissement bancaire désigné ou, si celui-ci est le tiré, qu’à son client (art.
281 al2).
3. Circulation du chèque barré
136. Le chèque barré circule en principe comme un chèque ordinaire, par
endossement s’il est à ordre ou par tradition s’il est au porteur.
Toutefois afin de réduire le risque que comporte la circulation des chèques
volés, le législateur dispose qu’un établissement bancaire ne peut acquérir un
chèque barré que d’un de ses clients, ou d’un établissement bancaires. Il ne
peut l’encaisser pour le compte d’autres personnes que celles –ci
(Art.281.al.3).
Le banquier est responsable jusqu’à concurrence du montant du chèque,
du préjudice causé par l’inobservation de ces dispositions (Art.281 al.
dernier).
B. La certification
137. Le chèque est un titre payable à vue. Il ne peut par conséquent être
accepté (Art.242 al.1C.Com). Une mention d’acceptation portée sur le chèque
est réputée non écrite. Pourtant le législateur permet au tireur qui veut assurer
le bénéficiaire que le chèque sera payé de demander à son banquier de certifier
l’existence de la provision.
1. Forme
138. Aux termes de l’article 242 al. 4 code commerce la certification du
chèque résulte de la signature du tiré au recto du chèque. En pratique la
formule de certification est apportée au moyen d’un procédé mécanique de
marquage ou d’impression indélébile offrant toute garantie de sécurité.
Le chèque certifié peut à la demande du tireur être remplacé par un chèque
tiré par le banquier-tiré sur lui-même (Art. 242 al. dernier) ; ce qui est de
nature à renforcer les garanties du bénéficiaire.
2. Effet
139. La certification a pour effet de bloquer la provision au profit du
porteur, sous la responsabilité du tiré, et ce, jusqu’au terme du délai de la
présentation (Art.242 al.3).
C. L’aval
140. Comme en matière de lettre de change, le chèque peut-être garanti
pour tout ou partie de son montant par un aval (Art.264.C.Com). En pratique
cette faculté est inusitée.
1. Forme
141. L’aval est donné soit sur le chèque ou sur une allonge, soit par un acte
séparé indiquant le lieu où il est intervenu (Art. 265 C.Com). Il est exprimé
par les mots « bon pour aval » ou par toute autre forme équivalente, et doit
indiquer pour le compte de qui il est donné. A défaut de cette indication, l’aval
est réputé donné pour le tireur (Art. 265 al. dernier).
2. Effet
142. Aux termes de l’article 266 du code de commerce, le donneur d’aval
est tenu de la même manière que celui dont il est porté garant jusqu’à
l’expiration du délai de présentation (Art.242 al .3).
D. Le visa
143. A la différence du chèque certifié, le chèque visé par le banquier par
l’apposition de sa signature au recto du chèque n’entraîne pas le blocage de
la provision.
Le visa du chèque n’a d’autres effets que de constater l’existence de la
provision à la date à laquelle il est donné. Le tiré ne prend aucun engagement
concernant l’existence de la provision lors de la présentation.
Son engagement est valable, alors même que l’obligation qu’il garantit
serait nulle pour toute cause autre qu’un vice de forme (Art.266 al.C.Com).

Section II : QUASI INEXISTENCE DES CONDITIONS DE


FOND
(§1) Capacité du tireur
144. Le chèque n’étant pas, à la différence de lettre de change, un acte de
commerce par la forme, la question de la capacité du tireur relève du droit
commun. L’incapacité est sanctionnée par la nullité relative de l’engagement
opposable au porteur de bonne foi.
Dans le cas où le chèque porte des signatures de personnes incapables de
s’obliger, des signatures fausses, ou des signatures de personnes imaginaires,
les obligations des autres signataires restent valables (Art. 248 C. Com.).
(§2) Existence de la provision
A. Définition et caractères de la provision
145. La provision peut être définie comme une créance en argent du tireur
contre le tiré, plus concrètement c’est la somme égale au montant du chèque
dont le tireur dispose chez le tiré et qu’il peut utiliser par chèque.
La provision doit être liquide et exigible. Comme le chèque ne peut être
tiré que sur un établissement bancaire, elle consiste toujours dans le crédit du
tireur sur le banquier. Elle ne peut consister en la remise d’effets de commerce
à l’encaissement, à moins qu’ils n’aient été portés en compte.
146. La question se pose dans l’hypothèse des facilités de caisse, qui
consiste pour le banquier à payer à découvert des chèques tirés par son client.
Cette tolérance suffit-elle pour que le client puisse prétendre avoir une
provision chez le banquier ? Pour répondre à cette question il faut distinguer
entre la jurisprudence commerciale et pénale. La première relativement
libérale voit dans cette facilité la preuve d’une ouverture de crédit. La
deuxième plus sévère retient le délit d’émission de chèque sans provision
lorsque le banquier révoque cette facilité.
B. Preuve de la provision
147. En cas de dénégation, c’est le tireur qui a la charge de faire la preuve
de l’existence de la provision au moment de l’émission du chèque (Art. 241
al.4 C.Com) s’il ne parvient pas à faire cette preuve, il est tenu de garantir le
paiement, même si le protêt a été dressé au-delà du délai légal (Art. 241 al. 4
C.Com.).
C. Propriété de la provision
148. La remise du chèque fait acquérir au bénéficiaire, puis aux différents
porteurs un droit sur la provision. L’article 256 du code de commerce dispose
dans ce sens que « l’endossement transmet tous les droits résultant du chèque
et notamment la propriété de la provision ».
1. L’acquisition par le porteur des droits du tireur
149. Il résulte de ce qui précède que le porteur se trouve à l’abri des
événements qui pourraient survenir entre l’émission et la présentation du
chèque, et mettraient obstacle à son paiement. Ainsi le décès du tireur, la
survenance d’une incapacité, le jugement qui le déclare en règlement ou en
liquidation judiciaire n’empêchent pas le porteur d’obtenir paiement du
chèque pourvu qu’il démontre que l’émission a eu lieu antérieurement à ces
événements (voir dans ce sens les articles 272 et 684 du code de commerce).
2. L’acquisition par le porteur de droits plus étendus
150. Aux termes de l’article 261 du code de commerce « les personnes
actionnées en vertu du chèque ne peuvent pas opposer au porteur les
exceptions fondées sur leurs rapports avec le tireur ou avec les porteurs
antérieurs, à moins que le porteur en acquérant le chèque n’ait agi sciemment
au détriment du débiteur ».
Cet article est la consécration du principe de l’inopposabilité des exceptions
qui s’applique en matière de chèque exactement dans les mêmes conditions
qu’en matière de lettre de change. Toutefois cette règle revêt en pratique
moins d’importance. D’une part parce que les rapports du banquier-tiré et du
tireur ne fournissent guère d’exceptions au premier contre le second. D’autre
part parce que le chèque circule peu de sorte qu’il n’y a pas le plus souvent
de porteurs intermédiaires à l’égard desquels jouerait la règle.
Section II : LA VIE DU CHEQUE
Paragraphe I : la transmission du chèque
151. Nous distinguerons la transmission en propriété (A), de la
transmission à titre de mandat (B).
A. Endossement translatif
a-Formes de l’endossement
152. Le chèque est par sa forme à ordre. Tout chèque stipulé payable au
profit d’une personne dénommée est susceptible d’endossement qu’il
comporte ou non une clause à ordre (Art. 252 al. 1 C.Com.). S’il est à
personne dénommée avec une clause « non ordre », il ne peut être cédé que
dans la forme et avec les effets d’une cession ordinaire (Art. 252 al. 2).
L’endossement du chèque se fait dans les mêmes conditions que celui de
la lettre de change. Il implique la remise du titre et l’apposition d’une mention
d’endos (Art. 255 al. 1 C.Com.).
L’endossement peut ne pas désigner le bénéficiaire ou consister
simplement dans la signature de l’endossement, (endossement dit en blanc).
Dans ce dernier cas, l’endossement pour être valable, doit être inscrit au dos
du chèque ou sur l’allonge (Art. 252 al. 2 C.Com).
Lorsqu’un endosseur interdit un nouvel endossement, le chèque reste
endossable mais l’endosseur qui a stipulé la clause n’est pas tenu à garantie
envers les personnes auxquelles le chèque est ultérieurement endossé (Art.
257 al.2 C.Com.).
b-Effets de l’endossement
153. L’endossement du chèque produit les mêmes effets qu’en matière de
lettre de change, notamment la responsabilité solidaire des endosseurs, et
l’inopposabilité des exceptions (Art. 261 al. C.Com.).
L’endossement fait après le protêt ou après l’expiration du délai de
présentation ne produit que les effets d’une cession ordinaire (Art. 263 al. 1
C. Com.).
Sauf clause contraire, l’endossement sans date est présumé avoir été fait
avant le protêt ou avant l’expiration du délai de présentation (Art. 263 al. 4
C.Com.).
B. Endossement de procuration
154. L’endossement de procuration est celui par lequel le porteur du chèque
donne mandat à une personne (généralement une banque) de le présenter au
paiement.
L’endossement de procuration résulte de la mention « valeur en
recouvrement », « pour encaissement », « par procuration » ou toute autre
mention impliquant un simple mandat d’encaisser (Art. 262 C.Com.).
Le mandat renfermé dans un endossement de procuration ne prend pas fin
par le décès du mandant ou la survenance de son incapacité (Art 262 al 3).

Paragraphe II : le paiement du chèque


155. L’étude du paiement du chèque conduit à s’interroger successivement
sur deux questions essentielles. La première, concerne la procédure même de
paiement, la deuxième porte sur les incidents de paiement.
I. La procédure de paiement du chèque
A. La présentation au paiement
a-Délai de présentation
156. Le chèque est un titre payable à vue, il peut être présenté au paiement
dès le jour de son émission. S’il porte une date non-échue il est néanmoins
payable dès le jour de sa présentation (Art. 267 C.Com.).
Le chèque doit être présenté au paiement avant l’expiration d’un certain
délai fixé par la loi dans les conditions suivantes :
- Le chèque émis et payable au Maroc doit être présenté au paiement
dans le délai de 20 jours (Art. 268 al. 1 C.Com.).
- Le chèque émis hors du Maroc et payable au Maroc doit être
présenté dans un délai de 60 jours (Art. 268 al.2 C.Com.).
- Le point de départ de ces délais est le jour porté sur le chèque
comme date d’émission (Art. 268 al. Dernier).
Les délais évoqués par l’article 268 du code de commerce n’ont que peu
de conséquences pratiques, puisque le tiré doit payer le chèque approvisionné
malgré une présentation tardive (Art. 271 al.1 C.Com.), et les recours contre
le tireur qui n’a pas constitué provision sont maintenus au-delà même du délai
de présentation.
b-Lieu de présentation du chèque
157. Le chèque doit être présenté au paiement au lieu indiqué sur le titre,
généralement la succursale ou l’agence de la banque-tiré. En pratique la quasi-
totalité des chèques est payée par l’intermédiaire de la chambre de
compensation, qui aux termes de l’article 270 du code de commerce équivaut
à la présentation au paiement.

B. La réalisation du paiement.
158. La réalisation du paiement impose au banquier tiré une double
obligation, celle de vérifier la régularité apparente du titre (1), et celle de payer
(2).
a-Obligation de vérification
Le banque-tiré doit s’assurer de la régularité apparente du chèque,
notamment de l’existence des mentions obligatoires, de la concordance de la
signature du tiré avec le spécimen donné lors de l’ouverture du compte. Si le
chèque a été endossé, il doit vérifier la suite ininterrompue des endossements,
mais non les signatures des endosseurs (Art. 274 al.2 C.Com.).
b-Obligation de payer
Le banquier à l’obligation de payer le chèque dans la limite de la provision
disponible. Le paiement se réalise normalement soit par une remise en
numéraires si le porteur présente le chèque lui-même, soit par compensation
suivie d’une inscription au compte du porteur lorsque le chèque est encaissé
par un banquier.
Lorsque la provision ne permet pas le paiement intégral du chèque,
l’établissement bancaire-tiré a l’obligation de proposer au porteur un
paiement partiel que ce dernier ne peut refuser (Art.273 al.2 C.Com.).

II. Les incidents de paiement du chèque


159. Nous traiterons successivement de deux catégories d’incidents de
paiement : l’opposition (A), et le refus de paiement (B).

A. L’opposition
160. L’opposition a pour effet d’interdire au banquier de payer le chèque
qui lui sera présenté. L’article 271 al.2 du code de commerce énumère les cas
dans lesquels le tireur peut légitiment effectuer une opposition. Il s’agit des
cas suivants :
- Perte, vol, utilisation frauduleuse ou falsification du chèque.
- Redressement ou liquidation judiciaire du porteur.
En dehors de ces cas toute opposition est irrégulière, et exposerait son
auteur à un emprisonnement de un à cinq ans et d’une amende de 2.000 à
10.000 Dirhams sans que cette amende puisse être inférieure à 25% du
moment du chèque (Art. 316 C.Com.).
L’opposition peut être faite de n’importe quelle façon, mais elle doit être
immédiatement confirmée par écrit quel que soit le support de cet écrit et
appuyer cette opposition par tout document utile (Art. 271 al.2 C.Com.).
La banque est tenue de mentionner sur les formules de chèques délivrées
aux titulaires du compte, les autres causes que celles prévues à l’al.2 l’art.
271.
Lorsque l’opposition est irrégulière, le juge des référés, même dans le cas
où une instance au principal est engagée, doit sur la demande du porteur
ordonner la mainlevée de cette opposition (Art. 271 al.1 C.Com.).
B. Refus de paiement
161. Deux formes de refus de paiement peuvent-être envisagées : le
premier est légitime et s’explique par l’absence de provision (a), le second est
illégitime et entraînera la responsabilité du tiré (b).

a- Le refus de paiement pour absence de provision


162. Il incombe au porteur victime de l’émission de chèque sans provision
de prendre toutes les mesures nécessaires pour que soit officiellement
constaté le défaut de paiement, et d’intenter des recours pour obtenir le
paiement effectif du chèque.
1. Formalités consécutives au non-paiement du chèque
1.1. Protêt du chèque
163. Le porteur d’un chèque non approvisionné doit faire établir un protêt
pour constater le non-paiement du chèque, et peut se réserver le droit
d’exercer ses recours ultérieurement contre les différents signataires du
chèque (Art. 283 C.Com.).
Nul acte de la part du porteur du chèque ne peut suppléer l’acte du protêt,
sauf l’acte dressé en cas de perte ou de vol (Art. 299 C.Com.).
Toutefois la clause de « retour sans frais » ou toute autre formule
équivalente dispense le porteur, pour exercer ses recours, de faire établir un
protêt (Art. 286 C.Com.). Mais la clause ne dispense pas le porteur de la
présentation du chèque dans le délai prescrit, ni des avis à donner. La preuve
de l’inobservation du délai incombe à celui qui s’en prévaut contre le porteur
(Art. 286 al.2 C.Com.).

1.2. Avis du défaut de paiement


164. Le porteur doit donner avis du défaut de paiement à son endosseur, et
au tireur dans les huit jours ouvrables qui suivent le jour du protêt, et en cas
de clause de retour sans frais, le jour de la présentation (Art. 285 al.1 C.Com.).
Chaque endosseur doit, dans les quatre jours ouvrables qui suivent le jour
où il a reçu l’avis, faire connaître à son endosseur l’avis qu’il a reçu.
Le non-respect de cette disposition n’entraîne pas la déchéance, mais celui
qui n’a pas donné l’avis dans le délai indiqué est responsable du préjudice
causé par sa négligence, sans que les dommages-intérêts puissent dépasser le
montant du chèque (Art. 239 al. Dernier).
1.3. Attestation du non-paiement
165. Tout établissement bancaire qui refuse le paiement d’un chèque pour
défaut de provision, doit remettre au porteur à son mandataire un certificat de
refus de paiement (Art. 309 al.1 C.Com.). Cette attestation ne fait pas double
emploi avec le protêt, qui demeure le seul acte valable pour sauvegarder les
recours cambiaires du porteur.
2. Recours pour défaut de paiement
2.1. Conditions d’exercice des recours
166. Comme en matière de lettre de change, le porteur d’un chèque impayé
dispose d’actions cambiaires contre tous les signataires du titre. Il a le droit
d’agir contre eux individuellement ou collectivement, sans être astreint à
observer l’ordre dans lequel ils se sont obligés (Art. 287 al. 1 C.Com.).
Il s’agit là d’une action dont seul peut bénéficier le porteur diligent, qui a
présenté le chèque dans les délais légaux, et fait dresser protêt - sauf dispense
- dans le délai requis.
Cette action permet au porteur d’obtenir le paiement du chèque, augmenté
des frais de protêt, ceux des avis et de poursuites le cas échéant (Art. 288 al.4
C.Com.). A cette somme s’ajoutent les intérêts à partir de la présentation dus
au taux légal pour chèques émis et payable au Maroc, ce taux étant majoré de
1% pour les autres chèques.
2.2. Prescription des recours
167. L’action du porteur du chèque contre le tiré se prescrit par un an à
partir de l’expiration du délai de présentation (Art. 295 al. 3 C.Com.).
Toutes les autres actions se prescrivent par dix mois, mais le point de
départ du délai varie selon les cas:
- Pour les actions du porteur contre les endosseurs, le tireur et les
autres obligés. Le délai court à partir de l’expiration du délai de
présentation (Art. 295 al.1 C.Com.).
- Pour les actions en recours des divers obligés les uns contre les
autres le délai court du jour où l’obligé a remboursé le chèque ou du
jour où il a été lui-même actionné (Art. 239 al.2 C.Com.).
La prescription est interrompue en cas d’action en justice. De même s’il y
a eu condamnation ou si la dette a été reconnue par acte séparé (Art. 296 al.1
C.Com.).
L’interruption de la prescription n’a d’effet que contre celui à l’égard
duquel l’acte interruptif a été fait (Art. 296 al.2 C.Com.).

b- Le refus de paiement illégitime


168. Il ressort des termes de l’article 309 al. 2 du code de commerce, que le
banquier qui dispose d’une provision suffisante et disponible, et qui refuse le
paiement d’un chèque régulièrement assigné sur caisses, devra réparer le
dommage que son refus a pu causer au tireur. Cette responsabilité couvre deux
chefs de dommages. Le premier est relatif à l’inexécution de l’ordre donné
par le tireur, le deuxième est relatif à l’atteinte à son crédit (Art. 309 al. 2
C.Com.).
La question se pose de savoir si d’autres personnes que le tireur peuvent
invoquer la responsabilité du banquier. On est en droit de penser que les
termes de l’article 309 al. 2 ne constituent qu’un simple aménagement de la
responsabilité contractuelle du tiré à l’égard du tireur ; et ne sauraient exclure
l’application du droit de la responsabilité délictuelle dont peut se prévaloir
toute personne ayant intérêt au paiement.

Section IV : LES INFRACTIONS EN MATIERE DE CHEQUES


169. Les infractions en matière de chèques peuvent être le fait du tireur (§1),
du bénéficiaire (§2), et enfin des tiers (§4).
Paragraphe I : les délits commis par le tireur
I. L’omission de maintenir ou de constituer la provision du
chèque en vue de son paiement à la présentation
170. Aux termes de l’article 316 du code de commerce « est passible d’un
emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 2.000 à 10.000 dirhams
sans que cette amende puisse être inférieure à 25% du montant du chèque ou
de l’insuffisance de provision :
- Le tireur du chèque qui omet de maintenir ou de constituer la provision
du chèque, en vue de son paiement à la présentation. ».
Il ressort des dispositions de cet article que le législateur a entendu élargir
la répression de l’émission du chèque sans provision qui n’est plus
subordonné à la mauvaise foi du tireur. Il suffit qu’il omette de maintenir ou
de constituer la provision du chèque en vue de son paiement à la présentation
pour qu’il y ait infraction. Peu importe que cette omission soit le fruit d’une
volonté de nuire ou d’une simple négligence.
II. L’opposition irrégulière au paiement du chèque
(Voir supra N° 580.).
III. Emission d’un chèque en violation d’une interdiction bancaire ou
d’une interdiction judiciaire.
171. Nous verrons les deux types d’interdictions ainsi que les sanctions
prévues en cas de non-respect de cette interdiction.

1. L’interdiction bancaire
172. Aux termes de l’article 313 al.1 du code de commerce, l’établissement
bancaire tiré qui refuse le paiement d’un chèque pour défaut de provision
suffisante doit enjoindre au titulaire du compte de :
- Restituer à tous les banquiers dont il est le client les formules en sa
possession et en celle de ses mandataires ;
- Ne plus émettre des chèques autres que ceux permettant
exclusivement le retrait de fonds par le tireur auprès du tiré ou ceux
qui sont certifiés.
Le banquier doit informer dans le même temps les mandataires de son
client ainsi que les autres titulaires du compte.
A défaut de régularisation, le destinataire de l’injonction perd la faculté
d’émettre des chèques pendant une durée de dix ans. Il recouvre la possibilité
d’émettre des chèques lorsqu’il justifie :
- Qu’il a réglé le montant du chèque impayé ou a constitué une provision
suffisante et disponible pour son règlement par les soins du tiré ;
- Qu’il s’est acquitté de l’amende fiscale qui est de l’ordre de 5% du
montant du chèque impayé faisant l’objet d’une première injonction,
elle est portée à 10% lors de la deuxième injonction, et enfin à 20% lors
de la troisième injonction et les injonctions suivantes.

2. L’interdiction judiciaire
173. Le tribunal peut interdire à toute personne ayant fait l’objet d’une
poursuite en vertu de l’article 316 du code de commerce, d’émettre des
chèques autres que ceux qui permettent exclusivement le retrait de fonds par
le tireur auprès du tiré ou ceux qui sont certifiés. La durée de cette interdiction
est de un à cinq ans. Elle peut être déclarée exécutoire par provision (Art. 317
al. 1).
Parallèlement à cette interdiction, le tribunal enjoint au condamné d’avoir
à restituer à l’établissement bancaire qui les avait délivrées les formules en sa
possession et en celle de ses mandataires.
Le tribunal est tenu en outre d’informer Bank al Maghreb de la décision
portant interdiction, qui à son tour doit informer les établissements bancaires
de cette interdiction. A partir de cette date, les banques informées doivent
s’abstenir de délivrer au condamné et à ses mandataires des formules de
chèques autres que celles mentionnées à l’alinéa 1 de l’article 317 du C.Com.
Le tribunal a la faculté d’ordonner la publication par extrait, de la décision
dans les journaux de son choix (Art. 317 al.2).

3. Sanction du non-respect de l’interdiction bancaire et judiciaire


174. Est passible d’un emprisonnement d’un mois à deux ans et d’une
amende de 1.000 à 10.000 dirhams (Art. 318 al. 1):
- Celui qui émet des chèques au mépris d’une interdiction bancaire ou
judiciaire ;
- Le mandataire qui, en connaissance de cause, émet des chèques, dont
l’émission est interdite à leurs mandants.
Les peines prévues à l’alinéa premier de l’article 318 sont portées au
double si les chèques émis au mépris de l’injonction ou en violation de
l’interdiction ne sont pas payés à présentation faute de provision (Art. 318 al.
C.Com.).

IV. L’émission d’un chèque en violation de certaines dispositions


légales
175. Deux hypothèses ont été prévues par l’article 307 du code de
commerce :
La première concerne l’émission d’un chèque ne portant pas l’indication
de certaines mentions, notamment :
- Le lieu d’émission ;
- L’absence de date ;
- Ou l’indication d’une fausse date.
La deuxième hypothèse concerne l’émission d’un chèque sur une
personne autre qu’un établissement bancaire.
Dans ces deux cas le tireur du chèque est passible d’une amende de 6%
du montant du chèque sans que cette amende puisse être inférieure à 100
dirhams (Art. 307 al. 1).

Paragraphe II : les délits commis par le bénéficiaire

I. Acceptation d’un chèque sur lequel manquent certaines


mentions obligatoires
176. Le législateur sanctionne de la même peine que celle prévue pour le
tireur dans l’article 307 al. 1, le premier endosseur ou le porteur d’un chèque
sans indication du lieu d’émission ou sans date, ou portant une date
postérieure à celle à laquelle il est endossé ou présenté. Rappelons que cette
sanction consiste en le versement d’une amende de 6% du montant du chèque
sans que cette amende puisse être inférieure à 100 Dirhams.

II. L’acceptation d’un chèque à titre de garantie


177. Est passible d’un emprisonnement de un à cinq ans et d’une amende
de 2.000 à 10.000 Dirhams sans que cette amende puisse être inférieure à 25%
du montant du chèque ou de l’insuffisance de provision, celui qui, en
connaissance de cause accepte de recevoir ou d’endosser un chèque à la
condition qu’il soit réservé à titre de garantie (Art. 316 du C.Com.).

Paragraphe III : les délits commis par le tiré


178. Le législateur a prévu un certain nombre d’infractions qui, lorsqu’elles
sont commises par l’établissement bancaire tiré, engagent sa responsabilité.

I. Les obligations de la banque


179. Il ressort de la lecture des articles 271, 309, 312, 313, et 317 du code
de commerce que le législateur a mis à la charge de la banque des obligations
dont voici succinctement le contenu.
- L’article 271 fait obligatoirement au tiré de payer le chèque même après
l’expiration du délai de présentation et même lorsque ce chèque est émis
au mépris d’une interdiction bancaire ou judiciaire.
- L’article 309 oblige le tiré à délivrer au porteur ou à son mandataire un
certificat de paiement.
- L’article 312 fait défense au tiré de délivrer au titulaire du compte et à
son mandataire des formules habituelles de chèques pendant dix ans à
compter d’un incident de paiement pour défaut de provision suffisante,
lorsque le titulaire du compte n’a pas fait usage de la faculté de
régularisation prévue à l’article 313.
- L’article 313 fait obligation au tiré d’enjoindre au titulaire du compte
émetteur d’un chèque sans provision d’avoir à restituer les formules de
chèques en sa possession, et de ne plus émettre des chèques pendant 10
ans.
- L’article 317 fait obligation à la banque de se conformer aux termes de
l’interdiction judiciaire prononcée à l’encontre du titulaire du compte.
Le non-respect par le banquier de l’ensemble de ces obligations entraîne
sa responsabilité pénale, et l’expose aux sanctions prévues à l’article 319 al.
1 du code de commerce.

II. Responsabilité de la banque


a-Responsabilité pénale
180. Aux termes de l’article 319 du code de commerce est passible d’une
amende de 5.000 à 50.000 Dirhams.
1/. Le tiré qui indique une provision inférieure à la provision existante et
disponible.
2/. Le tiré qui contrevient aux dispositions lui faisant obligation de
déclarer dans les mêmes délais réglementaires les incidents de paiement de
chèque, ainsi que les infractions prévues à l’article 318.
3/. Le tiré qui contrevient aux dispositions des articles 271 (1er alinéa), 309
(1° alinéa), 312, 313 et 317.

b-Responsabilité civile
181. Indépendamment des sanctions pénales, la violation par le banquier
des dispositions légales évoquées plus haut, entraîne la responsabilité civile
de ce dernier qui peut être recherchée sur la base des règles du droit commun.

Paragraphe IV : délits commis par les tiers


182. Est passible d’un emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende
de 2.000 à 10.000 dirhams sans que cette amende puisse être inférieure à 25%
du montant du chèque :
- Toute personne qui contrefait ou falsifie un chèque.
- Toute personne qui, en connaissance de cause, accepte de recevoir,
d’endosser ou d’avaliser un chèque falsifié ou contrefait.
- Toute personne qui, en connaissance de cause, fait usage ou tente de faire
usage d’un chèque contrefait ou falsifié (Art. 316 C.Com.)

TITRE II : LES INSTRUMENTS NON CAMBIAIRES


Il s’agit essentiellement des nouveaux procédés de transfert de fonds sans
manipulation d’espèces.
En effet, l’idée s’est faite jour de créer d’autres instruments de paiement
permettant d’éviter les manipulations imposées par les chèques, leur coût de
traitement et leur caractère gratuit. Telle est la fonction du virement et des
cartes de crédit (Chapitre I).
La cession des créances professionnelles, l’affacturage et le crédit
documentaire constituent quant à eux une innovation censée réunir les
avantages des instruments classiques sans en présenter les inconvénients.
(Chapitre II).

CHAPITRE I : LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT


183. Il s’agit essentiellement du virement et des cartes bancaires. Il peut
sembler aléatoire à première vue de les regrouper sous un même chapitre.
Cependant, malgré leur apparente dissemblance, ces deux moyens de
paiement ont en commun la même fonction économique, qui consiste à
permette de transfert de la monnaie scripturale, et à assurer la circulation du
solde des comptes bancaires.
Ils ont également en commun de reposer sur le même mécanisme
juridique qui est celui du mandat.
Section I : LE PAIEMENT PAR VIREMENT
184. Le virement est l’opération bancaire par laquelle des fonds sont
transférés d’un compte à un autre par l’inscription d’une écriture au débit de
l’un et l’inscription d’une écriture corrélative au crédit de l’autre.
L’article 519 du code de commerce le définit comme étant une opération
« Par laquelle le compte d’un déposant est, sur l’ordre écrit de celui-ci, débité
pour un montant destiné à être porté au crédit d’un autre compte ».
Il résulte de l’analyse de ces deux définitions que le virement bancaire
repose sur deux opérations distinctes. D’une part, l’ordre de virement qui
s’analyse comme un mandat conféré par le donneur d’ordre à son banquier.
D’autre part, l’exécution de l’ordre par le banquier mandataire qui, par un jeu
d’écriture, va opérer le transfert de fonds.
Il convient donc d’étudier successivement l’ordre de virement (§1), puis
l’exécution de l’ordre de virement (§2).

Paragraphe I : L’ordre de virement


A. Emission de l’ordre de virement
a- La forme
185. L’ordre de virement suppose un ordre écrit de la part du donneur
d’ordre (Art. 519 du C.Com.). Contrairement à certains auteurs nous pensons
que l’exigence de l’écrit n’est pas une condition de validité mais un simple
moyen de preuve.
En pratique, l’exigence de l’écrit est imposée par les banques qui ont
recours le plus souvent à des formules pré-imprimées destinées à faciliter le
traitement des ordres.
b-Conditions de fond
186. L’ordre de virement est subordonné à la condition que le donneur
d’ordre et le bénéficiaire soient l’un et l’autre titulaires d’un compte dans un
établissement bancaire ou un établissement assimilé. De surcroît, l’ordre de
virement s’analysant en un mandat, les conditions générales de validité des
conventions doivent être respectées (consentement, capacité, objet, cause).
L’ordre de virement postule enfin que les fonds correspondants soient déjà
inscrits au compte du donneur d’ordre, mais rien ne s’oppose à ce qu’il porte
sur les sommes devant y être inscrites dans un délai préalablement convenu
avec la banque (Art. 520 C.Com.).

B. Effets de l’émission de l’ordre de virement


a-Effets de l’ordre de virement à l’égard du donneur d’ordre
187. En application des règles de droit commun relatives au mandat l’ordre
de virement est essentiellement révocable. Ce principe a été consacré
expressément par l’article 521 al. 2 du C.Com « l’ordre de virement peut être
révoqué jusqu’à ce moment ».
Ce moment étant la date de l’inscription de l’ordre au débit du compte du
donneur d’ordre (Art. 521 al. 1 C.Com.).
L’ordre de virement devient caduc en cas de survenance d’une incapacité
ou de décès du donneur d’ordre pour les personnes physiques (Art. 929 du
D.O.C.). Et par la fin de la personne morale pour les sociétés (Art. 930 du
D.O.C). Toutefois cette caducité de l’ordre de virement ne peut s’imposer au
banquier qu’à partir du moment où il a eu connaissance de la survenance
du décès, ou de l’incapacité.

b-Effets de l’ordre de virement à l’égard du bénéficiaire


188. Contrairement à la théorie de la provision en matière de chèque,
l’ordre de virement ne produit aucun effet juridique dont peut se prévaloir le
bénéficiaire.
L’article 521 al.1 du C.Com. dispose en effet que « le bénéficiaire d’un
virement devient propriétaire de la somme à transférer au moment où
l’établissement bancaire en débite le compte du donneur d’ordre ». L’ordre
de virement est révocable jusqu’à ce moment (Art. 521 al.2 C.Com.).

c-Effets à l’égard du banquier du donneur d’ordre


189. En sa qualité de mandataire, la banque du donneur d’ordre est tenue
de trois obligations :
- Celle de vérifier l’ordre de virement qui lui est présenté. Faute par elle
de ce faire, elle engage sa responsabilité contractuelle : notamment
lorsque l’ordre de virement a été falsifié.
- Celle d’exécuter promptement l’ordre de virement. La jurisprudence
française considère comme fautif le retard de huit jours.
- Celle enfin de rendre compte de l’exécution de l’ordre de virement par
un avis de débit du compte de son client.

Paragraphe II : L’exécution de l’ordre de virement


A. Modalités d’exécution de l’ordre de virement
190. L’opération de virement est exécutée selon le cas, par l’inscription de
la somme virée au compte du bénéficiaire et l’envoi à ce dernier d’un avis de
crédit, ou par un transfert des fonds au banquier tenant le compte du
bénéficiaire qui crédite le compte de son client.
Deux phases sont à distinguer dans cette opération :
- La première c’est l’inscription au débit du compte du donneur l’ordre qui
a pour conséquence de rendre l’ordre irrévocable. Les fonds
correspondants sont réputés alors être sortis du patrimoine du donneur
d’ordre le jour de la passation de l’écriture au débit du compte. Ils ne
peuvent plus être saisis par ses créanciers et n’ont pas à être compris dans
son actif en cas d’ouverture d’une procédure collective.
- La deuxième c’est l’inscription au crédit du compte du bénéficiaire qui
constitue une remise de monnaie scripturale équivalente à la tradition
pour les monnaies métalliques et fiduciaires.
191. La question se pose de savoir à quelle date et en quel lieu le virement
est-il réputé exécuté ? De multiples intérêts d’attachent à cette question. Ainsi
selon la date considérée. Le paiement a pu intervenir avant ou après la
cessation de paiement et encourir ou non l’inopposabilité prévue par l’article
682 du code de commerce. De même pour les dettes libellées en monnaie
étrangère, le cours de change dépend de la date retenue. Le lieu de paiement
contribue quant à lui à désigner le tribunal territorialement compétent pour
juger l’affaire. Il résulte de l’article 522 du code de commerce que la créance
pour le règlement de laquelle un virement est établi subsiste avec toutes ses
sûretés et accessoires jusqu’au moment où le compte du bénéficiaire est
effectivement crédité du montant de ce virement.
L’article 522 rejoint ainsi une jurisprudence constante en France qui
considère le virement accompli au moment et au lieu où les fonds sont mis à
la disposition du bénéficiaire. C’est à cette date et en ce lieu que le paiement
est réalisé.
B. Incidents de l’exécution de l’ordre de virement
a-Insuffisance de la provision au compte du donneur d’ordre
192. Dans cette hypothèse le banquier a la possibilité de ne pas donner suite
à l’ordre de virement. Mais s’il l’exécute malgré cette insuffisance il peut agir
en répétition de l’indu contre le donneur d’ordre. Le bénéficiaire ne peut par
contre être recherché que dans le cas d’une erreur matérielle imputable au
donneur d’ordre.

b-Exécution d’un ordre de virement faux ou falsifié


193. Le banquier a l’obligation de vérifier que le virement émane du
titulaire du compte, et n’est ni faux ni falsifié. Faute par lui de ce faire, et en
l’absence d’une faute à la charge du client, le banquier est susceptible
d’engager sa responsabilité s’il exécute un ordre faux ou falsifié.
Section II : LE PAIEMENT PAR CARTE
194. Les cartes de paiement sont des cartes émises par un établissement
bancaire, et qui permettent à leur titulaire de retirer ou de transférer des fonds.
La pratique connait aussi la carte dite de crédit qui ouvre en plus au porteur,
la faculté de bénéficier d’un délai pour le remboursement des sommes payées
au moyen de cette carte.

Matériellement les cartes de paiement se présentent sous la forme standard


d’un rectangle plastifié d’une longueur de 86 mm, d’une largeur de 54 mm,
et d’une épaisseur de 0,76 mm. Elles sont généralement dotées d’une puce
électronique ou d’une bande magnétique.

Les cartes bancaires sont régis par :

- Les dispositions du code de commerce (Articles 329 à 333).

- Les conventions entre établissements bancaires et la clientèle.

- Les conventions entre le CMI (centre monétique informatique) et les


commerçants adhérents.

C’est au regard de ces dispositions légales et conventionnelles qu’il


convient de préciser le régime du paiement par carte aussi bien au regard du
porteur que du fournisseur, et de l’émetteur.
(§1) Le régime des paiements par carte au regard du porteur

Le porteur s’engage à surveiller sa carte et à garder secret son code


confidentiel afin d’éviter les vols ou l’utilisation frauduleuse.

A. Irrévocabilité de l’ordre de paiement


195. Il ressort des termes de l’Article 330 du code de commerce que l’ordre
ou l’engagement de payer est irrévocable. Aussi le porteur doit s’assurer que
le solde de son compte soit suffisamment créditeur afin de permettre le
paiement.

A concurrence d’un certain montant, l’émetteur est en général garant du


paiement, c’est-à-dire qu’il devra régler le créancier du porteur même si ce
dernier est insolvable. Au-delà de ce montant, l’émetteur agit comme un
mandataire chargé d’effectuer les paiements pour le compte de l’adhérent. Il
paiera à concurrence du solde créditeur du porteur.

B. L’opposition au paiement
196. L’opposition, qui déroge à l’irrévocabilité de l’ordre de paiement,
n’est admise qu’en cas de perte ou de vol de la carte, de redressement ou de
liquidation judiciaire du bénéficiaire (Art. 330 du code de commerce).

Dans ces hypothèses, l’opposition doit intervenir immédiatement car il est


généralement prévu que le porteur demeure tenu des opérations antérieures à
l’opposition tandis que c’est l’émetteur qui supporte celles des opérations
postérieures à celle-ci.

C. Fraude
197. L’usage frauduleux des cartes est sanctionné pénalement. Sont ainsi
punis des peines prévues à l’article 316, en ce qui concerne les moyens de
paiement.

Il est bien entendu que les moyens de paiement contrefaits ou falsifiés


seront confisqués et détruits (Art. 330 du code de commerce)

(§2) Le régime de paiement par carte au regard du fournisseur


A. Généralités
198. Le fournisseur qui souhaite accepter les paiements par carte doit
adhérer au centre monétique interbancaire. L’adhésion est normalement
effectuée pour une durée indéterminée. La résiliation reste donc possible pour
chacune des parties à tout moment. La convention appelée convention
fournisseur, prévoit que certains événements affectant le fournisseur, comme
la cessation d’activité ou le manquement à certaines de ses obligations
entraînent automatiquement la résiliation.
B. L’engagement du fournisseur à l’égard du public
199. Le fournisseur doit informer le public qu’il est adhérent d’un système
de paiement par carte. En ce cas, il ne peut refuser de tels paiements. Il ne
peut pas non plus appliquer des tarifs différents selon que le paiement est
effectué ou non par carte. Il ne peut donc pas répercuter sur sa clientèle le
montant des commissions qu’il verse à son banquier, ce qui permet d’assurer
la neutralité des moyens de paiement.
C. L’engagement du fournisseur à l’égard de l’émetteur
200. Dans sa relation avec l’émetteur, le fournisseur sera amené à verser
certaines commissions qui rémunèrent ce dernier. Leur montant diffère selon
les réseaux. Une partie de ces commissions est fixe. Elle correspond aux
loyers pour le matériel mis à sa disposition par l’émetteur, son appartenance
à un ou plusieurs réseaux, au service de paiement, et au service de garantie.
Une partie est proportionnelle et dépend du nombre et du montant des
opérations traitées.
D. L’obligation de vigilance
201. A chaque opération, le fournisseur doit veiller à respecter les
procédures d’utilisation de la carte, en procédant aux vérifications d’usage.
Lorsqu’il dispose d’un terminal électronique de paiement, la plupart des
vérifications sont faites automatiquement. Mais lorsqu’il dispose d’une
imprimante manuelle, il doit en particulier s’assurer que la carte est en cours
de validité, qu’elle n’est pas sur la liste des cartes en opposition, et que la
signature apposée sur la facturette est identique à celle portée sur la carte.

Toutes ces vérifications s’imposent afin d’assurer la sécurité des


paiements par carte. Leur omission peut entraîner la perte de garantie dont le
fournisseur peut bénéficier et la résiliation du contrat fournisseur.

(§3) Le régime de paiement par carte au regard du banquier


A. Généralités
202. Un banquier n’est jamais tenu de délivrer à un client qui a ouvert un
compte chez lui une carte de crédit ou de paiement. Il bénéficie à ce titre d’une
faculté de sélection qui trouve son fondement sur le caractère intuitu personae
de sa relation avec le porteur comme avec le fournisseur.
B. Obligation de paiement
203. Le contrat conclu avec le fournisseur, met à la charge du banquier
l’obligation de paiement ainsi que les vérifications d’usage relatives à la
régularité de l’ordre, et l’absence d’opposition.

En principe, il s’agit d’un paiement garanti. En vertu du contrat


fournisseur, le banquier assure au fournisseur qu’il sera effectivement payé
du montant de la facture réglée à l’aide de la carte. Cependant la garantie du
paiement dépend du montant de l’opération. En effet jusqu’à un certain
montant librement fixé par le contrat, la garantie est automatique. Si le
montant de l’opération est en revanche supérieur au seuil fixé
contractuellement, le paiement n’est garanti qu’après accord du banquier par
le biais de son mandataire le centre d’autorisation des cartes bancaires dont
dépend le fournisseur.

CHAPITRE II : LES INSTRUMENTS DE CREDIT


204. Nous verrons successivement les règles relatives à l’affacturage
(Section I), la cession de créances professionnelles (Section II), et le crédit
documentaire (Section III.

L’affacturage ou factoring est une opération de crédit qui garantit le


règlement et permet éventuellement la mobilisation de créances
commerciales à court terme.

Elle stipulé dans le règlement conventionnel qu’une personne dénommée


le factor fait à une entreprise (l’adhérent) des créances qu’elle a sur ses clients,
moyennant leur transfert à son profit et le versement de commissions et agios.
Le factor règle ainsi l’entreprise de manière anticipée et se retourne ensuite, à
l’échéance des créances, contre les débiteurs définitifs, dont il accepte par
avance de supporter l’éventuelle insolvabilité.

Selon la convention le factor peut soit acquérir lesdites créances, soit se


porter mandataire du créancier avec, dans ce dernier cas, une garantie de
bonne fin (Article 5 du dahir du 14 Février 2006 portant promulgation de la
Loi N°34-03 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés).

Paragraphe I : Conditions du contrat d’affacturage


205. Il ressort de l’article 3 de la loi bancaire que le contrat d’affacturage
est assimilé à une opération de crédit, il ne peut donc être pratiqué que par des
établissements de crédit tels que définis par ladite loi.
Seules les créances certaines, nées, exigibles ou à terme, mais pas
éventuelles peuvent faire l’objet d’un affacturage. Avant de procéder à leur
paiement, le factor doit d’abord les approuver.

A. Approbation des créances transmises


206. Le factor n’est engagé à l’égard de l’adhérent à régler les factures que
celui-ci lui transmet avec subrogation qu’à condition de les avoir approuvées.

En pratique, les factures sont transmises par l’adhérent au factor


regroupées sur un bordereau dénommé quittance subrogative, attestant le
transfert des créances visées et la subrogation du factor.

Il faut souligner ici que le factor n’entend pas se charger d’encaisser et de


garantir la bonne fin des seules mauvaises créances commerciales à court
terme de ses clients. D’où l’importance de la clause dite de globalité ou
d’exclusivité qui oblige l’adhérent à présenter au factor toutes ses créances,
sans pouvoir discriminer entre elles et ne lui faire que celles d’un
recouvrement douteux.

B. Paiement de l’adhérent par le factor


207. Au vu des factures, le factor se ménage une option :

- Soit procéder à leur paiement en inscrivant au crédit du compte courant


de l’adhérent le montant de la créance.

Dans le cas où il s’avère que la créance est inexistante ou a été directement


réglée à l’adhérent par son client, le factor peut toujours agir en répétition de
l’indu.

- Soit refuser leur paiement, et pratiquer alors une forme secondaire du


factoring dans laquelle le factor se charge seulement du recouvrement de la
créance, mais simplement en qualité de mandataire, l’adhérent supportant le
risque de l’éventuelle insolvabilité du client.

Paragraphe II : Subrogation corrélative du factor


208. L’originalité du factoring repose dans le mode de transfert simplifié
au factor des créances qu’il a réglées.

Le mécanisme utilisé est celui de la subrogation conventionnelle de


l’article 212 du D.O.C. La subrogation place le factor comme subrogé aux
droits du créancier qu’il désintéresse dès lors que celui-ci a manifesté
expressément sa volonté de subroger son contractant dans ses créances, à
l’instant même du paiement.

Sur le plan juridique le factor subrogé prend l’exacte place de l’adhérent


subrogeant. Il se présente donc à l’échéance comme créancier direct et
personnel des débiteurs de l’adhérent, ce qui lui permet d’invoquer les
accessoires et sûretés garantissant la créance qu’il a initialement acquittée,
mais s’expose aussi au risque de se voir opposer les exceptions dont le client
pourrait se prévaloir contre son créancier initial savoir l’adhérent. (ex :
exception d’inexécution, exception de compensation…).

Afin de conforter le contrat d’affacturage, le législateur a mis en place un


nouvel instrument de financement : la cession des créances professionnelles
qui débouche quant à elle sur une inopposabilité des exceptions.

Section II : LA CESSION DES CREANCES


PROFESSIONNELLES
209. Le bordereau des créances professionnelles (CCP) constate une ou
plusieurs créances qu’une entreprise détient sur ses propres débiteurs et
qu’elle déclare céder ou donner en nantissement à une banque qui, en
contrepartie de cette créance, lui verse le montant des sommes cédées sous
déduction de la rémunération du service rendu et des intérêts à courir jusqu’à
la date d’échéance des créances transmises.

Cette technique nouvellement installée par le législateur dans les articles


529 à 536 du code de commerce, a pour objectif de faciliter le crédit aux
entreprises.

L’opération de cession des créances professionnelles correspond à un


escompte des créances cédées en forme simplifiée. Son examen conduit à en
décrire le mécanisme de base, et à préciser le dispositif destiné à protéger le
banquier.

Paragraphe I : Mécanisme de base


210. Le mécanisme de base implique l’établissement d’un bordereau dont
la remise emporte transfert de la propriété des créances cédées, soit en
contrepartie de l’avance de tout ou partie de son montant, soit en garantie de
tout crédit que l’établissement a délivré ou délivrera au cédant (Art. 529 al.2
C.Com).
A. Conditions de validité
a-Conditions tenant aux personnes
211. La CCP est une opération juridique triangulaire, mettant en présence
le client cédant, son débiteur (cédé), et obligatoirement un établissement de
crédit (le cessionnaire).

Le cédant peut être « une personne physique, dans l’exercice de son


activité professionnelle, ou toute personne morale, de droit privé ou de droit
public ». (Art. 529 al. 1 C.Com).

b-Conditions tenant aux créances cédées


212. Il ressort de l’article 529 du C.Com que seules peuvent être cédées les
créances détenues par le client sur une personne morale de droit public ou de
droit privé exerçant ou non une activité professionnelle, ou sur une personne
physique dans l’exercice de celle-ci de son activité professionnelle.

En pratique les banques exigeront que les créances qui leur sont proposées
présentent un caractère de probabilité suffisant.

c) Conditions tenant au bordereau


213. La cession ou la remise à titre de garantie sont constatées par un
bordereau dont l’article 531 énumère les mentions obligatoires :

- La dénomination acte de cession des créances professionnelles.

- La mention que l’acte est soumis aux dispositions du chapitre VII du


code de commerce relatif à la CCP.

- Le nom ou la dénomination de l’établissement bancaire bénéficiaire.

- La liste des créances cédées avec l’indication, pour chacune d’elle, des
éléments susceptibles de permettre son individualisation.

- Lorsque la transmission des créances cédées est effectuée par un


procédé informatique permettant de les identifier, le bordereau peut se borner
à indiquer, en même temps, que le procédé utilisé, leur nombre et leur montant
global, à l’exclusion d’une liste détaillée (Art. 531 C.Com).

En cas de contestation, il appartient au cessionnaire d’apporter la preuve,


par tous moyens, que la créance qui constitue l’objet du litige est bien
comprise dans le montant global porté sur le bordereau.
Outre ce qui précède le bordereau doit être signé par le cédant, et daté par
le cessionnaire.

Le bordereau dans lequel une des mentions obligatoires fait défaut ne vaut
pas comme acte de cession de créances professionnelles.

Une mention facultative est expressément prévue par l’article 533 du


C.Com. Le bordereau peut être stipulé à ordre, il est transmissible par
endossement, mais seulement au profit d’un autre établissement de crédit.

B. Effets de la cession
214. La remise du bordereau au cessionnaire par le cédant réalise le
transfert de la propriété des créances, ce transfert concerne aussi bien le
principal que les accessoires tels que les sûretés qui garantissent la créance
(Art. 532 C.Com).
Paragraphe II : Protection du banquier
215. Dans l’hypothèse la plus courante, la charge du recouvrement est
abandonnée au client cédant en vertu d’un mandat donné par le cessionnaire.
Le cédant, mandataire chargé de l’encaissement, est redevable des fonds à
l’égard du cessionnaire qu’il a l’obligation de reverser entre ses mains.

Toutefois, lorsque le banquier perd confiance dans son client, il a intérêt


à mettre fin au mandat de recouvrement dont ce dernier est investi pour faire
en sorte que le débiteur se libère directement auprès de lui. La cession de ce
mandat renforce la position de l’établissement bancaire sans que cette
amélioration ait toujours la même portée : tout dépend si la cession a
seulement été modifiée ou si elle a été acceptée par le débiteur cédé.

C. Notification
216. Par la notification, le banquier interdit au débiteur de la créance cédée
de payer entre les mains du signataire du bordereau (Art. 535 C.Com) le
débiteur ne se libère alors valablement qu’auprès du cessionnaire.

La notification comporte révocation du mandat de paiement imparti au


cédant. Il en découle que la banque qui a notifié a seule qualité pour exercer
des poursuites contre le débiteur cédé ou lui accorder des délais de paiement.

Dans l’hypothèse de la notification, le débiteur cédé ne prend aucun


engagement au profit du banquier et peut toujours lui opposer les exceptions
qu’il aurait pu invoquer à l’encontre du cédant.
D. L’acceptation
217. L’acceptation est l’acte par lequel le débiteur cédé s’engage, sur
demande du bénéficiaire du bordereau, à le payer directement. Cet
engagement est constaté, à peine de nullité, par un écrit intitulé « Acte
d’acceptation de la cession d’une créance professionnelle » (Art. 536 al.
C.Com).

Si le débiteur a accepté dans les formes légales, il ne peut opposer à


l’établissement de crédit cessionnaire les exceptions fondées sur ses rapports
personnels avec le cédant, à moins que l’établissement de crédit en acquérant
le bordereau n’ait agi sciemment au détriment du débiteur (Art. 536 al.2
C.com).

Section III : LE CREDIT DOCUMENTAIRE


218. Instrument privilégié du commerce international à court terme, le
crédit documentaire est apparu à la fin du XIXème siècle. Il se développe à
partir de la première guerre mondiale en raison des très sérieuses inquiétudes
éprouvées par les entreprises américaines quant à la solvabilité de leurs
partenaires européens.

Simple dans les principes de base sur lesquels il repose ; essentiellement


une séparation entre le contrat commercial sous-jacent et l’opération
documentaire elle-même, le crédit documentaire soulève en pratique de
nombreuses questions qui surgissent tant dans les rapports acheteur-vendeur
que dans les rapports acheteur-banquier et banquier-bénéficiaire.

Nous étudierons successivement ces différents rapports (paragraphes II,


III, et IV) après avoir fait le tour de quelques notions générales (paragraphe
I).

Paragraphe I : Notions générales


A. définition
219. On peut définir le crédit documentaire comme étant une opération par
laquelle un banquier intervenant, en vue du règlement financier d’une vente
commerciale internationale, promet de payer le vendeur contre remise de
documents qui lui assurent un gage sur la marchandise objet de la vente.

L’article 2 des RUU définit quant à lui le crédit documentaire comme


étant un arrangement en vertu duquel une banque « la banque émettrice »
agissant à la demande et sur instructions du client « le donneur d’ordre » ou
pour son propre compte est tenue d’effectuer un paiement à un tiers (le
bénéficiaire) ou à son ordre, contre remise des documents stipulés, pour autant
que les termes et conditions du crédit soient respectés.

Les parties à une opération d’import-export peuvent, au lieu du crédit


documentaire, utiliser la technique de l’encaissement documentaire qui
apparaît, à certains égards, comme un diminutif du précédent, mais un
diminutif qui est loin de présenter des avantages identiques.

Le processus suivi en l’espèce est très simple : le vendeur, une fois les
marchandises expédiées, remet à sa banque les documents qui permettent
d’en obtenir remise au port de débarquement. La banque a instruction de ne
les délivrer à l’acheteur que contre paiement ou acceptation d’une traite.

Le banquier du vendeur adresse les documents à son correspondant dans


le pays de l’acheteur en lui transmettant les instructions précédentes.

L’acheteur, après paiement ou acceptation d’une traite, reçoit les


documents. Il acquiert seulement à ce moment la propriété de la marchandise.
Le vendeur bénéficie donc d’une garantie : la certitude jusqu’à cet instant la
propriété de la marchandise.

L’inconvénient le plus grave de cette technique tient au refus de payer ou


d’accepter opposé par l’acheteur. La marchandise reste, certes, la propriété du
vendeur, mais celui-ci doit, à sa charge, assurer le rapatriement de la
marchandise ou la faire vendre sur place. Une telle situation peut être source
de frais supplémentaires et les conditions de négociation des marchandises
risquent fort, de surcroît, de se révéler défavorables.

Un autre inconvénient tient aux délais de règlement. Le vendeur, au lieu


d’être payé dès l’expédition ne l’est qu’au moment de la livraison.

B. Utilité du crédit documentaire


220. La seule définition du crédit documentaire fait déjà apparaître les
intérêts de l’opération pour l’importateur, pour l’exportateur et pour le
banquier.
a-Avantage pour l’importateur
221. Le banquier lui fournit un service de caisse en assurant le transfert des
fonds.
Ce service de caisse s’accompagne d’une garantie de choix : l’acheteur a
la certitude que le règlement ne sera opéré au profit du vendeur que si ce
dernier apporte la preuve fournie par la remise des documents de transfert
qu’il a réellement expédié une marchandise conforme aux stipulations de la
vente.

Le banquier fournit également un service de crédit.

1. Crédit indirect
222. L’intervention du banquier constitue une forme atténuée de crédit par
signature.

L’engagement pris par le banquier, à l’égard de l’exportateur, de procéder


au règlement du prix facilite l’opération.

2. Crédit direct
223. Le crédit documentaire constitue une formule de financement à court
terme. Sitôt expédiées, les marchandises sont payées par le banquier de
l’importateur, éventuellement par l’intermédiaire de son correspondant à
l’étranger.

L’acheteur ne procédera, pour sa part au règlement du prix qu’une fois le


transfert achevé ; après réception des marchandises et vérification qu’elles
sont bien conformes aux stipulations du contrat d’achat-vente.

b-Avantage pour l’exportateur


224. Le crédit documentaire procure à l’exportateur un service et une
sécurité.

- Un service : le banquier de l’importateur, le cas échéant avec le


concours d’un correspondant, se charge de procéder au transfert des fonds au
compte de l’exportateur.

- Une sécurité : la certitude d’être payé du prix des marchandises qu’il


expédie quelle que soit la situation financière de l’importateur.

c-Avantages pour le banquier


225. Dans le cadre de l’opération de crédit documentaire, le banquier
bénéficié d’une garantie efficace : la remise des documents à laquelle procède
l’exportateur pour faire preuve de l’exportation des marchandises et en
obtenir paiement, entraîne constitution de gage. La banque n’acceptera de se
dessaisir des documents qu’après avoir obtenu de l’importateur, règlement de
l’avance qu’elle a effectué à son projet.
C. Les intervenants
226. Il ressort de la définition précédente que le crédit documentaire met
aux prises trois ou quatre personnes :

- Un vendeur exportateur voulant avoir une garantie de paiement,


demandera à être réglé par crédit documentaire. Il en sera bénéficiaire.

- L’acheteur-importateur, en sa qualité de donneur d’ordre, s’adressera à


une banque de son choix pour s’engager en son lieu et place, conformément
à ses instructions.

- La banque émettrice si elle en a convenance, ouvrira le crédit


documentaire selon les instructions du donneur d’ordre en s’engageant à
effectuer le paiement à vue ou à terme, au bénéficiaire.

- Une autre banque, généralement dans le pays du vendeur, sera


mandatée par la banque émettrice pour aviser le bénéficiaire de l’ouverture
du crédit documentaire :

• Soit sans engagement de sa part ; elle sera alors banque notificatrice.

• Soit en ajoutant à l’engagement de la banque émettrice dans les mêmes


termes, son propre engagement ; elle sera alors banque confirmative.

D. Réglementation
227. Aucune législation de source nationale ou internationale, tant au
Maroc que dans la quasi-totalité des pays étrangers, ne vient organiser et
préciser les opérations de crédit documentaire. C’est la pratique internationale
qui a permis l’élaboration d’une réglementation spécifique au crédit
documentaire. Elle l’a fait sous l’égide de la chambre de commerce
internationale (CCI) dont le rôle a été déterminant pour fixer et faire évoluer
ce qu’il est convenu d’appeler les règles uniformes relatives aux crédits
documentaires (R.U.U.C.D.).

En effet, c’est en 1926 que la chambre de commerce internationale fut


saisie officiellement du problème, sur la base d’une requête présentée par le
comité national américain en vue d’unifier la pratique du crédit documentaire
sur le plan mondial.
Cette démarche et les discussions qui la suivirent ont abouti à l’occasion
du congrès de la CCI en 1933 à l’adoption de la première version de R.U.U.
Cette version devait être révisée une première fois en 1951 puis, en 1962, puis
encore en 1974, 1983 et enfin en 1993 (Brochure n° 50 entrée en application
le 1er janvier 1994).

228. La question se pose de savoir quelle est la portée juridique des RUU ?

Aux termes de l’article 1 des RUU (version 500), celles-ci s’appliquent à


tous les crédits documentaires (y compris dans la mesure où elles seraient
applicables aux lettres de crédit stand-by), dès lors qu’elles font partie
intégrante du crédit. Elles lient toutes les parties intéressées, sauf dispositions
contraires stipulées expressément dans le crédit.

Il apparaît à la lecture de cet article que RUU ont un caractère supplétif,


qui consacre le caractère contractuel de celles-ci. Cependant, la procédure
d’adhésion stipulée plus haut ne signifie nullement qu’un crédit qui ne
stipulerait pas expressément y être soumis y échappe. En effet, s’agissant de
matière commerciale, la stipulation n’aura pas nécessairement à résulter d’un
écrit.

Mais les RUU ont surtout valeur d’usage, étant elles-mêmes une
codification écrite des usages internationaux.

Cette thèse a été adoptée par le tribunal de paris, qui a estimé que les RUU
constatent des usages et qu’elles s’appliquent indépendamment de toute
référence expresse, dès lors que leur application n’a pas été écartée sur un
point donné.

La consécration des RUU par la pratique bancaire a pu se faire grâce au


travail accompli par la CCI qui s’est efforcée avec succès en obtenant
l’adhésion volontaire des banques des divers pays, soit individuellement soit
par l’intermédiaire de leurs associations professionnelles. La CCI a également
édité des formules normalisées pour les ouvertures de crédit documentaire,
qui sont une source importante de simplification et d’unification, de plus la
commission des techniques et pratiques bancaires de la CCI a interprété les
RUU à la demande des adhérents et publié réglementairement ses avis.

Paragraphe II : Rapports acheteur-vendeur


229. Dans les rapports de l’importateur et de l’exportateur trois questions
se posent : quand l’importateur doit-il ouvrir le crédit documentaire ? (A).
Quelles seront les modalités du crédit documentaire ouvert ? (B). A quelles
sanctions s’expose l’importateur s’il manque aux obligations qu’il a
souscrites en ce qui concerne l’ouverture du crédit documentaire ? (C).
A. Date d’ouverture du crédit documentaire
230. Il est admis que l’ouverture du crédit doit être préalable à la livraison.
Elle sera établie par l’envoi d’un accréditif à l’exportateur.

A supposer qu’un délai de livraison ait été accordé au vendeur, l’ouverture


de crédit doit, néanmoins, intervenir sitôt après la conclusion du contrat
d’import-export. L’importateur ne saurait se retrancher derrière le délai
accordé au vendeur pour faire livraison, en vue de retarder l’ouverture du
crédit.

B. Modalités du crédit documentaire


231. La nature (a) et la durée (b) du crédit sont généralement précisées dans
le contrat de vente.

A défaut, il appartiendra à l’interprète de retrouver la volonté des parties.

a- La nature du crédit
232. Les parties au contrat sont appelées à prévoir la nature du crédit,
révocable ou irrévocable.
1. Le crédit révocable
233. Le crédit est réputé révocable lorsque le banquier de l’acheteur ne
contracte pas l’obligation directe envers le vendeur. L’accréditif qu’il lui
envoie ne le lie pas définitivement.

Les RUU 500 (Art.8) disposent dans ce sens qu’ «un crédit révocable peut
être amendé ou annulé par la banque émettrice à tout moment et sans que le
bénéficiaire en soit averti au préalable ». Cette disposition réduit
considérablement la consistance du droit du bénéficiaire d’un crédit
documentaire révocable qu’elle aboutit à mettre en doute son existence même.
Il en découle en pratique qu’un créancier du bénéficiaire ne pourrait saisir le
produit à venir d’un crédit documentaire avant sa réalisation.

Tout crédit doit indiquer clairement s’il est révocable ou irrévocable. A


défaut d’une telle indication le crédit sera considéré comme irrévocable (Art.
6 des RUU).
2. Le crédit irrévocable
234. Le crédit est irrévocable lorsque le banquier de l’acheteur souscrit
envers le vendeur l’engagement ferme de lui payer le prix de la vente dès lors
que les conditions stipulées dans le crédit auront été respectées.

Le crédit irrévocable est donc un engagement ferme (Art. 9 de RUU),


duquel le banquier émetteur ne peut se soustraire à l’égard du bénéficiaire, et
de la banque intermédiaire autorisée quels que soient les événements qui
affectent ses relations avec le donneur d’ordre, lequel ne peut révoquer ou
amender les instructions qu’il a données (Art. 9 des RUU) directement ou
indirectement en pratiquant une saisie.

Le crédit irrévocable peut prendre deux formes très différentes : non


confirmé ou confirmé.

2.1Le crédit irrévocable non confirmé

235. Un crédit est considéré comme irrévocable non-confirmé lorsqu’il est


notifié au bénéficiaire par l’intermédiaire d’une banque notificatrice sans
engagement de sa part, sauf l’obligation pour elle d’« apporter un soin
raisonnable à vérifier l’authenticité apparente du crédit qu’elle notifie » (Art.
7 a RUU).

Lorsque la banque notificatrice est chargée de payer le crédit, sa seule


obligation est de vérifier, avant de payer si les documents présentés sont
conformes à ceux énumérés à l’accréditif.

2.2Le crédit irrévocable confirmé

236. On parle de crédit irrévocable confirmé lorsque le banquier de


l’exportateur prend un engagement ferme envers le bénéficiaire du crédit, en
vue de renforcer l’engagement du banquier de l’importateur. Son engagement
s’ajoute ainsi à celui de la banque émettrice (Art.6 des RUU). Le bénéficiaire
jouira ainsi de deux engagements de banques rigoureusement identiques et
autonomes l’un par rapport à l’autre.

La confirmation est à distinguer de la domiciliation qui ne procure aucun


engagement de la banque domiciliatrice au bénéficiaire.

b- La durée du crédit
237. Le crédit ouvert doit être disponible pendant tout le délai accordé au
vendeur pour expédier les marchandises.

Qu’en est-il en cas de défaut de précisions suffisantes ?

En principe, les règles usances ne s’appliquent pas à cette convention, sauf


si elle comporte une référence expresse aux règles. L’interprétation du contrat
se fera alors d’après son économie générale, les relations antérieures des
parties, les usages en vigueur dans le secteur considéré…

c) Sanctions du défaut de crédit documentaire


238. Dès lors que l’acheteur ne se préoccupe pas d’assurer l’ouverture du
crédit documentaire exigé par le contrat de vente, le vendeur peut à titre
provisoire, invoquer l’exception d’inexécution pour s’exonérer lui-même de
son obligation de livraison, à condition toutefois que l’absence de mise en
place du crédit ne lui soit directement imputable.

A titre définitif, le vendeur a la faculté d’agir en exécution forcée. Cette


solution théoriquement concevable est pratiquement inutile en raison des
délais nécessaires pour que l’action aboutisse.

Très souvent, le vendeur sera conduit à solliciter la résolution du contrat


de vente et l’octroi de dommages-intérêts.

1. Résolution du contrat
239. La résolution suppose que l’acheteur a manqué à l’une des obligations
essentielles que lui impose le contrat. L’obligation d’assurer l’ouverture d’un
crédit documentaire peut-elle être considérée comme telle ?

Lorsqu’il était prévu l’ouverture d’un crédit documentaire irrévocable, la


réponse par l’affirmative s’impose. En effet, le vendeur n’a contracté qu’en
considération des garanties que lui procure le mode de paiement choisi.

S’il était prévu d’ouvrir un crédit révocable, le doute s’impose ; toutefois


la tendance est néanmoins à admettre qu’il y a là une obligation essentielle
dont la méconnaissance justifie la résolution du contrat. Même révocable, le
crédit documentaire constitue en effet, un procédé de paiement auquel le
vendeur est généralement attaché puisqu’il lui permet d’obtenir, contre remise
des documents attestant l’exécution de l’obligation de livraison, un règlement
immédiat.
2. Dommages-intérêts
240. Des dommages-intérêts sont dus par l’acheteur au vendeur dès lors
qu’il ne justifie pas d’un événement de force majeure excusant l’inexécution.
Les hypothèses dans lesquelles la force majeure est admise par les tribunaux
sont extrêmement rares. Même le blocage de l’opération par les autorités
monétaires du pays d’importation désireuse d’éviter une sortie de devises,
n’est considéré comme un événement de force majeure que si la décision se
fonde sur une réglementation entrée en vigueur postérieurement à la
conclusion du contrat. Dans le cas contraire, l’évènement ne saurait être
considéré comme imprévisible.

Mais à quels montants évaluer les dommages-intérêts éventuellement


dus ?

Ils doivent couvrir le montant du préjudice subi par le vendeur. Dans les
ventes maritimes, il est de coutume de retenir la différence entre le prix de
vente et les cours actuels, en baisse du produit. Si le cours reste identique, ou
a connu une hausse, il y aurait lieu d’envisager – conformément à la solution
retenue en matière de vente terrestre – l’attribution au vendeur d’une
indemnité représentant le bénéficie dont il a été privé.

Paragraphe III : Rapports donneur d’ordre-banquier


241. Les rapports donneur d’ordre – banquier, s’organisent en deux séries
d’obligations : celles du donneur d’ordre, d’une part (A), celle du banquier
d’autre part (B).
A. Les obligations du donneur d’ordre
242. Le donneur d’ordre est tenu, dans le cadre de l’opération bancaire,
d’obligations dont certaines prennent place au moment de l’ouverture du
crédit (a), et d’autres après (b).
a) Les obligations concomitantes à l’ouverture du crédit
243. Le donneur d’ordre est tenu au paiement de commissions bancaire (1)
et à la constitution de garantie (2).
1. Le paiement de commissions bancaires

1.1 La commission d’ouverture de crédit

244. La commission d’ouverture de crédit est calculée en fonction de la


durée du crédit, par mois ou par trimestre, sur le montant total de l’accréditif
émis.
Elle est exigible dès l’émission de l’accréditif. La banque ne notifie, en
pratique, le crédit au bénéficiaire qu’après règlement de cette commission.

Elle est en principe, définitivement acquise au banquier créditeur, que le


crédit soit ou non employé, sauf l’hypothèse d’un retrait irrégulier du crédit
par la banque.

1.2 La commission de confirmation

245. Cette commission s’ajoute à la précédente lorsque le crédit est


irrévocable.

1.3La commission d’exécution

246. La réalisation du crédit donne lieu en général au paiement d’une


commission assise sur la fraction effectivement utilisée du crédit.
2. La constitution de garanties
247. La banque pourrait ne procéder au paiement de la créance de
l’exportateur que dans la mesure où, au compte de l’importateur, figurait une
provision suffisante. Il est cependant exceptionnel en pratique que la banque
exige une ouverture intégrale de l’opération dès l’ouverture du crédit, ce qui
la conduit parfois à avancer des sommes considérables à son client. De quelles
garanties ces avances sont-elles assorties ?

2.1 Garantie principale

248. La garantie principale dont bénéficie le banquier en matière de crédit


documentaire est un gage sur des marchandises expédiées par l’exportateur et
réglées par lui sur présentation des documents attestant l’expédition.

Il est rare que ce gage soit expressément stipulé. La banque en bénéficie


en vertu d’un usage constat.

Mais, il est une condition de validité du contrat de gage à laquelle les


parties doivent se soumettre : le transfert de possession au créancier ou à un
tiers détenant la chose en son nom et pour son compte.

Comment répondre à cette exigence ?

Dès lors qu’un titre représentatif de la marchandise été émis, celui-ci sera
remis au banquier : la remise d’un titre équivaut à une mise en possession
réelle. Tel est le cas lorsque la marchandise est transportée par voie maritime
: un connaissement est émis qui permet le transfert de la possession au
banquier.

En matière de transport ferroviaire, routier ou aérien, la situation est


différente. Le récépissé d’expédition ferroviaire, la lettre de voiture, la lettre
de transport aérien, ne sont pas des titres négociables. Leur remise n’emporte
pas transfert de possession. Reste la faculté – pour tourner cette difficulté –
de prévoir une expédition de la marchandise au nom du banquier. Mais il aura
alors la charge de faire procéder à sa réception et à son déchargement.

2.2 Garanties accessoires

249. A supposer que la banque ait à faire jouer le gage précédent, il est à
craindre qu’elle ne retire de la vente du bien gagé qu’une somme inférieure
au montant de sa créance en raison des frais supportés, de la baisse des cours
enregistrés.

Cette marge peut être couverte par d’autres sûretés : constitution


d’hypothèque, cautionnement.

En pratique, les banques se bornent à exiger de leur client la constitution


d’une provision – le déposit – égale à la différence entre le montant du crédit
et le prix escompté d’une éventuelle vente forcée des marchandises.

b. Les obligations postérieures à l’ouverture du crédit


250. Une fois le crédit réalisé, le donneur d’ordre doit à la banque le
remboursement des sommes que celle-ci a acquittées au profit de
l’exportateur et règlement des frais qu’elle a assumés tels que commission et
intérêts payés à un correspondant étranger. Ce remboursement intervient lors
de la remise des documents, une fois vérifiée leur régularité.

Le banquier n°2 correspondant du banquier de l’importateur, pourrait-il


agir directement contre le donneur d’ordre en remboursement des sommes
payées à l’exportateur ? La question est assez théorique et sa solution dépend
de la nature du rapport établi. Si le banquier n°1 s’est contenté, en qualité de
mandataire, de faire ouvrir un crédit au profit du donneur d’ordre, un rapport
direct unit celui-ci au banquier n°2. Hormis cette hypothèse, il n’est point de
traces.

B. Les obligations du banquier


251. Les unes sont relatives à l’ouverture du crédit (I), les autres à la
réalisation du crédit (II).
a) Les obligations relatives à l’ouverture du crédit
252. Sitôt conclu un accord avec l’importateur quant à l’ouverture d’un
crédit documentaire, le banquier a l’obligation de procéder à la notification
de l’accréditif au bénéficiaire. Cette notification s’effectue souvent par câble,
télex ou téléphone. Elle doit en toute hypothèse être rapide, faute de quoi la
banque engagerait sa responsabilité.

La banque à l’obligation d’ouvrir un crédit exactement conforme aux


instructions du donneur d’ordre avec un accord est intervenu.

Que décider lorsque les instructions du client sont insuffisamment


précises ? En ce qui concerne le caractère révocable ou irrévocable du crédit,
le crédit est réputé irrévocable (Art.6 c. RUU). Si quelque hésitation subsiste
quant à la durée du crédit, l’envoi de l’accréditif doit être différé jusqu’à
réception d’instruction sur ce point :

- Des indications essentielles sont, en effet essentielles, s’agissant d’un


crédit irrévocable puisque pendant toute la durée du crédit, le banquier est
personnellement et directement tenu à l’égard du bénéficiaire, il ne saurait se
délier de son engagement.

- Elles sont également importantes s’agissant d’un crédit révocable car,


si le banquier a la faculté de révoquer le crédit, il ne peut valablement le faire
que dans certaines circonstances : diminution sensible de la solvabilité du
client, manquement à la bonne foi à laquelle est tenu le client à l’égard du
banquier. Hors de ces circonstances, la révocation décidée exposerait le
banquier au paiement de dommages-intérêts à l’égard du donneur d’ordre.

b) Les obligations relatives à la réalisation du crédit


253. Des obligations relatives à la réalisation du crédit, quels en sont le
contenu (a), et la sanction (b).
c) Contenu des obligations
254. Le banquier est tenu de procéder à la vérification de la régularité
formelle des documents que lui remet le vendeur.

Cette mission de vérification dont est chargé le banquier se caractérise par


l’application d’un principe essentiel : le formalisme, dont on peut résumer la
portée en indiquant « qu’il n’y a pas de petite irrégularité, les documents sont
conformes ou ne le sont pas ».

Le banquier n’a point en revanche, faute de disposer de la compétence


technique nécessaire, à vérifier que le vendeur a procédé à l’expédition d’une
marchandise répondant à l’ensemble des spécifications visées au contrat
d’achat-vente. Il n’en irait autrement que dans la mesure où un agréage
préalable des marchandises a été stipulé, ou en cas de fraude connue.

Dans l’exercice de la mission qui lui est ordinairement impartie, le


banquier est tenu de se livrer à un triple examen : conformité des documents
aux instructions du donneur d’ordre, absence d’énonciation contradictions,
aptitude des documents à jouer leur rôle normal.

1. Conformité des documents aux instructions du donneur d’ordre


255. Le banquier n’est pas seulement tenu de vérifier que les documents
énumérés dans les instructions du donneur d’ordre et - dont la liste a été
reproduite dans l’accréditif – sont tous présentés par le bénéficiaire, les
vérifications doivent également porter sur la nature et les énonciations des
documents présentés.

1.1. Les documents

256. On distingue quatre types principaux de documents, les documents de


prix, les documents de transport, les documents d’assurance et les documents
annexes.

1.1.1. Les documents de prix

257. - La facture commerciale

C’est une pièce essentielle établie par le bénéficiaire au nom du donneur


d’ordre (Art. 37 RUU). Elle doit indiquer la nature, la qualité, le prix unitaire
et total des marchandises ainsi que la date à laquelle elle a été établie. Il est
également d’usage d’y faire figurer les modalités d’expédition et de
règlement.

- La facture consulaire

C’est un document portant le visa du consulat du pays destinataire et qui


constate l’origine et la valeur de la marchandise permettant ainsi l’application
du tarif douanier approprié.
- La facture douanière

Elle remplit le même rôle que la facture consulaire. Etablie sur des
formulaires spéciaux, elle n’est signée que par le vendeur et parfois par un
témoin.

1.1.2. Les documents de transport

258. La nouvelle version des RUU a considérablement clarifié les articles


relatifs aux documents de transport tout en les élargissant à de nouveaux
types. Nous les examinerons successivement selon le type de transport.

- Le connaissement maritime

Le connaissement est un document constitué en un jeu de plusieurs


exemplaires émis par un transporteur dénommé ou son agent. Ce document
constituera à la fois la preuve de la réception des marchandises pour les retirer.

Le connaissement peut être établi à personne dénommée, il n’est pas alors


transmissible par voie d’endos, ce qui limite sa portée et son usage dans la
pratique. Il peut être au porteur, ce qui signifie que tout détenteur d’un
exemplaire original peut prendre possession de la marchandise, et enfin à
ordre, ce qui le rende négociable. C’est cette dernière forme qui est la plus
fréquente.

Pour être acceptable dans une opération de crédit documentaire, le


connaissement doit indiquer que les marchandises ont été embarquées, ce qui
implique que la marchandise a été chargée sur le navire (Art. 23 a ii RUU). Il
doit en outre indiquer l’état et le conditionnement apparent des marchandises,
enfin être présenté en un jeu composé d’originaux « nets », c’est-à-dire sans
réserve (Art. 32 RUU).

- La lettre de transport aérien (LTA)

Le transport d’une marchandise expédiée par avion donne lieu à


l’établissement d’une lettre de transport aérien, soumise dans les transports
internationaux à la convention de Varsovie du 12 octobre 1929, amendée à la
Haye en 1955.

La lettre de transport aérien est généralement stipulée non négociable.


Toutefois dans la pratique, certaines compagnies aériennes acceptent l’endos
de l’avis d’arrivée pour remettre la marchandise.
Sauf preuve contraire, la LTA vaut récépissé de la marchandise, même si,
du fait de l’absence de la mention de négociabilité, elle ne la représente.

- La lettre de voiture internationale (CMR)

Ce formulaire est prévu par la convention internationale pour le transport


de marchandises par route (CMR) du 19 Mai 1956 ; signée à Genève et entrée
en vigueur le 12 juillet 1961.

La lettre de voiture CMR est un titre de transport non négociable, établie


par l’expéditeur en trois exemplaires originaux, mais plus généralement par
le transporteur qui est alors réputé agir pour le compte de l’expéditeur. Elle
fait foi jusqu’à preuve contraire de la réception de la marchandise par le
transporteur. Mais il s’agit d’une présomption simple et le transporteur peut
toujours apporter la preuve contraire.

- La lettre de transport internationale (CIM)

Il s’agit d’un document soumis à la convention de Berne relative au


transport de marchandises par chemin de fer, signée en date du 14 octobre
1890 et révisée pour la huitième fois en 1980.

La lettre de transport de voiture ferroviaire est un titre de transport non


négociable émis en six feuillets dont l’original est remis au destinataire, et un
duplicata à l’expéditeur. C’est cet exemplaire qui est utilisé dans la réalisation
du crédit documentaire.

- Les récépissés postaux ou de sociétés de courrier express

Les RUU 500 ont intégré pour la première fois, des dispositions
particulières pour ce type de document, en disposant que les banques
accepteront un récépissé ou certificat dès lors qu’il a été estampillé ou
authentifié et daté par les services postaux du lieu d’expédition, tel que prévu
par les termes du crédit (Art. 29 RUU).

- Le document de transport multimodal

Il s’agit d’un document couvrant plusieurs modes de transport différents.


Il confère un droit de gage à son porteur s’il est négociable et atteste bien que
les marchandises ont été remises à un transporteur ou son agent qui ne s’en
dessaisira que contre présentation d’un exemplaire du connaissement de
transport combiné par un porteur légitime et de bonne foi.

Le principal avantage de ce type de document, et qu’il présente


l’acheminement de la marchandise sous forme d’unité de charge (conteneur)
du point de départ jusqu’au lieu de destination finale.

1.1.3. Les documents d’assurance

259. Les documents d’assurance jouent un rôle important dans la protection


de l’acheteur et de la banque émettrice. Les RUU 500 en déterminent dans les
articles 34 à 36 les principes directeurs.

Les principaux types de police d’assurance sont :

• La police de voyage, conclue pour chaque affaire et destinée à couvrir


une expédition ponctuelle.

• La police flottante (ou police d’abonnement), est une police ouverte,


valable pour une durée déterminée et couvrant un courant régulier d’affaires
: dans ce dernier cas, chaque expédition donne lieu à l’émission d’un certificat
d’assurance dénommé avenant qui complète ou amende la police de base. Il
peut s’agir soit d’un tiers qui devient bénéficiaire du contrat, soit de l’avenant
documentaire qui fait ressortir les conditions de délégations au profit des
banques appelées à couvrir leurs risques par une garantie sur la marchandise.

Il importe que dans le cadre du crédit documentaire, le contrat d’assurance


soit émis sous une forme négociable, de telle sorte que le porteur des
documents relatifs à la marchandise en soit le bénéficiaire.

1.1.4. Les documents annexes

260. Ils sont nombreux et peuvent varier selon la nature de la transaction.


Les plus courants sont : le certificat d’origine, le certificat sanitaire, le
certificat d’analyse, la note de poids, la note de colisage, le certificat
d’agréage.

Il ressort de l’article 21 des RUU que lorsque ces documents sont exigés,
le crédit devrait stipuler par qui de tels documents doivent être émis et leur
libellé ou les données qu’ils doivent contenir. Si le crédit ne le stipule pas, les
banques accepteront ces documents tels qu’ils seront présentés, pour autant
que les données qu’ils contiennent ne soient pas incompatibles avec un autre
document stipulé qui a été présenté.

1.2 .La nature des documents

261. Le banquier doit exiger les documents présentant l’apparence de


conformité avec ceux énumérés dans l’accréditif. Ainsi doit-il vérifier que
sont bien présentés par exemple le type de connaissement exigé par
l’accréditif, ou encore la police d’assurance et non simple certificat établi par
un courtier.

1.3 Les énonciations des documents

262. Cette vérification constitue la tâche essentielle du banquier. Ce dernier


doit vérifier que les documents comportent les indications exigées par le
donneur d’ordre et reproduites à l’accréditif. Les conditions non-
documentaires (Art.2 et 13 c RUU) ou les documents remis mais non requis
par l’accréditif doivent être ignorés par lui.
2. Absence d’énonciations contradictoires
263. Si le banquier a eu connaissance de dispositions du contrat d’import-
export reproduits dans l’accréditif qui ne respectent pas les documents
présentés par l’exportateur, il doit refuser de procéder à un quelconque
paiement au profit de ce dernier. Tel est le cas si le bénéficiaire lui présente
un connaissement faisant état d’un chargement à bord d’un navire en partance
pour Marseille, tandis que l’accord originaire se rapportait à des marchandises
mises à bord des marchandises mises à bord d’un navire à destination du
Havre.
3. Aptitude des documents à jouer leur rôle
264. La banque doit écarter les documents qui lui sont présentés dans trois
séries d’hypothèses :

3.1. Documents incomplets

265. Par exemple, un certificat de qualité n’est probant que dans la mesure
où il comporte une identification précise de la marchandise à laquelle il
s’applique. A défaut il est sans valeur.

3.2. Documents dont l’authenticité et douteuse


266. En principe, le banquier n’a pas à vérifier l’authenticité des documents
(Art. 15 des RUU). Toutefois la banque commettrait une faute lourde en
acceptant un document manifestement falsifié. Ainsi, un récépissé
d’expédition établi sur papier sans entête commerciale, ni cachet, n’offre pas
de garanties d’authenticité suffisantes pour que le banquier puisse l’accepter.

3.3. Documents tardivement présentés

267. Il est des documents qui, passés certains délais, perdent toute leur
valeur. Tel est peut-être le cas d’un certificat d’inspection de denrées
périssables.
d) Sanction des obligations
268. La banque est exposée à commettre divers types de fautes : exécution
du crédit après la limite fixée pour la réalisation de l’opération, acceptation
de documents irréguliers, transmission tardive des documents au donneur
d’ordre. Les mêmes sanctions sont, dans ces circonstances applicables, rejet
des documents, action en dommages-intérêts.
1. Rejet des documents

Pratique et jurisprudence admettent que le donneur d’ordre peut rejeter les


documents si le crédit a été irrégulièrement réalisé, spécialement si les
documents ne sont pas strictement conformes aux instructions.

Le banquier se trouve, dans ce cas, en position d’acquéreur forcé de la


marchandise. Il perd le droit au remboursement de ses avances et doit restituer
la provision constituée.

2. Dommages-intérêts
269. Le donneur d’ordre qui ne veut pas rejeter les documents et laisser la
marchandise à la banque, peut se contenter de demander réparation du
dommage que lui inflige le contenter de demander réparation du dommage
que lui inflige le comportement de celle-ci.

Mais son action n’est recevable que dans la mesure où, au stade de
l’acceptation des documents, il avait formulé des réserves.

Sa demande peut se heurter à des clauses d’irresponsabilité. Celles-ci


conformément aux normes de droit connu en matière contractuelle ne
sauraient toutefois préserver le banquier de ses fautes lourdes.
Paragraphe IV : Rapports banquier-bénéficiaire
270. Pour l’examen des rapports banquier-bénéficiaire, une distinction doit
être effectuée selon que l’exportateur bénéfice d’un crédit documentaire
révocable (A), ou irrévocable (B).
A. Rapport banquier-bénéficiaire d’un crédit révocable
271. Un crédit révocable ne lie pas le banquier de manière définitive envers
le bénéficiaire. Il est admis en pratique, qu’aucun rapport de droit ne s’établit
entre eux. Seul existe un lien entre le donneur d’ordre et le banquier.

Ce dernier est donc libre, à l’égard du bénéficiaire, de modifier ou de


révoquer le crédit, mais sa responsabilité peut être engagée, de ce fait, à
l’égard du donneur d’ordre.

B. Rapports banquier-bénéficiaire d’un crédit irrévocable.


272. Les caractères (a), et la mise en œuvre (b) du droit du bénéficiaire du
crédit documentaire irrévocable doivent être successivement examinés.
a) Caractère du droit du bénéficiaire
273. Le bénéficiaire du crédit documentaire est titulaire d’un droit direct à
l’égard du banquier. Ce droit est assurément irrévocable (1), mais est-il
également incessible (2) et insaisissable (3) ?
1. Un droit irrévocable
274. De l’accréditif, et non point de la seule conclusion du contrat
d’ouverture de crédit banquier-donneur d’ordre naît le droit du bénéficiaire.
La banque est engagée dès l’instant de la réception de l’accréditif par le
bénéficiaire.

L’irrévocabilité qui doit être expressément stipulée par l’accréditif est liée
à l’autonomie du rapport banquier-bénéficiaire, indépendamment du rapport
banquier-donneur d’ordre ainsi que du rapport donneur d’ordre-vendeur.

1.1Autonomie du rapport banquier-bénéficiaire à l’égard du rapport


banquier-donneur d’ordre

275. Le rapport banquier-bénéficiaire est à l’abri de toutes instructions que


donnerait l’importateur aux fins de révocation ou modification de crédit. Les
engagements souscrits par le banquier ne peuvent être retirés qu’avec le
consentement de tous les intéressés.
L’autonomie du rapport banquier-bénéficiaire à l’égard du rapport
banquier-donneur d’ordre a pour conséquence l’inopposabilité au bénéficiaire
des exceptions nées du rapport banquier-donneur d’ordre.

La banque n’est pas autorisée à révoquer le crédit de sa propre initiative


en cas l’insolvabilité ou même de faillite ouverte du donneur d’ordre. Bien
que le risque de la banque soit grand, il n’a été admis aucune dérogation à
l’autonomie de l’engagement bancaire.

Demeure également sans influence sur le droit du bénéficiaire du crédit,


l’inexécution par le donneur d’ordre de ses obligations envers la banque,
qu’elle résulte d’une cause qui ne lui est pas imputable ou qu’elle soit
volontaire.

1.2Autonomie du rapport banquier-bénéficiaire à l’égard du rapport


acheteur-vendeur.

276. Dès lors que les documents présentés par le bénéficiaire sont réguliers,
le banquier doit exécuter son engagement sans se préoccuper davantage de
l’exécution du contrat de vente. Il y a là une conséquence supplémentaire du
caractère abstrait de l’engagement bancaire.

De l’application stricte de ces règles qui sont le prolongement du principe


de la séparation de l’opération documentaire et des opérations commerciales
dépend toute l’efficacité du crédit documentaire. Son fondement juridique est
d’avantage à rechercher dans la volonté des parties que dans les institutions
du droit civil ou droit commercial qui s’en rapprochent certes, totalement.

2. Un droit cessible

2.1 Le crédit est-il directement cessible ?

277.
(x)
Fabricant du
produit que (y) (Z)
l’exportateur exportateur Importateur
lui achète pour
le rendre à (Z)
(y) peut-il céder à (x) la créance née à son profit à l’encontre du banquier
de (z) ? Une telle cession totale ou partielle, lui éviterait d’avoir à procéder
un règlement au profit de (x) sitôt la marchandise, livrée, alors qu’il n’a pas
encore été payé par le banquier de (z) et n’a peut-être pas les liquidités
nécessaires pour régler (x).

Les banques se montrent réticentes pour accepter un tel transfert.


L’admettre inconditionnellement serait ouvrir à des commerçants zélés le
moyen de se livrer à des opérations excédant leur capacité financière. Il n’est
pas non plus opportun de faciliter des transferts de l’intégralité de l’opération
contractuelle, (y) cédant à (x). Le contrat de vente qui l’unit à (z). Le danger
serait alors pour l’acheteur (z).

Il est admis qu’un crédit documentaire n’est transférable que s’il stipulé
comme tel par la banque émettrice. On parle alors de crédit transférable que
l’article 48 des RUU définit comme étant « un crédit en vertu duquel le
bénéficiaire (premier bénéficier) peut demander à la banquer autorisé à payer,
à contracter un engagement de paiement différé ou accepter, ou à négocier (la
banque transférante)…. qu’elle permette l’utilisation du crédit en totalité ou
en partie, par un ou plusieurs autres bénéficiaires (second(s) bénéficiaires(s))
».

Un tel crédit n’est transmissible qu’une seule fois en une ou plusieurs


fractions à la condition que les expéditions partielles soient autorisées.

Le transfert donne lieu à l’établissement d’un nouvel accréditif qui confère


au cessionnaire un droit direct contre le banquier, indépendant du rapport
établi entre le banquier et le cédant. Il n’en demeure pas moins que c’est le
crédit originaire qui est transmis et que le transfert ne saurait s’accompagner,
en principe, le modification de ses conditions, à l’exception du montant, des
prix unitaires, de la date de validité, de la date limite de présentation des
documents et du délai d’expédition qui conjointement ou séparément peuvent
être réduits.

Le transfert du crédit sortir la créance cédée du patrimoine du premier


bénéficiaire. Par conséquence en cas de règlement judiciaire ou de liquidation
des biens du premier bénéficiaire postérieure au transfert, le banquier pourra
verser les fonds au second bénéficiaire et non l’administrateur du premier
bénéficiaire.
De même le banquier ne peut-il opposer au second bénéficiaire les
exceptions dont il dispose envers le premier bénéficiaire.

2.2. Le crédit est-il indirectement cessible ?

2.2.1Ouverture de crédit subsidiaire

278. La banque peut être sollicitée d’ouvrir un nouveau crédit appelé back
to back ou encore contre crédit.

Il s’agit d’un deuxième crédit documentaire ouvert généralement par la


banque chargée de réaliser le crédit principal sur ordre de l’exportateur en
faveur de son fournisseur. Les deux crédits sont juridiquement distincts mais
pratiquement jumelés. En effet, lors de la réalisation du crédit subsidiaire, la
banque garde les documents et ne les échange que contre les documents
définitifs, et les fonds du crédit principal sont affectés au remboursement des
avances qu’elle a effectuées pour la réalisation dudit crédit.

2.2.2 Endossement de la lettre de change tirée par le bénéficiaire

279. Quand la réalisation du crédit doit s’opérer par négociation d’une lettre
de change tirée par le bénéficiaire, celui-ci peut l’escompter. Il y parviendra
facilement lorsque le crédit est irrévocable.

Une telle opération d’escompte emporte transmission à un tiers de créance


du bénéficiaire sur la banque. Mais, ni économiquement, ni juridiquement elle
n’est assimilable à un transfert de crédit.

3. Un crédit insaisissable ?
280. Il faut distinguer la saisie pratiquée par le donneur d’ordre, de celle
pratiquée par tiers.

3.1 La saisie-arrêt pratiquée par le donneur d’ordre

281. Il peut arriver en pratique qu’un donneur d’ordre considère que la


marchandise attendue ou déjà reçus n’est pas, celle prévue au contrat
commercial malgré la conformité des documents, et décide de ce fait de
demander une saisie sur le crédit. Peut-on l’autre l’autoriser à la faire.

La tendance actuelle des tribunaux est de rejeter une telle demande.


La jurisprudence française estime que la saisie du donneur d’ordre est
contraire à l’irrévocabilité du crédit ouvert à sa demande. Dans le même sens
la jurisprudence anglaise refuse au donneur d’ordre toute faculté de saisie ou
autre forme d’injonction qui aboutirait à paralyser le crédit. Dans certaines de
ces décisions elle va même jusqu’à élever cette règle au rang de règle d’ordre
public international anglais.

Cette solution a pour avantage de renforcer la sécurité du crédit


documentaire comme instrument privilégié du commerce international.

3.2 La saisie-arrêt pratiquée par les tiers

282. Il ressort de ce qui précède que la saisie effectuée par le donneur


d’ordre n’est pas possible.

En revanche, la saisie pratiquée par un tiers au rapport documentaire-


généralement un créancier du bénéficiaire- sur la créance dont le vendeur sera
titulaire lorsqu’il aura remis les documents à la banque demeure possible.

b. Mise en œuvre du droit du bénéficiaire


283. Sauf fraude, la mise en œuvre du droit du bénéficiaire doit obtenir au
paiement de ce dernier.
1. La fraude
284. Si le bénéficiaire se rend coupable d’une fraude, le banquier émetteur
ou confirmateur se trouve libéré de son engagement. Cette règle constitue aux
principes les plus importants du crédit documentaire dont le plus
caractéristique est son formalisme.

Cependant, il faut souligner ici que le fraude visé est celle décelée dans
les documents-mêmes, et non au regard du contrat commercial.

1.1. Différents types de fraudes

285. La fraude peut revêtir plusieurs formes : les documents correspondent,


apparemment, à ceux exigés par l’accréditif, mais ils sont faux. Ils peuvent
être authentiques, mais ils comportent des mentions mensongères qui ne
correspondent pas à la marchandise réellement expédiée. Lorsque les
documents sont eux-mêmes faux, la fraude est matérielle, lorsque leurs
mentions sont fausses, la fraude est dite intellectuelle. Dans certains cas la
fraude peut cumuler les deux qualificatifs.
1.2. Les conséquences de la découverte de la fraude

286. Lorsque la présence de la fraude est rapportée, le banquier doit prendre


seul la décision de ne pas payer. S’il paye sciemment les documents
frauduleux, il engage sa responsabilité contractuelle.

Ce principe est acquis en cas de fraude commise par le bénéficiaire. La


question se pose de savoir si on doit adopter la même position en cas de fraude
commise à l’insu du bénéficiaire.

La jurisprudence étrangère et notamment anglaise écarte cette solution


considérant que le paiement doit avoir lieu. Il en est ainsi lorsque le
connaissement avait été antidaté par le transitaire pour être conforme aux
conditions du crédit qui fixaient une date limite d’embarquement, et ce, dans
l’ignorance totale du vendeur bénéficiaire, il a été jugé que les documents
présentant l’apparence de conformité et la fraude n’émanent pas du
bénéficiaire, ils devaient être payés.

Cette solution nous semble vouée à l’échec pour plusieurs raisons : d’une
part elle est contraire au principe selon lequel la fraude découverte avant le
paiement la paralyse totalement. D’autre part elle présente l’inconvénient de
faire peser sur le donneur d’ordre tous les risques inhérents au contrat
commercial, y compris celui de s’être adressé à un vendeur qui a mal choisi
son transitaire.

2. La réalisation du paiement
287. - Qui doit payer ?

- Comment ?

- Quand ?

2.1. Qui doit payer ?

2.1.1. La détermination du débiteur.

288. Si un seul banquier est intervenu dans l’opération, il lui appartient de


procéder au paiement.

Il convient toutefois de faire place à la situation dans laquelle a été émis


un crédit réputé circulaire. Un tel crédit est, en effet, réalisable aux guichets
de n’importe établissement bancaire.
Si plusieurs banquiers sont intervenus dans l’opération, trois situations
doivent être distinguées :

- Il est possible que le banquier n° 2 joue seulement le rôle d’un


intermédiaire dans l’opération, uniquement chargé de la réalisation du crédit.
C’est à lui que l’exportateur devra s’adresser pour obtenir paiement, mais s’il
opposait un refus injustifié, le bénéficiaire pourrait se retourner contre le
banquier n°1 qui seul a souscrit un engagement envers lui et s’est constitué
son débiteur.

- Il est possible que le banquier n°2 se soit personnellement engagé, ait


ouvert lui-même le crédit sur ordre du banquier n°1. Le bénéficiaire doit alors
d’adresser au banquier n°2 et à lui seul. En cas de défaillance du banquier n°2,
pouvait-il agir contre le banquier n°1 ? La réponse par la négative s’impose,
dans la mesure où le banquier n°1 n’a pris aucun engagement direct à l’égard
de l’exportateur, matérialisé par un accréditif.

- Il est possible que non seulement le banquier n°1 mais aussi le banquier
n°2 qui a conformé le crédit ouvert, se soient personnellement et directement
engagés à l’égard du bénéficiaire. Ce dernier agira vraisemblablement
d’abord contre le banquier n°2 mais pourra également agir contre le banquier
n°1.

1.2Le paiement effectué par le débiteur désigné est –il définitif ?

289. Si la banque, en payant, a formulé des réserves précises sur la


régularité des documents ou de leur présentation, elle est en droit de réclamer
au bénéficiaire le remboursement de ce qu’elle lui a versé au cas où le donneur
d’ordre rejette les documents, ou de l’appeler en garantie, si elle est
condamnée au paiement de dommages-intérêts.

La réserve signifie que le règlement ne devient définitif que s’il est ratifié
par le donneur d’ordre.

Le bénéficiaire doit, dans ce cas, pouvoir tenir pour définitif le


règlement.

On doit tenir pour également définitif le règlement d’un crédit révocable.


Des lors, que le banquier n’a pas usé du droit de refuser la réalisation du crédit,
il convient de le traiter comme le donneur d’ordre irrévocable.

3. Comment le paiement doit-il être effectué ?


290. Le crédit documentaire est réalisé selon l’un des quatre modes suivants
: le paiement à vue, le paiement différé, l’acceptation, la négociation.

2.1 Le règlement à vue

291. Le règlement est effectué au bénéficiaire contre présentation par lui


des documents conformes. Sauf stipulation contraire expresse ou fraude, le
paiement effectué par la banque réalisatrice est recours contre le bénéficiaire.

2.2 Le paiement différé

292. Il correspond à un engagement de paiement à une échéance convenue,


non matérialisée par l’émission d’une traite. La réalisation de ce type de crédit
n’intervient qu’au moment du paiement au terme différé convenu et non lors
de la remise des documents.

2.3 L’acceptation

293. Dans cette hypothèse, le versement du prix est également différé par
rapport à la remise des documents, mais la créance représentative du crédit
est incorporée dans un titre cambiaire. Il s’agira d’une lettre de change dont
l’acceptation peut être effectuée soit par la banque notificatrice, soit par la
banque émettrice ou encore par le donneur d’ordre.

Le principal avantage de ce monde de cette réalisation est de fournir au


bénéficiaire un moyen commode de mobiliser sa créance en la faisant
escompter, hors crédit documentaire, par son banquier habituel.

2.4 La négociation

294. Cette modalité suppose généralement la création d’un effet de


commerce, mais à la différence du crédit réalisable par acceptation, la
réalisation par négociation a pour effet d’intégrer l’opération d’intérieur
même du champ du crédit.

Outre l’engagement de payer, ce type de crédit est assorti de l’engagement


ferme de la banque émettrice et de la banque confirmatrice d’escompter l’effet
tirés dans le cadre du crédit.

L’article 9IV. Des R.U.U. précise ici que la négociation par la banque
émettrice ou confirmatrice de la lettre de change est fait sans recours contre
les tireurs et /ou aux porteurs de bonne foi. Cette règle posée par l’article 9
est une dérogation au jeu normal du droit cambiaire qui réserve un recours
contre le tireur et les autres signataires.

4. Quand le paiement doit –il être effectué ?

3.1. Le règlement est parfois avancé

295. Les accréditifs permettent quelquefois au bénéficiaire d’obtenir une


réalisation partielle du crédit à découvert ou contre remise des documents
provisoires. Cette clause est dénommée « clause rouge » (red clause). Elle est
utile dans la mesure où elle permet à l’exportateur de financer au moins en
partie ses opérations d’achat et de transformation des marchandises.

Cette modalité est également intéressante lorsque le crédit est indivisible.


Le bénéficiaire, pour être payé, doit justifier de l’envoi de l’intégralité de la
marchandise vendue. La « clause rouge » permet un règlement partiel après
certaines livraisons.

3.2le règlement est parfois retardé

296. Tel est le cas lorsqu’un document est irrégulier et que la banque
demande une régularisation. Les banques admettent, en effet en règle général,
la réparation d’une irrégularité dès lors qu’elle est faits sans fraude et avant
l’expiration de la période de validité du crédit.

Quand la régularisation n’est pas possible, le bénéficiaire demande qu’il


soit passé outre au vice des documents : si à la présentation hors délai, en
offrant à la banque de s’engager par un écrit, appel « lettre de garantie » ; à
lui restituer le montant du crédit, si le donneur d’ordre rejette les documents.
Les banques se prêtent à un tel engagement quand elles estiment que
l’irrégularité est minime et que le client ne s’y arrêtera pas. Elles exigent
parfois la garantie d’une autre banque si la solvabilité du bénéficiaire n’est
pas absolument sure.
INDEX ALPHABETIQUE
Les chiffres renvoient aux numéros des paragraphes

A
Acceptation : 12, 14, 37, 38, 42, Compte courant : 207. Endossement : 12, 39, 71, 72, 73,
49, 50, 51, 52, 53, 176. Crédit documentaire : 7, 182, 204, 74, 75, 76, 77, 79, 80, 81, 85, 113,
Actif : 190. 218, 219, 220, 223, 224, 225, 226, 114, 118, 125, 126,
Affacturage : 7, 182, 204, 205, 227, 228, 229, 230, 231,233, 238,
208. 239, 248, 252,
Amende : 160, 170, 172, 175, 176, 258, 259, 270, 272, 273, 276, 277, 136, 148, 152, 153, 154, 158, 213,
177, 180, 182, 184. 278, 284, 290, 293. 278.
Autorisation : 203. Escompte : 77, 209, 279.
Aval : 43, 62, 63, 64,65, 66, 68, D Escroquerie : 43.
70, 98, 118, 120, 140, 141, 142. Déchéance : 58, 66, 91, 94, 108, Etablissement : 123, 204, 205, 211,
Avance : 210, 225,247, 268,278. 118, 164. 213, 217.
Défaut de paiement : 91, 162,
B 164,166. F
Banqueroute : 43 Défaut de provision : 165,172. Facilité de caisse : 146.
Billet à ordre : 6, 8, 16,17, 114, Délai de grâce : 47 Falsification : 160.
115, 116, 118, 220, 121, 122, 124. Délai de paiement : 24, 26. Faute de paiement : 75, 89, 94.
Blocage : 143, 240 Délai de présentation : 130, 142, Faute de provision : 174.
Bonne foi : 43, 49,81, 113, 144, 153, 156, 167,179. Fraude : 101, 197, 284, 285, 286,
252, 258, 294. Dépôt : 123,126. 291, 296.
Bordereau : 45, 206, 209, 210, Dette : 5, 10, 11, 12, 14, 27,49, 87, Fiduciaire : 190.
213, 214, 216, 217. 114, 130, 131, 167, 191.
Domiciliation : 27, 33, 82, G
C 132,236. Gage : 34, 71, 81, 125, 126, 219,
Carte de crédit : 182, 197, 198, Dommages intérêts : 51, 164, 168, 225, 248, 249, 258.
199, 201, 202. 238, 240, 252, 268, 269,289. Garantie de bonne fin : 204.
Carte de paiement : 7, 194. Garantie de paiement : 37, 77, 226.
Cautionnement : 64, 70, 249. E
Cessation d’activité : 198. Echange : 5, 278. H
Cession- de créances : 7, 15, 39, Echéance :19, 24, 26, 31, 40, 42, Hypothèque : 34, 249.
79, 152, 153, 182, 204, 208, 209, 49, 50, 54, 55, 58, 59, 61, 62, 64,
213, 214, 215, 217, 277. 66, 75, 83, 91, 93, 101, 104, 105, I
Cessation de paiement : 43, 191. 108, 109, 112, 113, 116, 118, 124 ; Incapacité : 80, 100, 144, 149, 154,
Chambre de compensation : 27, 125, 164, 204, 208, 209, 292. 187.
82, 157. Effet de commerce : 6, 10, 14, 26, Incident de paiement : 179.
Chèque barré : 2, 133, 135, 136. 87, 101, 114, 121, 125 ; 294. Injonction : 172, 174, 281.
Chèque sans provisions : 146, 162, Emetteur : 179, 194, 195, 196, Inopposabilité : 269.
170, 179. 200, 234, 284. Insolvabilité : 70, 204, 207, 275.
Circulation chèque : 136. Emission : 45, 46, 47, 75, 95, 112, Interdiction judiciaire : 170, 173,
Clause à ordre : 114, 116, 152. 113, 116, 146, 147, 149, 156, 162, 174, 179.
Clause de retour sans frais : 91, 170, 171, 174, 175, 176, 185, 187, Intérêt : 1, 24, 35, 51, 61, 102, 113,
164. 244, 259, 292. 164, 166, 168, 191, 209, 215, 220,
Commission : 199, 200, 204, 228, 250.
243, 244, 245, 246, 250.
97
Irresponsabilité : 15, 55, 78, 99, Résiliation : 198, 201.
118, 150, 153, 191, 208, 275. O Responsabilité civile : 181.
Obligation : 10, 15, 58, 67, 77, 88, Responsabilité de la banque : 180.
J 103, 104, 105, 127, 143, 158, 179, Responsabilité délictuelle : 168.
Jurisprudence : 43, 80, 146, 189, 180, 189, 193, 198, 201, 203, 215, Responsabilité pénale : 179.
268, 281, 286. 229, 233, 235, 238, 239, 241, 242, Responsabilité solidaire : 153.
243, 250, 251, 252, 253, 254, 268,
L 275. S
Lettre de change : 113, 114, 115, Opposition au paiement : 86, 196. Sanction pénale : 181.
116, 117, 119, 120, 121, 127, 132, Option : 207. Service de caisse : 221.
140, 144, 153, 166, 248, 279, 293. Ordre de paiement : 130, 195, 196. Sûreté : 191, 208, 214, 249.
Lettre de garantie : 296. Ordre de virement : 184, 185, 186,
Lettre de transport aérien : 248, 187, 188, 189, 192, 193 T
258. Tireur : 15, 18, 20, 23, 24, 25, 28,
Lettre de voiture : 248, 258 P 29, 30, 33, 34, 35, 36, 37, 40, 42,
Libelle : 26, 191, 260. Prescription : 24, 102, 105, 108, 43, 45, 47, 48, 49, 50, 53, 58, 61,
Liquidation : 83, 86, 90, 120, 149, 118, 130, 166, 167. 63, 66, 67, 69, 71, 78 ; 83, 90, 91,
160, 196, 277. Présomption : 55, 56, 57, 58, 63, 94, 106, 110, 113, 294.
Liquidité : 277. 258. Titre : 5, 8, 10, 11, 19, 21, 22, 23,
Preuve34, 56, 63, 146, 147, 163, 30, 31, 39, 41, 47, 49, 54, 55, 57,
M 185, 213, 221, 225, 258. 67, 71, 72, 73, 74, 75, 77, 80, 81,
Magnétique : 194. Privilège : 34. 83, 85, 95, 113, 115, 116, 119,
Mandat : 23, 80, 151, 154, 183, Protêt : 38, 53, 59, 60, 75, 76, 79, 121, 122, 123, 126, 128, 130, 131,
184, 186, 187, 215. 89, 90, 91, 94, 104, 105, 147, 153, 137, 154, 156, 157, 158, 166, 177,
Mauvaise foi : 101, 170. 163, 164, 166. 202, 213, 238, 248, 258, 293.
Mentions facultatives : 117, 132. Purge : 15, 49. Transfert de créances : 206.
Mentions mensongères : 285. Transfert de la propriété : 210,
Mentions obligatoires : 116, 130, Q 214.
176, 213. Quittance : 206.
Mobilisation5, 122, 204. V
R Valeur en gage : 81.
Recours : 3, 38, 43, 53, 58, 59, 61, Valeur en garantie : 81.
N 65, 66, 68, 69, 70, 89, 90, 93, 94, Vigilance : 201.
Nantissement : 81, 124, 209. 118, 1156, 162, 163, 165, 166, Visa : 143, 257.
Négociable : 8, 12, 114, 123, 125, 167, 185, 291, 294.
248, 258, 259. Redressement judiciaire : 43, 83, W
Normalisation : 45, 46. 86, 90, 120, 160, 196. Warrant : 124, 125, 126.
Numérique : 158. Remise du chèque : 148.

98
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

✓ Ahmed Choukri SBAAI (en Arabe) – « Les Effets de Commerce » Al Maarifa 2015
✓ Christian GAVALDA et Jean STOUFFLET, Droit bancaire, Litec, Manuels, 8e éd.,
2010 (cité C.Gavalda et J. STOUFFLET).
✓ Didier R.MARTIN – "Droit commercial et bancaire Marocain " – 3éme édition – Al
Madaress, 2015, Casablanca.
✓ Françoise DEKEUWER-DEFOSSEZ et Sofie MOREIL, Droit bancaire, Mémentos
Dalloz, 10e éd., 2010.
✓ Hassania CHARKAOUI – " Droit commercial" – 2éme édition – Najah El Jadida.
✓ Jean STOUFFLET – « Instruments de paiement et de crédit : Effets de Commerce
Chèque, carte de paiement, transfert de fonds » - 8° éd. – 27 Septembre 2012
✓ Marie-Laure COQUELET – « Entreprises en difficulté. Instruments de paiement et
de Crédit » - 5° éd. Broché – 21 Janvier 2015
✓ Mohamed DRISSI ALAMI MACHICHI – «Droit Commercial Fondamental au
Maroc » Dar Al Kalam 2006
✓ Mohamed DRISSI ALAMI MACHICHI – «Droit Commercial Instrumental au
Maroc» - Rabat 2011
✓ Mohamed NAKHLI– "Droit des affaires" – Tome 1- Edition El Badii – 2004,
Marrakech.
✓ M’hamed LAFROUJI – « Les Infractions en matière de Chèque » (en Arabe) - 1° éd.
– Najah Al jadida – 2005
✓ Mohamed CHAFAI – « Les Effets de Commerce » (en Arabe) – 2° éd. – Al Watanya
Marrekech – 2002
✓ Mohamed MOUMEN – « Les Instruments de Paiement » (en Arabe) – Al Maarifa -
2013
✓ Paul Le CANNU et Thierry GRANIER – « Droit Commercial. Instruments de
Paiement et de Crédit. Titrisation – 8° éd. : Précis – 8 Septembre 2010
✓ Régine BONHOMME – « Instruments de crédit et de paiement : Introduction au
droit bancaire » - 11° éd. – 15 Septembre 2015
✓ Thierry BONNEAU, Droit bancaire, Domat Droit privé, Montchrestien, 11E éd.,
2015.
99
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION 1
TITRE I : 6
LES INSTRUMENTS CAMBIAIRES 6
CHAPITRE PRELIMINAIRE : NOTIONS GENERALES 6
SECTION I : LES CARACTERISTIQUES DES EFFETS DE COMMERCE 6
I. Les effets de commerces sont créateurs d’obligations : 6
II. Les effets de commerce sont des titres formels 7
III. Les effets de commerce sont des titres négociables 7
IV. Les effets de commerce sont destinés à conférer une plus grande sécurité au porteur 7
A.La solidarité entre tous les signataires d’un même effet de commerce 7
B.Le principe de l’inopposabilité des exceptions 7
SECTION II : LEGISLATION 8
A.Au niveau international 8
B.Au niveau marocain 8
CHAPITRE I : LA LETTRE DE CHANGE 8
SECTION I : GENERALITES 8
A.Technique juridique 9
B.Terminologie 9
SECTION II : LES CONDITIONS DE VALIDITE DE LA LETTRE DE CHANGE 9
Paragraphe I : La rigueur des conditions de forme. 10
A.Mentions obligatoires 10
1.Dénomination de la lettre de change 10
2.Mandat pur et simple de payer une somme déterminée 10
3.Indication de la date et du lieu de création de la lettre de change (Art. 159-7° C.Com)
10
100
4.Le nom de celui qui doit payer c’est-à-dire le tiré (Art. 159-3°) 11
5.L’indication de l’échéance 11
6.L’indication du lieu de paiement (Art. 153 al. 5) 11
7.Le nom de celui auquel ou à l’ordre duquel le paiement doit être fait (Art. 159 al.6). 11
8.Le nom et la signature de celui qui émet la lettre de change, c’est-à-dire le tireur 12
B.La sanction de l’inobservation des conditions de forme. 12
a- Le principe 12
b- Les exceptions 12
C. Les mentions facultatives 13
a- Clause de domiciliation 13
b-Mention de la valeur fournie 13
c-Stipulation d’intérêts 13
d-Clause « suivant avis » ou « sans avis » 13
e-Clause « sans garantie » ou « fait à forfait » 14
f-Clause « sans protêt » 14
g-Clause « non à ordre » 14
Paragraphe II- La quasi-inexistence des conditions de fond 14
A.Le principe : pas de conditions de fond 14
B.Exception : l’existence de conditions de fond 14
a- Les conditions concernant le titre lui-même 14
1.présentation du mécanisme 14
2.régime juridique 15
b/ Les conditions concernant l’engagement d’un signataire 15
SECTION III : LA VIE DE LA LETTRE DE CHANGE 16
Paragraphe I : L’émission de la lettre de change 16
A.Définition 16
B.Effets de l’émission 16
a- Le tireur est tenu cambiairement de payer le titre (Art. 165 C.COM !) 17
101
b-La provision est transféré de plein droit (Art. 166 C.COM) 17
Paragraphe II : L’Acceptation de la lettre de change 17
A.Présentation à l’acceptation 17
B.Le choix du tiré 18
a-L’acceptation 18
1.Les formes de l’acceptation 18
2.Les effets de l’acceptation 20
b- Le refus d’acceptation 21
1.Faire constater le refus d’acceptation par protêt (Art. 209 et S. C.Com). 21
2. Aviser celui qui a transmis la lettre de change du refus d’acceptation (Art. 199
C.Com) 21
b-L’acceptation par intervention 22
Paragraphe III :L’aval 22
A.Les conditions de l’Aval 22
a-L’aval peut être donné sur le litre lui-même 23
b-L’aval peut être donné par acte séparé 23
B.Les effets de l’aval 23
a-Le donneur d’aval est tenu de payer 23
1.Le principe 23
2.L’exception 24
b) Le donneur d’aval contraint de payer dispose de recours 24
1.Recours contre le débiteur cautionné 24
2.Recours contre les autres signataires 24
3.Recours contre les autres avaliseurs 25
Paragraphe IV : La transmission de la lettre de change 25
A.L’endossement translatif de propriété 25
a. Conditions de l’endossement translatif 25
1.Qui peut endosser une lettre de change ? 26

102
2.Quand peut avoir lieu l’endossement d’une lettre de change ? 26
b. Les effets de l’endossement translatif 26
1.L’endossement avant expiration du délai pour dresser protêt 26
2.L’endossement après expiration du délai pour dresser protêt 27
b-L’endossement de procuration 28
B.L’endossement pignoratif 28
Section IV : le paiement de la lettre de change 29
Paragraphe I : la présentation au paiement 29
Paragraphe II : Le paiement de la lettre de change 29
A.Réalisation du paiement 29
a- Les vérifications préalables au paiement 29
b-Les modes de paiement 30
B.Le refus de paiement de la lettre de change 31
a-Les obligations du porteur 31
1.Le principe 31
2.Les exceptions 31
b-Les droits du porteur 32
1.Les droits du porteur diligent : la mise en œuvre 32
2.Les droits du porteur négligent 32
Section V : L’étude des rapports juridiques mis en jeu par la lettre de change 33
Paragraphe I : Les rapports cambiaires 33
A. Les rapports cambiaires sont vigoureux 33
a- Le principe de l’indépendance des signatures 33
b- Le principe de l’inopposabilité des exceptions 33
1.Le principe 33
2.Les conditions d’application du principe 33
c-La solidarité entre les signataires d’une lettre de change 34
B.Les rapports cambiaires sont fragiles 35
103
a-Au niveau de la mise en œuvre 35
b- au niveau de la prescription 35
Paragraphe II : les rapports fondamentaux 36
A.Les relations entre les rapports cambiaires et les rapports fondamentaux 36
a- Le principe : l’indépendance des deux types de rapports 36
b- Les exceptions : l’interdépendance des deux types de rapports 36
B.Les règles spécifiques à la valeur fournie 37
C.Les règles spécifiques au rapport de la provision 37
a-La définition de la provision (Art. 166 al. 2 C.Com.). 37
b-La transmission de plein droit de la provision 37
CHAPITRE II : LE BILLET A ORDRE 38
Section I : LES RESSEMBLANCES AVEC LA LETTRE DE CHANGE 38
Paragraphe I : les règles de forme 38
A.Les mentions obligatoires (Arts. 232 C.Com.) 38
B.Les mentions facultatives 39
Paragraphe II : les règles de fond 39
Section II : LES DISSEMBLABLES AVEC LA LETTRE DE CHANGE 39
Paragraphe I : qualité du souscripteur 39
Paragraphe II : qualification du titre 40
Section III : CAS PARTICULIERS DE BILLETS A ORDRE 40
(§1) Le billet de fonds 40
(§2) Les bons de caisse 40
(§3) Le warrant 40
CHAPITRE III : LE CHEQUE 41
Section I : RIGUEUR DES CONDITIONS DE FORME 42
(§1) Les mentions obligatoires 42
A.L’énumération 42
B.sanction 43
104
(§2) Les mentions facultatives 43
A.Le barrement 43
1.Formes 43
2.Paiement du chèque barré 44
3.Circulation du chèque barré 44
B.La certification 44
1.Forme 44
2.Effet 45
C.L’aval 45
1.Forme 45
2.Effet 45
D.Le visa 45
Section II : QUASI INEXISTENCE DES CONDITIONS DE FOND 45
( §1) Capacité du tireur 45
(§2) Existence de la provision 46
A.Définition et caractères de la provision 46
B.Preuve de la provision 46
C.Propriété de la provision 46
1.L’acquisition par le porteur des droits du tireur 46
2.L’acquisition par le porteur de droits plus étendus 47
Section II : LA VIE DU CHEQUE 47
Paragraphe I : la transmission du chèque 47
A.Endossement translatif 47
a-Formes de l’endossement 47
b-Effets de l’endossement 48
B.Endossement de procuration 48
Paragraphe II : le paiement du chèque 48
I. La procédure de paiement du chèque 48
105
A.La présentation au paiement 48
a-Délai de présentation 48
b-Lieu de présentation du chèque 49
B.La réalisation du paiement. 49
a-Obligation de vérification 49
b-Obligation de payer 49
II. Les incidents de paiement du chèque 50
A.L’opposition 50
B.Refus de paiement 51
a- Le refus de paiement pour absence de provision 51
1.Formalités consécutives au non-paiement du chèque 51
2.Recours pour défaut de paiement 52
b- Le refus de paiement illégitime 53
Section IV : LES INFRACTIONS EN MATIERE DE CHEQUES 53
Paragraphe I : les délits commis par le tireur 53
I. L’omission de maintenir ou de constituer la provision du chèque en vue de son paiement à la
présentation 53
II. L’opposition irrégulière au paiement du chèque 54
III.Emission d’un chèque en violation d’une interdiction bancaire ou d’une interdiction
judiciaire. 54
1.L’interdiction bancaire 54
2.L’interdiction judiciaire 54
3.Sanction du non-respect de l’interdiction bancaire et judiciaire 55
IV.L’émission d’un chèque en violation de certaines dispositions légales 55
Paragraphe II : les délits commis par le bénéficiaire 56
I. Acceptation d’un chèque sur lequel manquent certaines mentions obligatoires 56
II. L’acceptation d’un chèque à titre de garantie 56
Paragraphe III : les délits commis par le tiré 56
I. Les obligations de la banque 56
106
II. Responsabilité de la banque 57
a-Responsabilité pénale 57
b-Responsabilité civile 57
Paragraphe IV : délits commis par les tiers 58
TITRE II : LES INSTRUMENTS NON CAMBIAIRES 58
CHAPITRE I : LES INSTRUMENTS DE PAIEMENT 58
Section I : LE PAIEMENT PAR VIREMENT 59
Paragraphe I : L’ordre de virement 59
A.Emission de l’ordre de virement 59
a-La forme 59
b-Conditions de fond 59
B.Effets de l’émission de l’ordre de virement 60
a-Effets de l’ordre de virement à l’égard du donneur d’ordre 60
b-Effets de l’ordre de virement à l’égard du bénéficiaire 60
c-Effets à l’égard du banquier du donneur d’ordre 60
Paragraphe II : L’exécution de l’ordre de virement 61
A.Modalités d’exécution de l’ordre de virement 61
B.Incidents de l’exécution de l’ordre de virement 62
a-Insuffisance de la provision au compte du donneur d’ordre 62
b-Exécution d’un ordre de virement faux ou falsifié 62
Section II : LE PAIEMENT PAR CARTE 62
A.Irrévocabilité de l’ordre de paiement 63
B.L’opposition au paiement 63
C.Fraude 63
(§2) Le régime de paiement par carte au regard du fournisseur 63
A.Généralités 63
B.L’engagement du fournisseur à l’égard du public 64
C.L’engagement du fournisseur à l’égard de l’émetteur 64
107
D.L’obligation de vigilance 64
(§3) Le régime de paiement par carte au regard du banquier 64
A.Généralités 64
B.Obligation de paiement 65
CHAPITRE II : LES INSTRUMENTS DE CREDIT 65
Paragraphe I : Conditions du contrat d’affacturage 65
A.Approbation des créances transmises 66
B.Paiement de l’adhérent par le factor 66
Paragraphe II : Subrogation corrélative du factor 66
Section II : LA CESSION DES CREANCES PROFESSIONNELLES 67
Paragraphe I : Mécanisme de base 67
A.Conditions de validité 67
a-Conditions tenant aux personnes 68
b-Conditions tenant aux créances cédées 68
c) Conditions tenant au bordereau 68
B.Effets de la cession 69
Paragraphe II : Protection du banquier 69
C.Notification 69
D.L’acceptation 70
Section III : LE CREDIT DOCUMENTAIRE 70
Paragraphe I : Notions générales 70
A.définition 70
B.Utilité du crédit documentaire 71
a-Avantage pour l’importateur 71
1.Crédit indirect 72
2.Crédit direct 72
b-Avantage pour l’exportateur 72
c-Avantages pour le banquier 72
108
C.Les intervenants 73
D.Réglementation 73
Paragraphe II : Rapports acheteur-vendeur 74
A.Date d’ouverture du crédit documentaire 75
B.Modalités du crédit documentaire 75
a-La nature du crédit 75
1.Le crédit révocable 75
2.Le crédit irrévocable 76
b-La durée du crédit 76
c) Sanctions du défaut de crédit documentaire 77
1.Résolution du contrat 77
2.Dommages-intérêts 78
Paragraphe III : Rapports donneur d’ordre-banquier 78
A.Les obligations du donneur d’ordre 78
a) Les obligations concomitantes à l’ouverture du crédit 78
1.Le paiement de commissions bancaires 78
2.La constitution de garanties 79
b. Les obligations postérieures à l’ouverture du crédit 80
B.Les obligations du banquier 80
a)Les obligations relatives à l’ouverture du crédit 81
b)Les obligations relatives à la réalisation du crédit 81
c)Contenu des obligations 81
1.Conformité des documents aux instructions du donneur d’ordre 82
2.Absence d’énonciations contradictoires 86
3.Aptitude des documents à jouer leur rôle 86
d) Sanction des obligations 87
1.Rejet des documents 87
2.Dommages-intérêts 87
109
Paragraphe IV : Rapports banquier-bénéficiaire 88
A.Rapport banquier-bénéficiaire d’un crédit révocable 88
B.Rapports banquier-bénéficiaire d’un crédit irrévocable. 88
a)Caractère du droit du bénéficiaire 88
1.Un droit irrévocable 88
2.Un droit cessible 89
3.Un crédit insaisissable ? 91
b. Mise en œuvre du droit du bénéficiaire 92
1.La fraude 92
2.La réalisation du paiement 93
3.Comment le paiement doit-il être effectué ? 94
4.Quand le paiement doit –il être effectué ? 96
INDEX ALPHABETIQUE Erreur ! Signet non défini.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 99

110

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