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UNITÉ 1

Quelles sont les particularités de l’habitat régional ?

Objectifs de l’unité

• Regrouper des objets en familles et lignées.


• Relier les évolutions technologiques aux inventions et
innovations qui marquent des ruptures dans les solutions
techniques.

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RÉSUMÉ DE L'UNITÉ
Tu vas découvrir comment étaient bâtis les ouvrages d’art à l’époque du Moyen Âge et comment ces méthodes ont
évolué à travers le temps.

SÉANCE 1

Le château de Guédelon 5
SÉANCE 2

Le viaduc de Garabit 13
SÉANCE 3

Le viaduc de Millau 16

4 CNED – Collège 5e TECHNOLOGIE – Unité 1


SÉANCE 1
Le château de Guédelon

À travers l’histoire du château de Guédelon, tu


vas découvrir comment étaient bâtis les ouvrages
d’art à l’époque du Moyen Âge et comment ces
méthodes ont évolué à travers le temps.

Objectifs de la séance

• Regrouper des objets en familles et lignées.


• Relier les évolutions technologiques aux inven-
tions et innovations qui marquent des ruptures
dans les solutions techniques.
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J’ÉVALUE MES PRÉREQUIS

Les fonctions d’un objet technique

Exercice 1

Vrai ou Faux ? Coche la bonne réponse.

Vrai Faux
La fonction d’usage d’un avion est de transporter des personnes
rapidement.
 

La fonction d’usage du stylo est l’encre.  


Freiner est une fonction technique du vélo.  
Plusieurs objets techniques peuvent avoir la même fonction d’usage.  
Un objet technique peut avoir plusieurs fonctions techniques.  

JE DÉCOUVRE

Le château de Guédelon

Au cœur d’une épaisse forêt en Bourgogne, (entre Paris et Orléans), 45 ouvriers bâtissent actuellement un château
fort comme au Moyen Âge. Ces ouvriers utilisent les mêmes techniques de construction et les mêmes matériaux
que les bâtisseurs du XIIe siècle. Un chantier initié en 1997 et qui va durer 25 ans…
Le démarrage du chantier est supposé être en 1228 sous le règne de Louis IX, futur roi Saint-Louis.
Le commanditaire du château de Guédelon, Guilbert serait un petit seigneur. Son statut assez modeste dans la
hiérarchie féodale et ses moyens financiers limités l’obligent à faire construire un « petit » château, loin des dimen-
sions royales des châteaux du Louvre à Paris ou de Brie-Comte-Robert en Seine-et-Marne. On parlera alors de
château résidence pour parler de Guédelon.

CNED – Collège 5e TECHNOLOGIE – Unité 1 – Séance 1 5


J’APPRENDS

Le château philippien

Philippe-Auguste, roi de France de 1180 à


1223, est à l’origine d’une standardisation
(châteaux tous construits sur le même mo-
dèle) de l’architecture militaire des châteaux
sur le territoire philippien.
Un château dit philippien se caractérise de la
façon suivante : un plan polygonal constitué de
hautes courtines (murailles reliant deux tours)
dont la base est souvent talutée (en pente).
On trouve au pied de ces courtines un fossé
sec. Des tours d’angles cylindriques munies
d’archères (meurtrières) à ébrasement simple
sont disposées en quinconce selon les niveaux.
Une des tours d’angle, plus haute et plus
grosse, est appelée la tour maîtresse. Enfin,
un châtelet (forteresse) défensif entre deux
tours, marque l’entrée.

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Exercice 2

En t’aidant des indications ci-dessous, attribue le bon numéro à chaque endroit du château philippien.
Indication 1 : je suis la tour maîtresse, la tour la plus grosse du château. Je suis située au nord-est.
Indication 2 : je suis le châtelet d’entrée ; je suis composé de deux tours jumelles. Je me situe sur la façade sud.
Indication 3 : je suis la tour de la chapelle ; je me trouve à gauche du logis. Je me situe à l’angle nord-ouest.
Indication 4 : nous sommes les tours d’angle ; nous sommes de taille identique et sommes situés aux angles sud-
est et sud-ouest.
Indication 5 : je suis le logis seigneurial ; je suis un grand bâtiment adossé à la courtine nord.
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..... Tour maîtresse ..... Châtelet d’entrée ..... Tour de la chapelle

..... Tour d’angle ..... Logis seigneurial ..... Tour d’angle (droit)

Le choix du site

La principale fonction d’un château fort est la défense. Le lieu stratégique pour construire un château fort est donc
une colline au sol bien stable. En effet, la situation élevée du château permet ainsi de voir surgir l’ennemi d’assez
loin. Mais dans les pays de plaine, d’autres facteurs sont pris en compte pour l’implantation du château (présence
d’une route, d’un pont, …). Dans tous les cas de figure, les bâtisseurs essayent de trouver un endroit où il y a toutes
les matières nécessaires à la construction (forêt = bois, pierre, eau, sable, terre, …). Guédelon est situé au milieu de
la forêt, juste à côté d’une ancienne carrière de grès.
L’emplacement d’un château au Moyen Âge n’est jamais le fruit du hasard. Point stratégique pour contrôler un axe
ou une route, édifice permettant d’affirmer à la vue de tous son pouvoir et son autorité, l’implantation d’un futur
château résulte d’une logique précise. Guédelon n’échappe pas à la règle. Le choix du terrain a été déterminé par la
ressource de ce dernier en matières premières. Au Moyen Âge, les transports coûtent cher ; les nombreuses taxes
et les péages peuvent faire doubler la valeur des matériaux.
De plus, ces transports, réalisés par traction animale ou sur voies d’eau, rallongent considérablement le temps de
construction.
Il était donc nécessaire de trouver un terrain sur lequel les ouvriers auraient à leur disposition l’essentiel des maté-
riaux. Une forêt, une ancienne carrière de pierre, de la terre, du sable, de l’eau, …

Exercice 3

Question 1 - Pour la construction du château de Guédelon, où sont récupérés les matériaux ? Coche la bonne
réponse.
 Dans le village voisin

 Dans la forêt

 Au pied d’une colline

Question 2 - Place dans le tableau les différents éléments de la liste en fonction de leur nature.
Sur place – Carrière sur place – Tuiles – Dans la forêt à côté – Charpente, échafaudage – Murs – Terre, sable – Bois
de chêne – Pierres, Grès

Matière première Disponibilité Eléments du château

Les éléments du château

Lis les définitions qui suivent en apportant une attention particulières aux fonctions des différents éléments du
château.
Un lieu d’habitation : le roi ou le seigneur habitent le château. Sa famille et lui résident souvent dans un des endroits
les plus sécurisés du château. À Guédelon, il s’agit d’une tour d’angle appelée « tour du logis ».
La fonction principale du château fort étant d’assurer une protection contre des assaillants (ennemis), toute son
architecture est conçue dans le but de se défendre et de combattre les envahisseurs. Le château fort possède donc
de multiples éléments d’architecture des plus simples au plus sophistiqués.
Les remparts : ils sont constitués de courtines (partie de mur entre deux tours). À Guédelon, ces courtines mesure-
ront environ 9 mètres de haut et font déjà 2,50 mètres d’épaisseur.

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Les créneaux et les merlons : le chemin de ronde en haut des courtines est protégé par les merlons, qui sont des
parties en pierre derrière lesquelles les soldats pouvaient se protéger des tirs ennemis. Les parties vides servant au
tir sont appelées créneaux.
Les mâchicoulis et les hourds : les mâchicoulis sont des « trous » en haut des courtines qui permettent des projec-
tions diverses (eau bouillante, pierres, détritus, …) sur les ennemis. Les hourds sont des constructions en bois qui
forment une galerie couvrant le chemin de ronde et les créneaux. Ils ont la même fonction que les mâchicoulis.
Escarpe : partie en pierre à la base d’une tour (ou d’un mur) légèrement inclinée. Les projectiles lancés des mâchi-
coulis rebondissaient ainsi sur les escarpes pour atteindre les assaillants.
Les tours : les tours aux angles sont appelées tours de flanquement. Certaines peuvent être appelées autrement
en raison de leur fonction. À Guédelon, par exemple, nous avons une tour dite « tour du logis » car elle abrite les
appartements du seigneur.
Dans l’architecture philippienne, les châteaux comportent souvent deux tours, placées côte à côte et qui encadrent
l’entrée. On appelle cet ensemble la porterie.
Le donjon : c’est la tour la plus haute et la plus grosse du château. On peut l’appeler aussi tour maîtresse. C’est le
dernier refuge en cas d’invasion du château.
Le pont : le pont-levis est composé d’une partie fixe (dormante) et d’une partie mobile, le tablier, qui vient se relever
sur la porte. À Guédelon, pour l’instant, le pont est dit pont dormant car il est entièrement fixe.
Le logis : c’est un bâtiment situé dans la cour du château qui sert de lieu de garnison (pour les soldats) et pouvant
comporter une salle pour les banquets ou pour rendre la justice. Ce bâtiment est aussi un lieu pour faire la cuisine
et stocker de la nourriture dans le cellier.
La chapelle : dans les châteaux les plus importants, une chapelle pouvait être construite dans la cour du château.
Dans les châteaux plus modestes, une simple pièce, dans une tour, pouvait être réservée à la prière.

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Exercice 4

Question 1 - Quelle est la fonction des différents éléments d’un château fort présentés dans le tableau ci-dessous.
Coche pour chaque élément la bonne réponse.

Fonction Fonction Fonction édifice Fonction


protection de logement religieux d’accès

Pont dormant    

Remparts    

Logis    

Chapelle    

Douves    

Cellier    

Donjon    

Salle de réception    

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Question 2 - Observe le dessin du château fort puis, dans la liste ci-dessous, attribue le bon numéro à chaque élé-
ment du château désigné par une flèche.

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Merlon ____________________ Courtine ____________________


Escarpe ____________________ Hourds ____________________
Créneau ____________________ Porterie ____________________
Pont dormant ____________________ Logis ____________________
Tour des logis ____________________

Les matériaux

a) La pierre

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Méthode d’extraction :
Après avoir observé le bloc pour déterminer les zones de rupture naturelle de la pierre (le ou les endroits où elle
se casse facilement et naturellement), les carriers (personnes qui travaillent dans les carrières) percent de façon
rectiligne plusieurs trous appelés « emboîtures ». Des coins en métal sont ensuite placés dans ces emboîtures. En
frappant par série dans les coins, l’onde de choc répétée provoque une cassure franche et nette du bloc.
Les plus beaux blocs, les plus durs, les plus homogènes servent à réaliser des linteaux, des voussoirs, des cor-
beaux, des assises de réalignement, …
Les blocs de moyenne qualité sont tout juste dégrossis par les tailleurs de pierre et sont affectés pour le montage
des courtines et des parements intérieurs.

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b) Le bois

Le bois est un élément omniprésent dans la construction au Moyen Âge. On en trouve


partout dans les constructions : galeries couvrant les chemins de ronde, hourds au
sommet des tours, passerelles, ponts, … Son caractère putrescible (il s’abîme au fil du
temps, notamment à l’extérieur) fait qu’il a très souvent disparu des vieilles construc-
tions, à l’extérieur. Seules quelques charpentes ont réussi à tenir jusqu’à notre époque.

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c) La terre et l’ocre
Sur le chantier, deux principales filières d’utilisation de la terre sont présentes : la terre
crue, qui servira dans la fabrication du mortier et du torchis et la terre cuite que l‘on
retrouvera dans les tuiles et carreaux de pavement.

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d) Le mortier
C’est la « colle » qui permet de sceller entre elles les pierres du château. Il est com-
posé de chaux, de terre tamisée et d’eau, selon un dosage précis. Il est impératif de
bien respecter les proportions des différents composants ; un mortier trop maigre,
qui n’aurait pas assez de chaux serait trop friable et n’assurerait pas sa fonction de
liant (colle).

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e) Le torchis
La terre crue est utilisée également pour la fabrication du torchis, mixture à base
de terre tamisée, d’argile de paille hachée et d’eau. Ce mélange composite servira à
remplir les ossatures à pans de bois des différents ateliers.
Un matériau composite est un matériau composé d’au moins deux éléments : la
matrice est le squelette de la structure et le renfort sert à solidifier la structure.

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Exercice 5

Coche les bonnes réponses.

La Le Le
La scie La hache Le bois La pierre
tronçonneuse torchis mortier

Quels sont les outils


utilisés pour débiter       
le bois au Moyen Âge ?

Quels sont les deux


matériaux compo-
sites utilisés dans la       
construction du
château de Guédelon ?

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Transport des matériaux et force humaine

a) Transport des matériaux


En fonction de leur future affectation dans les châteaux, les blocs
de pierre sont transportés dans des tombereaux par les chevaux
jusque dans les loges de taille ou hissés en haut des courtines à
l’aide de cages à écureuils.

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Cage à écureuil : cet instrument de levage est composé d’une double roue en
bois. Sa rotation est assurée par la marche d’un ou de deux hommes situés à
l’intérieur. L’énergie ainsi transmise à un bras-levier permet de lever de très
lourdes charges.
Une seule personne dans la cage à écureuil peut hisser à plusieurs mètres de
hauteur des pierres de 300 à 400 kg.

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b) La force humaine
Les personnes fournissent une grande partie de l’énergie nécessaire à la
construction.

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Les boulins : pièces de bois ancrées à l’horizontale dans les murs et qui
soutiennent les plateaux d’échafaudages. La partie oblique (penchée) est
appelée jambette.
À Guédelon ou sur de vieux châteaux, on peut voir des trous carrés dans
les murs ; ce sont les traces d’anciens échafaudages appelés trous de
boulin.

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Tableau des mesures au Moyen Âge

Mesure ancienne Mesure actuelle


1 pouce 2,5 cm
1 paume 7,5 cm
1 palme 12,5 cm
1 empan 20 cm
1 pied 30 cm
1 coulisse 50 cm
1 toise 180 cm

Exercice 6

Observe les dessins ci-dessous, puis, attribue le bon numéro à chaque instrument de mesure.

1 2 3 4

5 6 7 8

..... Compas ..... Equerre ..... Corde à 13 nœuds

..... Main ..... Coudée ..... Pendulaire

..... Pied ..... Pige

Les différents corps de métier

Les bâtisseurs : au début des travaux, environ onze métiers sont


indispensables à la construction du château. Il y a ceux qui tra-
vaillent directement sur le château : carriers, tailleurs de pierre,
maçons, charpentiers, … et ceux qui exercent des petits métiers
très importants pour le fonctionnement du chantier : charretiers
(transport des matériaux avec les chevaux), forgerons (fabrication et
réparation des outils), vanniers (fabrication de gros paniers pour le
transport), …

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Plan du site de la construction du château de Guédelon.
Aux IXe et Xe siècle, les Vikings, les Hongrois et les Sarrazins font
régner l’insécurité. Chaque seigneur défend ses terres par un petit
château en bois appelé motte. C’est une tour construite sur une col-
line artificielle entourée de palissades en bois et de fossés. À l’inté-
rieur, un endroit est réservé aux paysans ; c’est la basse-cour. En
échange de cette protection, les paysans fournissent la nourriture.
Au XIe siècle, les constructions en bois, trop vulnérables au feu,
disparaissent au profit de constructions en pierre. Un haut donjon de
pierre, souvent de forme carré, est entouré de hautes enceintes en
pierre. © http://www.guedelon.fr

Exercice 7

Entoure la bonne réponse.


Un châtelet - Une tour - Une motte est l’ancêtre du château-fort.
Le bois - L’argile - La pierre était le matériau utilisé pour réaliser les premiers petits châteaux.
Pourquoi voit-on disparaître l’utilisation du bois, comme principal matériau de construction des châteaux ?
Car le bois n’était pas un matériau suffisamment solide - Car le bois est trop vulnérable au feu - Car le bois n’est
pas suffisamment étanche aux intempéries.

SÉANCE 2
Le viaduc de Garabit

À travers la découverte du viaduc de Garabit, créé à la fin du 18e siècle par Léon
Boyer, tu vas découvrir des techniques et le travail de matériaux bien différents
de ceux utilisés au Moyen Âge.

Objectifs de la séance

• Relier les évolutions technologiques aux inventions et innovations qui


marquent des ruptures dans les solutions techniques.
• Comparer et commenter les évolutions des objets.
© www.wikipedia.org J. THURION

JE DÉCOUVRE

Origine du viaduc de Garabit

À la fin du Second Empire, à la période où la France connaît un essor économique important, notamment grâce à
son commerce et à son industrie, les lignes ferroviaires pour les transports sont en développement. Le projet de
relier la ville de Béziers à la ville de Paris en utilisant un réseau déjà en fonctionnement, en passant par certaines
villes du Massif Central (Aurillac, Clermont-Ferrand), est destiné à rompre l’isolement du Massif Central afin qu’il
puisse participer aux échanges de marchandises (vins languedociens…).
La ligne Marvejols-Neussargues, nouvellement créée, constitue dans ce contexte un outil d’échange économique
important, notamment pour les négociants en vin souhaitant acheminer leur production (rapidement et sans
secousses !) vers la région parisienne. Le relief très accidenté du Cantal (département 15) va obliger les ingénieurs
à entreprendre la construction de nombreux ouvrages d’art (ponts, tunnels) mais, la principale difficulté va être le
franchissement des gorges de la Truyère.

CNED – Collège 5e TECHNOLOGIE – Unité 1 – Séance 2 13


Le viaduc de Garabit

Pendant des siècles, le Massif Central ne disposait pas de grandes voies de communication, à cause des fortes
pentes à gravir de chaque côté des rivières. De part et d’autre de la Truyère s’étend un plateau sur lequel la voie
peut se développer sans difficultés. Pourquoi donc ne pas franchir la rivière au moyen d’un ouvrage d’art qui évite-
rait les inconvénients des fortes pentes ?
Sur la ligne Marvejols-Neussargues, ce fut chose faite avec le viaduc de Garabit, qui permet de franchir les gorges
de la Truyère. Ce viaduc de Garabit est l’œuvre de Léon Boyer, ingénieur et visionnaire.
Alors que nombre de ses collègues ont déjà planché sur le sujet sans y trouver de solution satisfaisante, le jeune
ingénieur lozérien (habitant la Lozère), âgé de 27 ans, va résoudre ce problème de franchissement de la vallée de la
Truyère.
L’associé de Gustave Eiffel, Théophile Seyrig est, quant à lui, à l’origine de l’idée novatrice de l’arc pour ce genre
de pont.
Le viaduc de Garabit fut longtemps le plus grand ouvrage métallique du monde. Sa construction a commencé en
1880 et a duré 4 ans.

J’APPRENDS

Matériaux utilisés pour la construction du viaduc de Garabit

Les 20 000 m3 de granit blanc des fondations des culées et les 3 000 tonnes de fer furent acheminés jusqu’à Gara-
bit par des chevaux et des bœufs. Les matériaux arrivaient au pied des échafaudages sur de petits chariots à deux
roues basses, traînés par des bœufs. La Truyère fournissait le sable et l’eau. Cette dernière était puisée par l’inter-
médiaire d’une machine à vapeur installée sur la rive gauche et circulait dans des conduites en fer.
La pierre employée est le granit de la Garde, en Lozère. On commence à le trouver à une dizaine de kilomètres du
chantier et son domaine s’étend sur un rayon de plus de 15 kilomètres. Les moellons de parement et les pierres
de taille proviennent des carrières situées sur la rive gauche. Pour tirer un chariot, une seule paire de bœufs par
diable suffit mais il en faut deux sur la rive droite où seul existe un très mauvais chemin ouvert pour l’occasion. Les
moyens de l’époque restent très rudimentaires.
Les hommes et les animaux s’allient pour faire le travail des machines d’aujourd’hui. Pour le transport des maté-
riaux, on ne disposait toujours que de la traction animale.
Les pièces de fer destinées au viaduc de Garabit sont usinées dans les locaux de la compagnie Eiffel à Levallois Per-
ret, transférées des ateliers à la gare la plus proche en camions hippomobiles (tirés par un ou plusieurs chevaux)
puis acheminées jusqu’à la gare de Neussargues. Les 34 kilomètres restants sont parcourus par de lourds attelages
composés de 6 à 8 chevaux.

Exercice 1

Coche les bonnes réponses (attention, plusieurs réponses sont attendues).

Le La
Le bois L’eau Le sable Le métal
granit céramique
Quels sont les principaux maté-
riaux utilisés pour réaliser le viaduc      
de Garabit ?

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Les différents éléments du viaduc de Garabit

Exercice 2

D’où proviennent les matériaux utilisés pour la réalisation de l’ouvrage ?


Complète les cases du tableau ci-dessous par la réponse correspondante : Carrières proches du viaduc, Ateliers de
Lavallois-Perret, Truyère.
Mœllons de parement et pierre de
Matériaux Pièce de fer Sable
taille

Provenance

La construction du viaduc

© wikipedia.org J.THURION © Wikipedia

Exercice 3

1. Observe la première photo du viaduc de Garabit ci-dessus. D’après toi, de quel type de pont s’agit-il ? (coche la
bonne réponse)

Pont à poutres Pont à haubans Pont en arc


Le viaduc de Garabit est un…   
2. Par quel élément se termine le montage de l’arche ?

La clef de voûte La clef de maintien La clef d’extrados


Le montage de l’arche
se termine par…
  
La construction du tablier (la partie qui porte les voies de circulation) a commencé après la construction des piles
(les « poteaux » qui permettent au viaduc d’être en hauteur). Tu peux voir que le tablier a été construit des deux
côtés du viaduc en même temps. Les deux parties du tablier étaient glissées sur des rouleaux ou des galets. L’avan-
cement du tablier à chaque poussée à l’aide d’un levier était de 11 centimètres. Avec une moyenne de 75 coups de
levier par heure, le tablier avançait de 8,25 mètres par jour.
Sur la photo, la construction de l’arche, que tu peux reconnaître à sa forme arrondie, n’est pas encore terminée. En
effet, pour qu’une telle structure se maintienne, il faut placer un dernier élément qu’on appelle la clef d’extrados.
Une fois la construction de l’arche achevée, le tablier a pu finir d’être mis en place.

Vocabulaire :
Travée : partie du tablier comprise entre deux piles.
Semelle : base large d’une pile.
Culée : extrémité d’un pont ou d’un viaduc, qui lui sert d’appui.

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Exercice 4

En t’aidant du texte et du vocabulaire de la page précédente, attribue le bon numéro à chaque endroit.
3 4 5
1

2
6

7
© wikipedia.org J.THURION

..... Travée ..... Cléf d’extrados ..... Arc

..... Pile ..... Tablier ..... Semelle

..... Culée

Viaduc de la Truyère

1990 – 1993 : un nouveau viaduc de Garabit en béton


Le désenclavement du Massif Central s’enrichit d’un nouvel ouvrage
d’art. En effet, l’autoroute A75 reliant Clermont-Ferrand à Béziers
doit franchir la Truyère. Comme un siècle auparavant, les ingé-
nieurs ont fait preuve d’audace technique en imaginant une struc-
ture en béton précontraint soutenue par 4 béquilles inclinées à 45°.
Au final, le petit frère du viaduc de Garabit mesure 311 mètres de
long et surplombe la vallée du haut de ses 75 mètres.
Béton précontraint : le béton précontraint est plus rigide que le
béton armé. Cela permet d’augmenter la résistance des pièces et
d’allonger la portée (distance entre deux piles) des éléments por-
teurs.
© Wikipedia MOSSOT

SÉANCE 3
Le viaduc de Millau

À travers cette fois la création d’un des plus grands viaducs du monde, tu vas
découvrir comment, grâce aux techniques modernes, les Hommes ont pu réaliser
des prouesses depuis l’époque du château de Guédelon ou du viaduc de Garabit.

Objectifs de la séance

• Regrouper des objets en familles et lignées.


• Relier les évolutions technologiques aux inventions et innovations qui
marquent des ruptures dans les solutions techniques.
© Wikipedia michiel1972

16 CNED – Collège 5e TECHNOLOGIE – Unité 1 – Séance 3


JE DÉCOUVRE

Présentation du viaduc de Millau

Le viaduc de Millau est un pont mesurant 2 460 mètres de longueur et 343 mètres
à son point le plus haut. C’est un des plus grands et des plus hauts ponts dans sa
catégorie.
Dans le prolongement de l’autoroute A75, il relie les villes de Clermont-Ferrand et
Béziers. Il permet ainsi de franchir facilement la vallée du Tarn, dans le départe-
ment de l’Aveyron et de réduire considérablement les embouteillages de la ville de
Millau.
Ce pont a nécessité 13 ans d’études techniques et économiques qui ont débuté en
1987 et 3 ans seulement de construction. Il a été mis en service en décembre 2004.
Financé par le groupe Eiffage, il aura coûté 320 millions d’euros.

Les dimensions du viaduc : © fotolia DURIS


Le viaduc de Millau est un des plus grands ponts du monde.
Il mesure 2 460 mètres, soit presque 2,5 km ! Il comprend 7 pylônes, numérotés de P1 à P7. La hauteur maximale
du pont est de 343 mètres (19 mètres de plus que la tour Eiffel).
600 compagnons (ouvriers) ont travaillé à la construction du viaduc.

© CEVM Eiffage/Foster&partners/Inconito

La largeur du tablier (là où passent les voitures) est de 32 mètres, c’est-à-dire l’équivalent de 17 hommes bras ten-
dus. Son poids est de 36 000 tonnes, ce qui représente 5 100 éléphants d’Afrique.

Comment est construit le viaduc de Millau ?

Le tablier : le tablier est la partie horizontale du viaduc


sur laquelle circulent les véhicules.
Les deux parties de tablier sont construites progressi-
vement (à chaque fois de la longueur d’une travée) de
chaque côté de la rive puis « lancées » jusqu’à venir se
rejoindre au milieu du pont.
Le tablier est constitué de caissons métalliques assem-
blés à Fos-sur-Mer à partir d’éléments préfabriqués à
Lautenbourg en Alsace, puis emmenés sur le chantier par © CEVM Eiffage/Foster&partners/Inconito
camions.
Les haubans : les haubans sont les câbles métalliques qui soutiennent le tablier. Sur chaque pylône sont ancrées
(attachées) 11 paires de câbles. Le viaduc comprend au total 154 haubans. Chaque hauban est constitué à l’intérieur
de câbles d’acier appelés torons.

Comment est construit le viaduc de Millau ?

Exercice 1

Attribue le bon numéro à chaque endroit du viaduc de Millau :

CNED – Collège 5e TECHNOLOGIE – Unité 1 – Séance 3 17


3 4 6
5

1
2

© CEVM Eiffage/Foster&partners/Inconito

..... ..... ..... ..... ..... .....


Tablier Haubans Pylône Pile Travée Point d’ancrage du tablier

Les concepteurs du viaduc de Millau


Les acteurs :
L’ingénieur Michel Virlogeux et l’architecte Norman Foster sont à l’origine de la conception du viaduc. Le groupe
Eiffage (spécialisé dans le génie civil et la construction métallique) est le constructeur du pont. Les techniques de
pointe les plus sophistiquées dans le domaine des travaux publics ont été utilisées pour la construction de ce via-
duc : lasers, GPS, translateurs, coffrages auto-grimpants, enrobés spécifiques, béton haute performance et maté-
riaux innovants.

J’APPRENDS

Les concepteurs du viaduc de Millau

Exercice 2

En t’aidant d’Internet, retrouve les ouvrages conçus par les deux architectes Michel Virlogeux et Sir Norman Foster
en complétant les étiquettes par leur numéro correspondant

© wikimédia © Fotolia
1 2

© temasurkov © Fotolia/Stepahn Sühling

3 4

18 CNED – Collège 5e TECHNOLOGIE – Unité 1 – Séance 3


© Fotolia © wikimédia

5 6

..... Michel Virlogeux -Pont de l’île de Ré ..... Sir Norman Foster-Hearst Tower de New York

..... Michel Virlogeux-Pont de Normandie ..... Sir Norman Foster-British Museum de Londres

Sir Norman Foster-Aéroport de Londres


..... Michel Virlogeux-Pont de Ténérez .....
Stansted

Les étapes de construction du viaduc de Millau


Mars 2002 – Décembre 2003 : la construction des piles
Dès mars 2002, la construction des piles démarre. Dans le même temps sont fabriquées les culées sur chaque rive.
Ces deux éléments sont achevés en décembre 2003, avec un peu d’avance sur le planning.

20 mois pour assembler 36 000 tonnes d’acier : le lançage du tablier

Deux chantiers sont installés sur chaque rive. Ainsi débute la construc-
tion du tablier. Ces deux chantiers ont permis aux ouvriers de ne pas
travailler en hauteur pour la construction de celui-ci.

Le lançage

Chaque morceau de tablier (à chaque fois d’une longueur d’une travée)


est fabriqué sur ces chantiers puis lancé dans le vide pour être installé
sur les piles.

28 mai 2004 : l’assemblage des deux parties du tablier

La jonction des deux parties de tablier a été réalisée le 28 mai 2004.

© Wikimédia Nepomuk

CNED – Collège 5e TECHNOLOGIE – Unité 1 – Séance 3 19


Installation des pylônes

Les pylônes sont amenés à l’horizontale par 4 remorques automotrices


puis redressés en étant maintenus par d’immenses bras d’acier.

Dès le début du lançage du tablier, les pylônes situés à chaque extrémité


du tablier sont mis en place et partiellement haubanés afin de maintenir
le tablier en place.
Les 5 autres pylônes sont mis en place juste après la jonction des deux
parties du tablier.

Il n’aura fallu que trois mois pour mettre en place les pylônes.

Le coin des curieux

Les étapes de construction du viaduc de Millau

Les haubans
Un premier toron est passé dans le hauban qui est ensuite hissé à son emplacement définitif. Ce toron est
directement ancré au pylône. Les autres torons sont ensuite amenés grâce à une navette avant d’être tendus.

© CEVM Eiffage/Foster&partners/Inconito

Construction d’exception jusqu’aux finitions


Le revêtement en béton bitumeux a été mis en place pour recouvrir l’acier sur une épaisseur de 6,7 cm du 21
au
24 septembre 2004. Il aura fallu 10 000 tonnes de béton pour recouvrir l’ensemble du tablier.

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Exercice 3

À l’aide des indications du texte que tu viens de lire et de la frise chronologique, complète le tableau indiquant les
étapes de la construction du viaduc de Millau par les réponses suivantes :
Application du revêtement sur le tablier – Fabrication et lançage du tablier – Mise en place des pylônes – Élévation
des piles.

J’ÉVALUE MES ACQUIS

Connais-tu bien le viaduc de Millau ?

Exercice 4

Entoure les bonnes propositions correspondant aux numéros pour compléter correctement le texte.
Le viaduc de Millau relie les deux grandes villes suivantes : (1) et (2). Il a fallu (3) ans d’études et (4) ans pour le
construire. Il mesure (5) mètres de longueur. Le tablier mesure (6) mètres de large. Sa hauteur maximale atteint (7)
mètres.
Il est constitué d’un (8) où passent les voitures. Les (9) sont au nombre de 7. Les (10) permettent de soutenir le
tablier.
(1)  Clermont-Ferrand – Paris
(2)  Béziers – Nice
(3)  3 – 13 – 15
(4)  3 – 13 – 15
(5)  343 – 2 460 – 2 800
(6)  32 – 35 – 40
(7)  343 – 2 460 – 2 800
(8)  pylônes – tablier – haubans – piles
(9)  pylônes – tablier – haubans – piles
(10)   pylônes – tablier – haubans – piles

Les principaux matériaux utilisés pour la construction du viaduc sont (1) et (2).
(1)  le bois – l’acier – le zinc
(2)  le bois – le béton – la pierre

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