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Économie

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« Le REM : notre bas de laine »

Les œuvres graphiques de Kaf.K


mettent en scène des éléments
iconiques, symboliques,
architecturaux ou patrimoniaux. Par
le biais d’un jeu d’échelle entre la
ville et les personnages, l’artiste
propose un regard ludique sur
l’urbanité.
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Table des matières


Préface ................................................................................................................................ 2
Contexte .............................................................................................................................. 3
Fiscalité municipale ............................................................................................................. 5
Le problème .................................................................................................................... 5
Les conséquences ............................................................................................................ 7
Pacte fiscal ....................................................................................................................... 8
Enjeux ............................................................................................................................ 11
Solutions ........................................................................................................................ 14
Écofiscalité ........................................................................................................................ 16
Contexte ........................................................................................................................ 16
Portraits des mesures d’écofiscalité ............................................................................. 20
Potentiels....................................................................................................................... 21
Taxe sur le carbone et marché du carbone................................................................... 22
L’empreinte carbone et la richesse ............................................................................... 24
Conclusion ......................................................................................................................... 25
Références ........................................................................................................................ 26

SECTION V – ÉCONOMIE 1
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Préface
Préface par Fanny Tremblay-Racicot, professeure agrégée à l’École nationale
d’administration publique (ENAP) et directrice du Centre de recherche sur la gouvernance
(CERGO)

Fiscalité municipale et relations Québec-municipalités 2023 : une accalmie porteuse


d’espoir
Après des mois de relations tendues, de cris d’alarme et de demandes pressantes de la
part des maires et des mairesses des grandes villes du Québec, bien futé qui aurait pu
prédire la fin de l’année 2023, laquelle s’est soldée par la conclusion d’un accord de
principe sur une nouvelle forme de partenariat entre le gouvernement du Québec et les
municipalités et l’adoption, à l’unanimité, du projet de loi 39 modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale et d’autres dispositions législatives.
Globalement, on peut affirmer que 2023 aura été une année charnière en matière
d’utilisation des pouvoirs généraux de taxation et de redevances réglementaires, avec
l’apparition des taxes sur les surfaces pavées dans les budgets 2024 des villes de Québec,
Gatineau, Longueuil et Laval, et avec plus d’une vingtaine de municipalités qui évaluent
la possibilité d’utiliser ces pouvoirs afin de favoriser la conservation de la canopée et la
mise en place de solutions fondées sur la nature.
Le projet de loi 39, dont l’étude expéditive soulève des questions quant aux conséquences
de certaines dispositions, offre aux municipalités encore davantage de latitude et de
possibilités en matière de financement et d’atteinte d’objectifs de développement
durable. Redevances réglementaires pour financer les services de transport collectifs,
taxe sur les droits d’immatriculation, taxe sur les logements vacants, augmentation du
taux de la taxe foncière des terrains vagues, variation du taux en fonction de secteurs et
de caractéristiques au rôle d’évaluation foncière – les possibilités sont dorénavant aussi
grandes que l’expertise nécessaire afin de les utiliser judicieusement.
En somme, on ne peut sous-estimer les conséquences qu’aura eu l’année 2023 en matière
de relations Québec-municipalités et de fiscalité municipale. Avec l’enchâssement dans
la loi du partage de la croissance d’un point de la TVQ, la création d’une nouvelle forme
de collaboration ancrée dans des responsabilités partagées et la reconnaissance que le
Québec ne peut prospérer sans des villes résilientes et agiles, c’est un nouveau chapitre
qui s’ouvre entre le gouvernement du Québec et les villes.

SECTION V – ÉCONOMIE 2
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Contexte
Début d’année
Le 21 mars, le ministre des Finances présentait son plan budgétaire 2023-2024 à
l’Assemblée nationale. Ce plan visait l’équilibre budgétaire dès 2027-2028, et ce, sans
compression des dépenses significative ni référence à une période d’austérité. Ledit plan
comprenait notamment:

• La réduction d’un point de pourcentage des taux d’imposition des deux premiers
paliers des particuliers;
• La bonification de la composante logement du crédit d’impôt pour solidarité
versé au 1,8 million de personnes qui habitent un appartement non subventionné;
• La construction de 1500 nouveaux logements abordables et de 3300
logements sociaux;
• La conversion de 5000 places de garderie non subventionnées en places
subventionnées;
• Le renforcement du réseau québécois des centres de pédiatrie sociale;
• Une hausse de 7,7 % du budget dédié à la santé;
• Une hausse de 5,6 % du budget en éducation et enseignement supérieur;
• Une bonification du Plan québécois des infrastructures dont l’enveloppe atteint
150 milliards de dollars pour la période 2023-2033;
• Le Plan pour une économie verte 2030 du gouvernement Legault bénéficiant d’un
budget de 9 milliards de dollars sur cinq ans (sans détails…);
• Un congé fiscal pour environ 100 nouveaux grands projets d’investissement (pour
lesquels le gouvernement anticipe des retombées de plus de 24 milliards de
dollars1).

Même si le grand argentier avait prévu un scénario pessimiste (récession) et un autre


optimiste (forte croissance), la croissance du PIB réel du Québec alors estimé était de
1,4 % en 20242. Le gouvernement prévoyait alors une maigre croissance de 0,6 %.

Dans la deuxième moitié de l’année 2023, les économistes changeaient de ton. Le PIB
avait chuté et on observait une inflation plus difficile à juguler qu’estimé malgré un taux
directeur historiquement haussier. Voici un extrait du journal La Presse qui présentait
deux citations éloquentes sur la situation économique : « L’année 2024 s’annonce plus
difficile pour l’économie québécoise, anticipent les analystes de l’Autorité des marchés
financiers du Québec (AMF) […] » et « La chute du PIB réel au deuxième trimestre, qui a
surpris par son ampleur, semble indiquer que le Québec commence à épuiser les atouts
qui ont rendu son économie relativement résiliente au cours des derniers trimestres »,
observent les analystes de l’AMF »3.

SECTION V – ÉCONOMIE 3
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En septembre, le ministre des Finances déclarait que le gouvernement n’enverrait plus de


chèques (en référence à la baisse d’impôt du début d’année) et ne prévoyait pas
d’allègements fiscaux à venir. La projection d’une croissance économique globale de
0,6 % pour l’année 2023 était maintenue4. Au cours de la même période, le premier
ministre envisageait publiquement une aide spéciale aux personnes les plus vulnérables
souffrant du coût de la vie en forte hausse5. Que la déclaration eût été une « ligne de
presse » afin de calmer une certaine grogne populaire ou que l’intention eût été réelle et
teintée d’empathie, elle permet de prendre conscience que la situation économique
n’était plus aussi confortable qu’en début d’année. 6

Mise à jour économique de novembre


Lors de la mise à jour économique de novembre, on ne faisait plus dans la demi-mesure.
L’inflation demeurait trop élevée, la fréquentation des banques alimentaires avait connu
une augmentation de 40 %. La crise du logement ainsi que l’augmentation de l’itinérance
étaient enfin reconnues à Québec7. « Le Québec aura une croissance réelle moins forte
de son PIB en 2024 (0,7 %), croissance que le ministère des Finances voyait à 1,4 % en
mars dernier »8. Si Québec constatait que l’inflation grève les prévisions budgétaires
provinciales, il en est de même pour les municipalités qui vivaient la même réalité
inflationniste que la province. Cette réalité se muera inévitablement en austérité9.
Dans un tel contexte, il semble pertinent de questionner les baisses d’impôts octroyées
en début d’année. Évidemment, on peut saluer le respect d’une promesse électorale mais
dans un contexte inflationniste datant déjà de 2022 où les dépenses dépassent
significativement les barèmes habituels et où les employés comme les fonctionnaires
revendiquent de fortes augmentations salariales, il s’avérerait nécessaire que la gestion
prenne le pas sur la politique. Puisqu’il faut bien remplacer l’argent qu’on a dépensé,
Québec fait le choix de piger dans les réserves et promet encore un retour à l’équilibre
budgétaire en 2027, comme annoncé en début d’année. En cinq ans, le gouvernement
provincial utilisera 5 milliards de provisions pour financer ses dépenses pour le logement,
les changements climatiques, la stimulation des investissements, la formation en
construction et la lutte contre l’itinérance notamment 10. Certains de ces grands postes
de dépenses traitent des enjeux essentiels vécus par les villes. Consacrer 1,8 milliard de
dollars en cinq ans à la construction de 8000 logements abordables et sociaux en est un
exemple. Bref, tout demeure sous contrôle. Ou alors pas réellement…

SECTION V – ÉCONOMIE 4
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Fiscalité municipale
Année après année, les municipalités se plaignent du manque d’argent, revendiquent
davantage de transferts fiscaux de Québec en rappelant, à raison, que la Loi sur l’équilibre
budgétaire11 leur interdit tout déficit ou surplus. Même si cette interdiction est débattue
en coulisse, c’est dans ce cadre légal que les 1131 municipalités du Québec rédigent leur
bilan annuel 2023 et préparent l’année 2024. Il est inutile par ailleurs de rappeler que les
budgets municipaux sont très largement dépendant des taxes foncières.

Le problème
On planifie systématiquement le territoire québécois depuis près de 45 ans avec la Loi sur
la protection du territoire agricole (1978) et la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme
(1979). Les schémas d’aménagement et les plans d’urbanisme décrivent le territoire à
l’aide de nombreux textes, graphiques et plans. Ces documents stratégiques présentent
tous une vision, un concept d’aménagement, un plan d’action et un cadre réglementaire.
Des milliers d’élus, d’urbanistes, d’ingénieurs, d’architectes et d’autres ont passé leur
carrière à réfléchir la ville. Pourtant, partout au Québec, des projets immobiliers sont
suspendus ou abandonnés parce que la nappe phréatique est asséchée, les budgets ne
permettent pas de mise aux normes les équipements stratégiques ou la capacité des
infrastructures d’eau potable ou de traitement et d’épuration des eaux usées est
insuffisante.

Pour ajouter à la complexité et à la faiblesse de cette planification, dans un très grand


nombre de villes, l’exercice de planification territoriale est confié à des firmes externes
reprenant opportunément le même gabarit dans toutes les villes de la province. La perte
d’expertise interne et indépendante est devenue évidente. Dans plusieurs régions,
promoteurs et consultants sculptent la ville. Les innombrables amendements
réglementaires dans toutes les villes en font foi.

Au-delà d’une certaine absence de pragmatisme économique dans notre planification, il


y a un biais systémique majeur à considérer également. Depuis un certain temps déjà on
constate et on admet que les villes se sont financées avec le développement immobilier
à la manière d’un système de Ponzi12. Les nouvelles entrées d’argent, sous forme de taxes,
financent les dépenses courantes sans prévoir de grandes provisions pour le futur. Le
système ne peut ni ralentir, ni arrêter. Pourtant, ce système craque puisqu’en 2023,
l’étalement urbain et les nouveaux développements ne bénéficient plus d’un territoire
quasiment vierge comme dans les années 60 où on a généreusement bétonné et asphalté
notre territoire à un coût dérisoire sans penser à l’avenir. Si construire coûte bien plus

SECTION V – ÉCONOMIE 5
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cher, maintenir et réparer des infrastructures vieillissantes est encore plus dispendieux et
en forte croissance et rien dans ce système de Ponzi n’a été pensé pour regarder en
arrière et s’occuper de ce qui existe déjà.

Les élus en place se retrouvent avec un nœud gordien puisque la source de revenus qui
permettait les opérations – la croissance – exige maintenant des dépenses initiales pour
générer des revenus de taxes dans un deuxième temps. La question des redevances au
développement est abordée dans une autre section, mais il convient de souligner une
énorme iniquité entre les générations. Il y a aussi une iniquité entre certains élus qui jadis
ont été complaisants dans les exercices de planification par tactique politique et les élus
actuels qui doivent gérer de multiples crises (climatique, habitation et économique, etc.)
tout en s’attaquant à une foule d’enjeux nouveaux (itinérance, criminalité, mobilité, cadre
légal plus contraignant, etc.).

Les jeunes générations souffriront de cette complaisance pendant longtemps. À l’heure


où l’inflation met une pression énorme sur le coût de l’habitation, de l’énergie, de
l’épicerie et de la mobilité, les villes elles, discutent de fiscalité, de diversification des
revenus et de divers moyens à mettre en place pour augmenter les recettes. Des revenus
pour les villes qui se traduiront évidemment en dépenses pour les citoyens-contribuables.
L’iniquité fiscale est un fait et les jeunes générations en payent déjà les frais.

L’autre éléphant dans la pièce est qu’au cours des dernières années, voire des dernières
décennies, une majorité de villes se sont targuées de geler les taxes foncières. Si la
manœuvre séduit en période électorale, elle fait certainement partie des causes
expliquant pourquoi les budgets municipaux sont incapables de pallier l’inflation. À la
différence du gouvernement provincial, la plupart des municipalités n’ont pas de cagnotte
à siphonner pour simuler que tout va bien, madame la marquise. Aujourd’hui, non
seulement l’inflation rend évidente et nécessaire les hausses de taxes foncières mais elle
augmente aussi les charges avec seulement un léger décalage temporaire. Citons ici en
exemple les fonctionnaires qui exigent des hausses salariales pour éviter
l’appauvrissement, des honoraires professionnels en forte croissance et le coût très
volatile des matériaux (bois, métal, sel, asphalte, béton, etc.).

SECTION V – ÉCONOMIE 6
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Les conséquences
Pour Montréal, le contexte impose des compressions budgétaires de 115 millions de
dollars et un gel d’embauche pour l’année à venir13. Finalement, le gel des embauches
aura été de courte durée puisque la Ville ajoutera finalement 400 postes, dont 188 dans
les arrondissements pour l’année 202414 (sur un total de 23000 employés). Les dépenses
relatives à l’inflation et aux changements climatiques combinées au ralentissement du
marché immobilier et à la baisse du nombre de contraventions ne permettent pas
l’élaboration d’un budget robuste et résilient pour l’année qui vient. Face à la situation,
la Ville mentionne choisir une réduction des dépenses plutôt que d‘augmenter (encore)
les taxes, mais dans les faits, elle a déjà promis que la hausse globale ne dépasserait pas
5,2 % en cohérence avec la plus récente prévision d’inflation de Statistique Canada 15.
Donc, la promesse d’un plafond est donc une promesse d’augmentation. Chose promise,
chose due : tout juste après la démission de la présidente du comité exécutif, la mairesse
annonçait des taxes résidentielles en hausse de 4,9 % pour l’année 202416. À cette hausse
imposée par la ville-centre s’ajoutent les taxes locales des arrondissements. Leur cumul
fait en sorte que plusieurs de ces arrondissements verront néanmoins leurs taxes
augmenter au-delà du seuil de 5,2 %17. Selon le journal La Presse18, les arrondissements
augmenteront les taxes locales de 9,5 % en moyenne. Il est certain que de telles hausses
de taxes, combinées à un taux d’intérêt élevé, auront indirectement une incidence sur le
prix des loyers déjà exorbitant dans plusieurs secteurs. Sachant que le PIB par habitant du
Grand Montréal est de 24 % plus élevé que ce qui est observé dans le reste du Québec19,
la demande de transferts provinciaux n’est peut-être pas une avenue si déraisonnable
plutôt que d’augmenter sans cesse le fardeau des résidents de la Communauté
métropolitaine de Montréal.
Même son de cloche du côté de Longueuil. Une réduction de 50 % des revenus issus des
droits de mutation – signe du ralentissement de la construction immobilière – et une
indexation des postes de dépenses qui donne le tournis : 5,6 % pour les contrats de
déneigement, 44 % pour disposer de la neige usée, 33 % pour le colmatage des nids-de-
poule, 100 % pour la cybersécurité et 36 % uniquement pour les produits chimiques
nécessaires au traitement de l’eau20. La Ville reconnait d’ailleurs que la situation
financière résulte de plusieurs années de quasi-gel de taxes de 1,1 % d’augmentation
annuelle de 2013 à 2021. Cette statistique met une fois de plus en exergue l’iniquité
fiscale entre les propriétaires existants, les tout récents propriétaires et ceux à venir.

SECTION V – ÉCONOMIE 7
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Parfois, les dix grandes villes québécoises de plus de 100 000 habitants semblent vivre
dans une réalité autre que dans les 1000 autres municipalités de plus petite taille.
Cependant, en matière de fiscalité, elles semblent toutes être dans le même bateau. À
titre d’exemple, la municipalité de Cantley (environ 11 000 habitants) déclarait en octobre
avoir un déficit cumulé de 3,9 millions de dollars2122. Que la cause soit conjoncturelle ou
qu’elle découle d’une mauvaise gestion municipale, ce sont assurément les citoyens qui
participeront de leur poche à assainir les finances de la municipalité. Il y a fort à parier
que Cantley n’est pas un cas d’exception.

Pacte fiscal
En mai, à l’occasion des Assises de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), le premier
ministre avait partagé, sans retenue, sa lecture de la situation économique des villes et
des municipalités. Pour résumer à l’extrême, la fiscalité municipale est un enjeu parmi
tant d’autres auxquels font face les gouvernements. Ainsi, il n’y a aucune raison
souveraine pour la province de les soutenir23. Et même en faisant une lecture plus
sensible de la situation, le premier ministre déclarait que « son gouvernement n’a pas la
marge de manœuvre requise pour accéder à ces demandes » du monde municipal24. Avec
de telles déclarations, les négociations s’annonçaient ardues entre les municipalités et le
gouvernement pour le renouvellement du pacte fiscal25. Pour rappel, le pacte fiscal est,
depuis 2000, l’entente qui régit les transferts fiscaux de l’État aux municipalités26. Ce
contrat est généralement signé par le premier ministre, les ministres des Affaires
municipales et des Finances ainsi que par les présidents des deux grandes associations
municipales (UMQ et FQM) et par les maires de Montréal et Québec27.
C’est dans ce contexte qu’une impressionnante délégation d’élus municipaux se sont
réunis en septembre pour un Sommet sur la fiscalité municipale28. L’objectif de cette
grande discussion était de discuter du potentiel des autres sources de revenus pour les
villes et de faire front commun pour mettre de la pression sur Québec. La réponse du
gouvernement ne s’est pas fait attendre et essentiellement, elle se résumait à « gérez
mieux vos affaires »29. Côté villes, on soulignait la multiplication des problèmes, dont
plusieurs situations de crise, telles l’itinérance, l’immigration, l’adaptation aux
changements climatiques, le logement, la maintenance des infrastructures vieillissantes,
le transport collectif, la hausse du coût des matériaux et des honoraires notamment. Côté
gouvernement, on faisait appel au précédent pacte fiscal dans lequel le gouvernement
avait déjà bonifié plusieurs programmes et avait octroyé aux villes un versement
récurrent d’un point de TVQ.

SECTION V – ÉCONOMIE 8
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Alors que tout le monde s’attendait à une guerre de tranchées, le gouvernement et les
villes avaient annoncé dès novembre la signature d’un nouveau pacte fiscal pour la
période 2024-202830 31 32 33 34 35. L’entente, qu’on appelle maintenant la Déclaration de
réciprocité36 couvre cinq priorités37 :

1. Réaliser des actions structurantes pour l’adaptation et la transition climatiques;


2. Encourager et soutenir le développement d’une offre suffisante de logements de
qualité;
3. Venir en aide aux personnes vulnérables;
4. Soutenir l’aménagement durable du territoire, au bénéfice de la population et de
l’ensemble des communautés;
5. Assurer l’entretien et planifier le renouvellement des infrastructures municipales
essentielles, notamment en eau.

En plus de reconduire les mesures du dernier pacte fiscal, la nouvelle entente prévoit :
• 500 millions de dollars pour l’élaboration, la planification et la mise en œuvre
d’actions prévues aux plans « climat » locaux et aux infrastructures vertes;
• 100 millions de dollars pour préserver la ressource en eau;
• 900 millions de dollars supplémentaires pour la construction de logements sociaux
et abordables;
• 250 millions de dollars dédiés à un Fonds d’infrastructure en eau pour la
réalisation d’habitations abordables;
• D’autres montants à préciser pour l’itinérance ainsi que pour le maintien et la mise
en place de services de proximité;
• Un transfert ponctuel de 10 millions de dollars pour les municipalités de moins de
15 000 habitants (environ 1000 municipalités);
• 50 millions de dollars de remboursements de la TVQ pour les infrastructures
concernées.

Sont reconduits :
• 658 millions de dollars (2024) en remboursement de la TVQ;
• 633 millions de dollars (2024) en compensations tenant lieu de taxes pour les
immeubles publics et les terres publiques;
• 67 millions de dollars annuellement de la subvention de péréquation;
• 38 millions de dollars annuellement du partage des revenus tirés des redevances
sur les ressources naturelles;
• 268 millions de dollars annuellement pour les fonds destinés à la ruralité et aux
régions;
• 50 millions de dollars annuellement pour le développement économique, répartis
également entre Montréal et Québec.

À ces sommes s’ajoutent l’indexation des montants correspondant à la croissance des


revenus issus d’un point de TVQ atteindra 881 millions de dollars en 2028. Ce transfert de

SECTION V – ÉCONOMIE 9
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TVQ a d’ailleurs été enchâssé dans une la loi (PL3938) pour assurer une pérennité et une
prévisibilité39. Ce projet de Loi prévoit également une plus grande agilité. Outre les
sommes allouées au monde municipal, dans une déclaration commune, on pouvait lire
« Cette nouvelle entente permet de transformer les pactes fiscaux en une nouvelle forme
de collaboration basée sur des engagements réciproques visant l'atteinte d'objectifs
communs »40.

On pourrait donc saluer la générosité d’un gouvernement au budget serré envers le


monde municipal, car pacte il y a eu, mais n’oublions pas que cette générosité est à crédit,
puisque l’argent requis, 1,8 milliard en 2024, est pigé dans le bas de laine des générations.
Pourtant, le montant de certains cadeaux politiques aux électeurs aurait pu financer
l’entente d’une autre manière. Voici deux exemples :
• Abolition de la contribution d’assurance des permis de conduire, 600 millions
(100$ par citoyen).
• Baisses d’impôt : 1,7 milliards (370$ par citoyen moyen).
Ces quelques décisions économiques de 2023 créent un manque à gagner de 2,3 milliards
dans les coffres de l’État. Mentionnons que d’ici 2027-2028, ce manque à gagner
représentera une somme colossale évaluée à 9,2 milliards de dollars freinant ainsi le
remboursement de la dette et l’état des services à la population. Pourtant, le nouveau
pacte fiscal aurait pu être à coût nul sans l’amour du gouvernement pour les bonbons.
Pendant ce temps, il manque de l’argent pour le transport collectif, pour les banques
alimentaires, pour l’adaptation aux changements climatiques, pour construire et
entretenir les écoles, de même que bien d’autres exemples dont les effets se feront sentir
tôt ou tard dans le budget des municipalités et, in fine, dans le compte de taxes des
citoyens.
Avant de poursuive cette section sur la fiscalité, il convient de mentionner que l’économie
est une science humaine qui étudie les mécanismes « de la production, de la distribution
et de la consommation des richesses 41». La fiscalité s’intéresse spécifiquement aux
mécanismes de redistribution et évidement, la maîtrise des notions mathématiques
compte. Cependant, malgré les qualificatifs de « rigueur », de « marge de manœuvre »,
de « planification stratégique », l’économie et la fiscalité s’apparentent davantage à une
joute politique qu’à une science pour les décideurs. Tous les gouvernements ne
s’équivalent pas et ne dépensent pas de la même façon, selon l’idéologie qui prévaut et
selon le contexte macroéconomique. D’ailleurs, notre gouvernement actuel, champion
du pragmatisme, est en poste depuis 2019 détient le palme des dépenses!

SECTION V – ÉCONOMIE 10
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Évolution du taux de croissance annuel composé des dépenses de portefeuille du


gouvernement du Québec, par périodes quiquennales depuis 30 ans

Source : Institut du Québec, mise à jour économique

Enjeux
La fiscalité municipale s’entremêle avec plusieurs thèmes.
Environnement
Pierre-Olivier Pineau rappelle quatre erreurs budgétaires qui historiquement ont
contribué à la crise environnementale42.
1. Les baisses d’impôts (auxquelles j’ajoute la taxe foncière) alimentent la
consommation de biens et de services qui, directement ou indirectement,
génèrent des GES.
L’alternative : mieux financer l’autopartage, le covoiturage, et le transport en
commun.
2. Repousser à plus tard le financement d’une mobilité réellement durable.
L’alternative : financer les solutions porteuses connues et reconnues.
3. Financer la sédentarité, que je traduirais en jargon urbanistique par sous-
financement du design urbain et de la qualité du domaine public.
L’alternative : piste cyclable, trottoir et tout le corpus du nouvel urbanisme (qui
n’est plus si nouveau que ça!)43.

SECTION V – ÉCONOMIE 11
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4. Financer la réduction des GES. L’expert mentionne que « Les milliards de dollars
dépensés dans les programmes n’atteignent pas leurs cibles. » « […] les émissions
en sol québécois n’ont diminué que de 13 % en 2020 par rapport à 1990, et ce,
grâce à la COVID-19 qui les a fait chuter de 10 % en un an seulement, de 2019 à
2020 ».
Les choix économiques et la redistribution de la richesse sont lourds de conséquences. Le
problème est qu’en matière d’environnement, un investissement d’aujourd’hui ne
rapportera des bénéfices que dans 10, 15 ou 20 ans. Le président de l’UMQ affirmait que
chaque dollar investi dès maintenant, pour augmenter notre résilience, entraîne des
économies de 15 $ dans l’avenir⁠44.

Quelques chiffres en vrac


Le groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité (IPBES) recensé 3500 espèces
envahissantes jugées nuisibles à l’échelle du globe (mMoule zébrée, renouée du Japon,
frelon asiatique, etc.). Les chercheurs estiment à 423 milliards de dollars US les pertes
économiques annuelles associées aux espèces exotiques envahissantes à l’échelle
planétaire.45
Un texte paru dans The Conversation mentionnait que « les chaleurs extrêmes affectent
plutôt la santé de la population. Ces coûts sont donc enfouis dans les dépenses du
système de santé ou assumés par l’ensemble de la société, ce qui les rend beaucoup plus
difficiles à quantifier. »46 Néanmoins, une étude de 2021 estimait les coûts annuels des
décès prématurés liés à la chaleur à 3,0 à 3,9 milliards de dollars par année d’ici 2050 et
de 5,2 à 8,5 milliards d’ici 2080 au Canada.47
Un autre exemple concernant les infrastructures d’Hydro-Québec. « L’épisode de verglas
qui a plongé des milliers de foyers québécois dans le noir en décembre dernier a coûté au
bas mot 55 millions de dollars à Hydro-Québec. Une facture salée, mais moins que celle
de 70 millions de dollars liée aux dégâts du dérécho de mai 2022, une ligne orageuse
violente qui a généré des vents horizontaux ayant atteint jusqu’à 144 km/h. »48
Le journal Les Affaires rapportait que : « Les feux de forêt qui ont ravagé le territoire
québécois depuis ce printemps auront un impact d’au moins 10,5 à 13,5 milliards de
dollars (G$) sur l'économie (en bonne partie dans l’industrie du sciage), selon une
estimation préliminaire effectuée par le Conseil de l’industrie forestière du Québec
(CIFQ). »49
Difficile de ne pas voir le lien entre climat et économie quand les estimations des
dommages et des conséquences se chiffrent en milliards.

SECTION V – ÉCONOMIE 12
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Éducation
Pourtant, loin d’être une responsabilité municipale, l’éducation et les mécanismes qui
l’encadrent finissent eux aussi par influencer notre compte de taxes. « En 2020, […] le
gouvernement a ajouté une disposition [au projet de loi 40] qui permet aux centres de
services scolaires [d’imposer] aux villes les terrains qu’ils veulent pour les futures
écoles » », dénonçait le nouveau président de l’UMQ, Martin Damphousse. « Depuis
l’adoption de la loi, 18 % des villes ont été contraintes de céder gratuitement au réseau
scolaire des immeubles ou des terrains » 50. Comme quoi la répartition des compétences,
pourtant à la base de notre système législatif civil, n’est pas à l’abri de la politique puisque
depuis 2020, le conseil d’administration d’un centre de services scolaire a le pouvoir
d’intervenir dans le champ fiscal des villes. A titre d’exemple, la ville de Saint-Lin s’est
endettée de 8 millions de dollars (sur un budget annuel de 33 millions) pour l’achat de
terrains à céder au centre de service scolaire.51 À Terrebonne, c’est plus de 40 M$ qui
seront affectés à l’achat de terrains scolaires au cours des prochaines années.52 Pour la
municipalité de Val-David, la dépense pourrait atteindre 25 millions de dollars, ce qui
représenterait plus du double de son budget annuel de 12 millions.53
Pour rappel, depuis l’adoption du projet de loi 40 modifiant la Loi sur l’instruction
publique relativement à l’organisation et à la gouvernance scolaires en 2020, les centres
de services scolaires peuvent désormais exiger des municipalités la cession de terrains, et
ce, gratuitement, pour de nouveaux établissements scolaires. Dans le cas où une
municipalité n’est pas propriétaire du terrain convoité, elle est alors tenue de l’acquérir
de gré à gré ou par voie d’expropriation.
Il s’agit surement du l’exemple le plus éloquent des compétences et responsabilités qui
sont déléguées aux municipalités par Québec sans que les questions de financement
soient sérieusement résolues.

Immobilier
Par ailleurs, depuis la pandémie, le télétravail a été largement adopté, du moins
partiellement, dans le secteur tertiaire. Résultat : des bureaux vacants. À titre d’exemple,
depuis la pandémie, le taux d’inoccupation au centre-ville de la métropole aurait plus que
doublé. Selon une projection à l’échelle du globe, la valeur des édifices de bureaux dans
les grandes villes pourrait diminuer de 26 % à 42 %54.
Plutôt que d’augmenter les taxes, la création de richesse vient rapidement en tête comme
solution alternative. Malheureusement, avec la dématérialisation et la numérisation de
l’économie, attirer des entreprises n’est plus un gage de création de richesse pour les
villes.

SECTION V – ÉCONOMIE 13
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

« La rapide expansion du commerce électronique a contribué, à elle seule, à faire


disparaître plus de 2000 commerces au Québec en 2016, effaçant du même coup pour
3 milliards de dollars en valeur foncière et privant les villes, cette année-là, de quelque
65 millions de revenus en impôt foncier. C’est un peu comme si l’on avait fait disparaître
du jour au lendemain 350 magasins de grande surface Walmart »55, résume l’étude
dévoilée mercredi par l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et réalisée par la firme
Aviseo Conseil.
Le problème est entier. Il est réel. Il est complexe. L’ancien maire de Gatineau, Maxime
Pedneaud-Jobin en a fait son cheval de bataille. Dans son livre Libérer les villes. Pour une
réforme du monde municipal, il plaide pour une réforme en profondeur des rouages de la
fiscalité municipale. La taxe foncière, représentant environ 70 % des revenus des villes,
ne parvient plus à payer toutes les factures reliées aux responsabilités grandissantes des
villes. « Les nouvelles responsabilités qu’elles ont, comme la culture, les sports, les loisirs,
la lutte contre la pauvreté, l’itinérance, ce sont des coûts qui s’ajoutent »56.
Bien sûr, la Loi sur l’autonomie municipale de 2017 a donné aux villes un pouvoir général
de taxation. Bien sûr elles l’utilisent encore trop peu. Gardons en tête que si l’ajout de
mécanismes est sans fin, les poches des concitoyens ne le sont pas.

Solutions
Pourtant, il y a une famille de solutions qui est encore sous-exploitée : l’optimisation.
Malheureusement, optimisation est souvent synonyme de lean management, d’attrition
de postes et de stress pour les employés aux premiers échelons. Pourtant, avec un peu
de recul et sans technologie, il y a des pistes à explorer. L’ancien greffier Jean-Luc Boyer
publiait une idée simple pour économiser des millions à Montréal. En résumé, il propose
d’administrer les quelque 400 000 dossiers de contestation ou de non-paiement de
contravention pour stationnement non conforme par des fonctionnaires plutôt que par
des juges. Ce mécanisme, testé et éprouvé en Ontario, semble-t-il, permettrait
d’économiser 4 millions de dollars par année57. C’est une proposition pour un domaine
très précis, mais ça laisse présager que l’optimisation n'est pas synonyme de
congédiement et qu’en contexte de pénurie de main-d’œuvre, une remise en question
détaillée des activités ouvre des possibilités.

La nécessité est mère d’invention dit-on? Il semble qu’en cette période économique
maussade, l’idée des fusions municipales ressurgisse et cette fois-ci, elle émane des
municipalités elles-mêmes qui cherchent des moyens d’optimiser les ressources.

En Chaudière-Appalaches, la municipalité de Saint-Roch-des-Aulnaies étudie deux


scénarios de regroupement : un regroupement de quatre municipalités à l’ouest et un
regroupement de six municipalités à l’est58. En Estrie, la municipalité de Courcelles
s’apprête en effet à quitter la MRC du Granit pour intégrer celle de Beauce-Sartigan en

SECTION V – ÉCONOMIE 14
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

fusionnant avec Saint-Évariste-de-Forsyth59. On recense aussi la fusion des villages de


Saint-Guy et de Lac-des-Aigles dans le Bas-Saint-Laurent. Idem pour Trois-Pistoles et
Notre-Dame-des-Neiges, Plessisville et la Paroisse de Plessisville ainsi que La Morandière
et Rochebaucourt60. L’économiste François Desrosiers du Centre de recherche en
aménagement et développement de l’Université Laval, estime qu’une fusion de
municipalités de moins de 5 000 habitants permet une optimisation au bénéfice des
citoyens61. Des municipalités de moins de 5 000 habitants, on en dénombre au moins 800
au Québec62. Il semble y avoir une certaine marge de manœuvre donc. Si les tentatives
de fusions forcées du début des années 2000 avaient été émotives, il semble que le
rationnel et l’impact sur le portefeuille soient un argument mieux entendu en 202363.

Sans pour autant mutualiser 100% des actifs, certaines villes limitrophes mettent de côté
la compétitivité territoriale dans l’intérêt collectif. C’est dans cet esprit que L’Assomption
et Lavaltrie ont annoncé le lancement d’un appel d’offre commun pour la construction
d’un centre aquatique destiné aux citoyens des deux villes. Du côté de Victoriaville, c’est
avec ses voisines Daveluyville Maddington Falls que s’est dessiné un projet unique
d’acquisition de terrain par les municipalités afin de créer un parc industriel régional.
« Les trois municipalités partenaires dans le développement du parc se partageront les
revenus de taxation. […] Le partenariat impliquant les trois municipalités a de quoi en
inspirer d’autres à en faire autant, croit le maire de Victoriaville, d’autant que le
gouvernement demande aux régions de développer intelligemment le territoire et de
maximiser les zones industrielles. »64

Les termes « virage vert » et « transition écologique » ont été pour un temps des slogans
plutôt que des stratégies. En 2023, la lutte aux changements climatique ainsi que
l’adaptation et la résilience au climat sont devenues partie intégrante des discours et des
stratégies. Pour le milieu des affaires, ceci amène des certifications et on tente de changer
la menace en opportunité d’affaires. Pour le secteur public, la situation de crise vient
ajouter une pression supplémentaire à un modèle déjà fissuré. Dans tous les cas, à droite
comme à gauche, on observe une transformation de l’économie. Au sujet des
investissements requis pour faire face à la crise climatique, l’économiste européen Jean
Pisani-Ferry écrivait : « D’ici 2030, le financement de ces investissements, qui
n’augmentent pas le potentiel de croissance, va probablement induire un coût
économique et social »65. Le principe de pollueur-payeur ou d’utilisateur-payeur66 est de
plus en plus discuté et testé dans les municipalités québécoises. Le terme consacré est
l’écofiscalité.

SECTION V – ÉCONOMIE 15
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Écofiscalité
Contexte
Pour des raisons de pertinence et de cohérence, le terme « écofiscalité » est utilisé ici
sans discrimination et englobe toute taxe, impôt, redevance, tarification, pénalité,
contravention ou entente entre des parties sous condition qu’elle vise à une contribution
environnementale. Néanmoins, dans un contexte municipal, il est intéressant de
comprendre quelques éléments et faits relatifs à certaines mesures précédemment
énumérées. Marie-Claude Prémont, professeur titulaire à l’École nationale
d’administration publique (ENAP) nous instruit de ceci :

• Les villes ont le pouvoir de taxation directe et il n’y a aucune obligation légale
d’avoir un service défini en retour comme dans le cas de la taxe foncière, de la
taxe d’amélioration locale qui découle du pouvoir général de taxation.
• La tarification peut être fixe ou variable, mais le tarif ne peut pas excéder le coût
du service comme c’est le cas pour une adhésion à la bibliothèque ou une entrée
à la piscine municipale. Le service n’a pas besoin d’être consommé pourvu qu’il
soit disponible. Par exemple, ne pas générer de déchets pendant ses vacances à
l’extérieur ne donne pas droit à une exemption de la tarification si le service est
par ailleurs offert.
• L’entente avec les promoteurs, introduite dans la Loi sur l’aménagement et
l’urbanisme en 1994, est utilisée par seulement 50 % des municipalités67.
• La redevance réglementaire (comme la redevance au développement) n’est pas
une taxe et doit servir à financer un régime de réglementation.
Afin de contextualiser l’état de l’écofiscalité au Québec, Paul Lanoie, ancien commissaire
au développement durable au sein du Bureau du Vérificateur général du Québec,
mentionne également que les mesures écofiscales sont moindres au Québec qu’ailleurs
dans les pays de l’OCDE (bien sûr, le Québec n’est pas un pays, mais c’est la comparaison
qui a été présentée). Par ailleurs, il nomme une courte liste de pays qui ont réduit les GES
par l’écofiscalité : Danemark, France, Royaume-Uni, Suède et Suisse68. Fanny Tremblay-
Racicot, professeure agrégée à l’ENAP mentionne également que « Les municipalités
québécoises tarifent moins les services que les autres provinces canadiennes »69. Notons
toutefois que le Québec occupe la 4e place sur 32 états de OCDE pour les impôts sur le
revenu les plus élevés.70

SECTION V – ÉCONOMIE 16
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Fort de ce constat, à Québec, on demeure prudent, voire frileux sur la question de


l’écofiscalité. En septembre, on apprenait que « le ministre [des Finances] estime que
l’écofiscalité a le potentiel de modifier les comportements de la population. Mais pour
l’instant, on n’a pas vu de propositions convaincantes, susceptibles de pousser le
gouvernement à en adopter, a-t-il dit »71. La ligne directrice du gouvernement de la CAQ
est plutôt d’alléger le fardeau fiscal global nous dit-on.

Taxe kilométrique
En novembre, on apprenait que le ministre Girard « est réfractaire à l’adoption d’une taxe
kilométrique pour financer l’entretien des routes et le transport collectif. Ça nécessite de
suivre les gens dans leur kilométrage. Ce n’est pas particulièrement populaire, un
gouvernement qui suit les citoyens »72. Ce genre de déclaration laisse croire que la CAQ
fait avaler des bols de couleuvres à ses ministres. L’intensité de l’aversion pour une taxe
kilométrique est inversement proportionnelle à l’engouement chez les députés de la CAQ
pour un 3e lien à Québec. Le gouvernement traite ces deux sujets sans aucune nuance.
Pourtant, la performance d’une taxe kilométrique est largement reconnue et depuis
longtemps. Le principal frein à toute mesure écofiscale est son niveau d’acceptabilité dans
la population qui, à son tour, incite ou freine le courage politique. Affirmer que
l’instauration d’une taxe kilométrique nécessite de suivre les personnes n’est pas un
argument valable et vise à effrayer la population. Aucun besoin de suivre des personnes.
La donnée requise est le kilométrage total que parcourt un véhicule annuellement ce qui
n’est nullement intrusif. Tout Québécois doit déjà déclarer ses sources de revenus, ses
gains totaux, ses placements, etc., et là on nous dit que ce serait trop intrusif…
Un sondage mené par la firme Léger et commandé par Équiterre nous donne la
température de l’eau sur ces questions d’écofiscalité et de la mobilité carbonée73 :

• 44 % des répondants sont d’accord avec le paiement des frais d’immatriculation


basés sur la taille du véhicule, 48 % sont en désaccord.
• 41 % des répondants sont d’accord avec l’établissement de primes d’assurance
automobile basées sur la taille du véhicule, 50 % sont en désaccord.
• 40 % des répondants sont d’accord avec l’imposition d’une taxe additionnelle sur
la vente de modèles de VUS, camionnettes et fourgonnettes neuves pour financer
des mesures environnementales, contre 51 % en désaccord.
• 25% des répondants sont d’accord avec l’instauration d’un péage pour les gros
véhicules (incluant les VUS) dans certaines zones définies comme les centres-
villes, 63 % % sont en désaccord.

SECTION V – ÉCONOMIE 17
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Bien que le sondage n’ait pas vérifié l’opinion populaire sur la taxe kilométrique
spécifiquement, on constate néanmoins qu’une légère majorité de gens désapprouvent
l’approche écofiscale qui permet d’internaliser une partie des coûts sociaux attribuables
à l’usage d’une grosse voiture.
Deux résultats du même sondage font particulièrement sourire :

• 58 % des gens sont en faveur d’un encadrement plus sévère des publicités de camions
légers. Résultat qu’on pourrait paraphraser et compléter par : « une majorité de gens
sont d’accord pour encadrer la publicité de VUS, mais sans pénalité quand on en
possède déjà un ».
• Un peu plus de 50 % des répondants trouvent que la variété de petites voitures
disponibles sur le marché au Québec est suffisante, environ 33 % sont en désaccord.
Résultat qu’on pourrait paraphraser et compléter par : « il y a suffisamment de variété
de petites voitures sur le marché puisque la population désire des VUS et non pas des
petites voitures ».
Évidemment, on fait de l’humour ici. Avec une paire de lunettes roses, on pourrait
affirmer que la population est presque à moitié convaincue par la pertinence des mesures
d’écofiscalité en mobilité. Une lacune qui mérite d’être soulignée, est que le sondage ne
mentionne pas de programmes ou de projets de transport collectif structurant et
spécifique après avoir demandé aux gens s’ils étaient d’accord pour payer davantage de
taxes (outre une mention à « pour financer des mesures environnementales prévues au
Plan pour une économie verte du Québec »). Il est peut-être difficile de sortir le porte-
feuille pour des mesures hypothétiques non identifiées dans une population au cynisme
exacerbé. Pour se donner un peu d’optimisme, 56% des hommes de plus de 15 ans
fumaient au Canada en 1966, plus de la majorité.74 Ils sont maintenant autour de 20 %.
Nous pourrions optimistement espérer qu’il soit plus facile de se défaire d’un VUS que
d’une drogue entrainant une dépendance physique et mentale.
Voici la situation : le Fond des réseaux de transport terrestre dédié au financement de la
construction et de l’entretien des routes de la province est à sec. Du côté des revenus, on
n’indexe pas les frais sur l’immatriculation et les permis de conduire et l’augmentation du
nombre de véhicules électriques diminuera plus tôt que tard les revenus de la taxe sur
l’essence. Du côté des dépenses, les matériaux, les honoraires professionnels et la main-
d’œuvre augmentent plus rapidement que l’inflation75. Un état de fait qui justifie le sous-
investissement gouvernemental en transport en commun
Malgré cela, ou peut-être bien à cause de cela, le gouvernement provincial refuse
catégoriquement toute taxe kilométrique de même que toute taxe pour les gros
cylindrés76. Une taxe kilométrique pour le camionnage lourd constituait d’ailleurs la
proposition phare de son Comité consultatif sur l’environnement77. Les supporteurs d’une
telle mesure ont beau rappeler aux élus provinciaux que ce système fonctionne pourtant

SECTION V – ÉCONOMIE 18
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

bien aux États-Unis avec qui ils aiment se comparer lorsque cela sert le propos. Cette
question de taxe kilométrique semble peut-être loin du sujet municipal, mais il faut se
rappeler que les routes et les autoroutes relient des milieux de vie. Les kilomètres
parcourus s’effectuent sur le territoire de villes et de villages. En plus des coûts
d’entretien et de maintenance, ce sont les villes qui payent les frais des externalités
inhérentes à l’usage de la voiture : congestion, nuisance sonore, qualité de l’air, particules
fines, sécurité, fluidité et attractivité notamment. Heureusement pour le Québec, des
précurseurs ont déjà pavé ou dépavé la voie. Londres, Oslo, Paris, Bruxelles et même New
York78 79ont déjà testé la taxe kilométrique, la taxe sectorielle, la diminution de places de
stationnement et bien d’autres stratégies. Leurs apprentissages sont enrichissants et
permettraient de poser des actions précises et adaptées au contexte. Il manque toujours
la volonté politique qui est teintée par le désagrément transitoire qu’exigent ces profonds
changements. Pourtant, c’est précisément le rôle des gouvernements, provincial ou local,
d’induire les changements collectifs nécessaires lorsque l’action individuelle ne suffit pas.

Péage routier
« Il fut une époque ou presque tous les ponts enjambant une rivière importante au
Québec étaient des ponts à péage. […] Au fil des années, ces péages ont toutefois été
retirés graduellement. Au moment du retrait du péage sur le pont Champlain à Montréal
en 1990, le réseau des routes du Québec devient entièrement gratuit et libre d’accès »
nous rappelle Jean-Philippe Meloche, professeur agrégé de l’Université de Montréal80.
« Actuellement, au Québec, les diverses redevances payées par les automobilistes ne
couvrent pas l’ensemble des dépenses liées au réseau routier. Et la situation est de pis en
pis : les voitures sont de plus en plus grosses et usent de plus en plus le réseau, ce qui
augmente les frais d’entretien. En parallèle, les revenus liés à la taxe sur les carburants
diminuent avec les voitures électriques et, malgré l’inflation, les frais d’immatriculation
n’ont pas augmenté depuis 2011 »81.
Pourtant le péage ne rebute pas tant : « pour l’année d’exploitation 2017-2018, plus de
17,4 millions de passages ont été comptabilisés sur le pont à péage de l’autoroute 25 »82.
Le pont de l’autoroute 30 a cumulé quant à lui 8,3 millions de passage en 2019.
Bien qu’il semble y avoir un enjeu d’acceptabilité autour des mesures d’écofiscalité, de
telles mesures sont déjà en place sans que l’on s’en formalise. La tarification du
stationnement par parcomètre ou par vignette en zone urbaine correspond au
mécanisme d’utilisateur-payeur ou de pollueur-payeur. D’ores et déjà, des frais
environnementaux de 3 $ sont appliqués par le gouvernement provincial à l’achat de
pneus neufs et le montant sera bientôt indexé à 4,50 $ pour des pneus neufs de voiture
et à 6 $ pour les pneus neufs de camion83. Même chose avec l’écofrais dédié aux produits
électroniques84.

SECTION V – ÉCONOMIE 19
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Portraits des mesures d’écofiscalité


Largement alimentée par les travaux de Fanny Tremblay Racicot, voici une liste dressant
un portrait des mesures d’écofiscalité en place ou en gestation au Québec :
Mobilité

• Taxe sur l’immatriculation;


• Redevance exigée aux grands générateurs de déplacement;
• Tarification du stationnement sur rue par vignettes ou parcomètres (plusieurs
villes);
• Taxe sur les stationnements non résidentiels hors rue au centre-ville (Montréal).
Urbanisme et aménagement

• Taxe sur les stationnements commerciaux;


• Modération de la taxation foncière en fonction du coefficient d’occupation du
sol (Varennes et Victoriaville85);
• Taxe sur les logements inoccupés (en gestation86);
• Redevance au développement ou à la revitalisation;
• Redevance sur les terres agricoles inutilisées (Boisbriand);
• Redevance visant la perte de canopée (Victoriaville87);
• Taxation en fonction de l’artificialisation des sols (Victoriaville88 et Laval).
Gaz à effet de serre

• Taxe sur les systèmes au mazout ou biénergie (Laval89);


• Redevance compensatoire des GES associés au développement immobilier.
Eau

• Redevance d’utilisation des égouts pluviaux;


• Redevance d’utilisation et de traitement d’eau potable (Alma, Montréal90);
• Tarification de l’eau potable et de rejets d’eau usée.
Matières résiduelles

• Redevance sur les contenants à usage unique ou individuel (Prévost);


• Tarification pour la collecte et le traitement des matières résiduelles au volume
ou au poids (Beaconsfield, Gatineau91 92 et d’autres).

SECTION V – ÉCONOMIE 20
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Potentiels
Le projet de Loi 122 visait principalement à reconnaître que les municipalités sont des
gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs93
(devenu le chapitre 13 des lois de 2017). Les villes disposaient déjà d’outils avant cet
amendement législatif, mais elles ne les utilisaient pas aux dires de certains dans le milieu.
Néanmoins, c’est à la sortie de la pandémie, des années plus tard, qu’une vraie discussion
sur l’écofiscalité avait réellement émergé. Si bien que l’écofiscalité fait maintenant partie
du lexique des élus de tout palier gouvernemental. Bien sûr, il y aura des échecs, des
excès, des gagnants et des perdants, mais l’approche a le mérite d’internaliser des coûts
sociaux et environnementaux et de pouvoir agir sur les décisions et sur les
comportements individuels. Quant aux principaux freins, on peut penser à la capacité de
payer des contribuables (un fait) et l’impression de ceux-ci d’obtenir ou non des services
à la hauteur de l’imposition globale (perception).
Le professeur Jean-Philippe Meloche94, de concert avec Habitat95, partageait récemment
une étude visant à identifier les potentiels de l’écofiscalité au service de la conservation
et de l’adaptation aux changements climatiques dans les Basses-Terres du Saint-Laurent.
Deux scénarios ont été étudiés :

• Une taxe sur l’empreinte écologique de projets de développement;


• Une subvention pour les services écosystémiques rendus.
Si la seconde approche a moins bien fonctionné que souhaité, la première a mené à des
résultats intéressants. Une étude minutieuse des paramètres environnementaux en
cause avait permis d’apposer un coût sur différentes composantes physiques. Ainsi, les
travaux ont permis de fixer à 1,38 $/m² la perte de forêt urbaine dans cette région du
Québec. De plus, la mesure a le mérite d’avoir abordé l’importante question de
l’administration et du suivi de toute nouvelle mesure fiscale. Les chercheurs estiment ici
que l’administration d’une telle mesure pourrait et devrait être effectuée par les
municipalités puisqu’elles détiennent déjà toute l’information relative au rôle foncier et
aux propriétés de leur territoire.
L’idée n’est pas tant de débattre de cette idée précisément, mais de constater que la
société aura besoin de la créativité de tous pour élaborer des stratégies efficaces pour
répondre à la crise climatique et environnementale. L’économie et la croissance de la
richesse ont indéniablement une part de responsabilités dans la crise qui sévit. Donc,
logiquement, l’économie doit faire partie de la solution.
Soulignons cet exemple instauré par Prévost qui offre des crédits de carbone sur le
marché du carbone volontaire. La vente de ces crédits carbone a rapporté plus de 23 000
dollars cette année à la municipalité de 12 000 habitants96.

SECTION V – ÉCONOMIE 21
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Parfois, les mesures écofiscales présentant un fort potentiel d’impact environnemental


semblent loin des responsabilités des villes. Néanmoins, l’actualité nous a servi des
situations où les villes font pression sur Québec, comme en novembre, où l’on apprenait
que le « maire de Lévis envisage lui aussi de demander au gouvernement une nouvelle
taxe sur l’immatriculation »97. Un pouvoir que les Villes ont obtenus en fin d’année.

Taxe sur le carbone et marché du carbone


Petite digression ici pour aborder la question du marché carbone (SPEDE) et la taxe
fédérale sur le carbone qui constituent deux mesures distinctes, confondues, méconnues
et incongrues.

Taxe carbone
La taxe sur le carbone fixe un prix sur les émissions de GES calculées en équivalent CO2.
Cette mesure a été « instaurée par le gouvernement fédéral en 2018 [et] fait partie des
politiques mises en place pour atteindre sa cible de réduction des gaz à effet de serre
(GES) en vertu de l’Accord de Paris sur le climat. » […] « Le prix pour 2023 est fixé à 65 $
la tonne, ce qui revient à 14 cents par litre d’essence dans les provinces où cette taxe
s’applique. Il augmentera de 15 $ par année pour atteindre 170 $ la tonne en 2030 »98. Le
Québec, la Colombie-Britannique et les Territoires du Nord-Ouest en sont exemptés
puisque « la tarification sur le carbone est jugée suffisante. La Colombie-Britannique et
les Territoires du Nord-Ouest ont leur propre taxe, tandis que le Québec a son marché du
carbone conjointement avec la Californie »99 100. Il s’agit précisément de cette taxe
carbone dont il est question dans le cadre de la suspension temporaire de trois ans pour
les livraisons de mazout léger 101. Parallèlement à cet assouplissement, le gouvernement
fédéral augmente les remises en argent aux contribuables qui possèdent des systèmes de
chauffage au mazout en plus d’une bonification de l’aide financière pour l’installation de
thermopompes. Le gouvernement Trudeau justifie cette mesure afin d’accélérer le
changement de système de chauffage par des mécanismes fiscaux plus progressifs que
régressifs (alléger le fardeau financier aux ménages les moins riches)

Même si le principe de pollueur-payeur est largement reconnu comme un mécanisme


nécessaire, il se traduit en dépenses supplémentaires pour les ménages et les entreprises
sans que des solutions alternatives financièrement intéressantes existent. Les
subventions peuvent pallier cette impasse. Malgré la logique de cette approche, cette
exemption temporaire au régime a rapidement migré dans l’arène politique et
médiatique. « Les conservateurs et les néo-démocrates [ont immédiatement accusé] le
gouvernement de diviser les Canadiens en donnant une exemption de la taxe sur le
carbone qui favorise les résidents des quatre provinces de l’Atlantique où près du tiers de
la population se chauffe au mazout l’hiver »102. Là où certains observateurs y voient une
agilité et une sensibilité du gouvernement face à la capacité de payer variable des

SECTION V – ÉCONOMIE 22
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Canadiens, d’autres y voient une iniquité. Des voix de plusieurs provinces se sont fait
entendre pour dénoncer ce qui est perçu comme une injustice103 104.

Dans la couverture médiatique suivant l’annonce gouvernementale, le journaliste


spécialisé en économie de Radio-Canada, Gérald Filion, rappelait ceci : « La taxe carbone
est un outil économique utile qui s’appuie sur un concept de base : le prix fait foi de tout.
Si ça coûte trop cher, vous allez chercher et trouver d’autres solutions pour éviter de
devoir payer la taxe en question. L’écofiscalité s’appuie sur cette logique. Le but pour le
consommateur, au bout du compte, n’est pas de payer cette taxe, mais de la contourner
et de changer de comportement, afin d’éviter un tel surcoût »105. L’expérience démontre
que la taxe carbone a le pouvoir de réduire les émissions sans nuire à la croissance du PIB
(Colombie-Britannique, Danemark et Suède)106. Malheureusement, quand la politique est
un concours de popularité, l’écofiscalité est rarement le meilleur des atouts. Cette
ouverture du régime de taxation et le sentiment d’injustice ressenti par certains n’est pas
sans rappeler le mouvement, en France, des gilets jaunes de 2018107. Pour mémoire, voici
la description wikipedia de ce mouvement : « du nom des gilets de haute visibilité de
couleur jaune portés par les manifestants — est un mouvement de protestation non structuré
et apparu en France en octobre 2018. Ce mouvement social spontané trouve son origine
dans la diffusion — principalement sur les médias sociaux — d'appels à manifester contre
l'augmentation du prix des carburants automobiles issue de la hausse de la taxe intérieure de
consommation sur les produits énergétiques (TICPE). »

Système de plafonnement et d’échanges de droits d’émission de gaz à effet de serre


(SPEDE) — Californie-Québec
Instauré en 2014, le SPEDE est un marché réglementé de plafonds et d’échanges des
droits d’émission. Selon la doctorante Noémie Martin108 qui a analysé dans les moindres
détails le fonctionnement et la performance de cette « bourse » commune Californie-
Québec109, la mesure ne fonctionne pas. Selon elle, les exigences du marché sont
satisfaites, mais les émissions ne sont pas contraintes et les objectifs climatiques
manqués. Le mécanisme du Système de plafonnement et d’échanges de droits d’émission
de gaz à effet de serre (SPEDE) ne parvient pas à trouver l’équilibre entre l’offre et la
demande. Dre Martin ajoute, après avoir présenté des modélisations mathématiques,
que même en retirant des droits et que même en explosant le prix plafond des droits
(déterminé par la Californie), le marché carbone ne parvient toujours pas à réduire
convenablement les émissions de GES. Sur les réseaux sociaux, François Delorme,
professeur associé en économie à l’Université de Sherbrooke, partageait à peu de chose
près les mêmes constats110. Le professeur contredisait, chiffres à l’appui, les dires du
ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault qui, malgré les faits, vantait les
mérites du SPEDE111. Par ailleurs, l’expert Pierre-Olivier Pineau pose un jugement
similaire à celui de la doctorante : « avec la mécanique du marché du carbone, il n’y aura

SECTION V – ÉCONOMIE 23
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

peut-être pas de réduction des GES en sol québécois »112. En février, le journal Le Devoir
publiait également des constats négatifs à l’égard du SPEDE 113 114.

L’empreinte carbone et la richesse


Au Canada, en 2021, l'empreinte carbone de la classe des 1 % les plus riches était de 190
tonnes par personne par année. Pour le 10 % supérieur, le chiffre est de 60 tonnes. Pour
la « classe moyenne », l'empreinte représente 21 tonnes. Les 50 % les plus pauvres ont
une empreinte carbone de 10 tonnes par année. Le consensus scientifique pour limiter le
réchauffement à 1,5ºC est autour de 2 tonnes par personne.

En 2023, « les taxes sur le litre d’essence à 1,66 dollar s’élevaient à 59,6 cents, soit 35,9
% du prix total. Cela comprenait la taxe provinciale sur les carburants (19,2 cents), la taxe
d’accise fédérale (10 cents), le SPEDE (8,8 cents inclus dans le prix à la rampe de
chargement), la TVQ (14,4 cents) et la TPS (7,2 cents) »115. Certes les Québécois payent
de généreuses taxes sur le carburant, mais n’oublions pas que l’aide financière combinée
Québec-Canada pour l’achat de véhicule électrique neuf peut atteindre 12 000 $116. Une
telle subvention demeure inéquitable117 puisque plusieurs ménages n’ont pas la capacité
financière d’acheter un véhicule neuf. Cette mesure favorise une cohorte aisée de la
population qui, par après, bénéficie d’économies récurrentes en frais de carburant
puisque l’électricité ne coûte (pour le moment) pratiquement rien au Québec. Pour
rappel, « les riches sont non seulement les principaux responsables des GES émis, mais
aussi les principaux responsables de leur croissance »118.

SECTION V – ÉCONOMIE 24
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Conclusion
Pour initier des changements structurants, il faut à la fois taxer les mauvais
comportements et subventionner les bons. Il faut que les alternatives souhaitables et
souhaitées soient disponibles et accessibles. Ce qui fait malheureusement défaut en bien
des domaines, ne pensons qu’au transport en commun, par exemple.
Toute mesure d’écofiscalité devrait être analysée dans le contexte fiscal global en
considérant tous les paliers d’imposition, toutes les taxes, mais également en
comptabilisant les remises, les exemptions, les programmes et les subventions. Le sujet
est complexe, le domaine vaste et l’applicabilité exige une implication sincère de tous les
paliers de gouvernement pour rallier une population craintive et cynique. En attendant
une politique écofiscale provinciale à la hauteur des enjeux climatiques, plusieurs
municipalités tentent de poser des gestes dans la mesure des pouvoirs que leur confère
le gouvernement provincial. La gestion de la crise environnementale sera impossible par
le cumul de petits gestes volontaires et individuels. Le monde municipal l’a bien compris.
Cependant, quand l’enjeu est trop grand et que le « nudge » écofiscal ne permet pas de
dérouter une tendance forte et néfaste, les lois et les règlements deviennent alors les
outils à privilégier.

Pour continuer la réflexion :


Dans sa chronique du journal La Presse intitulée « Les riches, l’inflation et les GES »119,
Francis Vailles explique une proposition de l’économiste François Delorme qui
permettrait de positionner le Québec comme un champion en matière d’écofiscalité.

SECTION V – ÉCONOMIE 25
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

Références
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eId=enYmwRUpMBE&source=lpm&platform=lpm&appVersion=5.3.74.0&osName=Android&osVersion=31
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SECTION V – ÉCONOMIE 26
Francis Lepage, urbaniste + Associé écologique LEED

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