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SITUATION FINANCIÈRE DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

BILAN 2023

En dépit d’une crise économique internationale et d’un contexte inflationniste, l’année 2023 est, toutes
collectivités confondues, une année plutôt positive pour nos finances locales, bien qu’en retrait par
rapport à 2022. Néanmoins, la situation n’est pas uniforme pour toutes les strates de collectivités et une
grande hétérogénéité est constatée entre régions, départements et blocs communaux.

2023 2023
2017 2022 20231
En Mds€ vs vs
(exécution) (exécution) (au 29/02/23)2
2022 2017

Recettes réelles de fonctionnement 202,9 227,2 234,2 +3,1% +15,4%

Dépenses réelles de fonctionnement 173,1 188,7 198,9 +5,4% +14,9%

Capacité d’autofinancement brute 29,7 38,5 35,3 -8,3% +18,9%

Dépenses réelles d’investissement 62,4 76,4 80,5 +5,4% +29,0%

Trésorerie 41,5 57,2 52,5 -8,3% +26,5%

SYNTHESE

1° S’établissant à 35,3Mds€, la capacité d’autofinancement (CAF) des collectivités territoriales baisse


en 2023 mais reste bien plus haute qu’en 2017. Il en va de même pour la trésorerie des collectivités.

2° L’exercice 2023 est marqué par une très forte hétérogénéité de la situation financière des trois
strates de collectivités territoriales. Alors que la situation financière du bloc communal est toujours
très favorable et que celle des régions reste stable, les départements connaissent une inversion de
tendance notamment liée à la chute des DMTO.

3° Les dépenses (comme les recettes) d’investissement atteignent un niveau record en 2023 à
80,5Mds€.

4° Malgré les efforts importants des élus pour contrôler la dépense publique, les collectivités font
face à l’augmentation de coûts contraints qui conduisent à une augmentation des dépenses réelles
de fonctionnement (DRF) plus rapide que l’inflation.

5° Le soutien de l’État s’est encore confirmé en 2023. Plusieurs dispositifs ont permis aux
collectivités d’amortir l’impact de l’inflation et les ont aidées à poursuivre leurs investissements.

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MÉTHODOLOGIE : Les données présentées dans cette note sont les chiffres de l’année 2023 arrêtés au 29 février
2024. Les comptes à cette date intègrent la « journée complémentaire », donnant ainsi un aperçu quasi définitif de
l’exercice 2023. Les chiffres des années 2017-2022 sont ceux de l’exécution de l’année concernée.
2
NB : Les niveaux de dépenses et de recettes définitifs devraient être supérieurs à ceux présentés ici d’environ
0,3%. En 2023, les RRF augmenteraient alors d’environ 3,4% et les DRF de 5,7%.

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J.-R. Cazeneuve – A. Denimal – 19/03/2024 - Confidentiel
Sommaire
1. TOUTES COLLECTIVITES CONFONDUES ET MALGRE LES CRISES SUCCESSIVES, LES PRINCIPAUX
INDICATEURS DES FINANCES PUBLIQUES LOCALES RESTENT POSITIFS EN 2023 ......................................... 3
A. LES CAPACITES D’AUTOFINANCEMENT BRUTE ET NETTE DES COLLECTIVITES BAISSENT MAIS RESTENT SUPERIEURES A
LEURS NIVEAUX DE 2017 ET 2019 ........................................................................................................................................................... 3
B. LA HAUSSE DES RECETTES REELLES DE FONCTIONNEMENT EST SOUTENUE PAR DES RECETTES FISCALES DYNAMIQUES . 4
C. LES DEPENSES DE FONCTIONNEMENT ONT FORTEMENT AUGMENTE ......................................................................................... 6
D. LES DEPENSES D’INVESTISSEMENT ONT ATTEINT UN NIVEAU RECORD : 80,5MDS€.............................................................. 7
2. DES FINANCES LOCALES HETEROGENES EN FONCTION DE CHAQUE NIVEAU DE COLLECTIVITE..... 8
A. BLOC COMMUNAL : UNE FRANCHE AUGMENTATION DE L’EPARGNE ........................................................................................... 8
B. DEPARTEMENTS : UNE BAISSE TRES SIGNIFICATIVE DE L’EPARGNE ET DES DROITS DE MUTATION A TITRE ONEREUX ...... 9
C. REGIONS : DES RECETTES ET DES DEPENSES REELLES D’INVESTISSEMENT EN HAUSSE ....................................................... 12
3. L’ACCOMPAGNEMENT NOTABLE ET CONTINU DES COLLECTIVITES TERRITORIALES PAR L’ÉTAT
13
A. LE SOUTIEN AUX COLLECTIVITES FACE A L’INFLATION ET A LA CRISE DE L’ENERGIE EN 2023 .......................................... 13
B. LES ANNULATIONS DE CREDITS DE LA LOI DE FINANCES POUR 2024 NE CONCERNENT QUE MARGINALEMENT LES
COLLECTIVITES TERRITORIALES .............................................................................................................................................................. 13

4. LES FINANCES PUBLIQUES LOCALES EN 2024................................................................................................. 14


A. DES PERSPECTIVES PRUDENTES POUR LES COLLECTIVITES EN 2024 ..................................................................................... 14
B. QUELQUES TRAVAUX EN COURS SUR LE SUJET DES FINANCES DES COLLECTIVITES TERRITORIALES .................................. 15
ANNEXE 1 : PRINCIPALES MESURES ET REFORMES PRISES EN FAVEUR DES COLLECTIVITES
TERRITORIALES DANS LE CADRE DE LA LOI DE FINANCES POUR 2023 .......................................................... 16
ANNEXE 2 : MESURES DE LA LOI DE FINANCES POUR 2024 EN FAVEUR DES COLLECTIVITES
TERRITORIALES ................................................................................................................................................................. 17

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1. Toutes collectivités confondues et malgré les crises successives, les principaux
indicateurs des finances publiques locales restent positifs en 2023

A. Les capacités d’autofinancement brute et nette des collectivités baissent mais


restent supérieures à leurs niveaux de 2017 et 2019

● Toutes collectivités confondues, les capacités d’autofinancement (CAF – ou épargne) brute


comme nette sont en baisse par rapport à 2022, année où elles étaient particulièrement
élevées :
○ L’épargne brute en 2023 (35,3Mds€) baisse de 8,3% (38,5Mds€ en 2022).
○ L’épargne nette, à savoir l’épargne brute après déduction des remboursements de
dette, (20,7Mds€) diminue de 14,2% (24,1Mds€ en 2022).

Cela s’explique par une augmentation des dépenses réelles de fonctionnement (DRF) supérieure
à celle des recettes réelles de fonctionnement (RRF).

● Les CAF brute et nette sont en revanche nettement supérieures à leur niveau de 2017 :
○ L’épargne brute en 2023 est en progression de 18,9% (29,7Mds€ en 2017).
○ L’épargne nette augmente plus encore : +25,5% (16,5Mds€ en 2017).

Données : DGFIP

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● La trésorerie des collectivités (solde positif du compte du Trésor), 52,5Mds€ en 2023, suit la
même logique : en franche progression (+26,5%) par rapport à 2017 (41,5Mds€), en diminution
(-8,3%) par rapport à son niveau historiquement haut de 2022 (57,2Mds€). De nettes disparités
existent entre les trois niveaux de collectivités locales, l’évolution positive sur 5 ans étant tirée
par la situation du bloc communal et des départements.

Données : DGFIP

B. La hausse des recettes réelles de fonctionnement est soutenue par des recettes
fiscales dynamiques

● Les RRF de l’ensemble des collectivités s’établissent à 234,2Mds€, augmentant d’au moins 3,1%
en 2023 (+ 7,0Mds€), moins que le niveau de l’inflation (4,9% en 2023).

● La croissance des RRF des collectivités est notamment portée par le dynamisme de certaines de
leurs recettes fiscales. Les recettes de la taxe foncière ont ainsi augmenté d’environ 9,5%. Cette
croissance est l’addition de l’indexation des valeurs locatives de 7,1% et de l’augmentation des
taux votée par 14,2% des communes et intercommunalités (contre 1,3% qui a voté une baisse
des taux).

● D’autres augmentent moins vite que l’inflation : c’est le cas de la DGF qui, passant de 26,6Mds€
à 26,9Mds€ en 2023, augmente d’1,5% et de la TVA (dynamique à +2,8% en 2023, bien plus
faible qu’attendu puisqu’une prévision à +5,1% était inscrite en 2023).

● D’autres recettes fiscales des collectivités ont baissé : c’est le cas des DMTO qui affectent
principalement les recettes des départements (-21,5%) et de la TICPE qui, pour sa part, reste
stable (+115M€ pour les régions, et -0,8%, soit -35M€ pour les départements et la métropole de
Lyon).

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● Ces tendances confirment la modification significative de la hiérarchie des ressources des
collectivités territoriales :

Top 5 recettes
Collectivités territoriales (en Mds)
2017 2023
TFB : 32,7 TVA : 54,9
DGF : 30,9 TFB : 39,1
TH : 22,3 DGF : 26,9
CVAE : 17,6 DMTO : 14,9
DMTO : 13,0 TICPE : 10,7
Données : DGCL

● La croissance des RRF de 2017 à 2023 s’élève à 15,4% en valeur. Elle doit toutefois être ajustée
de l’inflation, s’établissant à 19,2% sur la période.

Données : DGFIP

● Après la suppression de la part régionale en 2021, la suppression de la cotisation sur la valeur


ajoutée des entreprises (CVAE) des départements et du bloc communal a été amorcée en 2023.
Impôt volatile et non pilotable sur lequel les collectivités ne disposaient pas de pouvoir de taux
et dont les recettes étaient inégalement distribuées sur le territoire national, cette suppression
a été compensée par l’État (qui perçoit désormais le reliquat de CVAE qui continue à être payé
jusqu’en 2027) aux collectivités. Cette compensation se fait par une fraction de TVA composée
d’une fraction socle (correspondant à la moyenne 2020-2023) et d’une fraction dynamique liée
à la TVA nette collectée sur le territoire national. Pour le bloc communal et les départements, la
compensation par une fraction de TVA en 2023 a été supérieure d'environ 11% au montant de
CVAE perçu en 2022.

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C. Les dépenses de fonctionnement ont fortement augmenté

● Toutes collectivités confondues, la croissance des dépenses réelles de fonctionnement est


supérieure à l’inflation puisqu’elle dépassera 5,4% sur un an (soit 198,9Mds€) :

○ Cette croissance tient avant tout à la hausse des frais de personnel (+4,7% sur un an,
soit +3,3Mds€). La revalorisation du point d’indice de la fonction publique de 1,5% au 1er
juillet 2023 (après l’effet année pleine de l’augmentation de 3,5% au 1er juillet 2022),
l’alignement du traitement minimum sur le Smic (+2,22%) au 1er mars 2023 et la
reconduction de la garantie individuelle de pouvoir d’achat (Gipa) expliquent la
croissance des dépenses de personnel. Il est probable que la masse salariale ait
également été tirée par une augmentation des effectifs des collectivités territoriales en
2023 (source : Insee).

○ Elle tient aussi à celle des achats et charges externes (+8,8% sur un an, soit +3,1Mds€),
due notamment à l’inflation. Il est à noter que le bouclier tarifaire mis en place par l’État
a protégé les petites communes (environ 30.000). Elles sont ainsi moins touchées que
celles de plus de 100.000 habitants (plus de 2,5 points de différence).

○ Comme l’État, les collectivités territoriales ont souffert de l’augmentation des taux
d’intérêt. Les charges financières croissent donc de 28,3% (soit +849M€).

○ En 2023, les dépenses d'énergie sont globalement en hausse : +21,8% par rapport à
2022. Toutes les collectivités sont concernées. Toutefois, les dépenses d’énergie ne
représentent qu’environ 4% de leurs DRF.

Données : DGFIP

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D. Les dépenses d’investissement ont atteint un niveau record : 80,5Mds€

● Il faut le saluer, l’investissement a continué de progresser : il augmente de 5,4% par rapport à


l’exercice 2022. Il est tiré par la hausse des dépenses d’équipement (+9,6% sur un an).

● Les investissements sont donc confortés malgré les difficultés que peuvent rencontrer les
collectivités (renchérissement des coûts de chantiers, allongement des délais, augmentation des
taux d’emprunt). Toutefois, l’augmentation de l’investissement en valeur doit être relativisée
puisque le coût unitaire des travaux a lui aussi augmenté.

● Les collectivités ont notamment bénéficié de l’effort de l’État qui, en 2023, a dédié 4Mds€ à
l’investissement local. Nous avons ainsi conforté les dotations de soutien à l’investissement local
(1Md€ pour la DETR, 570M€ pour la DSIL, 212M€ pour la DSID, 150M€ pour la DPV) et créé le
Fonds vert doté de 2Mds€ destiné à accélérer la transition écologique des territoires.

● Malgré une baisse de la capacité d’autofinancement nette des collectivités de 3,4Mds€, leurs
dépenses réelles d’investissement ont augmenté de 4,1Mds€ sans augmentation du montant
des emprunts souscrits et grâce à la croissance des recettes réelles d’investissement (+2,5% sur
un an) et la mobilisation de la trésorerie.

● Sous l’effet de la baisse de leur capacité d’autofinancement, la capacité de désendettement des


collectivités s’est dégradée :

Dette au 31 décembre (en Mds€) Capacité de désendettement (en années)

2022 159,3 4,1

2023 160,7 4,6

Données : DGCL

● La croissance des DRI de 2017 à 2023 s’élève à 29,0% en valeur. En volume, cette augmentation
est d’environ 10% sur la période (données : DGFIP).

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2. Des finances locales hétérogènes en fonction de chaque niveau de collectivité

● La capacité d’autofinancement des trois strates de collectivités territoriales est inégale d’une
strate à l’autre. Si celle du bloc communal augmente fortement (+2Mds€), celles des
départements et des régions baissent. Il est clair qu’au sein de chaque strate il existe aussi des
disparités significatives d’une collectivité à l’autre.

Évolution
Capacité d’autofinancement brute (en Mds€) 2022 2023
22/23
Bloc communal 19,9 21,9 +9,8%
Départements 12,4 7,5 -39,1%
Régions 6,2 5,9 -4,6%
Total 38,5 35,3 -8,3%
Données : DGFIP

A. Bloc communal : une franche augmentation de l’épargne

● En 2023, l’épargne brute comme l’épargne nette du bloc communal atteignent des niveaux
records, dépassant largement leurs montants de 2022.

Évolution
Bloc communal (en Mds€) 2017 2022 2023
22/23
Épargne brute 16,4 19,9 21,9 +9,8%
Épargne nette 8,3 11,1 12,8 +16,1%
Recettes réelles de fonctionnement 110,3 123,8 131,0 +5,9%
Dépenses réelles de fonctionnement 93,8 103,9 109,2 +5,1%
Dépenses réelles d’investissement 38,2 45,0 48,0 +6,9%
Trésorerie 32,8 42,8 42,1 -1,6%
Données : DGFIP

● La situation favorable du bloc communal résulte d’une progression des recettes de


fonctionnement (+5,9%) plus rapide que celle des dépenses (+5,1%).

● La hausse des RRF s’explique principalement par celle des impôts et taxes (+7,4%). La taxe
foncière et la TVA sont ainsi les première et deuxième recettes fiscales du bloc communal.
L’augmentation des bases locatives (+ 7,1% en 2023, après +5,3% en 2022) joue ainsi sur les
recettes de taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB), taxe foncière sur les propriétés non
bâties (TFPNB), taxe d’habitation sur les résidences secondaires (THRS) et cotisation foncière des
entreprises (CFE).

● La hausse des DRF sur un an, principalement due à l’inflation, est surtout liée à celle des frais de
personnel (+4,1%, soit 2,1Mds€) et celle des achats et charges externes (+7,6%, soit 2Mds€), et,
dans une moindre mesure, à celle des charges financières (+20,3%, soit +374M€).

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● Les dépenses d’énergie du bloc communal ont augmenté de 21% en 2023.

● Cette année encore, l’investissement est tiré par la hausse des dépenses d'équipement (+10,0%),
ce qui lui permet d’atteindre un nouveau niveau historique, supérieur de 7,1% à celui de 2019
(en ligne avec le « cycle électoral ») et de 3,1Mds€ à celui de 2022.

● A noter que la hausse de l’épargne brute (+9,8%) est visible partout mais avec des différences
notables selon la taille des communes : elle est surtout portée par les EPCI et les communes de
plus de 100.000 habitants. L’épargne brute moyenne s’élève à 79.000€, en hausse par rapport à
2022 (75.000€).

Épargne brute Évolution 22/23

Ensemble des EPCI +12,1%

Ensemble des communes +8,8%

dont communes de + de 100.000 habs +11,7%

dont communes de - de 3.500 habs +3,7%

Ensemble du bloc communal +9,8%


Données : DGFIP

B. Départements : une baisse très significative de l’épargne et des droits de


mutation à titre onéreux

● Après avoir connu une forte progression en 2022, l’épargne brute et l’épargne nette des
départements baissent en 2023 (respectivement -39,1% et -53,3%).

Évolution
Départements (en Mds€) 2017 2022 2023
22/23
Épargne brute 7,9 12,4 7,5 -39,1%
Épargne nette 4,6 8,9 4,2 -53,3%
Recettes réelles de fonctionnement 65,7 73,9 73,0 -1,3%
Dépenses réelles de fonctionnement 57,8 61,5 65,5 +6,4%
Dépenses réelles d’investissement 12,6 16,2 16,5 +1,6%
Trésorerie 6,4 12,4 7,5 -39,1%
Données : DGFIP

● La diminution des RRF est imputable à la baisse des impôts et taxes (-3,3% sur un an) et tout
particulièrement à la forte contraction des droits de mutation à titre onéreux (DMTO). Les
recettes des autres impôts et taxes restent en hausse (+4,1%), tirées notamment par la taxe
spéciale sur les conventions d'assurances (TSCA ; +7,2% ; 91 départements voient leurs recettes
issues de la TSCA augmenter et seuls 4 connaissent à l’inverse une baisse).

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○ Les DMTO ont chuté en 2023 (-22,1%), actant un retournement de tendance dans
l’immobilier (tant en volume qu’en valeur) qui intervient après dix années pendant
lesquelles la croissance annuelle moyenne des DMTO était proche de 8%. La baisse de
recettes DMTO constatée en 2023 depuis la fin juillet 2023 (-16%) s'est en effet
accentuée au fil des mois (-19% au 31 août et au 30 septembre, -20% au 31 octobre, -
20,5% au 30 novembre et -21,6% à fin décembre).

Données : DGFiP et FNTP3

○ Dans le détail au 31 janvier 2024, 96 départements ont des recettes des DMTO qui
diminuent sur l’exercice 2023. Une baisse de 10% est constatée dans 5 départements,
une baisse entre 10% et 20% dans 47 départements, une baisse entre 20 et 30% dans 42
départements (dont Paris) et une baisse de plus de 30% dans 2 départements (les
Yvelines et l’Ariège). Il convient par ailleurs de noter que l’évolution des DMTO n’est pas
le mètre-étalon de la fragilité financière des départements. Un département connaissant
une forte baisse de ses DMTO peut toutefois jouir d’une bonne santé financière.
Inversement, un département connaissant une faible baisse de ses DMTO peut souffrir
de difficultés financières accrues.

3
NB : Par souci de cohérence, le produit des DMTO affiché dans ce graphique ne figure pas, à l’inverse des autres
données de cette note, dans récente publication par la DGFiP de la situation périodique des opérations comptables
des collectivités pour l’exercice 2023. Ces données sont issues de la Fédération Nationale des Travaux Publics
(FNTP). Le calcul du produit des DMTO en 2023 est réalisé à partir de la donnée 2022 de la FNTP et du volume
d’évolution communiqué par la DGFiP.

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Evolution des DMTO 2023/2022 - au 29 février 2024 Bureau GP2A

Baisse de plus de 30% Ile-de-France - petite couronne


Baisse de 20% à 30%
Baisse de 10% à 20%
62
Baisse de 0% à 10% 59 93
Hausse de plus de 50% 75
80 92
76 08 94
60 02

50 14 27 95 55 54 57
51
78
61 77
91
22 28
29 10 67
35 53 52 88
72
45 89
56
41 70 90
49 21
44
37 25
18 58
36 39
85 86 71
79
GUADELOUPE MARTINIQUE 03

17 23 69 01 74
87
63 42 MET DE LYON
16
73
19 38
24 15 43
GUYANE 33 07
26 05
46 48
47 12
40 82 04
81 30 84 06
32
31 34 13
83
64 65
11
MAYOTTE REUNION 09
66
CORSE

Source : DGFIP
* En ce qui concerne l’Allier, ses recettes de DMTO augmentent fortement en raison d'un défaut de titrage en 2022

● Les dépenses de fonctionnement connaissent une hausse plus importante qu’en 2022 :
○ Achats et charges externes : +10,3% ;
○ Frais de personnels : +7,2% ;
○ Frais de séjour : +6,9% ;
○ Allocations individuelles de solidarité (AIS ; +3,2%) :
■ +63M€ pour le revenu de solidarité active (RSA) ;
■ +301M€ pour la prestation de compensation du handicap (PCH) ;
■ +361M€ pour l’allocation personnalisée d’autonomie (APA).
90 départements ont des dépenses d’AIS qui augmentent sur l’exercice 2023 : jusqu’à
10% d’augmentation pour 89 d’entre eux (dont Paris) et +31,2% à Mayotte.

• Les dépenses d’énergie des départements ont augmenté de 35,3% en 2023. Cette hausse des
dépenses d’énergie se concentre sur 10 départements (+86M€ sur +139M€). 2 départements
connaissent une hausse de plus de 50%, 5 entre 50 et 100%, et 2 de plus de 100%.
• En ce qui concerne l’investissement, les dépenses d'équipement des départements sont en
progression de +6,1% par rapport à 2022. Alors que les recettes réelles d’investissement (RRI)
étaient en baisse de 6,6% l’an passé, sur l’exercice 2023, elles repartent fortement à la hausse :
+16,8% sur l’année. Cette hausse est notamment marquée par l’augmentation des souscriptions
d'emprunts (+24,2%) et des autres dotations et subventions (+18,3%), mais aussi du fonds de
compensation de la TVA (FCTVA : +10,3%)

● La forte baisse de la CAF constitue un choc pour les départements les plus fragiles. Celle-ci est
toutefois amortie en 2023 par trois dispositifs :
○ la possibilité de mise en réserve prévue depuis la loi de finances pour 2022,
○ le fonds de péréquation horizontal doté de près de 2Mds€,
○ une dotation exceptionnelle de l’État.

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J.-R. Cazeneuve – A. Denimal – 19/03/2024 - Confidentiel
C. Régions : des recettes et des dépenses réelles d’investissement en hausse

● L’épargne brute des régions est inférieure à celle observée en 2022 (-4,6%). C’est également le
cas de l’épargne nette (-10,4%).

Évolution
Régions (en Mds€) 2017 2022 2023
22/23
Épargne brute 5,4 6,2 5,9 -4,6%
Épargne nette 3,6 4,1 3,7 -10,4%
Recettes réelles de fonctionnement 26,9 29,5 30,2 +2,5%
Dépenses réelles de fonctionnement 21,5 23,2 24,3 +4,4%
Dépenses réelles d’investissement 11,7 15,2 16,0 +5,0%
Recettes réelles d’investissement 6,1 8,7 9,5 +8,7%
Trésorerie 2,3 2,4 1,6 -50%
Données : DGFIP

● La légère progression des RRF est principalement liée aux impôts et taxes :
○ L'augmentation de la fraction de TVA compensatoire de la perte de CVAE (+2,9%) ;
○ La croissance de la taxe régionale sur les certificats d'immatriculation (TCIV) de l’ordre
de 7,6% sur l’exercice 2023 ;
○ Une exception : au 31 janvier 2024, les recettes issues de la taxe intérieure de
consommation sur les produits énergétiques (TICPE) sur 2023 reculent à -1% par rapport
à 2022. 9 régions ont à l’inverse des recettes issues de la TICPE qui augmentent par
rapport au 31 janvier 2023 (hausse inférieure à +6 % pour 8 d’entre elles, hausse de 15
% pour le Grand-Est). Au 29 février 2024, les recettes de TICPE sur un an augmentent à
nouveau (+2,2% par rapport à 2022).
● Les dépenses d’énergie des régions sont en hausse de 78,7% en 2023. Deux régions sont
particulièrement affectées (l’Ile-de-France : +64% ; et le Grand Est : +166%) car elles prennent
directement en charge dans leurs budgets les dépenses d’électricité des lycées publics.

● Investissement : la politique volontariste des régions en matière d’investissement déjà constatée


les années précédentes se confirme. Les DRI et RRI sont en hausse respectivement de 5,0% et
8,7%. Les DRI sont tirées par les dépenses d’équipement qui augmentent de 13,9%.

● En ce qui concerne l’épargne, environ 50% des régions ont une CAF en augmentation et 50% en
baisse. La péréquation horizontale doit donc être développée. Elle est aujourd’hui inférieure à
celle des autres strates de collectivités.

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J.-R. Cazeneuve – A. Denimal – 19/03/2024 - Confidentiel
3. L’accompagnement notable et continu des collectivités territoriales par l’État

A. Le soutien aux collectivités face à l’inflation et à la crise de l’énergie en 2023

● En 2023 et afin d’aider les collectivités dans un contexte de forte augmentation des prix de
l’énergie, la majorité parlementaire a déployé un ensemble de mesures (voir Annexe 1) parmi
lesquelles le soutien des régions via une dotation de 137M€, l’augmentation de 74% des moyens
de la dotation biodiversité, la création d’un Fonds vert doté de 2Mds€, ou encore l’augmentation
de la DGF grâce à laquelle plus de 80% des communes ont vu leur dotation augmenter.

En 2024, l’État poursuit son engagement aux côtés des collectivités territoriales (voir Annexe 2)
dans la période de faible croissance économique que nous traversons.

● Dès 2022 et pour lutter contre l’inflation et la hausse des prix de l’énergie, la majorité
parlementaire a voté un filet de sécurité. Ce sont 404 millions d’euros qui ont été déployés par
le Gouvernement et qui ont bénéficié à près de 3.000 communes. D’abord limité au bloc
communal, il a été étendu en 2023 à l’ensemble des collectivités territoriales répondant aux
critères suivants : une baisse de plus de 15% de leur épargne brute en 2023 et un potentiel
financier par habitant inférieur à deux fois le potentiel financier moyen par habitant de la strate
ou du groupe démographique. Le filet de sécurité a permis de compenser partiellement la
hausse des dépenses d’énergie, d’achat de produits alimentaires et les revalorisations du point
d’indice de la fonction publique. Les finances des collectivités locales ont mieux résisté à la crise
que ce qui était anticipé. De fait, moins de collectivités ont bénéficié de ce dispositif. C’est une
bonne nouvelle tant pour elles que pour le budget de l’État.

● En outre, en 2023, la majorité a déployé un bouclier tarifaire (dont ont bénéficié les 30.000 plus
petites communes) et un amortisseur électricité (destiné aux autres communes) qui ont permis
de limiter la hausse des factures d’électricité des collectivités.

● Afin de poursuivre l’accompagnement des collectivités qui connaissent toujours des difficultés,
un décret du 30 décembre 2023 prolonge l’amortisseur électricité pour les collectivités ayant
signé un contrat au plus haut de la crise (avant le 30 juin 2023).

B. Les annulations de crédits de la loi de finances pour 2024 ne concernent que


marginalement les collectivités territoriales

Le 22 février 2024, un décret portant annulation de 10Mds€ sur les dépenses de l’État telles que prévues
dans la loi de finances (LFI) pour 2024 a été publié au Journal officiel afin de tirer les conséquences de la
révision à 1% de la prévision de croissance pour 2024. Alors que la santé financière de l’État est moins
bonne que celle des collectivités territoriales, les économies à réaliser n’affecteront que très
marginalement les collectivités puisque seul le fonds vert a été impacté. Celui-ci verra tout de même sa
dotation conforter puisqu’il sera toujours doté de 2Mds€.

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J.-R. Cazeneuve – A. Denimal – 19/03/2024 - Confidentiel
4. Les finances publiques locales en 2024

A. Des perspectives prudentes pour les collectivités en 2024

L’exercice 2023 a mis en lumière l’existence des fragilités financières de certaines collectivités. Le
contexte économique et les tensions internationales invitent à la plus grande prudence pour les
projections en 2024.

Tout d’abord, l’inflation devrait s’établir à un niveau plus faible en 2024 (+2,6% contre +4,9% en 2023)
et ainsi impacter à la baisse à la fois les recettes et les dépenses de fonctionnement des collectivités.

Plusieurs indicateurs devraient jouer favorablement tant sur les recettes que sur les dépenses des
collectivités :

• L’augmentation des bases locatives sera de 3,9% en 2024. La TFB pèse environ 41% des recettes
des communes.
• La TVA devrait également tirer les RRF à la hausse. La prévision de croissance s’établit à 3,9%
(avant révision de la croissance 2024). La TVA devrait peser pour 57% des recettes des régions,
30% de celles des départements, et 24% de celles des EPCI en 20244.
• Les investissements à réaliser, notamment dans les secteurs écologique et énergétiques restent
très conséquents. Le retour à des taux bancaires moins élevés que ceux connus ces deux
dernières années devrait encourager les collectivités territoriales à emprunter pour investir.
Afin que ces dernières puissent effectuer les investissements nécessaires, le soutien de l’État
aux collectivités ne faiblira pas (voir Annexe 2, tant en ce qui concerne les dotations classiques
de soutien à l’investissement – DETR, DSIL, DSID – que les nouveaux dispositifs d’encouragement
au verdissement que sont le fonds vert, la dette verte ou encore le budget vert).
• Après deux années de hausse consécutives, la masse salariale devrait évoluer moins fortement
en 2024.
• La TSCA devrait rester dynamique et ainsi conforter les ressources des départements.
• Pour la deuxième année consécutive, la DGF des collectivités augmentera : elle s’élèvera à
27,2Mds€ en 2024.

Néanmoins, il conviendra de tempérer ces perspectives favorables et de rester prudents puisque


plusieurs incertitudes pèsent encore sur les finances locales en 2024 :

• En ce qui concerne les DMTO, les perspectives restent incertaines. Une diminution des volumes
de vente des biens immobiliers de l’ordre de 10% par rapport à 2023 est anticipée par les acteurs
du secteur. La baisse des taux devrait toutefois permettre un renversement de tendance en
deuxième partie d’année.
• Le ralentissement de l’activité économique risque d’entrainer une nouvelle hausse des dépenses
sociales.
• Si les taux d’intérêt devraient baisser, ils s’établissent encore à des niveaux particulièrement
élevés (en 2018, les collectivités empruntaient en moyenne à 1,10%, aujourd’hui la moyenne est
aux environs de 4%). Le maintien de taux élevés aura notamment une influence sur les

4
NB : Les quatre chiffres indiquant le poids de chaque impôt dans les recettes de chaque strate de collectivité sont
issus de calculs de l’Institut Paris Région réalisés sur la base de données de la DGFiP.

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J.-R. Cazeneuve – A. Denimal – 19/03/2024 - Confidentiel
programmes d’investissement que réaliseront les collectivités puisque ces dernières prévoient
de financer ces programmes par une augmentation de la dette.

Enfin, ces perspectives s’articulent avec la projection de la loi de programmation des finances publiques
(LPFP) pour les années 2024-2027. Dans cette dernière, un effort de maitrise de leurs dépenses est
demandé aux collectivités locales en 2024. Cet effort correspond à une baisse en volume de leurs
dépenses de 0,3% en 2024. Il devrait porter sur les dépenses de fonctionnement afin de ne pas freiner
les dépenses d’investissement. La LPFP prévoit ainsi que lors du débat sur les orientations budgétaires,
chaque collectivité présente son objectif concernant l'évolution de ses dépenses réelles de
fonctionnement. Force est de constater que cette baisse des dépenses de 0,3% en volume en 2023 n’a
pas été réalisée.

B. Quelques travaux en cours sur le sujet des finances des collectivités


territoriales

● Mission sur la décentralisation (Éric Woerth, mai 2024). A la demande du président de la


République, Éric Woerth effectue un travail de concertation avec les élus et associations d’élus.
Il remettra ses conclusions en mai, lesquelles comprendront un volet financier. En matière
financière, Éric Woerth écarte toute augmentation de la pression fiscale et réfléchit notamment
à une territorialisation de la fiscalité afin d' « avoir un système dans lequel à la fois départements,
régions, communes ont une part de liberté dans la fixation de leur fiscalité ». Il se positionne
également en faveur d'une loi de programmation pluriannuelle pour améliorer la visibilité des
engagements et investissements des collectivités.

● Réflexion sur la refonte de la DGF (CFL, automne 2024). Lors du dernier Congrès des Maires de
France, le président de la République a annoncé son intention de « confier au CFL un travail de
refonte de la DGF ». L’objectif est d’aboutir à « un système plus juste, plus clair, plus prévisible ».
Les recommandations sont attendues pour le PLF 2025.

● Communication sur l’autonomie fiscale et l’autonomie financière des collectivités à l'issue des
réformes fiscales (Jean-René Cazeneuve, juillet 2023). Ma communication de juillet 2023
propose de définir la notion d’autonomie fiscale des collectivités territoriales afin de la
différencier clairement de leur autonomie financière.

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J.-R. Cazeneuve – A. Denimal – 19/03/2024 - Confidentiel
Annexe 1 : Principales mesures et réformes prises en faveur des collectivités territoriales
dans le cadre de la loi de finances pour 2023

● Augmentation historique de la dotation globale de fonctionnement : pour la première fois


depuis 13 ans, la DGF a augmenté en 2023 de 320M€. Les territoires ruraux ont largement
bénéficié de cette hausse : 200M€ de cette majoration étaient fléchés vers la dotation de
solidarité rurale (DSR). Pour rappel, la DGF a été désindexée par la droite en 2011 et baissée de
11Mds€ entre 2014 et 2017 par la gauche. En 2023, plus de 80% des communes ont vu leur DGF
augmenter.

● Mesures de soutien face à la hausse des prix de l’énergie. Un filet de sécurité pour soutenir
l’ensemble des collectivités territoriales, un bouclier tarifaire pour aider les plus petites
communes et un amortisseur électricité pour accompagner les autres ont été déployés /
reconduits (voir p.13).

● Suppression de la CVAE, compensée par une fraction de TVA. A partir de 2023, l’État perçoit les
recettes de CVAE des départements et du bloc communal et reverse donc désormais à l’ensemble
des collectivités une compensation par fraction de TVA (et non plus uniquement aux régions).
L’ensemble des taux d’imposition de la CVAE sera réduit progressivement jusqu'à la suppression
totale de cette cotisation en 2027. En 2023, la CVAE a déjà été réduite de moitié.

● Pas de plafonnement de l'indexation des valeurs locatives, contrairement à ce que réclamait la


plupart des oppositions à l’Assemblée nationale. Cela a permis des recettes supplémentaires aux
collectivités, notamment sur la taxe foncière (+7,1%).

● Un fonds d’accélération pour la transition écologique dans les territoires (fonds vert), doté d’un
montant total de 2Mds€. Il visait à soutenir les collectivités territoriales dans l’accélération de
leur transition écologique et s’articulait autour de 3 axes : performance environnementale,
adaptation des territoires et amélioration du cadre de vie.

● Augmentation de 74% des moyens consacrés à la dotation biodiversité pour 2023. Il s'agissait
d'une augmentation conséquente au bénéfice des communes de parcs naturels ou bénéficiant
de zones Natura 2000.

● De nombreuses autres mesures de soutien avaient été prises :


○ Dotation de 137M€ pour les régions ;
○ 30M€ pour les Outre-mer ;
○ 300M€ à destination des collectivités en charge des politiques publiques de transport ;
○ Suppression de la réforme sur le reversement de la taxe d’aménagement aux
intercommunalités par les communes ;
○ Extension du périmètre d’application de la taxe sur les logements vacants et de la
majoration de taxe d’habitation applicable aux résidences secondaires ;
○ Report de deux ans de la revalorisation des valeurs locatives
○ Extension du pacte de stabilité aux communes nouvelles qui auraient du en sortir…

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J.-R. Cazeneuve – A. Denimal – 19/03/2024 - Confidentiel
Annexe 2 : Mesures de la loi de finances pour 2024 en faveur des collectivités territoriales

L’engagement de la majorité présidentielle en faveur des collectivités territoriales se traduit


concrètement dans la loi de finances initiale (LFI) pour 2024. En effet, l’effort financier de l’Etat au profit
des collectivités territoriales voté dans la LFI 2024 est conséquent. L’Etat continue à accompagner les
collectivités territoriales, notamment dans leurs transitions écologique et énergétique. Cette LFI reprend
plusieurs initiatives parlementaires (budget vert, dette verte, confortation de la DGF ou encore
stabilisation de la dotation des communes nouvelles), issues du Sénat comme de l’Assemblée, qui
permettront de conforter ce soutien de l’État en 2024. En voici les principales avancées :

● Nouvelle augmentation historique de la dotation globale de fonctionnement : 320M€. Pour la


première fois depuis 13 ans, la DGF avait augmenté de 320M€ en 2023. Cette augmentation a
été reconduite en 2024 et répartie comme suit : 150M€ fléchés vers la dotation de solidarité
rurale (DSR), 140 vers la dotation de solidarité urbaine (DSU), 30 enfin affectés à la dotation
d’intercommunalité. Pour rappel, la DGF avait été désindexée par la droite en 2011 et baissée
par la gauche de 11 Mds€ entre 2014 et 2017. Environ 90% des communes devraient voir leur
DGF augmenter.

● Fonds vert conforté à 2Mds€. Toujours articulé autour de 3 axes (performance


environnementale, adaptation des territoires et amélioration du cadre de vie), il permet
notamment de concrétiser les annonces du président de la République et le plan EduRenov’.

● Création de la dette verte. Grâce à elle, la dette qui finance les investissements verts des
collectivités pourra être identifiée.

● Création du budget vert. Il s’agit d’un document budgétaire présentant l’impact


environnemental des dépenses à partir d’une démarche de cotation (favorable, défavorable,
mixte, neutre, non-coté) sur plusieurs axes d’analyse.

● Verdissement des dotations pour l’investissement. 1,8Md€ seront dévolus aux dotations de
soutien à l’investissement (DSIL, DSID, DETR) et un effort de verdissement de ces dernières sera
engagé.

● Majoration de 100M€ de la dotation pour titres sécurisés (DTS). Dans le projet de loi de finances
de fin de gestion (PLFG) pour 2023, la DTS avait déjà été revalorisée de 100M€.

● Renforcement de la dotation de soutien aux communes pour les aménités rurales (ancienne
dotation biodiversité). 100M€ en 2024, contre 41,6 en 2023, 24,3 en 2022 et 10 en 2021.

● Consolidation à la suite de l’extension des dépenses éligibles au FCTVA. 250M€


supplémentaires pour prendre en compte la réintégration des dépenses relatives aux
aménagements de terrain.

● Création de France Ruralités Revitalisation. Le dispositif permettra notamment aux entreprises


et professions libérales établies de bénéficier d’exonérations d’impôts et de taxe foncière.

● Mise en place d’un nouveau prélèvement sur recettes (PSR) de l’État de 17,6M€ au bénéfice
des communes nouvelles.

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J.-R. Cazeneuve – A. Denimal – 19/03/2024 - Confidentiel
● Absence de plafonnement de l'indexation des valeurs locatives. Cela donnera des recettes
supplémentaires aux collectivités, notamment sur la taxe foncière (+3,9% attendus).

● Accord d’une souplesse supplémentaire pour la fixation du taux de la taxe d'habitation sur les
résidences secondaires (THRS). Les EPCI à fiscalité propre et les communes dont le taux de THRS
est inférieur à 75% de la moyenne des taux constatés respectivement dans les EPCI et dans les
communes du département l'année précédente pourront augmenter le taux de la THRS de 5%
au plus de cette moyenne

● De nombreuses autres mesures de soutien :


○ Pour les départements : dotation de 106M€ pour le fonds de sauvegarde (doublement),
renforcement de 150M€ de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA),
augmentation des crédits budgétaires de 33M€ pour l’accompagnement des mineurs
non accompagnés (MNA) ;
○ Pour les régions : pérennisation de la dotation de compensation des frais de gestion de
la CVAE (107M€) ;
○ 60M€ pour les politiques d’aménagement et d’urbanisme ;
○ 600M€ pour les quartiers prioritaires de la ville (QPV) ;
○ Prolongation de l’abattement de 30% de taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB)
pour les logements appartenant aux organismes HLM ;
○ 14,6M€ de plus pour la dotation particulière relative aux conditions d’exercice des
mandats locaux (DPEL) ;
○ 5M€ pour le plan national de lutte contre les violences faites aux élus ;
○ 1M€ de subventions exceptionnelles pour les communes forestières touchées par les
scolytes
○ 80M€ pour les collectivités affectées par les intempéries de novembre 2023 ;
○ 3M€ pour la prise en charge de la stérilisation des chats errants et domestiques par les
collectivités ;
○ Suppression du calcul du coefficient d’intégration fiscale (CIF) ;
○ Neutralisation à 90% de la réforme de l’effort fiscale des communes intervenue en LFI
2022 ;
○ Nouveau plafonnement du second prélèvement du fonds national de péréquation des
DMTO (de 12 à 15% du produit de ces impôts perçus par chaque département) ;
○ Opportunité ouverte aux communes et intercommunalités de délibérer dans le sens
d’une répartition du fonds de péréquation des ressources intercommunales (FPIC)
valable sur plusieurs années.

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